FOLLOW ME

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Sylvester Engbrox

F o l l o w Me Peintures/Paintings 2008 - 2010

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Follow Me, 2010 (détail) page 39

Sommaire/Content

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Follow Me : Suivez Son Regard par Patrick Williams

45 Follow Me : Follow His Eye by Patrick Williams 80 Crédits/Credits

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Plane, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 54 x 65 cm

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1 « Follow me »… Vous avez envie de suivre des gens, vous, ces

jours-ci ? Suivre les conseils d’un banquier ? Suivre les appels d’un politicien ? Voire, suivre une tendance (oh non, pas une tendance…) ? Bien sûr, il reste la possibilité de suivre une jeune tentatrice (ou son équivalent masculin) dans un fourré. C’est ce que semble nous indiquer la toile de Sylvester Engbrox qui orne le catalogue de son exposition. Mais, même ça, n’en avez-vous pas assez ? N’êtes-vous pas fatigué d’évoluer dans un univers surérotisé qui vous dit « Follow me » en permanence, où les publicités vous aguichent, où des filles, des milliers de filles font les choses les plus ahurissantes sur Internet en un seul clic, où se succèdent sans arrêt dans les médias les témoignages de gens qui ont « transgressé », accompli leurs fantasmes, dépassé les limites ? Comme le dit le psychanalyste Charles Melman, dans L’Homme sans gravité (éd. Denoël), « Nous vivons à l’heure de l’exhibition de la jouissance ». Chacun, dans son travail, dans sa vie privée, domestique, se doit de montrer à quel point il « s’éclate », indiquant aux autres un éventuel « Faites comme moi ». « Follow me »…

Follow Me : Suivez son Regard Patrick Williams

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Alors, évidemment, nous hésitons à suivre Sylvester… Sauf que le peintre ne nous invite pas à embarquer pour une balade égrillarde, une petite gâterie esthético-excitante. Certes, il peint des jeunes femmes sexy qui attirent l’œil, il utilise toute une imagerie accrocheuse : minibus Volkswagen vintage, plages et hôtels de Grèce sortis tout droit d’un prospectus de voyage, Teutons virils à moustache et à pantalons pattes d’éléphant, Boeing volant sous le soleil, « salary men » accrochés à leur attachécase… Mais ses personnages sont comme figés, suspendus, les yeux baissés, les bras ballants. Une sourde mélancolie souffle sur les êtres et les lieux. Quelque chose paraît immobilisé, arrêté. On pense évidemment à Edward Hopper et à ses figures humaines absentes, perdues dans les rues et les hôtels des petites villes américaines. Et l’on se dit que Sylvester est comme un Hopper moderne. De même que le peintre représentait l’envers du rêve

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américain, une sorte d’anti-Norman Rockwell, montrant toute l’inquiétante étrangeté se cachant derrière l’« american way of life », Sylvester peint l’envers de notre société de consommation « über-glamour » : ses décors dégagent l’atmosphère vénéneuse des films de David Lynch, ses personnages exsudent La Fatigue d’être soi (éd. Odile Jacob), dont parlait le sociologue Alain Ehrenberg. Commentaire du jeune philosophe Balthasar Thomass : « Cette fatigue comporte deux faces : d’abord, nous sommes fatigués d’être ce que nous sommes, las de nos faiblesses et de nos limites, nous voudrions être autres. Puis, cet effort constant pour devenir un autre, pour correspondre à un modèle de perfection, finit par lui aussi nous fatiguer… » Comme souvent, la conscience d’un problème aide à sa résolution. Le simple fait d’exposer cette fatigue nous communique une énergie non négligeable. Pourquoi ? Car la mise à jour d’une vérité est toujours joyeuse.

3 Pourquoi Sylvester utilise-t-il de nombreuses images venues

des années 1970 ? J’interroge l’un de ses meilleurs amis à la terrasse d’un café de Belleville, dans le nord-est de Paris. « Je crois que c’est à cette époque que se sont formées ses premières images du bonheur. Adolescent, il est parti en vacances en Grèce avec ses parents. Il a fait même des expériences de vies communautaires avec eux, ils étaient un peu babas cool… » À ce moment, furent peut-être croisés les premiers corps dévêtus, les premiers soleils, les premiers Boeing brillants, tous ces signes d’une utopie réalisée – la société du bonheur ? – qui allaient l’obséder sa vie durant. Sa peinture est-elle à la fois un désir de retrouver les premiers émois et de les exorciser ?

