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“MERCI”
Préface
pour : • 20 années de bonheur avec toutes les belles personnes rencontrées • 20 années de rires, de musique, de couleurs avec les clowns • 20 années de tendresse, de sourires, de larmes avec tous les enfants, leurs parents et les soignants • 20 années de complicité avec nos marraine et parrains • 20 années d’implication de nos bénévoles • 20 années de soutien de nos partenaires
Mireille IMBAUD
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L’association docteur CLOWN fête les vingt ans de son projet :
le mieux-être de l’enfant Dans son classeur de formation qui est remis à chaque nouveau clown hospitalier, l’association répond à la question “nos clowns, pourquoi ?” : “Le Clown est un personnage marginal, décalé, il est un miroir déformant, une lentille qui met en exergue la société dans laquelle il vient de tomber. Cet extraterrestre en découverte permanente de notre monde, provoque rire, plaisir et étonnement. Mais pas seulement. Le clown est aussi un objet transgressif : il est révélateur de toutes les absurdités que l’on peut trouver autour de nous. A l’hôpital, peut-être plus que dans la ville, le clown paraît ne pas avoir sa place. Trop de décalage entre le lieu, la fonction et le clown ? Et pourtant, le clown est un exutoire à la pression de ce lieu, et à la mort. Sa présence est donc indispensable même si elle ne vient pas effacer la douleur. Elle joue les rôles de perturbateur, de catalyseur. Une façon pour l’enfant de maîtriser l’angoisse de l’hospitalisation”. Tout est dit. Ce qui suit n’est que la mise en perspective, par des séries d’anecdotes et de témoignages de cette charte constitutive de l’association docteur CLOWN, créée en 1995 par Mireille Imbaud.
Page de droite Oeuvre réalisée à l'occasion des 10 ans de l'association par Lilo Fromm, illustratrice allemande de livres pour enfants 2
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Association L’association docteur CLOWN, association indépendante et régionale, a été créée le 12 juillet 1995. Son but : l'intervention de clowns auprès d'enfants hospitalisés.
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Acte de naissance 12 juillet 1995 Création de l’association pour pérenniser ces visites de clowns Première intervention : 25 juillet 1995 56 prestations en 1995 Le Lions Club Lyon Ouest finance la 1ère intervention de clown hospitalier à Lyon (Hôpital Debrousse) 4
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20 ans
Marraine & parrains Mimie MATHY depuis 1995 “Pourquoi j’ai accepté d’être la marraine de docteur CLOWN ? Juste parce que les enfants sont rires, insouciance et amour, et parce que l’injustice d’une maladie ne doit pas faire oublier tout ça“.
Jean-Paul LUCET 1995 - 1998 “Etre parrain de docteur CLOWN c’est avant tout ne pas abdiquer : devant la maladie, devant la souffrance, devant l’intolérable … C’est aussi vouloir rendre les enfants malades à leur bonheur et à leurs rêves“.
Bernard LACOMBE depuis 1998 “…Le rire est une thérapie extraordinaire et les clowns de l’association, particulièrement compétents, parviennent souvent à faire revenir le sourire au milieu de la souffrance“.
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Vous avez été enfant, évidemment. Vous avez adoré les clowns, évidemment. Vous n’avez sans doute pas été hospitalisé, mais pensiez-vous possible, si tel avait été le cas, de rencontrer des clowns à l’hôpital ? Pas évident. Il est vrai que pour tout un chacun, l’hospitalisation d’un enfant, de votre enfant, fait appel à l’angoisse, à la peur, à des pertes de sommeil, à une désorganisation de la vie professionnelle voire docteur CLOWN : personnelle, mais pas au rire. le pari fou d'inviter Justement, c’est en listant ces peurs le clown à l'hôpital, que convoque l’hospitalisation d’un que l’on perçoit mieux la c'était il y a 20 ans... enfant, respiration que peut représenter la présence de clowns à l’hôpital. Mais imaginer n’est pas faire et il a fallu pour cela, il y a vingt ans déjà, toute l’énergie d’un petit bout de bonne femme, Mireille Imbaud, pour bousculer les a priori des grands patrons et les convaincre pour créer l’association docteur CLOWN. A 20 ans, on n’est plus un enfant mais pas encore un adulte mûr.
