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Musique

Ui l l e a n p i p e s , u n a l b u m d e r é f é r e n c e “The Ace and deuce of piping” est une collection de cd lancée en 2007 par Na Píobairí Uilleann, association irlandaise de joueurs de uilleann pipes qui en est à son troisième volume. Ses créateurs ont pris pour principe de présenter la grande tradition de la cornemuse d’Irlande, telle qu’elle est pratiquée de nos jours par les meilleurs spécialistes, dans le respect de la tradition. La collection, ouverte aussi bien aux valeurs sûres qu’aux nouveaux venus, a été inaugurée par un album d’Eliot Grasso, un musicien irlando-américain. Le deuxième volume est consacré à un piper dont le nom est encore peu connu,

Emmett Gill. Uillean piper de l’émigration, il a fait ses premières armes à Londres, avant de partir s’établir à Belfast, puis à Galway. Sur le troisième volume, on retrouve un musicien confirmé, Robbie Hannan, originaire de Belfast, qui considère comme ses maîtres Seamus Ennis, Willie Clancy, Liam O’Flynn… Tous les éléments sont réunis pour que “The Ace and deuce of piping” devienne, parution après parution, une véritable collection de référence. Armel Morgant Emmett Gill, The Mountain Groves, Na Píobairí Uilleann NPUCD 015. Robbie Hannan, The Tempest, Na Píobairí Uilleann NPUCD 016, importation Ti ar Sonerien.

L a m u s i q u e br e ton n e p o u r l e s n u l s On connaît le principe de la collection Pour les nuls, conçue dans un premier temps pour initier les béotiens aux mystères de l’informatique. Son concept s’est élargi jusqu’à la musique bretonne. Se lancer dans pareille aventure afin d’obtenir un résultat synthétique n’était pas évident. Les producteurs se sont livrés

à une sélection draconienne et ont dû choisir entre les tenants les plus représentatifs de la tradition, du folk et du rock. Le résultat est probant et, à bien y regarder, il n’est guère de “grands noms” qui ne se retrouvent ici. Y prend place tout ce qui a peu ou prou compté un jour ou l’autre dans la musique bretonne du

xxe siècle, surtout en basse Bretagne. Le tout est présenté de façon succincte dans un livret trilingue qui, dans ses grandes lignes, présente les genres et les instruments, sans omettre de jeter quelques lumières sur l’histoire du pays. A.M. La musique bretonne pour les nuls, Keltia Musique, KMCD 513.

A l a n S t i v e l l : op u s 2 3 Avec Emerald, vingt-troisième opus d’Alan Stivell, c’est une forme de retour à l’esprit des premiers albums qui se manifeste. La voix et la harpe s’y taillent évidemment la part du lion, mais l’instrumentation révèle des différences marquées avec les dernières productions. On retrouverait presque par moments le son de Reflets, avec notamment l’orgue Hammond, le violon et la

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guitare sèche qui viennent entourer le maître d’œuvre dans les ballades, comme la très belle “Marionig”, évocation de Marion du Faouët, toute en teintes subtiles. Le ton devient nettement plus rock dans les danses et on n’est pas éloigné du fameux “Ian Morrisson reel” dans “Gael’s Call” : même rythmique d’enfer, même guitare à la distorsion acérée et une basse bien lourde pour asseoir le tout avec un crescendo bien envoyé. Quant à la nouveauté, c’est dans l’utilisation de la harpe qu’elle se fait entendre. On avait déjà connu la harpe électrifiée dans 1 Douar, maintenant elle se double d’un looper, effet électronique de boucle employé dans “Harplinn”. Le climat s’y fait plus calme dans cette ballade où le harpiste nous entraîne dans une improvisation élégante. Emerald s’achève sur une évocation de la dynastie des Mac Crimmon, à laquelle la musique écossaise doit tant. La harpe, le piano, la corne-

muse et les percussions sont enveloppées par les voix de l’Ensemble choral du bout du monde, pour un pibroch joliment orchestré qui nous fait naviguer entre les îles écossaises. Soulignons également la présence de nouveaux musiciens dans le groupe d’Alan Stivell, où on remarque entre autres les guitares inspirées de Gaétan Grandjean et le violon aérien de Loumi Seveno. On ne saurait réduire Stivell à quelques tubes obligés comme le mythique “Tri Martolod”, ce dernier album vient prouver une fois de plus que le chanteur et l’instrumentiste se doublent d’un arrangeur qui traverse les époques et les styles en se renouvelant sans cesse, depuis le folk acoustique des débuts jusqu’aux récentes expériences électro. C’est en raison de cet immense talent qu’on lui pardonnera volontiers quelques maladresses textuelles. Michel Toutous Alan Stivell, Emerald, CD Keltia III, K3111, distribution Harmonia Mundi.


