« le temps passe mais la pierre garde ce que l’homme lui a confié : son travail, sa grandeur, sa souffrance, ses erreurs. Celui qui sait lire la pierre s’imprègne de la vie de l’humanité. » BD Valff 2007.
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Amateur de Géocaching, à 48° 24’ 5.04’’ de latitude nord et à 7° 24’ 45’’ de longitude est vous trouverez un trésor ! Il n’est pas dans une boîte de métal mais possède deux tours élancées de granite. Le Château d’Andlau est plus qu’un trésor. C’est un emblème à plusieurs titres : symbole de pouvoir d’une illustre famille d’Alsace, les Andlau, exemple d’architecture castrale et lieu d’activité bénévole et artistique. C’est en Alsace centrale, entre Obernai et Sélestat, que se situe le château d’Andlau ou Haut-Andlau, dominant les vallées de l’Andlau et de la Kirneck. Construit à 451 m d’altitude sur l’étroite barre granitique du Silberberg, le château ouvre la voie d’accès au Mont Sainte-Odile, l’un des lieux les plus visités d’Alsace. Facilement accessibles depuis la ferme auberge du Hungerplatz et de son grand parking, les deux châteaux de Spesbourg et Haut-Andlau sont l’objet d’un petit circuit familial ou entre amis. Pour ceux qui l’on vu ou ceux qui veulent le découvrir, voici quelques pages pour vous expliquer d’où il vient et comment nous nous battons pour le sauver depuis plus de 10 ans. L’association des amis du château d’Andlau.
L’origine d’un nom : Une rivière, une ville, une famille et un château. Quelle est l’origine du terme ‘’Andlau’’ ? An-d ou An-t est une racine paléo-européenne de And qui désigne le mouvement de l’eau : la cascade, le torrent, la rivière. Au ou –law serait une germanisation du suffixe Aha qui désigne une zone humide ou une prairie, suffixe que l’on retrouve également dans la désignation de Rhinau ou La Wantzenau. Ces deux termes juxtaposés désignent le torrent qui coule impétueusement dans la vallée et se transforme en paisible rivière coulant vers le Ried. Andlau est la déformation ou transformation du terme ‘’Andelaha’’ en ‘’Andlaw’’, Andelaha étant la première désignation connue de la rivière. Ce cours d’eau est à l’origine du nom de la cité. Richarde fondera une abbaye pour femmes à Eléon, désignation à la fois latine et pieuse du Val d’Andlau. Les membres de la famille d’Andlau – von Andlaw accéderont au statut de chevaliers à la fin du 13e siècle. Occupant de hautes fonctions au niveau régional, ils ont peu à peu augmenté leur fortune et leur puissance pour faire partie de la basse noblesse et finalement de la noblesse alsacienne. Ils prendront le nom de la cité qui les a vus prospérer et deviendront avoués de l’abbaye à la mort de Gauthier de Dicka, propriétaire du château de Spesbourg, en juillet 1386.
Un avoué est un chevalier ou un noble protecteur chargé de défendre les intérêts économiques et militaires d’une entité politique ou religieuse.
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Une découverte en pleine nature Comme beaucoup de châteaux forts de montagne en ruine en Alsace sa découverte va de pair avec la randonnée en pleine nature à travers la forêt. Le Haut-Andlau ainsi que son voisin le Spesbourg sont néanmoins facilement accessibles et bien indiqués depuis plusieurs endroits. Le chemin le plus court pour se rendre au Spesbourg et au Haut Andlau part de la ferme-auberge du Hungerplatz et de son parking. Il permet un petit circuit famillial ou entre amis. Aux amateurs de dénivelés désirant passer une demijournée ou une journée sur le massif, nous conseillons un départ depuis les charmants villages pittoresques au pied du château que sont Andlau, Mittelbergheim ou Barr. Depuis Andlau, Garez-vous à l’ombre de l’abbatiale Sainte-Richarde, sans oublier d’admirer sa frise romane. Muni de votre carte IGN TOP25 3716ET, de nombreuses possibilités d’itinéraires s’offrent à vous. N’oubliez pas de passer par le Kastelberg ou le rocher Sainte-Richarde pour admirer une vue imprenable sur la plaine d’Alsace. Depuis Mittelbergheim, partez du parking du 3
cimetière en haut du village, rond rouge ou croix bleue vous mèneront à la place forte à travers le magnifique vignoble alsacien. Depuis le fond de la vallée Barroise, par l’antique chapelle Sainte-Anne ou le carrefour des Trois Chênes suivez les panneaux du Club Vosgien de Barr (qui a rendu la ruine accessible dès 1874).