4 Sylvester est en quelque sorte un démineur. Il dé-érotise la

charge excitante contenue dans les clichés aliénants qui nous entourent. Comme nous, il a été bombardé depuis l’enfance par des millions, des milliards d’images aguichantes – représentation du bien-être, du plaisir, de la jouissance –, images qui lui

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disaient « Follow me ». Des images qui attirent, qui excitent, mais qui déçoivent forcément (on a tous expérimenté la cruelle différence entre fantasme et réalité…). En quelque sorte, il les récupère et les désamorce. Tout d’un coup, ce qui nous est donné à voir n’est pas seulement un corps nu qui fait baver, mais un être humain fatigué, l’air ailleurs, ni bon ni méchant, ni triste ni heureux (il n’y a pas de significations particulières, c’est très important – ou plutôt, chacun y met la signification qu’il veut). Il rend les figures à leur simple humanité. Mine de rien, cela fait du bien, beaucoup de bien. Cela apaise et nous confronte à la pure présence du Monde.

5 Sylvester soigne le mal par le mal, comme un homéopathe.

Ce qu’il fait avec la jeune fille trop bandante – déconstruire une image aliénante –, il le fait avec l’hôtel grec trop sympa, la rue mal famée trop attirante, l’éphèbe trop parfait, le coucher de soleil trop impec, la course de voiture trop spectaculaire… Bien sûr, il pourrait nous montrer des grosses dames en train d’éplucher des patates. Cela calmerait aussi nos passions. Mais tout l’intérêt de Sylvester, c’est de partir du matériel qui parasite nos têtes et de le désamorcer. À la façon des écrivains moralistes du XVIIe siècle, tel La Rochefoucauld, il représente nos passions pour mieux nous aider à les dépasser. Bret Easton Ellis aussi faisait ça dans Moins que zéro (éd. 10/18) : mettre en scène des êtres jeunes, drogués, décadents, sans les juger, sans donner d’interprétation. Juste montrer, et en montrant, nous donner à sentir que le beau et l’affolant cliché cache une réalité plus complexe : des gens plus tristes, plus solitaires, plus surprenants. Et aussi moins effrayants, moins terribles qu’on ne croit (car tout ce qui brille nous terrorise toujours un peu, non ?). Bref, on peut dire que Sylvester est aussi l’équivalent d’un Bret Easton Ellis pictural. Sylvester nous dit « Follow me », mais c’est moins le « Follow me » d’une prostituée qui racole – et qui, de toute façon, ne nous offrira pas grand-chose –, qu’un « Follow me » qui veut dire : « suivez mon regard »… (Suite page 9.)

Girl with Plasticbag, 2008 Huile sur toile / Oil on canvas, 130 x 97 cm

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Man in Armchair, 2008 Huile sur toile / Oil on canvas, 140 x 110 cm

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6 Sylvester et l’art contemporain. « Mais à quoi cela sert-il que

Sylvester suspende les significations ? » C’est que nous sommes pris dans un monde perpétuellement signifiant, une ronde infernale qui voudrait que toujours les choses, les êtres aient quelque chose à nous dire. Prenez l’art contemporain. Il semble qu’une grande partie des œuvres d’aujourd’hui doivent inévitablement venir avec leur note explicative. Face à la moindre installation, au plus petit requin scié, on est obligé d’avoir le discours qui va avec, sinon on risque de ne pas tout « comprendre », de passer à côté de « l’intention ». Le discours des critiques est d’ailleurs toujours peu ou prou le même : il s’agit, dans ces œuvres, « d’interroger nos représentations ». L’auteur de ces lignes a longtemps travaillé dans une revue branchée où il était fréquemment question d’art contemporain. Au sujet de chaque artiste, il s’agissait toujours « d’interroger nos représentations ». Suivait un laïus intellophilosophique qui n’était guère convaincant. Et l’on constatait ce fait étrange : bizarrement, l’art contemporain, ce lieu de tous les délires, de toutes les audaces, était aussi le lieu du discours critique le plus convenu et le plus rigide. Sylvester a, semble‑t‑il, longtemps été bloqué par ce post-académisme, ce sérieux terrifiant qui paraît régner dans certaines sphères artistiques. « Je n’ai plus osé peindre, pendant des années. Je me suis décomplexé grâce à la musique, en composant sur ordinateur, en utilisant des samples, ces petits extraits d’œuvres volés à d’autres, pour former un collage musical. Un jour, je me suis dit : “Pourquoi ne pas faire ça avec les images que j’ai dans la tête ?’’ » De même que la musique s’adresse d’emblée aux sens, la peinture de Sylvester peut être ressentie immédiatement. Figurative, émotionnelle, elle est capable de se passer de commentaires, à commencer par celui-ci. D’ailleurs, Sylvester m’avait demandé de parler de tout sauf de lui. Objectif brillamment réussi. (Suite page 19.)

