CONFERENCES Aux sources de la violence. De l’enfance à l’adolescence, 8, 9 & 10 Octobre 2009, Paris. FFPP
PERCEPTIONS ET REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA VIOLENCE ET DE L’ENFANT VIOLENT Sylvain Delouvée, Emmanuelle Bonjour, Catherine Greffeuille, Estelle Michinov et Géraldine Rouxel [sylvaindelouvee@gmail.com] Centre de recherches en psychologie, Cognition et Communication (CRPCC-EA1285), Université Rennes 2 Cette enquête a pour principal objectif d’évaluer les représentations et perceptions de la violence. Cette notion, au centre de l’actualité médiatique, politique et sociologique, reste sujette à controverse quant à ce qu’elle suppose, et à ce qui la définit : existe t-il « une » représentation de la violence ? Comment perçoit-on des actes violents ? L’étude est conçue selon deux axes, et donc, deux méthodologies différentes : - Etude des représentations sociales de la violence et de l’enfant violent ; - Etude des perceptions différenciées de divers types d’actes violents. Partant de l’idée qu’il n’existe pas une seule représentation de la violence, nous avons, pour le premier axe d’étude, pris en considération différents facteurs démographiques, susceptibles de faire varier ces représentations (l’âge, le sexe, le statut social et le lieu de vie). Pour accéder à ces représentations, nous utilisons une technique d’association libre, l’analyse des évocations étant réalisée selon un critère de fréquence et un critère de rang (Vergès, 1992), avec deux amorces : « violence » et « enfant violent ». Cependant, la violence peut être considérée comme un objet de représentation « sensible », pour lequel il peut être difficile d’exprimer certaines idées contraires aux valeurs ou aux normes d’un groupe (Guimelli & Deschamps, 2000). Pour pallier à ce problème, nous avons eu recours à une technique de substitution pour la moitié des participants. La consigne de « substitution », en désimpliquant les sujets, leur permet d’exprimer des cognitions ou des croyances qui font partie du champ de représentation, mais qui sont contre-normatives. L’ensemble des participants répond aussi à l’Echelle Française des Représentations de l’Agression Expressive - EFAE-20 - (Paty, 2004) inspirée du questionnaire EXPAGG utilisé dans des travaux britanniques sur les représentations sociales de la violence (Campbell, Muncer & Coyle, 1992), puis choisir, parmi 10 propositions, 3 qui justifient le mieux un comportement violent et 3 qui l’expliquent le moins. L’addition de ces différentes tâches permet une comparaison entre des productions libres (tâche d’association libre) et des jugements évaluatifs (EFAE) pour approcher au plus près les représentations sociales de la violence. Le second axe d’étude concerne les perceptions de différents actes violents. Nous avons ainsi élaboré plusieurs scénarios, en manipulant le type de violence (classification de Harrati, Vavassori & Villerbu, 2006), sa légitimité, le sexe de son auteur et l’âge de la victime. Dans tous les cas, les conséquences émotionnelles et/ou physiques pour la victime sont négatives. Chaque participant est invité à prendre connaissance de tous les scénarios et à en évaluer le niveau de « normalité », de gravité et de violence. Les analyses de l’ensemble de ces données sont en cours de traitement. • • • • •
Campbell, A., Muncer, S. & Coyle, E. (1992). Social representation of aggression as an explanation of gender differences: A preliminary study. Aggressive Behavior, 18, 95–108. Guimelli, C. & Deschamps, J.C. (2000). Effet de contexte dans la production d’associations verbales. Le cas des représentations sociales des gitans. Cahiers Internationaux de Psychologie Sociale, 47-48, 44-54. Harrati, S., Vavassori, D. & Villerbu, L. (2006). Délinquance et violence. Paris : Armand Colin. Paty, B. (2004). La violence à l'école : étude d'une représentation sociale comme facteur de stress des enseignants. [Thèse de Doctorat de Psychologie]. Reims: Université de Reims Champagne-Ardenne. Vergès, P. (1992). L'évocation de l'argent : une méthode pour la définition du noyau central d'une représentation. Bulletin de Psychologie, 45, 203-209.