Texts & Translations La bonne chanson
The good song
1. Une Sainte en son auréole, Une Châtelaine en sa tour, Tout ce que contient la parole Humaine de grâce et d'amour.
1. A saint within her halo, A lady in her tower, All that human speech contains Of grace and of love.
La note d'or que fait entendre Le cor dans les lointains des bois, Mariée à la fierté tendre Des nobles Dames d'autrefois;
The golden note by which one hears The horn in the depths of the woods, Married to the tender pride Of the noble ladies of the past;
Avec cela le charme insigne D'un frais sourire triomphant Éclos dans les candeurs de cygne Et des rougeurs de femme-enfant;
With this emblematic charm: A fresh, triumphant smile, Revealed with the candor of a swan And the blush of a woman-child,
Des aspects nacrés, blancs et roses, Un doux accord patricien: Je vois, j'entends toutes ces choses Dans son nom Carlovingien.
Of pearly appearance, white and pink; A gentle aristocratic harmony. I see, I hear all these things In your Carolingian name. © Shawn Thuris
2. Puisque l'aube grandit, puisque voici l'aurore, Puisque, après m'avoir fui longtemps, l'espoir veut bien Revoler devers moi qui l'appelle et l'implore, Puisque tout ce bonheur veut bien être le mien, […]
2. Since day is breaking, since dawn is here, Since, having long eluded me, hope may Fly back to me, who calls to it and implores it, Since all this happiness will certainly be mine, [ ... ]
Je veux, guidé par vous, beaux yeux aux flammes douces, Par toi conduit, ô main où tremblera ma main, Marcher droit, que ce soit par des sentiers de mousses Ou que rocs et cailloux encombrent le chemin; […]
I want, guided by your beautiful eyes lit by gentle flames, Led by you, in whose hand my trembling hand rests, To march straight on, whether along trails of moss Or on tracks strewn with boulders and stones; [ ... ]
Et comme, pour bercer les lenteurs de la route, Je chanterai des airs ingénus, je me dis Qu'elle m'écoutera sans déplaisir sans doute ; Et vraiment je ne veux pas d'autre Paradis.
And as I'll comfort myself on the tediousness of the journey, By singing some innocent airs, I'll tell myself That she will hear me without displeasure or doubt; And truly I want no other paradise. © Laura Prichard, 2016
3. La lune blanche Luit dans les bois ; De chaque branche Part une voix Sous la ramée...
3. The white moon shines in the woods. From each branch springs a voice beneath the arbor.
Ô bien aimée.
Oh my beloved...
L'étang reflète, Profond miroir, La silhouette Du saule noir Où le vent pleure...
Like a deep mirror the pond reflects the silhouette of the black willow where the wind weeps.
Rêvons, c'est l'heure.
Let us dream! It is the hour...
Un vaste et tendre Apaisement Semble descendre Du firmament Que l'astre irise..
A vast and tender calm seems to descend from a sky made iridescent by the moon.
C'est l'heure exquise.
It is the exquisite hour! © Grant A. Lewis
4. J'allais par les chemins perfides, Douloureusement incertain. Vos chères mains furent mes guides.
4. I was walking along treacherous paths, Painfully uncertain. Your dear hands were my guides.
Si pâle à l'horizon lointain Luisait un faible espoir d'aurore ; Votre regard fut le matin.
So pale on the distant horizon Shone a faint hope of dawn; Your eyes were the morning.
Nul bruit, sinon son pas sonore, N'encourageait le voyageur. Votre voix me dit: "Marche encore!"
No sound other than his ringing footstep Encouraged the voyager. Your voice said to me: "Walk on!"
Mon coeur craintif, mon sombre coeur Pleurait, seul, sur la triste voie ; L'amour, délicieux vainqueur, Nous a réunis dans la joie.
My timid heart, my somber heart, Cried, alone, on the dreary road; Love, delightful conqueror, United us in joy. © Laura L. Nagle, 2007
5. J'ai presque peur, en vérité Tant je sens ma vie enlacée A la radieuse pensée Qui m'a pris l'âme l'autre été,
5. I'm almost afraid, it's true, when I see how my life is entwined with the radiant thought that stole my soul last summer;
Tant votre image, à jamais chère, Habite en ce coeur tout à vous, Ce coeur uniquement jaloux De vous aimer et de vous plaire ;
when I see how your ever-dear image lives in this heart that is all yours, my heart that only wants to love you and to please you;
Et je tremble, pardonnez-moi D'aussi franchement vous le dire, À penser qu'un mot, qu’un sourire De vous est désormais ma loi,
and I tremble - forgive me for speaking so freely – at the thought that a word or a smile from you so rules me
Et qu'il vous suffirait d'un geste, D'une parole ou d'un clin d'oeil, Pour mettre tout mon être en deuil De son illusion céleste.
and that a gesture, a word or a wink from you is enough to set my soul in mourning for its heavenly illusion.