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1- 6 clowns et leur blouse en 1996 dans les hôpitaux Cardiologique, Debrousse, Edouard Herriot, Lyon Sud, Neurologique et Saint Joseph Saint Luc 2- 9 clowns dans les années suivantes pour de nouvelles prestations dans l’Ain, la Loire et du Rhône 3
3- Mimi Contesse et Tortillas, nos 2 premiers clowns en 1995 à l’hôpital Edouard Herriot
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Pour docteur CLOWN, c’est un peu différent puisqu’on est passé de 56 interventions par an à près de 1400 ! C’est tout à fait considérable en sachant que l’aire d’intervention est celle de la région Rhône-Alpes et que ces interventions doivent être financées chaque année. Car faire venir des clowns à l’hôpital est, contrairement aux premières impressions, une affaire sérieuse. Mireille Imbaud, la fondatrice, est infirmière de formation et elle aime à dire concernant l’association qu’elle a créée : “c’est le savoir infirmier qui revient en couleur. C’est le même métier qu’infirmière : quand j’appliquais un soin, je prenais soin”. C’est ce qu’ont compris également les chefs de service des unités de soins pédiatriques de Lyon et de sa région. C’est le Professeur Olivier Claris, chef du service de néonatologie à l’hôpital Femme Mère Enfant de LyonBron qui n’hésite pas à dire que le rire et la gaité participent au bien-être des tous petits enfants ; c’est le Docteur Christophe Bergeron, pédiatre oncologue à
“Le rire d’un enfant c’est comme une fleur qui s’épanouit” Charles Baudelaire
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Plantation de fleurs … et réalisation d’un jardin extraordinaire à l’hôpital Nord Ouest de Villefranche-sur-Saône
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Bénévoles d’hier
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1- Bénévoles, clowns et Mimie 2- Françoise Picot 3 et 4 - Opération Tirelires avec les opticiens et les joueurs de l'Olympique Lyonnais
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5- Week-end Oxygène à Fontaine sur Saône 6- Stéphane, Michèle, Rolande et Sabine 7- Anne-marie, Maï, Danielle 8- Les vendanges en Beaujolais
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Bénévoles d’aujourd’hui
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l’Institut d’Hématologie et d’Oncologie Pédiatrique qui, citant Charles Baudelaire : “le rire d’un enfant c’est comme une fleur qui s’épanouit” renchérit :“et je crois que les clowns ont un rôle pour que les enfants s’épanouissent” ; c’est le Professeur Rémi Kohler, chef du service de chirurgie pédiatrique à l’hôpital Femme Mère Enfant qui interpelle désormais les clowns hospitaliers par un : “Chers confrères” qui ne se veut pas uniquement comique ; pour lui ce sont bien des professionnels qui participent à une amélioration du service rendu aux jeunes patients. Tous les clowns hospitaliers sont des professionnels du spectacle et ont d’ailleurs en parallèle leurs propres spectacles.
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1- Trophée de golf à la Tour de Salvagny 2 et 6- Lancement du "Petit paumé" place Bellecour 3 et 4- Bénévoles à la Foire de Lyon
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Comme toujours chez le clown, le grotesque et le subtil se conjuguent : là, un clown se pare d’un énorme nœud papillon en le façonnant avec une couverture de survie, là, la douce mélopée chantée et accompagnée d’une musique à la guitare voit naître un sourire sur le visage d’un prématuré de 6 mois. C'est une autre dimension souvent méconnue de docteur CLOWN : ils interviennent aussi chez les grands prématurés. Pour quoi faire diriez-vous, un nourrisson ne comprend pas ! Et bien détrompez-vous.
L’objectif est de faire oublier, de donner envie et espoir.
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5- Journée des clowns et des bénévoles 6- Les clowns et les bénévoles sur un stand 7- Bambi et Bobby à Carrefour
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Ici encore, dans cette aventure humaine où se combinent expertise, talent, volonté et humanisme, le Professeur Olivier Claris a fait le pari, inédit à l’époque, que même les grands prématurés dont il avait la charge, non seulement pouvaient être réceptifs aux clowns hospitaliers, mais mieux encore, pouvaient en ressentir le bienfait. Et nos clowns hospitaliers sont à la manœuvre. Ils pilotent leurs prestations l’œil rivé sur trois écrans : celui du rythme cardiaque (norme environ 140), le rythme respiratoire Théâtre de poche (norme environ 40) et le taux pour micro spectateur, d’oxygénation (norme environ 100). le clown se fait un peu Nos amis clowns jouent beaucoup avec ces indicateurs et lorsqu’on docteur à l'hôpital passe d’un taux d’oxygénation de 70 à 100, c’est que cet instant a plu au nourrisson. Ce sont leurs applaudimètres. C’est qu’à six mois on ne se manifeste pas beaucoup. Théâtre de poche pour micro spectateur, c’est le paradoxe du clown qui se fait ici un peu docteur. Comme le précise Blandine Thévenon-Nicoli, alias Mamzelle Boulnote : “le clown se caractérise par sa puissance, et en néonatologie on doit être capable de concentrer cette puissance pour être précis, sur une échelle très réduite. Je regarde le nourrisson et je sens également au toucher du grain de sa peau comment il va se détendre grâce à mes caresses et à mes chants. Je suis toujours en lien avec le moniteur et, si ce n’est directement avec le prématuré, alors je touche sa couveuse”.