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A New Career in a New Town, 2009 Huile sur toile / oil on canvas, 146 x 114 cm

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Wet Road, Ruhrgebiet, 2010 Huile sur toile / Oil on canvas, 81 x 100 cm

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Claudia Waiting, 2008 Huile sur toile / Oil on canvas, 140 x 180 cm

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Ten CC, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 54 x 65 cm

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7 Sylvester est quand même un peu fou. « Depuis des années, je

collectionne des photos floues découpées dans les programmes télé, des images de cul trouvées sur le Net, des pictogrammes de vieux films ringards, des publicités déchirées dans les magazines… » Ce type est une vraie banque d’images à lui tout seul, une voiture-poubelle récupérant toutes les images grossières, pixellisées, mal définies, vomies par la sous-culture. Il trie et accumule ça soigneusement dans des cartons, des boîtes, des disques durs. Qu’en fait-il ? « La plupart du temps, rien. Puis, après des années, un jour, une scène vue, un regard entraperçu, un corps dévoilé viennent me hanter. Plusieurs images se superposent. Cela commence à m’obséder. Je vois l’image générale se former dans mon cerveau. Dans ces cas-là, je peux avoir une conversation au téléphone, aller faire les courses, m’occuper des enfants… elle ne quitte pas mon esprit tant que je ne l’ai pas peinte. » Hanté par ces images cheap et glacées qui forment notre quotidien mental et que nous ne remarquons plus, il doit agir. Il réinjecte de la vie dans les clichés. Cette matière morte qui traîne dans nos crânes, il lui redonne un souffle. Cela aère la tête. Les stéréotypes visuels – cette femme lascive façon Gena Rowlands, ce solitaire qui marche sur le bord de la route, ces deux ragazzi à mobylette – ne sont plus ce langage mort, mille fois vu, ils parlent à nouveau, réclament notre oreille. Voilà que, face à eux, nous nous sentons pleins d’attention, de compréhension, d’empathie. Sylvester nous amène à aimer le méprisé, le négligé, le trop regardé. C’est typiquement la démarche pop, bien plus spirituelle qu’on ne croit. Saint Sylvester, peignez pour nous. (Suite page 23.) 19

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David Listening, 2008 Huile sur toile / Oil on canvas, 146 x 114 cm

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Tina, Flight Data Recorder, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 114 x 146 cm

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8 Sylvester est marié, père de deux enfants. Il peint des images

a priori outrageusement sexuelles et mélancoliques (enfin, au premier abord, car nous savons qu’il n’en est rien), mais il vit par ailleurs de la façon la plus classique qui soit. Ce n’est pas pour nous déplaire. Il semble accréditer cette idée que nombre d’artistes sont hantés par une forme, des fantasmes, sans que cela ait forcément une répercussion sur leur vie privée. S’ils pouvaient réaliser leurs obsessions, ils ne peindraient pas. Cela s’appelle tout simplement la sublimation. Comment ne pas penser à tous ces artistes du XXe siècle, surréalistes et autres, qui, quoique peignant ou décrivant les effets de l’amour fou et de l’érotisme débridé, vivaient en couple, dans de petits vestons serrés ? Les grandes stars de l’art contemporain sont souvent présentées comme des championnes de la transgression : Jeff Koons couchant avec la Cicciolina, Sophie Calle exposant sa vie privée, Orlan remodelant son corps, etc. Que l’on se focalise autant sur leur aspect transgressif a quelque chose de gênant : cela fait d’eux des rock stars, des gens qui vivent tous les fantasmes, accomplissent tous leurs désirs. Nous savons pourtant que la réalité est tout autre : les rockers les plus scandaleux – les Lou Reed, Mick Jagger et autres Johnny Rotten – n’auraient pas vécu aussi vieux s’ils n’avaient pas fait un peu attention à eux. Les personnes réellement transgressives, on les connaît : elles jonchent les caniveaux et hantent les asiles, les centres pour toxicomanes et alcooliques. Elles n’ont pas le temps de créer. Sylvester, si. (Suite page 33.)

