Connaître le Soi Les enseignements essentiels de Swami Satchidananda Compilés par Philip Mandelkorn
ConnaĂŽtre le Soi
ISBN 978-0-932040-61-9
Traduit de l’anglais : To Know Your Self – The Essential Teachings of Swami Satchidananda Compilés par Philip Mandelkorn ©1978 Satchidananda Ashram - Yogaville Publié par Integral Yoga® Publications 108 Yogaville Way Buckingham, VA 23921 USA
Traduction française Copyright © 2012 Satchidananda Ashram– Yogaville® Inc. Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés, réservés pour tous pays. Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, des pages publiées dans le présent ouvrage, faite sans l’autorisation de l’éditeur, est illicite et constitue une contrefaçon. Seules sont autorisées, d’une part, les reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, les courtes citations justifiées par le caractère spirituel ou d’information de l’œuvre dans laquelle elles sont incorporées www.integralyoga.org
Connaître le Soi Les enseignements essentiels de Swami Satchidananda
Compilés par Philip Mandelkorn Préface de Swami Asokananda Integral Yoga® Publications Satchidananda Ashram–Yogaville® Buckingham, Virginia
Préface Quand vous vous connaissez, connaissez votre propre Soi, vous connaissez tout, et vous comprenez tous. Il n’est pas facile de connaître le Soi. Il faut de l’effort et de la persévérance. Mais cet effort même peut être joyeux, et quand vous réaliserez cela, vous jouirez de votre vraie nature, qui est toujours paisible et heureuse. Je souhaite que les enseignements de ce livre vous montrent comment connaître votre vrai Soi et vous aident en chemin. La paix de l’esprit et le bonheur sont vos droits de naissance. Pourquoi ne nous élevons-nous pas et jouissons tous de cela? Le Yoga nous montre comment nous pouvons être en contrôle de notre vie. C’est pour tout le monde. Ce n’est pas une autre religion, mais peut nous aider à trouver la clé de notre propre religion. Je prie humblement que vous utilisiez ces simples clés pour vous libérer de tout malheur. L’Est et l’Ouest se rencontrent. Je crois vraiment qu’un jour nouveau se lève. Nous pouvons créer un paradis, ici sur terre. Mais nous ne pouvons sauver le monde que si nous nous sauvons d’abord, si nous nous remodelons et nous purifions. Commençons dès maintenant. Les enseignements de ce livre sont destinés à aider chaque lecteur (lectrice) à s’affiner. Nous sommes tous le bonheur en personne, de belles et nobles âmes, chacune avec une mission de service unique. Découvrons qui nous sommes en essence et vivons-le dans la joie. Je suis reconnaissant envers les grands sages et saints de toutes les traditions religieuses de la sagesse qu’ils nous ont transmis. Et je remercie sincèrement ceux qui ont aidé à publier ce livre, afin que d’autres puissent bénéficier de cette sagesse éternelle. Le Yoga est vraiment le même vieux vin, mais nous avons changé les bouteilles pour ce nouvel age. Ce sont les anciens enseignements, dans un nouvel emballage. Qu’ils vous inspirent à vivre toujours dans la paix et la joie. Swami Satchidananda Pomfret Center, Connecticut, U.S.A. 10 Novembre, 1977
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Introduction Yogiraj Sri Swami Satchidananda est un guide spirituel qui a de nombreux disciples, étudiants, et amis autour du globe. Ses milliers de disciples sont de toutes fois, religions, et races, et le traite comme leur maître et guide spirituel. « Le vrai maître est l’enseignement », dit Sri Gurudev, le nom affectueux que de nombreux disciples et amis lui donnent. « Le SatChid-Ananda existe dans chaque être humain ». Il enseigne que ce Sat-Chid-Ananda, ou Existence-Connaissance-Sérénité Absolu, est la nature essentielle de chaque individu. Un maître de Yoga aimé mondialement, Gurudev guide gentiment ses nombreux disciples à réaliser leur nature paisible et toujours joyeuse. En 1949, quand Swami Sivananda, le maître de Gurudev, initia son disciple à une vie dévouée au service de l’humanité, ce grand sage de l’Himalaya lui donna le nom de Satchidananda, celui qui est le bonheur de l’existence et de la Connaissance Absolues. Mais son chemin spirituel commença bien avant, dès son enfance. Né dans une pieuse famille indienne de riches propriétaires, Gurudev fut élevé dans une atmosphère de dévotion. Ses parents hébergeaient souvent des chercheurs spirituels et des moines itinérants, ou sadhus, et il devint leur familier. Jeune homme, il entra dans le monde des affaires, opéra des ateliers, supervisa des usines, et devint un homme d’affaires accompli dans la production d’automobiles et de films. « Il semblait que je touchais à tout, se souvient-il, mais lentement une chose après l’autre semblait me pousser vers une vie dédiée à l’humanité et à la poursuite de la paix et du Dieu en moi. » Quand sa femme mourut soudainement, Gurudev cessa de résister à l’appel de la vie spirituelle. Ce fut le début de nombreuses années de pratiques spirituelles obstinées. « Je demeurais avec de nombreux grands sadhus », Gurudev se souvient. Le premier fut Sri Sadhu Swamigal au saint Temple Palani dans le sud de l’Inde. Ce swami était plus ou moins notre gourou familial, celui qui avait initié ma mère avant ma naissance. Puis je m’établis à la Mission de Ramakrishna, puis à l’Ashram Aurobindo, et vii
l’Ashram de Ramana Maharshi. Je vins finalement à Rishikesh, où Maître Sivananda vivait. Et ce fut la fin de mes voyages, de mes visites dans des ashrams, parce que je trouvais en Swami Sivananda ce que j’avais cherché partout. Ses enseignements étaient simples, ouverts, et sa vision très moderne, adaptés à tous. Il prêchait et pratiquait un Yoga intégral, œcuménique. Il respectait toutes les religions et enseignait l’unité dans la diversité. Quand j’arrivai à l’ashram, ce fut presque comme s’il m’attendait. Il me dit : “Tu est venu au bon endroit. Tes ennuis sont terminés. Arrête d’errer. Reste ici.” Quelques mois plus tard, je devins un moine. » Sous la tutelle de Maître Sivananda et par la persévérance de ses pratiques spirituelles, Gurudev réalisa sa véritable nature et atteint le stade de sahaja samadhi, devenant totalement absorbé en Superconscience, nuit et jour, dans toutes ses activités. Son identité fermement établie en samadhi et sa vie dédiée au service de tous, Gurudev fut bientôt appelé à servir des groupes de plus en plus nombreux autour du monde. Il voyagea d’abord à Sri Lanka (Ceylan) où il servit pendant quatorze ans, transmettant le message œcuménique de son maître et les enseignements du Yoga. Il fit de fréquentes visites au Moyen Orient, fut invité en Europe, puis aux États Unis. Sa personnalité et son humilité le rendirent cher partout, et sa façon simple et pleine d’humour de transmettre la sagesse ancienne du Yoga fut particulièrement appréciée par les nouvelles générations de chercheurs spirituels occidentaux. En 1966 il arriva aux États Unis pour ce qui devait être une visite de deux jours, mais on lui demanda de rester et de continuer son enseignement. Moins d’un an après son arrivée ses étudiants s’étaient organisés en Institut de Yoga Intégral, et pratiquaient le Yoga ensemble. Dans ses voyages à travers les États Unis, Gurudev attira de nombreux disciple désirant recevoir ses enseignements. Aujourd’hui, il y a plus de trente succursales de l’Institut de Yoga Intégral en Amérique du Nord, y compris deux larges communautés de disciples, les Ashrams Satchidananda. Bien que voyageant beaucoup et visitant ses disciples autour du monde, il devint un citoyen américain en 1976. Les enseignements simples mais profondément subtiles de ce maître sage et affectionné ont déjà montré à de nombreuses personnes viii
une façon d’améliorer leur vie et de se trouver. Il se sert parfois d’histoires ou de paraboles pour illustrer sa pensée. « Gardez l’histoire, dit-il, parce qu’elle découvre la vérité. C’est comme une pilule facile à avaler. » Gurudev est un orateur doué et un maître de conscience. Où qu’il aille, il élève et éclaire ses auditeurs. Il improvise, attendant parfois que quelqu’un pose une question. « Je ne prépare pas mes discours, dit-il, je viens simplement comme tout le monde. Je sais que Quelque Chose ou Quelqu’Un me guide, et je ne suis qu’un instrument. Il y a une Force en moi que vous pouvez appeler l’image de Dieu. Cela dirige mon intelligence et mon ego. Ne pensez pas que je n’ai pas d’ego ou que se suis tellement humble. J’ai un ego, mais je l’ai remis entre Ses mains. Il s’en occupe bien et s’en sert. Je ne doute donc de rien. On me pose souvent des questions sur des sujets qui me sont inconnus. Mais dès que j’entends la question je commence à répondre. Tout en répondant, je regarde ce qui se passe et je me dit : “Où trouves-tu ces idées?” Certains peuvent dire : “Oh, quelle merveilleuse réponse”, mais je pense : “Mon Dieu, d’où cela vient-il?’ Je ne suis vraiment qu’un orateur. Celui qui parle n’est pas moi. Je ne suis que Son orateur. Quelqu’un fait marcher la cassette.” C’est pourquoi je ne prépare jamais mes discours. Je ne peux même pas dire “mes” discours. Il parle, pourquoi devrais-je me préparer? » Celui qui vous parle dans ce livre est Swami Satchidananda. En tant que compilateur et éditeur, je n’ai fait que tisser ensemble des sections provenant de différents discours qu’il a donné au fils des années et autour du monde. J’ai commencé à enregistrer Gurudev en 1970. Quand il parla à la Réunion des Chemins à San Francisco, j’enregistrai ses remarques et plus tard pris note des commentaires qu’il fit à ses disciples lors de causeries dans les Instituts de Yoga Intégral à travers les États Unis. Je pris note de ce qu’il dit durant les retraites de Yoga à la campagne, durant les initiations de disciples, et j’ai aussi puisé dans les lettres qu’il envoya à ses disciples et dans les conversations personnelles que j’ai eues avec lui. Mais presque tout le contenu de ce livre sont les paroles mot pour mot de Gurudev, venant d’enregistrements de conversations qu’il a eu avec des groupes variés, d’entrevues de radio et télévision à Hawaii et en Europe, de rencontres œcuméniques aux États Unis, de conversations avec des prisonniers et ix
des psychothérapeutes, de messages à ses disciples, de classes de Yoga qu’il conduisit lui-même, et de nombreuses autres occasions. De cette grande variété d’information et de conseils, j’ai essayé de dégager ce que je crois être les enseignements essentiels de Gurudev. J’ai choisi les sujets qu’il adresse le plus souvent, et j’ai aussi ajouté les réponses aux questions qui sont les plus souvent posées durant les retraites et les réunions informelles. Ce livre comprend donc aussi bien des conseils pratiques sur comment arrêter de fumer ou comment contrôler la colère que des discussions de fond sur la signification de Dieu et du réveil spirituel. J’ai essayé de conserver son style, sa personnalité et son esprit, les enseignements pouvant paraître secs sans l’apport de l’homme luimême. Pendant une rencontre œcuménique en Floride, un maître Zen écoutait les yeux fermés les paroles de Gurudev. Quand on lui demanda si elle l’écoutait vraiment, elle répondit : « Swami Satchidananda est comme une grande cascade. Les mots sont comme l’écume de cette cascade. » Il y a quelque chose de très rafraîchissant dans cette écume que j’espère transmettre dans ce livre. Les enseignements de Gurudev sont simples : En réalité, chacun de nous est paisible et heureux. Ceci est notre vraie nature. Puisque nous ne sommes pas habituellement conscients de cela, il nous offre de nombreuses méthodes pour éliminer les toxines et autres confusions qui nous rendent malades, afin que nous puissions de nouveau réaliser notre vrai Soi. J’ai organisé le matériel en cinq sections qui se suivent naturellement. La première partie explique ce qu’est le vrai Soi, pourquoi nous n’en sommes pas conscients, et nous montre comment le réaliser de nouveau. La seconde partie traite du mental et de la conscience, montrant comment le mental fonctionne et ce qui le dérange. Gurudev nous donne des moyens de calmer le mental grâce à diverses techniques de concentration et de méditation. Las troisième partie se concentre sur le corps humain, et explique quelle nourriture nous donne la paix mentale, montre comment utiliser les pratiques de respiration et les poses de Hatha Yoga pour nettoyer les systèmes physiques et subtiles. La quatrième partie nous montre comment utiliser ces enseignements dans notre vie. Gurudev nous révèle l’art de vivre une vie de dévouement, x
au travail, en famille et entre amis. Dans la dernière partie, il nous donne l’essence derrière toutes les religions, explique quoi ou qui est Dieu, et nous montre comment utiliser la dévotion et comment accroître notre foi. Dans cette section Gurudev nous montre comment les traditions religieuses utilisent des voies différentes pour atteindre la même vérité. De nombreuses personnes on aidé à la réalisation de ce livre, y compris de nombreux Karma Yogis qui au cours des ans ont enregistré et dactylographié les paroles de Gurudev, offrant bénévolement et d’une façon anonyme leur efforts pour le bien d’autrui. Plusieurs personnes se sont portées volontaires pour m’aider à propager ces enseignements. Parmi elles je veux mentionner tout particulièrement Swami Vidyananda Ma dont le service inestimable d’éditrice et d’organisatrice ne peuvent être mesurer; Swami Paramananda pour son encouragement et son support durant ce projet. Et tous ceux qui se sont présentés au bon moment, quand le brouillon était fini et que ont dactylographié le manuscrit bénévolement, sans attendre aucun remerciement pour leurs efforts, et parmi eux Sil Read, Val Bruce, Donna Pollock, et Diana Brinckman. William Stracham, éditeur d’Anchor Book, a guidé le livre du début jusqu’à la fin et a ajouté les dernières touches qui aident à rendre cet enseignement oral facile à lire. Et finalement, je remercie Aaron Priest qui reconnût le mérite de cet ouvrage et le guida rapidement sur le marché. Gurudev dit simplement de ces enseignements : « S’ils vous conviennent, prenez-les. S’ils ne conviennent pas, rejetez-les. » Au fil des ans, certains d’entre nous en ont pris de plus en plus, parce que nous nous rendons compte qu’il nous conduit au but. J’ai une grande reconnaissance envers Swami Satchidananda, mon père spirituel adoré et mon gourou, pour la chance qu’il m’a donné de servir avec lui. Je lui dédie l’énergie que j’ai mis dans ce projet, afin qu’il continue de nombreuses années ce service merveilleux de guide pour l’humanité entière. Prahaladan (Philip) Mandelkorn Satchidananda Ashram, Yogaville Est Pomfret Center, Connecticut, U.S.A. 1er Novembre, 1977 xi
Par t I :
Connaître le Connaisseur
1. Votre vrai Soi Le but de toutes les pratiques spirituelles est de connaître votre vrai Soi, de connaître le Connaisseur. La Bible dit « aime ton prochain comme toi-même ». Mais sans savoir ce qu’est votre Soi, comment pouvez-vous aimer votre Soi en lui? Connaissez votre Soi, puis voyez votre propre Soi dans le Soi de votre prochain. C’est alors que vous pouvez l’aimer comme votre Soi. Et si je vous demandais d’aimer tous les fruits comme vous aimez la pomme, c’est-à-dire de voir la pomme dans tous les autres fruits? Si vous ne savez pas ce qu’est une pomme, vous ne pourrez pas voir les autres fruits en tant qu’une pomme. De la même façon, pour aimer tout le monde ou toute chose en tant qu’esprit, vous devez réaliser votre vérité spirituelle – réaliser le Divin en vous. Vous êtes-vous jamais vu, même physiquement? Avez-vous jamais vu votre visage? Seulement dans un miroir. Supposez que je brise le miroir, pourriez-vous encore voir votre visage? Non, mais l’auriezvous perdu pour autant? Non. Ce que vous voyez dans un miroir est l’image, pas l’original, car c’est le visage qui voit. Le visage est le sujet. Le sujet ne peut jamais devenir un objet. Le sujet ne voit qu’une image de lui-même comme un objet, mais ne se voit jamais lui-même. Si le miroir se trouve déformé ou courbé, l’image que vous voyez sera également courbée. Courrez-vous chez le docteur en criant « Docteur, il y a quelque chose qui ne va pas sur mon visage! »? Le docteur vous dirait : « Il n’y rien d’anormal. Vous êtes très bien. —Mais j’ai vu une image horrible! » Il apportera un autre miroir non déformé et propre, et vous le présentera : « Regardez votre visage. —Mon Dieu, je voyais un visage horrible dans mon miroir, maintenant il est si beau. » Non, vous ne feriez pas cela. Vous réaliseriez que c’est votre miroir qui ne va pas et non votre visage. Si vous corrigez le miroir, vous pouvez voir votre vraie nature. Mais si vous cherchez à la voir dans un miroir déformé, vous ne verrez qu’un visage déformé. Qu’est le miroir pour nous? Notre mental. Pour voir notre vrai Soi il nous faut un mental pur, clair et calme. Certains gardent le miroir propre et réalisent leur beauté. D’autres ne le nettoient pas bien. Certains le brisent, d’autres le recourbent. 3
Partie I : Connaître le Connaisseur
Dans la conscience transcendantale nous ne sommes pas différents les uns des autres. C’est ce qu’on appelle l’esprit ou le vrai Soi. Quand on dit « l’âme », on veut généralement dire le reflet du Soi sur la substance mentale. L’âme est l’étincelle de divinité et l’image de Dieu, tandis que le Soi est Dieu. Quand on rend le mental calme et serein, on réalise que l’âme et Dieu sont une seule et même chose, sans aucune distorsion ni coloration. Bien sur, le corps doit lui aussi acquérir cette sérénité qu’on appelle l’état relaxé ou pur. Un corps très sain et relaxé avec un mental calme et serein permettra à la vraie lumière ou à la vraie nature du Soi intérieur de s’exprimer sans aucune distorsion. C’est comme une lumière placée entre deux abat-jour – le corps et le mental – aussi clairs que possible. Il faut d’abord prendre soin du mental, car le corps n’est qu’un instrument du mental. Le corps s’exprime selon les désirs ou les impressions du mental. Normalement, nous nous identifions en tant que mental et corps. C’est pourquoi nous nous appelons par différents noms et nous semblons différer les uns des autres. Nous voulons nous définir : « Je suis Américain », « Je suis Australien », « Je suis noir », « Je suis blanc. », « Je suis riche », Je suis pauvre. » Ce sont nos définitions. Mais en esprit nous ne pouvons différer, nous sommes une seule et même chose. Les variations et les définitions viennent seulement quand on s’identifie au corps et au mental. Par nature nous sommes tranquilles et en paix. Pourtant, par négligence ou par des efforts destinés ~a satisfaire des désirs sensoriels égoïstes, nous troublons cette aisance et cette paix. Et lorsque nous troublons l’aisance, nous nous sentons « mal à l’aise ». A l’origine nous étions fins ou purs et nous avons perdu cette finesse. C’est au moment où nous sommes devenus définis. Malheureusement, dès l’instant où nous nous définissons, ou nous limitons le Soi, nous cessons d’être fins. Toutes les Écritures, tous les sages, les saints et les prophètes disent d’arrêter de définir. C’est le processus du raffinement. C’est l’essence de tout le Yoga et de toutes les Écritures. Lisez la Bible, lisez le Coran, lisez la Tora, les Upanishads, la Bhagavad Gita. Elles disent 4
1. Votre vrai Soi
toutes : Raffinez-vous. Sortez de ces définitions. Ce sont les définitions qui nous divisent. Si vous dites « Je suis un homme » ou « Je suis une femme », vous vous identifiez au corps. Si vous dites « Je suis avocat » ou « Je suis intelligent », vous vous identifiez au mental. Chaque et toute définition divise les hommes, les femmes et les êtres. Suis-je en train de dire que toutes les personnes raffinées n’auront aucune définition? Supposez que nous perdions toutes nos définitions et que nous devenions tous un, nous ne pourrions alors reconnaître nos amis. Nous aurions l’air d’être tous pareils, de parler pareil et de manger pareil. Nul père, nulle mère, nulle fille, nul fils. Ce n’est pas le sens du vrai raffinement. Si cela était le raffinement, nous perdrions tout l’amusement de la vie. Le Yoga n’oublie pas que la variété est le piment de la vie. La variété est nécessaire au plaisir. Mais si cette variété même doit nous troubler et nous diviser, nous n’en voulons pas. Mais même là, pouvonsnous nous en débarrasser? Non, c’est impossible. C’est un casse-tête. On ne peut se débarrasser de la variété, alors qu’elle nous divise et nous crée davantage de problèmes. Que pouvons-nous faire? Il nous faut garder la variété, mais nous élever au-dessus et voir l’unité. Mon Maître Swami Sivananda employait souvent cette phrase : « L’unité dans la diversité. » Retenez ce point. Nous avons besoin de la variété, mais nous ne pouvons en profiter qu’en gardant toujours à l’esprit l’unité qui est derrière.
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2. La recherche du bonheur L’univers est plein de vie. Vous pouvez voir constamment la force vitale. Tout est vivant. Il n’y a pas de matière morte. Ce qui est appelé inanimé ou matière morte n’est pas vraiment mort. Ceci est même bien prouvé par la science d’aujourd’hui. Bien que vous ne puissiez pas voir son mouvement avec vos yeux, si vous regardez à travers un instrument approprié vous voyez une poussée de force, des atomes bougeant très vite. Mais quel est leur but? Pourquoi se déplacent-ils de tous côtés? Que cherchent-ils? Si vous regardez bien, vous trouverez à travers la nature un but commun à tout le monde et à toute chose – même aux atomes. Tous recherchent le bonheur. Dans le cas des êtres humains, on voit des centaines d’efforts individuels, sociaux, communautaires, nationaux et internationaux. Cela pourrait être n’importe quoi : un carnaval, un festival, un voyage, une guerre – oui, même une guerre. Le but commun derrière tous ces efforts est la recherche du bonheur. Quand vous allez devant l’autel et priez Dieu, quelle en est la raison? Ce n’est pas dans l’intérêt de Dieu, mais du bonheur. Vous voulez être heureux en faisant tel ou tel effort. C’est le but commun. Demandez à n’importe qui, même à un cambrioleur dévalisant une banque, pourquoi il le fait. « Je veux prendre de l’argent. —Pour quoi faire? —Pour acheter plus de choses. —Pourquoi? —Je veux être heureux. » Demandez à un policier « Pourquoi poursuivez-vous le cambrioleur? » —Pour attraper le coupable. C’est mon devoir. Je veux que tout le monde soit heureux, que personne ne soit privé de ses biens et soit triste. » Demandez à un alcoolique pourquoi il boit: « Eh bien, je veux être heureux. » À un fumeur: « Je veux être heureux. » Qu’il obtienne ou non le bonheur, il le fait dans ce but. Il pense que cela le rendra 7
Partie I : Connaître le Connaisseur
heureux. Le but commun est de mettre fin au malheur et de rester toujours heureux. Ce but est abordé par beaucoup, de différentes façons. Certains veulent être heureux rapidement, ils prennent donc des raccourcis et obtiennent un bonheur temporaire. Mais une joie d’emprunt vient et repart. Le bonheur que nous semblons obtenir par nos efforts journaliers est éphémère et mélangé de nombreux troubles, soucis et malheurs. Le bonheur ne peut venir sans malheur avant et après. Nous continuons à essayer de trouver ce bonheur et nous continuons à le manquer. Lorsqu’enfin nous sommes fatigués de rechercher le bonheur à l’extérieur, nous nous asseyons calmement en nous demandant « Qu’y a-t-il? Pourquoi suis-je malheureux? Pourquoi est-ce que je perds mon bonheur? ». Si nous sommes sincères et que nous analysons bien, nous trouvons finalement que le bonheur ne vient jamais du dehors. Vous n’obtenez jamais le bonheur en faisant ou en accomplissant quelque chose – y compris les pratiques dites spirituelles, la prière ou la recherche de Dieu. Même Dieu ne peut vous donner le bonheur. S’il vous le donne, Il peut aussi le reprendre. Tout ce qui vient repartira. Même au nom de la recherche de Dieu on voit des gens devenir malheureux. Voici ma réponse : le bonheur ne doit pas être recherché à l’extérieur. Il ne peut jamais venir de l’extérieur – ni de l’intérieur. Il ne peut pas venir; tout simplement parce qu’il existe. Il existe toujours. Où? Partout. C’est juste le bonheur. Vous êtes le Bonheur personnifié. Vous êtes cette suprême Béatitude. Vous êtes cette Joie. Vous êtes l’image du bonheur. Si vous voulez employer le mot Dieu, qui est Dieu? Quels sont Ses qualificatifs? Être toujours heureux. Ainsi, en tant qu’image de Dieu, comment pouvez-vous être malheureux? « Eh bien, c’est au moins une consolation d’entendre cela. Vous dites que je suis heureux, mais je ne semble pourtant pas l’être. » Vous ne semblez pas l’être parce que vous l’avez oublié. C’est la raison pour laquelle vous courez après le bonheur. Vous avez oublié que vous avez des yeux et vous courez pour voir vos yeux. Mais ce avec quoi vous cherchez est vos yeux. Vous ne semblez pas savoir que c’est parce que vous avez des yeux que vous pouvez voir 8
2. La recherche du bonheur
partout, et vous dites : « Je ne vois pas mes yeux, je veux les voir. » Vous êtes vous-même le voyant, vous ne pouvez jamais voir votre Soi. La simple ignorance ou l’oubli vous rend malheureux. Le péché ou l’erreur de base est d’oublier votre vraie nature. C’est une sorte de suicide. En oubliant votre Soi, vous tuez votre Soi. Aussi vous devenez malheureux. Naturellement, quand vous êtes malheureux, les choses empirent. Avec un mental malheureux vous recherchez le bonheur. Imaginez un grand bassin rempli d’une eau calme, sans vagues. Naturellement il brille bien. La surface est claire et tranquille. Quand vous vous penchez vous voyez très bien votre visage. Dans une eau calme vous pouvez voir un reflet. Pendant que vous le regardez, supposez que quelque chose tombe dans le bassin. La surface est immédiatement troublée et vous voyez une image déformée de vous-même. Oubliant votre image réelle, vous prenez cela pour votre vraie nature; vous vous identifiez à cette image, et vous vous asseyez et pleurez. Puis vous courez de tous côtés en disant : « Il faut que je retrouve ma forme. » Vous pouvez rendre le mental net et sans déformation en éliminant la cause de son trouble. Qu’est-il tombé dans votre mental pour le troubler? Rien certes du dehors ne peut y tomber – à moins que vous ne laissiez quelque chose arriver à votre mental. Vous laissez les associations avec les choses ou les paroles tomber dans votre mental et le troubler. Si quelqu’un emploie un mot déplaisant, vous dites « il me dispute », et vous vous énervez. Vous laissez ses paroles venir et troubler votre mental. Puis vous dites « il me rend malheureux ». Mais en réalité c’est vous qui troublez votre propre mental. Il vaut mieux dire « je suis heureux » que « je veux être heureux ». Dès l’instant où vous dites « je veux être heureux », ce vouloir même trouble le mental. Et supposez que ce vouloir soit satisfait. Combien de gens perdent la tête pour un petit bout de papier, un timbre imprimé il y a quelque cent ans! Ils paient des milliers de dollars pour acquérir ce morceau de papier. Ils lui donnent une valeur et s’efforcent de l’obtenir. Si vous êtes pris par cela, vous direz « je ne puis être heureux », sans le timbre. Alors vous payez le prix. Puis vous dites : « Ah! Je l’ai. » C’est assez simple. D’abord vous disiez « je le veux ». Après tout l’effort, 9
Partie I : Connaître le Connaisseur
vous dites « je l’ai eu ». Où en êtes-vous à présent? Au même point où vous étiez avant de le vouloir. Heureux. Comprenez bien ceci. Vous étiez heureux avant de vouloir le timbre. Mais dès l’instant où vous l’avez désiré, vous êtes devenu malheureux. Et quand vous l’avez obtenu, vous êtes redevenu heureux. Ainsi, d’où le bonheur est-il venu? Pas de cette chose. La chose en elle-même ne vous a donné aucun bonheur. Vous avez retrouvé le bonheur quand vous avez retiré le désir ou quand vous avez comblé la cavité ou la dépression créée par le désir. Dès que le caillou du désir tombe dans le mental, vous êtes déprimé. Une dépression est un espace creux. Le mental est dé-primé; il vous faut le combler. Vous créez la dépression, la comblez, puis revenez au niveau normal et dites « maintenant je suis heureux ». Il en va ainsi avec toute chose, que ce soit pour un timbre ancien, une position, un pays, de l’argent, un nom ou une renommée. Je dis, qui n’a nul besoin de gaspille rien. Vous pourrez vous demander pourquoi j’ai changé le beau proverbe : « Qui ne gaspille point ne manque de rien. » Comme je veux toujours être un Yogi, j’ai l’air de renverser les choses. N’ayez nul besoin et ne gaspillez pas votre bonheur. On entend parfois les gens dire : « Il est heureux car il n’a pas de besoins. » Que signifie cela? Non qu’il ait toute chose dans le monde. S’il en était ainsi, il ne serait jamais heureux. Cela veut dire qu’il s’est élevé au-dessus des besoins, qu’il ne veut plus rien. C’est facile à dire et agréable à entendre. Mais une telle compréhension ne vient qu’après avoir bien couru de tous côtés, rencontre l’échec partout et en tout, et être finalement devenu dégoûté. « Je suis fatigué. Je ne veux plus rien. » C’est pourquoi les Écritures disent, si vous voulez Dieu, abandonnez tout le reste. Ne veuillez rien, Dieu y compris, et vous aurez Dieu. Dieu est toujours là. Le but est de réaliser votre vraie nature – de réaliser votre paix, votre bonheur, votre divinité, votre image de Dieu. Sans cette chose vous ne pouvez pas être heureux à cent pour cent. Vous serez heureux, puis malheureux. Personne ne peut être toujours complètement heureux sans savoir qu’il est le bonheur même. C’est ce qu’est Dieu. 10
3. Qu’est ce que le mal? Qu’est -ce que le mal? D’où vient-il? C’est une question importante à laquelle il faut répondre. Si Dieu créa tout, qui créa le mal? Y a-t-il deux Dieux, un pour créer toutes les bonnes choses et l’autre pour créer les mauvaises? Jamais nous n’avons entendu une telle histoire. Lorsqu’Il l’a voulu, un Dieu créa tout : « Que le ciel soit! Que les nuages soient! Que la pluie soit! Que la terre soit! Que les plantes et les animaux soient! Que le jardin d’Eden soit! » Et après, il dit : « Que l’homme également soit! » Il doit certainement avoir dit : « Que Satan également soit! » Sinon, il n’y a pas lieu à l’existence de Satan. Alors doit s’élever la question, pourquoi aurait-il créé un Satan? Pour une très bonne raison. Un étudiant qui gâche sa vie à flâner ici et là, et n’étudie pas ses leçons sera affligé quand il ira dans la salle pour passer l’examen. A ses yeux, l’examinateur sera un Satan. « Espèce de démon! Vous m’avez posé toutes ces questions. Comment puis-je y répondre? » Mais un étudiant brillant prendra l’examen comme une occasion de montrer combien il a étudié. Ainsi Satan ou la tentation est une sorte de test. Dieu vous a enseigné, vous donnant quelque bon conseil : « Fais ceci. Ne fais pas cela. » Comment va-t-il savoir si vous avez compris Son conseil ou non? En classe Il vous enseigne ce qu’il faut faire et ne pas faire. Ensuite Il envoie un examinateur pour vous tester. Satan est l’examinateur. « Eh!, dit Dieu, va le tester. Je lui ai fait une leçon. Je veux juste savoir comment il se prouvera. » Alors Satan ou la tentation vient et vous teste. Malheureusement, les gens succombent parfois. Dieu dit alors : « Oh! Je vois. Vous n’avez pas bien appris votre leçon. D’accord, descendez. Apprenez par votre expérience. » Dieu vous punit toujours avec miséricorde, jamais avec colère. Quand le docteur perce un abcès, cela a l’apparence d’une mauvaise action, mais il le fait par bonté. « Je ne puis l’enlever facilement. Il faut une très grave opération. Laissez-moi l’exciser. » Un bon cœur mais une action rude. Au début le maître est tout compassion. Il encourage ses étudiants gentiment et avec de nombreuses bénédictions agréables. 11
Partie I : Connaître le Connaisseur
« Voilà encore des cadeaux pour vous. Vous êtes un bon enfant. Je vous donnerai de bonnes choses. Si vous passez bien l’examen, je vous amènerai jusqu’au plus haut niveau. » Mais si l’étudiant échoue constamment, l’instructeur le punira. Cela également est par miséricorde. Le but de la punition est le progrès de l’étudiant. La punition ne vient pas de la colère, mais pour éliminer notre impureté. Le mal n’est autre que Dieu. C’est tout simplement Dieu abordé du mauvais côté. Le bien et le mal sont des contreparties. Écrivez le mot « god » (Dieu). Lisez-le du bon côté, c’est God (Dieu). Lisez-le du mauvais côté, c’est dog (chien). Cela dépend de quel côté vous l’abordez. À part l’ultime puissance, il n’y a ni mal ni bien. Les choses sont seulement abordées de différentes façons. Les partisans du mal sont punis pour leurs mauvaises tendances, pour leur fausse approche. Ils sont punis pour être corrigés et savoir qu’ils ont abordé les choses d’une mauvaise façon, afin de les faire revenir dans le droit chemin. Sachez que rien dans la nature, rien dans le royaume de Dieu, ne vous punit. Il n’a nulle haine envers Ses enfants. Quelquefois un père est un peu dur avec ses enfants. Mais s’il ne l’est pas, l’enfant est gâté. Dieu ne fera jamais cette erreur. Il punira certainement si besoin est, mais uniquement pour notre bénéfice. C’est pourquoi il est dit que tous les troubles et les agitations sont des bénédictions déguisées. Si seulement nous connaissions le but derrière ces expériences et les acceptions, nous ne blâmerions jamais quiconque – encore moins Dieu.
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4. Vous êtes venu seul – Uniquement pour Grandir Le monde a été créé pour nous, pour que nous le comprenions, nous en servions et grandissons. Nous ne pouvons pas y échapper. Le monde tout entier est un chaudron bouillant. Où que nous allions dans l’univers, nous serons brûlés par nos expériences. Nous devrions donc l’accepter jusqu’à ce que nous soyons bien cuits. Accepter le divin nous rend joyeux et paisibles. Les gens pensent : « Mon Dieu! Qu’est ce qu’il souffre! » Mais nous nous disons : « D’accord, c’est Ta façon de me cuire. Vas-y, fais-le. » Le monde n’est pas vraiment horrible ou imparfait. Il est en fait parfait. C’est là que vous êtes fabriqués, bien mieux que les voitures neuves dans les usines de Détroit. Vous êtes raffinés. Si vous comprenez le monde de cette façon, pourquoi essayer d’en échapper? Dès que vous êtes bien cuits par les expériences de la vie, vous êtes sans attachement, et vous dîtes : « Maintenant je suis heureux. » Nous pouvons alors donner des conseils aux autres : « Ne vous en faites pas, vous serez vous aussi bientôt complètement cuits et heureux comme moi. » Si vous connaissez le but de la souffrance – brûler votre ego – vous vous en réjouirez. La souffrance est une sorte de purification. Vous chauffez votre mental et votre corps pour les transformer, pour en brûler les impuretés indésirables. De même que l’or brut est chauffé et refroidi plusieurs fois pour élever sa pureté, tout être humain est purifié par la chaleur de la souffrance. Acceptez donc la souffrance comme elle vient. Ceci est austérité. Mais vous n’avez pas besoin d’aller chercher la douleur; vous devriez éviter de cause de la souffrance aux autres et à vous-même. Vous ne devriez pas faire souffrir votre corps au nom de pratiques spirituelles. Certaines personnes font cela, perçant le corps, marchant sur des braises, ou endurant des privations. Mais votre corps vous est donné pour de bonnes raisons, et vous ne devriez pas le faire souffrir. Si la souffrance vient, acceptez la comme purification. Vous avez besoin de difficultés pour connaître la vérité. Si vous rencontrez des difficultés, rappelez-vous que ce sont les hauts et les 13
Partie I : Connaître le Connaisseur
bas qui nous encouragent à devenir des Yogis. Pour connaître le bien, vous devez connaître le mal. C’est la vie. Acceptez ses leçons. Accepter la souffrance pour le bien d’autrui est dédicace. Si la peine vient, acceptez la avec joie, remerciez Dieu et la personne qui vous l’a causé. Saluez cette personne. Prosternez-vous à ses pieds. Mais ne devenez pas comme cette personne et ne causez de peine à personne. Apprenez les leçons de la souffrance. La souffrance vous avertit d’une erreur que vous avez faite. S’il y a peine, allez en chercher la cause. Après tout, qu’est-ce que la souffrance? Toute souffrance et peine n’est que perte du bonheur. Vous avez besoin de la souffrance pour comprendre pourquoi vous avez perdu le bonheur. Le fait de désirer est ce qui cause le malheur. Nous voulons des choses pour nous rendre heureux. Quand nous ne voulons plus les choses, toutes les choses que nous ne voulons pas nous veulent. Les choses que vous voulez sont comme des ombres. Quand vous courez, elles courent devant vous. Vous courez de plus en plus vite après votre propre ombre. Vous n’allez certainement jamais la rattraper. Si vous voulez les choses, elles resteront juste devant vous – parce qu’elles font partie de vous. Mais si vous êtes satisfait, tout vous sera donné. Marchez vers la lumière, et toutes les ombres vous suivront. Si vous êtes fatigué de chercher le bonheur en lui courant après, renoncez à tout, retournezvous, et marchez vers le soleil. Regardez alors par dessus votre épaule. L’ombre que vous poursuiviez vous suit. Le monde vous poursuivra si vous ne le poursuivez pas – c’est le secret! Vous serez surpris de voir que tout vous attend. La renommée, le nom, l’argent, la reconnaissance, la position sociale, les gens – tout. Si vous êtes satisfait, même vos besoins quotidiens seront satisfaits. Vous n’avez pas besoin d’y travailler. Une personne complètement libre de désir ne sera pas comme une marionnette sans activité. Elle sera utilisée d’une façon ou d’une autre par la Volonté Divine pour le bien de l’humanité. Cette Volonté Divine sera en contrôle. Cette personne agira encore, et la Volonté Divine en prendra soin, agissant à travers amis et autres personnes. Vous n’avez pas besoin de vous en faire. Votre voiture ne vous dit jamais : « Allons, fais le plein. Le réservoir d’essence est vide. » C’est votre souci, parce que vous voulez utiliser la voiture. Donc la Conscience Cosmique, ce que vous appelez 14
4. Vous êtes venu seul-Uniquement pour Grandir
Dieu ou la force naturelle qui se manifeste partout et en tout, se manifeste aussi en vous. Elle s’occupe de tout, y compris de vous, si vous ne vous y opposez pas. Vous avez le libre arbitre de faire ce que vous voulez. Si vous faites quelque chose uniquement pour vous-même, vous en subirez la conséquence. Cette réaction s’appelle le karma. Si vous agissez de la bonne façon, vous n’avez pas à faire face au karma. Une action désintéressée ne produira aucun karma; mais une action égoïste en crée toujours. C’est pourquoi vous avez le libre arbitre. Vous avez vécu de nombreuses expériences dans vos vies animales antérieures, reçu une sorte d’éducation de la Nature, votre maître durant votre évolution. Dans cette vie, vous avez libre arbitre, et vous êtes mis à l’épreuve. Vous avez le choix d’agir égoïstement et de créer du karma, ou de vivre pour le bien d’autrui, ce qui est la Volonté Divine, et ne crée aucun karma. Au niveau le plus élevé vous n’avez aucun karma, et vous n’avez pas besoin de vous faire du souci à propos du karma que vous avez créé. C’est votre mental qui agit d’une façon karmique et qui en subit les conséquences. Ce n’est pas vous. Vous êtes le Soi pur. Dès que le mental fait l’expérience de Dieu, il n’y a plus de karma. Il est brûlé. Mais jusqu’à ce que le mental fasse l’expérience du vrai Soi, il est encore impliqué dans les actions et doit faire face aux conséquences parce qu’il a encore des désirs. Les désirs vous poussent à agir. Quand une action est accomplie, il y a toujours une réaction. C’est pourquoi Bouddha a dit que le désir est la cause primordiale de tout. Je dirais de plus que le désir égoïste est la cause primordiale. Il est impossible pour le mental de ne pas créer de désirs. S’il n’y a pas de désir, il n’y a pas de mental. Le mental est comme un tas de cailloux. Enlevez tous les cailloux, et il n’y a plus de tas. De la même façon, le mental n’est qu’un amas de désirs – passés, présents, et futures. Le mental des désirs n’est qu’une illusion, le maya. Un morceau de tissu est composé de nombreux fils. Enlevez les fils un par un, où est le tissu? Une chaise est en bois. Enlevez les morceaux de bois, la chaise n’existe plus. Le mental est comme cela, juste un tas de désirs. Si il n’y a plus de désirs, il n’y a plus de mental. C’est ce qu’on appelle « transcender le mental ». Le mental devient si calme qu’aucun désir ne se manifeste. 15
Partie I : Connaître le Connaisseur
Les désirs sont toujours là, mais n’apparaissent pas. Si vous ne nourrissez pas les désirs égoïstes du mental, ils disparaîtront lentement. Les désirs pour le bien d’autrui ne créent pas d’autres désirs. Mais les désirs égoïstes en produisent constamment d’autres, ce qui ne permet pas au mental de rester calme. Si les désirs égoïstes se réalisent, vous vous retrouvez du côté positif, l’excitation; s’ils ne se réalisent pas, vous êtes du côté négatif, la dépression. Mais en ce qui concerne les désirs altruistes, cela n’a pas lieu – vous ne changez pas en fonction des résultats, vous trouvez du plaisir dans tout ce que vous faîtes. Libérez-vous. Chaque attachement personnel est un nœud qui vous attache. Vous n’avez pas besoin de renoncer à quoi que ce soit dans ce monde – sauf à votre attachement. Vous pouvez posséder des choses, ne les laissez pas vous posséder. Et n’accumulez pas plus que vous n’avez besoin. Vous ne sauriez pas quoi utiliser, où les mettre, comment vous en occuper – et cela troublera votre mental. Si vous avez trop de vêtements dans votre armoire et que vous voulez vous habiller rapidement, vous perdrez des heures à ne pas savoir quoi choisir. Si vous avez juste un ou deux vêtements, vous en prenez un, le mettez, et voilà. Comme le maître tamoul Tiruvalluvar disait : « Vous ne serez pas changé par ce dont vous êtes détaché. » C’est l’attachement qui vous affecte. Si vous êtes détaché, vous gardez votre paix. Quiconque mène une vie simple, ne possédant que le strict minimum, est libre de soucis. Pour avoir une joie profonde et sans fin, apprenez à être détaché. Cela ne veut pas dire ignorer les gens ou ne pas avoir de sentiments à leur égard. Mais éviter les attachements égoïstes. Si je vous parle dans l’espoir de devenir célèbre ou d’acquérir de nouveaux disciples, je serai, selon le résultat, heureux ou malheureux. S’il y a foule, je serai excité. Si personne ne vient, je serai déprimé. De toute façon, ma paix mentale est perturbée. Mais si je suis libre de cet attachement égoïste, je peux toujours avoir des sentiments pour vous, et pourtant ne pas être perturbé, quoi qu’il arrive. Supposez que quelqu’un soit brûlé dans un accident; serai-je triste? Oui, je serai triste, et je ferai mon possible pour sauver cette personne et me rendre utile – mais sans perdre ma paix. Si je perds ma paix quand je vois quelqu’un souffrir, j’aurai alors besoin de quelqu’un d’autre pour m’aider, et je ne peux alors aider personne. Vous ne pouvez apporter la paix si vous ne l’avez pas d’abord en vous. 16
5. La paix mentale Une action parfaite ne doit apporter de mal à personne, y compris vous-même. Avant de faire quelque chose, considérez son effet sur votre mental. Voyez si cela vous donnera une anxiété. En troublant le mental d’autrui, ne serez-vous pas également troublé? Vos actions doivent être complètement inoffensives et en même temps doivent au moins apporter quelque bienfait à quelqu’un. C’est alors qu’elles sont parfaites. Si vous êtes complètement non yoguique, fréquentez simplement les gens qui suivent le Yoga, qui pratiquent la religion. A votre insu, vous y serez vite introduit aussi bien. Cela s’appelle rester en compagnie des gens qui veulent réaliser la vérité ou Dieu. Le sage Adi Shankarcharya dit que notre but est de vivre en pleine tranquillité. Tout en vivant dans le monde, vivez en toute paix et joie comme un être libéré. Pour atteindre ceci, il dit que la première étape est de rester en bonne compagnie. Le fruit immédiat de garder une bonne compagnie est que vous n’êtes pas en mauvaise compagnie, car vous ne pouvez pas être aux deux endroits à la fois. La bonne compagnie vous préserve d’un environnement où vous pourriez être illusionné par les plaisirs mondains. Si vous n’êtes pas illusionné, votre mental ne sera pas troublé ou agité. Vous atteindrez l’équanimité et la tranquillité qui sont les qualités d’une personne libérée. Quatre étapes, c’est tout : la bonne compagnie (Satsanga) nous permet de rester à l’écart d’une mauvaise compagnie (Nissanga). Ensuite notre compréhension est claire et nous ne sommes pas illusionné (Nirmoha) par quoi que ce soit. Cela rend notre mental continuellement stable, calme et serein (Niscalita). Une fois que nous atteignons cet état nous sommes libérés tout en vivant dans le monde (Jivanmukti). Combien c’est simple; nous n’avons plus qu’à le faire. Habituellement votre mental n’est pas calme parce qu’il y a constamment des vagues à la surface. Une chose ou une autre vous tracasse. Même s’il n’y a pas de problème dans votre vie, vous vous demandez : « Comment puis-je être sans problèmes? » Il semble toujours qu’il y ait une petite chose qui cloche et qui empêche le mental d’être bien centré, pur et stable. 17
Partie I : Connaître le Connaisseur
Le mental est simplement troublé par les pensées. Toutes les choses que vous voyez ou entendez par ces portes du corps (les sens) sont converties en des formes de pensée et affectent directement le mental. Vous voyez peut-être une pomme. Cela ne vous affectera pas à moins que vous le traduisiez en une pensée, que vous aviez emmagasinée plus tôt : « Je sais que c’est une pomme. Je me souviens de celui qui m’en apporta une un jour et me rendit heureux. » De la pensée d’une pomme vous sautez à quelqu’un qui vous donna une pomme, lequel devint peut-être votre ennemi plus tard. Ou bien vous pourriez immédiatement penser à Adam, le premier père : « S’il n’avait pas mangé la pomme, je serais heureux aujourd’hui. » Les pensées troublent le mental. Mais il est impossible de ne pas penser du tout. Même penser à n’avoir aucune pensée est une pensée. C’est pourquoi même le désir d’être sans désir est un désir. Alors comment est-il possible d’être sans pensée et de garder le mental calme? Trouvez simplement une belle pensée. Puisque vous devez penser à quelque chose, choisissez des pensées qui ne troubleront pas votre mental. Toutes les pensées ne troublent pas. Tous les grands sages qui analysèrent ce problème découvrirent que toute pensée basée sur l’égoïsme ou un désir personnel affecte toujours le mental. « Je veux ceci et c’est pourquoi je fais cela », est une pensée personnelle basée sur un bénéfice égoïste. Cela affectera toujours votre mental. Une pensée non personnelle n’affectera pas le mental. Une pensée ou une action altruiste, qui n’est pas pour vous mais dans l’intérêt de l’humanité ou pour Dieu, n’affecte pas le mental car vous n’attendez pas de résultat pour vous-même. Que signifie dire « je fais cela pour le bien d’autrui »? Le résultat ira à eux, pas à vous. Le fruit de votre action doit profiter aux autres. Vous ne voulez ni n’attendez vousmême le fruit. Cela est une pensée ou une action altruiste. Quand vous ne désirez pas personnellement les bénéfices, vous n’êtes pas troublé s’ils ne viennent pas. Vous pouvez penser : « Bien! j’ai essayé. Ce n’est pas arrivé. Que puis-je faire? Probablement Dieu ne voulait pas cela. Je ne perds rien et je ne gagne rien. » 18
6. Le Fruit Défendu Il n’y a pas d’égoïsme en Dieu ou sa Création. Quand Il créa l’être humain, Il savait d’une certaine façon que cet être serait malicieux. Il le mit donc en garde contre le fruit défendu : « Ne mange pas les fruits de ta vie. Offre-les plutôt aux autres. » De nombreux maux viennent de ce que nous espérons le résultat de nos actions. C’est la pomme interdite. Nous sommes tous dans le Jardin du Paradis. Chaque action est un arbre. Chaque arbre produit des fruits. Homme ou femme, jeune ou vieux, nous sommes tous Adam. La seule loi sacrée est de ne pas manger le fruit. Si nous comprenons la Bible de cette façon, nous devenons tous des Yogis. Nous n’avons même pas besoin de lire la Bible. Demandez à l’arbre : « Eh pommier! combien de fruits as-tu produit? —Oh, plusieurs milliers. —As-tu jamais goûté un seul de tes fruits? —Oh! s’il vous plaît, ne me mettez pas dans cette catégorie-là. Je ne suis pas un être humain. Ce n’est pas ma raison d’être. Je ne suis ici que pour produire des fruits et les donner, non seulement à celui qui me rend hommage, mais aussi à celui qui me lance des cailloux, en fait parfois plus à ce dernier. Même si personne ne vient, je ne mange pas mes propres fruits. Je les laisse juste tomber et n’importe qui peut les ramasser. » Alors pourquoi sommes-nous constamment en train d’essayer de manger ce fruit défendu? Parce qu’il y a une Ève dans chacun de nous. Le monde est un Jardin du Paradis et chacun est un Adam, chacun possède une Ève à l’intérieur – la tentation du mental inférieur. Mais n’écoutez pas cette voix-là. Écoutez plutôt la voix du mental supérieur, le Dieu en vous. Toutes les religions disent la même chose : Mène une vie de sacrifice pour autrui. Les Dix Commandements nous enseignent à ne pas être égoïste. Bouddha donne aussi dix vertus – cinq pour tout le monde, cinq autres pour les moines – qui, simplifiées, sont l’équivalent des Dix Commandements. Le Yoga a également dix commandements 19
Partie I : Connaître le Connaisseur
très semblables, les Yamas et les Niyamas. C’est une méthode pour garder le mental pur et libre de tout égoïsme. Menez une vie de dédicace. De cette façon, vous ferez l’expérience du Divin en vous. La fraternité universelle est aussi l’idée maîtresse de la religion musulmane. Si vous sentez que chacun est votre frère (ou sœur), vous ne pouvez vous limiter. Vous devenez universel et comprenez comment « aimer votre prochain comme vous-même ». Tous ces codes moraux s’éclairent automatiquement lorsque vous menez une vie de dédicace libérée d’égoïsme. Quel est le message de la croix? Sacrifice. Le message même de Jésus Christ est sacrifice. Il a sacrifié sa vie pour la vérité. Cette attitude de sacrifice rend le mental pur, et c’est pourquoi il y a des sacrifices dans la Bible. Aujourd’hui nous comprenons que nous n’avons pas besoin de sacrifier de pauvres innocents animaux, des agneaux par exemple. Nous sacrifions à leur place l’agneau de l’ignorance, le bouc de la croyance aveugle. Un imbécile est un âne, un rusé est un renard, une bavarde est une pie, etc. Sacrifiez ces tendances animales en vous – et non les animaux vivants qui sont les merveilleuses créatures de Dieu. Ces enseignements s’adressent aux êtres humains, car les animaux et les plantes vivent déjà une vie de sacrifice. Nous les traitons d’inférieurs, mais dès que nous jugeons quelque chose inférieur, nous nous rabaissons. Une fleur ne peut jamais être inférieure à un être humain. Elle obéit à la loi de Dieu. La fleur nous enseigne le sacrifice. L’arbre a sacrifié ses fleurs. La fleur a sacrifié son parfum. Tous les éléments se sacrifient pour nous. Nous sommes en dette envers la nature – que nous appelons Dieu. Dieu nous a donné le l’air, la nourriture, l’eau, le soleil et la pluie. Que nous en soyons conscients ou non, nous nous en servons constamment. Nous devrions rembourser cette dette par nos sacrifices. Les gens désintéressés sont les plus paisibles. Même s’ils ne voulaient pas partager leur paix, les autres la sentent, la prennent et s’en servent. Ils expriment donc leur état de paix et le conservent en agissant toujours pour le bien d’autrui – n’attendant rien en échange, même pas de la gratitude. Si quelque chose leur vient, ils l’acceptent, le mettent de côté et le gardent, peut-être le donnent à quelqu’un d’autre plus tard. Mais ils n’attendent pas de résultats. 20
6. Le Fruit Défendu
Si vous maîtrisez cette attitude, vous êtes un Yogi et rien ne vous dérangera. Les actions par elles-mêmes n’ont pas de signification. Vous ne pouvez pas les partager en bonnes et mauvaise, ou en utiles et inutiles. Même une action soi-disant coupable peut être un geste sacré et beau, quelque chose qui doit simplement être fait. Cela dépend des circonstances. Il était une fois un moine qui obéissait à tous les commandements du Yoga. Il vivait dans un ermitage tranquille au fond de la forêt. Un beau matin, alors qu’il était dehors, sur un banc de pierre, en train de méditer et de s’émerveiller de la beauté de la nature, il entendit soudain quelqu’un courir. Il regarda et aperçut une jeune fille couverte de pierres précieuses. « Qu’est-ce qui se passe, mon enfant? —Mon Père, mon Père! aidez-moi s’il vous plaît! Quelqu’un me pourchasse pour me tuer et me voler tous ces bijoux. » Et sans même attendre sa permission, elle courut dans l’ermitage et se cacha dans un coin. Quelques instants plus tard, un homme hirsute et redoutable arriva en hâte, une épée à la main. « Eh, moine, as-tu vu une jeune fille? » Bien sûr, un Yogi ne peut mentir sans violer son vœu de véracité, n’est-ce pas? Que doit-il donc faire? La vérité doit triompher. Si vous étiez ce Yogi, que feriez-vous? Mentir effrontément? Voici ce qu’il dit. « Une jeune fille ici? C’est un ermitage. Je n’invite pas de jeunes filles ici. —Oh, je suis désolé de t’avoir dérangé. » Et l’homme partit en courant dans une autre direction. Le moine n’a pas vraiment menti. Mais même si le brigand avait insisté : « Eh, dis-moi, l’as-tu vu, oui ou non? », le Yogi peut dire clairement : « Non ». Il n’y a rien de mal à cela. C’est un mensonge, mais c’est nécessaire parce qu’il sauve trois vies. Faites le compte vous-même. Si le moine avait dit la vérité absolue, le brigand serait entré et aurait tué la jeune fille, et pris tout ce qu’il voulait. Il n’aurait pas pu simplement partir en laissant derrière lui un témoin capable de tout raconter à la police, il se serait donc débarrassé aussi du moine. Et la troisième vie? Celle du brigand. La police ne l’aurait pas oublié. Il aurait été arrêté un jour, et lui aussi mis à mort. 21
Partie I : Connaître le Connaisseur
Ce ne sont donc pas les actions qui sont bonnes ou mauvaise. Par elles-mêmes, elles sont neutres. D’habitude, c’est mal de prendre un couteau et de couper le bras de quelqu’un. Mais si vous êtes un chirurgien en salle d’opération, c’est OK. Cela dépend du motif et du résultat. Faites tout pour garder votre paix et votre joie. En fin de compte, pourquoi voulez-vous cette paix, cette joie, ou ce Dieu? Pour être utile aux autres, ou au moins pour que d’autres puissent se servir de vous. Pourquoi est-ce que le fruit se forme et mûrit? Pour qu’il puisse être mangé. Et pour attendre cet état, il faut que tout ce que vous faites soit désintéressé. Une personne qui a complètement renoncé n’a aucun désir. Et l’instant même où vous arrêtez de désirer quoi que ce soit, vous obtenez votre Soi. C’est pourquoi les Écritures sacrées disent qu’il faut devenir pauvre. Ou vous renoncez à tout, ou vous perdez tout. C’est la même chose. Si vous ne renoncez pas mais que votre recherche spirituelle est sincère, il est possible que tout vous soit enlevé temporairement. C’est une autre raison pour laquelle les gens qui désirent sincèrement connaître Dieu souffrent autant et semblent tout perdre. Ne pensez pas qu’en voulant Dieu, vous aurez tout. Non, si vous voulez vraiment Dieu, soyez prêt à tout perdre. Il vous retirera tout, parce qu’Il vous veut entièrement. Il ne veut pas que vous couriez après autre chose. Vous pourriez dire que Dieu est cent pour cent possessif en ce qui concerne Ses enfants. Quand vous manifestez un peu de beauté et que vous L’approchez, Il pense : « Ces enfants sont vraiment beaux. Je les veux. » S’Il décide de vous garder, Il ne vous permettra pas d’avoir quoi que ce soit d’autre. Si vous voulez voir Dieu, donnez tout. Sacrifiez tout, y compris votre individualité. Vous pouvez y arriver de différentes façons : en réfléchissant tranquillement sur ce sujet, ou en courant après vos désirs jusqu’à ce que vous soyez dégoûté. Cela n’a pas d’importance. C’est pourquoi je dis que chacun est à la recherche, même celui qui ne se soucie pas de pratiques spirituelles et qui court après autre chose. Il est à la recherche du bonheur. Sans le savoir, il est aussi à la recherche de Dieu. Il le poursuit partout, puis revient et dit : « Je ne peux le trouver nulle part dehors. » Finalement, il renonce à tout. Même dans le domaine politique, combien de grands hommes ont fait la même 22
6. Le Fruit Défendu
chose? Après une vie de frustration, de peurs et de soucis constants, à l’abri dans des voitures blindées et derrière des vitres pare-balle, ils disent : « Je ne veux plus faire campagne pour devenir Président. J’abandonne. Laissez-moi partir et trouver un peu de paix. » Mentalement vous pouvez prier pour cette paix et ce calme. Vous pouvez dire : « Tout est à Toi; rien n’est à moi. Enlève mon égoïsme. Rend-moi heureux et paisible. » En apprenant à vivre une vie de sacrifice, votre mental doit prier de cette façon. Au début, vous ne pourrez probablement pas prier comme cela partout, parce que le mental n’est pas capable de tout ignorer. C’est comme essayer de prier sur les Champs Élysées. Vous avez besoin d’un endroit protégé. C’est pourquoi les églises, les synagogues, les mosquées et les temples existent. Ce n’est pas parce que Dieu a dit : « Si vous ne venez pas à l’église, vous ne pourrez pas Me voir. » Il est partout. Mais il n’est pas facile de se concentrer partout. Chaque religion a un lieu réservé à la prière. Nous leur donnons juste des noms différents. En surface, les étiquettes, les idées, les langages, les offrandes sont différents. Un Hindou apportera une noix de coco et une banane. Une autre personne amènera un bouquet de fleurs ou une pomme. D’autres brûlent de l’encens. D’autres encore allument une bougie. Il y a certaines sortes d’offrande communes à toutes les religions. De même, dédicace et sacrifice de soi pour le bien d’autrui leur sont communs. Si nous pensons aux similarités, nous comprenons que nous faisons tous la même chose, sous d’autres noms. Cela n’a pas d’importance. Choisissez ce que vous voulez – mais faites-le.
