Magazine du Musée Suisse des Transports 15/17

Page 1

Magazine

Édition Numéro

du musÉe Des Transports

Mobilité dans la neige Interview Rendez-vous avec une comète in Motion Les tramways bernois FOCUS

Mars 20 15

Deutsch bitte wenden

Nouveautés au Musée Suisse des Transports

17


Sommaire

3 Découvert

Des wagons comme lieu de pique-nique

Se laisser surprendre, découvrir et prendre plaisir à apprendre Le Musée des Transports a débuté l’année nouvelle avec beaucoup d’enthousiasme et des tas d’idées créatives et innovantes. Cette année encore, les 187 collaborateurs et collaboratrices du musée donneront le meilleur d’eux-mêmes pour pouvoir vous offrir bien plus

4

FoCus

Parade des motoneiges et autoneiges

qu’une «simple» visite à un musée. Nous voulons vous emmener à la découverte du monde fascinant de la mobilité en faisant appel à tous vos sens. Et l’année 2015 offrira à cet égard quelques possibilités hors du commun. Ainsi, jusqu’à mi-avril, nous présentons la capsule pressurisée originale dont Felix Baumgartner a sauté à 39 000 mètres d’altitude pour sa célèbre descente en chute libre. Nous inaugurons aussi une exposition sur le passionnant projet «Solar Impulse» de Bertrand Piccard à la Media-Factory. Faire le tour de la terre rien qu’avec de l’énergie solaire, voilà un défi de taille. Et le Musée Suisse des Transports sera de la partie. Dès à présent, les classes et les familles peuvent prendre le repas de midi à l’abri des intempéries dans les deux nouveaux wagons

6

interview

rof. Kathrin Altwegg, P physicienne

de la Zentralbahn, parfaitement remis en état et chauffés. Un piquenique en 1 er classe dans un véhicule ferroviaire original, c’est le genre de choses que l’on ne peut vivre qu’au Musée des Transports. Et ce ne sont là que quelques-uns des nombreux temps forts du programme 2015. Vous trouverez des informations quotidiennes sur nos événements sur le site www.verkehrshaus.ch. Cette année, rendez-nous donc visite à Lucerne. Nos collaborateurs et collaboratrices se réjouissent de vous accueillir, 365 jours par an.

8

in Motion

Cordiales salutations

L e tram bernois à air comprimé

Martin Bütikofer Directeur

Impressum Éditeur Musée Suisse des Transports, Lidostrasse 5, 6006 Lucerne Collaborateurs de ce numéro Jacqueline Schleier (responsabilité générale et annonces), Olivier Burger (direction de la rédaction), Martin Bütikofer, This Oberhänsli, Manuel Huber, Christine Gerber, Claudia Hermann Layout aformat.ch, Lucerne Image de couverture This Oberhänsli Sources iconographiques Archives du Musée Suisse des Transports, VHS-11610, VA-55274, VA-55239, VA-55276, VA-55348, VHS-4518, VA-45523, This Oberhänsli, Kathrin Altwegg, Berner Zeitung (Susanne Keller), Nasa, CFF, SEC Suisse, photopress, Metropolitan Opera New York, Imax, Olivier Burger Traduction Apostroph Group, Lausanne Correctorat typo viva, Ebikon Impression Neue Luzerner Zeitung AG, Lucerne Tirage 25 000 exemplaires. Parution 5 × par an Fondation/ année 2005/4 Prix CHF 4.50/ex., CHF 18.– par an Contact magazin@verkehrshaus.ch, 041 370 44 44

Partenaires officiels

12

Éducation

D istinction pour l’i-factory


DÉcouvert

Pique-niquer dans des wagons Auteur Olivier Burger

Le Musée Suisse des Transports est un lieu d’excursion très prisé dans les écoles. Mais le musée a besoin d’espaces de restauration et de pique-nique couverts en cas de mauvais temps. Deux wagons de passagers de la Zentralbahn offrent aujourd’hui aux écoliers un cadre agréable pour casser la croûte. Martin Bütikofer, directeur du Musée Suisse des Transports, en a eu l’idée au Japon: «À l’East Japan Railway Company, j’ai vu des wagons de RER mis à la disposition des classes. J’ai soumis la même idée à la Zentralbahn. Les responsables étaient enthousiastes.» L’idée est devenue réalité en l’espace de cinq mois à peine. Les wagons de la Zentralbahn ont été installés devant la Halle ferroviaire et peuvent servir de lieux de pique-nique aux écoles et aux groupes. La clé pour ouvrir les wagons chauffés peut être obtenue à l’accueil.

