10 minute read
MISE AU VERT
Sentier du Château d’eau entre le Dieweg et la Chaussée de Saint-Job © Marion van Offelen
SENTIERS COMMUNAUX
Advertisement
PAR LES CHEMINS DE TRAVERSE
PHILIPPE BERKENBAUM
Certains forment des raccourcis très empruntés par les écoliers et leurs parents ou les navetteurs en semaine ; d’autres invitent à la balade été comme hiver, en pleine nature ou le long de bâtiments remarquables… Saviez-vous que plusieurs dizaines de sentiers, chemins vicinaux et cheminements piétons sillonnent la commune de toutes parts ? Enfilez vos bottines et suivez la guide.
« Quel bonheur de sillonner Uccle à pied par un labyrinthe de petits sentiers et de cheminements piétons traversant de vieux quartiers ucclois et des espaces verts qui font le charme de notre commune ! » Ainsi Marion van Offelen, qui se définit ellemême comme « une grande marcheuse », démarrait-elle son interpellation adressée le 25 novembre dernier au collège. Une intervention empreinte de bienveillance : tout ce que souhaite la conseillère communale, c’est que soient préservés et valorisés tous ces chemins propices à la flânerie au bénéfice du plus grand nombre. « On a la chance de vivre dans une très belle commune sillonnée de sentiers qui ont un charme fou et que, finalement, peu de gens connaissent. On connaît ceux de son quartier mais on ne part pas à la découverte des autres », regrette-t-elle.
© Marion van Offelen
Chemin du jardin du Chat reliant la rue Lecomte à la rue de Boetendael
152 VOIES VICINALES EN 1849
C’est dans cet esprit que l’édile a entrepris de publier régulièrement sur sa page Facebook et celles d’autres groupes citoyens des idées de promenades et d’itinéraires piétons, agrémentés des plus belles photos saisies lors de ses promenades quotidiennes. « Beaucoup sont non seulement très beaux mais ils témoignent également de l’histoire de notre commune. » Ainsi Marion van Offelen a-t-elle mis la main sur un Atlas des Chemins vicinaux d’Uccle publié en 1849, qui recense à l’époque 152 communications vicinales dont 41 chemins et 111 sentiers. « Beaucoup existent toujours, même s’ils ont en partie été convertis en voies carrossables. » Sans avoir forcément perdu leur charme, d’ailleurs. À l’exemple de l’un des préférés de notre promeneuse, le sentier du Château d’Eau reliant le Dieweg à la chaussée de Saint-Job. Ce tronçon pavé est d’ailleurs classé au registre du patrimoine protégé et, même s’il a perdu une partie de son charme depuis la construction récente d’un lotissement là où subsistaient des champs jusqu’il y a peu, il n’en reste pas moins préservé.
ENTRETIEN, RÉNOVATION ET ÉCLAIRAGE
Un autre chemin célèbre est celui du Crabbegat, qui reliait autrefois l’église d’Uccle-Centre au hameau de SaintJob, sur une distance de plus de 2,5 km. Il en subsiste aujourd’hui quelques tronçons remarquables, eux aussi classés (lire ci-dessous), qui font l’objet de toutes les attentions communales. « La commune veille à entretenir et rénover régulièrement tous ces sentiers, notamment au niveau du pavage », confirme l’échevin de la Mobilité et des Travaux publics Thibaud Wyngaard. Plus d’une vingtaine d’entre eux ont ainsi été entièrement rénovés ces dernières années et le travail se poursuit. C’est actuellement le tour du Crabbegat, suivront prochainement le Sparrenweg (rue de Stalle et Cauter), le sentier Van Nijlen (Calevoet), le Steen Broeck (rue des Pêcheurs) et le Sukkelweg (parc Brugmann). « Quand c’est possible en respectant la faune et la flore, nous dotons également les cheminements cyclo-piétons d’éclairage public », ajoute l’échevin en citant l’exemple du bout de l’avenue Jacques Pastur qui permet de rejoindre l’avenue Dolez. « Nous y avons installé des luminaires qui en rendent l’accès plus confortable et sécurisant. »
BIENTÔT UNE CARTE INTERACTIVE
