1. Charon, Hades’ ferryman. The last Judgement, Sistine Chapel, Michelangelo Charon, passeur des enfers. Le Jugement Dernier, Chapelle Sixtine, Michel-Ange.
2.. VanitĂŠ, Philippe de Champaigne, 1646. Vanity, Philippe de Champaigne, 1646.
3. Hans Holbein the Younger, The Ambassadors, 1533, National Gallery (London) Hans Holbein le Jeune, Les Ambassadeurs, 1533, National Gallery (Londres).
The Day of the Dead // Le Jour des Morts 1. As if to repel fate, we celebrate our dead. The Egyptians valued death over life, which in itself was simply considered a long preparation toward the Eternal Rest. The Greeks came back from it up to six months at a time (having witnessed Hades, god of the Underworld, abduct her daughter, Demeter obtained from him that Persephone resurface half of the year – Winter being the mother’s sadness, and Summer being the reunion) and simply crossed a river to get to their new place of dwelling. 2. The classical approach to vanity, in XVIIth century Europe, made death tolerable by representing it, by making it beautiful. Deceased people were no longer in paintings, they were replaced by skulls. The body is stripped of anything non-essential ; of all the flesh and skin, only bone remains. It is no longer what was, but what is, embellished, surrounded with objects, other forms of life, in order to dispel fear and guarantee salvation. The Mexican day of the Dead and other comparable celebrations throughout the world have always sought to bind death with life. Death is not just the threshold, but the whole new journey that follows. Blaise Pascal held a bet during his several decades on earth, that of the existance of God, so as not to suffer further from a dissolute life and infernal death. 3. This surprising scene depicts two ambassadors at the time of the conquest of the New World. If you look at it from the left, very closely, you will see Vanity in the foreground, reminding us that power, as politically and geographically outstretched as it may be, is nothing in the wake of Death. If the knowledge, navigation tools and playing of the luth have survived, the two men perished long ago.
1. Comme pour conjurer le sort on fête nos morts. Les Egyptiens préféraient le trépas à la vie et cette dernière était consacrée à préparer une mort de luxe, les Grecs en revenaient parfois six mois par an (ayant vu sa fille enlevée par Hadès, dieu des Enfers, Déméter obtint de lui que Perséphone puisse revenir la moitié de l’année – l’hiver correspondant à la tristesse de la mère et l’été au retour de sa fille chérie) et devaient prendre le bac pour rejoindre leur nouvelle habitation... 2. La tradition de la Vanité, dans l’Europe du XVIIe siècle, rend la mort acceptable en la représentant, en la faisant belle. Ce ne sont plus les individus aujourd’hui défunts qui sont dans les tableaux, mais bien des crânes, le corps devient dépouillé du superflu, de la chair, de la peau, il ne reste plus que l’os. Ce n’est plus une représentation de ce qui a été mais bien de ce qui est maintenant, et il faut l’embellir, l’entourer d’objets, d’autres formes de vie, pour conjurer la peur et garantir notre salut. De tous temps la fête des morts, les fêtes de la mort, ont servi à l’intégrer à la vie. La vanité ne représente pas le seuil où l’on passe l’arme à gauche mais bien tout ce qui vient après. Blaise Pascal a tenu un pari pendant ses quelques dizaines d’années sur terre, celui de l’existence de Dieu, de peur de perdre la mise en menant une vie dissolue et une mort infernale. 3. Cette étonnante image met en scène des ambassadeurs à l’époque de la conquête du Nouveau Monde. Si l’on se tient à gauche du tableau, très prés, on voit au premier plan la vanité qui nous rappelle que le pouvoir, aussi étendu politiquement et géographiquement qu’il soit, n’est rien face à la Mort. Et si les connaissances, l’utilisation du globe et du compas et la pratique du luth ont survécu, les deux hommes eux, ne sont plus depuis longtemps. Margaux Portron, éditrice/editor
Vortex W
Vortex Webzine issue #2 The Day of the Dead // Le jour des Morts - oct. 2012 editrices/editors : Margaux Portron - NoĂŤllie Fournier traduction/translation : Liam - www.lamabiker.com if you have any questions, feel free to contact us : vortexwebzine@gmail.com
Webzine sommaire/summary
•
Edito p. 3
•
something’s rotten p. 7
•
Dia de los muertos p. 8
•
Trick or treat p. 16
•
neighborhood p. 20
•
Family portraits p. 22
•
chanson des escargots qui vont a l’enterrement p. 23
•
nosferatu p. 24
•
they only come out at night p. 30
•
omnitas veritas p. 36
•
portrait p. 37
•
in between p. 38
•
no title p. 40
Il y a quelque chose de pourri dans l’empire du Danemark. Something is rotten in the state of Denmark. Marcellus, Scene IV, Hamlet, William Shakespeare traduit par/translated by François-Victor Hugo. sculpture : Margaux Portron, 2012
Día de los Muertos