Mais plutôt je ne veux vous voir, L'avenir dût-il m'être sombre Et fécond en peines sans nombre, Qu'à travers un immense espoir,
I really only want to see you, no matter how dark and full of pain my future, through an immense hope,
Plongé dans ce bonheur suprême De me dire encore et toujours, En dépit des mornes retours, Que je vous aime, que je t'aime !
plunged into this supreme job of saying over and always to myself, despite all dismal returns, that I love you, that I love thee! © Faith J. Cormier, 2000
6. Avant que tu ne t'en ailles, Pâle étoile du matin -- Mille cailles Chantent, chantent dans le thym. --
6. Before you vanish, pale morning star... (A thousand quails are singing in the thyme!)
Tourne devers le poète Dont les yeux sont pleins d'amour ; -- L'alouette Monte au ciel avec le jour. --
turn towards the poet, whose eyes are full of love... (The lark is rising to the sky with the daybreak!)
Tourne ton regard que noie L'aurore dans son azur ; -- Quelle joie Parmi les champs de blé mûr! --
turn your gaze which the dawn is drowning in its blueness… (What joy among the fields of ripe corn!)
Et fais luire ma pensée Là-bas -- bien loin, oh, bien loin ! -- La rosée Gaîment brille sur le foin. –
and make my thoughts shine there, far away, far away... (The dew is gleaming brightly on the hay!)
Dans le doux rêve où s'agite Ma mie endormie encor... -- Vite, vite, Car voici le soleil d'or. –
into the sweet dream where my darling while still asleep is stirring... (Quickly, quickly, for here is the golden sun!) © Peter Low, 2000
7. Donc, ce sera par un clair jour d'été Le grand soleil, complice de ma joie, Fera, parmi le satin et la soie, Plus belle encor votre chère beauté ;
7. And so, it shall be on a bright summer's day: The great sun, complicit in my joy, Shall, amidst the satin and silk, Make your dear beauty more beauteous still;
Le ciel tout bleu, comme une haute tente, Frissonnera somptueux à longs plis Sur nos deux fronts [heureux]1 qu'auront pâlis L'émotion du bonheur et l'attente;
The bluest sky, like a tall tent, Shall ripple in long creases Upon our two happy foreheads, white With happiness and anticipation;
Et quand le soir viendra, l'air sera doux Qui se jouera, caressant, dans vos voiles, Et les regards paisibles des étoiles Bienveillamment souriront aux époux.
And when the evening comes, the caressing breeze That plays in your veils shall be sweet, And the peaceful gazes of the stars Shall smile benevolently upon the lovers. © Laura L. Nagle
8. [ ... ] N'est-ce pas? nous irons gais et lents, dans la voie Modeste que nous montre en souriant l'Espoir, Peu soucieux qu'on nous ignore ou qu'on nous voie.
8. [ ... ] Isn't it so? We shall go, happy yet slow, Along the modest path we walk in smiling hope, Caring little if others notice or ignore us.
Isolés dans l'amour ainsi qu'en un bois noir, Nos deux coeurs, exhalant leur tendresse paisible, Seront deux rossignols qui chantent dans le soir. [ ... ]
Isolated in love as though in a dark wood, Our two hearts, exhaling their peaceful fondness, Shall be two nightingales singing in the night. [ ... ]
Sans nous préoccuper de ce que nous destine Le Sort, nous marcherons pourtant du même pas, Et la main dans la main, avec l'âme enfantine.
Without worrying ourselves about what Fate holds in store, we walk still the same way, Hand in hand, with the childlike soul
De ceux qui s'aiment sans mélange, n'est-ce pas?
Of those who love completely — isn't it so? © Shawn Thuris
9. L'hiver a cessé : la lumière est tiède Et danse, du sol au firmament clair. Il faut que le coeur le plus triste cède À l'immense joie éparse dans l'air. [ ... ]
9. Winter has ended: the light is soft And dances from the sun to the clear heaven. The saddest heart must give way To the great joy scattered through the air. [ ... ]
J'ai depuis un an le printemps dans l'âme Et le vert retour du doux floréal, Ainsi qu'une flamme entoure une flamme, Met de l'idéal sur mon idéal.
For a year I have held springtime in my soul And the green return of the sweet blossoming, Like a flame around a flame, Sets upon my ideal something ideal.
