L’intimité dans l’espace public : un parcours du design à l’architecture
SCHUHMACHER VIVIANE ECOLE BLEUE 2A Mai 2013 Couverture: MUNARI BRUNO, emozioni, aquarelles
«C’est fragile, l’intimité»,
Suzanne Jacob
MUNARI BRUNO, Da cosa nasce cosa - Laterza (1981)
On ne connaîtrait « le cœur des choses » qu’à travers les sentiments qu’elles éveillent en nous. L’intimité dans l’esapce publique est une réelle problématique que nous nous posons de nos jours. L’espace publique étant ouvert à tous, on se sent très vite vulnérable et en danger. Dans nos sociétés où l’intime et le privé sont de plus en plus médiatisés et souvent confondus, où chacun peut écrire ou filmer sa vie et la mettre en circulation sur Internet, la livrer au public, rend l’intimité obsolète. Notre but est de réfléchir à la conception d’un abris dans le parc de Monsouri situé dans le 14ème arrondissement à Paris. Pour cela nous adopterons la méthode de Munari pour la conception de notre abris. La méthodologie de Munari est de définir un problème et de la résoudre comme une recette de cuisine. Nous allons donc définir chaque ingrédients de notre recette pour arriver à faire un abris dans un parc parisien dans un soucis d’intimité. Cette méthodologie à permis au design italien de sortir du modèle du fonctionnalisme, qui n’allait pas dans le coeur des choses.
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Nous pouvons définir l’espace public comme un espace physique, composé d’un socle et qui se développe jusqu’au ciel. Cet espace est associé au domaine public de la collectivité publique ou il s’insère, il n’appartient donc à personne de droit et est à l’usage de tous. C’est le croisement entre l’état et les citoyens. Juridiquement, un espace est public lorsque les trois critères ci-dessous sont réunis : -il appartient à la collectivité public -il est affecté directement à l’usage du public ou à un service public -il est aménagé spécialement à cet effet L’espace public représente dans la société toutes les voiries, les places, il est l’ensemble des espaces de passage et de rassemblement. Il peut devenir un espace politique lorsqu’il est lieu de décision, citons pour exemple le 14 juillet 1789, jour ou le peuple français décide de renverser la monarchie par la prise de la Bastille.
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La prise de la Bastille par Charles ThĂŠvenin 1793
La prise de la Bastille par Jean-Baptiste Lallemand 1789
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Symbolique de liberté (liberté d’utilisation, liberté de manifestation, de parole et d’expression) il ne peut exister que dans un contexte démocratique sans lequel les différents acteurs politiques, culturels, sociaux, religieux , intellectuels, ne pourraient échanger. Liberté ne veut cependant pas dire que l’on peut tout ce permettre dans ces lieux. La collectivité propriétaire est restreinte par l’ensemble des lois, pour le maintient de l’ordre. Il est possible de privatisé un espace public. Pour cela il est imperatif d’obtenir un titre temporaire d’occupation. Si l’on devait résumer en trois mots l’espace public : liberé, égalité et gratuité seraient les termes employés. L’espace privée s’oppose à l’espace public. Il appartient à un particulier, nul n’a le droit d’y circuler s’il n y est pas invité. Quel est l’intérêt pour l’architecte et l’urbaniste de refléchir à cette notion? En France, les notions d’espaces publics et d’espaces privés sont reconnus en 1905 dans le traité de loi séparant l’ Eglise et l’Etat, il faut cependant attendre les années 1980 pour connaitre l’essor de ces lieux. L’espace public n’est pas un lieu vide, mais rempli une fonction. Il est l’ossature de l’organisation urbaine, espace de visibilité mutuelle, il rend visible la vie urbaine ,et est le miroir de la société ; c’est pourquoi l’architecte et l’urbaniste cherche à donner une identité, une cohérence à ces lieux. Souvent pensés en termes techniques et utilitaires, l’aspect social a été négligé. Nous avons tendance a opposer espaces privés et espaces publics, pourtant, si il existe une frontière entre ces deux espaces, elle est poreuse. Domaines publics et privés se côtoient, réagissent en osmose et se valorisent mutuellement.
