– MATIÈRES À RÉFLEXION –
De l’inondé à l’inondable, une architecture engagée à travers le territoire
Virginie Gruyelle
Illustration de couverture, Médina de Safi, 2019
— Territoire, entre sécheresse et inondation —
– MATIÈRES À RÉFLEXION –
De l’inondé à l’inondable, une architecture engagée à travers le territoire
TRAVAIL DE FIN D’ÉTUDE, DANS LE CADRE DE L’OBTENTION DU DIPLÔME D’ARCHITECTE
Présentée par: Virginie Gruyelle Enseignant référent: Nicolas Lorent Promoteurs d’atelier: Pierre Accarain | Éric Van Overstraeten Expert: Franck Minette
Université catholique de Louvain, site de Tournai, Faculté d’architecture , d’ingénierie architecturale, d’urbanisme
Année académique 2018 - 2019
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Remerciements
Je tiens à témoigner ma reconnaissance tout d’abord à mon référent, Nicolas Lorent qui m’a accompagné avec élan durant toute l’évolution de ce TFE. Je remercie Pierre Accarain et Éric Van Overstraeten dont les connaissances et la pertinence des remarques m’ont été d’une aide indispensable à l’élaboration de cette recherche. Benjamin Marc que je remercie aussi pour m’avoir communiqué sa passion pour la photographie. J’adresse également mes remerciements aux membres des jurys pour avoir examiné et critiqué ce travail. Je remercie toutes les personnes extérieures à l’école qui m’ont apporté les données et précisions dont j’avais besoin, à commencer par mon expert Franck Minette, puis Florian Mariage, Roselyne de Lestrange, Vincent Bottieau, Benoît Gauquie, Benjamin Lenglez, Florine Blin et Pascal Fontaine. Je tiens à remercier mes parents, ma sœur Audrey et mon petit frère Thomas, qui m’ont toujours soutenue durant mes études. Un grand merci également à toutes les personnes qui ont contribué de près ou de loin à la réalisation de ce TFE. Finalement, je remercie Mickaël, pour sa présence, ses encouragements et ses précieux conseils. Merci de votre lecture.
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Avant-propos
De nos jours, la préoccupation concernant notre cadre de vie ne cesse de croître. Notre attitude à l’égard de l’environnement est en réalité une prise de conscience issue de la nécessité de préserver un écosystème naturel menacé, unique et habitable. Ce Travail de Fin d’étude est une opportunité pour moi, de prouver qu’une gestion intégrée et plus naturelle des eaux peut se réaliser à travers la pratique architecturale et urbaine. L’eau est une des menaces les plus grandes et manifestes de notre époque, lorsqu’elle est trop peu ou trop présente, il lui arrive également d’être salie, noircie. L’activité de l’Homme change pleinement notre climat. L’agriculture n’est pas la seule actrice de cette pollution. Agglomérations et industries sont d’autant plus punissables de ce ternissement. Cet écrit cherche à montrer que nous sommes tous acteurs face à ces problématiques locales aux enjeux mondiaux. La montée des eaux dérange notre horizon. Nos villes et nos paysages devront alors subir des adaptations pour être en mesure de faire face à ces fluctuations intenses de températures et de précipitations que nous connaissons. La mission de l’architecte aujourd’hui, ne seraitelle pas de faire de la place pour l’eau en ville ? Ce travail se veut être une expérimentation. L’intérêt est d’envisager une intégration de ces changements climatiques dans une stratégie territoriale. Nous verrons que pour maîtriser l’eau et ainsi se protéger d’elle, il ne faut pas nécessairement la contrer, la canaliser ou l’isoler mais coopérer avec elle. Une gestion hydromorphologique s’appuie sur une entente entre l’eau et l’Homme. Un nouveau regard se porte sur les inondations ; une perspective d’avenir.
« L’avenir ne peut pas être autre qu’écologiquement fondé. » 1
1 BŒUF Gilles, citation, dans Faites le plein de la Nature ! de Henri LANDES et Fanny AGOSTINI, 2018 [Ed de l’Observatoire] p9
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Introduction
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Approche cognitive du territoire à partir de la marche Quels ont été les outils générateurs de cette réflexion?
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Le sixième sens en architecture, la promenade Entre itinéraire et dérive urbaine Lecture de l’espace urbain par la photographie
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Repenser la destination de notre patrimoine matériel
Le patrimoine bâti au cœur de cette réflexion, ne pourrait-il pas nourrir la ville dans une démarche durable ?
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Villes nouvelles, aspirées par une immatérialité Réponses novatrices pour le XXIème siècle. Reprise, comme ressouvenir tourné vers l’avenir
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« Mise en patrimoine » de l’eau, une perspective interdisciplinaire Concilier la notion de patrimoine aux problématiques de l’eau à travers le monde, peut-il constituer une autre manière plus libre et novatrice de vivre notre patrimoine au XXIème siècle ?
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Villes anciennes, installées aux carrefours humides du territoire Étude de cas; une infrastructure écopaysagère d’inversion territoriale Rives, rivages et architectures
Sommaire
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Expérimentations par l’exercice du projet
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Peut-on répondre aux changements climatiques attendus aujourd’hui à partir de ces matières existantes, patrimoniales et identitaires du site, en utilisant la problématique de l’eau comme substance de liaison territoriale?
Safi (Maroc) Situation géographique et problématique locale L’eau mise en forme, mise en scène, mise en sens
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Tournai (Belgique) Situation géographique et problématique locale Eau mise en forme, mise en scène, mise en sens
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Horizons
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Quel devrait être le regard de l’architecte sur notre société aujourd’hui?
Annexes
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Références
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INTRODUCTION
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Clair - obscur
Introduction
« Il y a dans la vie quelques lieux qui nous ont marqués. Il nous en reste un souvenir indélébile. Par une mémorisation, assez complexe qui fait appel aux sens : les jeux d’ombre et de lumière, les couleurs dominantes, le son des pas, les odeurs, la température ambiante, les matériaux, mais aussi toute la dimension rationnelle à travers l’histoire et la lecture qu’on en donne ; un laps de temps s’imprime, mémorable. »2 Mon ambition première pour ce travail, naît d’une semaine de stage photographie à Lemps en juillet 2017. Il s’agit d’un petit village isolé, rustique et authentique de quarante-deux habitants en Drôme Provençale. L’histoire de l’école d’architecture de Tournai est liée au projet artistique et culturel de Lemps. Des bâtiments y sont rénovés par les étudiants, qui prennent le temps d’écouter, de dessiner, de déambuler et de photographier le village et ses alentours, en étant réceptifs et intuitifs. Le but de ce stage, était d’apprendre à utiliser un appareil photographique afin de réaliser des témoignages sensibles. Un instrument que je connaissais, mais que je n’expérimentais pas assez. Même si je n’ai pas encore la maîtrise parfaite de cet outil, cet exercice m’a permis d’apprendre à ouvrir mon regard d’une manière nouvelle. L’une de mes séries photographiques, réalisée durant cette semaine de stage portait sur la matière. L’intention première, était la mise en valeur des textures, de la profondeur, du grain, des couleurs... Des photographies toutes prises dans le but d’être imprimées à l’échelle 1/1. « S’approcher si près des matières, à en changer d’échelle, et entrer dans un monde nouveau. »3
2 THIBAULT Pierre, Temps et matérialité, 1997 [Ed Les heures bleues] p166 3 JULLIEN Marie-Sophie, Hors du Temps Photographies abstraites et Architectures imaginaires / Matières Photographies, paru en 2016 http://www.msoju.com/work/photographie-abstraire-matieres/
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Palette de matières
Introduction
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« Le travail philosophique, de même que le travail architectural, est à bien des égards et en réalité, plus un travail sur soi-même. Sur sa propre interprétation, sur la façon dont on voit les choses. » 4
4 PALLASMAA Juhani, Le regard des sens, 2010 [Ed du Linteau] p 166
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Fusion de la vision et du toucher
Introduction
J’aime faire référence au dessin très expressif de Frederick Kiesler, « schématisant une machine de perception tendant des fils de la main à l’objet, et passant par l’œil tendu et braqué dans sa perception à l’espace environnant visible immédiatement et caché. Ces mêmes objets sont pris dans un tissage de fils intentionnels, autant enchevêtrés en dehors de mon corps propre qu’à l’intérieur de sa propre conception. »5 L’œil est l’organe de la distance alors que le toucher est celui de la proximité, de l’intimité et de l’affection. L’œil étudie, contrôle et recherche, tandis que le toucher s’approche et caresse. La vue révèle ce que le toucher sait déjà. On peut imaginer le sens du toucher comme l’inconscient de la vue. Selon Berkeley, la vue a besoin du toucher qui fournit les sensations de « solidité, de résistance et de relief »6. Séparée du toucher, elle ne pourrait avoir « aucune idée de la distance, de l’extériorité ou de la profondeur, ni par conséquent de l’espace ou du corps. »7 Hegel affirmait avec d’autres mots, que le seul sens pouvant donner la perception de profondeur spatiale était le toucher, parce que le toucher « ressent le poids, la résistance et la forme tridimensionnelle des corps physiques »8. D’après Merleau-Ponty, « nous voyons la profondeur, le velouté, la mollesse, la dureté des objets »9, Cézanne disait même, « leur odeur ». Cette conscience nouvelle est aujourd’hui mise en avant avec force par de nombreux architectes du monde entier qui tentent de resensibiliser l’architecture en renforçant la matérialité, l’hapticité (la perception active désignant à la fois le toucher et la kinesthésie), la densification de l’espace, la lumière, la texture et le poids. 5 WARE Leslie, « Chair et enveloppe, une étoffe spatiale », dans le colloque Perception / Architecture / Urbain, sous la direction de Chris YOUNES et XAVIER BONNAUD, janvier 2014, collection Archigraphy Poche [Ed INFOLIO] p46 6 Ibid p46 7 PALLASMAA Juhani, Le regard des sens, 2010 [Ed du Linteau], p49 8 JEOUAL Houda, Au-delà du regard -un outil de conception architecturale, EAC école d’Architecture de Casablanca, 2016, p59 9 MERLEAU-PONTY Maurice, Le doute de Cézanne, Texte original paru dans la revue FONTAINE en 1945, pp.82-91, consulté le 03.01.18, https://www.initiationphilo.fr/articles.php?lng=fr&pg=548
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Introduction
Ce titre Matières à réflexion évoque les matières patrimoniales locales présentes autour de nous. C’est le fil conducteur de l’ensemble de cet écrit. Il se confond dans toutes les étapes d’avancement et parcourt toutes les échelles abordées. De l’inondé à l’inondable, une architecture engagée à travers le territoire, vise sur les problématiques actuelles et grandissantes de l’eau à travers le monde. Cet écrit suivra la chronologie de mes larges observations depuis Lemps par l’introduction, s’enchaînant avec les outils de lecture du territoire développés dans la première partie. Ensuite vient le corps de la recherche, engageant la problématique générale de ce travail, cherchant à déterminer comment ces Matières à réflexion et les enjeux climatiques actuels, n’appelleraient-elles pas des solutions plus novatrices et actives de vivre notre patrimoine ? L’histoire de beaucoup de ville, naît de leur situation géographique et stratégique de l’eau dans le territoire. L’eau, présente au fil des siècles répond aux besoins directs de la population. Si les villes anciennes se sont installées aux carrefours humides du territoire, elles sont les premières à fréquenter et affronter les problèmes climatiques touchants l’eau, comme les problèmes de sécheresses à Safi (Maroc) et d’inondations à Tournai (Belgique) ; les deux lieux d’étude choisis. Ainsi, ce travail tentera de démontrer que le patrimoine local lié à l’eau pour chacune de ces villes, peut être un support pour résoudre, ou du moins résorber ces risques hydrologiques du territoire. Telle est l’hypothèse de départ, une utopie certes, mais résultante de phénomènes concrets. En d’autres mots ; concilier la notion de patrimoine aux problématiques de l’eau, peut constituer une autre manière plus libre, plus inventive, de vivre notre patrimoine au XXIème siècle. L’expérimentation finale interroge de façon réaliste et pratique Tournai et Safi ; en essayant répondre aux changements attendus aujourd’hui à partir de ces matières existantes, patrimoniales et identitaires du site, en utilisant la problématique de l’eau comme substance de liaison territoriale.
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APPROCHE COGNITIVE DU TERRITOIRE À PARTIR DE LA MARCHE Quels ont été les outils générateurs de cette réflexion?
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Bleu de la tĂŞte aux pieds, Safi
Approche cognitive du territoire Ă partir de la marche
Absorption, Tournai
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Approche cognitive du territoire à partir de la marche
« Je pense (et je ne l’ai pas inventé) que le tout du mouvement dépend de l’attention, de l’histoire, de la mémoire, de l’identité. Je pense que le cerveau est une machine biologique qui a été essentiellement faite pour anticiper le futur, pour prédire l’avenir en fonction du passé. L’identité est, citant Husserl, un mouvement dynamique entre le passé et le futur. »10
Le sixième sens en architecture, la promenade Nos cinq sens : la vue, le goût, l’odorat, le toucher et l’ouïe, n’agissent pas de façon indépendante mais interagissent les uns avec les autres grâce à nos nombreux capteurs sensoriels qui interfèrent aussi lorsque nous nous promenons, avec un sixième sens : le mouvement. Alain Berthoz (né en 1939, ingénieur et neurophysiologiste français) a mesuré et démontré dans ses recherches, l’existence de ce sixième sens chez l’homme. En phénoménologie également, la motricité constitue une des modalités fondamentales. « En prolongeant l’étendue des allées de sorte que leur fin échappe à nos regards, les lois de l’optique et les effets de la perspective nous offrent le tableau de l’immensité ; à chaque pas, les objets se présentant sous de nouveaux aspects renouvellent nos plaisirs par des tableaux successivement variés. Enfin, par un heureux prestige qui est causé par l’effet de nos mouvements et que nous attribuons aux objets, il semble que ceux-ci marchent avec nous et que nous leur ayons communiqué la vie. » 11
10 YOUNES Chris et BONNAUD Xavier, « Neurophysiologie et architecture : entretien avec Alain BERTHOZ », dans le colloque Perception / Architecture / Urbain, sous la direction de Chris YOUNES et XAVIER BONNAUD, janvier 2014, collection Archigraphy Poche [Ed INFOLIO] p95 11 BOULLEE Etienne-Louis, Architecture, Paris 1993 [Ed Hermann] p82
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C’est ainsi qu’au fur et à mesure de nos déplacements, les structures se transforment, les profondeurs évoluent. Lorsque j’habite un espace ouvert, j’ai tendance à suivre une ligne droite. Alors qu’un contexte riche et complexe de structures, m’impose et détermine un chemin prédéfini. Ces canevas peuvent être de multiples échelles, spatiales et temporelles ; une allée, une rue, un boulevard ou même de simples arches, couloirs ou escaliers… C’est par ces aspérités, ces frottements que la rue témoigne d’une forme d’adhérence. Malgré son allure de vide apparent, la rue est bien un espace construit. Elle est construite par ce qui la tient et l’encadre, sans oublier le ciel qui lui donne une poésie et une temporalité. Cette tension singulière est fortement présente comme on peut le voir, sur ces deux photographies précédentes de Safi et de Tournai. La marche peut s’y avérer difficile, ralentie par les passants, la rugosité des matériaux, le peu de visibilité liée à l’étroitesse, la légère courbure. Mais cela ne diminue pas leur capacité d’accueil. J’ai pu remarquer par mes recherches, qu’à l’intérieur de l’espace urbain, la place donnée au corps n’est pas seulement une forme de contemplation. La promenade possède un rôle social, une forme d’action humaine présente dans la culture et l’histoire. Lorsque nous progressons à l’intérieur même d’un espace, j’ai le sentiment que celui-ci n’est pas un banal réceptacle immobile et neutre de nos mouvements, mais incarnerait une constante sollicitation à double sens entre notre corps et les structures architecturales. Ce dialogue prend la forme d’un parcours. L’intelligibilité spatiale pourrait se trouver dans ces relations complexes. Nous devenons une partie d’un système interconnecté entre tous les objets qui dessinent l’espace. « La rue n’est plus le plancher des vaches, mais une machine à circuler, un appareil circulatoire, un organe nouveau, une construction en soi et d’une importance décisive, une espèce d’usine en longueur.»12 12 LE CORBUSIER, Urbanisme [1925], Paris 1966 [Ed Vincent, Fréal et Cie] p113
Approche cognitive du territoire à partir de la marche
L’architecte Le Corbusier énonce quatre fonctions élémentaires : habiter, travailler, se récréer, circuler. La fonction circulation lie les trois premières entre elles. Cette fonction est elle-même un projet à part entière. Il s’agit de redéfinir la rue qui n’est pas « un détail anatomique, mais la structure biologique essentielle, éminente de la ville », mais « la respiration de la ville », « le cœur de la ville », « les poumons de la ville », « la structure biologique. » 13 Le Corbusier définit l’organisation des flux urbains comme une analogie au corps. De plus en plus la circulation se robotise, les distances gagnent en abstraction à cause des marqueurs visuels qui l’ont automatisée (panneaux de signalisation, feux...). Par l’implication du corps, la marche réalise elle, une mise en tension entre le piéton et la rue. Cette lenteur permet de s’engager totalement dans l’espace urbain, et ainsi se laisser aller à la perception au-devant des choses. Marcher est le moyen de pouvoir regarder non seulement devant soi, mais aussi sur les côtés, nous pouvons nous retourner et de revenir sur nos pas. Un mouvement constant qui ne s’arrête que pour reprendre. Son rythme convient à la continuité spatiale de la ville, au caractère perpétuel de l’espace.
