Par ÉMILIE DURAND redaction@terre-net-media.fr
BRÈVES DES CHAMPS Le saviez-vous ? ENVIRONNEMENT
Des couverts végétaux pour faire face au changement climatique Les couverts végétaux sont de plus en plus prisés par les agriculteurs. Ils rendent des services environnementaux non négligeables et protègent les sols face à une météo plus capricieuse du fait du changement climatique. semer tôt pour faire de la biomasse à l’automne, ou alors juste après la moisson pour ne pas perdre l’eau, précieuse. Le choix du moment du semis est important, car la température du sol monte vite et peut être un inhibiteur de la germination. Semer à la volée est possible, mais plus aléatoire qu’à la moissonneuse-batteuse. Il s’agit d’être attentif non seulement au semis, comme pour une culture, mais aussi à la fertilité du sol et aux choix variétaux. Semer à la volée des graines exceptionnelles ne sert à rien. L’agriculteur évoque également la question des associations de cultures, pouvant mêler jusqu’à 10 ou 12 plantes. « Le mélange est plus fort que la chimie », continue-t-il.
ADOBE STOCK
« Le graal reste la couverture permanente », souligne Frédéric Thomas, agriculteur dans le centre de la France.
«A
vec les couverts végétaux, l’idée est de remplacer l’acier [des outils agricoles, NDLR] par les racines, explique Frédéric Thomas, agriculteur dans le centre de la France, lors d’une conférence au salon Tech&Bio. Plus le travail est profond, plus l’impact est fort sur le sol. Avec la chaleur, cela a un efet létal sur l’activité biologique. Il peut y avoir jusqu’à 20 °C d’écart entre un sol non couvert et un sol couvert. » Or le changement climatique entraîne des périodes particulièrement chaudes ainsi que de fortes pluies, ayant des conséquences sur les sols. « Couvrir n’est pas souhaitable mais indispensable », airmet-il avec conviction, citant une meilleure structure des sols grâce aux couverts végétaux, un relais de pollinisation pour les abeilles, une meilleure gestion du salissement et même des économies de carburant. Lui-même ne déchaume plus et fait aussi pâturer ses couverts au printemps dans un système qu’il qualiie de « broutecrottes » ou « broute-bouse ». « Les animaux sont des brasseurs de fertilité », témoigne-t-il. Réussir le semis des couverts végétaux Mais pour obtenir tous les bénéices des couverts végétaux, il faut en réussir le semis. « Déjà, il faut arrêter de penser cipan [culture intermédiaire piège à nitrate, NDLR], piéger le nitrate n’a pas d’intérêt, conserver l’azote oui ! » indique Frédéric homas. Il faut aussi 46 /
LE MAGAZINE / NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2021
Gérer le développement du couvert permanent Le graal, c'est la couverture permanente, pour Frédéric homas. « Pas besoin de l’implanter tous les ans », souligne Mathieu Marguerie, ingénieur régional chez Arvalis-Institut du végétal. Il cite le sainfoin ou la luzerne. La diiculté reste la gestion du couvert. S’il est trop développé, il aura beaucoup d’impact sur la culture. La luzerne est un très bon moyen pour couvrir les sols l’été, mais « il faudra l’afaiblir en broyant ou en tondant », reprend Mathieu Marguerie. Au bout de quelques années, associée à une céréale, elle apporte de l’engrais et les rendements s’améliorent. ■
L’AVIS DE L’EXPERT
Amélie Carrière, animatrice ilière bio chez Arvalis-Institut du végétal « Face au changement climatique, plusieurs leviers existent en agriculture biologique, mais le tout premier est bien l’anticipation, car il n’existe pas de levier immédiat ou correctif. Il s’agit donc de travailler sur la résilience globale du système afin d’être capable d’encaisser une à deux années de pertes. Dans tous les cas, la résilience ne garantit pas une sécurité totale. Établir une diversité cultivée à différentes échelles s’avère donc intéressant : intraparcellaire avec des associations d’espèces, entre parcelles et sur un territoire. La fertilité d’un sol tout comme la mise en place d’un couvert permanent permettent aussi de rendre un système plus résilient. En parallèle, concilier moindre travail du sol et agriculture biologique, par exemple, se révèle parfois difficile. L’arrivée de bioagresseurs, issue de la conjonction des trois facteurs que sont la population, l’état de la culture et le climat, reste également très compliquée à prévoir. »