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Les Nuits transfigurées
Musique
LES N U ITS TRANSFIGURÉES
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Décembre Jeu 10 — 19h30 Ven 11 — 20h30
Lieu salle Poirel
€ 6—40 Les Nuits transfigurées Ravel — De Falla — Schönberg — Wagner
Orchestre de l’Opéra national de Lorraine
Direction musicale Bas Wiegers Maurice RavelPrélude à la nuit, Rapsodie espagnole Manuel de FallaNuits dans les jardins d’Espagne Arnold SchönbergLa Nuit transfigurée, opus 4 Richard WagnerTristan et Isolde, prélude et mort d’Isolde
Première grande œuvre orchestrale de Ravel, Rapsodie espagnole (1907) fait montre de son immense talent de peintre: son Prélude à la nuit reproduit à l’infini une cellule de notes qui se fond en un décor envoûtant. Avec Nuits dans les jardins d’Espagne (1915), nous nous aventurons plus loin en terre espagnole. De Falla met une exubérante richesse orchestrale au service de ce qu’il nomme «impressions musicales».
Mais nous voici au point focal de notre saison, dont le sextuor à cordes de Schönberg a inspiré le thème. Partant d’un poème de Richard Dehmel, le compositeur nous donne rendez-vous dans la nuit froide d’une forêt chauve, où nous sommes témoins d’une scène entre deux amants: une femme avoue à un homme qu’elle attend un enfant qui n’est pas de lui, et tous deux flirtent avec le mystère de l’existence. Quelques années et deux quatuors à cordes plus tard, Schönberg fera basculer le 20 e siècle dans l’atonalité. Transfiguration de la nuit en jour, transfiguration du mode mineur par le mode majeur, transfiguration de la poésie par la musique pure, La Nuit transfigurée reste pour l’heure sur les rives du romantisme. Mais la beauté toxique qui s’y donne à entendre annonce déjà la dissolution prochaine de la tonalité et la promesse de contrées inconnues.
«Me noyer, sombrer, perdre conscience…»: même sentiment de dissolution, même sentiment d’abandon dans l’acte final de Tristan et Isolde (1865). Au fond, d’aucuns ne pressentent-ils pas – dans le célèbre «accord de Tristan» qui débute l’opéra de Wagner – cet adieu à la tonalité? Les affres du réel s’estompent tandis qu’Isolde meurt d’amour et rejoint l’immense souffle du monde. Et la musique devient pareille au corps transfiguré de l’amante dans l’installation du plasticien Bill Viola: une pluie d’un millier de gouttes qui s’élèvent pour regagner le ciel. 27