Entre itinéraire et dérive urbaine Itinéraire urbain Aujourd’hui dans notre vie de tous les jours, nous avons plutôt tendance à nous rendre de la manière la plus rapide, la plus fonctionnelle, d’un point A à un point B. Les déplacements deviennent une abstraction presque autant que le décor. Un itinéraire urbain fonctionne comme un catalyseur. Il accélère la perception de ce dialogue entre forme et usage en situation urbaine. « De plus, il (l ‘usager) utilise son regard et ses sens en priorité pour tenter d’éviter les dangers multiples et variés qui le guettent à chaque pas. »14 13 Id, Quand les cathédrales étaient blanches [1937], Paris 1977 [Ed Denoël Gonthier] p57-58
14 BUREN Daniel, A force de descendre dans la rue, l’art peut-il enfin y monter ? 2014 [Ed Sens Tonka] p51
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Néanmoins, la caractéristique majeure de l’itinéraire urbain est l’épaisseur. S’il peut être matérialisé sur une carte par une simple ligne, la réalité de sa pratique est tout autre. Lors du déplacement, c’est en fait un territoire qui devient perceptible. Toutes les possibles échappées viennent s’intégrer à l’itinéraire et lui confèrent sa densité de sens par son étendue. Il nous est donc permis, d’accéder à une perception globale de l’espace traversé (juxtapositions étonnantes, solutions de continuité, incohérences, surprises), laissant apparaître un tissu urbain moins rigide et moins organisé qu’en plan, où l’ordre et le désordre cohabitent. L’auteur Kevin Lynch (1918-1984, urbaniste, architecte américain) nous montre par son livre Image of the City, l’importance de la qualité visuelle des images mentales que l’on se fait d’une ville : leur rôle social. Il cherche à apprivoiser l’expérience urbaine d’un citadin. Selon lui, nous avons besoin d’éléments repères. La décomposition et l’analyse de toutes ses données archivées, montrent que le cheminement d’innovation du processus de visualisation est très progressif. Des techniques qu’il systématise dans la notion De l’espace et du mouvement. Pour son travail, les villes de Boston, Jersey City et Los Angeles sont choisies afin d’étudier la vision habituelle qu’ont les habitants de leur ville. Ces personnes décrivent l’espace comme un ensemble de rues, bâtiments, terrasses, boulangeries, trottoirs, ponts… alors que l’auteur y voit une interdépendance entre toutes ces structures qui construisent les vides, une connexion entre les sentiers, quartiers, trottoirs, monuments… « Les gens observent la ville en la traversant, et le long de ces chemins, les autres éléments environnementaux sont disposés et liés. »15 Après avoir recueilli de multiples cartes mentales d’habitants, il a par comparaison, mis en avant cinq éléments qui selon lui, définissent la ville : 15 LYNCH Kevin, The image of the City, décembre 1960 [Ed MIT Press], p47
Approche cognitive du territoire à partir de la marche
- le chemin, paths (canaux par lesquels les gens se déplacent, pour permettre de saisir les autres éléments), - la bordure, edges (éléments linéaires autres que les chemins, souvent discontinues formant une barrière perméable, c’est une ligne de démarcation entre deux phases), - le quartier : district (portion d’une ville caractérisant le lieu, identifiable depuis l’intérieur et l’extérieur, inside of), - le nœud, nodes (point stratégique dans la ville formant les jonctions primaires ; divergence ou convergence, épitomes de quartiers), - et le point de repère, landmarks (objets physiques singuliers, une référence locale). Le livre définit aussi trois composantes déterminant l’image que l’on se fait d’une ville : identité, structure et signification. L’auteur nous fait comprendre que les personnes créent leurs propres identités, en formulant des modèles de vie à partir de ce qu’elles voient. Les gens s’accordent à leur environnement. En quelques mots, l’itinéraire urbain est une expérience qui cherche à faire émerger toute l’hétérogénéité des espaces urbains, en les traversant dans l’homogénéité d’un trajet. Il permet ainsi de restituer les détails d’usages et de formes dans un contexte plus vaste ; amenant à percevoir la ville dans ses rapports de proximité et d’articulation entre les éléments. Théorie de la dérive Il est intéressant de mettre en parallèle, la notion de l’itinéraire urbain avec la pratique de la dérive urbaine conceptualisée en 1956 par Guy Debord (1931-1994, écrivain, cinéaste et théoricien français).La théorie de la dérive a inspiré de nombreux travaux liés à l’exploration et à l’investigation de l’espace urbain. Selon Guy Debord cette pratique fait apparaître l’identité psychogéographique des quartiers
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Carte psychogĂŠographique de Paris
Approche cognitive du territoire à partir de la marche
traversés, permettant de les reconnaître. L’intérêt à l’origine, est de mesurer l’influence de l’espace matériel sur l’affectivité de ceux qui le pratiquent. Cette théorie est établie autour d’objectifs et de modalités définis à l’avance. Le rythme de la marche permet de ne retenir que les impressions premières. Le comportement inhabituel que constitue ce déplacement sans but, du moins débarrassé des finalités quotidiennes, facilite l’appréhension de l’espace urbain permettant d’être le plus disponible possible à l’exercice de sa sensibilité. Ces déambulations aboutissent à des représentations graphiques (cartes, films ou textes), établissant la variation des affects, des ambiances. En 1957 à la suite d’une visite de Paris par un groupe de personnes, Guy Debord réalise une carte psychogéographique de la ville synthétisant leurs différentes perceptions. Cette carte cherche à montrer et situer les intervalles entre des moments d’intensité de l’espace. Il matérialise les déplacements par des flèches rouges. Les portions de ville : les unités d’ambiances, ont été représentées par des parties de plan découpées et réassemblées de façon non réaliste mais intuitive. Ce document retranscrit une ville discontinue et morcelée. « Surtout elle met en valeur la rapidité et la discontinuité de la déambulation. »16 La motivation originaire de la dérive urbaine est l’activation de ces territoires. L’intérêt est d’en faire émerger une connaissance, de comprendre leurs dynamiques et d’élaborer un savoir sur leur réalité et leur mode de fonctionnement par un mouvement qui parcourt leur surface. Pour appréhender les territoires, il faut habiter la pratique. Il ne s’agit plus pour l’architecture, d’ajouter de nouveaux édifices à la ville existante, mais d’observer ce qui s’y passe, d’établir un diagnostic de la ville afin de remédier à ces espaces vacants identifiés au travers de cette pratique. Je pense que l’architecte peut faire exister un déjà là, c’est à dire une architecture ready-made. 16 DAVILA Thierry, Marcher, créer, 2002 [Ed du Regard] p31
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Sagesse, Le PoÍt-Sigillat près de Lemps
Approche cognitive du territoire à partir de la marche
Le déplacement piétonnier à l’intérieur d’une ville, qu’il soit de l’ordre de l’itinéraire ou de la dérive, semble constituer une opportunité d’exploration et de compréhension de l’espace urbain. Il accroît notion de vouloir voir, de perce-voir, à l’œuvre sur le métier à tisser de l’architecture.17 Cette dialectique usage-forme, l’identification de situations urbaines et la manière dont elles s’enchaînent constituent un questionnement sur la ville. Comment perce-voir la ville et son architecture ? Quels sont les notions mis en œuvre pour les rendre compréhensibles ? A partir de quoi peut-on se les approprier physiquement et de façon critique ? Si l’intelligibilité de l’architecture est renvoyée entre la banalité de son usage, sa pratique réelle immédiate et sa force visuelle, c’est bien notre corps qui est la source intellectuelle et physique de toute interprétation.
Lecture de l’espace urbain par la photographie L’outil photographique m’a nourri dès la genèse de ce travail. Trop souvent nous appuyons sur le déclencheur de notre appareil photo sans avoir réellement observé. Ce qui nous prive d’une véritable démarche photographique tournée vers une intention. En effet, nous avons tendance à photographier comme nous consommons, d’une manière débridée et excessive. Pour être intéressante voire intrigante, la photographie ne doit pas simplement se contenter de représenter, mais au contraire, de dévoiler des indices, des choses d’un point de vue inhabituel en racontant une histoire. L’importance n’est pas la netteté ou la précision, mais le discours que l’on souhaite faire passer. « Cela fait partie du travail du photographe de voir plus intensément que la plupart des gens. Il doit avoir et garder en lui quelque chose de la réceptivité de l’enfant qui regarde le monde pour la première fois ou du voyageur qui pénètre dans un pays étranger. »18 17 WARE Leslie, « Chair et enveloppe, une étoffe spatiale », dans le colloque Perception / Architecture / Urbain, sous la direction de Chris YOUNES et XAVIER BONNAUD, janvier 2014, collection Archigraphy Poche [Ed INFOLIO] p48 18 SIRE Agnès (Commissaire de la présentation parisienne), Exposition organisée par John-Paul KERNOT, directeur du Bill Brandt Archive, du 21 septembre au 18 décembre 2005
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À l’abris des hommes, Safi
Approche cognitive du territoire à partir de la marche
En quelques mots, la photographie tente de reconstruire les rencontres menées et y participe. C’est une forme d’activation du regard. Avec l’appareil en main, nos sens sont en éveil. Le regard devient plus mobile et plus conscient de lui-même. Dans les parcours urbains, le rôle actif du photographe approfondit la démarche. L’acuité supplémentaire de la vision est provoquée par le cadrage, ses limites qu’il impose. Il contraint aux choix et à la recherche d’une forme d’adéquation entre ce qui est perçu et ce qui est restitué. On pourrait dire qu’une sorte de démonstration s’élabore in situ lorsque la photographie se prend. L’image ne construit pas seulement le regard, elle participe aussi par ses dimensions analytique et critique, à la pensée sur l’espace urbain. La lumière rasante d’une heure matinale ou vespérale réhausse le charme des matières marquées par l’empreinte des années. Souvent typiques d’un lieu et d’une culture, les inscriptions peuvent avec une intervention photographique, devenir mystérieuses et abstraites. Certaines personnes voient ces impuretés comme un défaut, alors qu’il s’agit plutôt d’une précieuse imperfection artistique et identitaire. En composant avec les photographies, en les juxtaposant d’une certaine manière entre elles, ce n’est plus la photographie seule, mais bien la série entière qui, à partir de la perception participe à un propos. En ce sens, Régis Durant ( né en 1941, commissaire d’exposition, critique d’art et expert français en photographie) affirme que les images « sont prises dans une trame énonciative aisément repérable (à condition qu’on en regarde plus d’une, qu’on ne se laisse pas fasciner par une photographie isolée). »19
19 DURAND Régis, Le regard pensif, 2002 [Ed La Différence] p68
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MĂŠlodie, Tournai
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REPENSER LA DESTINATION DE NOTRE PATRIMOINE MATÉRIEL Le patrimoine bâti au cœur de cette réflexion, ne pourrait-il pas nourrir la ville dans une démarche durable ?
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Repenser la destination de notre patrimoine matériel
« Il laisse entendre que l’usage du patrimoine est peut-être bien en train de passer de la contrainte à la liberté, de la prudence à l’acceptation du risque. Serions-nous entrés dans une nouvelle ère ? Le patrimoine ne serait-il pas devenu convertible ? Ne serions-nous pas en train de passer d’une époque où la prudence régnait à un moment où l’on oserait l’audace. » 20
Villes nouvelles, aspirées par une immatérialité L’architecture est l’expression d’une culture, puisqu’elle permet de connaître ceux qui nous ont précédés. Elle est alors intégrée dans l’espace comme un fragment matériel du temps. Percevoir la dialectique de la permanence et du changement, nous place dans la continuité de la société de l’époque. Dans les villes nouvelles, ce n’est plus les édifices dispersés dans l’espace et positionnés tels des monuments ou des places qui structurent l’ensemble de la ville, mais un maillage de réseaux qui n’a ni début ni fin. Là où le corps lui-même est emporté par la cascade d’informations incessantes. Un quotidien suréquipé semble parfois se démultiplier outre mesure et sans hiérarchie. « Je me souviens d’un instant, dans une rue étroite et sinueuse je suis captivée par une façade en verre réfléchissant. Je cherche à comprendre les formes et l’illusion du mouvement qu’elle projette, comme un film en pleine rue, renforçant le sens de l’irréel. L’opacité faussement transparente de ce bâtiment renvoie mon regard sans qu’il ne soit affecté ni ému. Je suis incapable de voir ou d’imaginer la vie derrière ces murs. Ce miroir architectural, réfléchit mon regard et duplique le monde en un dispositif énigmatique effrayant. » 21
20 FOUCART Bruno, « La reconversion du patrimoine bâti : approches historiques » dans Reconvertir le patrimoine, juillet 2011 [Ed Lieux dits] p63 21 travail personnel de phénoménologie
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Reflet, ville nouvelle
Repenser la destination de notre patrimoine matériel
Dans le livre Le regard des sens, l’auteur énonce la notion de paradigme occulocentré pour décrire les habitudes d’action, de perception et de raison de la civilisation occidentale. Il s’agit en fait, d’une interprétation de la connaissance, de la vérité emportée par la vision. La perte de richesses sensorielles est provoquée par cette posture dominante de la vue qui a peu à peu entrainé un détachement, comme une isolation du corps. « Les bâtiments de notre époque technicienne visent délibérément une perfection sans âge, n’intègrent pas la dimension du temps, ni le processus de vieillissement qui est inévitable et significatif. »22 David Harvey (né en 1935, géographe britannique) relie la perte de temporalité à la recherche d’un impact instantané. Fredric Jameson (né en 1934, critique littéraire américain) utilise la notion de manque de profondeur et de naturel pour décrire la condition culturelle contemporaine, en se justifiant par la fixation sur les apparences, les surfaces, les impacts immédiats sans impact durable. La construction détachée des réalités de la matière fait de l’architecture un décor pour les yeux, une scénographie dépourvue de l’authenticité du matériau et de la construction. Le perçu prend une importance grandissante au fur et à mesure que le domaine du bâtir se déploie, de manière intensive et globale. Le langage de l’apparence se développe ; graduations de transparence, sensations d’apesanteur, juxtapositions… La volonté est de recréer un sens d’épaisseur spatiale. Cette sensibilité nouvelle promet une évolution qui se tourne vers l’immatérialité, et par conséquent, vers une abstraction du temps. Une ville nouvelle s’édifie ainsi par la mise en place d’un réseau de réseaux ; elle se construit paradoxalement sur l’immatérialité de son développement (technologique, connaissance, circulation...). Cependant, d’après le thérapeute américain Gotthard Booth (18991975), l’appauvrissement de l’expérience du temps dans le cadre de vie actuel a des effets mentaux dévastateurs. Nous avons besoins de nous sentir enracinés dans la continuité du temps. L’architecture a pour tâche de faciliter cette expérience. Dans un article de 1996 22 PALLASMAA Juhani, Le regard des sens, 2010 [Ed du Linteau] p 36
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intitulé L’accueil tactile, le philosophe français Daniel Payot (né en 1952) considère que l’architecture est tout autant un art de l’espace temporalisé qu’un art du temps. Finalement, après des décennies d’utopie, d’une croissance sans limite, d’édification d’immeubles qui semblent sauvage, d’espaces aliénés et aliénants, le temps est venu de repenser l’architecture du point de vue de l’être humain. Quelles seraient au XXIème siècle, les possibles pistes de réflexion nous réorientant vers l’essence identitaire de l’espace urbain ? Pourquoi ne pas revoir la façon dont on vit notre patrimoine existant, riche de sens, parfois inutilisé ou même invisible.
