L'OFFICIEL MAROC

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OUVERTURE

LUBIE

PAILLETTES DÉLURÉES

De haut en bas : CHRISTIAN LOUBOUTIN chez STUDIO 14 Boots en résille et cuir pailleté, 11 940 DH. FENDI Pochette “Evening” en toile rebrodée de perles, 13 600 DH. JIMMY CHOO chez COSMOPOLITE Minaudière en plexiglas injecté de paillettes, 4 900 DH. SHOUROUK aux GALERIES LAFAYETTE Pendentif libellule en laiton orné de paillettes et de cristaux Swarovski, 3 300 DH. Réalisation : Soraya TADLAOUI. Photographie : Assia OUALIKEN. Assistante styliste : Alia AWAD. 58 | L’OFFICIEL | DÉCEMBRE 2011 - JANVIER 2012


OUVERTURE ARCHIVES L’OFFICIEL PARIS.

LOUIS VUITTON, 36 000 DH.

NICHOLAS KIRKWOOD CHEZ TRÈS CONFIDENTIEL, 11 847 DH.

STELLA MCCARTNEY

BLUMARINE CHEZ RIVE BLEUE, 6 580 DH.

TENDANCE

GAMBLING BLING

Du doré, du lamé, du soyeux et du talon vertigineux… Quelques essentiels pour une allure très casino. Ah! Ne pas oublier la petite veste en fourrure ou son renard : les salles de jeux sont fraîches ! Réalisation Alia AWAD ALEXANDER MCQUEEN CHEZ STUDIO 14, 12 670 DH.

MARC JACOBS CHEZ AXE OPTIC, 2 500 DH.

TOD’S CHEZ BELLA PELLE, 3 980 DH.

STELLA MCCARTNEY CHEZ STUDIO 14, 10 300 DH.

BALMAIN

DOLCE&GABANNA CHEZ RIVE BLEUE, 6 180 DH.

DIRES VAN NOTEN CHEZ TRÈS CONFIDENTIEL, 18 493 DH. CLASS ROBERTO CAVALLI CHEZ SHOPPING & SHOP, 4 850 DH. BVLGARI, 12 300 DH. 70 | L’OFFICIEL | DÉCEMBRE 2011 – JANVIER 2012

PHOTOS ELINA KECHICHEVA, ASSIA OUALIKEN, DR.

BCBG MAX AZRIA, 2 099 DH.


COMPTOIR

UN VERRE AVEC…

YOUNES

BOUAB

Pour ses débuts d’acteur, le grand frère d’Assaâd entre dans le cinéma par la grande porte en décrochant le premier rôle dans Zéro, le prochain long-métrage de Nour-Eddine Lakhmari. En attendant la sortie du film, rencontre avec ce nouveau jeune premier avec lequel le 7e art marocain devra désormais compter. Par Éléonore BÉNIT. Photographie Laurence LABORIE.

Tu évolues dans l’univers du cinéma depuis longtemps. Pourquoi passer de l’autre côté de la caméra maintenant ? “Au lycée, je faisais déjà du théâtre. Plus tard, je suis entré au Studio Pygmalion pour apprendre le métier d’acteur sans pour autant sauter le pas. Et puis en 2007, je suis rentré au Maroc et j’ai décidé de me consacrer à l’écriture de scénarios. C’est un désir que j’ai en moi depuis très longtemps et qui ne demandait certainement qu’à se concrétiser.” Faire ses premiers pas en tant qu’acteur en campant un premier rôle n’est-il pas risqué ? “J’avais déjà joué dans le téléfilm Cool Center pour lequel j’étais scénariste également et j’ai aussi eu une première expérience de long-métrage avec le film de Brahim Chkir. Zéro est donc plutôt une deuxième étape. Je n’avais pas beaucoup confiance en moi mais le fait que Nour-Eddine ait misé sur moi a certainement contribué à opérer un déclic.” Nour-Eddine dit que tu étais très studieux dans ta préparation du rôle… “Toute l’équipe a effectivement collaboré deux mois avant le tournage avec deux coachs et deux comédiens pour travailler les scènes et s’exercer à l’improvisation. J’ai aussi passé une nuit dans un commissariat à Rabat et j’ai pas mal traîné dans les bars glauques de Casablanca.” Dans le film, ton personnage est soumis à un voyage initiatique. Est-ce que devenir acteur était une étape dans le tien ? “Une étape je ne sais pas, disons qu’il s’agissait plutôt de la concrétisation d’une envie. Et surtout l’occasion de saisir la chance inouïe qu’un réalisateur comme Nour-Eddine me choisisse.” Y a-t-il des points communs entre le personnage de Zéro et toi ? “Oui, certains. Le film aborde le thème de la 98 | L’OFFICIEL | DÉCEMBRE 2011 - JANVIER 2012