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1- professeur Olivier Claris, service de néonatologie HFME 2- Mamzelle Boulnote 3- Mimi Contesse joue avec un petit prématuré dans sa couveuse
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Mais pour lui dire quoi Un sourire va naître ... puisqu’à priori il ne comprend et c'est magique rien ? Il faut ici lâcher prise avec la science dure et la technique pour laisser place à l’empathie et à la poésie. Le clown hospitalier va lui raconter les embouteillages, la neige qui couvre la campagne pour lui apporter la vie du dehors qu'un jour il connaîtra. Et ça fonctionne. Un sourire va naître... et c’est magique. Evidemment tout cela se prépare. A l’association d’abord, où, après sélection et une période d’intégration et de formation de 6 à 8 mois, le candidat retenu pourra intégrer l’équipe des clowns hospitaliers. C’est Roland Petiot, alias Pol, qui fait office de chef des clowns hospitaliers et qui après sélection et audition examine in situ, à l’hôpital, si le candidat pourra intégrer l’équipe de docteur CLOWN. Chaque candidat retenu se voit remettre ensuite un classeur qui va lui permettre d’endosser son nouveau costume de scène : clown hospitalier. Cela commence par la Charte de l’enfant hospitalisé qui stipule que : “l’intimité de chaque enfant doit être respectée. Il doit être traité avec tact et compréhension en toute circonstance”.
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1 et 2- Laurence, directrice, et Michèle, assistante, dans les dans les bureaux de docteur CLOWN 3- Katarina Petruskaia 3
4- Adélaïde et Scott Fisher
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A 10 ans, l'association a déjà tout d'une grande ... Pour nos 10 ans, Mimie Mathy a rendu visite aux enfants hospitalisés et Bernard Lacombe leur a permis de participer au match Olympique Lyonnais / Bordeaux à Gerland. Un lâcher de ballons place Bellecour a coloré le ciel lyonnais.
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1- Inès et Claudio Caçapa 2- Mimie Mathy et le clown Régis 3- Les enfants avec les joueurs de l'Olympique Lyonnais
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1- Carole 2- Les bougies 3- Les chefs de Tarare 4- Mimie et le personnel soignant
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C’est déjà un cahier des charges pour les prestations à venir ; et par ailleurs “La charte du clown à l’hôpital : les bonnes pratiques pour que le rire soit compatible avec un environnement de soins” fixe les 10 règles fondamentales que doivent scrupuleusement Un enfant, un clown, un doudou respecter les clowns hospitaliers, dont le secret et l'échange se fait, professionnel, qui s’impose à couronné par un sourire eux comme à tous les soignants. Sans gag spectaculaire le clown hospitalier sait, par petites touches, dessiner un univers qui oublie le temps d’un instant le blanc normatif des blouses, des draps et des pansements pour le remplacer par l’éclat rouge d’un rire et le bleu d’un horizon qui s’appelle demain. Avant d’entrer en scène, le binôme qui a été briefé par l’équipe infirmière de la relève, se jette dans “l’arène” – une chambre de 20 m2- pour improviser une prestation sur mesure avec les matériaux transmis, emportés et découverts.
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Un clown à l'hôpital, dans l'hôpital, pour l'hôpital Durant un soin douloureux de changement de matériel d’intubation, le clown dédramatise et dit tout de go : “bon maintenant va falloir ranger parce que vous avez fait un sacré bazar”. C’est un peu comme le fou du roi qui peut tout dire au souverain, ici c’est un bouffon de 1 la vie extérieure qui est invité à l’hôpital. Parmi les bonnes pratiques du clown hospitalier débutant il en est une qu’il ne doit jamais enfreindre : les règles d’hygiène. Tout le monde connaît le fléau des maladies nosocomiales car, le clown, en passant de chambre en chambre, en
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croisant toutes les personnes de l’hôpital est un vecteur idéal de transmission des maladies d’un patient à l’autre. Aussi des fiches détaillent par le menu le lavage des mains qui sont le premier véhicule infectieux. Les spécifications des chambres en isolement ne sont pas non plus oubliées car même dans sa bulle, l’enfant peut aussi bénéficier d'un échange avec le clown, rien que pour lui. Le statut du clown hospitalier insiste sur cette mission de sourire en terre de douleurs : “Outre les qualités artistiques, l'écoute, la patiente, la rigueur et surtout le respect sont les aptitudes demandées aux clowns”.
1- Mamzelle Boulnote 2- Ventoline et Mercredi 3- Carlo di Caprio et Loopo
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Mademoiselle Lilas et Bergamotte
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Josette et Carlo di Caprio
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3000 moulins à vent ont célébré les 15 ans de l’association. Un symbole éphémère pour un projet inscrit dans la durée.
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1- Carton d’invitation des 15 ans 2- Guitare et moulins à vent 3- Bernard Lacombe 4- L'équipe au complet des clowns 28
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1- Animation piano dans le hall de l'Hôpital Femme Mère Enfant 2- Plantation des moulins 3- Professeur Rémi Kohler, service orthopédie HFME 4- Les bénévoles 5- Professeur Jean-Pierre Pracros, service d'imagerie HFME
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Cela a d’ailleurs été codifié par le docteur Henri Rubinstein sous le terme de gélothérapie. Pour lui, quelques minutes de rire par chatouillement, réparties tout au long de la journée équivalent à au moins une heure de culture physique. C’est le jogging de l’esprit, pouvant remplacer en partie le sport quotidien et ceci essentiellement par l’amélioration de notre respiration. Mais faire rire en chatouillant ce n’est pas du jeu, trop facile, trop clinique… Nos clowns hospitaliers déploient leur professionnalisme pour que le rire jaillisse d’une farce et le sourire d’un chant, pas d’un chatouillement de plume. La marraine et le parrain de l’association ne s'y sont pas trompés. C’est ainsi que Bernard Lacombe assure que : “…le rire est une thérapie extraordinaire et les clowns de l’association, particulièrement compétents, parviennent souvent à faire revenir le sourire au milieu de la souffrance”.