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7. Faire Disparaître l’ego Debout. Réveille-toi. Ne dors pas. Nous pouvons nous libérer de l’égoïsme. Toutes les religions nous l’enseignent dans différents langages. Nirvana, libération, renoncement – différents noms de la suppression de l’égoïsme. Dieu créa l’homme à Son image. Cela veut dire que Dieu m’a fait à Son image. Dieu a aussi fait mon voisin à Son image. Dieu a tout créé à Son image. Malheureusement, nous lisons juste cela sans y penser. Regardez autour de vous. Deux groupes religieux suivent le même prophète et lisent les mêmes textes sacrés. Chaque jour ils ouvrent la Bible et lisent « aime ton prochain comme toi-même », renferment le livre, saisissent un fusil, et envoient leur « amour » sous la forme de balles. C’est la nature égoïste de l’homme qui pense : « Je suis différent de vous. Je dois tout avoir », ou « Ma communauté doit gagner », ou « Mon pays… ». C’est un aspect de l’ego individuel, créé par l’égoïsme humain. Évitez ce sentiment à tout prix, car c’est la cause de la guerre, la pollution, la haine, les différences politiques et religieuses – toutes les manifestations de l’égoïsme humain. L’ego peut être partout. Il y a l’ego national, l’ego racial, et l’ego religieux. L’ego est égoïsme. Pourquoi se bat-on au nom de la religion? Égoïsme. Où vous voyez l’ego, vous voyez la division. « Mon pays », « Ma communauté », « Ma race ». Si, par le hasard de la naissance, quelqu’un est d’une certaine race, il insiste que cette race est supérieure. C’est le cocon d’égoïsme. L’être humain rêve à l’intérieur de ce cocon d’égoïsme, dans l’obscurité complète. Il doit briser le cocon pour permettre à la lumière de pénétrer. C’est la raison principale de toutes les pratiques du Yoga – y compris devenir un disciple et renoncer. Un homme égoïste ne renoncera jamais. Rien ne peut le toucher, si ce n’est sa fierté ou tout ce qui nourrit cette fierté. Il peut même donner l’impression d’accomplir de nombreuses actions belles et utiles. Certaines personnes peuvent bénéficier de ses actions – mais pas lui. Sa fierté se renforce et il est encore plus dans les ténèbres. Vous devez frotter fort pour nettoyer l’ego. Ce n’est pas un travail facile. Cela peut faire beaucoup souffrir, parce que l’ego ne veut pas 25
Partie I : Connaître le Connaisseur
être nettoyé. Mais si vous voulez vraiment obtenir la lumière, il faut vous soumettre. Ou vous nettoyez l’ego vous-même, ou vous vous placez entre les mains d’un bon « nettoyeur ». Laissez-le presser. Laissez-le frotter. Si vous ne voulez pas qu’il le fasse, il ne perdra rien; c’est vous le perdant. Quand l’ego est propre, Dieu peut facilement pénétrer et laisser Sa lumière briller comme Il veut. Dans les monastères Zen, par exemple, vous n’êtes pas admis facilement. Vous pouvez avoir à attendre et dormir devant la portes pour quelques jours. Cela brise l’ego. Mais peut-être vous êtes un peu égocentrique. Vous dites : « Quel absurdité! Il y a tellement d’instructeurs qui disent : “Venez dans mon organisation.” Ils sont même prêts à me donner une tasse de café quand j’arrive. Pourquoi devrais-je attendre trois jours avant qu’on ne m’ouvre la porte? » Partez donc. Le maître ne perd rien. C’est vous qui ne lui permettez pas de vous donner ce qu’il veut. Cela arrivera seulement lorsque le cocon de l’ego est complètement brisé et que vous pouvez dire : « Je renonce. Je suis votre disciple. Je ne sais rien. » Un étudiant alla un jour voir un maître Zen pour recevoir un peu de sagesse. Le maître dit : « Nous parlerons de tout cela plus tard, buvons d’abord une tasse de thé. » Il saisit la théière et commença à verser le thé dans la tasse de l’étudiant. Et il versa et versa. Le thé débordait. Le disciple dit : « Monsieur, vous ne pouvez plus verser. C’est plein. » Le maître répondit : « Oh! je vois, Je suis désolé. Vous feriez mieux d’aller vous vider. Revenez et je pourrai alors déverser mon savoir. » Dès que l’ego est vidé, vous êtes vraiment ouvert, parce que toute connaissance antérieure était basée sur l’ego. Mais tant que nous ne videz pas l’ego, il y aura toujours une barrière. La Bible ne dit-elle pas « bienheureux les cœurs purs, ils verront Dieu »? Quand? Seulement lorsqu’il y a pureté de cœur, un cœur paisible et libre de tout égoïsme – le « Je » et le « Mien ». Pureté de cœur et équanimité sont l’essence même du Yoga. Mais n’essayez pas de vous débarrasser de votre ego. Sans ego, il n’y a pas de stimulant. Même Dieu a un super-ego, autrement pourquoi aurait-Il créer l’univers? Il faut juste changer l’ego, le rendre sain. Si vous vous en débarrasser, vous serez inutile. Mais si vous le purifiez en changeant « Je » en « nous » et « mon » en « notre », vous avez atteint 26
7. Faire Disparaître l’ego
la cause du problème et vous l’avez transformé. Vous pouvez alors développer un ego fort et sain. Après tout, qu’est ce que l’ego? Juste le sentiment d’individualité qui disparaîtra un jour dans l’universalité de Dieu. En attendant, c’est votre ego qui vous conduit vers Dieu. Sans cet ego, comment pourriezvous faire votre sadhana, votre pratique spirituelle? Vous avez besoin de l’ego pour vous rapprocher de Dieu. Mais lorsque vous êtes très proche, il disparaît. Maître Sivananda chantait souvent « quand Te verrai-je? » et répondait « quand Je ne sera plus ». Vous avez besoin d’un ego pour chanter cette chanson. Mais quand vous voyez ou faites face à cela, vous perdez votre ego; vous vous perdez. Quelle est la différence entre le grand « Je » et le petit « je »? Juste un point, une petite tache que vous avez placé là. Cette petite tache est le « je » égoïste. Effacez-la et vous êtes grand de nouveau. Si vous voulez vous débarrasser de cet ego , vous avez uniquement besoin de répéter : « e-go, e-Go, eh! GO! » Vous pouvez voir que la solution est dans le nom même : « Go » (va-t-en). Certains problèmes contiennent leur propre solution. On a tendance à chercher la réponse ailleurs, quand elle est déjà là. Vivez dans le présent glorieux. Un peu de libre arbitre vous a été donné uniquement pour que vous puissiez le rendre. Si vous vous soumettez à cette Volonté Supérieure, le petit ego meurt. Dès lors même votre visage et votre corps changent. Le corps est le prolongement de l’ego. Le mental crée son propre corps. C’est pourquoi lorsque le mental change, le corps change aussi. Les pensées mêmes transforment votre visage. Toute la chimie du corps est affectée par les pensées. Si vous êtes en colère, la bile s’écoule et le visage rougit. C’est la raison pour laquelle vous n’avez pas besoin de voir quelqu’un agir pour savoir ce qu’il fait. Dès que vous voyez un voleur, vous pouvez dire : « Ah! regarde, c’est un escroc. » Ses idées tordues sont exprimées dans son corps. De la même façon, des pensées pures, innocentes, sans ego, rende le visage pur comme celui d’un bébé. Nous sommes tous nés avec ce beau visage. Retrouvons-le en refusant d’obéir à l’égoïsme. Parfois vous devez vous mettre en colère contre l’ego. Refusez d’obéir à un tel patron. Dites : « Je ne peux pas travailler pour vous », 27
Partie I : Connaître le Connaisseur
parce qu’une action égoïste n’amène pas de joie véritable. Elle peut vous donner un plaisir passager, mais créera des problèmes plus tard. Si vous vous analysez, les désirs égoïstes disparaîtront. Continuez à analyser. Cela vaut-il la peine de satisfaire l’ego? Pendant combien de temps puis-je le faire? Il demande de plus en plus. Quand finira-t-il? Et en attendant, vous êtes sans arrêt sur le qui-vive, à l’écoute de tensions et d’anxiétés. Si vous ignorez l’ego et menez une vie simple, presque enfantine, vous n’avez pas besoin de vous soucier de l’ego. Pourquoi se soucier de ce que les autres pensent. Vous devriez savoir qui vous êtes. Untel peut dire que vous êtes un escroc; c’est ainsi qu’il vous voit. S’il décide que vous êtes quelqu’un de merveilleux, cela vous rendra-t-il merveilleux? S’il dit que vous êtes un gredin, le deviendrez-vous? Est-ce que quelqu’un d’autre doit vous dire qui vous êtes? Ne vous souciez pas de ce que les autres disent. C’est ainsi que je suis sauvé de mon ego. Certaines personnes disent : « Vous êtes un Swami grand et merveilleux ». Ils ont probablement de beaux yeux. C’est leur opinion. Je devrais savoir qui je suis. D’autres personnes disent : « Vous êtes un charlatan, exploitant le monde. » C’est ainsi qu’ils voient les choses. Ils ont le droit de penser cela et de le dire. Si je ne me connais pas moi-même, j’accepte ce qu’ils disent. Mais je me connais, je n’ai donc pas besoin de me faire du souci à propos de ce qu’on dit de moi. Il n’y a aucune place pour un ego qui serait influencé par les louanges et par les insultes des uns et des autres. Voulez-vous perdre du poids? On est habituellement tourmenté par l’idée de perdre des kilos. Et pourtant, comme on serait plus libre et plus léger si on réduisait son poids d’ego. Pour peser l’ego, prenez une feuille de papier et un crayon et faites la liste de tout ce que vous appelez votre : votre nom, votre réputation, votre position, votre pouvoir, votre intelligence – tout. Si votre liste est longue, vous avez vraiment du poids en trop. Le moins de poids vous avez, le plus de liberté vous avez. Imaginez que j’écrive très peu et que je n’aie qu’un crayon. C’est assez pour moi. Mais si j’ai dix crayons et n’en utilise qu’un, je suis en fait en train de voler l’usage de neuf crayons qui pourraient servir à d’autres. Il y a assez de tout dans le monde, si seulement nous pouvions 28
7. Faire Disparaître l’ego
partager. Rien ne manque au monde, parce que c’est le devoir de la nature de nous donner ce dont nous avons vraiment besoin. Ce que la nature ne fait pas, c’est d’assouvir notre avarice. Vous devez donc vous détacher. Cela ne veut pas dire se retirer du monde, ou ne pas être utile au monde. Au contraire, en vous détachant vous deviendrez une des personne les plus capables de faire du bien. Imaginez, si tous les dirigeants politiques pouvaient développer un esprit de service et de détachement. Le monde serait un paradis. Le monde est là pour notre plaisir. Nous voulons nous servir de tout. Si nous savons comment nous servir de tout de la bonne façon et avec la bonne attitude, nous en recevrons alors santé, bonheur et joie. Sachez que vous allez contrôler votre ego. Vous apprécierez alors même les difficultés et les échecs. Après la lutte, vous aurez sans aucun doute battu le démon.
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8. Sagesse Tant que vous vous chauffez au soleil, peu importe de quel soleil il s’agit. La compréhension est une grand qualité que tous et chacun devraient avoir. Si vous comprenez votre prochain, vous comprendrez aussi Dieu. Si vous ne connaissez ou ne comprenez pas votre propre Moi et le Soi de votre prochain, comment pourrez-vous comprendre Dieu? Au sens strict, la signification du mot « comprendre » (understanding) n’apparaît que lorsque vous vous tenez dessous (stand under). On ne veut pas se tenir sous quelqu’un. « Pourquoi devrais-je être en-dessous? Suis-je si bas? » On veut être au niveau supérieur. Mais on ne peut atteindre l’humilité sans compréhension. Tant que vous pensez que vous êtes quelqu’un, vous ne l’êtes pas. Quand vous réalisez que vous n’êtes rien, vous êtes vraiment quelque chose. Quand vous dîtes que vous ne comprenez pas, vous commencez déjà à comprendre. Ce n’est pas un complexe d’infériorité. C’est de l’humilité. N’oubliez pas, celui qui a beaucoup de sagesse est toujours humble. Vous connaissez certainement le blé. Vous voyez le blé pousser bien droit dans les champs. En poussant, les grains tendres sont bien droits. Ils ne se courbent jamais. Mais quand ils deviennent riches et bien mûrs, ils ne sont plus droits. Parce que les épis sont lourds, ils se courbent. Une tête vide sera fièrement haute : « Je suis tellement élevé. » Mais la tête mûre se penchera vers la terre. De même, la personne qui possède la compréhension possède aussi l’humilité, la plus grande des vertus. Où nous voyons humilité, nous voyons également compréhension. Il n’y a réellement aucune limite à la compréhension et à l’éducation. Dans la tradition Hindoue, Sarasvati, la déesse de la sagesse, est toujours représentée lisant un livre. Si elle-même est toujours en train d’étudier, où est la limite? Si nous voulons connaître, nous ne rejetons rien. Vous n’avez même pas besoin de lire des livres. Si vous voulez savoir, « demandez, et il vous sera donné ». La nature entière est un livre de la connaissance. Apprenez les leçons silencieuses qui sont autour de vous. 31
Partie I : Connaître le Connaisseur
La plus grande richesse est l’ouïe. Soyez toujours à l’écoute. Oui, nous sommes faits pour écouter. On nous a donné deux oreilles, mais une seule bouche. C’est bien là la preuve. Parlez moins, écoutez plus. Si vous étiez supposé entendre quelque chose et l’accepter tout simplement, une seule oreille aurait été suffisante, juste sur le devant du visage. Mais les oreilles ont été placées sur le côté de la tête, de telle façon que quand le message vous parvient, il est divisé en deux et partagé de chaque côté. Cela veut dire que vous l’analysez, que vous le comprenez, et qu’alors seulement vous l’acceptez. N’acceptez pas n’importe quelle parole comme vérité. De même, il n’y a pas de façon de fermer les oreilles. Ces tunnels qui reçoivent toutes les vibrations sonores sont toujours ouverts. Mais pour parler, vous devez passer à travers deux barrières; avant qu’un mot puisse être prononcé, il doit passer à travers les rangées de dents, puis à travers les lèvres. Conservez le caractère sacré de la parole. Ne parlez pas trop facilement. Si vous voulez vraiment dire quelque chose, pensez-y bien. Notre connaissance ne provient pas seulement des sens, mais aussi du mental. Il n’est pas suffisant d’entendre, vous devez également écouter. Écouter avec les oreilles et le cœur. Il y a une grosse différence entre entendre et écouter. Si vous écoutez, vous n’avez pas besoin de prendre des notes. Il y a un magnétophone à l’intérieur de vous, un multipiste très puissant, et une bande sans fin. Si vous écoutez attentivement, vous enregistrez sans déformation. Ces idées peuvent vous sembler très simples. Mais ce sont les pierres de fondation sur lesquelles vous pouvez bâtir toute une vie. Sans ces pierres, rien ne peut être achevé dans le domaine spirituel. Un jour Avvaayar, une sainte du sud de l’Inde, s’adressa à Dieu : « Seigneur, je ne sais pas ce qu’il m’arrive. J’ai appris des volumes entiers par cœur et acquis de grandes connaissances livresques. Il me semble que je parle et parle comme si j’avais des bouches partout sur mon corps. Quand pourrai-je m’en sortir et trouver le silence? » Grâce au silence nous pouvons connaître le témoin silencieux en nous. Ce silence est l’esprit, la conscience. Notre conscience est silencieuse. Elle ne vous dit jamais rien. Elle est juste là, à vous regarder. Que vous soyez bon ou mauvais, juste ou injuste, elle ne fait que 32
8. Sagesse
témoigner. Un témoin n’est jamais impliqué dans un cas et n’est jamais d’un côté ou d’un autre. Dieu est comme cela, et Sa création aussi d’une certaine façon. Le soleil est un témoin, le vent est un témoin, le ciel est un témoin, l’eau est un témoin. Le témoin est présent, c’est tout. Et vous agissez en sa présence. Pour connaître le témoin silencieux qui est toujours conscient, pour connaître le Connaisseur, vous devez cesser de vouloir d’abord connaître d’autres choses. Vous pouvez connaître ces choses plus tard. Le reste viendra naturellement. Cela peut vous rappeler un très beau passage de la Bible : « Cherchez d’abord le Royaume des Cieux, et tout vous sera donné par la suite. » Si vous ne connaissez pas le Connaisseur, l’univers entier est sans intérêt pour vous, même si vous possédez la terre entière. Toute votre richesse n’est qu’un grand zéro. Elle n’a aucune valeur par elle-même. Prenez un chèque bancaire, écrivez quelques zéros, et donnez-le à quelqu’un. Cette personne n’en retirera pas un centime. Ajouter quelques zéros. Toujours rien. Mais si vous écrivez le chiffre un devant tous ces zéros, chaque zéro multipliera la somme par dix. Certains sont très fiers de leurs zéros. « Je suis un docteur. » « Je suis un professeur. » « Je suis un président. » « Je suis ceci. » « Je suis cela. » Sans ce Un, ces « ceci » et « cela » ne sont que des zéros. Sans connaissance intérieure, que valent toutes les connaissances extérieures? Parfois même elles sont dangereuses. Connaissez-vous d’abord. Puis toutes les autres connaissances seront amplifiées. N’oubliez pas que vous devez avoir un un devant tous vos zéros. Sachez que vous êtes Cela. Soyez silencieux et trouvez cette connaissance intérieure en vous. Les jeunes disent : « Pour avoir la foi, je devrais au moins avoir un aperçu de quelque chose. » Écoutez le silence. Pénétrez le silence profond. La seule limite à la sagesses est le silence. Dans ce silence, vous pouvez réaliser votre propre nature. Il n’y a pas de mot pour la décrire. Les Upanishads disent que ce n’est pas la conscience, ce n’est pas l’inconscience. Ce n’est pas la somme de toute conscience. Vous ne pouvez pas en parler. Il n’y a pas de signe, pas de symbole pour la représenter. Ça ne se trouve nulle part. C’est l’essence même. 33
9. Qui est le Guru? Si vous pensez pouvoir trouver de l’intérieur la réponse et les directives, c’est très bien, faites-le. S’il est assez pur, votre propre mental agit comme un guru. Ultimement, le guru est à l’intérieur. Mais jusqu’à ce que vous puissiez trouver de l’intérieur des réponses claires, vous pouvez demander à quelqu’un qui connaît déjà le chemin. Vous pouvez avoir à étudier des livres quelque temps, essayant de trouver les réponses. Mais lorsque vous êtes prêt, d;une façon ou d’une autre la Providence vous donnera un instructeur. Quand le disciple est prêt, l’instructeur vient. Il ou elle sera votre guru, qui en sanskrit signifie celui qui vous éclaire. Deux syllabes : gu est l’obscurité ou l’ignorance; ru signifie le disperseur. Le guru est le disperseur de ténèbres. Littéralement, guru signifie instructeur. Tous les prophètes sont nos gurus. C’est Dieu Lui-même qui apparaît de cette façon, Se limitant afin de nous enseigner. Ce n’est pas le corps physique qui est le guru, c’est l’aspect divin qui vibre dans le corps. Si jamais vous dites « mon guru a un beau visage » ou « la tête rasée » ou « une longue barbe », vous parlez en termes de corps physique. Si une longue barbe était la qualification, toutes les chèvres pourraient être des gurus car elles en ont toutes. Ce ne sont pas les caractéristiques physiques, c’est l’illumination – la partie divine en lui. Un guru est un bon émetteur et un bon récepteur. Vous recevez de lui parce qu’il a déjà vibré sur le plan divin. Il peut sentir votre vibration et vous dire ce qui vous est bénéfique. C’est pourquoi vous obtenez une direction. Mais le guru extérieur ne vous emmènera pas de fait au but, il ne peut que vous montrer le chemin. Il vous faut marcher. Si vous avez faim, il vous faut manger. Je ne peux manger pour vous. Je peux simplement vous montrer où la nourriture est disponible. Un authentique guru ne demandera rien à l’exception de votre sincérité. S’il sait que vous êtes sincère dans votre demande, il donnera. Alors même, il ne vous demandera pas d’employer ce qu’il donne. Il dira simplement : « Le restaurant est là-bas. Si vous n’y allez pas manger, je n’en serai pas malheureux ». Parfois les chercheurs pensent 35
Partie I : Connaître le Connaisseur
que s’ils ne font pas exactement ce que leur instructeur dit, il les maudira. Aucun instructeur véritable ne fera cela. Son but est juste de vous montrer le chemin. Il ne tient qu’à vous de faire de cette personne votre guru. Il n’ira pas à vous pour dire : « Je veux être votre guru. » Il a le sentiment d’être encore lui-même un élève. Un véritable guru ne se donnera même jamais le nom de guru. Comment pouvez-vous alors connaître un vrai guru? Une telle personne ne se présentera pas en disant : « Je vais vous enseigner ». Il mènera simplement une vie belle. Vous pouvez apprendre par son exemple. Il est le Dévouement personnifié, non affecté par la louange ou le blâme. Il est sage. Il ne sera pas en quête des choses, du nom, de la célébrité ou de quoi que ce soit. C’est quelqu’un dont la sagesse est stable. Il y a une stabilité dans sa vie. Il est au-dessus des dualités, non affecté par le plaisir et la souffrance, le profit et la perte. Il est simplement là. Il ne vous imposera pas même son conseil ou ses enseignements. Il ne frappera pas à votre porte pour venir vous lire ses écritures. Il vous faudra aller à lui et même prouver votre intérêt et votre sincérité. Un guru est quelqu’un qui n’est pas avide, qui n’est pas en quête de choses, qui ne fait pas les choses pour son propre bénéfice, mais qui est totalement dévoué aux autres – toujours serein, parfaitement équilibré. Parfois il pourra ressembler à un animal féroce, peut-être un peu sauvage ou coléreux. Vous pourriez perdre foi en une telle personne. Il se pourrait que vous ne sachiez pas pourquoi il agit de la sorte. Il a des raisons pour apporter certains bienfaits à autrui. Seul un négociant en diamants sait ce qu’est un diamant. Vous pouvez commencer à le comprendre davantage en vous ouvrant davantage à lui. Le signe d’un véritable homme de Dieu est le parfait contentement. Cependant, si vous voyez un maître parfait, sachez que la perfection est dans vos yeux. Vous devez agir prudemment pour trouver un instructeur. Je semble avoir davantage confiance dans les élèves qui viennent à moi lentement et prudemment. C’est après tout un genre de mariage entre disciple et guru. Lorsque des cœurs se rencontrent, vous appelez cela le mariage. Vous ne pouvez pas connaître le guru simplement en utilisant votre tête. Écoutez votre cœur. C’est un sentiment particulier, une attirance naturelle. Les yeux se rencontrent et trouvent difficile de se 36
9. Qui est le Guru?
séparer. Bien sur, ne fermez pas complètement votre tête. Un arbre est connu par ses fruits. Tout comme en cherchant un docteur ou un dentiste, vous devez demander à vos amis : « Comment est-il? Enlèvet-il la dent abîmée ou les autres? » S’ils disent qu’il les a guéris de tel ou tel trouble, vous pouvez alors être plus sûr et l’approcher. Mais si vous entendez « je suis désolé de dire que personne n’est revenu sain de cet endroit », n’allez pas à lui. Ceux qui ont un esprit joyeux sont appelés des gens spirituels. Ceux qui sont à la recherche de cela sont appelés des chercheurs spirituels. Les disciples sont les chercheurs et le guru est celui qui les guide pour voir ce qu’il a vu. Il est toujours heureux, éternel, stable, sans tache et immuable. Il est l’éternel témoin de toute chose. Le guru est celui qui ne paie pas un seul centime, mais qui voit toujours le film – le Témoin éternel. L’univers entier est son film. En raison de ces qualités, il ne peut être représenté. C’est un poisson dormeur. Une seule personne ne peut être le guru pour tous. Mais quand vous en avez choisi un, soyez totalement franc avec lui. Abandonnez tout. C’est pour votre propre bien. Le vrai guru ne cherche pas davantage de disciples. Si vous rencontrez un instructeur qui veut de plus en plus de disciples, sachez qu’il fait juste du commerce. Il doit toujours penser d’abord au bienfait de ses disciples. Il ne doit en aucune façon retenir ses disciples. Si un instructeur dit : « Vous êtes devenu mon disciple. Si vous allez ailleurs, je vous maudirai », si vous entendez cela, renvoyez-le. Ce n’est pas un guru; c’est un homme d’affaires. Il doit plutôt vous donner entière liberté. Il peut voir quelque chose de mauvais dans votre approche et vous en parler gentiment. Mais si le disciple a perdu foi en lui, il doit se tenir à l’écart en toute joie et laisser l’élève partir. Vous ne devez pas vous sentir piégé ou résigné même si vous vous « remettez » à un instructeur; vous n’êtes pas un esclave. Un disciple est un bon ami, un enfant, un patient. Dès l’instant où vous ne pouvez apprécier ou digérer la nourriture offerte, vous devez aller ailleurs. Si vous n’êtes pas totalement convaincu, vous pouvez rester un peu plus – mais pas des mois et des années. Vous n’avez pas besoin de manger une nourriture insipide pendant des années pour savoir que ce n’est pas votre plat. 37
Partie I : Connaître le Connaisseur
Même si vous trouvez quelqu’un qui est le bon instructeur pour vous, vous devez encore savoir qui est le réel guru. Rappelez-vous, ce n’est pas le corps physique, mais le Soi, la lumière intérieure. Ce que vous souhaitez acquérir c’est la façon dont il vit, la sérénité qu’il possède. Même dans le cas de Jésus, les gens ne doivent pas vénérer son corps physique. C’est la résurrection ou le corps divin que vous révérez et grâce auquel vous voyez la grandeur et les qualités divines. Vous vénérez alors uniquement Dieu. Ultimement tous ces noms et ces formes doivent disparaître dans un sans nom et sans forme qui est le Guru absolu. La forme et le nom sont sur le plan mental. Quand vous transcendez le mental, vous ne pouvez saisir aucune forme ni aucun nom. L’expérience transcendante ne peut jamais être exposée, car pour exposer vous devez utiliser le mental. L’Illimité ne peut jamais être exprimé, mesuré ou défini par une personne ou une chose limitée. Vous ne pouvez pas décrire l’Absolu, mais vous pouvez en faire l’expérience.
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Par t IIÂ :
Calmer le mental
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10. Calmer le mental Il n’est pas facile de faire taire le mental. Calmer le mental ne signifie pas le laisser courir ici et là comme il veut. On calme le mental par les sens physiques, le corps et l’environnement. On restreint parfois les mouvements du corps, notre alimentation et notre parole. On va peu à peu de la partie matérielle de l’individu à la partie subtile. Rappelezvous, l’objectif ou le but principal du Yoga est d’avoir un bon contrôle sur le mental. Garder le mental pur et serein est tout ce qui est nécessaire pour refléter la lumière intérieure ou le Divin en dedans. Tant que le mental est agité et qu’il produit continuellement des vagues à sa surface, vous ne pouvez obtenir le reflet correct. C’est pourquoi un mental tranquille est le but. Apprenez à contrôler les pensées afin de pouvoir créer toute pensée à volonté. Ce réglage minutieux fait du mental votre outil. Si vous pouvez rendre votre mental pur, le monde entier est alors votre ami. Dès que vous avez maîtrisé l’art d’atteindre le silence mental et y êtes établi, vous pouvez alors créer des pensées. Beaucoup de gens pensent : « Quelle est pour moi l’utilité de contrôler mon mental – de le rendre blanc sans aucune pensée? Vais-je devenir comme une pierre? Ne devrais-je pas être dehors à servir les gens ou à faire quelque chose avec de nombreuses responsabilités? » Vous pouvez remplir toutes vos responsabilités et servir grandement l’humanité en atteignant ce contrôle. Si, après avoir trouvé la tranquillité, vous sortez pour servir, vous créez encore des pensées – mais des pensées de servir autrui. Ce sont des pensées altruistes. Même si de telles pensées s’élèvent dans le mental, elles n’affecteront pas sa tranquillité. C’est pourquoi les gens dévoués n’ont jamais de soucis, d’anxiété ou d’agitation. Ils sont toujours joyeux. Le Yoga vise à démagnétiser le mental qui a oublié sa vraie nature et qui veut à présent faire une chose ou une autre pour chercher le bonheur. Les pratiques du Yoga défont tout simplement ce que vous avez fait avant. Mais même pour défaire, vous devez faire quelque chose. Évidemment, vous n’avez rien à pratiquer si vous n’avez rien fait qui doive maintenant être défait. Ainsi toutes ces pratiques défont simplement, dévident, desserrent et relaxent. Jusqu’à ce que vous vous 41
Partie II : Calmer le mental
dévidiez, vous vous balancerez comme un pendule du mental excité au mental déprimé, en arrière et en avant encore et encore. Une fois que vous commencez à vous desserrer, le balancement diminue de plus en plus. A un certain point vous êtes complètement dévidé. Vous trouvez alors simplement votre neutralité, votre centre de gravité, et vous vous reposez. Même cette soif de trouver ce point neutre – le vif désir d’atteindre la tranquillité – fait buter les gens de tous côtés ou les brimbale ici et là. Vous connaissez les gens qui disent : « Oh! je me brimbale un peu ». Pendant qu’ils roulent leur bosse ils prennent plein de bosses, jusqu’à ce qu’ils réalisent que c’est désagréable – ou jusqu’à être finalement assommés. Ces coups que nous subissons en nous balançant d’arrière en avant nous ramènent chez nous à l’état tranquille qui reflète notre vrai Soi. Cette pureté mentale est ce que les jeunes gens appellent « planer ». Nous sommes par nature tous des élèves. Nous ne devrions pas faire quoi que ce soit qui pourrait nous abaisser ou détruire la paix du mental. Isolé, le mental est non troublé et joyeux. Le grand sage Bhagavan Patanjali, le père de la philosophie du Yoga, est dit avoir vécu il y a quelques cinq mille ans. Il formula les Yoga Sutras ou les aphorismes connus comme le Raja-Yoga ou la Voie royale, appelée parfois l’Ashtanga Yoga ou le Yoga aux huit membres. Il dit que le contrôle des formes-pensées qui s’élèvent dans la substance mentale est le Yoga. L’aspirant qui calmerait le mental doit suivre attentivement certains codes de vie éthiques. Le premier membre est Yama; le second est Niyama. Ce sont les choses à faire et celles à ne pas faire. Tu ne causeras aucun mal. Tu ne mentiras pas. C’est presque comme les dix commandements. La non-violence, la véracité. Tu ne voleras pas; ce qui signifie non seulement d’éviter de voler la propriété d’autrui, mais de ne pas même voler leurs pensées. Si vous voulez utiliser la pensée de quelqu’un, alors citez-le. On utilise souvent les idées d’autrui juste comme les siennes propres. La non-accumulation est également dans le code. Ne soyez pas avide. N’amassez pas les choses juste pour vous-même ou ne possédez pas trop de choses au delà des simples nécessités. Si vous accumulez plus que vous n’avez besoin, vous allez contre le Yoga. 42
10. Calmer le mental
Patanjali dit que la tranquillité mentale est le but du Yoga, sans laquelle vous ne pouvez rien atteindre de plus élevé. Appelez cela Dieu, le Nirvana ou la réalisation du Soi. Quoi qu’il en soit, la pureté mentale est le plus important. C’est la condition requise. Mais pour garder la pureté mentale, il faut suivre ces codes. Quelqu’un croyant en la violence et continuant à causer du mal à autrui ne peut jamais lui-même être paisible. Celui qui dit un mensonge ne peut jamais être paisible et pur. Celui qui accumule trop de choses ne peut jamais être paisible ou heureux. En vivant éthiquement selon ces codes vous préparez votre mental à recevoir la grâce. Ceux qui ouvrent la fenêtre reçoivent la lumière. Ceux qui mettent les voiles vont faire de la voile. Sachez que ce n’est pas le Soi qui a besoin du Yoga. Il est toujours tranquille. Mais le mental limité passe par toutes ces pratiques pour s’élargir et voir clairement le Soi. Alors, quand le Voyant voit son Soi et repose en sa vraie nature, il voit le vrai visage qui n’est jamais troublé. Vous êtes l’image de Dieu. Vous êtes par vous-même l’Infini. Comment saurez-vous quand vous avez retrouvé cet état? Quand vous êtes dans une vie paisible au delà de toutes les dualités. Rappelez-vous le but. Visez quelque chose de grand. Vous pouvez tous être des Bouddhas, des Christs et des Mahomets, des grands sages et des saints.
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11. La conscience Tout ceci est Conscience infinie. Il n’y ni percepteur ni perçu. Ceci est le grand silence. C’est l’état sans naissance ni mort. Tout ce qu’on appelle inconscient, subconscient, conscient et supraconscient sont différents états d’expression de cette Conscience infinie. Tout comme il y a conscience et inconscience chez un individu, lequel n’est jamais qu’un microcosme, le macrocosme a lui aussi la Conscience cosmique et des niveaux inférieurs perçus comme animaux, plantes, minéraux et ainsi de suite. Prenons le cas de l’océan. Ce n’est rien que de l’eau, mais cette eau même apparaît comme de grosses ou petites vagues, de l’écume et des bulles, de la glace flottante et de la vapeur qui voile. Ce ne sont jamais que les manifestations temporaires de la même eau de mer. C’est cette unité spirituelle qui doit être réalisée. C’est le but de notre vie. Seul l’être humain a atteint le niveau de compréhension lui permettant de réaliser cette grande vérité. C’est lui qui a la liberté de réaliser ou de rejeter cette vérité. Chaque fois qu’il la rejette, il rencontre l’échec pour trouver la paix et le bonheur. De tels échecs le forcent ultimement à se tourner vers la vérité. La réalisation de cette vérité est l’état sans naissance ni mort. Il n’y a ni jour de naissance ni jour de mort pour cette Conscience. Dans cet état intemporel, il n’y a ni passé ni présent ni futur. Il n’y a ni année dernière ni nouvelle année. Ce n’est nulle part (nowhere), mais ici et maintenant (now here). Il y a différents niveaux dans le mental humain. Un aspect du mental est toujours conscient de sa véritable nature qui est la Conscience infinie. En fait, on est divise. Ce qu’on appelle le vrai Soi est différent du petit soi. Il y a le grand « Je » et le petit « je ». Le mental est lui-même divisé en différents niveaux. Une partie du mental désire quelque chose. Une autre partie discrimine. La troisième partie exprime une volonté. C’est l’ego, qui dit : « Je veux. » La minute où vous voyez quelque chose « ah! que c’est bien! », un désir est créé. La partie discriminante dit : « Oui, c’est bien, mais en as-tu besoin? » Et l’ego, le troisième niveau, dit, « Eh bien! même si je n’en ai pas besoin, j’aimerais l’avoir. » Tout cela est un seul et même mental, fonctionnant sur différents niveaux. La somme totale de 45
Partie II : Calmer le mental
toutes les parties du mental est appelée chitta en terminologie sanskrite, ce qui inclut le conscient, le subconscient et l’inconscient. Il y a à travers la nature trois qualités en action et qui agissent donc également dans le mental. Les termes sanskrits sont tamas, rajas et sattva. Tamas est l’obscurité totale ou l’ignorance. Rajas est l’autre extrême – l’agitation ou trop d’activité. Sattva est la tranquillité, les deux côtés bien équilibrés; vous êtes relaxé tout en étant actif. Un beau fusionnement de l’activité et de la relaxation est ce qu’on appelle la tranquillité et la pureté mentale. Ces trois qualités ne sont pas complètement différentes les unes des autres. C’est le même mental dans différents états – quelque chose comme la glace, l’eau et la vapeur. La glace représente tamas; elle est condensée, gelée et ne peut aller nulle part. L’eau est comme rajas; elle coulera ici et là, mais ne remontera pas, elle essaiera toujours de descendre. La vapeur – sattva – s’élève très haut. Comme la vapeur, sattva est représenté par la couleur blanche. Il en va de même avec le mental. Quand vous êtes serein, le mental prend la qualité sattvique qui est naturelle. Par nature le mental est sattvique. Mais quand le mental est troublé ou agité, il est rajasique. Si vous vous sentez lourd ou somnolent, le mental est tamasique. On ne devrait pas laisser le mental trop aller dans un état tamasique ou rajasique, mais lui faire garder sa qualité sattvique. Vous pouvez avoir parfois un beau rêve ou une belle vision qui soit très satisfaisant. Est-ce un artifice du mental? Ne blâmez pas toujours le mental. Très souvent le mental est au niveau pur ou sattvique, c’est alors votre meilleur ami. Lorsqu’il vient au niveau rajasique, il est extrêmement problématique. Le même mental peut être un ami ou un ennemi. Il vous faut l’analyser. Demandez : « Est-ce que cette vision, ce désir ou cette expérience m’aidera, ou bien me troublera? » Utilisez votre propre intelligence. Si l’expérience est susceptible de causer des problèmes, c’est alors un artifice du mental. Ignorez-la. Mais si le mental vous apporte quelque chose d’utile, prenez-le. Bien que le mental soit parfois plus sattvique, tamasique ou rajasique, une de ses parties est toujours sattvique. Cette partie dit toujours aux autres parties : « Je suis heureuse d’être ainsi. Pourquoi continuez-vous à vous balancer d’arrière en avant entre l’agitation et la lourdeur? » La 46
11. La conscience
partie sattvique n’oscille pas du tout. Elle est toujours calme. Même si votre vie semble parfois être ballottée, sachez que vous êtes toujours un avec le Soi paisible qui n’est pas affecté par le ballottement. Yoga signifie devenir uni, être rassemblé. Grâce au Yoga vous pouvez être uni à tout ce que vous voulez – argent, nom, gloire, autrui, propriété, tout ce que vous désirez. Tout cela est possible avec le Yoga. Mais être uni à tout ce que vous aimez à l’extérieur de vous-même ne sera pas possible tant que le Yoga ou l’union n’est pas d’abord survenu en vous-même. Tout ce que vous voulez voir au dehors doit se produire en vous. Veuillez vous rappeler cette règle d’or, car qu’y a-t-il à l’extérieur? Rien d’autre que votre projection. Le monde entier est votre projection. Il n’y a rien sur l’écran jusqu’à ce que vous projetiez le film au moyen du mental. Selon la coloration de votre mental, selon la forme, la taille et la densité ou la pureté de votre mental, vous voyez des choses sur l’écran du monde. Si vous avez enregistré des bonnes nouvelles, des beaux paysages et des jolies histoires, vous verrez une belle histoire au dehors. Si c’est ce que vous voulez voir à l’extérieur, vous devez le développer à l’intérieur, puis le projeter au dehors. Les humains sont des animaux pensants. L’homme n’est pas homme simplement à cause du corps physique, mais en raison de son mental. « Tel mental, tel homme », disent les Écritures sanskrites. C’est pourquoi votre pensée doit d’abord être corrigée. C’est aussi pourquoi le Yoga intérieur est très nécessaire. Intériorisez donc toujours votre mental. Nul besoin de vous tourmenter tout le temps avec les autres. Ce que vous cherchez à l’extérieur est en vous-même. Si vous voulez voir Dieu au dehors, voyez-Le en vous-même. C’est l’image en vous. Connaissez votre véritable image. Regardez à l’intérieur; écoutez à l’intérieur. L’entière personnalité et tous les sens doivent être tournés en dedans afin de tout réaliser à l’intérieur, afin de sentir qu’on est un avec toute chose et avec chacun. Vous voyez ceux du dehors comme plusieurs parce que vous vous êtes divisé en plusieurs. Vous semblez être des personnalités divisées. Lorsque vous dites « je suis gros », vous êtes une personne physique. Lorsque vous dites « je suis intelligent », vous êtes une personne intellectuelle. Lorsque vous dites « je t’aime », vous êtes une personne émotionnelle. Vous vous identifiez à beaucoup de choses. Au lieu de 47
Partie II : Calmer le mental
vous diviser, unissez-vous. Trouvez ce Yoga en vous-même. Connaissez le Soi par le soi. Ne laissez pas le mental vous contrôler. Commencez à le contrôler en restant à l’écart de toute pensée qui pourrait le troubler. Les pensées égoïstes fraient la voie à l’anxiété, à la peur et aux désappointements. Le plus grand pouvoir sur terre est la force de la pensée. Mais avant de rendre puissantes vos pensées, rendez d’abord le mental pur. Si vous êtes quelquefois ennuyé par des pensées troublantes, n’essayez pas de les chasser ou de les réprimer. Substituez simplement une autre pensée plus paisible ou affectueuse à celle qui vous trouble. Toutes vos actions et vos pensées laissent une impression dans le mental. Elles laissent une trace, comme une petite graine glissant du mental conscient au subconscient et à l’inconscient. Mais ces graines attendront des occasions pour faire surface et germer. Il ne tient qu’à vous de créer des bonnes impressions dans le mental pour déraciner ces autres fruits de votre passé. Supprimezles pendant qu’ils sont encore à l’état latent en substituant à ces pensées et actions égoïstes des pensées et des actions positives. Et en pensant à de bonnes et belles idées, vous changerez également votre corps. Avec des idées divines vous pouvez façonner un corps divin. Grâce à votre pensée le corps physique change immédiatement. Ne pensez pas que votre corps soit si différent de votre mental. Le mental est un corps subtil, comme la vapeur. Le corps est de la vapeur solidifiée. Le corps est le mental rendu concret – comme la vapeur solidifiée. Quand vous figez le mental, il devient un corps. C’est ce que vous avez fait dans la matrice de votre mère. Vous n’êtes pas entré en elle comme un corps. Vous y êtes allé comme une essence et avez commencé à vous solidifier. Votre mère a ajouté quelque chose à cela et votre corps s’est développé. C’est une autre façon de montrer que le mental et le corps sont en fait la même chose, mais à différents niveaux d’expression. Bien que le mental ne puisse pas être vu, il est clairement exprimé à travers le corps. Vous avez la capacité de modifier votre corps simplement par votre pensée. Si vous entretenez toujours des pensées généreuses et faites des choses affectueuses pour les gens, ce sera exprimé sur votre visage et votre corps. Les gens vous verront et diront :« Regardez! Quelle merveilleuse personne! Un ange qui marche! » 48
12. Concentrez-vous sur une chose La concentration est l’effort de centrer le mental sur une chose; c’est aussi la première étape de la méditation. Ne pensez pas que vous perdez votre temps si vous vous asseyez pour méditer et remarquez que votre attention va ici et là. C’est ainsi que chacun commence. Beaucoup de gens veulent que le mental soit bien fixé dès le départ. S’il s’échappe, ils pensent : « Oh, je suis juste en train de perdre mon temps. Je vais me lever et partir. » C’est une grave erreur. Vous ne pouvez pas centrer le mental tout de suite. Vous devez le dresser. Quand il erre ici et là, ramenez-le. Dites « viens ici! », et ramenez-le gentiment sur l’objet de votre méditation. Rendez cette pratique intéressante. Découragez tout autre idée; éduquez votre mental. Ceci est la concentration. Quand cette concentration devient bien établie pendant une longue période, vous méditez. On veut juste s’assoir et méditer sans passer par les étapes préliminaires. Mais le mental et les sens, ainsi que le corps, ne veulent pas coopérer. Le mental peut courir ici et là, et on pense : « Ah! je médite maintenant. » Ceci n’est pas méditation. Ce n’est pas si facile. Le mental d’une certaine façon prend l’habitude d’aller ici et là. Ce n’est qu’après avoir pratiquer la concentration – en ramenant le mental encore et encore jusqu’à ce qu’il devienne bien fixé sur un point – que vous méditez. A ce moment vous n’avez plus besoin de faire quoi que ce soit d’autre. Tout ce que vous faites est de fixer le mental sur l’objet choisi. Le reste viendra tout seul. Qu’est ce que le reste? Samadhi, ou état de super-conscience. Cela arrivera naturellement. Si vous voulez vous endormir facilement, vous préparez tout avec soin. Peut-être vous prenez un bon bain bien chaud, buvez un verre de lait tiède avec un peu de miel, mettez de la musique douce sur la stéréo, préparez le lit avec des draps propres, réglez la température. Tout est prêt; vous vous allongez et relaxez. Écoutez maintenant la musique. Ne pensez pas à votre travail. Ne pensez pas à un film. Méditez sur une chose – la musique. Vous vous endormirez doucement. Ceci doit arriver automatiquement – vous n’avez pas conscience de vous endormir. Dès que vous vous endormez, vous 49
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devenez presque inconscient. Vous ne vous dites pas : « Maintenant je dors », ou « Maintenant j’essaie de dormir ». De la même façon, le sommeil yoguique est appelé samadhi, et la seule différence entre ce sommeil et le sommeil habituel est que vous demeurez conscient. En temps normal, vous dormez sans vous en rendre compte, vous êtes inconscient. Dans le samadhi, vous êtes super conscient. Vous savez que vous dormez. Cela signifie que vous devenez le Connaisseur, bien que vous dormiez. En méditant, vous vous mettez à la place du Connaisseur. Quand vous dormez normalement, vous ne vous mettez pas à la place du Connaisseur; vous vous mettez à la place du dormeur. Mais le Connaisseur est toujours là. C’est pourquoi quand vous vous réveillez, vous pouvez dire : « Ah! j’ai bien dormi ». Il – le Connaisseur – vous dit : « Eh! tu as bien dormi ». Puis vous dites : « J’ai bien dormi ». Le Connaisseur vous surveille constamment, il se rend compte de tout. Cette connaissance est ce que vous appelez l’image de Dieu, ce qui est le vrai vous. Celui qui dort ou qui devient agité est votre mental. Quand votre mental devient pur, vous vous identifiez avec votre vrai image. Vous savez alors que vous êtes le Connaisseur. Dans le samadhi, vous devenez le Connaisseur, celui qui est conscient. Vous devenez conscient que votre mental dort. La méditation est un sommeil conscient. En fait, quand vous méditez vous mourez. A vrai dire, le but de tout pratique spirituelle est la mort. Le petit soi, ce que nous appelons l’ego, et tout ce qui s’y rapporte et que nous appelons l’individu limité, doit mourir. Maître Sivananda avait l’habitude de dire : « Mourez pour vivre. » Cela signifie que vous, le petit soi, doit mourir afin que vous puissiez vivre dans le royaume éternel en tant que le Soi élevé. C’est ce que vous essayez de faire en méditant. Vous essayez graduellement de calmer le mental. Quand vous concentrez le mental, il devient plus précis. Il courait ici et là, mais vous le gardez immobile. Un gand saint disait : « Seigneur, quand je T’approche, j’arrive comme un grand homme, tout ego, pensant que je vais arriver à Vous, que je vais Vous attraper. Mais en Vous approchant, il me semble que je diminue et dépéris. » Le « je » dépérit quand vous devenez proche. Vous diminuez et diminuez. Enfin, vous vous perdez pour devenir un avec le Soi élevé. 50
12. Concentrez-vous sur une chose
Cette perte est ce qui se passe pendant la méditation. Dans le Raja Yoga, les trois dernières branches sont la concentration, la méditation, et le samadhi. Pendant la concentration, vous essayez de fixer le mental. Pendant la méditation, vous l’avez fixé. Il y a trois parties dans la méditation : le Connaisseur, le connu, et la connaissance; vous êtes celui qui médite, l’objet de la méditation, et le processus de la méditation. Vous êtes le Connaisseur, vous connaissez quelque chose, et cela est connu grâce au processus de connaissance. Si la méditation devient profonde, les trois deviennent un. Soit vous devenez ce qui était l’objet de la méditation, ou l’objet devient celui qui médite. Le processus de connaissance s’arrête. Quand les trois parties deviennent une seule, on l’appelle samadhi. Il n’y a plus de dualité, vous avez perdu le soi, votre objet, et le processus. C’est pourquoi nous méditons sur Dieu, ou sur Ses qualités. C’est pour acquérir ces qualités et devenir Ce qui est l’objet de la méditation. Vous ne pouvez Le devenir sans vous y perdre. Unir signifie transformer deux en un. Il ne peut plus y avoir deux. Ils deviennent un. Lequel? L’un ou l’autre. Vous ne pouvez changer deux en un s’ils ne sont pas au même niveau, du même genre ou de la même qualité. Deux choses de natures différentes ne s’uniront pas. Pour donner un exemple technique, le récepteur d’une radio vibre à la même fréquence que l’émetteur. Si la fréquence change un peu d’une façon ou d’une autre, vous n’obtiendrez pas la même musique. Si l’émetteur et le récepteur ne sont pas sur la même longueur d’ondes, il n’y a pas de communication possible. Cela signifie qu’ils doivent temporairement devenir un, en qualités et en vibrations. Cela arrive dans la méditation profonde. Vous sentez que vous vous perdez. C’est pourquoi quelqu’un de très connu a dit : « Moi et mon Père sont un. » Il méditait si complètement sur le Père qu’il s’est perdu et est devenu le Père. C’est quelque chose de rare et de très beau. Vous vous perdez en Lui. Si vous ne voulez pas perdre votre individualité, vous ne pouvez L’atteindre. Souvent on a peur de cela dans la méditation. Souvent on sursaute et on sort de la méditation parce que le sentiment d’individualité est toujours fort. On s’inquiète : « Comment puis-je me perdre? Je ne veux pas cela. » Ne vous en faites pas. C’est beau. On doit se perdre dans la méditation. L’ego cesse 51
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d’être. Vous mourez pour vivre. N’hésitez pas à mourir. Cela vous amène à un état d’immortalité. Faites attention à votre objet de méditation. Vous le voulez – vous l’avez! En dressant, puis en vous rendant maître de votre mental, le mental peu à peu absorbe les qualités de l’objet de méditation. Pensez à Dieu, et vous devenez divin. Ce que vous pensez, vous devenez. Si vous méditez sur un singe, vous savez ce qui va se passer. Faites attention. Si quelqu’un médite sur un champion du monde, lentement il développera cette inspiration, et il deviendra comme cela un jour. C’est pourquoi quelqu’un qui veut devenir un boxeur célèbre s’entoure de photos de grands boxeurs. Une personne qui veut devenir une star du cinéma aura des photos de stars partout dans la maison. Si vous voulez devenir comme Dieu, ou même vous perdre en Dieu, vous devez avoir les photos et symboles qui conviennent. Les symboles que vous choisissez pour méditer devraient avoir une signification. Choisissez ce que voulez comme objet de méditation, mais il doit représenter des idées ou des pensées élevées – quelque chose qui vous rendra plus ouvert, plus universel, et plus aimant. Quelque chose qui vous sortira de votre coquille. Il y a beaucoup de méthodes et de formes de méditation. La médiation est la concentration continue du mental sur une chose, un objet, une idée, ou un mot. Choisissez ce que vous voulez. Ce qui vous semble le plus facile est certainement le meilleur pour vous. L’objet de méditation peut changer pour convenir au goût, au tempérament, aux habitudes et à la foi de l’individu. Vous pouvez choisir l’image d’un grand sage ou saint, Jésus Christ, Bouddha, Shiva, ou Krishna. Ou si vous ne voulez pas choisir une forme humaine particulière pour représenter Dieu, vous pouvez avoir une image du soleil levant, de la lune, ou des étoiles. Les écritures hindoues disent même que vous pouvez choisir un de vos merveilleux rêves comme objet de méditation. Avez-vous déjà rêvé de quelque chose de divin, de sages ou de saints, ou d’une image de Dieu? Vous pouvez méditer sur cela en y pensant constamment. Vous pouvez vous rapprocher de Dieu sous n’importe quelle forme et de n’importe quelle façon car Il est présent partout. D’une certaine façon, le terme maintenant populaire de « méditation transcendantale » exprime ce que l’on cherche à achever par la méditation. 52
12. Concentrez-vous sur une chose
Le but ultime de la méditation est de s’élever au-dessus – transcender – le corps et le mental. Si vous méditez pour des raisons spirituelles, vous devez transcender pour réaliser l’esprit. Vous pouvez réaliser l’esprit à travers les objets ou les idées de votre méditation. Si votre but est l’esprit, vous ne pouvez le réaliser en vivant au niveau du physique et du mental. Vous devez transcender la chair et le mental. Quand vous transcendez, vous n’êtes plus un être physique ou mental. Dans ce sens, toute méthode de méditation bien choisie devrait vous faire transcender le corps et le mental. Mais vous n’avez pas besoin de dire que cela est de la « méditation transcendantale ». Le but de toute méditation est de transcender. C’est un peu comme avoir une choix de plats. Quel que soit celui que nous choisissons, notre faim sera satisfaite. Mais si soudain je prends un plat et l’appelle « plat qui satisfait la faim », sous-entendant que tous les autres plats ne satisferont personne, c’est un peu trop. Peut-être que ce nom permettra à quelques uns de se souvenir du but de leur méditation. Mais dire « c’est la seule façon », ou « c’est la meilleure façon » ne fait que créer des complications inutiles. C’est une forme de fanatisme. Dans le domaine de la pratique spirituelle, il n’y a pas de « seule » ou de « meilleure » façon. N’oubliez pas cela. Même penser « ma façon est la meilleure » créera toujours des ennuis. Si vous aimez un plat particulier, mangez-le, mais ne dites pas « c’est la seule nourriture ». Quelqu’un d’autre peut ne pas l’aimer. Les goûts sont différents. Si vous voulez vraiment utiliser le terme « seul », utilisez-le pour parler de votre but. Il n’y a qu’un seul but. C’est de vous élever au niveau de Dieu, Christ, Ishwara, Bouddha, Brahman – peu importe comment vous l’appelez. Mais quelle que soit la méthode que vous avez choisie, gardez-la. Ne changez pas constamment. C’est comme creuser un puits. Si vous changez sans arrêt et essayer de creuser ici et là, vous n’atteindrez jamais votre but. La méditation est un besoin profond, intense. Tenezvous en à une chose qui est bonne pour vous. Concentrez tout votre mental et engagez-vous totalement pour réaliser votre but. En vous concentrant sur un objet, vous vous élèverez lentement même audessus de cet objet. De nombreuses choses vous arrivez à une chose, et d’une chose – à rien. Vous réalisez alors tout en réalisant votre Soi. La 53
Partie II : Calmer le mental
concentration conduit à la méditation. La méditation changera lentement en samadhi. Quand le mental est complètement calme ou concentré, vous réaliser la force divine ou le Dieu en vous. Peu importe ce que vous choisissez si vous êtes vraiment concentré et résolu à réussir. Il y a l’histoire d’un dévot de Shiva, Sakya, qui était un vrai sot, et qui pourtant devint lui-même un objet de dévotion. Il n’était pas éduqué, mais il se dit un jour : « Tout le monde vient et honore Dieu avec toutes sortes d’offrandes – de l’eau, du lait, de la farine, ceci et cela. Pourquoi est-ce que ces gens utilisent tout ça? On dit que Dieu est au-dessus de ça. D’accord, je vais L’honorer avec une pierre. Chaque jour je vais prendre une pierre et la Lui lancer, et je vais voir si Dieu va me bénir et Se révéler à moi ou non. » Et c’est ce qu’il fit. Il jura même : « Je ne mangerai pas le matin avant d’avoir d’abord jeter une pierre. C’est ma dévotion. » Les gens avaient alors l’habitude de jeûner avant leur dévotion afin de mieux prier, et c’est une raison pour laquelle on jeûne pour certaines occasions. Sakya jura : « Je jetterai la pièrre pour honorer Dieu. Je ne mangerai qu’après. » Et c’est ce qu’il fit chaque jour. Mais un jour il ne pût trouver de pierre. Il chercha partout – il ne trouva que d’énormes rochers qu’il ne pouvait soulever. C’était une épreuve miraculeuse. Il courut partout, mais ne pût trouver une seule pierre. Les jours passèrent, et son estomac ne le laissait pas tranquille et le pressait. Sans eau et sans nourriture pour si longtemps, il devint très faible. « Que je suis stupide! dit Sakya. « Je ne sais pas pourquoi j’ai fait ce vœu. Mais je dois m’y tenir. Mais, mon Dieu, je suis en train de mourir... » Et en disant cela, dans son désespoir, il porta ses mains à sa tête. « Qu’est ce que c’est que cela? » Tous les jours ses mains avaient ramassé des pierres, elles reconnaissaient donc bien cela – quelque chose de dur. Dès qu’il sentit sa tête entre ses mains, il pensa : « Tiens, voilà une pierre ». Il oublia que c’était sa tête. Il commença tout de suite à la tourner. Il ne pensa même pas à sa propre vie. Son seul souci était de jeter une pierre. Au bord de la mort, une main invisible l’arrêta et il entendit une voix. « Mon merveilleux fidèle. J’apprécie ton vœu et ton dévouement. Tu voulais faire quelque chose et tu essaies de le faire à 54
12. Concentrez-vous sur une chose
tout prix, même au prix de ta vie, pour Moi, en Mon nom. Je Me révèle à toi. » Qui peut obtenir la révélation de Dieu? Celui qui transcende le physique et le mental. C’est pourquoi on va en pèlerinages et on subit toutes sortes de peine; on veut juste Dieu. On ne se soucie même pas de perdre la vie. Si vous êtes aussi obstiné et concentré, vous atteindrez Dieu. L’histoire de Sakya prouve que la façon de L’atteindre n’a pas d’importance. Faites ce que vous voulez, mais soyez totalement concentré sur Dieu.