Réponses novatrices pour le XXIème siècle Le terme Monument historique, est né en 1819 de la dissociation entre l’édifice et son usage. Il s’agit d’un témoin bâti et vidé de sa fonction. Établir la problématique de l’utilisation, c’est poser la question de l’utilité. La discussion sur la reconversion du patrimoine n’est pas récente. Il n’a cessé d’être débattu, critiqué dans cette suite de publications qui y font référence : 1960, la Charte internationale de Venise énonce : « la conservation des Monuments historiques est toujours favorisée par l’affectation à une fonction utile à la société » 1970, la prise de conscience se développe, Dieudonné Mandelkern (1931-2017, président de section honoraire au Conseil d’État) remet ses conclusions au ministre de la Culture et de la Communication : la réutilisation constitue la meilleure protection des monuments. 1978, le colloque d’Avignon Utiliser les monuments historiques, organisé par la section française de l’ICOMOS (colloque publié dans le numéro 5 de la revue Monuments historiques), défini
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la pratique en la plaçant sous le signe de l’exigence du respect et de la compatibilité. 1988, Bruno de Saint-Victor, alors directeur de la Caisse nationale des monuments et des sites, publiait dans la série des Cahiers Techniques un numéro consacré à la réutilisation du patrimoine religieux. 2003, à Marseille, s’établit le 13ème entretien du patrimoine sous le thème Du bon usage du patrimoine, utiliser pour conserver, conserver pour utiliser (colloque non publié). 2005, les contributions canadiennes de Luc Noppen et Lucie K. Morisset, concernent la Conversion des églises au Québec. Nos prédécesseurs ont suivi une ligne de conduite économique et pragmatique. Soit l’édifice obtenait un nouvel usage, soit, nous nous servions de sa matière pour en construire un neuf. La réutilisation est finalement, la plus ancienne des innovations. De nos jours, il y a comme un souffle annonçant une conciliation possible entre les exigences de conservation et de réutilisation. Entre le respect du passé et les espérances du présent, les perspectives s’ouvrent sur l’avenir. Cette problématique de notre patrimoine historique bâti est au cœur d’une réflexion à grande échelle, puisque désormais, il n’est plus possible économiquement de conserver sans utiliser. Nous sommes actuellement dans un contexte favorable pour envisager des solutions innovantes et imaginer un développement raisonné. Cependant, cela ne se fait pas sans difficultés : la réglementation, les normes de sécurité renforcées souvent peu conciliables, les obligations d’accessibilité, les contributions économiques, le cadre lié aux bâtiments, transforment la reconversion en véritable défi. Nous pouvons observer un accroissement constant du champ du patrimoine matériel. En effet, notre patrimoine contemporain est
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Étalement urbain, de Lille à Tournai
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désormais aussi à prendre en compte. Ce qui se construit aujourd’hui, constitue pour demain autant d’objets qu’il s’agit de respecter, de préserver, voire de rénover. Sans cesse l’homme bâtit (extensions ou villes nouvelles) sur des espaces vierges ou agricoles. La ville grignote les sols poreux et souvent les plus fertiles. On peut prendre l’exemple de Lille et sa périphérie grandissante. Une ville naît d’une île au milieu d’un marais. Aujourd’hui, sa couverture limoneuse homogène et épaisse par moment de plus de dix mètres, détermine un sol d’excellente qualité agronomique. Fertile et noire avec une bonne réserve hydrique, elle disparait sous des épaisseurs étanches construites. Il est temps de faire le nécessaire pour préserver nos espaces agricoles périurbains, de limiter cette consommation débridée de la richesse de nos territoires, et de repenser la destination de notre patrimoine matériel local et inutilisé. C’est une véritable opportunité laissée en attente. Sans oublier que dans ce contexte nouveau, le mode de construction change, favorisant l’éphémère sur le permanent, le léger sur le lourd et la mobilité sur le fixe. Or, les principaux raisonnements qui manœuvrent l’action du patrimoine ont été engendrés à partir de cette conception pérenne de l’architecture. On peut donc penser que cette précarité de ce nouveau mode de construction modifiera nos démarches patrimoniales. Aussi dans les projets d’avenir, il n’est pas rare qu’il y ait une demande adressée à l’architecte, d’anticiper dès l’origine de la conception, une possibilité de changement d’usage faisant de la reconversion une donnée initiale du projet.
Une problématique découle de toutes ces données ; comment l’élargissement de la notion de patrimoine, les demandes toujours plus diverses à propos de la conservation, l’étalement urbain et les enjeux climatiques actuels, n’appelleraient-elles pas des solutions plus novatrices ? Une autre manière, plus libre, plus inventive, de vivre notre patrimoine, sera l’affaire du XXIème siècle.
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Reprise, comme ressouvenir tourné vers l’avenir Aujourd’hui l’architecture n’a plus de problème pour construire mais plutôt pour démolir, transformer, réadapter, réemployer les milliers de kilomètres cubes de de constructions et structures inutilisés (patrimoine militaire, industriel, artisanal, naval...). Pourquoi ne pas essayer de revitaliser ces édifices pour ainsi jouir de tous leurs potentiels ? Ces constructions se présentent comme une opportunité actuelle. Dans ce domaine où tout vocabulaire est entrelacé, il est évident que reconversion et réutilisation sont deux termes différents. La reconversion implique un engagement, un renouvellement profond. Alors que la réutilisation, plus prosaïque, évoque une démarche fondamentalement matérielle. Un point essentiel de l’architecture réside dans son acuité de symbolisation et d’identité qu’elle évoque. L’idée de cet exercice, est de travailler sur le processus d’identification architecturale dans son rapport à l’histoire et à la contemporanéité (matériaux et usages). Une architecture comme moyen de communication et de connaissance mise à profit pour transmettre et dévoiler les enjeux locaux. Les bâtiments et sites patrimoniaux en question, doivent trouver leur utilité auprès de la société actuelle comme pôle de compétences et de rassemblement ; un portail éveillant d’autres échelles du territoire. La réflexion devra suivre l’esprit et les dimensions symboliques de l’édifice. Ces aptitudes les prédisposent à exercer des fonctions contemporaines majeures pour notre société. Le projet cherchera à les faire émerger. Par ce caractère transhistorique, chaque époque construit une strate de la vie du monument avec et pour les citoyens de l’époque. Se posent alors ces questions, comment faire coexister une structure patrimoniale existante avec un programme actuel, sans défavoriser l’authenticité du lieu ? Comment adapter ce monument à la société contemporaine ? Quelles sont les réticences, contraintes forcées et les privilèges ? La reconversion d’édifices, n’est-ce pas une façon de légitimer le maintien et la transmission d’un patrimoine ? N’est-ce
Repenser la destination de notre patrimoine matériel
pas s’inscrire dans une attitude de développement sain et résilient ? Repenser la destination de notre patrimoine peut aussi devenir une chance de re-densification des centres urbains vers une ville durable, afin de lutter contre le mitage du territoire et d’amener un renouvellement. Il s’agit souvent d’espaces publics monumentaux, fortement ancrés dans le tissu urbain, dont la typologie et l’identité sont présentes dans la conscience collective. Concéder une nouvelle fonction au patrimoine, revient à lui redonner du sens. Il semble évident et nécessaire, de passer d’une pratique de réutilisation (matérielle), à une pratique plus consciente de la reprise des monuments et sites. Ce terme précis, traduit l’effort pour réinvestir un lieu historique de la façon la plus complète possible, en le transposant dans notre présent par sa réalité d’espace et de moyens disponibles. _ « La reprise est un ressouvenir tourné vers l’avenir […] La reprise des monuments est une alchimie subtile entre l’architecture, les hommes et le temps. C’est aussi une réflexion sur l’initiative individuelle et l’ambition collective, sur les leçons de l’architecture et la valeur de la durée. »23 _ « La notion de reprise souligne qu’un projet pour un monument, cela peut être et doit être, chaque fois que possible, plus que de la simple animation d’un lieu, plus qu’un simple hommage à la mémoire historique, plus qu’un usage utilitaire de l’espace. »24 _ « La reprise est une interaction constante entre monument et projet, entre matière et mémoire.25 A partir de cette notion, plutôt que communément se demander ; quel projet pour un monument en fonction d’un territoire ? Il s’agirait de se poser la question ; quel projet pour un territoire, autour de la reprise de ses monuments et sites ? Le terme territoire oriente aujourd’hui, la problématique vers une aspiration écologique. 23 MATHIEU Jean-Noël, « La reprise des monuments : une démarche collective en Europe » dans Reconvertir le patrimoine, juillet 2011 [Ed Lieux dits] p155 24 Ibid p158 25 Id « La prise en compte du bâti » dans Reconvertir le patrimoine, juillet 2011 [Ed Lieux dits] p165
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«MISE EN PATRIMOINE» DE L’EAU, UNE PERSPECTIVE INTERDISCIPLINAIRE Concilier la notion de patrimoine aux problématiques de l’eau à travers le monde, peut-il constituer une autre manière plus libre et novatrice de vivre notre patrimoine au XXIème siècle ?
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Tournai, Belgique
Safi, Maroc
coeur historique expansion urbaine 5 Km
«Mise en patrimoine» de l’eau, une perspective interdisciplinaire
« L’architecture est à l’urbanisme ce que la poésie est au roman. De la maison à la ville, de l’image au récit, c’est un changement d’échelle qui s’opère. L’eau dans l’urbanisme est un territoire. Là s’opère un mouvement concentrique ; ici se déploie un mouvement excentrique. Mais ce sont là deux façons de connecter l’histoire des hommes avec l’espace de la nature. »26
Villes anciennes, installées aux carrefours humides du territoire Sculpteur de la silhouette des vallées, un cours d’eau dessine et façonne un système dynamique cohérent qui s’étend sur de vastes kilomètres, et dont les affluents dès la source, impactent les deltas et les déversements au larges des côtes. L’histoire s’articule avec la nature dans ses inscriptions spatiales. L’architecture et l’urbanisme établissent leur relation à l’eau par l’entre-deux : le construit. A l’échelle de l’habité elle est architecture, à l’échelle du territoire, elle considère un urbanisme paysagé. Les villes anciennes sont nées de leur situation géographique et stratégique de l’eau dans le territoire. A l’origine une alliée pour la vie de la ville, elle a pu également être utilisée dans l’histoire, défensivement, pour le transport, l’agriculture, l’industrie... L’eau présente au fil des siècles, satisfait les besoins de la population. Actuellement la montée des eaux dérange nos paysages à travers le monde. Nos villes devront alors subir des adaptations pour être en mesure de faire face à ces fluctuations intenses de températures et de précipitations. Sachant que les villes anciennes se sont installées aux carrefours humides du territoire, elles sont les premières à devoir affronter les problèmes climatiques touchants l’eau. 26 PIERRON Jean-Philippe, La poétique de l’eau : Pour une nouvelle écologie, Paris 2018 [Ed François Bourin] p18
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L’intention de ce travail est de démontrer qu’une nouvelle manière de vivre notre patrimoine au XXIème siècle, peut se réaliser à partir du patrimoine local issu du caractère hydrographique du sol. Dans ces villes anciennes, il peut être un support pour tenter de solutionner les dangers hydrologiques que nous connaissons. L’expérimentation par le projet tentera de montrer si cette hypothèse est porteuse pour l’avenir. Deux sites ciblant deux cas extrêmes sont étudiés ; l’un ayant des problèmes de sécheresse (à Safi au Maroc) et l’autre d’inondations (à Tournai en Belgique). Tous deux chercheront à savoir si l’on peut répondre aux changements attendus aujourd’hui, à partir de cette matière patrimoniale présente et identitaire du site, en utilisant la problématique de l’eau comme substance de liaison territoriale. Le terme substance signifie ce qui est l’essentiel, ce qui persiste au milieu du changement, et qui en devient de ce fait compréhensible. « Les rapports de temps des phénomènes, simultanéité ou succession, ne sont déterminables que grâce à l’existence d’un permanent ; le changement ne peut être perçu que dans les substances ».27
Etude de cas : une infrastructure éco-paysagère d’inversion territoriale « Montre-moi ta rivière, je te dirai comment va ton territoire » 28 _ « On désigne par cours d’eau tout écoulement terrestre permanent ou temporaire d’eau liquide, entre une source et son embouchure. Une rivière est une masse d’eau intérieure coulant en majeure partie sur la surface du sol, mais qui peut couler en sous-sol sur une partie de son parcours. » 29 27 BOUTROUX E. La Philos. de Kant, 1926, p124 28 Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, Ces hommes qui font vivre les rivières, 2013 29 Directive 2000/60/CE du Parlement européen et du Conseil du 23 octobre 2000 établissant un cadre pour une politique communautaire dans le domaine de l’eau
«Mise en patrimoine» de l’eau, une perspective interdisciplinaire
Bruxelles (capitale de la Belgique) bâtie sur des vallées de ruisseaux et sur le marais de la Senne, est aujourd’hui une ville diffuse. Au fil des siècles, la ville en pleine croissance recouvre, nie et même détruit de grandes parties du réseau hydrographique naturel. L’étalement urbain inonde les surfaces absorbantes de nos territoires, augmentant proportionnellement le volume d’eau à évacuer. Associé au phénomène de montée des eaux, la fréquence des inondations augmente. C’est pourquoi en 2015, le gouvernement bruxellois adopte le plan de gestion de ces risques. Un projet de planification se dessine pour contenir Bruxelles et proposer une gestion des cours d’eau. Le but est de maîtriser ces inondations, de renforcer les continuités écologiques et paysagères en s’appuyant sur différents traits patrimoniaux. Le maillage bleu, lancé par la région bruxelloise en 1999, vise à valoriser la présence de l’eau sur son territoire, notamment via la reconnexion des cours d’eau, d’étangs et de zones humides qui forment le réseau hydrographique historique. Le projet territoire agit sur 3 357 km² pour 2 642 077 habitants, articulant les trois régions de Belgique. Il s’envisage de façon réticulaire, multipolaire et non hiérarchisé. Le paysage, acteur comme urbanisme critique, va chercher à lutter contre le caractère incontrôlé de la croissance urbaine et à penser la ville dans sa complémentarité avec la campagne. Cette notion de paysage peut-elle participer à ce que l’espace urbain ne soit plus l’expression d’une fragmentation spatiale entre ces trois régions, mais un ensemble métropolitain de biorégion structuré essentiellement par les vallées, ambitionnant une logique permacirculaire ? Cette réflexion fait du substrat l’essence du projet, qui fonde plus qu’il n’érige. Un acteur paysage «Le paysage est réformateur, il est éducateur, il est thérapeutique» énonce Frederick Law Olmsted, 1870. L’enjeu était au départ d’évaluer l’aptitude médiatrice et structurante des paysages hydrographique, dans ce contexte réel de la métropole-archipel bruxelloise.
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LANTATIONS
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Ce projet s’applique à partir d’une trame, rayonnante sur les trois régions et parallèle au cours d’eau. Le dessin est un vecteur de travail politique puisqu’il articule les problématiques abordées (sociales, économiques, hydrologiques, écologie, juridiques…). La composition multiscalaire permet de travailler à plusieurs échelles. La plus grande opération sur le territoire pilote l’action des 1000 arbres (porteuse de la tradition consistant à planter un arbre à chaque naissance enregistrée). La plus petite échelle, cible trois interventions architecturales situées. À Anderlecht (le Boulevard Paepsem), on cherche à articuler les objectifs de densification, de mise en scène et de bon état écologique de la Senne. À Drogenbos (Het Moreas), par la promenade les réseaux inter-régionaux (promenade verte, RBC, RER, vélo...) se connectent, ce qui renforce les centralités locales et les maillages communaux. Enfin, à Tubize (la prairie des Angles), pour répondre aux inondations du centre-ville on implante une zone inondable en son cœur, rappelant son origine marécageuse. Cette ville est surtout connue pour ses inondations spectaculaires et répétées. Imperméabilisation, vannes de régulations, mise en pertuis, friches industrielles, cisaillée par le TGV, Tubize est un nœud difficile pour la rivière.
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Localisation des sites de cas d’étude et carroyage THESE_V5ROSELYNE6.0_marine.indd 335
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Sensibilisation et coalition
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Au fil de la promenade Le projet est un véritable processus : living lab. C’est une dynamique latérale (habitants, associations, professionnels...) brisant les clivages (agriculture, espace vert...), établit sous forme de séminaires, ateliers, travaux de terrains, promenades. Tous les différents acteurs se sont imprégnés du site par la marche, défendant l’importance de la mesure physique. Pour appréhender les territoires, il faut habiter la pratique. C’est pourquoi, ces notions de promenade, d’itinéraire urbain et de dérive urbaine, sont l’essence même de l’entièreté de cette large réflexion. Cette méthode s’appuie sur l’écoute. Elle cherche à déplacer le regard, sous un principe incrémental entre enseignement et recherche D’abord, il a fallu repérer les chemins existants ou en projet, le long du système Senne-Canal. Ensuite, ils ont repéré et sélectionné les portions manquantes où l’intervention pourrait potentiellement venir compléter, renforçant ces connexions écologiques et paysagères. La dernière étape, était d’établir quels types d’actions ponctuent ces tracés : construire de nouveaux chemins physiques ou suggérer symboliquement la promenade BrabantSZenne sans dénaturer le site. Le résultat de l’enquête collaborative par le projet Le titre Le collier émeraude est une référence au park system30. Ce collier a trois fils, le premier évoque la réhabilitation éco-morphologie de la Senne, le deuxième la connectivité des habitats, et le dernier la régulation des inondations. L’intérêt est de manipuler dans ces trois dimensions ce collier émeraude pour toucher les plus de monde. Cinq perles différentes se répètent, l’aménagement hydraulique, l’aménagement de haute valeur écologique, l’agriculture locale, l’activité liée à une ressource spécifique de la vallée, et la dernière, le patrimoine historique ou immatériel propre à la vallée mis en exergue. Ces différentes perles sont précisément placées, elles répondent à différentes problématiques locales et uniques. On peut parler d’architecture thérapeutique par acupuncture. 30 Elaboré à la fin du XIXème siècle à Boston, le principe est de relier le centre historique au grand parc péri-urbain, de drainer les zones humides et structurer l’extension de la ville.