filiation, du rapport père-fils, un sujet universel qui m’a évidemment remémoré les rapports que j’ai pu avoir plus jeune avec mon propre père. La difficulté que l’on a parfois à communiquer, à s’avouer l’un l’autre que l’on s’aime ou du moins à trouver les mots pour le dire.” Dans le film, grâce à l’amour qu’il éprouve pour une femme, ton personnage se métamorphose, gagne en courage. Toutes les femmes s’interrogent : es-tu un cœur à prendre ? “Non j’ai trouvé l’amour… mais je n’en dirai pas plus… (rires).” Et jouer, cela procure quel genre de sensations ? “C’est un plaisir physique, direct, rapide. Peut-être égotique aussi. Et en même temps, beaucoup moins intellectuel que celui que je peux éprouver en tant que scénariste.” C’est quoi un bon acteur pour toi Younes ? “Quelqu’un qui arrive à mettre en route la machine émotionnelle au bon moment, c’est-àdire entre “Action !” et “Coupez !”, et qui parvient ensuite à maintenir cette émotion tout au long de la scène.” Qu’aimerais-tu faire aussi bien au cinéma que dans la vie ? “Être un super héros, dans la veine de Daredevil.” L’acteur que tu as pris pour modèle ? “Pour le personnage de Zéro, je me suis beaucoup inspiré d’Edward Norton, j’ai revu tous ses films. Pour son jeu d’acteur tout en retenue, son regard, le travail qu’il opère sur le corps, les mains… précis et fascinant à la fois.” Le rôle que tu redoutes le plus ? “Aucun ! Même s’il s’agit d’endosser les traits d’un grand criminel, rien ne me dérange. D’ailleurs, le

“JOUER EST UN PLAISIR PHYSIQUE, DIRECT, RAPIDE. EN MÊME TEMPS, MOINS INTELLECTUEL QUE CELUI QUE JE PEUX ÉPROUVER EN TANT QUE SCÉNARISTE.” personnage de Zéro est un peu le rôle idéal. Tout en psychologie, en profondeur. Avec des blessures aussi, une vraie fêlure intérieure et, bizarrement, cela a été très agréable à jouer.” Le réalisateur avec lequel tu aimerais tourner ? “Hicham Lasri et Narjiss Nejjar. À l’international : Jacques Audiard et Abdellatif Kechiche sont des réalisateurs dont j’aime beaucoup le travail.” Il paraît que tu n’aimes pas que l’on te pose de questions sur ton frère. “C’est faux ! C’est grâce à lui si je vous réponds aujourd’hui, c’est lui qui m’a donné envie de devenir acteur. Son succès m’a encouragé à me lancer à mon tour.” Et la question que tu aimerais que l’on te pose plus souvent ? “Qu’en est-il de la situation politique au Maroc ?” Tu te considères comme un artiste engagé ? “Oui, dans une certaine mesure. Peut-être de par ma formation universitaire aussi. Le fait de me questionner sur de tels sujets aurait au moins le mérite de faire avancer le débat. Le mouvement du 20-Février a été l’occasion de réveiller nos consciences endormies, il faut poursuivre le combat.”


COMPTOIR

MISCELLANÉES Par Éléonore BÉNIT, Constance CHAILLET et Hicham SMYEJ

JEU DE GRAND Dans ce parc en vue, pas de chevaux à bascule, mais 130 chambres et suites, 44 villas et un centre commercial über luxe. Pour son ouverture en mars prochain à Marrakech, Park Hyatt fait mumuse avec l’argent des g grands.

Les galeries du boulevard parisien élargi le baron il y a un bail s’implantent au Morroco Mall. D’une hauteur totale de 14 mètres, sur 3 étages, leur façade rétro-éclairée est désormais inscrite au Guinness World Record d comme “la plus grande façade de magasin au monde érigée dans un mall avec une superficie totale de 3 381,92 m²”. Décidément, il se passe toujours quelque chose aux Galeries Lafayette. Boulevard de l’Océan, Sidi Abderrahmane, Aïn Diab, Casablanca. www.galeries-lafayette.ma.