les deux compagnies fusionnèrent pour former la «Zentralbahn». Une fusion qui résulte de la nécessité à l’époque de procéder à d’importants investissements en matériel roulant et en infrastructures mais que les deux sociétés étaient incapables de prendre en charge en solo. Grâce aux nombreux investissements réalisés au cours des dernières années, la Zentralbahn fait aujourd’hui partie des chemins de fer à voie métrique les plus modernes d’Europe. n

Mais d’où viennent au juste ces deux wagons? «Nous avons eu la chance ces dernières années de pouvoir mettre régulièrement en service de nouveaux matériels roulants. Nous avons donc suffisamment de wagons mis hors service», explique Gerhard Züger, responsable de la production et du matériel roulant à la Zentralbahn, d’où proviennent les wagons installés au MST. La Zentralbahn est une jeune entreprise. Elle peut néanmoins se targuer d’avoir derrière elle une longue et passionnante histoire. Pendant des décennies, la Brünigbahn et la Luzern-Stans-Engelberg-Bahn (LSE) assurèrent un transport ferroviaire irréprochable entre Lucerne et Interlaken et entre Lucerne et Engelberg. Le 1er janvier 2005, 3


FoCus

Les origines des autoneiges et motoneiges En tant que pays alpin, la Suisse a un lien très étroit avec la neige. À l’exception de la luge de Davos, peu de véhicules conçus pour se déplacer sur la neige sont toutefois entrés dans la légende. Pour autant, les autoneiges et motoneiges restent des véhicules exotiques toujours très admirés en montagne et dans les régions de neige. La première rencontre de motoneiges et autoneiges anciennes à Flims et la présentation des véhicules organisée dans ce cadre au Musée des Transports ont pour but de mettre en lumière toute la richesse de cette catégorie de véhicules. Auteur This Oberhänsli

W

ondercave, c’est le nom que porte le sous-sol de la Halle de l’Aviation et de la Navigation spatiale; on y trouve une surface de présentation consacrée à des pans un peu particuliers de l’histoire du transport. Jusqu’au début du mois de juin, les motoneiges et autoneiges les plus divers, voire les plus bizarres, de Suisse peuvent y être admirées. Au début il y avait les patins La mobilité sur neige et sur glace a débuté par le système des patins. Avant même l’invention de la roue, nos lointains ancêtres utilisaient déjà des véhicules proches des traineaux, toutes cultures confondues pratiquement et indépendamment de l’état du terrain. Les patins permettaient de transporter de très lourdes charges, ce qui offrait des possibilités tout à fait nouvelles dans la vie quotidienne. Ces traineaux rudimentaires étaient mus par l’homme ou par des animaux. La chenille, pour s’affranchir du terrain La mécanisation du traineau n’a pas seulement exigé sa motorisation mais aussi le développement de l’entraînement à chenille. Ces traineaux du futur devaient permettre une utilisation sur la neige ou dans le sable, indépendamment du revêtement. Le véhicule chenillé pouvait de ce fait tracer son propre chemin. Même si, dès 1900, différents véhicules chenillés à vapeur firent leur apparition, il faudra néanmoins attendre la Première Guerre mondiale et l’avènement du char de combat britannique – le «tank» – pour que le grand public découvre véritablement ce type de véhicule.

4

La motoneige chenillée Les ancêtres des motoneiges actuelles virent le jour peu après 1900, essentiellement en Russie, sous la forme de premiers traîneaux motorisés. Ces traîneaux, appelés ­« Aerosan», étaient mus par un moteur à hélice. En 1922, le Canadien Joseph-Armand Bombardier réalisa une percée importante dans le domaine des véhicules destinés à la conduite sur neige avec le lancement de son Ski-Dog. C’est à la suite d’une erreur que la marque devint finalement Ski-Doo. Souvent inspirés de la voiture, les véhicules destinés à la conduite sur neige prirent du coup l’aspect de motos chenillées. Lors de la première rencontre de moto-

neiges et d’autoneiges à Flims les 21 et 22 février 2015, différents modèles et marques de motoneiges historiques ont pu être présentés au public. Avec ses allures de Jeep, la Snow-Trac, avec sa dameuse historique, prêtée par le Musée des Transports, était à vrai dire la seule autoneige présentée. Ce véhicule préfigurant les dameuses actuelles était un peu pôle d’attraction supplémentaire par rapport à la course des motoneiges historiques. Chasse-neige hippomobile Les chasse-neige constituent une catégorie de véhicules conçus pour la neige un peu différent des autres. Pour la première fois, le Musée des Transports présente un chasseneige hippomobile. Cet ancêtre en bois du chasse-neige telle que nous le connaissons surprend par son système mécanique extrêmement ingénieux. Sa capacité d’adaptation est telle que ce système a pu être utilisé sur les largeurs de rue les plus diverses. Deux sociétés suisses se forgèrent une renommée mondiale avec leurs fraises destinées à l’évaluation de très gros volumes de neige. Les fraises Peter du pionnier suisse Peter Rocco furent même utilisées lors d’expéditions dans l’Antarctique. Quant à Rolba, le second fabricant réputé, il a assuré le montage et la distribution des dameuses Ratrac en Suisse. Mais la fusion des deux entreprises en 1990 n’a pas empêché la disparition de ces deux fabricants légendaires d’engins conçus pour se déplacer sur la neige. n

1


INTERVIEW

2

interrogé Michael von Euw Chef d’équipe, Musée Suisse des Transports Pourquoi as-tu choisi de travailler au Musée des Transports?

