LES COULEURS

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Jacqueline Régnier

Les Couleurs Notes et choix de textes, d’artistes et d’écrivains

Beaucoup de gens l’avouent : ils rêvent en gris. Voici le livre qui va leur offrir l’arc-en-ciel. Déguisé en guirlande de citations accompagnées de notes personnelles, ce petit livre – petit comme les diamants – est en fait une encyclopédie. Ces couleurs qu’étudiait le grand Goethe et que poursuivait Monet, les voici qui s’ouvrent à nous par cent portes : le langage, la chimie, les symboles, la nature, l’industrie, les rêves, les croyances, l’ethnologie, les tabous, les pulsions, les vérités, les illusions… Constantes de l’homme éternel : inventez tout ce que vous voudrez, demain le ciel sera bleu, le sang rouge, l’herbe verte et la neige blanche. Les cathédrales étaient peintes. Comme les lèvres et les ongles des femmes, l’éclat du martin-pêcheur est insoutenable. Le monde est en couleurs.Y avait-on même pensé ? Ce livre le révèle. Editions Volets verts


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Les couleurs sont la musique des yeux. DELACROIX

Météore en forme de demi-cercle en sept couleurs du prisme (violet, indigo, bleu, vert, jaune, orangé, rouge), l’arc-en-ciel apparaît parfois après la pluie, produit par la réfraction et la réflexion des rayons solaires dans les nuages. Dans la Bible, il est le symbole, après le Déluge, du pardon de Dieu : « J’ai placé mon arc dans la nue, et il servira de signe d’alliance entre moi et la terre. »

La couleur est une nécessité vitale. C’est une matière première indispensable à la vie, comme l’eau et le feu. On ne peut concevoir l’existence des hommes sans une ambiance colorée. Les plantes, les animaux se colorent naturellement; l’homme s’habille en couleurs. FERNAND LÉGER


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Lorsque les couleurs constitutives de la lumière solaire se séparent, par exemple quand un rayon lumineux passe à travers un verre d’eau, apparaît le « spectre lumineux », ou irisation, aux sept couleurs de l’arc-en-ciel. On peut les voir aussi sur les bulles de savon, sur une nappe de pétrole répandu, dans les gouttes de rosée au soleil, dans l’éclat du diamant. […] ; après avoir traversé le jardin de l’Arena, j’entrai dans la chapelle des Giotto, où la voûte entière et le fond des fresques sont si bleus qu’il semble que la radieuse journée ait passé le seuil elle aussi avec le visiteur, et soit venue un instant mettre à l’ombre et au frais son ciel pur, son ciel pur à peine un peu plus foncé d’être débarrassé des dorures de la lumière, comme en ces courts répits dont s’interrompent les plus beaux jours, quand, sans qu’on ait vu aucun nuage, le soleil ayant tourné ailleurs son regard pour un moment, l’azur, plus doux encore, s’assombrit. MARCEL PROUST

Iris, déesse ailée, est la messagère des Dieux. L’arc-en-ciel, nommé iris en poésie, fut comparé à son voile flottant dans le ciel, ou au chemin qu’elle suivait pour descendre chez les humains.


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Arc-en-ciel du matin Pluie sans fin Arc-en-ciel du soir Fait beau temps paroir.

Un poème de l’abbé Delille célèbre la découverte de Newton

Avant que de Newton la science profonde Eût surpris ce mystère et les secrets du monde, La lumière en faisceaux se montrait à nos yeux. Son art décomposa ce tissu radieux, Et du prisme magique armant sa main savante, Développa d’Iris l’écharpe éblouissante. Dans les mains d’un enfant, un globe de savon Dès longtemps précéda le prisme de Newton, Et longtemps, sans monter à sa source première, Un enfant dans ses jeux disséqua la lumière. Newton seul l’aperçut, tant le progrès de l’art Est le fruit de l’étude et souvent du hasard !


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[…] la déesse avait fui sur sa conque dorée, La mer nous renvoyait son image adorée, Et les cieux rayonnaient sous l’écharpe d’Iris. ALFRED DE VIGNY, Horus

Dans une lettre à Gauguin,Van Gogh décrit une peinture représentant sa chambre

« […] les murs lilas pâle, le sol d’un rouge rompu et fané, les chaises et le lit jaune de chrome, les oreillers et le drap citron vert très pâle, la couverture rouge sang, la table de toilette orangée, la cuvette bleue, la fenêtre verte. »

Paris, 4 novembre Je remarquais un de ces matins, étant au soleil dans ma galerie, l’effet prismatique de la multitude de petits poils du drap de ma veste grise.Toutes les couleurs de l’arc-en-ciel y brillaient comme dans le cristal ou le diamant. Chacun de ces poils, étant poli, réfléchissait les plus vives couleurs, lesquelles changeaient à chaque mouvement que je faisais. DELACROIX, Journal


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Ville violette, astre jaune, ciel bleu-vert. Les blés ont tous les tons vieil or, cuivre, or vert ou rouge, ou jaune…

VAN GOGH

D’une façon générale, les humains ont une grande joie à voir la couleur. L’œil en a besoin, comme de la lumière. Qu’on se souvienne du bien-être que l’on peut ressentir, lorsque, par un jour gris, le soleil apparaît en un lieu du paysage, et y rend visibles les couleurs. GOETHE, Traité des couleurs

Le jour croît, par degrés assez sensibles, et à chaque pas qu’il fait telle nuance se dégage du trouble pâle de l’aube. Le clair et le sombre se divisent – en colorations que l’on peut nommer ; et chaque et chaque couleur se divise à son tour – chaque masse de l’espace s’ouvre comme une fleur. PAUL VALÉRY


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À propos du schéma du triangle des couleurs : ainsi sur ce triangle le côté vert fait face au point rouge, le violet au jaune, l’orangé au bleu. Il existe dès lors trois couleurs mères et trois couleurs secondaires, ou six couleurs principales voisines, ou encore trois fois deux couleurs amies (ou couples de complémentaires).

KLEE

Un ton par lui-même n’est ni juste, ni faux. Il ne cause ni joie ou déplaisir que par les couleurs qui l’entourent et qui peuvent diminuer ou augmenter son éclat. C’est le phénomène que les maîtres anciens constataient sans bien se l’expliquer, lorsqu’ils disaient : « Les couleurs ont entre elles des amitiés et inimitiés naturelles. »

HENRI GUERLIN

J’ai eu longtemps devant ma fenêtre un cabaret mi-parti de vert et de rouge crus, qui étaient pour mes yeux une douleur délicieuse.

BAUDELAIRE


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De la loi du contraste simultané des couleurs

Mettre de la couleur sur une toile, ce n’est pas seulement colorer de cette couleur la partie de la toile sur laquelle le pinceau a été appliqué, c’est encore colorer de la complémentaire de cette couleur l’espace qui lui est contigu.

CHEVREUL

Avec les trois couleurs primaires essentielles, le rouge, le jaune, le bleu, le peintre obtient par mélanges les autres couleurs : rouge et jaune = orange jaune et bleu = vert bleu et rouge = violet Avec l’ensemble de ces bases, plus le blanc et le noir, on peut trouver une infinité de tons. Tout change quand la couleur n’est plus une matière, mais de la lumière ! Si nous voulons obtenir la série des couleurs de base, nous devons projeter, sur un fond blanc, de la lumière rouge, bleue, verte ; Un cercle, par exemple, projeté : rouge sur un cercle vert = jaune vert sur bleu = bleu-vert (cyan) bleu sur rouge = violet (magenta)


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Il faudra un jour pouvoir librement improviser sur le clavier chromatique que forment les godets à aquarelle. KLEE

L’effet laissé sur la rétine par un rouge brusquement éloigné après une longue exposition n’est pas rouge, mais vert. Et si l’œil s’expose longuement au vert, l’effet laissé dans les mêmes conditions sera l’émergence soudaine du rouge. La même sorcellerie préside à l’alternance du jaune et du violet, du bleu et de l’orangé. Chacun peut constater empiriquement de cette manière la loi des complémentaires et l’existence des trois couples de couleurs. KLEE

Les lois de la couleur peuvent en quelques heures s’apprendre. Elles sont contenues dans deux pages de Chevreul et de Rood. L’œil, guidé par elles, n’aurait plus qu’à se perfectionner.

SIGNAC


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Delacroix observe un ciel au soleil couchant

« Le gris des nuages, le soir, va jusqu’au bleu ; la partie du ciel qui est pure est jaune vif ou orangé. Loi générale : plus d’opposition, plus d’éclat. »

Les couleurs pures devenant plans et s’opposant par contrastes simultanés créent pour la première fois la forme nouvelle construite non par le clair-obscur, mais par la profondeur de la couleur même. SONIA DELAUNAY

La couleur est premièrement qualité. Elle est ensuite densité, car elle n’a pas seulement une valeur chromatique mais encore une valeur lumineuse. Elle est enfin mesure, car elle a aussi ses limites, son contour, son étendue, tout ce qui est mesurable en elle. KLEE


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Mais lorsque le soleil fut enfin sur le point de disparaître à l’horizon, lorsque ses rayons très adoucis par les vapeurs du soir recouvrirent du plus beau pourpre le monde alentour, l’ombre changea de couleur et parut d’un vert qui, par sa limpidité, pouvait être comparé à celui de la mer, et par sa beauté à celui de l’émeraude. Le phénomène devint de plus en plus vif ; on se croyait transporté dans le royaume des fées tant les objets étaient teints de ces deux couleurs vives et si bien harmonisées. GOETHE

LE PEINTRE Tout à la joie de diriger les jeux et les luttes des sept couleurs du prisme, il sera tel qu’un musicien multipliant les sept notes de la gamme, pour produire la mélodie.

SIGNAC


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Goethe fut passionné du « rapport supérieur du monde des corps colorés avec l’âme » et travailla de nombreuses années à sa fameuse Théorie des Couleurs. Il a étudié la couleur en scientifique, mais l’émotion, toujours présente chez lui, était celle d’un artiste : « Un jour gris mais splendide. J’ai dormi longtemps, mais je me suis éveillé à quatre heures. Que le vert était beau pour l’œil qui s’ouvrait à moitié ivre ! »

Comme le soleil colore les fleurs, l’art colore la vie. JOHN LUBBOCK

Quand un cosmonaute s’éloigne de la Terre, il voit progressivement le bleu du ciel devenir bleu-violet, puis violet de plus en plus sombre.


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L’OUTREMER C’était autrefois le bleu obtenu à partir du lapis-lazuli, pierre précieuse venue d’Asie, au-delà des mers. Un contrat de 1408 nous montre le prix qu’on attachait à cette couleur. Le peintre doit se conformer à l’exigence du client : ce bleu, du plus bel effet, doit être réservé à la peinture du manteau de la Vierge, d’autres bleus, moins chers, suffiront pour le reste du tableau. La même couleur est maintenant produite artificiellement (sulfosilicate de sodium et alumine).

Les plus anciens hommes de la préhistoire dont nous trouvons trace ont utilisé une poudre de couleur rouge, fabriquée à partir d’argile, pour leurs rites funéraires.


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VOYELLES A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles, Je dirai quelque jour vos naissances latentes : A, noir corset velu des mouches éclatantes Qui bombinent autour des puanteurs cruelles, Golfes d’ombres ; E, candeurs des vapeurs et des tentes, Lance des glaciers fiers, rois blancs, frissons d’ombelles ; I, pourpre, sang craché, rire des lèvres belles Dans la colère ou les ivresses pénitentes ; U, cycles, vibrements divins des mers virides, Paix des pâtis semés d’animaux, paix des rides Que l’alchimie imprime aux grands fronts studieux ; O, suprême Clairon plein de strideurs étranges, Silences traversés des Mondes et des Anges : – O l’Oméga, rayon violet de SesYeux ! L’Etoile a pleuré rose au cœur de tes oreilles, L’infini roulé blanc de ta nuque à tes reins ; La mer a perlé rousse à tes mammes vermeilles, Et l’Homme saigné noir à ton flanc souverain. ARTHUR RIMBAUD


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Colbert publia en 1669 l’Instruction pour les teintures où les bleus sont ainsi classés

Bleu blanc, bleu naissant, bleu pâle, bleu mourant, bleu mignon, bleu céleste, bleu de reine, bleu turquin, bleu de roy, fleur de guesde, bleu pers, bleu aldego et bleu d’enfer.

POLÉMIQUES… Au XVIIe siècle, certains théoriciens de la peinture accusent la couleur d’exercer par son « bel éclat » une séduction trop facile, de masquer la structure essentielle du dessin – le 7 novembre 1671, l’académicien Gabriel Blanchard est le seul à défendre les coloristes, et dans sa conférence Sur les mérites de la couleur, il la nomme avec passion « la belle enchanteresse »…

LE CARMIN Ce rouge éclatant est extrait de la cochenille, petit insecte parasite des plantes. Couleur inoffensive, elle peut être utilisée, en plus de la teinturerie, pour la parfumerie et la confiserie.


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Une pomme verte, Une pomme rouge, Une pomme d’or, C’est toi qui es dehors ! Comptine

LES VERTS Différents verts sont produits chimiquement, comme le vert malachite, à base de carbonate de cuivre, le vert Véronèse, à base d’arséniate de cuivre, le vert émeraude, à base d’oxyde de chrome.