BUSINESS POWER

Si vous vous sentez l’âme d’une Wonder Woman, que vous êtes à la recherche d’un accompagnement capable de financer un mégaprojet-ultra-balèze à but non lucratif, envoyez votre candidature avant le 13 mars prochain et tentez de devenir l’une des cinq lauréates des Cartier Women’s Initiative Awards 2012. Attention, les critères sont très sélectifs, n’est pas Super Jaimie qui veut ! www.cartierwomaninitiative.com.

BEAUTÉ HALAL Serait-ce l’effet PJD avant l’heure ? Bien avant la victoire du parti islamiste aux législatives, les organisateurs de Miss Maroc ont décidé de rendre leur compétition plus “religieusement correcte” : pour l’édition 2012, le défilé en maillot de bain est ainsi supprimé, et le concours est désormais ouvert aux candidates voilées. Un conseil aux membres du jury : n’oubliez pas vos lunettes !

COUPÉ COURT On a eu droit à l’urbaine, la topless, la mère de famille et la baroudeuse. Désormais, la Mini existe aussi en coupé. Mini Coupé, à partir de 288 000 DH. À découvrir dans les showrooms de SMEIA. www. mini.ma

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Hynd Bouhia, ex-directrice de la Bourse de Casablanca, est la seule Maghrébine à figurer dans le classement Forbes Africaa des 20 femmes les plus puissantes d’Afrique. Et dire qu’on n’est même pas amis sur Facebook…

MES SONS DE RETRAITE SUR LE CÔTÉ Il y a 20 000 lieux où s’afficher avec. Réserver un guéridon au Jules Verne, commander un loup grillé, ensuite, poser sa pochette près du couteau à poisson. Plus que de la S.F., de la réalité (v)raie. Pochette “Manta”, Alexander McQueen chez Studio 14. 44, rue du Point-du-Jour, Casablanca. Tél. 05 22 49 18 19.

Mamyrock, alias Ruth Flowers, 69 ans, DJette britannique hype de son état, mixera le 11 décembre au Bô & Zin. Sonotone et tenue correcte exigés. www.mamyrock.com.

DA VINCI CODE Il s’agira plutôt de dress code, lorsque le Pré Vinci, nouvel espace dédié à la mode, aux arts et à la gastronomie, ouvrira ses portes à Casablanca en septembre 2012. www.leprevinci.com

PHOTOS DR.

GALERIE DE RECORDS

LA CLASSE !


MERVEILLES

PRÉCIEUX

MICKEY

JOAILLIER Cela pourrait être le début d’un dessin animé : une célèbre souris se glisse dans les ateliers d’une maison joaillière. Mais, loin d’y semer la zizanie, la voici qui lui inspire des créations singulières, pétillantes d’élégance et d’espièglerie. Rencontre inattendue entre Chopard et Mickey Mouse, cette collection se décline en colliers, boucles d’oreille, montres et pendentifs, où le joyeux petit rongeur de Walt Disney s’affiche en vedette, paré de diamants blancs, noirs, jaunes et roses mais aussi de rubis, d’onyx ou encore de saphirs roses et d’améthystes. Allusions franches au mythique personnage ou clins d’œil discrets, ces déclinaisons joaillières soulignent, avec humour et délicatesse, ses caractéristiques les plus singulières : le large sourire, les billes étincelantes ou simplement les oreilles rondes, uniques et reconnaissables entre toutes. Nul doute que les aficionados de Disney les apprécieront, tout comme celles qui ont gardé leur âme d’enfant. Par Hugues ROY.

Pendentif collection Happy Mickey, en ors blanc, rose et jaune sertis de diamants noirs, blancs, jaunes et roses, de rubis, de cabochons d’onyx pour les yeux, avec un diamant mobile sur une chaîne en or blanc 18 ct serti de saphirs bleus et roses, d’émeraudes, de rubis et d’améthystes. Pièces disponibles ou sur commande chez CHOPARD

Casablanca. Tél. 05 22 39 60 60. 114 | L’OFFICIEL | DÉCEMBRE 2011 - JANVIER 2012

PHOTO DR.