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Le parc Montsouris est un jardin public situé au sud de Paris, dans le 14e arrondissement. Aménagé par lʼingénieur JeanCarles Alphand entre 1867 et 1878 sous le préfet Haussmann et Napoléon III. Ce parc à lʼanglaise a été aménagé sur dʼanciennes carrières et sʼétend sur 15 hectares. Une statio météorologique de référence à Paris se trouve dans le jardin. Le parc est situé entre la porte de Gentilly et la porte d’Arcueil. Il est imaginé au Second Empire dans le but d’offrir aux parisiens des espaces verts aux quatre points cardinaux de Paris. La disposition des plantations et bosquets sont organisées en fonction des vues panoramiques, dirigées vers la vallée de la Bièvre, vers le Panthéon et vers l’Observatoire. Ce lieu avait été utilisé, lors de la fermeture définitive du cimetière des Innocents, pour ensevelir les restes des défunts. Le parc Montsouris a été construit au dessus des lignes de chemins de fer des Sceaux et de la Petite Ceinture. Il possède également un lac artificiel. lac artificiel. En 1871 lors de la Commune, il fut le théâtre de combats et la Seconde Guerre mondiale y fit au moins une victime.
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Parmi les bâtiments et constructions que lʼon a pu observer ou que lʼon peut encore observer aujourdʼhui on pourra citer : -Le Palais du Bardo ou observatoire météorologique construit par Alfred Chapon en 1867 pour représenter la Tunisie à lʼExposition Universelle. Il brûla entièrement le 5 mars 1991. - En 1875, il devient un observatoire chargé de compléter les connaissances astronomiques des officiers issus de l’École navale. Puis un lieu de stockage des archives du Bureau des longitudes. - En 1872, fut fondé l’observatoire météorologique de Montsouris par Charles Sainte-Claire Deville. -Le méridien de Paris traverse le parc Montsouris appelé « Mire du Sud ». -Le Pavillon Montsouris. Un restaurant créé en 1889, habillé d’une verrière en 1930, a reçu de prestigieux clients tels que Lénine et Trotsky, Beauvoir et Sartre, Jouvet et Carné,etc.. -La ligne B du RER traverse le parc Montsouris. La gare de Cité universitaire plus exactement. La ligne de Petite Ceinture, voie de chemin de fer désaffectée depuis 1934, passe par le parc Montsouris. Enfin, il est traversé par le sentier de grande randonnée.
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L’architecture éphémère a représenté pendant des siècles une part importante de l’activité artistique. Depuis l’antiquité, des décors de théatre ou de fêtes sont réalisés pour une courte durée à partir de matériaux périssables en vue d’une représentation bien spécifique. Dans ce cas, l’architecture éphémère est logiquement liée à celle d’un évenement exceptionnel mais provisoire. Si depuis les années 30, les architectes ont pensé et construit de nombreux projets d’habitats temporaires, c’est dans les années 1960 que se développe une architecture expérimentale prenant en compte l’aspiration de toute une génération à de nouveaux modes de vie. En rupture avec les préceptes du modernisme et avec l’idée d’une architecture fixe et pérenne, certains architectes abordent le projet, non plus sous l’angle de l’objet construit, mais sous l’angle d’un champ d’expériences possibles remettant en cause le conformisme de l’architecture et de ses usages.
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Détail maquette village en carton
Village de vacances en carton. Après utilisation, le village est brûlé, laissant la nature intacte.
