CONFERENCES Aux sources de la violence. De l’enfance à l’adolescence, 8, 9 & 10 Octobre 2009, Paris. FFPP
ACTUALITE DE TOTEM ET TABOU LES NOUVELLES FORMES DE LA PSYCHOPATHIE Jean-Jacques Rassial [jjrassial@gmail.com] Professeur des Universités, psychanalyste, membre d’Espace Analytique Directeur du laboratoire de psychanalyse et psychopathologie clinique, Université de Provence Aix-Marseille La seconde topique, la théorie de la pulsion de mort et la reprise que Freud en fait dans « Malaise dans la Culture », permettent de relire « Totem et Tabou » en actualisant la question de la violence meurtrière des frères et de leur alliance socialisante. Ainsi, nul besoin d’un Père tout-puissant dans la horde, pour que la haine des frères vise sa mort. Depuis 1915, Freud a émis l’hypothèse du caractère primaire de la pulsion sadique, ce qui fait de la violence un phénomène originaire et non réactionnel et secondaire. Cette nouvelle conception du meurtre du père, originaire du lien social, rencontre l’actualité des nouvelles formes de violence et de psychopathie En effet, ne constatons-nous pas que le premier pas de l’agression (pulsionnelle si l’on suit Freud après 1915) se répète sans laisser se constituer un second temps d’alliance autour d’un totem ; ainsi du phénomène de formation de groupes violents (groupes-fusion aurait dit Sartre) sans que ces groupes n’accomplissent la fonction d’une initiation et d’une socialisation, fut-elle marginale ou parallèle, et ces nouvelles formes délinquantes ou criminelles collectives, du temps de la mondialisation. L’anthropologie freudienne se fonde sur l’idée d’une continuité entre le surmoi œdipien et le surmoi culturel (ou collectif). Déjà l’hypothèse de Mélanie Klein dessinait un surmoi plus archaïque aux origines, dire Lacan, des lois de la parole, surmoi féroce, « fréroce », qui ne laisse aucune place à un tiers. L’histoire nous a appris que ce surmoi collectif ne promettait que des idéaux de néant, le martyr en étant la figure à l’envers du héros, et que ses lois ne sont pas simple universalisation des lois œdipiennes. La violence psychopathique d’aujourd’hui, qu’elle soit phénomène individuel ou collectif, montre ce clivage moderne des surmois, cet échange de la ritualisation du meurtre fondateur, cette impossibilité de créer du père sur la trace d’un meurtre originaire. Quand les parents sont disqualifiés, non plus logiquement au moment adolescent, mais dès l’enfance, le passage aux exigences du lien social et de la fonction sexuelle, confronte le sujet à la vanité des promesses que peut lui proposer la société, à l’inutilité des détours et des temporisations pour un projet de vie. Il n’a pour alternative, souvent, qu’un conformisme soumis qui mène parfois à la dépression, ou à une révolte brutale et folle. Une autre issue suppose que nos sociétés acceptent que la violence qui les a toutes fondées puisse aussi être appropriée par les jeunes, sur un mode ou un autre. • • • • •
Haie, B. & Rassial, J.J. (2008). Sinthome et fantasme à l’adolescence. Adolescence, 26. Rassial, J.J. (1996). Le Passage adolescent. Toulouse : Erès. Rassial, J.J. (1999). Le Sujet en état limite. Paris: Denoël. Rassial, J.J. & Benhaïm, M. (accepté). No Future, temps grammaticaux et temps subjectif. Cliniques Méditerranéennes. Rassial, J.J., Benhaïm, M., Hamad, J. & Jacobi, B. (2007). Temps, structure et genèse. Evolution psychiatrique, 72, n°3.
www.psychoprat.fr
rubrique formation continue