Parce que c’est un travail exigeant et où je peux prendre des responsabilités. Je suis très indépendant et l’équilibre entre vie professionnelle et loisirs est juste parfait au MST. Comment se présente ta journée de travail?

3

Je dois veiller à ce que les visiteurs bénéficient du meilleur service possible. Cela englobe l’information fournie par le personnel d’encadrement, la mise en œuvre des règles de sécurité et des procédures internes ainsi que la réaction aux cas d’urgence et aux réclamations. Quel est ton objet exposé de prédilection?

Je n’en ai pas. Pour moi, ce qui compte le plus ici, 365 jours par an, ce sont nos visiteurs. Ce qui me procure le plus de plaisir, c’est de voir la joie des enfants. Quel a été, jusqu’à présent, ton plus beau moment au musée?

4

1 L e Schneeteufel (1941) imaginé par Martin Schmid, garagiste à Arosa, servait au transport de marchandises et de personnes. (Collection Musée des Transports)

Chaque jour où le Musée des Transports est à la limite de sa capacité d’accueil. Ce qui me transporte, c’est le plaisir que les gens ont dans les yeux. C’est un sentiment absolument énorme.

2 L e Sno-Fury suédois était propulsé par un moteur Sachs de 16 chevaux. (Collection Musée des Transports)

As-tu déjà été confronté à des situations difficiles?

3 C e superbe engin mû par un moteur Vespa reçut un brevet mais n’atteignit jamais le stade du prototype. (Collection Musée des Transports)

Un jour, lors d’un événement, j’ai dû rappeler les règles de sécurité et j’ai eu droit aux pires insultes; il s’en est fallu de peu que l’on en vienne aux mains.

4 L e Snow-Trac ST4B de 1970 de la collection du Musée des Transports lors de la 1 er rencontre de motoneiges anciennes à Flims.

Quel regard portes-tu sur les visiteurs?

Ils sont le reflet de la société actuelle. Ils deviennent plus exigeants et attendent du divertissement et un service clientèle professionnel.

5 A l’initiative du publiciste et amateur de motos de course Mike Zweifel, la région touristique de Flims-Laax s’est engagée dans l’organisation de la première rencontre de motoneiges anciennes.

5

Comment décrirais-tu le Musée des Transports à un touriste étranger?

C’est un lieu où l’on peut faire, toute une journée durant, une foule de découvertes à un prix abordable. Que souhaites-tu pour le Musée des Transports?

Nous devons nous montrer encore plus accueillants à l’égard de nos visiteurs, les toucher au cœur et maintenir un très haut niveau de qualité. 5


L’astrophysicienne Kathrin Altwegg devant l’affiche représentant la sonde Rosetta.

À propos de

Photo de la comète Tchourioumov-­ Guérassimenko.

6 6

Prof. Kathrin Altwegg

Physicienne et professeure associée à l’Institut de physique de l’Université de Berne et cheffe de projet ROSINA au Center for Space and Habitability (CSH) de l’Université de Berne. L’équipe constituée autour de la Prof. Kathrin Altwegg a construit le spectromètre de masse ROSINA de la sonde spatiale Rosetta et analyse à présent les données collectées. ROSINA (pour «Rosetta Orbiter Spectrometer for Ion and Neutral Analysis») est l’une des expériences clés de la mission Rosetta. Les instruments de mesure bernois ont notamment pour fonction de déterminer la composition moléculaire du coma et de la couche de gaz qui entoure le noyau de la comète. Cela donnera de précieuses indications sur l’origine des comètes et, partant, sur l’origine de tout notre système solaire.


Interview

Rendez-vous avec une comète La sonde Rosetta a mis près d’une dizaine d’années pour rejoindre la comète «Tchouri». L’Université de Berne a apporté une importante contribution au projet ROSINA. La Prof. Kathrin Altwegg, physicienne et cheffe de projet, nous parle de la lente approche de la comète, de la genèse de la vie et des grands moments cosmiques de 2015.