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Couple, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 146 x 114 cm

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Beate, 2010 Huile sur toile / Oil on canvas, 146 x 114 cm

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Man with a Dog, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 146 x 114 cm

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Breath, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 140 x 180 cm

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Lothar in Wax Museum, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 146 x 114 cm

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Sylvester s’en fout des figures. Ce personnage solitaire, masculin ou féminin, qui paraît si central dans nombre de ses toiles, compte-t-il finalement tant que ça pour lui ? Il semble parfois comme un écran où sont projetées différentes images, qui se mélangent, se superposent, transparences, pixellisations, et égarent notre vision. Comme ses décors. Les branches d’un arbre, le motif d’un tissu : tout devient un entrelacs de formes abstraites, des arabesques végétales qui prennent autant de place, sinon plus, que la figure humaine qu’elles environnent. « Sylvester Engbrox peint autant ce qu’il y a entre les choses que les choses elles-mêmes » (le critique Jean-Luc Chalumeau, en 2008). Résultat, comme on l’a dit, des toiles sans significations, qui peuvent être investies de toutes les interprétations. Voilà peut‑être comment il faut comprendre l’expression « Follow me » : comme une invitation pour le spectateur à pénétrer la toile de son regard.

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Sylvester parle : « Je ne sais pas pourquoi je peins des toiles. J’éprouve la nécessité de le faire, c’est tout. Si une image me déclenche une émotion intense, il faut que je la balance dans la toile. Sinon, pourquoi choisir ce travail ? C’est laborieux de peindre. J’ai envie de dire au spectateur : ‘‘Viens dans ce monde que je ne comprends pas. Allons voir, projettes-y ce que tu veux, aide-moi à comprendre.” » Follow him...

Patrick Williams

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Underpath, Leverkusen, 2010 Huile sur toile / Oil on canvas, 140 x 180 cm

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Follow Me, 2010 Huile sur toile / Oil on canvas, 114 x 146 cm

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Bulli, Flowers, 2010 Huile sur toile / Oil on canvas, 114 x 146 cm

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White Tigh, 2010 Huile sur toile / Oil on canvas, 180 x 140 cm

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Passenger, 2008 Huile sur toile / Oil on canvas, 140 x 110 cm

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1 “Follow me”… do you feel like following people these days?

A banker’s advice? A politician’s pleas to vote for him? How about a trend (oh no, not a trend)? Of course, you can always follow a young temptress (or her male counterpart) into bed. That’s what the painting illustrating Sylvester Engbrox’s exhibition catalogue seems to show. But haven’t you had enough of that already? Aren’t you tired of living in an overeroticised world that’s constantly telling you “follow me”, where advertisements lead you on, where in a single click you can see girls, thousands of them, doing the wildest things on the Internet, where the media feed us a steady diet of stories about people who’ve ’transgressed’ limits, fulfilled fantasies or overstepped boundaries? “We’re living in an age of exhibition of sensual pleasure,” psychoanalyst Charles Melman says in L’Homme sans gravité (Denoël). At work or at home, we must not only show how much ‘fun’ we’re having, but also, perhaps, point the way to others : “Do as I do and follow me”…

Follow Me : Follow His Eye Patrick Williams

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So we readily follow Sylvester… but the artist does not ask us to come along on a bawdy journey or an aesthetic, titillating little jaunt. Admittedly, he paints sexy, alluring young women and uses eye-catching imagery – vintage Volkswagen minibuses, Greek beaches and hotels straight out of a travel brochure, virile Teutons sporting moustaches and bell-bottom trousers, Boeing jet planes flying in the sun, Japanese ’salary men’ clutching their attaché cases, etc. But it is as though his characters, eyes downcast and arms dangling, are stuck in a state of suspended animation. (Continued on page 51.)