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L’éloge de la marche «La marche introduit à la sensation du monde, elle en est une expérience pleine laissant à l’homme l’initiative. Elle ne privilégie pas le seul regard, à la différence du train, de la voiture qui instruisent la passivité du corps et l’éloignement du monde. On marche pour rien, pour le plaisir de goûter le temps qui passe, faire un détour d’existence pour mieux se retrouver au bout du chemin, découvrir des lieux et des visages inconnus, élargir sa connaissance par corps d’un monde inépuisable de sens et de sensorialités ou simplement parce que la route est là. La marche est une méthode tranquille de réenchantement de la durée et de l’espace. Elle est un dessaisissement provisoire par l’atteinte d’un gisement intérieur qui tient seulement dans le frisson de l’instant. Elle implique un état d’esprit, une humilité heureuse devant le monde, une indifférence à la technique et aux moyens modernes de déplacement ou, du moins, un sens de la relativité des choses. Elle anime un souci de l’élémentaire, une jouissance sans hâte du temps.» L’éloge de la marche, David Le Breton, Métailié Essais, Paris, 2000.
L’intérieur de la basse cour en 1999.
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plient en Europe jusqu’à la fin du Moyen Âge. À l’origine, ils sont constitués de bâtiments en bois construits sur de grosses mottes de terre. La taille de la pierre est une technique coûteuse et difficile alors que les charpentiers médiévaux avaient atteint une grande virtuosité. Le bois est progressivement remplacé par la pierre, mais le château continue de trôner sur une butte, comme le château d’Andlau. Il montre la domination du seigneur sur un territoire et sa capacité à le défendre.
Un peu d’histoire
Le constructeur du château est très certainement Eberhard d’Andlau entre 1246 et 1264. Les d’Andlau, chevaliers du Saint Empire Romain Germanique, sont une des familles les plus anciennes d’Alsace et ont marqué son histoire. Ce château n’est qu’un de ceux, comme celui du Spesbourg en face, à leur avoir appartenu.
Le château d’Andlau est l’un des très nombreux châteaux forts de montagne construits entre le XIIe et XIVe siècle dans les Vosges alsaciennes (Charles-Laurent Salch dans son Dictionnaire des châteaux de l’Alsace médiévale paru en 1975 répertorie 445 châteaux dont 293 en plaine, 169 en montagne). Les premiers châteaux forts apparaissent vers l’an mille en lien avec la décomposition de l’Empire carolingien et son éclatement. Celui-ci est divisé entre les trois fils de Louis le Pieux au traité de Verdun (843). Le dernier carolingien qui porte le titre d’Empereur, Charles le Gros (décédé en 888), est l’époux de sainte Richarde, fondatrice de l’abbaye d’Andlau où sont conservées ses reliques. Les châteaux forts se multi-
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Leur blason est d’or à la croix de gueules et leur devise « simplicité, fidélité ». Une silhouette particulière Le château d’Andlau se dresse sur un sommet granitique, à 451 mètres d’altitude et domine les vallées de l’Andlau et de la Kirneck. Il est constitué d’un long corps de logis qui se développe sur trois niveaux avec un donjon circulaire à chaque extrémité d’environ 8 mètres de diamètre et 21 mètres de hauteur. Il est l’unique château alsacien à disposer de deux tours sans que l’on puisse expliquer cette singularité. Ces deux tours symbolisaient autrefois la puissance des nobles d’Andlau. L’Alsace, tout comme d’autres régions germaniques, n’a pas connu cette forme architecturale du donjon à la fois forteresse et habitation. Le donjon du château alsacien avait pour but de fournir aux défenseurs un