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Rives, rivages et architectures L’eau est comprise entre bien public mondial et patrimoine mondial de l’humanité. Elle résonne toujours avec ses lieux habités. Rives, rivages et architectures retentissent comme une retranscription sensible du savoir-faire d’un milieu, chargé d’histoire et de sens (la mémoire militaire, la culture, les pluies et les inondations, et aussi la rareté dans les déserts). Ingénieries, institutions, valeurs et symboles amènent une densité de connaissance des représentations et des utilisations de l’eau. Chaque époque, société, culture offre un cadre d’interprétation et d’expérimentation qui affecte et valorise l’eau. Selon l’ouvrage Sustainability de Bryan G. Norton, l’eau se répartit entre deux conceptions de développement durable. Le développement durable faible, convaincu de sa substituabilité traite l’eau comme un instrument capitaliste engendrant un marché de l’eau. La conception de la durabilité forte, quant à elle, montre que l’eau n’est pas simplement un bien de consommation, en explicitant qu’à travers la culture les intérêts humains n’ont pas tous une visée matérielle. Aujourd’hui, on ne parle plus seulement de la gestion des eaux pluviales, mais de toutes ses multiplicités plus larges ; eaux de nappes, de carrière, de piscine, brutes, de rivières... L’eau de ville se catégorise selon moi, en trois familles que j’ai identifiées et définies. Eau sauvage Depuis le danger que l’on recherchait pour protection dans les cités historiques, jusqu’au danger que l’on craint des inondations aujourd’hui. Pollution des nappes phréatiques ou des rivières, stress hydrique, montées des eaux, inondations inédites pour certain et baisse des étiages pour d’autres font de l’eau un or bleu. Elle devient l’objet de nouvelles convoitises et en conséquence, d’hostilités dans le monde.
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Eau maitrisée Canaux, canalisations, réseaux, tuyauteries, vannes, pompes combinent ainsi un réseau invisible sous-terrain d’acheminement et d’évacuation des eaux par la domestication industrielle. Assèchement, fossés, drains, digues, fortifications, écluses et barrages régulent l’entièreté de nos paysages. « L’eau vient du robinet comme le courant de la prise électrique et l’argent de la banque. »31 L’expression familière l’eau du robinet, est en soi une métonymie d’une eau fabriquée. Dans la démesure anthropocène voir occidentalocentrique, l’homme manipule l’eau à son profit. Captation et parfois même privatisation des sources, l’eau est détournée, compressée dans des tuyaux, retirée dans des citernes pour être réduite à sa consommation au robinet ou en bouteille. L’homme développe ainsi un marché des eaux virtuelles dans une abstraction totale de flux financiers, indifférents et indépendants du territoire et du temps. Où se trouvent la raison lorsque nous déplaçons les icebergs comme un simple glaçon, captons l’eau sous les déserts, ou encore, quand nous pensons à explorer d’autres planète comme de potentiels gisements. L’eau ne semble plus être un élément originaire de la vie, mais devient avec le temps et l’accroissement démographique, une matière première à gérer. « Nous sommes de ce fait, les contemporains d’une eau civilisée, technicisée, anesthésiée. »32
31 EUZEN Agathe, Tout savoir sur l’eau du robinet, Paris 2013 [Ed CNRS Edition] 32 PIERRON Jean-Philippe, La poétique de l’eau : Pour une nouvelle écologie, Paris 2018 [Ed François Bourin] p12
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Eau retrouvée... Dans une symbolique urbaine nouvelle, elle s’y vit et s’y interprète par sa mise en forme, sa mise en scène et sa mise en sens. La poésie de l’eau ne se réduit pas qu’à une démonstration de reflets de lumière. Les paysages qu’elle enveloppe, sa limpidité, ses tonalités multiples, ses textures font d’elle une eau lourde de sens par les terres qu’elle véhicule. Cette eau retrouvée est métissée de trois tonalités. Il nous faut renouer avec la rationalité des sciences expérimentales de l’ingénieur, mobiliser les ressources en eau par un usage raisonné et se laisser captiver par son imaginaire, nous renvoyant entre sa rareté et son abondance.
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Yerebatan Sarnıcı: la citerne enfouie sous terre - 78 000 mètres cubes d’eau, de 532 Constantinople
«Mise en patrimoine» de l’eau, une perspective interdisciplinaire
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La cathédrale souterraine - 40 000 mètres cubes d’eau, de 2009 Lille
«Mise en patrimoine» de l’eau, une perspective interdisciplinaire
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Red waterfall by Luis Barragan, de 1964 San Cristobรกl
«Mise en patrimoine» de l’eau, une perspective interdisciplinaire
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Agriculture avec irrigation en terrasse, XVème siècle Machu Picchu
«Mise en patrimoine» de l’eau, une perspective interdisciplinaire
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Rizières de Jatiluwih, les subak de Bali
«Mise en patrimoine» de l’eau, une perspective interdisciplinaire
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EXPÉRIMENTATION PAR L’EXERCICE DU PROJET
Peut-on répondre aux changements climatiques attendus aujourd’hui à partir de ces matières existantes, patrimoniales et identitaires du site, en utilisant la problématique de l’eau comme substance de liaison territoriale?
5 Km
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Expérimentation par l’exercice du projet _ Safi, Maroc
SAFI, MAROC De l’oued asséché au jardin nourricier
Depuis l’Oued, vers l’océan
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Zone d’intervention
Carte du réseau d’égouttage de Safi
Expérimentation par l’exercice du projet _ Safi, Maroc
Le Maroc se caractérise par son climat contrasté. Un régime pluviométrique et hydrologique ordonné par une très forte irrégularité dans le temps et dans l’espace amène une alternance de périodes pluvieuses et sèches, pouvant durer plusieurs années. D’après les dernières estimations, la capacité des ressources en eaux naturelles au Maroc est évaluée à presque 22 milliards de m3/an (distribuée en 18 milliards de m3/an d’eaux de surface et 4 milliards de m3/an d’eaux souterraines ; soit l’équivalent de quasi 700 m3/hbt/an). Pour répondre aux nécessités en eau dues à l’accroissement démographique et pour mener à bien l’évolution socio-économique, le pays a opté pour une politique fondée sur le contrôle et la mobilisation des ressources en eau (réalisation d’infrastructures hydrauliques visant l’approvisionnement en eau potable pour les populations, l’irrigation des cultures et la valorisation par la production hydro-électrique). Malgré cela, l’eau au Maroc reste confrontée à la raréfaction de ses ressources issue du changement climatique. Ainsi, les orientations de la Stratégie Nationale de l’Eau (SNE) et la recherche d’action du projet du Plan National de l’Eau (PNE) se dirigent vers le recours aux ressources en eaux non conventionnelles. En effet, la réutilisation des eaux usées est maintenant considérée comme une alternative propice au développement.
Situation géographique et problématique locale Cette recherche s’appuie sur deux principaux documents tirés de rapports scientifiques : L’état de la qualité des ressources en eau au Maroc et Réutilisation des eaux usées épurées (juin 2014), présentant l’état des lieux en matière de réutilisation des eaux usées, les contraintes et les perspectives de développement. De 2012 vers 2030 au Maroc, les quantités d’eaux usées rejetées ne cesseront d’augmenter. La répartition disparate des stations d’épuration existantes, en construction et à venir, ne montre qu’aucune n’est programmée pour ou proche de Safi : une ville industrielle appartenant au littoral. Le pays épure en 2005 8% de ses eaux usées, il aspire un taux de 89% en 2030. En se concentrant maintenant sur Safi, la carte du réseau d’égouttage simple de la ville affirme qu’aujourd’hui les eaux usées se déversent
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Océan
Place
Medina
Rempart
Intervention paysagère
Colline des potiers
Intervention architecturale développée
Commerces
500 m
Rocade
Expérimentation par l’exercice du projet _ Safi, Maroc
sans être épurées par huit exutoires (pointés en rose) directement dans l’océan. Cet état alarmant constitue la problématique locale, auquel l’étude tentera de pallier. Cette ambition s’appuie sur un travail en amont de la ville dans les terres, à partir des deux exutoires (pointés en rouge) à l’intersection avec la rocade. Le cours d’eau situé au cœur de cette vallée se jetant dans l’océan Atlantique, se nomme l’oued Chaâba. C’est le générateur de Safi. La plupart du temps desséché, il incarne l’identité patrimoniale forte et locale de la ville. Partiellement utilisé comme carrière d’argile ou comme décharge non réglementée à ciel ouvert, il est temps de proposer une intervention permettant de revaloriser voire même, de revivifier cet élément identitaire du territoire en répondant à ces problématiques nationales et locales. Les principaux enjeux de ce projet sont, dans un premier temps d’assainir les eaux provenant de ces deux exutoires en amont, par un principe de phyto-épuration par gravitation. En effet, la disponibilité de grandes quantités d’eaux usées et la régularité de ses débits, rend possible le développement de cette pratique qui pourrait s’étendre à d’autres agglomérations. Dans un deuxième temps, l’enjeu est évidemment de réanimer l’oued Chaâba, de sorte qu’il redevienne un poumon vital de la ville. J’ai la conviction, qui peut paraitre utopique, que de simples interventions justes et sensibles à partir de notre patrimoine suffisent au changement que nos villes et paysages attendent ; une gestion de l’eau intégrée dans le quotidien du territoire et du citoyen.
L’eau mise en forme, mise en scène, mise en sens Cette intervention à l’échelle de la ville, permet aussi de suturer les deux parties urbaines de part et d’autre de la vallée et depuis la rocade jusqu’à l’océan. Il s’agit d’un fragment central de la ville,
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125 m
500 m
Expérimentation par l’exercice du projet _ Safi, Maroc
pouvant abriter les activités singulières de la vie urbaine. Le système de phyto-épuration est dimensionné pour répondre à 30 000 personnes, soit 90 000 m² de bassin (3m² de bassin par personne en prenant compte la technique actuelle et de la consommation domestique moyenne de l’eau par habitant au Maroc). Travaillant simplement grâce à la gravitation, s’écoulant ainsi de bassin en bassin, l’eau guide le promeneur dans sa déambulation longeant l’ensemble du système d’épuration paysager. Se crée, ce que j’appelle un parc éponge, redécouvrant les symboliques de l’eau ; comme milieu, comme trace et l’eau comme soutien d’expérience. Deux principes d’épuration paysagère opèrent à travers la vallée, dessinés à partir de la trame topographique. Du premier exutoire au nord de la vallée, une promenade sinueuse se développe à travers la végétation dense et haute des bassins. L’eau est nettoyée et amenée jusqu’à une fontaine consacrée aux potiers. Les potiers de Safi travaillent à l’intérieur de l’oued simplement avec la terre qui se trouve sous leurs pieds, ils pourraient ainsi, faire de même avec l’eau du site. Du deuxième exutoire en partie sud, des cultures en terrasse prennent place entre les différents bassins de phyto-épuration plus espacés. L’eau est utilisée directement pour ces cultures, résultant une synergie entre ville parc et ville productive. Le travail des bassins — ce filet de vie — traverse la Médina comme le faisait l’eau à l’origine de Safi, récupérant au passage les eaux de pluie ruisselantes. Ainsi l’articulation entre la Grand-Place vivante devant la Médina, le rempart militaire du XVème siècle et le dernier bassin de phyto-épuration, viendraient ponctuellement terminer l’intervention par une fontaine public d’eau propre. Un appel qui résonne à plus grande échelle avec le littoral. Pour soutenir ces bassins lorsque la topographie est la plus douce, un système de talus vient naturellement se positionner contre. Ce qui permet aussi de circuler facilement sur la verticalité du traitement.
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En revanche, lorsque la topographie est trop forte, une épaisseur habitée consolide et supporte les bassins (1). Destinés aux habitants, ces épaisseurs habitées servent de lieu de stockage ou d’atelier, leur permettant de cultiver sur place. Grâce à cette intervention, l’oued aujourd’hui asséché, deviendrait un jardin nourricier à l’échelle de Safi. Un travail architectural par acuponcture se superpose au travail paysager : fondation concrète du propos. Différentes zones de réflexion sont possibles à travers l’ensemble de l’oued… Le projet met en lien par cette percée verte, différents espaces de rencontre existants ; la Grande-Place entre l’océan et la Médina (2), la place à l’arrière de la Médina bordant l’oued (3) pouvant servir de lieu de marché grâce aux produits cultivés sur place. Un autre lieu peut être
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Expérimentation par l’exercice du projet _ Safi, Maroc
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réfléchi en dialogue ouvert avec la colline des potiers (4) : une vitrine du savoir-faire de Safi. Un jardin frais (5) marque une entrée du parc en lien avec les nouveaux commerces et restaurants qui bordent l’oued. Une agora s’installe au cœur de l’oued, reliant la vallée nord et sud par un gradin naturel (6). En s’appuyant sur la topographie très douce à cet endroit ce lieu épaule un espace polyvalent, de spectacle, de musique... tirant profit d’un fond de scène naturel. S’ajoute d’autres points avantageux pour y intégrer une construction bâtie, comme des laboratoires d’analyse des eaux des bassins, souterraines, de surface ou alimentaires (7).
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Terrain de jeu Jardin frais
100 m Élément remarquable
Depuis le site, vers l’Océan
Vue actuelle sur le site
Depuis le site, vers le coeur de l’Oued
Expérimentation par l’exercice du projet _ Safi, Maroc
Cette proposition vise le développement architectural de l’une des possibles entrées du parc (8). L’entrée nord est articulée par un jardin frais existant au tracé géométrique et par un terrain de jeu. Le bâtiment incarne un lieu de rassemblement, où l’on peut à la fois pratiquer une activité sportive, mais aussi étudier dans un espace adapté. Un pole de compétence se présente aux safiotes. A travers le reportage photographique réalisé de l’intérieur de la Médina, les teintes bleues et vertes ponctuent l’ensemble du système urbain. La couleur bleue dominante, laisse glisser la déambulation. Le vert de Safi quant à lui, se retrouve sur les tuiles ondulées, ou sur les briques vernissées… Le bleu guide l’homme et le vert conduit l’eau. S’établit alors, l’une des lignes directrices de la conception de l’édifice. Sur ce plan, trois temps sont marqués. Il y a d’abord cette première ligne bleue issue de la géométrie du jardin frais, qui renforce le projet en se lançant vers un élément remarquable et existant au cœur de l’oued : un édifice à cinq façades entouré de trois bassins en cascades. Cette ligne bleue invite le promeneur à entrer, tout en conduisant simultanément l’eau du premier bassin vers le second plus en aval. Puis, cette eau est reprise par un aqueduc (la ligne verte), s’élançant jusqu’au troisième temps : le point d’arrêt du parcours qui est, le centre du bâtiment. Le plan d’ensemble laisse apparaître le projet construit, comme étant intégré à la fois dans la vallée et avec le système technique de phytoépuration. Le fil conducteur entre l’échelle du paysage et celle de l’architecture se manifeste par la déambulation. Tous les possibles tracés piétons se superposent aux parcours de l’eau. L’édifice expose son rôle technique, quasi mécanique de la répartition des eaux vers les différents bassins adjacents. En effet l’eau acheminée du premier bassin s’écoule jusqu’au cœur du patio. Ce nœud hydraulique de distribution des eaux renvoie dans un premier temps l’eau, directement vers le deuxième bassin et en cas de surplus ou de pluie abondante, vers le troisième bassin.
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Le Bleu de Safi
Expérimentation par l’exercice du projet _ Safi, Maroc
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MĂŠcanisme architecturĂŠ
Expérimentation par l’exercice du projet _ Safi, Maroc
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Eau provenant des toitures plates
Eau s’écoulant vers le deuxièmme bassin
Eau arrivant du premier bassin
Eau s’écoulant vers le troisième bassin
20 m
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Atelier, force de la nature
Bibliothèque, entre deux atmosphères
Amphithéâtre sur l’océan
Construire avec la terre du site
Expérimentation par l’exercice du projet _ Safi, Maroc
L’espace habité sous le patio, agit comme une chambre de résonnance. Le son de l’écoulement de l’eau varie en fonction de son débit. Qu’il soit puissant, faible, ou parfois peut être même chétif avec un simple goutte à goutte, l’éclat sonore est amplifié et magnifié par ce volume. En plan, on devine les deux axes perpendiculaires d’eau, ils interceptent et ponctuent chacune des trois entrées vers l’intérieur des trois volumes fermés et uniques. Chaque espace a sa propre structure et sa propre orientation, correspondants aux besoins attendus par sa propre fonction. Dans le premier espace s’y loge un atelier actif, dialoguant avec le terrain de jeu animé. Ensuite, une bibliothèque prend sa force sacrée dans les dimensions verticales du volume, et par le silence de la profondeur du sol. Enfin, un amphithéâtre s’ouvre calmement et généreusement, au loin sur l’océan. Toutefois, l’ensemble reste unifié par une volumétrie simple et une matière unique : la terre du site comme ressource originelle. Ce matériau premier et local, permet par la recherche structurelle, une richesse volumétrique identitaire du lieu.
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Expérimentation par l’exercice du projet _ Safi, Maroc
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A travers les coupes, le chemin de l’eau se dessine dans les trois dimensions jusqu’au cœur du bâtiment : la chambre de résonnance. Ce premier axe reprend les eaux de toiture et celles du premier bassin, guidées vers le patio et acheminées jusqu’au deuxième bassin. L’espace de type atelier plus libre et vivant se déploie par sa structure dans les deux directions : un volume stable mais dynamique. Il s’élance parallèlement à l’aqueduc vers l’espace de jeu extérieur. Pour l’auditoire, on lit en plan une épaisseur plus marquée et séquencée accrochée sur le mur extérieur. C’est une façon d’intérioriser et d’utiliser les contreforts nécessaires au profit de l’espace intérieur paisible. La masse de terre esquisse directement la spatialité intérieure.
