Stoopid tattoo flash collection, volume I by Mickey Knox

STOOPID TATTOO FLASH COLLECTION Volume I

DESSINS ET PHOTOGRAPHIES PRÉFACE

Rachid Cercueil & Toto Bene

Eddy. B Zinédine Zidane

INTRODUCTION

STOOPID TATTOO FLASH COLLECTION Volume I

Éditions Vandalsprint

Introduction

On est tous le con de quelqu’un. Zinédine Zidane Champion du monde

¹ Extrait de l’essai de George Picard, De la connerie.

Explorer l’idiotie c’est comme descendre avec délectation aux enfers de la pensée, un voyage hilare et effrayant. La connerie est un sujet profond, multiforme et universel, indissociable de la condition tragique et dérisoire de l’espéce humaine. Il serait futile de penser que la Raison est l’ennemie jurée de la connerie, il existe entre elles des connivences, la Raison peut être conne, très conne. « Les cons bruts de décoffrage, sans fissure apparente ou cachée, ces sortes de blocs humains de connerie qui vous font regretter d’appartenir à l’espèce. La rigidification du con par l’intérieur fournit des spécimens dangereux, non tant parce qu’ils sont cons que parce qu’ils vivent dans la certitude de ne pas l’être. Ces cons ont, en outre, la risible habitude de juger de tout. Rien de pire qu’un con fonçant droit devant lui avec la témérité du taureau et la balourdise de la vache normande. » ¹ C’est cette connerie ambiante et tous ces cons participant au grand avenement de l’idiocratie qui nous pousse ici à la sottise et à la bêtise. La bêtise et non la connerie. Nous prônons la bêtise comme relachement de la pensée, légére et profondément débile. Contrairement à Michel Adam pour qui la bêtise est une marque de faiblesse dans l’activité de l’esprit, nous la revendiquons pour en faire une force, dissociée de la connerie contemporaine. Quoi de plus drôle qu’un débile qui rit d’un con? La débilité, c’est la misère intellectuelle, le caractère de ce qui est d’une grande stupidité. Nous plongeons dans cette débilité, dans le puits sans fond qu’est la misère intellectuelle de notre temps, préférant y puiser une inspiration créatrice plutôt que d’y participer aveuglément. Si nous rions de cette connerie, à travers l’évocation de celle des autres, c’est sans doute pour conjurer la notre. Sans nos sottises et idioties moqueuses de la profonde stupidité de ce monde, que nous resterait-il? Nous serions des cons parmis les cons, valant n’importe quel con, baignant dans l’imperiale connerie humaine.

Préface par Edward Louis Bernays alias Eddy. B.

Edward Louis Bernays, né à Vienne en Autriche le 22 novembre 1891 et mort à Cambridge (Massachusetts) le 9 mars 1995 (à 103 ans), est considéré comme le père de la propagande politique institutionnelle et de l’industrie des relations publiques, dont il met au point les méthodes pour des firmes comme Lucky Strike. Son œuvre aborde des thèmes communs à celle de Walter Lippmann, notamment celui de la manipulation de l’opinion publique. Il fit à ce titre partie du Committee on Public Information créé par Woodrow Wilson pour gagner l’opinion publique américaine à l’entrée en guerre des États-Unis en 1917. Il est le double neveu de Sigmund Freud, car sa mère, Anna Freud, est l’une des sœurs du fondateur de la psychanalyse (une autre Anna Freud est la fille de Sigmund Freud), et son père est le frère de Martha Bernays, la femme de Freud.