Musique

Ui l l e a n p i p e s , u n a l b u m d e r é f é r e n c e “The Ace and deuce of piping” est une collection de cd lancée en 2007 par Na Píobairí Uilleann, association irlandaise de joueurs de uilleann pipes qui en est à son troisième volume. Ses créateurs ont pris pour principe de présenter la grande tradition de la cornemuse d’Irlande, telle qu’elle est pratiquée de nos jours par les meilleurs spécialistes, dans le respect de la tradition. La collection, ouverte aussi bien aux valeurs sûres qu’aux nouveaux venus, a été inaugurée par un album d’Eliot Grasso, un musicien irlando-américain. Le deuxième volume est consacré à un piper dont le nom est encore peu connu,

Emmett Gill. Uillean piper de l’émigration, il a fait ses premières armes à Londres, avant de partir s’établir à Belfast, puis à Galway. Sur le troisième volume, on retrouve un musicien confirmé, Robbie Hannan, originaire de Belfast, qui considère comme ses maîtres Seamus Ennis, Willie Clancy, Liam O’Flynn… Tous les éléments sont réunis pour que “The Ace and deuce of piping” devienne, parution après parution, une véritable collection de référence. Armel Morgant Emmett Gill, The Mountain Groves, Na Píobairí Uilleann NPUCD 015. Robbie Hannan, The Tempest, Na Píobairí Uilleann NPUCD 016, importation Ti ar Sonerien.

L a m u s i q u e br e ton n e p o u r l e s n u l s On connaît le principe de la collection Pour les nuls, conçue dans un premier temps pour initier les béotiens aux mystères de l’informatique. Son concept s’est élargi jusqu’à la musique bretonne. Se lancer dans pareille aventure afin d’obtenir un résultat synthétique n’était pas évident. Les producteurs se sont livrés

à une sélection draconienne et ont dû choisir entre les tenants les plus représentatifs de la tradition, du folk et du rock. Le résultat est probant et, à bien y regarder, il n’est guère de “grands noms” qui ne se retrouvent ici. Y prend place tout ce qui a peu ou prou compté un jour ou l’autre dans la musique bretonne du

xxe siècle, surtout en basse Bretagne. Le tout est présenté de façon succincte dans un livret trilingue qui, dans ses grandes lignes, présente les genres et les instruments, sans omettre de jeter quelques lumières sur l’histoire du pays. A.M. La musique bretonne pour les nuls, Keltia Musique, KMCD 513.

A l a n S t i v e l l : op u s 2 3 Avec Emerald, vingt-troisième opus d’Alan Stivell, c’est une forme de retour à l’esprit des premiers albums qui se manifeste. La voix et la harpe s’y taillent évidemment la part du lion, mais l’instrumentation révèle des différences marquées avec les dernières productions. On retrouverait presque par moments le son de Reflets, avec notamment l’orgue Hammond, le violon et la

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guitare sèche qui viennent entourer le maître d’œuvre dans les ballades, comme la très belle “Marionig”, évocation de Marion du Faouët, toute en teintes subtiles. Le ton devient nettement plus rock dans les danses et on n’est pas éloigné du fameux “Ian Morrisson reel” dans “Gael’s Call” : même rythmique d’enfer, même guitare à la distorsion acérée et une basse bien lourde pour asseoir le tout avec un crescendo bien envoyé. Quant à la nouveauté, c’est dans l’utilisation de la harpe qu’elle se fait entendre. On avait déjà connu la harpe électrifiée dans 1 Douar, maintenant elle se double d’un looper, effet électronique de boucle employé dans “Harplinn”. Le climat s’y fait plus calme dans cette ballade où le harpiste nous entraîne dans une improvisation élégante. Emerald s’achève sur une évocation de la dynastie des Mac Crimmon, à laquelle la musique écossaise doit tant. La harpe, le piano, la corne-