El mercado de mi colonia se iba llenando poco a poco de puestos llenos de colores; papel de china con figuras de calaveras, cruces, charros y adelitas; flores de cempachuchitl; veladores, inciensos y copal; dulces, fruta, todo lleno de vida. Uno se adentra en el pasillo del mercado, comprando con alegría todo aquello que ha de adornar el altar en cada. Escoge las flores más vivas sonriéndole a la mujer que las vende, dobla los papeles con cuidado para no romperlos y se recuerda en un suspiro los nombres para quien se hará la ofrenda. Se llega a casa, comienza a limpiarse la mesa para el altar y se sujetan las flores envueltas en periódico con una hermosa melancolía. Poco a poco se deshoja la flor naranja. El olor profundo entra por las fosas, las yemas de los dedos se tiñen de naranja, y se deja caer cada pétalo en la mesa para hacer una alfombra florida. Se coloca el papel colgando en la mesa. Se prenden los veladores, se pone agua, cigarros, pan, la fruta. Se toma la foto de la abuela; uno le sonríe. Se toma también la foto de papá y se le da un beso en la frente; una lágrima fugitiva moja su rostro. Se toman las cenizas de aquel perro que tantas veces me vio entrar a la casa.Uno se aleja y ve la gran obra. Todo es naranja, morado, luz tenue, olor profundo, sabor dulce. Es tiempo de subir a dormir. Hoy habrá visitas en casa; visitas guiadas por el olor de las flores de la ofrenda. En la cama, uno huele los olores que restan en los dedos. Uno ve su foto en ese altar, cuando alguien con cariño le recuerde.In bed we can still smell the flowers on our fingertips. We imagine our own picture on the altar, someone tenderly reminiscing themselves of us.
Le marché de ma colonie se remplit petit à petit de stands très colorés ; du papier de soie avec des dessins de têtes de mort, de croix, de charros et d’Adelitas ; des fleurs de cempasúchil; des candélabres, de l’encens et du copal ; des sucreries, des fruits...le tout rempli de vie. On avance dans l’allée du marché, en achetant joyeusement tout ce qui va décorer l’autel à la maison. On choisit les fleurs les plus épanouies avec un sourire pour la vendeuse, on plie les papiers soigneusement pour ne pas les abîmer et on se souvient, avec un soupir, des noms de ceux à qui on va faire l’offrande. On arrive chez-soi, on commence à nettoyer la table pour l’autel et on tient les fleurs, toujours enveloppées, avec une douce mélancolie. Petit à petit on effeuille la fleur orange. L’odeur intense entre dans les narines, les bouts des doigts se tintent d’orange, et on laisse tomber chaque pétale sur la table pour en faire un tapis fleuri. On met le papier suspendu sur la table. On allume les candélabres, on met de l’eau, des cigarettes, du pain, des fruits. On prend la photo de mamie ; on sourit. On prend également la photo de papa et on l’embrasse sur le front ; une larme s’échappe et mouille son visage. On prend les cendres de ce chien qui nous avait vu autant de fois rentrer dans la maison. On s’éloigne et admire la grande œuvre. Tout est orange, violet, la lumière tamisée, le parfum intense, la saveur douce. Il est temps de monter se coucher. Aujourd’hui on va recevoir des visites à la maison ; des visites guidées par le parfum des fleurs de l’offrande. Dans le lit on sent les odeurs qui restent sur les doigts. On imagine sa propre photo sur cet autel, quand quelqu’un se rappellera tendrement de nous.
My neighbourhood’s market is filling up with coloured stalls. Silk paper with drawn skulls, crosses, charros and Adelitas, cempasúchil flowers, candelabras, incense and copal, sweets and fruit... it’s all full of life. We continue our stroll through the market alleyways, merrily buying all the things that are going to decorate the altar back home. We choose the liveliest flowers with a smile for the lady selling them, we carefully fold the paper so as not to damage them and think, with a sigh, of the names of the people we are going to celebrate. We arrive home, we start to clean the table which is going to be the altar and we hold the flowers, still wrapped, with a gentle melancholy. Bit by bit we pluck the petals of the orange flower. The intense smell gets to the nose, fingertips turn orange, and we scatter every petal around the table, turning it into a carpet of flowers. We hang the papers on the table. We light up the candelabras, we lay out water, cigarettes, bread and fruit. We look at grandma’s photograph, we smile. We hold up dad’s picture too, kiss him on the forehead and drop a concealed tear on his face. We lay down the ashes of the dog that was always there to greet us as we got back home. We step back to admire the result. Everything is orange, purple, the light is low, the smell is intense and the taste sweet. It’s time to go to bed. Today we’ll be having visitors, each drawn by the smell of the flowers on the altar. In bed we can still smell the flowers on our fingertips. We imagine our own picture on the altar, someone tenderly reminiscing themselves of us.