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poste d’observation élevé et en dernier ressort un lieu où se réfugier, mais il ne constitue jamais l’habitation du châtelain. Les savants allemands ont donné à cette tour le nom de Bergfried, mais ce terme n’existe pas dans les textes alsaciens qui utilisent le mot « grosser Turm » ou « dicker Turm » : donjon. Comme sur les tours d’ Andlau, le donjon n’a jamais de porte au niveau du sol. Haut placée à une dizaine de mètres au-dessus de la cour, précédée d’une logette en bois, cette porte était reliée par une passerelle mobile au chemin de ronde de la courtine ou à un bâtiment. En cas de danger, la passerelle pouvait être facilement enlevée. Les tours avaient un rôle de défense particulièrement intéressant. L’enceinte de la basse-cour étant implantée en retrait par rapport à l’une des tours, cette dernière avait pour mission de surveiller l’entrée principale du château. La deuxième tour située à l’autre extrémité permettait quant à elle de contrôler l’étroit couloir d’accès coupé de portes intermédiaires donnant accès au logis. À la différence de nombreux édifices alsaciens, le château est construit en granit trouvé sur place, beaucoup plus résistant que le grès fréquemment rencontré sur beaucoup de châteaux forts alsaciens. En Alsace 50 % d’entre eux sont constuits en grès. Dans le Bas-Rhin, cette proportion atteint 79%. Le château est situé sur le Silberberg, « mont d’argent » nommé ainsi à cause des affleurements de granit qui lui donnent sa couleur. Les pierres utilisées pour la construction furent extrai-
tes et taillées sur place. Les encadrements de portes, fenêtres en grès rose proviennent des affleurements proches. Les murs du château sont construits à l’aide de pierres lisses. Les parois extérieures bénéficient des plus beaux parements. Il faut imaginer un château à l’apparence esthétique plus travaillée, la totalité du château enduite d’une couche de finition en crépi, l’encadrement des fenêtres peint... La pierre, matériau vulgaire à l’époque, n’a retrouvé ses lettres de noblesse qu’au XIXe siècle avec l’apparition du béton dans la construction. Elle n’était pas destinée à être vue.
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Le logis Bien que construit comme un fort ou une caserne, c’est aussi la résidence du seigneur. Le logis se développe entre les deux tours et comporte des salles basses munies d’archères (fentes longues et étroites pratiquées dans un mur pour tirer à l’arc ou à l’arbalète) et de grandes cheminées. Le château possède de nombreuses fenêtres gothiques en arc brisé, ainsi que des fenêtres à coussièges, ces bancs de pierre aménagés dans l’embrasure d’une fenêtre. Ces fenêtres ont été créées au XVIe siècle pour donner plus de lumière et de confort, à une époque où les châteaux forts perdent de leur intérêt. Pour se chauffer au XIIIe siècle, des cheminées ont été construites dans certaines pièces du château. L’essentiel du chauffage se faisait néanmoins au moyen de poêles en faïence aussi appelés Kachelofe. Les vestiges de trois cheminées sont partiellement visibles à ce jour à l’intérieur.
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Les châteaux forts sont des lieux de vie contraignants, voués à l’inconfort par leur isolement et leur exposition (altitude, pluie, froid). Quand ils sont en plaine ils se transforment et changent progressivement de peau. Quand ils sont en montagne comme celui d’Andlau, ils sont progressivement délaissés pour des demeures plus adaptées au goût du temps. C’est le cas ici où un grand bâtiment renaissance appelée La Seigneurie d’Andlau située au centre de la commune d’Andlau est édifiée à la renaissance vers 1582 et habitée par les
comtes d’Andlau jusqu’en 1789. Rachetée en 2005 par la commune d’Andlau elle accueillera en 2013 un Centre d’Interprétation du Patrimoine.
