etremere.fr Le Journal N°17 Lundi 13 octobre 2014
SOLOs Entretien avec
Noémi Boutin
Noémi Boutin est une jeune violoncelliste qui poursuit une brillante carrière de soliste dans différents ensembles prestigieux comme la Malher Chamber orchestra, Les Dissonances, l’orchestre national de Lyon…. Son éclectisme musical l’amène à se produire dans d’autres domaines artistiques, comme le théâtre. Son engagement dans la création contemporaine la fait travailler avec des compositeurs du XXIème siècle. Elle est maman d’un petit garçon de cinq ans. Elle nous parle ici des effets de la maternité sur sa pratique de violoncelliste. Propos recueillis par Valentine Dechambre
Solitudes maternelles ÉDITORIAL de Jacqueline Dhéret Le phénomène social des femmes qui élèvent seules leurs enfants s’accentue. Non plus celui des filles-mères qui date de l’époque où le Nom-duPère faisait l’histoire, mais celui des mères dites « isolées ». Femmes, et mères. La féminité reste à l’état d’énigme et le législateur construit ses réponses pour stabiliser le risque de « folie féminine » : lorsque le malaise de l’enfant ne peut être articulé aux deux parents, il n’encourage plus le maternage. Il tend un voile et répond par le fétiche aide et accompagnement, qui parviendront, peut-être, à faire naître un désir. Ne te contentes pas de « l’être mère », dit-il à celle qui est seule ; mets plutôt ton espoir dans le travail et dans l’enfant, porteur des régulations culturelles à venir. C’est une autre version que celle du petit d’homme « attaché à la mamelle »1 ; une façon de connecter la position féminine à l’Autre de la culture, lorsque le partenaire ne peut servir de relais ou de limite. On continue, bien sûr, à s’hypnotiser sur la relation mère / enfant mais on aperçoit davantage, aujourd’hui, que la féminité n’est pas réductible à la maternité. L’équivalence femme = mère ne va plus de soi.
Jacques Lacan y insistait : pas de maternité sans que l’enfant soit situé dans le fantasme de cette femme qui peut, ou non, se prêter à leur rencontre. C’est dire que la relation d’une mère au produit de son corps trouve immédiatement dans l’enfant le trait qui la sustente, quelque fois jusqu’à l’horreur. Cette expérience peut faire bord, assurance, elle peut aussi, comme en témoignent les expériences singulières présentées dans ce journal, obliger une femme à inventer une position inédite. Mieux vaut alors qu’elle trouve sur son chemin l’interlocuteur qui saura défaire l’injonction : « sois (toute) mère ». Parmi cette série de témoignages, une exception. Qui mieux qu’une musicienne pouvait dire que le féminin ne se laisse pas porter à l’universel ? Dans « SOLOs », entretien réalisé par Valentine Dechambre, une violoncelliste – qui est aussi jeune mère – multiplie joyeusement les versions de cet impossible. Avec également les contributions de : Jacques Borie, Nicole Borie, Maï Linh Masset, Christine Marcepoil, Pierre Merle, Josiane Paccaud-Huguet, Nicole Treglia.
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