Diagnostic la Madrague

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La Madrague de Montredon

Un territoire en mutation, une identité en transition

DIAGNOSTIC TERRITORIAL DE L A MADR AGUE DE MONTREDON Agostini Lola - Fontaine Marie-Océane - Kempf Nelly - Maillet Simon

Encadré par Angelo Bertoni

Master 1 universitaire mention Urbanisme et aménagement 2011-2012

Secteur ALLSH/Secteur Droit et Science Politique





REMERCIEMENTS

Avant toute chose, l’ensemble de la Fabrique tient à remercier toutes les personnes qui nous ont apporté leur aide de quelque manière que ce soit dans l’élaboration de ce diagnostic territorial. Nous souhaiterions adresser nos remerciements à l’équipe enseignante encadrant le Master 1 Urbanisme et Aménagement de l’IUAR d’Aix en Provence et tout particulièrement Angelo Bertoni qui nous a suivi et aiguillé tout au long du travail de diagnostic que nous avons mené. Notre gratitude va également à chacune des personnes de la Madrague que nous avons rencontré et qui nous a accordé de son temps, que ce soit à travers un entretien formel ou un simple échange. L’aide et le soutien de chacun de ceux qui nous ont entouré nous ont été précieux tout au long de cette étude.



AVANT PROPOS Tout au sud de Marseille, entre collines et littoral, à la frontière entre la ville et les calanques, se dessine un petit village de pêcheurs au passé industriel et au caractère pittoresque. Des maisons de village aux façades colorées, au port à deux pas des habitations, en passant par le cadre de vie agréable, toutes les conditions sont réunies pour en faire un endroit attrayant. Et pourtant, la Madrague d’aujourd’hui n’est plus ce qu’elle était autrefois à en croire les natives du petit village de pêcheurs. « C’était mieux avant ! » nous ont-elles répété à maintes reprises, assises sur leur petite terrasse donnant sur le port à profiter du soleil. « Avant, tout le monde se connaissait. Il y avait de la vie. Aujourd’hui la jeunesse c’est nous ! » La nostalgie du temps passé résonne comme une fatalité. Une ambiance perdue à jamais. Et les rues sont désertées. Pourtant les pécheurs sont toujours là, et les mouettes aussi. Mais les touristes surtout, dès qu’arrivent les beaux jours. « Maintenant, il y a même des étrangers… », nous confie une native sur un ton de regret en parlant des « parisiens ». La Madrague représente donc ce portrait de petit village marseillais excentré, à l’ambiance bon enfant, où les contacts sociaux entre les habitants étaient autant à leur apogée que le travail à l’usine leur permettait de vivre décemment. Mais la Madrague, c’est aussi le projet de reconversion sur le terrain de l’ancienne usine Legré-Mante. Un petit espoir pour les opportunistes de se faire une place au soleil pour le plus grand chagrin des nostalgiques d’une Madrague révolue. Une trahison sans précédent du député-maire de Marseille aux yeux de ses habitants. C’est dans ce contexte d’important projet immobilier que notre étude s’est réalisée. Les habitants de la Madrague ont vu d’un œil méfiant l’arrivée d’étrangers venant s’intéresser à LEUR village. Sont-ils de la mairie ? Travaillent-ils en faveur du projet ? Veulent-ils encore détruire ce qu’il reste de l’âme de la Madrague ? Une fois notre statut d’étudiants rappelé, nous sommes alors devenus aux yeux d’un bon nombre de locaux, les rapporteurs d’un passé envié, devant dénoncer la destruction d’un lieu important, au profit d’un industriel vénal et d’un promoteur attiré par le caractère atypique du village.



Note méthodologique 1- La Fabrique 2- Notre approche du territoire 3- La définition de notre problématique 4- Un travail sans données chiffrées 5- La réalisation des documents graphiques 6- Lectures et recherches 7- La Madrague : quartier ou noyau villageois ?



Créée en janvier 2012 à l’occasion d’un travail universitaire, la Fabrique est un jeune bureau d’études dynamique composé de quatre étudiants de l’Institut d’Urbanisme et d’Aménagement Régional d’Aix-en-Provence. La dynamique de groupe permet un travail cohérent, sérieux, efficace et à visée professionnelle. Forte du parcours spécifique de chacun de ses membres, la Fabrique propose une approche pluridisciplinaire et complète du territoire. Elle est renforcée par une forte cohésion au sein du groupe, une mutualisation totale du travail, ainsi qu’une fine connaissance et appropriation du territoire permise par plusieurs visites hebdomadaires.

Les membres de la Fabrique Source : La Fabrique

1.1 - L’approche paysagère Âgé de 25 ans, Simon a suivi, tout au long de sa scolarité, une formation professionnelle dans le domaine du paysage. Ces sept années d’études lui ont permis de travailler en temps qu’ouvrier paysagiste durant un an. Par envie et curiosité, il a repris ses études à l’IUAR en Master 1 spécialité paysage afin de compléter son cursus et accéder à une vision plus large du territoire. Son attrait pour les outils informatiques l’a mené à l’apprentissage autodidacte de plusieurs logiciels, principalement graphiques. Sa maitrise nous permet d’obtenir des rendus professionnels et détaillés ; son sens du partage de connaissances fait évoluer positivement l’ensemble du groupe. Passionné par la photographie depuis toujours, de nombreux clichés réalisés par Simon ont pu illustrer nos propos.