LE VERMILLON Le vermillon, autrefois cinabre, est la couleur rouge vif obtenue à partir de sulfure rouge de mercure pulvérisé. Les empereurs de Constantinople signaient à l’encre rouge. La garde du vase contenant le cinabre qui ne devait servir qu’à l’Empereur était confiée à son premier secrétaire.


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[…] Et tous ces jolis vermillons Tremblent comme des papillons Au bout des tiges. Les carmins et les incarnats, La pourpre des assassinats, Tous les rubis, tous les grenats Luisent en elles ; C’est pourquoi, par certains midis, Leurs doux pétales attiédis Sont le radieux paradis. Des coccinelles. MAURICE ROLLINAT,

Le Ravin des coquelicots


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LE COBALT Ce bleu que Balzac appelait « l’ardent cobalt de l’éther » n’existe pas à l’état pur dans la nature. Il fut isolé à l’état métallique en 1773. Le fameux Bleu de Sèvres est à base de cobalt.

BLEUS… Ciel, bleu-nuit, bleu-horizon, bleu-faïence, pervenche, turquoise, bleu-canard, bleu-marine, bleu-pétrole, lapis-lazuli, lavande, bleu-roi, saphir, bleu-lessive…

LA POURPRE Elle était, dans l’antiquité, extraite d’un coquillage, le murex, par les Phéniciens. Ils en gardèrent le monopole pendant presque 2000 ans. Le colorant, d’un rouge intense, tirant sur le violine, se vendait au poids de l’or. Les tissus pourpres, teints à Tyr, étaient le luxe suprême, réservé, à Rome, aux grands dignitaires et à l’Empereur. La pourpre d’aniline fut le premier colorant synthétique. Il fut mis au point par un Londonien de dix-huit ans, William Henry Perkin, en 1836.


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L’INDIGO L’indigo, teinture d’un bleu profond, extraite de l’arbrisseau nommé indigotier, était connu des Egyptiens et des Phéniciens. En Europe, à partir de 1730, il supplanta définitivement le colorant bleu issu des feuilles du pastel (ou guède).Adolf von Baeyer reproduisit la synthèse de l’indigo en 1880. La coloration des tapisseries de l’Apocalypse d’Angers est constituée de quatre teintures de base : la gaude pour les jaunes, la cochenille (ou kermès) pour les rouges, le pastel pour les bleus, le brou de noix pour les bruns. Ces colorants naturels, élaborés en 1377, ont résisté au temps.

À la queue leu leu, Mon petit chat est bleu. S’il est bleu, Tant mieux ; S’il est gris, Tant pis ! Comptine


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J’ai la pensée, quand je fais un roman, de rendre une coloration, une nuance. Par exemple, dans mon roman carthaginois, je veux faire quelque chose de pourpre. […] Je ne crois pas qu’il s’agisse là d’une couleur liée au sujet du livre, à la nature des objets et des lieux, des personnages qu’il représente ; mais plutôt d’une lumière diffuse, au fond de l’esprit, qui veut prendre corps. FLAUBERT,

(propos rapporté par les Goncourt) Dans son Histoire naturelle, Pline décrit, en fin coloriste, des tonalités de tissus teints

Le luxe a voulu rivaliser dans les étoffes avec les fleurs que recommande l’éclat de leur couleur. Je remarque qu’il y a trois couleurs principales : le rouge de coccus qui brille de tout son éclat dans les roses, et dont on retrouve le reflet dans la pourpre de Tyr, dans la pourpre deux fois teinte et dans celle de Laconie ; la couleur d’améthyste, qui brille dans les violettes et qui se retrouve dans la couleur pourpre et celle que nous avons nommée ianthine ; enfin la couleur conchylienne proprement dite, de plusieurs sortes : l’une semblable à l’héliotrope et généralement plus foncée, l’autre ressemblant à la mauve et tirant sur le pourpre ; une troisième ressemblant à la violette, et c’est celle qui a le plus de vivacité.


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LES TERRES Les plus connues, l’ocre rouge, l’ocre jaune, la terre de Sienne, la terre d’ombre, sont des argiles naturellement colorées.

LES JAUNES Différentes sortes de jaunes sont obtenus à partir de minéraux (jaune de chrome, jaune de Naples, jaune indien), d’un métal (jaune de cadmium), de végétaux, dont le safran, le réséda (jaune de gaude), le genêt, la rhubarbe, le curcuma, la camomille, etc. Au XVIIe siècle, Fagon découvre en Chine les teintures jaunes extraites du gardénia, du réséda, du safran, de la gomme-gute, du curcuma surtout, pour le magnifique jaune impérial. Les plantes sont acclimatées à grands frais au Jardin du Roi, et, surprise et mystère, aucune n’a gardé son pouvoir colorant !…

Les peintres des temps préhistoriques utilisaient des argiles pour fabriquer le rouge, le brun, le jaune, le noir, seules couleurs dont ils aient pu disposer. Les artistes d’aujourd’hui emploient toujours des terres (terre de Sienne, rouge vénitien, terre d’ombre, etc.). Ces pigments naturels n’ont pas encore été remplacés par des produits de synthèse.


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Les « muralistes » mexicains, Diego Rivera, Orozco, peignaient, vers 1920, de grandes surfaces, en extérieur. Ils voulaient que leurs œuvres puissent durer, supporter le soleil, les pluies. Ils ont incité les industriels de la chimie à produire un type de peinture qui réponde à ces exigences. Les chimistes réussirent rapidement, et créèrent les vinyliques, les acryliques.

Les noms inscrits sur les tubes de « couleurs fines » pour les artistes font rêver. On imagine leurs nuances :Terre d’ombre brûlée, Jaune de Mars, Rouge de Venise, Rose Bengale, Rouge Turc, Rose Tyrien, Laque de Garance cramoisie, Bleu Touareg, Bleu Lumière, Bleu Azural, Jaune Sénégal, Vert Véronèse, Carmin d’Alizarine, Violet minéral, Jaune de Naples… CAMAÏEU Peinture (souvent décorative) réalisée avec une seule couleur assez intense pour permettre de nombreux dégradés par mélange de blanc, ou par transparence.


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Une porcelaine « caméléon », dont la pâte contenait des rubis artificiels, fut fabriquée par la Manufacture Nationale de Sèvres. Elle changeait de coloration suivant les angles sous lesquels on la regardait.

Avez-vous jamais, vous qui me lisez, vu « la couleur des ténèbres à la lueur d’une flamme » ? Elles sont faites d’une matière autre que celle des ténèbres de la nuit sur une route, et si je puis risquer une comparaison, elles paraissent faites de corpuscules comme d’une cendre ténue, dont chaque parcelle resplendirait de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. TANIZAKI JUNICHIRO, Éloge de l’Ombre

Il y a le noir antique et le noir frais, le noir brillant et le noir mat, le noir à la lumière et le noir dans l’ombre. Pour le noir antique, il faut y mêler du rouge ; pour le noir frais, c’est du bleu ; pour le noir mat, c’est du blanc ; pour le noir brillant, c’est une adjonction de colle ; pour le noir dans la lumière, il faut le refléter de gris. HOKUSAI


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BEIGES… Coquille d’œuf, sable, écru, mastic, poivre, ficelle…

Une couleur peut avoir beaucoup d’aspects différents

pure criarde chatoyante fluorescente vive lumineuse phosphorescente irradiante transparente nuancée décolorée laquée

dégradée brillante pastel patinée neutre rompue franche claire sombre passée mate satinée


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Un objet sur lequel on voit plusieurs couleurs peut être

moiré, irisé, nacré, opalescent, bariolé, bigarré, jaspé, multicolore, polychrome, diapré, versicolore…

Kandinsky est allé visiter une petite ville médiévale. Il pleut et il ne peut pas peindre.Quelques jours plus tard, il la peint de mémoire,et ensoleillée de la lumière du soir...

Le rose, le lilas, le jaune, le blanc, le bleu, le vert pistache, le rouge flamboyant des maisons et des églises y chantent leur partie avec le gazon d’un vert fou et le murmure profond des arbres.

Violet dans les gris. Vermillon dans les ombres orangées, par un jour froid de beau temps. BONNARD, Notes,7 février 1927


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Van Gogh écrit à Théo

Egalement me faudrait-il encore 12 Blancs de zinc, grands tubes 1 Emeraude, grands tubes 2 Cobalt, grands tubes 2 Outremer, grands tubes 1 Vermillon, grands tubes 4 Vert Véronèse, grands tubes 3 Chrome I, grands tubes 1 Chrome II, grands tubes 2 Laque géranium, tubes moyens

Il ne s’agit pas, en effet, pour être coloriste, de poser des rouges, des verts, des jaunes, à côté les uns des autres, sans règle ni mesure. Il faut savoir ordonner ces divers éléments, sacrifier les uns pour faire valoir les autres. Bruit et musique ne sont pas synonymes. La juxtaposition des couleurs, si intenses qu’elles soient, sans observation du contraste, c’est du coloriage et non du coloris. SIGNAC


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Tous mes rapports de tons trouvés, il doit en résulter un accord de couleurs vivant, une harmonie analogue à celle d’une composition musicale. MATISSE

Pour exprimer l’espace par les vibrations multicolores de l’air, pour faire de la lumière avec de la couleur, Monet exclut les terres et le bitume, arrache la matière à l’inertie des louches mélanges, réduit le plus possible sa palette aux couleurs primaires, en préserve la pureté et l’intensité en les disposant par minces couches séparées Les éléments des tons juxtaposés sur la toile se recomposent à distance dans les yeux du spectateur, assurant par ce mélange optique la puissance de vibration de chaque couleur. GEORGE BESSON

Dans ma peinture il n’y a ni sol, ni lointain, ni ciel : il y a des couleurs dont les rapports entre eux créent l’espace, et c’est tout. DUFY


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Berthe Morisot se promène avec sa fille Julie : « Nous nous asseyons, moi pensant à mon tableau du jardin, regardant les ombres sur le sable et les toits du Louvre, je cherche avec elle les relations entre les ombres et la lumière, elle voit du rose dans les lumières, du violet dans les ombres. » Quand le grand foyer descend dans les eaux, de rouges fanfares s’élancent de tous côtés ; une sanglante harmonie éclate à l’horizon, et le vert s’empourpre richement. Mais bientôt de vastes ombres bleues chassent en cadence devant elles la foule des tons orangés et rose tendre qui sont comme l’écho lointain et affaibli de la lumière. Cette grande symphonie d’hier, cette succession de mélodies, où la variété sort toujours de l’infini, cet hymne compliqué s’appelle la couleur. BAUDELAIRE,

Ecrits sur la Peinture

Rendre la lumière solaire… quel en serait donc l’équivalent ? La couleur pure, il faut tout lui sacrifier. GAUGUIN


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Le noir avec l’outremer a la chaleur des nuits tropicales, teinté de bleu de Prusse, la fraîcheur des glaciers… MATISSE

Sur la mer, la couleur est une tache, pour le seul plaisir de la couleur sans forme définie ; ainsi chez Raoul Dufy la couleur ne s’arrête-t-elle pas aux contours de la forme. Le dessin et la couleur se superposent, sans subir aucune contrainte l’un et l’autre, chacun exprimant ce qui est de son domaine. RAYMOND COGNIAT

Le fauvisme a été pour nous l’épreuve du feu : les couleurs devenaient des cartouches de dynamite, elles devaient décharger de la lumière. DERAIN

FRA ANGELICO Une paix, un repos, une douceur sans pareille dans un arc-enciel des tons les plus purs et les plus vifs, mais aussi les plus tendres, c’est la couleur de cette âme, qui serait une fée si elle n’était pas si sainte. ANDRÉ SUARÈS, Voyage du Condottiere


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La couleur n’est rien, si elle n’est pas convenable au sujet, et si elle n’augmente pas l’effet du tableau par l’imagination. DELACROIX, Journal

« Donnez-moi de la boue, laissez-moi l’entourer, j’en ferai un diamant. » Voici une proposition de vrai coloriste. Le faux coloriste (il court les rues) soupçonne mal l’importance des gris, des tons neutres, propres à enchâsser les gemmes de feu, de l’azur ou du sang. ANDRÉ MASSON

GRIS… Acier, gris-perle, ardoise, anthracite, gris-souris…

La couleur… est comme la fleur du beau modelé. Ces deux qualités s’accompagnent toujours. RODIN


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En avril 1914,Paul Klee découvre Tunis,Kairouan et Hammamet.Il écrit

La couleur me possède. Je n’ai plus besoin de la rechercher. Elle me possède à jamais, je le sais. Voici ce que signifie ce moment heureux : moi et la couleur, nous ne formons qu’un. Je suis peintre. Matisse,à propos de ses papiers découpés

Dessiner avec des ciseaux. Découper à vif dans la couleur me rappelle la taille directe des sculpteurs.

Paul Klee semble manier les couleurs et les rêves comme s’ils s’échappaient tous deux de la boîte à jouets d’un enfant. Il joue et rêve avec tout ce qu’il trouve.