Auteur Manuel Huber

Prof. Altwegg, comment avez-vous vécu l’atterrissage mouvementé du mini-laboratoire Philae lancé en novembre dernier depuis la sonde Rosetta? Cela a été incroyablement passionnant. J’étais au Centre européen d’opérations spatiales à Darmstadt et j’ai vécu en direct toute la tension sur les visages des ingénieurs. La performance qu’ils ont réalisée ne peut que susciter l’admiration. Pour ma part, j’ai vécu l’événement dans un rôle d’observatrice, puisque notre instrument est à bord de la sonde-mère et n’était dès lors pas directement concerné. Avec votre équipe, vous avez développé des instruments de mesure spéciaux pour la mission. C’était il y a dix ans. La technique actuelle serait-elle plus avancée? ROSINA utilise un processeur 386. Avec des ordinateurs plus puissants et, surtout, avec plus de mémoire, on pourrait déjà à présent prétraiter quelque peu les données à bord, ce qui aurait un impact positif sur le débit binaire. Les spectromètres de masse seraient peut-être un rien plus légers mais le principe serait le même. Vous avez déjà analysé les premières données mesurées. Est-ce qu’elles correspondent à vos attentes? C’est même mieux que prévu. La comète n’est certes pas particulièrement active mais son coma est extrêmement riche, même à une très grande distance du Soleil. Faut-il s’attendre à d’autres surprises? Certainement! Cela dit, tous les résultats ne sont pas immédiatement prêts à être publiés. Pour certaines choses que nous observons, avant de rendre quoi que ce soit public, nous préférons attendre de voir l’évolution des choses à mesure que la comète se rapprochera du Soleil. Qu’analysent actuellement les instruments de mesure de l’Université de Berne? Pour l’instant, nous observons surtout la transformation de la comète à mesure qu’elle se rapproche du Soleil. Nous allons bientôt faire de brefs survols de la comète avec la sonde-mère. Nous nous approcherons jusqu’à six kilomètres de la surface. Ce sera extrêmement passionnant. Cette mission doit fournir des informations sur l’origine de l’eau et de la vie sur Terre. Quelles sont les chances d’atteindre ces objectifs ambitieux? La question de l’eau a été l’une des premières à laquelle nous avons répondu. Selon nous, l’eau présente sur la comète Tchourioumov-Guérassimenko est complètement

différente de l’eau terrestre. Elle contient environ trois fois plus de deutérium que l’eau que nous avons ici sur Terre. Les comètes de la ceinture de Kuiper ne peuvent donc être considérées comme des sources d’eau principales de notre planète; il y a près de 30 ans déjà, la mission Giotto vers la comète de Halley avait par ailleurs montré que les comètes du nuage d’Oort ne pouvaient pas non plus avoir fourni toute l’eau terrestre. Les astéroïdes restent donc en fait les seules sources possibles de notre eau. Ce qui ne veut pas dire que les comètes n’ont joué aucun rôle. C’est une chose que nous sommes en train d’étudier. Qu’y a-t-il au programme de la mission Rosetta cette année? Il y aura des survols à basse, voire très basse altitude de la surface de la comète environ une fois par mois, le passage du point le plus proche du soleil et, je l’espère, encore de très nombreuses nouvelles découvertes. Quels seront les temps forts de la recherche spatiale en 2015? Rosetta continuera à occuper le devant de la scène. Par ailleurs, la mission New Horizon de la NASA (prochaine approche le 14 juillet) va passer près de Pluton, qui a pas mal de points communs avec les comètes. Pluton est aussi un astre de la ceinture de Kuiper, sans doute principalement constitué de glace. Ce sera clairement un des moments clés de l’année 2015. Y a-t-il à brève échéance des moments d’une grande importance astronomique que vous attendez avec une impatience particulière en tant qu’«archéologue cosmique»? Cette année, nous avons à la fois une éclipse solaire le 20 mars et une éclipse lunaire au mois de septembre. Ce sont toujours de très beaux moments qui mettent parfaitement en lumière la mécanique céleste. Et puis, à partir du mois d’août, la comète Tchourioumov-Guérassimenko ­d evrait être visible de l’hémisphère nord, uniquement à l’aide de télescopes bien sûr mais quand même. Le Planétarium du Musée des Transports permet lui aussi de découvrir la voie lactée et l’univers. Quel peut être son apport à l’égard des physiciens et physiciennes de demain? Un planétarium est sans doute très souvent la première expérience astronomique des enfants. Si le Planétarium les enthousiasme, cela peut susciter des vocations pour la physique ou l’astronomie.