NOTE METHODOLOGIQUE

1- La Fabrique


1.2 - Les compétences géographiques À 21 ans, Marie-Océane est la plus jeune membre de la Fabrique. Son parcours en géographie et aménagement du territoire apporte une approche technique et scientifique de l’espace. Sa formation lui a apporté une vision multi scalaire du territoire et des compétences dans divers domaines tels que l’environnement, la géomorphologie ou encore la biogéographie, des domaines pertinents pour le diagnostic. Son cursus universitaire l’a amené à maitriser les outils informatiques et cartographiques nécessaires à la représentation graphique dans le diagnostic, tout comme sa maitrise de la photographie.

1.3 - Les connaissances en aménagement Lola et Nelly ont toutes deux suivi la même formation de licence professionnelle en aménagement et gestion du territoire, gestion et coordination des projets en développement urbain. Elles ont tiré de cet enseignement des connaissances sur les méthodologies à suivre pour l’entreprise de l’étude d’un territoire ainsi que des éléments techniques tels que les outils de mise en œuvre d’une politique d’aménagement territorial. Cette année d’étude se déroulant à Aix-en-Provence leur a conféré une connaissance plus fine du territoire marseillais. Toutes deux originaires du sud de la France, elles sont sensibles et particulièrement intéressées par les enjeux des territoires littoraux. Diplômée en amont d’une licence de psychologie, spécialité cognitive et expérimentale, Lola a travaillé plus précisément sur la perception, ce qui lui permet une lecture originale du territoire. Elle a, de plus, acquis des outils méthodologiques tels que l’élaboration d’un questionnaire ou la conduite d’un entretien. Nelly, quant à elle, a auparavant obtenu un BTS aménagements paysagers lui permettant d’acquérir des savoirs et techniques professionnels (lecture paysagère, approche environnementale...). Sa formation l’a aidé à développer une sensibilité artistique exprimée notamment au travers de croquis utiles à l’illustration du diagnostic.

1.4 - Un logo à l’image du noyau villageois Pour réaliser ce diagnostic et comprendre le fonctionnement du noyau villageois, il a fallu s’approprier le territoire. Le logo qui représente la Fabrique et notre travail sert à montrer graphiquement les éléments de notre territoire. Le cercle tend à retranscrire l’unité des formes architecturales et l’implantation du bâti. La structure même du noyau villageois qui est articulé autour du port suggère cette unité. Le logo montre l’imbrication entre l’usine représentée par la cheminée, élément emblématique de la Madrague et les voiles d’un bateau qui symbolisent la mer, le port et l’attrait touristique pour un territoire aux activités récréatives nombreuses. Les voiles, hissées le long de la cheminée, cherchent à montrer tant l’importance du secteur industriel que celle du port. Cet ensemble participe à la détermination particulière des ambiances et de l’identité. La cheminée se prolonge sous le nom du bureau d’étude pour montrer la prégnance de cette épaisseur historique liée à l’usine. C’est la quille du navire qui l’empêche de chavirer et assure la stabilité et le fonctionnement du noyau villageois. Enfin la Fabrique, nom qui évoque ce passé industriel, mais également les enjeux futurs liés à la réalisation de nouveaux espaces résidentiels. Comment construit-on un territoire, en le fabriquant ?

Le logo de la Fabrique Source : La Fabrique


Lors de notre première visite à la Madrague, nous nous sommes séparés afin de retranscrire au mieux nos impressions et sensations personnelles. Il était important que nous fassions chacun notre propre expérience du territoire pour que l’analyse sensible soit plus riche. Cette visite nous a aussi permis d’appréhender le génie du lieu pour la première fois car le touriste est plus apte à le définir que le résident, qui n’est plus dans la découverte du territoire. Notre approche n’a pas été faussée par d’éventuelles informations que nous aurions pu recueillir car nous avons choisi de découvrir la Madrague sans avoir fait de recherches préalables. Le premier travail engagé a donc été l’élaboration de l’analyse sensible à travers une ballade urbaine retraçant les lieux qui nous semblaient forts sur le territoire. Il nous a semblé évident de commencer par cette entrée pour que nos premiers ressentis soient retranscrits au mieux. Cette analyse a ensuite été complétée plus finement au cours des nombreuses visites sur le terrain que nous avons faites. Nous nous sommes ensuite intéressés à l’historique de la Madrague afin de mieux comprendre le vécu du site et les enjeux présents. Forts de ces connaissances, nous avons pu aller à la rencontre des habitants et des structures du territoire, analyser l’architecture, l’évolution de l’offre des commerces, des transports...

3- La définition de notre problématique Afin d’élaborer notre problématique, nous nous sommes concentrés sur l’ensemble des caractéristiques et enjeux de la Madrague. Nous avons donc couché sur le papier les idées fortes afin de rendre claires, hiérarchisées nos pensées. Une page de notre carnet, illustrant notre façon de travailler Source : La Fabrique

NOTE METHODOLOGIQUE

2- Notre approche du territoire


De nombreux termes synonymes (interface, entre-deux, charnière, à la limite, entre...) nous venant en tête nous ont permis de mettre en avant plusieurs thèmes forts. L’identité et la dualité sont les deux éléments forts qui sont ressortis de nos réflexions. Se sont additionnées à cela les questions de la saisonnalité, du changement de vocation du noyau villageois, du génie du lieu, de l’importance de l’élément naturel et de l’aspect villageois de la Madrague... En a découlé la problématique suivante : quelle a été l’évolution de l’identité de ce noyau face aux dernières mutations socio-économiques de ce territoire fait de dualités ? Afin de mettre en évidence ces dualités — géographiques, historiques, saisonnières –, notre plan s’articule autour de celles-ci. Cela nous permet, de plus, d’éviter un plan à effet « tiroir ».