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Expérimentation par l’exercice du projet _ Safi, Maroc
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Dans l’espace bibliothèque la structure utilisée pour répartir au mieux ses charges et séquencer la longueur du volume, est la parabole. Entre chacune de ses paraboles, des voutes opèrent perpendiculairement au premier sens de portée. Elles se lisent en façade par des ouvertures. Ce volume hiérarchise deux sous espaces silencieux ; en partie haute, un espace de travail plutôt lumineux et aéré, et en bas à l’abris des rayons fort du soleil marocain, divers ouvrages manuscrits y prennent place. Ce volume apporte à l’eau un caractère divin. Son conduit en briques vernissées vertes traverse le sol depuis la chambre de résonnance souterraine, vers le troisième bassin plus en aval. Finalement, notre société du XXIème siècle ne recherche plus une eau sainte, mais saine. A travers le monde entier, des changements hydrographiques opèrent. Qu’ils soient de l’ordre de la sécheresse ou de l’inondation, une gestion des eaux innovantes et intégrée au développement urbain s’impose. Cet aménagement a pour objectif premier d’atteindre les normes locales et internationales d’accessibilité, d’épuration, de quantités et de qualités des eaux.
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Expérimentation par l’exercice du projet _ Tournai, Belgique
TOURNAI, BELGIQUE De l’eau des inondations à la pierre des remparts
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«Le climat futur dépend donc fortement de nos émissions de gaz à effet de serre. Généralement, différents scénarios (RCP) sont envisagés: un scénario optimiste (RCP2.6) avec une forte réduction des émissions de gaz à effet de serre, un scénario intermédiaire (RCP4.5) et un scénario pessimiste (RCP8.5) dans lequel les émissions augmentent fortement.»
Tournai
(RCP2.6)
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(RCP4.5)
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(RCP8.5)
2050
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Expérimentation par l’exercice du projet _ Tournai, Belgique
La Belgique se caractérise par son climat tempéré océanique. Récemment, un rapport sur la situation de la pression des ressources en eau a été établi par l’agence européenne de l’environnement. Water Exploitation Index est le nouvel indice d’exploitation de l’eau pour mesurer le stress hydrique du territoire. Calculé par le rapport entre les quantités totales d’eau douce et le volume d’eau renouvelable, cet indicateur démontre s’il est supérieur à 20%, que la ressource est surexploitée. La Belgique a quant à elle, un rapport de 31%. Dans son cas, on remarque que 66% du total d’eau prélevé servent à refroidir des centrales électriques (20% pour l’industrie, 10% pour l’eau publique, et 0.6% pour le secteur agricole). Or, cette eau destinée au refroidissement des centrales est directement restituée dans son milieu après utilisation, elle n’est pas prélevée au sens strict. Si l’on retire ces prélèvements, nous chutons de 31% à 10.3%. A travers l’ensemble des pays européens, la Wallonie occupe la quatrième place la plus économe en eau, après la Slovaquie, le Portugal et la Pologne. 33 Si la Wallonie n’a pas de problème majeur d’accessibilité et de consommation d’eau, elle est en revanche, soumise au risque climatique croissant. Les inondations, tout comme les tempêtes, incarnent les risques naturels auxquels la Belgique est de plus en plus confrontée ces dernières années. Les creux de vallée, rives et rivages sont principalement exposés. L’expérience de ces dernières inondations en Wallonie, a prouvé que certains sites sont vulnérables, en raison de leurs canalisations inadaptées, ne parvenant pas à avaler l’excédent d’eau.
Situation géographique et problématique locale Tournai, installée dans un carrefour humide de la région wallonne, est localisée à la croisée de différents flux d’eau : L’Escaut (fleuve européen), le rieu de Maire, le rieu d’Amour et le rieu de Barge. Cette ville étant en creux de vallée, fait par conséquent, partie des premières à subir les problèmes d’inondations. 33 AquaWal, La Belgique est-elle «water-stressed » ? consulté le 22 avril 2019, https://www.aquawal. be/fr/la-belgique-est-elle-water-stressed.html?IDC=611
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25 ans
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100 ans Escaut
Rieu de Maire
Rieu d’Amour
Site d’intervention
Rieu de Barge 5 Km
Scénarios d’inondations à Tournai
Expérimentation par l’exercice du projet _ Tournai, Belgique
La montée des eaux dérange notre horizon. S’il l’on se projette dans l’avenir, plusieurs scénarios d’inondations s’annoncent pour les 50 et 100 prochaines années. On y trouve, à terme, une formation de poches d’eau en surface, dont une en amont de la ville à l’intersection entre le rieu d’Amour et le tracé historique de la petite rivière bordant les remparts de la ville. C’est une problématique grandissante. Ces phénomènes fréquents d’inondation sont dus à la fois aux pluies d’intensité exceptionnelle (particulièrement en été) et à l’imperméabilisation des sols, résultante d’une urbanisation grandissante. Plusieurs habitants m’ont confié leur crainte… Par le passé les quantités d’eau de pluie étaient semblables à celles que l’on peut connaître aujourd’hui mais elles s’étendaient davantage en durée. Ce qui à l’époque, laissait au sol le temps d’éponger. « Le feu n’est pas bon je dis, mais l’eau, encore moins ! L’eau c’est le feu ! [...] Non je n’ai jamais connu ça. Inondation est un mot qu’on ne connaissait pas au temps de mon père. » 34 « On a beau mettre toutes les buses que l’on veut, il y aura toujours un orage plus violent. Il y a des modèles mathématiques qui se calculent sur des modèles de pluie récurrentes de 10, 20, 50 ans. Mais si c’est une de 200 ans... Et il y a toujours un ratio économique à faire. Plus c’est gros plus ça coûte. Ça ne vaut pas le coût. » 35 L’intérêt de ce projet est de démontrer une nouvelle fois, que le patrimoine local de Tournai, peut être un support pour résorber ces problèmes d’inondation. Une nouvelle opportunité de prouver qu’une gestion intégrée et plus naturelle des eaux peut se réaliser à travers la pratique architecturale et urbaine. Le défi est de mettre en place une dialectique évidente entre l’eau du laboratoire et l’eau de l’oratoire (vécue). Une autre façon de vivre notre patrimoine peut être expérimentée et adaptée à la géographie du lieu, une manière de l’intégrer à l’époque actuelle, tout en étant acteur d’une ville durable. 34 Habitante de la Chaussée de Lille à Marquain, interviewée le 24.09.18 35 Ingénieur chez IPALLE, interviewé dans leurs bureaux à FROYENNES, le 17.10.18
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2 Km
Expérimentation par l’exercice du projet _ Tournai, Belgique
Le bassin versant du rieu d’Amour représente 5 000 ha. Il définit le territoire à l’intérieur duquel tous les écoulements d’eaux confluent vers un même endroit, et se délimite par les lignes de crêtes. L’eau traversant les différentes couches du Tournaisis, peut-être une véritable substance de liaison territoriale. Depuis les plaines agricoles, elle rencontre le futur pré Ravel (ligne rouge), le tour des remparts (ligne verte) jusqu’à l’Escaut où se trouve l’intervention architecturale (encadré rouge). Actuellement le réseau d’égouttage de la ville (partiellement vétuste et sous dimensionnées pour recevoir ces eaux provenant de l’ensemble du bassin versant en période de pluie), refoule l’eau en amont de la ville provoquant des inondations ponctuelles (zone verte).
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Bordé par la petite rivière
Après le comblement
Aujourd’hui, submergé par la végétation
Le rempart Saint Jean
Expérimentation par l’exercice du projet _ Tournai, Belgique
Eau mise en forme, mise en scène, mise en sens Un nouveau regard se porte sur ces inondations ; une perspective d’avenir fortifiée par un héritage du passé. Ce projet s’appuie sur la coprésence historique entre l’eau et la pierre des remparts de Tournai. Renouer avec les caractéristiques hydrographiques du patrimoine militaire de la ville permet de générer des interventions situées, ayant un sens historique, identitaire du lieu et propice à un avenir durable. Tournai est l’une des villes les plus anciennes de Belgique, la première capitale. Le Moyen Age laisse de nombreux vestiges de la première et de la seconde enceinte communale, de nombreuses tours et courtines sont encore visibles dans certaines rues et jardins de la ville. La deuxième enceinte est modernisée par Vauban. D’après les cartes historiques, les eaux de l’Escaut et celles du rieu d’Amour venaient de façon continue ceinturer Tournai par la petite rivière. Grâce à des mécanismes hydrauliques, ils pouvaient plus ou moins inonder ces douves pour protéger la ville de l’ennemi. Son comblement s’est effectué au XIXème siècle pour des raisons essentiellement sanitaires. Comment le tracé de la petite rivière, qui dans le passé bordait les remparts, ne pourrait-il pas tenter de résoudre les problèmes locaux et actuels d’inondation ? Un premier grand principe à l’échelle de la ville s’applique. La ceinture verte actuelle (qui reprend le tracé des rempart) au cœur du plein urbain, devient un espace de récolte et de dépollution des eaux de pluie provenant de toutes les surfaces étanches périphériques. Un véritable paysage dessiné utile pour Tournai, offrant des espaces publics variés. Il y a, je pense, une interdépendance entre trois notions vitales en milieu urbain ; le végétal, le sol et l’eau, constitutifs du cycle de l’eau et aussi constitutifs de la pratique du zéro rejet en eau pluviale.
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LeTour Henri VIII
Le Pont des Trous
Le Projet à venir de Paola Vigano
Le Rempart existant
L’entrée des souterrain de la citadelle
Expérimentation par l’exercice du projet _ Tournai, Belgique
Ce parc éponge urbain s’organise à partir de trois types de bassin. Dans le premier, les eaux de pluie traversent des quenouilles et des roseaux pour abattre les matières organiques. Le second est composé de prêles, d’iris jaunes et bleues pour détruire les germes, et enfin le dernier bassin de nymphéas, lotus et glycéries aquatiques pour réoxygéner l’eau. Sur cette ceinture, s’inscrivent ponctuellement des jardins nourriciers urbains. L’eau dépolluée servirait directement à arroser ces jardins. Travailler avec la topographie (talus, dénivelés) permet d’optimiser les récoltes et surtout d’offrir une large palette d’habitats pour les insectes et petits animaux qui pourraient s’épanouir. Ce processus résulte une nouvelle fois, d’une synergie entre ville parc et ville productive. Se greffent également sur cette ceinture, plusieurs ponctuations patrimoniales et identitaires de Tournai : le Pont des Trous avec son aménagement à venir des berges, la tour Henri VIII et son parc, le projet de l’architecte et urbaniste italienne Paola Vigano depuis la gare jusqu’au cœur historique, et enfin, la plus grande partie encore existante du rempart de la seconde enceinte. Ce dernier élément, le rempart, est bien disposé à porter le projet à bien. En effet, ce site : le parc Marvis (encadré en rouge) est à l’intersection entre la partie à ciel ouvert et la partie canalisée du rieu d’Amour. C’est ainsi, que sur cette portion, le second principe paysager y découle. Il a pour but de de soulager pendant les périodes de pluie, le surplus d’eau que connaissent aujourd’hui les canalisations de la ville reprenant les eaux de ce rieu, en anticipant une possible évacuation jusqu’à l’Escaut. De la sorte, par ces deux principes (récolte des eaux de pluie sur l’ensemble de la ceinture et lit d’évacuation des eaux du rieu d’Amour), on retrouve un dialogue contemporain entre l’eau et le tracé des remparts : un dialogue défensif, non plus de façon militaire mais comme bouclier climatique.
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Pertuis
Caserne Saint Jean Espace de marché Bassins de dépollution
Vigne en terrasse
Rempart Saint Jean
Protection végétal
Porte Saint Jean Verger, carrés de culture Serre aquaponique Rempart Marvis
Porte de la ville Ensemble commercial
200 m
Expérimentation par l’exercice du projet _ Tournai, Belgique
Le paysage dessiné redécouvre les symboliques de l’eau ; comme milieu, comme trace et comme soutien d’expérience. C’est pourquoi, un itinéraire urbain continu reprend le tracé historique des remparts, franchissant l’ensemble de la ceinture verte. Quant au principe de la dérive urbaine, il s’applique en interaction avec le paysage en mouvance, dépendant des saisons et des pluies.
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Espace de marché Bassins de dépollution
Vigne en terrasse Protection végétal Verger, carrés de culture Serre aquaponique
Ensemble commercial
200 m
Expérimentation par l’exercice du projet _ Tournai, Belgique
Le parc Marvis signifie à l’origine marais. En premier lieu, le parc traite au travers des trois types de bassins énoncés précédemment, la dépollution des eaux de pluie venant de l’ensemble commercial, c’est à dire les toits et surfaces de parking (74 000 m²). Le dessin paysager géométrique s’inspire de l’esquisse de Paola Vigano pour le parc Crombez, (un parc faisant partie de la ceinture verte, en face de la gare de Tournai). On a donc une large surface circulaire autour des arbres existants qui restent à niveau, alors que les bassins sur leur périphérie se creusent. Cette eau, dépolluée de bassin en bassin, est acheminée jusqu’à un jardin de permaculture à l’intérieur de l’enceinte. Il est situé en interaction avec un espace de marché. Une serre aquaponique longe le rempart, elle profite de sa massivité et donc de son inertie assurant une température homogène et continue à l’intérieur. Le jardin de permaculture s’organise librement à partir de trois lignes directrices de bon sens. L’eau irrigue d’une part l’espace verger organisé à travers les méandres de cette eau de pluie dépolluée. Des carrés de cultures s’installent directement au pied des arbres comme anciennement, les jardins médiévaux, augmentant la richesse du sol. Une barrière végétale protège le jardin des vents dominants de Tournai (sud-ouest). Et enfin, s’implante des vignes sur l’espace intermédiaire en terrasse, entre le niveau haut du marché et le niveau bas du jardin, bénéficiant d’une exposition optimale (plein sud).
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Pertuis
200 m
Expérimentation par l’exercice du projet _ Tournai, Belgique
Pour les eaux du rieu d’Amour, en second lieu, un lit au pied des remparts est anticipé pour les périodes où les réseaux viennent à être submergés. Le projet intercepte l’eau de ce rieu dans sa partie voûtée à l’endroit du pertuis en question. Lorsque ce pertuis devient insuffisant, deux bassins de surverse sous chaussée viennent en première ligne soulager l’ouvrage. Ces bassins contiennent des filtres bio-basés (mélange de fibres de lin et d’écorce capturant les particules de métaux lourd et les plus épaisses) pour clarifier l’eau. Puis de façon continue, l’écoulement progresse naturellement, à ciel ouvert, au pied des remparts pour se jeter finalement dans l’Escaut. Tous ces repères bâtis, du Pont des Trous au rempart du site choisi, forment un ensemble d’édifices cohérents, appartenant à la seconde enceinte, tous érigés entre le XIIIème et XVIème siècle. Le rempart encore debout se dissocie en deux entités ; le rempart Saint Jean et le rempart Marvis formant une porte historique de la ville. Le rempart que l’on connait aujourd’hui est une façade statique, envahie par une végétation qui met en péril sa stabilité et niée de l’espace urbain. Aucun moyen n’est mis en œuvre pour faire prendre conscience au passant de l’épaisseur de ce mur d’enceinte. Seule la ceinture verte rappelle le souvenir son ancien tracé. Au moyen du projet, le rempart peut devenir un médiateur et un catalyseur capable de réunir des publics autour d’un même espace. Depuis son origine, l’architecture manipule les échelles et les proportions, tant pour générer une familiarité entre corps et lieu que pour s’imposer dans la monumentalité. Il est évident que le projet porterait une attention à la mesure des choses. Le bâtiment fait partie du corps de l’enceinte. Se manifestant comme une extension creusée directement dans la masse, il se développe à partir du mur protecteur sur lequel le dessin de chaque pierre, creux, bords et débords est marqué. Un véritable discours de l’épaisseur prend forme entre le plein et le vide, entre le patrimoine militaire figé de la ville et l’architecture contemporaine plus souple, mobile et adaptable aux imprévus.