Le ciel bleu prolonge, exhausse et couronne L'immuable azur où rit mon amour La saison est belle et ma part est bonne Et tous mes espoirs ont enfin leur tour.
The blue sky extends, exhalts and crowns The changeless azure where my love laughs. The season is fine and my share is good And all my hopes have their turn at last.
Que vienne l'été ! que viennent encore L'automne et l'hiver ! Et chaque saison Me sera charmante, ô Toi que décore Cette fantaisie et cette raison !
Let summer come! And let Autumn and winter come after! And every season Will be dear to me, oh You who decorate This imagining and this thought! © Shawn Thuris
Les Illumination
Illuminations
1. Fanfare J'ai seul la clef de cette parade sauvage.
1. Fanfare I alone hold the key to this wild parade. © Ahmed E. Ismail
2. Villes Ce sont des villes! C'est un peuple pour qui se sont montés ces Alleghanys et ces Libans de rêve ! Des chalets de cristal et de bois qui se meuvent sur des rails et des poulies invisibles. Les vieux cratères ceints de colosses et de palmiers de cuivre rugissent mélodieusement dans les feux… Des cortèges de Mabs en robes rousses, opalines, montent des ravines. Là-haut, les pieds dans la cascade et les ronces, les cerfs tettent Diane. Les Bacchantes des banlieues sanglotent et la lune brûle et hurle. Vénus entre dans les cavernes des forgerons et des ermites. Des groupes de beffrois chantent les idées des peuples. Des châteaux bâtis en os sort la musique inconnue…. Le paradis des orages s'effondre. Les sauvages dansent sans cesse la fête de la nuit. ….. Quels bons bras, quelle belle heure me rendront cette région d'où viennent mes sommeils et mes moindres mouvements?
2. Towns These are towns! This is a people for whom these Alleghenies and Lebanons were raised up! Crystal and wooden chalets move on invisible rails and pulleys. The old craters, surrounded by colossuses and copper palm-trees, roar melodiously in the flames. . . Processions of Mabs in russet and opaline robes climb the ravines. Up there, Diana suckles stags, with their feet in the cascade and brambles. Suburban Bacchantes sob, and the moon burns and howls. Venus enters caverns of blacksmiths and hermits. Groups of belfries sing the people's ideas. From castles built of bones pour forth unknown music. . . . The paradise of storms collapses. The savages dance ceaselessly the festival of the night. ….. What lovely arms, what beautiful hour will bring back to me that region from whence come my slumber and my smallest movements? © Ahmed E. Ismail
3a. Phrase J'ai tendu des cordes de clocher à clocher; des guirlandes de fenêtre à fenêtre; des chaînes d'or d'étoile à étoile, et je danse.
3a. Phrase I hung strings from steeple to steeple; garlands from window to window; gold chains from star to star, and I dance. © Ahmed E. Ismail
3b. Antique Gracieux fils de Pan! Autour de ton front couronné de fleurettes et de baies, tes yeux, des boules précieuses, remuent. Tachées de lies brunes, tes joues se creusent. Tes crocs luisent. Ta poitrine ressemble à une cithare, des tintements circulent dans tes bras blonds. Ton cœur bat dans ce ventre où dort le double sexe. Promène-toi, la nuit en mouvant doucement cette cuisse, cette seconde cuisse et cette jambe de gauche.
3b. Antique Gracious child of Pan! Around your brow, crowned by tiny flowers and berries, your eyes - precious globes - stir. Stained by brown dregs, your cheeks are hollowed. Your fangs glisten. Your bosom resembles a zither, its chiming spreading about in your fair arms. Your heart beats in that belly where the double sex sleeps. Walk in the night, moving gently this thigh, that other thigh, and that left leg. © Ahmed E. Ismail
4. Royauté Un beau matin, chez un peuple fort doux, un homme et une femme superbes criaient sur la place publique: "Mes amis, je veux qu'elle soit reine!" "Je veux être reine!" Elle riait et tremblait. Il parlait aux amis de révélation, d'épreuve terminée. Ils se pâmaient l'un contre l'autre.
4. Royalty A beautiful morning, among a most gentle people, a superb man and woman, cry out in a public square: "My friends, I wish to make her your queen!" "I wish to be your queen!," she cries, and trembles. He speaks to his friends of revelation, of finished ordeals. They swoon, one against the other.
En effet ils furent rois toute une matinée où les tentures carminées se relevèrent sur les maisons, et toute l'après-midi, où ils s'avancèrent du côté des jardins de palmes.