4- Un travail sans données chiffrées Durant la réalisation de notre diagnostic, nous avons été confrontés au problème de l’absence de chiffres précis, INSEE par exemple, à l’échelle de notre territoire. Le noyau villageois de la Madrague est, en effet, plus petit que l‘IRIS dans lequel il se trouve. L’analyse de données à ces échelles plus petites que notre périmètre d’étude n’étant pas pertinente pour l’ensemble de nos propos, nous avons pris le parti de ne les traiter que ponctuellement. Afin d’étoffer notre diagnostic avec d’autres données, nous avons réalisé des passations de questionnaires. Pour obtenir le plus de résultats possible, nous les avons distribués dans les boites à lettres du noyau villageois en précisant qu’ils pourraient être déposés, une fois remplis, au bar Le Teminus, au cœur de la Madrague, qui a accepté de les recueillir. Les questions ont été axées sur le mode de vie des habitants du noyau et les raisons de leur domiciliation à la Madrague. L’objectif est de récolter des données précises nous permettant de mieux comprendre qui sont ces habitants et comment ils fonctionnent. Le faible nombre d’habitants présents sur le territoire de la Madrague ne nous a cependant pas permis d’exploiter les retours de ces derniers de manière significative. Le manque de données réelles et précises sur notre territoire a été comblé par de nombreux entretiens, formels et informels, ainsi que l’utilisation, à titre informatif, des résultats des questionnaires.

5- La réalisation des documents graphiques Ayant chacun des qualités artistiques et graphiques, nous avons à cœur de produire un document de qualité, bien illustré. La Madrague étant de plus un lieu très pittoresque, elle se prête parfaitement au travail de photographie, de dessin... Les cartes, images et autres coupes nous semblent, de plus, très adaptées à la communication des enjeux territoriaux. Il est en effet plus aisé de montrer un problème de stationnement gênant avec une photo que de le décrire de façon littéraire par exemple. Notre parti pris a donc été de mettre en avant de nombreux documents graphiques, de taille suffisante pour une bonne exploitation.Afin d’obtenir ce rendu, nous avons utilisé différents logiciels de conception graphiques et cartographiques. Pour le traitement de données, deux logiciels nous ont été particulièrement utiles Sphinx d’une part pour le traitement des données récoltées lors de la passation de notre questionnaire ; MapInfo d’autre part, pour les données chiffrées à cartographier.

5.1 - Sphinx : l’enquête De par nos parcours universitaires précédents, certains membres de l’équipe avaient déjà réalisé des enquêtes auprès de population. Nous avons donc choisi de réutiliser un logiciel que nous connaissions déjà : Sphinx. Ce logiciel est de plus très complet puisqu’il permet de réaliser


les questions, de choisir les réponses possibles et leurs modalités, mais aussi de mettre en page de façon simple et efficace le questionnaire. Sphinx offre également la possibilité de traiter les réponses récoltées et de croiser les variables, ce qui est selon nous un véritable atout pour exploiter au mieux notre enquête, toujours d’une façon très simple.

Le logiciel MapInfo permet un traitement de l’information statistique et une cartographie de ces données. Mapinfo permet également de géoréférencer des cartes qui ne le sont pas, afin d’obtenir une plus grande précision. Pour la réalisation d’illustrations diverses et de cartes thématiques, des logiciels de la suite Adobe nous ont aidé à obtenir des rendus clairs et communicants.

5.3 - Adobe Illustrator : la mise en page des cartes et créations cartographiques Afin d’améliorer le rendu des documents réalisés sous MapInfo, nous avons choisi le logiciel Adobe Illustrator, permettant ainsi d’habiller les cartes et de créer des légendes. Il nous a de plus été utile afin de vectoriser des objets ainsi que dans la réalisation de cartes plus simples, mettant en évidence des zonages, des figurés linéaires ou plus ponctuels. La large gamme d’outils permet un travail divers et varié, ainsi qu’un rendu de qualité.

5.4 - Adobe Photoshop : la retouche d’images Photoshop permet de retoucher photos, croquis et autres coupes afin de les rendre plus esthétiques et adaptés à l’exploitation dans le diagnostic. Le logiciel nous a aussi permis de réaliser quelques photomontages simples tels que la mise en valeur sur une image des bâtiments identiques à deux époques différentes. Pour mettre en page l’ensemble de nos productions, écrites et graphiques, InDesign a été utilisé.

5.5 - Adobe InDesign : la mise en page Afin de réaliser la mise en page de notre document écrit, il nous a paru évident d’utiliser le logiciel Indesign de la suite Adobe. Ce programme permet d’obtenir un rendu précis et de qualité, et ce grâce à des outils simples d’utilisation et à un caractère intuitif, ce qui nous a permis à tous de travailler avec ce logiciel.