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Porte Saint Jean
ExpĂŠrimentation par lâ&#x20AC;&#x2122;exercice du projet _ Tournai, Belgique
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Porte de la ville
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Expérimentation par l’exercice du projet _ Tournai, Belgique
Cette nouvelle construction favorise un matériau premier : le bois, avec une section unique (8.23 cm). Le bois, tout comme la pierre et l’eau, est un matériau vivant. Il amène une profondeur d’espace par son jeu de superposition et de chevauchement, qui lui confère une densité structurelle. Les poutres sont ceinturées ensemble au moyen d’éléments secondaires métalliques. Ce qui solidifie l’ensemble du système, mais surtout, donne une dimension temporaire au bâtiment. En effet, la structure peut être retirée, modifiée, renouvelée si besoin, laissant ses bois de construction intacts. Porte Saint Jean La porte Saint Jean est située entre les deux entités du rempart encore existant, en lien direct avec la caserne anciennement nommée ; caserne des chasseurs à cheval. Il s’agit d’une porte historique de la ville. Le projet est une épaisseur contemporaine, qui amène la notion de passage. Il propose une tour en bois liant le rempart Saint Jean au rempart Marvis par une passerelle piétonne et cyclable. L’arche ainsi dessinée marque le seuil. Cette tour s’alignant à ses semblables historiques, permet d’élancer le bâtiment jusqu’à l’autre rive de l’Escaut. Pour accéder au niveau du Chemin de ronde (en haut du rempart), on peut soit pratiquer la rampe longeant le rempart Saint Jean, soit monter au travers de cette tour en bois qui contient dans son épaisseur un escalier, de la même manière que les autres tours en pierre. Arrivé sur le rempart Marvis, on a une nouvelle fois le choix, de rester sur cette passerelle extérieure surplombant le parc Marvis, ou de descendre et vivre le corps intérieur même du rempart, entre la pierre et le bois.
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L’Arc des Chaufours
Élévation de la porte du Luchet d’Antoing, côté ville avec son barrage et ses quatre moulins, par Mabille 1800
Expérimentation par l’exercice du projet _ Tournai, Belgique
Porte de la ville L’ancienne porte sud de l’Escaut qui répondait au Pont des Trous s’appelait l’Arc des Chaufours. La tour articulant le rempart Marvis à l’Arc des Chaufours était une grande porte pour les véhicules et piétons. Le passage du rempart au-dessus de l’Escaut se ponctue au fil des siècles et de son évolution par une toiture en ardoise foncée ; un marqueur intemporel sur l’Escaut. À partir de l’Arc des Chaufours, on est venu y accoler avec le temps, des structures hydrauliques. Les moulins ont été regroupés derrière cette porte à l’entrée de la ville, on l’appelle alors familièrement ; la Porte des Moulins (construite en 1686 et démolie en 1880). L’intention du projet à cet endroit est donc de recréer cette porte de la ville, par sa situation et sa monumentalité. En plan, deux mouvements se lisent. Il s’agit des deux fuyantes du rempart de part et d’autre de l’Escaut, un moyen de rapporter du corps à l’édifice. Ensuite les deux points d’appuis structurels de cette nouvelle porte, viennent de deux façons chercher les longueurs. Le premier rattrape par une rampe, le Ravel, le second produit une force hydraulique comme ont pu le faire les moulins auparavant. Une suite de roues hydrauliques récupère l’énergie douce du courant pour la transformer en électricité, qui sera utile pour le fonctionnement du bâtiment et de la serre aquaponique. Un point essentiel de l’architecture réside dans son acuité de symbolisation et d’identité qu’elle évoque. Cette architecture est un outil de communication et de connaissance utilisée pour transmettre et dévoiler les enjeux locaux, un portail menant vers d’autres échelles du territoire. Il s’agit de revitaliser l’édifice par son caractère transhistorique, avec et pour les citoyens de l’époque. Cette aptitude le prédispose à exercer des fonctions contemporaines majeures pour notre société. C’est pourquoi le bâtiment se veut être une concentration des données patrimoniales et architecturales de la
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Depuis l’extérieur des remparts, vers la porte Saint Jean
Sur le rempart Marvis, vers l’Escaut
Depuis le corps du rempart Marvis, vers le jardin de permaculture
Sur le Ravel, depuis l’extérieur de l’enceinte
Depuis le jardin de permaculture, vers le nouvel Arc des Chaufours
Vivre le chemin de ronde
Expérimentation par l’exercice du projet _ Tournai, Belgique
ville. Une galerie exposant d’anciennes maquettes, objets et cartes anciennes depuis le cœur historique du rempart, jusqu’aux futurs projets vers les perspectives ouvertes sur l’Escaut. Concéder une nouvelle fonction au patrimoine, revient à lui redonner un sens. Le but étant de faire écho dans notre temps à la vocation première du lieu en étant à la hauteur du site, dans sa dimension physique mais aussi sa dimension symbolique. Le projet est une promenade enrichie des différentes strates temporelles et spatiales, un moyen d’exploration et de compréhension de l’espace urbain. Il s’agit d’une reprise consciente, réinvestissant de la manière la plus complète possible le rempart de Tournai et la petite rivière.
La structure bois, participe pleinement à la spatialité et à la lumière. Homogène, elle évolue en trois dimensions par des voûtes répartissant naturellement ses charges. Dans l’épaisseur de la galerie, on y trouve un espace introverti, rythmé par des espaces type bibliothèque dans ses masses et exposition plus libre et aérés dans ses creusements. La continuité isolant-châssis assure un espace étanche et isolé. L’espace supérieur est quant à lui, extérieur et extraverti menant à des vues lointaines.
Au XXIème siècle grâce à la conscience écologique, la noue se lie avec l’eau formant une alliance prometteuse, dans le but de lutter ensemble contre cette ville imperméable. En s’éloignant de l’approche conventionnelle de la gestion des eaux pluviales et usées par le tout à l’égout, on ambitionne maintenant, d’intégrer des solutions spécialisées et innovantes pour faire évoluer la ville durablement. S’accordent alors l’espace construit, les cours d’eau et les larges profondeurs naturelles.
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Expansion de l’épaisseur du rempart
Expérimentation par l’exercice du projet _ Tournai, Belgique
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10 m
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Expérimentation par l’exercice du projet _ Tournai, Belgique
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5m
« Imaginez. Si l’on rapporte l’histoire de notre planète à une journée de 24 heures, l’Homme est apparu dans les 5 dernières secondes. Et l’époque de l’anthropocène, c’est-à-dire l’époque industrielle, serait apparue dans les 2 derniers millièmes de seconde. »36
36 VIALLET Jean-Robert, L’homme a mangé la Terre, par Arte France Cinephage productions Les films du tambour de soie, France 2019
HORIZONS
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Promenade
Patrimoine
Agriculture L’inondable
Ingénierie
Interdisciplinarité
Horizons
En somme, l’originalité de ce travail est donc ce lien étroit unissant la matière fabriquée par la morphologie hydrographique du territoire, avec son potentiel propice à nous amener vers un avenir durable. Cette attitude promet aux villes, une inscription dans une démarche saine et résiliente. Il s’agit d’une autre manière, plus libre, plus inventive, de vivre notre patrimoine au XXIème siècle. Repenser la destination de cet héritage peut être une chance de re-densification des centres historiques afin de lutter contre le mitage du territoire, d’amélioration de la qualité de vie urbaine, mais cela peut notamment être, un moyen de pérenniser la viabilité de l’habité aux endroits où les risques climatiques menacent. L’étude de ces deux projets ; à Safi au Maroc et à Tournai en Belgique, est représentative d’un ensemble de villes dans le monde victimes de problèmes climatiques, grandissants, liés directement à la montée des eaux. Ces deux villes choisies abordent deux conditions extrêmes, l’une se souciant d’un manque d’accessibilité à l’eau et de sécheresse, l’autre est victime d’inondations et d’absence de symbolique. Elles ont par un même processus pallié chacune à leur problématique locale. Ce qui me permet de penser que cette théorie développée, pourrait être appliquée et adaptée à d’autres villes historiques issues de la morphologie hydrographique territoriale ; là où commencent ces phénomènes de complications climatiques. Ces quelques lignes ne cherchent pas à résumer l’ensemble de ce qui a déjà été dit, mais avec du recul s’interrogent sur la finalité de ce travail. Elles approfondissent les notions clés découvertes au fil de ce parcours, qui définissent en partie le rôle de l’architecte dans notre société actuelle. Nous sommes inscrits dans un moment écologique, ce qui renouvelle l’Homme dans ses habitudes, ses considérations et ses symbolisations. Notre société du XXIème siècle ne recherche plus une eau sainte mais saine. Face aux risques hydrographiques croissants à travers le monde entier, qu’ils soient de l’ordre de la
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sécheresse ou de l’inondation, une gestion des eaux innovante et intégrée au développement urbain s’impose pour réduire leur impact sur notre qualité de vie. L’aménagement urbain et paysager a pour objectif premier d’atteindre les normes locales et internationales de quantités et de qualités des eaux souterraines, ainsi que celles de surfaces. Cette transition vers une ville actrice d’une gestion de l’eau durable et pérenne, sollicite une nouvelle aspiration de projets s’établissant à partir du cœur d’îlot, de la rue, du quartier jusqu’à l’échelle de la ville et de la vallée. A l’instar de poupées russes, une complémentarité des échelles est de mise. Cependant, comme pour toutes les grandes phases de transition, il est plus aisé de formuler ce qui devrait se passer plutôt que de mener à bien ces décisions. L’étalement urbain inonde les surfaces perméables de nos territoires, augmentant proportionnellement le volume d’eau à évacuer. Mais comment cette réalité peut-elle réintégrer le cycle de l’eau en ville ? Un nouveau modèle de l’habité doit se manifester, capable de diminuer les risques liés aux problématiques de l’eau, tout en agréant l’utilisation de ses ressources, résultant d’une synergie entre ville parc et ville productive comme l’illustre les projets expérimentés. La démarche suppose une nouvelle conception urbaine, autre que celle que nous connaissions jusqu’alors. En cédant de l’espace au profit d’un système technique et ingénieux, on valorise radicalement la qualité de vie. Inévitablement, naturel et artificiel s’entremêlent pour intégrer au mieux les réalités spatiales, écologiques, sociales et économiques, locales. Cette démonstration s’appuie sur l’interface entre la réalité géologique, météorologique et les effets climatiques, afin de façonner les principes d’un nouvel urbanisme. Il s’agit de l’urbanisme biosphérique. Entre ciel et terre, il optimise et complète l’efficacité écosystémique du paysage tout en développant les surfaces habitables. Au cours de ces dernières décennies, le processus naturel d’écoulement des eaux a doucement été changé en un système technique de canalisations. Si l’on prend rapidement l’exemple de
Horizons
Tournai, l’alternance annuelle de l’Escaut entre son lit mineur et son lit majeur, a laissé place à un niveau minimal et constant de l’eau pour une évacuation toujours plus précipitée. Le tuyau dans la ville du XIXème siècle canalise l’eau pour l’évacuer le plus rapidement possible afin d’empêcher sa stagnation ou sa montée dangereuse. Si l’ingénierie de l’eau a permis le contrôle technique de son flux et la sécurité du milieu urbain, son aptitude à satisfaire les nappes phréatiques a comparativement disparu. Cette confiance trop importante accordée à l’ingénierie nous fait vivre dans l’illusion qu’il y aura constamment une solution technique à adopter, et donc, qu’il ne nous serait pas indispensable d’ajuster notre espace et mode de vie pour faire face aux changements et défis majeurs de notre temps. Néanmoins, il parait évident aujourd’hui que l’espace essentiel pour un système hydrique sain et résilient, ne peut être accompli qu’aux endroits où se trouvent en ce moment des jardins, des trottoirs, des places et parcs publics. Il est évident d’ajuster notre espace et notre mode de vie. C’est maintenant un devoir de réanimer ces étendues urbaines. Ces éléments qui maillent notre territoire incarnent une véritable opportunité pour nos villes en offrant de nouveaux corridors paysagers. Renouer le patrimoine (comme la vallée de l’oued Chaâba pour Safi ou la ceinture verte pour Tournai), à sa genèse hydrographique du territoire, peut engendrer des interventions fortes, sensibles et situées. En innovant dans le service de l’eau, le projet permet de retisser des liens entre ville et eau, entre histoire et techniques, histoire des hommes et histoire du milieu. Pour ce faire, ce travail réarticule les sciences de la technique, qui font de l’eau un sujet connu et mesuré, avec le patrimoine et la société actuelle. Il est aujourd’hui pressant voire même impératif de se réapproprier l’eau. Sensibilisation et coalition sont les deux maîtres mots des propositions engagées à venir. Dès lors, il semble nécessaire de redessiner le paysage de nos villes au moyen d’un ensemble de démarches hétéroclites, en collaboration directe avec les autorités publiques, les experts, les habitants, les paysagistes et les architectes. Par la pratique, nous pouvons engager un principe
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d’apprentissage, se développant à partir de formes et d’échelles différentes, nous aboutissons au lancement de projets pilotes. L’étude de cas de la promenade BrabantSZenne développée précédemment, en est une démonstration. Concernant l’expérimentation par le projet de Tournai, étant sur place, j’ai pu directement rencontrer de nombreuses personnes touchant le patrimoine, l’ingénierie technique de la gestion des eaux des rieux, des égouttages au sein de la commune, de la province, des personnes ayant des connaissances sur l’écologie locale, sur les milieux humides, les habitants… formant tous ensemble une association de compétences ayant en vue une réalisation commune. Cette notion amorcée d’interdisciplinarité signifie selon moi, à partir d’une problématique claire et définie à l’avance, constituer une équipe formée de personnes ayant des domaines de savoir et d’action différents, pour favoriser la poursuite des interactions des connaissances et de leur interdépendance dans un esprit ouvert. À présent, il serait fertile d’encourager ces démarches dédiées à la réflexion de visions naissantes comme un forum ouvert au débat sociétal et aux nouvelles coalitions pour l’avenir de la ville, favorisantes les activités d’interfaces et de complémentarités entre ces différents domaines. La vision de notre nouvelle génération d’architecte doit se nourrir de tous les exemples réels à travers le monde. Elle se doit d’innover dans les formes de collaboration qui demande à se développer et à être testées dans la pratique. Cet exercice n’étant ni académique ni originaire d’une demande, reste trop bref pour apporter des résultats concrets et tangibles. Avant tout, il partage son espoir éclairé pour mener, espérons, à l’action plus que vitale de nos paysages. La croissance démographique induit l’étalement urbain, mais aussi le maintien de l’environnement naturel. Ces deux thèmes, tous deux inéluctables en ville, renforcent une discordance en constante négociation. Pourquoi ne pas chercher à utiliser les atouts de l’urbanisation et la force de la croissance démographique pour
Horizons
façonner petit à petit, le nouveau schéma urbain offrant un espace structurel propice à la stimulation de la biodiversité des milieux humides, à l’optimisation de la perméabilité des sols, et surtout, à l’enrayement de cette consommation débridée de nos ressources. En travaillant à partir d’une meilleure compréhension des vallées, du relief habité et des sols bâtis, l’organisation urbaine de l’espace de demain est fondée. Pour conclure, nous devons veiller en tant qu’architecte à ce que la superposition des usages intégrés à l’espace urbain continue de perpétuer pour construire cette ville contemporaine, résiliente et pérenne.
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ANNEXES
150 Safi, Maroc
800 700
500 400 300 200
800
100
700
0
600
(Mm3/an)
(Mm3/an)
600
500 400 300
Source DRPE (Etude Stratégique sur la Réutilisation des Eaux Usées Déversées en Mer - Août 2012)
2012
2020
2030
Année
Figure 1 : Evolution du volume des eaux usées brutes
Source DRPE (Etude 200 Une part importante de ces eaux usées, soit 60% est déversée directement en mer alors Stratégique sur la Réutilisation des Eaux que 40% est 100rejetée dans le milieu naturel continental.
Usées Déversées en Mer - Août 2012)
0
La répartition géographique des eaux usées2020 est tributaire de la densité démographique 2012 2030 en milieu urbain. En effet plus de 60% de Année ces eaux usées sont rejetées dans les bassins du Bouregreg, du Sebou et du Loukkos (Figure 3). Évolution du volume des eaux usées brutes Figure 1 : Evolution du volume des eaux usées brutes
La répartition des eaux usées brutes rejetées par ABH est présentée dans la figure ciaprès.Une part importante de ces eaux usées, soit 60% est déversée directement en mer alors que 40% est rejetée dans le milieu naturel continental. 1% 2%
Loukkos de la densité démographique La répartition géographique 15% des eaux usées est tributaire 14% en milieu urbain. En effet plus de 60% de ces eauxMoulouya usées sont rejetées dans les bassins du Bouregreg, du Sebou et du Loukkos (Figure 3). Sebou 7%
Bouregreg Chaouia
7%
La répartition des eaux usées brutes rejetées par ABH est présentée dans la figure ciOum Er Rbia après. 8% 1% 2% 14%
Tensift
15% 15%
31% 7%
7%
8%
Souss Massa Draa Loukkos Guir Ziz Rhéris Moulouya Sakia Lhamra Oued Eddahab Sebou
Figure 2 : Répartition des eaux usées brutes parBouregreg ABH Chaouia Répartition des eaux usées brutes des différents bassins versants Oum Er Rbia 15%
Tensift
sera déversée en mer après prétraitement par le biais d’émissaire en mer. Le taux global au niveau national atteindra environ 89% à l’horizon 2030 (Figure n°8).