muse et les percussions sont enveloppées par les voix de l’Ensemble choral du bout du monde, pour un pibroch joliment orchestré qui nous fait naviguer entre les îles écossaises. Soulignons également la présence de nouveaux musiciens dans le groupe d’Alan Stivell, où on remarque entre autres les guitares inspirées de Gaétan Grandjean et le violon aérien de Loumi Seveno. On ne saurait réduire Stivell à quelques tubes obligés comme le mythique “Tri Martolod”, ce dernier album vient prouver une fois de plus que le chanteur et l’instrumentiste se doublent d’un arrangeur qui traverse les époques et les styles en se renouvelant sans cesse, depuis le folk acoustique des débuts jusqu’aux récentes expériences électro. C’est en raison de cet immense talent qu’on lui pardonnera volontiers quelques maladresses textuelles. Michel Toutous Alan Stivell, Emerald, CD Keltia III, K3111, distribution Harmonia Mundi.


L e s m a î t r e s d u p i br o c h En se lançant en 1997 dans l’aventure des Masters of Piobaireachd, Iain Green, fondateur de Greentrax Records, n’était pas persuadé de se lancer dans une entreprise rentable. Il s’agissait de publier une collection de cd reprenant les cours, donnés çà et là, à travers le monde écossais, par deux maîtres incontestés du pibroch, enregistrés par des élèves et souvent, avec du matériel de fortune. Le pibroch, l’un des genres du monde musical celtique les plus difficilement approchables, n’est en effet guère associé à de grandes ventes, même en Écosse. Mais les deux maîtres en question étaient les deux “Bob de Balmoral”, Robert B. Nicol

et Robert U. Brown, et contre toute attente, la série a connu un certain succès, tant auprès des pipers désireux de s’initier qu’auprès des simples amateurs. On aurait pu s’attendre à quelque chose d’austère, il n’en a jamais rien été, l’un des grands mérites de cette série étant d’avoir toujours su garder le

rythme, tout en suscitant l’intérêt des auditeurs. Le dixième et ultime volume de la série est paru en 2008, le moment est donc venu de faire le point. Ce sont quatre-vingts pibroch qui ont été traités en douze ans, des grands classiques aux pièces les moins connues. Constamment, les deux Bob s’y montrent aussi bons pédagogues qu’excellents interprètes. Le tout forme un ensemble unique, un véritable monument par sa qualité et par ses principes éditoriaux. Au bout du compte, une totale réussite. A.M. Robert B. Nicol & Robert U. Brown, Masters of piobaireachd, volume 10, Greentrax CDTRAX 326, importation Ti ar Sonerien.

C e lt i c F i d d l e F e s t i va l Lancé en 1992, le Celtic Fiddle Festival est un ensemble qui résulte de la réunion de trois fiddlers, ou violoneux, du monde celtique, ou apparenté. Dans les premiers temps, on y rencontrait l’Écossais Johnny Cunningham et l’Irlandais Kevin Burke, auxquels le Breton Christian Lemaître était venu se joindre. Puis André Brunet, venu du Québec, a succédé à Johnny Cunningham, disparu en 2003. Ce sont donc trois des

plus fins archets du violon traditionnel contemporain, chacun riche de ses multiples expériences (Bothy Band, Kornog, la Bottine souriante…), qui se retrouvent ici, accompagnés par la guitare de Ged Foley. Il s’agit là d’un concept inédit, sans rien de comparable en matière de collaboration violonistique transatlantique. Difficile en effet d’imaginer plus simple, plus “basique” que l’association des cordes de ces trois violons et de cette

guitare, chacun apportant sa propre culture musicale, mis au service d’un répertoire qui demeure traditionnel. Pourtant, le résultat est là, toujours aussi enthousiasmant, de bon goût, imaginatif… On y retrouve avec plaisir une nouvelle version du “Kerreg Beg an Treiz”, concocté par Donatien Laurent à l’aube des années 1960. A.M. Celtic Fiddle Festival, Équinoxe, Loftus bution Keltia Musique.

