CONFERENCES Aux sources de la violence. De l’enfance à l’adolescence, 8, 9 & 10 Octobre 2009, Paris. FFPP
VIOLENCE DE L’ORIGINE, ORIGINES DE LA VIOLENCE François Marty [francois.marty@parisdescartes.fr] Psychologue, psychanalyste, Professeur de psychologie clinique Directeur du Laboratoire de Psychologie Clinique et de Psychopathologie (EA4056) Directeur de l'Institut de Psychologie, Université Paris Descartes Président du Collège International de L'Adolescence Qu’elle soit agie ou qu’elle demeure à l’état latent, qu’elle soit retournée contre soi ou projetée sur un autre, la violence est indissociablement liée à la vie. Elle se définit comme un excès (de force), voire un abus, mais elle peut également être comprise comme une défense (narcissique) face à une menace (réelle ou virtuelle) émanant d’un autre que soi. Dans ce cas, elle traduit l’impuissance du sujet à élaborer cette force interne qui agit en lui à la manière d’un traumatisme psychique. C’est l’étude de la complexité, des différentes modalités d’expression et de la variété des registres dans lesquels se décline et se condense la violence qui sera l’objet même de ce colloque. Si la violence est à l’origine de la vie (naître est un acte violent), l’origine de la violence de l’homme est à chercher dans ses expériences primitives de relation avec l’environnement et dans celles qu’il entretient avec sa vie pulsionnelle. Il existe différents registres de violences liées à la capacité du sujet à utiliser l’objet, de la forme la plus narcissique (psychotique) à une utilisation de l’objet permettant un travail de représentation, en passant par des formes de violence érotisée qui appartiennent au registre pervers. En quête de sens dans l’enfance, la violence cherche des signifiants d’ancrage à l’adolescence pour faire face à la nouveauté de l’expérience pubertaire. C’est pourquoi la violence n’a pas de signification univoque et, de ce fait, doit être traitée en fonction des situations et des configurations psychopathologiques où elle s’exprime. La violence constitue à bien des égards une énergie qui a besoin d’être orientée. Destructrice lorsqu’elle est non liée, lorsqu’elle échoue à être tamisée et interprétée par la fonction maternelle, la violence peut se mettre au service de la culture lorsqu’elle rencontre un objet auquel se lier, lorsqu’elle est tempérée par les fonctions pacificatrices de la latence, lorsqu’elle est secondarisée. La violence n’est donc pas intraitable, dès lors qu’une perspective de sens apparaît, notamment grâce au travail thérapeutique qui vise à lui donner les moyens de sa symbolisation, à l’intégrer à une expérience humaine. • • • • •
Aulagnier, P. (1973). La violence de l’interprétation. Paris : PUF. Balier, C. (1996). Psychanalyse des comportements sexuels violents. Paris : PUF. Bergeret, J. (1984). La violence fondamentale. Paris : Dunod. Freud, S. (1920). Au-delà du principe de plaisir. In Essais de psychanalyse. Paris : Payot (rééd.1951). Freud, S. (1933). Pourquoi la guerre ? In Résultats, idées, problèmes. Paris : PUF (rééd.1985).