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Sans les bénévoles, pas de clown à l'hôpital
Pour assurer la qualité de leurs interventions, les clowns reçoivent régulièrement des formations artistiques et/ou théoriques par des professionnels dans divers domaines. Parmi ceux-ci, il en est un qui ne fait vraiment pas rire: la mort. Ou plus exactement, quels mots utiliser pour l’évoquer ? Dans le tutoriel remis aux clowns hospitaliers, la question n’est pas éludée : elle est traitée et étayée par différents documents. A titre d’exemple, le témoignage de Marie-Frédérique Bacqué, auteure de différents ouvrages sur la question : “…Il faut lui dire, avec des mots qu’il peut comprendre à son âge, qu’aucun animal, aucune plante qui meurent ne peuvent revivre. Cela ne peut non plus être le cas pour les êtres humains…”.
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Grâce à docteur CLOWN, l’enfant hospitalisé oubliera le temps d’une visite sa condition d’enfant malade. Mais si l’hospitalisation d’un enfant n’est jamais une affaire légère pour la médecine et pour les sentiments, la majorité d’entre eux en sortent guéris, heureusement. Les clowns hospitaliers sont aussi des passeurs de ce monde extérieur qui les attend, plein du bruit et des couleurs qui manquent ici. Le rire se fait ici ambassadeur du monde dont ils sont privés le temps de leur hospitalisation. Le rire serait-il alors thérapeutique ? A leur façon, les chefs de service qui ont accepté la présence régulière des clowns hospitaliers, nous répondent que oui.
1 à 4- Les bénévoles de l'antenne de Villefranche-sur-Saône, créée en 2006 2- Jean-François Fedry 4- Docteur Philippe Rebaud, service de pédiatrie Hôpital de Villefranche 33
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Ferdinand et Jean-Pierre Beaudelaire
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Gelsomina, conteuse Depuis 2013, une équipe de bénévoles, les Conteurs du Soir, rencontrent en fin journée des enfants hospitalisés pour leur raconter des histoires
Et Mimie Mathy de renchérir sur son soutien : “Pourquoi j’ai accepté d’être la marraine de docteur Clown ? Juste parce que les enfants sont rires, insouciance et amour, et parce que l’injustice d’une maladie ne doit pas faire oublier tout ça”. C’est justement pour ne pas oublier tout cela, qu’il y a vingt ans déjà Mireille Imbaud s’est battue. Vingt ans après, des enfants de Lyon et de sa région sont toujours hospitalisés, certains décèdent à l’hôpital, la grande majorité d’entre eux en sortent guéris. Mais tous, grâce à docteur CLOWN, auront rencontré à l’hôpital un personnage incongru, farceur et drôle qui, le temps d'un échange, leur aura fait oublier leur condition d’enfant malade. Merci pour eux, docteur CLOWN !
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Mireille Imbaud Présidente fondatrice
Sensible, visionnaire et pugnace, Mireille Imbaud n’a jamais cessé d’être infirmière, elle a soigné en blouse blanche et a continué par clowns interposés. “J’ai appris à faire des soins, j’ai appris à prendre soin” aime-t-elle préciser. Tout a commencé à la fin des années soixante où, victime d’un accident alors qu’elle est encore en formation, elle doit récupérer ses stages manqués au sein d’un service de pédiatrie. C’est le règne des grands patrons, où le savoir médical est tout pouvoir et les patients des sujets. C’était comme le dit Mireille, le règne de “Hôpital silence”… Les patients ont le droit de se taire, les visites des enfants sont interdites et leur souffrance n’existe pas. Beaucoup pour cette personne sensible qui n’oubliera jamais la mère qu’elle est. C’est vingt ans plus tard, en 1990, qu’un deuxième déclic s’opère en elle : le Lions Club Lyon Ouest finance cinq interventions de clowns à l’hôpital Debrousse. Mais le prolongement de cette opération n’intéresse pas les organisateurs malgré l’offre de service de Mireille pour en assurer la continuité. Le saut est franchi cinq ans plus tard, en 1995 avec la création de docteur CLOWN. Commence une
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aventure exceptionnelle et un bénévolat à temps plein, jamais démenti depuis, grâce au soutien à cette cause partagée, constant et fidèle, de son époux et de ses quatre enfants. Mais d’abord, pourquoi faire entrer les clowns à l’hôpital ? N’estce pas incongru, perturbateur ? Comme toujours la réponse, nuancée, passe par une parfaite connaissance des acteurs et une maîtrise des enjeux. Et la casquette d’infirmière de Mireille est sans doute un élément clé du succès de l’association. Une acceptation qui est passée par la force de conviction de la fondatrice toujours soucieuse de préserver le respect de l'enfant, de sa famille et du médecin. Et ces respects passent par un recrutement exclusif de clowns professionnels qui doivent suivre une formation interne sur les spécificités de leurs missions. Ici le clown n’est pas bruyant, il sait s’effacer devant la primauté du soin, il cherche le moment d’oubli par l’enfant de sa condition de malade qui se traduira par un sourire. Pas de rire ou de tarte à la crème, juste des échanges entre un clown et un enfant au pays du loufoque et du rêve qu’ils créent ensemble.