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GUY ROTTIER, ARCHITECTURE EPHEMERE et de RECUPERATION - 1969 Village de vacances en carton.Conçu après les manifestations de Woodstock dans les années 1960 en Angleterre. Cellules sans portes ni fenêtres. L’ensemble est espace public, sans confort. La toiture est à inventer par les utilisateurs sur une structure poteaux-câbles fournie. Le principe en est que les utilisateurs soient acifs pendant la période de vacances et en communication avec les autres vacanciers. Les groupes sanitaires sont collectifs, à proximité du village. Récupération et éphémère sont souvent liés au concept de pauvreté, de sous développement ou de bidonville. Mais comme ces noms l’indiquent, l’architecture éphémère et de récupération ne peuvent concerner que des activités temporaires pour lesquelles il est absurde de faire des investissements comparables à ceux que suppose la résidence principale ou secondaire. C’est pour cela que les deux visages essentiels de ces architectures sont : - l’élaboration de logements d’ urgence ou saisonniers. - les activités de loisirs et de vacances. S’il peut paraître étonnant que les industriels qui se préoccupent de la récupération ne se soient pas davantage intéressés à ce problème, c’est que celui-ci relève d’un ensemble d’ interdictions, souvent arbitraires, qui règlementent la construction.
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SHIGERU BAN, PAPER LOG HOUSE, 1995 Pour venir en aide aux survivants du tremblement de terre de Kobe en 1995, Shigeru Ban conçoit un abri temporaire répondant à l’urgence de la situation : constructions provisoires résistant aux séismes, peu coûteuses, capables d’assumer des conditions météorologiques extrêmes, plus confortables que les tentes habituellement utilisées, recyclables, faciles à transporter et à stocker, rapides à monter et pouvant être construites par les victimes elles-mêmes. Quatre-vingts abris furent ainsi élevés par des étudiants, des volontaires japonais et vietnamiens, chacun en moins de dix heures. Chaque abri offre un lieu de vie de 16 m2, bien isolé des intempéries (les tubes sont imperméabilisés par du polyuréthane transparent et bourrés de papier journal). Le sol en contre-plaqué repose sur des caisses de bière lestées de sable, recyclables elles aussi ; les tubes assemblés forment les murs et le faîtage ; la toiture en toile de bâche ne peut ainsi s’effondrer. Humaniste, fonctionnelle, ingénieuse, poétique, l’architecture de Shigeru Ban recycle des matériaux préfabriqués - containers, tubes de carton, textiles et redéfinit nos façons d’explorer l’environnement ou les modes d’habiter. Maison sans mur, façades escamotables, espaces flexibles, chambres à coucher mobiles... Le Japonais ouvre l’espace et crée des agencements modulables. Déshabille les maisons pour privilégier la lumière. Décline des espaces en plein air, abrités ou complètement clos. Et tisse des relations intimes entre intérieur et extérieur, entre paysage et habitat, entre espace public et privé.
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Progetto di restauro di un fienile maquette de 1990: Bois, carton plume, carton, plexiglas dessin de 1970: Crayon graphite sur papier
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L’ingénieuse conquête de la montagne du tigre. PROJET POUR L’UNIVERSITE DE FLORENCE En 1971, l’université de Florence lance un concours pour la création de nouveaux bâtiments. Le mémoire de maîtrise des membres d’UFO, intitulé L’ingénieuse conquête de la montagne du tigre. Projet pour l’université de Florence se présente comme une réponse à celui-ci. Pour ce projet, ils réalisent un plan de la zone d’implantation prévue, entre Siesto Fiorentino et Florence (indiquées par les lettres A et B), dont ils modifient l’échelle réelle pour l’agrandir (environ à toute l’Italie du Nord) et créer un « territoire discontinu », terre d’accueil pour des « signes » hétérogènes. Sur cette carte revisitée, ils représentent une montagne tronquée où sont réunis plusieurs projets conçus par le groupe et prenant ici valeur de manifestes : un fenil restauré (Progetto di Restauro di un Fienile, 1970), un magasin de vêtements (Progetto di Negozio di Abbigliamento, 1970), une villa « sous le cratère » (Progetto di Villa sotto il Cratere, 1970), une villa et un observatoire « avec muraille chinoise en caoutchouc » (Progetto di Villa e Osservatorio con Muraglia cinese di Gomma, 1970), une villa « romaine » (Progetto di Villa romana, 1970) et une villa « village mexicain » (Progetto di Villa Pueblo Mexicano, 1970). Chaque projet illustre cette « architecture narrative » défendue par le groupe, fondée sur des codes rhétoriques de la culture de masse, où les références conventionnelles sont subverties, où les distances sont abolies et où l’image du monde proposée n’est plus statique. La présence de quelques icônes de l’imaginaire politico-idéologique de l’époque (Mao Tsé Toung) et de personnages (Tarzan) ou situations de bandes dessinées (la kryptonite) contribue à créer cette architecture « communicationnelle ».