La basse cour L’ensemble de la basse-cour a subi des modifications au XIVe siècle, pour adapter le lieu à l’évolution des systèmes de défense. Au XIIIe siècle on observe un système de défense dite verticale. Les défenseurs sont situés au niveau de la muraille du château, souvent postés dans les hourds, ces ouvrages en bois, dressés en encorbellement, c’est-à-dire en surplomb au-dessus des murs de la forteresse, au sommet des courtines (partie de mur entre deux tours) donnant un angle très favorable à la défense. Cependant ce système défensif n’est pas infaillible ; nombreux sont les angles morts réduisant le champ de vision des défenseurs et favorisant ainsi l’assaut. Pour perfectionner ce premier système, on voit apparaître au XVe siècle une défense dite de flanquement. Les courtines sont agrémentées de tours de flanquement, comme on les voit au château d’Andlau. Ces tours permettent de tirer sur les côtés ou de face, par l’extérieur. Il n’y a pas d’angles morts, le défenseur est alors en position de force face à l’ennemi qui est facilement atteignable.
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Le choc de la guerre de trente ans Le château d’Andlau survit aux temps politiques troublés du Moyen-Âge mais est endommagé à l’occasion du passage d’une grande partie de l’Alsace sous la domination française après le traité de Westphalie (1648) qui met un terme à la guerre de Trente Ans. Pendant cette longue et terrible guerre (1618-1648) de nombreux châteaux forts alsaciens sont détruits ou très endommagés. Cette guerre eut des effets dévastateurs dans cette région située au carrefour de nombreux affrontements. Les combats et exactions pratiqués par les Suédois, Impériaux, Croates, Wallons et autres provoquèrent la ruine de nombreux châteaux à l’image du Haut-Koenigsbourg en 1633 ou de l’Ortenbourg incendié par les Suédois la même année.
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En 1678, Louis XIV décide de la destruction de nombreux châteaux d’Alsace afin de réduire la puissance de la noblesse provinciale et d’empêcher que les châteaux redeviennent des places fortes difficiles à contrôler. Il ordonna au maréchal de Créqui, l’un de ses plus brillants officiers, de détruire de nombreux châteaux. Certains subsistent mais sont reconvertis en forteresse militaire. Ce fut le cas par exemple pour le Lichtenberg dans le Nord de l’Alsace ou le Landskron dans le Sud, transformé par Vauban. L’aspect stratégique de sites, comme par exemple le Haut-Koenigsbourg, disparaît également avec la modification des frontières naturelles qui passent de la ligne bleue des Vosges à la ligne argent du Rhin qu’un Vauban constelle de forteresses. Au sud-est de Colmar, la citadelle
de Neuf-Brisach construite en 1703 symbolise cette nouvelle orientation stratégique. Le château d’Andlau est dévasté mais pas rasé par les troupes du maréchal de Créqui. En 1789, il est le seul château-fort d’Alsace à être toujours habité. Il sert de résidence à un forestier garde-chasse au service de la famille d’Andlau. Le château reste aux mains des comtes d’Andlau jusqu’à la Révolution. On dit même qu’en 1695, le garde-chasse Franz Ettighoffen, au service de la famille d’Andlau, a tué le dernier ours vosgien aux alentours du château. Clin d’œil peut être à la légende qui veut que sainte Richarde, patronne de la cité d’Andlau, ait vu un ange qui lui demandait de fonder une abbaye là où elle trouverait une ourse.
Légende Beaucoup de rivières d’Alsace ont leurs légendes, qu’il s’agisse de dames blanches sorties des flots, ou de phénomènes surnaturels à la surface des eaux. L’Andlau aussi a la sienne, et elle est triste. Deux amants, que leurs familles, de conditions différentes, cherchaient à séparer, y ont trouvé la mort. Au 14e siècle, la comtesse Isabelle d’Andlau s’était éprise d’un jeune meunier de la vallée. Ce dernier, Hans, voulant réparer sa roue à aube, fut précipité accidentellement dans la rivière et s’y noya. Sa belle, qui le guettait et l’attendait dans sa forteresse aux deux tours, n’apprit la nouvelle qu’au lendemain. Prise de désespoir, elle se jeta à son tour dans le torrent impétueux et rejoignit ainsi son aimé dans la mort.