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13. Les Mantras De nombreux maîtres spirituels donnent un mantra à leurs étudiants comme objet de méditation parce que c’est une méthode de méditation tellement facile et efficace. Un mantra n’est pas simplement un not. C’est une vibration sonore, de nature mystique, qui aligne plus ou moins le système tout entier et qui l’harmonise. L’univers tout entier n’est qu’une vibration sonore. Le corps de Dieu est un corps sonique, un corps de vibration, un corps de mantra. Presque toutes les Écritures disent la même chose – que Dieu est un son ou la Parole. Des sages en méditation profonde ont entendu ces sons, ou mantras, représentant certains aspects de la vibration divine, Om. Des générations de maîtres spirituels ont transmis ces mantras pour guider leurs étudiants. Les mantras sont des sons qui peuvent avoir une signification ou non. En les répétant continuellement vous pouvez produire certaines vibrations en vous qui agissent au niveau physique, émotionnel et intellectuel. Les prières et les chants peuvent calmer le mental, et nous amener temporairement à un état de paix. Mais les mantras ont une valeur spéciale. Ils ne sont pas des mots créés par quiconque créa le langage. Ce sont les nombreuses vibrations de la même énergie qui fonctionne de différentes façons. Le son cosmique, représenté par Om, a de nombreux aspects. Ces différentes facettes de Om sont appelés mantras. En répétant sans arrêt le mantra vous développez cette vibration parce que toutes les vibrations sont en vous. Chaque personne, en elle-même, est un microcosme; ce que vous voyez dans le macrocosme, vous voyez dans le microcosme; vous êtes un univers. Et pas seulement vous, mais chacune de vos cellules est un univers. Combien de systèmes solaires avez-vous en vous, combien d’atomes? Ils sont innombrables. Donc si on vous donne un mantra et si vous le répétez constamment, vous développerez cet aspect de la vibration qui est déjà en vous, mais caché. Vous l’amenez à la surface, l’utilisez, et en bénéficiez. En le répétant, vous obtenez la vibration. Il réveille les vibrations subtiles qui sont dormantes en vous. Ce n’est même pas quelque chose que 57
Partie II : Calmer le mental
vous sentez physiquement. Les vibrations sonores sont bien plus puissantes que n’importe quel instrument physique. On fait beaucoup aujourd’hui avec le son. On développe des lavevaisselle qui utilisent le son seulement, pas l’eau. La machine vibre et nettoie la vaisselle. Les montres sont aussi nettoyées par des vibrations sonores. Il y a aussi une espèce de baignoire dans laquelle vous vous asseyez avec seulement la tête exposée, comme un bain à vapeur. Vous appuyez sur un bouton et activez une sorte d’ultrason. Après quelques minutes vous êtes complètement propre, sans avoir utilisé de l’eau et du savon. Des vibrations sonores très pointues sont également utilisées comme un couteau. Et on essaie de développer une méthode de chirurgie où le son remplacerait le scalpel. De tels principes scientifiques ne sont pas étrangers aux sages qui ont fait l’expérience de ces sons subtiles dans la méditation profonde. Ils connaissent l’importance des différentes vibrations. Ces sons n’ont pas de signification, mais ils ont une raison d’être. Quand la personne dans la voiture derrière vous klaxonne, vous n’avez pas besoin de lui demander ce que ça signifie. La raison d’être elle-même est la signification. En répétant le mantra vous devriez penser à sa raison d’être. C’est tout. Le but est très important. Quand vous pensez à l’amour universel, vous pouvez très bien savoir ce que c’est, mais vous devriez aussi connaître son but. Alors seulement pouvez-vous l’appliquer et en faire l’expérience. Vous saurez alors ce qu’il amène, car son but est sa signification. Le mantra est tout ce qui calme le mental. Toute vibration qui rend le mental bien concentré et qui crée une sorte de réceptivité est un mantra. Répétez votre mantra en sentant sa raison d’être. Le mantra devrait vous harmoniser, et vous accorder afin que vous puissiez recevoir des vibrations cosmiques similaires. Il aligne plus ou moins votre système tout entier. C’est la clef maîtresse qui ouvre tous les verrous et qui élimine tous les obstacles à l’illumination. Il y a de nombreuses sortes de mantras. Pour bénéficier de certains, vous devez connaître leur signification, ou l’aspect de Dieu qui est reçu. Mais dans le Yoga, les mantras n’ont pas une certaine signification personnelle. Ils sont bons pour tous, et ne gêneront la foi individuelle de personne. Même si vous ne connaissez pas leur signification, ils 58
13. Les mantras
sont utiles. Ils contiennent une lettre-graine. Simplement par la répétition, vous vous accordez. Vous avez besoin de comprendre et de croire en une prière pour que vous en retiriez des bénéfices. Mais avec certains mantras, vous obtenez la vibration, que vous connaissiez la lettre-graine ou non. Si vous voulez que le cœur et les émotions soient impliquées, vous devez connaître la significations des mots. Mais la raison du mantra est de calmer le mental – tout ce que vous devez faire est de le répéter avec foi. Tous les mantras sont des vibrations différentes d’une vibration commune, Om. Votre but final est de réaliser cet Om ou bourdonnement cosmique. Pour recevoir Dieu complètement, vous devez devenir un bon récepteur. Si Dieu vibre en tant que son, vous devez produire un son similaire pour le recevoir – comme l’émetteur et le récepteur de radio. Religion est scientifique, ce n’est pas seulement de la foi. C’est pourquoi la science et la religion vont très bien ensemble. Pour moi, elles ne sont pas différentes. Accordez donc votre radio pour recevoir cette vibration cosmique. Dieu vibre sur des millions de longueurs d’ondes, de même qu’une station de radio peut transmettre sur des longueurs d’ondes différentes – FM, AM, courtes ondes, longues ondes, etc. Vous devez L’approcher selon votre capacité, selon la vibration que vous possédez déjà. On peut donc se servir des mantras pour mieux accorder ses propres vibrations Le son est plus subtil, donc plus puissant, que la matière. Toutes « choses » sont plus grossières que les vibrations sonores. L’épopée hindoue du Ramayana le démontre bien. Le Seigneur Rama fut une fois dans une situation où il devait essayer de tuer son meilleur disciple, Hanuman, le Dieu-Singe, qui répétait sans cesse le nom de Rama comme mantra, « Ram, Ram, Ram, Ram, ... » Rama visa Hanumam et lança ses flèches. Mais aucune flèche ne pouvait le toucher tant qu’il répétait « Ram, Ram, Ram ». Dans cette histoire, Rama envoya des milliers de flèches et rien ne pouvait toucher Hanuman. Les flèches faisaient le tour d’Hanuman, se courbaient, et revenaient. Qu’est-ce qui est le plus puissant? Rama ou le nom de Rama? Dans un autre épisode de l’épopée du Ramayana, la femme de Rama, Sita, fut enlevée par le démon Ravana et retenue prisonnière au Sri Lanka. On demanda à Hanuman d’aller la chercher. Il pensa 59
Partie II : Calmer le mental
qu’elle pouvait être au Sri Lanka, et il alla donc simplement sur la plage tout à fait au Sud de l’Inde, répéta le nom de Rama, et sauta. En répétant le mantra il s’enlova et se posa au Sri Lanka, à cinquante kilomètres de là. Il y vit tout, y compris Sita. Il revint alors de la même façon et raconta tout à Rama, qui dit : « D’accord, nous construirons un pont et la délivrerons. » Vous voyez, Rama dut construire un pont pour traverser l’eau, mais Hanuman put simplement la survoler en répétant le nom de Rama. Ce n’est peut-être qu’une histoire. Vous n’avez pas besoin d’y croire. Mais même à cette époque, ils savaient que les vibrations sonores sont plus subtiles que les vibrations physiques ou matérielles. Rama – la forme – est matière. Mais le nom est pur son. Qu’est que qui est le plus subtil, le son ou la matière? Lequel pouvez-vous voir? Ils ne sont pas complètement différents. Quand l’essence même du son invisible est gelée, elle devient matière ou forme. C’est ainsi que le monde contient toutes ces formes. Le nom de Dieu est manifesté en tant que forme. Dieu, en tant que son, Se manifeste dans le monde. Il y a toute une science de la répétition des mantra. On se sert des mantras pour différentes raisons : pour guérir, pour devenir illuminé, pour devenir intelligent, pour devenir plus beau. Les mantras peuvent également rendre malade et causer le mal lorsque l’on utilise la même technique et des mantras différents. Ne pensez pas que c’est absurde. De même que l’électricité, le pouvoir du mantra peut créer des problèmes si on ne l’utilise pas convenablement. Il y a des mantras pour guérir et pour faire du mal, pour sauver et pour tuer. Il y a de nombreuses restrictions à l’utilisation de tels mantras. Si vous ignorez une de ces restrictions, le mantra peut se retourner contre vous. Ceux qui se servent des mantras pour des raisons égoïstes en souffriront certainement les conséquences au centuple. Certains mantras sont pour le bien d’une personne; d’autres sont pour le bien de tous. Votre mantra doit être assorti à votre vibration ou à votre constitution. La base ou la graine d’un mantra est une certaine syllabe. Selon les écritures sanskrites, chacune des cinquante et unes lettres de l’alphabet a sa propre vibration. Chacune est une clef d’un aspect particulier de votre corps astral. Si vous additionnez toutes les différentes pétales qui 60
13. Les mantras
forment les chakras (centres nerveux le long de la colonne vertébrale), vous vous apercevrez que le total est cinquante et un. Chaque pétale représente et stimule une vibration particulière. Om est l’Absolu nonmanifesté, et les autres mantras sont des graines pour des manifestations différentes. Par exemple, « ram » représente la lettre du feu. Elle allume votre feu divin. Quand vous chantez le mot, vous n’avez pas besoin de connaître sa signification. Il agit toujours sur votre système. Il est audelà de la compréhension intellectuelle, mais il remplit tout de même sa fonction. Tel est le pouvoir des mantras-graines. Si vous allez au Tibet vous entendrez peut-être des gens répéter constamment le mantra : « Om Mane Padme Hum, On Mane Padme Hum. » Presque tous les bouddhistes là-bas utilisent ce seul mantra. Dans le système hindou, par contre, il y a différentes nourritures pour différentes personnes. Un mantra est choisi pour chaque individu. Certains mantras sont comme un tonique général que vous pouvez prendre sans une ordonnance. Mais pour un médicament spécial, vous avez besoin de l’ordonnance d’un docteur. On peut se demander : « Pourquoi ai-je besoin d’un gourou? Est-ce que je ne pourrais pas répéter un mantra moi-même? Pourquoi est-ce que je ne pourrais pas juste en choisir un? » Si vous pouvez faire le diagnostic de votre maladie et choisir le bon médicament, faites-le. Malheureusement, même dans ce cas vous ne pouvez pas acheter de tels médicaments sans une ordonnance. C’est pourquoi le gourou sert de docteur. Il vous examine. Vous n’avez pas toujours besoin de saisir le poignet de quelqu’un pour prendre sa température. Le gourou sent votre vibration et décide que cette « médecine » est le meilleur tonique pour vous. Si vous voulez un mantra personnel, le gourou peut vous initier. Vous devez payer cher pour un mantra personnel; mais ce n’est pas une question d’argent, bien que malheureusement certaines personnes demandent une contribution monétaire. Le vrai prix à puer est celui de vos propres pratiques. Vous ne pouvez répandre la vibration à travers tout votre système qu’en répétant le mantra souvent et régulièrement. Pour transformer le lait en yaourt, vous avez besoin d’un peu de culture. L’homme cultivé vous donnera un peu de culture. Il l’a d’abord cultivé en lui. Mais il ne plantera pas la graine dans n’importe quel sol. 61
Partie II : Calmer le mental
Il doit préparer le sol à recevoir la graine. C’est pourquoi une cérémonie, une initiation, est importante. Le gourou prépare votre corps, votre mental – tout. Quand le terrain est prêt, il plante la graine, ajoute la culture, et explique comment développer la graine. Par votre pratique vous devez la cultiver en vous jusqu’à ce qu’elle s’épanouisse. Le mantra est aussi comme une petite dynamo. Le garagiste peut charger votre batterie, mais vous devez la garder chargée ou elle s’épuisera. En répétant le mantra vous le gardez bien chargé et le répandez à travers tout votre système jusqu’à ce que sa vibration remplisse votre corps et mental. Votre personnalité toute entière vibre sur cette merveilleuse longueur d’ondes et attire automatiquement des vibrations semblables. Vous êtes en accord avec ceux qui ont les mêmes ondes, et enfin en accord avec l’onde cosmique. Ceci est l’explication scientifique du Mantra Yoga. Jusqu’à ce que vous recevez l’initiation d’une personne qui a les qualités requises, il n’y a rien de mal à répéter un mantra. Il y a des mantras généraux que tout le monde peut utiliser. Hari Om, Om ou Om Shanti sont simples et très efficaces. N’essayez pas de longs mantras. Le plus court est le plus puissant. Hari Om est un beau mantra qui peut évoquer la vibration sonore en vous. Ha est prononcé aspiré, ri est roulé. Le ha vient du plexus solaire. Quand vous prononcez ri, le son s’élève. O vibre dans votre crâne tout entier. Dès que vous dites mmmm, la vibration monte. Avec le son montant de plus en plus haut, vous vous élevez au-dessus du corps et du mental. Vous devez comprendre que ceci ne fait partie d’aucune religion particulière. Vous travaillez seulement avec certains sons. Bien sûr, tout le monde ne sera pas satisfait avec un mantra comme point central de méditation. Chacun a des capacités et des goûts différents. Il n’y a rien qui convienne parfaitement à tout le monde, si ce n’est le processus même de concentration.
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14. Le Fermier qui aimait son buffle Le sage Patanjali a dit qu’il y a des centaines de méthodes de méditation. Vous n’avez même pas besoin de répéter un mantra ou de regarder quoi que ce soit – si vous voulez, vous pouvez juste vous concentrer sur le souffle. La méditation sur le souffle entrant et sortant est devenu une forme de méditation importante dans la philosophie bouddhiste, et est pratiquée aujourd’hui par les bouddhistes de Birmanie. Si vous apprenez la méditation en Birmanie, on vous demandera d’abord de vous concentrer sur les mouvement de l’estomac. Vous pouvez même mettre votre main sur votre estomac pour les sentir. Si vous ne pouvez pas vous concentrer sur le souffle, vous devriez vous concentrer sur l’estomac et ses mouvements pendant la respiration. Puis vous pouvez écouter le son du souffle. A ce moment-là, vous entendrez le mantra « so-ham » ou « hamsa ». C’est le son du souffle. Après un certain temps la force du souffle se réduit. Vous faites même l’expérience d’immobilité complète – plus de souffle. Ne pensez pas que vous êtes en train de mourir. Cet arrêt du souffle se produit naturellement au cours d’une bonne concentration. Vous ne répétez rien. Vous n’inspirez plus. Le souffle s’arrête naturellement. Avez-vous remarqué que vous respirez plus profondément quand votre mental est agité? Grâce au pranayama et à d’autres pratiques yoguiques, la respiration est contrôlée et cela calme automatiquement le mental. L’inverse est également vrai. En calmant le mental par le concentration, vous pouvez contrôler le souffle. Si vous observez soudain votre respiration lorsque vous êtes profondément absorbé par la lecture ou la concentration sur un certain problème, vous serez surpris de constater que vous ne respirez presque pas. Quand le mental se concentre sur quelque chose, la respiration ralentit. Il y plusieurs formes de méditation. Peu importe celle que vous choisissez, car elles vous mènent toutes au même but. Si vous saisissez un maillon d’une chaîne et que vous tirez, toute la chaîne vient à vous. Peu importe quel maillon vous saisissez. Un Maître peut vous dire : « Prend ce maillon et tire. » Un autre peut dire : « Non, non, saisis ce maillon-ci; alors seulement pourras-tu tirer la chaine. » Mais un maître sage dira : « Tous les maillons appartiennent à la même chaîne. 63
Partie II : Calmer le mental
Peu importe le maillon. » Si vous avez un maillon, allez-y et tirez. Je ne fais que citer l’autorité en la matière, Patanjali. Il savait qu’il y aurait quelqu’un qui n’aimerait aucune des techniques offertes, et qui dirait : « Je ne suis pas vraiment intéressé par une méthode particulière. Je ne suis peut-être pas fait pour la méditation. Est-ce qu’il n’y a pas quelque chose d’autre? » Anticipant une telle question, Patanjali dit : D’accord, méditez sur ce qui vous plait. Un jour un fermier vint voir Ramakrishna Paramahamsa et lui dit : « Vous dites de méditer sur Dieu et d’utiliser ce mantra. Je ne suis pas intéressé par Dieu ou par des mantras. Je ne sais pas qui Il est et ce qu’est un mantra. Si ne n’y comprends rien, pourquoi utiliser un mantra? Comment puis-je méditer sur quelque chose comme cela? Je ne peux pas juste deviner. Est-ce que je ne pourrais pas méditer sur quelque chose que je connais? » Ramakrishna demanda : « Qu’est-ce qui t’est très cher? » Il savait que vous ne pouvez pas méditer sur quelque chose que vous n’aimez pas. Vous devez aimer l’objet de votre méditation. Si vous pensez toujours à ce que vous aimez le plus, votre méditation sera facile. « Oh! je ne suis qu’un fermier. J’ai un beau buffle. J’aime ce buffle. J’aime beaucoup de choses, mais si vous me demandez de choisir, le buffle est ce que j’aime le plus. » —C’est parfait. Il y a quelque chose que tu aimes plus que tout. Médite sur ton buffle. —Swami, êtes-vous certain? —Oui, médite sur ton buffle. —C’est facile pour moi. —Alors vas-y et fais-le. » Le fermier rentra chez lui, amena son buffle dans une pièce, l’y attacha, et s’assit simplement à regarder le buffle. Le buffle le regardait également. Rapidement, il put visualiser son buffle bien-aimé. Il apparaissait dans des visions, parce que vous savez bien que quand vous aimez quelqu’un, il n’est pas difficile de créer son image. Si vous rencontrez par hasard quelqu’un qui vous plait au supermarché, vous aurez du mal à oublier ce visage. Il apparaitra dans vos rêves, n’est-ce pas? La méditation était donc facile pour le fermier. Il s’asseyait simplement et obtenait la vision pendant que le buffle remuait sa 64
14. Le fermier qui aimait son Bœuf
queue. Il devint tellement absorbé qu’il en oublia la fatigue et la faim. Sa concentration était si profonde que bientôt il commença à penser qu’il était devenu le buffle. C’est le fruit de votre méditation. Quand vous méditez sur quelque chose, vous devriez devenir cet objet. Même si vous facultés intellectuelles ne peuvent vous transformer en cet objet, sans le savoir vous commencez à sentir que vous êtes déjà cela. Vous oubliez votre propre personnalité ou individualité et vous dites : « Je suis cela. » Le fermier pensa qu’il était devenu le buffle. Il appréciait la méditation sur le buffle, mais sa femme était effrayée. Elle se précipita vers Ramakrishna et lui dit : « Mon mari ne veut même pas sortir de la pièce. Il reste juste assis. Il a l’air d’avoir tout oublié. Il ne mange pas; il ne dort pas. Cela fait deux ou trois jours. Je ne sais pas quoi faire. » Ramakrishna vint tout de suite voir le fermier. Il était assis en méditation profonde. « Bonjour! je suis Ramakrishna; voudrais-tu sortir? » —Swami, j’aimerais bien, mais malheureusement mes cornes sont si larges, je ne peux pas quitter cette pièce. » Il pensait qu’il avait ces énormes cornes de buffle qui ne passeraient pas par la porte. —Vraiment? D’accord, coupe ces cornes. —Vous voulez que je fasse cela? —Oui, il faut que tu sortes. Coupe-les. —D’accord. » Et dans son imagination il coupa les cornes. Il essaya alors de sortir. La tête passa par la porte, mais le reste de son corps ne suivit pas. « Je suis tellement gros, mon corps ne peut pas passer par la porte. » —Bon, tu dois sortir. Tu ne peux pas rester dans cette pièce. —Je ne sais pas quoi faire, Swami. —Allons, prend cette épée. Coupe la tête. La tête est plus importante que le corps. Coupe-la et sors. » Le fermier le fit en pensée. Et quand la tête fut coupée, l’animal mourut. Le fermier revint d’une merveilleuse méditation. Méditez sur ce que vous voulez. Choisissez n’importe quoi. Mais si vous méditez sur le buffle, vous aurez le problème de couper les cornes et la tête! Il vaut mieux méditer sur la lumière dès le départ. 65
Partie II : Calmer le mental
De cette façon, vous n’aurez pas besoin de faire la même expérience que le fermier! Bien sûr certains maîtres disent : « il vaut mieux méditer sur ceci. » Pourquoi? Pour que cela soit plus intéressant pour vous. Ce n’est pas parce qu’ils sont tous des fanatiques. Si on ne vous dit pas « ce que je vous donne est ce qu’on fait de mieux », vous ne le chérirez pas assez. Quand l’objet de méditation vous est cher, vous êtes profondément motivé. Malheureusement, parfois les disciples obtiennent de leur maître une méthode qu’ils ne pratiquent pas. Ils ne font qu’en parler. : Eh! j’ai eu ceci. C’est la meilleure façon de méditer. Sur quoi méditez-vous? » D’autres répondront : « Je médite simplement sur cela. —Ridicule. Ce n’est pas bon. Ma méthode est meilleure. » De tels étudiants ne méditent pas. Ils se vantent de leur méthode, mais ils ne la pratiquent jamais. C’est comme si vous aviez un fruit. Vous ne le mangez pas, vous dites : « J’ai ce fruit. C’est le meilleur fruit du monde. » —Oh, puis-je l’avoir? —Non, non, non. » Vous ne le mangez pas et vous ne permettez à personne de le manger. Et pourtant vous le promenez et en parlez. C’est pourquoi certains maîtres vous demandent de ne parler de ce que vous faites, de le garder secret et d’y travailler. Malheureusement, certains maîtres ne reconnaissent pas cette tendance chez leurs disciples et ne les préviennent pas qu’il ne faut rien afficher. « Je t’ai donné cela. C’est à toi maintenant. Garde-le. Sers-t-en. Mais ne commence pas à me faire de la publicité. » De nombreux étudiants pensent qu’ils sont des publicistes ou qu’ils sont tout de suites des maîtres. C’est une sorte de fanatisme dangereux. Peu importe la méthode que vous choisissez. Prenez-la. Utilisezla. Vous obtiendrez tout à la fin. Si vous ne faites qu’en parler et y penser, or vous en vanter, la réalisation du soi prendra très longtemps. Mais si vous êtes sérieux, sincère, et pratiquez avec patience la méthode que vous avez choisie, la réalisation du soi viendra vite. 66
15. Qui suis-je? Au plus profond de l’océan du mental il n’y a aucune pollution. C’est absolument pur. Cette partie est toujours contente. Jamais elle n’aime ni n’aime pas. Elle accepte tout; elle n’est pas orgueilleuse. Et ceci est la réelle nature de votre vrai Soi. Seule la connaissance de cette vraie nature vous libérera du tumulte de ce monde. Elle vous libérera de l’étroitesse d’esprit qui divise l’humanité en milliers de noms : « Je suis ceci; il est cela. Il est différent de moi. » Les gens se tuent les uns les autres parce qu’ils se groupent et se divisent. Ils n’arrivent pas à voir et à savoir qu’ils sont au-dessus de ces différences. En connaissant votre véritable identité vous pouvez également connaître les autres. Nous nous réunissons dans cette connaissance. Ce but est exposé par toutes les grandes philosophies et par tous les enseignements dans le Yoga. Contempler et analyser ces points est une autre forme de méditation appelée Jnana Yoga ou le Yoga de la sagesse provenant de l’analyse de soi. Cela convient bien au tempérament des gens analytiques. Dans cette pratique vous vous asseyez et vous analysez simplement tout ce qui est arrive et tout ce qui arrive. De cette façon vous vous détachez et vous vous élevez audessus de vos limitations. « Qui suis-je? Comment sais-je toutes ces choses? Je sais que je suis troublé. Pourtant mon fait de savoir ne semble pas troublé. Si je suis troublé, qui est-ce qui sait que quelque chose en moi est troublé? » Si un fou sait qu’il est fou, il n’est pas fou. Si un homme en train de rêver sait qu’il rêve, il ne rêve pas. Si un homme dérangé reconnaît ses problèmes et dit « vous savez, je suis dérangé », il est immédiatement renvoyé de l’asile. La minute où vous savez que vous êtes malade, vous êtes déjà en bonne voie de guérison. L’ignorance d’une maladie est sa cause principale. Chaque fois que quelque chose vous arrive, demandez-vous pourquoi. Mais ne soyez pas trop sérieux dans votre pratique. Quand un ami vient vous dire bonjour, ne continuez pas votre analyse. Vous pouvez mettre temporairement de côté les questions – Qui est-il? Qui suis-je? – pour maintenir de bonnes relations et de bonnes manières avec les gens et les choses. 67
Partie II : Calmer le mental
La personne analytique questionne toujours tout. Cet individu prend un fruit et demande aussitôt : « Qui l’a planté? D’où vient-il? Des tropiques? Du Pacifique? De l’Atlantique? Combien coûte-t-il? Combien de temps se gardera-t-il? » Il ne mangera même pas le fruit avant de répondre à toutes ces questions. Sa mère lui dit :« Mon enfant, je suis ta maman. » —Comment puis-je le savoir? Tu veux dire que je dois te croire? Donne-m’en la preuve. » Ou bien sa mère dirait : « Untel est ton père. » —Es-tu sure? Je ne peux accepter ta parole. » Il veut tout mettre dans une éprouvette pour l’analyse directe. Il questionne tout, à la fois ce qui est extérieur et intérieur. « Qui suis-je? Pourquoi suis-je? Depuis quand suis-je appelé Jacob? Seulement depuis que mes parents m’ont donné ce nom. Qui étais-je avant cela? J’étais juste un bébé qu’on appelait, “mon enfant”. Un peu plus tard, ils m’ont donné le nom de Jacob. Alors qui suis-je, un enfant ou Jacob? » Il veut tout analyser. « J’écris mon nom avec un adjectif à côté – ‘Président’. Depuis quand suis-je Président et combien de temps vais-je l’être? Depuis quand suis-je un homme de loi? Qu’étais-je avant? Supposons qu’un grand choc arrive à mon cerveau. Si j’oublie toutes ces idées juridiques, seraije encore un homme de loi ou un Président? Ou bien serai-je dans un asile? Alors, que sont ces noms? Comment ai-je eu tous ces noms? » Avec de telles questions il vient à comprendre qu’il est complètement différent du corps et du mental, de leurs impressions et de leurs actions. S’il se sent coléreux, il dit : « Où est la colère? » Au moins elle n’est pas dans le corps, bien qu’elle s’y exprime après. Ce sentiment est dans le mental où il est exprimé comme une agitation mentale. Comment savez-vous que vous êtes en colère? Si la personne le sait, alors elle n’est pas en colère. Celui qui sait n’est pas le coléreux. Le mental est en colère. Le Connaisseur ne l’est pas. Si vous pouvez dire « je sais que je suis troublé », il n’y a nul trouble dans votre fait de savoir que vous êtes troublé. La démarche analytique directe du Jnana Yoga est très subtile. Si votre fait de savoir est luimême troublé vous ne pouvez jamais savoir que vous êtes troublé. Vous saviez que vous étiez heureux. Maintenant vous savez que vous êtes malheureux. Vous savez tout ce qui se passe en vous. Ce fait de 68
15. Qui suis-je?
savoir est appelé la connaissance ou la conscience. La vraie personne, le vrai vous est continuellement le même, car il n’y a aucun changement dans ce fait de savoir. Vous saviez que vous étiez un enfant. Maintenant vous savez que vous êtes un adulte et vous savez que vous allez être un homme âgé ou une femme âgée. La connaissance de l’enfance, de l’age adulte et de la vieillesse est la même. Vous n’êtes pas vraiment isolé ou séparé. Vous ne faites que vous identifier temporairement en tant que le corps. Si je vous demande ce que vous faites, vous pouvez dire « je suis assis », mais vous n’êtes pas assis. Votre corps est assis. Lorsque vous dites « je suis tombé », qui est ce « je »? Certainement pas le vrai Je. Les différences du corps font sentir différent votre mental et vous vous identifiez en tant que le corps. Cette analyse de soi peut résoudre tous vos problèmes. Vous n’êtes pas votre corps. Vous n’êtes pas votre mental, car vous êtes celui qui les observe. Tout ce qui vous ennuie – quoi que ce soit – asseyez-vous confortablement et demandez-vous: « Qu’ai-je fait? Quelles erreurs ai-je commises? Où ai-je été égoïste? » Quand vous analysez de cette façon vous verrez que votre bonheur ne vient pas de ce qui vous est extérieur. Votre mental et votre corps continuent de passer par quelques changements, mais le fait de savoir ne change pas. La nature paisible n’est jamais affectée. C’est seulement quand vous oubliez et que vous vous identifiez au corps ou au mental que les nuages viennent et obstruent votre vue du soleil – le vrai Soi. Le soleil brille toujours, qu’il y ait des nuages ou pas. Il se peut que le mental passe par certaines de ces périodes nuageuses, mais en tant que le Connaisseur vous pouvez apprécier le spectacle. Appréciez le mental et son jeu. Après tout, c’est le mental. Il n’y a rien de mal à ce qu’il passe par des changements. Il est parfois heureux, parfois malheureux. Vous le savez. Nul besoin de s’en soucier. Laissez-le aller et appréciez le spectacle. C’est toujours une belle pièce à voir. Chacun est un acteur. Le monde est le plus grand théâtre. Si l’on apprend à bien jouer son rôle, on apprécie vraiment le spectacle. En ce moment, je joue le guru. Je joue mon rôle. Mais qui fait le guru? Les disciples, les étudiants. Dans la vérité dramatique, nous faisons tous partie d’une grande pièce. Mais il n’y a qu’un grand directeur, le marionnettiste qui tire les fils pour nous faire danser. La Conscience 69
Partie II : Calmer le mental
cosmique ne fait que se diviser en beaucoup d’acteurs et de mises en scènes, puis les redissout. Jouez votre rôle sans oublier votre identité. Si vous connaissez également la véritable identité des autres, vous vous amuserez. Ne pensez pas que la vie spirituelle est si dure. Elle doit être tout un amusement. Observez par conséquent votre mental. Observez votre souffle. Devenez un observateur; c’est la clé de cette forme de méditation. Ne vous souciez pas de techniques particulières. Asseyez-vous tout simplement en observant le souffle, le mental et les pensées. Regardez juste ce qui se passe en vous. Devenez un témoin; c’est une merveilleuse forme de méditation. Soyez calme et observez ce qui se passe dans votre mental et votre corps. Vous avez peut-être répété un mantra ou vous vous êtes concentré quelque temps sur un objet. Vous pouvez alors vous relaxer, vous asseoir calmement et observer le mental; observez les paisibles vibrations qui viennent. Écoutez complètement le silence. Observez votre propre cerveau. Voyez combien vous êtes paisible. Le mental semble être complètement au repos. Vous pourriez penser que le mental est presque endormi, pourtant vous êtes toujours conscient de tout cela. Le corps se repose. Le souffle s’est considérablement ralenti. Le mental dort quasiment, mais vous êtes conscient de tout. Qui en est conscient? Quelle est cette conscience? Qui perçoit toutes ces choses? C’est Vous. Vous êtes complètement différent de votre corps, de votre mental. Vous êtes le témoin – qu’on appelle le Soi, le pur Soi – le témoin du corps et du mental. Si vous pouviez toujours garder cette attitude de témoin, en sachant encore que vous êtes tout le temps le témoin, vous auriez atteint la connaissance ou la réalisation du Soi. Maintenez cette conscience, même dans vos activités de tous les jours. Quand vous mangez, vous pouvez encore être le témoin : « Me voilà prenant de la nourriture, la mâchant et la goûtant. » Vous jouirez continuellement de la paix suprême. Par ce moyen vous devenez maître de votre corps et de votre mental. Vous marcherez comme un sage non perturbé. Trouvez qui vous êtes. Une fois que vous le savez, vous serez le meilleur instrument pour apporter à tous la paix et l’harmonie. Vous découvrirez ultimement que vous n’êtes pas quelqu’un 70
15. Qui suis-je?
s’élevant et s’abaissant, mais que vous êtes une entité permanente, une image de Dieu. Je ne sais pas si vous me comprenez. Tout ce que je sais, c’est que je me sens à l’aise et paisible. Je ne deviens jamais déprimé ou excité. Pas de soucis. C’est ma grande richesse. Qu’avez-vous besoin d’autre? Toutes les choses font juste partie de la nature, laquelle peut faire tout et n’importe quoi. Le mental et le corps font aussi partie de la nature. La nature change, eux aussi doivent donc constamment changer. Laissez-les jouer leur rôle. Soyez un témoin – le Témoin éternel. Cela ne signifie pas que vous serez inutile aux gens. Vous verrez que vous ferez les choses parfaitement, parce que vous êtes devenu un bel instrument et toute chose voudra venir à vous, être utilisée par vous et vous utiliser. Vous ne prenez jamais parti. Vous devenez une personne absolument neutre. La neutralité est le centre de Dieu, le centre de la nature. A partir de là, selon le besoin, vous pouvez aller dans une direction ou dans une autre sans perdre votre centre.
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16. Comment méditer Chaque fois que vous vous sentez dans un état mental paisible, méditez. Fermez simplement les yeux et détendez-vous, même si ce n’est que pour une minute. Si vous voulez approfondir votre méditation, fixez alors un moment pour cette pratique chaque jour. La méditation nécessite la coopération du corps et du mental. Préparez le corps avec les asanas ou postures du Yoga et le pranayama, les exercices de respiration. En ce qui concerne le mental, apprenez à le garder toujours pleinement occupé à une chose, mais ne laissez pas cette chose ou ce concept vous astreindre. Tenez-vous en à un objet de concentration, sans changer continuellement. Il est préférable d’être régulier dans la pratique de la méditation – essayez d’avoir deux séances par jour. Les Écritures recommandent de méditer au moment où le jour joint la nuit ou quand la nuit joint le jour – l’aube et le crépuscule. Il ne fait ni jour ni nuit et c’est ainsi très favorable. Si ce n’est pas possible, asseyez-vous dès votre réveil le matin et le soir avant de vous retirer. Si vous vous levez après que le monde soit déjà en éveil, il peut être préférable de vous calmer en faisant d’abord les postures de Yoga et quelques pratiques respiratoires. Passez ensuite à votre méditation. De cette façon vous allez du physique au mental et du mental au spirituel. Il est facile d’aller du matériel au subtil. Si vous vous réveillez très tôt le matin, avant l’aurore, l’atmosphère est déjà très sattvique ou paisible. Ne la troublez pas par quelque pratique physique que ce soit; commencez immédiatement votre méditation. Même au cours des asanas du Hatha Yoga, il se peut que vous vous sentiez si paisible que vous pouvez simplement arrêter de faire les postures et apprécier cette plaisante méditation. Quand vous êtes réellement en train d’essayer de méditer, soyez très doux. Entraîner le mental à rester sur un point, c’est un peu comme entraîner un cheval. Si le cheval ne veut pas prendre un chemin particulier, vous ne pouvez pas le forcer. Il se révoltera. Un entraîneur astucieux dira, « D’accord, où veux-tu aller? Par ici? Mais oui, tourne. » Vous laissez aller le cheval de ce côté quelques mètres, puis vous l’emmenez doucement alentour. 73
Partie II : Calmer le mental
Le cheval est satisfait : « Ah! je suis allé où j’ai voulu. » Très vite l’entraîneur dira : « Maintenant, je prends mon chemin. » Votre mental est un peu comme cela. Emmenez-le juste alentour. Sinon il fera un bloc de tension et dès l’instant où vous penserez même à méditer, il pourra créer des troubles psychosomatiques. Vous pourriez ressentir un léger mal de tête ou avoir un peu mal au ventre. Le mental a ce pouvoir. Vous ne devez pas forcer le mental à quelque niveau, mais en même temps ne lui lâchez pas trop la bride non plus. C’est une sorte de voie intermédiaire. Soyez ferme et doux en même temps. Vous devez choisir un bel endroit propre pour votre assise régulière, sur quelque chose qui ne conduise pas l’électricité. Vous avez peut-être entendu parler des Yogis en Inde qui s’assoient sur une plate-forme en bois ou sur une herbe spéciale ne conduisant pas l’électricité. Ceci agit plus ou moins comme isolation de la force de gravitation terrestre. Avez-vous vu des images de Yogis assis sur des peaux de bêtes? Ils n’ont pas tué ces animaux pour leurs peaux, mais ont juste utilisé ce qui était disponible. Il était naturel pour des Yogis de la forêt d’utiliser une peau tannée et sèche, comme les gants isolants qu’on peut porter en maniant l’électricité. Ils choisissaient souvent des peaux de tigre et de daim. Il est dit qu’en s’asseyant sur une peau de daim pour méditer on acquiert toutes les beautés esthétiques, les charmes de la vie et aussi la libération. Si vous vous asseyez sur une peau de tigre, vous obtenez tous les siddhis ou accomplissements et pouvoirs paranormaux. La peau de tigre apporte le pouvoir parce qu’elle possède également une vibration propre. Si l’animal est mort naturellement, la peau aura encore la qualité ou la nature de l’animal. Si vous utilisez une peau de daim, vous obtenez la nature douce ou affectueuse du daim. Même si vous portez un vêtement avec le dessin d’un tigre, vous marchez comme un tigre. Vous ressentez aussitôt que vous êtes un tigre. C’est l’association de la pensée. Malheureusement, ces anciennes pratiques sont descendues aujourd’hui à un bas niveau. Beaucoup de gens veulent méditer sur une peau de bête et cela a été propagé par les vendeurs de peaux. Vous ne pouvez certainement pas retirer des qualités utiles d’animaux ayant été abattus. Personnellement, je n’aime pas utiliser une peau pour la 74
16. Comment méditer
méditation. Je ne sais pas si l’animal a été tué ou s’il est mort naturellement. Si j’en achète une, j’encouragerai les gens à tuer davantage. Je suggérerais un tissu blanc propre, plié sur une couverture ou sur un tapis. Ne l’utilisez que pour votre pratique de la méditation et il se fera de merveilleuses vibrations. Préparer le corps pour la méditation est également très important. Dans la méditation vous essayez de garder le mental stable et concentré sur un seul point, sans trop vous agiter. Pour effectuer cela vous commencez par rendre le corps stable. Ceci n’est possible qu’en prenant une ferme décision. Dites juste au corps et aux membres : « Je ne vais bouger aucune partie du corps jusqu’à ce que je termine la méditation. » La décision est très ferme, le corps vous obéira sans se plaindre. Imaginez votre mental et votre corps comme de petits enfants. Si vous voulez qu’ils obéissent, il faut être un peu ferme. Il est préférable de s’asseoir dans une posture avec les jambes croisées. Asseyez-vous droit. Gardez la colonne verticale, mais non raide. Déployez bien la poitrine. Les débutants peuvent trouver cette position plus aisée s’ils s’assoient sur le bord d’un coussin épais. Si tout cela n’est pas possible, on peut très bien utiliser une chaise, mais en gardant la colonne dégagée sans s’appuyer sur le dossier. Il est normal de sentir quelque douleur dans une position jambes croisées quand on commence. Peu à peu, vous la vaincrez. La minute où vous sentez la douleur, changez la position de vos jambes. Asseyezvous d’une autre façon plus confortable pour vous et continuez votre méditation. Cela ne signifie pas qu’il vous faille éviter de vous asseoir ou de méditer. Asseyez-vous chaque jour jusqu’au moment où vous sentez la douleur, puis changez de position. Vous pouvez même vous lever au cours de la méditation et marcher un peu alentour. Ensuite asseyez-vous un peu plus longtemps. Une fois que vous trouvez le vrai centre de gravité – votre équilibre – vous aurez la victoire sur la position et serez assis dans une pose stable et confortable. Construisez votre méditation petit a petit. Combien de temps devrait-on s’asseoir? Si c’est une profonde méditation, cinq ou dix minutes sont assez. Si elle n’est pas profonde, restez plus longtemps. Commencez par vous asseoir pendant quinze minutes. En quinze jours vous pouvez facilement vous asseoir vingt 75
Partie II : Calmer le mental
minutes chaque fois. Vingt deviendra vingt-cinq, puis trente. Rien n’est construit en un jour. Chaque personne ayant appris à méditer est passée par ces mêmes étapes. Si en méditation vous êtes parfois gêné par des pensées ou des désirs importuns, la meilleure chose à faire est quelquefois de méditer sur ce désir même. Bien sûr, vous pouvez d’abord essayer de l’ignorer. Mais cela pourrait ne pas marcher. Un simple exemple : vous êtes dans une pièce en train de faire intensément quelque chose. Soudainement quelqu’un entre sans rendez-vous. Vous le regardez du coin de l’œil en réalisant que ce n’est pas le moment de le voir ou qu’il est présentement indésirable. Vous pourriez dire : « Ne venez pas sans rendez-vous. Sortez! » Il ne partira alors pas heureux. Vous vous faites un ennemi. Il pourrait claquer la porte en sortant et partir en criant. Si vous rejetez un fort désir, il ne partira pas, mais attendra une autre occasion de fondre sur vous quand vous serez un peu faible. Ne le faites pas partir de force. Si vous savez qu’un désir vient vous visiter, ne le regardez même pas. Donnez l’impression d’être très occupé – très profondément intéressé à quelque chose. Même s’il dit, « Monsieur? », prétendez ne pas l’entendre. Soyez très affairé. Plongez même davantage dans votre concentration. Il attendra un peu, puis dira : « Je vois. Il semble être très occupé. Je viendrai une autre fois. » Et il partira. Par contre, s’il attend avec insistance votre attention – par delà même votre patience – tournez-vous alors vers lui et demandez : « Oui monsieur, que puis-je faire pour vous? » Analysez le désir. Si vous ne pouvez pas faire ce qu’il veut de suite, dites-lui : « Oui, je ferai certainement cela, mais pas juste maintenant. Revenez une autre fois. » En l’analysant, vous pouvez soit expédier le désir soit trancher rapidement la question. Supposez que vous méditiez et que vous ressentiez le désir de manger ou d’aller au cinéma, ce que vous ne pouvez ignorer. Faites-y alors face : « D’accord, tu veux m’emmener au cinéma. Combien de films avons-nous vus dernièrement? Avec quel bienfait? Qu’y a-t-il de nouveau aujourd’hui? Cela sera-t-il un plus grand bienfait que celui de la méditation? » Analysez, raisonnez, éduquez le désir même. « Eh bien, je vois que le bienfait du film n’est pas aussi grand », dira-t-il. 76
16. Comment méditer
« Dans ce cas, pourquoi ne peux-tu pas attendre? Je te ferai certainement plaisir un autre moment plus tard, peut-être demain. » Ne soyez pas si inflexible. Il est nécessaire de céder un peu de temps en temps. Mais vous ne pouvez céder pour tout et n’importe quoi. Si quelque chose de noble est désiré, cédez. C’est comme céder à un peu de café une fois de temps en temps. Habituellement je dis aux gens que le café et le thé ne sont pas très bons à cause des excitants qu’ils contiennent. Mais si quelqu’un ressent un désir de café le matin, il peut toujours céder un peu. « Tu veux du café? D’accord, je vais t’en donner. » Chauffez une tasse de lait. Mettez-y un peu de café. Le mental est satisfait. Il a eu du café. Traitez le mental comme quelqu’un d’un peu capricieux voulant telle et telle chose. Utilisez votre intelligence. Éduquez votre mental. Raisonnez-le. Ne faites pas que céder à tout. Une fois de temps en temps laissez-le courir. Ce ne sont que des ruses, mais c’est très utile pour discipliner le mental. En poursuivant votre pratique vous expérimenterez différents degrés d’accomplissement. Dans les Écritures hindoues, le Seigneur dit : « Fixe ton mental sur Moi seul. Que tes pensées s’arrêtent sur Moi. Tu vivras après cela en Moi seul. » C’est le Yoga parfait et la plus haute forme d’adoration. Si vous n’êtes pas encore capable de fixer votre mental uniquement sur Dieu, alors quand le mental vacille ramenez-le encore et encore et encore à Lui. C’est la meilleure pratique – la concentration – qui vient en second et qui conduit à la méditation stable. Si vous n’êtes toujours pas capable de pratiquer cela, continuez juste à faire des choses, mais en les faisant dites : « Je les fais pour Toi. » Quand vous obtenez les résultats, donnez-Lui en au moins un peu. Si vous ne pouvez pas juste vous asseoir et méditer, ne désespérez pas. Levez-vous et faites quelque chose. Mettez-vous à quelque chose. C’est comme essayer de dormir. Si vous n’arrivez pas à vous endormir, ne restez pas à tourner dans le lit. Levez-vous et faites quelque chose jusqu’à ce que vous ayez sommeil. Ensuite quand vous irez au lit vous vous endormirez facilement. Tout le monde n’est pas intéressé à s’asseoir et méditer. Beaucoup de gens actifs ne peuvent pas le faire. C’est très bien. Il y a toutefois une méditation pour eux. C’est appelé le Karma-Yoga, la méditation 77
Partie II : Calmer le mental
dans l’action. Même quand vous faites quelque chose physiquement, votre objectif peut être la méditation. Après tout, qu’est-ce que la méditation? Faire converger tout votre mental sur ce que vous faites. Si vous pensez à votre ami(e) ou à votre travail en lavant un plat, le plat ne peut pas être bien nettoyé. Vous pourriez laisser une tache dessus. Ainsi, faire une chose à la fois et la faire bien est une forme de méditation physique. S’asseoir est une méditation mentale. Pendant que vous êtes assis vous laissez le corps se détendre et vous faites tout avec le mental. Asseyez-vous calmement. Concentrez le mental sur l’objet de votre choix ou bien répétez juste un mantra. Ne faites rien d’autre. Oubliez tout. Pour entendre le son intérieur, fermez les oreilles, les yeux et la bouche, et écoutez à l’intérieur le son vital. Soyez physiquement et mentalement calme. Soyez complètement relaxé. Puis recherchez et écoutez quelque chose à l’intérieur. N’ouvrez pas vos yeux, mais essayez de sentir quelque chose vibrer en vous. Vous n’avez pas besoin de faire quoi que ce soit. Au lieu de cela, soyez totalement calme et observez ce qui se passe à l’intérieur. Vous apprécierez cela. Vous pouvez combiner le mantra à la respiration d’une façon ou d’une autre qui soit aisée, soit en séparant les sons du mantra à l’inspiration et à l’expiration, soit en effectuant une répétition à l’inspiration et une autre à l’expiration. Si vous observez attentivement, vous pouvez sentir le souffle dire le mantra. Vous pouvez alors arrêter de le répéter et juste écouter cela. Ce qui nécessite la totale attention d’un mental intériorisé. Quand le souffle entre, sentez-le aller en profondeur atteindre la base de la colonne vertébrale. Puis quand il sort, sentez-le rouler en hauteur à travers la colonne jusqu’au sommet de la tête. Ne sentez pas le souffle s’écouler par les narines. Au début, il peut être difficile de suivre le souffle de haut en bas de la colonne vertébrale, et vous le sentirez juste entrer et sortir du corps. Mais après une pratique de quelques mois vous serez capable de le suivre le long de la colonne. Au fur et a mesure que votre méditation s’approfondit vous pouvez sentir le souffle et l’énergie se mouvoir en hauteur et atteindre le sommet de la tête. Si vous observez attentivement le cheminement le long de la colonne, vous pourrez sentir une légère et douce chaleur très 78
16. Comment méditer
agréable. Essayez de ne pas la manquer. Une fois que vous la sentez, placez toute votre attention sur elle. Le but de suivre le souffle est de devenir conscient de l’énergie psychique se déplaçant le long de la colonne vertébrale et passant à travers les chakras ou centres spirituels. Ces plexus nerveux situés le long de l’épine dorsale peuvent être utilisés comme siège de votre contemplation mentale pendant la méditation. Il est toutefois déconseillé de garder le mental concentré sur les chakras inférieurs. Si vous y êtes conscient d’une chaleur, sentez-la, mais ne laissez pas le mental s’y fixer. Amenez-le à l’un des centres supérieurs, comme le centre du cœur ou l’espace entre les sourcils. Attirez l’énergie vers le haut. Tous les centres nerveux psychiques se rencontrent à un point entre les sourcils - pas à l’extérieur, mais profondément à l’intérieur, presque à la partie centrale du crâne; pour être précis, à l’emplacement de vos glandes pinéale et pituitaire, lesquelles sont appelées Shiva et Shakti en symbolisme Yoguique. Elles ont le taureau pour véhicule – la glande thyroïde. Shiva monte le taureau, aussi dit-on qu’il est le Commandant en Chef, puisque la thyroïde commande tout l’organisme. Elle est une réplique de tout le corps même. Vous pouvez choisir de focaliser votre méditation soit dans le centre affectueux du cœur, soit sur la tour centrale au milieu des arcades qui est le lieu du Saint des Saints ou sanctum sanctorum. En méditation il se peut que vous entendiez un son bourdonnant subtil. Mais si vous essayez de mieux l’entendre, il disparaît. C’est comme une amoureuse. Si vous la regardez, elle ne vous regardera pas. Mais si vous continuez à faire quelque chose, elle vous regardera. Quand vous entendez ce bourdonnement, c’est le signe du véritable amour. Le son de Dieu en vous vous aime quand vous n’en êtes pas conscient. Non pas que vous ne deviez pas en être conscient, mais dès l’instant où vous l’êtes vous devenez un peu excité ou apeuré et vous troublez la sérénité par laquelle le bourdonnement est produit. C’est comme voir votre visage reflété dans un grand bassin d’eau. Dès que vous y voyez le beau visage, il se peut que vous essayez de l’atteindre, troublant la surface calme et faisant disparaître le reflet. Attendez juste patiemment. Continuez à regarder. Lentement vous commencerez à revoir le visage. 79
Partie II : Calmer le mental
Sachez donc ce qui peut arriver en méditation. Alors quand cela se passe vous ne serez ni excité ni anxieux d’en avoir plus, deux choses troublant le mental. Vous vous demanderez peut-être, est-ce réellement le son cosmique que j’entends? Même si c’est votre imagination, il n’y a pas de mal à cela. Même si c’est une illusion, cela vaut mieux que les autres illusions. Vous n’imaginez pas un démon, mais quelque chose de beau. Il est bon d’imaginer une belle chose. Ultimement, vous devenez ce que vous imaginez. Jusqu’à ce que vous voyez ou entendiez réellement quelque chose, il vous faut commencer par l’imagination. Après cela viendra tout seul – peut-être un peu différemment que vous l’imaginiez. Ne pensez pas que ces expériences sont des illusions. Pour sortir de la méditation, augmentez progressivement la durée de votre inspiration et de votre expiration. Rendez le souffle plus long. Sentez l’air s’écouler par vos narines. Inspirez et expirez plusieurs fois profondément.
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17. Le Yoga tantrique Beaucoup de gens demandent s’ils peuvent pratiquer le Yoga tantrique en étant mariés. Ils pensent que cela concerne la sexualité. C’est une incompréhension totale du Yoga tantrique, lequel n’implique aucune union sexuelle. Les anciens écrits tantriques ne font pas référence à l’union physique, bien qu’ils emploient parfois des termes de cette nature pour exprimer une certaine rencontre spirituelle. Dans la tradition chrétienne on peut dire qu’une sœur est mariée à Dieu ou à l’Église, ou qu’un juif pieux est marié à la Tora. Bien sûr, cela ne signifie pas un mariage dans quelque but sexuel. C’est la même chose dans le Yoga tantrique. L’union est entre Shiva et Shakti qui sont les vibrations ou puissances masculine et féminine en chacun de nous. La puissance qui crée et qui manifeste est Shakti. La partie statique, qui est la cause ou la base, est Shiva. Dans le corps même, le pouvoir de Shiva est à partir du nombril vers le haut. Le pouvoir de Shakti réside en bas. Tout ce qui vous attire vers le bas doit être ramené vers le haut. Cette force subtile – l’énergie créatrice – qui peut vous attirer dans la région sensorielle doit donc être élevée. Dans la profonde méditation le mental devient calme. Vous créez une énergie statique – une légère chaleur – qui est la Shakti. Elle est élevée lentement jusqu’à la tête, jusqu’à Shiva, où ils s’unissent. Par votre pratique régulière de la méditation vous éveillez cette grande énergie accumulée à la base de la colonne vertébrale et souvent appelée la puissance de la kundalini. Cela se produit quand votre mental est fixé en un seul point en profonde méditation. Cette union de Shakti et Shiva est figurative. Les enseignements spirituels sont souvent donnés dans un langage code. Ne pensez pas que tout le monde puisse lire la Bible et la comprendre. Toutes les anciennes écritures ont cette signification intérieure ou ésotérique. Ici l’union spirituelle ou tantrique est décrite comme l’union de l’aspect femelle avec l’aspect mâle ou de la Shakti avec Shiva. Ce langage peut facilement être mal compris comme se référant à l’union physique. Certaines gens profitent du langage des écrits tantriques. « Je vais vous enseigner le Yoga tantrique, disent-ils, venez coucher avec moi. » 81
Partie II : Calmer le mental
Le cœur se serre, je dois vous dire que certains prétendus gurus font cela, et je leur dis : « Si vous voulez la sexualité, soyez ouvert à ce sujet. Dites : “Je vous aime mon enfant, je vous aime ma toute dévouée.” Faites comme vous voulez, mais n’amenez pas les écritures en prétendant enseigner quelque chose. » Même les démons peuvent citer les écritures. Il y a beaucoup de malentendus sur ces choses. Si vous trouvez un livre sur le Yoga tantrique vous pouvez lire à propos de l’offrande de madya qui est du vin ou de la liqueur. Certains diront : « Tu es ma déesse; je suis le dieu. Offrons du madya. Buvons, puis faisons l’amour. » Ce n’est pas cette boisson qui est signifiée dans les enseignements. Le madya est certaines hormones internes. Ce sont précisément les hormones psychiques subtiles produites par les glandes pituitaire et pinéale, et la force derrière et autour d’elles. Quand cette kundalini ou force créatrice s’élève, elle apporte une chaleur à ces glandes qui sécrètent alors cette hormone qu’aucun médecin n’a jamais vue dans ses éprouvettes. Cette hormone est appelée madya, le nectar que vous goûtez lorsque Shiva et Shakti sont joints dans l’union. Vous devenez gai. Vous êtes enivré spirituellement par ce nectar. Malheureusement, cela a été mal interprété sur un plan matériel. Certaines personnes « enseignent » le Yoga tantrique. Mais cette union même se produira dans votre méditation régulière. L’union tantrique se produira durant toute méditation profonde, au moment où vous aurez maintenu votre mental calme pendant un temps considérable. Cela peut être prouvé scientifiquement. Quand le corps est complètement immobile, vous ressentirez une chaleur. Parce qu’il n’y a aucune déperdition, l’énergie devient statique, tout comme la chaleur du courant ressentie dans un condensateur. Vous pouvez sentir la chaleur d’une batterie parce qu’il y a un courant qui ne s’écoule pas, mais qui est accumulé. Pendant la méditation vous accumulez tout votre prana, votre énergie vitale, dans le corps. Il n’y a aucun mouvement mental, aucune pensée troublante s’élevant dans le mental, ainsi même cette petite quantité d’énergie utilisée pour agiter le mental est préservée. Cela forme une énergie statique qui crée une chaleur. Quand vous entrez profondément en méditation pour une telle 82
17. Le Yoga tantrique
expérience, votre corps doit également être capable de la supporter. Sinon il éclatera, comme quand vous essayez d’accumuler trop de courant dans un faible condensateur. C’est pourquoi le corps doit être affermi avec les pratiques du Yoga. Formez donc un corps pur, fort et souple. Puis développez cette force en vous. Laissez-la se créer par votre profonde méditation. Incitez votre énergie statique à aller à travers la colonne vertébrale et à monter jusqu’au crâne. C’est le Meru, l’Himalaya, l’apogée, les cieux. C’est le moment où vous goûtez le nectar de l’union spirituelle et où vous êtes enivré par cette grande expérience.
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Par t IIIÂ :
Le corps humain Est un temple
18. Le Hatha Yoga Le corps humain est un temple. Gardez-le fort et souple. Ménagezle. Les codes de vie, yama et niyama, sont les deux premiers membres des huit branches du Yoga. Le troisième est asana – les postures du Yoga qui purifient le corps physique. N’ignorez jamais le corps, parce que c’est l’instrument le plus important. Quoi que vous fassiez, vous avez besoin d’un corps. C’est pourquoi les anciens enseignements du Yoga soulignaient toujours de prendre bien soin du corps. Dans presque toutes les grandes traditions religieuses cela est dit indirectement – mais pas aussi ouvertement ou avec autant d’insistance que dans le Yoga. Pour purifier le corps nous pratiquons les disciplines du Hatha Yoga – les asanas ou postures et le pranayama ou techniques respiratoires – qui prennent soin de la santé du corps physique. Ceci nous amène également à l’alimentation. Évitez tout ce qui contient des toxines ou ce qui stimule inutilement votre corps – essayez d’éliminer l’alcool et le tabac. Sans la pureté du corps il est très difficile de purifier le mental. Apprenez à mener une vie naturelle. Soyez d’abord à l’aise physiquement; la paix mentale suivra automatiquement. Vivez d’une façon qui rende votre corps léger, sain et plus souple. Alors quand vous vous asseyez en méditation vous ne sentirez pas de maux et de douleurs, et ne passerez pas tout votre temps à méditer sur eux. La méditation nécessite toutes ces aides. Vous ne pouvez juste manger tout ce que vous voulez, puis aller vous asseoir et méditer. Le corps dira : « Non, je ne le permettrai pas. » Vous avez besoin de coopération entre le corps et le mental. C’est pourquoi vous entraînez le corps à faire toutes sortes de postures de Hatha et de pratiques respiratoires. Ensuite, quand vient le moment de la méditation, vous pouvez méditer facilement sur tout ce qui vous plaît. L’aisance physique est maintenue grâce à une nourriture appropriée, un exercice approprié et un air approprié. Les postures physiques apportent une aisance au corps. Les tensions sont relâchées et les toxines éliminées. Vous pouvez pratiquer le Hatha Yoga par vous-même jusqu’à ce que vous trouviez un enseignant. Lisez un livre et essayez par vous87
Part III : Le corps humain est un temple
même. Habituez-vous à cela. Plus tard vous trouverez un bon enseignant et pourrez vous faire corriger certains points. Mais rappelez-vous – si vous prenez juste n’importe quel livre de Yoga, soyez prudent. Le livre pourrait dire qu’en vous mettant longtemps sur la tête vous n’avez rien d’autre à faire. Il est plus important d’apprendre comment vous tenir debout que de savoir vous mettre sur la tête. Ne passez pas tout de suite aux pratiques avancées. Commencez facilement et lentement. Si vous avez une inflammation aux oreilles, les gencives qui saignent ou un mal de tête, vous ne devez pas essayer la posture sur la tête ni aucune posture renversée. J’ai vu beaucoup de gens – même des personnes saines et normales – qui lisent dans certains livres : « Si vous vous mettez sur la tête pendant une demi-heure, vous aurez la clé d’or du ciel. » Alors ils l’essaient trop longtemps. Quand ils redescendent ils ont des caillots sanguins dans les yeux qui mettent plusieurs semaines ou même des mois à partir. Quand vous lisez cela, vous pensez pouvoir facilement vous mettre sur la tête. Mais la posture sur la tête n’est pas juste un acte physique. Votre mental et votre corps doivent être en bonne condition pour supporter la pression. Votre nourriture doit être complètement différente de l’alimentation normale de la plupart des gens. Votre vie quotidienne doit être différente, dévouée et parfaitement éthique. Et vous devez être capable de préserver une grande quantité de prana, l’énergie vitale dans le souffle. Si vos vaisseaux sanguins sont faibles, vous pourriez avoir de graves saignements de nez ou d’oreilles. Sans d’abord répondre aux nécessités préliminaires avant d’entreprendre des pratiques plus avancées, vous pourriez facilement atterrir à l’hôpital. Il est préférable de faire la posture sur la tête deux minutes avec facilité que vingt minutes en fatiguant l’organisme. Si vous commencez tout juste, il est bon de faire la posture sur la tête à moitié, sans lever les jambes. Mettez juste la tête en bas, soulevez tout le tronc, mais gardez les orteils au sol. Voyez comment vous vous sentez. Si vous vous sentez complètement sûr – sans douleur ni rien – pliez alors lentement les jambes et soulevez-les. Ne les lancez pas en l’air aussitôt. Allez étape par étape. En fait, il n’est pas si important de soulever les jambes. Juste renverser le corps apporte au moins quatre-vingt pour 88
18. Le Hatba Yoga
cent des bienfaits de la posture sur la tête. Ne risquez pas de vous faire mal. Allez lentement. Mesurez votre propre capacité. L’équilibre sur les épaules est une posture très importante du fait qu’elle tonifie la glande thyroïde à la base de la gorge. La thyroïde est comme le sel. Aucun aliment n’est entièrement dépourvu de sel. Même le miel contient un peu de sel. De la même façon, l’hormone produite par la thyroïde accompagne chaque autre hormone comme complément pour l’aider à quelque activité supplémentaire. L’équilibre sur les épaules est très bénéfique à la glande thyroïde et par conséquent à toutes les glandes dans le corps. Cette posture profite ultimement à tout le corps. Les femmes peuvent pratiquer les postures de Hatha Yoga pendant les règles si elles insistent, mais il est préférable d’éviter cela à ce moment-là. C’est néanmoins possible pourvu qu’elles ne forcent pas leur corps. La pratique doit alors être très modérée et légère. Elles ne doivent essayer aucune posture éprouvante ni de techniques respiratoires énergiques quand le corps et le mental sont dans un état très relâché. Pendant les règles le corps révise tout son mécanisme; toutes les parties sont bien lubrifiées. Quand on révise et rénove un moteur, on ne le charge pas lourdement. C’est pourquoi pendant les règles tout ce qui est éprouvant et physiquement fatiguant, incluant les postures physiques du Yoga, doit être évité. Cela a malheureusement été ignoré par beaucoup de gens. Ils ne semblent pas connaître les changements subtils se produisant dans le corps, lesquels n’étant pas respectés pourraient déranger l’organisme par la suite. En ces temps modernes certaines femmes disent : « Il faut que je travaille. Chaque mois je perdrai un salaire de cinq jours. Personne ne m’emploiera. » Cela est votre affaire, mais le cours de la nature est différent. Si vous êtes une débutante, ne commencez pas les asanas du Yoga pendant la grossesse. Mais si vous avez déjà pratiqué au moins six mois avant, alors continuez, mais réduisez les positions plus éprouvantes. Faites beaucoup de relaxation et de respiration profonde. Beaucoup de marche sera également bénéfique. Prenez une nourriture simple et facile à digérer. Ne donnez pas de toxines à l’organisme. Prenez un peu plus de calcium. Pendant que l’enfant est dans la matrice 89
Part III : Le corps humain est un temple
tout ce que vous faites, voyez et pensez l’affecte. Ayez de belles images de saints et de sages autour de la chambre. Chaque pensée qui s’élève chez la mère affecte le bébé. Si vous voulez un enfant spirituel, pensez des idées yogiques et lisez des livres spirituels. Ces pensées mêmes seront transférées à l’enfant. Et comptez sur un accouchement facile. La douleur de l’accouchement ne sera pas même une douleur. Ça devrait être aussi facile que d’aller aux toilettes. La peur même de la naissance produit par une tension la plupart des difficultés. Ayez pleine confiance. Beaucoup de jeunes gens sont maintenant revenus à un mode de vie naturel et veulent un accouchement normal sans anesthésie. Traitezvous avec douceur. Sachez que Dieu envoie une belle âme à travers vous, qui êtes Son véhicule. Il en prendra bien soin. Vous pouvez pratiquer les asanas du Yoga presque jusqu’au moment de la naissance. Quiconque pratique les positions devrait penser aux asanas comme une séance de méditation. Yoga signifie aisance et pleine concentration du mental sur un point. Ne vous en faites pas et ayez une attitude méditative durant toute la séance. Vous pouvez méditer sur les différentes postures en remarquant les sensations que vous éprouvez dans les postures, ainsi que les bienfaits. Si vous pratiquez avec d’autres personnes, ne les regardez pas. Sentez-vous seul. N’observez que vous-même. Lorsque vous faites une posture, assurez-vous de ne pas trop vous efforcer. Si vous peinez vous ne faites pas du Yoga. Vous ne faites qu’efforcer ou exercer le corps. C’est juste un exercice physique. Rendez plutôt les postures « stables et confortables », ce qui est la signification d’un asana. Veillez à ce que votre respiration soit normale pendant toutes les postures. Gardez un flux respiratoire libre en maintenant les postures; ne retenez pas votre souffle. Reposez-vous entre les positions chaque fois que vous êtes tant soit peu fatigué. Avec la pratique vous aurez de moins en moins besoin de repos entre les poses, mais gardez toujours du temps pour une profonde relaxation complètement à la fin. Essayez toujours d’améliorer votre position. Il est bon d’effectuer quelques variations à partir des postures de base, mais c’est surtout pour empêcher le mental de se lasser d’une séance routinière. Il est préférable de ne pas faire trop de variations. Un bon hatha yogi fait moins de variations qu’une personne moins avancée; sa pratique est 90
18. Le Hatba Yoga
devenue plus simple. Toutes les poses de base doivent être bien effectuées avant d’essayer les variations. « Bien » effectuer les postures ne vise pas que la position, mais aussi la capacité de la maintenir. Si vous voulez ensuite ajouter une variation, c’est très bien. Une séance complète de Hatha n’a pas besoin de dépasser une heure et quart, en incluant une période à la fin pour la relaxation profonde, les pratiques respiratoires et une courte méditation d’une ou deux minutes. Si votre temps est limité, ne réduisez pas la période de relaxation profonde après les asanas. Ni les pratiques respiratoires ne devraient être réduites. S’il vous faut couper quelque chose, vous pouvez éliminer quelques asanas, mais incluez toujours l’équilibre sur les épaules et la pose du poisson; quand vous avez appris les postures plus avancées, incluez toujours le paon, la pose sur la tête et l’élévation de l’estomac. L’idée est de commencer par les pratiques les plus simples et d’échafauder progressivement en ajoutant les plus avancées. Au fur et à mesure que votre capacité augmente vous pouvez éliminer les plus élémentaires. Ne vous inquiétez pas si vous n’avez pas le temps de faire une séance de Hatha complète chaque jour. Vous pouvez en faire une partie un jour et reprendre le lendemain où vous en étiez, jusqu’à ce que vous finissiez toute la séance. En pratiquant les postures, faites toujours un peu moins que votre limite; ainsi vous ne la dépasserez jamais. Au fur et à mesure que votre pratique s’améliore, vous ne créerez pas de tension en maintenant les postures. C’est pourquoi l’étudiant plus avancé n’a pas besoin de beaucoup de repos entre les postures. Il peut presque aller directement d’une posture à la suivante. Cette capacité de ne pas avoir besoin de beaucoup de repos entre les asanas est un des signes de votre avancement. Après la série des asanas, allongez-vous sur le dos et relaxez tout le corps des pieds à la tête. Repassez par tout le corps – en relaxant mentalement chaque partie, des pieds à la tête. Puis, en restant allongé comme un cadavre, vous pouvez simplement détecter les tensions mentalement. Si vous trouvez une tension quelque part, envoyez un message voulant que ce muscle se détende. Vous pouvez commander vos muscles et les relaxer à volonté.
