The
journal
Johann Civel # Erciyes Resort
Retour du White Kite Journal après quatre mois d’hiver. Changement d’ordinateur, incompatibilité des logiciels, la production des articles a été interrompue. Malgré cela la motivation et le projet demeurent : publier un journal exclusivement sur le snowkite. Ecrit et réalisé par des snowkiteurs. Pour l’instant je suis tout seul mais c’est pas grave. Voici donc un nouveau numéro avec les sujets récents. Un jour il faudra prendre une décision. Rester la vitrine d’activités de terrain pour une marque unique ou bien devenir indépendant dans ce marché à la fois inexistant et pourtant déjà très cloisonné du
snowkite. L’avenir nous le dira. Quelle que soit la décision future, l’objectif restera identique : privilégier l’information vers les pratiquants, consolider les acquis pour les kiteurs autonomes, apporter les bases aux débutants, ouvrir l’image du snowkite aux skieurs, snowboarders et randonneurs, partager les avancées de notre glisse encore tellement mal connue. Merci pour votre visite.
Pascal Boulgakoff
Le Vol de Pente
Pour une approche en sĂŠcuritĂŠ
INTRODUCTION Le Vol de Pente existe depuis que le snowkite est apparu. On a vu et on voit des photos, des vidéos, sur le Vol de Pente depuis toujours. Sachez que des kiteurs pratiquent le Vol de Pente presque exclusivement, délaissant la distance, la haute-montagne, le freestyle. Ce même message est plaqué sur toutes les publications de Vol de Pente depuis le début : Ne le faites pas. Le même avertissement aussi : Un kite, ça n’a pas été conçu pour voler. Sous-entendu, pas solide, pas fiable pour voler, donc danger potentiel. On pourrait répondre ceci : le parapente, le speedriding, ça a été spécialement conçu pour voler, mais voulez-vous voir la liste des morts dans ces pratiques ? Les voitures, ça a été conçu pour rouler, combien de morts par jour sur les routes ? En comparaison, peu ou pas d’accidents en dix ans pour le Vol de Pente avec un kite. Et une nouvelle tendance est apparue depuis peu, le Vol de Pente près de la neige. Qui logiquement inspire confiance. Alors pour faire bref, je préfère partager les connaissances et accompagner les futurs adeptes plutôt que de laisser tout le monde face à cette situation de manque total d’informations disponibles. C’est exclusivement du Vol de Pente proche de la neige dont il sera question dans cet article.
Vous lirez sur différents forums que l’on ferait mieux de faire du parapente ou du speedriding. Cette remarque est complètement inepte. Autant dire à un champion de ping-pong de jouer plutôt au tennis parce que c’est mieux. Ou aux hand-balleurs de l’équipe de France de se mettre au foot-ball pour enfin jouer dans un vrai stade. Voler en snowkite n’a aucune comparaison avec le fait de voler autrement, que ce soit en parapente, speedriding, planeur, mongolfière, ou tout autres sports qui ne sont pas les nôtres. On ne veut pas changer de pratique ! Voler avec un kite s’ajoute simplement au fait de pouvoir skier ou rider sur du plat grâce à sa voile, et aussi dans des pentes de poudreuse, sauter avec des rotations de freestyle, remonter des montagnes entières, bref, la version incontestablement la plus aboutie du ski ou du snowboard quand on peut alterner toutes ces variantes lors d’une même session. Donc la parenthèse est refermée, revenons à notre extraordinaire snowkite. Ce premier sujet sur le Vol de Pente traitera du début d’apprentissage et jusqu’aux premiers vols courts maîtrisés. Un deuxième article sera consacré plus tard au perfectionnement et ce sera avec la participation et les témoignages de kiteurs expérimentés dans cette discipline. Ce n’est pas la vocation de ce journal de se substituer aux écoles agréées de snowkite mais je ne crois pas qu’elles peuvenr raisonnablement prendre le risque de proposer le Vol de Pente au programme perfectionnement. Donc j’assume cette initiative et j’espère qu’elle apportera une aide, parmi d’autres, aux snowkiteurs désireux de s’initier au vol en sécurité.
Jeff Blachon Ă gauche et Laurent Hemard Ă droite. Observez leur assise confortable dans le baudrier.
1- LE MATERIEL. Le même matériel que pour le snowkite habituel. Voile à caissons ou voile marine gonflable, les deux volent très bien. Même harnais ou baudrier que vous utilisez habituellement. Toutes protections corporelles supplémentaires sont au choix individuel du kiteur. Précautions concernant le kite. Etat de la voile : neuve ou en excellent état. Lignes neuves ou excellent état également. Certains kiteurs ont ajouté une ligne de spectra sous leur barre, joignant les lignes arrières entre elles, au cas (extrêmement peu probable) où la barre casserait en vol. Personnellement, j’ajoute une ligne de spectra 1.000kg qui est prise en tête d’alouette sur mes deux lignes Avant et qui vient s’accrocher à mon mousqueton du baudrier. Ceci pour éviter un souci si le chickenloop s’ouvre, si la sécurité (poire Ozone) s’ouvre, si quelque chose casse dans cette chaîne qui relie les lignes Avant au mousqueton, chaîne où de nombreux éléments sont en plastique, avec des vis, des rivets, des aiguilles bloquantes, etc... J’ai remplacé ma ligne unique 500 kg (Y) des avants par deux lignes 500 kg. Le baudrier. Si c’est un baudrier d’escalade, il sera suffisamment solide, pas de souci. Autre baudrier, des marques de kite, à surveiller et à renforcer si des éléments vous paraissent insuffisants. Harnais de kitesurf classique. Presque tous les kiteurs qui utilisent un harnais ventral ou culotte classique de kitesurf l’ont renforcé par des sangles doublant la barre métallique et le crochet. Et ils ont (presque tous) ajouté un baudrier d’escalade en plus du harnais ventral de kite. Personnellement, j’utilise un baudrier d’escalade simple, léger, que je porte sous le pantalon de snow. Le mousqueton d’escalade, quel qu’il soit il sera
assez solide, pas de souci, état neuf, chosissez un 3.200kg, mais les 2.400kg sont très fiables également. Je voudrais dire une chose qui me semble importante concernant l’accroche du baudrier. C’est le fruit de mon observation des kiteurs qui volent. J’ai remarqué que certains kiteurs sont très à l’aise en vol, et font preuve d’une confiance totale, alors qu’ils n’étaient pas à la base des kiteurs exceptionnels en montagne, ni en freestyle, ni en distance. Alors que d’autres kiteurs au contraire, parfois très forts, abandonnent pourtant le Vol de Pente sitôt après l’avoir essayé. Ceci m’a intrigué et j’ai voulu savoir pourquoi. J’ai fini par comprendre d’où venait cette différence. Elle vient de la hauteur d’accroche du baudrier/harnais. Il faut que cette accroche soit le plus haut possible, tout en conservant une distance pas trop exagérée afin de pouvoir manoeuvrer la barre de pilotage aisément jusqu’en bout de border/choquer. Car ainsi, le centre de gravité du kiteur est situé bien en dessous de l’accroche et la sensation de stabilité est augmentée. A l’inverse, si l’accroche est trop bas, trop près de la ceinture du baudrier, le centre de gravité du kiteur peut être situé au même niveau que l’accroche ou au-dessus et alors la sensation d’être déséquilibré est immédiate, elle rend le vol de pente très désagréable comme expérience, elle est la cause de chute instantanée sitôt que le kiteur est en vol, même tout près du sol. Observez les kiteurs qui volent bien, regardez comme leur accroche est haut, ils sont confortablement installés comme dans un fauteuil sous leur mousqueton qui leur arrive au moins à la poitrine, bras assez hauts au niveau du visage ou au-dessus. Essayez de trouver et régler ce niveau d’accroche haute sur votre baudrier ou harnais, vous ressentirez immédiatement une grande amélioration de stabilité.