LM003,

distri-

H a m on - M a rt i n , e n to u t e s l i be rt é s C’est dans l’intimité d’un duo qu’Erwan Hamon (flûtes traversières et bombardes) et Janick Martin (accordéon diatonique) ont choisi d’enregistrer Sous les tilleuls. Sévissant habituellement en quintet au fest-noz, les deux compères peuvent ici s’affranchir par moments des contraintes métriques de la danse. On connaît de longue date leurs qualités d’instrumentistes : celles-ci trouvent dans cette réalisation un cadre idoine pour se révéler de manière encore plus éclatante. Leur virtuosité ne se substitue jamais à la musicalité, ainsi qu’en témoignent des passages étourdissants. Jouer vite et précis n’est pas une finalité esthétique et, chez HamonMartin, cela sert en priorité le discours musical. Ils profitent également de leur liberté pour proposer leurs compositions, essentiellement des thèmes lents signés Janick

Martin. L’accordéoniste s’aventure sur des chemins de traverse parsemés de mélodies délicates, comme ce magnifique “Koupaïa’s song”. La longue complicité des deux musiciens affleure en permanence, ce qui les autorise à des improvisations toujours intéressantes, jamais bavardes. En l’occurrence, c’est la bombarde qui s’embarque sans se faire prier dans des traits à la tonalité jazzy du meilleur effet, avec un travail sur les sonorités et les harmoniques, inattendu sur un instrument dont ce n’est pas la vocation première. Enfin, de tels praticiens des festoù-noz ne sauraient quand même faire l’impasse sur la danse. Ridée six temps, ronde de Loudéac, entre autres, leur permettent de mettre en évidence leur swing bien rodé. Mais la surprise vient d’une suite des Montagnes, exercice périlleux pour des musiciens aussi

clairement estampillés “gallos”. La gavotte, bougrement bien phrasée, s’avère dansante à souhait. À deux, Erwan Hamon et Janick Martin déménagent autant que bien des groupes au personnel pléthorique ! M.T. Erwan Hamon-Janick Martin, Sous le tilleul, CD An Naër Produksion 912, Distribution Harmonia Mundi.

Nous avons reçu Louise Ebrel Voici la réédition d’un CD déjà paru il y a quinzaine d’années, et depuis longtemps épuisé. Louise Ebrel y interprète en solo une quinzaine de chants, principalement des mélodies, hérités d’un riche répertoire familial de haute Cornouaille. A.M. Louise Ebrel, Gwerz, Kerig distribution Coop Breizh.

KCD

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Gilles Thoraval Il n’est plus si courant de trouver sur un CD un tel répertoire fait de “chansons à texte”, signées entre autres de Pierre Louki, Jean-Michel Caradec, Yvon Étienne ou Jean-Claude Darnal et bien entendu, de Gilles Thoraval, accompagné à l’occasion des chœurs de La Villanelle et de la Pastourelle. A.M. Gilles Thoraval, Rêveurs de lendemains, autoproduction CD PM 004, distribution Coop Breizh.

Gabriel Fauré par l’orchestre de Bretagne Sept pièces de Gabriel Fauré pour instrument solo et orchestre figurent au programme de ce nouveau CD de l’Orchestre de Bretagne, dirigé par Moshe Atzman. Quelques solistes de premier plan ont été invités, dont Henri Demarquette au violoncelle et Juliette Hurel à la flûte. A.M. Gabriel Fauré, Violon, violoncelle, flûte, piano & orchestre, orchestre de Bretagne, Timpani 1C1172, distribution Abeille Musique.

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B u v e u r s p h i l o s op h e s q u é bé c oi s Nous avons reçu Nuit de la Saint-Patrick En un DVD et un CD, une évocation de la seizième et ultime Nuit de la Saint-Patrick, organisée à Paris-Bercy, en 2008, diffusée en son temps sur Paris-Première. On y retrouve, entre autres, le Bagad Brieg (alors champion de Bretagne), Annie Ebrel, Alan Stivell, les Irlandais de Solas et les Écossais des Red Hot Chili Pipers. A.M. Nuit de la Saint-Patrick, Keltia Musique, KMDVD 19.

Festival interceltique de Lorient 2009 fut pour le Festival interceltique de Lorient l’année de la Galice. Tout naturellement, Carlos Nuñez ouvre le bal, suivi par Susanna Seivane et les voisins asturiens de Felpeyu. Puis, on trouve également, ce qui est ici plutôt inhabituel, quelques musiciens en provenance des Balkans. A.M. 39e Festival interceltique de Lorient, Keltia Musique KMDVD 21.