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Vitruve décrit dans son second livre (chapitre 1 du De architectura), la naissance de l’Architecture en la construction du premier abri humain. Ce thème, autrement appelé mythe de la cabane, est source de questionnements et de pratiques artistiques. Cette question du premier abri, de sa construction est sujette à interprétations car nous sommes sans trace restante de ce qu’il pût être. Ce retour à cet état « premier » de l’abri, sa mise en forme prend en compte les éléments de la nature, les matériaux trouvés sur place. C’est un lieu qui puisse abriter sans être enseveli, qui protège sans étouffer. Nature mère et terre matricielle sont les notions qui jalonnent la vie humaine et l’évolution de l’humanité. Si l’architecture est l’art d’abriter les activités humaines, l’abri est l’art de protéger l’homme.
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AGENCE 37.2, SLOPING HOUSE Les SLOPING HOUSE sont des espaces de moins de 20 mètres carrés, conçus en fonction d’une typologie de paysage. Elles sont inspirées par les sensations que provoque un environnement spécifique : une falaise en bord de mer, un champs de blé, une terrasse en ville, une clairière au fond des bois, la pente d'un volcan éteint. Une SH forme une image singulière dans le paysage, qui suppose un spectateur, et un point de vue singulier sur le paysage, qui suppose un occupant. La dimension minimale de chaque SH concerne autant sa forme que sa fonction : un espace de retraite intime et monacal. Un espace nu, qui ne nécessite aucun aménagement - le design intérieur est inscrit dans l’architecture du lieu. Une micro architecture dont la seule fonctionnalité soit de provoquer une expérience spirituelle, d’instaurer un dialogue permanent entre l'environnement et le spectateur – occupant. Sloping House est un abri sculptural qui épouse la pente du volcan, le Puy de Serveix. Des lames de bois semblent jaillirent du sol. Elles suivent une même direction et l’impression chaotique de ce flux se mue progressivement pour venir former un abris aux lignes classiques : une maisonnette en pente. Lorsqu’on pénètre à l’intérieur, on peine à tenir debout, comme dans un bateau sur la descente d’une vague. On plonge littéralement dans le paysage dont le ciel est occulté par l’inclinaison du sol. Il faut s’asseoir et prendre place sur une étrange chaise longue pour voir le ciel re-apparaître et éprouver la singularité de ce poste d’observation.