HAUTE JOAILLERIE, rue Aïn Harrouda, résidence El Manar,


MERVEILLES

LUBIE

MASCARADE Main et poignet gauches : BVLGARI Bague “ Bvlgari Bvlgari” en or jaune gravé et pavé de diamants, 60 200 DH. CARTIER Montre “Ballon bleu” moyen modèle en or rose, glace saphir, cadran opalin argenté guilloché laqué, lunette sertie de diamants, 426 000 DH. DIAMANTAIRE BY JIHANE LAHLOU Bracelet en or rose pavé de diamants, 90 000 DH. Main et poignet droits : DIAMANTAIRE BY JIHANE LAHLOU Bague ‘‘Fleurie” en ors gris et jaune, 49 000 DH. JAEGER-LECOULTRE CHEZ AZUELOS Montre “ Reverso Squadra Lady Duetto” en or rose serti de diamants sur bracelet crocodile, 241 000 DH. KARA.S Bracelet à sept rangs en ors rose et blanc guillochés ou sertis de diamants, 51 800 DH. CHRISTOFLE chez FENÊTRE SUR COUR Masque décoratif en inox. Stylisme : Sarah NADJAR Photographie : Assia OUALIKEN 120 | L’OFFICIEL | DÉCEMBRE 2011 - JANVIER 2012


BOUDOIR

Directement inspirée des podiums, la gamme de rouges à lèvres Lipstick Satin de Burberry s’exprime avec naturel autour de 26 teintes légères et intemporelles pour un effet ton sur ton qui sublime la couleur originelle des lèvres. Combinaison ultralight d´huiles nourrissantes, de céramides anti-âge et de pigments formulés au cœur d’une structure gélifiée, ces bâtons ont vraiment tout bon pour rendre les lèvres pulpeuses et leurs contours parfaits en assurant tenue, confort et hydratation. Le beauty trick ? L’application au doigt pour un rendu naturel, ou en deux couches pour une couleur plus marquée. Étui métal et raisin griffés tartan,

matières princières

bouchon aimanté, effet subtil et fragrance poudrée, on devient vite addict à ces lipsticks vraiment chic. Lip Cover Satin Brown Sugar (n° 203), Brick Red (n° 19)

Aux douze coups de minuit, la princesse 2.0 devient reine de beauté ! Teintetparfait, Rosewood (n° 4), Burberry Beauty, pommettes sculptées, yeux sublimés… sélection des textures-poudre souveraines 329 quiDH le tube, en exclusivité illuminent le visage d’un éclat féerique. Par Éléonore BÉNIT. Photographie Assia OUALIKEN. Réalisation Sarah NADJAR. 148 | L’OFFICIEL | DÉCEMBRE 2011 - JANVIER 2012

aux Galeries Lafayette Casablanca.


BOUDOIR

TEINT SNOB Boîtier futuriste aux allures graphiques argentées chez M.A.C, matière incrustée de l’imprimée “check” emblématique de la maison Burberry, lignes rondes et épurées ornées d’un bouton or pour la griffe américaine Elizabeth Arden… cet hiver, au rayon fonds de teint compact, l’important, c’est le contenant ! De haut en bas et de gauche à droite : Poudre de beauté Beige n° 01, collection GARETH PUGH FOR M.A.C. Poudre Compacte Velours n° 02, ELIZABETH ARDEN. Fond de teint compact éclat n° 07, BURBERRY. DÉCEMBRE 2011 - JANVIER 2012 | L’OFFICIEL | 149


Photographie Laurence LABORIE Stylisme Sarah NADJAR Maquillage et coiffure Marian FILALI Mannequin Stella VERSINI

irrévérence Mi-aristo mi-rebelle, façon princesse 2.0 insolente d’élégance, on mixe sans vergogne velours nobles et dentelles insouciantes, tulles légers et brocards opulents. L’idée ? S’emparer du passé pour maîtriser le futur.

Top en soie et dentelle KAKI BY NAM EUN YOUNG chez FROU-FROU. Gants en daim YVES SAINT LAURENT. Boucles d’oreille perlées en métal 160 | L’OFFICIEL | DÉCEMBRE 2011 – JANVIER 2012

et bronze IMAI chez JAEMINE.


DÉCEMBRE 2011 – JANVIER 2012 | L’OFFICIEL | 161


Photographie Alexey YURENEV Stylisme Virginia STEVENSON Direction artistique Bradley TAYLOR WILSON Maquillage Wendy KRACHER et Yuko MIZUNO Coiffure Cecilia Romero @ Amy Kirkman Mannequin Annabelle.

urban princess Allure altière, tantôt en imprimés fauves, tantôt en manteaux aux lainages précieux et accessoires oversized, pour conquérir grandes villes et nouvelle année. Un mix magistral qui trône en belle place dans les capitales mode.