Serre l’écoute est un trio de chanteurs québécois formé par le plus breton des Québécois, Robert Bouthillier, sa fille Gabrielle, et Liette Ramon, également violoniste du groupe. Celui-ci a été créé en 2001, suite à la publication du cd Chants et complaintes maritimes des terres françaises d’Amérique, afin de répondre à la demande d’organisateurs de festivals de chants de marins. Son image est sans doute un peu trop restée celle d’un spécialiste du genre, alors qu’il s’est bien vite tourné vers les autres facettes du répertoire chanté traditionnel de la belle province. Prenant pour sujet les chants “où le buveur encore lucide témoigne d’une élévation

de pensée peu commune face à la vie, à l’amour et à la mort”, Buveurs philosophes ne célèbre donc pas l’ivresse pour l’ivresse. Robert Bouthillier a pisté ces buveurs philosophes, ou ces philosophes buveurs, c’est selon, à travers ses très riches collectes personnelles, comme à travers divers recueils de référence. Et pour redonner vie au tout, nos musiciens n’ont pas hésité à reconstituer des versions de synthèse, piochant çà et là et leur appliquant une polyphonie très finement élaborée. Ce troisième opus a de quoi faire le bonheur de

ceux qui goûtent particulièrement les beaux textes, servis par de belles voix et de beaux arrangements. A.M. Serre l’écoute, Buveurs philosophes, GLR 003.

T r i o av e c h a r p e La harpiste France Allart a réuni autour d’elle deux musiciens bien connus de la scène bretonne, le violoniste Christian Lemaître et le guitariste Gilles Le Bigot, pour composer le Lawena Trio. Dans ce disque, ce sont surtout les mélodies traditionnelles irlandaises qui sont à l’honneur. Reels, jigs et hornpipes se succèdent sur des arrangements minimalistes, ponctués par quelques chansons. Pour les oreilles habituées

aux grands groupes irlandais ou aux grands solistes traditionnels, le propos paraîtra sans doute un peu étriqué, même si les musiciens sont des gens pourvus de fort estimables qualités. Leur talent individuel n’est pas à remettre en cause, il s’agirait plutôt d’une sauce qui n’a pas réussi à monter malgré la présence des ingrédients idoines. Les thèmes sont pour la plupart archi-connus, et sont trop souvent des reprises de

morceaux entendus sur d’autres disques. Et finalement, c’est ce qu’on appelle le style, qu’il soit pris au sens de référence à une tradition, ou au sens de personnalité musicale, qui est le grand absent de Lawena trio. Aligner les thèmes ainsi que le fait ce trio est à la portée de bon nombre d’instrumentistes, leur donner une âme et une originalité est une tout autre affaire… M.T. Lawena Trio, CD Vocations Records, VOC 415.

De Vigo à Rio Carlos Nùñez est parti sur les traces d’un arrière-grand-père émigré au Brésil au début du xxe siècle et qui disparut là-bas. Inévitablement, cette recherche devait s’accompa-

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gner d’une quête musicale pour le maître gaïtero galicien. Alborada do Brasil en est le pendant discographique. Après un an de recherches, Carlos Nùñez a réussi à trouver des parentés musicales entre les extrêmes rives de l’Atlantique. Dans ce but, il a sollicité de grands noms de la musique brésilienne : Lenine (dont le grand-père est breton, c’est dire si le monde est petit !), Winston das Neves, Adriana Calcanhotto, André Mehmari et de nombreux instrumentistes de rencontre. Et tout ce monde-là s’est retrouvé en studio pour jouer ou chanter “le Coração”, “l’Alborada”, “le Choro”, entre autres réjouissances. Le liant de cette sauce est assuré par la gaïta du virtuose galicien ou, plus souvent, par ses flûtes. Une fête intercontinentale donnée par Carlos Nùñez ne saurait se concevoir sans

des invités “celtiques” et ce sont les incontournables Chieftains, ses amis de longue date, qui viennent apporter cette couleur irlandaise, accompagnés par la guitare électrique de Xurxo Nùñez, le frère du patron. Ainsi, la musique forro se transforme en hornpipe endiablé, qui ne déparerait pas dans un ceili. Mais le meilleur moment de ces rencontres exotiques sera le dernier morceau, “Assum preto asa branca”. Le tempo s’y fait plus sage, la gaïta, l’accordéon et la guitare s’entrelacent sensuellement, et c’est là que le métissage opère réellement. Ce Carlos Nùñez, gaïtero talentueux avant tout, est infiniment plus convaincant que le showman ultra-médiatique des grandes scènes “interceltiques”. M.T. Carlos Nùñez, Alborada do Brasil, CD Sony Music/RCA Victor 888697567682.