Si la plupart de ces chemins peuvent constituer d’excellents buts de promenade, beaucoup servent aussi de raccourcis très pratiques. « On peut souvent passer facilement d’un quartier à l’autre en empruntant l’un de ces sentiers à pied ou à vélo alors qu’en voiture, il faut effectuer d’énormes détours », souligne Marion van Offelen. Sans même parler de la congestion du trafic intra-communal aux heures de pointe… Thibaud Wyngaard peut en témoigner, lui qui parcourt quotidiennement le chemin Avijl, tout comme des dizaines d’écoliers ou de navetteurs. « Voilà un exemple de sentier très agréable pour s’y balader le week-end et très utile pour se déplacer en semaine ! » Seule une brochure éditée par la commune voici une quinzaine d’années recense une partie de ces sentiers et cheminements piétons. Mais, scoop : le service de la Voirie a entrepris de dresser une carte exhaustive et interactive des sentiers et chemins vicinaux ucclois, qui devrait être rendue accessible sur le site de la commune d’ici la fin 2022. « C’est un inventaire de longue haleine qui nécessite beaucoup de recherches », ponctue l’échevin. L’idée est de rendre accessibles une série d’informations relatives au tracé des sentiers, à leur largeur, à leur environnement, aux rénovations passées, en cours et à venir, etc. « On pourrait également imaginer d’ajouter des informations historiques et patrimoniales », ajoute Thibaud Wyngaard, évoquant une collaboration possible à cet égard avec Ucclensia, le Cercle d’Histoire et d’Archéologie de la commune, qui avait déjà effectué un travail remarquable dans le cadre de l’exposition Uccle en Cartes de 2012. En attendant, nous en avons épinglés quelques-uns avec l’aide de Marion van Offelen et en nous appuyant sur le contenu de la brochure Uccle à pied – Ses sentiers, ses parcs, ses promenades, où vous en trouverez de nombreux autres et qui est disponible au prix de 6,50 €, en librairie ou au Service des Travaux (02/348.65.42)
© Marion van Offelen
Le Crabbegat entre l’avenue De Fré et la rue Paul Stroobant © Marion van Offelen
LE CRABBEGAT
Il est l’un des derniers vestiges de l’ancien réseau vicinal ucclois et un modèle de chemin creux brabançon. Bordé par de splendide hêtres, longeant le parc de Wolvendael sur une partie de son tracé, il forme un ensemble unique. Il reliait autrefois Uccle-Centre et Saint-Job en suivant d’abord le Crabbegat, puis un morceau de l’actuelle avenue Kamerdelle et une partie de l’avenue François Folie d’où l’on rejoignait en ligne droite l’actuelle rue Baron Perelman. On empruntait ensuite le tracé de la rue de la Pêcherie pour se diriger droit sur la place Saint-Job. L’arrivée du chemin de fer et du pont Carsoel a tout bouleversé et il ne subsiste aujourd’hui en piétonnier que le Crabbegat et un petit morceau de l’avenue François Folie.
LE CHEMIN AVIJL
Il relie depuis toujours la Montagne de Saint-Job à la chaussée de Saint-Job en traversant la rue Jean Benaets et en longeant l’école communale, sous le plateau Avijl. Il est intéressant de noter qu’on peut le rejoindre depuis la rue du Ham en empruntant une jolie servitude de passage (plan A), de même qu’il existe une autre servitude reliant la rue du Ham à la Vieille rue du moulin (plan B).
LE SENTIER DE LA FONTAINE
Il relie la rue Robert-Jones à l’avenue De Fré, en passant entre l’école de Promotion sociale de la Communauté française et l’Ambassade de Russie. A l’est du sentier se situe l’ancien château Hof te Zeecrabbe où est actuellement installée l’ambassade.
LE SUKKELWEG
Comme son nom l’indique, c’est un chemin escarpé, « où l’on est à la peine », du néerlandais « sukkelen ». A l’origine, il reliait la ferme Jacquemijns (l’actuelle Ferme Rose) au hameau de Vleurgat via la rue Édith Cavell. Il est resté piétonnier au-delà du chemin du Langeveld (reliant Robert Jones à Jean Herinckx), qu’il croise à hauteur de la piscine du Longchamp, jusqu’à l’avenue Dupuich, traversant une partie du parc Brugmann et longeant les terrains du Léo. À noter qu’un autre chemin permet de rejoindre ensuite l’avenue Messidor à partir de Dupuich en bordure du parc.
LE BROECKWEG
Bien connu des amoureux de la nature et classé comme l’espace semi-naturel du Kauwberg qui l’entoure, il traverse cette zone Natura 2000 pour relier l’avenue Dolez à la chaussée de Saint-Job. On sait moins que ce chemin remonte au 14e siècle, qu’il passait par l’actuelle rue Basse et se prolongeait jadis jusqu’au ravin du parc de Wolvendael, qui en faisait partie.