6- Lectures et recherches La construction de notre diagnostic territorial s’est appuyée sur plusieurs lectures d’articles et ouvrages d’auteurs ainsi que sur la recherche d’archives. Ces études nous ont permis une meilleure appréhension de plusieurs notions, notamment « le génie du lieu ». Nous avons également pu prendre appui sur ces fondamentaux théoriques solides afin de développer des propos cohérents et de les légitimer. La lecture urbaine, par exemple, a été faite suivant la méthodologie de Kevin Lynch exprimée dans son oeuvre L’image de la CIté (1). (1) Kevin Lynch, 1999, L’image de la CIté, trad. par Marie Françoise Vénard et Jean-Louis Vénard de The Image (2) Dir. MERLIN P. & CHOAY F., 2009, Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire, Paris, Presses Universitaires de France

NOTE METHODOLOGIQUE

5.2 - MapInfo : le traitement des données statistiques et le calage des cartes


7- La Madrague : quartier ou noyau villageois ? Le travail de diagnostic nous a amené à nous questionner sur les termes à employer pour qualifier précisément la Madrague. Spontanément, nous utilisions aussi bien « quartier » que « noyau villageois ». Suite à une recherche de définitions, nous nous sommes aperçus que le terme quartier n’était pas approprié à notre territoire. En effet, d’après le dictionnaire de l’Urbanisme et de l’Aménagement (2), un quartier désigne une fraction du territoire d’une ville qui se définit par un paysage et une typologie urbaine et architecturale qui lui sont propres, ainsi que par une autonomie, une offre en services quotidiens minimale. La Madrague ne se définit pas par ces termes, notamment à cause du manque de services et équipements au sein du périmètre. L’expression « noyau villageois » est quant à elle, parfaitement appropriée. Il désigne effectivement un ancien village englobé dans l’agglomération, un lieu de centralité où se retrouvaient les principaux commerces et activités du quartier. Pour plus de justesse, nous avons choisi de ne pas utiliser le terme quartier pour désigner la Madrague de Montredon.

L’exercice du diagnostic territorial nous a permis à chacun d’approfondir notre méthodologie de travail, de développer la pratique des outils essentiels aux travaux des corps de métier de l’urbanisme, d’affiner l’appréhension que nous pouvions nous faire d’un territoire inconnu. La Madrague, étant un noyau villageois regorgeant d’originalité, notamment par sa petite taille ou sa situation spécifique, nous a permis d’adopter une approche méthodologique différente de celle que nous aurions pu développer lors de l’étude d’un territoire moins atypique. En effet, afin de combler le manque de données statistiques à l’échelle de notre territoire, nous avons développé notre sens de l’observation et avons eu recours à de nombreux entretiens. Notre sensibilité pour le territoire a été également souvent mise à l’épreuve durant toute la durée de réalisation. Enfin, sur un plan plus personnel, le diagnostic a conforté notre vif intérêt pour le domaine de l’urbanisme et toutes les disciplines qu’il met en scène.


NOTE METHODOLOGIQUE





Introduction générale

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1ère partie : PREMIERS PAS À LA MADRAGUE

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Cette première partie offre au lecteur un aperçu de la Madrague à travers une analyse sensible du territoire, et pose une définition précise du périmètre d’étude.

2ème partie: LA MADRAGUE, TRAIT D’UNION ENTRE LA VILLE ET LA NATURE

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De par sa situation géographique, la Madrague se trouve à l’interface entre l’urbain et le naturel, entre la ville de Marseille et ses calanques. C’est donc cette dualité géographique qui sera abordée dans cette partie, et ce grâce à une lecture urbaine et une analyse paysagère du territoire.

3ème partie: DU VILLAGE AU QUARTIER RÉSIDENTIEL, LA MADRAGUE D’HIER À DEMAIN

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Ancien petit port de pêche côtoyant l’industrie sud-marseillaise, la Madrague est aujourd’hui dans une phase de transition, entre deux temps de vie. Grâce à quelques éléments historiques, accompagnés d’une lecture architecturale, d’une présentation de l’offre en commerces et services, ainsi que d’une explication des réalités immobilières actuelles à la Madrague, cette partie tentera de mettre en évidence les mutations qui affectent et ont affecté le village de la Madrague.

4ème partie : ENTRE HIVER ET BEAUX JOURS, LA MADRAGUE AU FILS DES SAISONS

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Étant donnés son cadre de vie agréable et sa situation au sein de la cité phocéenne, la Madrague accueille, dès l’arrivée des beaux jours, un nombre important de touristes. Cette saisonnalité engendre avantages et inconvénients pour le noyau villageois, qui seront présentés dans cette quatrième partie.

Conclusion : LA MADRAGUE EN JEU POUR L’AVENIR

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En guise de conclusion, un point sera fait sur les atouts et les faiblesses de la Madrague, afin de mettre en évidence les enjeux et perspectives pour ce noyau villageois. Cette partie explicitera enfin le génie du lieu propre à la Madrague.