JEAN HÉLION

Constable dit que la supériorité du vert de ses prairies tient à ce qu’il est composé d’une multitude de verts différents. Ce qui donne le défaut d’intensité et de vie à la verdure du commun des paysagistes, c’est qu’ils la font ordinairement d’une teinte uniforme. Ce qu’il dit ici du vert des prairies peut s’appliquer à tous les tons. DELACROIX


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VERTS… Vert pomme, vert olive, amande, vert d’eau, vert-de-gris, émeraude, vert pré, jade, vert saule, vert billard, vert bouteille, vert pin…

Les couleurs claires attirent davantage l’œil et le retiennent. Les couleurs claires et chaudes le retiennent plus encore : comme la flamme attire l’homme irrésistiblement, le vermillon attire et irrite le regard. KANDINSKY

Par le moyen et l’effet de la couleur, on peut donner de l’intérêt aux choses les plus vulgaires et faire un chef-d’œuvre avec un pot et des fruits. Mais comment en arriver là ? CHARDIN

Et dans un tableau je voudrais dire quelque chose de consolant comme une musique. Je voudrais peindre des hommes ou des femmes avec ce je-ne-sais-quoi d’éternel, dont autrefois le nimbe était le symbole, et que nous cherchons par le rayonnement même, par la vibration de nos colorations. VAN GOGH, Lettre


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L’icône de la Sainte Trinité, de Roublev : La pourpre foncée (l’amour

divin) et le bleu dense (la vérité céleste) avec l’or rutilant des ailes (l’abondance divine) forment l’accord parfait qui se perpétue et se retrouve dans une tonalité adoucie comme une révélation nuancée, l’initiation par degrés : rose léger et lilas à gauche, bleu plus doux et vert argenté à droite. PAUL EVDOKIMOV, L’art de l’icône

Léonard de Vinci avait imaginé un système, ou plutôt une gamme de petites cuillers pour prendre les différentes couleurs. Ce système devait permettre une harmonisation mécanique. Un de ses élèves, malgré la peine qu’il se donnait, ne réussissait pas à employer avec succès le procédé. Désespéré, il demanda à un camarade comment le Maître s’y prenait. « Le Maître ne s’en sert jamais », lui répondit-il. MEREJKOWSKI

Haillet de Couronne dit, dans son Éloge de Chardin : «On se sert de couleurs, mais on peint avec le sentiment. »


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À PROPOS DU DOUANIER ROUSSEAU […] Ses bleus, ses violets, ses rouges sont extrêmement beaux et variés. Dans l’emploi du vert et du noir il est d’une maîtrise incomparable. Il a peint des tableaux entiers presque exclusivement avec du vert dont il trouve d’innombrables nuances. Ses noirs, que Gauguin, dit-on, admirait déjà, sont d’une hardiesse à faire trembler tout autre peintre. […] Il n’a point de théorie, mais une grande sensibilité de la couleur et une maîtrise absolue dans son emploi. WILHELM UHDE

Nous avons travaillé pour libérer la couleur. Avant nous, le vert c’était un arbre, le bleu c’était le ciel, etc.Après nous, la couleur est devenue un objet en soi ; on peut utiliser aujourd’hui un carré bleu, un carré rouge, un carré vert… FERNAND LÉGER


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La couleur a été pour moi un tonique nécessaire. Là encore, Delaunay et moi étions loin des autres. Ils peignaient monochrome, nous polychrome. La couleur donne la joie, elle peut aussi rendre quelqu’un fou. Elle peut guérir, dans un hôpital polychrome. C’est une formidable matière, aussi indispensable à la vie que l’eau ou le feu. F.L.

Faire vivre plastiquement une ville, la colorer, l’élargir. Concevoir le tout dans un esprit utile et social. Ordonnation de la publicité colorée et lumineuse. F.L.

JAUNES… Citron, vanille, canari, banane, bouton d’or, jaune d’œuf, jaune soufre, safran, jonquille, ivoire, vieil or, topaze…


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RECETTE DU JAUNE D’OR, AU XIV

E

SIÈCLE

Prenez de l’orpiment, pilez-le sur la pierre, avec du fiel de chèvre ou de bœuf. Mettez dans un vase avec du safran, versez du vin blanc, mettez au feu et faites bouillir jusqu’à une certaine épaisseur. Laissez refroidir et prenez votre couleur, qui est très belle et imite l’or.

Les lois sur la coloration devraient dépasser le cadre des lois universelles d’harmonie, où trop de facteurs subjectifs entrent en ligne de compte, pour tenter d’en établir d’autres basées sur des caractéristiques physiologiques liées au comportement humain. On doit aider l’homme qui vit dans des sociétés et des villes de plus en plus génératrices de traumatismes graves à « compenser » par diverses choses, dont l’harmonie des couleurs. FRANÇOIS PARRA


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COULEURS DE RUSSIE AU KREMLIN

Certaines salles voûtées du vieux palais sont si basses, qu’un homme de taille un peu au-dessous de la moyenne peut à peine s’y tenir debout. C’était là que, dans une atmosphère surchauffée par les poêles, les femmes accroupies à l’orientale sur des piles de carreaux passaient les longues heures de l’hiver russe à regarder, à travers les petites fenêtres, la neige scintiller sur l’or des coupoles et les corbeaux décrire leurs larges spirales autour des clochers. Ces appartements, bariolés de peintures, dont les palmes, les ramages, les fleurs rappellent les dessins de cachemire, font penser à des harems asiatiques transportés dans les frimas polaires. Le vrai goût moscovite, faussé plus tard par l’imitation mal entendue des arts de l’Occident, y apparaît dans toute sa primitive originalité et avec son âpre saveur barbare. […] Une fantaisie inépuisable préside à la décoration de ces chambres mystérieuses, où l’or, le vert, le bleu, le rouge se mêlent avec un bonheur rare et produisent des effets charmants. THÉOPHILE GAUTIER, Voyage en Russie


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Les Couleurs

COULEURS DE RUSSIE (SUITE) À MOSCOU

Au-dessus de maisons qui ne différaient pas beaucoup de celles de Saint-Pétersbourg, s’arrondissaient parfois des coupoles d’azur étoiles d’or, ou des clochers bulbeux revêtus d’étain ; une église d’architecture rococo dressait sa façade coloriée d’un rouge vif et bizarrement rehaussée de neige à toutes les saillies ; d’autres fois l’œil était surpris par une chapelle peinte en bleu Marie-Louise que l’hiver avait, çà et là, glacé d’argent. La question de l’architecture polychrome, si vivement débattue encore parmi nous, est depuis longtemps tranchée en Russie ; on y dore, on y argente, on y peint de toutes couleurs les édifices sans le moindre souci du bon goût et de la sobriété, comme l’entendent les pseudo-classiques, car il est certain que les Grecs donnaient des teintes variées à leurs monuments et même à leurs statues. Rien de plus amusant que cette riche palette appliquée à l’architecture condamnée dans l’Occident aux gris blafards, aux jaunes neutres et aux blancs sales. THÉOPHILE GAUTIER, Voyage en Russie


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… entrant pour la première fois dans une isba, je restai cloué d’étonnement devant les peintures surprenantes qui m’entouraient ; tables, bancs, poêles énormes, armoires et chaque chose étaient recouverts d’ornements primitifs aux couleurs vives… Lorsque enfin je pénétrai dans la chambre, je me trouvai entouré de tous côtés par la peinture, comme si j’étais entré moi-même dans la peinture. KANDINSKY

L’iconostase, haute muraille de vermeil à cinq étages de figures qui a l’air de la façade d’un palais d’or, éblouit l’œil par sa fabuleuse magnificence. à travers les découpures de l’orfèvrerie, les mères de Dieu, les saints et les saintes passent leurs têtes brunes et leurs mains aux tons de bistre. Leurs auréoles en relief accrochant la lumière font scintiller les facettes des pierres précieuses incrustées dans leurs rayons et flamboient comme de vraies gloires ; aux images, objets d’une vénération particulière, sont appliqués des pectoraux de pierreries, des colliers et des bracelets constellés de diamants, de saphirs, de rubis, d’émeraudes, d’améthystes, de perles, de turquoises ; la folie du luxe religieux ne saurait aller plus loin. THÉOPHILE GAUTIER, Voyage en Russie


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Les Couleurs

MAISONS COLORÉES Voyageant à pied, Sophie et Xavier Bohl Raverdy notent, en Ligurie : « La couleur régit les alliances de l’espace : blanc cassé, jaune de Naples, violet, rose, mauve, cassis ; les tons ne se limitent pas au pastel et peuvent être forts et enivrants. Les peintres en bâtiment prennent aux mondes minéral et végétal leurs couleurs riches et limpides. » En Macédoine : « Les encadrements, les menuiseries et le porche s’ornent de couleurs vives : violet, rose indien, bleu pâle, jaune citron… » En Turquie, d’anciennes maisons de bois, les yali: «repeints, aimés, oubliés, rouge sanguin, jaune chaud, blanc, jaune citron, noir bois. » Les habitants de la petite ville de Greve, en Toscane, peignent tous leurs volets en vert : verts vifs, verts pomme, verts jade, vertsbleus, verts-jaunes, et beaucoup d’autres, se détachent sur le blanc des façades.


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DE QUELLES COULEURS COUVRIR LES MURS ? Le rouge est tonique, attractif. Il s’impose avec force, mais peut lasser assez rapidement. Il donne une impression de chaleur. Un séjour prolongé dans une pièce rouge peut provoquer une tension nerveuse pénible. Des cabines téléphoniques expérimentales ont été peintes en rouge, extérieur et intérieur ; on a pu constater qu’elles étaient plus fréquentées que les autres, mais que les durées des communications y étaient beaucoup plus courtes. Le rouge supporte mal les mélanges, il y perd sa qualité spécifique ; vers le foncé, il tire sur le brun ou le bordeaux, vers le clair, sur l’orange ou le rose. L’orange ressemble aux reflets du feu, au soleil couchant, aux fruits exotiques. Sa qualité est une certaine intensité ; pour rester orange, il ne doit tirer ni vers le rouge, ni vers le jaune. C’est une couleur chaleureuse, qui invite à la convivialité.

Le blanc, les blancs « cassés », les beiges, les gris permettent de mettre en valeur les peintures, des objets, des volumes colorés.


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Les Couleurs

Dans la nature, le bleu est pour nous le ciel, le lointain, la mer, un lac, de larges surfaces où notre vision se perd, trouve peu d’obstacles ; il nous entraîne à une certaine torpeur, au rêve, à l’imaginaire. L’Oiseau Bleu… Sur des murs, il donnera une impression d’élargissement de l’espace ; il allégera les volumes, il évoquera la fraîcheur. Comme le vert, et contrairement au jaune et au rouge, il garde sa qualité bleue, du foncé au clair, dans des registres très différents. Ses tendances vont du bleu-vert (les turquoises, bleus d’Orient) au bleu-violet (outremer).

Le jaune, la plus claire des couleurs, même dans sa plus forte intensité. Elle crée l’illusion de la lumière du soleil et l’impression joyeuse qu’elle nous fait éprouver. On ne peut foncer du jaune ; il deviendrait jaune-vert, ou jaune-brun, ocre. Ses deux tendances sont jaune d’or (comme le jaune d’œuf) et citron. Ces tons adoucis sont très agréables sur des murs.Trop vifs, ils seraient envahissants ; et puis sur un fond jaune vif, nous paraissons avoir un teint rose-mauve…


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Le noir peut donner l’impression de dilater l’espace d’une toute petite pièce, d’un couloir, d’élever un plafond trop bas. Il donne un éclat particulier aux couleurs fortes et vives.

L’équilibre du vert est à trouver entre son pôle vert-jaune, et son pôle vert-bleu. Le vert est la couleur dont l’homme a toujours été le plus entouré. Elle lui est familière et apaisante. Le registre de cette couleur est large ; du foncé au clair, on peut établir une multitude de belles tonalités. D’instinct, on a recouvert les tables de jeu, de conseils d’administration, les billards, en vert. En effet, autour de ces tables, il vaut mieux être calme et concentré.

Le rose fait surgir en nous des images de fleurs, de fruits, d’aurores, des couleurs d’enfance, de féminité, de jeunesse. Ses tonalités évoluent des roses chauds (rose thé, abricot-rose) aux roses froids (rose-lilas, dragée), en passant par les vifs, framboisés, fuchsias, fraises. Un rose hyper-éclatant, baptisé « rose shocking », devint un moment l’emblème de la maison de couture Schiaparelli.


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Dans leurs versions douces, les roses conviennent à l’atmosphère de l’intimité. Il est difficile d’imaginer de vivre dans des locaux violets. Cependant les tonalités déclinées, lilas, mauve, parme, peuvent avoir un charme sophistiqué.

Les couleurs très intenses et vives sont le mieux utilisées dans des endroits où l’on passe peu de temps ; les tons plus doux mieux adaptés à la maison, aux lieux de travail, de repos.

LE VOYAGE DE LA NUIT Mahomet eut un songe initiatique : chevauchant sa jument ailée, guidé par l’archange Gabriel, il traverse les sept sphères célestes, chacune d’une couleur différente, qui symbolisent les sept niveaux d’existence. Enfin il atteint l’infinie lumière blanche, et s’approche de Dieu.