Le terrain devant vous doit être totalement dégagé. La pente légère mais suffisante. La neige douce.
2- L’APPRENTISSAGE Le point le plus important de tout cet article est ici : l’apprentissage est très long. Désolé pour les kiteurs impatients. Consacrez le temps nécessaire. Ne grillez pas les étapes. Dans tous les cas, surtout, ne vous élancez pas depuis le haut d’une pente directement dans les airs en pensant que vous allez voir comment ça fait et que vous essaierez de contrôler. L’apparente stabilité en vol des kiteurs confirmés est totalement trompeuse. Voler avec un kite est extrêmement difficile et ne s’improvise pas. N’écoutez pas les messages qui disent que voler haut et en ligne droite ne requiert aucune technique, c’est totalement faux. Au cours des étapes qui vont suivre dans cet article, soyez toujours extrêmement prudent. Renoncez si vous identifiez le moindre danger de terrain ou de vent, et allez kiter tranquillement comme avant, vous reviendrez à votre apprentissage du Vol de Pente quand tout sera OK. L’apprentissage est long car durant la période de progression on doit avoir des conditions irréprochables de terrain, de neige, de vent, pendant que les kiteurs expérimentés, eux, peuvent se permettre de voler sans cela puisqu’ils contrôlent. Mais nous, quand on apprend, on est plus exigeants
sur les conditions afin qu’elles soient parfaites, et alors on «perd» énormément de sessions à attendre le moment idéal, la sécurité complète. Ainsi, cette année, j’ai passé les deux premiers mois de la saison (octobre, novembre) à regarder mes copains voler pendant que je ne pouvais pas commencer à apprendre, parce quun coup’il y avait un rocher au milieu du spot, une autre fois la neige était dure comme du béton, la semaine suivante c’était le vent qui était turbulent, quand tout ça allait bien alors c’était la pente qui était trop forte, etc... Tous ces paramètres qui peuvent transformer une légère perte de contrôle en accident. Donc, retenez bien ceci : il vous faudra passer beaucoup de temps à chaque étape de la progression. C’est très important. 3- BARRE INVERSEE OU BARRE CLASSIQUE ? Comme pour les voiles, à caissons ou gonflables, qui marchent parfaitement toutes les deux, les techniques de barre inversée ou barre classique marchent aussi bien l’une que l’autre. Chaque kiteur a sa préférence et ensuite vole parfaitement, quelle que soit l’option choisie. Les fondamentaux du Vol de Pente resteront ensuite les mêmes pour tout le monde en ce qui concerne le placement de la voile, les décisions et techniques face à la direction du vent par rapport au relief du terrain.
Evitez la voile au zénith quand vous êtes au sol en barre inversée. Dos cambré, jusqu’à la chute. Merci à Sébastien Grimont, école Air to Kite, pour son aide à la démonstration.
4- BARRE INVERSEE : UN TEMPS D’ACCLIMATATION. Si vous optez pour la barre inversée, il vous faudra un temps d’acclimatation afin que vous soyez à l’aise et que vos gestes pour conduire la voile soient devenus instinctifs est infaillibles. Une fois que ce sera acquis, vous ne confondrez plus les deux, et effectuerez les mouvements sans y penser. Certains kiteurs changent même la tenue de leur barre durant le vol, passant de barre inversée à barre classique, ou inversement, souvent c’est pour faire le kiteloop du poser. Cela témoigne qu’il n’y a plus aucune confusion dans leurs mouvements et leurs réactions. Avec suffisamment d’exercice, ce sera votre cas dans quelques temps. Pour acquérir la confiance dans la barre inversée, il faut y passer beaucoup de temps. Je pense que j’y ai consacré une saison entière, tant pis si certains ricanaient derrière mon dos, moi je voulais être totalement en confiance avant de décoller du sol. Ne pas me retrouver en vol et avoir un réflexe contraire, les conséquences sont trop lourdes. Et à vouloir «gagner» un peu de temps on finit par en perdre beaucoup plus en cas d’erreur et de chute. La pédagogie de la réussite est très importante dans l’apprentissage du Vol de Pente car ici, plus que partout ailleurs, l’échec se paie très cher. Il faut donc trouver une pente douce. Pas trop plate, mais surtout pas trop inclinée (risque trop grand de
décoller sans le vouloir). Arrivé à votre point de départ dans la pente ( Pas trop haut au début ), vous inversez la barre et essayez de contrôler la voile que vous placez à 11h ou à 13h selon votre côté préféré. Essayez de la rattraper quand elle part à droite ou à gauche à cause du vent, tout en restant là l’arrêt. Ici, il y a un point fondamental : ne placez surtout pas votre voile au zénith. Car sinon, vous aurez une sensation très désagréable et inconfortable avec une voile trop en arrière, qui va vous obliger à cambrer le dos à l’extrême, voire à vous faire tomber en arrière, c’est insupportable comme position. Vous allez me dire : mais alors quand on vole, la voile est bien au zénith ? Je vous répondrai : oui, mais c’est quand on vole :-) C’est à dire qu’en vol on a une position différente, très assise, un peu comme dans un fauteuil à bascule, assez en arrière, et alors la voile tout à fait au-dessus de nous n’est pas gênante. D’ailleurs, cette position assise et en arrière que l’on a pour le vol ( Reportez-vous à la photo précédente de Jeff et Laurent ), vous verrez plus tard, quand vous volerez, que l’on doit l’abandonner instantanément au moment du poser, on se relève en position de ski, car si on la garde on ne peut pas skier tellement on est à l’arrière, on tombe de suite. Donc, retenez bien cela : quand on est au sol, que l’on se prépare au décollage ou bien juste après l’atterrissage, on place sa voile légèrement de côté, à 11h ou à 13h, pas au zénith.
Lignes rouges à droite : la barre est bien inversée. Voile sur le côté. On multiplie les runs de descente. En alternant le placement de la voile à droite, ou bien gauche, au cours de la session.