Bibliographie

Table des matières

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Table des illustrations

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Annexes

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Mosaïque de populations, elle est également un patchwork de villages, qui forment aujourd’hui les quartiers de la cité phocéenne. Ces 111 noyaux villageois composent le Marseille d’aujourd’hui, et font de la deuxième ville française, une localité unique. Forts de leur aspect pittoresque, certains villages marseillais - comme le célèbre quartier du Panier - sont désormais connus de tous, dans l’agglomération bien sur, mais aussi dans le reste de la France.

Source: base de donnée bâti 2008, IGN Auteur: La Fabrique, mars 2012

Source: base de donnée bâti 2008, IGN Auteur: La Fabrique, mars 2012

Carte 1 : La Madrague de Montredon au sein de Marseille

Carte 1 bis : La Madrague de Montredon au sein du 8ème arrondissement

Carte 2 : Les rues de la Madrague de Montredon

En plus de ces 111 villages, d’autres entités, plus intimes, se dessinent à Marseille. C’est le cas de la Madrague de Montredon, un autre noyau villageois non officiel - tout au sud de la ville, aux portes du massif des Calanques et au sein du quartier de Montredon. La Madrague, c’est l’histoire d’un petit port de pêcheurs, qui a connu l’industrie, puis la fermeture de son usine, et qui voit arriver d’un œil craintif la spéculation immobilière. Au fils de ces récentes mutations, l’identité de la Madrague s’est peu à peu mise en suspens, en attendant le retour à un fonctionnement établi. Le quartier est dans une position d’interface entre la ville et les calanques, dans une phase de transition temporelle, entre la Madrague d’hier et celle de demain, mais aussi témoin de changements brutaux en fonction de la saisonnalité. En ce sens, nous allons nous interroger, tout au long de ce diagnostic, sur l’évolution de l’identité de ce noyau face aux dernières mutations socio-économiques de ce territoire charnière, fait de dualités.

Source: IGN Auteur: La Fabrique, mars 2012

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Tout d’abord, en guise de mise en contexte, nous présenterons une analyse sensible du territoire, associée à la justification du périmètre d’étude choisi. Ensuite, notre analyse du territoire s’organisera autour des trois grandes dualités qui forment le territoire. Ainsi, nous aborderons dans un premier temps la dualité géographique de la Madrague, qui se trouve entre la ville et les calanques. Dans un second temps, nous développerons les mutations historiques rencontrées par le noyau villageois, afin de mettre en évidence l’étape actuelle de transition dans laquelle se trouve la Madrague. Puis nous étudierons l’impact de la dualité saisonnière sur la Madrague. Enfin, nous tenterons de mettre en avant les enjeux du territoire ainsi que le génie de ce lieu.

INTRODUCTION

Marseille, ville la plus ancienne de France, s’est formée à travers 2 600 ans d’Histoire. Ses caractéristiques urbaines et architecturales ainsi que sa population le reflètent : métropole d’accueil et d’immigration du pourtour méditerranéen, Marseille s’est, au fil du temps, façonnée une identité propre.


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1- Quand tout nos sens sont en éveil …

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1.1 - L’avenue de la Madrague de Montredon: l’artère vitale

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1.2 - L’usine: le souvenir de la Madrague

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1.3 - La zone résidentielle: où le temps est suspendu

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1.4 - Le pied du Mont Rose: la porte de sortie du village

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1.5 - Le Mont Rose: le panorama confisqué

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1.6 - Le port: quand les filets s’en mêlent, le village s’éveille

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2- … Le noyau villageois de la Madrague de Montredon prend forme

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PREMIÈRE APPROCHE

PREMIÈRE APPROCHE


1- Quand tous nos sens sont en éveil... Analyse sensible Dès la première visite, la Madrague éveille dans l’esprit du visiteur qui s’y promène, des sentiments différents en fonction de l’endroit dans lequel il se trouve. Les éléments paysagers, architecturaux, et les activités humaines, créent des ambiances propres à certains lieux du noyau villageois. Si chacun d’entre nous peut ressentir des émotions différentes face à ce qu’il rencontre, nous avons tenté de définir les principales atmosphères perçues afin de présenter le ressenti des quatre membres du groupe. À ces ambiances centrales s’ajoutent des lieux plus ponctuels où nous retrouvons une ambiance d’une plus forte intensité. Nous avons identifié ces points forts comme étant des noeuds, qui sont détaillés ici dans les encadrés.

Toutefois, les trottoirs étroits rendent la circulation piétonne difficile et peu agréable, d’autant plus si l’on y ajoute le bruit de la circulation et les voitures garées sur le bas côté qui rendent d’autant plus désagréable la marche à pied le long de cette voie. L’éclairage public se limite à quelques lampadaires vétustes sur le côté est de l’avenue ce qui intensifie la première impression de village dans lequel le temps se serait arrêté. Fig. 1, 1 bis, 1 ter et 1 quater : différentes vues de l’avenue de la Madrague, axe structurant Source : La Fabrique

1.2 - L’usine: le souvenir de la Madrague À l’est de l’avenue de la Madrague de Montredon, un grand terrain est occupé par une usine, qui semble fermée aujourd’hui. La fermeture paraît avoir été mal vécue par les salariés, les murs intérieurs gardant encore les traces de revendications ouvrières. Sur les murs extérieurs, la peinture contraste avec le reste de l’usine, elle semble plus récente ; peut-être sert-elle à cacher les stigmates de révoltes liées à le fermeture. Nous retrouvons d’ailleurs, affichée sur le mur, une déclaration de permis de construire et de permis d’aménager. Ce grand terrain sans vie accentue un peu plus l’impression de lieu déserté. Fig. 2 : L’ancienne usine Legré-Mante Source : La Fabrique