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Comme la terre est belle en sa rondeur immense. La vois-tu qui s’étend jusqu’où le ciel commence ? La vois-tu s’embellir de toutes ses couleurs ? ALFRED DE VIGNY, Le Déluge

Le philosophe Alain écrit,à propos du vitrail

« C’est la peinture la plus éclatante et qui retrouve presque cette pure couleur des pierres précieuses, dont Goethe ne se lassait pas. C’est la peinture qui participe le plus directement du brillant de la lumière cosmique ; c’est la seule qui colore aussi les autres choses, en mêlant à elles sa propre image. »

[…] Et quand descend le soir au manteau écarlate, Tu poses doucement ton corps sur une natte Où tes rêves flottants sont pleins de colibris Et toujours comme toi, gracieux et fleuris. BAUDELAIRE, à une malabraise


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À un moment où je dénombrais les pensées qui avaient rempli mon esprit pendant les minutes précédentes, pour me rendre compte si je venais ou non de dormir (et où l’incertitude même qui me faisait me poser la question était en train de me fournir une réponse affirmative), dans le carreau de la fenêtre, au-dessus d’un petit bois noir, je vis des nuages échancrés dont le doux duvet était d’un rose fixé, mort, qui ne changera plus, comme celui qui tient les plumes de l’aile qui l’a assimilé, ou le pastel sur lequel l’a déposé la fantaisie du peintre. Mais je sentais qu’au contraire cette couleur n’était ni inertie, ni caprice, mais nécessité et vie. Bientôt s’amoncelèrent derrière elle des réserves de lumière. Elle s’aviva, le ciel devint d’un incarnat que je tâchais en collant les yeux à la vitre, de mieux voir, car je le sentais en rapport avec l’existence profonde de la nature ; mais la ligne du chemin de fer ayant changé de direction, le train tourna, la scène matinale fut remplacée dans le cadre de la fenêtre par un village nocturne aux toits bleus de clair de lune, avec un lavoir encrassé de la nacre opaline de la nuit, sous un ciel encore semé de toutes ses étoiles, et je me désolais d’avoir perdu ma bande de ciel rose quand je l’aperçus de nouveau, mais rouge cette fois, dans la fenêtre d’en face qu’elle abandonna à un deuxième coude de la voie ferrée ; si bien que je passais mon temps à courir d’une fenêtre à l’autre, pour rapprocher, pour rentoiler les fragments intermittents et opposites de mon beau matin écarlate et versatile et en avoir une vue totale et un tableau continu. MARCEL PROUST


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Enfin il fut devant le Ver Meer, qu’il se rappelait plus éclatant, plus différent de tout ce qu’il connaissait, mais où, grâce à l’article du critique, il remarqua pour la première fois des petits personnages en bleu, que le sable était rose, et enfin la précieuse matière du tout petit pan de mur jaune. MARCEL PROUST

Le nom de Parme, une des villes où je désirais le plus aller depuis que j’avais lu La Chartreuse, m’apparaissant compact, lisse, mauve et doux, si on me parlait d’une maison quelconque de Parme dans laquelle je serais reçu, on me causait le plaisir de penser que j’habiterais une demeure lisse, compacte, mauve et douce, qui n’avait de rapport avec les demeures d’aucune ville d’Italie, puisque je l’imaginais seulement à l’aide de cette syllabe lourde du nom de Parme, où ne circule aucun air, et de tout ce que je lui avais fait absorber de douceur stendhalienne et du reflet des violettes. M.P.


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Les Couleurs

… quand on venait voir Mme Verdurin l’après-midi, on attendait qu’elle fût prête, cependant que les fleurs roses des marronniers, dehors, et sur la cheminée des œillets dans des vases semblaient, dans une pensée de gracieuse sympathie pour le visiteur, que traduisait la souriante bienvenue de leurs couleurs roses, épier fixement la venue tardive de la maîtresse de maison. MARCEL PROUST

Vlaminck écrit,à propos de Max Jacob

Il coloriait de petits croquis avec des couleurs comme celles que les gosses achètent chez le libraire du quartier. Pour ces petits travaux, il employait un peu d’encre de Chine, du bleu, du rose, de la cendre de cigarette délayée au fond de sa tasse dans un reste de café.


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Je te donne pour ta fête Un chapeau couleur noisette Un petit sac en satin Pour le tenir à la main Un parasol en soie blanche Avec des glands sur le manche Un habit doré sur tranche Des souliers couleurs orange : Ne les mets que le dimanche Un collier, des bijoux Tiou ! MAX JACOB

Poésie ! ô trésor ! Perle de la pensée ! Les tumultes du cœur, comme ceux de la mer, Ne sauraient empêcher ta robe nuancée D’amasser les couleurs qui doivent te former. ALFRED DE VIGNY


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TITRES EN COULEURS… Le Grand Bleu Le Mouron rouge Le Fanal bleu La Charrette bleue La Robe mauve de Valentine Ces dames aux chapeaux verts La Tulipe noire Le Rideau cramoisi Le Lys rouge Nuits noires Le Chasseur vert Goupil Mains Rouges La Lettre écarlate Le Rouge et le Noir Alcool vert Le Mystère de la chambre jaune Barbe-bleue Le Petit Chaperon rouge Le Perroquet vert Sous-marin jaune Le Petit Livre rouge


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… TITRES EN COULEURS (SUITE) La Rose pourpre du Caire Le Chevalier de Maison-rouge Le Bleu du ciel Un taxi mauve Vert-Vert Le Hussard bleu La Vipère rouge Jaune bleu blanc Le Nain jaune L’Auberge rouge Les Quatre Plumes blanches Amours jaunes L’Ange bleu Le Signe rouge du courage Le Pape vert Les Fleurs bleues Cavalerie rouge La Jument verte Le Pigeon d’argent L’Île de pourpre Les Vertes Années Le Bréviaire bleu La Jeune Fille verte


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Sur des pierreries de couleur s’édifie la nouvelle Jérusalem décrite dans l’Apocalypse : « Les fondements de la muraille de la ville étaient ornés de pierres précieuses de toute espèce : le premier fondement était de jaspe, le second de saphir, le troisième de calcédoine, le quatrième d’émeraude, le cinquième de sardonyx, le sixième de sardoine, le septième de chrysolite, le huitième de béryl, le neuvième de topaze, le dixième de chrysoprase, le onzième d’hyacinthe, le douzième d’améthyste. […] La place de la ville était d’or pur, comme du verre transparent. »

L’Éternel indique à Moïse comment les meilleurs artisans devront réaliser les vêtements sacerdotaux d’Aaron : « Ils emploieront de l’or, des étoffes teintes en bleu, en pourpre, en cramoisi, de lin fin. »

Avez-vous vu la Ligne bleue des Vosges ou le Rayon vert ?


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Ce qui me plongeait dans le ravissement, c’était d’étendre un tablier de couleur, emprunté à ma mère, sur deux piquets, devant un groseillier que j’avais planté dans la cour, et de voir les effets de lumière que le soleil en passant à travers le tissu produisait sur les feuilles. HANS CHRISTIAN ANDERSEN,

le Conte de ma vie

Une poule grise qui pond dans la remise,

Une poule rousse qui pond dans la mousse,

Une poule brune qui pond dans la lune,

Une poule blanche qui pond dans la grange,

Une poule noire qui pont dans l’armoire un p’tit coco tout chaud pour l’enfant qui fait dodo… Comptine


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Ramuz travaille avec Stravinski pour établir la version française du livret d’une comédie musicale,« Renard »

« Nous nous retrouvions presque chaque jour dans la chambre bleue d’où on dominait le jardin : nous étions parmi les tambours, les timbales, toutes espèces d’instruments de choc (ou de percussion, qui est le terme officiel…) Le papier du mur était d’un bleu extraordinaire, d’un bleu de boule de lessive, nous occupions l’intérieur d’un cube qui semblait avoir été taillé à la hache dans de l’azur.Au-dessous était un joli jardin verger avec de l’herbe et des arbres en fleurs, où quatre beaux enfants… couraient et riaient tous le long des jours. » Ramuz décrit la table de travail de son ami Stravinski

« Il y avait un ordre qui éclairait parce qu’il n’était lui-même que le reflet d’une clarté intérieure. Et c’est cette clarté-là qui transparaissait aussi au travers de toutes ces grandes pages couvertes d’écriture, de façon plus complexe encore, plus persuasive, plus péremptoire avec la collaboration des différentes encres, la bleue, la verte, la rouge, la noire, deux espèces d’encre noire (l’ordinaire et l’encre de Chine), chacune ayant sa destination, sa signification, son utilité particulière ; l’une servant à écrire les notes, une autre


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le texte ; celle-ci servant pour les titres, celle-là pour les diverses indications écrites que comporte une partition; tandis que les barres étaient tracées à la règle, les fautes soigneusement effacées au grattoir. » Jacques Perry décrit, dans Mère Paradis, les sensations d’un bébé qui entend son père : « Sa voix, je l’entendais déjà avant.Avant de voir. Il y avait une voix de couleur rouge, rouge brun mais c’est peut-être en voyant que j’ai senti que sa voix était rouge.Avant cet instant où j’ai vu, je n’ai pas de souvenirs mais j’entendais sûrement cette voix rouge et la voix vert d’eau de ma mère. »

Plus tard, en analysant mes goûts et mes préférences, j’ai retrouvé la trace de la violente émotion visuelle provoquée jadis par l’apparition de l’oiseau. Les arts exotiques me séduisent, et, dans les maisons que j’ai habitées, ma chambre préférée s’ornait toujours de soie d’un vert tendre de jeune pousse sur des fonds noirs. Mon œil a gardé l’impression délicieuse du perroquet vert posé comme un bouquet de feuilles fraîches sur le manchon de loutre et, depuis, j’ai cherché souvent à recréer autour de moi cette harmonie. PRINCESSE BIBESCO, le PerroquetVert


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… C’est ma sœur qui m’a fait peur Dans la rue des trois couleurs : Bleu, blanc, rouge, La Croix-Rouge ! Bleu, blanc, vert, La croix de l’enfer. Comptine

On ne dit pas « hisser le drapeau » mais « hisser les couleurs ».

… Rouge de colère, vert de jalousie, il avait une peur bleue…


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Havelock Ellis décrit (en 1898) ses visions sous l’influence du peyotl

... Je voyais des étendues lumineuses couvertes de bijoux, séparés ou mêlés, tantôt brillants et scintillants, tantôt émettant une lueur profonde et sourde. Sous mes yeux fascinés, ils s’épanouissaient en bouquets, puis semblaient vouloir former d’éblouissants papillons ou les plis infinis d’ailes aux fibres brillantes, iridescentes, appartenant à de merveilleux insectes ; en même temps, j’avais l’impression d’admirer l’intérieur d’un vase profond animé d’un mouvement tournant ; sur ses parois polies, les teintes changeaient rapidement. J’étais surpris par l’énorme profusion d’images qui s’offraient à mon admiration et plus encore par leur variété… Chaque couleur, chaque teinte imaginable m’apparut à un moment ou à un autre. Parfois toutes les nuances d’une même couleur, du rouge par exemple, avec ses tons écarlates, ses pourpres, ses roses, jaillissaient ensemble, ou se succédaient rapidement...


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La princesse du conte de Perrault, « Peau-d’Ane » exige pour consentir au mariage, une robe couleur du temps, selon elle, impossible à trouver. Cependant « Le second jour ne luisait pas encore Qu’on apporta la robe désirée : Le plus beau bleu de l’empirée N’est pas, lorsqu’il est ceint de gros nuages d’or, D’une couleur plus azurée… » Alors elle demanda une robe couleur de lune, puis encore une autre couleur de soleil…

ORANGÉS… Carotte, cuivre, orange, abricot, rouille…

BRUNS… Ocre, tabac, pain-brûlé, chocolat, marron-glacé, fauve, noisette, feuille-morte, poil-de-chameau…


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Annoncez la couleur !

Il m’en a fait voir de toutes les couleurs.

Je suis en rouge à la banque.

Que faut-il faire ? Rire jaune, ou voir rouge ?

La nuit tous les chats sont gris.

Je vois la vie en rose.

Bleue, bleue, bleue, La bouteille est bleue Blanc, blanc, blanc Ça la remplira… Comptine


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… Lézard bleu diamant, Violet reine-claude Et vert d’émeraude, Lézard d’agrément ! ROBERT DESNOS

INCARNAT, BLANC ET NOIR Un jeune homme se promenait par un temps de neige ; il tua une corneille. L’éclat de son plumage, la blancheur de la neige et la rougeur de son sang produisirent un assemblage de couleurs dont le prince fut frappé. Il pensa qu’il serait heureux de rencontrer une jeune fille dont le teint incarnat et blanc serait relevé par des cheveux d’un noir parfait. Nouveau recueil des contes de fées,1718

Il n’est pas de rose assez tendre Sur la palette du Printemps, Madame, pour oser prétendre Lutter contre vos dix-sept ans. THÉOPHILE GAUTIER, Emaux et Camées


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ROUGES… Rubis, cerise, coquelicot, lie-de-vin, grenat, bordeaux, sang-debœuf…

« J’ai cherché à exprimer avec le rouge et le vert les terribles passions humaines. » VAN GOGH, Lettre à Théo,

8 septembre 1888 sur le Café de nuit. À propos de la couleur jaune deVan Gogh

Quand il écrit : « Que le jaune est beau ! » il ne s’agit pas seulement de la réaction sensitive d’un peintre, mais de la profession de foi d’un homme pour qui le jaune est la couleur du soleil, symbole de la chaleur et de la lumière. Le jaune, en tant qu’idée, plongeait l’homme en extase, puis, en tant que couleur ravissait le peintre. C’est pourquoi les tournesols, qu’il ne se lassa jamais de peindre, dépassent en signification celle de la simple nature morte et lui-même compare leur effet à celui des rosaces gothiques. WILHELM UHDE


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CHEZ LES INDIENS L’ethnologue (et marquis) de Wavrin relate ce que lui disent les Huitotos, Indiens d’Amazonie : « Arc-en-Ciel est un sorcier qui se présente avec son hamac. Nous voyons cet homme ; nous distinguons son reflet. Il présage les maladies. » Les Boros : « Arc-en-Ciel est un serpent. Il est le maître des pirogues. Nous le redoutons parce qu’il nous apparaît brusquement et est coloré comme les étoffes. C’est une erreur de prétendre qu’il provoque les maladies. Tout comme l’éclair, il est bon de nature et ne devient mauvais que lorsqu’il est en colère. » Chez les Indiens Dakota (Amérique du Nord), les couleurs avaient souvent un sens symbolique, aussi bien dans l’art que la guerre et la religion. Le rouge suggérait le coucher du soleil ou le tonnerre ; le jaune l’aube, les nuages ou la terre ; le bleu le ciel, les nuages, la nuit ou le jour ; le noir, la nuit ; le vert, l’été. … Dans nos rêves,les couleurs révèlent des situations psychiques VIOLET

C’est l’alliance à part égale du bleu et du rouge, sentiment et intelligence, il est symbole de vie intérieure, de recueillement, de mystère.