5- LES PREMIERS RUNS DE DESCENTE. Bon, on reprend. On est donc en haut d’une pente pas trop méchante, la voile légèrement de côté, on arrive à la maintenir et l’empêcher de filer à droite ou à gauche, au début c’est très déstabilisant, tout est inversé, on a tendance à faire le contraire de ce qu’il faudrait, mais ne vous découragez pas, les réflexes vont venir avec la pratique, c’est l’apprentissage. Quand ça commencera à aller bien, essayez maintenant de la manoeuvrer vous-même exprès, un coup à droite, un coup à gauche, puis vous la ramenez, et ainsi de suite. Augmentez l’amplitude des trajectoires en forme huit. Passez de longs moments à cet exercice. Au bout de quelque temps vous sentirez que vous contrôlez bien. Engagez-vous alors dans la descente (douce) et faites votre run jusqu’en bas. Les premières fois, c’est une sensation agréable de descendre la pente en skiant, avec sa voile que l’on contrôle en barre inversée. Cela peut vous occuper tout un après-midi et vous ne vous ennuierez pas une seconde. Changez de côté pour la conduite de la voile. On a un côté préféré, c’est celui avec lequel on saute sur l’eau en kitesurf, mais il faut apprendre à descendre avec la voile de l’autre côté car on aura besoin d’être à l’aise avec ça quand il faudra décoller pour voler vraiment. Ce temps d’acclimatation à la barre inversée doit au moins vous prendre quatre à cinq sessions, grand minimum. Augmentez la vitesse, ainsi que la distance de vos runs, faites des grands virages à la descente tout
en contrôlant votre voile, sautez des petites bosses, faites beaucoup bouger la voile de bas en haut, exercez-vous jusqu’à ce que vous soyez sûr de vous en toutes circonstances. Et ceci avec la voile aussi bien à gauche que à droite. Vous verrez déjà que le côté idéal pour placer la voile quand on descend en barre inversée (ou même en barre normale) dépend très souvent de la direction du vent par rapport à la pente du terrain. Parfois, c’est presque impossible de descendre avec la voile placée vers l’un des deux côtés, car seul l’autre côté permet d’avancer sinon on est immobilisé par le vent. C’est pour cela qu’il faut d’emblée apprendre les deux côtés pour manoeuvrer sa voile en barre inversée car plus tard, il y aura des sessions où vous ne pourrez décoller qu’avec la voile à droite, ou qu’avec la voile à gauche, et si vous ne savez pas le faire, vous ne pourrez pas profiter de la session. Voilà la première étape de l’apprentissage est terminée. Quand vous savez descendre la pente, toutes les pentes, encaisser les bosses, les creux, les dévers, accélérer ou ralentir, rattraper votre voile déviée par les rafales, aller jusqu’en bas sans souci, sans la regarder constamment, c’est que vous serez prêt pour la suite. Est-ce que vous pensez raisonnablement y arriver en une seule session ? Franchement, n’hésitez pas à consacrer du temps à cette première étape vers le Vol de Pente. C’est pas du temps perdu, bien au contraire. Quand vous serez véritablement en confiance (ce qui n’était pas le cas aux premiers essais), vous aurez maintenant envie de décoller avec cette voile et sa barre tenue à l’envers.
La voile a été envoyée vers le zénith, ça décolle. Le regard sur la voile apporte plus de sécurité mais va retarder l’apprentissage. L’idéal est de regarder devant soi, du décollage jusqu’au poser. Dans tous les cas, à ce stade de la progression, les skis ne décollent pas entièrement du sol ( recommandé), ou alors pas plus de un mètre. Neige douce.
6- LES PREMIERS DECOLLAGES. Ici il est important de choisir le bon terrain. L’idéal est une pente progressive. Qui va monter assez haut mais que vous pourrez entamer à différents niveaux en commençant par le milieu, à mesure que vous allez progresser. Il faut que devant vous, au bas de la pente, il n’y ait aucun obstacle, pas de rocher, pas d’arbre, pas de pylone, pas de cabane, rien. Le terrain pour atterrir doit être long, c’est plus sûr. A partir de là, barre inversée ou classique, c’est pareil. Montez dans cette pente, pas trop haut au début, prenez votre élan à la descente avec votre voile à 10h ou à 14h, et quand vous avez atteint une vitesse raisonnable, envoyez doucement la voile au zénith, et là elle devrait vous décoller du sol. C’est ce mouvement vers le haut imprimé à la voile qui va vous faire décoller. Ne faites pas l’erreur que je faisais à mes débuts, de mettre votre voile au zénith et partir dans la pente en attendant que ça décolle. Car on est alors passif par rapport aux événements, ce n’est pas du tout une bonne formule. Il faut absolument apprendre le mouvement d’envoi de la voile vers le haut pour décoller. Cela vous rend actif, décisionnaire de l’instant précis du décollage. La sensation ressentie au moment de quitter le sol est augmentée quand on effectue ce mouvement global bien comme il faut. Il faudra ensuite apprendre à doser l’envoi de la voile suivant la pente et la force du vent ainsi que sa direction par rapport au terrain. Ce dosage du mouvement du kite vers le haut, de son placement plus ou moins incliné avant d’envoyer, tout cela est le signe des kiteurs expérimentés. Vous avez remarqué, je vous ai dit : «placez votre voile à 10h ou à 14h» et vous avez sans doute trouvé que ça va pas, tout à l’heure je disais : «à 11h ou à 13h». Eh bien voilà, tout ça dépend du vent, de sa direction face à la pente, de sa force entre 3 et 15 knds, on ne place pas la voile exactement au même endroit pour
décoller, on ne l’envoie pas avec la même vitesse, ni avec la même amplitude, on devra sentir tout ça et ajuster le placement de la voile plus ou moins éloigné du zénith. Dès que la voile vous décolle du sol, il faut tout de suite la stabiliser au zénith en stoppant sa trajectoire de côté, sinon elle va continuer en travers tel que vous l’avez envoyée et aller trop loin vers le côté opposé sans que vous ne sentiez rien du tout, puis une fois qu’elle sera allée trop loin, elle va tout d’un coup bloquer son vol et vous retourner comme une crêpe. C’est la chute classique des premiers essais. On y est tous passé. Même si vous êtes tout proche du sol, vous verrez, ça tape très fort comme chute. D’où l’importance de rester très près de la neige (douce). Pour stopper la voile avec précision pile au zénith une fois qu’elle vous a décollé, il y a deux solutions. Ou bien vous apprenez tout de suite à «sentir» sa position ( Très très difficile ) et à la trouver avec votre maintien de la barre, ceci tout en regardant devant vous. Ou bien, comme moi, vous faites ce décollage en regardant la voile et vous la stoppez, la placez, la contrôlez en vol sans la quitter des yeux. La première solution est de loin la meilleure. Car ensuite vous volerez toujours en regardant devant vous tout au long de vos vols. C’est l’idéal. Sinon, comme moi, vous devrez mémoriser le terrain et votre trajectoire au moment de vous élancer, puis fixer votre regard vers la voile pour la contrôler durant le décollage et ensuite tout au long du vol, jusqu’au poser. Cela n’empêche pas de pouvoir voler, car par fractions de seconde on regarde rapidement le terrain de temps en temps (en général il n’a pas bougé, il est toujours là...), mentalement on sait où on va, mais c’est du temps perdu dans l’apprentissage, car au final, il faudra avec le temps et la maîtrise du vol, arriver à tout faire, décollage, vol, poser, en regardant uniquement devant nous de bout en bout.
