LA VIOLENCE DANS LA VIE DE L’ENFANT MALADE

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CONFERENCES Aux sources de la violence. De l’enfance à l’adolescence, 8, 9 & 10 Octobre 2009, Paris. FFPP

LA VIOLENCE DANS LA VIE DE L’ENFANT MALADE Olivier Goulet [olivier.goulet@nck.aphp.fr] Service de gastroentérologie et nutrition pédiatriques, Hôpital Necker Enfants Malades, Paris

Danièle Brun [dbrun@noos.fr] Psychanalyste, Professeur Emérite, Université Paris Diderot La maladie peut être considérée comme une blessure narcissique, pour l’enfant et sa famille, associée à un handicap physique et social plus ou moins important. Le diagnostic de maladie chronique sous tend les notions de non-guérison et donc de durée et d’imprévisibilité. Elle est souvent à l’origine d’une instabilité, de frustrations et surtout d’une « dépendance » (traitements médicamenteux, alimentation contrôlée voire artificielle, surveillance médicale rapprochée…) source de désagréments voire de conflits dans la vie quotidienne. Le risque vital, à l’origine d’une vive angoisse pour les parents, peut être également perçu par l’enfant. Le monde des enfants et des adolescents est de plus en plus normatif et/ou formaté nourri du culte de la performance et de l’obsession du parcours scolaire, souvent élitiste. Celui-ci doit permettre l’accès aux études supérieures ou à une formation professionnelle et donc à un « Avenir ». L’enfant malade et ses parents peuvent ressentir une injustice face à cet avenir incertain. Il est bien difficile voire impossible de vivre une enfance encombrée par la maladie sans connaître ni traverser la violence. On en retiendra ici deux principaux aspects : 1. Enfant victime/enfant vengeur. En médecine de l’enfant, le souci d’humanisation accompagne les progrès thérapeutiques et techniques. Aussi les effets de la violence imputables à la maladie sont-ils aujourd’hui bien répertoriés, et l’on s’attend à les voir surgir à certains moments du parcours. En revanche, la violence potentielle de l’enfant malade surprend et crée la déroute dans son entourage familial et soignant. Où veut-il en venir quand il se rebelle contre le monde médical et contre les traitements prescrits ? Enfant victime, enfant vengeur : telles sont les deux faces des effets de la violence dans le contexte de la maladie. 2. Enfant Objet/enfant Sujet. La dépendance et les contraintes que crée la maladie, surtout si elle est grave et si elle se chronicise, donnent à l’enfant, pour longtemps, un statut d’objet : un objet de soins, d’attention, d’hyperprotection, de jalousie de la part des frères et sœurs qui se sentent abandonnés ou désinvestis à son profit. Serait-ce par la transformation de la violence subie en violence agie que les enfants malades parviennent dans le temps à se percevoir comme « sujets » de leur maladie ? Deviendraient-ils ainsi responsables plutôt que coupables ou vengeurs vis-à-vis de leurs parents? Quelques exemples viendront appuyer ce questionnement et illustrer la pertinence d’une collaboration entre pédiatres et psychanalystes aux différentes étapes d’une maladie que la seule référence à la violence ne permet pas d’inscrire dans une histoire de vie. • • • • •

Brun, D. (2001). L’enfant donné pour mort. Paris : EsHel. Brun, D. (2007). Les enfants perturbateurs. Paris : Odile Jacob. Goulet, O. & Vidailhet, M. (2009). Alimentation de l’enfant en situations normale et pathologique. Paris : Lavoisier. Goulet, O. (2007). Intestinal failure and intestinal transplantation. Malden - USA: Blackwell Publ. Goulet, O. (2008). Pediatric Gastroenterology and Nutrition. Hamilton - Canada: B.C.Decker Publ.


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