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Col roulé en coton et robe en mousseline BCBG MAX AZRIA. Collier en métal effet cage ANNDRA NEEN NEW YORK.

DÉCEMBRE 2011 - JANVIER 2012 | L’OFFICIEL | 179


Par Sofia BENBRAHIM

fée

La

paillette

Elle est jeune, jolie, bouillonne d’idées et transforme tout ce qu’elle touche en merveilles. Shourouk Rhaiem, la créatrice de la marque de bijoux éponyme, puise son inspiration dans le baroque, le vintage ou ses origines tunisiennes pour imaginer des accessoires à la fois rock et glam’. Un monde de colliers, de manchettes, de pendants d’oreille, de bracelets et de headbands qui n’ont de cesse d’évoluer, où tout n’est que second degré. Rencontre pleine de bonne humeur, au cœur son bureau-atelier parisien.

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Vous êtes tunisienne d’origine, née à Paris. Quel lien entretenez-vous avec la Tunisie ? Je me suis évidemment beaucoup rendue en Tunisie au cours ma jeunesse où je me suis beaucoup imprégnée de l’univers féminin, surtout celui de la broderie. Votre famille a-t-elle un rapport plus ou moins proche avec les métiers de la couture ? Pas du tout, mais je suis originaire de Nabeul, une ville très réputée pour ses vêtements et ses broderies justement. Autrefois en Tunisie, comme au Maroc sans doute, les femmes brodaient elles-mêmes leur robe de mariée, avant de la faire assembler chez le tailleur juif. Ces robes étaient entièrement cousues de sequins, de fils d’argent et de paillettes, les mêmes que l’on fabriquait à Lyon et que l’on pouvait voir sur les vêtements des rois de France. Ma grand-mère m’a présenté une vieille famille de brodeurs, très réputée depuis longtemps à Nabeul pour la perfection de leurs techniques. Vous avez donc expérimenté le travail de l’aiguille… Absolument ! Certains points me donnent toujours du fil à retordre (rires)… Comme la broderie au ruban d’argent. L’aiguille nécessaire pour exécuter ce travail n’existe d’ailleurs même plus ! Vous avez suivi des études de mode à Paris… J’ai fait mes classes de styliste au studio Berçot mais finalement je me sentais mieux dans la technique des broderies. J’étais plus

douée pour la recherche de nouvelles matières, ce qui m’a ouvert les portes des maisons de couture, celles de Chloé en particulier, qui mixe matériaux basiques comme le plastique et éléments plus nobles tels que les perles de bois et les strass. Je n’aurais jamais osé le faire auparavant. Cela a été une révélation. Pourquoi avez-vous choisi de faire des bijoux plutôt que de la mode ? Vous savez, en mode, les broderies réalisées pour les collections des shows sont tellement onéreuses qu’elles sont souvent reprises sur les accessoires en plus petit format. C’était le cas lorsque je travaillais chez Galliano. Quand j’ai voulu lancer ma propre marque, je vous avoue que j’ai d’abord pensé à créer une ligne de vêtements. Mais on n’imagine pas à quel point c’est compliqué. En même temps, tout ce que je créais fonctionnait très bien sur de l’accessoire. Je me suis donc naturellement tournée vers les bijoux, bien que l’idée du prêt-à-porter continue encore à me trotter dans la tête. (rires) Vos créations sont identifiables au premier coup d’œil. Elles sont drôles et justement très originales de par leurs mix de matières et leurs attaches en strass ou en cordons fluo. Le succès a-t-il été rapide ? Mes créations ont plu tout de suite. Après Chloé, Galliano, Cavalli, j’avais fait le tour des stages et petits jobs. Je suis alors allée voir ma prof du studio Berçot en qui j’avais totalement confiance pour prendre conseil. Elle m’a poussée vers l’entreprenariat. En même temps, Pierre mon partenaire actuel pour qui je faisais déjà des petits jobs lorsque j’étais étudiante, voulait se lancer dans un nouveau business. Il a accepté de me financer et nous avons plongé tête la première dans l’aventure. Le succès a été fulgurant et pourtant, je peux vous assurer que j’ai d’abord fait cela dans l’espoir de me faire repérer par une grande maison et décrocher un job sérieux par la suite. Par conséquent, je n’ai pas regardé à la dépense pour développer ces produits. Cette profusion de sequins et de strass a plu… D’ailleurs, nous nous attendions à attirer des boutiques de quartier et la première acheteuse qui s’est intéressée à moi venait du Bon Marché ! Ensuite, nous avons reçu des commandes de Dubaï, Hong Kong… Quel est le profil de votre clientèle ? Très international. Je vends chez Henry Bendel à New York, à Londres, au Sénégal, en Arabie saoudite, à Dubaï, au Maroc, en Asie et même au Kazakhstan. Rendez-vous compte, je suis célèbre à Honk Kong ! C’est amusant non ? Envisagez-vous à monter votre propre boutique ? J’y pense sérieusement, mais davantage sous forme de concept store avec un salon de thé et une sélection de créateurs. C’est mon côté arabe qui s’exprime ! (rires) Quel type de créateurs aimeriez-vous mettre en avant ? Je fonctionne au coup de foudre. Il s’agirait donc de dénicher de nouveaux créateurs, mais aussi glaner des objets au gré de mes