La voile nous soulève, les skis décollent un peu de la neige ( regardez l’ombre ) mais pas totalement. Il faut déjà piloter finement, rattraper les écarts du kite, border ou choquer pour amortir sa traction, tout le Vol de Pente est là. Profitez au maximum de ces moments pour consolider vos réflexes.
Dans les deux cas (regarder sa voile ou non), cette 2ème étape de l’apprentissage est là : s’élancer dans la pente, envoyer la voile de 10h ou 14h vers midi, la stopper à cette position, et la contrôler bien stable jusqu’au poser. Comme c’est pas sûr du tout que ça se passe parfaitement à tous les coups, surtout aux premiers essais, soyez très prudents et lancez-vous dans des tentatives où objectivement vous ne décollerez pas à plus de 1 m de hauteur. Ou même, pas du tout, c’est encore mieux. Ce serait vraiment étonnant que vous ne vous preniez pas quelques gamelles magistrales au cours des sessions. Vous allez voir à quel point tout a très vite fait de partir en vrille. Il vaut mieux que ça se produise quand vous êtes au sol ou à 1m grand maximum et aussi que la neige ne soit pas dure comme du carrelage. Parfois, durant cette phase de l’apprentissage, vous aurez l’impression d’avoir volé, car vous aurez été porté par la voile de bout en bout, mais en réalité vous n’aurez pas décollé vos skis de la neige. C’est quand même du vol, la sensation grisante y est, vous avez eu à envoyer la voile, à la stabiliser, à contrôler ses dérapages, c’est du vrai Vol de Pente déjà, vous aurez envie de recommencer tellement c’est agréable, et surtout on est loin du danger, on est dans une pratique nouvelle du snowkite, on progresse, et il n’y a pas de risque. Consacrez le plus de temps possible à cette étape de votre progression. Essayez de rester à ce stade autant de sessions que vous le pourrez.
Revenez à ce niveau, même une fois que vous saurez vraiment voler un peu haut. Quand vous serez très fort, vous réussirez à rester tout au long de vos vols à deux mètres de la neige, en suivant le terrain, le plus longtemps possible, c’est le but ultime du Vol de Pente, et là en ce moment, à ce stade, chapitre 5, vous y êtes déjà, alors ne grillez pas cette étape, au contraire, profitez-en au maximum. Vous verrez que au fil des sessions, tout ne va pas aller aussi facilement chaque jour. Parfois vous aurez l’impression que ça y est, vous êtes au top, mais la session suivante vous vous sentirez pire qu’un débutant qui en est à sa première tentative. C’est que la force du vent, sa consistance (super stable ou plutôt turbulent), sa direction par rapport au terrain (bien de face, légèrement de côté, totalement travers, travers descendant ou travers montant, etc...), le terrain lui-même ( bien progressif ou plutôt avec des cassures vous mettant trop haut en vol), etc... Tous ces paramètres vont faciliter ou au contraire compliquer la session suivant le spot du jour. Parfois, apprendre à voler sera impossible parce que tout va mal ce jour-là, et alors la sagesse dictera de renoncer et d’attendre une prochaine session, ici ou ailleurs, ou avec de la chance attendre que ça s’améliore au cours de la journée (si c’est le vent) pour pouvoir reprendre dans des conditions de sécurité. Il y a aussi notre état émotionnel du jour. Parfois on est très combattif, en pleine forme, remonté à bloc, pas peur d’affronter les difficultés. Mais d’autres fois, on sait pas pourquoi, on est timoré, sur la défensive, impressionné par pas grand chose, et là faut pas insister, on reprendra plus tard quand ça ira mieux.
Même les jours où tout va bien, ne dépassez pas un mètre du sol, la moindre turbulence du vent peut vous monter trois mètres de plus. Si vous vous sentez en confiance, profitez-en pour regarder devant vous, ou décontracter vos mains sur la barre. Merci à Eric Jourdan, école Teknikite, pour la démonstration de vol avec prudence.
7- LES PREMIERS VOLS «UN PEU HAUTS». Nous voici à la fin de ce premier article sur le Vol de Pente. La suite, on la verra plus tard, car on a encore beaucoup à apprendre. Donc, je résume, on en est à savoir descendre une pente difficile avec la voile à 10h ou à 14h barre inversée, on sait maintenant doser l’envoi de la voile vers le haut pour décoller, on sait contrôler la voile au zénith en vol jusqu’au poser, mais on est bien d’accord, on ne dépasse pas 1m du sol ou même on reste à terre, durant cette phase de la progression. On a passé PLUSIEURS sessions sans décoller du sol mais avec cette sensation extra que la voile nous porte et nous allège sur quelques mètres ou plus. Vous aurez d’ailleurs remarqué une chose importante : la voile ne se comporte pas du tout pareil quand elle nous «porte» que quand on kitait avant en la faisant simplement voler dans le ciel. Car elle est désormais chargée à bloc avec notre poids total + skis et alors elle est devenue très compacte, ultra-puissante, très vive et réactive, ses comportements sont d’une grande violence. Les chutes, même si on est encore au sol, sont beaucoup plus brutales. Cela généralement nous invite à la prudence. On comprend que si ça décolle trop et que l’on perd le contrôle, la réaction de la voile étant désormais tellement forte, on va taper très méchant au sol. Alors, méfiance, et patience dans l’apprentissage. Donc, on continue nos exercices de descentes avec la voile de côté, envoi de la voile vers le haut, stabilisation et plané. On répète cet enchaînement le plus de fois possibles. Vous allez ensuite voir qu’à ce stade, il suffit d’une rafale du vent, une risée un peu plus forte que les autres, et hop, on se retrouve direct à 3m de haut, sans l’avoir forcément voulu, mais on y est, et ça va planer plus loin et plus longtemps que les autres fois. C’est souvent comme ça que l’on fait nos premiers vrais Vols de Pente, c’est à dire sans l’avoir voulu. C’est pas grave.