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MATTHIAS LOEBERMANN, Paletten pavillon pour la Coupe du monde de ski, Oberstdorf 2005 Pour concevoir ce pavillon temporaire, l’architecte a suivit ces différents paramètres : - Le matériau doit être de préférence en bois, car la région possède une grande identité dans le bois. - Le pavillon sera conçu avec l'objectif de durabilité, au niveau recyclage. - Le pavillon doit être construit, puis démantelé par les étudiants. - installation d’une chambre pour créer un «lieu» privilégié où les gens aiment à résider et à éprouver une impression inhabituelle de l'espace. En premier lieu, la position géométrique des tirants est déterminée au moyen d'une ligne d'ossature, les barres d'accouplement sont ensuite percés dans le sol. Après 10 couches, les sangles ont été resserrées, à des altitudes plus élevées, les palettes ont été levées à l'aide d'une petite grue en place et ensuite distribuées et sécurisées. La construction de l'ensemble du pavillon doit être compris comme "partial" coquille de l'espace qui est fixé par des tirants d'ancrage dans le sol. A intervalles réguliers de l'ordre de 2,5 m, les palettes sont serrées ensemble au moyen de sangles de traction à l'intérieur de camions. Ce parti pris permet la stabilisation de la forme géométrique irrégulière, comme par le biais d'une chaîne. Les sangles de tension sont fixées à des ancres à l'aide de la surface locale du sol. Le sommet des barres horizontales Shell créé de curieux faisceaux entre la coque et de la structure du toit pour des raisons géométriques, ensuite les palettes du toit sont posées.
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PIET HEIN EEK, Log house Conçue à la demande du compositeur et humoriste Hans Liberg, cette cabane, ou cet abri de jardin, est un studio d’enregistrement. Il offre tout le confort moderne. Le musicien s’y rend régulièrement pour travailler sans être dérangé et surtout, sans déranger... Installé à l’orée de la forêt, son havre de paix est parfaitement dissimulé quand les fenêtres sont fermées. Le principal matériau utilisé dans la construction de cette cabane est, bien évidemment, le bois. Seules les ouvertures, utilisées pour faire rentrer la lumière et pour ventiler la pièce, contiennent du plastique et de l’acier. L’architecte souhaitait rester au plus près de « la cabane au fond du jardin ». Et celle-ci est des plus agréables. Elle a le bon goût de se fondre totalement dans le paysage environnant et, cerise sur le gateau, de pouvoir être transportée car elle est montée sur des roues.
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PATKAU ARCHITECTS, Winnipeg skating shelter, 2010 – 2011 Winnipeg skating shelter est un espace qui ne peut accueillir qu’une personne. C’est un abri fermé. Une fois installé à l’intérieur on se rend invisible aux autres. Le projet de l’agence canadienne Patkau Architects se profile avec légèreté sur la glace immaculée. Ces volumes bizarres à la forme conique, qui rappellent les dolmens de Stonehenge, sont un refuge temporaire. Leur but est celui d’offrir soulagement et protection aux patineurs surpris par le grand vent qui souffle à Winnipeg. Chaque élément est réalisé en contreplaqué cintré et devient un petit abri qui accueille quelques visiteurs. L’aménagement interne est minimal : plancher en bois et places assises. Chaque volume semble s’enrouler autour de ses visiteurs pour leur transmettre une sensation de protection et de chaleur, même si le choix d’un matériau léger contraste avec le caractère monolithique apparent. Les éléments composent un groupe organique et ont l’air de flotter sur la surface du fleuve gelé. En bougeant et en ondoyant délicatement dans le vent, ils montrent leur nature fragile qui s’oppose à la puissance et à l’inévitabilité des phénomènes naturels.
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Un igloo (mot inuktitut, signifiant « maison »), ou iglou selon la nouvelle orthographe, est soit un abri construit en blocs de neige (L’igloo de neige, le plus connu), soit une habitation pré-hivernale. Ils ont habituellement la forme d’un dôme. Les igloos sont habituellement associés aux Inuits, peuple autochtone de l’Extrême Nord du Canada. Ils étaient utilisés comme abris temporaires par les chasseurs durant l’hiver et ont peut-être aujourd’hui davantage un usage récréatif qu’utilitaire. En raison des excellentes propriétés isolantes de la neige, l’intérieur des igloos et des quinzys (type d’abri de neige) est étonnamment confortable et insonorisé. L’igloo chez les Inuits est perçu comme étant bien plus qu’un simple habitat. L’igloo a une gorge, un nez, un cœur: c’est une «méta personne» qui englobe, qui nourrit et protège ses occupant, à l’image de la femme enceinte. Les Inuits ont pour habitude et pour obligation de se retrouver autour de la source de lumière selon laquelle leur vie est rythmée.