Taux d'épuration (%)
100 Annexes
89%
80
68% 55%
60 40 20
34%
32%
25% 8%
0
2005
2010
2011
2012
2015
2020
2030
Années
4%
80
2%
Nombre de STEP
14
En plus de l’épuration par naturel avec ses àtrois types2030 de bassins anaérobies, Évolution dudu taux d’épuration à l’horizon 2030 Figure 8 :lagunage Evolution Taux d’épuration l’horizon facultatifs et matures M), d’autres procédés d’épuration sont utilisés Source DRPE(A, (EtudeF,Stratégique sur la Réutilisation des Eaux Usées Déversées en Mer – extensifs Août 2012) comme l’infiltration/percolation (4%). Il existe aussi des procédés d’épuration intensifs comme les boues activées (12%). La figure ci-après présente la répartition actuelle des Réutilisation des eaux usées épurées STEP par procédé d’épuration. 3%
11%
11% 70
Lag nat (A)
60
Lag nat (A+F)
50
Lag nat (A+F+M)
40
Lit Bact
30
39%
20
B. Activée Inf/Perc
10 Chenal algal 30% 0 1995 1998 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
Figure 5 : Répartition des STEP par procédé en 2012 Années
Source DRPE (Etude Stratégique sur la Réutilisation des Eaux Usées Déversées en Mer - Août 2012)
Évolution du nombredudenombre station d’épuration de de 1995 à 2012 Figure 4 : Evolution des STEP 1995 à 2012
Source DRPE (Etude Stratégique sur la Réutilisation des Eaux Usées Déversées en Mer - Août 2012)
Quant aux niveaux d’épuration ; 45% des STEP réalisent un traitement secondaire, et seulement 26% réalisent un traitement tertiaire (Figure n°6). Environ 70% des stations d’épuration existantes sont de type extensif, avec une prédominance du lagunage naturel type secondaires (Figure n°5). 26% 29%
Traitement Primaire Traitement Secondaire Traitement Tertiaire
45%
Figure 6 : Répartition selon les niveaux d’épuration en 2012 Répartition selon les niveaux d’épuration en 2012
Source DRPE (Etude Stratégique sur la Réutilisation des Eaux Usées Déversées en Mer - Août 2012)
Source DRPE (Étude Stratégique sur le Réutilisation des Eaux Usées Déversées en Mer - Août 2012)
151
152
Le taux d’épuration des eaux usées1 est passé de moins de 8% en 2005 à 34% en 2012. Les bassins de la Moulouya et du Tensift enregistrent chacun un taux d’épuration de 90%, grâce à la réalisation des STEP dans les villes de Nador, Oujda, Essaouira et Marrakech. Le PNA lancé par le Gouvernement en 2006, et revu en 2009, avait pour objectif spécifique de rabattre la pollution domestique de 80% en 2020 et de 100% en 2030. Il est important de signaler que la Direction de la Recherche et de la Planification de l’Eau (DRPE) a lancé une étude en 2012, intitulée «Etude Stratégique sur la Réutilisation des Eaux Usées Déversées en Mer». cette étude a montré que le taux d’épuration ne sera Figureet3 89% : Evolution des eaux eauxusées uséesrejetées rejetées par ABH que près de 68% en 2020 en 2030. Évolution des
10
Réutilisation des eaux usées épurées
Figure 7 : Répartition des STEP (existantes, programmées à l’horizon 2020 et 2030) Répartition des station d’épuration (existantes: vert, programmées à l’horizon 2020: bleu, 2030: orange) 1. Défini comme étant capacité d’une station d’épuration des eaux usées rapportée au volume des eaux usées.
13
La répartition par bassin de ce volume, est donnée dans le tableau ci-dessous :
Annexes
Bassin hydraulique
Volume réutilisable à l’horizon 2030 (Mm3/an)
Loukkos
27
Moulouya
21
Sebou
59
Bouregreg Chaouia
20
Oum Er Rbia
35
Tensift
58
Souss Massa Draa
88
Guir Ziz Rhéris
4
Sakia Lhamra Oued Eddahab
13
Total
325
par bassin du volume d’eaudans total le secteur agricole et pour Cette ressource en eau seraRépartion réutilisée essentiellement l’arrosage des espaces verts et des golfs. La répartition par usage de ce volume, est donnée Annexe 5 : Projets dans le tableau ci-après :de réutilisation des EUE (En cours)
Oum Er-Rbia
Bassin
Surface Institution Utilisation Volume réutilisable à l’horizon 2030 irriguée responsable 3 (Mm /an)
Centre Usage El Attaouia
Agriculture, E.vert et golfs
Béni Mellal
Agriculture
Azilal
Agriculture, E.vert et golfs
Agriculture Industrie
387 ha
Espaces verts et golfs
Ben Guérir
Industrie
Oued Zem
Agriculture, E.vert et golfs
Recharge de nappe
Berrechid
Commune
149
Régie
17
ONEE
139 106 ha
ONEE
20
ONEE
Total 325 Agriculture 585 ha Projets de réutilisation des eaux usées épurées (en cours)
ONEE
Settat Agriculture 300 haNational de RADEEC Pour réussir la mise en place de ce plan d’action, un Plan Réutilisation Ben Ahmed NDmesures d’accompagnement ONEE des Eaux Usées est en coursAgriculture d’élaboration qui précisera les
Annexe 6 : Projets de réutilisation des EUE (Programmés ou projetées) Bouregreg
El Gara institutionnel, Agriculture 10 hadont notamment RADEEC d’ordre technique, réglementaire et financier, : Soualem Agriculture ND Régie Institution t $ POTJEÏSFS MFT FBVY VTÏFT DPNNF SFTTPVSDF QPUFOUJFMMF EBOT MF DBESF EV 1%"*3& FU Bassin Centre Utilisation responsable Skhirataux différents Agriculture 200 ha Redal les affecter usages ; Ouled Said Agriculture,E.vert et golfs Régie Nouacer MB SÏVUJMJTBUJPO Esp vert EFT FBVY VTÏFT EBOT MFT 4DIÏNBT ONDA (Lydec) t $POTJEÏSFS %JSFDUFVST Zauoit Cheikh ONEE Ain Aouda Golfs ONEE d’Assainissement Liquide ; Agriculture,E.vert et golfs Khénifra Agriculture,E.vert et golfs ONEE Mediouna Agriculture Lydec t 1SPNPVWPJS M BSSPTBHF EFT FTQBDFT WFSUT FU EFT HPMGT QBS MFT FBVY VTÏFT ÏQVSÏFT FU Loualidia Agriculture,E.vert et golfs limiter lesRahal émissaires enAgriculture mer aux cas où la réutilisation n’est pasRégie opportune Sidi Régie ;
Moulouya
Tensift Oum Er-Rbia
18
K. Agriculture,E.vert et golfs RasSraghna El Ain Agriculture chaouia Aghbala Agriculture,E.vert et golfs Saâda Agriculture,E.vert et golfs et golfs Afourar Agriculture,E.vert Chichaoua Agriculture,E.vert et golfs et golfs Boujniba Agriculture,E.vert Réutilisation des eaux usées épurées Tamslohte Agriculture,E.vert et golfs et golfs Boulanouar Agriculture,E.vert Kettara Agriculture,E.vert et golfs Kasbet Tadla Industrie Youssoufia Industrie Fki Ben Saleh Industrie Ras El Ain Agriculture,E.vert et golfs El Brouj Agriculture,E.vert et golfs Rhamna Demnate Agriculture,E.vert et golfs Sidi Mokhtar Agriculture,E.vert et golfs El Ksiba Agriculture,E.vert et golfs Ait Ourir Agriculture,E.vert et golfs Hattane Agriculture,E.vert et golfs Amezmiz Agriculture,E.vert et golfs Ouauoizeght Agriculture,E.vert Echamaia Agriculture,E.vert et golfs et golfs Zemamra Agriculture,E.vert Imintanout Agriculture,E.vert et golfs et golfs Ouled Fréj Agriculture,E.vert et golfs Oujda Agriculture Guisser Agriculture,E.vert et golfs
Beni Ayat
Agriculture,E.vert et golfs
ONEE RADEEC ONEE Régie ONEE ONEE ONEE ONEE ONEE OCPND OCPOCP Régie ONEE ONEE ONEE ONEE ONEE ONEE ONEE ONEE ONEE RégieONEE RégieRégie Régie ND
Sidi Hajjar Agriculture,E.vert golfs ONEE ProjetsHassar de réutilisation des eaux usées épuréeset(programmés ou projetés)
32
Rommani
Agriculture,E.vert et golfs
ONEE
S.Allal El Bahraoui
Agriculture,E.vert et golfs
ONEE
Sidi Moussa Ben Ali
Agriculture,E.vert et golfs
ONEE
Réutilisation des eaux usées épurées
153
TXDOLWÃ&#x201E; HW GHV VWDWLRQV Ã&#x201E;WDLHQW GH TXDOLWÃ&#x201E; PDXYDLVH » WUÃ&#x192;V PDXYDLVH
SUÃ&#x201E;VHQWÃ&#x201E; XQH HDX GH TXDOLWÃ&#x201E; H[FHOOHQWH XQH HDX GH ERQQH TXDOLWÃ&#x201E; GHV VWDWLRQV XQH PR\HQQH
154
La carte de qualité des principaux cours ci-après a été établie sur la base des données recueillies TXDOLWÃ&#x201E; HW GHV VWDWLRQV Ã&#x201E;WDLHQW GH TXDOLWÃ&#x201E; PDXYDLVH » WUÃ&#x192;V PDXYDLVH pendant les campagnes dâ&#x20AC;&#x2122;analyses réalisées au cours de lâ&#x20AC;&#x2122;année 2011/2012 et visualise la qualité la plus défavorable observée. La carte de qualité des principaux cours ci-après a été établie sur la base des données recueillies
pendant les campagnes dâ&#x20AC;&#x2122;analyses réalisées au cours de lâ&#x20AC;&#x2122;année 2011/2012 et visualise la qualité la plus défavorable observée.
Très mauvaise Excellent 12% 4%
Mauvaise 17% Moyenne 17%
Bonne 50%
EAUX SOUTERRAINES EAUX SOUTERRAINES
Concernant les nappes dâ&#x20AC;&#x2122;eaux souterraines, la qualité bactériologique et organique des nappes cont Concernant&DUWH QÂ&#x2039; 4XDOLWÃ&#x201E; GHV SULQFLSDX[ FRXUV GoHDX[ » OoÃ&#x201E;FKHOOH QDWLRQDOH les nappes dâ&#x20AC;&#x2122;eaux souterraines, la qualité bactériologique et organique des nappes contrôlées EAUX SOUTERRAINES est excellente à bonne. Cependant, la qualité minéralogique et azotée connait une détériorati est excellente à bonne. Cependant, la qualité minéralogique et azotée connait une détérioration par HQGURLW RX JÃ&#x201E;QÃ&#x201E;UDOLVÃ&#x201E;HV &HOOH FL HVW des GXH DX FRQWH[WH JÃ&#x201E;RORJLTXH GH FHUWDLQHV QDSSHV .HUW Concernant les nappes dâ&#x20AC;&#x2122;eaux souterraines, la qualité bactériologique et organique nappes contrôlées HQGURLW RX JÃ&#x201E;QÃ&#x201E;UDOLVÃ&#x201E;HV &HOOH FL HVW GXH DX FRQWH[WH JÃ&#x201E;RORJLTXH GH FHUWDLQHV QDSSHV .HUW *DUHE est excellente à bonne. Cependant, la qualité minéralogique et azotée connait une détérioration par %RXDUHJ 7DƬODOWH DX[ DFWLYLWÃ&#x201E;V HQ VXUIDFH QRWDPPHQW OHV UÃ&#x201E;VLGXV GHV HDX[ XVÃ&#x201E;HV QDSSH GH 0 HQGURLW %RXDUHJ 7DƬODOWH DX[ DFWLYLWÃ&#x201E;V HQ VXUIDFH QRWDPPHQW OHV UÃ&#x201E;VLGXV GHV HDX[ XVÃ&#x201E;HV QDSSH GH 0DUWLO RX JÃ&#x201E;QÃ&#x201E;UDOLVÃ&#x201E;HV &HOOH FL HVW GXH DX FRQWH[WH JÃ&#x201E;RORJLTXH GH FHUWDLQHV QDSSHV .HUW *DUHE $QJDG HW » OoXWLOLVDWLRQ H[FHVVLYH GHV HQJUDLV HW GHV SHVWLFLGHV 7ULƪD %HQL $PLU %HQL 0RXVVD * %RXDUHJ 7DƬODOWH DX[ DFWLYLWÃ&#x201E;V HQ VXUIDFH QRWDPPHQW OHV UÃ&#x201E;VLGXV GHV HDX[ XVÃ&#x201E;HV QDSSH GH 0DUWLO $QJDG HW » OoXWLOLVDWLRQ H[FHVVLYH GHV HQJUDLV HW GHV SHVWLFLGHV 7ULƪD %HQL $PLU %HQL 0RXVVD *KDUE $QJDG HW » OoXWLOLVDWLRQ H[FHVVLYH GHV HQJUDLV HW GHV SHVWLFLGHV 7ULƪD %HQL $PLU %HQL 0RXVVD *KDUE /HV QDSSHV GX PR\HQ $WODV &KDUI /DNDE 2XOHG 2JEDQH )QLGHT OD KDXWH 0RXORX\D *XLU HW GX /HV QDSSHV GX PR\HQ $WODV &KDUI /DNDE 2XOHG 2JEDQH )QLGHT OD KDXWH 0RXORX\D *XLU HW GX 6RXVV /HV QDSSHV GX PR\HQ $WODV &KDUI /DNDE 2XOHG 2JEDQH )QLGHT OD KDXWH 0RXORX\D *XLU HW GX 6RXVV amont sont caractérisées par une eau de bonne qualité. amont sont caractérisées par une eau de bonne qualité. Qualitépar des principaux dâ&#x20AC;&#x2122;eaux à lâ&#x20AC;&#x2122;échelle nationnal amont sont caractérisées une eaucours de bonne qualité. &DUWH QÂ&#x2039; 4XDOLWÃ&#x201E; GHV SULQFLSDX[ FRXUV GoHDX[ » OoÃ&#x201E;FKHOOH QDWLRQDOH
(Q JÃ&#x201E;QÃ&#x201E;UDO GHV VWDWLRQV GoHDX[ VRXWHUUDLQHV RQW Ã&#x201E;WÃ&#x201E; GH TXDOLWÃ&#x201E; H[FHOOHQWH » PR\HQQH FRQWUH (Q JÃ&#x201E;QÃ&#x201E;UDO GHV VWDWLRQV GoHDX[ VRXWHUUDLQHV RQW Ã&#x201E;WÃ&#x201E; GH TXDOLWÃ&#x201E; H[FHOOHQWH » PR\HQQH FRQW de10 qualité dégradée.
(Q JÃ&#x201E;QÃ&#x201E;UDO GHV VWDWLRQV GoHDX[ VRXWHUUDLQHV RQW Ã&#x201E;WÃ&#x201E; GH TXDOLWÃ&#x201E; H[FHOOHQWH » PR\HQQH FRQWUH de qualité dégradée. de qualité dégradée. Excellent Bonne Très mauvaise 0.5% 27.7% 28.2%
10 Mauvaise 18.9%
Moyenne 24.6%
EAUX SOUTERRAINES Concernant les nappes dâ&#x20AC;&#x2122;eaux souterraines, la qualité bactériologique et organique des nappes contrôlées est excellente à bonne. Cependant, la qualité minéralogique et azotée connait une détérioration par HQGURLW RX JÃ&#x201E;QÃ&#x201E;UDOLVÃ&#x201E;HV &HOOH FL HVW GXH DX FRQWH[WH JÃ&#x201E;RORJLTXH GH FHUWDLQHV QDSSHV .HUW *DUHE %RXDUHJ 7DƬODOWH DX[ DFWLYLWÃ&#x201E;V HQ VXUIDFH QRWDPPHQW OHV UÃ&#x201E;VLGXV GHV HDX[ XVÃ&#x201E;HV QDSSH GH 0DUWLO $QJDG HW » OoXWLOLVDWLRQ H[FHVVLYH GHV HQJUDLV HW GHV SHVWLFLGHV 7ULƪD %HQL $PLU %HQL 0RXVVD *KDUE &DUWH QÂ&#x2039; 4XDOLWÃ&#x201E; GHV SULQFLSDOHV QDSSHV GoHDX[ VRXWHUUDLQHV » OoÃ&#x201E;FKHOOH QDWLRQDOH /HV QDSSHV GX PR\HQ $WODV &KDUI /DNDE 2XOHG 2JEDQH )QLGHT OD KDXWH 0RXORX\D *XLU HW GX 6RXVV amont sont caractérisées par une eau de bonne qualité. (Q JÃ&#x201E;QÃ&#x201E;UDO GHV VWDWLRQV GoHDX[ VRXWHUUDLQHV RQW Ã&#x201E;WÃ&#x201E; GH TXDOLWÃ&#x201E; H[FHOOHQWH » PR\HQQH FRQWUH de qualité dégradée. 11
Qualité des &DUWH QÂ&#x2039; 4XDOLWÃ&#x201E; GHV SULQFLSDOHV QDSSHV GoHDX[ VRXWHUUDLQHV » OoÃ&#x201E;FKHOOH QDWLRQDOH principales nappes dâ&#x20AC;&#x2122;eaux souterraines à lâ&#x20AC;&#x2122;échelle nationnal &DUWH QÂ&#x2039; 4XDOLWÃ&#x201E; GHV SULQFLSDOHV QDSSHV GoHDX[ VRXWHUUDLQHV » OoÃ&#x201E;FKHOOH QDWLRQDOH
Le paramètre de dÊclassement de la de qualitÊ des eaux surface est la teneur matières Le paramètre de dÊclassement la qualitÊ desdeeaux de surface est laÊlevÊe teneurenÊlevÊe en matières organiques qui est aux rejets des eaux en aval de Dar organiques quiliÊ estdirectement liÊ directement aux rejets desusÊes eauxnotamment usÊes notamment enBenguerir, aval de Benguerir, Dar Ouled Zidouh etSidi avalBennour. Sidi Bennour. Ouled Zidouh et aval
Annexes
155
1DSSH %DKLUD $X QLYHDX GH OD QDSSH GH OD %DKLUD ]RQH QRUG JĂ&#x201E;UĂ&#x192;H SDU OoDJHQFH GH EDVVLQ GH Oo2XP (U 5ELD LO D ĂŠtĂŠ constatĂŠ que la moitiĂŠ des puits ont prĂŠsentĂŠ une eau de mauvaise qualitĂŠ en raison de la forte minĂŠralisation de ces eaux qui a atteint 4500Îźs/cm. Le reste des puits ont ĂŠtĂŠ de qualitĂŠ moyenne en 1DSSH %DKLUD raison des paramètres conductivitĂŠ et nitrates qui a ĂŠtĂŠ de lâ&#x20AC;&#x2122;ordre de 46 mg/l au niveau du puits 3024/44. $X QLYHDX GH OD QDSSH GH OD %DKLUD ]RQH QRUG JĂ&#x201E;UĂ&#x192;H SDU OoDJHQFH GH EDVVLQ GH Oo2XP (U 5ELD LO D
Les organique et puits bactĂŠriologique de classe excellente. ĂŠtĂŠqualitĂŠs constatĂŠ que la moitiĂŠ des ont prĂŠsentĂŠ uneont eauĂŠtĂŠ de mauvaise qualitĂŠ en raison de la forte minĂŠralisation de ces eaux qui a atteint 4500Îźs/cm. Le reste des puits ont ĂŠtĂŠ de qualitĂŠ moyenne en 1DSSH $EGD 'RXNNDOD raison des paramètres conductivitĂŠ et nitrates qui a ĂŠtĂŠ de lâ&#x20AC;&#x2122;ordre de 46 mg/l au niveau du puits 3024/44.