L’essentiel c’est que cela ne vous surprenne pas trop tôt dans votre progression et que vous en soyez à un niveau de contrôle suffisant pour gérer la situation critique. Car se retrouver à 3m de haut sans l’avoir voulu, ça a des chances de nous tétaniser (on sait comment ça tape fort quand on chute de 1m alors là, on est à 3m, on fait pas le malin), on se crispe sur la barre, on a peur de se reprendre une rafale de plus et de monter de 3m encore... Ce qui ferait 3 + 3 = 6m... On n’est plus du tout dans l’aisance que l’on avait tant qu’on restait tout près du sol. C’est là que vous comprendrez vraiment l’importance d’avoir choisi un terrain favorable, sans aucun obstacle alentour, car cette montée en l’air soudaine, va s’accompagner d’une trajectoire prolongée et pas prévue, parfois un peu (beaucoup) de côté, et c’est carrément mieux si il n’y a rien de dangereux dans un périmètre de sécurité élargi. Vous verrez. C’est pour ça qu’il faut rester prudent. Car tôt ou tard la montée soudaine du vent va vous placer plus haut que vous l’aurez souhaité, c’est inévitable. Raison de plus pour prolonger ce stade de l’apprentissage près du sol. D’ailleurs au fil des sessions, vous aurez appris à «sentir» au moment de vous élancer, que ça va décoller plus fort cette fois, car vous aurez acquis une perception fine dans la barre qui vous transmettra une traction plus puissante de la voile d’emblée avant de partir dans la pente. Donc c’est un stade qu’il faut prolonger le plus possible, voler tout à ras de la neige, car vous savez qu’à la moindre variation du vent, ça va décoller vraiment, ça peut monter haut, il va falloir gérer en ajustant votre border/choquer en douceur pour amortir les turbulences. Il va falloir surtout ramener vers le zénith la voile qui cherche sans cesse au cours du vol à partir de côté à cause des turbulences. Sinon, c’est la chute. Et à 3m de haut, ça va faire très très mal. Alors, on ne grille pas cette étape importante, d’accord ? Restez près du sol. Toujours.
Sans dépasser cette hauteur, cherchez à planer le plus loin possible en suivant le relief. Bon vols à vous tous.
8- ATTENTION, C’EST PAS FINI ! Parfois, si le vent est sympa, vous allez déjà à ce stade, décoller direct dès la prise d’élan aussitôt que vous aurez «envoyé» votre voile, le vent sympa va alors vous porter longtemps, longtemps, et puis il va encore mettre un poil de puissance quand vous croirez poser et au final vous allez faire un véritable Vol de Pente magnifique dont vous serez le premier surpris. Et tous les copains vont vous féliciter. Ils vont vous dire «Ah ben ça y est, tu contrôles !» et vous essaierez de leur expliquer que non, que c’est pas encore au point, que c’est juste une rafale favorable, mais ils ne vous croiront pas, ils vont vous répéter que vous SAVEZ voler. Ecoutez-moi bien : Ne les croyez surtout pas. L’avenir va vous prouver le contraire. Et ce sera le thème du prochain numéro. Comment accéder à la maîtrise du vol, quelle que soit la force du vent, sa direction par rapport au terrain, ses turbulences, et dans toutes les configurations du relief. C’est pas gagné... FIN
Une session de snowkite dans quarante de poudreuse en date du dix avril Exactement au Col du Lautaret dans les Hautes Alpes Et pour eviter les soucis avec cette epaisseur de neige fraiche l histoire se deroule pres des anciens teleskis sous les faces du Combeynod
Johann Civel A la base nous devions aller dans la vallée de Fonts de Cervières pour prolonger notre session printanière de l’avant veille. Eh oui, qui aurait cru après l’ambiance quasi estivale de la semaine passée, avec tee-shirts, tongues, chants des oiseaux, fleurs dans les champs et sur les arbres, que l’hiver ferait un retour aussi fracassant ? Du coup, la route de Cervières étant redevenue impraticable à cause de la neige, nous nous sommes rabattus sur le Lautaret. Deux jours auparavant, tout était en herbe ici. La photo ci-dessus, pente Est de la Pyramide, n’avait plus un centimètre de neige. Et la tempête d’hier n’y est pas allé doucement, ce sont bien quarante centimètres de poudre qui recouvrent à nouveau le paysage. Dans ces conditions, le risque d’avalanche est élevé. L’orientation du vent ne permet pas d’autre secteur à kiter que ce versant du Lautaret qui est situé au pied des crêtes du Combeynod. Après un début de session sur la Pyramide, nous sommes rejoints par de nombreux snowkiteurs, ce qui ne facilite jamais les sessions, et comme nous voulons faire quelques photos, ce secteur est déjà mille fois connu, nous décidons de changer un peu. C’est donc vers les anciens téléskis que nous nous dirigeons avec Wareck Arnaud, Johann Civel. L’idée est d’aller dans les pentes un peu plus loin que les téléskis, avec les glaciers de La Meije en arrière-plan et surtout de nombreux mélèzes qui garantiront une protection contre les risques d’avalanches sur ces pentes déjà un peu trop inclinées.
Wareck Arnaud
Durant notre session précédente, dans les vastes secteurs de Cervières, j’ai pu voir l’efficacité des radios VHF pour communiquer entre nous afin de coordonner nos actions de snowkite avec les angles de prises de vues. Je n’avais pas de radio et alors j’étais toujours au mauvais endroit, jamais prêt quand l’action débutait. En fouillant dans mon grenier, j’ai ressorti une vieille Kenwood qui s’est remise à marcher immédiatement et qui par miracle était déjà sur le canal FFVL que l’équipe Ride Up utilise durant les sessions. Ainsi, on peut avoir les relevés audios des balises météo environnantes, très utile. Et surtout, en cas d’absence de réseau de téléphone mobile, on peut éventuellement appeler les secours. Bref, très content de retrouver ma radio, ce fut donc ma première session avec cet instrument que je n’emportais jamais car il alourdit l’ensemble du matériel. Mais quel confort que d’entendre en permanence les indications des copains à travers la montagne, de pouvoir préciser le point de passage pour le kiteur qui remonte une pente ou qui va descendre en freeride. Je me suis dit que
plus jamais je ne retournerai kiter sans ma radio. Nous avons donc passé cette matinée à explorer ce versant peu fréquenté au Lautaret. Des mélèzes magnifiques, des reliefs sympas autant pour kiter que pour composer des photos originales. Malheureusement le ciel s’est bouché très vite et on ne pouvait pas ajouter aux images les impressionnants arrières-plans des glaciers de La Meije. Et puis, quel plaisir de kiter dans cette poudreuse profonde et ultra légère. On a déplié la voile devant le parking, on remonte les pentes, on traverse tout le versant, on fait des descentes à pleine vitesse, on recommence, et tellement peu de skieurs savent que ce sport existe. Ils croient que c’est du parapente... Bref, c’est là que la session s’est assombrie. Voilà quelques minutes que je n’entends plus mes copains communiquer leur placement ou leur propositions de runs. C’est normal : ma radio est tombée de ma poche, dans la neige poudreuse... Et je n’ai pas idée de l’endroit où ça a pu se passer. Deux heures à rechercher mètre par mètre ne donnereont rien. C’est la vie.