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Inverted, 2010 Huile sur toile / Oil on canvas, 114 x 140 cm

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Girl with Bicycle, Reichswalde, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 180 x 140 cm

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Transit, 2008 Huile sur toile / Oil on canvas, 146 x 114 cm

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A muted melancholy washes over people and places. Something seems immobilised, frozen. Edward Hopper and his absent human figures, lost in small-town streets and hotels, are the first things that come to mind. Sylvester might be considered a modern-day Hopper. Just as Hopper, a sort of anti-Norman Rockwell, depicted the dark side of the American dream, revealing the creepiness lurking behind ‘the American way of life’, Sylvester portrays the dark side of our ‘über-glamorous’ consumer society. His settings recall the venomous atmosphere of David Lynch’s films; his characters exude “the weariness of being oneself” that sociologist Alain Ehrenberg discussed in La Fatigue d’être soi (Odile Jacob). “There are two sides to that weariness,” says philosopher Balthasar Thomass. “First, we are tired of being what we are, weary of our weaknesses and limitations. We would like to be somebody else. Second, we are sick of the constant effort to become somebody else, to correspond to a perfect role model, which also eventually makes us feel tired…” As is often the case, awareness of a problem is the first step towards solving it. The mere fact of displaying weariness communicates a by no means insignificant energy. Why? Because bringing truth to light is always joyous.

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“Why does Sylvester use so many images from the 1970s?” I asked one of his best friends at a sidewalk café in Belleville, a neighbourhood in northeast Paris. “I think that’s when his earliest images of happiness took shape,” came the reply. “As a teenager, he went on holiday in Greece with his parents. Sylvester even had experiences of communal life with them. They were hippie types…” That may be the first time he glimpsed naked bodies and Boeing jets glinting in the sun, signs of a Utopia on Earth – the society of happiness? – that has obsessed him ever since. Does his work express a desire to recapture his earliest emotions and at the same time to exorcise them? (Continued on page 61.)

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Motocyclers, 2008 Huile sur toile / Oil on canvas, 110 x 140 cm

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Shopping, 2010 Huile sur toile / Oil on canvas, 180 x 140 cm

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Ulrike Sunbathing, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 114 x 146 cm

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Crossing the Bridge, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 140 x 180 cm

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Hotel Playa, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 140 x 180 cm

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Sylvester is something of a bomb disposal expert. He takes the thrilling erotic charge out of the alienating clichés around us. Like us, since childhood he has been bombarded by millions, billions, of titillating images, depictions of well-being, pleasure and enjoyment, pictures that say “follow me”, that attract, that arouse but that are necessarily disappointing (all of us have experienced the cruel difference between fantasy and reality). In a way, he co-ops and defuses them. All of a sudden, what he shows is not just a naked body making us drool but a tired human being, neither good nor bad, happy nor sad, with a vacant stare on her face (there are no particular meanings, or rather, everyone reads whatever he or she wants to into the painting, and that is very important). He restores the figures’ simple humanity. That may not seem like much at first, but it makes us feel great. It is soothing and confronts us with the pure presence of the World.

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Like a homeopathic doctor, Sylvester fights fire with fire. He does the same thing with the hot-looking girl as he does with the Greek hotel that looks too good to be true, the seedy street that is too alluring, the too-perfect sunset, the too-spectacular car race – deconstruct an alienating image. Of course he could show us fat ladies peeling potatoes. That would also put a damper on our passions. But what makes Sylvester so interesting is that he starts out with material that messes up our heads, and then defuses it. Like 17th century moralist writers, such as La Rochefoucauld, he depicts our passions to help us overcome them better. Bret Easton Ellis did the same thing in Less Than Zero (Vintage), portraying decadent young people and drug addicts without judging them or providing an interpretation. He just shows them as they are and makes us aware that the beautiful, disturbing image masks a more complex reality: (Continued on page 65.)

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Famke with Husband, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 180 x 140 cm

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Cars Passing, 2010 Huile sur toile / Oil on canvas, 81 x 100 cm

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people who are not only sadder, lonelier and more surprising than we thought, but also not as terrible or scary (because all that glitters frightens us a little, doesn’t it?). It might be said that Sylvester is Bret Easton Ellis’s counterpart in painting. Sylvester says, “Follow me” but it’s not the ‘follow me’ of a prostitute and, in any case, has nothing more to offer us than ‘follow me’ in the sense of “get my drift?”