Bon, il faut qu’on m’explique comment ils ont fait. Est-ce que quelqu’un est capable de me dire si ils sont vraiment réels ces imbéciles? J’ai passé ma vie entière, quasi un siècle, mon œuvre, à créer un modèle parfait de pacification des esprits pour la démocratie. Pour que les hommes responsables puissent prendre les décisions qui conviennent à tout le monde dans la joie inconditionnelle de la consommation illimitée sans risquer de se faire piétiner par le troupeau de bêtes sauvages, et voilà qu’au XXIème siècle, alors que l’automatisation de la pulsion aurait dû remplacer durablement le choix critique en l’individu, des gougnafiers, des troubadours-terroristes tentent encore inlassablement de détricoter cette œuvre de salut public. Du foyer incandescent de sa pipe, tonton ne m’as pas tout dit, un truc m’échappe, ça n’aurait pas dû être possible. Parce qu’il m’en a fallu du temps pour convaincre tout le monde que la démocratie nécessitait la manipulation des esprits, l’infantilisation du public et que l’intérêt des hommes de pouvoir est celui de tous, ce dernier ne pouvant s’exprimer qu’à travers une majorité docile. J’ai écrit des centaines d’articles, inventé la peur du terrorisme, filé des bakchichs à tour de bras, mis au point un réseau complexe de délateurs et de sophistes expérimentés, je me suis rompu à vendre du rêve en veux-tu en voilà, j’ai fait fumé les femmes et emmené tout seul des populations entières à vouloir la guerre pour faire triompher la démocratie, bref j’ai créé ce monde dans lequel vous vivez, un monde où la bêtise organisée, une bêtise saine et sans remous, permet à chacun de trouver son bonheur dans la marchandise sans risquer d’esquinter les Rolls et les Jaguars de mes amis. J’ai réinventé la communication pour que même des répressions sanglantes contre des peuples désarmés passent pour des actes emplis de vertu et pourquoi? Pour que des anarchistes cognitifs, des chamans du lol, des révolutionnaires de la vanne, des indépendantistes de la connerie, désirent encore s’affranchir de celle que notre belle industrie a concocté pour eux? Et bien je vous le dis comme je le pense, ça me troue le cul sévère.

Alors là franchement... Le sens critique et le libre arbitre, ces maladies de l’esprit, conséquences de troubles de l’âme, ne devraient être aujourd’hui qu’ histoire ancienne et les consommateurs devraient être débarrassés de tout choix qui s’imposent à eux pour leur vie, évoluant dans les espaces sûrs que l’on a optimisé pour eux sans se poser les questions et autres turpitudes qui les empêchent dans l’acte d’achat qui ralentit le marché, donc le monde. Putain c’est clair comme deux plus deux font quatre dollars. Ces obscurantistes peuvent encore en décider autrement et ça me dépasse grave. Faut faire quoi pour être tranquille quand on a le pouvoir dans cette société? Doubler les doses de tranquillisants dans les diffuseurs des centres commerciaux? Préconiser la kétamine en biscuits pour les petits-déjeuners des enfants? On peut le faire évidemment, mais j’ai comme la douloureuse sensation que ça ne troublera pas ces empêcheurs de manipuler en rond. Occultistes drogués, ils agitent leurs poupées débiles dans des volutes de fumée de mariejouana, ingurgitent de drôles de breuvages, recouvrent d’insanités colorées les transports à bétail, se scarifient le corps de leurs calembours thérapeutiques en chantant des logorrhées soi-disant médicales. Ils souhaitent exorciser les démoniaques propensions à ne pas faire de vagues, tournent en dérision les opinions communes de leur milieu parce qu’ils entendent bien se soigner de LA bêtise, ce ciment de l’époque : la seule qui puissent maintenir l’ordre hiérarchique. Leur magie noire de sauvage n’a plus de place dans cette civilisation automatique, glorieuse de par son unification sans failles. Leurs dangereux univers symboliques, non contents d’être tout à fait obscènes, seraient des principes posologiques pour se défaire des préjugés et des croyances matérialistes. Une recherche artistique comme cure pour abattre ce qu’ils considèrent comme un cancer : l’Infamie du marketing conventionnel. Parce qu’ils croient qu’ils vont se sortir des opinions qu’on a cuisiné pour eux? Si je n’étais pas invité à la sauterie d’Adolf ce soir, je me serais fait un malin plaisir à leur envoyer du gros spectacle bien gras dans leur synapses, genre tonnerre de feu et intervention divine. Mais bon c’est plus mon problème. Que les nouveaux patrons se démerdent. Moi j’ai décidé de garder le SWAG les mans.

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