R ideU Dans le numéro #3 du White Kite Journal, vous aviez pu découvrir le team Ride Up et son concept principal qui est de remonter en snowkite des pentes un peu extrêmes puis de redescendre par le même itinéraire ou dans des couloirs voisins en freeride après avoir plié la voile dans le sac à dos. Cette pratique reste marginale dans le monde du snowkite car il n’est pas habituel de s’engager dans des pentes exposées avec une voile. Le snowkite justement possède cet avantage énorme de pouvoir skier en hors-piste à bonne vitesse sans aucun danger d’avalanche puisqu’on reste la plupart du temps sur des terrains plats ou vallonnés. Cependant, l’équipe Ride Up entend malgré tout profiter de la voile de kite pour au contraire repousser les limites de notre glisse vers des réalisations extrêmes. Aucune pente ne leur semble inaccessible dès lors que le vent est dans la bonne orientation. Le plaisir des descentes vertigineuses leur vient d’un passé de freeriders de compétition et toute l’équipe souhaite pouvoir en profiter dans un esprit de préservation de la planète puisque grâce à notre kite il n’est plus question de téléphériques, scooter de neige ou autre hélicoptère. Ainsi, chaque session de snowkite est organisée dans la recherche de terrains impressionnants, que l’équipe Ride Up va gravir depuis le bas jusqu’au sommet uniquement avec la voile. Les cinq membres : Wareck Arnaud, Sébastien Bocos, Valère Bouchaud, Johann Civel et Rémi Dinneur (par ordre alphabétique) sont chacun à la fois snowkiteur, freerider et filmeur, ce qui donne une équipe totalement homogène et à l’efficacité reconnue. Leur terrain de jeu se situe principalement autour de Briançon dans les Hautes-Alpes mais aussi
dans le Queyras voisin sans oublier les différents voyages que l’équipe organise dans ce but d’affronter les hautes montagnes. Vous pourrez en voir deux d’entre eux dans le film sur la Turquie à la fin des pages suivantes sur ce numéro du White Kite Journal. La démonstration sera encore plus claire dans la vidéo qui retrace la session que l’on peut voir ici à droite, avec un Johann Civel qui va continuer son chemin dans ce couloir de Cervières, franchir le mur qui est devant lui, poser sa voile tout au sommet, plier, puis redescendre dans cette belle poudreuse froide caractéristique des faces Nord qui restent à l’ombre. Cliquez sur l’icone en bas à droite, ne zappez pas avant la fin, et vous m’en direz des nouvelles. Un autre message nous vient du team Ride Up : la saison de snowkite dure neuf mois dans nos Alpes françaises !!! Car à l’heure où toutes les stations de ski sont désormais fermées, il reste aux snowkiteurs encore presque deux mois de sessions avec l’ouverture des grands cols des Alpes, permettant l’accès à des sommets et glaciers que l’on ne peut pas raisonnablement rejoindre durant l’hiver. Et ce n’est pas tout. Après la Turquie avec Johann et Séb, c’est à l’heure où j’écris ces lignes le Kirghizistan qui est la destination choisie pour Valère et Rémi avec au programme l’ascension d’un sommet à 7.000 mètres, tout en snowkite !!! Nous aurons des infos à ce sujet d’ici deux mois, date de leur retour. L’ensemble de leur exploits est résumé chaque année dans un film présenté lors des différents festivlas internationaux de cinéma de montagne. Rendez-vous sur leur site pour les infos complètes : http://rideupmountains.com
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Marek Zach
The White Kite Journal
f Entre le 18 et le 28 mars nous sommes retournés dans le massif ERCIYES au centre de la Turquie. C’est la 3ème année que j’y allais et cette fois encore les surprises étaient au rendez-vous. Souvenez-vous, le premier numéro du White Kite Journal était consacré à cette destination surprenante, le volcan Erciyes, qui domine la station de ski du même nom. Je ne vais donc pas tout raconter à nouveau, comment s’y rendre, comment se loger, les tarifs et les adresses. Et puis, pour ce nouveau séjour aux Erciyes j’ai fait un reportage complet en texte et photos qui a été envoyé aux magazines alors vous verrez plus d’images dès leur sortie, notamment dans le Kiteworld de juin 2012. Ce que je peux dire, c’est que j’étais accompagné de Marek Zach de République Tchèque, Michele Leoni d’Italie, Baris Düldül de Turquie, Johann Civel et Sébastien Bocos les français du team Ride-Up, nous étions invités par Murat Bükey distributeur Ozone en Turquie. Pour la première fois nous nous sommes approchés des sommets du volcan, jusqu’à présent le vent était défavorable chaque année et ça a été encore le cas cette fois-ci sauf l’après-midi du tout dernier jour de kite... Une chance
que l’on a saisie in extremis. L’autre nouveauté c’est que l’on a exploré plus complètement les secteurs situés au Nord/Est de la station en poussant nos tentatives de plus en plus loin. La récompense a été au bout de l’effort car les pentes et reliefs dans cette direction sont impressionnants et ils combinent le plaisir extrême de kiter tout autant que la beauté des paysages isolés. Voyez la vidéo ci-dessous qui réunit tous les aspects essentiels du snowkite, c’est à dire le freestyle de haut niveau, le Vol de Pente, la randonnée de distance et enfin l’accès à la haute-montagne. On voit que l’équipe Ride-Up a perfectionné son concept qui est de mixer les remontées en snowkite avec des descentes en skis bien engagées. Je pense que cette vidéo est mon meilleur film depuis toujours. Certains plans sont tout à fait inédits et la difficulté de plusieurs autres passe inaperçue mais n’en demeure pas moins exceptionnelle. Je félicite pour cela mes partenaires Marek, Johann, Seb, Michele et Baris. Et surtout je remercie infiniment Murat Bükey pour cette semaine de rêve et la visite de l’étrange Cappadoce en hors-saison tout juste saupoudrée de neige. Inoubliable.
Peut-être l’espace de snowkite le plus complet dans la région autour de Grenoble. Pas trop loin, facile d’accès, souvent bien enneigé, paysages magnifiques, terrain idéal pour débuter comme pour progresser, tous les vents sont favorables, son potentiel est décuplé quand les conditions permettent l’ascension du Sénépy.
On se demande d’ailleurs pourquoi ce spot de snowkite s’appelle Pierre Plantée. Il n’y a pas la moindre pierre plantée nulle part. Comme par exemple sur le versant en face vers le Nord, il y a la Pierre Percée et on la voit bien. Mais là, mystère... On accède sur ce vaste secteur par la petite station des Signareaux, en partant vers le sud depuis le village de La Festinière près de La Motte D’Aveillans. L’unique petit téléski n’est plus en activité, on monte le long de ses pistes, à pied ou à peaux de phoque, pour arriver sur les plateaux favorables au snowkite. Il y a là des pistes de ski de fond qu’il convient de respecter en restant loin ou en les traversant uniquement en cas de nécessité et avec la plus grande prudence. Ensuite, l’espace est étendu, pas trop difficile, le vent de Nord permettra de démarrer de suite alors que le vent de sud, favorable également, obligera à avancer un moment à contre pente mais au final, une fois les sommets des dômes atteints il ne reste plus qu’à choisir pour passer une journée parfaite de snowkite. La vue sur les massifs du Vercors, du Taillefer, du
Thabor ou de l’Obiou est magnifique. Le vent est souvent agréable car il n’y a pas de reliefs en amont qui viendraient le perturber. Les pentes pour apprendre à voler, ou se perfectionner, sont nombreuses et progressives. Ce sont des alpages alors l’enneigement, même minime, reste souvent bien suffisant pour sillornner les dômes du Nord au Sud et d’Est en Ouest. Si les conditions de neige ou de vent sont favorables, les forts snowkiteurs pourront pousser en direction du sommet voisin appelé le Sénépy et qui surplombe le lac de Monteynard. Ce n’est pas si facile d’y aller mais avec le vent, on ne sait jamais, et parfois ça monte sans trop de soucis. La vidéo que vous pourrez voir en cliquant sur l’icone en bas à droite donne des explications plus détaillées. Une salle hors-sac au bout du parking est ouverte durant le mercredi, le week-end et les vacances scolaires d’hiver, et alors c’est franchement chaleureux de s’y arrêter pour le chocolat chaud fait maison ou des pâtisseries familiales proposées par cette association communale. Bonnes sessions à Pierre Plantée.