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elle a su inviter le sourire à l’hôpital Force de conviction et modestie du propos - le clown n’est qu’invité à l’hôpital - c’est cela qui caractérise l’ambition des premiers jours de Mireille. Alors le clown intemporel apporte un instant ce qui a trop souvent déserté l’hôpital : prendre le temps d’écouter, d’observer. Mireille se souvient des débuts, en 1997, lorsqu’une petite fille de deux ans était hospitalisée la veille de Noël pour une tumeur au cerveau que l’on ne pouvait guérir. Les parents étaient en larmes mais lorsque Thibaut le clown a fait des bulles de savon énormes, l’enfant et les parents ont ri. Moment de suspension du temps, d’oubli et de partage ; les bulles de savon n’auront pas sauvé l’enfant mais elles auront su créer un ailleurs d’insouciance où le passé et l’avenir ne veulent pas dire grand-chose : c’est le territoire de l’enfance. Et que dire de ce bébé prématuré qui luttait contre l’intubation et l’assistance respiratoire : quand Blandine a chanté, le nourrisson s’est calé sur le rythme de la chanson reprise par les parents et s’est calmé. Médicalement, c’est une amélioration du service rendu comme le rappelle le Professeur Rémi Kohler. Et c’est sans doute l’une des plus grandes fiertés de
Mireille : que les clowns soient entrés à l’hôpital et que les médecins les acceptent. Les médecins partenaires sont devenus “prescripteurs” de docteur CLOWN, avec un ”d“ minuscule à docteur cependant, pour ne pas favoriser la confusion des genres et des rôles. Le succès de la formule est au rendez-vous et le développement de l’association, volontairement limité à la région Rhône Alpes pour en garantir la maîtrise, s’est traduit par la création, en plus du siège lyonnais, d’antennes à Villefranche sur Saône, Bourg en Bresse et St Etienne. Mais cette “contagion” du sourire n’est pas que géographique, elle est également familiale. L’époux de Mireille, ses quatre enfants et ses huit petits-enfants sont tous impliqués, à des degrés divers, dans cette aventure. C’est ainsi que Lou, l’ainée des petits-enfants qui vit à Palm Beach, en Floride, cherche à créer un association docteur CLOWN locale. C’est drôle...
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Professeur Rémi Kohler Vice-président de l’association
Prescripteur des sourires provoqués Le Professeur Rémi Kohler a été jusqu’à l’été 2014 le “patron” du service de chirurgie orthopédique pédiatrique de l’Hôpital Femme Mère Enfant. C’est un chef de service assez atypique. Depuis qu’il est assistant, il a dédié sa carrière à la chirurgie pédiatrique ; il a d’abord exercé dans une clinique privée pendant 10 ans, avant de revenir à l’hôpital comme “professeur”. Rémi Kohler le concède bien volontiers, c’est un titre, une position qui confère le pouvoir de faire des choses, d’influencer, d’agir, d’entreprendre. Cette incursion dans la médecine libérale lui a permis de relativiser les différences entre ces deux mondes pour mieux en percevoir les points forts respectifs. La mission des clowns hospitaliers s’est inscrite très vite dans cette vision d’un service pédiatrique et il s’est engagé bien volontiers dans l’association il y a dixsept ans ; l’implication des premiers temps a encore gagné en intensité depuis qu’il a accepté, il y a 10 ans, la vice-présidence, témoignant ainsi de la reconnaissance des soignants, premiers bénéficiaires des interventions des clowns auprès de leurs petits patients. L’association docteur CLOWN fait désormais
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partie intégrante, avec les enseignants de “l'École à l'hôpital”, les éducatrices et d’autres encore… de l’univers qu’il souhaite pour ses jeunes patients et leurs familles. Et le chef de service se fait ici manager, humaniste et soignant. Au fil du temps, il a d’ailleurs identifié trois caractéristiques de docteur CLOWN. La première, c’est son inscription dans la prise en charge globale de l’enfant. L’on sait qu’en 2015 un bon médecin n’est pas qu’un bon technicien ; il doit également être en plus un bon communicant et ajouter aux soins tout ce qui peut faire mieux vivre l’enfant : lui réserver des séquences de jeu ou d’animation et ceci même si les séjours d’hospitalisation sont de plus en plus courts. La seconde caractéristique du clown à l’hôpital, c’est son rôle de médiateur, de passeur, dans cette relation triangulaire médecin, enfant et parents. Pour Rémi Kohler, on n’insiste jamais assez sur ce rôle des clowns qui rassurent les parents sans pour autant donner l’impression de s’occuper d’eux. Et en agissant ainsi indirectement sur les parents, il y a également un retour bénéfique sur l’enfant. La troisième
