CONFERENCES Aux sources de la violence. De l’enfance à l’adolescence, 8, 9 & 10 Octobre 2009, Paris. FFPP
DES LIAISONS DANGEREUSES Didier Lauru [lauru.didier@wanadoo.fr] Psychiatre, psychanalyste, directeur du CMPP Etienne Marcel La constitution de l'homme est violente et la civilisation, quel que soit l'état de son malaise, tente de canaliser la pulsionnalité des adolescents et leurs agirs, proches parfois de véritables courts-circuits de la pensée. La violence en parole ou la violence en acte s'expriment désormais dans tous les registres de nos sociétés : la famille, le collège, le lycée, la rue, les cités. La violence des adolescents est souvent stigmatisée, mise en avant aussi bien par les professionnels que dans les médias. L’acte adolescent est-il transgressif par nature ? Le malaise adolescent dans la culture et dans la subjectivité de chaque sujet est à reprendre à la lumière de la clinique. L’aspiration de la subjectivité adolescente à l’acte transgressif est patente, comme tentative parfois vaine de se sentir exister. Si la notion de psychopathie est souvent déclinée au masculin, la notion de transgression se rencontre dans les deux sexes, renvoyant à un passer-outre, un franchissement, un interdit, une règle ou à une loi. En ce sens qui renoue avec l’étymologie, il est possible de poser d’emblée un postulat : l’adolescent est un psychopathe par essence, qui ignore souvent même jusqu’à l’acte de transgression qu’il produit et qui le mène sur la voie de son devenir sujet, qui borde son rapport au symbolique. L’adolescent est alors dans une déliaison pulsionnelle qui l’amène parfois à une déliaison sociale dangereuse. Le franchissement de l’interdit posé par ses parents fournit à l’adolescent un terrain idéal pour déployer son appétence à en passer par l’acte. Les adolescents « malades de leur narcissisme » ont du mal à « accrocher » un transfert qui puisse précisément, et surtout dans la durée, combler les failles narcissiques qu’ils viennent tenter de colmater ou de réparer dans le transfert. J’illustrerai cette assertion par une vignette clinique. • • • • •
Lauru, D. (1998). Violente adolescence (dir. Lesourd, S.). Ramonville Saint-Agne : Erès. Lauru, D. (2001). Comment penser la violence au collège ? Dossier Violence dans les collèges, Le Journal des Psychologues, n°190, 23-26. Lauru, D. (2004). La folie adolescente. Psychanalyse d’un âge en crises. Paris : Denoël. Lauru, D. (2004). Figures du père à l'adolescence. Ramonville Saint-Agne : Erès. Lauru, D. (2004). L’adolescent et la rue. L’évolution psychiatrique, 69, 409-415.
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