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Grand classique parmi les spots autour de Grenoble. Autrans a toujours offert une parfaite alternative pour une session réussie. Doté de trois spots principaux que sont : Villeneuve, La Grande Plaine et La Mère Belle, ce village au coeur du plateau du Vercors est parfait pour les kiteurs de tous niveaux. Excellent pour débuter ou apprendre en sécurité, la Grande Plaine, ici sur l’image, est un espace vaste et plat, sans trop d’obstacles et donc on peut y effectuer ses premières tentatives avec une voile de kite. Le vent est souvent un peu turbulent mais rien de très méchant. La neige est là chaque hiver à moins d’une catastrophe exceptionnelle comme on en a malheureusement vu dans le passé lointain. Le spot de La Mère Belle est un peu plus pentu, on le voit, c’est l’une des trois pentes enneigées au centre de l’image à gauche des pistes de Méaudre que l’on aperçoit tout au fond. Avec le même genre de terrain, Villeneuve est situé à droite quand on monte vers la station de ski de La Sure. Ces deux derniers spots sont favorables pour un peu de Vol de Pente alors que La Grande Plaine serait plus adaptée à la promenade tranquille et au freestyle sur du plat. Certains snowkiteurs aventuriers
ont déjà réussi à faire de beaux parcours sur le plateau de Autrans, en traversant les routes, enjambant les fils de clôtures, traversant les ruisseaux, contournant les forêts, mais ce n’est pas si facile et on va plutôt parler de snowkite localisé pour les trois spots de Autrans et non de vraie randonnée de distance. Bref, dans les trois cas, l’accès est très pratique, on déplie la voile juste au bord de la route où l’on aura pris soin de garer la voiture sans qu’elle risque de gêner la circulation. Il faut aussi faire attention aux autres touristes des sports d’hiver, comme les raquetteurs, les skieurs de fond, les promeneurs, les attelages de chiens de traîneaux et éviter autant que faire se peut de les effrayer ou les blesser avec la voile ou les lignes. Donc, soyez prudents et respectueux de vos contemporains. Voyez la vidéo ci-dessous pour une session freestyle tranquille avec les pionniers des premières heures du snowkite en 1995, j’ai nommé : Jean Boulanger, Laurent Hemard, Ludo Arnaud, Christophe Aribert. Vous voyez que grâce à la voile, on peut faire des super sauts même sur un terrain totalement plat. Ce qui fait du snowkite la glisse la plus extraordinaire à skis ou en snowboard.
Un hiver exceptionnel pour l’enneigement à 1.000m d’altitude autour de Grenoble a fait de cet espace snowkite dans la plaine de Lans en Vercors une valeur sûre entre janvier et mars. Idéal pour débuter, suffisamment varié pour pouvoir progresser sans jamais s’ennuyer, vaste au point d’offrir de multiples «secret spots» et autres
«laboratoires» lors des journées d’affluence maximum. Ce n’est pas chaque hiver que l’on peut aller faire une session en sortant du travail alors quel bonheur avec cette possibilité aux portes de la grande agglomération. On espère la même réussite pour l’hiver prochain. La vidéo du spot en cliquant ici au bas de la page de droite.
Laurent Hemard
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HE POWER OF HREE
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En attendant les crêpes au soir de ce 02 février, jour de la Chandeleur, c’est Johann CIvel qui fait des rotations dans les airs. Sur une idée originale de Wareck Arnaud, il fallait que le kiteur de Terre Rouge effectue une Johannerie en totale synchronisation avec ses compères Rémi Dineur et Wareck Arnaud afin de proposer au public venu nombreux sur le spot du Jardin Alpin au Col du Lautaret un spectacle de haute qualité chorégraphique. Après deux
ou trois tentatives destinées à régler la machine, on peut voir sur cette photo que le timing a fini par être millimétré à la seconde près et quand on pense que l’exploit a été réalisé une deuxième fois pour la vidéo ci-dessous, on n’en crois pas nos yeux éblouis. Bravo à l’équipe de fins pilotes. Je rajouterais un tonnerre d’applaudissements au photographe ainsi qu’au monteur de la vidéo.
The White Kite Journal
2012 Du 8 au 16 janvier se sont déroulés les 8èmes Snowkitemasters au Col du Lautaret dans la vallée de Serre-Chevalier. Cela n’aura échappé à personne. La communication a été énormissime au sujet du plus gros événement mondial de snowkite, tant en minutes de télévision, en pages glacées des magazines outdoor ou en relais innombrables sur le réseau internet. Inutile de rajouter un descriptif supplémentaire trop exaustif. Disons pour résumer que se sont donné rendez-vous les meilleurs freestylers de la planète. Pour une semaine riche en rebondissements. Un snowpark a été shapé au ratrac pour la première fois. Le stade était donc idéal pour que s’expriment les kiteurs autant en skis qu’en snowboard. La météo a été excellente et aucun jour n’a été perdu pour le spectacle qui a même monté en puissance tout au long des manches successives vers les finales internationales. Retrouvez les principales informations concernant les comptes-rendus journaliers ou les réusltats complets, aussi bien pour les Championnats de France FFVL Freestyle que pour les World Snowkitemasters en tapant les mots clés sur vos moteurs de recherche. En attendant, la vidéo ci-dessous vous montrera quelques uns des mouvements freestyle qui ont survolté cette semaine d’anthologie. Ne manquez pas la prochaine édition ici au Col du Lautaret en début d’hiver 2013. Les fondateurs de l’événement, Régis Labaune et Wareck Arnaud vont encore nous combler. On n’est pas au bout de nos surprises.
Du 1er au 3 mars, une équipe de snowkiteurs ont une fois de plus atteint le sommet de l’Etna. Ce volcan actif du sud de la Sicile est recouvert de quantités de neige très étonnantes durant l’hiver. Les Italiens, Stefano Gigli, Marco Moriconi, Giordano Capparella, Simone Borgi nous avaient accueillis, Wareck Arnaud et moi pour des journées inoubliables de snowkite. Les couchers de soleil sont féériques ainsi que les aurores que les Italiens appellent Alba. Le reportage complet en texte et photos ayant été envoyé aux magazines internationaux, je ne peux pas me permettre de trop développer le sujet en images ni en détails. Le mieux est que vous restiez attentifs à la sortie de ces articles entre ce printemps ou
cet automne dans vos revues préférées du cousin kitesurf. Un film assez significatif retrace ces sessions magiques, cliquez sur l’icone à droite pour visionner la vidéo. Ici, sur l’image, Wareck Arnaud est en route pour le plus haut cratère de l’Etna, situé à 3.450m et nommé Bocca Nuova. Le vent descendant en permanence ne facilite pas l’ascension. Mais ça a quand même marché. Bravo à tous. Et merci pour l’hospitalité italienne qui a tenu toutes ses promesses. Enthousiasme, fraternité, se sont alliés à un très haut niveau de snowkite et une grosse expérience de la haute montagne pour faire de ces quatre jours un de ces moments trop rares dans l’existence de l’humanité.