1.1 - L’avenue de la Madrague de Montredon: l’artère vitale Au cœur du village, l’avenue de la Madrague de Montredon marque une rupture entre la partie de la Madrague tournée vers la mer et le port, et celle tournée vers les activités plus « terrestres », avec l’ancienne usine et les autres activités du noyau villageois. Cette avenue est un axe structurant, sur lequel on retrouve les quelques commerces du village, à savoir un snack, un salon de coiffure, une petite épicerie et un bar. Au regard des vitrines, tout semble être déjà d’un certain âge, et les enseignes fermées accentuent cette impression de bourg quelque peu délaissé. Tout paraît s’être arrêté depuis la fin de l’activité industrielle. Le côté sud de l’avenue est bordé par le mur de l’usine sur lequel on peut lire les revendications ouvrières qui ont fait suite à la fermeture du site. La cessation d’activité de l’usine et le départ des ouvriers semble avoir laissé un vide dans la vie du village dont les commerces ont sûrement pâti. La nature est absente sur cette avenue. Seul le Mont Rose est visible lorsque l’on regarde vers l’ouest. On ne voit, ni n’entend, la mer, il n’y a pas d’arbres d’alignement et le massif de Marseilleveyre se montre timidement derrière le mur de l’usine (notamment au niveau du portail d’entrée de celle-ci). Heureusement, la faible hauteur des constructions, à un ou deux étages, permet une vue dégagée sur le ciel. L’avenue de la Madrague de Montredon, très bruyante, contraste avec le reste du noyau dans la mesure où le calme et le son des vagues laissent place au bruit des voitures et des bus. Cette avenue est en effet le seul moyen d’accéder à la Madrague ; c’est donc un axe primordial, par lequel on rejoint le quartier de Montredon et ses services. 14


Au croisement de l’avenue de la Madrague de Montredon et de l’avenue Audemar Tibido, se situe une petite place, coupée en deux par la dernière rue citée. Cette forme singulière de place pourrait s’expliquer par l’ancien caractère piéton d’Audemar Tibido. Deux arbres plantés de part en part de la place utilisent la quasi-totalité de l’espace. D’un côté de la place, on trouve un bar, le Terminus, qui devait certainement jouer le rôle de lieu de rassemblement des travailleurs du temps où l’usine était en fonctionnement. De l’autre côté de la place, l’espace n’est utilisé que par des containers à poubelles publics, et ponctuellement par du stationnement sauvage. Cette configuration particulière du lieu ainsi que le regard soutenu des habitués du bar, donne la sensation d’un espace public clos et largement approprié par quelques résidents. À l’est, le mur de l’usine bloque la vue de la colline, ce qui renforce cette sensation d’espace clos. Toutefois, si l’on regarde plus à l’ouest, on peut apercevoir la mer au bout de l’avenue Audemar Tibido, ce qui rappelle que la Madrague est aussi un petit port. Le bruit des voitures traversant l’avenue de la Madrague de Montredon est très soutenu et omniprésent, il est d’ailleurs étonnant de voir des gens discuter en terrasse en bordure d’un axe si bruyant.

1.4 - Le pied du Mont Rose: la porte de sortie du village

Entre le port et l’avenue de la Madrague de Montredon, nous parcourons des rues à vocation résidentielle. Tout y est calme, on ne croise que très peu de monde, et seules les voitures garées sur les bas côtés rappellent une présence humaine. Les rues perpendiculaires à l’avenue principale emmènent piétons et voitures vers la mer. Au grès de petits passages cachés entre deux maisons, nous tombons soit sur une place offrant une vue splendide sur la rade de Marseille, soit directement sur les rochers bordant le littoral. Lorsque nous sommes sur les trottoirs, si tant est qu’ils soient praticables à pied, nous passons très proche des maisons tellement ils sont étroits. Ainsi, lorsqu’il y a des fenêtres en rez-de-chaussée, nous avons l’impression que la maison se continue dans la rue (ou que la rue entre dans la maison), et c’est d’autant plus vrai lorsque les voisins communiquent entre eux par fenêtres interposées, ou lorsqu’un passant discute avec un habitant via cette même fenêtre. Dans les rues parallèles à l’avenue de la Madrague, rien ne nous rappelle la mer et l’on oublierait presque que l’on se trouve à deux pas du port. Le calme du lieu en fait un endroit apaisant, ce doit être agréable de vivre ici. Toutefois, nous, visiteurs avons l’impression de ne pas être à notre place, comme si les moindres bruits de nos pas allaient déranger les habitants du lieu et leurs habitudes.