Tengo las manos llenas de azúcar ; pero no puedo dejar de comer esta calaverita que me ha dado la maestra. Es colorida, dura y en la frente lleva mi nombre. De pronto entra la profesora de español acompañada de las demás maestras. Llevan en las manos una charola con pan de muerto. Mamá ha comprado ese tipo de pan los últimos días. Es suave, con huesitos formados de pan más duro al resto. También traen chocolate caliente. Qué rico para una mañana fría como la de inicios de noviembre! María muerde el pan. Su boca se llena de azúcar. Ella me mira y yo me pongo rojo. Tiene unos ojos muy bonitos, parecidos a los de mamá. Acabamos nuestro festejo y la maestra nos pide poner en el escritorio las flores de cempacuchitl, el papel de china con figuras de calaveras, veladores y dulces. Luego todos deshojamos las flores haciendo que el suelo se cubra de naranja. Colgamos el papel de china en loas paredes. Raúl trajo uno muy grande, son dos calaveras vestidas de charros bailando. La maestra prende los veladores y todos ponemos las calaveritas de azúcar o chocolate con nuestros nombres sobre la ofrenda. Nos sacamos una foto de nuestra ofrenda. María se pone a mi lado y me dice al oído: ‘Mira lo que tengo en la mano’. Agarra mi puño y me da la calaverita que lleva su nombre. Yo me vuelvo a poner rojo; la mía está en el suelo. ¡Quiero dársela! La maestra nos dice que es el tiempo del recreo. Todos salen corriendo y veo que Raúl, sin fijarse, pisa mi calaverita en el suelo. María ve mi cara de tristeza y se ríe; saca de su bolsa otra calaverita de dulce que lleva mi nombre.
J’ai du sucre plein les mains ; pourtant je ne peux pas arrêter de manger cette petite sucrerie en forme de tête de mort que la maîtresse nous a donnée. Elle est colorée, dure et mon prénom est écrit sur son front. Tout à coup la professeur d’espagnol et d’autres profs entrent dans la salle. Elles portent un panier rempli de pain des morts. Maman a aussi acheté ce genre de pain pour la maison ces derniers jours. Il est doux, avec des petits os faits en un pain plus dur que le reste. Elles nous on aussi apporté du chocolat chaud. C’est si bon pour un froid matin de début novembre ! María mord le pain. Sa bouche se remplit de sucre. Elle me regarde et je rougis. Elle a des jolis yeux, un peu comme ceux de maman. La fête est sur le point de se finir et la maîtresse nous demande de poser sur le bureau les fleurs de cempasúchil et le papier de soie qui a des petits dessins de têtes de morts, candélabres et sucreries. Ensuite on se met tous à effeuiller les fleurs, changeant le sol en un tapis orange. On suspend les papiers de soie sur les murs. Raúl en a apporté un très grand : on y voit deux squelettes habillés en charros qui dansent. La maîtresse allume le candélabre et chacun dépose sa petite tête de mort, en sucre ou en chocolat, avec nos prénoms, sur nos offrandes. On prend en photo nos offrandes. María vient à côté de moi et me dit à l’oreille : ‘Regarde ce que j’ai dans ma main’. Elle prend mon poing et y met la tête de mort qui porte son prénom. Je rougis encore ; la mienne est par terre. Pourtant je voudrais la lui donner ! La maîtresse nous annonce qu’il est l’heure de la récréation. Ils sortent tous en courant et je vois que Raúl, sans s’en rendre compte, marche sur ma tête de mort. Maria voit mon expression triste et rit ; elle sort de son sac une autre tête de mort qui porte mon prénom.
My hands are covered in sugar but I can’t stop nibbling the little candy skull our teacher gave us. It’s brightly coloured, rock-hard, and with my name on its forehead. Suddenly the Spanish teacher, along with other teachers, enters the room. They carry a basket filled with pan de meurto – bread of the dead. Mummy also bought some for our home a few days ago. It’s soft, with little bones made out of a harder bread. They brought hot chocolate too. It feels so good on a cold November morning! Maria takes a bite. Her mouth fills up with sugar. She looks at me and I blush. Her eyes are pretty, a bit like mum’s. The party is about to end and the teacher asks us to lay on the desk some cempasúchil flowers and silk paper with drawn skulls, along with candelabras and sweets. We then pluck the petals from the flowers and the floor turns orange. We hang the silk papers on the wall. Raúl brought a very big one: you can see two dancing skeletons dressed as charros. The teacher lights up the candelabra and each of us places the skull made of sugar or chocolate with their name on it, on the offerings. We take photographs of our offerings. María comes next to me and says: “look what I’ve got here”. She places the skull with her name in my hand. I blush again – my skull is on the floor, if only I could give it to her! The teacher announces playtime. Everyone leaves the room in a hurry and I see Raúl treading, without realising, on my candy skull. María sees my sad face and laughs ; she reaches inside her bag and takes out another one with my name on it.