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BLEU

Le bleu est la couleur du ciel, de l’espace, du lointain. Sur le plan psychique, c’est la couleur de la pensée, de la recherche spirituelle, de la pureté. Physiquement, l’influence du bleu est sédative. VERT

Le vert, c’est le végétal renaissant, un ancestral symbole d’espérance. Dans le rêve, il indique la fonction sensitive. Couleur équilibrée (jaune + bleu), son influence physique est apaisante. JAUNE

Le jaune, claire couleur solaire, est symbole d’illumination, de vie éternelle.Vu en rêve, il exprime la fonction psychique de l’intuition. Par la gaieté qu’il inspire, le jaune a une action stimulante. ORANGE

Il est fait de jaune et de rouge et symbolise l’équilibre entre l’esprit et la libido. Robes jaunes-orangées des moines bouddhistes, couleur rouge orangée nommée tango… ROUGE

Le rouge est la couleur du sang, du feu. Psychiquement, celle des sentiments, de la passion, de l’ardeur. Son effet physique est très tonique. Le rouge est, par tous les peuples du monde, la couleur


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la plus souvent utilisée sur les costumes de fête traditionnels. Chacun sait que le jaune, l’orange et le rouge donnent et représentent des idées de joie, de richesse. DELACROIX

Les couleurs influencent notre psychisme ; elles ont le pouvoir de provoquer des sensations, des émotions, des idées qui nous apaisent ou nous agitent, nous rendent gais ou tristes. GOETHE

Rouge intérieur Jusqu’à la mort Mon amour te ressemblera, Jamais il ne pâlira Jusque dans la mort Rouge de brasier Il te ressemblera. CAROLINE VON GURDERODE


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En France, les blasons étaient composés de bleu, rouge, vert, noir, pourpre (azur, gueules, sinople, sable, violet) et d’or et argent. Ces couleurs sont franches, vives, assemblées en contrastes dans les blasons qui devaient être clairement visibles de loin. Elles signifient des qualités et des sentiments : Sinople – Honneur, courtoisie, vigueur, espérance, joie. Sable – Deuil et tristesse, mais aussi gravité, science. Pourpre – Foi, tempérance, chasteté. Or – Sagesse, constance, vertus chrétiennes. Argent ou blanc – Pureté, innocence, vérité, félicité. Gourdon de Genouillac précise, dans « les mystères du Blason » : « Azur qui représente le ciel, signifie justice, humilité, fidélité, chasteté, joie, loyauté, bonne réputation, amour et félicité éternelle. Entre les vertus mondaines, l’azur symbolise la beauté, la douceur, la noblesse, la victoire, la persévérance, la richesse, la vigilance et la récréation. Quant aux gueules, c’est la justice, l’amour de Dieu, la vaillance, la hardiesse, l’intrépidité, la cruauté, la colère, le meurtre et le carnage. »


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Avril, l’honneur des prés verts, Jaunes, pers, Qui, d’une humeur bigarrée, Emaille de mille fleurs De couleurs Leur parure diaprée. RÉMY BELLEAU

CHANTS PEAUX-ROUGES,WINNEBAGO Il était agréable à voir Ce monde nouvellement créé. Sur toute la longueur et la largeur de la terre, notre grand-mère, s’étendait le reflet vert de sa couverture et les odeurs qui en montaient étaient douces à respirer.


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Qu’elle était belle, ma frégate, Lorsqu’elle voguait dans le vent ! Elle avait, au soleil levant, Toutes les couleurs de l’agate. ALFRED DE VIGNY

Le bleu est la seule couleur qui, à tous ses degrés, conserve sa propre individualité. Prenez un bleu à ses diverses nuances, de la plus foncée à la plus claire, ce sera toujours du bleu, alors que le jaune noircit dans les ombres et s’éteint dans les clairs, que le rouge foncé devient brun et que, dilué dans le blanc, ce n’est plus du rouge, mais une autre couleur : le rose. DUFY

Une ineffable paix monte et descend sans cesse Du bleu profond de l’âme au bleu profond des mers. VICTOR HUGO


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Les Couleurs

Dans tout l’Orient musulman, la perle bleue (précieuse ou de verre, de céramique) est talisman contre le « mauvais œil ». Naturellement, on en met au cou des bébés. On vend de petits yeux, tout ronds, en verre, qu’on porte sur soi.

« Le vert absolu est la couleur la plus calme qui soit. Elle n’est le siège d’aucun mouvement. Elle ne s’accompagne ni de joie, ni de tristesse, ni de passion. Elle ne demande rien, elle ne lance aucun appel. Cette immobilité est une qualité précieuse et son action est bienfaisante sur les hommes et sur les âmes qui aspirent au repos. » KANDINSKY, Du Spirituel dans l’art

Les civilisations celtiques (Irlande, Pays de Galles, Bretagne) n’avaient qu’un seul mot pour désigner le bleu ou le vert : glass.


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À l’aide de sables colorés,les Indiens Navajo (Amérique du Nord) exécutaient sur le sol des peintures rituelles

Quatre couleurs, noir, bleu, jaune, blanc, symbolisaient les quatre mondes ascendants d’où émerge l’Homme. Les plantes, les montagnes, les points cardinaux, l’Oiseau Bleu du Bonheur étaient représentés, entourés d’un tracé circulaire de plusieurs couleurs, figurant la déesse Arc-en-Ciel. Le ciel était tout entier fait de ce bleu radieux et un peu pâle comme le promeneur couché dans un champ le voit parfois audessus de sa tête, mais tellement uni, tellement profond, qu’on sent que le bleu dont il est fait a été employé sans aucun alliage, et avec une si inépuisable richesse qu’on pourrait approfondir de plus en plus sa substance sans rencontrer un atome d’autre chose que de ce même bleu. MARCEL PROUST

KRISHNA LE BLEU Krishna, héros de la mythologie hindoue, est une des incarnations du dieu Vishnou. Berger, musicien, charmeur des animaux, comme Orphée, il séduit les femmes, et il aime faire des farces. Il occupe la première place dans la dévotion populaire de l’Inde. On le reconnaît à l’aigrette de plumes de paon qui orne son diadème, mais surtout, quoique son nom signifie « noir » en sanskrit, à la couleur bleue de sa peau.


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Un héraut d’armes d’Alphonse V d’Aragon, Scille, décrit dans le Second traité du Blason, au milieu du xvie siècle, les symboles des qualités morales attachées à chaque couleur, et ce qui pourrait être signifié en combinant deux ou plusieurs couleurs dans un costume.

Lors de bleu est divin, et l’ennemi du mal Le jaune est jalousie et parfois fort banal Le rouge est infernal, vivant et puis féroce, Le vert est espérance, et rose est douce noce. UTRILLO

À l’époque où les seigneurs affirmaient leur puissance par la brillance et les riches colorations de leurs habits, Charles le Téméraire, Duc de Bourgogne, choisit pour lui-même et pour sa cour le strict velours noir… Il y a des rouges triomphaux et des rouges assassins, il y a un bleu qui peut être celui de sainte Madeleine, et un bleu qui sera celui de Messaline. LÉON BAKST


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Les couleurs de Gargantua étaient le blanc et le bleu, comme vous auriez pu le lire ci-dessus, et son père, par leur truchement, voulait donner à entendre que son fils lui apporte une joie céleste. Car le blanc signifiait à ses yeux joie, plaisirs, délices et réjouissances, et le bleu, choses célestes. Je me doute bien qu’en lisant ces mots vous vous moquez de ce vieux buveur qui vous parle et jugez cette interprétation des couleurs trop grossière et impropre ; vous dites que le blanc signifie foi et le bleu fermeté. RABELAIS, Gargantua

Éluard n’a jamais cessé d’éveiller en moi l’idée de la couleur du ciel, d’une eau profonde et tranquille, d’une douceur qui connaît son énergie. PABLO NERUDA

Ce qui me frappe d’abord, c’est que partout – coquelicots dans les gazons, pavots, perroquets, etc. – le rouge chante la gloire du vert. BAUDELAIRE


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Les cinq couleurs symboliques des ornements sacerdotaux du rituel catholique alternent suivant le cycle liturgique

Le Blanc, pureté, joie, fête ; il est réservé à la célébration des Fêtes de Jésus-Christ (Noël, Pâques, Ascension), de la Vierge, et des saints, et aussi utilisé pour les messes de mariage. Le Rouge évoque le sang des martyrs, le feu des apôtres ; il figure aux cérémonies de la Passion, de la Pentecôte, aux fêtes des saints martyrs. Le Violet : tristesse, méditation, pénitence. Il correspond aux offices de l’Avent, de Septuagésime, du Carême, des Vigiles et des Rogations. Le Vert symbolise l’espérance, les biens à venir ; il est utilisé pour les Dimanches après la Pentecôte. Le Noir est réservé au Vendredi Saint et aux messes des morts.


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Il y a des connaisseurs de bleu comme il y a des amateurs de crus. […] […] Je n’allais pas mendier le bleu aux clairs lits de sable fin où la vague se repose, sachant bien qu’à peine né de l’aurore, le bleu de la mer serait mordu cruellement par le vert insidieux qui éteint au ciel la dernière étoile, et que chaque point cardinal, quittant le bleu instable, choisit sa couleur céleste : l’est est violacé, le nord d’un rose glacial, l’ouest rougeoyant et gris le sud. COLETTE, Pour un herbier

On raconte qu’un Français spirituel aurait dit : « Le ton de la conversation avec Madame était changé depuis qu’elle avait changé en cramoisi le meuble de son cabinet qui était bleu. » GOETHE, Traité des Couleurs

Les images d’Epinal doivent en grande partie leur succès aux tons très vifs dont était colorié, au pochoir, le dessin noir : rouge, bleu, jaune, brun, violet, vert, rouge clair «rosette », et, au début du XIXe siècle, un orange éclatant.


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« – Tenez, tenez, dit Pantagruel, voyez-en ici qui ne sont pas encore dégelées. » Alors il nous jeta sur le tillac de pleines poignées de paroles gelées ressemblant à des dragées perlées de diverses couleurs. Nous y vîmes des mots de gueules, des mots de sinople, des mots d’azur, des mots de sable, des mots dorés. Après avoir été échauffés entre nos mains, ils fondaient comme neige, et nous les entendions réellement, mais nous ne les comprenions pas car c’était un langage barbare. RABELAIS, Le quart livre

BRODERIES GRECQUES ANCIENNES On brodait avec des fils de couleurs, de soie, de laine ou de coton, parfois mélangés à des fils d’or ou d’argent. Les substances végétales employées pour la teinture garantissaient l’inaltérable fraîcheur des couleurs telles qu’elles résultaient des différents procédés de fabrication selon d’anciennes recettes fort détaillées qui précisaient même le moment le plus propice à la cueillette des plantes colorantes.


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Pierre Loti décrit la robe d’une impératrice du Japon de l’an 200

« Elle est faite de sept doubles d’une fine mousseline de soie, superposés, tous de nuances différentes, et laissés libres d’ondoyer séparément dans la longueur de la traîne. L’étoffe de dessus, qui jadis était blanche et que le temps a rendue d’une couleur de vieil ivoire jauni, est semée d’oiseaux envolés (grandeur de moineaux) à tête de dragon; très espacés dans leur vol fantastique, les uns verts, les autres bleus, les autres jaunes ou violets. La deuxième étoffe est jaune, la troisième bleue, la quatrième violette, la cinquième vieil or, la sixième verte, – toutes parsemées d’animaux étranges et différents qui volent à tire-d’aile. La dernière enfin, celle de dessous, celle qui touchait et enveloppait le corps d’ambre de l’impératrice, est violette, semée de blasons impériaux – qui sont des enroulements de chimères. Japoneries d’Automne

Le « bleu-lessive » ou bleu de Bâle, mélange à base de bleu de Prusse, était utilisé pour rehausser le blanc du linge, et aussi en décoration.