7


in motion

De l’air comprimé pour voyager en ville Le transport public, qui fonctionne aujourd’hui à merveille dans toutes les grandes villes, a déjà une très longue et passionnante histoire à Berne. Les autorités bernoises s’étant opposées à l’installation d’un réseau de tram hippomobile, à vapeur ou électrique, l’ingénieur responsable trouva finalement une solution appropriée en France. 2

AuteurE Claudia Hermann

L

a date fixée pour l’ouverture de la ligne de tram de Berne, le 1 er janvier 1890 en l’occurrence, ne put être respectée: les trams à air comprimé de la Société bernoise de tramways, basés sur le système Mékarski, étaient trop nouveaux et trop complexes sur le plan technique. En 1888, la ville et le canton de Berne avaient imposé l’exigence contractuelle de renoncer à toute utilisation de locomotives à vapeur pour le transport public dans la ville de Berne. Gaston Anselmier, l’ingénieur responsable, avait donc dû trouver une autre solution pour la ligne de tram qui devait relier la fosse aux ours, la gare et le cimetière de Bremgarten en passant par la vieille ville de Berne. Un tram hippomobile était hors de question vu les nombreuses fortes pentes à franchir, l’utilisation d’une chaudière fumante était interdite, l’emploi d’un système de câble posé dans le sol selon le système Hallidie était impossible pour des raisons financières et la mise en place de câbles aériens nécessaires à l’alimentation d’un tram électrique avait été refusée en raison de la défiguration des ruelles de la vieille ville qui en résulterait.

Une idée venue de France Anselmier trouva son bonheur à Nantes, où des «automobiles» à air comprimé circulaient depuis 1879. Il fit donc appel, pour les nouveaux tramways de Berne, à l’inventeur de ce système français, l’ingénieur Louis Mékarski. Mékarski, à travers sa Société des moteurs à air comprimé, les Ateliers de Constructions mécaniques de Vevey SA, P. Blanchod & Cie. et la Maschinenfabrik Bern (Lud1

8

wig & Schopfer) créèrent le Consortium Mékarski, qui allait réaliser les tramways à air comprimé et les installations connexes durant les années 1890/1891. La ville de Berne livra la force motrice nécessaire de 70 ch au prix de 100 francs par cheval et par an. Les dix véhicules, appelés «automobiles» ou «trams à air» à l’époque, desservaient un parcours long de 3,132 km et devaient être retournés à chaque extrémité de la ligne à l’aide d’un plateau tournant. Les motrices partaient toutes les dix minutes. Reconstruction au Musée des Transports Au dépôt de la cage aux ours, deux ouvriers s’occupaient en continu du chargement des automobiles: l’air comprimé produit par la nouvelle turbine installée plus bas, dans le quartier de la Matte, était amené jusqu’au compresseur par un arbre de transmission de 60 m de long qui longeait l’Aar avant de repartir de là vers le dépôt de tram de la cage aux ours par un réseau de conduites long de 670 m passant par le pont de Nydegg. Au dépôt, les trams étaient branchés sur les conduites d’air et de vapeur en cuivre pour remplir leurs réservoirs cylindriques. Les cuves à air étaient logées entre les longerons


1 D ifférents plans du tram à air comprimé tirés du «Schweizerische Bauzeitung» XVI (1890). 2T ransport de la caisse de tram reconstruite par la Société bernoise de tramways vers le Musée des Transports le 6 juin 2014. 3 P oste de conduite du tram à air comprimé Cm 2/2, n° 1, de la BTG, 1890–1900. 4 Tram à air comprimé Cm 2/2 de la BTG dans la Spitalgasse, 1891–1901. 5T ram à air comprimé Cm 2/2, n° 5, de la BTG à l’arrêt cage aux ours à Berne, avec son conducteur, du nom de Blaser, vers 1895. 6T ram à air comprimé Cm 2/2, n° 7, de la BTG à l’arrêt cage aux ours à Berne, vers 1899.

3

du châssis ainsi que dans l’habitacle, sous les banquettes. L’air comprimé dans le tram était réchauffé à l’aide de vapeur d’eau en provenance de la chaudière, ce qui permettait de compenser le refroidissement de l’air lié à la dilatation. Le tram était conduit par un machiniste; un receveur, chargé de réclamer le prix des billets, l’accompagnait sur la plate-forme arrière. Le trajet cage aux ours – gare coûtait par exemple 10 centimes en 1891. Les trams circulaient de 6h30 à 22h50. Durant l’heure de midi, quelques trams étaient retirés du service pour permettre aux membres du personnel de prendre leur repas. Dès 1892, les trams à air comprimé bernois transportèrent 1 146 532 voyageurs, pour une distance quotidienne parcourue de 159,5 km. Le Musée Suisse des Transports permettra sous peu d’admirer, d’un seul coup d’œil, le tram hippomobile, le tram à vapeur, le tram à air comprimé et le tram électrique. Mais comme, en 1901, tous les trams à air comprimé furent retirés du service et mis à la casse, la caisse de tram à air donnée par la Société bernoise de tramways et déjà exposée dans la Halle du Transport Ferroviaire va faire l’objet d’une reconstruction sur place au cours des années 2015/2016. n