Esquisse, le live ! qui font en sorte que les danseurs ne s’emmêlent pas les pinceaux. Les Esquisse évitent également de s’aventurer sur des terrains qu’ils ne maîtrisent pas. Ils se contentent donc de leur spécialisation haute bretonne et apparentée. On leur en sait gré. Cela leur permet des clins d’œil, comme cette suite d’avantdeux de travers qui fait appel aux danses hongroises de Brahms dans leur introduction ! Les qualités instrumentales vont de pair avec une cohérence de groupe et une énergie parfois débridée, même si le spectre sonore révèle au bout du compte une certaine uniformité. M.T.

Ce quatrième album des Nantais d’Esquisse a été enregistré en public lors d’un fest-noz. En dix ans d’existence, ce groupe a accumulé du métier et cela se sent à l’écoute de ce petit dernier. La prise de son remarquable de Benoît Foucault renforce cet aspect de la musique du quatuor. Elle prend bien soin de détailler chaque instrument tout en préservant le son panoramique. Elle met en évidence la formule instrumentale qui présente l’originalité de laisser le terrain mélodique aux “soufflants”, clarinette et saxophone, l’accordéon et la batterie prenant en charge l’accompagnement harmonique et rythmique. Chacun à tour de rôle se lance dans des chorus de belle facture

Esquisse, Live, CD Le Ragondin Tourneur Prod. CDLNE03-DB 12, distribution Coop Breizh.

Seán Ó Riada Voilà un enregistrement qui nous ramène quelque cinquante ans en arrière, où la firme irlandaise Gael Linn publiait son tout premier 33-tours sous le titre Ceolta Éireann (Chants d’Irlande). La tendance était alors à faire de la musique traditionnelle de la musique de salon. La jeune garde des compositeurs irlandais de l’époque s’appliquaient à livrer des arrangements pour voix et piano, voire pour voix et orchestre. La première face de cet enregistrement était faite d’arrangements signés de Seán Ó Riada. Un Seán

Ó Riada qu’en réalité, on avait quelque peu oublié dans ce genre, et qui traduisait déjà à sa façon son grand intérêt pour les grands chants gaéliques du xviiie siècle. Pour beaucoup, ce sera une véritable découverte que ces “Lieder” à l’irlandaise qui, de surcroît, nous font entendre le ténor Tomás Ó Súilleabháin. La seconde face du 33-tours nous faisait entrer en contact avec des jeunes compositeurs irlandais des années 1950. Certains sont quelque peu oubliés de nos jours, d’autres ont en revanche fait leur chemin,

notamment Seoirse Bodley, John Larchet, et bien entendu, Seán Ó Riada. Tous avaient à l’époque répondu aux commandes d’un orchestre de la radio irlandaise, dirigé par Éimear Ó Broin. On aura compris que Ceolta Éireann se présente comme un très précieux témoignage historique sur la musique savante irlandaise, concoctée par des précurseurs plus tard relayés par le folk. A.M. Tomás Ó Súilleabháin, Seán Ó Riada, Ceolfhoireann Éadrom Radio Éireann, Éimear Ó Broin, Ceolta Éireann, Gael Linn CEFCD 001 (importation Ti ar Sonerien).

B a g a d R oñ s e d M or : K e j a j Le 8 mai dernier, le bagad Roñsed Mor a célébré à Locoal-Mendon ses quarante ans. Il appartient à la catégorie restreinte des grands ensembles musicaux fondés dans une petite localité rurale. La célébration de cet anniversaire a donc été l’occasion, comme il se doit, d’un grand spectacle, donné à la salle Emeraude de la localité. Kejaj en est la captation. L’un des principes de Roñsed Mor est de se vouloir une école de musique traditionnelle, tout en développant un style propre de musique contemporaine grâce à des collaborations avec des artistes très divers. Louise Ebrel, Gilles Servat, Dom Duff, Pat O’May, Samuel Le

Henanff et Pascal Lamour ont été conviés à cette fête, autant de musiciens reconnus qui, à un moment ou à un autre, ont croisé la route des “Hippocampes”. La fête a certainement été réussie, sans doute le bagad s’y est fait entendre davantage que ne le laisse penser un cd où il donne l’impression de se restreindre un peu trop souvent au rôle d’accompagnateur, sinon de faire-valoir. Au risque de faire passer au second plan ce qui fait la qualité de ce désormais “quadra”, par ailleurs quadruple champion de Bretagne des bagadoù. A.M. Bagad Roñsed Mor, Kejaj, Bagad tion Coop Breizh.

CDS

2009, distribu-

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