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Définition du Petit Larousse : INTIMITE n.f 1. Ce qui est intime, secret. 2. Relations étroites ; amitié. 3. Vie privée. L’intimité est quelque chose que l’on garde pour soi ou pour un nombre très réduit de son entourage.Créer un abri intime signifie créer un lieu pour être seul ou pour un nombre réduit de personne de façon à s’isoler des autres. Un lieu intime va permettre de rassembler plusieurs personnes qui seront contraintes de partager leur intimité propre. C’est un lieu qui va inviter au partage, à la communication. Si l’abri est conçu individuel il permet de s’isoler et de préserver son intimité. Contrairement à un abri pour plusieurs personnes, il va empêcher le contact entre les gens. Il existe donc deux sortes d’intimité : celle regroupant plusieurs personnes qui va rassembler et l’intimité individuelle qui va au contraire isoler. L’intimité étant directement lié à l’individu, elle est d’autant plus forte lorsque l’abri est petit et qu’il ne permet qu’à un individu de s’y installer. S’il est placé dans un lieu public l’abri sert à isoler l’individu des autres utilisateurs du lieu. Il va en quelques sortes créer un espace temporairement privé au sein du lieu public. Nous traiterons tout ceci par le biai d’exemples d’architecture. L’intimité me semble aussi très dérengeante. Elle est différement perçut selon une personne et regeorge de variation émotionnelle. Aussi, j’ajouterai dans cette partie des contenues qui sortent du domaine de l’architecture, des performance chimiques à la sculpture, passant par la poesie, et d’autres oeuvres d’arts qui interpelent le sens de ma notion d’intimité.
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DANIEL POUZET ET FRED FRETY, Nestrest,
Le concept du nid est très récurrent dans la notion d’intimité. Nestrest est un abri qui se suspend aux arbres et permet d’accueillir une à trois personnes. C’est un abri relativement fermé qui isole un petit groupe de personnes en les décolant du sol. Si l’abri est utilisé par deux ou trois personnes il devient utilisable uniquement par des personnes qui se connaissent déjà. L’intimité individuelle est alors ébranlée, on partage notre intimité avec les autres utilisateurs. Néanmoins le regroupement de personnes reste isolé du reste de l’espace public.
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Harads Tree House, Tham & Videgard
Pour créer l’intimité il faut s’isoler et pour s’isoler il faut que l’abri soit inaccessible à la vue des autres. La cabane est un très bon exemple d’intimité, elle se situe souvent en hauteur ce qui la rend difficilement accessible et invisible aux personnes restant au sol. Certains abris réussisent même à disparaître dans leur environnement. Devenant invisible l’abri empêche à tout autre personne de franchir l’intimité de l’utilisateur en le cachant. Ici nous avons toujours le nid, mais aussi une notion d’invisibilité. Dans ce projet les architectes ont utilisé la réflexion pour inscrire l’abri dans son envirroment, si bien qu’on ne le dicerne plus du reste. Les arbres se reflètent sur les parois pour se fondre dans la forêt.
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SHJ Works , Fireshelter,
Nous avons vu dans la partie précédente l’exemple de l’igloo. Habitation circulaire et monopièce. Cet abri Fireshelter a la forme d’un oeuf, c’est donc un espace tout en rondeur qui peut rassembler moins d’une dizaine de personnes. De la même façon que la célèbre table ronde, l’abri circulaire favorise l’échange entre les individus. A l’intrieur tout le monde est au même grade, personne ne peut s’isoler dans un coin de l’espace, mais Tout le monde s’expose aux autres. C’est pourquoi les abris circulaires créés une intimité partagée avec le groupe de personne partageant l’abri.