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De la carrière à la ruine romantique Confisqué comme bien national, le château est vendu en 1796 à un commerçant qui, à partir de 1806, démantela le château afin d’en vendre les matériaux : boiseries, pierres... Rien ne sera épargné. Au retour de la monarchie pendant la période de la Restauration, entre 1814 et 1830, la famille d’Andlau rachète la ruine et sauve le château d’une destruction annoncée. Des travaux de consolidation sont entrepris en 1859. Il est classé monument historique en 1926 et consolidé en 1927-1928 par une campagne de restauration lancée à l’initiative du Club Vosgien. À la sortie de la période chahutée de la Révolution le château d’Andlau, comme tous les autres châteaux forts en ruine, bénéficie du formidable engouement du public pour le Moyen Âge. Le XIXe siècle rédécouvre cette période. La litterature romantique avec les ouvrages de Walter Scott, les descriptions de Goethe et de Victor Hugo pour la vallée du Rhin et le développement de l’image par la lithographie puis la photo favorisent ce mouvement. Le tourisme et la randonnée (le Club Vosgien naît en 1872) prennent leur essor. La ruine devient un lieu de promenade prisé. On estime à près de 20 000 promeneurs ceux qui chaque année passent au château d’Andlau.
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Remaillage des parements des tours par le Club Vosgien en 1927-1928
Le travail de l’AACA De la blessure au renouveau En décembre 1998, sous l’effet de l’usure du temps une partie de l’enceinte extérieure du château du HautAndlau s’écroule. Prenant exemple sur le château de Spesbourg et son Association pour la Restauration du Château de Spesbourg (ARCS) née en 1985, Guillaume d’Andlau crée en 2000 l’Association des Amis du Château d’Andlau pour faire face à cette situation préoccupante et pour éviter que cela ne se reproduise. Depuis cette date, l’AACA s’efforce d’arrêter la lente et mortelle dégradation du temps, l’animer et lui donner un nouveau départ.
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Consolider et sécuriser Urgence parmi les urgences, la conservation et la mise en sécurité du site passe par un entretien régulier du site et de ses abords mais également par des interventions de consolidation du bâti. Cette double action fédère chaque année bénévoles et professionnels autour du château.
Des travaux prioritaires de sécurisation
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Les premiers travaux de 2001 ont permis de stabiliser le mur de la basse-cour dont une partie venait de s’écrouler.Cela ne fut pas suffisant. En mars 2005, quelques pierres de la tour nord se désolidarisent et tombent dans la cour intérieure, obligeant à de nouveaux travaux pour sécuriser le site. Cette campagne de travaux fut l’occasion d’un travail photographique de l’artiste Marie Dréa, « Carnets de passage » présenté dans plusieurs lieux d’Alsace.
En 2007 l’association décide de réaliser un diagnostic complet de l’état sanitaire du site pour fixer des priorités et les méthodes d’intervention. Ce plan permet de bénéficier du plan de relance patrimoine et d’initier en 2010 des travaux de mise en sécurité du mur de braie surplombant l’entrée du château et la rampe d’accès au château. Les travaux se sont étalés entre 2010 et 2013.
Ce montage a été présenté à l’occasion d’un diplome d’architecte d’une étudiante de l’INSA.
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Un formidable lieu de formation Dès le début, l’association a pensé que le château pouvait être un lieu de formation exceptionnel. De façon systématique, elle a cherché à mettre en valeur la proximité d’un certain nombre de centres de formation. En 2002, des liens ont été établis avec le Lycée professionnel Le Corbusier, situé à Illkirch-Graffenstaden. Des élèves ont pu intervenir sur des sujets tels que la topographie, la métallerie, la maçonnerie. Ils ont réalisé récemment dans le cadre de leur formation un abri pour les bénévoles et promeneurs. Le succès pédagogique de cette expérience ouvre la voie en 2005 à la réalisation de chantiers d’insertion.
zones échafaudées se sont vues couvertes d’un solide rocaillage, façon ruine. Financés par des crédits formation professionnelle de la Région Alsace, ces chantiers permettent de réaliser des travaux importants qui n’auraient pu être financés par les crédits traditionnels du ministère de la Culture au vu de l’urgence d’autres interventions.
