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exposition immersive sur les années sombres

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Les Eyquems

Les Eyquems

Ouvert en 1940 par la préfecture de la Gironde et fermé définitivement en 1948, le camp de Beaudésert-Mérignac a vu passer des Juifs, des Espagnols, des nomades, des prisonniers politiques... Véritable outil de la politique répressive du régime de Vichy et de sa collaboration avec l’occupant allemand, il a également servi dans le cadre de l’épuration, après la Libération. Sur place, la vie était épouvantable : rationnés, les prisonniers souffraient du froid, de la faim et des privations de liberté. Selon les estimations de la préfecture de 1949, 8 730 personnes y auraient été enfermées.

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Les dernières installations du camp de Beaudésert-Mérignac ont disparu dans les années 50. Aujourd’hui, seule une stèle érigée sur l’avenue des Martyrs-de-la Résistance témoigne de son existence. La Ville de Mérignac a décidé de se pencher sur ce passé sombre, afin d’en transmettre le souvenir.

Entrée libre et gratuite, aux horaires d’ouverture de la médiathèque.

Reconstituer le passé pour ne pas l’oublier

Pour ne pas oublier les conditions de détention, mieux comprendre la vie de ces femmes et de ces hommes et la montée en puissance des lois répressives sous le régime de Vichy, les archives communales ont scénographié une exposition immersive avec la médiathèque Michel Sainte-Marie. Depuis plusieurs années, le service des archives mérignacais consulte et rassemble des documents issus des archives de la préfecture conservées aux archives départementales de la Gironde, de Bordeaux Métropole, du Mémorial de la Shoah de Paris et du fonds du militant communiste Georges Durou*.

CAMP D’INTERNEMENT DE MÉRIGNAC, 13 AOÛT 1942. AQUARELLE COULEUR, TORT-TORRES. ARCHIVES COMMUNALES DE MÉRIGNAC, 3 FI 2.

LISTE DES OTAGES FUSILLÉS LE 21 SEPTEMBRE 1942

AU CAMP DE SOUGE, S.D. ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE LA GIRONDE. FONDS GEORGES-DUROU, 142 J 40.

BARAQUEMENTS DES POLITIQUES « DANGEREUX », DÉCEMBRE 1941. PHOTOGRAPHIE N ET B, STUDIO ROLLAND LHORME, BORDEAUX. ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE LA GIRONDE, 103 W 4.

Des panneaux exposent le contexte politique, la vie quotidienne du camp, les lois de l’époque. L’intérieur d’une baraque a été partiellement reconstitué et, au centre de l’exposition, une cabine de projection diffuse un film de l’INA sur l’école de police de Mérignac de l’époque et des témoignages d’anciens internés.

Inaugurée le 30 avril, lors de la Journée nationale du souvenir et de la déportation, cette exposition est ouverte aux scolaires et s’accompagne de nombreux temps forts : lectures, conférences et visites guidées, notamment. Elle se poursuit jusqu’au 24 juin.

Les temps forts

Inauguration

Dimanche 30 avril

2023 à 11h30 dans la salle d’exposition de la médiathèque. À 15h30 : projection du documentaire

« Herbert Traube, le destin français d’un indésirable », de Clara Laurent, à l’auditorium de la médiathèque.

Visites commentées de l’exposition

Mardi 2 mai et mercredi 31 mai, 17h Samedi 17 juin, 11h.

Parole d’élu

« Je vous écris des camps » Lecture des témoignages et des correspondances des internés, par une conteuse. À écouter à l’auditorium de la médiathèque : les samedis 6 mai à 11h et 20 mai à 15h.

Conférence de Florent Lerustre et Emmanuel Filhol

Deux historiens spécialistes de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale et de la déportation. À écouter le 9 mai à 19h, à l’auditorium de la médiathèque.

Chorale du Conservatoire

Samedi 17 juin à 15h à l’auditorium de la médiathèque.

Inscriptions aux visites, conférences, lectures 05 57 00 02 20

Les jeunes doivent savoir Le camp de Beaudésert constitue une tragédie dont il faut se souvenir. Pour garder vivantes nos valeurs de laïcité et de liberté, et construire un présent et un futur apaisés, les jeunes générations doivent savoir. Au-delà, de cette exposition, le Conseil municipal de Mérignac est doté d’une délégation dédiée à la mémoire collective. Les Mérignacais qui veulent apporter un témoignage sur l’histoire de la commune ou avoir des réponses à leurs interrogations peuvent venir aux archives communales. »

Olivier Gauna, Conseiller municipal délégué à la mémoire collective

Les lycéens récompensés pour leur travail de mémoire

24 élèves issus de différentes filières professionnelles des lycées Charles Péguy d’Eysines, Léonard de Vinci de Blanquefort et Marcel Dassault de Mérignac ont travaillé ensemble à la réalisation d’une table d’orientation, nommée « Camp de Mérignac-Beaudésert : un camp d’internement à Bordeaux ». Cette œuvre, élaborée dans le cadre de leur apprentissage, va permettre au grand public d’appréhender le camp dans l’espace urbain actuel. La table d’orientation sera équipée d’un QR-code qui renverra les visiteurs vers un guide en ligne.

« Ce travail, mené en collaboration par trois établissements professionnels, est une façon concrète d’aborder la grande histoire à travers ce qui s’est passé ici, à Mérignac. Il mobilise aussi les compétences professionnelles des jeunes », détaille Thibault Fleury, enseignant de lettres et d’histoire au lycée Charles Péguy.

Le 2 février dernier, ce travail de mémoire a reçu le prix Annie et Charles Corrin, qui récompense les travaux et les actions éducatives entrepris par des jeunes pour garder vivante la mémoire de la Shoah.

« Merci aux jeunes d’avoir travaillé sur ce projet parce que pour certains, c’est un cadeau, c’est une reconnaissance. »

BORIS CYRULNIK, neurologue, psychiatre et éthnologue, Président du Jury du prix Annie et Charles Corrin

TÉMOIGNAGE

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