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HAUGEN ZOHAR , FIREPLACE Dans cet exemple le feu est placé au centre. Dans l’habitat la cheminée est au centre, elle est située dans le salon, soit l’espace convivial de la maison. C’est là que les habitants se rassemblent. Ici l’espace est circulaire, le feu permet donc que chacun soit tourné face aux autres. La structure est constituée de petites pièces de bois sur une base de béton brossé. Ces rectangles de bois sont munis de séparateurs en Oak assurant une ventilation naturelle. Une double porte coulissante cintrée permet de fermer cet abri.
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BOUROULLEC RONAN & ERWAN Clouds 2008 Clouds (Nuages) est un nouveau concept de tuiles textile des frères designers Erwan et Ronan Bouroullec, en collaboration avec le fabricant de textiles danois Kvadrat. Clouds évolue dès que vous ajoutez des éléments ensemble, produisant un effet tridimensionnel, à la manière d’une architecture fluide et un peu désordonnée. Vous construisez votre propre pièce forcément unique. Les tuiles sont attachées par des élastiques. Cette conception très simple, vous permet de facilement organiser et de réorganiser les tuiles en fonction de vos idées, de la décoration de votre maison, de la saison et de l’heure. Clouds est disponible en 2 tissus Kvadrat, 7 combinaisons de couleurs et des possibilités d’associations infinies. Je l’ai choisis pour sa facilité de créer des espaces intimes.
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BOUROULLEC RONAN & ERWAN Losanges 2011 Je constate toujours que les tapis ne sont pas assez mis en valeur dans le design. Un tapis est d’une rare beauté , et aspire un bien être intérieur. Il apporte une intimité dans un espace. Pour la marque espagnole Nanimarquina, Ronan et Erwan Bouroullec ont imaginé Losanges : une ligne de tapis inspirée des techniques d’élaboration des tapis persans traditionnels. « Nous avons toujours été fascinés par les tapis persans traditionnels, spécifiquement par la technique ancestrale du kilim qui est un délicat mélange de rusticité et de finesse. Nous avons eu la chance de voir réalisé ce projet par les artisans du nord du Pakistan qui ont su combiner avec habileté treize couleurs et reproduire la forme géométrique du losange. Outre le fait d’être confectionnée de manière artisanale, la laine d’origine afghane est filée à la main, ce qui permet de mettre en valeur des couleurs aux tons uniques. Cette technique aléatoire rend chaque losange subtilement distinct et chaque tapis, une pièce singulière. »
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MUECK RON, BOY, 1999 Incontrounables incertitudes à d’inquiétantes apparences humaines, les sculptures de l’artiste Ron Mueck participent d’un savoir faire, sans équivoque, qui transcende la vraisemblance d’êtres inanimés. Ainsi, la vraisemblance de ces « portraits » humains dépasse l’imitation du réel qui se donne à voir : la démesure des proportions, du gigantisme au nanisme, trompe-l’oeil. Il s’agit d’un leurre. Or, ce sont, bel et bien, des portraits psychologiques plutôt que de simples répliques anatomiques d’humains. Ils sont des catalyseurs d’émotions tout comme ils anticipent un échange communicationnel, sans bruit, il ne leur manque que la faculté de la parole. Ce sont leurs regards fuyants, détournés, isolés et même égarés qui expriment leur enfermement psychologique. Après avoir longtemps utilisé ma fibre de verre pour ses travaux précédents le sculpteur australien Ron Mueckest passé au silicone, matière plus souple d’usage pour le traitement de certaines parties du corps comme les mains ou la tête notamment, le silicone permettant d’implanter le système pileux de manière beaucoup plus réaliste. Boy est une statue de cinq mètres de haut représentant un jeune garçon accroupi, la tête, tournée, est appuyée sur un épaule, le regard contemplatif s’échappe au delà des spectateurs, semblant poursuivre un songe infini qu’il n’achève jamais.