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19. Le souffle de vie Lorsque vous pratiquez les postures de Hatha Yoga vous pouvez sentir un afflux d’énergie ou de prana. Tout l’organisme est réorganisé. Vous sentez alors le mouvement du prana dans le corps. En bougeant il redresse beaucoup de parties qui ont été désalignées. C’est très bénéfique et cela vous rendra plus paisible et sain. Cela ne vous nuira jamais. Le prana est l’énergie ou la force vitale qui produit le mouvement. Tout mouvement partout – même le mouvement dans l’atome, même le mouvement de la pensée – est causé par le prana, l’énergie cosmique. L’électricité est prana. Votre respiration est prana. Votre digestion est prana. Les différentes fonctions ont différents noms, mais elles sont toutes le même courant où la même force : le prana. Vous obtenez le prana de la nourriture, du soleil et de l’air que vous respirez. Ce n’est pas simplement de respirer. L’air s’arrête aux poumons, mais le prana va dans tout le corps. Bien que vos poumons ne puissent convertir qu’une partie de l’arrivée d’oxygène aux poumons, le prana utilise le reste de l’oxygène pour toutes les parties du corps. Vous êtes une masse d’énergie. Cette force vitale est le prana. La pratique du pranayama mène au contrôle (ayama), à la régulation et à la maîtrise de cette force vitale. C’est apprendre à contrôler le prana et à le diriger comme vous voulez. L’oxygène est une grande panacée, un bon remède pour toutes sortes de poisons. Le monde sera beaucoup plus heureux s’il connaît l’importance du pranayama. En pratiquant les techniques respiratoires du pranayama, le mental devient clair et prêt pour la concentration. Le pranayama purifie le système nerveux et élimine les toxines du corps et du sang. Avec le pranayama vous pouvez éliminer le mucus du nez qui cause la plupart des rhumes des foins et des troubles des sinus. Le prana est aussi le meilleur cosmétique. Une des pratiques respiratoires est appelée le polissage du crâne (kapalabhati). Cela fait rayonner votre tête et tout votre visage avec la vitalité du prana. Ce n’est pas que sagesse du Yoga, c’est également scientifique. Les hommes de science d’aujourd’hui savent qu’on n’absorbe normalement que 500 93
Part III : Le corps humain est un temple
centimètres cubes d’air dans une respiration normale. En utilisant les pratiques yogiques de respiration profonde on absorbe 3,700 centimètres d’air en une respiration. Nous devrions tous faire quelques respirations profondes de temps en temps. Chaque heure faites un peu de respiration profonde. Le prana ne peut jamais être pollué par quoi que ce soit. C’est pourquoi nous sommes encore vivants dans ces villes. Si l’air autour de vous est pollué, ce n’est pas une excuse pour ne pas pratiquer la respiration profonde. Entre quatre heures et six heures du matin il n’y a pas de pollution. Vous n’avez pas même besoin de faire quoi que ce soit. Vous profiterez juste en vous levant et en marchant alentour. C’est aussi le meilleur moment pour pratiquer la méditation. Vous devez régler le souffle pour la méditation, car le souffle retient le mental au corps. Si le souffle est réglé, le mental l’est aussi. Une respiration calme, lente et régulière gardera aussi le mental très calme. Avant de calmer le mental par une respiration calme et régulière, vous devez devenir alerte. Tôt le matin, vous pouvez revigorer tout l’organisme, chasser la somnolence, donner une sorte de gaieté à tout le corps, enlever les tensions à différents endroits et apporter un mouvement harmonieux dans toutes les cellules grâce à une pratique spécifique appelée bhastrika ou la respiration en soufflet. Avant la méditation, faites trois cycles d’expulsions rapides du souffle par le nez. Asseyez-vous d’une manière détendue, mais droite, sans vous appuyer, la poitrine bien déployée. Prenez une bonne inspiration et commencez à envoyer l’air au dehors par petites expulsions à travers les narines. L’abdomen rentre chaque fois que l’air sort puissamment des narines. Le souffle rentre entre chaque expiration puissante. Dix ou quinze expirations rapides de cette sorte font un cycle. La dernière expulsion doit être plus profonde – chassant tout l’air au dehors. Prenez ensuite une lente inspiration. Remplissez les poumons et retenez le souffle. En retenant le souffle, pliez le cou pour amener le menton aussi près que possible de la poitrine dans ce qui est appelé le blocage du menton (jalandhara bandha). C’est comme gonfler un ballon. Vous rabattez le manchon et l’attachez afin que l’air ne s’échappe pas. Retenez tout l’air à ce point-là pendant dix ou quinze secondes. Il se peut que vous ressentiez quelque chose comme le flux 94
19. Le souffle de vie
d’un léger courant électrique. Il n’y a pas la de danger, ne soyez donc pas excité. Puis relevez le cou et expirez très lentement par le nez. Rendez cette expiration complète en rentrant l’abdomen vers la fin. Prenez une ou deux respirations normales et recommencez ce processus pour un second et un troisième cycle. Cela rendra le corps vivifié et le mental alerte. Après cela, vous pouvez admirablement préparer le mental à la méditation avec la respiration par les narines alternées ou en respirant assez lentement et profondément par les deux narines à la fois. Assurez-vous d’absorber une quantité d’air maximum en dilatant bien le ventre et la poitrine quand l’air entre. Vous pouvez même soulever légèrement les clavicules à la fin de l’inspiration pour faire entrer plus d’air, mais ne forcez aucun muscle ni les poumons en pratiquant cette respiration profonde. L’expiration est juste l’inverse. Les clavicules redescendent, la poitrine se vide, puis l’abdomen s’aplatit. Patanjali dit que par la pratique de ce pranayama le mental devient clair et prêt pour la concentration. Pratiquez quelques cycles de respiration par les narines alternées avant la méditation et vous expérimenterez vite ses bienfaits. Expirez lentement par la narine gauche, puis inspirez par la même narine. Ensuite alternez, en expirant par la narine droite; puis inspirez du même côté droit. Alternez à nouveau et continuez de cette manière. Cette respiration profonde est le souffle purifiant les nerfs (nadi suddhi). Continuez en utilisant soit la méthode des narines alternées soit juste de longues et pleines respirations pendant au moins deux ou trois minutes. Suivez le souffle avec le mental. Sentez comment il entre, combien il va loin et comment il revient. A un stade plus avancé vous pouvez retenir le souffle un moment avant d’expirer. Mais vous devez arriver à cela très progressivement, sinon vous pourriez vous faire du mal. Les principaux buts du pranayama sont de purifier l’organisme et de calmer et de régler le mental. Si jamais vous vous sentez perturbé, tendu ou inquiet, faites un peu de respiration lente et profonde avec toute l’attention sur le souffle et vous amènerez facilement le mental à un état calme. Le prana – entendu ici comme le mouvement du souffle – et le mouvement du mental vont ensemble. Ils sont interdépendants. 95
Part III : Le corps humain est un temple
Si vous réglez le prana, vous avez, par le mouvement du souffle, réglé ce même mouvement pranique dans le mental. Si vous pouvez contrôler le mental vous êtes le maître. Le pranayama vous permet de contrôler certaines parties du corps – certains muscles qui ne sont pas normalement sous notre contrôle. Par ces pratiques nous pouvons ainsi contrôler le mental. En contrôlant le souffle vous pouvez contrôler ce subtil prana. Mais allez doucement. Soyez patient. Le pranayama ne doit jamais être fait à la hâte, ni vous ne devez essayer d’avancer trop vite, car vous avez affaire à l’énergie vitale. Les écritures du Yoga personnifient le prana comme un cobra au poison mortel. Aussi rappelez-vous, vous jouez avec un cobra. Si vous jouez bien et faites bien danser le cobra, vous dériverez beaucoup de bienfaits, comme le firent les charmeurs de serpents en Inde. Ils se servaient de leurs serpents comme moyens d’existence. Mais s’ils ne jouaient pas correctement, ils seraient tués. De la même façon, avec le prana, vous devez être très prudent. Faites tout avec douceur; évitez même la moindre fatigue et ne vous pressez jamais. Durant les pratiques de pranayama la concentration doit être vers l’intérieur pour observer ce qui s’y passe. A l’inspiration et à l’expiration concentrez-vous sur le flux du souffle. Pendant la rétention, regardez juste à l’intérieur et voyez ce qui s’y passe. Pour chaque personne ce sera différent. Sur l’arbre de la pratique du Yoga, le quatrième membre est le pranayama. Seule une personne robuste peut réaliser Dieu. Une personne spirituelle doit être robuste – non seulement mentalement, mais aussi physiquement. Ainsi doit-on apprendre à régler et à accumuler la vitalité. Le prana est gaspillé de beaucoup de façons, comme trop manger, trop dormir, trop parler et l’abus sexuel. Les sages du Yoga ont mesuré combien la vitalité est gaspillée par diverses actions. Ils savent exactement combien vous gaspillez si vous parlez trop, si vous courez trop ou si vous mangez trop. Ils mesurent cela à la longueur ou à la brièveté du souffle. Le gaspillage maximum est le résultat d’une sexualité illimitée. C’est pour cette raison que la modération sexuelle est très importante. Sans prana vous êtes faible physiquement et mentalement. Si vous voulez affermir votre corps et votre mental, préservez ce prana – le 96
19. Le souffle de vie
fluide vital. C’est juste comme l’oxygène qui peut être condensé et rendu liquide. De la même façon, votre fluide séminal est du prana liquide. Il est emmagasiné dans votre corps. Quand cela est nécessaire, il s’évapore en un gaz – le prana – donnant de la vitalité au corps. Le pranayama est surtout pratiqué pour développer cette vitalité. Combien parmi nous sont conscients de leur façon de respirer? Cela entre et sort simplement quinze ou seize fois chaque minute. N’est-il pas étrange de voir l’air rester dans cette cité sainte – le corps humain? Combien de trous a-t-elle? Dans un tube très troué ou perforé l’air s’échappe. Mais ici nous avons les neuf portes (les yeux, les oreilles, les narines, la bouche, l’urètre et l’anus) de la cité. Pourtant le souffle vital semble rester. Il sort, mais quelque puissance semble le réintroduire en nous. Bien que nous ne nous soucions pas de notre souffle vital, quelqu’un semble être intéressé à ce que nous restions en vie. Quelquefois il semble qu’il y ait comme une bataille entre cette puissance invisible et le souffle lui-même. Le souffle se plaint : « Qu’est-ce que c’est? Vous me poussez à rentrer et chaque fois que je le fais cet individu me détruit. La minute où j’entre, il me brûle et me pousse au dehors comme de l’acide carbonique. » N’est-ce pas? Le souffle entre avec la vie et nous le tuons; nous le brûlons. L’air peut ne pas vouloir revenir, mais la Force dit :« Non, c’est Mon bébé. Il Me faut l’utiliser dans un certain but. Il Me faut agir à travers lui, c’est pourquoi Je veux le laisser survivre encore quelque temps. Quand sa tâche sera remplie, Je dirai “tu n’as plus à aller là”. Ils le mettront dans une boîte. Jusque-là, il Me faut le garder vivant. Retourne en lui. » C’est pourquoi vous vivons. Nous ne pouvons nous attribuer le mérite d’être vivants. Nous faisons toutes sortes de choses pour nous détruire, pourtant nous vivons toujours. N’est-ce pas étonnant? Nous aurions dû mourir il y a très, très longtemps. Qu’est-ce qui nous fait vivre alors? Probablement a-t-Il quelque chose à faire avec nous.
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20. Comment arrêter de fumer Si vous êtes fumeur, souvenez-vous de votre première cigarette. L’avez-vous appréciée? Vos poumons se sont adaptés à la nicotine, laquelle est une matière complètement étrangère – du poison! Pourtant vous l’aimez maintenant. Votre corps peut s’adapter à la chaleur, à n’importe quoi. La première fois qu’une jeune fille va faire cuire quelque chose dans la cuisine, elle pourra trouver difficile de prendre la bouilloire sans un gros torchon protégeant ses mains. Après quelques années elle le prend à mains nues, lesquelles se sont habituées au chaud. L’organisme humain est merveilleux. C’est pourquoi nous sommes reconnaissants envers Dieu qui fit s’adapter notre corps à l’environnement. Mais cela ne signifie pas que tout ce à quoi nous nous adaptons est bon pour nous. Nous pouvons nous habituer à n’importe quoi – même au poison. Je connais une personne qui commença à prendre du nux vomica, un genre de poison qu’elle emmagasinait dans son corps. Ensuite elle allait jouer avec le cobra. Quand les cobras la mordaient, ils mouraient et elle survivait. Son poison allait dans le corps du cobra. Petit à petit vous pouvez saturer le corps; il acceptera tout et n’importe quoi. Ce n’est pas si difficile, mais ce n’est pas forcément bon, car de tels poisons laissent des séquelles dans le corps. Il n’est pas étonnant que nous prenions ces habitudes. Regardez toute les publicités pour fumer et boire. Mieux vaut prévenir que guérir, mais nous ne semblons pas prévenir des choses. Nous semblons laisser les choses arriver, puis demander une guérison. D’un côté, toutes les images interpellent : « Allez, c’est agréable, rafraîchissant, merveilleux. Appréciez la fumée. » De l’autre côté : « Donnez-nous assez d’argent pour la recherche sur le cancer. » On va quêter pour guérir le cancer et en même temps dépenser de l’argent pour faire davantage fumer les gens. D’un côté : « Buvez ce whisky. Enivrez-vous. C’est merveilleux. » De l’autre côté : « Vous êtes ivre et avez cause cet accident. Vous avez tué cet homme. Allez en prison. » Quelle est cette sorte de loi? Estelle juste? Pourquoi permettez-vous les publicités sur le tabac et 99
Part III : Le corps humain est un temple
l’alcool, puis mettez le contrevenant sous les verrous? Probablement parce que les gens qui font passer les lois aiment aussi fumer et boire eux-mêmes. Les adultes chics et soi-disant raffinés prennent des tranquillisants, des cachets pour dormir ou de belles cigarettes extralongues. La génération moderne plus jeune prend une substance moins coûteuse – de l’herbe et du LSD – qui à la fin n’est aucunement moins coûteuse. Et ces fumeurs « raffinés » appellent les fumeurs non raffinés des barbares et les mettent en prison. Pourquoi ne pas mettre chaque personne qui fume en prison – pas seulement les fumeurs d’herbe, mais aussi ceux qui utilisent les cigarettes extra-longues? Pourquoi les laisser ruiner leurs vies? Bien sûr on ne peut faire des lois contre cela. Plus on fait de lois, plus les gens les enfreignent. Vous ne pouvez jamais arriver à quoi que ce soit en forçant quelqu’un. Mais par l’éducation vous pouvez changer les choses. Vous ne pouvez pas trouver votre tranquillité dans une pharmacie ou avec des cachets pour dormir. Les tranquillisants ne peuvent jamais vous donner une réelle tranquillité. Les cachets pour dormir ne peuvent jamais vous donner un sommeil réel. Les cosmétiques ne vous rendront jamais beau. La beauté réelle et la tranquillité réelle sont basées sur un mental paisible. Ce sont les hauts et les bas du mental qui donnent des rides profondes. Le visage qui est beau naturellement devient troublé et ridé à cause d’un mental troublé. Vous n’avez pas besoin d’un cosmétique pour vous rendre beau. Vous n’avez pas besoin de cachets pour le sommeil ou la tranquillité. Vous n’avez pas besoin d’alcool ou de drogues pour vous donner l’euphorie. Aujourd’hui les gens s’inquiètent de la pollution de l’air, mais ils ne s’inquiètent pas de la pollution intérieure. Très souvent, je vois des gens discuter de la pollution avec des cigares à la bouche. Ils ne réalisent pas qu’ils polluent leurs propres poumons tout en parlant de la pollution extérieure. La solution de la pollution commence chez soi. Ce sont les gens pollués qui apportent plus de pollution. La cause de la pollution est intérieure. La cause de la haine est intérieure. La cause de la guerre est intérieure. Le mental de l’homme est la cause de tout. Ne regardez pas au dehors pour trouver le coupable. Ne blâmez pas l’autre homme. C’est le mental qui crée toutes les guerres. Et c’est le mental qui peut faire du monde entier un ciel. 100
20. Comment arrêter de fumer
Nous sommes au monde pour grandir mentalement, pour acquérir plus d’expérience, pour réaliser la vérité. Le corps est seulement un véhicule. Pourtant le corps est une expression du mental. Pour avoir un mental calme et serein, nous devons prendre soin du corps physique. Nous devons purifier le corps pour aider à réaliser le mental paisible. Nous devons faire attention à notre nourriture, à nos boissons et à l’air que nous respirons. Surveillons toutes nos ingestions. Je ne mets pas en garde contre l’euphorie que vous pouvez ressentir avec certains de ces intoxicants. S’ils vous laissaient toujours euphorique, ce serait bien. Mais ils laissent malheureusement tous des séquelles dans votre corps et votre mental. Nicotine, alcool, marijuana, caféine, pilules – ils sont tous artificiels. Les effets sont temporaires et ils laissent des séquelles qui vous précipitent encore plus bas qu’avant. Personne n’insiste pour que vous arrêtiez de fumer ou de boire afin d’être un Yogi. Si vous le pouvez, c’est salutaire pour vous. Mais vous pourriez dire : « J’y suis habitué. Je ne peux plus m’arrêter. Que puis-je faire? » Je ne dis jamais simplement : « Arrêtez. Ne faites pas ceci ou cela. » Si vous sentez que vous devez continuer, je dis : « D’accord. Continuez ce que vous avez fait, mais en même temps faites aussi quelque chose de différent. L’autre chose partira. » Au lieu de la nicotine, quelle est la bonne chose? Fumez, mais toutes les fois où vous n’êtes pas en train de fumer prenez des respirations profondes, faites du pranayama. Faites les exercices respiratoires et quelques postures physiques. Les asanas éliminent toutes les toxines. Si vous faites régulièrement les postures du Yoga, toutes ces choses seront facilement éliminées. Et en faisant des exercices respiratoires appropriés, vous nettoyez les poumons. Vous enlevez toute la nicotine qui est déjà à l’intérieur. C’est elle qui crée le besoin – la nicotine logée à l’intérieur depuis votre première fumée. Les pratiques font disparaître ces toxines, incluant la nicotine. Ainsi vous perdez le besoin. Alors vous n’apprécierez même plus les cigarettes. Vous n’avez pas besoin d’abandonner la fumée. La fumée vous abandonnera si vous continuez à pratiquer les asanas et le pranayama du Hatha Yoga. Le Yoga est garanti pour vous débarrasser des inclinations, même de l’héroïne. Beaucoup de gens ont été aidés à perdre complètement la toxicomanie avec les pratiques du Yoga. 101
Part III : Le corps humain est un temple
Si vous voulez vraiment arrêter de fumer, arrêtez d’abord et analysez qui veut fumer et qui ne le veut pas. Il y a deux entités. Vous ne voulez pas fumer, mais celle qui veut fumer est la nicotine déjà en vous qui en réclame davantage. Avec le Hatha Yoga vous pouvez éliminer la nicotine. En pratiquant la respiration en soufflet vous pouvez la brûler. En prenant bien soin de votre alimentation vous pouvez réduire le besoin. Si vous êtes strictement végétarien, vous n’aurez guère ce besoin. N’avez-vous jamais remarqué qu’en mangeant de la viande vous avez envie d’une cigarette? La viande contient des purines. Les cigarettes ont de la nicotine et il y a une autre sœur « ine », la caféine. Elles vont toutes ensemble. Elles s’aiment mutuellement. C’est pourquoi quand vous mangez un beau et grand repas de viande vous avez besoin d’un café noir chaud et d’une longue cigarette. Il y a une beauté dans leur unité, mais ce n’est pas bon pour vous. Si vous êtes intéressé à éliminer la nicotine, évitez au moins temporairement ces deux autres substances – ou bien elles réclameront encore la nicotine. Pas de café, pas de thé, pas de viande. Ensuite fournissez à votre système des liquides en abondance. Prenez de bons bains chauds ou des saunas. Faites beaucoup transpirer le corps. Veillez à bien uriner et à ce qu’il n’y ait pas de constipation dans votre organisme. Que tous les processus d’élimination soient dégagés. Vous pouvez facilement éliminer la nicotine en trois jours, en une semaine ou en dix jours au plus. Cela dépend combien de nicotine vous avez accumulé et combien vous en éliminez. Une fois que cela est parti, vous êtes libéré de la nicotine et vous verrez que le besoin est parti. J’ai vu beaucoup de gens qui par cette méthode furent capables d’arrêter de fumer. Il vous faut tenir bon quelques jours pour vous débarrasser de la nicotine. Ensuite, même si quelqu’un pousse une cigarette dans votre bouche, vous ne l’apprécierez plus. Vous direz : « Je n’en ai pas besoin. » En plus de tout cela, persuadez votre mental du profit. Sachez que les poumons ne sont pas faits pour la nicotine, mais pour l’oxygène. Dieu a créé vos poumons. Il vous a donné l’oxygène gratuit. S’Il voulait que vous ayez un peu de nicotine, il ne Lui aurait pas été très difficile d’en ajouter une dose à l’air même – gratuitement. 102
21. La nourriture forme le mental L’alimentation joue un rôle très important dans la vie des gens. La nourriture forme non seulement le corps, mais elle forme le mental. Elle a un rapport direct aux attitudes du mental. Si vous voulez voir cela vous-même, allez au zoo et regardez les animaux. Remarquez leurs différences de nature. Tous les animaux carnivores sont en cage. Même dans la cage ils ne peuvent pas rester calmes facilement. Tout ce que vous voyez est leur agitation, leur déplacement constant. Même après dix ans le tigre passe encore son museau à travers les barreaux. L’agitation du mental est causée par l’alimentation. Même leurs excréments sentent mauvais parce que l’alimentation carnée produit beaucoup de toxines. Bien sûr les animaux ont la capacité d’éliminer cela. Ils prennent juste ce qu’ils veulent et le reste des toxines est éliminé. Dans l’élimination vous pouvez voir la matière avariée sortir, c’est pourquoi l’odeur est mauvaise. Regardez ensuite les animaux herbivores. Ils sont doux, gentils, mais puissants. La vache, la chèvre, le cheval – même l’éléphant. Regardez leurs excréments, aucune mauvaise odeur dans l’urine ou dans les selles. En Inde ils utilisent de la bouse de vache pour nettoyer le sol parce qu’elle ne sent pas mauvais. Observez la vache, voyez combien elle est méditative, combien gentille. Ce sont des animaux si paisibles. D’où cette paix vient-elle? Principalement de leur alimentation. Regardez la constitution des corps des animaux. Les animaux herbivores ont des dents plates, des langues douces et des sabots. Les animaux carnivores ont des crocs pour déchirer la chair, des griffes et des langues râpeuses pour prendre la chair des os. En plus de cela, pour attraper leur proie, ils peuvent voir la nuit. Les yeux, la langue, les dents, les griffes – ce sont les signes visibles. A quelle catégorie l’homme appartient-t-il? Vous pouvez juger de vous-même. Nous n’avons pas de griffes, alors nous fabriquons des fourchettes. Nous avons des dents plates, nous n’avons pas de langue râpeuse et nous ne pouvons pas voir la nuit. Nous ne pouvons pas digérer la viande, alors il nous faut la faire cuire. La constitution de l’homme n’est pas faite pour la viande. Beaucoup 103
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de médecins admettent aujourd’hui que la viande a une graisse animale qui laisse des purines dans notre corps. Cela se transforme à son tour en cholestérol. Ce qui est bien connu de nos jours. Mais si la langue veut cela, on peut trouver beaucoup d’excuses pour en prendre. Si vous le pouvez, évitez tous les aliments carnés et les graisses animales – incluant les œufs qui ont aussi cette partie carnée en eux. Quand vous cassez un œuf, il pourrit, émettant une mauvaise odeur. Les produits laitiers ont certes quelques graisses animales en eux. Si vous voulez être un strict végétarien vous pouvez même vous passer de produits laitiers. Mais ils ont une qualité différente. Le lait n’est pas de la viande. Quelqu’un pourrait vous dire : « Le lait provient de la vache. Si vous buvez le lait, pourquoi ne mangez-vous pas la chair de la vache? » Vous pouvez répondre : « Quand vous étiez un petit bébé ne preniez-vous pas le lait de votre maman? Vous le preniez, mais auriezvous coupé la chair de votre maman pour manger? » C’est très simple. Il n’y a pas besoin d’avoir de longues discussions à ce sujet. Le lait est différent de la chair. Nous prenons le lait de la mère et non la chair. Ainsi nous prenons le lait de la vache et non la chair. Le lait a une qualité spéciale. C’est une nourriture très sattvique. Il n’a pas cette graisse concentrée trouvée dans la viande. Bien sûr, si nous buvons trop de lait, il laissera une sorte de flegme, puisque nous ne pouvons pas bien le digérer. Sinon, il n’a qu’une quantité limitée de graisse. Le lait est une nourriture complète. Les enfants grandissent rien qu’avec du lait. Mais après quelque temps nous n’avons pas besoin de lait. Nous pouvons vivre de fruits, de noix et de légumes crus. La nourriture que nous mangeons doit être facilement digestible et ne doit pas laisser de toxines dans le corps. Les légumes, les céréales, les noix et les fruits sont dénués de germes producteurs de maladies. Regardez juste nos arrière-grand-pères – ceux à quatre pattes desquels nous descendons, selon Darwin. Je veux dire les singes. Ils mangent des noix, des fruits, des feuilles. Voyez comme ils sont vigoureux. Ils obtiennent tout ce dont ils ont besoin d’une telle alimentation. Ce sont des animaux puissants et d’une grande vitalité. Certaines personnes veulent toutefois de la chair animale parce qu’elles s’inquiètent d’avoir assez de protéines. La viande a sans doute 104
21. La nourriture forme le mental
beaucoup de protéines. Mais les avez-vous examinées en laboratoire pour trouver toutes les réalités et les formes? Je parle simplement de ma propre expérience. Je n’ai mangé qu’une nourriture végétarienne toute ma vie. Je suis en très bonne santé et robuste. Vous n’avez pas besoin d’autant de protéine qu’il y en a dans l’animal. Elle est trop concentrée. Le corps humain a besoin d’une forme de protéine plus modérée qui puisse facilement être assimilée sans trop de cuisson. Au lieu de manger les animaux qui mangent les végétaux, pourquoi ne pas prendre vousmême la protéine directement de la nature. Même quand vous voulez manger des animaux, vous choisissez ceux qui mangent des végétaux. Vous ne voulez pas d’un animal qui mange un autre animal. Nous pouvons tirer la protéine des végétaux – surtout des lentilles et du soja, des graines de tournesol et de sésame, du germe de blé, de la poudre de levure, du fromage, du lait et de nombreuses sortes de noix. Le corps humain est fait pour une nourriture végétale, non pour une nourriture animale. En tant que Yogis nous voulons causer aussi peu de douleur que possible aux autres êtres. Il est facile de rationaliser si nos langues désirent manger les animaux. Nous pourrions argumenter : « Les plantes ont une conscience. » Elles en ont une, nul doute, et certaines expériences scientifiques l’ont prouvé. Nous les blessons probablement quelque peu en les prenant pour manger. Mais il y a des aspects subtils à considérer. La différence entre les végétaux, les animaux et l’homme est dans l’expansion de la conscience. Il y a une conscience dans un arbre, mais elle est plus ou moins comme le rêve. Dans une pierre il y a aussi une conscience. Elle est comme le sommeil. Chaque chose a une conscience. Mais le degré d’expansion de cette conscience varie. Chez les êtres humains la conscience est le plus exprimée ou a le plus d’expansion et elle a le plus de sensibilité. Tout ce qui possède une conscience ayant le plus d’expression ou d’expansion est le plus sensible – même le moindre toucher sera ressenti. Cette sensibilité varie même parmi les êtres humains. Imaginez une salle de classe de quarante élèves. Deux des garçons font des leurs quand l’enseignant entre. L’un d’eux est l’étudiant le plus brillant; l’autre, extrêmement lourd. « Vous les idiots!, appelle-t-il. Qu’êtesvous en train de faire? » Est-ce que sa réprimande blessera leur 105
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sensibilité? Oui. Mais le mental de qui sera le plus blessé? Vous n’avez pas besoin d’être un philosophe ou un psychologue pour répondre. Sur un plan simple, le garçon très brillant sera plus sensible aux paroles sévères de l’enseignant. L’autre pourrait même rire : « Ah! Il m’a appelé idiot. Il s’intéresse à moi. » Il peut même devenir fier parce que l’enseignant lui parle rarement. Il pourrait se réjouir d’avoir attiré l’attention. Mais l’étudiant plus brillant peut ne pas dormir quelques nuits parce qu’il est si blessé. Ceci est le développement de l’intelligence et l’expansion de la conscience. Plus on est développé, plus on ressent. Vous êtes plus susceptible de tuer un animal qu’un être humain parce que vous savez que l’être humain ressent davantage que l’animal. De la même façon, les sensations des végétaux sont beaucoup moins évoluées que celles des animaux. S’il nous faut blesser quelque chose pour manger, ne blessons au moins que ce qui ne le sentira pas trop. Voici le point : visez le moins de douleur chaque fois que c’est possible, même parmi les fruits d’un même arbre. Allez vers un pommier et essayez de cueillir ses fruits. Une des pommes ne vient pas facilement. Il vous faut employer de la force parce qu’elle n’est pas encore mûre. Mais la minute où vous touchez l’autre pomme, elle tombe droit dans votre paume. Avec quel fruit l’arbre sera-t-il le moins blessé? Quand vous prenez le fruit mûr, vous rendez probablement l’arbre heureux. Il est prêt à donner et vous acceptez. L’autre fruit dit : « Ne me cueillez pas. Je ne suis pas prêt. » Si vous le faites par force, cela blesse. Si vous êtes conscient de ne pas causer de mal, même ce genre de subtiles différences peut être remarqué. Si la nourriture vient à vous très facilement, vous pouvez la manger. Si elle s’éloigne ou s’enfuit de vous, ne la prenez pas. Quand vous tuez un animal et qu’il crie, il n’est pas prêt à être mangé par vous. Vous pourriez croire que les animaux furent créés pour servir les êtres humains. Cela n’a probablement pas été dit aux animaux, ou bien c’est qu’ils n’ont pas lu les écritures. C’est l’homme qui s’attend à ce que les animaux le servent. Utiliser les animaux pour votre bénéfice ne signifie pas toujours les manger. Si vous les nourrissez bien, vous pouvez traire la vache, labourer la terre avec le bœuf et tirer une charrette avec le cheval ou le monter. 106
21. La nourriture forme le mental
Je dis toujours aux gens qui veulent encore manger de la viande :« C’est bien, mais n’achetez pas la viande. Allez la tuer vousmême. Puis mangez. » Laissez-moi voir combien de gens mangeront alors de la viande. S’il vous faut la tuer vous-même, vous voyez tout le sang et l’excrétion s’échapper, les animaux crier et hurler quand vous les tuez. Les mangerez-vous alors? Vous les mangez uniquement parce que quelqu’un d’autre exécute tout l’abattage et que cela arrive joliment sur votre table à manger. Mais celui qui a un cœur tendre ne peut faire cela. Vous ne pouvez tuer aucun animal si vous avez un cœur aimant. Bien sûr je ne prêcherais pas cela aux esquimaux en Alaska. Làbas vous mourrez si vous ne mangez que des végétaux. S’il y a vraiment une nécessité, vous devez manger l’animal. C’est très bien pour survivre. Si rien d’autre n’est disponible, n’avez-vous pas parfois entendu parler de gens manger leurs semblables? Quand rien d’autre n’est disponible, ne soyez pas surpris si vous voyez des gens se tourner vers le cannibalisme. Devrais-je venir suggérer une alimentation végétarienne à un tel moment? « Ne mangez pas ceci. Ne mangez pas cela. » Employez le bon sens. Mais quand des aliments bons pour le corps et le mental sont disponibles, bien sûr prenez-les. Même quand vous voyagez, il n’est pas difficile d’éviter de manger une nourriture carnée. Demandez juste un sandwich ou une salade de crudités. Il y en a toujours. Le fromage est toujours disponible, ou juste du pain et du beurre. Aux États-Unis vous pouvez trouver la meilleure nourriture végétarienne – peut-être mieux qu’en Inde. Si vous avez des invités ou des parents en visite et que vous savez qu’ils préfèrent la viande, que devriez-vous faire? Ces problèmes arrivent dans votre vie quotidienne. Quelquefois un des conjoints dans un couple marié préfère ne pas manger de viande et l’autre en veut. Chacun devrait penser à l’autre. Celui qui fait le repas avec joie devrait préparer de la viande pour l’autre ou pour les invités et la servir sans faire grise mine. C’est un grand accomplissement et une grande qualité. Toutefois, vous pouvez manger comme vous préférez. Mais ces choses sont très personnelles. Vous ne devez pas insister pour que l’autre personne suive ce que vous aimez. Si vous êtes vraiment intéressé à convertir quelqu’un peu à peu à une meilleure alimentation, donnez un bon exemple. Chaque fois que cette personne tombe 107
Part III : Le corps humain est un temple
malade elle pourra s’étonner de votre santé et vous demander conseil. Vous pouvez alors gentiment suggérer une alimentation plus saine. Vos paroles auront alors plus de pouvoir.
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22. Comment manger OM! O Annapurna! Toi toujours abondante! Toi chère au Bienfaiteur comme Son souffle! Afin d’atteindre la connaissance et le détachement, accorde-moi l’aumône de la nourriture, ô Fille de l’Himalaya! Ma mère est la déesse Parvati. Mon père est le dieu Maheshvara. Mes amis sont les dévots du Seigneur Shiva. Mon pays est le triple monde. (Annapurna-Stotra de Sri Shankaracharya) OM! Cette Vérité! Que ceci soit un offrande à Brahman! Que tous les êtres soient heureux! Comprenez-vous cette prière? Je dis souvent ceci avant de manger :« Accorde-nous la santé, la sagesse, la force et le détachement. » Pourquoi voulons-nous manger? Nous prions Mère Nature de nous donner une partie d’Elle-même. Ce que nous voulons n’est pas juste de la force pour développer nos biceps et triceps afin de rompre les os d’une autre personne. Nous recherchons la sagesse du discernement et le détachement qui sont les deux choses dont nous avons besoin pour rendre notre voyage utile et facile. Aussi chaque jour quand nous mangeons, nous disons à cette expression de Dieu qu’est la Mère Nature :« C’est dans ce but que je demande en aumône Ta nourriture. Augmente la tendance sattvique de mon mental. Donne-moi de Toi afin que je puisse obtenir ces bienfaits. » Quand vous mangez, sachez que toute nourriture est le corps de Dieu. Votre fait de manger devrait être un sacrifice. En mangeant vous devez penser : « Je mange pour rassembler de l’énergie, pour mieux servir autrui. » Tout ce que vous mangez, offrez-le à Dieu et voyez-y le Seigneur. N’acceptez pas la nourriture juste de n’importe qui. Ne prenez ou ne mangez que de mains connues. Ne mangez jamais quand vous êtes fatigué, pressé ou en colère. Pour la paix mentale, sacrifiez ou donnez continuellement de vous-même. Pour la paix mentale, sacrifiez ou donnez continuellement de vous-même. Pour la paix physique, ayez la bonne nourriture au bon moment, en bonne quantité et avec de 109
Part III : Le corps humain est un temple
bonnes pensées pendant que vous mangez. Si vous pensez de coléreuses ou malheureuses pensées en mangeant, la nourriture sera du poison. Pensez pourquoi vous mangez. Si cela vous plaît, vous pouvez même mâcher mentalement un mantra tout en mâchant la nourriture. Recherchez toujours les aliments les plus naturels. Si possible faites pousser vos propres légumes biologiquement. L’aliment naturel est le meilleur aliment. Nous n’avons pas toujours besoin de payer pour manger. Comme un bébé tétant le lait de la mère, nous aussi pouvons téter la Mère Nature, en prenant du sol les pommes de terre et toute la nourriture naturelle que nous avons plantées et récoltées nous-mêmes. Trop souvent nous payons non seulement pour la nourriture que nous achetons, mais pour les efforts des autres qui apportent la nourriture à la porte du magasin. Ensuite nous courons à un club pour faire de l’exercice en vue d’une meilleure digestion et afin de perdre l’excédent de poids. Si au lieu de cela nous faisons nous-mêmes l’effort de planter et de cultiver la nourriture, nous aurons plein d’exercice à faire avec la nourriture même. Nous n’avons alors pas besoin de clubs de santé. Combien de gens ne prendront même pas un balai pour nettoyer leur propre maison? Cependant ils dépensent beaucoup d’argent en adhésions pour se débarrasser des calories au club. Beaucoup d’affaires aujourd’hui proposant de vous aider à maigrir sont juste une escroquerie. Des livres pour maigrir, des recettes pour maigrir, des corporations pour maigrir! C’est une vraie absurdité. Quel mal d’avoir quelques kilos de trop? Du moment que vous ne tombez pas malade, c’est très bien d’être un peu plus gros que la moyenne. Si vous vous sentez en bonne santé, vous n’avez pas besoin de maigrir pour devenir aussi mince que quelqu’un d’autre. Nous ne sommes pas tous faits de la même façon. Pourquoi devrions-nous nous ressembler? Nous devrions juste accepter ce que et qui nous sommes. Nous n’avons pas besoin d’imiter les autres. Rappelez-vous qu’un daim est un daim et qu’un éléphant est un éléphant. Certains légumes sont allongés comme les haricots verts, d’autres sont potelés comme les potirons. Les deux sont des légumes. Est-ce que le potiron devrait vouloir imiter le haricot vert? Soyez qui vous êtes et ne vous inquiétez pas constamment quand vous mangez ou buvez. 110
22. Comment manger
Mais si vous êtes certain que votre excédent de poids n’est pas bon pour votre santé, il y a des moyens de changer quelques-unes de vos habitudes alimentaires. Continuez à pratiquer vos postures de Yoga. Mangez tout ce que vous voulez, mais commencez à limiter vos quantités. Et ne devenez pas obsédé par votre poids. Cette angoisse mentale affectera votre digestion. « Oh! je mange trop, je ne sais pas ce que je vais devenir! » Cette peur affecte la digestion, causant une fermentation dans votre organisme. Vous devriez juste manger avec joie en pensant : « Dieu m’a donné ceci. Je le mange et je vais bien le digérer. » La confiance doit être là. Si vous mangez bien et digérez bien, vous n’aurez pas cette fausse faim qui survient de temps en temps entre les repas. Si la faim est réelle, vous n’avez pas à refréner votre appétit. Mais quelquefois l’appétit est faux. Méfiez-vous de la faim routinière. Ne mangez pas juste parce que quelque chose est délicieux ou parce qu’il est midi. Mangez quand vous avez vraiment faim. Même alors, ne mangez pas simplement tout et n’importe quoi. Apprenez à manger les bons aliments – une nourriture pure et simple, non mélangée avec trop d’autres aliments, pas trop épicée ou remplie de stimulants. Vous mangez pour votre mental et votre corps, non pour votre langue. La nourriture doit être simple, savoureuse et facilement digestible. Avant de répondre à la faim, demandez-vous attentivement : « Qui veut manger maintenant? la langue ou le ventre? » Puis attendez. Si votre estomac est vraiment affamé vous ne pouvez pas juste mettre l’appétit de côté. Mais si c’est une faim temporaire ou routinière et que vous vous mettez à faire quelque chose, la faim partira. Ensuite quand finalement vous mangez, mangez bien. N’essayez pas alors de revenir en arrière. Mangez jusqu’à ce que vous soyez satisfait. Tout ce que vous prenez dans votre corps doit vous nourrir. Ne laissez pas la nourriture être trop épicée car cela troublera le mental et affectera même les rêves par la suite. Certains liquides – l’eau, le lait, les jus de fruit – ne dérangent pas le corps. Mais le café noir ou le thé fort enflamme l’organisme à cause de la caféine allant dans le flux sanguin. L’alcool est même pire. Tout ce qui est fermente devient de l’alcool. Cette fermentation est un acide. L’alcool est très bien employé pour conserver les corps morts, mais ce n’est pas pour le vivant. Faites attention à ce que vous mettez dans votre corps. 111
Part III : Le corps humain est un temple
Même une nourriture saine prise en mauvaises quantités ne sera pas digérée et fermentera en vous-même. Imaginez l’estomac comme un grand four logeant vos feux digestifs. Vous devez manger selon la faim ou le feu gastrique de l’estomac. Si vous le faites, vous n’aurez jamais aucun problème de nourriture. Si, par exemple, vous mangez trop d’aliments provenant de racines, lesquels sont des féculents, le feu à l’intérieur baisse rapidement. En d’autres termes, c’est plus long à digérer. Les fruits et les légumes, d’un autre côté, se digèrent plus facilement. Il est cependant difficile de tout catégoriser. Chaque foyer digestif est différent. Tout le monde n’a pas la même quantité de faim ou la même quantité de feu digestif. Ce n’est pas juste parce qu’une étiquette peut dire « c’est très bon et ça contient tant de protéine; alors prenezen », qu’il faut immédiatement l’acheter. Vous pouvez ne pas être capable de digérer cette quantité de protéine. Prescrivez une alimentation convenable à votre estomac, pas pour votre taille ou votre poids. Décidez vous-même de ce qui est le meilleur. Observez les réactions de votre estomac à chaque aliment et voyez comment chacun d’eux est d’accord avec vous. Si par hasard l’un d’eux n’est pas d’accord, écartez-vous en ou réduisez la quantité. Devenez votre propre diététicien. Les livres peuvent vous donner une orientation générale, mais vous êtes ultimement le meilleur docteur pour vous-même. Vous pouvez examiner votre propre organisme. Rien ne créera de mucus dans votre organisme si c’est bien digéré. Sinon, même un régime soi-disant sans mucus laissera encore le mucus vous embarrasser. Tout ce qui reste non digéré dans l’estomac commence à fermenter. L’estomac est comme une chambre hermétique. Si vous mettez le fruit de la vigne dans une bouteille hermétique, il commence à fermenter et à devenir du vin – de l’alcool. Si vous laissez la nourriture rester longtemps dans l’estomac au lieu de la digérer, elle fermente et devient acide. Elle devient du mucus et donne des gaz. Ce qui veut dire que vous ne devriez manger que lorsque vous avez vraiment faim, et juste à votre limite. Vous pouvez alors digérer tout et n’importe quoi. Si votre digestion est un peu faible, il vous faudra rechercher une alimentation appropriée qui aura moins tendance à 112
22. Comment manger
produire du mucus. C’est une autre raison d’éviter la viande, laquelle nécessite une longue cuisson et ne se digérera alors même pas facilement et laissera du mucus. Vous pouvez manger les légumes crus, ou juste les cuire à la vapeur quelques minutes. Même parmi les légumes il y a certaines variétés produisant du mucus qui contiennent plus d’eau – les concombres et les melons par exemple. Naturellement, quand vous les mangez ils rafraîchissent quelque peu l’organisme, diminuant le feu digestif. Vous pouvez prévenir les gaz juste en étudiant le livre de la nature. Pour moi le meilleur livre c’est la vache. Je l’observe et regarde comment elle mange, mastique et digère. Votre propre estomac vous dira combien de temps une nourriture prend pour être digérée. Si le feu gastrique n’est pas prêt quand la nourriture vient, la digestion est retardée et la nourriture fermente, produisant des gaz et du mucus. Ces deux choses vont plus ou moins ensemble. La seule chose à faire quand vous avez des gaz est de ne pas manger. Si vous mangez la bonne quantité, vous la digérez bien et il n’y aura aucun gaz. De même, si vous attendez de manger jusqu’à ce que vous sentiez la vraie faim, vous n’aurez aucun problème de gaz ou de mucus. Si vous voulez faciliter la digestion de la nourriture, vous pouvez vous asseoir sur l’arrière de vos jambes ou les mollets dans la pose du Diamant. Vous voyez rarement de l’embonpoint chez les femmes japonaises, car nombre d’entre elles s’assoient souvent de cette manière, ce qui aide automatiquement la digestion. Une autre aide digestive est de s’appuyer sur le côté, ce qui modifiera le flux du souffle. En vous agenouillant au sol, appuyez-vous sur le côté gauche, ce qui fera rapidement passer le souffle par la narine droite, aidant la digestion. Vous pouvez prévenir presque toutes les maladies en étant attentif à votre alimentation et en limitant la quantité que vous mangez. N’importe quel docteur vous dira que quand les gens ont peu de nourriture ils sont plus sains. Trop manger crée un problème. Nous avons tellement d’abondance aujourd’hui que les gens malades et les hôpitaux sont en abondance. Il y a tant de problèmes mentaux, tant de psychiatres et tant d’asiles d’aliénés. Est-ce cela qu’on appelle un pays moderne? 113
Part III : Le corps humain est un temple
Sorti des limites, même le nectar devient poison. Nous croissons plus sainement en mangeant modérément. Comme les enfants sont en pleine croissance, leur corps requiert beaucoup plus d’énergie. Mais si un adulte ou une personne d’âge moyen fait surtout un travail sédentaire, il ne devrait pas manger plus d’un repas complet chaque jour. De cette façon il peut garder sa santé et son corps en bonne forme. Aux autres moments il peut prendre quelques jus de fruits ou autres ou une boisson chaude. Bien sûr, un travailleur manuel faisant une pleine journée de travail physique peut prendre une nourriture solide trois fois par jour ou même plus. Ce n’est pas combien vous mangez qui est important, mais combien vous pouvez digérer et assimiler. Si vous n’assimilez qu’une partie de la nourriture que vous mangez, tout le reste doit être évacué, ce qui draine votre énergie. La nourriture prise doit être ajustée selon le travail que vous faites. Pour le travail mental une nourriture liquide sert le mieux; un seul repas solide par jour est nécessaire. Pour un travail physique, prenez autant de nourriture solide qui peut être assimilée. J’en suis la preuve. Durant les nombreuses années passées j’ai vécu juste d’un repas chaque jour. Et ce repas est une sorte de demi-repas – ce que vous appelleriez probablement un casse-croûte. Pourtant je semble travailler pas mal et je ne parais pas me fatiguer. La sensation de fatigue vient du mental – et non parce que vous mangez trop légèrement. Si vous pouviez toujours garder votre mental libre et relaxé, apprécier ce que vous faites et ne pas être troublé, anxieux ou soucieux de votre vie ou de vos actions, vous ne seriez pas tendu et vous ne vous fatigueriez pas. Vous ne gaspilleriez pas votre énergie, et juste un peu de nourriture serait assez. Vous pouvez tester cela vous-même. Essayez de manger plus légèrement et voyez alors comment vous vous sentez à merveille. Les gens demandent quelquefois la meilleure façon de combiner les aliments. Je ne suis pas intéressé par la « diète équilibrée ». Je préfère la mono-diète. Ne mettez pas trop de variétés d’aliments dans l’estomac en même temps. L’estomac digérera mieux s’il n’a juste qu’une sorte d’aliment. Vous pourriez demander : « Alors comment est-ce que j’obtiens les autres ingrédients nécessaires? » Je crois que l’organisme lui-même a la capacité de convertir cet aliment en beaucoup d’ingrédients. « Swami, où avez-vous appris cela? demandent-ils. Quelle est votre 114
22. Comment manger
autorité? » La vache est mon manuel et Dieu est l’autorité qui écrivit le livre Vache. J’ai demandé à la vache : « Eh! Manges-tu une diète équilibrée? » Elle m’a juste regardé et a ri : « Je ne mange que de l’herbe, pourtant je suis capable de produire du lait qui contient toutes les vitamines. » Si la vache est capable de faire cela, je pense que vous pouvez même le faire mieux qu’elle. Vous devez avoir cette capacité. Si vous voulez avoir différents aliments à un repas, c’est très bien; mais soyez simple – pas trop à la fois. Moins il y en a mieux c’est. Si la nourriture est naturelle, toutes les vitamines y sont. Si la nourriture elle-même manque de vitamines à cause des conditions dans lesquelles elle a poussé ou a été transformée, vous pouvez alors sentir le besoin de prendre un supplément de vitamines. Mais n’en prenez pas trop, ou vous ne ferez que gaspiller de l’argent. L’excédent sera rejeté. Je pense que le bénéfice est tout au plus une impression psychologique. Beaucoup de gens pensent qu’ils peuvent guérir un rhume juste en prenant de la vitamine C. Mais maintenant les docteurs disent que ce n’est pas la vitamine C qui a guéri le rhume. C’était l’impression ou la croyance qui effectuait la guérison. « Ah! J’ai pris de la vitamine C. Maintenant je serai guéri. » Vous pouvez vous guérir vous-même. Abstenez-vous des excès d’amidon ou de sucre. Bien que les fruits semblent avoir beaucoup de sucre, il est facilement assimilé. Vous n’avez pas à avoir peur du sucre ou à vous en abstenir complètement. Prenez un petit peu de miel si vous voulez. C’est une forme naturelle de glucose. C’est complètement différent du sucre que vous achetez ou que vous trouvez dans la plupart des sucreries. Les dattes également sont bonnes, pour satisfaire votre palais. Je ne vous donne aucune prescription. Je ne prends pas la place d’un docteur pour vous traiter. Ce ne sont que mes suggestions. Évitez les dîners lourds et tardifs. Votre dernier repas devrait être léger et être mangé au moins deux heures et demie avant d’aller au lit. Vous dormirez alors parfaitement et vous vous réveillerez avec facilité très tôt. Chaque fois que vous mangez quelque chose, rincez votre bouche avec beaucoup d’eau sitôt après le repas. Rincez-la bien au moins six ou sept fois. Massez même les gencives avec les doigts pendant que 115
Part III : Le corps humain est un temple
vous vous rincez : vous n’aurez plus de problèmes de dents. Tôt le matin avant la méditation certaines personnes ressentent le besoin d’un remontant. Vous n’êtes pas toujours obligé de prendre du café ou du thé. Il existent de bons succédanés commerciaux du café. Le thé à la menthe est également très bon. Ou bien des graines de coriandre grillées, avec des morceaux de racine de gingembre frais. La coriandre sent bon et a une bonne saveur. Sèche ou frais, avec un peu de miel le gingembre coupe aussi le mucus. Grillez à sec quelques petits morceaux de gingembre, ajoutez des graines de coriandre et broyez-les dans le mixer; puis prenez une ou deux cuillerées à thé de ce mélange, faites-le bouillir et passez-le, ajoutez un peu de lait et de miel, et vous obtiendrez le même tonus que vous auriez du café. Vous n’avez pas besoin d’être un fanatique du régime. Si un petit peu de thé normal vous aide à bien méditer, cela ne fait rien si vous en buvez un peu de temps à autre. Une bonne méditation est plus importante que le genre de thé que vous buvez. Mais soyez attentif à la qualité de votre sommeil qui dépend de ce que vous avez mangé au dîner la veille au soir. Nos corps et nos esprits sont très facilement affectés ou souillés par ce que nous mettons en eux. Comment est-ce que toute chose, même une pièce, devient sale? Si vous laissez les portes et les fenêtres ouvertes par négligence, la poussière entre, salissant la pièce. De la même façon, si de bonnes choses entrent dans nos corps, nous les gardons sains. Prenez donc soin de votre ingestion, physique et mentale. Vérifiez soigneusement avant que quoi que ce soit entre. Chaque pays a des bureaux d’immigration aux ports d’entrée. Avant que quelqu’un entre : « Eh! Qui êtes-vous, ami ou ennemi? Bon ou mauvais? Quels sont vos certificats? Montrez-moi votre passeport? » Si vous êtes une bonne personne, ils disent : « D’accord, passez, soyez notre invité. » Sinon: « Disparaissez. » Ici vous avez un pays. Votre corps est votre pays, et il y a beaucoup de ports d’entrée – chaque ouverture, chaque pore. Vous devez assigner des agents d’immigration partout. Quand vous voyez quelque chose venir, vérifiez avant que cela arrive et affecte votre cerveau : « Qui êtes-vous? Quelle sorte de son est-ce? Quelle sorte de nourriture estce? Oh! une bonne nourriture qui me rendra tranquille. D’accord, 116
22. Comment manger
passez. » Autrement : « Monsieur, je suis désolé, mais je n’ai pas besoin de vous. » C’est ce qu’on appelle pratyahara ou le contrôle des sens, qui est le cinquième membre sur l’arbre du Yoga. Ayez un contrôle sur vos sens. Ayez le contrôle de la langue. Si vous avez eu quelques gaz, par exemple, et que votre ami vous apporte une délicieuse part de tarte aux pommes, n’oubliez pas votre estomac en la prenant. Combien il est facile d’oublier quand les yeux voient la tarte et que la langue en réclame. Interrogez toujours l’estomac s’il en veut ou non. Vous ne pouvez simplement surcharger un membre en contre-bas pour le plaisir des autres. Si vous donnez trop à faire à une secrétaire avant qu’elle n’ait fini les travaux précédents, elle deviendra mécontente et partira. Si vous continuez à surcharger l’estomac, il se mettra en grève.