Très mauvaise Mauvaise
Excellente
/D GHV 7% HDX[ GH OD QDSSH ont Go$EGD 'RXNNDOD SHQGDQW OD FDPSDJQH GoDQDO\VHV HĆŞHFWXĂ&#x201E;H HQ 0DL LesTXDOLWĂ&#x201E; qualitĂŠs7% organique et bactĂŠriologique ĂŠtĂŠ de classe excellente. 13% 2012 ĂŠtait comme suit : Moyenne 1DSSH $EGD 'RXNNDOD
13% r GHV SXLWV SUĂ&#x201E;VHQWHQW XQH HDX GoXQH TXDOLWĂ&#x201E; PR\HQQH
/D TXDOLWĂ&#x201E; GHV HDX[ GH OD QDSSH Go$EGD 'RXNNDOD SHQGDQW OD FDPSDJQH GoDQDO\VHV HĆŞHFWXĂ&#x201E;H HQ 0DL Bonne &DUWH (WDW GH TXDOLWĂ&#x201E; GHV HDX[ GH VXUIDFH GDQV OH EDVVLQ GH Oo2XP (U 5ELD 2012 ĂŠtait comme suit : r GHV SXLWV SUĂ&#x201E;VHQWHQW XQH HDX GH PDXYDLVH Âť WUĂ&#x192;V PDXYDLVH TXDOLWĂ&#x201E; 60%
(DX[ GH EDUUDJHV Lesr GHV SXLWV SUĂ&#x201E;VHQWHQW XQH HDX GoXQH TXDOLWĂ&#x201E; PR\HQQH paramètres de dĂŠclassement de la qualitĂŠ des eaux de cette nappe sont les teneurs ĂŠlevĂŠes en nitrates qui ont atteint 133 mg/l en plus de la forte minĂŠralisation. /HV UĂ&#x201E;VXOWDWV GHV DQDO\VHV HĆŞĂ&#x201E;FWXĂ&#x201E;HV HQ 0DL DX QLYHDX GHV JUDQGV EDUUDJHV PRQWUHQW TXH OHV r GHV SXLWV SUĂ&#x201E;VHQWHQW XQH HDX GH PDXYDLVH Âť WUĂ&#x192;V PDXYDLVH TXDOLWĂ&#x201E; &DUWH (WDW GH TXDOLWĂ&#x201E; GHV HDX[ GH VXUIDFH GDQV OH EDVVLQ GH Oo2XP (U 5ELD Ă&#x2030;tat de qualitĂŠ des eaux Sidi de surface dans le bassin de lâ&#x20AC;&#x2122;Oum ErMessaoud, Rbia retenues de barrages Massira, Daourate, Said Maâchou, Imfout, Bine El Ouidane, LaLescarte ci-après prĂŠsenteEllâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠtat de qualitĂŠ eaux souterraines dansĂŠlevĂŠes leAit bassin paramètres de dĂŠclassement de la qualitĂŠ des eauxdes de cette nappe sont les teneurs en de lâ&#x20AC;&#x2122;Oum Er Rbia ainsi Hassan Premier et Sidi Driss prĂŠsentent une eau de qualitĂŠ excellente Ă bonne . La retenue Ahmed El BASSIN DE Lâ&#x20AC;&#x2122;OUM ER RBIA que la rĂŠpartition des stations dâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠchantillonnage par niveau de qualitĂŠ. nitrates qui ont atteint 133 mg/l en plus de la forte minĂŠralisation. Hansali a prĂŠsentĂŠ une qualitĂŠ moyenne en raison des teneurs en Chlorophylle a de lâ&#x20AC;&#x2122;ordre de 15Îźg/l. (DX[ GH EDUUDJHV La carte ci-après prĂŠsente lâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠtat de qualitĂŠ des eaux souterraines dans le bassin de lâ&#x20AC;&#x2122;Oum Er Rbia ainsi (DX[ GH VXUIDFH
que la rĂŠpartition des stations dâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠchantillonnage par niveau de qualitĂŠ. /HV UĂ&#x201E;VXOWDWV GHV DQDO\VHV HĆŞĂ&#x201E;FWXĂ&#x201E;HV HQ 0DL DX QLYHDX GHV JUDQGV EDUUDJHV PRQWUHQW TXH OHV /HV UĂ&#x201E;VXOWDWV GHV DQDO\VHV HĆŞHFWXĂ&#x201E;HV DX QLYHDX GH VHL]H VLWHV GH VXLYL GH OD TXDOLWĂ&#x201E; GH OoRXHG 2XP (U retenues de barrages El Massira, Daourate, Sidi Said Maâchou, Imfout, Ait Messaoud, Bine El Ouidane, 5ELD HW VHV SULQFLSDX[ DĆ°XHQWV 7HVVDRXW HW (O $ELG HQ SOXV GHV FRXUV GnHDX TXL GUDLQHQW OH EDVVLQ WHOV Hassan Premier etque Sidilâ&#x20AC;&#x2122;Oued Driss prĂŠsentent une eau de qualitĂŠ excellente Ă bonne . La retenue Ahmed El Bouchane, Felfel et Gaino montrent que : Hansali 30 a prĂŠsentĂŠ une qualitĂŠ moyenne en raison des teneurs en Chlorophylle a de lâ&#x20AC;&#x2122;ordre de 15Îźg/l.
r GHV VWDWLRQV SUĂ&#x201E;VHQWHQW XQH TXDOLWĂ&#x201E; H[FHOOHQWH Âť PR\HQQH
r GHV VWDWLRQV SUĂ&#x201E;VHQWHQW XQH TXDOLWĂ&#x201E; PDXYDLVH Âť WUĂ&#x192;V PDXYDLVH
30
Le paramètre de dÊclassement de la qualitÊ des eaux de surface est la teneur ÊlevÊe en matières organiques qui est liÊ directement aux rejets des eaux usÊes notamment en aval de Benguerir, Dar Ouled Zidouh et aval Sidi Bennour.
EAUX SOUTERRAINES Concernant les nappesBonne dâ&#x20AC;&#x2122;eaux souterraines, la qualitĂŠ bactĂŠriologique et organique des nappes contrĂ´lĂŠes 3%Cependant, est excellente Ă bonne. Moyennela qualitĂŠ minĂŠralogique et azotĂŠe connait une dĂŠtĂŠrioration par HQGURLW RX JĂ&#x201E;QĂ&#x201E;UDOLVĂ&#x201E;HV &HOOH FL 35% HVW GXH DX FRQWH[WH JĂ&#x201E;RORJLTXH GH FHUWDLQHV QDSSHV .HUW *DUHE Très mauvaise %RXDUHJ 7DĆŹODOWH DX[ DFWLYLWĂ&#x201E;V HQ VXUIDFH QRWDPPHQW OHV UĂ&#x201E;VLGXV GHV HDX[ XVĂ&#x201E;HV QDSSH GH 0DUWLO 49% $QJDG HW Âť OoXWLOLVDWLRQ H[FHVVLYH GHV HQJUDLV HW GHV SHVWLFLGHV 7ULĆŞD %HQL $PLU %HQL 0RXVVD *KDUE /HV QDSSHV GX PR\HQ $WODV &KDUI /DNDE 2XOHG 2JEDQH )QLGHT OD KDXWH 0RXORX\D *XLU HW GX 6RXVV amont sont caractĂŠrisĂŠes Mauvaise par une eau de bonne qualitĂŠ. 15.5% &DUWH (WDW GH OD TXDOLWĂ&#x201E; GHV HDX[ VRXWHUUDLQHV GDQV OH EDVVLQ GH Oo2XP (U 5ELD &DUWH (WDW GH OD TXDOLWĂ&#x201E; GHV HDX[ VRXWHUUDLQHV GDQV OH EDVVLQ GH Oo2XP (U 5ELD (Q JĂ&#x201E;QĂ&#x201E;UDO GHV VWDWLRQV GoHDX[ VRXWHUUDLQHV RQW Ă&#x201E;WĂ&#x201E; GH TXDOLWĂ&#x201E; H[FHOOHQWH Âť PR\HQQH FRQWUH Ă&#x2030;tat de qualitĂŠ des eaux souterraines dans le bassin de lâ&#x20AC;&#x2122;Oum Er Rbia de qualitĂŠ dĂŠgradĂŠe.
32 32
Agence du basin hydraulique dâ&#x20AC;&#x2122;Oum Er Rbia, &DUWH (WDW GH TXDOLWĂ&#x201E; GHV HDX[ GH VXUIDFH GDQV OH EDVVLQ GH Oo2XP (U 5ELD QualitĂŠ globale des eaux superficielles (Mai 2012)
(DX[ GH EDUUDJHV
156 Tournai, Belgique
Plan de 1550, d’après l’Atlas de Deventer
Plan de 1668
Plan de 1709
Grandes phases d’évolution de la seconde enceinte de Tournai
Annexes
157
158
Le patrimoine antérieur à 1600 et encore conservé
Annexes
159
160
Les Portes dâ&#x20AC;&#x2122;eau de Tournai
Annexes
161
162
1289 - 1302
1450 - 1500
Avant 1581
XVIème siècle
1905 - 1909
1911
Les différentes phases d’évolution du tronçon Marvis
Annexes
163
164
La petite rivière au pied des remparts Marvis
Annexes
1908-1909, remorqueur tirant des bateaux remplis de terre, destinés à combler la petite rivière, dont le départ vers la rive droite se trouvait en amont des remparts Marvis
Ces rails guidaient des petits wagonnets chargés en terre au niveau de l’Escaut, pour combler progressivement la petite rivière. Depuis le tronçon Marvis, ces rails contournaient l’ensemble de la ville.
Une fois la petite rivière comblée de terre, les hommes ont enlevé les rails.
165
-
Vitesse moyenne du vent (km/h) : moyennes mensuelles et annuelle.
Le tableau suivant présente les caractéristiques climatiques de la ‘région’ de Tournai. Tableau 1 : Facteurs climatiques de la ‘région’ de Tournai (source : IRM)
166
Jan
Fév
Mars
Avr
Mai
Juin
Juil
Août
Sept
Oct
Nov
Déc
Année2
- maximale
5,3
6,6
9,5
13,5
17,6
20,8
21,3
22,4
20,0
14,7
9,2
5,8
13,9
- minimale
-0,3
0,2
Aléa d'inondation (Version 2016) - Série 5,5 1,7 4,2 7,4 10,2 12,0 11,8 9,5 6,1 3,0 0,8
Précipitations (l/m²)
61
50
52
52
60
65
72
74
71
72
68
67
764
Insolation (h)
54
70
126
165
202
203
194
186
156
116
60
42
1.574
Vitesse du vent (m/s)
4,4
4,0
4.0
3.8
3.3
3.0
3.1
3.0
3.2
3.5
4.1
4.2
3,6
Température (°C)
Géoportail de la Wallonie
La température maximale moyenne annuelle dans la ‘région’ de Tournai est donc d’environ 14°C, tandis que la minimale est de 5,5°C. Les mois les plus chauds sont juin, juillet et août avec des moyennes maximales comprises entre 20,8 et 22,4°C. Concernant les précipitations, 764 mm de pluie tombent en moyenne chaque année dans la ‘région’ de Tournai. Les mois les plus pluvieux s’étalent de juillet à décembre. Les mois connaissant une insolation maximale sont les mois de mai et juin avec, respectivement, 202 et 203 heures d’ensoleillement. Enfin, le vent a une vitesse moyenne (annuelle) de 3,6 m/s (13 km/h), mais elle reste globalement constante durant toute l’année (11 – 16 km/h). La rose des vents représentative des conditions climatiques dans la ‘région’ de Tournai, est reprise ci-dessous (il s’agit de la rose des vents réalisée sur base des données de la station de Chièvres relatives à la période 1994-1998).
2
Valeurs moyennes à l’exception de celles relatives à l’insolation et aux précipitations qui sont des totaux.
STRATEC S.A
Rapport final – janvier 2015 C870 - Etude d’Incidences relative à la modernisation de la traversée de Tournai à la classe Va
Aléas d’inondations
Annexes
167
168
Annexes
169
170
Projet Ă venir dâ&#x20AC;&#x2122;une digue de protection, en amont de la ville
Annexes
171
«Ce projet a déjà été discuté par diverses administrations (en ce compris le DNF) et associations, et donc je ne le remettrai pas formellement en question. Le contexte actuel est tel qu’il est difficile de contrer efficacement ce type de projet qui vise essentiellement à réduire l’impact des inondations sur des habitations qui, pour la plupart, n’auraient jamais dû être construites dans cette zone inondable. Fondamentalement, il est clair que le travail est à réaliser en amont pour favoriser des débordements sur des zones boisées et de prairies. C’est ce que nous avions préconisé lors de l’étude hydromorphologique de l'ensemble du bassin versant (en proposant des parcelles qui auraient pu assez facilement constituer des zones de rétention). Les élus et leurs administrations ont préféré des aménagements clairement plus visibles et lisibles auprès des riverains impactés. Il est en effet plus « facile » et « spectaculaire » de construire un mur que d’intervenir sur la restauration des aspects géomorphologiques d’un cours d’eau et de négocier avec des agriculteurs et propriétaires de bois, surtout si ces derniers ont le sentiment de ne pas être concernés, leurs parcelles se trouvant situées bien en amont des dégâts occasionnés par des inondations en aval. Le seul point positif est la possibilité d’obtenir des mesures de gestion compensatoires sur le site des Prés d’Amour (pierriers encastrés dans les digues pour les amphibiens – et ainsi éviter la traversée de la voirie pour rejoindre le chemin de fer où beaucoup hivernent - , étrépage avec évacuation des terres notamment,…). Par contre l’intégration d’autres prés humides au sein de la « réserve naturelle » (non encore reconnue) ne semble pas pouvoir se concrétiser, les propriétaires / exploitants ne souhaitant pas vendre ou collaborer par convention. (à vérifier dans les mois à venir…). Une précision concernant cette problématique « inondation » sur Warchin : nous sommes davantage en présence d’une inondation par refoulement que par un débit et un volume d’eau importants provenant de l’amont. Outre le fait que les habitations sont situées en zone naturellement inondable, l’écoulement et la confluence des cours d’eau se localisent dans un secteur très urbanisé avec des pertuis, ponts,… à gabarit très étroit et un cours d’eau qui termine sa course en angle droit au niveau des quais de l’Escaut. Toutes les conditions sont dès lors réunies pour que cela déborde au niveau du faubourg Morel, point d’accumulation des eaux de refoulement et celles venant de l’amont.» Benoît Gauquie (Chargé de mission Patrimoine naturel et Biodiversité) échange datant du 12 et 13 février 2014
RÉFÉRENCES
174
Livres
Bibliographie
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Références
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Tout autre document non référencé est originaire de mon travail personnel.
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Achevé d’imprimé le 29 mai 2019, Sur du papier Classic demimatt 130g/m² Couverture Classic Protection mat 300g/m² Université Catholique de Louvain LOCI Tournai rue de Glategnies, 6 - B-7500 Tournai
« Le poète se souvient de l’avenir. » Jean Cocteau