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par ses “confrères”, les clowns hospitaliers caractéristique, c’est la double compétence des clowns hospitaliers : ils sont à la fois des professionnels du spectacle avec des spécialités connexes telles que la prestidigitation, qui sont mises au service des enfants. Ce sont également des intervenants dans le monde de la santé, qui se sont formés et adaptés sans pour autant être stricto sensu des soignants professionnels de santé tels que définis par le Code de la Santé. Le clown participe au travail de l'équipe, dans le “prendre soin”. Et, fort de ces trois caractéristiques, le clown hospitalier, assure Rémi Kohler “apporte une amélioration du service rendu au jeune patient” ce qu’il traduit de façon moins médicale par cette jolie image : “cela permet d’isoler parents et enfants dans des bulles temporaires. Le temps d’intervention du clown hospitalier est un temps privilégié où les enfants lâchent tout : c’est la détente”. Car il y a toujours du stress à l’hôpital, qu’il s’agisse de consultation ou d’hospitalisation. En ce premier cas, le clown hospitalier a un public hétérogène de 20 à 30 personnes, enfants et parents mélangés et il va utiliser ce moment d’attente propice au stress et à l’angoisse, pour occuper les esprits afin qu’ils évacuent, le temps
d'une improvisation, les angoisses et les craintes du moment. En cas d’hospitalisation, lorsqu’un clown hospitalier entre dans une chambre, une fenêtre de détente s’ouvre, apportant une bouffée d’oxygène. Ici le Professeur n’est plus docte et il joue complètement le jeu du clown hospitalier qu’il appelle d’ailleurs à cette occasion “cher confrère”. Et devant l’enfant, Rémi Kohler feint de découvrir cette incursion du grotesque dans le sérieux en instaurant un dialogue loufoque : “docteur clown, je ne comprends rien à ce que vous nous dites, pourriez-vous nous l’expliquer mieux ?”. L’enfant est aux anges, il n’est plus à l’hôpital…
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Roland Petiot dit “Pol” Responsable artistique de l’association
Les clowns hospitaliers, diffuseurs de sourires Oui, le sourire est sans doute la seule propagation qui ne soit pourchassée à l’hôpital comme le sont les maladies nosocomiales. Il est même encouragé, favorisé. Roland Petiot dont le nom de clown est Pol est le garant de cette viralité du sourire, son grand orchestrateur. Le déclic se fait alors qu’il découvre dans une émission de télé, un reportage consacré à Michael Christensen, un clown américain, qui a inventé le principe du clown invité à l’hôpital. Il a d’ailleurs fait école. Une école qui a instauré des règles, jamais démenties depuis, comme l’intégration du clown dans l’équipe des soignants ou la régularité des visites. Roland Petiot est conquis, Pol est en train de naître. La naissance du personnage aura lieu en 1993, dans le service d’oncologie pédiatrique de l’hôpital de Saint-Étienne. Il va y travailler seul pendant cinq années, ce qui va lui permettre de façonner son clown, de défricher cette spécificité du clown hospitalier, mais surtout de se rendre compte des limites du solo et de devenir un fervent défenseur du duo clownesque à l’hôpital, ce binôme indissociable. Il est un peu au bout du rouleau quand il rencontre en 1998 Mireille
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Imbaud, au hasard d’un de ses spectacles. Ils ne se quitteront plus. A Mireille la prise en charge administrative et financière, à Roland la prise en charge artistique. La direction artistique passe par le recrutement de clowns pour savoir s’ils peuvent devenir clown hospitalier, puis vient le temps de l’organisation des formations initiales et continues. Dans son habit de responsable artistique, Pol redevient Roland Petiot. Car il faut également manager l’équipe de 15 clowns professionnels qui se produisent près de 1400 fois par an. C’est la gestion des plannings, où il faut savoir combiner les attentes des services pédiatriques avec les disponibilités des clowns hospitaliers. Une véritable “alchimie humaine”, garante de la qualité des prestations. C’est que le sourire c’est sérieux, c’est même un métier qui ne souffre pas l’approximation. Ce temps du sourire serait alors un temps perdu, intolérable à l’hôpital.
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auprès des enfants hospitalisés, de leurs parents et des soignants C’est d’ailleurs une des raisons du binôme, qui fonctionne en ping-pong. Celui qui rentre dans la chambre improvise et, s’il est moins bon que d’habitude, c’est l’autre clown hospitalier qui relancera, corrigera la trajectoire initiale. Il faut à chaque fois improviser dans chacune des 20 chambres visitées à la suite. Ce critère du binôme est d’ailleurs repris par la récente Fédération Française des Associations de Clowns Hospitaliers comme faisant partie des règles de la profession. De vrais clowns et de faux médecins mais qui, comme ces derniers, ont également des organisations professionnelles et des bonnes pratiques.
joue de la musique de l’autre côté du mur de plastique, en quête d’un sourire complice. Puis le temps de la séparation vient et il lui dit : à mardi prochain. L’enfant découvre alors la durée de son isolement qu’elle ignorait jusqu’alors. “Elle m’a alors demandé si elle serait encore dans sa bulle mardi prochain. J’ai répondu oui et elle s’est alors exclamée : chic alors”. C’était gagné, le clown hospitalier faisait partie intégrante du soin de l’enfant, de sa vie à l’hôpital.