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23. Le jeûne Jeûner vous permet d’éliminer les toxines de votre organisme. Quand vous jeûnez, tout ce qui n’est pas bon pour votre organisme est rejeté, parce que l’énergie dans votre corps qui est normalement utilisée pour digérer votre nourriture est utilisée pour cette élimination. Vous devez savoir combien de temps vous avez besoin de jeûner afin d’éliminer toutes les toxines dans votre organisme. Accordez juste assez de temps pour éliminer toutes les toxines. Pendant la période du jeûne, vous pouvez boire autant d’eau que vous le désirez, ce qui nettoie l’organisme exactement comme de rincer un radiateur dans votre voiture. Mais si vous vous sentez un peu faible et ne pouvez vous sustenter d’eau seulement, il n’y a pas de mal à boire du jus de pommes ou du jus de raisins. Vous pouvez encore éliminer des toxines en buvant des jus de fruits pour la force. Le jus frais est bien meilleur que le jus en conserve qui contient probablement un peu d’acidité. Quand vous jeûnez vous remettez votre corps en état presque comme vous réviseriez une machine. Chaque partie de votre corps deviendra délicate et plus sensitive après le jeûne. La durée du jeûne dépend de la quantité de toxines en vous. Après que celles-ci seront sorties de votre organisme, votre langue sera nette et vous saurez que vous avez jeûné assez longtemps. L’élimination peut venir en des formes variées : petits boutons, furoncles, abcès, transpiration et beaucoup d’autres manifestations. Ne soyez pas frustré ou apeuré si cela arrive. Vous pourriez même sentir quelques démangeaisons. Si c’est le cas, évitez le sel et essayez de ne pas vous gratter ou bien la démangeaison ne fera que continuer. Pendant le premier ou les deux premiers jours de jeûne vous pouvez ne rien sentir du tout. Le troisième jour vous pourriez vous sentir un peu faible. La langue deviendra soudainement pâteuse. Votre haleine pourra avoir senti très bon jusque-là, mais ensuite son odeur devient fétide et votre salive prend un goût sale. Votre transpiration aussi a une mauvaise odeur. Toute cette odeur et ce chargement viennent du dedans. C’est bon signe. Cela signifie que tout est rejeté. Il vous faut attendre un peu plus longtemps. Vous pourriez éprouver 119
Part III : Le corps humain est un temple
des maux de tête, même avoir la nausée et vomir. Ce ne sont pas des choses anormales en jeûnant. Les gens disent souvent : « Chaque fois que j’arrête de manger, je deviens nauséeux. J’ai mal à la tête. Il vaut mieux que je mange. » Ce sont des symptômes normaux; il vous faut attendre un peu plus longtemps. Pour éliminer les toxines plus rapidement, buvez beaucoup d’eau afin d’aider leur évacuation; prenez des douches; faites de la respiration profonde. Tout cela prend du temps : trois ou quatre jours, parfois même cinq. Progressivement le chargement de la langue partira. Votre vue sera améliorée et vous vous sentirez léger. Tous vos maux et toutes vos douleurs partiront. Chacun de vos sens devient plus sensitif. Votre salive deviendra plus savoureuse – même plus douce que du Coca Cola. La plupart des gens n’ont pas goûté leur propre salive pure. Leur langue est chargée, leurs papilles gustatives ont perdu leur capacité de goûter et leur salive est remplie de toxines. En poursuivant le jeûne vous expérimenterez ces symptômes de bonne santé. Vous sentirez votre corps si léger que vous pourrez marcher plus vite, comme si vous voliez. Le temple de Palani dans le sud de l’Inde est au sommet d’une colline ayant environ l,500 marches pour s’y rendre. J’avais coutume d’assister aux services du matin et du soir chaque jour. Une fois j’ai jeûné pendant cinquante et un jours et il me fallait monter et revenir à ma chambre deux fois par jour. Les deux ou trois premiers jours je ne pouvais le faire. Mais avec les jours qui passaient, je me sentais porté à sauter quatre ou cinq marches à la fois. J’avais l’impression de voler. Je ne pouvais tout simplement pas monter une marche à la fois, parce que je me sentais si léger. Lorsque vous commencez à avoir ces bons signes, vous pouvez vous préparer à cesser de jeûner. Après un long jeûne la vraie faim vient; vous ne pouvez feindre de l’ignorer, parce qu’elle mangera votre chair. Quand cette vraie faim vient, ne vous privez pas. Quand vous sentez que vos sens sont alertes et que vous avez réellement faim, commencez à manger quelque chose. Rompre le jeûne est même plus important que le jeûne lui-même. Après le jeûne ne festoyez pas et ne vous jetez pas sur un gros repas; vous pouvez sérieusement vous faire du mal. Rompez-le avec quelque chose de très léger. Si vous n’avez pas la patience de rompre le jeûne 120
23. Le jeûne
lentement, ne jeûnez pas. Votre corps est un peu comme un moteur de voiture complètement rénové. Vous ne pouvez pas la faire rouler immédiatement à 200 kilomètres/heure. Vous ne devriez même pas rouler à plus de 100 kilomètres/heure. Laissez aller le moteur très progressivement. Le corps est également une machine et en jeûnant vous l’avez rénové. Manœuvrez-le lentement après le jeûne. La période de rupture du jeûne – avant de manger normalement – doit être égale à celle du jeûne lui-même. Si vous jeûnez pendant une semaine, rompez lentement le jeûne pendant une semaine. Pour rompre le jeûne étape par étape, considérez ce que vous preniez pendant le jeûne. Si vous ne jeûniez qu’avec de l’eau, prenez un peu de jus de fruits ou de lait fermenté, bien que même le lait soit un peu lourd. La meilleure chose est le jus de pommes. Pour le deuxième repas – ou si vous jeûnez avec du jus de fruits – essayez quelque chose de semi-liquide comme un entremets de crème de blé ou un peu de yaourt. Mettez quelques fines rondelles de concombre dans du yaourt, ajoutez un peu de sel, une pincée de poivre et quelques feuilles de coriandre fraîche. C’est une bonne recette. Ou bien faites cuire de la crème de blé avec du lait ou de l’eau et ajoutez-y un peu de miel. C’est vraiment savoureux et ce n’est pas lourd. Mangez-en juste une coupe pour commencer. Vous voyez, d’abord des liquides, puis des semi-solides. Tant que vous pouvez remettre – même au troisième, quatrième ou cinquième repas – mangez une nourriture semi-solide; ensuite des légumes bien étuvés, un morceau de pain, un peu de couscous cuit ou du riz bien cuit. Remettez à plus tard pour manger un repas lourd. Imaginez que vous disciplinez très soigneusement votre nouveau corps. Mais s’il vous plaît n’allez pas à l’autre extrême. Il vaut mieux manger une fois par jour et être un Yogi. Si vous mangez deux fois par jour, vous pouvez encore jouir du monde et être heureux. Mais manger trois repas par jour peut facilement vous envoyer à l’hôpital. Limitez votre vie pour plus de joie. Entraînez-vous graduellement à prendre chaque jour la bonne nourriture en bonne quantité. Vous n’aurez alors pas besoin de jeûner de longues périodes pour éliminer les toxines. Dans la vie quotidienne normale il est bon de jeûner un jour par semaine, ne prenant que de l’eau ou des jus de fruits – aucun produit 121
Part III : Le corps humain est un temple
laitier. L’effet de jeûner le jeudi est ressenti le vendredi. Pendant les autres jours soyez prudent en mangeant; ne surchargez pas votre organisme. Vous vous sentirez toujours léger et sain. Le but du jeûne est de faire l’expérience d’une bonne santé – plus de maux ni de douleurs nulle part. Votre corps ne vous ennuiera plus. Quand vous vous asseyez et méditez vous n’aurez pas de distractions physiques; vous aurez simplement oublié votre corps. Vous pouvez alors faire plus de choses avec votre mental. Quoi que vous vouliez faire, sachez que le corps doit venir en premier. Prenezen soin. Le jeûne est une merveilleuse occasion de le faire. Cette excellente pratique est la raison pour laquelle beaucoup de jours saints des grandes religions sont reliés à un genre de jeûne ou un autre. Il y des jours de jeûne dans toutes les religions. Même si vous ne jeûnez pas pour une raison spirituelle ou religieuse, c’est très bon de le faire juste dans le but de la santé. Même si vous n’avez pas le temps de faire un long jeûne, cela vous aidera certainement de jeûner un jour par semaine.
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24. Soignez-vous vous-même Vous pouvez devenir votre propre docteur. Dans le Yoga vous vous apportez la santé en mangeant la nourriture appropriée, en prenant assez de repos, en jeûnant pour éliminer toutes les toxines et en faisant les postures de Yoga, tout en évitant celles qui pourraient aggraver les douleurs que vous avez. Les pratiques respiratoires sont aussi très importantes. Vous pouvez vous soigner vous-même en jeûnant, en respirant profondément et en dirigeant le prana à la région affectée. Visualisez la partie où vous avez un malaise ou une douleur. En inspirant, dirigez votre attention vers cette région. Ressentez que vous prenez du prana de l’extérieur; que vous absorbez la belle vitalité qui vous est donnée par Dieu à travers la nature. Inspirez comme si vous absorbiez des litres et des litres de vitalité. Sentez qu’elle va directement à l’endroit qui fait mal. Retenez votre souffle pendant quelques secondes tout en pensant qu’elle va dans cette région et qu’elle l’affermit en supprimant les cellules mortes ou malades ainsi que la tension. Ensuite, quand vous expirez, sentez que vous rejetez toute la maladie. C’est une belle pratique. En faisant cela vous pouvez guérir beaucoup de maux et de douleurs dans le corps. Le prana a ce pouvoir. Il peut pénétrer partout et n’importe où – juste par l’intermédiaire de votre pensée. C’est le secret de la pratique du Yoga. Même si vous manquez occasionnellement de faire les postures de Yoga, ne manquez pas les pratiques respiratoires qui à elles seules tonifieront toutes les glandes. Le prana est le meilleur tonique. La simple respiration peut soigner. Orientez simplement cette énergie motrice partout où vous avez un problème. Même si c’est une maladie ancienne, faites beaucoup de pranayama et quand vous pratiquez la respiration profonde sentez seulement que vous dirigez le prana vers la partie affectée. Mais ne forcez jamais quand vous faites la respiration profonde. Vous êtes déjà en train de respirer. Faites-le juste un peu plus profondément, c’est tout. Vous n’avez pas toujours besoin de beaucoup de docteurs dans votre vie. Il y a un vieux dicton: « Un docteur, une consultation; deux docteurs, une prescription; trois docteurs, la crémation. » Prenons chacun bien 123
Part III : Le corps humain est un temple
soin de nous-mêmes. La connaissance médicale s’améliore tout le temps et elle continuera à s’améliorer, mais la médecine d’aujourd’hui n’est pas bonne pour demain. Sans sacrifier aucune vie nous pouvons encore trouver des façons de rester sains. Nous n’avons pas à torturer des animaux pour découvrir des remèdes. Si les gens mangeaient juste de bons aliments et menaient un bon mode de vie, il n’y aurait certainement pas besoin d’autant d’hôpitaux. Retournez à la nature et menez une vie naturelle. Prévenir vaut certes mieux que guérir. Je suggère des remèdes naturels pour beaucoup de maladies. Les éléments peuvent eux-mêmes guérir le corps. Si vous avez par exemple une douleur, vous pouvez utiliser des compresses d’argile. Des cataplasmes chauds ou des paquets d’argile appliqués contre la région affectée seront salutaires. La terre elle-même a un beau toucher et une vertu curative. L’argile n’est rien d’autre que notre Mère la Terre. Quand vous en mettez sur votre corps vous embrassez la Mère Terre. Avez-vous jamais essayé un bain d’huile? C’est une lubrification complète qui supprimera de très nombreux maux. Appliquez l’huile profusément sur tout le corps, massez-vous bien, laissez le corps s’imprégner de l’huile pendant à peu près une demi-heure, puis lavezle sous une douche. N’appliquez pas de savon. Essuyez ce qui reste avec une serviette. Si vous utilisez de l’huile de sésame, elle fera partir les toxines et sera très salutaire pour les troubles arthritiques et rhumatismaux. La graisse contenue dans la graine de sésame est totalement différente de la graisse animale. Les gens qui ont des troubles de cholestérol devraient utiliser l’huile de sésame pour cuisiner et prendre des bains de cette huile. Ils peuvent même manger du sésame caramélisé s’ils le veulent. La graine de sésame est miraculeuse. Si vous avez encore de l’huile sur la peau après votre bain, mélangez de la farine de pois chiche avec un peu d’eau jusqu’à avoir une pâte et appliquez-en. Vous pourriez aussi utiliser de la farine de haricots mungo mélangée avec de l’eau ou bien appliquer du yaourt. Quand vous prenez une douche l’excédent d’huile s’en ira. Vous pouvez aussi utiliser les mêmes farines pour nettoyer les cheveux. Le meilleur agent de nettoyage est l’argile. L’argile douce enduite sur tout le corps laisse la peau avec une belle texture. Faites une fine pâte d’argile douce et frottez-en tout le corps. Laissez-la sécher 124
24. Soignez-vous vous-même
pendant deux heures, puis rincez-la simplement. Remarquez combien votre peau est belle. Tous les poisons sont expulsés. La terre a la capacité maximum de faire sortir toutes les toxines. Si vous avez de la fièvre, mettez un peu d’argile douce imprégnée d’eau sur un linge, pliez celui-ci et attachez-le au front. Cela réduit la température. Si vous avez quelque inflammation, appliquez un paquet d’argile de la même façon. Vous pouvez aussi soigner votre corps juste par votre pensée. Chacune de vos pensées a un certain pouvoir sur votre corps. Les actions du mental sont clairement visibles dans certaines régions. Vos glandes changent d’abord. N’est-il pas vrai que dès le moment où vous pensez à un délicieux bonbon vos glandes salivaires fonctionnent? C’est ainsi que vos pensées affectent votre corps. Si vous pensez que vous êtes malade, vous allez sûrement le devenir. Pensez que vous êtes sain et vous êtes sain. Rappelez-vous, vous devenez ce que vous pensez. C’est simple : pensez bien, vous devenez bien. Pensez très bien et les autres aussi deviennent biens. Oui, vous pouvez envoyer du prana aux autres. Vous pouvez envoyer une charge spirituelle par votre toucher. Si vous êtes réellement chargé de ce prana, vous pouvez l’envoyer à de longues distances par la seule pensée. Vous pouvez même charger un objet matériel avec des vibrations spirituelles par une offrande significative à Dieu sous forme de nourriture, d’objets ou de talismans. Vous pouvez ensuite donner ou envoyer cet objet aux autres ou bien l’utiliser vous-même. Les bons conducteurs d’électricité, comme l’or, l’argent et le cuivre, sont également excellents pour être chargés de vibrations spirituelles ou de prana. La guérison est une chose divine. Je ne cite rien et vous n’êtes pas obligé d’accepter ce que je dis. Il fut un temps au début de ma vie spirituelle où j’effectuais beaucoup de guérisons – quelquefois sans même voir mon patient. Mais à un certain point quelque chose se fit jour en moi et dit : « Tu ne devrais faire aucune guérison par ta propre projection. Tu ne devrais pas penser que tu fais quoi que ce soit. Laisse la volonté de Dieu agir à travers toi. » Nous éprouvons certainement de la compassion envers les gens qui souffrent et nous devons être capables de les aider. Mais quand nous aidons quelqu’un, nous devrions au moins savoir pour quelle 125
Part III : Le corps humain est un temple
raison il souffre. La souffrance est un moyen de purgation. Cela ne signifie pas que nous devrions ignorer la souffrance de quelqu’un, en disant simplement : « Oh, c’est son karma qu’il est en train de purger. Pourquoi devrais-je faire quoi que ce soit? » Non, nous devons avoir toutefois un cœur compatissant. Mais si nous voulons enlever la souffrance, nous devons le faire indirectement et savoir que cette capacité vient de Dieu. Ne laissez même pas la personne savoir que vous faites quoi que ce soit pour la guérir. Demandez-lui plutôt de faire quelque chose pour se guérir. Pourquoi devrions-nous gaspiller notre énergie pour elle, si elle n’est pas prête à subir un peu de discipline? Si nous la guérissons, demain elle se retrouvera dans les mêmes problèmes qui ont cause la souffrance en premier lieu. Elle doit apprendre ce qui a amené la souffrance. Elle doit reconnaître ses erreurs afin de ne pas les répéter. Si quelqu’un vient chercher de l’aide pour un cancer causé par le tabac, mais n’arrêtera pas de fumer, pourquoi devrions-nous le traiter? Le cancer reviendra. Les gens doivent faire face à leur propre karma. C’est la meilleure éducation. Si nous guérissons quelqu’un qui n’a pas appris sa leçon, c’est comme un professeur écrivant un examen pour un étudiant qui n’a rien étudié ou appris. Il ne peut pas y avoir une réelle promotion. Ainsi quand quelqu’un vient chercher de l’aide, conseillez-lui juste d’entreprendre quelques saines disciplines comme les asanas et le pranayama, et sans qu’il le sache, envoyez vos prières. Ensuite il dira :« On m’a conseillé de faire certaines choses que j’ai effectuées et j’ai été guéri. » Si vous avez aidé à enlever sa souffrance, vous l’avez fait indirectement. Vous êtes sauvé de votre propre ego, et sa discipline a purgé son propre karma, ainsi il ne recommencera pas à souffrir.
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25. La maîtrise de soi Vous pouvez être maître de votre corps et de votre mental. Si vous obtenez cette maîtrise, vous pouvez être le maître de tout. Malheureusement, beaucoup on oublié d’exercer cette maîtrise, et le corps et le mental ont commencé à être les maîtres. Si vous les laissez faire, le corps, le mental et les sens vous rendront leur esclave. Si vous commencez à manger et êtes mécontent parce que le plat est sans sel, vous mangerez moins, non pour le bien de l’estomac, mais à cause du goût. Mais vous pouvez dresser vos sens à vous obéir. Pour contrôler le mental vous devez contrôler les sens, parce que le mental fonctionne à travers les sens. En eux-mêmes, les sens sont innocents. Ils ne peuvent rien faire. Parfois vos yeux sont grand ouverts, mais vous ne voyez rien parce que votre mental est occupé ailleurs. Ce ne sont pas les yeux qui voient, mais le mental qui voit à travers les yeux. Le mental entend grâce aux oreilles et goûte grâce à la langue. La cinquième branche de l’arbre du Yoga est le retrait des sens. Cela ne veut pas dire que vous supprimez tout. Au contraire, vous contrôlez les sens. Vous vous en servez comme vous voulez, et vous ne les laissez pas se servir de vous. A travers le conscient vous envoyez les impressions correctes au subconscient pour effacer les vieilles impressions et habitudes. C’est ce que vous appelez la volonté. Utilisez votre volonté. La meilleure façon de développer cette habilité est de commencer avec des petites choses que vous pouvez contrôler facilement, et de partir de là. Au lieu de dire un jour « je vais jeûner pendant dix jours », essayez de le faire pour une journée. Si vous pensez que vos papilles demandent trop de sucre, dites : « Je n’aurai pas de sucre le dimanche ». Après plusieurs semaines, ajoutez un jour de plus. Ou, au lieu de prendre quatre cuillerées de sucre, n’en prenez que deux. Vous obtiendrez graduellement la maîtrise de vos papilles gustatives. De la même façon, si vous allez trop souvent au cinéma, dites : « Seulement une fois par semaine, pas plus, même si il y a plusieurs merveilleux films. » Vous pouvez aussi faire le vœu de ne pas regarder 127
Part III : Le corps humain est un temple
la télévision pendant une journée. Plus tard, essayez deux jours. Vous pouvez ainsi maîtriser vos yeux. Commencez par des petites choses, et quand vous les accomplissez vous gagnez confiance en vous. Vous pouvez comme cela choisir votre propre pratique et peu à peu commencer à contrôler vos sens. C’est comme dresser un cheval. Vous ne commencez pas à lui faire porter un lourd fardeau. Vous y ajouter graduellement. Apprenez aussi à contrôler votre colère. Bien sûr il n’est pas bon de réprimer la colère jusqu’à ce qu’elle explose. Mais si vous l’analyser un peu, vous ne deviendrez pas si furieux. Chaque fois que vous vous mettez en colère, vous activez certaines glandes, en particulier le duodénum, ce qui cause l’afflux de bile dans le sang. C’est ce qui fait « bouillir » le sang et rend le visage rouge. Après s’être échauffé, le sang doit se refroidir, utilisant les globules rouges, ce qui est la raison pour laquelle les gens qui sont coléreux ont un sang pauvre et deviennent nerveux. Et lorsqu’ils se mettent en colère leur corps tout entier tremble. Cette personne devient une ruine – avant même d’avoir fait quoi que ce soit à qui a causé cette colère. Si l’autre personne est forte, elle ne sera peut-être même pas touchée. Celui qui se met en colère est le perdant. Et personne ne peut être changé par votre colère. Cela ne fait que créer des ennemis. Si quelqu’un est en colère avec vous, faites preuve d’amour. C’est comme jeter de l’eau sur le feu. Sachez que vous êtes affecté par votre propre colère, plus que n’importe qui. Dès que vous vous mettez en colère, regardez-vous dans un miroir. Vous aurez honte. Buvez un verre d’eau fraîche ou prenez une douche froide. Comptez jusqu’à cent. Il y a de nombreuses ruses. Après avoir contrôlé votre colère, gardez-la. Cela peut vous servir. La colère contrôlée est souvent très utile, et même nécessaire. Quelqu’un peut essayer de vous exploiter ou de vous embêter sans aucune raison. Si rien d’autre ne marche, vous pouvez utiliser cette colère pour vous en sortir. Mais tant que vous n’avez pas ce contrôle, méfiez-vous de la colère. En continuant vos pratiques et en accroissant votre foi, vous pourrez même surmonter la peur, ce qui est très important. Un million de personnes s’étaient rassemblées en un lieu sacré de pèlerinage. Il y 128
25. La maîtrise de soi
avait un vieux saint qui ne pouvait vraiment pas y aller à pied. Il vivait dans une petite cabane sur le chemin, mais à des centaines de kilomètres de là. Il pouvait voir tous les pèlerins passer sur le chemin. Il aperçut soudain dans la foule un personnage étrange, qui n’avait pas l’air humain. Le saint l’arrêta et lui demanda : « Eh! Qui êtes-vous? Vous avez l’air un peu bizarre. Où allez-vous? —Je vais au pèlerinage. —Ah! Pourquoi? —Et bien, j’ai une mission. —Dites-moi, quelle est cette mission? Comment vous appelezvous? —On m’appelle Monsieur Choléra. —Quoi? Vous êtes Monsieur Choléra? Pourquoi allez-vous làbas? —On m’a chargé d’éliminer cinq cent personnes sur cette planète, et j’utilise ce pèlerinage pour accomplir ma mission. —Oh! Je vois. Bon, si c’est la volonté de Dieu, vous devez le faire. Beaucoup de gens vont là-bas et oublient les précautions élémentaires d’hygiène. Le terrain est parfait pour vous, vous aurez donc probablement de nombreux candidats. » Après le pèlerinage, tout le monde rentra chez soi. En apprenant que mille cinq cent personnes étaient mortes du choléra, le saint fut troublé. « Pourquoi est-ce que quelqu’un qui se dit le messager de Dieu mentirait? Il aurait simplement pu me dire qu’il allait éliminer mille cinq cent personnes. Il m’a dit seulement cinq cent, mais il en a tué mille de plus. Je devrais le repérer dans la foule et lui poser cette question. » Il regarda alors tous ceux qui passaient, et, bien sûr, quelques jours plus tard, il vit passer Monsieur Choléra. Le saint l’approcha et lui dit : « Monsieur, pouvez-vous vous arrêter s’il vous plaît? » —Oui, je sais à quoi vous pensez. Je sais pourquoi vous m’arrêtez. Mais je ne suis pas responsable pour tout cela. Je n’ai fait que mon devoir; je n’ai pris que cinq cent vies. —Comment osez-vous me dire cela? Mille cinq cent personnes sont mortes. 129
Part III : Le corps humain est un temple
—Monsieur, c’est à cause de mon ami. —Qui est cet ami? —Monsieur Peur. Je n’ai tué que cinq cent personnes. Mais parce que les gens ont entendu parler du choléra, mille personnes sont mortes de peur. Qu’est ce que je peux y faire? » Et c’est vrai. La peur de la maladie tue plus de gens que la maladie elle-même. Renforcez-donc le mental. Après tout, de quoi avonsnous peur? Nous allons tous mourir un jour. Si la mort vient, dites : « Oh! vous êtes venu. Vous allez prendre cet habit et m’en donner un autre? D’accord, prenez-le et donnez-moi un nouveau modèle. » Si vous comprenez cela, il n’y a pas besoin d’avoir peur. Pour vaincre la peur, renforcez l’espoir, le courage et la foi. Ne vous concentrez pas sur vos problèmes. Utilisez votre mantra ou la prière; lisez les Écritures. Si vous avez la foi en Dieu, vous n’avez pas besoin de craindre quoi que ce soit. S’Il n’est pas tout-puissant, pourquoi aller à Sa recherche? Si vous avez foi en ce Pouvoir Suprême, rien ne peut vous toucher. Un saint du sud de l’Inde vit un jour l’ange de la mort et lui dit : « Ne sais-tu pas que Dieu me protège? Tu ferais mieux de t’enfuir au plus vite. S’Il te trouve ici, Il te détruira. Va-t-en, s’il-teplaît, sauve-toi. » Comment pouvait-il dire une telle chose à la mort elle-même? Parce qu’il avait une foi immense en Dieu. C’est la force du dévot. Renforcez donc le corps, le système nerveux, et le mental, jusqu’à ce que votre foi soit si puissante qu’il n’y ait aucune peur et que vous ayez une maîtrise totale.
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26. Des Bâtons Je n’ai pas de techniques spéciales à vous donner, et je ne peux pas vous promettre : « Venez, je vais vous enseigner ceci, et vous atteindrez immédiatement le paradis. » Tous les enseignements et les pratiques sont simples. Rien ici n’est difficile. La seule difficulté est de vous débarrasser de vos mauvaise habitudes. Elles s’en iront progressivement si vous développez de nouvelles habitudes. C’est impossible de se débarrasser des vieilles habitudes, mais vous pouvez les remplacer par de meilleures. Imaginez que vous sommes tous assis dans une pièce sombre, et que nous voulons nous débarrasser des ténèbres. Si nous prenons chacun un bâton et que vous commençons à battre les ténèbres en criant « ténèbres, allez-vous en, partez! », tout ce que nous ferons, c’est nous battre les uns les autres. Vous ne pouvez pas battre les ténèbres. Mais si un petit enfant amène une chandelle, les ténèbres disparaissent. Amenez donc la lumière, et les ténèbres disparaîtront. Ne vous souciez pas de vos mauvaises habitudes. Si vous apprenez seulement à les remplacer par des pratiques de Yoga, ces mauvaises habitudes vous quitteront sans peine. Vous devez apprendre à être responsable de votre vie. Le Yoga ne vous demande jamais de fuir vos problèmes, mais vous enseigne comment affronter la vie. Il y a deux voix en vous, le soi inférieur et le Soi supérieur. Si vous pouvez apprendre à écouter la voix de votre Soi supérieur, vous pouvez alors faire ce qu’il vous dit. Vous aimerez voyager avec lui, parce que grandir n’est pas pénible mais naturel. N’oubliez pas, le Soi pur n’a pas besoin de devenir heureux; il est toujours heureux. Vous pratiquez les poses de Yoga, la méditation, les exercices de respiration, etc., pour ne pas perdre votre paix. Vos pratiques ne servent pas à obtenir le bonheur ou la paix, mais à arrêter tout ce qui pourrait les déranger. Un de nos problèmes principaux est que nous avons tendance à blâmer quelqu’un d’autre si quelque chose ne va pas. Nous cherchons immédiatement un coupable. « Je suis tombé parce que la route est en mauvais état. » Et nous faisons tout de suite un procès au constructeur. 131
Part III : Le corps humain est un temple
Nous ne voulons simplement pas accepter la responsabilité. Nous voulons que les compagnies d’assurance paient pour nos échecs; quelqu’un d’autre devrait toujours payer pour nos erreurs. Il est temps de croire en votre karma. Quand vous avez des problèmes, acceptez le blâme. « J’ai du faire quelque chose quelque part, et c’est pourquoi je dois affronter cette situation. Autrement, pourquoi est-ce que ça m’arriverait? » Vous ne pouvez pas éviter ce qui vous arrive, mais vous pouvez apprendre à avoir la bonne attitude qui vous aidera à surmonter les problèmes. Ce genre d’aide est la seule chose qu’un guide spirituel peut vous offrir. Personne ne peut vous garantir quoi que ce soit, mais il existe des bâtons, des cannes pour les chemins glissants. Grâce à ces méthodes, vous pouvez marcher. Si vous avez encore des doutes en chemin, le guide peut vous aider en suggérant quoi faire dans telle ou telle situation. Et pourtant, au fond, vous devez le faire. Plus vous êtes sincère et fervent, plus vos progrès sont rapides. Vous devez pratiquer pendant longtemps, sans arrêt et avec un intérêt et un zèle total. Si vous avez ces trois qualités et si vous suivez les pratiques, vous grandirez certainement. Mais n’attendez pas des résultats trop rapidement. Les techniques sont comme des savons parfumés. Hatha Yoga, méditation, répétition d’un mantra, pranayama, jeûne, tous sont des savons. Servez-vous en pour vous débarrasser de la vieille saleté. Dès que vous avez éliminé les vieilles habitudes, vous n’aurez plus besoin du savon. Quand le chemin n’est plus glissant, avez-vous toujours besoin d’une canne? La plupart des gens essaient n’importe quoi avant de chercher un tel bâton. Ils pensent qu’ils peuvent trouver le bonheur en mangeant, en buvant, en fumant quelque chose, en recherchant le plaisir. Mais rien ne semble les satisfaire pendant longtemps. Aucun de ces plaisirs ne peut éliminer leur misère. Finalement ils se disent : « Oublions tout ça. J’ai tout essayé, et j’en ai marre. Ce n’est que de la camelote. Ça ne m’aide pas. » De telles personnes ont une recherche spirituelle. Ceux qui ne font que lire à ce sujet ne ressentent pas vraiment ce besoin. Lire n’aide pas. Vous pouvez lire tout les livres au monde, devenir une bibliothèque ambulante, ou écouter toutes les cassettes et devenir un 132
26. Des bâtons
magnétophone à seize bandes. Mais le magnéto ne connaît pas la musique qu’il joue. Celui qui lit ne fait pas l’expérience de ce qui est lu. Le vrai chercheur spirituel renonce à tout et commence à pratiquer. Il dédie tout au maintien de cette paix. Au bout d’un certain temps ces pratiques deviennent du Karma-Yoga, lorsque cette personne les accompli non seulement pour sa propre croissance, mais aussi pour le bien d’autrui. Ce n’est pas un chemin facile, mais si vous le comprenez bien et en connaissez les bienfaits, vous l’aimerez. La vie yoguique est toujours joyeuse. Si vous n’aimez pas la pratique et le cheminement, vous ne faites alors vraiment rien au nom du Yoga. Mais juste parce que quelque chose est agréable ne veut pas dire que vous ne le prenez pas au sérieux. Si vous êtes sérieux quand vous conduisez, conduire est agréable. Si vous ne faites pas attention, le voyage n’est pas un plaisir. C’est important d’être sérieux, mais ne devenez pas trop tendu. Quand vous êtes tendu, vous ne pratiquez pas avec la bonne attitude, vous n’avez pas encore compris ce que vous faites. Selon la pratique yoguique, si vous comprenez pourquoi vous faites quelque chose, vous le ferez bien, et avec plaisir. Tout peut être agréable, peu importe si c’est difficile ou même pénible. Pensez à ceux qui escaladent l’Everest. Ils risquent leur vie, et pourtant ils le font avec plaisir. C’est une tâche sérieuse, mais ils en connaissent les bienfaits, la gloire qui en découlera. Même si cette gloire n’est que temporaire, et sans grande valeur, ils sont prêts à tout supporter pour l’obtenir. Regardez quel est le but du Yogi : la paix et la joie éternelles. Même si le chemin est difficile, il est plaisant. Les Yogis font tout pour le plaisir. La vie entière est une joie pour eux. En fait, les Yogis aiment la vie parce qu’ils savent comment vivre dans le monde sans y être attachés. Bien sûr cela n’arrive pas du jour au lendemain. Au début vous êtes un peu tendu. Vous pensez : « Je dois faire ceci et je dois faire cela, autrement je n’obtiendrai pas de résultats. » C’est pourquoi au nom même des pratiques vous perdez le peu de paix que vous avez. Cela arrive au début. Il est utile de se souvenir : « C’est pour la paix que je fais tout cela. Si cette pratique me fait perdre ma paix, soit la pratique est mauvaise, soit mon approche est mauvaise. » 133
Part III : Le corps humain est un temple
Faites ce que vous devez faire et ne vous occupez pas du reste. Votre propre hâte trouble votre pratique. Vous devez apprendre à pratiquer sans angoisse, et en même temps avec intérêt. C’est comme apprendre à jouer du piano. Au début vous ne savez pas où poser vos mains et sur quelle clé appuyer. Vous avez mal aux doigts; le pied refuse de coopérer. Cela prend de nombreuses années de pratique. Mais quand vous avez bien appris, vous n’avez même pas besoin de regarder le clavier. Vous pouvez regarder autour de vous et jouer avec aise. C’est beaucoup de travail, mais cela vaut le coup. Je me souviens encore d’apprendre à faire de la bicyclette. Quand je pensais à mes jambes, j’oubliais le guidon. Quand je saisissais le guidon, j’oubliais les pédales. Quand je voyais quelqu’un arriver vers moi dans le lointain, j’oubliais tout. Mais avec patience on apprend tout. Si vous continuez à pratiquer, un jour vous pourrez lâcher le guidon, vous tenir debout sur la selle, et conduire la bicyclette. Cela prouve que si vous faites ce qu’il faut, le résultat viendra automatiquement. Sans aucun doute les débutants seront tendus et sérieux. Ils ont peur de faire une erreur et se demandent : « Est-ce que je fais ceci correctement ou non? » Il y a donc un peu d’angoisse. C’est normal pour un débutant. Vous devriez le comprendre. Vous vous habituerez graduellement aux pratiques et l’anxiété disparaîtra. Quand vous décidez que vous êtes vraiment sur la voie spirituelle, de nombreux conseils vous aideront. Si vous essayer de vous débarrasser de mauvaises habitudes, demandez à vos amis de vous appeler de temps en temps pour vous encourager. Si c’est possible, vivez avec d’autres chercheurs spirituels, ou écrivez-leur. Vous pouvez aussi vous entourer de photos ou images pour vous inspirer. Renforcez votre mental avec de belles idées. Renforcez vos nerfs avec le pranayama, et renforcez votre amour avec des chants, des psaumes ou des mantras. Vous pouvez utiliser les pratiques du Yoga pour aplanir une journée difficile. Faites un peu de Hatha Yoga, pranayama, et méditation. C’est comme remonter votre réveil au début et à la fin de la journée. Quand vous vous levez, vous devriez accomplir vos pratiques spirituelles. Commencez chaque jour avec les paroles d’un grand saint ou prophète. Avant de pratiquer, priez pour de l’aide. Utilisez votre mantra et ayez foi en votre maître spirituel. 134
26. Des bâtons
La répétition d’un mantra est la méthode de concentration la plus aisée. Le mantra est toujours avec vous, même au milieu de votre travail quotidien. Quand vous conduisez vous pouvez répéter votre mantra; quand vous cuisinez, et même quand vous mangez. C’est très simple, et c’est aussi très subtile parce qu’en rapport direct avec le son. Il vaut mieux ne pas répéter le mantra trop vite, allez lentement pour en obtenir la vibration. N’oubliez pas, un peu de Yoga tous les jours vaut mieux que beaucoup de Yoga de temps en temps. Lisez les Écritures tous les jours, réfléchissez un peu sur ce que vous lisez, et essayez de les assimiler dans votre vie. Avant de vous coucher, vous pouvez prier : « Faites moi grandir ». Ou, si vous avez grandi : « Merci pour la chance de grandir un peu ». Vous pouvez aussi prier pour que votre soi soit libéré de la coquille de l’ego. Pendant longtemps je répétais tous les soirs : « Je deviens meilleur chaque jour ». Vous devez beaucoup travailler pour atteindre votre but. Mais prenez-y plaisir, même si c’est intense. Soyez relaxé et folâtre. Ne soyez pas rigide, connaissez vos limites. N’essayez pas de rivaliser avec les autres. Dans le Hatha Yoga, si quelqu’un à côté de vous peut accomplir plus que vous, allez-vous vous briser la colonne vertébrale? Il peut accomplir autant parce que son corps est souple. Votre corps est un peu plus rigide. Il n’y a pas de compétition. N’allez pas au delà de vos limites; allez-y doucement. N’oubliez pas que le Yoga devrait être une joyeuse célébration. Toutes nos pratiques peuvent être une joyeuse célébration. Allez-y doucement, mais ne soyez pas paresseux. C’est très important de trouver le bon équilibre. Faites preuve de bon sens. Il n’y a de pas règle sacrée à ce sujet. S’il y a une règle commune pour toutes les pratiques, c’est de faire tout votre possible, sans trop en faire. La meilleure façon est toujours la plus facile. La vérité est simple et devrait être approchée avec facilité. Vous pouvez faire l’expérience de l’Absolu, de la Vérité Suprême, en suivant ces conseils et ces pratiques. Vous deviendrez raffiné en pratiquant toutes les différentes méthodes, surtout celles qui vous conviennent le mieux, et en partant d’où vous êtes. A un certain moment il semblera que vous êtes 135
Part III : Le corps humain est un temple
complètement en train de perdre votre individualité. Vous devenez si mince, comme si vous jeûniez pour tout éliminer. Puis il n’y a rien d’autre, juste que « vous êtes ». C’est alors que vous dites : « Je suis. C’est tout. Je ne suis pas ceci ou cela; je suis. Juste je. » Mais ne faites pas l’erreur de croire que vous avez besoin de vous isoler pour accomplir cela. Vous libérez votre mental des associations, mais vous n’avez pas besoin d’abandonner tous vos amis ou de négliger ou d’ignorer qui que ce soit. Non, vous devez juste comprendre que vous êtes juste vous; vous n’êtes pas ceci ou cela. Vous pouvez toujours avoir de nombreuses choses, mais vous n’y êtes pas attaché. Vous pouvez être dans le monde, mais vous n’êtes pas du monde. Vous savez alors qui vous êtes. Vous êtes Cela; c’est uniquement vous. Quand vous réalisez cela, votre pratique est finie. Vous n’avez plus besoin de faire quoi que ce soit. A ce moment-là quelque chose vous arrive. Vous faites l’expérience d’une grande vérité. Je ne peux pas vous dire ce que c’est, et vous ne pouvez pas le comprendre tant que vous n’avez pas atteint ce niveau d’expérience. Vous savez alors que toute la nature et l’humanité sont comme une sorte de mécanisme. Toutes les cellules forment ce corps global. Si vous comprenez cela, votre quête spirituelle est finie. Quand vous réalisez et faites l’expérience de cela, le mental trouve une paix parfaite.
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Par t IVÂ :
La plus grande joie
27 Le Boucher et le Yogi Connaissez-vous l’histoire du boucher qui initia un grand Yogi par son petit ego? C’est l’histoire de Vyadan. Un jour un sadhu, ou chercheur spirituel, qui voulait obtenir des dons surnaturels s;assit sous un arbre et commença à répéter un mantra. Il avait la volonté de rester assis là toute la journée. Chaque jour vers midi il se levait et allait au village voisin demander à manger. « Bavati biksham dehi », disait-il. « Mère, s’il te plaît donne-moi un peu de nourriture. » Et habituellement quelqu’un lui donnait à manger. Il mangeait, puis retournait s’asseoir sous l’arbre. Après plusieurs mois comme cela, il y eut un jour un petit test. Comme il méditait sous un arbre, quelque chose tomba sur l’épaule du Yogi. Il l’examina et se rendit compte que c’ était un excrément d’oiseau. Il devint contrarié et regarda en l’air. Il y avait un héron assis sur une branche. Comme il conservait le silence, il ne dit rien, mais il pensa : « Petit démon, comment oses-tu faire cela! » Et il le regardait avec tant de colère que des flammes s’échappèrent de ses yeux et brûlèrent complètement l’oiseau. Il vit les cendres descendre et s’émerveilla : « Voyez mon tapasya, la force que j’ai obtenu par mes austérités. Que je suis puissant; quels magnifiques pouvoirs surnaturels j’ai acquis. » Il était vraiment convaincu qu’il avait achevé tout ce qu’il y avait à achever. A midi comme d’habitude il se leva, marcha jusqu’au village, et s’arrêta devant une maison. Cette fois-ci, son ton était un peu différent. Normalement un adepte du renoncement aurait dit : « Un peu de nourriture, s’il vous plaît ». Mais ce jour-là, il dit simplement : « De la nourriture, s’il vous plaît ». La maîtresse de maison à l’intérieur l’entendit et lui répondit : « Attendez s’il vous plaît, saddhu, je viens tout de suite. » —Quoi, je dois attendre? » —Je suis désolée, je ne suis pas le héron que vous pouvez brûler », répondit-elle de l’intérieur de la maison. Sa mauvaise humeur disparut. « Qu’avez-vous dit? » —Je suis désolée, je ne suis pas l’oiseau. » 139
Part IV : La plus grande joie
Il s’en évanouit presque. Il resta là tranquillement jusqu’à ce qu’elle sortit avec la nourriture. Il dit alors : « Mère, s’il vous plaît, je ne veux plus votre nourriture. J’ai perdu mon appétit. Mais que vouliez-vous dire à propos de l’oiseau? » « Eh! Swami. Ne me comprenez-vous pas encore? Vous ne pouvez pas vous mettre en colère et me détruire comme vous avez détruit l’oiseau. Même si je ne suis qu’une simple ménagère, vous ne pouvez pas me brûler. —Vous n’êtes pas une simple ménagère. Comment savez-vous ce qui s’est passé dans la forêt? Je n’ai rien dit à personne. —Ça n’est pas nécessaire. Vous vous reflétez clairement dans mon mental. —Oh! Quelle sorte de sadhana pratiquez-vous? Un nouveau mantra pour connaître le mental d’autrui? —Swami, je ne connais aucun mantra. Je ne suis qu’une simple ménagère, comme je vous l’ai dit. Je prend soin de mon mari malade. Il est invalide. Quand vous êtes arrivé j’étais en train de m’occuper de lui. Je ne pouvais pas simplement tout laisser tomber et sortir. C’est pourquoi je vous ai demandé d’attendre. C’est tout. C’est mon devoir. Dieu m’a placé dans cette situation et je remplis mes responsabilités de maîtresse de maison. C’est tout ce que je sais. Je suis peut-être un Karma Yogi. Je ne sais pas. Je ne fais que mon devoir, pour le bien de mon mari. —C’est tout? Je veux en savoir plus. —S’il vous plaît. Je ne suis pas érudite. Je ne peux rien vous dire de plus. Si vous voulez, allez à la ville voisine et voyez le boucher Vyadam. Cherchez-le et vous obtiendrez la réponse. —Un boucher? Vous voulez vraiment que j’aille voir un boucher? Quelqu’un qui coupe de la viande? —Oui, oui. Il partit donc à la recherche de Vyadam dans la ville voisine. Le boucher était un homme corpulent, effrayant, qui découpait de la viande en marchandant et en discutant avec chaque client pour le moindre centime. « ... Cinquante centimes pour cela. Je ne peux pas faire moins... » « Mon Dieu, se dit le Swami, comment peut-il m’apprendre quoi que ce soit? » Il avait des doutes. Malgré la distance, il était prêt à 140
27 Le Boucher et le Yogi
partir quand le boucher l’ appela : « Eh! Saddhu, je serai bientôt avec vous. La femme vous a envoyé. Ne vous en faites pas. Restez. Ceci est mon travail. Je vais finir, puis je viendrai avec vous. Asseyez-vous donc. » Le Swami fut tellement étonné qu’il dut s’asseoir ou il serait tombé. Il attendit donc tranquillement. Le boucher travailla une heure de plus. Le Yogi le regardait. Vyadam était un boucher très ferme et mesquin, qui ne donnait rien à personne. Il était très strict sur les prix et le poids. Ce n’était pas un homme d’affaires facile à satisfaire. Quand il eut fini, il ferma la boutique, ramassa son argent, le mit dans un sac, et dit : « Venez, nous allons à la maison ». Sur le chemin, Vyadam acheta des légumes, puis il rentrèrent dans la maison. « S’il vous plaît, asseyez-vous, dit-il. « Je vais cuire ces légumes et nourrir mes parents. Ils sont trop vieux. Ils sont aveugles et ne peuvent rien voir. Je dois les baigner et les nourrir. Quand j’aurai fini, je viendrai; asseyez-vous donc. » Il s’occupa de ses parents, les lava et les nourrir, puis les mit au lit. Il accourra alors : « Allons, à votre tour. Prenez un bain et mangez un peu, puis nous pourrons nous asseoir et parler. » —Non, je n’ai pas besoin d’un bain ou de nourriture. Ma faim est différente. Baignez-moi de votre sagesse. Nourrissez-moi de votre sagesse. Je ne comprends rien. Je pensais que en m’asseyant sous un arbre et en répétant un mantra je ferais mon sadhana. Et j’ai obtenu quelque chose. Mais vous faites de nombreuses choses. Vous êtes un boucher, elle est une ménagère. Et pourtant vous allez l’air de savoir tout ce que je pense, et plus, certainement. Comment pouvez-vous faire cela? » Vyadam dit alors : « Je crois en Dieu. Dieu a créé tout et tout le monde, vous et moi. En tant que force de vie, Il fonctionne à travers vous et moi, et à travers toutes choses. Nous ne sommes que des instruments. Il est la force principale. Il nous donne une mission. Il m’a donné ma boutique et m’a fait un boucher. Je fais donc ce travail. Je dis “je”, mais en fait Il le fait à travers moi. « Et il m’a donné mes vieux parents pour que je prenne soin d’eux. Je suis content avec tout cela. Je fais mon travail de boucher et je prends soin de mes parents. C’est tout ce que je sais. Je n’ai même pas 141
Part IV : La plus grande joie
le temps de répéter des mantras. Non, mais je me rends compte que c’est Sa volonté et que c’est mon devoir, selon le plan de Dieu. Mon mental est donc totalement clair. Je ne fais pas cela pour moi. Je le fais pour le bien d’autrui. Si je disais : “Non, je ne peux pas faire ce travail” et fermais la boutique, quelqu’un d’autre devrait le faire à ma place. Peut-être qu’il ne vendrait pas au bon prix. Pour gagner de l’argent, il achèterait peut-être des animaux qui contiennent des produits chimiques ou qui ont été tué inhumainement. « Je fais donc un bon travail, c’est mon devoir. Cela ne m’atteint pas parce que je le fais en tant que Karma Yoga, comme un service. C’est pourquoi mon mental est toujours calme, propre et paisible. Rien ne dérange mon mental. Vous qui êtes des érudits peuvent dire que je suis un Yogi. Si vous voulez me donner ce nom-là, d’accord. Mais devant ce mental propre, chacun se reflète. Et je vois très bien l’image. Vous ne pouvez rien cacher. » Le but du Yoga est de toujours conserver un mental propre, calme et paisible.
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28. Le Yoga du Travail Gagnez votre vie en faisant du Karma Yoga, du service désintéressé. Faites votre travail pour le plaisir du travail. Ne chargez rien pour votre travail; acceptez ce qu’on vous paie. Choisissez de travailler pour quelqu’un ou quelque chose qui en vaut la peine. Offrez votre travail, votre énergie à Dieu, à Lui, à Tout, à tout le monde. Dites à celui qui vous paie de vous donner ce que sa conscience lui permet de vous donner. Si vous avez besoin de plus d’argent pour vos besoins et les besoins de votre famille, dites-le, et changez de travail si c’est nécessaire. Accomplissez votre travail pas à pas, avec patience. Si vous êtes renvoyé, acceptez-le. Mais faites de votre mieux paisiblement. Peut-être que votre lieu de travail actuel n’a pas une bonne ambiance. A temps vous pourrez trouver un travail qui conviendra mieux à vos goûts et à vos talents. Mais en attendant continuez à travailler où vous êtes et soyez un Yogi. Même si vous vendez de la viande ou de l’alcool, cela ne veut pas dire que vous devez en consommer vous-même. En tant que Karma Yogi, vous accomplissez un service. De nombreuses personnes apprécient encore ces choses. En attendant de trouver mieux, ne démissionnez pas, et si vous ne trouvez rien tout de suite, vous ne serez pas dans l’embarras. Cela ne serait pas Yogique non plus. D’une certaine façon, travailler dans un tel endroit peut vous rendre plus fort mentalement. Suivre vos principes tout en travaillant dans une telle atmosphère n’est pas facile. Mais si vous pouvez le faire, vous êtes un meilleur Yogi. Dans un sens, vous ne devriez pas contribuer à quelque chose que vous ne respectez pas. Mais vous avez besoin de gagner de l’argent. Même si vous refusez de faire quelque chose, le monde entier n’arrêtera pas de le faire. C’est votre attitude mentale qui compte. Dans certains cas votre conscience vous montrera très clairement que vous ne pouvez pas rester, quelle que soit votre situation économique. Vous ne devriez pas vendre votre conscience. Vous devrez alors dire : « Je suis désolé, je ne veux pas ce travail. L’argent n’est pas vraiment important. Je ne peux pas faire cela. » Oui, vous perdrez peut-être votre travail. Cela ne fait rien, ne perdez pas vos principes. 143
Part IV : La plus grande joie
Beaucoup ont même donné leur vies pour ces principes. Ne pouvezvous pas perdre quelques francs? Qu’est-ce qui est le plus important, l’argent que vous faites en affaires, ou votre propre santé mentale et physique? Ne pensez pas que seul l’argent peut tout vous apporter. De nombreux riches vivent dans la misère. Peu importe votre pauvreté, votre santé personnelle est plus importante. Fuyez comme la peste tout ce qui contrarie votre paix mentale. Tout a sa propre vibration. Si vous détestez votre travail ou votre patron, il vaut mieux ne pas rester. Le travail n’aura jamais d’attrait ou de beauté. Vous ne pouvez pas aimer le travail si vous n’aimez pas la personne qui vous donne le travail. Si vous éprouvez de la rancœur, cherchez à comprendre pourquoi. Si vous avez une bonne raison et ne pouvez pas l’oublier, ne continuez pas à travailler là. Votre attitude ne causera qu’une perte de temps pour vous et votre employeur, parce que peu importe la beauté du travail, votre vibration teintera le travail. Si vous écrivez une lettre avec rancœur, la lettre elle-même portera ce sentiment. Essayez de changer votre attitude, mais si vous avez vraiment de bonnes raisons pour détester ce travail, changez de travail. Essayez d’avoir une bonne et respectueuse relation avec votre patron. Ne pensez pas toujours que les capitalistes ne pensent qu’à vous exploiter. Sans capitalistes, vous n’auriez pas d’emploi. Le patron est là pour vous donner du travail. C’est son argent et son énergie qui ont créé cette entreprise qui offre des emplois. Vous fournissez votre énergie, mais pour cette énergie vous gagnez de l’argent. Essayez d’avoir un peu de compassion et de compréhension. Si votre employeur fait une erreur, aidez-le à la corriger, passivement si possible, mais jamais avec haine. C’est le Yoga du travail. Vous êtes le maître de votre destiné. Vous êtes la cause de votre propre pauvreté, richesse, ou célébrité. Commencez un nouveau chapitre dans votre vie. Choisissez votre environnement. Choisissez votre travail. Votre tempérament vous guidera. Et comme votre vie change et vous grandissez, vous trouverez peut-être que vos goûts et tempéraments changeront. Il y a deux ou trois ans vous faisiez peutêtre quelque chose de différent, mais maintenant vos goût ont changé. Faites naturellement ce que ressentez. Vous n’avez pas besoin de copier quelqu’un d’autre. Si c’est votre tempérament, cela viendra automatiquement. Chacun a quelque 144
28. Le Yoga du Travail
chose de spécial. Chaque personne est unique. Personne ne peut être à votre place. Ne vous abaissez pas. Si vous croyez en la Volonté Cosmique, vous découvrirez cette main invisible qui agit à travers vous. Trouvez ce que c’est, et laissez-la agir à travers vous. Parfois quand nous venons juste d’offrir notre vie à Dieu, il semble que nous avons plein de problèmes. Nous rencontrons alors peines et pertes. C’est facile d’être dévoué quand vous être gagnant. Si vos affaires sont florissantes, c’est facile d’aimer Dieu. Mais si nous allons à l’église et offrons notre vie entière à Dieu, puis perdons un million le lendemain, nous demandons : « Qu’est-ce que c’est que ce Dieu? » C’est une preuve de notre dévouement que nous pouvons toujours L’aimer, quoi qu’il nous arrive. Il peut nous tester au début. Si vous appliquez vraiment ces principes dans votre vie, on vous respectera. Les employeurs disent qu’ils veulent embaucher plus de yogis. Si vous indiquez sur votre curriculum vitae que vous êtes un yogi, ils l’apprécieront. Prenez un emploi utile pour pouvoir servir. Pourquoi avez-vous besoin de nourriture, de vêtements, et d’abri? Vous voulez vivre pour servir autrui. Vous avez besoin de manger pour vivre. Vous avez besoin de vêtements, d’une voiture, d’un garage pour la voiture. Comment pouvez-vous obtenir cela sans argent? Vous vous préparez et vous équipez avec suffisamment d’énergie pour pouvoir donner cette énergie en retour. Le fait que vous mangez, dormez, buvez, et respirez n’est pas égoïste si vous avez cette attitude : « Je ne fais que conserver ma santé pour pouvoir servir autrui. Si je ne sers pas autrui, je n’ai pas besoin de manger. Je n’ai pas besoin de dormir. Je n’ai pas besoin d’avoir une maison. Je n’ai même pas besoin de vivre. » Si vous servez avec un dévouement total et ne gagnez pas suffisamment pour survivre, vous pouvez certainement dire : « Je m’affaiblis. Je ne serai pas capable de vous servir plus longtemps. Qui est le perdant, vous ou moi? » S’il ne peut changer, que ferez-vous? Arrêtez de servir. N’imposez pas vos services. Mais normalement un tel service désintéressé peut faire fondre le cœur le plus endurci. Chacun a un peu de tendresse. Grâce à votre sincérité et votre amour, vous pouvez trouver cette tendresse. La personne la plus dangereuse et haineuse peut aussi être vaincue par l’amour. La Vérité vaincra toujours; c’est ainsi que la nature fonctionne. 145
Part IV : La plus grande joie
Travaillez donc avec patience, comme une méditation. Si vous avez un mantra, répétez-le mentalement en travaillant. Aimez et saluez vos outils. Rien n’est inerte, tout a une sensibilité. Quand vous utilisez des objets, ressentez que vous touchez Dieu. Pensez que ce que vous faites est une adoration de Dieu, que vous travaillez pour Lui, et qu’Il bénéficie par votre travail. Votre travail deviendra du Karma-Yoga. Quelle que soit votre position dans une entreprise, aidez cette entreprise à grandir. Que vous soyez une secrétaire ou un cadre, pensez au bien de la compagnie. Réfléchissez comment elle peut mieux croître et remplir sa fonction. Soyez scrupuleusement honnête. Au lieu d’utiliser les bureaux pour votre propre intérêt, mettez le travail au premier plan. Si vous passez votre vendredi au bureau à téléphoner pour planifier votre weekend, vous n’êtes pas un bon travailleur. C’est une perte pour la compagnie, et d’une certaine façon c’est même du vol. Pensez toujours au bénéfice d’autrui. Quand vous êtes un karma-yogi, vous pouvez être choisi pour plus de responsabilités. Vous pouvez en profiter, ce qui acceptable en Yoga. Mais le profit ne devrait pas être votre motif. Votre motif devrait être le bien de la communauté. Le vendeur devrait se mettre à la place de l’acheteur. L’acheteur devrait se mettre à la place du vendeur. Reconnaissez toujours les besoin de l’autre personne. N’exploitez personne, même si vous le pouvez. C’est la façon yoguique de faire des affaires. Vous devriez certainement faire du profit, mais pas 100, 200 ou 300 pour cent. La confiance et bon plaisir des clients ont plus de valeur que l’argent et représentent un grand profit.
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29. L’art de donner Beaucoup de nos conférences internationales sur la paix échouent. Pourquoi? Les gens qui parlent de la paix ne semblent pas avoir euxmêmes la paix. Chacun veut prendre quelque chose à l’autre. Ils vont à leurs réunions avec anxiété, en pensant : « Que puis-je gagner de cette personne? » Parfois ils ne peuvent même pas s’entendre sur la forme de la table à laquelle ils se rencontreront. Même les enfants valent mieux. Pour parvenir à la paix, les gens doivent partir avec l’idée de donner – non de prendre. En donnant nous avons la joie. J’ai vu cela dans la vie de mon Maître. Au lieu de Sivananda, nous l’appelions souvent « Givananda » (équivalent français : Donnananda). Il aimait toujours donner parce qu’il y a une telle joie de donner et d’aimer. En donnant nous n’avons jamais d’ennemis. Les nations devraient apprendre cela. Nous devrions toujours donner ce que nous avons : nous n’avons pas besoin de nous prendre les uns aux autres. Avec la sollicitude et le partage nous trouvons la tranquillité en nous-mêmes et parmi nos semblables. Commencez par vous-même. Si vous avez un surplus, choisissez les gens appropriés et donnez-le-leur : « Vous voyez, je n’ai pas besoin de cela. Allez-y, servez-vous-en s’il vous plaît. » De cette façon nous partageons notre énergie; nous partageons tout ce que nous avons avec les autres. Si nous faisons cela, il n’y aura plus les munis et les démunis – il n’y aura que des munis. C’est une forme de communisme, nul doute – mais sans aucune violence. Le communisme croit qu’il faut forcer les gens à redistribuer ce qu’il y a. Ce n’est pas le vrai partage. Donner devrait venir du cœur. Vous devriez donner volontairement. Il n’y aura alors aucune animosité. Et les gens qui reçoivent seront également reconnaissants. Si le gouvernement nous force à donner notre propriété, puis la fait passer, les bénéficiaires ne nous seront pas reconnaissants parce que la force a été employée. D’un autre côté, si nous partageons avec les autres volontairement, il y a certainement assez pour tout le monde sur cette planète. Nous devrions ressentir que le monde entier est nôtre. Partout où vous sentez qu’il est nécessaire d’aider, allez-y et œuvrez. Cette 147
Part IV : La plus grande joie
pratique est nécessaire aujourd’hui. Après tout, qu’est-ce qui est plus important – nourrir votre propre frère ou marcher sur la lune? Voir une telle ignorance serre parfois le cœur. Si jamais vous pensez à donner quelque chose, avant que la main gauche ne le sache, donnez avec la main droite. Le don doit être offert de tout cœur. Ne l’appelez même pas une aide. Appelez cela un service parce que vous êtes celui qui en bénéficie. Si un homme vous demande l’aumône et que vous lui donnez quelque chose, ne pensez pas que vous l’aidez. C’est lui qui vous aide. Ne vous a-t-il pas donné une occasion d’exprimer votre générosité? Si personne n’est là pour recevoir, comment pourriez-vous donner? Le donateur devrait remercier le bénéficiaire. Mais ne donnez pas en frappant à la porte et en entrant à toute force. Les êtres humains ne sont pas inanimés ou juste des animaux. Ils sont pourvus d’un peu plus de connaissance et de discernement. Vous avez l’entière liberté d’utiliser votre discernement envers la personne recevant de vous. Si un homme ivre vient et vous demande encore dix dollars, vous saurez certainement qu’il projette de les prendre et de retourner directement au bar. Si vous pensez que ce n’est pas sain pour lui, vous devez refuser. Même dans votre refus vous pensez plus à son bénéfice qu’au vôtre. La charité doit être donnée avec bon discernement et venir à point. En Inde nous disons, quelle est l’utilité d’avoir des points d’eau potable pendant la saison pluvieuse? Il y a plein d’eau partout. Mettez vos points d’eau potable dans le désert. Les nécessiteux devraient obtenir ce que vous donnez au bon moment. Quelle est l’utilité de m’apporter une belle et chaude couverture de laine quand la température est de 40 degrés? Je pourrais acheter toute la série des saintes Écritures et la donner à un bébé d’un an le jour de son anniversaire. Quelle en serait l’utilité? Je donne les Écritures, c’est vrai, mais il ne peut pas les utiliser maintenant. Discernez donc toujours. Réfléchissez avant de donner. Connaissez bien la personne et trouvez comment il ou elle va utiliser votre don. Un amour aveugle peut gâter une personne. Si vous voulez gâter un bébé, donnez-lui tout ce qu’il veut manger. Il voudra plus et plus encore de bonbons au chocolat. Si vous continuez à donner, le jour 148
29. L’art de donner
suivant vous emmènerez le bébé chez un docteur. Comprenez le don de la charité à cette lumière. Si jamais vous avez des espérances égoïstes quand vous donnez quelque chose, cela troublera sûrement votre paix par la suite. Chaque fois que vous attendez quelque chose en retour pour vos efforts c’est un karma. C’est pourquoi nous rencontrons tant de syndicats ouvriers, de départements ouvriers et de bureaux arbitraux. Chaque fois que les gens attendent quelque chose, il y aura toujours une sorte de conflit quand ils n’obtiennent pas exactement ce qu’ils attendent. L’autre attend plus de votre travail; vous attendez plus de son argent. Il y a donc un tiraillement continuel entre l’employeur et l’employé. Et pour défaire l’embrouillage qui provient de cela, il vous faut aller au tribunal. Vous avez entendu parler de beaucoup de procès du travail au tribunal, mais jamais d’un procès fait au service gratuit. Personne ne va au tribunal au nom du service. Le service est juste unilatéral. Vous donnez juste pour donner; aucune attente quelle qu’elle soit. Il n’y jamais aucun trouble, que ce soit pour vous ou pour celui qui reçoit. Si vous faites votre travail comme un service, celui qui reçoit ne se sent jamais redevable. C’est le meilleur service possible. Chaque fois que vous donnez quelque chose, ne faites pas l’autre se sentir redevable de quelque façon que ce soit. Ne regardez même pas son visage en attendant un grand merci, un sourire ou une petite appréciation. Pourquoi? Si vous manquez ce sourire ou cette inclination de tête ou le merci, vous ne serez pas content parce que vous l’attendiez. Supposez que vous donniez quelque chose à quelqu’un qui est occupé. Il pourrait juste le prendre rapidement et continuer ce qu’il est en train de faire pendant que vous attendez quelque reconnaissance pour votre service. Puis vous êtes désappointé parce que vous n’avez pas obtenu quelque chose en retour. Rendre le bénéficiaire redevable à vous, c’est le karma et non le Karma-Yoga ou le vrai service. Le Karma-Yoga c’est juste faire pour faire, pour la joie de servir. C’est bien la plus grande récompense que vous puissiez obtenir. Supposez que vous offriez un cadeau et que la personne dise : « Eh! Est-ce tout ce que vous pouvez amener? » Malgré cela, vous vous sentez bien, vous n’êtes pas ennuyé pour autant. Vous avez déjà la joie de donner quelque chose. Ne soyez pas 149
Part IV : La plus grande joie
ennuyé de ce qu’il dit. Vous vouliez donner; vous avez donné. Vous êtes heureux. Quelqu’un peut-il arrêter votre bonheur? Vous seul pouvez arrêter et troubler cette joie – en attendant quelque chose en retour. La minute où vous attendez quelque chose en retour vous perdez la joie, vous perdez votre paix mentale. Avant de donner vous créez une tension. En enveloppant le cadeau vous pensez : « Oh, combien c’est beau. Il va vraiment aimer cela. » Même avant d’envelopper le cadeau, quand vous étiez dehors à courir les magasins pour le cadeau, vous supposiez des choses et formiez quelque tension. Avec de telles complications, le mental n’est pas à l’aise même dans ce qu’il fait pour autrui. Vous êtes nerveux, jusqu’à ce que vous lui mettiez dans les mains et qu’il vous regarde et dise : « Oh, c’est beau! Merci beaucoup. » Finalement vous êtes soulagé. « Ah! Je lui ai vraiment trouvé quelque chose de bien. » Jusqu’à ce moment il y avait une tension et une anxiété. « L’appréciera-t-il? Cela le rendra-t-il heureux? » Même après : « L’a-t-il vraiment aimé? » Toutes ces anxiétés sont dues à vos expectatives. Jusqu’à ce qu’il ait apprécié le cadeau vous ressentiez de l’anxiété. C’est seulement quand il a souri avec reconnaissance que vous avez ressenti un bonheur quelques instants. Mais c’est un bonheur emprunté – à l’extérieur de vous-même. Il ne durera pas longtemps et vous en voudrez un peu plus le jour suivant. Il vous faudra alors acheter un plus gros cadeau. Vous voudrez plus et plus encore. Même si vous obtenez sa bonne volonté, son appréciation ou son amour, vous craindrez de les perdre. Vous voudrez que personne d’autre ne le regarde ou ne lui donne un cadeau. « Qu’arrivera-t-il si elle lui donne un plus gros cadeau? » La jalousie entre, la peur de le perdre. Alors quand vous sentez-vous heureux? Ni avant ni après. Tout cela est une sorte d’affaire. Regardez les cadeaux d’affaires. Le cadeau n’est pas juste pour donner. Vous allez avec un beau paquet aujourd’hui et revenez avec une petite pétition le lendemain. Même Dieu n’est pas épargné de ces cadeaux d’affaires. Vous allumez une belle petite bougie pour Dieu et assez rapidement, alors même qu’Il apprécie votre bougie, vous dites :« Ne reste pas à regarder cela, écoute ma requête. Je n’ai pas le temps d’attendre pour demander ceci. Il me faut courir au bureau. Tu peux regarder la bougie après. Écoute-moi, voici ce que je veux ... » 150
29. L’art de donner
C’est comme cela partout. Au Sri Lanka, il y a un temple très connu. L’entrée de face est toujours recouverte de sept rideaux. La signification ésotérique derrière ceci est que sept enveloppes cachent le Soi intérieur. Chaque année il y a une compétition entre les dévots pour voir qui donnera les rideaux. C’est une compétition particulièrement terrible pour voir qui donnera le rideau frontal, parce que tout le reste est caché derrière ce premier rideau sur lequel il y a un beau et grand tableau de la forme du Seigneur Subrahmanya. La compétition n’est pas simplement pour le tableau, mais pour montrer qui l’a donné, parce que le nom du donateur y est clairement imprimé afin que tout le monde le voie. Donné par Monsieur un tel, 98 rue Principale, tel ou tel magasin, Coulombs. 28220. Son adresse complète, sa profession et peut-être même son numéro de téléphone y sont inscrits. Une année, une personne qui avait donné le rideau frontal vint et me parla. « Swamiji, êtes-vous allé à Katarangama cette année? » —Oui, j’y étais pour la fête du Seigneur. —Avez-vous vu le rideau frontal? —Oui, il est très beau. —C’est moi. —Oh, vous êtes celui dont le nom est sur le rideau? —Oui, ne pensez-vous pas qu’il est vraiment beau? —Si, l’image est belle. Mais il y a quelque chose en plus. J’ai vu votre nom et votre adresse. Quel grand péché vous avez commis. —Que dites-vous? Pourquoi me dites-vous cela? —C’est un terrible péché. Un péché ne signifie pas que vous ayez fait quelque chose pour détruire quelqu’un ou quoi que ce soit de ce genre. Mais vous vous ruinez. Vous allez devenir un très gros débiteur. —Je ne vous comprends pas, Swamiji. Je vous en prie, dites-moi. —D’accord, prenez un crayon et un papier. Nous allons faire quelques calculs mathématiques. Faites-vous la publicité de votre magasin dans le journal? —Oui. » —Combien payez-vous pour une colonne de trois centimètres? —Une colonne de trois centimètres dans le quotidien du soir est 151
Part IV : La plus grande joie
très chère, Swamiji. Ils prennent mille dollars. —Ah. Prenez par exemple quelque chose comme le magazine Life. Combien pour une pleine page de publicité? —Peut-être cinquante mille dollars. —Pour cette page qui sera vue peut-être une semaine durant, cinquante mille dollars. Maintenant combien de gens voient votre rideau? Disons à peu près dix millions. Et le rideau que vous avez mis là a votre nom dessus. Savez-vous combien de millions de gens vont le voir durant toute l’année? N’est-ce pas une grande publicité pour vous? Dieu ne vous envoie pas une facture immédiatement. Mais Il notera sur un compte combien de gens ont vu cela et combien de fois. Les frais de publicité pour votre firme seront débités de ce compte-là. Vous pourriez avoir donné cent dollars pour le rideau, lesquels seront crédités sur votre compte, nul doute, mais le débit de votre compte s’accroît journellement. S’il y a chaque jour dix mille personnes qui passent devant le rideau et lisent votre nom, comptez au moins un dollar par tête; un débit de dix mille dollars à votre compte chaque jour; en quelques jours, un débit de cinquante mille dollars. Pour toute l’année je ne sais pas combien de millions il va vous falloir payer en retour. Comment allez-vous payer pour tout cela? Quand allez-vous payer? Il vous faudra renaître et renaître. Pensez-vous que ce soit une affaire profitable? —Swamiji, je comprends votre point. Que vais-je faire? Je ne puis plus y aller maintenant et enlever le rideau. » Nous pensons que Dieu n’a pas le sens du calcul. Il est un homme d’affaires de première classe. Rappelez-vous, ce que vous donnez, vous l’obtenez. Si vous donnez dix pour cent, vous n’obtenez que dix pour cent de Dieu. Si vous donnez vingt-cinq pour cent, vous obtenez vingtcinq pour cent de Dieu. Il est un homme d’affaires équitable. D’égales proportions, un pour cent pour un pour cent. Supposez que vous donniez cent pour cent, qu’obtiendrez-vous? Cent pour cent de Dieu. Et votre cent pour cent ne vaut rien – peut-être environ soixantedix kilos de chair et d’os, et quelques effets délabrés ici et là que même les éboueurs ne veulent pas prendre. Pourtant avec tout ce rebut, cela ne fait rien. Il accepte votre pourcentage. « Êtes-vous celui qui s’est donné complètement à Moi? 152
29. L’art de donner
—Oui, je m’abandonne totalement à Vous, Seigneur. » Il accepte votre abandon. Vous n’êtes pas d’une grande utilité à Dieu, mais rappelez-vous qu’Il est un homme d’affaires équitable. « Il s’est donné à Moi à cent pour cent. Que dois-Je faire? Il Me faut Me donner à lui à cent pour cent, sinon Je suis inéquitable. » Alors Il Se donne à vous, à cent pour cent. C’est le secret des affaires en dévotion.