À PROPOS DE… SON PARCOURS

“Mixer matériaux basiques comme le plastique et éléments plus nobles tels que les perles de bois et les strass a été une révélation lors de mon passage chez Chloé. Je n’aurais jamais osé faire cela auparavant.”

U

n dimanche soir de fashion-week parisienne, entre un sales meeting avec des Honk-Kongais et une soirée ultrabranchée, Shourouk insiste pour me recevoir dans son bureau-atelier, près de Beaubourg. Dans l’appartement, les livres s’accumulent, photos et souvenirs s’entassent et les boîtes de strass et de sequins ont envahi les tables. Un joyeux bric-à-brac dans lequel la jeune créatrice semble parfaitement se repérer, exhibant tour à tour des modèles de broderies, des montagnes de bracelets indiens en verre, des tuniques anciennes glanées au cours d’un voyage dans son pays d’origine, la Tunisie, dont elle s’inspire fortement pour exprimer son côté néo-Cendrillon. Elle me reçoit d’ailleurs dernières open-toes Miu Miu aux pieds, glitter à souhait. Définir le style de la jeune femme c’est la voir comme un joyeux mix de générosité et d’audace, car porter du Shourouk c’est assumer sa féminité avec éclat. Après des premiers pas discrets au Maroc, les créations de la jeune femme connaissent aujourd’hui un succès fou qui ne se démentira certainement pas lorsqu’elles seront présentes aux Galeries Lafayette de Casablanca. Créatrice de bijoux, blogueuse, dénicheuse d’objets insolites, Shourouk est tout cela en même temps. La vivacité d’esprit en prime.

DÉCEMBRE 2011 – JANVIER 2012 | L’OFFICIEL | 193


Par Éléonore BÉNIT.

vue femmes en

Jeunes, belles, stylées, souvent bien nées et surtout hyperconnectées, elles trustent les dîners mondains, les soirées les plus prisées et les pages people des magazines. À la fois auteures et prisonnières de leur statut, les it-girls fascinent, intriguent, suscitant au passage jalousie et commérages. Au Maroc, qui sont ces femmes dont on parle, ces bnat ennass qui font se délier les langues ? Enquête avant portraits.

208 | L’OFFICIEL | DÉCEMBRE 2011 - JANVIER 2012


la gossip girl AÏCHA HADDIOUI chef d’entreprise Figure incontournable de la jeunesse dorée casablancaise, Aïcha Haddioui est peut-être la plus gossip de toutes nos socialites, et pour cause. Instigatrice du salon de thé Gossip (ça ne s’invente pas !), cette jeune femme aux talons toujours très hauts – elle a longtemps tenu une boutique de souliers- est devenue grâce à son nouveau Q.G. l’oreille attentive des tberguigs croustillants qui circulent le Casablanca branché. “Je suis une fan de la série Gossip Girl. À New York comme ailleurs, la seule question qui vaille en matière de potins est de savoir qui ne se prête pas aux commérages ? D’où le slogan de mon salon de thé : T’es cool, t’es gossip !”. Styliste formée chez Prada puis dans un magazine de mode marocain, Aïcha a un sens affûté de l’image et de la mode. Sa tenue idéale pour une soirée mondaine ? “Une petite robe noire et de beaux accessoires”, rien d’autre, “parce qu’il n’y a rien de plus séduisant que la simplicité.” Constitué au fil des rencontres, son réseau est surtout constitué d’amis fidèles et d’une règle d'or : “être bien entourée et rester agréable et sympathique en toute circonstance.” Mais ne nous y trompons pas, que la jalousie pointe son nez et Aïcha dégaine alors son arme fatale : le silence ! “Le tberguig est au Maroc un phénomène culturel, il faut apprendre à vivre avec. Comme me l’a toujours répété ma mère : “que ce soit en bien ou en mal, on ne parle jamais que des personnes qui suscitent l’intérêt.”