Johann Civel avant que les nuages bouchent la montagne.
Puis redescente après avoir pliÊ la voile.
Une session dans le Queyras le samedi 22 avril. Il faut rouler jusqu’à Molines en Queyras puis poursuivre en direction du Col Agnel. Neige très abondante, très bonne qualité, on sent qu’il va y avoir du snowkite ici pendant encore au moins un mois et demi facile. Au passage, on voit que cette vallée est très étroite, très encaissée et on comprend vite que la bonne orientation du vent est très mince, à peine il va varier de la direction idéale et ce sera des rouleaux qui arrivent depuis les crêtes de droite ou celles de gauche. Le vent idéal est Nord/Ouest. Aujourd’hui, le ciel est assez bleu, quelques nuages mais pas méchants. Il est 11h quand on arrête la voiture là où la neige barre la route. On déplie les kites et c’est parti. Je suis avec les kiteurs locaux, Bastien, Yannick. Et les copains de Ride-Up, Johann, Valère. D’autres kiteurs aussi.
Très vite, ça va se gâter. Les nuages arrivent très fort, tout gris, énormes, rapides, en quelques minutes on ne voit plus du tout le relief, c’est jour blanc total, même une grosse corniche de neige devant nous serait invisible, c’est
super dangereux de kiter, même au ralenti. Et le vent va devenir absolument inkitable, extrêmement rafaleux, des bourrasques enragées où même avec une 6m les copains se font décoller sur place à la verticale. Et ça alterne avec des moments sans vent du tout où la voile reste au sol dix minutes. Parfois la voile qui était au sol file carrément vers le bas de la vallée en roulant sur elle-même pour immédiatement repartir comme une bombe dans l’autre sens. Moi qui étais en 13m bien tranquille pendant 1h, j’ai plié et j’attends de voir comment ça va évoluer. Voilà. Après avoir attendu que ça s’arrange mais avec au contraire l’arrivée de la neige et d’un ciel totalement bouché, on redescend vers 16h. Bonnes sessions si vous envisagez de profiter de ce super printemps qui s’annonce dans le Quyeyras avec les quantités de neige qui restent.
Deux jours de snowkite vers les pentes du Galibier au départ du Col du Lautaret durant les 25 et 26 avril. Un printemps encore excellent en conditions de neige cette année. Pour ces deux sessions, il y avait un vent exceptionnellement fort. Soufflant du Sud, il prend une direction ici qui est modifiée à cause des massifs alentours. Et donc, il n’est pas dans le même axe que la course des nuages d’altitude. La neige était abondante le mercredi 25, avec un bon 40cm de poudreuse fraîchement tombée mais cette douceur pour le ski hors-piste était contrariée par une couverture nuageuse épaisse, rendant la visibilité nulle et nous avons été obligés d’arrêter la session vers midi alors que les nuages bouchaient totalement le ciel. Pour le jeudi 26, le soleil était au rendez-vous mais alors c’est la douceur inhabituelle du vent qui a immédiatement perturbé la session, en effet la neige fondait à grande vitesse et on ne pouvait pratiquement plus skier, au retour il fallait pousser sur les bâtons pour descendre les pentes... Le vent, très fort, n’arrangeait pas les conditions. Une séquence de la montée vers le Galibier est
visible sur la vidéo en cliquant l’icone TV en bas à droite de la page. La vitesse de montée est impressionnante. A la base, je ne voulais pas filmer car les conditions n’étaient pas super mais en voyant Johann Civel monter un dénivellé énorme en quelques secondes, j’ai pensé que ce serait une preuve de plus que nos kites permettent des ascensions insoupçonnées. Une fois en haut, les kiteurs ont déclaré que le vent dépassait les 100 km/h et ils ont eu du mal à poser la voile et plier dans de telles bourrasques. La descente montre à quel point la neige fondante était désagréable à skier. Du coup, en ce deuxième jour, nous avons également interrompu la session avant midi. Par la suite, ce vent chaud venu du sud a continué à souffler pendant quatre jours non-stop. Espérons que la neige ne fondra pas totalement et nous permettra de profiter d’une fin de saison qui s’annonçait prometteuse dans les massifs des Hautes-Alpes. Voyez sur cette photo le rocher en forme de Tête de Vipère. Les charmes de Dame Nature sont à la portée du regard. Le snowkite, sport de randonnée en montagne, nous offre un émerveillement permanent.
z Une montagne tout près de Grenoble. Pas toujours facile d’accéder uniquement en kite sur les belles pentes vallonnées que l’on voit sur cette photo. Parfois un peu de randonnée à peaux de phoque est nécessaire. Malgré une météo au grand beau généralisé, les dômes du Connest sont souvent pris par les nuages de convection générés par le vent. L’altitude étant de 1.500m il faut un hiver avec un bon enneigement pour profiter de cet espace magni-
fique. Ce fut le cas en cette excellente saison 2012 et nous avons pu nous rendre à plusieurs reprises sur cet itinéraire qui bénéficie d’un panorama idéal à 360° vers les massifs environnants. Les infos au sujet de ce petit paradis du snowkite sont sur la vidéo que vous pourrez voir en cliquant sur l’icone TV à droite. Et un bon d’achat au premier qui trouve le snowkiteur sur cette page.
Jeff Blachon
www.boulgakow.com
Voilà. Ce numéro #5 du White Kite Journal est terminé. Entre les images tout au long de ses pages illustrées et en visionnant les vidéos qui en sont le prolongement, vous vous serez fait une idée des possibilités offertes par le snowkite. C’est le but principal de cette publication : faire connaître notre glisse. Le snowkite nous permet d’accéder à de magnifiques espaces en hors-piste totalement déserts. Grâce à la traction de la voile nous pouvons skier avec une bonne vitesse tout en restant sur des pentes dénuées de risques d’avalanches. Ce qui n’empêche pas, avec de l’expérience et du matériel adapté, de gravir des montagnes impressionnantes. Même s’il est possible de voler avec cette voile, le snowkite n’est pas un sport aérien mais une variante fabuleuse de la randonnée à skis ou en snowboard. Si ces quelques pages vous ont donné le désir d’essayer, retrouvez l’adresse des écoles de snowkite agréées. Ainsi des personnes compétentes vous apporteront en toute sécurité les bases vers l’autonomie. Rendez-vous au début de l’hiver prochain pour le numéro #6.
Pascal Boulgakoff
#5