4

5 6


Musée des Transports

Réaliser un lapin en chocolat

L’efficacité énergétique sur les rails Pourquoi, pour un même trajet, un voyage en train estil moins gourmand en énergie qu’un déplacement en voiture? À quoi le train doit-il son efficacité énergétique? C’est à cette question notamment que répond l'exposition spéciale interactive extrêmement variée organisée par les CFF au Musée Suisse des Transports, sur le thème «L’efficacité énergétique sur les rails». Les visiteurs peuvent déplacer un train en utilisant la force de l’eau ou ressentir la résistance au roulement sur leur propre corps. Une expérience interactive pour petits et grands. L’un des autres temps forts de l’exposition est la modernisation du véritable «cheval de trait» suisse qu’est la locomotive Re 460, également appelée «Loc 2000». Les innovations mises en œuvre sur la locomotive ont permis de réaliser une énorme économie d’énergie. Cette économie représente la consommation de courant de 6750 ménages suisses.

Réalisez votre propre lapin en chocolat Lindt avec l’aide du Maître Chocolatier. Tous les mercredis, samedis et dimanches après-midi, du 4 mars 2015 au lundi de Pâques, vous pourrez profiter de cette offre exclusive au Shop. Pour 10 francs, les enfants (à partir de 6 ans) et les adultes pourront créer leur lapin en chocolat. Les personnes intéressées peuvent s’inscrire sur place. Le nombre de places est limité.

Le monde du deux-roues Les nouveaux amateurs de deux-roues seront aux anges en visitant le premier étage de la Halle du Transport Routier. Vélos, motos, cyclomoteurs, les objets de la collection sont exposés en cercle et montrent toute la diversité du monde du deuxroues. Tandems, VTT, vélos militaires, vélos de course sur route, vélos standard, tous sont entraînés par la force musculaire. Si vous n’avez pas le vertige, vous pourrez même prendre place sur une copie de grand-bi. Dans la section motos, vous découvrirez notamment une moto de course, une noble Harley Davidson et un monocylindre. L’exposition présente aussi la moto la plus puissante du monde à son époque; la Münch-4 TTS 1200. Les cyclomoteurs sont représentés par des marques aussi légendaires que Dufaux, Motosacoche, Ducati et Condor. 10


Réouverture de la Swissarena La Swissarena brille d’un tout nouvel éclat. Le grand intérêt porté par les visiteurs à la photo aérienne XXL de la Suisse l’avait mise à rude épreuve. De plus, la photo n’était plus actuelle. L’ancienne photo a donc été enlevée, le sol a été préparé pour recevoir la nouvelle et la nouvelle image a été mise en place. Désormais, la Swiss­arena invite de nouveau le visiteur à découvrir la Suisse sous un angle inhabituel. L’échelle 1:20 000 permet de montrer la Suisse jusque dans le moindre détail. Une visite s’impose.

Baptême de locomotive au Musée des Transports Le 8 janvier 2015, un nouveau baptême de locomotive a eu lieu devant la Halle ferroviaire. Ce baptême s’inscrivait dans le cadre du 100e anniversaire de l’Association suisse des propriétaires fonciers (HEV). La Re 460 023-5 parcourt désormais le réseau ferroviaire des CFF durant un an avec l’inscription «100 Jahre HEV Schweiz». En décembre 2014, RailAway CFF a fête son 15e anniversaire. Pour marquer le coup, l’entreprise a décidé d’entamer cette année anniversaire avec une nouvelle locomotive. Le 9 décembre 2014, les actionnaires et les collaborateurs de RailAway se sont donné rendez-vous au Musée Suisse des Transports pour baptiser la Re 460 048, lui donnant le nom «La Suisse sous son meilleur jour». Cette locomotive anniversaire est la troisième ambassadrice de RailAway CFF à prendre la tête d’un train.

Exposition spéciale 2015 À partir du 2 avril 2015, le Musée Suisse des Transports présentera une exposition spéciale sur le thème de la mobilité sur l’eau. De nombreuses activités seront de nouveau proposées sur le bassin: canoë, kayak, stand-up paddle (ou planche à rame), pédalo pneumatique, il y en aura pour tous les goûts. Trois sous-marins et de nombreuses maquettes pourront être admirés. Des films sous-marins seront projetés et les visiteurs pourront partir à la recherche de pièces d’or dans un coffre au trésor. Enfin, des visites guidées seront organisées pour découvrir le sous-marin «Auguste Piccard». 11