Au travers des différentes tâches accomplies, les stagiaires réapprennent un rythme de travail soutenu en respectant les contraintes propres au monde du travail (horaires, travail en équipe, échéances à respecter). Le passage d’un mois environ au château est une étape importante de ce parcours. Le caractère « extraordinaire » du lieu en pleine nature, l’impression de travailler pour quelque chose qui les dépasse, l’appréciation et l’intérêt des promeneurs pour le travail qu’ils réalisent sont des puissants moteurs de valorisation pour le groupe. Reconduits systématiquement depuis 2005 à raison de deux groupes par an, ces chantiers ont permis de traiter progressivement le corps de garde et tous les murs (côté interne) de la basse-cour. Ceux-ci sont progressivement dévégétalisés puis rejointés. Les
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Les centres de formation Lycée Le Corbusier Institut Mertian INSA Strasbourg (Institut National de Sciences Appliquées de Strasbourg) ENSAS (Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Strasbourg) Conservatoire de Strasbourg Ecole Supérieure des Arts Décoratif de Strasbourg Théatre Nationale de Strasbourg École Nationale Supérieure de Paysage de Versailles
Au delà des chantiers, c’est également une multiplicité d’interventions dans le cadre de projets de formation qui ont été accueillis sur le site. Ces interventions très diverses ont permis à l’association d’avancer dans sa réflexion. C’est également un moyen de lui donner une autre vie tout en offrant aux étudiants un cadre concret pour mettre en pratique leurs connaissances.
Un chantier largement ouvert à tous Pour aider à avancer, l’association a également bénéficié des compétences d’écoles et d’universités. Dans le cadre d’un partenariat avec l’INSA Strasbourg un relevé scanner laser terrestre qui permet d’avoir toutes les cotes du château et sa modélisation a été effectué. Plusieurs autres projets dont un mémoire de diplôme d’architecture ont été réalisés par des étudiants de l’INSA ou de l’école d’architecture. Ils participent de cette nécessaire émulation et confrontation entre le site ancestral et son époque.
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Le travail essentiel des bénévoles Depuis sa création l’implication des bénévoles sur le terrain a constitué le socle de l’action. Au départ ponctuelles et limitées à du débroussaillage, les interventions se sont progressivement multipliées et élargies. Aujourd’hui c’est tous les quinze jours, généralement le samedi, que ces amoureux du patrimoine se retrouvent. Ces journées rassemblent petits et grands. Elles sont ouvertes à tous et ne nécessitent aucune technicité. Les outils sont même fournis !
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Les travaux à venir L’association souhaite terminer les travaux en cours pour accéder au logis. Elle veut, avec les chantiers d’insertion et les bénévoles, consolider les murs de la basse-cour et araser le terrain afin de créer un espace scénique adapté pour accueillir des animations. En 2013 elle a également initié un travail avec l’École Nationale du Paysage de Versailles pour entamer une réflexion sur l’aménagement paysager de ce château un peu étranglé par la végétation environnante.
Avant
Après…
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Voir et vivre le site autrement Au-delà de l’aspect de conservation et de mise en sécurité du château, l’association veut donner une nouvelle vie au château à travers des manifestations autour de différentes expressions artistiques. L’art est le domaine où le travail le plus approfondi a été accompli. Guillaume d’Andlau aime à dire qu’un château fort en ruine et une installation d’art contemporain convergent dans l’abstraction et l’appel à l’imaginaire. L’Association s’est servie de l’attraction naturelle du site pour proposer aux promeneurs une rencontre souvent surprenante avec la création d’aujourd’hui. Une confrontation toujours pleine de surprises, d’interrogations sur ce qu’est ou doit être le patrimoine. Ces installations, toujours temporaires, permettent de renouveler le regard porté sur le château et son environnement.
Depuis 2002, des artistes comme Frank Morzuch, Michel De Broin, Eric Samack et d’autres ont jeté leur dévolu sur cet endroit. L’œuvre qui a marqué le plus le château est celle de Samuel Rousseau intitulée Hélioflore présente sur le château de 2009 à 2011. Sa réalisation a fait l’objet d’un documentaire de 52 min intitulé Hélioflore ou l’aventure de la lumière diffusé sur France 3 Alsace, et d’un reportage dans le cadre de l’émission « Des racines et des ailes ». Au-delà des événements artistiques, le lieu a également accueilli des musiciens du conservatoire de Strasbourg ou d’ailleurs pour quelques moments impromptus hors des chemins battus.