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Depuis l’antiquité jusqu’à la deuxième moitié du XIXe siècle, les colorants pour la teinture des tissus étaient extraits de plantes, d’animaux ou de minéraux.Aujourd’hui, les chimistes ont mis au point des dizaines de milliers de colorants synthétiques. C’est un art dont la pratique demande beaucoup d’expérience : il faut mélanger deux, trois, ou quatre colorants afin d’obtenir la teinte exacte demandée pour telle ou telle sorte de textile et en garantir la permanence au lavage et à la lumière.

Des manuscrits précieux, au début du Moyen Age, ont été écrits à l’encre d’or sur du parchemin teint en pourpre.


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ANCIENS NOMS DE COULEURS PONCEAU. Nom du coquelicot, et de son rouge. AMARANTE. Nom

de la fleur et de sa couleur rouge-pourpre veloutée.

PUCE. Brun-rouge. PERS (OU PERSE). Nuance du bleu des yeux. INCARNAT. Rouge clair de nuance orangée. BARBEAU. Nom du bleuet et de sa couleur. ISABELLE. Blanc jauni. EMAIL. Anciennement

l’ensemble des colorations du blason, puis, en poésie, toutes les couleurs des fleurs dans un pré ou un jardin.

ZINZOLIN. Violet tirant sur le rouge. GORGE-DE-PIGEON. Gris changeant du vert au rose-violet. AURORE. Rose tendre. CRAMOISI. Vient

de l’arabe « kermès » qui désigne le rouge produit par la cochenille du même nom.


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LA GARANCE Andrinople et Smyrne en étaient les principaux centres dans l’antiquité. Puis il y eut une grande production en Flandres, en Alsace et en Avignon. L’infanterie de ligne, en France, portait le pantalon garance. « En pincer pour la garance » voulait dire : être attiré par le métier militaire. Cultivateurs et teinturiers furent ruinés par la découverte, en 1869, de l’alizarine artificielle, dont le pouvoir tinctorial est cent fois plus fort que celui du colorant naturel.

Avant 1914, le couturier Paul Poiret ose, pour des manteaux du soir, des accords de tons surprenants : violet et rouge, émeraude et violet, bleu Nattier et vieux rose. Si on regarde, dans un miroir grossissant bien éclairé, toutes les nuances qui composent l’iris de nos yeux, on pourra y trouver une gamme de tonalités spécifiquement en harmonie avec nousmêmes, pour nos vêtements, par exemple. On pourrait jouer de cette palette de base, du clair au foncé, du vif au sourd, en y incorporant, en contrastes complémentaires, des couleurs choisies parmi celles, sans cesse différentes, que la Mode apporte à chaque saison.


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En se maquillant, beaucoup de femmes appliquent avec succès les lois de l’harmonie des couleurs ; instinctivement elles savent choisir parmi les innombrables nuances proposées celles qui mettent en valeur leur teint, leurs yeux, leurs cheveux, et s’accordent à leur vêtement.

Le savant Rood admire la luminosité des peintures faites de petites touches de couleurs juxtaposées, à la manière des impressionnistes et des pointillistes, et leur compare la coloration de tissus indiens : « Dans les châles de cachemire, le même principe est développé et poussé fort loin, et c’est à cela que ces étoffes doivent une grande partie de leur beauté. »

Les dames de 1664 aimèrent à la folie les « perses » (ou indiennes) aux couleurs très fraîches sur le fin coton des Indes; fleurs réelles et imaginaires, en violets, bleus, rouges, jaunes, verts, envahirent non seulement leurs robes, mais les meubles, les murs et les rideaux aux fenêtres.


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GAMME DE COLORANTS EXTRAITS DE PLANTES Rouge-orangés extraits de la garance Rouge du Bois de Brésil Jaune-orangé du rocou Jaunes de la gaude, de l’orpiment, du genêt (ou genestrelle), du safran, du curcuma, du carthame. Vert du nerprun (ou graine d’Avignon) Bleus foncés de l’indigo Bleus clairs du pastel (ou guède) Bruns du brou de noix, du cachou Violet du sésame Noir de la noix de Galle EXTRAITS D’ANIMAUX Pourpre du murex Ecarlate, carmin de la cochenille (ou Kermès)


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Toutes ces couleurs étaient utilisées pour l’impression et la teinture des tissus jusqu’à l’apparition des colorants synthétiques, à partir de 1856. L’essor des colorants de synthèse, dans la deuxième moitié du xixe siècle, a rendu bon marché les tissus colorés et imprimés, et multiplié leur gamme de façon spectaculaire. Un large public féminin découvre alors le plaisir de s’habiller de couleurs. Michelet remarque le nouveau visage de la foule parisienne : « Toute femme portait jadis une robe bleue ou noire qu’elle gardait dix ans sans la laver, de peur qu’elle ne s’en allât en lambeaux. Aujourd’hui son mari, pauvre ouvrier, au prix d’une journée de travail la couvre d’un vêtement de fleurs.Tout ce peuple de femmes qui présente sur nos promenades une éblouissante vue de mille couleurs, naguère était en deuil. »

Pomme de reinette et pomme d’api Tapis rouge, tapis rouge Pomme de reinette et pomme d’api Tapis gris, tapis gris Comptine


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Paul Poiret écrit,en 1925

Quand j’ai commencé à faire ce que je voulais dans la couture, il n’y avait plus de couleur du tout sur la palette des teinturiers. […] Les nuances « cuisse de nymphe », les lilas, les mauves pâmoison, les hortensias bleu tendre, les maïs, les pailles, tout ce qui était doux, délavé et fade, était en honneur. Je jetai dans cette bergerie quelques loups solides : les rouges, les verts, les violets, les bleus-de-roi firent chanter tout le reste. Il fallut réveiller les Lyonnais et mettre quelque gaieté, quelque fraîcheur nouvelle dans leurs coloris. Il y eut des crêpes de Chine orange et citron auxquels ils n’auraient pas osé penser. […] J’entraînai la troupe des coloristes en abordant tous les tons par le sommet, et je rendis la santé aux nuances exténuées.

EN HABILLANT L’ÉPOQUE Dans le domaine des tissus imprimés pour la maison, la coloration a un rôle prépondérant. Le succès d’un imprimé dépend surtout de ses tonalités. C’est pourquoi plusieurs colorations d’un même tissu sont proposées au public ; par exemple, une harmonie où le bleu est la dominante, une autre le rouge, le


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rose, etc. L’artiste qui imagine un dessin coloré pour l’impression, le conçoit donc simultanément en plusieurs « variantes ». Cela demande un œil de peintre ; il faut que contrastes de tons, distribution des clairs, foncés, vifs, neutres, gardent le même équilibre dans chaque version, tout en créant différentes atmosphères colorées, et qu’elles soient toutes aussi attirantes.

Sous le signe des couleurs, en Inde, se termine une année et commence la suivante. Durant trois jours, on fête « Holi », avec beaucoup de rires et de plaisanteries. Célébrant Krishna, et Kama, dieu du plaisir, les Indiens se couvrent le visage de vermillon et s’aspergent d’eaux multicolores. Au XIXe siècle,la couleur est exclue de l’habillement masculin MUSSET REGRETTE :

« Qu’on ne s’y trompe pas : ce vêtement noir que portent les hommes de notre temps est un symbole terrible, pour en venir là il a fallu que les armures tombent pièce à pièce et les broderies fleur à fleur. C’est la raison humaine qui a renversé toutes les illusions. »


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CHARLES BLANC ANALYSE :

« Partout où la civilisation se complique et se développe, l’homme abandonne aux femmes la couleur et devient lui-même incolore et sombre. » THÉOPHILE GAUTIER RÉSISTE :

« Le rapin dominait encore, chez nous, le poète, et les intérêts de la couleur nous préoccupaient fort. Pour nous le monde se divisait en flamboyants et en grisâtres, les uns objets de notre amour, les autres de notre aversion. »

COULEURS ET « USAGES DU MONDE » AU XIXE SIÈCLE NOCES D’OR

La « mariée » n’a pas perdu la coquetterie nécessaire à celle qui veut plaire jusqu’à la fin à celui qu’elle aime. Elle est vêtue d’une robe traînante en velours ou en satin violet pâle, un mantelet de dentelle ou de velours pareil à la robe. Ses boucles d’argent sont voilées d’une épaisse mantille de dentelle piquée de pensées. La pensée est la fleur de ces noces. Le marié la porte à sa boutonnière et tous les assistants dans leur toilette.


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SECONDES NOCES

La veuve qui se remarie ne s’habillera ni de gris, ni de mauve, ce qui aurait l’air demi-deuil et serait peu aimable pour son second mari ; elle évitera le rose, couleur trop gaie, qui serait déplacée. Elle se coiffera d’une mantille noire ou blanche, dans laquelle elle piquera quelques fleurs. Les chrysanthèmes et les scabieuses, qui sont dénommées fleurs de veuve, doivent être éliminés de sa parure. FIANÇAILLES

La jeune fiancée est habillée d’une robe gaie, rose tendre, bleu céleste, blanche avec des rubans aurore. Les femmes présentes assortissent la couleur de leur toilette à la circonstance, c’est-àdire qu’il ne faut pas de notes sombres. VISITE AU NOUVEAU-NÉ

L’accouchée reçoit étendue sur une chaise longue et parée, car c’est fête, grande fête dans la maison. La robe de la mère est à la couleur de l’enfant (bleue pour un garçon, rose pour une fille). La nourrice ou la bonne (si la mère a le bonheur de nourrir ellemême), qui se tient à portée pour montrer l’héritier, porte également la livrée du nouveau-né, et les tentures du berceau sont aussi roses ou bleues. L’enfant est tout de blanc vêtu.


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Une mère soucieuse de faire bien juger sa fille et de se faire bien juger elle-même, ne souffrira pas qu’un pot de carmin entre dans le cabinet de toilette ; au besoin, elle exercera une surveillance rigoureuse pour soustraire son enfant à cette déplorable pratique du maquillage. Au déjeuner de Pâques, on sert toujours des œufs durs teints de brillantes couleurs ou argentés ou dorés. Il y a aussi des bals roses, où, par une jolie convention, toutes les femmes invitées sont habillées de rose : soie, gaze, tulle, crêpe, etc. Les hommes attachent un camélia rose à la boutonnière de leur habit. Si on recevait une invitation à un bal rose et si on ne pouvait faire la dépense d’une toilette de cette couleur, on refuserait simplement… et sans regrets, si l’on était raisonnable… BARONNE STAFFE

Sur la terre natale, les gouttes de sang des martyrs Sont les tulipes rouges du printemps de la liberté. Chant des femmes pashtounes


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Elle était charmante, marchant à petits pas dans sa jupe plissée, noire à bande orange, qui est de mode cette année (car les modes changent à Isvor), et brillant au soleil de toutes les paillettes d’argent cousues à sa chemise. Sa face ronde, où ses grands yeux s’épanouissent comme des fleurs étonnées d’être bleues, s’ornait de deux lunes rouges. Pitts avait bien vu :Anica se farde, comme toutes les autres filles d’ailleurs. Les jours de cérémonie, elles placent sur leurs pommettes le signe conventionnel de la beauté : il attire le regard des hommes. C’est dans la même intention qu’on trace ici des ornements de couleurs vives sur les façades des maisons où demeurent des filles à marier. PRINCESSE BIBESCO, Isvor

Les Colorado se peignent le corps en entier, se collent les cheveux, imprègnent tous leurs vêtements avec le rouge de roucou. Cette couleur leur plaît tout particulièrement.Tout ce qu’ils touchent et ce qui les touche en est imprégné, ce qui leur a valu leur nom. MARQUIS DE WAVRIN


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COULEURS DE PÂQUES J’ai vu les œufs rouges, les œufs peints ; on m’en apporte. Les plus nombreux, les plus ordinaires, sont rouge sang. Mais il y en aussi des bleus, des verts, des jaunes, et même des noirs. Les noirs représentent « la douleur du supplice de Jésus ». Il en est d’autres tout couverts de dessins étranges, ils émerveillent ; ils ne sont pas dans la nature ; ils ont le charme du fard, l’attrait de ce qui ne s’est pas fait tout seul ; la mystérieuse sensualité de la peinture s’en dégage. La peine qu’il faut prendre pour les colorier des tons les plus vifs, les plus frais, pour les décorer avec un art minutieux d’enlumineur, ne sera pas perdue. Les femmes qui se livrent à cette opération délicate savent bien que les enfants, et les hommes qui leur ressemblent, se réjouiront davantage en mangeant un œuf bleu, un œuf rouge, un œuf couvert de rébus et d’entrelacs, qu’en mangeant un simple œuf blanc de poule, comme on en voit tous les jours. PRINCESSE BIBESCO, Isvor


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DRAPEAU Les révolutionnaires de 1789 décidèrent que les couleurs nationales étaient le blanc (la monarchie) entre le bleu et le rouge (les couleurs de la ville de Paris).

Ardent défenseur de Victor Hugo, son ami,Théophile Gautier, le soir de la « première » – et de la bataille – d’Hernani, arborait un provocant gilet rouge.

La couleur militaire kaki est née en Inde. Les Cipayes portaient une tunique rouge. Après leur révolte, en 1857, un colonel de l’armée coloniale anglaise décida qu’ils porteraient désormais la couleur « khâki » qui signifie poussière, en hindoustani.

« Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg ! » GÉNÉRAL LECLERC, Koufra, 1er mars 1941


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Les jeunes volontaires 1794 étaient habillés de bleu, à défaut de véritables uniformes. On appelle encore un « nouveau » un « bleu ».

[…] Et soudain tous, jetant leurs armes sur la terre, Lavent dans le ruisseau les couleurs de la guerre Qui luisaient sur leurs fronts cruels et triomphants. BAUDELAIRE, Le calumet de la paix

La couleur peut être utilisée comme avertissement muet

En 1991, les femmes suisses, pour obtenir le droit de vote, ont organisé une grève des femmes au travail. La consigne fut diversement suivie. En revanche, la couleur fuchsia, symbole de cette grève, a figuré, le jour dit, dans l’habillement d’un grand nombre de travailleuses, affirmant ainsi leur revendication. Durant les années de l’Occupation en France, des ouvrières démontrèrent sans paroles leur patriotisme en portant chacune une pièce de vêtement ou un accessoire bleu, blanc ou rouge, le jour de la visite de leur usine par un grand commandant allemand.


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Ettore Bugatti présente, en juillet 1927, sa fameuse «Royale» peinte de noir et jaune, ses couleurs personnelles.

La guerre fut grise et camouflée. Une lumière, une couleur, un ton même étaient interdits sous peine de mort. Une vie d’aveugles où tout ce que l’œil pouvait enregistrer devait disparaître. Personne n’a vu la guerre, caché, dissimulé, à quatre pattes, couleur de terre, l’œil inutile ne voyait rien. Tout le monde a « entendu » la guerre. Ce fut une énorme symphonie qu’aucun musicien ou compositeur n’a encore égalée : « Quatre années sans couleur ». FERNAND LÉGER

Dans les années trente, la tenue des vendeuses d’un grand magasin parisien était encore très précisément réglementée: Robe de lainage noire ou marine foncé Cols et poignets blancs autorisés Garnitures de couleur absolument interdites.


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L’inventeur de la photographie en couleur (en 1867), Charles Cros, était aussi un poète

J’ai voulu que les tons, la grâce, Tout ce que reflète une glace, L’ivresse d’un bal d’opéra, Les soirs de rubis, l’ombre verte Se fixent sur la plaque interne. Je l’ai voulu, cela sera. … Je suis jeune ; la pourpre en mes veines abonde. THÉOPHILE GAUTIER

J’ai trois fenêtres à ma chambre : L’amour, la mer, la mort, Sang vif, vert calme, violet. CHARLES CROS


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PALETTE DE COULEURS ÉLECTRONIQUE Pour colorer les images de synthèse, on dispose sur l’écran graphique d’une gamme (de 16 à 256 tons) à partir desquels on peut opérer des mélanges et des variations d’intensité. Des faisceaux lumineux émettent le rouge, le vert, le bleu (RVB) en formes minuscules qui, en se superposant, reconstituent toutes les couleurs demandées. Avec facilité et rapidité, on peut obtenir des permutations sur un même dessin, ou bien essayer toutes sortes de colorations différentes. Ces images apparues à l’écran peuvent être transcrites sur papier ; ce sera alors un autre jeu de couleurs de base, magenta, jaune et cyan, qui sera utilisé. Des artistes s’empareront-ils de ces moyens techniques totalement nouveaux, de cette matière couleur-lumière ?

ROSES… Fuchsia, cyclamen, rose-bonbon, fraise-écrasée, rose-tyrien, boisde-rose… ROSES ORANGÉS… Corail, saumon, abricot…


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Entre 1916 et 1925,en Russie,Alexandra Exter révolutionne le décor de théâtre

La scène est désormais construite en plans géométriques de différentes couleurs; cercles, triangles, spirales, formes zigzaguantes, oscillent entre le mouvement et le statisme, accentués par des jeux de lumière.

TECHNICOLOR On coloria d’abord le film à la main. En 1909 il y eut le Kinémacolor, procédé en deux couleurs. En 1935, à Hollywood, apparaît le premier long métrage en Technicolor trichrome, « Becky Sharp ».

LES « CLICHÉS VERTS » Les « clichés verts » étaient une invention des peintres de Barbizon. Ils peignaient à la gouache, sur une plaque sensible, un paysage. L’exposition au soleil révélait une image d’une étrange poésie.


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« Robert n’avait rien d’un bonnet de nuit avec son costume: manteau rouge à col bleu, veston vert, gilet bleu de ciel, minuscule cravate rouge, pantalon noir, chaussettes rouges, chaussures noir et jaune. » SONIA DELAUNAY

En 1924, Marcelle Tinayre décrit ainsi l’arrivée du Père Noël : « Etait-il vraiment à Paris ? Une diabolique fantasmagorie d’électricité faisait grimacer le visage de la ville. Ce n’étaient que lettres colorées, inscriptions colossales, dessins étranges, animés d’une vie intermittente et lumineuse, qui, dans un rouge reflet, dans une phosphorescence jaune et verte, couraient, se déformaient, se détruisaient, se reformaient sans cesse. » AGENDA 1924, GALERIES LAFAYETTE

LUMIÈRES EN COULEURS Aujourd’hui il est possible d’obtenir cent cinquante nuances de néon, en combinant différents gaz et phosphores. Des artistes travaillent avec cette palette de lumière.


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BALLETS RUSSES Schéhérazade, Cléopâtre, L’Oiseau de Feu furent combinés par un peintre autant que par un chorégraphe. Les tons jouent par complémentaires, purs et entiers ; les feux de la rampe, l’éloignement de la scène délayeront les couleurs violentes, les mélangeront, les fondront d’une manière harmonieuse. Le peintre qui a fourni la maquette du décor a également donné les aquarelles des costumes, échantillonné les tissus ; ces étoffes, ces costumes s’intègrent au décor ; les personnages se placent de manière à souligner telle tonalité de la toile de fond, à contraster avec elle. Les évolutions des ballets sont dominées par une conception picturale. LÉANDRE VAILLAT, Histoire de la Danse

À l’Exposition universelle de 1889, un petit garçon de dix ans, Paul Poiret, est émerveillé par des fontaines lumineuses. Il écrira plus tard : « Je me suis souvent demandé si mon goût pour la couleur n’était pas né ce soir-là devant la fantasmagorie des roses, des verts et des violets. »


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VIOLETS… Mauve, améthyste, aubergine, lilas, prune…

À Vienne en 1900, Franz Cisek créa une classe de peinture pour les enfants. Des expositions en 1908 à Londres, 1914 à Cologne, 1918 aux Etats-Unis, révélèrent au monde les couleurs de « l’Art Enfantin ».

La danseuse Loïe Fuller eut l’idée, vers 1900, au moment de l’apparition de l’électricité, de créer un spectacle de couleurs-lumières, en s’entourant d’immenses voiles colorés qu’elle faisait tournoyer en dansant sous le jeu des projecteurs.

Mon père a acheté à ma mère une jupe rouge Ma mère a acheté à mon père un béret rouge c’est pour ça que ma mère aime mon père ! Chanson basque


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Il y en avait un qui était un haut compartiment divisé en une centaine de petits vitraux rectangulaires où dominait le bleu, comme un grand jeu de cartes pareil à ceux qui devaient distraire le roi Charles VI ; mais soit qu’un rayon eût brillé, soit que mon regard en bougeant eût promené à travers la verrière, tour à tour éteinte et rallumée, un mouvant et précieux incendie, l’instant d’après elle avait pris l’éclat changeant d’une traîne de paon, puis elle tremblait et ondulait en une pluie flamboyante et fantastique qui dégouttait du haut de la voûte sombre et rocheuse, le long des parois humides, comme si c’était dans la nef de quelque grotte irisée de sinueuses stalactites que je suivais mes parents, qui portaient leur paroissien ; un instant après, les petits vitraux en losange avaient pris la transparence profonde, l’infrangible dureté des saphirs qui eussent été juxtaposés sur quelque immense pectoral, mais derrière lesquels on sentait, plus aimé que toutes ces richesses, un sourire momentané de soleil ; il était aussi reconnaissable dans le flot bleu et doux dont il baignait les pierreries que sur le pavé de la place ou la paille du marché ; et, même à nos premiers dimanches quand nous étions arrivés avant Pâques, il me consolait que la terre fût encore nue et noire, en faisant épanouir, comme en un printemps historique et qui datait des successeurs de Saint Louis, ce tapis éblouissant et doré de myosotis en verre. MARCEL PROUST


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C’est principalement en raison de leur coloration que sont choisis et achetés les aliments. (En effet, il est interdit de toucher ; il faut donc se guider par la vue.) Ainsi, en Espagne, les verts et les rouges des poivrons et des tomates ont été étudiés avec soin pour établir les colorations-type qui sont le signe, pour les consommateurs, d’une parfaite maturation de ces légumes.

Au Japon, la délicatesse des coloris, leurs contrastes, les formes et la disposition des aliments sur des assiettes carrées ou rectangulaires, édifient de petites œuvres d’art éphémères.

À la floraison des cerisiers mon père revint. […] Il apporta à mon frère un réveil à carillon d’orgue. J’écoutais sans fatigue cette même musique cent fois de suite. à moi il apporta une boîte émaillée avec sept couleurs différentes. J’étais si heureux que je la nettoyais tout le temps. FOUJITA


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Une grande firme de soieries japonaises a présenté à Paris, en 1979, des créations somptueuses, dans une gamme de sept tons : « Ces couleurs ont été aimées de la Maison impériale et l’aristocratie. Les gens d’autrefois les ont tirées de plantes qui poussaient à l’état sauvage. Les coloris sobres (shibui iro) ont une délicatesse typiquement japonaise. » Ils étaient : gris tourterelle, bleu-ciel intense, vert olive-verte, jaune vieil-or clair, feuille morte, bois de rose, lilas.

MOSAÏQUES DE RAVENNE L’or brille sous un voile d’azur sombre. Les métaux des mosaïques laissent errer de longues lueurs entre les colonnes qui fuient. Profonde, diaprée, c’est la couleur de l’émail et de la soie, la roue du paon.Violette et irisée, d’algue glauque et d’indigo, la splendeur de Ravenne est sous-marine. ANDRÉ SUARÈS


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Gilgamesh fait élever une statue digne de la mémoire de son ami Enkidu

La statue fut faite d’un grand poids de lapis-lazuli, pour la poitrine, et d’or pour le corps. Une table de bois dur fut dressée ; on y posa une coupe de cornaline remplie de miel, et une coupe de lapis-lazuli remplie de beurre. Il les exposa et les offrit au Soleil. Puis, en larmes, il s’en alla. L’Epopée de Gilgamesh

Imaginons les statues grecques telles qu’elles furent, entièrement peintes, yeux, visages, chevelures et belles robes colorés de rouge, ocre, noir, bleu, dont on voit encore les traces…

Dans la Rome antique, les pavements de mosaïque composée avec tous les coloris du marbre, mais aussi, de ceux, beaucoup plus riches, du verre coloré, firent dire ironiquement à Sénèque : « On ne peut plus marcher que sur des pierres précieuses. »


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Les colorations des vitraux du XII e siècle sont les plus audacieuses, et jouent sur des fonds variés, pourpres, verts, jaunes, et pas seulement rouges et bleus comme au siècle suivant.

Les colorants employés par les tisserands coptes étaient d’une telle solidité qu’aujourd’hui encore, envers et endroit ont le même éclat.

L’enlumineur (appelé illuminator, ou paginator) du Moyen Age préparait lui-même ses couleurs. Certains d’entre eux entreprenaient de grands voyages pour se procurer de meilleures recettes, améliorer leur savoir-faire. Ils consignaient leurs trouvailles dans des registres, et confrontaient, entre amis, leurs expériences d’artistes. Au Palais de Topkapi dans le pavillon de Murat III, à cause de leur couleur rouge tomate, on peut dater les carreaux de faïence vernissée du bas des murs : 1540-1560. Seul un contremaître arménien, qui travaillait à cette époque dans la fabrique d’Iznik, savait réaliser cette teinte rare. Il a gardé son secret. Les Phéniciens coloraient le verre, naturellement bleu ou bleuvert, au moyen de différents oxydes, pour obtenir des bleus ciel, verts, jaune clair ou jaune doré, et blanc.


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DANS L’ÉGYPTE ANCIENNE Les artisans peignaient et incrustaient les meubles. Des milliers de peintres se succédaient pour colorer (avec du blanc, du noir, de l’ocre rouge, de l’ocre jaune, du vert et du bleu) les statues, les scènes, les textes et les décors gravés sur les murs, les piliers, les plafonds, les façades des temples et des palais, les chambres funéraires, où sont restées, intactes, les couleurs. Les yeux étaient maquillés : les paupières inférieures soulignées de vert, les paupières supérieures et les sourcils de noir, en prolongeant les lignes vers les tempes. Le meilleur talisman était « l’Œil Oudjat », une représentation de l’œil maquillé du dieu Horus. Les orfèvres disposaient de pâte de verre bleue et verte, de lapislazuli, de cornaline, d’améthyste, d’or, de cristal de roche, de malachite, pour créer des bijoux très colorés. La couleur très foncée de la terre, du limon, désignait l’Egypte antique, nommée Keme, « la Noire ». Le noir était la couleur de la fertilité, et aussi pouvait symboliser la renaissance après la mort, à cause du bitume qui préservait les momies.