Cette professionnalisation participe à la légitimation de la profession qui a fait un chemin considérable depuis 20 ans et dont Monsieur Pol, toujours soutenu et encouragé par Mireille Imbaud, est l’un des pionniers en France. Et Monsieur Pol de se souvenir de cette petite fille admise en service de cancérologie, isolée dans une bulle pour ne pas être contaminée de l’extérieur durant son traitement de six semaines. Il
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Michèle Jeleff Secrétaire du Conseil d’Administration de l’association
Les bénévoles font un travail de fond Engagement et fidélité semblent caractériser toutes celles et tous ceux qui se sont engagés chez docteur CLOWN. En ces terres lyonnaises de Résistance, ce pourrait être un nom de réseau – Engagement et Fidélité - comme ceux qui ont fleuri dans la capitale des Gaules aux heures sombres de l’occupation. Michèle Jeleff est de ceux-là : déterminée dès les premiers jours, il y a quinze ans déjà, à faire vivre docteur CLOWN pour les enfants et pour elle-même. Oui pour soi-même car on ne peut pas comprendre cet engagement bénévole et militant si l’on n’intègre pas la réalisation de soi, l’épanouissement par la mission. Ainsi, lorsque l’heure de la retraite a sonné, Michèle Jeleff voulait occuper cette deuxième partie de vie par un engagement caritatif au service des enfants, pour s’occuper et donner du sens au quotidien. Alors qu’elle était toujours en activité et qu’elle recherchait des associations correspondant à ses aspirations, elle a assisté à la bibliothèque de Lyon Part-Dieu à une conférence donnée par docteur CLOWN où intervenait Mimi Contesse.
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A la question que faites-vous auprès des enfants prématurés, elle a répondu : “Je leur raconte la vie, ce qui les attend à l’extérieur”. Ces mots ont conquis Michèle qui n’a cessé depuis de s’investir dans l’association. Un investissement d’autant plus facile pour elle qu’il lui permettait de venir en aide aux enfants hospitalisés sans pour autant aller à l’hôpital, ce qu’elle ne souhaitait pas. C’est que pour faire vivre une telle entreprise, les aspects de communication, d’administration et de logistique sont considérables. Et l’ancienne commerciale et chargée des relations publiques est ici à la manœuvre, dans son élément : recherche de fonds, relations avec les partenaires, tenue de stands…Les succès sont au rendez-vous. Pour donner un petit aperçu de cette évolution, l’association est passée de 56 interventions de clowns en binôme au début à 1400 aujourd'hui. Il faut donc de plus en plus de fonds car les clowns sont des professionnels rémunérés par l'association. Mais la réussite se gère, se maitrise et pour ne pas être victime de son succès l’association a décidé de recruter il y a
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pour que le sourire se propage à l’hôpital trois ans une directrice générale qui a permis d’aider les bénévoles pour leur mission de développement. “C’est un élément de pérennité de l’association important pour les partenaires”, précise Michèle Jeleff, “que de savoir que les bénévoles peuvent s’adosser aux permanents, la directrice et son assistante”.
rencontrés si je m’étais contentée d’une retraite passive”. Acteurs par procuration à l’hôpital, les bénévoles sont payés en retour des sourires qu’on leur raconte.
Elle sait pouvoir compter sur un fichier de nombreux bénévoles qui viendront en appui pour les grosses manifestations. Moment de consécration de ce travail de l’ombre, la participation d’enfants malades à une rencontre de football grâce à Bernard Lacombe, l’un des deux parrains de l’association avec Mimie Mathy. “J’ai vu des enfants heureux en dehors de l’hôpital”, confie Michèle Jeleff, encore émue par l’évènement. Quelle joie, quelle fierté pour ces femmes et ces hommes qui ont organisé ces évènements. Beaucoup donner de son temps et de son énergie mais aussi beaucoup recevoir et rencontrer. Ce que confirme Michèle Jeleff : “J’ai rencontré des gens extraordinaires chez les bénévoles, les partenaires, les médecins et les clowns. Autant d’individus et de personnalités que je n’aurais jamais
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Nathalie B. et Salima L. Les mamans de Yanis et d’Inès
A l’hôpital les enfants et leurs parents Lorsque Nathalie et Arnold B. apprennent que Yanis, leur fils âgé de 7ans et demi, n’a qu’une chance sur quatre d’être encore en vie dans 5 ans, la terre se dérobe sous leurs pieds. Lorsque Salima et Salim L. apprennent que l’on doit amputer les deux jambes d’Inès, leur fille de 4 ans, c’est l’image de leur bébé “coupé en deux” qui apparaît, insupportable. Et pourtant ces épreuves seront surmontées. Toutes deux différemment bien entendu, les histoires de chacun étant éminemment intimes et personnelles. C’est sans doute cela le génie de docteur CLOWN : c’est une révolution, une rupture - comme on parle de rupture technologique - en terme d’organisation de l’hôpital mais aussi en terme de management des soins, de perception des soins. Inviter des clowns dans un lieu où domine l’expertise technique du soin, les stress des soignants, l’inquiétude des enfants et de leurs parents. Et même si Yanis est décédé l’année dernière, à l’âge de 10 ans, et qu’Inès, aujourd’hui âgée de 16 ans, ne peut se déplacer sans ses deux prothèses, les deux mamans