Éducation

La campagne IT-dreamjobs et le Musée des Transports récompensés

Auteur Olivier Burger

Chaque année, Google décerne son Google RISE Award à des entreprises du monde entier qui œuvrent en faveur de la promotion extrascolaire de l’informatique auprès des jeunes. En 2015, on trouve parmi les lauréats la campagne IT-dreamjobs et le Musée Suisse des Transports. L’objectif de cette campagne est de montrer la fascinante diversité des métiers de l’informatique et d’amener davantage de jeunes à étudier l’informatique. Les deux lauréats entendent développer ensemble l’i-factory au Musée Suisse des Transports. L’idée est d’étendre la plate-forme à l’univers professionnel de l’informatique et de la rendre encore plus attractive. Sur un mode ludique, expérimental et interactif, les écoliers peuvent découvrir les métiers de l’informatique et se faire une idée de leurs propres aptitudes. L’exposition i-factory permet aux enfants et aux adolescents d’entrer en contact avec l’informatique en tant que science. Elle offre aussi la possibilité de découvrir les principes de base de l’informatique de façon claire et interactive: programmation, planification et gestion des

12

processus, tri et recherche, maîtrise de la complexité. La transmission du savoir se fait par le biais de plateaux médias proposant des expériences attrayantes et d’aires de jeu praticables. L’initiatrice de l’exposition est la Fondation Hasler, qui finance l’exposition et les mesures connexes depuis cinq ans et qui a élaboré un concept pédagogique avec la HEP du canton de Schwyz. Les enseignants qui suivent un workshop d’une demi-journée peuvent visiter gratuitement l’exposition avec leur classe (voyage inclus). n


SAVIEZ-

VOUS

QUE …

L’OBJET Auteur Olivier Burger

La Holka-DKW, type F8 Landi … compte tenu du nombre … le film «Ben-Hur» (1959) a été le d’habitants, aucun pays au monde premier film à utiliser la technique n’a produit autant de Prix Nobel Bluescreen? En technique télévisuelle et cinémaque la Suisse? Depuis 1950, 1 Suisse sur 1,1 million tographique, le Bluescreen consiste a remporté le Prix Nobel. Si notre à placer après coup des objets ou pays a récolté autant de distinctions, des personnes devant un fond qui ce n’est pas parce que les Suisses peut être soit une séquence filmée, sont beaucoup plus intelligents que soit une image de synthèse. Ces derles autres. Il faut y voir bien plus le rénières années, le Greenscreen est sultat d’une place de formation et de également venu s’ajouter à l’arsenal recherche suisse qui a su se rendre des cinéastes. Le visiteur peut s’esattractive, gardant ainsi ses élites unisayer lui-même à ce procédé à la versitaires tout en attirant des scientiMedia-Factory. fiques étrangers de talent. … en 2014 (jusqu’au mois de novembre 2014), 379 837 véhicules ont été mis en circulation en Suisse? Cela représente un recul de 2,2% par rapport à la même période en 2013. … en 2013, l’aéroport de Zurich a enregistré 24 853 679 passagers locaux et en transit sur des vols réguliers ou charters? À titre de comparaison: en 1950, les passagers n’étaient encore qu’au nombre de 157 709.

Parmi les objets présentés lors de l’exposition nationale de 1939 sur la rive gauche du lac de Zurich figurait notamment la LandiDKW, une petite traction lancée par Holka. Dans les années 1930, Ernst Göhner, propriétaire de la société Holka à Altstätten SG, se lança dans la construction et l’assemblage de carrosseries automobiles pour la marque DKW de l’entreprise allemande Auto Union, dont elle assura la représentation générale en Suisse. Holka était l’abréviation de «Holz-Karosserie» (carrosserie en bois). En septembre 1933, l’importation de voitures étrangères fut contingentée. Les véhicules produits à plus de 50% en Suisse n’étaient toutefois pas concernés par cette règle. Dans ses annonces, Holka souligna le fait que ses véhicules étaient à «73% de fabrication suisse». Les éléments en bois étaient construits strictement selon l’exemple allemand pour être assemblés ensuite en une ossature. Cette ossature était ensuite couverte de contreplaqué, revêtue de cuir synthétique et peinte en différentes couleurs. La DKW était une voiture très prisée à l’époque. Sa supériorité par rapport aux autres marques, clairement affirmée dans la publicité, mais aussi la gestion très habile de Holka contribuèrent au succès de l’auto. «Der Kluge Willy», un personnage plein de bonne humeur utilisé dans la publicité, se retrouva dans tous les garages DKW. DKW arrêta la production au début de la Seconde Guerre mondiale. Holka ferma ses portes à peine quelques mois plus tard. La Holka-DKW, type F8 Landi, peut être admirée à l’exposition «Landi 39 / Expo 64» organisée au Musée Suisse des Transports, à l’entrée de la Halle du Transport Ferroviaire. n

13


agenda

CINÉTHÉÂTRE 5 avril 2015 Film brunch «Amazonas» Un riche buffet de petit-déjeuner vous attend pour bien débuter le dimanche de Pâques. Le film «Amazonas» vous emmène au plus profond de la forêt tropicale, à la découverte du plus puissant système fluvial du monde, royaume des paresseux, des tapirs et des jaguars. 10 avril 2015 Film brunch «Dauphins» Démarrez la Fête des Mères par un bon buffet petit-déjeuner au Musée des Transports. Ce film grand écran vous invite à plonger dans le monde fascinant des dauphins. Que ce soit aux Bahamas ou le long de la côte argentine.