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MUNARI BRUNO, De loin on dirait une île,2002
«Comme les œuvres d’art, les cailloux sont tous des pièces uniques, originales et inimitables. Ce sont les sculptures naturelles produites par le va-et-vient des mers et fleuves. Outre la forme, ils sont intéressants de par la matière, la couleur, la texture, les signes et les dessins qui les décorent. Mérite de l’homme, de la femme et des enfants d’en découvrir la beauté ; comme les coquillages, les minéraux et les fleurs. Salut.» Bruno Munari. De loin on dirait une île, avec ses constructions, les terrasses, les différents plans inclinés. On ne voit ni homme ni animal, même les mouettes sont lointaines. En allant de l’autre côté, on découvre la partie sauvage, inhabitable parce qu’en fait cette île est une pierre de 6 cm par 14, plus petite qu’une mouette junior. Le caillou qui ressemble à une île sans les nuages et la mer. Les autres exposés dans le livre ressemblent à des petites planètes, à une montagne, à un drôle de personnage...Leurs matières, leurs couleurs et leurs formes réveillent l’imaginaire . Il y a quelque chose d’ intimiste dans ces oeuvres. un écrin d’enfance, de protection, de rêve.
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WAGNER Charly, tatoueur, New York 1940
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GREEN Marina, Drawing with light, 2009 Nous avons ici deux choses différentes: l’une est un corps tatoué et l’autre une photographie de l’ombre d’un tissu sur un corps. Elles peuvent être interprétées de la même façon. L’art de l’ornementation de la peau est un catalyseur à émotion, nous touchons ici un aspect très intime du corps. Dans les deux cas, nous sommes intimidé par la sensualité qui se dégage de ces dessins, au coeur d’une intimité dévoilé.
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En conclusion, après avoir suivit le schéma de la méthodologie de Bruno Munari, il m’est possible de penser un abris au sein du parc Monsouris. J’envisagerai un espace ressemblant à une tente. Premier habitat construit par l’humain, la tente a d’abord servi d’habitat mobile pour répondre au besoin de se déplacer des populations alors nomades. Cette forme intimise un espace, en faisant appelle à nos souvenirs d’enfance. Aussi, il serait d’exterieur en carton, pour etre facilement recyclable, et d’avoir des coups de productions non onéreux. L’intérieur de cette tente, serait composé d’une membrane de feutre molle, comme des petites colines, qui forment des creux pour se recroqueviller au sein de ce nid de sérénité. Une évocation maternelle. Quand on tend l’oreille sur le feutre, une bande-son incrusté dans le module dégagera un son marin, rappelant les vagues s’écrasant sur les rochers. La tente serait assez grande pour accueillir trois personnes, qui pourront aisément se coucher sur le module en feutre pour s’abandonner au rêve.
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Bibliographie et sitographie
CHOLLET Jean, André Acquart, architecte de l’éphémère , Actes Sud ,2006 WILLEMIN Véronique, Guy Rottier, architecte, Editions Alternatives, 2008 http://www.espritcabane.com http://www.artcotedazur.fr/?Guy-Rottier-l-enfance-de-l http://fcanarelli.free.fr/GuyRottier.html http://www.aml-partner.de/palettenpavillon.htm Conférence - «Architecture, Lumière & Éphémère» Par Pierre Schneider et François Wunschel, architectes http://www.frac-centre.fr/collection/collection-art-architecture/index-des-auteurs/auteurs-58.html?authID=230 Ugo La Pietra Virtual Exibition Cristiani Art Gallery (www.cristiani. net) http://stoppingoffplace.blogspot.fr/2010/11/to-draw-on-stone.html http://www.italieaparis.net/actualite/news/sentiment-des-chosesbruno-munari-11838/ http://fondation.cartier.com/fr/art-contemporain/26/ expositions/862/prochaine-exposition/ http://www.bouroullec.com/
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