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se souviennent encore comme si c’était hier de cette rencontre avec les clowns hospitaliers qu’elles n’oublieront jamais. Même si lors des premières rencontres c’est rarement le coup de foudre et encore moins l’éclat de rire, le lien tissé lentement s’avère extrêmement solide dans la durée. Ainsi, au début, Yanis continuait à jouer avec sa console de jeu, affectant de ne pas remarquer la présence des clowns hospitaliers. “Yanis était un enfant réservé, confie Nathalie, mais au bout de deux à trois visites des clowns hospitaliers, c’est l’attente qui s’était installée. Il me disait, maman je sais qu’ils sont là, il faut que tu ailles les chercher”. Même apprentissage de la découverte pour Inès qui ne leur a pas parlé, ne leur a pas prêté attention. Mais dès qu’ils ont quitté sa chambre, Salima entend sa fille Inès lui dire : “ils sont gentils ces clowns, quand reviennent-ils ?”. Pari gagné pour ces deux enfants, le sourire s’est invité à l’hôpital où il est désormais attendu par deux petits chéris de leurs parents. Et les parents aussi sont de la partie, oubliant leur tragédie
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sourient ensemble, grâce aux clowns hospitaliers le temps de cette rencontre en chambre. Incongru ? Salima avoue que si elle n’avait pas eu sa fille hospitalisée, elle aurait trouvé cette présence déplacée. Mais lucide et désormais coutumière de ces clowneries, elle a conscience que “les enfants ne sont pas dans le même univers que le nôtre, on peut les rassurer en leur disant par exemple que les jambes repoussent dans la tête”. Ce sont par ailleurs les seules personnes qui ne véhiculent pas à l’hôpital de message lié à l’hospitalisation de l’enfant et cela fait aussi du bien aux parents. Ce que confirme Nathalie : “les clowns hospitaliers étaient là pour Yanis mais également pour nous. C’est un vrai moment de pause entre les moments de chimiothérapie et de soins divers. Au début on s’excuse intérieurement de rire, pensant que c’est un endroit où l’on n’a pas le droit de rire”. Et quand Yanis, épuisé par son traitement se lève malgré tout, parce qu’il a entendu rire dans le couloir et qu’il sait que c’est bientôt à son tour de partager avec les clowns hospitaliers, cela donne aussi de l’énergie aux parents. L’hospitalisation d’un enfant c’est, on l’imagine aisément, du stress, de l’angoisse, beaucoup de déplacements et une absence de la maison. Salima dit joliment à ce
sujet : “on se languit des bêtises qu’ils ne font plus”. Heureusement, docteur CLOWN invite également avec le sourire un cortège de farces, de chants et de fausses bêtises. Même si le petit Yanis n’a pas survécu, ses parents, après avoir fait leur chemin de deuil, ont repris contact avec l’association docteur CLOWN pour la faire connaitre à l’occasion d’une réunion qu’ils ont organisée dans leur village. Arnold, rencontrant inopinément un clown hospitalier en “civil”, lors d’une pause cigarette à l’extérieur de l’hôpital, l’interpelle en lui confiant : “vous n’imaginez pas ce que vous réalisez, le bien que vous nous faites”. Quel plus beau compliment ? Si, il y en a un autre, celui de Salima : “A partir du moment où nous avons été soutenus dans de telles épreuves on ne peut l’oublier. Ce sont des lumières, c’est la famille”. La grande famille de docteur CLOWN qui fête cette année ses 20 années d’existence grâce à la pugnacité de Mireille Imbaud, au dévouement constant des bénévoles, au choix courageux des “patrons” des services pédiatriques, au professionnalisme des clowns hospitaliers et au soutien jamais démenti des enfants hospitalisés et de leurs parents.
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Nos bénévoles en herbe
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Nos clowns en herbe
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Les plus belles histoires sont celles qui durent parce qu’on prend le temps de les écrire, de les lire, de les raconter et de les vivre. Cette distinction qui m’honore, je vous l’offre à vous tous qui m’avez fait confiance et accompagnée depuis 20 ans en soutenant notre action auprès des enfants hospitalisés et en difficulté. Je vous invite à trouver une suite pour notre belle histoire docteur CLOWN pour les 20 années à venir. Je vous remercie tous pour tout.
À la mémoire de : - Françoise Picot - Lison Terras - Jean Bachès - Hubert Fedry - Jean-François Fedry
Mireille, lors de la cérémonie de remise des insignes de Chevalier dans l'Ordre National du Mérite, entourée (de gauche à droite) par le professeur Jean-Louis Touraine, Michel Imbaud, le professeur René Mornex, qui a remis cette distinction, et le professeur Jean-Pierre Pracros
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Avec le soutien de
Rédaction Philippe FOURNY Production Quadriplus & maquette Willart Edition Imprimé en France ©Photos Ln Aliénor, Mario Gurrieri, HCL, Andreas Stenger et docteur CLOWN 48
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