LE VOSSEGAT
Lui aussi très ancien, ce sentier partait de la chaussée d’Alsemberg un peu au nord du croisement avec l’actuelle rue De Broyer et se poursuivait ensuite par un tracé voisin de l’actuel Chemin du Vossegat, pour rejoindre le carrefour entre la rue Gatti de Gamond et l’avenue du Jonc. En 1867, il fut remplacé par celui qui existe toujours entre la rue Beeckman et l’avenue de l’Aulne, mais qui n’est plus piétonnier que jusqu’à la rue Auguste Danse.
© Marion van Offelen
La chronique de Semance, comptoir citoyen de production et d’échange libre de semences, traditionnelles, oubliées ou encore inconnues dans nos contrées, né au Homborch.
PRODUIRE SOI-MÊME DU TERREAU, C'EST À ESSAYER!
L’hiver est bien installé. Partout autour de nous, nous pouvons voir que la nature est au repos. Mais pour les jardiniers expérimentés ou en herbe que nous sommes, c’est justement l’occasion de se préparer au printemps prochain et d’expérimenter de nouvelles techniques de jardinage. Et cette année, pourquoi pas faire soi-même son propre terreau ?
À l’arrivée des beaux jours, on plante, on rempote… Le premier réflexe est de se rendre en magasin pour refaire les indispensables réserves de terreau. Logique. Pourtant, ce terreau de semis, dit « universel », ou de terre acide (ou « de bruyère »), pour ne citer que les plus courants, coûte cher, produit quantité de déchets plastiques et a parfois une provenance incertaine (par exemple, les tourbières millénaires exploitées pour le jardinage). Existe-t-il d’autres options ? Et pourquoi pas produire soi-même son terreau, bien tamisé, de meilleure qualité et aux quantités nécessaires ?
L’association uccloise Semance, constituée d’horticulteurs semenciers amateurs et bénévoles, s’est lancée dans la fabrication de ses propres terreaux à partir de ressources locales (broyats, déchets verts, compost de quartier, bokachi de cuisine des bénévoles). À la différence des terreaux proposés en magasin, ce sont des terreaux renforcés de micro-organismes, puissamment antioxydants et dépolluants apportant un plus en termes de nettoyage et de dynamisation du sol. Au final, ce sont les cultures et les jardiniers qui sont gagnants.
www.semance.be
3 QUESTIONS À Stefania Cao,
spécialiste de la réalisation de bokachi
1Qu’est-ce que le bokachi (ou bokashi) ? Le mot bokachi veut dire « matière organique bien fermentée » en japonais. C’est une façon efficace et pratique de précompostage de tous nos restes alimentaires, au moyen d’une étape de fermentation contrôlée, sans moucherons ni moisissures, en anaérobie, c’est-à-dire sans oxygène, dans un contenant fermé. On peut recycler ainsi tous les restes alimentaires : crus, cuits, même les restes de pain, pâtes ou encore de viande, poisson ou fromage. C’est possible grâce à l’activateur de bokachi, imprégné d’un mélange de bactéries positives, aussi appelées EM (de l’anglais Effective Microorganisms). Les EM vont prédigérer nos aliments, comme le ferait le microbiote de nos intestins. C’est la terre que nous 2 nourrirons ensuite avec ce digestat. Tous les nutriments rendus disponibles par la fermentation enrichiront aussi le sol en carbone, le rendront vivant. Ce sont nos plantes qui profiteront de ce magnifique terreau produit à partir de… déchets ! Comment se passe la fabrication du terreau avec Semance ? Fabriquer un terreau en coopérant avec d’autres experts de l’utilisation des EM sur le terrain, tels que les bénévoles de Semance, est un moment enrichissant. Car le moteur commun qui nous guide est l’autonomie et la réutilisation des ressources que nous avons à disposition. Au lieu d’utiliser de la tourbe, nous avons effectué un mélange de compost classique mûr et tamisé auquel nous avons ajouté du broyat de résineux mûr, du sable de rivière et du bokachi de pommepaille. Ce mélange reposera tout l’hiver dans une fosse bâchée. Au printemps, ce terreau à base de matières 100 % recyclées, et issu d’une dynamique citoyenne d’économie circulaire, sera utilisé dans les différents terrains de Semance.
3Comment se procurer les indispensables EM ? Les EM se déclinent sous différentes formes plus ou moins prêtes à l’emploi et à utiliser au jardin, dans la maison ou pour l’hygiène et le bien-être personnels. Un livre spécialisé1 est une bonne boussole pour se lancer. Vous trouverez tous les conseils pour démarrer et vous lancer dans votre propre production de bokachi sur :
www.bokashicompost.be.
(1) Semance a édité et diffuse un livret d'initiation aux
EM et au bokachi, à la fois accessible et complet.