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Addiction
Sexe, drogue et jeux vidéo V
oici le nouveau chapitre de notre série dédiée aux déviances du jeu vidéo. Chers lecteurs, il ne vous a pas échappé qu'en plus de vous rendre violents, associables et épileptiques, votre console a fait de vous des drogués : des cyber-addicts ! Un terme qui a le don de hérisser les poils des quelques psys spécialisés… mais qui dissimule des intérêts financiers très concrets. Zoom sur une étude récemment lancée, qui devrait tordre le cou à cet énième serpent de mer vidéoludique.
Palmare Playstation Hidradenitis. Soit en langue vivante : inflammation de la peau des mains par une Playstation. C’est la dernière pathologie en date provoquée par ce loisir satanique. Une fillette suisse de douze ans a contracté ce mal en pratiquant à l’excès sa console de salon. Selon les docteurs des Hôpitaux universitaires de Genève, ses mains présentaient des « nodules rouges et douloureux » provoqués par des heures passées devant son écran, parfois en cachette. Au final, plus de peur que de mal. La geekette devra simplement passer une dizaine de jours loin de
Campagne du gouvernement britannique : game4life. « Risquez une mort prématurée, ne faites rien. » Cette campagne est supposée encourager un mode de vie actif, donc plus sain.
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tout jeu vidéo. Les gamers de toute la planète, en revanche, n’ont pas fini d’entendre parler de ce genre d’histoires. Souvenez-vous de Shawn Wolley, un jeune Américain retrouvé suicidé en 2001 devant Everquest, ou encore de ces Coréens morts d’épuisement après avoir joué 49 heures non-stop. La petite suissesse, à côté, c’est « Heidi au pays des pixels » ! C’est typiquement ce genre d’histoires, aussi exceptionnelles que médiatisées, qui contribue à forger les idées reçues. Ajoutez à cela le succès des MMORPG qui se vantent de proposer des « mondes parallèles », et vous aurez de quoi effaroucher les mères de familles de toute la planète. Sister Morphine En mars, sept députés UMP ont déposé un amendement au projet de loi sur la réforme de l’hôpital. Ils souhaitaient faire apparaître « un message de caractère sanitaire lorsqu’un jeu vidéo présente un risque de santé publique en raison de son caractère potentiellement addictif ». En clair, il s’agirait d’un message du genre « ce jeu nécessite du temps » sur les boîtes… Si ça peut les rassurer ! Les promoteurs dudit amendement reconnaissant dans la foulée que ce dernier n’a aucune chance d’être adopté, puisqu’il est impossible de définir ce qui n’est pas par essence un jeu « addictogène ». Cyber-addiction : voilà le terme choc ! Par sa seule efficacité, ce néologisme a assuré son avenir médiatique auprès du grand public. Ce terme issu
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Aucune étude n'a été réalisée sur l'addiction dans l'hexagone. Aux États-Unis et au Canada, « on » estime que le nombre de joueurs présentant une addiction varie entre 1 et 3 %... sans savoir exactement ce que l'on met derrière ce terme.
de l’anglais (drug-addict) évoque directement la toxicomanie. Il invente à lui seul un détonnant mélange de drogue et de technologie. Peu importe que personne ne soit capable de se mettre d’accord sur une définition d’« addiction » et sur ce qu’il englobe. De façon générale, ce terme évoque une dépendance envers un produit ou un objet, ainsi qu’un comportement qu’on ne peut arrêter. C’est vague ! Et c’est justement cette ambiguïté qui laisse de l’espace aux fantasmes des parents inquiets. Addiction au travail, au jogging, à la télévision… voire à la violence pour les femmes battues ! Ce mot-valise a été décliné à toutes les sauces, pour dire tout et n’importe quoi.
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Mauvaise came Qu’en pensent les psys ? Drogue, alcool, jeux d’argent… Certaines dépendances sont reconnues. Se pourrait-il que les gamers accros entrent dans cette catégorie ? Comme souvent, c’est aux psychologues familiarisés avec le numérique (et souvent joueurs eux-mêmes) qu’il faut s’adresser pour éviter de sombrer dans les stéréotypes. Pour Yann Leroux, psychologue et membre de l’OMNSH*, l’addiction aux jeux vidéo n’existe pas jusqu’à preuve du contraire. « Cela fait 15 ans qu’on en parle, explique-t-il, et il n’y a toujours aucune validation scientifique quant à l’usage de ce terme ». Il rappelle également qu’il n’y a aucun besoin d’inventer une nouvelle « mala-
die » quand les cas avérés de joueurs excessifs répondent à des problématiques déjà connues. Ainsi, ces derniers peuvent adopter un comportement obsessionnel (les joueurs compulsifs), dépressif (ils jouent pour s’évader de la réalité), narcissique (ils jouent pour se valoriser) ou encore psychotique (ils jouent pour se sentir vivre). Tout cela est déjà connu par les professionnels. « Quand le sage montre la Lune, l’imbécile regarde le doigt ! » résume Yann Leroux. En d’autres termes, on invente une histoire d’addiction alors que le jeu excessif n’est que le symptôme d’un mal-être plus profond. Celui-ci s’exprime à travers le jeu vidéo, mais il aurait emprunté d’autres instruments si les consoles n’existaient pas !
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