Indeed, they were kings all that morning while the crimson hangings went up on the houses, and all that afternoon, when they advanced toward the coast through gardens of palms. © Ahmed E. Ismail
5. Marine Les chars d'argent et de cuivre Les proues d'acier et d'argent Battent l'écume, Soulèvent les souches des ronces. Les courants de la lande, Et les ornières immenses du reflux, Filent circulairement vers l'est,
5. Marine Chariots of silver and copper Prows of steel and silver Stir up the foam Lift up the roots of bramble, The currents of the land, And the immense tracks of the ebb, Running out in a circle towards the east,
Vers les piliers de la forêt, Vers les fûts de la jetée, Dont l'angle est heurté par des tourbillons de lumière.
Toward the pillars of the forest, Toward the piles of the jetty, Whose corner is struck by whirlpools of light.
6. Interlude J'ai seul la clef de cette parade sauvage.
6. Interlude I alone hold the key to this wild parade. © Ahmed E. Ismail
7. Being Beauteous Devant une neige un Être de Beauté de haute taille. Des sifflements de mort et des cercles de musique sourde font monter, s'élargir et trembler comme un spectre ce corps adoré : des blessures écarlates et noires éclatent dans les chairs superbes. Les couleurs propres de la vie se foncent, dansent, et se dégagent autour de la Vision, sur le chantier. Et les frissons s'élèvent et grondent, et la saveur forcenée de ces effets se chargeant avec les sifflements mortels et les rauques musiques que le monde, loin derrière nous, lance sur notre mère de beauté, - elle recule, elle se dresse. Oh ! nos os sont revêtus d'un nouveau corps amoureux.
7. Being Beauteous In front of the snow stands a tall Beauteous Being. The hissing of death and circles of muffled music make this adored body climb, expand, and tremble: black and scarlet wounds burst in the superb flesh. The proper colors of life darken, dance, and give off around the vision, upon the yard. And the shudders rise and fall, and the maniacal flavor of these effects being charged with the mortal hissing and raucous music that the world, well behind us, hurls on our mother of beauty - she withdraws, she stands up. O! Our bones are dressed once more in a new amorous body.
Ô la face cendrée, l'écusson de crin, les bras de cristal ! Le canon sur lequel je dois m'abattre à travers la mêlée des arbres et de l'air léger !
O ashen face, with shield of hair, and arms of crystal! The cannon on which I must throw myself down, amid the scuffle of trees and the light breeze! © Ahmed Ismail
8. Parade Des drôles très solides. Plusieurs ont exploité vos mondes. Sans besoins, et peu pressés de mettre en œuvre leurs brillantes facultés et leur expérience de vos consciences. Quels hommes mûrs ! Des yeux hébétés à la façon de la nuit d'été, rouges et noirs, tricolores, d'acier piqué d'étoiles d'or ; des faciès déformés, plombés, blêmis, incendiés ; des enrouements folâtres ! La démarche cruelle des oripeaux ! -Il y a quelques jeunes – ….. Ô le plus violent Paradis de la grimace enragée! …. Chinois, Hottentots, bohémiens, niais, hyènes, Molochs, vieilles démences, démons sinistres, ils mêlent les tours populaires, maternels, avec les poses et les tendresses bestiales. Ils interpréteraient des pièces nouvelles et des chansons « bonnes filles ». Maîtres jongleurs, ils transforment le lieu et les personnes, et usent de la comédie magnétique. ….. J’ai seul la clef de cette parade sauvage.
8. Parade What sturdy odd fellows. Several have exploited your worlds. Without needs, and little concerned with putting their brilliant minds and their experience of your consciences to work. What mature men! Dazed eyes like a summer night, red and black, tri-colored, steel dotted with golden stars; deformed features, leaden, made pale, made to burn; their foolish cries! The cruel walk of rags! There are some young ones. . . .
9. Départ Assez vu. La vision s'est rencontrée à tous les airs. Assez eu. Rumeurs des Villes, le soir, et au soleil, et toujours. Assez connu. Les arrêts de la vie. Ô Rumeurs et Visions! Départ dans l'affection et le bruit neufs!
9. Departure Enough seen. Visions have been met in every respect. Enough has been. Rumors of towns, at night, and in the light of day, and always. Enough known. The decrees of life. O rumors and visions! Depart in new affection and new noise. © Ahmed E. Ismail
O the most violent Paradise of the fanatical grimace! . . . Chinese, Hottentots, Bohemians, deniers, hyenas, Molochs, old demented ones, sinister demons, they mix popular and maternal tricks with bestial poses and tenderness. They interpreted new plays and - nice girl - songs. Master jugglers, they transform the place and the people and use magnetic comedy. . . . ….. I alone hold the key to this wild parade. © Ahmed E. Ismail