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30. L’art de recevoir Un des principaux buts du Yoga est de garder le mental calme. Il y a certains cadeaux qui, en les acceptant, vous font vous sentir redevable. Si vous êtes incapable de remplir ce dû, vous êtes troublé. Selon les préceptes du Yoga de Patanjali, c’est la raison pour laquelle vous êtes conseillé de ne pas accepter de cadeaux; si vous les acceptez, inconsciemment vous devenez redevable au donateur. Après il vous faut sortir de votre chemin pour faire quelque chose satisfaisant cette personne. Comme vous savez, ces cadeaux sont des cadeaux d’affaires. Les gens ne donnent pas juste pour la joie de donner. Le donateur attend quelque chose en retour. Si un jeune homme envoie un beau bouquet de fleurs à une jeune femme, ce n’est pas toujours simplement parce qu’il se sent heureux de l’envoyer. Il veut gagner son affection. S’il ne réussit pas, il se sent perturbé : « Comment osez-vous accepter tous mes cadeaux sans même m’envoyer une lettre? » A qui est destiné un tel cadeau? Et si elle accepte ses cadeaux, elle peut se sentir redevable envers lui. Si jamais vous recevez un cadeau sous condition, renvoyezle et votre mental ne sera pas perturbé. Certaines sortes de cadeaux ne perturberont pas votre mental. Ceux-la vous pouvez les accepter. Quelqu’un vous exprime simplement son amour ou sa révérence et n’attend rien en retour. Il sent qu’il doit le faire et c’est une occasion pour lui peut-être de remplir un devoir qu’il ressent envers vous. Acceptez-le. Mais si toutefois vous vous sentez personnellement redevable en le recevant, vous recevez davantage pour vous-même que pour celui qui l’a donné. Afin de maintenir votre paix mentale, vous devriez renvoyer le cadeau. Vous n’aurez peut-être pas l’occasion de lui retourner quelque chose et vous vous sentirez coupable. Une fois vous pouvez avoir vraiment faim et quelqu’un voudra vous donner un peu de nourriture. Vous pouvez également accepter cela. Bien sur vous devriez vous sentir reconnaissant, mais alors même ne vous sentez pas redevable en perdant votre paix. Parfois les gens donnent de l’argent à des organisations louables qui convertissent leur 155
Part IV : La plus grande joie
argent en actions méritoires; ce mérite va au donateur. Qu’il le sache ou non, il y a un comptable divin qui prend tout en compte. Vous pouvez n’être pas sûr de la façon dont un cadeau affectera votre mental. Chaque fois que vous recevez quelque chose de quelqu’un, essayez toujours de retourner quelque chose. Si possible, donnez même plus que vous n’obtenez. Cela est le Yoga. Par exemple, si vous avez emprunté quelque chose, quand vous le rendez il devrait être plus beau que lorsque vous l’avez emprunté. Quand vous empruntez un livre, par exemple, la première chose que vous devriez faire est de voir s’il est bien relié. S’il y a une page déchirée, réparez-la; mettez-lui une couverture. Alors seulement commencez à lire. Si nous recevons et ne donnons rien en retour, nous devenons des débiteurs. Certaines choses n’ont pas de prix et nous ne pouvons jamais les payer complètement en retour. Comment pouvons-nous nous acquitter de tout ce que nous obtenons de Dieu? Quand nous amenons une petite bougie ou un bâton parfumé, quelque fruit ou une petite offrande à l’église ou à la synagogue, cela signifie-t-il que nous payons de retour tout ce que nous avons obtenu? Non, nous retournons juste ce que nous pouvons, afin de ne pas devenir des débiteurs. Cela nous libère du sentiment : « J’ai reçu, mais que puis-je faire en retour? » Ce n’est pas une redevance. Si çà l’était, nous n’aurions rien à moins d’avoir payé la redevance. Une offrande c’est simplement donner selon notre capacité, et cela laissera le mental paisible et sans l’impression d’être redevable. Dans les Écritures hindoues on nous dit, n’allez pas les mains vides à un bébé, un roi, un saint homme ou à Dieu. Apportez une offrande, peu importe qu’elle soit simple ou riche, mais quoi que ce soit, cela devrait venir de la sueur de votre travail. Quand vous allez voir un bébé, amenez quelque chose – pas parce que le bébé vous donne consciemment quelque chose, mais parce que vous serez heureux en sa présence. Vous serez inspiré. Vous êtes dans la présence divine. Un bébé est comme le soleil dispersant les nuages. Être auprès d’un bébé vous donne l’impression d’être un bébé – vous oubliez tous vos problèmes. N’allez pas les mains vides voir un roi, parce que vous gagnez au moins une sorte de considération en le rencontrant. Et il ne vous 156
30. L’art de recevoir
renverra pas les mains vides. Il vous donnera quelque faveur. Par exemple, chaque fois que j’ai rendu visite au pape, il m’a toujours donné quelque chose en témoignage. Naturellement je savais qu’il le ferait, aussi comment pouvais-je y aller les mains vides? Apportez toujours quelque chose en retour. Si vous rendez visite à un saint homme vous recevrez sûrement quelque vibration et de bonnes idées pour élever votre vie, quelque chose que vous ne pouvez obtenir nulle part ailleurs – ni à vos collèges ni Au Printemps ou aux Galeries Lafayette. Non, vous recevez quelque chose d’unique. Retournez ce que vous pouvez. Çà peut être juste une fleur. Et apportez toujours quelque chose à Dieu. Quand vous allez dans la présence de Dieu, peut-être dans une église, un temple, une synagogue ou une mosquée, ne vous y rendez pas les mains vides. Il se peut que votre donation soit utilisée dans n’importe quel but. Cela n’est nullement votre affaire. Il se peut que le prêtre collecte l’argent et aille au cinéma. S’il fait quelque chose d’erroné et détourne ce qui est donné au nom de Dieu, c’est son affaire. Il aura à faire face à Dieu pour cela. Pourquoi vous en soucier? Vous avez rempli votre obligation. Durant le siècle dernier des centaines de gens venaient chaque jour et chaque soir à l’ashram de Sri Ramakrishna. En arrivant, ils apportaient naturellement toutes sortes d’offrandes – des fruits, des fleurs, de l’argent, de la nourriture, tout ce qu’on voudrait – parce qu’ils ne voulaient pas venir sans apporter quelque chose. Parmi eux il y avait un homme très pauvre qui venait presque chaque jour s’asseoir et écouter. Il aimait la compagnie de Ramakrishna et sa sagesse. Ramakrishna le remarqua et l’interpella : « Êtes-vous un travailleur? » —Je tire un pousse-pousse et gagne une ou deux roupies chaque jour; à peine assez pour soutenir ma famille. Je travaille mais je suis très pauvre. —Hmm. C’est entendu, mais pouvez-vous économiser un penny? », demanda le sage. —Ma foi, je le peux. —Peut-être qu’un penny c’est trop pour vous. Demain achetez quelques noix d’arec. » En Inde, la noix d’arec est brisée en petits morceaux, presque en poudre, et les gens la mâchent généralement 157
Part IV : La plus grande joie
avec des feuilles de bétel et un peu de citron. Cela rend la bouche d’une couleur rougeâtre et a un certain effet médicinal. Ramakrishna pensait que l’homme pouvait être habitué à mâcher ces noix. Il lui demanda de dépenser un penny. L’homme pouvait se procurer au moins dix noix pour un penny, et casser chaque noix en dix morceaux. « Chaque jour où vous venez, apportez-moi un morceau, dit-il à l’homme. —Qu’allez-vous faire de cela? Un centième de penny. Vous en avez déjà beaucoup. » —Oui, j’en ai beaucoup. Ce n’est pas que je n’en aie pas; c’est pour vous. Il ne faut pas venir les mains vides. Si quand vous venez, vous arrivez sans rien, vous devenez mon débiteur. Un jour il vous faudra me le rembourser. Peut-être vous faudra-t-il prendre une autre naissance en tant que mon serviteur. Le karma est le karma; une action a sa réaction. » C’est pourquoi nous disons qu’en recevant, offrez toujours quelque chose; n’allez pas comme un débiteur. Mais cela dépend de votre capacité. Si vous êtes un millionnaire, vous pourrez donner davantage qu’un homme pauvre. Mais qui que vous soyez, donnez quelque chose. Vous serez alors libéré de l’obligation et votre mental sera clair. Plus vous donnez, plus vous recevez; c’est la loi de la nature. Si vous êtes un bon canal, vous ne garderez rien pour vous-même, à part ce dont vous avez besoin – vous ferez passer le reste. Davantage de choses viendront alors à vous. C’est comme une fontaine dont vous avez tiré de l’eau. Plus vous tirez, plus il en vient. Vous ne sentez jamais de manque. Parfois vous obtiendrez tellement que vous serez fatigué de donner. Vous direz : « Qu’est-ce, mon Dieu? Vous me poussez tellement. Je ne sais pas où donner. Il n’y a personne pour recevoir. » Mais n’essayez à aucun moment d’arrêter cela de s’écouler à travers vous. Si vous arrêtez le flot, vous remarquerez que cela devient stagnant et sent mauvais. Les choses aiment se mouvoir librement. Pensant que vous êtes une personne merveilleuse, toutes les choses continuent donc de venir à vous, parce que vous ne les retiendrez pas ni ne vous attacherez à elles. Elles voudront juste venir et s’asseoir à votre ombre quelque temps, comme les oiseaux venant se reposer sur une branche. Et la branche les laisse s’envoler où ils veulent. Mais si vous essayez d’emprisonner quoi que ce soit, elles hésiteront 158
30. L’art de recevoir
à venir, et tout ce que vous avez emprisonné essaiera de s’échapper de vous. Imaginez un homme se croyant riche et gardant des liasses de billets dans son coffre-fort. Chaque jour il ouvre le coffre, compte l’argent et le referme. Il se lève même la nuit pour voir si l’argent est là ou non, et referme le coffre à clé. Il se peut qu’‘il aime voir les billets dans le coffre-fort. Mais demandez aux billets de banque : « Étes-vous heureux dans le coffre? » Ils diront probablement : « Je ne sais pas pourquoi il nous garde ici. Nous sommes venus à cet homme pingre, mesquin et avide. Il ne nous laisse jamais sortir et circuler librement. Il nous a enfermés à clé dans cette prison de fer. Nous ne savons que faire. Dieu, ne nous sauverez-Vous pas? Est-ce notre karma d’être ses prisonnier? » Puis une nuit la porte du coffre-fort s’ouvre lentement. Les billets diront : « Ah! merci à vous. Est-ce Dieu qui vous a envoyé? Vite, emmenez-nous avant que cet individu vous voit. » Oui, ce n’est pas complètement une plaisanterie. Tout ce que vous mettez sous verrou et clé grommelle contre vous. Ils veulent tous la liberté comme vous. Ils veulent un libre mouvement – ne pas être liés par quoi que ce soit. Ainsi quand les choses viennent à vous, laissez-les simplement venir. Quand elles sont en votre possession, prenez bien soin d’elles en les utilisant; ne les laissez pas seulement traîner. Mais quand vous avez fini, laissez-les libres de circuler à nouveau. Utilisez les choses aussi longtemps que vous le voulez. Gardez-les aussi longtemps qu’elles veulent rester avec vous. Mais la minute où elles disent « je suis un peu fatigué d’être ici; laissez-moi aller à un autre endroit », dites :« Certainement, allez-y. C’est votre liberté. » En faisant cela, savez-vous ce qui arrive? Elles peuvent vous quitter parce que vous ne les emprisonnez pas. Elles pourraient sûrement être fascinées par une autre maison. Mais elles y sont enfermées à clé et un jour s’échappent, puis vont encore à une autre maison et sont à nouveau enfermées. Elles réalisent alors : « Mon Dieu! J’aurais dû rester avec cette personne qui me donnait vraiment la liberté. » Elles reviennent donc vers vous. Quand vous ne vous attachez à rien, tout revient et veut rester avec vous – même si vous dites : « Pourquoi ne partez-vous pas? » —Non, où que j’aille, je me fais prendre. Je resterai juste avec vous. » C’est le contentement. Si vous n’emprisonnez pas les choses et ne 159
Part IV : La plus grande joie
courez pas après elles, elles aimeront être avec vous. J’interprète juste les adages scripturaux d’une façon un peu différente. Parlant de la gloire du renoncement, une écriture hindoue dit : « Si un homme est totalement désintéressé et ne s’attache à rien – ce qui est le renoncement complet – il trouvera la Déesse du Savoir et la Déesse de la Fortune assises à ses pieds attendant de le servir. »
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31. Vivre au Présent Tout ce que vous faites commence en vous sous la forme d’une graine. Le karma, ou la réaction de vos actions, forme des graines qui sont accumulées dans le grenier de votre mental, le sac karmique. Vous devez délivrer les graines l’une après l’autre. Parfois vous les délivrez en groupes, le karma de groupe, parfois une par une. Le moment de la livraison dépend de la force de la graine. Une graine plus mature germe rapidement, donc si vous créez dix karmas ou actions aujourd’hui, la huitième ou sixième germera peut-être demain. La première ou la seconde peuvent mettre dix ans à germer. L’ordre des réactions n’est pas toujours le même que l’ordre des actions. Cela dépend de l’intensité de l’action et du genre de karma. Si vous mangez quelque chose de malsain et peu de temps après placez votre doigt dans la flamme d’une bougie, votre premier karma est de manger, et le second est de mettre votre doigt dans le feu. Mais le résultat du second karma sera immédiat. Le premier karma ne se manifestera que dans un ou deux jours, lorsque vous aurez une indigestion. Mais quoi que vous fassiez, vous devez accepter la réaction un jour ou l’autre, récompense ou punition. Rien ne peut éliminer votre karma : aucun maître, gourou, écriture sacrée, temple, synagogue, église, rien. Dieu même ne peut l’enlever. Vous ne pouvez vous en libérer qu’en semant aujourd’hui des graines d’actions désintéressées. Il est utile de connaître ce qu’est le karma. Si par hasard vous êtes insulté ou frappé par quelqu’un sans raison apparente, vous pouvez penser : « C’est certainement mon karma. J’ai du faire du mal à quelqu’un et n’en ai pas souffert les conséquences. Cela me revient maintenant et je l’accepte. » Il n’y a pas d’effet sans cause. Personne ne vous fera mal si vous êtes vraiment innocent. Peut-être qu’aujourd’hui vous êtes innocent, mais il y a quelques jours, quelques années, peutêtre même dans une vie précédente, vous n’étiez probablement pas innocent. Vous pouvez donc dire à qui vous fait souffrir : « D’accord, vous m’avez aidé à me débarrasser de mon karma. Merci beaucoup. » Votre karma est meilleur si vous ne réagissez pas à la haine avec de la 161
Part IV : La plus grande joie
haine. Une lutte n’arrêtera pas une lutte. La pratique spirituelle la plus haute est d’accepter une injure sans y répondre. Cela demande de la force mentale. Verser de l’amour sur de la haine est comme verser de l’eau sur le feu. Vous découvrirez finalement comment agir parfaitement afin de ne semer aucun karma. Une action devient parfaite quand accomplie avec joie et sans attente. Toute autre action, même merveilleuse et utile, sera imparfaite parce qu’elle aura une influence sur votre mental. Vous pouvez demander : « Même les bonnes actions? » C’est comme un perroquet qui dit : « Enlevez cette cage en fer et donnez-moi une cage dorée. » C’est toujours une cage, même si elle est plus belle. Tout ce qui est fait avec attente vous attache. Le karma est la cause de votre naissance et de votre mort; tout ce que vous faites en espérant une récompense. Bien sûr, ce n’est pas facile de renoncer au bien et au mal. Au début, il est donc recommandé de supprimer les mauvaises actions en faisant le bien pour la vertu et le mérite. Mais pour être vraiment libre, nous devons agir sans rien espérer, et renoncer aux bons et mauvais résultats de nos actions. C’est le Karma Yoga. Nous faisons tout pour Dieu ou le bien de l’humanité. Nous n’attendons aucun résultat. Et quoi que nous fassions est parfait parce que c’est un service pour Dieu et parce que nous n’en attendons pas anxieusement le résultat. La plupart des gens agissent pour leur propre bien. L’idée même de bénéfices à venir est excitante. On a tendance à construire des châteaux en Espagne. Mais même la pensée de la récompense peut vous faire tout perdre, comme le prouve l’histoire de Alnasur. Alnasur alla un jour au marché et fut embauché pour faire des petits boulots et porter des ballots d’un endroit à un autre. On lui donna cinq francs pour son travail. Il n’avait jamais eu autant d’argent. « Mon Dieu! Que vais-je faire? pensa-t-il. Je vais acheter des œufs au marché avec ces cinq francs, les ramener au village, et les vendre. » Il acheta donc les œufs, les rangea dans un panier bien capitonné, mit le panier sur sa tête, et commença à marcher. Quelque temps après il devint fatigué et s’assit pour se reposer, posant le panier par terre. Il avait commencé à rêver : « Quand j’arrive chez moi, je vais vendre ces œufs. Ils n’ont pas d’aussi beaux œufs là162
31. Vivre au Présent
bas, je peux donc les vendre pour le double, et avoir dix francs, un profit de cent pour cent. » Il était tellement excité par ce projet qu’il se leva et commança à marcher jusqu’à ce qu’il se sentit fatigué. Il s’assit de nouveau et posa son panier devant lui, s’allongea et continua à rêver : « Avec les dix francs je retournerai au marché et achèterai des œufs, reviendrai au village, les vendrai, et aurai alors vingt francs. Mais avec ces vingt francs, je n’achèterai pas d’œufs. C’est juste un petit boulot. J’achèterai quelque chose qui a plus de valeur, le revendrai pour trois fois le prix, parce qu’avec les œufs je n’obtiendrai que cent pour cent bénéfice. Si j’achète des produits de beauté, je peux faire facilement trois cent, quatre cent pour cent bénéfice. » Il était assis contre un arbre, avec le panier près de lui, et continuait à rêver. Dans son rêve, il devint bientôt riche, ayant gagné plusieurs milliers de francs. « Maintenant que je suis riche, je ne peux plus vivre seul. Je devrais trouver une belle jeune fille et l’épouser. Et sans aucun doute quand on se rendra compte de ma fortune. Mirastar, l’homme le plus riche du village, viendra me voir et m’offrira sa fille. Après quelques hésitations je l’épouserai. Et puis, bien sûr, nous aurons un beau bébé. Quand je rentrerai du bureau elle n’amènera le bébé pour jouer. Parfois je serai fatigué, et si elle m’amène le bébé, je lui dirai : « Oh! Je suis trop fatigué. Je ne veux pas le bébé maintenant. Prendle. » Si elle me dit « non, s’il te plait occupe-toi de lui maintenant » et insiste, je répondrai : « Non, non. Je suis trop fatigué. » Si elle continue à insister, je lui donnerai un coup de pied, comme ça. » Et Alnasur donna un tel coup de pied qu’il renversa le panier et cassa les œufs. C’est l’histoire d’Alnasur. En recherchant les bénéfices futurs, vous ne pouvez pas bien vivre dans le présent. Je ne dis pas qu’il ne faut pas rêver. Si vous construisez des châteaux en Espagne, pas à pas, et que vous avez de bonnes idées, cela peut vous être utile. L’espoir est une grande force motrice. Mais n’insistez pas sur votre bénéfice personnel, ou vous serez facilement frustré ou découragé. Comme le dit l’hymne : un pas est suffisant pour moi. Ne me menez pas jusqu’au bout. Montrez-moi seulement les quelques pas à venir, et quand je les aurai parcourus je serai prêt pour plus. La joie d’accomplir un bon travail est sa propre récompense. Personne ne peut vous enlever ce plaisir. Si vous attendez d’être 163
Part IV : La plus grande joie
satisfait par les résultats, vous serez certainement déçu. C’est pourquoi dans de nombreux cas, quelle que soit la situation, on devient malheureux et désappointé quand on atteint l’objectif. Si vous êtes troublé par de telles émotions, ou par l’excitation de l’attente, vous devriez savoir que vous n’êtes pas un karma-yogi à ce moment-là. Le karma-yogi agit sans être lié aux résultats de ses actions. Il agit pour la joie d’agir, et non pour ce qu’il peut en retirer. Son mental est dans le présent, et ses actions sont parfaites. Il sert Dieu et l’humanité. Le karma-yogi doit donc se concentrer sur les détails, plus encore que l’homme d’affaires le plus avare ne se concentre sur ses contrats. Le karma-yogi doit travailler dix fois mieux que la personne qui sème les graines du karma. Ceux qui agissent tout en pensant aux bénéfices futurs ne pensent pas à ce qu’ils sont en train de faire. Ils ne sont donc pas efficaces. Allez lentement et prudemment. Si vous pensez trop vite, vous perdez tout votre pouvoir. Ne pensez même pas aux résultats. Si vous obtenez des bénéfices, vous pouvez certainement en profiter, mais ne les recherchez pas. Faites une chose à la fois. Concentrez vos efforts.
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32. La joie suprême Vous apprenez rapidement vos faiblesses en servant autrui. Le monde est comme un grand miroir – il vous montre vos parties laides, vos faiblesses. Par le service vous pouvez apprendre à reconnaître vos propres faiblesses et travailler pour les corriger. Parfois le meilleur test est ce que vous appelez le travail servile. Vous entendez souvent comment de grands sages se sont testés de cette façon. Pour voir s’il était orgueilleux après être devenu un grand guru, Ramakrishna allait vers les taudis et lavait les toilettes avec ses cheveux. Jésus lavait les pieds de ses fidèles. De grands hommes ont fait cela. Alors allez-y, prenez le travail le plus sale, le plus dégoûtant. Rappelezvous que vous ne faites pas tant ce travail pour le travail que pour vousmême. Il est facile d’aller simplement dans un coin et de méditer. Mais il y a une autre forme de méditation – l’action. Pendant le Karma-Yoga vous méditez sur ce que vous faites. Vous observez vos sentiments et votre mental. C’est un programme d’entraînement mental. Pratiquez le Karma-Yoga chaque fois que vous en avez l’occasion. Dans cette pratique vous voyez vos limitations et vos obstacles, vous vous testez sur le terrain. Vous comprendrez mieux vos attitudes et vos humeurs qu’en étant seul. Grâce au Karma-Yoga votre cœur, votre mental et votre corps seront vite purifiés. Bien sûr, vous ne devez pas ignorer totalement les autres pratiques, et vous n’avez pas besoin de faire le Karma-Yoga vingt-quatre heures chaque jour. Si vous êtes très fatigué ou avez un genre de problème émotionnel ou psychologique, prenez du recul, asseyez-vous calmement et analysez votre problème. « Je suis allé là-bas pour le servir, mais pour quelque raison, j’ai été ennuyé – probablement quand il ne m’a pas remercié. Oui, j’attendais ses remerciements. Ce n’est pas bien. C’est comme cela que mon mental est devenu perturbé. La prochaine fois, je ferai la même chose, mais je n’attendrai pas de remerciements. » De cette façon, vous modelez bien votre mental. Par une telle analyse vous pouvez vite réduire la tendance qui trouble votre paix. Si vous ignorez les troubles et essayez simplement de continuer votre service, le problème reviendra encore et encore. 165
Part IV : La plus grande joie
Faire une erreur n’est pas vraiment mauvais. La minute où vous réalisez que vous avez fait une erreur, pensez : « Pourquoi? Comment? Qu’est-ce qui a causé cette erreur? Où me suis-je trompé? Si je n’avais pas fait cela, ceci ne serait pas arrivé. Très bien, la prochaine fois je ne permettrai pas que cela arrive. » Une personne intelligente apprendra quelque chose d’une erreur, mais un fou fera encore et encore la même erreur. Nous tombons et nous nous relevons et marchons. Que nos fautes soient des marchepieds pour notre réussite. Tous les grands êtres, les sages et les saints, sont aussi tombés beaucoup de fois avant d’atteindre leurs buts. Souvent vous êtes encore égoïste d’une façon subtile bien que vous pensiez ne pas être attaché aux fruits. Si vous exigez que les autres soient heureux à cause de ce que vous faites, alors vous êtes encore attaché. Vous créerez une anxiété qui vous rendra incapable d’aider. Au lieu de cela, il vaut mieux simplement penser : « Eh bien! J’ai fait mon devoir à ma satisfaction. Je ne suis pas l’auteur du destin. » Si un homme a fait certaines choses et est destiné à être malheureux quelque temps, vous ne pouvez le rendre heureux malgré toutes vos tentatives. La satisfaction d’avoir essayé dans votre limite doit vous suffire. Faites ce que vous pouvez dans votre limite, puis transférez le cas à la Cour Suprême. Utilisez la sagesse pour analyser vos motivations. Ne faites pas que penser à trouver le meilleur yaourt pour manger. Ce n’est pas la une profonde analyse. Trouvez ce qui apportera la paix et la joie à vousmême et aux autres. Analysez toujours dans ces termes. Le KarmaYoga seul est suffisant pour sauver votre âme. Vous n’aurez pas à vous forcer à servir autrui si vous connaissez les bienfaits d’un tel service. Vous aurez peur d’être égoïste par peur de perdre votre paix. La plus grande joie dans la vie est de faire quelque chose pour quelqu’un d’autre. Malheureusement, beaucoup de gens n’ont jamais goûté la joie réelle, mais une fois que vous l’avez fait, vous ne voudrez jamais faire à nouveau quelque chose seulement pour vous. Vous chercherez des occasions de servir. Que ce soit le jour ou la nuit vous ne voudrez pas manquer cette suprême joie du service dédié. Cela deviendra pour vous une obsession constante. Devenez une nourriture publique. Offrez-vous à autrui. Votre vie peut être un beau fruit apprécié de toute l’humanité. Même votre repas peut être une offrande. Qui digère 166
32. La joie suprême
votre nourriture? « Je suis le feu digestif, dit le Seigneur (BhagavadGita XV, 14). Je suis aussi dans l’estomac. » Ne pensez pas que vous mangez pour vous-même. La nourriture va dans ce feu divin. Même quand vous prenez une douche, pensez : « Je nettoie le temple du Seigneur. Je L’habille. Le Seigneur y siège. Je Le nourrit. » Quand vous allez dormir, pensez, « Je Le fais dormir. » Ainsi, chaque acte devient une offrande; votre vie même devient une offrande. C’est l’astuce du Karma-Yoga. Quand vous faites tout juste pour l’amour et la joie de le faire – pour le bien du monde entier et non pour votre propre bénéfice personnel – vous gardez votre joie. Ne pensez pas que vous obtenez la joie en faisant cela. La joie est toujours en vous. Vous devez faire quelque chose parce que vous ne pouvez pas simplement être assis là tranquillement à ne rien faire. Vos actions vous permettent de retenir la Joie suprême. Pour goûter cette joie, commencez par réserver une semaine tous les mois ou deux. Dites : « C’est ma semaine de Karma-Yoga. Je dois être complètement altruiste toute la semaine. Je ne ferai rien pour moi-même. » Ou bien choisissez juste un jour – comme un jour de jeûne – et dites :« C’est mon jour d’altruisme. » Tout le monde devrait réserver du temps pour cela, juste pour acquérir le goût de cette joie. Ensuite, vous pouvez le prolonger de plus en plus. En faisant cela, ne vous souciez pas des autres, comme vos amis ou même les membres de votre famille. Quelqu’un dans votre famille pourrait dire : « Eh! Tu fais constamment pour les autres. Ne sais-tu pas que tu as un mari, que tu as une épouse, que tu as des enfants. Ils sont privés de tes bienfaits. » Ce n’est pas que vous devriez les ignorer. Mais ne dépensez pas continuellement tout votre argent, votre énergie et votre temps à servir seulement une ou deux personnes. Le mari pourrait demander tout le service de l’épouse. « Tu es mon épouse. Occupe-toi d’abord de moi. » Vous pouvez simplement dire : « Il y a certaines choses que tu mérites et dont tu as besoin. Je les fais pour toi. Mais le reste du temps d’autres gens ont plus besoin de moi. Parfois, tu demandes trop. » Vous pouvez dire cela. Il n’y a pas de mal à cela. Personne ne peut vous posséder. S’il y a une occasion de faire quelque chose de plus important pour le public, c’est l’œuvre de Dieu. N’oubliez pas que vous avez les premières responsabilités envers votre mari ou 167
Part IV : La plus grande joie
votre épouse, mais veillez à ce qu’ils ne demandent pas plus qu’il ne leur est dû. Votre vie doit être bien partagée de cette façon. C’est un peu comme avoir cinq enfants. Si un enfant demande constamment votre attention, disant « porte-moi, maman, porte-moi! » et que vous faites toujours ce qu’il demande, vous ignorerez tous les autres enfants. Subrahmanya Bharati, un grand et saint poète, vivait en Inde au début du siècle. Il possédait la prévoyance et ses paroles étaient éclairantes. Il en savait long sur le Yoga. Dans un poème il écrivit : « L’essence des Écritures est le Karma Yoga. A lui seul il peut nous sauver. Le service, le service, le service, cela est suffisant pour nous. » Maître Sivananda disait toujours, « Servez et aimez. Le service vient en premier. Servez avec amour, parce que sans amour vous ne pouvez pas servir. Sans le contrôle de vos passions et de votre égoïsme, vous ne pouvez servir. Vous devenez un Yogi rien qu’en servant. Tout le reste vient automatiquement. Ne perdez pas même une seule occasion de servir autrui. »
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33. La voie du mariage Certaines personnes se marient pour avoir un partenaire dans une vie dédiée, un compagnon dans une vie de service. Les mariages uniquement motivés par la beauté physique, l’argent ou d’autres raisons mondaines seront une servitude. Mais s’il y a une attirance spirituelle, le mariage sera fait au ciel. Un mariage est entre deux reflets de Dieu. Deux paires d’yeux partageant une même vision. Ils sont dédiés à se servir l’un et l’autre et à servir toute l’humanité. Un tel mariage est un chemin suprême – deux partenaires coopérant et un seul but. Deux mentals assemblés pour s’aider mutuellement à réaliser leur vraie nature. Aller côte à côte avec le bon partenaire est une bonne manière d’atteindre Dieu rapidement. Quand l’amour du mari et celui de l’épouse l’un pour l’autre se confondent et deviennent l’amour de Dieu, le mariage est une divine institution. Choisissez quelqu’un avec votre cœur. Si vous vous servez toujours de votre tête pour tout décider, vous trouverez toujours des différences, parce que l’égoïsme réside dans la tête. C’est pourquoi les amoureux s’appellent sweetheart (« cœur doux ») et non sweethead (« tête douce »). Un cœur totalement dépourvu de tête est trop émotionnel, mais que le cœur soit là en premier. Puis au nom de Dieu, unissez-vous et jouissez de cette relation. L’accouplement est partout dans l’univers – c’est une chose naturelle. Les électrons font l’amour en tournoyant autour des neutrons. Dieu est cet amour qui vous attire l’un et l’autre et qui vous pousse à donner une part de vous-même. La minute où vous êtes marié vous n’êtes plus seulement vous-même. Vous perdez votre petit soi. Vous pouvez même abandonner votre ancien nom et en prendre un autre. Mais plus vous donnez, plus vous recevez. Ne laissez pas la compétition entrer dans le mariage et vous diviser. Les mouvements de libération de la femme et de l’homme ratent le point. Ce n’est pas le Yoga. D’une certaine façon vouloir que les autres vous approuvent ou blâmer quelqu’un d’autre pour vos problèmes est une forme d’auto-condamnation. Après tout, quelle est la différence entre l’homme et la femme? Au plus quelques kilos et certaines 169
Part IV : La plus grande joie
caractéristiques physiques. A part cela ils ont le même mental, la même intelligence et la même âme. Dans le Yoga le but est de purifier le mental afin de révéler l’esprit, lequel n’est ni mâle ni femelle. Au niveau spirituel, vous vous élevez au dessus du corps et du mental. Il ne peut pas y avoir d’inégalité. Une seule et même essence apparaît comme l’homme et comme la femme. Ils s’unissent pour s’aider l’un l’autre. C’est le jeu de l’essence. Un seul et même semble se séparer, puis s’unit. C’est un jeu. Nous devrions nous rappeler que nous sommes tous le même et ne faisons que jouer dans différents rôles. En réalité, en esprit nous sommes tous mariés ensemble. Nous pouvons avoir des centaines d’époux et des centaines d’épouses. Quand nous ressentons que nous sommes l’esprit, alors le monde entier est nôtre. C’est le réel mariage. Être dévoué à Dieu ne signifie pas ignorer votre partenaire. Voyez Dieu en lui ou en elle, vous serez tous deux heureux. Si vous ne pouvez y voir Dieu, voyez au moins un compagnon qui vous est envoyé de Dieu. Respectez votre partenaire. Gagnez l’amour et l’affection de l’autre. Même si l’autre ne croit pas en Dieu ou n’apprécie pas vos pratiques de Yoga, faites juste votre partie et montrez votre amour. Remplissez vos responsabilités et donnez à l’autre beaucoup de liberté. En forçant quoi que ce soit sur quelqu’un vous gagnez juste du mécontentement et de la résistance. Soyez un bon compagnon. Par votre bon exemple votre partenaire apprendra probablement à aimer Dieu aussi. Il y aura certainement des différences dans votre mariage; sinon tout serait ennuyant. Mais vous n’avez pas à les prolonger. Rappelezvous qu’aucune querelle n’est jamais d’un seul côté. Il y a toujours du tort des deux côtés; ce n’est qu’une question de pourcentage. Même si votre faute ne s’élève qu’à 20 pour cent, n’attendez pas que l’autre corrige les 80 pour cent. Si vous pensez « pourquoi ne change-t-il pas le premier? », alors vous n’êtes pas un Yogi. Si vous voulez être en paix, admettez votre faute. Allez et dites : « Je suis désolé. Je t’ai peut-être provoqué par mon erreur. » C’est comme deux paumes se frappant l’une contre l’autre. Il n’y a pas de bruit sans que toutes les deux viennent ensemble. L’une pourrait bouger lentement et l’autre rapidement. Une main pourrait dire : « Je 170
33. La voie du mariage
me tenais juste là. Je n’ai même pas fait un pas. L’autre est venue et m’a frappée. » Mais pourquoi ne pouvez-vous pas vous reculer? C’est simple. Vous n’avez pas à être buté. Quand il y a deux egos qui se projettent, il y aura conflit. Au moins un des deux devrait se calmer et admettre sa faute – si petite soit-elle. Peut-être qu’à ce moment l’autre ne sera pas capable de l’accepter. Alors laissez simplement. Éloignez-vous calmement de la situation. L’autre s’assoira et pensera : « Que se passe-t-il? Chaque fois que je deviens violent, elle semble être très calme et tranquille. Je ne peux pas continuer comme cela. » Chacun a ce bon cœur à l’intérieur. « Chérie, je suis désolé dira-t-il. « J’étais un peu énervé au bureau. » Cela arrive souvent. Vous vous emportez là où il n’y a pas d’échappatoire à votre colère, alors vous rentrez à la maison et vous vous déchaînez. En tant que couple, l’un devrait servir d’échappatoire à l’égoïsme, à la colère ou au déchaînement de l’autre. De cette façon vous pouvez vous aider mutuellement. Mais cela demande beaucoup de courage. Si vous n’avez pas encore ce courage et cette force pour garder votre paix, alors sortez temporairement, remettez-vous et ensuite rencontrez-vous. J’ai vu beaucoup de cas dans lesquels en gardant une belle attitude un partenaire a gagné l’autre. Comme tout le monde a un bon côté, vous pouvez toujours le toucher si vous avez de la patience. Vous n’avez pas toujours à vous séparer s’il y a une difficulté chez vous. Les gens se mettent en colère quand l’un d’eux se montre égoïste, pensant : « Je veux ma part. » Quand cet égoïsme vient, même le plus beau couple amoureux ne peut plus s’aimer. N’attendez pas que l’autre donne avant de donner. Allez-y le premier; au moins vous trouverez la paix. Alors au moins cinquante pour cent de la famille a trouvé la paix. Si votre compagnon dit qu’il vous hait, demandez : « Pourquoi veux-tu me haïr? Est-ce que cela te rend heureux? D’accord, si tu peux être heureux en me haïssant, alors fais-le, parce que je t’aime. » Faire cela demande vraiment beaucoup de courage. La haine n’éliminera pas la haine. Vous ne pourrez jamais porter quelqu’un à vous aimer en le haïssant. Ne rendez pas la pareille. Que votre nature soit de donner et d’aimer. C’est l’amour de Dieu, un épanchement 171
Part IV : La plus grande joie
sans espérance de quoi que ce soit en retour. L’amour ne connaît nul marchandage – il ne fait que donner et donner encore. C’est ce qui est appelé l’amour universel. Une fois un homme allait se laver à la rivière qui était en crue. Alors qu’il se baissait il vit un scorpion emporté par l’inondation et s’en apitoya. Il étendit sa main et écopa le scorpion hors de l’eau. Mais en faisant cela, celui-ci le piqua. Par réflexe il secoua sa main et le scorpion retomba dans l’eau. A nouveau il s’apitoya : « Je suis désolé. Non, tu ne peux mourir. » Il le sortit de nouveau. Une autre piqûre. La main se secoua. A nouveau le scorpion tomba dans l’eau. L’homme se pencha pour le prendre encore une fois. Son ami, qui se tenait derrière lui observant tout, dit : « Espèce de fou. Chaque fois que tu le ramasses, il te pique. N’as-vu donc aucun bon sens? —Je ne sais pas. C’est ma nature de ressentir pour quelque chose et, si possible, de le sauver. » —Mais ne sens-tu pas le scorpion te piquer? » —Que puis-je faire? C’est sa nature. Je ne puis la changer. Et de la même façon, tu ne peux changer ma nature. » Il ne haïssait pas le scorpion de le piquer parce qu’il comprenait sa nature. Même si parfois vous vous faites piquer, continuez à donner. Même si vous vous querellez chez vous, montrez de bons exemples en donnant et vous comportant selon le Yoga. Faites réaliser à l’autre les bienfaits par votre propre vie. Si cela échoue et que votre partenaire ne reconnaît pas les bienfaits, il n’y a aucune raison à ce que vous viviez ensemble avec des sentiments négatifs. Une compréhension mutuelle vous a unis. Si les esprits ne s’accordent pas, pourquoi rester ensemble à vous battre constamment? Après tout, qu’est le mariage? Se marier ne signifie pas simplement signer un bout de papier. Si vous avez des buts différents, vous n’êtes pas mariés. Vous devez avoir un but dans la vie – deux corps, mais un mental, comme les deux ailes d’un même oiseau ou les deux rames d’un même bateau. S’il n’y a pas cela, et qu’il n’y a pas d’enfants dont vous pourriez affecter le développement par une séparation, alors parlez-en et d’une façon amicale dites : « Nous semblons avoir des buts différents dans la vie. Tu es intéressé(e) par cela, alors va l’expérimenter; laisse-moi expérimenter ceci. » 172
33. La voie du mariage
Il n’y a rien de mal à cela. Il n’y a pas d’obligation qui vous demande d’être ensemble quand le but n’est pas le même. Mais essayez d’abord de vous rapprocher en inspirant l’autre. Si tout échoue, votre conscience peut dire : « Oui, j’ai essayé de mon mieux. » Si vous savez que vous ne pouvez rien faire de plus, sauvez d’abord votre âme. Toutefois, quand des enfants sont impliqués, je ne suis pas favorable à la rupture du mariage. Si vous aimez vos enfants, restez ensemble – au moins jusqu’à ce qu’ils soient grands. Jusqu’à ce que la tâche d’élever vos enfants soit achevée, vous avez un contrat. Les enfants – non les tribunaux – devraient être assez grands pour autoriser votre divorce. En même temps, si vous avez vraiment un trouble constant ensemble – qui rendra les enfants malheureux – alors quelquefois il pourrait être préférable de se séparer. Mais sachez que vous ne pouvez pas vraiment remplacer la mère et le père, et que ce sera une déception dans le mental de l’enfant. Ne pensez pas que juste parce que vos buts sont différents vous deviez toujours courir après le divorce. Vous pouvez en discuter. Le fait que vous soyez encore ensemble signifie qu’il y a encore de l’amour pour l’un et l’autre, mais vos intérêts peuvent être différents maintenant. S’il en est ainsi, parlez calmement et dites : « D’accord, nous allons temporairement rester éloignés l’un de l’autre. » Beaucoup de problèmes sont résolus avec le temps si vous restez séparés pendant une période, parce que quelquefois quand vous êtes constamment face à face l’un et l’autre chaque chose futile crée plus de tension. Une séparation temporaire calmera les choses. Vous aurez l’occasion de penser à toutes les belles choses que vous aimiez tous deux, et la plaie guérira. N’oubliez pas que le mariage est pour donner, non pour obtenir. C’est une voie de progrès rapide pour réaliser Dieu. Que vous soyez moine ou homme d’affaires, docteur, poète ou amoureux, vous pouvez mener une vie spirituelle en dédiant votre vie. Si vous êtes dédié à votre épouse, à votre famille, vous êtes une personne dédiée. Ne demandez pas constamment des choses aux membres de votre famille. Vous n’avez pas une famille pour votre propre plaisir, mais pour les servir tous. Si vous êtes un époux, vous devriez penser à vous-même comme le serviteur de l’épouse. Vous êtes le protecteur et le gardien de l’épouse. Si vous êtes 173
Part IV : La plus grande joie
l’épouse, vous devriez penser que vous êtes la servante de l’époux. Mais au lieu de cela il semble que nous demandions toujours : « Je suis ton mari. Il me faut ceci », ou « Je suis ta femme; tu dois me donner cela. » Est-ce pour cela que vous vous êtes mariés? Pour obtenir? Non, c’était pour donner.
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34. La sexualité Chaque particule est un aimant. Même un atome a des charges positive et négative, un pôle nord et un pôle sud. Un aimant puissant signifie un courant puissant. L’aimant puissant retient sa puissance parce qu’il ne perd pas son magnétisme. Le corps humain est aussi un aimant. Par une vie appropriée vous pouvez retenir le magnétisme dans votre corps – qui est exprimé sous forme de personnalité dynamique. Si vous réservez votre énergie et faites attention à ne pas la dissiper inutilement, vous deviendrez un aimant puissant. La capacité de faire cela est disponible à tout le monde. C’est votre droit de naissance. Soyez conscient de la vitalité que vous dépensez dans vos actions. Selon les écritures yogiques, il faut soixante parcelles de nourriture pour produire une goutte de sang, et soixante gouttes de sang pour une goutte de sperme. Si vous le conservez, vous gagnez en vitalité. Plus vous en sauvez, plus vous bénéficiez. Conservée et convenablement transformée, l’énergie séminale vous donne une aura de vitalité. Cette énergie est diffusée à travers le corps qui commence à resplendir. Vous pouvez parfois voir le corps astral autour d’une telle personne. Cette aura montre la pureté et la beauté du mental. Quiconque préserve cette énergie vitale aura ce resplendissement ou ce magnétisme personnel. Ils n’auront pas besoin d’arrangement ou de maquillage pour attirer les autres; tout ce qu’ils ont à faire est de décider de ne pas perdre leur énergie. Une sexualité modérée ou occasionnelle ne dépense qu’une partie de votre énergie vitale et est facilement remplacée. Il n’y a pas de péché dans le sexe. Le plaisir entre les deux sexes est bon, il fait partie de la nature. Dieu créa cette inclination. S’il y a un péché, c’est d’en abuser. Dans le Yoga la clé est la modération de pensée, de parole et d’action – incluant le sexe. Sans limite, même le nectar devient poison. Jouissez bien de la vie, mais ne vous y empêtrez pas. Pour jouir de la vie, vous devez avoir un peu de limite. Parfois les gens comprennent et pensent que le Yoga ne préconise pas le sexe. Il n’en est pas ainsi. Le Yoga enseigne la voie du milieu. Le Yoga n’est pas 175
Part IV : La plus grande joie
pour la personne qui ne dort jamais ou qui dort trop, ni pour celui qui jeûne toujours ou qui festoie toujours. Sur la voie du milieu, vous vous amuserez vraiment. Si vous ne mangez pas depuis le matin jusqu’à midi, vous apprécierez sûrement votre déjeuner. Mais si vous grignotez continuellement, vous n’apprécierez pas le repas. C’est pareil avec le sexe. Bien fait, cela devient divin. Dans la vie familiale le sexe peut devenir un genre de service ou de cérémonie. Les gens de famille qui vivent une belle vie de service envers l’autre et envers le monde entier, ne perdront rien par cette union. Bien sûr, en même temps ils ne peuvent pas vivre comme des moines – sans responsabilités personnelles. Beaucoup de prêtres, de nonnes et de moines prononcent des vœux de célibat. Normalement c’est compris comme signifiant l’abstinence de tout acte sexuel. Mais dans le Yoga le célibat n’est pas simplement pratique pour conserver l’énergie séminale. Le célibat de prêtre libère ces gens d’obligation personnelle, ce qui les aide à rester complètement neutres et ainsi plus capables de servir tout le monde sans aucune partialité. Les moines du Yoga deviennent automatiquement célibataires quand ils ont une soif de connaître le Dieu absolu, et ressentent que pour faire cela ils doivent s’élever audessus du corps physique et des sens. Ils ne rabaissent pas la soif sexuelle pour marcher dessus – le refoulement sexuel étant dangereux. Ce sont plutôt des gens qui sont totalement intéressés à Dieu et qui ne prennent pas le temps de penser à quoi que ce soit d’autre. Le mariage permet de limiter la sexualité. Si vous avez un désir sexuel et trouvez qu’il ne se dissout pas simplement par votre pensée, vous devriez alors trouver un(e) partenaire ayant les mêmes buts et vous marier. Bien sûr, vous pouvez toujours avoir une sexualité et des bébés sans mariage ni papiers légaux. Mais si vous dites publiquement : « C’est ma femme, je suis marié avec elle », et qu’elle dit pareil, cela aide. Si vous ne faites pas cela, vous pourriez aller avec une personne un jour, avec une autre le jour suivant et encore une autre le troisième. Vous n’aurez plus de limites. Votre mental s’échappera constamment, à la recherche d’autres expériences. Faire publiquement un vœu de mariage force votre orgueil à vous aider à éviter l’abus. 176
34. La sexualité
L’homosexualité n’est pas un péché. En fait, la condamner comme tel est bien pire : la condamnation elle-même est presque un péché. Selon les Écritures, Yogaha karmasu kausalam, ce qui signifie : « le Yoga est la perfection en action. » Or, qu’est-ce qu’un acte parfait? C’est un acte qui ne nuit à personne et qui profite à au moins une personne. Si vous suivez cette règle, vous êtes un yogui. Par conséquent, si deux personnes vivent ensemble, ne créant nul problème à euxmêmes ou à autrui, tout est parfait. Laissez-les être heureux! Les émissions nocturnes viennent du mental. Si le mental comprend la situation, vous pouvez facilement tout éviter. Mais si le mental court toujours après quelque chose et que vous ne pouvez pas le satisfaire physiquement sur le plan éveillé, alors il courra après sur le plan des rêves. Quand le mental veut une satisfaction et que le corps physique refuse de coopérer, il se sert du corps astral, ce qui est la raison des émissions nocturnes : vous n’avez pas de sexualité physiquement, mais vous courez après mentalement. C’est même probablement pire pour vous que la relation physique que vous évitez. C’est comme de mettre les gaz tout en appuyant le pied sur le frein. Vous pouvez abîmer le moteur de cette façon, et c’est pour cela que beaucoup de gens font de la dépression. Il vaut mieux vous permettre parfois d’avoir quelque chose que vous voulez constamment, au lieu de toujours vous contenir physiquement. Vous pouvez aussi éviter les émissions nocturnes en vous assurant que votre dernier repas soit bien digéré avant d’aller au lit. Quand l’estomac est léger, vous n’avez jamais de rêves lourds ou ce genre d’émission. Avant d’aller dormir, évitez de lire des romans ou de regarder des films ou la télévision qui vous stimuleront, sinon il s’en suivra que pendant votre sommeil, vous essaierez de revivre tout cela intérieurement. Surveillez vos associations mentales. Avant de dormir, lavez bien votre corps, changez les draps et rendez tout aussi propre et pur que possible. Vous pouvez aussi éviter facilement ces émissions si vous vous levez entre trois heures et demie et six heures du matin, comme cela arrive habituellement à cette heure. Toutes ces recommandations sont utiles. Mais sachez que vous pouvez avoir parfois une émission sans accompagnement de rêve. Dans ce cas, il n’y a pas du tout de mal, c’est juste dû à l’age. Ce n’est pas exactement 177
Part IV : La plus grande joie
du fluide séminal. Il n’y a pas de vraie perte, oubliez cela tout simplement. N’ayez pas peur de la sexualité. L’affection physique ne va pas nuire à votre pratique du Yoga. Tant que vous êtes marié(e) vous avez encore certains devoirs. Ne faites pas que réprimer ou refuser l’autre personne. Si votre partenaire semble trop demander, vous pouvez en discuter. Si vous voulez effectuer quelques changements dans votre relation sexuelle, ils doivent se produire avec la compréhension et le consentement des deux côtés. Employez un peu les concessions mutuelles, ne blessez pas l’autre personne. Jusqu’à ce que vous sachiez si vous pouvez bien vous accorder l’un avec l’autre, ne soyez pas pressés d’avoir des enfants. Le monde est plein d’enfants à présent. Vous devriez tous deux penser que vous allez créer un merveilleux saint. Sinon, allez acheter un ours en peluche. Mais si vous n’êtes pas prêt pour un enfant, vous devez utiliser une forme de contrôle des naissances. La meilleure méthode de contrôle des naissances est le contrôle du mental, mais si vous ne pouvez pas encore contrôler votre mental alors un moyen artificiel devrait être employé – bien qu’il y ait probablement des effets secondaires. Essayez de ne pas prendre de produits chimiques qui arrêteront vos hormones et affecteront graduellement votre organisme. Utilisez une autre méthode. Un diaphragme n’empoisonne pas l’organisme. Tout artificiel que ce soit, c’est bien meilleur que des produits chimiques. Mais n’ayez pas l’impression qu’en utilisant des moyens de contrôle des naissances vous avez la pleine permission d’abuser – soyez toujours modéré(e). Il n’y a rien de mal dans la passion physique, mais cela ne devrait pas seulement satisfaire la chair. Çà devrait être une expression de l’amour intérieur pur et sincère. Sinon, c’est seulement mécanique et ne durera pas longtemps – seulement jusqu’à ce que le corps commence à vieillir un peu. Une telle passion est de l’amour intéressé. Si vous aimez juste pour la joie d’aimer, cela ne s’arrêtera pas. Vous pouvez aimer tout un chacun avec cet amour pur. Mais si vous n’aimez qu’en attendant quelque amour en retour, avec le temps vous serez sûrement désappointé. Apprenez à aimer sans essayer d’en faire toujours une sorte de marchandage. 178
34. La sexualité
Nous ne sommes pas toujours obligés d’exprimer notre amour physiquement. Naturellement c’est bien de se serrer et de se toucher l’un l’autre pour montrer l’affection, mais nous pouvons apprendre à exprimer l’amour d’autres façons. Au téléphone nous ne voyons même pas l’autre personne, nous n’entendons que leur voix et pourtant nous ressentons l’amour. Toute action n’a pas besoin d’aboutir à une expression physique, laquelle est souvent plus lourde. Nous pouvons apprendre à utiliser des facultés plus subtiles. Quelquefois un sourire est suffisant. Entraînez-vous à exprimer l’amour d’autres façons. N’employez pas toujours une petite tape, une étreinte ou un baiser. Se toucher et s’étreindre amène d’autres impulsions auxquelles vous ne voudrez peut-être pas avoir affaire chaque fois. Nous devrions avoir un peu de contrôle. Nous ne sommes pas juste des animaux. Les gens sortent sur rendez-vous mutuel, disentils, parce qu’ils veulent arriver à connaître l’autre personne. Mais une chose conduit à une autre. Habituellement je dis aux jeunes gens, si vous voulez être purs jusqu’à ce que vous choisissiez le bon partenaire, restez à l’écart de tous ces rendez-vous. Il y a quelques années, beaucoup de jeunes ne croyaient même pas au mariage ou à vivre avec une seule personne. Ils voulaient avoir des rendez-vous avec tout le monde. Maintenant beaucoup de gens sont convaincus que ce n’est pas une vie convenable. Je ne dis pas aux gens d’arrêter de faire quelque chose, mais je montre bien comment cela les affectera. Les gens qui continuent à avoir des rendez-vous disent d’une certaine façon qu’ils veulent continuer à « essayer » quelqu’un complètement. Bien sûr vous ne pouvez pas juste aller et donner votre main à quelqu’un sans le connaître. Mais connaître est dans le mental et le cœur. C’est comme acheter une pomme – vous pouvez aller au magasin, la prendre, la regarder, sentir son bon arôme et, si le prix est convenable, l’acheter. Mais vous ne pouvez tout d’abord la croquer. Il y a une limite pour connaître. Sinon, vous êtes si souvent croqué(e), qu’en vous décidant de vous donner, que verra l’autre personne? Une pomme croquée. Attendez jusqu’à ce que vous connaissiez les qualités et le caractère de l’autre. Voyez si celui-ci court après vous pour votre portefeuille ou votre beauté. Analysez tout. Et si vous êtes vraiment satisfait(e), alors dites : « Je suis content(e). Tu es la 179
Part IV : La plus grande joie
bonne personne pour moi. Voilà, je me donne à toi. » C’est la vraie vie conjugale. Essayez d’avoir ce contrôle au préalable. Si quelqu’un dit juste vouloir mieux vous connaître, c’est souvent une excuse pour satisfaire les sens. Ne vous amusez pas sexuellement de tous côtés. Cela ne mène qu’à des problèmes et crée beaucoup de tension. Parfois vous ruinez la vie d’une autre personne venant en ce monde. Combien il y a déjà de mères non mariées et de bébés sans père – et d’avortements! Mais je crois que s’il vous arrive de devenir enceinte, il vaut beaucoup mieux avoir l’enfant et le donner à une maison d’adoption plutôt que d’avoir un avortement. Je sais que c’est difficile dans une culture qui vous tente constamment. La vie en est réduite à un niveau de pensée constamment au plan physique. Tout est sexe ou violence – dans les films, même dans les publicités. Pour vendre un pot d’échappement ou une voiture il y a toujours quelqu’un en bikini, disant :« Achetez cela maintenant. » C’est terrible la façon dont le sexe est utilisé pour tout et n’importe quoi. Les gens font mauvais usage de la beauté physique. Vous les femmes qui insistez sur l’égalité ne devriez pas leur laisser faire cela. Ils veulent vous vendre. Vous y consentez quand vous leur vendez votre beauté pour lancer leurs produits. Ce n’est pas l’âge d’Adam et Ève. Ne soyez pas si directes en exposant tout. Les femmes semblent plus le faire que les hommes. Malheureusement, les Adams sont attirés. Cela n’est pas réellement votre beauté. Laissez les gens reconnaître la beauté de votre caractère. Il y a des milliers de cosmétiques qui sont venus vous tenter, vous tromper et vivre à vos dépens. Si vous cessez d’accéder à la beauté cosmétique et révélez plutôt votre beauté cosmique, beaucoup de ces sociétés fermeront. Si vous modelez votre beauté physique et vous exposez, vous créez des problèmes. Dans la Bhagavad Gita, Arjuna dit au Seigneur Krishna : « Si les femmes perdent leur vertu, toute la culture disparaît. » Les femmes sont les piliers de certaines vertus. Elles sont les shaktis, la force. De nos jours les femmes veulent tout faire, même pendant la période menstruelle quand le moindre toucher peut agiter toutes leurs sensibilités. A ce moment tout le corps est vidé de son énergie. Des changements glandulaires se produisent et l’impulsion sexuelle est un 180
34. La sexualité
peu plus prédominante, il est donc facile de troubler l’organisme physique. Dans les temps anciens les femmes étaient dégagées des devoirs domestiques et du contact physique avec les hommes pendant cette période. Aujourd’hui les gens ont les mêmes sensibilités, mais ne sont pas si prudents. Je ne dis pas que les femmes devraient aller à des extrêmes d’isolement comme dans le passé, mais elles peuvent se reposer et ne rien forcer. De même les relations sexuelles ne sont pas conseillées pendant cette période. Et puis il est également préférable de réduire la pratique des positions de Yoga. Mais ne pensez pas que les asanas et les pratiques respiratoires du Yoga affecteront défavorablement un jour votre sexualité. En fait ces pratiques sont utiles pour régulariser l’intérêt sexuel, lequel à la base ne provient pas du corps mais du mental. Je recommande la pratique des asanas afin que de tels désirs ne vous assaillent pas tout le temps. Par contre vous pouvez les utiliser quand vous voulez. La faim sexuelle est comme toute autre chose naturelle. Quand vous avez faim, vous mangez. Quand vous avez sommeil, vous dormez. L’abus est la seule chose à éviter; en tant que yogis vous pouvez avoir un meilleur contrôle sur votre vie sexuelle.