Le mystère du Nil Le Nil, le plus grand fleuve du monde, fascine depuis l’Antiquité. De nombreuses légendes courent à son sujet. Le Nil offre un biotope extrêmement diversifié à une multitude de plantes et d’animaux. Ce documentaire au format IMAX est un film d’aventure passionnant consacré à une région méconnue, à sa nature et à son histoire. À partir du 12 mars 2015, Cinéthéâtre

PLANÉTARIUM 20 mars 2015

«La Dame du Lac»

Éclipse solaire en Europe Une éclipse solaire totale aura lieu dans l’hémi­ sphère nord. Elle commencera à l’est de TerreNeuve et s’étendra à toute la région de la mer du Nord. Venez assister à ce phénomène au Planétarium, quelle que soit la météo.

Véritables superstars du Bel Canto, Joyce DiDonato et Juan Diego Flórez interprètent les deux rôles principaux de cet opéra de Rossini, qui se déroule en Écosse, dans les Highlands, au Moyen-Âge. Le roman de Sir Walter Scott a servi de livret. DiDonato joue la «Dame du Lac» et Flórez, le roi qui la poursuit implacablement. 14 mars 2015, Cinéthéâtre

MUSÉE À partir de mars 2015 Solar Impulse Avec le projet Solar Impulse, Bertrand Piccard entend faire le tour du monde en avion solaire sans utiliser la moindre goutte de kérosène. Le Musée des Transports accompagne cette aventure avec une exposition et des retransmissions en live.

Monteverdi Le Club Monteverdi fête cette année son 30 e anniversaire. Pour fêter l’événement, le MST expose douze véhicules de cette marque automobile suisse dans la Halle du Transport Routier. Peter Monteverdi était pilote automobile privé, constructeur et fondateur de la marque automobile du même nom. Jusqu’au 6 avril 2015 au Musée

2 Avril 2015 Exposition spéciale De nombreuses activités seront proposées sur le bassin de l’Arena: canoë, kayak et pédalo pneumatique, il y aura largement de quoi se divertir. Des visites guidées seront organisées par ailleurs pour découvrir le sous-marin «Auguste Piccard». Du 17 au 19 avril 2015 Road Days Le Musée des Transports braquera ses projecteurs sur le transport routier durant ce week-end. Avec en vedette des véhicules originaux venus du sport automobile. Un circuit automobile miniature sera également en fonctionnement. Une rencontre Formule E est aussi au programme.

Collisions dans l’espace Des tempêtes solaires aux collisions entre de gigantesques galaxies en passant par les impacts catastrophiques d’astéroïdes sur les planètes, le Planétarium vous invite à découvrir de façon spectaculaire les forces titanesques qui forment les planètes et l’espace. À partir du 5 avril 2015, Planétarium

Programme et billets sur www.verkehrshaus.ch/fr

14


OFFRIR DES CHÈQUES

AU SHOP Montre exclusive Hans Erni Avec sa montre «Lauf der Zeit», Hans Erni a créé une édition spéciale qui séduit par son esthétique et sa manière tout à fait fascinante de mesurer le temps. Le cadran représente l’homme et la femme mais aussi le soleil, trait d’union entre l’homme et la nature. Cette montre en acier inoxydable, fournie avec un certificat d’authenticité, est une édition limitée. Acier inoxydable: CHF 348.– (montre hommes), acier inoxydable doré: CHF 390.– (montre hommes), CHF 348.– (montre dames) Disponible au Shop Hans Erni du Musée Suisse des Transports ou en ligne: shop.verkehrshaus.ch

Vivre de beaux moments au Musée des Transports

Offrez un beau moment de découverte au Musée Suisse des Transports à vos proches ou connaissances. Nous proposons des chèques pour des billets individuels ou familiaux pour le musée, le Cinéthéâtre, le planétarium ou la Swiss Chocolate Adventure. Ces chèques peuvent être commandés par téléphone ou par e-mail ou achetés à la caisse du musée. Tél. 041 370 44 44, gutscheine@verkehrshaus.ch

PARTENAIRES OFFICIELS

Dès le 2 avril au Musée des Transports

Ouvert aux explorateurs.


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.