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Sylvester and contemporary art. “What point is Sylvester trying to make when he suspends meaning?” That is when we’re caught in a perpetually signifying infernal circle that always wants people and things to have something to say to us. Take contemporary art. Nowadays it seems that most works must come with a note explaining them. A message accompanies the least installation, the smallest sawed-up shark. Otherwise we may not ’understand’ everything and miss the artist’s ‘point’. Critics, moreover, always say more or less the same thing: the purpose of these works is to ‘challenge our ideas’. For a long time the author of these lines worked at a trendy magazine that often focuses on contemporary art. Every artist always ‘challenges our ideas’. That statement would be followed by a long-winded, unconvincing intellectual-philosophical speech. And an odd fact came to light: contemporary art, where anything is possible, including the boldest propositions, is also home to the stiffest, most conventional critical discourse. For a long time Sylvester was blocked by that post-academicism, the terrifying seriousness that seems to rule in certain artistic circles. “For years I no longer dared to paint,” he says. “I got rid of my insecurity by composing music on the computer, sampling cuts of works I swiped from other people to form a musical collage. One day I asked myself : ‘Why don’t I do the same thing with the images swimming in my head?’ ” Just as music immediately appeals to the senses, Sylvester’s figurative, emotional paintings can be felt right away. They can do without commentary, starting with this one. Moreover, Sylvester asked me to write about anything but him. That goal has been brilliantly achieved. (Continued on page 68.)

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Walking Backwards, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 146 x 114 cm

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7 Still, Sylvester is a bit mad. “For years I’ve been collecting blurry

pictures clipped out of TV magazines, pornography from the net, pictograms of corny old movies and ads torn out of magazines,” he says. The bloke is a walking image bank, a rubbish bin amassing all the crude, fuzzy, pixelated images the sub-culture vomits. He carefully sorts them and puts them in cardboard boxes or on his hard drive. What does he do with them? “Most of the time, nothing,” he says. “Then one day, years later, a scene, a glance or a naked body comes back to haunt me. Several images are superimposed on each other. It starts turning into an obsession with me. I see the overall image taking shape in my brain. When that happens, I can be talking on the phone, shopping or looking after my children. I can’t get it out of my mind until I paint it.” Haunted by the cheap, glossy images that shape our everyday imagination but that we no longer notice, he feels compelled to act. Sylvester puts life back into clichés, breathes fresh air into the dead matter cluttering up our skulls and clears the cobwebs out of our heads. Visual stereotypes – a lascivious woman in the style of Gena Rowlands, a solitary man walking along the road, two ragazzi riding motor scooters – are no longer a dead, hackneyed language. They speak to us anew and demand that we sit up and take notice of them. Looking at them makes us feel attentive, understanding and empathetic. Sylvester leads us to love the scorned, the neglected, and the too-often seen. That’s a typically pop process, which is much more spiritual than we think. Saint Sylvester, paint for us. (Continued on page 71.)

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Three, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 54 x 73 cm

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Katrin with Handbag, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 180 x 140 cm

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8 Sylvester is a married father of two. He paints outrageously

sexual, wistful images (at first glance, because we know they are nothing of the kind) but leads the most conventional lifestyle imaginable. It’s not to displease us. It seems to lend credence to the idea that many artists are haunted by fantasies that do not necessarily have repercussions on their private lives. If they could act out their obsessions, they wouldn’t paint. That’s called sublimation. How can one not think of all those 20th-century artists, Surrealists and others, who, although they painted or described the effects of unbridled sexual passion and eroticism, led quite mundane family lives? Contemporary art’s biggest stars often come across as champion transgressors : Jeff Koons sleeping with Cicciolina, Sophie Calle exhibiting her private life, Orlan reshaping her body, etc. There is something disturbing about the fact that people focus so much on that aspect of their lives : it turns them into rock stars acting out all their fantasies and fulfilling all their desires. We know reality is quite another matter : the most outrageous rockers – Lou Reed, Mick Jagger, Johnny Rotten – wouldn’t be alive today if they hadn’t been at least a little careful. We know where to find truly transgressive people : gutters, mental hospitals, and drug and alcohol rehab centres are full of them. They don’t have time to create. Sylvester does. (Continued on page 77.)

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Lorelei, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 38 x 46 cm

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Marie Rose, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 46 x 38 cm

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9 Sylvester could not care less about figures. Do the lone male

or female figures that seem so central in many of his paintings really matter to him ? Sometimes they look like screens on which different, transparent, pixelated images are mixed, superimposed and projected, leading our gaze astray – like his settings. Everything – the branches of a tree, patterns on fabric – becomes an intertwining network of abstract forms, plant-like arabesques taking up as much room as the human figure they surround, if not more. “Sylvester Engbrox paints what is between things as much as the things themselves,” critic Jean-Luc Chalumeau said in 2008. The result is paintings without meaning that viewers can interpret to their liking. That may be how the expression ‘follow me’ should be understood: as an invitation for viewers to penetrate the picture with their eyes.