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35. Les relation parents-enfants Les Écritures tamoules disent que le meilleur cadeau que les enfants peuvent donner à leurs parents est de les exceller. Les parents qui ont vraiment des enfants dévoués sont fortunés. Quelle autre richesse pourraient-ils vouloir? Selon le sage et poète Thiruvalluvar, le devoir des parents est d’élever leurs enfants avec de si grands modèles qu’à toute réunion les enfants soient priés de prendre la première place où ils peuvent communiquer de belles pensées aux autres. Les parents doivent veiller à ce que leurs enfants reçoivent la connaissance pour être de bonnes gens et des leaders. S’ils aiment réellement leurs enfants, ils leur montreront la voie. En retour, les enfants ont le devoir de susciter l’admiration pour leurs parents. Les gens devraient dire : « Quelles grandes prière et pénitence les parents doivent avoir accomplies pour élever un enfant comme celui-ci. » A travers les enfants, la mère et le père sont loués. Il n’est pas facile d’élever un enfant. Plus que tous les conforts matériels, il est plus important de donner aux enfants la connaissance juste. Ils ont besoin de savoir comment vivre une vie de joie et de paix. C’est ce que les parents devraient donner – pas seulement des choses qui les rendent mous et gras. Les parents devraient transmettre la connaissance acquise par leurs propres expériences de la vie. Partager cette connaissance de base est certainement plus utile que tous les objets de luxe. Combien d’enfants sont gâtés avec des cartes de crédit? Leurs parents leur donnent de l’argent et des grosses voitures alors que ceuxci ne savent même pas où ils vont ni ce qu’ils font. Peur-être ont-ils employé un ou deux serviteurs pour s’occuper de l’enfant quand il est arrivé et lui ont-ils donné des conforts matériels : de beaux vêtements et tout l’argent de poche qu’ils voulaient. Ce n’est pas la manière d’enseigner aux enfants. Quand ils sont inexpérimentés et encore en train d’apprendre, on ne devrait pas leur laisser la liberté d’accumuler toutes sortes de difficultés. Les enfants soi-disant « libres » sont par la suite sur le carreau et ne peuvent sortir de la confusion. Ce n’est qu’au moyen d’une réelle compréhension qu’‘ils apprendront à vivre 183
Part IV : La plus grande joie
paisiblement. Pour éduquer l’enfant convenablement, les parents doivent être affectueux, mais stricts et fermes. La compétition entre les enfants est également malsaine. Les systèmes scolaires se trompent quand ils forcent les enfants à concourir pour les diplômes. Ce n’est pas enseigner aux individus. Les enseignants devraient connaître chaque étudiant et enseigner en conséquence. L’octroi de diplômes cause beaucoup de désappointements, d’anxiétés et de tensions. Certains enfants ont même commis un suicide à cause de leurs mauvaises notes. La compétition commence souvent à la maison en comparant un enfant avec un autre ou en faisant faire quelque chose à l’un d’eux en lui offrant un bonbon ou autre chose – comme un appât pour un animal. Les enfants ne devraient pas être traités de cette façon. Traitez plutôt chaque enfant à son propre niveau. Donnez-lui confiance. Montrez-lui que les jeux de la vie sont gais, et non pas une question de l’emporter sur l’autre personne. Sinon vous créez la rivalité et la jalousie. Enseignez d’une façon douce. Vous pouvez toujours dire :« Tu es merveilleux comme tu es. C’est très bien. Tu n’as pas besoin de copier l’autre personne. » Les enfants élevés dans un environnement compétitif recherchent encore la paix. Ceux à qui tous les conforts matériels ont été donnés savent vite que cela ne les a pas rendu tranquilles. Beaucoup d’entre eux sont malheureux et cherchent partout. Tellement de parents se lamentent que leurs enfants courent après les drogues ou d’autres croyances religieuses. Mais ils ne réalisent pas que l’amour qu’ils ont donné par les possessions matérielles ne reflétait pas une bonne compréhension. Les enfants sont encore à la recherche de ce qu’ils n’ont pas trouvé chez eux. Quel est le but d’utiliser des drogues? Pendant un temps beaucoup de jeunes gens pensaient – et certains le font encore – qu’avec des drogues ils pouvaient trouver cette paix ou tranquillité. Leur motivation était authentique. Ils disaient « je veux planer », ce qui signifiait vraiment qu’ils voulaient expérimenter la tranquillité. Mais malheureusement, en cet âge de l’espace les gens veulent tout rapidement. Ils n’attendent rien. Particulièrement en Occident, ce sont les communications rapides, le déplacement rapide, la cuisine 184
35. Les relation parents-enfants
rapide et le repas rapide. Les gens ne prennent même pas le temps de cuisiner doucement en ajoutant une à une les bûches de bois dans le feu. Tout cela est du passé. Maintenant c’est : achetez un sachet, jetezle dans de l’eau bouillante, sortez-le et mangez – terminé! Peut-être même que le sachet lui-même est comestible. Tout est si rapide : thé instantané, café instantané, petit déjeuner instantané. Pourquoi pas le samadhi instantané? Naturellement, c’est ce qu’ils voulaient, produire cette tranquillité instantanée. Ils entendirent parler de ces drogues et voulurent essayer innocemment, ne sachant pas que cela allait les perturber. Ils n’étaient intéressés que par cette paix. Mais beaucoup d’‘entre eux sont des gens intelligents. Quand ils se rendirent compte que cela n’allait pas être durable et réel, ils l’ abandonnèrent. Ils le firent à cause de leur propre conviction, non à cause de quelques lois gouvernementales; aucune loi n’aurait pu les stopper. Beaucoup se sont aussi tournés vers les croyances religieuses orientales pour les mêmes raisons – chercher cette paix. En fait il n’y a rien de nouveau dans les religions orientales. Je suis navré de dire que beaucoup de jeunes gens ne semblent pas trouver la tranquillité chez eux. Ne pensez pas que c’est la faute de leur propre religion. C’est habituellement cause par les soi-disant enseignants religieux – et l’hypocrisie à la maison. Alors qu’ils grandissent aujourd’hui, les enfants voient une lutte constante entre différentes religions – même entre différentes dénominations dans la même religion. Des gens qui suivent le même prophète ou qui utilisent le même livre saint luttent les uns contre les autres. Bien sûr les enfants sont perplexes : « Qu’est-ce que cela? Ils parlent de Dieu, pourtant ils se battent les uns contre les autres. Si leur discours sur la sainteté, la religion et Dieu doit aboutir à plus de lutte, alors nous n’en voulons plus. » Si davantage de vies sont détruites au nom de la religion et de Dieu que par les autres guerres, pouvonsnous blâmer les enfants de ne pas vouloir ce genre de religion? Nous n’avons pas réussi à leur montrer de meilleurs exemples. En tant que parents il se peut que nous suivions Jésus ou Moïse. Mais après avoir été à l’église ou à la synagogue, nous revenons et faisons des choses contraires à leurs enseignements mêmes – avec le marché noir, l’exploitation et sans traiter d’une manière égale les 185
Part IV : La plus grande joie
gens en les divisant au nom de la race, de la religion, de la couleur, de la communauté ou de la caste. Si nous disons pendant l’office qu’il n’y a qu’un Père dans les cieux et que nous sommes tous Ses enfants, et puis rentrons chez nous et évitons certaines gens parce que nous avons l’impression qu’ils sont différents, nos enfants voient cela. Et ils sont très intelligents à cet âge. « Papa, si c’est ce que tu fais au nom de la religion, pourquoi veux-tu que je te suive à l’église? » Ils ne sont pas hypocrites. Naturellement, s’ils sont désappointés sur quelque chose, ils cherchent la paix ailleurs. Ils ne devraient pas penser qu’aller en Orient sera complètement le paradis ou que tout le monde y est un saint ou un Yogi. C’ en est loin. Chaque religion a sa porte de derrière. Les gens sont partout des gens. Il y a à la fois les bons et les mauvais, les évolués et les moins évolués. Et partout – en Orient et en Occident – il y a des gens qui ont l’amour universel. Rappelez-vous par exemple, Martin Luther King, qui donna sa vie pour un principe, et le Mahatma Gandhi. C’est ce qui inspire les enfants modernes et c’est l’une des raisons pour lesquelles nous voyons tellement de centaines de milliers d’entre eux dans le Yoga. Ils essaient de devenir des gens meilleurs. Le Yoga n’est pas une religion, mais il peut vous aider à comprendre votre propre religion en montrant ce qui est fondamental dans toutes les grandes religions. Beaucoup de jeunes gens qui avaient perdu leur foi et délaissé leurs propres traditions sont allés vers le Yoga et retournent à présent chez eux, dans leurs synagogues et leurs églises. Ils ont commencé à relire leurs livres saints. « Avec le Yoga, disent-ils, j’ai compris ma propre religion. » C’est un peu une clé maîtresse pour ouvrir votre propre religion et vous révéler ses trésors. Vous pouvez vous en servir et tout ouvrir avec. Parfois les parents ne veulent pas que leurs enfants pratiquent le Yoga, mais ensuite quand ils voient se produire les beaux changements, ils deviennent eux-mêmes intéressés. Une fille vint me voir un jour et dit : « Je pars en Californie. —Que s’est-il passé à votre collège? lui ai-je demandé. —Oh, cela ne m’intéresse pas. Je veux juste partir et expérimenter la vie. 186
35. Les relation parents-enfants
—Comment irez-vous là-bas? —Eh bien, mes parents me prendront un billet et me donneront un peu d’argent, et je partirai. —Que ferez-vous? —Je vivrai juste avec mon petit ami. J’habiterai là-bas pendant deux ou trois mois, expérimenterai tout. —Oh, je vois, très bien, mais pourquoi êtes-vous venue vers moi? » Il semble qu’elle voulait que j’en parle à ses parents qui me connaissaient également. J’ai dit : « D’accord, appelez-les. » Elle a appelé ses parents devant moi et je leur ai dit : « Voilà ce que j’ai entendu de votre fille. Cela veut dire qu’elle n’a pas besoin de votre conseil ou de votre expérience à la maison. Elle veut juste avoir sa propre expérience. Laissez-la partir. Mais ne lui donnez pas de billet ou d’argent, pas même un centime. Demandez-lui simplement de partir tout de suite. Ne la laissez même pas revenir chez vous. » « C’est cela que vous leur dites? » —Eh bien, mon enfant, vous ne voulez pas leur conseil. Vous voulez votre propre expérience – à leur frais. Pourquoi devraient-ils vous nourrir et vous donner de l’argent? Si vous voulez leur argent, vous avez encore besoin de leur aide et devez les écouter. Si vous vous en moquez, ne prenez rien. —Je ferais mieux d’y réfléchir. —Réfléchissez bien. Où voulez-vous aller pour réfléchir? —Puis-je venir et passer quelque temps à l’Ashram? —D’accord, je vous donnerai une semaine. » Elle est venue passer quelque temps à l’Ashram et après une semaine elle a dit : « J’aimerais aller parler à mes parents. —Certainement, allez-y. » Elle rentra chez elle et ce fut la fin de la Californie. Elle retourna au collège, passa avec de bons certificats et est une fille merveilleuse. Quelquefois les parents ont besoin d’être stricts sur ces choses. Si les enfants ne veulent plus leur conseil, alors il n’y a pas de responsabilité entre les parents et les enfants. Mais s’ils veulent encore l’argent, dites :« Non. Désolés, nous n’allons pas te le donner pour que tu partes et fasses tout ce que tu veux. Si tu veux tout expérimenter, la porte est ouverte. Quand tu auras eu toutes les expériences, si tu veux revenir, 187
Part IV : La plus grande joie
fais-nous le savoir. Tu seras encore la bienvenue. Mais nous ne te donnerons pas l’argent pour revenir. Il te faudra revenir jusqu’à la porte par toi-même. » Beaucoup d’enfants n’aiment pas leurs parents. Peut-être ont-ils de bonnes raisons. Mais peu importe combien mauvais sont la mère ou le père, il y a encore certains devoirs ou dettes à payer, parce que votre corps fut fourni par eux. En quelque sorte, votre corps appartient à vos parents. Combien de nuits votre mère a-t-elle veillé et combien de milliers de coups a-t-elle endurés pendant que vous étiez dans sa matrice. Elle a éprouvé beaucoup de souffrance durant sa grossesse, mais elle acceptait tout pour amener une âme méritoire ici-bas. « Il n’y a pas de meilleur temple que la mère, disait la sainte poétesse Avaayar. » Les parents donnent à chaque enfant une occasion d’expérimenter la vie dans ce corps afin de connaître la vérité. Il est vrai que certains parents ne veulent pas avoir d’enfant, et quand il arrive ils ne s’en occupent pas. Ils s’occupent mieux de leurs plantes et de leurs animaux que de leurs enfants. Quand l’enfant vient ils lui montrent seulement une bouteille et ne lui donneront même pas le lait qui est fait pour lui. La minute où Dieu aida l’âme à entrer dans la matrice, sans même que personne ne le demande, Il créa aussi le lait dans le sein de la mère pour l’enfant. La Mère suprême pense à tout. Dès que vient l’enfant, le lait est prêt. Mais de nos jours, au nom d’une médecine moderne, les deux ou trois premiers jours le lait de la mère est tiré. On ne laisse pas le bébé le boire parce qu’il est caillé, disent-ils. Mais ce lait caillé est très important. Si Dieu voulait que le bébé boive un autre lait, Il lui aurait donne un lait pur immédiatement. Le lait caillé agit comme un laxatif, lequel élimine toute la matière fécale desséchée dans les intestins de l’enfant. Le premier ou les deux premiers jours, l’enfant devrait boire ce lait. Je dis aux mères, si vous voulez réellement appeler quelqu’un votre enfant, conduisez-vous comme une mère. Ne volez pas ce qui est la propriété de l’enfant. Le lait appartient à l’enfant – pas même à vous ou à votre mari. Beaucoup de mères refusent de donner ce lait que Dieu a créé pour le bébé, parce qu’elles ont l’impression qu’elles vont perdre leur beauté. Vous appelez cela de la beauté? Qui veut votre beauté alors? Ce n’est pas une belle pensée et c’est probablement la 188
35. Les relation parents-enfants
raison pour laquelle, après quelque temps, tout ce qu’elles ont volé au bébé et garde pour elles-mêmes créé un cancer. Refuser son bien propre à un bébé innocent est un péché. Mère Nature sait comment punir. Si vous violez une des lois de Dieu, vous souffrez. Vous ne pouvez y échapper. Vous pouvez échapper à la loi de l’homme, mais jamais à celle de Dieu. Je ne veux pas peindre une image dangereuse de Dieu. Dieu n’est pas là pour punir. Mais vos propres erreurs vous punissent. Si vous mettez vos doigts dans le feu, cela brûlera. Vous êtes la cause de votre souffrance – pas Dieu. Ne dérobez pas à l’enfant la nourriture que Dieu lui a préparée. Le sein nourrit. Malheureusement certains parents sont égoïstes, même violents. Mais tant que l’enfant vit encore chez eux et est nourri par eux, alors il y a encore un devoir envers eux. Dans de tels foyers les enfants devraient apprendre à vivre avec leurs parents par une bonne compréhension. Les représailles rendent les choses pire tout simplement. Même s’il se trouve que l’enfant a la capacité d’enseigner, il n’est pas facile pour les parents d’apprendre de leurs enfants. C’est seulement s’ils demandent l’opinion de leurs enfants qu’ils sont ouverts pour apprendre. Si vos parents sont très égoïstes, n’essayez même pas de les conseiller. Tant que vous recevez d’eux de la nourriture, de l’argent et des vêtements, vous devez les écouter. Tant que l’enfant veut l’aide des parents, la relation enfant-parent est là. Mais s’ils continuent à obstruer votre voie et ne vous laisseront rien pratiquer pour vous améliorer, ou sont si attachés qu’ils ne vous permettront pas d’aller là où vous apprendrez bien, alors vous devriez envisager de partir. Parfois l’amour des parents est limité. Ils ne laisseront pas leurs enfants partir même pour étudier. Ceux qui crient « tu ne peux pas me laisser ou je mourrai », ne sont pas des parents affectueux qui pensent au bien de l’enfant. Ils devraient accepter de vous laisser partir et de vous voir quand vous revenez. S’ils ne le font pas, pourquoi devriezvous vivre avec eux? Vous n’êtes pas obligé de les haïr ou même de les détester. Mais s’ils n’aident pas votre croissance spirituelle et sont simplement attachés à vous et font obstruction à votre voie, partez temporairement. Vous n’avez pas d’obligation envers eux. Certaines écritures disent de traiter de tels parents comme votre ennemi. Je ne 189
Part IV : La plus grande joie
vais pas à cet extrême. Mais sachez que même si la mère a un droit sur votre corps, elle n’en a pas sur votre âme. Qu’est-ce qui est le plus important pour vous – vos parents ou votre voie? Votre première et principale responsabilité est de sauver votre âme.
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36. Le Renoncement Quand quelqu’un est intéressé par la vie spirituelle, il n’y a aucune obligation mondaine. Le monde respecte le Bouddha, mais il quitta son palais, sa jeune femme et son enfant, ses parents, et son royaume. Pourquoi? A cause d’une vocation plus importante. Si Dieu vous appelle, vous pouvez quitter le monde. Toutes vos obligations sont annulées, parce que vous allez devenir un meilleur enfant de Dieu, et au lieu d’aider une seule famille, vous allez aider des milliers de familles par la suite. Celui qui cherche sincèrement est comme un homme donc la tête est en feu et qui court vers l’eau. Personne ne peut l’arrêter. La seule façon d’être heureux est de vous dédier complètement à Dieu ou à l’humanité toute entière. Vivez pour amener la paix et la joie à tous. C’est la seule façon d’être vraiment heureux. Il n’y a pas de raccourci. Kapilar, un grand sage de la littérature tamoule, dit : « Faites une chose à la fois, et que cette chose soit bonne. Et faites-le tout de suite. N’attendez pas jusqu’à demain. » Tout de suite! Pourquoi? Vous ne pouvez pas toujours dire « demain, demain », quand vous ne savez pas quand la mort viendra. Quand la mort vient vous ne pouvez pas la renvoyer en disant : « Oh, vous êtes formidable! J’ai beaucoup entendu parler de vous. » Vous ne pouvez pas vous échapper, ou écrire un chèque et dire : « Prenez cela. Revenez plus tard. » Vous ne pouvez même pas trouver un remplacement : « Voyez-vous ce vieil homme? Il a quatre-vingt-cinq ans, tousse et éternue tout le temps. Il vous attend. Pourquoi n’allez-vous pas le voir? —Je suis ici uniquement pour vous. » Nous avons tendance à penser que nous avons le temps de tout faire ‘demain’, et c’est pourquoi les enseignements des saints ne nous passionnent pas. Où est ce « demain »? Quelle garantie avons-nous? Nous mourrons chaque minute. Nous ne respirons que par la grâce de Dieu. Quand le souffle s’arrête, c’est la fin. Profitez donc du temps que vous avez. Aujourd’hui nous sommes en bonne santé, pleins d’énergie, d’intérêt, et nous savons où aller pour pratiquer des disciplines spirituelles. Nous avons des guides. Nous devrions en profiter parce qu’on ne sait jamais ce qui va se passer demain. 191
Part IV : La plus grande joie
Les écritures hindoues disent qu’un être humain peut recevoir trois grands cadeaux : une naissance humaine, ce qui est très rare; une faim de connaître la vérité; et un guide spirituel pour montrer le chemin. Quiconque a les trois a beaucoup de chance. De nombreuses personnes ont une naissance humaine, mais n’ont ni le désir de connaître la vérité, ni l’aide spirituelle. Quelques uns veulent connaître la vérité, mais ne trouvent personne pour leur montrer le chemin. Quelques uns ont l’aide, mais aucun goût pour la recherche spirituelle. Qu’avez-vous? Si vous avez reçu ces trois cadeaux, en profitez-vous? Posez-vous la question. Si vous pouvez répondre ‘oui’, vous êtes chanceux. Autrement, vous perdez votre temps.
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Par t V :
Le retour à la source
37. La vie et la mort La vie même est un jeu, mais pour vous y amuser vous devez connaître les règles. Vous pourriez aller au terrain de jeu avec un groupe pour jouer au football. Vingt-deux personnes se dégagent de ce groupe de cinquante ou soixante. Cela fait déjà deux groupes : un pour regarder, l’autre pour jouer. Et pour jouer le match ils doivent encore se partager en deux groupes plus petits, onze pour chaque équipe. De plus, tous les onze ne peuvent pas jouer le match de la même façon. L’un d’eux sera placé entre les deux poteaux. Vous l’appelez le gardien de but. Son objectif est d’empêcher les autres de marquer. Ainsi vous déplacez les gens les uns par rapport aux autres – vous les séparez. Vous y êtes? Ils sont séparés à dessein. Vous êtes tous partis comme un groupe, mais vous voulez jouer. Vous ne pouvez jouer en tant que groupe. Vous séparez les gens et les mettez à différentes places. Vous établissez certaines règles : le gardien de but peut toucher le ballon avec ses mains; aucun autre ne le peut. Il n’est pas unique – c’est le jeu, ce sont les règles. Nous avons un ensemble de règles pour jouer le match. Alors seulement pouvonsnous commencer à taper dans le ballon. Dans ce cadre de règlements, nous jouons le match, mais sans perdre de vue que nous sommes en train de jouer, et non de nous battre. Nous nous séparons volontairement pour jouer. Jouer, c’est l’unité. Les différentes positions et les différentes façons de jouer sont la diversité. Mais si les gens n’aperçoivent pas cette unité dans le jeu et qu’au lieu de taper dans le ballon ils se tapent les uns sur les autres, l’arbitre déclare une faute. Dans la vie nous faisons la même chose. Nous sommes tous des joueurs et des joueuses. Oui, nous jouons littéralement. Il y a un arbitre (empereur). Son empire est partout. Il ne fait que surveiller. Il ne nous arrête pas immédiatement pour nos fautes de jeux. Il ne fait que les noter. Mais à la fin du jeu il se peut qu’Il nous couvre de honte. Il peut même nous faire sortir du jeu – coffré, cloué et enterré. Il y a des règles à ce jeu de la vie. Vous avez votre liberté, mais si vous prenez une liberté illimitée, vous embrouillerez tout le jeu. Votre 195
Part V : Le retour à la source
liberté ne devrait pas affecter celle d’autrui. Un jour au Sri Lanka je conduisais de Kandy à Colombo. Pendant la route on annonça que le Sri Lanka venait juste de gagner son indépendance et les politiciens disaient à tout le monde : « Nous sommes les dirigeants de ce pays maintenant. C’est le royaume de tout le monde. » Les gens pensaient : « Nous sommes les dirigeants de notre propre royaume. » Ce fut malheureusement mal interprété par beaucoup. Ils pensaient qu’ils pouvaient faire tout ce qu’ils voulaient. Je vis quelques gens qui, pour jouir de la nouvelle liberté de leur pays, étaient assis au milieu de la route jouant aux cartes. J’ai arrêté la voiture et leur ai demandé : « Que faites-vous? —Nous sommes les rois de notre pays. Nous avons la liberté de tout faire. —Oh, je vois. Tout le monde a la liberté? —Oui, bien sûr. —Ai-je aussi la même liberté? —Bien sûr. Vous êtes l’un des nôtres. —Bon. Ma liberté est de vous rouler dessus. Vais-je le faire? Vous avez la liberté de jouer. J’ai la liberté de conduire. » C’est là où les gens se trompent. La liberté n’est pas seulement pour vous, elle est pour tout le monde. Nous devrions tous vivre en harmonie sans affecter la liberté de l’autre personne. C’est la réalité derrière le monde irréel. Nous devons coopérer les uns avec les autres. Pensez toujours grand. Nous ne sommes pas que de tout petits enfants. Nous appartenons à tout l’univers; nous faisons partie du tout. Nous ne pourrions jamais survivre si nous nous séparions complètement. L’orteil a un nom et une forme différents de la main ou de la tête, mais ils font tous partie de l’ensemble du corps. Nous sommes tous des cellules du Corps cosmique. Si une cellule a mal, son infection gagnera lentement les autres régions du monde. Nous ne pouvons pas simplement l’ignorer en pensant : « Ma foi! je vais bien et suis heureux. Le problème est quelque part dans ce coin reculé. » Le coin reculé est comme votre orteil. Et si votre cerveau dit :« Je fais un mètre quatre-vingt de haut. Je n’ai pas besoin de m’en inquiéter. C’est quelque part en bas sur terre. » Si le cerveau et les yeux ignorent la plaie, ils verront vite combien rapidement le poison vient à la tête. 196
37. La vie et la mort
Alors quand il y a un problème, les yeux devraient immédiatement l’examiner. Les mains devraient aller aider. Le cerveau devrait penser à des façons et des moyens de l’assainir – car nous appartenons à tout le corps. Ce sentiment d’intégralité est ce qu’on dit saint. Celui qui ressent qu’il fait simplement partie du tout ne fera que donner et donner encore. Et plus il donne, plus il reçoit d’autrui. Nos individualités séparées sont juste pour nous aider à jouer et à apprécier la partie. A la base nous sommes tous le tout, le Soi, qui est infiniment joyeux. Nous sommes cette joie infinie. Nous ne sommes pas de petites créatures malheureuses, nous sommes toujours joyeux, toujours paisibles, jamais changeants, jamais mouvants. Cela est notre propre vraie nature. Qu’est-ce qui change, se trouble et s’excite? Le mental. Le mental s’occupe de ses affaires. Pourquoi devrions-nous nous en inquiéter? Réalisez que ce qui est mortel est le mental et le corps. Mortalité signifie changement. En fait, rien ne peut mourir en ce monde. Nous ne pouvons jamais détruire. La Gita dit : « Ce qui est, est toujours. Et ce qui n’est pas, n’est jamais. » (II, 16). Quel est alors le sens de la mort? Une forme meurt pour donner la place à une autre forme. C’est la mort pour cette forme-ci et la naissance pour cette forme-là. Un morceau de tissu meurt, une belle chemise est née. Un tronçon de bois est mort et parti, mais vous voyez un beau meuble dans la maison. C’est la mort. L’essence est toujours là. Le monde n’est rien que nom et forme. Nous changeons constamment de nom; nous changeons de forme. Un garçon est mort; un adulte est né. L’adulte est mort; papa est né. Papa est mort; grandpapa est né. Grand-papa est mort; le corps mort est né. Il est mort, mais « cela » est ici. S’il est mort et parti, où est-ce que « cela » repose? L’immortel ne peut jamais être mortel. S’il est parfois mortel et parfois immortel, il n’est pas réellement immortel. Celui qui est unique paraît être multiple. Vous voyez le même principe quand une petite graine est partie ou morte mais l’arbre présent. Ensuite l’arbre est mort et le tronçon est là. Ce qui est mortel changera toujours. La mort est inévitable. Tous ceux qui sont nés doivent mourir un jour. Il nous faut laisser la nature suivre son cours. Mais nous n’avons pas besoin de ressentir une perte. On rejette son corps parce qu’il est vieux ou qu’il n’est plus bon à 197
Part V : Le retour à la source
l’usage. L’âme continue vers un autre corps, lequel peut être physique ou non. L’âme continue son voyage en changeant de véhicules. La mort est juste comme changer un vieux vêtement et en mettre un neuf. Tout comme vous habillez le corps, le corps lui-même est un manteau pour votre Soi. Quand il est vieux, il vous faut le changer, aussi la nature vous donne-t-elle quelque chose pour répondre à votre goût ou pour satisfaire vos ambitions et vos désirs. Le corps que vous avez à présent est un résultat de vos désirs passés. Dans votre vie précédente vous aviez un amas de désirs qui ne pouvait être satisfait qu’à travers ce corps humain. L’âme est toujours en vie. Elle est immortelle. Elle ne meurt jamais. Ainsi, il n’y a nulle mort pour nous; aucun de nous ne va réellement mourir. Il n’y a pour le Soi ni incarnation ni réincarnation. Nous sommes toujours immortel. Nous ne sommes jamais morts et nous n’avons jamais à renaître. Mais jusqu’à ce que nous réalisions cette vérité nous semblons aller et venir tout le temps. Nous vivions avant et nous vivons après. Cependant, nous changeons effectivement de vêtements – les corps physiques. Vous pouvez demander, où est la preuve? Il y a beaucoup de preuves, mais les gens ne veulent pas toujours les accepter facilement. Par exemple, si un bébé naît avec une infirmité – un enfant privé d’un membre ou aveugle, avec une tumeur ou ne avec souffrance – si cela était la première naissance d’une personne, pourquoi Dieu devrait-Il créer tant de souffrance pour un enfant et une excellente vie pour un autre? Tous deux sont Ses enfants. Est-ce un amusement pour Lui? Peut-Il être tout miséricordieux et pourtant voir un enfant souffrir dès sa naissance même? L’enfant doit avoir vécu auparavant et fait quelque chose pour laquelle il subit maintenant la réaction. Vous voyez quelquefois un génie dès la naissance, un enfantprodige. En deux ou trois ans l’enfant joue d’un instrument musical avec grande beauté. Ou bien un autre est un mathématicien avancé ou peut lire et écrire de la poésie. Où ces enfants ont-ils trouvé cette connaissance? Toutes ces choses prouvent que leurs âmes ont vécu avant. Dans le cas des jumeaux, vous voyez parfois deux tempéraments complètement différents nés des mêmes parents à quelques instants d’intervalle l’un de l’autre. 198
37. La vie et la mort
Si vous pouvez croire à quelque vie avant, pourquoi pas une vie après? Chaque action a sa propre réaction. Nous faisons tant de choses maintenant. Si nous ne leur faisons pas face en cette vie, nous le ferons lors d’une expérience ultérieure. Nous sommes tous de simples toupies qui tournoient tout alentour. Mais c’est le Joueur qui enroule la corde autour de la toupie et la fait tourner. Nous sommes tous des toupies tournoyant avec une certaine longueur de corde. La longueur de la corde est notre karma passé. Si notre karma est court, nous finissons notre tâche en quelques tours et nous nous asseyons simplement. On vous donne le corps dont vous avez besoin pour continuer vers le but. Si vous voulez faire une belle course rapide sur une autoroute, vous prenez une bonne voiture de sport aérodynamique. Si vous voulez aller à travers la jungle sur une route bourbeuse, mieux vaut échanger cette voiture contre une jeep. Même une jeep ne peut aller qu’à une certaine limite. Ensuite il vous faudra peut-être aller sur un poney ou bien descendre et marcher. Différents véhicules vous conduisent vers le même but. Lequel est inférieur et lequel supérieur? Une voiture de sport, une jeep, un poney ou les jambes qui vous portent? Tous ont une égale importance. L’un ne peut être utile à la place de l’autre. Votre corps présent est un véhicule que vous échangez quand il est temps de continuer avec un autre. Si nous réalisons le principe immortel qui nous crée et nous façonne en formes différentes, pourquoi devrions-nous avoir peur de la mort? Il n’y a pas du tout de mort. Réalisez simplement ceci : « Je ne suis pas ne. Je ne meurs pas. Au commencement je suis. Je serai à la fin. » Cela signifie qu’il n’y a pas de commencement; qu’il n’y a pas de fin. « Je suis le plus ancien des anciens. Même quand le corps est mort, je ne le suis pas. Le corps change, mais je suis constant. » Toutes les peurs sont basées sur la peur de la mort ou de perdre notre soi. Si nous réalisons le principe immortel, alors il n’y a pas du tout de mort. Nous pouvons faire face à toute chose.
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38. La prière Dieu, Tu sais tout ce qui est bon pour moi. Je suis Ton enfant. Guide-moi et dirige-moi. Je ne puis demander ceci et cela. Je peux me tromper dans mes demandes. Par mon propre ego je peux faire des choses erronées. Ainsi je Te laisse œuvrer à travers moi. Si vous voulez néanmoins demander quelque chose dans la prière, vous pouvez dire : « Seigneur, ne sais-Tu pas que je suis Tien? Fais tout ce que Tu veux. Permets-moi de toujours comprendre que je suis Ton enfant, que Tu prends soin de moi chaque minute. Donne-moi la faveur de toujours me rappeler cette vérité. » Dieu est toujours là. Mais il vous faut arriver à recevoir Son aide. C’est pourquoi la Bible dit : Demandez et vous recevrez. » Il ne viendra pas de force vous aider. Vous devez demander Sa miséricorde ou Ses bénédictions. Sa grâce est partout. Ce n’est pas qu’Il sélectionne les gens et dise : « Je bénirai celui-ci et non celui-là. » Lui et Sa création que vous appelez la nature sont toujours neutres. Mais pour devenir prêt à recevoir Son aide vous avez besoin de Sa grâce. Comment pouvez-vous l’obtenir? Vous devez vous ouvrir à Lui. Il n’entrera pas de force; Il attendra. Un jour Sri Ramakrishna donna un bel exemple. Quelques pêcheurs s’apprêtaient à aller en mer tôt le matin. En une demi-heure ils furent prêts et tous les bateaux naviguaient – sauf un. Cet homme se lamentait : « Qu’est-ce que cela? Mon bateau ne bouge pas. Tous les autres semblent bien naviguer. Le vent semble partial. Il donne sa force à ces bateaux, mais pas au mien. Comment cela pourrait-il être? » Il blâmait le vent, lorsqu’une personne se tenant sur la rive l’interpella : « Dites, que se passe-t-il? Ils ont tous largué leurs voiles, pris le vent et s’en vont. Mais vous n’avez pas ouvert vos voiles. » —Oh, je vois. Je vais le faire. » Il ouvrit sa voile et immédiatement le bateau avança, et puis s’arrêta. Il se leva et cria : « Vous voyez, je vous l’ai dit. Il n’est pas impartial. Je pense qu’il a un genre de grief contre moi. Vous m’avez dit d’ouvrir ma voile. Je l’ai fait et çà bougeait un peu, mais maintenant je suis encore bloqué. Que puis-je faire à présent? » 201
Part V : Le retour à la source
—Mon ami, vous avez vite fait de blâmer les autres. Vous ne voulez pas voir votre erreur. Avez-vous remonté votre ancre? » —Ah! Je vois. Je suis vraiment très désolé. » Et dès qu’il le fit, il navigua. Dieu est comme cela. Il veut vous bénir, mais Il ne peut entrer de force. Il attend que vous soyez prêt, que vous demandiez, que vous ouvriez votre mental. C’est pourquoi l’écriture dit que même un chameau peut passer à travers le chas d’une aiguille avant que Dieu ne puisse entrer dans le mental d’un millionnaire. Ce ne sont pas les mots exacts, mais vous comprenez certainement. Cela veut-il dire que Dieu est si faible qu’Il n’a pas la capacité d’entrer dans le mental de qui que ce soit? Non, Il veut y aller, mais il n’y a aucune place. Il y a juste de la place pour les autos, les radios, la télé, l’argent, les propriétés – nulle place pour Lui. Un homme pauvre n’a rien. Il est vacant. Alors Dieu vient et jouit de l’espace. Si Dieu veut entrer, faites de la place. Le dévot devrait y aspirer. S’il est sincère, il pourrait se sentir si faible qu’il ne peut même pas demander des bénédictions. Alors il demande indirectement :« Seigneur, de moi-même je n’ai pas la capacité de Te demander quoi que ce soit. Sans Ta bénédiction et Ta grâce, je ne peux même pas prier. » Cela est en soi une prière. Il devient conscient de sa petitesse, ce qui ouvre son mental. Cette ouverture d’esprit signifie que vous élargissez votre coeur, que vous ouvrez votre coffre-fort. Par la prière et la méditation – en demandant de cette façon – vous vous ouvrez. Mais en même temps vous devez faire autre chose. Rappelez-vous le pêcheur qui ouvrit sa voile, mais n’avançait toujours pas. Il y a beaucoup de gens qui, depuis l’enfance, vont à l’église et prient régulièrement, mais ne changeront pourtant pas leurs habitudes. Ils continuent à révéler leur côté vicieux. Il se peut qu’ils fassent ce qui est donné dans l’écriture, mais ils n’ont malheureusement pas remonté l’ancre. Ils sont attachés au monde par tant de cordes. C’est pourquoi vous avez besoin à la fois du discernement (Viveka) et du désintéressement (Vairagya) – ils vont ensemble. D’un côté vous coupez tous les liens qui vous rattachent au monde; de l’autre, vous ouvrez votre cœur à Dieu. Alors seulement pouvez-vous naviguer. C’est pourquoi les écritures disent que vous 202
38. La prière
devez tout donner à Dieu. Ne restez pas attaché à de petites choses. Alors dans votre demande même vous ressentez Sa grâce; sinon Dieu est juste là. Il vous faut y mettre du vôtre. Dieu aide ceux qui s’aident. Ramakrishna dit, si vous faites un pas vers Dieu, plein de miséricorde Il accourt de dix pas vers vous. Mais si vous ne faites pas ce pas – non, ne prenez pas votre calculatrice en pensant qu’Il fera huit pas. Il vous faut commencer le processus. Quand vous vénérez, établissez-vous un contact avec la batterie principale qu’est Dieu? Par votre prière et votre dévotion vous devriez être en communion avec Dieu. Vous établissez une liaison. Supposez que vous êtes une ampoule reliée à une batterie par un fil. Si la liaison est déconnectée, vous ne recevrez pas la lumière. Si vous êtes l’ampoule essayant de capter la lumière de la batterie chargée ou l’image de Dieu, votre prière est le fil de liaison. Si la prière est une liaison déconnectée, vous n’obtiendrez pas la lumière. Saisissez-vous mon idée? Beaucoup de gens disent juste leurs prières : « Oh mon Dieu, bénissez-moi. Aidez-moi. Je crois en Vous avec une foi totale. Personne d’autre ne peut m’aider. Oui, oui, Monsieur Untel. Je termine ma prière et j’arrive aussitôt. » Ils répètent leurs prières tandis que leurs yeux roulent alentour regardant les gens. « Combien sont ici? Où est cet ami? Est-il venu? » Bien sûr, cette prière n’est que mots. « Je suis Tien. Tout est Tien. Que Ta volonté soit faite », disent-ils pendant qu’une main tient le portefeuille dans la poche. Pour une telle prière, il y a des « interférences sur la ligne ». Quand vous priez, il vous faut oublier tout le reste. Même si vous connaissez toutes les écritures par cœur et pouvez les réciter à l’envers, de la dernière page à la première, vous n’obtiendrez pas la grâce de Dieu. Il ne veut pas votre attitude de savant ou votre degré d’instruction. Il ne veut pas votre attitude de savant ou votre degré d’instruction. Il ne s’inquiète pas de combien vous savez. Il veut savoir combien vous pratiquez. Les belles paroles et les longues prières ne sont pas si importantes. Cela doit venir du cœur, ne serait-ce qu’un seul mot – même un mot sans signification. Beaucoup d’enfants communiquent avec leurs mères de cette façon, par un son que nul autre ne comprend. Quand le bébé pleure d’une certaine façon, seule la mère comprend, parce qu’il y a un langage spécial 203
Part V : Le retour à la source
De la même façon, la Mère ultime et absolue sait, même sans vos paroles. Sentez simplement; Elle sait. C’est le sentiment. Le cœur doit prier, non les lèvres, non la tête. C’est très important dans la dévotion. Développez toujours le cœur. Quoi que vous fassiez, où que vous alliez – au temple, à l’église, à la mosquée ou à la synagogue, des prosternations ou la liturgie – que le cœur y soit toujours. Le cœur sacré est un cœur secret. Vous n’avez pas besoin de l’exposer ou de le montrer à autrui. Que Lui seul le sache. Que ce soit une communication secrète. C’est la dévotion sattvique. Les gens qui ont cette sorte de dévotion sont fortunés. C’est d’une grande valeur. Nous l’avons tous en nousmêmes, mais malheureusement notre intelligence tend à prendre le dessus trop souvent. Laissez simplement le cœur se fondre. C’est la manière la plus facile de L’approcher. Devenez un bébé dans les bras de la Mère. Un sage avait coutume de dire : « Seigneur, je connais l’astuce. Je n’ai pas besoin de lire quoi que ce soit. Je n’ai rien besoin de faire. Je ne fais que pleurer. Je sais que je T’obtiendrai. » Il y a des gens qui commencent à pleurer dès qu’ils commencent à prier. C’est la meilleure façon d’obtenir Sa lumière. Chacun d’entre nous est comme une ampoule électrique. A moins que la liaison soit bien établie à travers le cœur, nous n’attirerons pas Son courant et n’aurons pas l’illumination. Le positif et le négatif doivent aussi être séparés, donner et prendre. A moins de bien donner, vous ne pouvez bien prendre. Donnez juste dans le but de donner, et prendre viendra automatiquement. Le courant va dans un sens et puis revient. Si vous essayez tout le temps de faire des affaires, pensant « je donne tant; je devrais obtenir tant », cela cause un court-circuit qui crée de la chaleur ou une tension. Ainsi, pas de circuits déconnectés, pas de liaisons déconnectées. La quantité de courant que vous pouvez recevoir dépend aussi du filament dans l’ampoule. La seule différence entre une ampoule de 6 watts et une de 1,000 watts est la taille du filament. Le courant et la liaison sont les mêmes, mais une ampoule avec un plus gros filament attire plus d’énergie. Le filament est votre mental. Si vous êtes étroit d’esprit, vous ne pouvez recevoir qu’un peu de la grâce de Dieu. Élargissez votre mental et votre filament sera plus large; vous recevrez beaucoup de grâce et vous resplendirez davantage. Malheureusement, 204
38. La prière
beaucoup d’ampoules n’ont pas du tout de filament. Elles font des liaisons mais ne s’allument jamais. Vous avez besoin d’un mental pur et large. Mais en même temps, ne soyez pas avide. Qu’arrivera-t-il si l’ampoule est faite pour du 110 volts et que vous attirez le 220? L’ampoule grille. Faites l’essai seulement selon votre limite. C’est pourquoi le dévot dit : « Seigneur, je ne vais pas Te demander de me donner ceci et cela. Je pourrais être avide. Si Tu commences à me donner tout ce que je veux, je pourrais griller. Aussi est-ce Toi qui décides quoi me donner, comment me le donner et combien me donner. Me voici simplement. » Dieu connaît tous les langages. Il suffit de prier dans votre langue maternelle. Quand vous chantez ou priez Dieu à partir de votre propre cœur, vous n’aurez pas à vous inquiéter si vous frappez la note juste ou pas. Une prière sincère et de tout cœur est une méditation. Vous êtes concentré sur un point avec votre attention. Quand vous faites converger votre mental sur une idée particulière reliée à Dieu, alors la prière est une forme de méditation. Le mantra Gayatri donné aux adeptes du renoncement est aussi une prière. Sa signification est : « Seigneur, Toi qui éclaires tout le cosmos, éclaire aussi mon intellect. » Pensez à la signification et répétez-le. Dans la méditation vous faites converger votre mental sur une prière, un mantra, votre propre respiration ou le battement du cœur. Quand vous méditez sur le cœur, imaginez que Dieu est là, faisant battre votre cœur. Il est Lui-même le battement. C’est Son mouvement en vous-même. C’est ce que les Hindous appellent la Danse de Nataraja. Choisissez ce que vous aimez pour la méditation ou la prière, mais pensez à ce que vous dites et à ce que vous faites. Quand la pensée, la parole et l’action vont ensemble, alors elles porteront fruit. Quand je parle, mes mains bougent de ce côté et de l’autre sans que je le veuille consciemment. Sans que j’en sois conscient, mon corps coopère automatiquement, m’aidant à exprimer quelque chose. L’expression mentale est de première importance; le corps agira en conséquence. La même chose se passe avec vos prières et vos actes quotidiens. Les prières se transforment en actions. Les actions offertes sont des prières. Avec le temps chaque action devient prière; c’est une méditation. Vous ne pourrez vivre d’une autre façon. Au début vous 205
Part V : Le retour à la source
pourrez les séparer : « Ceci est l’action et cela la prière. » C’est bien pour commencer. Établissez un temps pour l’une et pour l’autre. Mais cela s’élargit progressivement jusqu’à ce que l’attitude de prière interpénètre toute votre vie. A la fin tout est prière.