l’ icône fashion AMINA ALLAM conseillère en image Votre tenue idéale pour sortir en société ? “Aujourd’hui, les dress-codes stricts sont de plus en plus rares et heureusement. Un jean, une petite robe, un tailleur… peu importe, l’essentiel étant de savoir mettre sa silhouette en valeur.” Qui trouve-t-on dans votre réseau ? “Avant d'ouvrir mon agence Look by Amina Allam, j'’ai été mannequin pendant près de 10 ans et j’ai donc eu la chance de rencontrer de grands noms tels qu’Elie Saab, Stéphane Rolland ou encore le David Abdallah.” La clé d’un bon réseau ? “Garder le contact ! Un réseau ne sert à rien si on ne l'entretient pas.” La première fois que l’on a parlé de vous ? “Mes premières photos de mode ont paru alors que je n’avais que 16 ans. L’année suivante, un premier article relatait mon départ pour Singapour à l’occasion de la finale d’Elite Model Look pour laquelle je représentais le Maroc.” Quelles sensations éprouve-t-on à être en ligne de mire ? “Je trouve cela drôle, intimidant et émouvant. Lorsqu’une jeune fille me demande un autographe, je suis toujours très touchée.” Que répondez-vous à vos détracteurs ? “Quand on choisit de faire un métier public, on doit forcément accepter que l’on parle de vous. Dans le milieu du mannequinat, les critiques et la jalousie règnent. J’essaye de composer avec tout en évitant que cela ne m’affecte.” 210 | L’OFFICIEL | DÉCEMBRE 2011 - JANVIER 2012


Gillet en cuir frangé MOROC N ROLL chez 33 MAJORELLE. Tunique en soie AMERICAN RETRO chez PARLONS FRINGUES. Collier chaîne en métal, résine et strass LANVIN chez STUDIO 14. Boucles d’oreille perlées en métal doré vintage.

216 | L’OFFICIEL | DÉCEMBRE 2011 - JANVIER 2012


Photographie Chris ROMAN Stylisme Artsi IFRACH Maquillage Lucie ALBY Coiffure Gilles DEGIVRY Mannequin Mia chez FORD AGENCY

héritière Jeune, belle, volontaire et naturellement altière, elle s’invente une filiation en osant les associations qui font fi des conventions. Loin des diktats protocolaires, une fashion attitude décadente et princière, où l’allure se conjugue avec audace et désinvolture.

DÉCEMBRE 2011 - JANVIER 2012 | L’OFFICIEL | 217


ÉCHAPPÉE

ÉVASION

12 Nos

HOT SPOTS DE L’HIVER

PHOTOS DR

Dossier coordonné par Alice d’Orgeval avec Daphné Hézard, Domino Lattès et Christian-Luc Parison.

242 | L’OFFICIEL | DÉCEMBRE 2011 - JANVIER 2012


ÉCHAPPÉE

01 - FLY ME TO LENÇOIS En portugais, lençois signifie “draps”. Au Brésil, c’est un parc national tout de sable vêtu, 150 000 hectares de dunes façonnées par le vent et de lagunes d’eau bleue de tes yeux. Fi du confort, le luxe se teinte d’émeraude, car ici c’est la nature époustouflante qui compte. Un baptême vert qui se mérite à coups de quad, 4x4 ou semelles de marche pour pénétrer dans des villages de pêcheurs perdus dans la mangrove où de simples pousadas accueillent des nuits bien méritées. D. L. Y ALLER ? Avec Exclusif Voyages, à partir de 63 151 DH par personne, incluant les vols A/R vers São Paulo sur Air France, vols domestiques, transferts privés, 1 nuit de transit à São Luis, 4 nuits à la Pousada Agua Douce, pension complète, excursions avec guide privé dans le parc. Tél. 00 33 1 42 96 00 76 et www.exclusifvoyages.com. DÉCEMBRE 2011 - JANVIER 2012 | L’OFFICIEL | 243


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