10 Sylvester speaks: “I don’t know why I paint. I feel the need to,

that’s all. If an image triggers an intense feeling inside me, I have to put it on canvas. Otherwise, why choose painting? It’s hard work. I feel like telling the viewer, ‘Step into this world, which I don’t understand. Let’s go see. Project whatever you want onto it, help me understand.” In other words, follow him.

Patrick Williams

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Liste des œuvres reproduites / List of works Plane, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 54 x 65 cm, page 4

Breath, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 140 x 180 cm Collection privée / Private collection, page 30-31

Ulrike Sunbathing, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 114 x 146 cm, page 57

Girl with Plasticbag, 2008 Huile sur toile / Oil on canvas, 130 x 97 cm Collection privée / Private collection, page 7

Lothar in Wax Museum, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 146 x 114 cm, page 32

Crossing the Bridge, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 140 x 180 cm, page 58-59

Man in Armchair, 2008 Huile sur toile / Oil on canvas, 140 x 110 cm Collection privée / Private collection, page 8

Underpath, Leverkusen, 2010 Huile sur toile / Oil on canvas, 140 x 180 cm, page 34-35

Hotel Playa, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 140 x 180 cm, page 60

A New Career in a New Town, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 146 x 114 cm Collection privée / Private collection, page 13

Follow Me, 2010 Huile sur toile / Oil on canvas, 114 x 146 cm, page 39

Famke with Husband, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 180 x 140 cm, page 63

Wet Road, Ruhrgebiet, 2010 Huile sur toile / Oil on canvas, 81 x 100 cm, page 15

Bulli, Flowers, 2010 Huile sur toile / Oil on canvas, 114 x 146 cm Collection privée / Private collection, page 41

Cars Passing, 2010 Huile sur toile / Oil on canvas, 81 x 100 cm, page 64

Claudia Waiting, 2008 Huile sur toile / Oil on canvas, 140 x 180 cm Collection privée / Private collection, page 16-17

White Tigh, 2010 Huile sur toile / Oil on canvas, 180 x 140 cm, page 43

Walking Backwards, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 146 x 114 cm, page 67

Ten CC, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 54 x 65 cm, page 18

Passenger, 2008 Huile sur toile / Oil on canvas, 140 x 110 cm Collection privée / Private collection, page 44

Three, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 54 x 73 cm Collection privée / Private collection, page 69

David Listening, 2008 Huile sur toile / Oil on canvas, 146 x 114 cm, page 21

Inverted, 2010 Huile sur toile / Oil on canvas, 114 x 140 cm, page 47

Katrin with Handbag, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 180 x 140 cm, page 70

Tina, Flight Data Recorder, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 114 x 146 cm Collection privée / Private collection, page 22

Girl with Bicycle, Reichswalde, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 180 x 140 cm, Collection privée / Private collection, page 49

Lorelei, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 38 x 46 cm, page 72

Couple, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 146 x 114 cm Collection privée / Private collection, page 25

Transit, 2008 Huile sur toile / Oil on canvas, 146 x 114 cm, page 50

Marie Rose, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 46 x 38 cm, page 76

Beate, 2010 Huile sur toile / Oil on canvas, 146 x 114 cm, page 27

Motocyclers, 2008 Huile sur toile / Oil on canvas, 110 x 140 cm Collection privée / Private collection, page 53

Man with a Dog, 2009 Huile sur toile / Oil on canvas, 146 x 114 cm, page 29

Shopping, 2010 Huile sur toile / Oil on canvas, 180 x 140 cm, page 55

© Engbrox, 2010.

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Cette publication a été éditée à l’occasion de l’exposition

SYLVESTER ENGBROX FOLLOW ME Peintures/Paintings à la galerie VivoEquidem du 8 octobre 2010 au 1er janvier 2011 Exposition et catalogue réalisés sous la direction de Max Torregrossa Conception graphique VivoEquidem Lecture et correction Fanie Engbrox, Béatrice Franco Presse et communication Peggy Garinet Traduction Glenn Nomovitz Reproductions Jean de Calan Chromie Thierry Crombet Dépôt légal : septembre 2010 ISBN : 978-2-9531926-1-2 ©VivoEquidem, 2010 Imprimerie Escourbiac Route de Lavaur BP 171 - 81304 Graulhet Cedex

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