Dia de los Muertos // The Day of the Dead // Le Jour des Morts original texts/textes originaux : Elliot Hernández Barbosa french translation/traduction francaise : Maria Camps - Margaux Portron english translation/traduction anglaise : Liam images : Anaïs Nieto - Kim Weber model/modèle : Catrina right page/page de droite : Claire Lalot - Andres Rograth - Elliot Hernández Barbosa read more about the day of the dead/lire plus au sujet du jour des morts : The Skeleton at the Feast , the day of the dead in Mexico - Elizabeth Carmichael, Chloë Sayer
The Day of the Dead // Le jour des Morts illustration : Baptiste Pm. - p.4; p.14-15 baptistepm.tumblr.com
TRICK OR TREAT
Trick or Treat images : Andy Reaser models/modèles : Izzy Schloss - Lush Flora - Shawnee Badger hauntedcamera.tumblr.com
Neighborhood // Voisinage - Amandine Besacier - Californie/California - 2012 amandinebesacier.com
FAMILY PORTRAITS illustration Charlie Balthazard scenari LĂŠa E.
Chanson des Escargots qui vont a l'enterrement Jacques Prevert
A l'enterrement d'une feuille morte Deux escargots s'en vont Ils ont la coquille noire Du crêpe autour des cornes Ils s'en vont dans le noir Un très beau soir d'automne Hélas quand ils arrivent C'est déjà le printemps Les feuilles qui étaient mortes Sont toutes ressuscitées Et les deux escargots Sont très désappointés Mais voilà le soleil Le soleil qui leur dit Prenez prenez la peine La peine de vous asseoir Prenez un verre de bière Si le coeur vous en dit Prenez si ça vous plaît L'autocar pour Paris Il partira ce soir Vous verrez du pays Mais ne prenez pas le deuil C'est moi qui vous le dis Ça noircit le blanc de l'oeil Et puis ça enlaidit Les histoires de cercueils C'est triste et pas joli Reprenez vos couleurs Les couleurs de la vie Alors toutes les bêtes Les arbres et les plantes Se mettent à chanter A chanter à tue-tête La vraie chanson vivante La chanson de l'été Et tout le monde de boire Tout le monde de trinquer C'est un très joli soir Un joli soir d'été Et les deux escargots S'en retournent chez eux Ils s'en vont très émus Ils s'en vont très heureux Comme ils ont beaucoup bu Ils titubent un p'tit peu Mais là-haut dans le ciel La lune veille sur eux.
-
nosferatu
images : Claire Dunaud clairedunaud.tumblr.com
WE ONLY COME OUT AT NIGHT SMASHING PUMPKINS We only come out at night, the days are much too bright We only come out at night And once again, you’ll pretend to know me well, my friends And once again, I’ll pretend to know the way Thru the empty space Thru the secret places of the heart We only come out at night, the days are much too bright We only come out at night I walk alone, I walk alone to find the way home I’m on my own, I’m on my own to see the ways That I can’t help the days, you will make it home o.k. I know you can, and you can We only come out at night, the days are much too bright We only come out at night And once again, you’ll pretend to know that There’s an end, that there’s an end to this begin It will help you sleep at night It will make it seem that right is always right Alright? We only come out at night
They Only Come Out At Night Photographe: Cécile N. Armand Co- directrice artistisque : Sabine Legrand MUA: Kylie Fenech Hair assistant: Lise Villière Styliste: Chloe Grace Model: Chloe Grace & Dane Tutton Lieu: Burnwood cemetary, Melbourne.
Omnias Vanitas - Amandine Borkowski Notre besoin de consolation est impossible a rassasier. Our need for consolation is impossible to satisfy. Stig Dagermann
Cécile par/by : Alexandre Duguer Une voix de femme qui parle, qui raconte des histoires de vie et de mort, a le pouvoir de donner la vie. A woman’s voice that speaks, a voice that speaks stories of life and death, has the power to give life. Paul Auster , L’Invention de la solitude // The Invention of Solitude
In Between - Sarah Neal , 2012 www.sarahneale.fr
[No Title] Poem read by Suzanne Mallouk at Jean-Michel Basquiat’s funeral. A.R. Penck “be careful baby what means automatism after the night break the fascism the original cataclysm the big splash the hard crash be tide only with feeling the last thing without a cry I say to you goodbye”