CONFERENCES Aux sources de la violence. De l’enfance à l’adolescence, 8, 9 & 10 Octobre 2009, Paris. FFPP
APPROCHE MULTIDIMENSIONNELLE DE LA VIOLENCE DES JEUNES ET DE SA PREVENTION Daniel Favre [favre@univ-montp2.fr] LIRDEF-EA 3749-CC77, Composante Didactique et Socialisation, Université Montpellier 2
Laurent Bègue [laurent.begue@upmf-grenoble.fr] IUF et laboratoire inter-universitaire de psychologie « Personnalité, Cognition, Changement social » Université Pierre Mendes France, Grenoble A partir de recherches sur des adolescents perçus comme « violents » ou « non violents » par leur enseignant, Favre & Joly (2003) montrent que l’agressivité est corrélée avec l’anxiété-dépression mais aussi avec un mode de traitement « dogmatique » des informations. Le test de Favre & Joly (2001) permet en effet de comprendre que « les violents » ont, plus que les autres, recours à l’implicite et aux généralisations abusives. Leur contenu de pensée est davantage figé : tout a valeur de certitudes… Ces résultats éclairent les corrélations entre violence et échec scolaire : les adolescents dogmatiques dépendent de la stabilité de leur contenu de pensée et ont tendance à fuir les situations d’apprentissage. Ainsi, la violence serait un moyen de « se sentir fort » quand autrui émet des signaux de faiblesse. Les comportements violents peuvent diminuer si les enseignants permettent aux jeunes de développer leur « langage intérieur » et une « pensée non dogmatique » (Favre, 2007). La rigidité cognitive peut aussi être induite par la consommation de substances psychoactives. Certains profils d’adolescents sont ainsi enclins à rechercher l’ivresse alcoolique (Bègue & Roché, 2009). Par son incidence sur le fonctionnement cognitif exécutif, l’alcool altère les capacités de traitement de l’information. Les informations périphériques, perceptivement éloignées ou complexes peuvent subir des distorsions ou être ignorées tandis que les informations les plus saillantes de la situation immédiate influencent le comportement et les émotions (Bègue & Subra, 2008). L’interprétation de la situation est appauvrie et un poids excessif est accordé aux informations centrales : c’est la myopie alcoolique. En outre, la simple présentation subliminale de stimuli alcooliques (par rapport à des stimuli non-alcooliques) suffit à augmenter l’accessibilité de cognitions agressives (Bègue & al., 2009). La voie pharmacologique n’est pas la seule impliquée dans les effets de l’alcool sur l’agression. Les démarches de prévention des violences ébrieuses peuvent donc s’appuyer sur la délégitimation de la fonction de circonstance atténuante de l’alcool pour compléter la régulation de l’accès au produit. • • • •
Bègue, L., Subra, B., Arvers, P., Muller, D., Bricout, V. & Zorman, M. (2009). The Message, not the Bottle: Extrapharmacological Effects of Alcohol on Aggression. Journal of Experimental Social Psychology, 45, 137-142. Bègue, L. & Roché, S. (2009). Multidimensional Social Control Variables as Predictors of Drunkenness among French Adolescents. Journal of Adolescence, 32, 171-191. Bègue, L. & Subra, B. (2008). Alcohol and Aggression: Perspectives on Controlled and Uncontrolled Social Information Processing. Social and Personality Psychology Compass, 2, 511-538. Favre, D. (2007). Transformer la violence des élèves. Paris : Dunod.