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39. Si vous vous accordez, vous obtenez la musique Un beau matin quand Maha Lakshmi, sa compagne, était occupée dans la cuisine, Seigneur Narayana ouvrit un coffre fort et en sortit une petite boite. Il l’ouvrit et admira son contenu avec grande émotion et dévotion. Quand vous respectez beaucoup quelque chose, vous l’approchez de vos yeux pour mieux le voir; il l’admirait donc de près, l’adorant presque. A ce moment Lakshmi entra. Immédiatment, Narayama ferma la boite et la cacha derrière son dos. Elle devint bien sûr curieuse et demanda : « Quel est le secret? Est-ce que c’est une photo de quelqu’un? Qu’est-ce que c’est? Je dois le voir. » —Non, non, non. Ce n’est rien, chérie. » —Oh! Je dois le voir et savoir ce que c’est. Tu ne peux pas avoir de secrets pour moi. » —Non, non, non. » —Nous vivons ensemble. Je suis là pour toi. Tu est là pour moi. Comment puis-je avoir des secrets sans que tu le saches, et comment peux-tu avoir des secrets sans que je le sache? Tu dois me montrer. » —S’il te plaît, laisse-moi au moins avoir quelque chose de spécial pour mon... » —Non, je ne le peux. » —Tu dois... » Mais elle était libre d’allonger le bras et de saisir la boite. Elle l’ouvrit et regarda à l’intérieur. Mais elle ne pouvait rien voir d’autre qu’une boite vide. Elle regarda Narayana avec curiosité. —Regarde très soigneusement. » —Ce n’est qu’une vieille boite poussiéreuse. » Elle se pencha pour souffler sur la poussière. —Oh non! Ne fais pas cela! Ne l’enlève pas. » —Qu’est-ce que c’est? Pourquoi es-tu ainsi? Ce n’est qu’une boite vide et de la poussière. » Il murmura alors : « C’est la poussière des pieds de mes dévots. » Le Seigneur adorant la poussière venant des pieds de Ses dévots? Qui alors est le plus grand? Il est facile de s’élever et de devenir ceci ou 207
Part V : Le retour à la source
cela, mais très difficile de devenir poussière. Mais dans un sens spirituel, c’est nécessaire. Au dernier siècle vivait dans le sud de l’Inde un grand saint chanteur du nom de Tyagaraja. Tyaga veut dire dévouement. Raja veut dire roi, ce qui est un autre aspect de Dieu. Dieu est le plus grand dévoué. Il fait tout pour notre bien; rien pour Lui. Il est le roi du dévouement. Ce saint fut appelé plus tard Tyagabrahman. Brahman est un autre nom du Divin Absolu. Cet homme était considéré comme la personne la plus dévouée parce qu’il vivait toujours dans la voie de Dieu. Il voyait Dieu. Il Lui parlait, était si proche qu’il plaisantait parfois avec Lui. Vous ne pouvez pas imaginer ses chansons. De telles chansons ne peuvent venir de l’intelligence seulement. Elles sont tellement belles. Il était un grand dévot de Dieu sous la forme de Sri Rama. Dans une de ses chansons, il parle à Sita, la compagne de Rama, et lui dit : « Ah! Penses-tu que par ta beauté et ton amour tu peux Le garder et L’empêcher de venir à moi? Je ne suis pas un grand homme, mais mon amour est plus grand que le tien. Tu ne peux Le garder loin de moi. » Il dit une fois : « Eh! Rama (il L’appelait exactement comme cela), comme Ton nom est doux et plaisant. Ton nom est plus doux de Toi. » Oui, les noms de Dieu sont plus doux que Dieu Lui-même. Vous ne pouvez goûter Dieu, mais vous pouvez goûter Son nom. Si nous répétons le nom, nous commençons à ressentir quelque chose après quelques secondes. Imaginez appeler Dieu : « Eh! Rama; Eh! Shiva; Eh! Hallah; Eh! Jésus. » Cela a l’air un peu familier. Le dévot sincère seul peut être aussi proche. Ce sont tous des noms doux. Nous pouvons fondre en répétant le nom de Dieu. C’est le pouvoir de répétition du nom. Le Seigneur ne peut Se donner directement. C’est comme le pouvoir de l’électricité, des millions de kilowatts qui ne peuvent venir directement chez vous. Si par hasard cela arrivait, votre maison ne serait plus là, vous ne seriez plus là. A cause de Sa grandeur et de Son amour pour nous, Il Se limite, et descend dans des transformateurs, pour venir vers nous d’une façon utile. Connaissant nos limites, Il descend dans le Mot, les noms sacrés, que nous pouvons répéter et donc nous pouvons connaître le goût. Plus nous chantons ou vantons Son nom, ou le répétons, plus nous entrons en extase. 208
39. Si vous vous Accordez, vous Obtenez la Musique
C’est pourquoi Tyagaraja dit : « Rama, Ton nom est si doux. » Il ne peut même pas dire à quel point il est doux. C’est la grandeur de chanter le nom du Seigneur, ce qui fait partie de la voie dévotionnelle nommée Bhakti-Yoga. En répétant constamment Son nom, le dévouement est plus développé et exprimé en chantant Sa gloire. Bous vivez en Lui, et Il vit en vous. C’est une pratique importante pour le développement du dévouement. Dieu dit : « Celui qui est dévoué est proche de Moi, parce qu’il M’aime plus. » Si vous L’aimez plus, vous L’attirez plus. Si vous vous accordez, vous obtenez la musique. Chanter des chansons ou des psaumes composés des noms sacrés de Dieu n’est pas simplement une belle prière ou une façon de demander quelque chose. Les vibrations de votre chanson vous élève à un autre niveau. Chaque cellule de votre corps vibre à ce niveau divin. Vous répétez le nom de Dieu; vous devenez Dieu. Vous chantez et dansez en extase. Vous oubliez votre corps; vous vous oubliez et obtenez facilement ce niveau élevé. Bien qu’il y ait d’autres pratiques dans le domaine spirituel, telles que méditation, Hatha-Yoga, asanas, pranayama, développement des centres psychiques, montée de la kundalini, elles sont toutes plutôt techniques et peuvent être dangereuses si elles sont pratiquées sans beaucoup de discipline. Mais il n’y a pas de danger à chanter la gloire de Dieu ou à chanter ou répéter Son nom. Vous n’avez pas besoin d’une discipline rigoureuse. Si vous ne pouvez pas discipliner votre vie, cela ne veut pas dire que vous devez éviter toute pratique spirituelle. Faites au moins ceci. Vous obtiendrez lentement cette discipline personnelle. De nos jours le Bhakti-Yoga est vraiment une façon facile de pratiquer le dévouement. Dans le passé il était probablement plus facile de s’asseoir et de méditer. Il n’y avait rien pour déranger les gens. Mais aujourd’hui, dès que vous fermez les yeux, un avion supersonique rugit au-dessus de votre tête. Tôt le matin quand vous essayez de méditer, dix bennes à ordures viennent gronder dans la rue. Vous ne pouvez rien faire. Vous marchez dans les rues et il y a tellement de distractions, de belles choses pour nourrir vos sens, des choses à lire et des films qui vous appellent. De nos jours, non seulement l’air est pollué, mais les pensées mêmes sont polluées. On pense en termes de 209
Part V : Le retour à la source
fortunes, de trafic, de ruse, de fourberie, de vol. Au milieu de tout cela, il est très difficile de ne pas être dérangé. Si vous êtes émotionnel, vous aimez utiliser votre cœur. En chantant ou répétant le nom de Dieu, vos émotions deviennent dévouement, et comme votre amour de Dieu développe, vous voyez et aimez votre Soi, qui est Dieu et qui est aussi le Soi de votre voisin. Votre amour de Dieu devient donc votre amour pour votre voisin. De cette façon vous développez votre faculté d’aimer et votre intérêt dans les attributs de Dieu que vous aimez. Vous voudrez lire et étudier les gloires de Dieu. Cela crée de l’admiration. Et plus vous aimez, plus vous devenez aimable. Le seul ennui est que nous essayons de limiter Dieu, en pensant : « Cela est mon Dieu; ceci est son Dieu ». Si nous pensons qu’il n’y a qu’une forme ou qu’un nom pour Dieu, nous avons un problème. Nous devons grandir universellement, sans limites. Bien sûr nous aimons nos maisons, nos pays, nos mères, nos religions, mais cela ne veut pas dire que nous devons ignorer les autres, ou les haïr ou les rejeter. Cela est un amour limité. Le vrai amour de Dieu signifie amour universel. Dieu créa le monde entier. Toutes les religions disent que Dieu est le Créateur. Chacune assure qu’il n’y a qu’un seul Dieu. S’il y a un Dieu unique qui créa le monde entier, nous sommes tous Ses enfants. Supposez qu’un Hindou dise : « Il n’y a qu’un Dieu qui créa tout. Comment donc devrais-je traiter un bouddhiste, un catholique, ou un musulman? Il est mon frère, parce mon propre Dieu, celui que j’appelle mon Père, l’a aussi créé. Il est donc l’enfant de mon Père. » Il peut y avoir dans une famille un enfant qui maltraite, insulte ou même crache au visage de son père. Est-ce qu’un frère peut dire : « Celui-là n’est pas mon frère »? Est-ce que le père peut le renier? Même les athées qui ne croient pas en Dieu sont eux aussi les enfants de Dieu. Nous sommes leurs frères et sœurs. Si nous reconnaissons un Père commun à tous, pouvons-nous dire « celui-là ne croit pas et je le hais. Il ne fait pas partie de ma famille »? Notre propre Père n’aimerait pas cette réaction. Si nous comprenons notre propre religion correctement, nous ouvrirons notre cœur et notre esprit à tous également. 210
40. L’homme qui haïssait Dieu Si vous niez Dieu, vous L’acceptez par votre négation même. Si vous ne croyez pas en Lui, pourquoi devriez-vous Le nier? Même pour dire « il n’y a pas de Dieu », il vous faut penser à Lui. D’une certaine façon, celui qui nie Dieu approche probablement Dieu rapidement. Une négation n’est pas assez forte – il vous faudrait réellement haïr Dieu. Le considérer comme votre ennemi serait votre religion. Vous oubliez parfois votre ami, mais vous n’oubliez pas votre ennemi. Vous pensez constamment à lui, et c’est ce que le Seigneur veut : pense à Moi constamment. Peu importe même si tu Me traites en ennemi, mais pense toujours à Moi. L’histoire de Prahaladana et de son père Hiranyakashipu en est une preuve. Hiranyakashipu était un homme démoniaque qui était roi. Il avait un jeune fils du nom de Prahaladana. Comme Hiranyakashipu gouvernait tout le pays, il insistait pour que les enseignants de toutes les écoles répètent son nom avant de commencer la classe. Avant que tout enfant pût commencer la journée, il lui fallait rendre hommage au roi en saluant son nom : « Om Hiranyaya namah. Salutation à Hiranya. » Comme les enseignants étaient payés par le roi, ils se sentaient naturellement obligés de lui obéir. Mais vint le temps où le prince Prahaladana arriva en âge d’aller à l’école, et le roi envoya son fils à l’école primaire. Cependant Prahaladana portait quelques impressions du passé. Un grand dévot de Dieu était né dans la famille de Hiranyakashipu, ce qui faisait partie du jeu de Dieu. Quand le garçon alla à l’école, l’enseignant lui demanda de dire « Om Hiranyaya namah ». —Quoi? C’est le nom de mon père. —Oui, Il est suprême pour nous. —Non, je ne veux pas dire cela. Il semble que j’ai encore en mémoire un autre nom : “Om Namo Narayanaya”... —Oh! S’il te plaît ne dis pas cela. Ton père me tuera. Il pensera que je t’ai enseigné cela. Comment as-tu appris un tel nom? —Eh bien, tout ce que je sais c’est que c’est un nom de Dieu. » L’enseignant était très perturbé et accourut vers Hiranyakashipu en 211
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lui disant : « Sire! ô grand Maharaj! votre propre fils répète un nom indésirable. Je lui ai appris à répéter votre nom, mais il ne le voulait pas. —Amenez cet insensé ici! » Mais le temps que l’enfant arrive, Hiranyakashipu était devenu un peu affectueux. « Viens, assieds-toi ici mon fils. A présent, qu’as-tu dit à l’école? —Papa, j’ai juste répété le nom de Dieu. —Le nom de Dieu? Qui est ce Dieu? Ne sais-tu pas que je suis le Dieu? —Non, Papa, tu es mon père et je t’aime. Mais Dieu est Narayana. » Le roi ne pouvait même pas supporter le nom. « Mon enfant, comment as-tu appris cela? » Il regarda furieusement l’enseignant qui tremblait. Un combat commença alors entre un vrai dévot de Dieu et un véritable ennemi de Dieu. Quelles que furent ses tentatives, Hiranyakashipu ne put changer le mental du garçon, alors il décida finalement de le tuer. Mais une force mystérieuse protégeait Prahaladana. Hiranyakashipu fit rouler l’enfant du haut d’une montagne, mais le garçon en sortit sain et sauf. Il essaya de faire piétiner Prahaladana par un éléphant, mais l’animal s’approcha de l’enfant, tourna autour de lui, se prosterna et s’en alla. Le roi fit donner du poison au garçon par sa mère, mais quand Prahaladana le but, il sourit simplement à son père et le poison devint nectar. Hiranyakashipu était totalement vaincu. Il se lassa et dit finalement : « Très bien! Où est ce sale Narayana? —Papa, Il est partout. —Il est partout? Je L’ai attendu pendant tant d’années afin de pouvoir Le détruire. Tu sembles Le connaître. Très bien, montre-moi. —Papa, Il est ici-même – partout. Hiranyakashipu montra du doigt : « Est-Il dans ce pilier? —Oui, Papa, Il est aussi dans le pilier. —Très bien. Alors je vais Le tuer, tout de suite. » Hiranyakashipu prit un sabre et frappa un grand coup sur le pilier. Il y eut immédiatement un rugissement. Le pilier se sépara en deux moitiés et il en sortit le Seigneur qui apparut d’une façon particulière comme mi-homme, mi-animal, qui est appelé l’avatar Narasimha. Nara signifie homme. Simha, lion. 212
40. L’homme qui haïssait Dieu
Pourquoi devrait-Il apparaître ainsi? Parce que jusqu’à ce qu’il n’ait acquis tous ses pouvoirs, ce même démoniaque Hiranyakashipu avait été quelque temps avant un très grand dévot de Dieu. Puis il oublia Dieu et crut qu’il était lui-même (physiquement) devenu Dieu. On lui avait une fois appris comment répéter un mantra et méditer. Avec le temps il devint un grand Yogi, mais il pratiquait avec un mental impur. Que vous soyez pur ou non, si votre pratique est continuelle la shakti ou force du mantra sera attirée à vous. Même une personne impure peut répéter certains mantras et obtenir une certaine part de Dieu à travers les vibrations. Dieu doit venir. Alors Dieu vint à cet homme et dit, « Je suis satisfait de ta pénitence et de ta méditation. J’ai été attiré par toi. Fais-Moi ta requête. » Il dit : « Ma requête est que je ne devrais à aucun moment être tué par un être humain. —Est-ce tout? —Non, attends, attends. Il y a davantage. Je ne devrais pas être tué par des animaux. —D’accord. —Je ne devrais être tué par aucune arme. —D’accord. —Je ne devrais pas être tué pendant le jour. —D’accord. —Je ne devrais pas être tué pendant la nuit. —D’accord. —Je ne devrais pas être tué dans la maison. —D’accord. —Je ne devrais pas être tué hors de la maison. —D’accord. » Et après tout cela il continua, car un démon a peu de foi, mais beaucoup de peur. « Et si par quelque hasard je suis tué, cent personnes comme moi devraient surgir de toute goutte de mon sang tombée au sol. —D’accord. » Quand Dieu promet de vous donner une faveur, Il vous donne tout. Libre à vous de l’utiliser ou non. Tout savant qui examine la matière de près peut découvrir la force atomique. Cette grande puissance ne se soustraira pas à lui. Mais libre à lui d’en faire 213
Part V : Le retour à la source
usage. La manière dont vous utilisez le pouvoir que vous acquérez par vos pratiques dépend de vous. Fabriquerez-vous une bombe destructive ou un baume apaisant? C’est pareil avec la science spirituelle. Si vous pratiquez avec un mental pollué, vous recevrez le pouvoir, mais vous en ferez mauvais usage pour vous ruiner et troubler autrui. « Es-tu satisfait? » Hiranyakashipu réfléchit un peu et ajouta : « Et que je ne puisse jamais être tué sur le sol ou dans le ciel. —D’accord. » Ensuite Hiranyakashipu pensa : « A présent je vais être immortel. Personne ne peut me tuer. » C’est pourquoi quand le pilier s’ouvrit une forme mi-homme, mi-lion apparut. Ce n’était ni un homme ni un animal. Dieu a Ses propres astuces. Il Se rappela donnant la faveur que Hiranyakashipou ne pourrait pas être tué par un homme ou des animaux, mais celui-ci n’avait jamais pense a un mi-homme, mianimal. Aussi Dieu apparut-Il dans cette forme. La promesse était qu’il ne serait tué par aucune arme, ni sur le sol, alors Il saisit immédiatement Hiranyakashipou et le plaça sur Ses genoux tout en s’asseyant dans l’entrée de la maison, ni dedans ni dehors, ni sur le sol ni dans le ciel. Il utilisa Ses griffes pour déchirer la poitrine de Hiranyakashipou, aspira tout le sang et le but afin qu’aucune goutte ne tomba. Il y a des images terrifiantes de cela avec le petit Prahaladana debout à côté répétant le nom de Dieu. Mais l’enfant ne pouvait pas voir Dieu, seulement son père mourant, et il commença à pleurer, « Narayana, je ne puis Te voir. Qu’arrive-t-il à mon père? » Son affection pour son père était toujours là. Et le Seigneur dit : « Mon enfant, il te faut encore grandir. Tu n’as pas pensé à Moi autant que ton père le faisait. » Un ennemi eut donc la vision et la visite de Dieu d’abord; le dévot plus tard. Cela pourrait être un peu troublant. Comment même un ennemi de Dieu peut-il voir Dieu? Que vous soyez un ennemi ou un ami, ce qui compte le plus est l’intérêt – le souvenir constant. Haïssant Dieu comme son ennemi, Hiranyakashipu pensait toujours à Lui. Alors Il apparut. Juste au moment de sa mort, la révélation vint à Hiranyakashipu. Avant de s’affaisser, il s’écria : « Seigneur, de grâce excusez-moi. Ce que j’ai fait est terrible. Pardonnez-moi. Si je renais 214
40. L’homme qui haïssait Dieu
après cela, laissez-moi souffrir pour tous ces péchés, mais permettezmoi de me souvenir de Vous comme mon bon ami. Retirez mon âme du corps, mais accordez-moi cette faveur. » Dieu la lui fit. Plus tard Hiranyakashipu prit une autre naissance comme un grand dévot, vécut une longue vie en proche ami de Dieu, et puis trépassa. Il se peut que vous pensiez que tout cela est juste une belle histoire. Mais même si vous ne croyez pas à l’histoire, voyez au moins la signification intérieure. Il est très difficile de croire à certaines choses. Chaque écriture contient des histoires avec une signification ésotérique derrière elles, Vous n’êtes pas obligé de croire exactement à la lettre ce qu’elles disent. Pour l’intellect c’est sujet à controverse. Toutes les religions ont cela. Mais vous devriez comprendre la signification intérieure. Faites toute chose et chaque chose en Son nom. « Tout pour Shiva, tout pour Vishnou, tout pour Jehovah, tout pour Jésus, tout pour Allah, tout pour Bouddha », ce qui veut dire « Seigneur, je ne veux suivre que Toi. » Une dévotion totalement concentrée, avec toute notre vie donnée à Dieu, voila la condition de base dans la bhakti. De cette façon vous perdez votre individualité – vous vivez pour Lui et vous mourez pour Lui. Il y a beaucoup d’aspects subtils dans le Bhakti-Yoga : l’adoration personnelle, différentes sortes de services devant un autel, pourquoi nous allumons ceci ou faisons cela, et ce que les rites et les services symbolisent. Il y a beaucoup à apprendre sur les niveaux d’adoration. Cette connaissance viendra naturellement au fur et à mesure que nous continuons à progresser. Jusque-là soyons simplement des dévots humbles, simples et sincères, et permettons aux autres d’être également de bons dévots vénérant le même Dieu à travers la forme de leur choix, quelle qu’elle soit. Tout comme cinq frères et sœurs dans la même famille ont les mêmes père et mère, mais aiment cinq différentes sortes de nourriture, de même pouvons-nous vivre tous comme une famille avec nos différents modes de vénération. C’est l’enseignement essentiel. Nous devrions acquérir cet esprit œcuménique. Seulement de cette façon pouvons-nous tous vivre ensemble et apporter la paix et le ciel sur terre, et grâce à cela rendre heureux notre Seigneur. 215
41. La fourmi et le tas de sucre Il y a de nombreuses façons d’approcher Dieu. Elles semblent parfois se contredire; un grand saint enseigne une façon qui apparaît être l’opposé d’une autre. Mais si nous atteignons l’essence de ces enseignements, nous comprenons qu’ils parlent tous du même but final. Deux personnes, A et B, commencent au même endroit, l’une marchant vers l’est, l’autre vers l’ouest, dans des directions opposées. Si elles continuent leurs voyages dans la même direction, sans varier d’un degré, où finiront-elles? Face à face. Tous les chemins mènent à Rome. Toute bonne approche vous amènera chez vous. Un sage, le grand acharya Shankara, résuma les enseignement des Upanishads en disant : « Le Un Absolu est la vérité. Ce que vous voyez en dehors de vous, sa manifestation, n’est pas réel, mais une illusion. » Quand le sage Shankara parle de maya ou du monde illusoire à l’extérieur, il ne veut pas dire que le monde n’est pas là. L’illusion est que vous voyez les choses différemment de leur essence, parce que ce que vous voyez change constamment. L’un peut voir une table, un autre du bois. Tout est fait d’une seule essence, mais on donne des nom différents aux nombreuses formes que cette essence peut prendre. Le monde que vous voyez n’est que nom et forme. Si vous voyez au-delà du nom et de la forme, vous voyez la vérité. De ce point de vue, ce qui est vu superficiellement n’est pas réel. A partir d’une vision, chacun peut avoir sa propre réalité, mais une vision intérieure vous dira que tout est le même. Même le vous qui vous les choses de ce monde n’est pas différent de cet Un Absolu. Quand Sri Ramakrishna essayait d’expliquer la signification de l’upanishad, il disait : « Oui, tout cela peut être vrai, mais je ne le veux pas ». Pourquoi? Imaginez une fourmi qui a découvert un tas de sucre. Elle se concentre avec grande joi sur le tas de sucre, en mangeant constamment. Vous devenez ce sur quoi vous vous concentrez. « Je ne veux pas devenir du sucre, dit l’heureux dévot. Je veux juste devenir la fourni sur le tas de sucre, et continuer à manger. Je ne veux pas de la philosophie de Shankara. J’en ai même un peu peur. Si je vais devenir sucre, pourquoi devrais-je même venir ici pour manger? Non, je ne veux pas perdre complètement mon individualité. » 217
Part V : Le retour à la source
C’est une autre approche. Un dévot veut toujours être un dévot. Il veut s’approcher de Dieu, devenir comme Lui, Lui ressembler. Mais il ne veut pas devenir Dieu, parce qu’il n’y a plus de plaisir alors, plus d’amour entre Dieu et le dévot. « Je ne peux alors plus avoir le plaisir d’aimer Dieu, si je deviens Dieu. » C’est pourquoi Ramakrishna enseignait que la philosophie advaita, qui dit que nous devons réaliser que nous somme tous un avec l’Absolu, est un peu sèche. Si cela arrive, qui est là pour en jouir? Il n’y a plus d’individualité. Cela clôt le chapitre. Mais la voie du dévouement est tellement belle. Il y a du plaisir dans la vie. Nous pouvons être séparé et en jouir. Avec ce dévouement, vous pouvez devenir si proche de Dieu que vous pouvez être effrayé. C’est bien. Vous ne devriez pas avoir peur de Dieu comme étant un être extérieur. Mais quand le fini fait face à la grandeur impensable de l’infini et en est pétrifié, la vraie humilité apparaît, et le dévot sait que le monde entier est le temple du Seigneur. Bhakti, ou le Yoga de la dévotion, peut sembler être même meilleur que le Jnana-Yoga, la voie de sagesse par l’analyse de soi. Mais la dévotion sans la sagesse n’est pas dévotion. Tout en étant amoureux de Dieu, vous devriez également être sage. Être séparé et L’aimer est vraiment beau. C’est ce qu’un dévot souhaite. Mais le fait est que le dévot et l’objet de sa dévotion sont une seule et même chose. Sachez qui vous êtes vraiment, tout en restant séparé pour pouvoir mieux apprécier le bonheur de cette vie. A moins d’être séparé vous ne pouvez même pas connaître l’amour et la compassion de Dieu. Un saint Tamoul chantait : « Oh Seigneur, Vous savez que je suis Votre enfant. Ma nature est de pécher. Puis-je Vous rappeler que Votre nature est de pardonner toutes mes erreurs. Ma nature est de continuer à faire des erreurs, et la Vôtre est de continuer à me pardonner. » Quelle bonne excuse! Shankara enseignait que nous sommes tous un avec Dieu, mais ne voulait pas le ressentir tout le temps. Dans sa pratique personnelle il était un grand dévot de Dieu sous la forme de la mère. Il établit de nombreux temples pour Elle et écrivit plus de poèmes en tant que dévot qu’en tant qu’advaitin. Un jour il La regarda et dit : « Mère, le monde a vu de nombreux mauvais enfants, mais jamais une mère qui 218
41. La fourmi et le tas de sucre
ne les pardonnerait pas. Vous êtes ma Mère, je suis Votre enfant. Même quand je suis mauvais, comment pouvez-Vous ne pas me pardonner? Acceptez-moi parce qu’il peut y avoir de mauvais enfants, mais pas de mauvaise mère. » C’est une approche assurée pour un dévot : une prière, même une demande. Avec une telle dévotion, j’ai confiance que quoique je fasse, Dieu me transformera et me sauvera de mes mauvaises habitudes. Quand nous avons une telle confiance en Dieu, nous verrons les mains qui nous protègent. Nous sentons alors que tout ce qui arrive est Son affaire. Si nous avons foi en Dieu, nous n’avons pas besoin d’avoir peur de quoi que ce soit et nous voyons que Dieu est aussi en tout. Approchez d’abord Dieu comme si vous alliez faire quelque chose et que vous vouliez de l’aide. Finalement, vous finirez par sentir qu’Il travaille à travers vous. Soyez juste un instrument dans Ses mains. Un autre grand sage avait l’habitude de Lui rappeler : « Seigneur, ne Vous souvenez pas du jour où je me suis donné complètement à Vous? Pas seulement mon corps et mes possessions, mais moi-même complètement. J’ai mis tout ce qui est mien dans Vos mains. Est-ce que Vous Vous souvenez? Dans ce cas-là, y a-t-il aucun problème pour moi aujourd’hui? Pas du tout. Devrais-je m’en faire? Non. Vous m’avez pris comme Votre instrument. Vous vivez en moi, corps et esprit, dans cette vie. Vous m’utilisez. Si on me dit “eh! Tu fais quelque chose de mauvais”, pourquoi m’en faire? Vous faites tout à travers moi. Ou si on me dit “oh! vous êtes vraiment un grand homme”, je sais qui fait vraiment tout. Les autres peuvent ne pas le savoir, mais je le sais. Vous êtes donc responsable pour tout, bien ou mal, qui arrive à travers mal, parce que je Vous ai tout donné. » C’est devenir un instrument dans les mains de Dieu. Dans la loi de tous les jours, nous voyons la même chose. Si quelqu’un est assassiné, est-ce que la police mettra le pistolet en prison? Ils chercheront la personne qui a tenu le pistolet. Bien sûr, être un instrument n’est pas une excuse pour faire le mal. Mais si vous avez tout donné à Dieu, vous n’avez pas besoin de vous censurer. Mais vous ne pouvez pas non plus rechercher les fruits de vos bonnes actions. Tout appartient à Dieu. C’est l’attitude d’un dévot. Il est libre dans les mains de Dieu. Dieu l’utilisera comme bon Lui semble. Et on verra Dieu dans les 219
Part V : Le retour à la source
actions de Ses dévots, tout comme nous voyons l’électricité dans les lampes ou les radios. Une telle dévotion demande un foi absolue, mais cela n’a pas besoin d’être une foi aveugle. Le mental doit aussi être convaincu. La raison pour la foi peut être prouvée logiquement. Quand vous dites » Je fais quelque chose », qu’est ce qui se passe vraiment? Pouvez-vous dire « je soulève le livre et le pose sur la table avec mes propres mains »? Pour soulever le livre vous avez besoin d’un peu de force. Où trouvezvous la force? Si on vous demande de jeûner pendant quinze jours, vous n’aurez peut-être pas la force de vous lever ou même de parler ou regarder quelqu’un. Vous obtenez votre force en mangeant et en respirant. Votre force vient de l’extérieur, de la nature, de la nourriture et de l’air que nous assimilons. Qui nous le donne? Si vous dites « la nature », qui est la cause de la nature? Cette force invisible. Dieu a produit la nourriture. Vous lavez mangé, mais qui l’a digéré pour vous? Dieu, de nouveau. Avec Son énergie vous avez préparé la nourriture. Avec cette énergie vous la cuisinez, la mâchez, et la digérez. Avec Son énergie vous pouvez soulever un crayon et écrire ou le poser. Qui vous parle maintenant? C’est Son influence, pas la mienne. Nous ne nous en rendons pas toujours compte, et essayons d’en tirer le crédit. Quelque chose prend soin de votre respiration et de votre vie, parce que cette force invisible veut que vous viviez plus longtemps. Pourquoi? Probablement pour accomplir Son travail. Il a un plan cosmique. Il doit l’accomplir à travers vous, Son instrument. Il prend donc bien soin de Son instrument. C’est pourquoi je parle de « nous » en tant que corps et esprits parce que c’est ainsi que nous fonctionnons au niveau physique et mental. Avec une telle identification nous pouvons dire que Dieu travaille en nous et à travers nous. Mais si nous nous identifions en tant qu’image de Dieu, nous disons alors que Dieu utilise ce corps et ce mental. Nous pouvons être heureux de toute façon. Le grand dévot Hanuman dit un jour à Dieu : « Je vie souvent en pensant que je suis le corps ou le mental. Quand je pense cela, laissezmoi être votre serviteur. Si je pense que je suis l’âme, laissez-moi penser que je suis une partie de Vous. Mais quand je pense que je suis le Soi pur, laissez-moi penser que je suis Vous. » 220
41. La fourmi et le tas de sucre
Vous fonctionnez à des niveaux différents. Si vous utilisez le corps physique, pensez que vous êtes un karma-yogi qui dédie toutes ses actions à Dieu. Si vous utilisez votre cœur, pensez que vous êtes un bhakti-yogi qui est l’instrument de Dieu. Si vous vous servez de votre intellect, pensez que vous êtes un jnana-yogi qui ne s’identifie à rien de moins que le vrai Soi. Si vous incorporez tout, pensez que vous êtes un raja-yogi qui intègre toutes les approches.
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42. Ce que nous appelons sacré Il n’y a qu’un Dieu, notre Seigneur, la vie en nous. Nous sommes cette image. Dieu est toujours un parce qu’il n’y a qu’un seul Dieu sous différents noms. Nous parlons de la même vérité en différents langues. Vous êtes l’essence. Quand elle est divisée, elle devient non-sens. Comme la pluie retournant à l’océan, chaque goutte d’eau qui veut retourner à sa source est un chercheur religieux. Dieu est comme de l’eau complètement distillée, l’Absolu. Quand il tombe de ce côté de la rivière, Il devient le Dieu d’Israël, notre Père Céleste. De l’autre côté, ils L’appellent Allah. S’Il tombe sur les Himalayas, ils L’appellent Shiva. Il en est de même avec ce qui nous appelons sacré. « Dieu » n’est qu’un terme général approuvé par presque toutes les religions. Ce que nous voulons dire est Pouvoir ou Intelligence Cosmique. Bien que nous utilisions des mots et de noms différents, nous voulons dire la même chose. Les noms de Dieu sont aussi sacrés parce que le nom et celui qui est représenté par le nom sont inséparables. Dieu aime chaque nom que nous lui donnons, tout comme un bébé qui naît dans une grande famille. On appellera cet enfant de dix façons différentes. Maman l’appellera d’une façon, Papa d’une autre, la plus jeune sœur d’une autre façon pleine d’affection. Dieu ne se soucie pas des noms qu’on Lui donne, mais plutôt des sentiments que nous avons. Il s’intéresse à nos cœurs, pas à nos têtes. A cause de nos limites nous Lui donnons des noms différents et nous voyons des formes différentes. Il est puissant et nous permet de faire cela. Vous pouvez certainement appeler Dieu « Elle ». « Vous êtes Cela », disent les sages. Et comme les hommes commencèrent à interpréter ces mots, ils pensèrent que Dieu était « Il ». Certains pensent que Dieu est « Elle ». Pourquoi penser seulement que Dieu est notre « Père »? Il peut être « Frère », « Sœur », « Ami », ou « Adoré ». Dieu est en fait tout cela, et plus. Choisissez une relation particulière avec Dieu. Si vous préférez votre père, vous pouvez appeler Dieu votre cher Père. Si vous avez peur de votre père et aimez votre mère, vous pouvez penser à Dieu comme étant une merveilleuse Mère. Approchez Le comme vous voulez, Il ne vous reniera pas. 223
Part V : Le retour à la source
Les humains peuvent imaginer Dieu comme une forme surhumaine avec six têtes et douze bras. Nous voyons cela dans la religion Hindoue. Il est naturel pour le mental de penser comme cela. Si un buffle voulait approcher Dieu, il ne s’attendrait certainement pas à voir Dieu sous une forme humaine, parce que les buffles ne sont pas très bien traités pas les hommes. Le buffle penserait certainement à Dieu sous la forme d’un grand buffle, avec quatre cornes et deux queues. Selon les enseignements Védiques, chaque individu, homme ou femme, est l’épouse de Dieu. Nous L’aimons tous. Nous sommes le féminin, Lui seul est masculin. Dieu est comme une force statique qui s’exprime par l’activité. Toute création est une manifestation de cette force statique. C’est la nature, ou la Mère. Seule la Mère, non le Père, peut concevoir et donner naissance. L’univers entier est Mère. Dans la mythologie Hindoue, les déesses sont toujours plus glorifiées que leurs compagnons, parce sans leur pouvoir la force statique est inutile. Il y a des gens en Inde qui adore Shiva. Mais si vous allez au Bengale, vous verrez qu’ils adorent la déesse Shakti. Vous avez peutêtre vu des images de Shakti dançant sur la poitrine de Shiva, qui est allongé comme un cadavre. Comprenez-vous ce que cette image veut dire? Sans Shakti, Shiva n’est qu’un cadavre; un Dieu sans pouvoir n’est pas un Dieu. Mais ne vous trompez pas, Shakti ne peut dancer sans Shiva. Ils ne sont pas deux dieux différents, mais différents aspects du même dieu. Shiva s’exprime ou se fait connaître en tant que Shakti. Sans cette surface brillante, luisante, étincelante, un diamond n’est qu’une pierre. Sans la lumière, la pierre n’est pas une pierre précieuse. Mais sans la pierre, il n’y a pas de lumière brillante. Elles sont inséparables. L’une est visible à cause de l’autre. Shiva n’est peut S’exprimer sans Shakti, qui ne peut dancer sans Shiva. C’est un peu comme une dynamo. Quand elle n’est pas en mouvement, elle est inutile et inoffensive, parce qu’elle ne produit aucun courant électrique. Elle ne fait qu’exister. Mais dès qu’elle commence à marcher, vous mettez aussitôt une barrière et un signe : « Danger. 30 000 volts. N’approchez pas. » A quoi sert une dynamo qui ne marche pas? Vous avez besoin du courant électrique, la Shakti. 224
42. Ce que Nous Appellons Sacré
Si vous regardez une image du Seigneur Vishnou, ou Narayana, vous verrez toujours Lakshmi avec Lui. Ce ne sont que des symboles qui montrent que sans une manifestation, le Seigneur ne peut être compris, réalisé ou utile. La manifestation, le pouvoir, est la déesse. Dieu est omniprésent, mais Il ne se manifeste pas dans le monde, il n’y a aucun jeu charmant de la vie, et aucun moyen de réaliser Dieu. On peut facilement parler d’illumination, mais il n’est pas suffisant d’entendre ou de lire à propos de la vérité. Vous n’avez pas besoin de payer pour lire le menu. Quel est le goût d’un met si vous ne le goûtez pas? L’unité doit être connue dans le silence complet du mental, mais on ne peut totalement réaliser Dieu grâce au mental. Si vous faites l’expérience de l’unité, vous devez pour la décrire utiliser le mental limité pour donner une approximation de ce qui se passe au-delà du mental. C’est pourquoi les Bouddhistes ne parlent même pas de Dieu. Le Seigneur Bouddha lui-même était le fils de parents Hindous. Le Bouddha se rendit compte des problèmes et du chaos créés par les religions. Il y avait alors des centaines de sectes qui s’entre-tuaient au nom de Dieu. C’est pourquoi il dit : « Non, je n’ajouterai pas à cette situation. Je veux arrêter ce non-sens. Pourquoi en parler? Laissons les gens en faire l’expérience. » Vers la fin de sa vie, Le Bouddha remarqua l’air triste d’Ananda, un de ses plus grands disciples. Il lui demanda : « Ananda, es-tu triste parce que je vais quitter cette vie? —Non, Seigneur. Mais il y a encore une question sans réponse et cela m’attriste. —Pose-moi cette question. —Seigneur, vous n’avez jamais abordé le sujet de Dieu. Cela signifie-t-il que vous ne croyez pas en Dieu? —Ananda, ai-je jamais dit cela? —Non, Seigneur. Dans ce cas, puis-je dire que vous acceptez Dieu? —Ananda, ai-je jamais dit cela? » Il ne refusa ou n’accepta jamais. Qu’est ce que cela veut dire? Il ne voulait pas parler de ce qui ne peut être bien décrit. Dès que l’homme commença à parler de Dieu, il créa toutes sortes de querelles religieuses. Dieu peut avoir créer l’homme en Son image, mais les hommes, avec 225
Part V : Le retour à la source
leurs égos différents, ont créé différentes images de Dieu. C’est pourquoi chacun a son propre Dieu et se bat avec les autres à ce sujet. Il veut mieux ne pas en parler en réaliser Dieu vous-même. En arrivant à cette réalisation, vous vous élevez au-dessus de ce que vous aviez imaginé et vous devenez un avec Cela. Jusqu’à ce que cela arrive, croyez uniquement qu’il y a quelque chose au-delà que vous essayez d’atteindre. Vous grandirez. Pour savoir ce que c’est, suivez la voie. Puisque le Bouddha ne voulait pas parler de ses expériences, ses disciples lui demandaient : « Que voulez-vous donc que nous fassions? » —Allez-y, pratiquez. Faites cela. Vous connaissez la peine et la misère du monde. Si vous voulez y échapper, découvrez la cause de cette misère. Pour échapper à cette souffrance, vous devez renoncer à tout désir personnel. Libérez-vous. Libérez-vous de toutes ces fausses identifications. Nirvana est nudité. L’âme doit être nue. Le mental doit être libre de toute identification et association, tranquille. —Et alors, qu’arrivera-t-il? —Je n’ai pas besoin de vous le dire. » Si vous voulez, vous pouvez choisir de vous remettre entre les mains de Dieu, par votre propre intelligence. C’est pourquoi vous avez le libre arbitre. Votre première et plus importante responsabilité en tant qu’être humain est de reconnaître cette force spirituelle qui fonctionne en vous. Si vous renoncez à tous les désirs personnels, le mental ne sera plus ballotté de tous côtés et vous pourrez réaliser le Soi intérieur. La clé est de donner à autrui sans en attendre aucune récompense. C’est l’essence de toute religion. C’est l’essence du Yoga. Quand vous faites cela, vous en retirez les bienfaits. Peut-être pas au début, quand vous êtes mis à l’épreuve. Vous pouvez même devenir pauvre pour un certain temps. Si le mental est pur, vous direz : « Cela n’a pas d’importance, je donne ce que j’ai. Personne ne me force. Je n’attends aucune récompense. » Quand la Conscience Cosmique est certaine que vous êtes vraiment un bon canal, elle vous donnera de plus en plus. Vous réaliserez alors la nature de Dieu. L’Omniprésent, le Miséricordieux 226
42. Ce que Nous Appellons Sacré
qui travaille à travers vous, et vous réaliserez ce Dieu intérieur. Vous verrez alors Dieu partout et en tout. Vous verrez que la création entière est une manifestation de Dieu. Vous apprendrez à aimer l’humanité, la nature, les animaux et les plantes. Pour servir Dieu, vous servirez l’humanité et le monde. Vous n’avez pas besoin de faire quoi que ce soit. En étant le Soi, vous aimerez et servirez Dieu. Au début, il est utile d’être proche de ceux qui aiment et servent Dieu. Plus tard, cela vous amènera à d’autres pratiques. Votre méditation vous révélera Dieu à l’intérieur de vous, et vous sortirez et servirez. Celui qui pratique la méditation et les autres disciplines est comme un barbier qui est constamment en train d’aiguiser son rasoir et se prépare à raser, à servir le monde. Si vous ne faites que servir, votre rasoir devient émoussé. Chaque fois que votre service devient émoussé, tournez-vous vers l’intérieur et aiguisez le rasoir de votre conscience. Puis sortez et continuez à servir. Un jour peut-être on inventera quelque chose qui gardera le rasoir toujours aiguisé. C’est ce qui se passe avec ceux qui ont réalisé Dieu, voient Dieu constamment et vivent dans le monde, servant tous.
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43. Une Vérité, plusieurs chemins Il est une Essence cosmique omniprésente, omnisciente et omnipotente. Comme telle Elle n’a pas de forme ni de nom limités, mais peut prendre n’importe lesquels. Cet Unique est la cause de toutes ces nombreuses choses que nous appelons Sa création ou manifestation. Par conséquent, tous les êtres sont essentiellement purs, calmes et divins. En communiquant avec cet Unique ou en Le réalisant, nous pouvons avoir une meilleure compréhension, une meilleure vie et de plus grandes capacités. Nous pouvons appeler cet Unique Dieu, Brahman, Adonoi, Allah, le Père, La Mère, la Chose en soi, La Conscience cosmique, l’Essence divine et ainsi de suite sans fin. Cet Unique peut être approché par toute forme ou symbole pour répondre au goût de l’individu. Mais nous ne pouvons communiquer avec cet Unique ou Le réaliser sans un mental pur et calme comme instrument. Et sans un corps sain, il est presque impossible de maintenir le mental calme, tout au moins au début. Par nature, le mental et le corps sont heureux et sains, paisibles et à l’aise. Il est notre devoir de maintenir cette aisance et cette paix. Nous pouvons le faire en nous assurant que toutes nos actions – à la fois physiques et mentales – sont parfaites, ne causant aucun trouble au mental Toutes les différentes religions nous aident directement ou indirectement à atteindre cette paix et cette aisance. A moins que les individus ne trouvent d’abord cette aisance, elle ne peut être réalisée à travers le monde entier. Nous devrions nous décider à mener une vie paisible et pleine d’aisance, en la dédiant au bien-être du monde. Imaginez un sommet pouvant être abordé par différentes routes. Un homme part du versant est; l’autre de l’ouest. En montant ils ne se verront pas mutuellement. Mais s’ils ont tous les deux un walkietalkie, l’un d’eux pourrait appeler l’autre : « Eh! Où vas-tu? —Je vais au sommet. —Hein? J’y vais aussi, mais la route est sûrement celle-ci. —Non, espèce de fou. Viens de ce côté. Suis mon chemin. 229
Part V : Le retour à la source
—Non, seul ce chemin mène au sommet. » D’une certaine façon, tous deux ont raison. Mais au moins jusqu’à ce que l’un d’eux atteignent son but, il pourra ne pas comprendre que l’autre est également en route vers le sommet. Quand il atteindra le sommet, il verra l’autre grimper aussi. « Oh, je vois maintenant. Les deux chemins arrivent au même endroit. Je poussais des cris et le critiquais, demandant qu’il vienne sur mon chemin. Dieu merci, il ne m’a pas cru et n’a pas redescendu tout le chemin jusqu’en bas, fait le tour et recommencé à grimper. Cela lui aurait pris beaucoup plus de temps. » Si vous savez que les deux routes vont ultimement au même endroit, vous pouvez facilement admettre : « Tu as également raison. Nous nous rencontrerons là-bas. Tu prends ta route; je prendrai la mienne. » Mais pour savoir cela, ou bien vous croyez les autres qui vous ont parlé, ou bien vous devez aller vous-même au sommet. Jusqu’alors, ne distrayez pas l’autre personne. C’est l’universalité. Tant que vous êtes un chercheur de Dieu, allez vers Lui. C’est votre seule occupation. Vous êtes un voyageur. Vous avez peut-être un instructeur qui vous a indiqué le chemin. Ce n’est pas votre affaire d’essayer d’enseigner aux autres jusqu’à ce que vous atteigniez votre but. Vous pouvez enseigner après avoir atteint Dieu. Alors vous ne troublerez sûrement pas la foi d’une autre personne. Sinon, c’est comme l’aveugle conduisant un aveugle. Deux rivières ne sont jamais exactement pareilles en qualité. Elles ont différents noms, nuances et goûts. Mais elles coulent toutes vers la même source. Quand elles atteignent l’océan, pouvez-vous distinguer le Gange du Missouri, l’Euphrate de l’Hudson? Elles perdent leur individualité parce qu’elles deviennent une. Quelque chemin que vous choisissiez selon votre tempérament et votre goût, restez-y uniformément. Bien que Dieu puisse être approché par tout nom ou toute forme, si vous changez continuellement d’une idée de Dieu à une autre, vous ne progresserez pas du tout. En temps voulu l’idée que vous choisissez est acceptée par votre mental. Éventuellement, le mental lui-même assumera la forme ou les qualités de celui que vous vénérez ou sur lequel vous méditez. Ultimement l’adorateur obtient les qualités de l’Adoré. Mais si vous changez continuellement, le mental n’obtiendra pas ces bonnes qualités. Vous 230
43. Une Vérité, plusieurs chemins
ne pouvez pas voyager sur dix routes à la fois, même si elles vont toutes à Rome. C’est pareil avec un mantra personnel. Si un instructeur vous donne un mantra, vous devriez penser que c’est le seul pour vous; ne pensez même pas à d’autres mantras. Répétez-le simplement et chantez-le. Quand vous méditez il est vôtre. C’est comme une fille qui trouve un garçon et en fait son mari. Elle ne traitera personne d’autre comme elle le traite. Traitez votre choix de Dieu comme votre plus grand bien-aimé. Même dans la dévotion nous pouvons être des prostitués. Si nous prenons une forme de vénération aujourd’hui, une autre demain et encore une autre le troisième jour, nous n’arriverons nulle part. C’est comme creuser un puits à cent endroits. Nous n’obtiendrons de l’eau nulle part. Des milliers peuvent être en route, chacun avec sa propre méthode. Tous peuvent avoir raison, mais chacun doit s’en tenir à un chemin. En même temps une personne véritablement religieuse ne condamnera jamais la voie de n’importe qui d’autre. Si vous voulez connaître Dieu, élevez-vous à ce niveau. Il faut être un voleur pour connaître un voleur. Il faut être un saint pour connaître un saint. Si vous rabaissez quelqu’un d’autre, vous ne faites que vous limiter vous-même. Quelquefois les gens sont fanatiques à propos de leur foi. Les fanatiques religieurx convertis ou nouvellement trouvés sont souvent pires que les autres. Ils sont trop enthousiastes au début et ne sont pourtant pas assez fermés dans leur propre foi pour comprendre que les autres vont aussi au sommet par différents chemins. Nous sommes tous les fils et les filles de Dieu. Tout le monde est choisi. Mais même dans la pratique spirituelle la nourriture d’un homme est du poison pour un autre. Soyez dévoué à la religion de laquelle vous êtes venu. C’est un peu comme votre mère. Je n’ai qu’une Mère. Je ne puis en avoir plus d’une. Elle m’est très chère. Mais parce que je l’aime, devrais-je dire « seule ma mère est une femme chaste »? Vous me haïriez. Comme j’aime ma mère, vous aimez la vôtre. Toute religion qui se querelle avec une autre n’est pas véritablement une religion. Religion signifie tout embrasser, pas de querelles. Si jamais une personne se dit religieuse et refuse la voie ou la religion d’un autre, sachez pour sûr qu’elle ne comprend pas encore sa propre religion. 231
Part V : Le retour à la source
Le fait d’enseigner un seul genre d’approche, cela ne marchera pas en cet âge. A présent nous devons montrer aux gens l’approche universelle. Beaucoup de gens ne sont pas satisfaits dans leur propre religion parce que les disciplines, les rites et les règles sont présentes sans explication. Cela ne marchera pas aujourd’hui. Je suis réellement content de voir la génération actuelle tout questionner : « Pourquoi devrions-nous faire cela? Quel en est le but? » En fait, la plupart des pratiques spirituelles et des rites religieux ont perdu leur signification. Les gens les font mécaniquement. Les rites sont simplement les recommandations pratiques ou les répliques externes de ce qui devrait arriver en vous. Si vous apportez des fleurs à l’église, c’est une façon de porter votre affection vers Dieu. Si vous apportez des fruits, vous apportez les fruits de vos actions. En Inde ils peuvent apporter deux bananes – offrant les résultats à la fois de leurs bonnes et de leurs mauvaises actions : « Je ne veux rien, mon Dieu. Je Te l’offre en entier. » Il y a parfois un écran ou un rideau devant l’autel. Quand il est ouvert vous êtes en présence de Dieu, vous avez transcendé votre ego personnel qui était comme un voile devant vous. Les rites eux-mêmes n’apporteront pas la paix ou la communion. Toute l’idée de ces cérémonies est d’enlever les troubles qui cachent la vérité, afin que vous puissiez réaliser. Si les rites religieux sont bien compris, ils peuvent vous aider. Mais ils peuvent aussi vous astreindre, si vous les faites sans en connaître la signification. C’est pourquoi tant de gens les abandonnent. Pourquoi allumez-vous un cierge à un autel ou pour commencer le sabbat? Dieu est-Il aveugle? Ne peut-Il voir sans la lumière? Cette lumière est le symbole de la lumière spirituelle que vous avez allumée en vous-même en venant en Sa présence. On ne devrait jamais laisser la lumière de la vérité s’éteindre – c’est la lumière éternelle. Si vous vous approchez de cette lumière éternelle, vous aussi prendrez son feu; l’ego se consume et vous êtes illuminé. Votre individualité disparaît, vous devenez un avec le tout. Vous n’êtes jamais séparé de Dieu. C’est la signification secrète de tous ces symboles et ces rites. Mais le mental ne peut rien comprendre sans symboles. Les rites et les Écritures sont donc comme des échelles sur lesquelles on 232
43. Une Vérité, plusieurs chemins
peut monter. Un grand sage dit un jour : « Il y a deux sortes de gens qui n’ont pas besoin d’Écritures ou de dogmes. L’un d’eux est le fou (fool), l’autre le comblé (full). » Le fou ne sait comment lire ni ne s’en soucie. Il pourrait se servir des Écritures comme d’un oreiller. Le comblé sait déjà et n’a pas besoin d’un livre. Quand vous êtes comblé vous pouvez écarter le livre. Quand vous montez en haut pourquoi vous tenir à l’échelle qui vous y a conduit – les rites et les accessoires religieux? Ils peuvent vous être très utiles pour vous élever, mais ensuite ils pourraient devenir un asservissement. Certaines gens s’assoient là à vénérer l’échelle même : « Oh ma belle échelle, emmène-moi là-haut s’il te plaît. » Même certaines écritures saintes ont été traitées de cette façon, recouvertes d’or et d’étuis de velours, placées sur l’autel et vénérées. J’ai vu beaucoup de gens vénérer la Bhagavad-Gita de cette façon. Ils ne connaissent rien de ce qu’il y a à l’intérieur. Les livres saints et les rites sont là pour vous aider à réaliser l’esprit à l’intérieur, à éprouver l’unité et l’universalité. Suivez votre religion, mais essayez d’apprendre le but réel de tous ses rites et ses traditions. Que les rites vous aident à atteindre votre but, ce qui est l’objectif fondamental de toutes les religions. Offrez votre individualité et reconnaissez votre unité spirituelle avec chacun et avec tout l’univers.
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44. La Conscience cosmique Tous les chemins mènent chez soi. Qui vit au sein de ce chez-soi (home)? OM. Et qui vit de chaque côté? LUI. Ainsi toutes les fois où vous pensez à OM vous êtes chez vous (at home). C’est pourquoi Sri Patanjali dit dans les Yoga Sutras que le nom de l’Être cosmique est OM. En réalité, ce n’est même pas OM. Cela est juste le nom que nous donnons à quelque chose qui est exprimé. Plus littéralement, c’est comme un « Hmmm » continu, ce son de la vie bourdonnant partout dans l’univers. Vous le prononceriez probablement comme « AUM ». Cela commence par « a ». Quand vous ouvrez juste la bouche vous prononcez naturellement « a », le premier de tous les sons audibles. Vous n’avez rien à faire avec la bouche et la langue, ni à bouger les lèvres – le « a » vient tout simplement. C’est pourquoi chaque langue commence par le son « a ». Et une fois que ce premier son audible est produit, nous appelons cela la création. Alors il lui faut survivre, ce qu’il fait avec la partie suivante : « u » (se prononce « ou ») qui roule naturellement vers les lèvres et continue jusqu’à la fin. Et, bien sûr, tout ce qui est produit doit avoir une fin; « mmm », qui est la destruction ou l’involution. Ainsi, création – a; préservation – u; destruction – mm. Rassemblez le tout et cela devient OM. Ainsi toute création, préservation et destruction sont vues dans OM. Tous les sons et les mots jamais produits sont au milieu de ce son OM. Si vous prononcez n’importe quel son et l’analysez, vous pouvez le condenser dans ces trois parties. OM est le commencement. OM est aussi la fin. La création toute entière commença et continue dans OM, et un jour probablement prendra fin dans OM. C’est le mot qui était au commencement et qui est avec Dieu et sera avec Dieu. Dans la Bible il est appelé le Verbe. Dans les écritures Hindoues c’est appelé le son du Dieu absolu (NadaBrahman). Toutes les religions semblent le connaître. Certains le prononcent comme « Amen » ou « Omayn » ou « Amin », ou juste « OM » ou « hum ». Quand une dynamo statique commence à tourner, la première chose que vous entendez est le ronflement. Ainsi quand Dieu en tant que statique ou non manifesté voulut Se mettre en 235
Part V : Le retour à la source
mouvement, Il bourdonna d’abord tout simplement. C’est pourquoi au commencement était le Verbe ou ce son. Il devint conscient de Lui-même et voulut voir exprimées les choses. La toute première manifestation de l’Absolu omniprésent, omniscient et omnipotent est le son, la plus subtile des manifestations. Cela signifie que même avant le son il y a un état absolu dans lequel il n’y a ni son ni lumière ni mouvement. C’est impossible à définir parce que c’est infini. La capacité du mental est limitée. Des volumes ont été écrits sur Dieu dans beaucoup de langues, de pays et de croyances, mais ils parlent tous du même Être cosmique qui est indéfinissable. Tout ce que nous pouvons dire est que Dieu S’exprima d’abord sous forme de vibrations sonores. Il créa tout l’univers avec ce son. Ou bien vous pourriez dire qu’Il créa tout l’univers en tant que le son, ce en quoi la religion et la science s’accordent. Les savants ont aussi découvert que tout ce que vous voyez – et même ce que vous ne pouvez voir – n’est rien que des vibrations atomiques. Au delà des protons, des neutrons et des électrons, il semble qu’il y ait une conscience qui ne veut pas entrer dans nos éprouvettes. Bien que les savants ne puissent pas encore la détecter, ils suggèrent qu’elle est peut-être pure énergie ou son. La forme suit le son. Le son lui-même est une forme très subtile qui donne lieu à des formes plus concrètes pouvant être vues. Quand les vibrations sonores deviennent un peu plus concrètes, le son devient un point, et à partir de nombreux points, des formes sont produites. Aujourd’hui des photographies de sons peuvent être faites montrant différentes figures géométriques. Les savants peuvent aussi envoyer un son contre une fine couche de sable répandue sur un verre, et y voir se former un dessin. Cela montre que le son a une forme. Cette vibration atomique est en toutes choses, qu’elles semblent être mobiles ou immobiles. La science dit que tout est fait à partir de l’atome. Dieu dit que tout vient d’Adam. En sanskrit, ils appellent cela l’ Atman, qui est le vrai Soi. Vous voyez combien nous sommes toujours rapprochés? Tout a une conscience parce que l’énergie vitale de ce bourdonnement ou de cette première manifestation cause le mouvement ou le courant partout. Ce mouvement est omniprésent dans chaque atome. A cause de cette force dans l’atome le neutron attire les électrons 236
44. La Conscience cosmique
et ils tournent et tournent. C’est l’attraction cosmique vers le pôle opposé ou le sexe opposé qui fait partie de la nature. C’est ce qui fait l’électricité ou le courant. Comme la puissance électrique, Dieu descend Lui-même jusqu’à nous depuis l’Absolu à travers le son et ensuite la forme, afin que nous puissions bénéficier de Lui. Nous sommes tous comme des gadgets branchés sur Sa force qu’Il a limitée afin que nous puissions faire usage de Lui. Il y a juste ce flot constant de l’énergie cosmique ou de la conscience universelle que nous appelons Dieu. Il coule diversement et par la même forme différentes vagues ou bulles. Certaines de ces formes ou bulles sont nous-mêmes. Tout comme des vagues se forment quand le vent souffle sur l’océan ou de la glace se forme quand la température change, nous aussi sommes formés comme de petites bulles. Nous sommes tous ici à présent, mais nous ne savons pas quand nous échapperons de ces petites formes individuelles. Une bulle dans une vague de l’océan peut durer quelques secondes tandis que nous avons une durée de vie de soixante-dix à cent ans. Celui-là est une bulle appelée Monsieur Untel. Je suis la bulle qu’ils appellent maintenant Swami. La bulle maintient sa forme parce que l’air à l’intérieur et à l’extérieur est d’une pression égale. Quand un des deux augmente ou diminue, la bulle crève. La même chose nous arrivera. C’est la loi de la nature. Nous sommes tous différentes formes de la même matière. Grâce au Yoga vous pouvez expérimenter cela vous-même; ne faites pas que lire à ce sujet et approuver de la tête. Quand vous la réalisez personnellement, vous serez vous-même devenu cette vérité de base. Vous pouvez le faire pendant que vous êtes une bulle séparée ou individuelle, mais après vous ne penserez plus à vous-même en tant qu’individu. Vous serez devenu absorbé dans le Tout. Si vous voulez connaître Dieu à cent pour cent de Sa vraie façon, devenez-Le. Si une goutte veut connaître la profondeur de l’océan, elle doit devenir l’océan. A certains niveaux de votre méditation, la joie se dissoudra lentement en quelque chose d’universel. Quand vous revenez ensuite à votre soi individuel, que pouvez-vous dire? Il n’y a pas de mots pour l’exprimer. Dans le sens absolu, le réel est ce qui est toujours permanent. L’irréel est ce qui change. Prenant l’eau pour représenter cette essence, 237
Part V : Le retour à la source
vous pouvez dire que les vagues, l’embrun, les bulles et la glace sont tous irréels; seule l’eau elle-même est réelle. Cela ne signifie pas que vous deviez vous battre avec quelqu’un qui insiste que ce n’est qu’une vague. Bien sûr c’est vrai pendant qu’elle a cette forme, mais vous devriez avoir une vision plus large – ou double. Cette personne n’a peut-être qu’une simple vision. Quand les gens se laissent prendre par les noms et les formes, ils connaissent des ennuis. Le nom et la forme sont des différences superficielles. Par delà le nom et la forme, c’est l’Existence-Conscience-Béatitude absolue. Toute chose possède ces cinq aspects : existence (asti), conscience (bhati), joie (priya), nom (nama) et forme (rupa). Regardez par exemple cette feuille de papier. Son essence est une pâte. Elle s’exprime à présent comme du papier qui a été coupé en une forme pour être imprimé afin que vous puissiez en profiter. Le monde entier n’est que nom et forme. Le nom et la forme sont juste pour l’amusement, comme jouer à cache-cache pour s’amuser. Mais si vous l’oubliez et vous laissez prendre dans les noms et les formes, vous souffrirez de cette ignorance. Un échiquier est fabriqué en bois, comme le sont toutes les pièces qui sont taillées en différentes formes pour jouer la partie. Appelez-les des pions, des rois, des reines, des tours, des cavaliers ou des fous et donnez-leur différents noms et formes pour jouer la partie – ils sont tous taillés du même tronc. Nous aussi sommes tous des pièces du même tronc. Une fois Dieu raconta une histoire : « quel terrible rêve ai-je eu. Je pensais que j’étais quelque chose de différent. Je rêvais que j’étais si affamé que j’étais obligé de manger un chien mort, et qu’en raison de ma faim j’appelais Dieu, “Seigneur, comment peux-Tu me faire faire cela?” Tout à coup je me suis réveillé et j’ai réalisé que j’étais – que je suis – Dieu. » Parfois un rêve est si intense que le corps physique y participe. Vous prenez le coin de l’oreiller et commencez à le mordre. Quelqu’un vous appelle : « Oh là là! Vous avez une nourriture somptueuse et vous mangez l’oreiller. » La seule façon d’arrêter de manger l’oreiller est de vous réveiller. Quelqu’un doit vous alerter, vous secouer. Une chose semblable arrive dans notre vie. Certains sont en sommeil profond et 238
44. La Conscience cosmique
ne savent pas ce qu’ils font. La plupart rêvent juste qu’il fait sombre et leurs yeux sont clos. Certaines gens sont des rêvasseurs. Les gens rêvent et oublient leur vraie nature. Dans le rêve ils pensent « ceci est ma maison, ma terre, mon usine, mon enfant » – tout ce qui est mien. C’est cela le rêve, d’oublier notre vraie nature et de nous identifier par contre à tellement d’autres choses. Les rêves plaisants et les rêves affreux sont comme des artifices, des hallucinations mentales. Comment peut-on réveiller les rêveurs? Par de belles et douces paroles? Ils n’en dormiront que davantage. Donnez-leur un bon coup de pied. Mais qui peut réveiller le dormeur? Celui qui est déjà réveillé. Les illuminés nous donnent ce coup de pied. Une fois éveillés nous disons : « Je n’avais pas faim. Je n’étais pas malheureux. Je n’étais pas ce corps. Il n’est pas mien. » Nous ne sommes pas le corps ou le mental. Nous ne sommes pas même l’âme qui est un reflet du Soi. Vous êtes le Soi. Le Soi ne subit jamais aucun changement. Il est toujours pur et calme. Il est tout simplement – ici même et maintenant. Il n’a pas besoin de religion. A quoi Lui faut-il retourner? Le Soi a-tIl besoin de réaliser Son Soi? Quand Dieu S’est-Il oublié Lui-même? Cet Unique est omniprésent. Le Soi ne veut pas trouver Son Soi, car Il ne L’a jamais perdu. Au moment de la réalisation il n’y a pas d’ego. C’est quand l’ombre réalise qu’elle est une ombre. L’âme, qui est le reflet du Soi, veut pratiquer toutes ces religions pour trouver l’origine du mental afin de découvrir la réponse à la question « Qui suis-je? » Mais quand elle trouve la réponse, le « je » n’est pas là. C’est la maya – celle qui (ya) n’existe jamais (ma). Qui est maya? Vous voyez les empreintes du canard dans le ciel – c’est tout à fait vrai. Ma mère est stérile. Ma mère n’a aucun enfant. C’est une description de maya – quelque chose qui n’est pas là, mais qui paraît l’être. C’est ce qu’on appelle l’ego. Mais à notre niveau ici-bas, toutes ces apparences semblent réelles. Quelle est l’utilité de cette connaissance théorique? Nous devrions au moins le savoir. Mettons-le dans nos poches et gardons-le. Un jour cela nous aidera beaucoup. Pourquoi Dieu a-t-Il créé ce monde matériel et nous a-t-Il mis dans ce jeu? Le seul qui puisse pleinement répondre à cette question 239
Part V : Le retour à la source
est Celui qui fit toutes choses. Mais quand vous Le verrez, vous direz probablement : « J’avais l’intention de Te demander ceci et cela, mais maintenant que je Te vois, je n’ai plus rien à demander. » Trouvez juste où Il est dès que possible et questionnez-Le si vous le pouvez.
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Épilogue. Vin vieux, nouvelle bouteille Je vous ai donné certains points. Appliquez tout ce qui convient à votre vie. Sachez bien que je ne fais pas que citer des livres ou simplement émettre des idées pré-enregistrées. Ce qui est ici vient de mon cœur, de ma vie même. Je vous dis ce que je ressens. Je veux que vous savouriez ce que je savoure. Si quelque chose ne m’est pas possible, je ne vous demanderai pas de le faire. Mais de ceci je suis sûr : vous pouvez toujours être sain, heureux et serein. Il n’y a aucun doute à ce sujet. Rien ne peut troubler votre paix si vous gardez quelques-uns de ces enseignements dans votre vie et n’essayez de trouver aucun raccourci. N’attendez pas de miracles. Le seul raccourci est de remodeler votre vie. Restez à l’écart de tout ce qui vous perturbera. Toutes les pratiques du Yoga ont rapport avec le mental. C’est le mental qui crée tous vos troubles. Vous pouvez le discipliner et l’utiliser pour votre plus grand avantage – c’est pour cela qu’il vous a été donné. Et vous pouvez y parvenir par la pratique du Yoga n’importe où et partout. Ultimement, vous devez trouver cette paix partout. Vous n’avez pas à en parler; réalisez-la tout simplement, vivez-la. Le réel Sat-Chid-Ananda existe en chaque être humain. Le but est de réaliser ce Soi; de réaliser cette paix, cette joie et cet amour; réalisez cette lumière – ce sont tous des noms différents pour la même expérience. Je vous ai donné tout ce dont vous avez besoin pour un vie heureuse, saine, harmonieuse et réussie, conduisant à la libération finale. Il ne tient qu’à vous de prendre les outils que j’ai donnés et de les mettre à bon usage. Tout ce que j’enseigne, c’est que vous appreniez à être non-égoïstes. Votre vie peut être un beau fruit à savourer pour toute l’humanité. Vous pouvez retenir le Divin qui est déjà en vous sous la forme de la paix et de la joie. Et quand vous resplendissez de paix, vous n’exposez pas que vous-même à cette lumière, mais aussi les autres gens. Que les gens voient quelque chose de beau en vous, quelque chose d’authentique. Que Dieu naisse en vous-même. Cela est ma prière. Que cela commence avec vous, puis, que cela s’étende à votre communauté, à votre pays et ultimement au monde entier. 241
Épilogue : Vin vieux, nouvelle bouteille
Si par quelque hasard, j’ai blessé vos sentiments par mes paroles, je vous demande très sincèrement de me pardonner. Je suis encore humain. Peut-être suis-je trop soucieux de vous toucher. Le Yoga est réellement le même vin vieux, mais dans des bouteilles différentes. Personne ne peut rien dire de nouveau sur la vérité éternelle et immuable. Mais les esprits changent à chaque âge, aussi doit-on présenter l’ancienne sagesse pour satisfaire cet âge. Je sens réellement que nous arrivons dans un grand âge spirituel. Je vois un éveil. J’ai une immense foi en vous tous qui êtes le nouvel espoir. Le monde va être un paradis, nul doute. Il peut encore y avoir quelques gens indésirables – sinon ce serait lassant – mais la majorité seront des Yogis. J’ai toute confiance en cela. Puisse Dieu qui est la vérité, la paix et la joie, qui est toute vertu en nous et partout, nous bénir en nous donnant la compréhension de nous rassembler, de vivre ensemble et de faire de ce monde un beau paradis. Puissiez-vous tous faire l’expérience d’une parfaite santé, de la paix, de la prospérité et de la béatitude.
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Sri Swami Satchidananda Swami Satchidananda, (de son vrai nom Ramaswamy) né en 1914 dans la région de Tamil Nadu. Après ses études, il devient un homme d’affaires pour le compte de la société India’s National Electric Works. Il se marie et a un enfant, avant que sa femme ne décède en mettant au monde son second fils. Il confie alors ses enfants à sa mère et se lance dans une quête spirituelle au travers de l’Inde qui prendra plusieurs années avant qu’il ne rencontre son gourou, Sri Swami Sivananda, de Rishikesh. Pendant la fin des années 1950 et la plus grande partie des années 1960, il reste dans l’ashram de Kandy Thapovanam au Sri Lanka où il modernise et actualise le yoga intégral. En 1966, il visite New York sur l’invitation de l’un de ses disciple, l’artiste Peter Max. Peu après cette visite, il retourne aux États-Unis et s’y établit pour continuer son enseignement du yoga. En 1969, Satchidananda devient célèbre comme speaker officiel de l’ouverture du festival de Woodstock où il enseigne à psalmodier le « Om ». Il était également présent au festival de Nambassa. Au cours des années, il publie de nombreux ouvrages, ouvre plusieurs instituts de yoga (dont l’Integral Yoga International) et instruit de nombreux disciples, parmi lesquels Alice Coltrane, Allen Ginsberg, Jeff Goldblum, Carole King et Scott Shaw En 2002, il entre en mahasamadhi (la sortie du corps finale, consciente, de l’âme d’un être qui a réalisé Dieu).
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Table des matières Préface par Swami Satchidananda.................................................... v Introduction .................................................................................. vii
Partie I : Connaître le Connaisseur
1. Votre vrai Soi........................................................................3 2. La recherche du bonheur......................................................7 3. Qu’est ce que le mal?...........................................................11 4. Vous êtes venu seul – Uniquement pour Grandir...............13 5. La paix mentale..................................................................17 6. Le fruit Défendu................................................................19 7. Faire disparaître l’ego..........................................................25 8. Sagesse................................................................................31 9. Qui est le Guru?.................................................................35
Partie II : Calmer le mental
10. Calmer le mental................................................................41 11. La conscience......................................................................45 12. Concentrez-vous sur une chose..........................................49 13. Les mantras.........................................................................57 14. Le fermier qui aimait son bœuf..........................................63 15. Qui suis-je?.........................................................................67 16. Comment méditer..............................................................73 17. Le Yoga tantrique...............................................................81
Partie III : Le corps humain est un temple 246
18. Le Hatha Yoga....................................................................87 19. Le souffle de vie..................................................................93
20. Comment arrêter de fumer.................................................99 21. La nourriture forme le mental..........................................103 22. Comment manger.............................................................109 23. Le jeûne............................................................................119 24. Soignez-vous vous-même.................................................123 25. Maîtrise de soi..................................................................127 26. Des bâtons........................................................................131
Partie IV : La plus grande joie
27. Le boucher et le yogi........................................................139 28. Le Yoga du travail.............................................................143 29. L’art de donner.................................................................147 30. L’art de recevoir................................................................155 31. Vivre au présent................................................................161 32. La joie suprême................................................................165 33. La voie du mariage...........................................................169 34. La sexualité.......................................................................175 35. Les relation parents-enfants.............................................183 36. Le Renoncement..............................................................191
Partie V : Le retour à la source
37. La vie et la mort................................................................195 38. La prière...........................................................................201 39. Si vous vous accordez, vous obtenez la musique................207 40. L’homme qui haïssait Dieu...............................................211 41. La fourmi et le tas de sucre...............................................217 42. Ce que nous appelons sacré..............................................223 43. Une vérité, plusieurs chemins............................................229 44. La Conscience cosmique..................................................235
Épilogue : Vieux Vin, Nouvelle Bouteille.....................................241
Prahaladan (Philip) Mandelkorn a été un correspondant du Times et écrit des discours pour le Sénator Robert F. Kennedy. Il commença à pratiquer le Yoga sous la direction de Swami Satchidananda en 1970, et a été un professeur de Yoga à New York, Virginia Beach, Winninpeg et Washington, D.C. En 1977 il s’établit à Satchidananda Ashram, Yogaville-Est à Pomfret Center, Connecticut, et commença à servir en tant qu’écrivain, éditeur et co-éditeur du Programme d’Enseignement de l’Ashram, et en tant que professeur de Hatha et Raja Yoga.
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« Par nature, nous sommes sains de corps et d’esprit, heureux, paisible, frais et dispos. » —Sri Swami Satchidananda
Sri Swami Satchidananda est un des maîtres de Yoga les plus renommés et respectés du monde. Par cette compilation d’enseignements édifiants et d’histoires inspirantes, il offre ses conseils pour les difficultés quotidiennes de la vie personnelle et professionnelle, et pour la réalisation de la conscience universelle. Connaître le Soi trace le chemin vers la paix et un mode de vie nouveau, plus spirituel.
Buckingham, Virginia, USA www.integralyoga.org