L’intersection entre l’avenue de la Madrague de Montredon et le boulevard du Mont Rose marque la sortie du noyau villageois. Dans un premier temps, on peut observer une rupture fonctionnelle : au nord-ouest, le boulevard du Mont Rose est la dernière rue résidentielle qui relie l’avenue de la Madrague de Montredon à la mer tandis qu’au sud-est, l’usine laisse place à la colline vierge de toute construction. Ce croisement offre par ailleurs la dernière vue sur la colline en même temps que sur la mer. La topographie du site marque également la fin du noyau villageois. En effet, le dénivelé de la colline du Mont Rose permet de créer une rupture entre l’urbain et le naturel. C’est ici que nous prenons le bus pour repartir vers le centre-ville de Marseille. C’est d’ailleurs le seul arrêt où l’on peut trouver un abri bus, les autres implantés le long de l’avenue de la Madrague de Montredon étant seulement indiqués par des panneaux. Le passage rapide de nombreuses voitures rend l’endroit bruyant et la sortie de virage donne une impression d’insécurité. Cet espace est un lieu de transition où les gens, automobilistes ou piétons ne font que passer.

Fig. 4 : La rue Audemar Tibido, exclusivement résidentielle Source : La Fabrique

Fig. 3 : La place Audemar Tibido Source : La Fabrique

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Fig. 5 et 5 bis : Intersection entre l’avenue de la Madrague de Montredon et le boulevard du Mont Rose Source : La Fabrique

PREMIÈRE APPROCHE

La place Audemar Tibido, point de liaison

1.3 - La zone résidentielle: où le temps est suspendu


1.5 - Le Mont Rose: le panorama confisqué

1.6 - Le port: quand les filets s’en mêlent, le village s’éveille

Le boulevard du Mont Rose est un axe dont la fonction première est de desservir les logements qui bordent son versant nord. Il se situe en hauteur par rapport au reste du noyau villageois et permet donc une vue surplombant les toits de la Madrague, offrant ainsi un nuancier d’oranges associé aux bleus de la mer et du ciel. La colline du Mont Rose vient directement prendre racine au pied de cette route, face aux habitations. Ce boulevard, très étroit, possède un petit trottoir le long des résidences qui ne permet pas de se promener à plusieurs. Nous n’empruntons d’ailleurs pas celui-là lors de nos visites de terrain, mais préférons marcher sur la route. Au commencement du boulevard, la topographie du site fait que les habitations sont en contrebas par rapport à la chaussée. Au fur et à mesure que l’on descend vers la mer, le dénivelé se réduit. Les résidences bordant ce boulevard, malgré qu’elles soient les plus récentes de la Madrague, s’inscrivent toutes dans une grande diversité de formes architecturales ; ce qui maintient une cohérence ainsi qu’une « unité » de bâti au sein du quartier. La vue sur la mer n’est pas omniprésente durant la traversée du boulevard du Mont Rose, les habitations faisant office de paravent. Un escalier transversal offre toutefois une percée sur le port et la mer, mais surtout s’illustre comme un marqueur direct du dénivelé. Comme les autres rues de la Madrague, cet axe est très calme. Il offre la particularité de se situer entre le noyau villageois et la colline, de quoi nous faire oublier que nous sommes à Marseille.

Le port, encerclé de toute part par du bâti ou la digue, est perçu comme un espace clôt et privé. La promenade à l’est est soumise à l’ensoleillement naturel à toute heure de la journée. Quelques bancs sont implantés le long de celle-ci, mais leur proximité avec le bâti étant trop marquée, nous n’avons pas ressenti l’envie de nous assoir trop longtemps. Les promeneurs ont vue sur les bateaux de plaisance en partie cachés par de petites barrières en bois blanches ; ce qui offre la sensation d’entrer dans une certaine intimité et renforce le caractère privé du lieu. La vue sur la mer n’est possible que sur la promenade sud, que la colline du Mont Rose abrite du soleil dès le début de l’après-midi. En hiver, il est rare d’apercevoir des bricoleurs ou des navigateurs. Lors de notre première visite, fin Janvier, nous n’avons d’ailleurs remarqué qu’un homme faisant tourner le moteur de son bateau. L’odeur d’iode est omniprésente dans ce secteur, et est à certains endroits renforcée par une odeur plus prononcée de moules, certainement due aux amarres des bateaux. Une petite plage de sable est visible, mais son accès semble privatisé par le restaurant qui la surplombe. On y entend le bruit des vaguelettes s’écraser sur le sable.

Fig. 6 et 6 bis: Le boulevard du Mont Rose et un escalier menant au port Source : La Fabrique

Fig. 7 et 7 bis : Le port de la Madrague Source : La Fabrique

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Le quai au sud, abrité par la digue est un espace ouvert pourtant largement approprié par les pécheurs. Vers 13 heures 30 et ce jusqu’à 16 heures, ils y démêlent leurs filets, laissant une impression de lieu réservé à cette activité. Durant nos deux premières visites de terrain, nous n’osons d’ailleurs pas emprunter ce quai, par peur de déranger, et préférons observer les travailleurs du haut de la digue. C’est à cet endroit là que le bruit de l’eau est le plus présent. En effet, les vagues, s’écrasant contre les rochers, créent une résonance qui a surpris chacun d’entre nous. La proximité de l’eau, la sensation du vent sur le visage, le bruit des vagues effacent totalement la sensation d’espace privé.