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Pour prolonger les réflexions, pour les partager avec les associations et les élus locaux, des ‘’tables rondes du patrimoine’’ ou des débats sont organisés chaque année avec l’association pour la restauration du château de Spesbourg et la société d’histoire de Dambach-Barr-Obernai. Elles ont traité de sujets aussi variés que le patrimoine industriel, l’économie du patrimoine, chef d’œuvres ou performance énergétique et bâtis anciens.
Frédéric Mitterrand, ministre de la culture, en visite au château d’Andlau
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Land art Depuis 10 ans, chaque année, les étudiants de l’école d’architecture de Strasbourg investissent le château d’Andlau et ses abords dans le cadre d’un atelier de land art .Les étudiants passent quatre jours sur le terrain à tenter de proposer quelque chose à partir de rien a priori. Dans cet exercice, il est proposé aux étudiants de penser un projet et de le réaliser avec les matériaux trouvés sur place : terre, pierre, eau, bois, végétaux… De ce qui peut sembler pas grand chose, ils font beaucoup… dans un langage très poétique et sensible qui renouvelle la vision de l’environnement.
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Promen dans lesobnosis-n…ous
Ar t contem du Spesb porain entre les ch ourg et du âte Haut- Andla aux u
19 juin – 15 octobr
e 2005
Parole de bénévoles Les bénévoles de l’association sont très divers par l’âge, la situation professionnelle ou personnelle mais ils ont tous quelque part gardé dans leur tête un rêve d’enfant qu’ils font revivre. Rêve du château d’Andlau qu’ils ont pratiqué à maintes reprises dans leur enfance comme l’évoque Raoul Bock, le président de l’association, en rappelant que dans son enfance ses parents venaient l’été camper au Hungerplatz et qu’il se prenait pour le chevalier du château. Rêve de monuments comme le souligne Philippe Bélaval, président du Centre des Monuments Nationaux en préfaçant en 2012 le catalogue de l’exposition du même nom : «L’essentiel en fait, s’est joué plus tôt : lorsque dans son jeune âge, sur la plage ou dans la forêt, chacun de nous sculptant le sable ou assemblant des morceaux de pierre ou des bouts de bois, a donné une demeure aux nobles princesses et au preux chevalier dont était peuplé son esprit d’enfant… Oui le monument, le château, au delà de leur réalité de pierre et de mortier se font tour à tour objets de rêve, de nostalgie, de fantasme, d’utopie, de désir, de cauchemar… »
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Remerciements L’association des amis du château d’Andlau remercie Loic Minor et Guillaume d’Andlau pour les textes, les photographes qui ont mis à disposition leurs clichés, Pierre Marchant et le Verger Éditeur, la Région Alsace. Pour aller plus loin : www.chateaudandlau.com www.chateauxfortsalsace.com www.pays-de-barr.com 31
Depuis 1999, l’Association des amis du château d’Andlau s’affirme dans un projet de conservation du patrimoine et de développement culturel pour que la silhouette, qui nous est devenue familière, reste fièrement campée sur le Silberberg. L’association a des projets et la volonté d’agir mais pour continuer ce lent travail de reconquête nous avons besoin de vous. Si vous souhaitez nous aider à relever ce défi, un bulletin de don est joint*. C’est l’effort de tous même infime qui permet à ce lieu d’être le témoin de notre passé et de notre avenir. Les dons peuvent également être faits en ligne sur le site ou en envoyant un chèque au nom de l’association des amis du château d’Andlau au 1, rue Albert Schweitzer, 67140 Heiligenstein Si vous voulez être tenu au courant de nos activités grâce à notre lettre d’information, inscrivez-vous sur le site www.chateaudandlau.com en bas de la page actualité ou envoyez nous un message à info@chateaudandlau.com
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