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Le rouge évoquait le désert, le dessèchement, était maléfique. « Mauvais » se disait « rouge ». L’expression « âne rouge » nous vient de très loin… Le jaune, l’or, le bleu du lapis-lazuli, représentaient l’immortalité, la matière du corps des Dieux. Le blanc était la couleur de la fête, de la joie.

Çà et là, à la surface, rougissait comme une fraise une fleur de nymphéa au cœur écarlate, blanc sur les bords. Plus loin, les fleurs plus nombreuses étaient plus pâles, moins lisses, plus grenues, plus plissées, et disposées par le hasard en enroulements si gracieux qu’on croyait voir flotter à la dérive, comme après l’effeuillement mélancolique d’une fête galante, des roses mousseuses en guirlandes dénouées. Ailleurs un coin semblait réservé aux espèces communes qui montreraient le blanc et le rose proprets de la julienne, lavés comme de la porcelaine avec un soin domestique, tandis qu’un peu plus loin, pressées les unes contre les autres en une véritable plate-bande flottante, on eût dit des pensées de jardin qui étaient venues poser comme des papillons leurs ailes bleuâtres et glacées sur l’obliquité transparente de ce parterre d’eau ; de ce parterre céleste aussi : car il donnait aux fleurs un sol d’une couleur plus précieuse, plus émouvante que la couleur des fleurs elles-mêmes ; et, soit que pendant l’après-midi il fît étince-


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ler sous les nymphéas le kaléidoscope d’un bonheur attentif, silencieux et mobile, ou qu’il s’emplît vers le soir, comme quelque port lointain, du rose et de la rêverie du couchant, changeant sans cesse pour rester toujours en accord, autour des corolles de teintes plus fixes, avec ce qu’il y a de plus profond, de plus fugitif, de plus mystérieux – avec ce qu’il y a d’infini – dans l’heure, il semblait les avoir fait fleurir en plein ciel. MARCEL PROUST,

À la recherche du temps perdu, Du côté de chez Swann

Diderot,dans son Essai sur la peinture, décrit l’art du peintre

« … sa palette est l’image du chaos. C’est dans ce chaos qu’il trempe son pinceau ; et il en tire l’œuvre de la création, et les oiseaux et les nuances dont leur plumage est teint, et les fleurs et leur velouté, et les arbres et leurs différentes verdures, et l’azur du ciel, et la vapeur des eaux qui les ternit, et les animaux, et les longs poils, et les taches variées de leur peau, et le feu dont les yeux étincellent. »


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Ma retraite pendant le jour était, lorsque je voulais éviter les passagers, la hune du grand mât ; j’y montais lestement aux applaudissements des matelots. Je m’y asseyais, dominant les vagues. L’espace tendu d’un double azur avait l’air d’une toile préparée pour recevoir les futures créations d’un grand peintre. La couleur des eaux était pareille à celle du verre liquide. CHATEAUBRIAND

Les ailes du papillon Machaon sont jaune soufre avec une large bordure noire et des croissants bleus.

[…] le jardinier est aussi un peintre ; il veut plaire par la juxtaposition ou le mélange de certaines couleurs. ALAIN, Leçons sur la peinture


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À l’époque Kokin (Xe siècle),au Japon

« Le peuple de cette époque voyait une grande beauté dans ces coloris dérivés du climat humide qui prévaut au Japon, les verts imbibés de rosée, les clairs ruisseaux et le sable blanc. Les gens commencèrent à préférer l’élégance des mariages subtils de tonalités. Ils ressentaient une unité avec la nature en portant un vêtement correspondant à la saison.» IMAÏ, peintre.Tokyo,mai 1985

[…] Voyez ce lustre variant De mille couleurs entassées Qu’un trait de lumière a tracé Sur ce fond brun, vers l’orient. Voyez ces tirades de feu Dont le ciel vers le nord éclate ; Et, dans ces plaines d’écarlate, Ce bois d’amarante et de bleu. JULES DE LA MESNARDIÈRE,

Le Soleil couchant


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En 1576, Jean de Léry relate son voyage au Brésil. Il écrit, des Indiens « … lors ils se veulent parer et faire plus braves, se vêtent de robes, bonnets, bracelets, et autres parements de plumes vertes, rouges, bleues, et d’autres diverses parures naturelles, naïves et d’excellente beauté. » L’ARA BLEU … Il est entièrement bleu d’azur sur le dessus du corps, les ailes et la queue, et d’un beau jaune sous tout le corps : ce jaune est vif et plein, et le bleu a des reflets et un lustre éblouissant. Les sauvages admirent ces aras et chantent leur beauté ; le refrain ordinaire de leurs chansons est : oiseau jaune, oiseau jaune, que tu es beau !

BUFFON

C’était un martin-pêcheur bleu comme du fer chauffé. BACHELARD,

Fragment d’une poétique du feu

PARURES DE PLUMES DES INDIENS DU BRÉSIL L’artisanat de la plume apparaît comme celui d’une magnification de la couleur. à cet égard, la richesse de la matière première qui, non seulement couvre tout le champ du spectre chromatique,


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mais encore offre des particularités de brillance, de satiné, et de métallisation, ne saurait être comparée qu’à celle de l’émail. […] La sélection faite par chaque artisanat apparaît aussi clairement au niveau de l’exploitation de certaines couleurs. Ainsi, pour ce qui a trait à la gamme des bleus, par exemple, si les appellations bleu cendré, bleu clair, bleu turquoise, bleu roi, bleu gentiane, bleu pers, bleu violacé, azur foncé, azur clair, suffisent à peine à rendre compte de la richesse de la gamme urubu, le bleu des Kayapos, est, lui, entièrement décrit par les deux seules tonalités bleu clair et bleu outremer. DANIEL SCHOEPF

Les marchands de fruits et légumes sont d’habiles coloristes qui savent spontanément doser et répartir les gammes de rouges, de roses, de jaunes, d’orangés, de verts, rapprocher aubergines et citrons, cerises et laitues, et tout illuminer brillamment.

La fleur nommée Zinnia reflète la luminosité de son pays d’origine, le Mexique, en une gamme éclatante de tons chauds : pourpre, carmin, vermillon, safran, orangé, jaune d’or, citron, vanille, rose violine, saumon, rose bonbon, et blanc. On retrouve ces tonalités ardentes dans les broderies de l’art populaire mexicain.


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Des nappes d’eau s’épanchaient, bleues, Entre des quais roses et verts, Pendant des millions de lieues, Vers les confins de l’univers ; C’étaient des pierres inouïes Et des flots magiques ; c’étaient D’immenses glaces éblouies Par tout ce qu’elles reflétaient ! BAUDELAIRE, Rêve Parisien

Chromosome, du grec khrôma : couleur, et sôma : corps.

Une peinture qui vole, c’est la « perruche omnicolore » d’Australie : rouge, vert, noir, jaune d’or et jaune-vert, azur et outremer !


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TESTAMENT Je lègue à mes amis un bleu céruleum pour voler haut un bleu de cobalt pour le bonheur un bleu d’outremer pour stimuler l’esprit un vermillon pour faire circuler le sang allègrement un vert mousse pour apaiser les nerfs un jaune d’or : richesse un violet de cobalt pour la rêverie une garance qui fait entendre le violoncelle un jaune barite : science-fiction, brillance, éclat un ocre jaune pour accepter la terre un vert Véronèse pour la mémoire du printemps un indigo pour pouvoir accorder l’esprit à l’orage un orange pour exercer la vue d’un citronnier au loin un jaune citron pour la grâce un blanc pur : pureté terre de Sienne naturelle : la transmutation de l’or un noir somptueux pour voir Titien une terre d’ombre pour mieux accepter la mélancolie noire une terre de Sienne brûlée pur le sentiment de durée VIEIRA DA SILVA


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[…] ; l’aurore de jeunesse dont s’empourprait encore le visage de ces jeunes filles, hors de laquelle je me trouvais déjà, à mon âge, illuminait tout devant elles et, comme la fluide peinture de certains primitifs, faisait se détacher les détails les plus insignifiants de leur vie sur un fond d’or. Pour la plupart, les visages mêmes de ces jeunes filles étaient confondus dans cette rougeur confuse de l’aurore d’où les véritables traits n’avaient encore jailli. On ne voyait qu’une couleur charmante sous laquelle ce que devait être dans quelques années le profil n’était pas discernable. MARCEL PROUST

Ayant rompu l’œuf d’or par le soleil mûri, Sort de son lit de fleurs l’éclatant colibri ; Une verte émeraude a couronné sa tête, Des ailes sur son dos la pourpre est déjà prête, La cuirasse d’azur garnit son jeune cœur, Pour les luttes de l’air l’oiseau part en vainqueur… ALFRED DE VIGNY


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Trois noms de poissons exotiques

Charbon ardent Clown orange Clown de feu.

Voici le papillon Faune Noir et jaune Voici le Mars azuré, Agitant des étincelles Sur ses ailes D’un velours riche et moiré. GÉRARD DE NERVAL

LE PAON La couleur la plus permanente de la tête, de la gorge, du cou et de la poitrine, c’est le bleu avec différents reflets de violet, d’or et de vert éclatant ; tous ces reflets, qui renaissent et se multiplient


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sans cesse sur son plumage, sont une ressource que la nature semble s’être ménagée pour y faire paraître successivement et sans confusion un nombre de couleurs beaucoup plus grand que son étendue ne semblait le comporter. BUFFON

Une lumière étincelante mais froide tombait du ciel clair ; c’était une aurore boréale, polaire pour ainsi dire, avec des nuances de lait, d’opale, d’acier dont notre ciel à nous ne donne aucune idée ; une clarté pure, blanche, sidérale, ne paraissant pas venir du soleil, et telle qu’on en imagine lorsque le rêve nous transporte dans une autre planète.

Le papillon morphos, connu pour son bleu changeant, d’une luminosité métallique, nous réserve une surprise : au microscope, nous espérons voir de quoi est composé cet éclat surprenant, et nous ne voyons plus de couleur du tout! C’est une fine structure de kératine translucide qui, par des phénomènes de diffusion et diffraction de la lumière, donne à nos yeux la sensation de ce bleu merveilleux. THÉOPHILE GAUTIER, Voyage en Russie


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… Les soleils couchants Revêtent les champs, Les canaux, la ville entière, D’hyacinthe et d’or ; Le monde s’endort Dans une chaude lumière. Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. BAUDELAIRE, Invitation au voyage

à l’embouchure de la Néva

La peau du caméléon, dont l’épiderme jaune clair est transparent, est faite de deux couches différentes de pigments colorés qui, en se contractant ou se dilatant, produisent des changements de couleurs. Les animaux marins des grandes profondeurs, où la lumière manque, ont tous à peu près la même couleur indéfinissable : noirâtre, rougeâtre, ou à tendance brun ou violet.


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RECETTE POUR FAIRE LE BLEU Si tu veux faire du bleu, prends un morceau de ciel et mets-le dans une grande marmite, que tu puisses porter au feu de l’horizon ; puis mélange-le avec un reste du rouge de l’aube, jusqu’à ce qu’il ait fondu ; verse le tout dans une bassine bien propre, pour qu’il ne reste rien des impuretés de l’après-midi. Pour finir, tamise un reste d’or du sable de midi, jusqu’à ce que la couleur attache au fond métallique. Si tu veux, pour que les couleurs ne passent pas avec le temps, jette dans le liquide un noyau de pêche brûlé.Tu le verras fondre, sans laisser la moindre trace comme si tu ne l’y avais mis ; et le noir de cendre ne laissera pas même un reste d’ocre sur la surface dorée.Tu pourras, alors, porter la couleurs à hauteur des yeux, et la comparer avec le bleu authentique. Les deux couleurs te paraîtront sembables, sans qu’il te soit possible de les distinguer l’une de l’autre. Voilà comment j’ai procédé – moi,Abraham ben Juda Ibn Haïm, enlumineur de Loulé – et comment j’ai laissé la recette à qui voudrait, un jour, imiter le ciel. NUNO JUDICE, traduction inédite des élèves de Michèle Giudicelli à l’université de Lyon


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Au Chili,Pablo Neruda enfant était fasciné par un gros coléoptère

« C’était un éclair en tunique d’arc-en-ciel. Le rouge et le violet et le vert et le jaune étincelaient sur sa carapace. Comme un éclair il s’échappa de mes mains et retourna à sa forêt. »

J’avoue que j’ai vécu

LE SAPHIR-ÉMERAUDE Les deux riches couleurs qui parent cet oiseau lui méritent le nom de deux pierres précieuses dont il a le brillant : un bleu de saphir éclatant couvre la tête et la gorge, et se fond admirablement avec le vert d’émeraude glacé, à reflets dorés, qui couvre la poitrine, l’estomac, le tour du cou et le dos.

BUFFON

La coloration de l’anémone des montagnes est un signal attirant les abeilles. Elle en a un besoin vital pour disséminer ses germes et assurer la continuation de l’espèce. Les deux couleurs, cœur jaune et pétales violets, sont exactement celles que l’abeille perçoit le mieux. (Elle voit le violet en bleu éclatant ; elle ne voit pas les rouges, mais très bien l’ultraviolet que nous ne pouvons pas voir.)


DANS LA MÊME COLLECTION JEAN CHANRION Lettres du Cuisinier du Commandant de la Jeanne d’Arc à ses Parents

JEAN-FRANÇOIS LAZENNEC Traces de voyageurs

(1959-1961)

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