La place de Chez Aldo, lieu déserté La promenade du port débouche sur une petite place minérale, légèrement en hauteur. Le caractère hostile qu’offre le mobilier urbain de cette place ; vieux bancs en bois, lampadaire vétuste, revêtement du sol en bitume ; déjections canines… est contrebalancé par la vue panoramique et imprenable sur Marseille, la Bonne Mère étant au centre du tableau. L’absence de végétation permet un ensoleillement maximal de la totalité du lieu à tout moment de la journée. Clôturée par les façades des maisons d’une part, un muret de pierres de l’autre ou encore par des barrières, la place s’affiche comme un espace intérieur, créant d’ailleurs une continuité avec la salle de restaurant totalement vitrée, ouvert sur l’extérieur en différents points : un escalier descend vers les rochers, un second sur la promenade du port et un passage ouvre sur la rue. Malgré le panorama sur Marseille et la météo ensoleillée, personne d’autre que nous n’est présent sur cette petite place. Pourtant, par sa fonction première, elle devrait rassembler les individus, cependant, la vétusté du mobilier urbain et l’ensoleillement permanent n’incitent peut-être pas les passants à consommer cet espace tel quel.

Fig. 8 : Le quai des pécheurs Source : La Fabrique

Fig. 9, 9 bis et 9 ter : La place de Chez Aldo Source : La Fabrique

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PREMIÈRE APPROCHE

Là où le port s’anime : le quai des pécheurs, un espace de travail


La carte ci-après localise les différentes ambiances ressenties à la Madrague. Notons que, bien qu’elles soient situées sur des espaces définis, leurs limites ne sont pas franches et les atmosphères se chevauchent les unes les autres. Cela est naturel du fait que les lieux sur lesquelles elles s’inscrivent ne sont pas clos mais intéragissent entre eux.

Carte 3 : Les ambiances de la Madrague

Sources : observations personnelles Auteur : La Fabrique, avril 2012

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À l’inverse, l’extrémité ouest de la Madrague, constituée du port et du front de mer, est un endroit plus reposant, marqué par le bruit des vagues auquel s’ajoutent de temps à autre les voix des pêcheurs travaillant sur le quai. Le front de mer est très souvent ensoleillé et offre une large vue sur Marseille et la mer, ce qui en fait un endroit propice à la détente et à la ballade. Quelques promeneurs et pêcheurs amateurs viennent d’ailleurs profiter du lieu dès le mois de Janvier. Enfin, les rues de desserte résidentielle à l’intérieur du quartier sont des zones relativement silencieuses, où la voiture garde une place importante dans le paysage dans la mesure où son stationnement encombre souvent les trottoirs. Si la nature a peu sa place au sein du quartier à travers des squares ou des arbres d’alignement par exemple, la Madrague peut toutefois bénéficier de l’immédiate proximité du Mont Rose et des collines du massif de Marseilleveyre, et bien sûr de la mer, qui a un rôle important dans la vie du noyau villageois. Enfin, nous retrouvons à la Madrague deux points de vie et de rencontres principaux que sont le port et la petite place Audemar TIbido.

Détails de la Madrague vus par La Fabrique

Cette analyse sensible sera, par la suite, une clé pour la définition précise du périmètre d’étude.

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PREMIÈRE APPROCHE

Les différentes ambiances de la Madrague de Montredon sont en lien son organisation. L’avenue de la Madrague de Montredon, véritable épine dorsale du noyau villageois le reliant au reste de la ville, est une zone de transit, bruyante, grise, marquée par la présence de l’automobile. C’est donc un axe structurant, mais peu agréable.


2- ...Le noyau villageois de la Madrague de Montredon prend forme Ce travail d’étude s’effectue sur le noyau villageois de la Madrague de Montredon. Avant de commencer notre étude, il était donc important pour nous de comprendre le sens du concept de noyau villageois. Selon l’Agence d’Urbanisme de l’Agglomération Marseillaise , un noyau villageois est un ancien village englobé dans l’agglomération, un lieu de centralité où se retrouvent les principaux commerces et activités du quartier. La délimitation de notre périmètre d’étude s’est faite selon plusieurs critères. Notre perception personnelle d’abord. En effet, lors de notre première visite de terrain, nous avons parcouru le petit port de pêche et ses alentours. Très vite, il nous a semblé que le noyau villageois de la Madrague se limitait à ce que l’on retrouve entre le port et l’usine. Cette explication est en partie due aux caractéristiques topographiques et paysagères de la Madrague. Au sud, l’espace est fermé par le Mont Rose, et si l’on continue la route vers le petit quartier de Saména, il semble bien qu’aucune connexion ne se fasse entre les deux « villages ». À l’est se dresse l’usine, puis presque immédiatement débute la colline du massif de Marseilleveyre qui stoppe l’urbanisation. À l’ouest, la mer marque bien évidemment le paysage. En ce qui concerne les délimitations au nord de la Madrague, un terrain vague situé sur la côte et appartenant anciennement à l’usine semble séparer la Madrague du reste de Montredon. Si l’on continue un peu plus au nord, nous découvrons un petit noyau nommé l’Habitat sous la Rose, semblant créer une entité fermée, sans lien avec le reste du quartier. De l’autre côté de la route, après l’usine, le terrain de sport et les immeubles de la Verrerie contrastent nettement avec le village portuaire. Comme avec Saména, aucune connexion ne semble se faire avec la Madrague. Nous avons par la suite confronté nos premières impressions et cette analyse sensible à une approche plus technique du territoire, via une lecture urbaine et architecturale étendue sur la Madrague et ses environs. Cette analyse nous a conforté dans l’hypothèse que Saména, la Verrerie, et l’Habitat sous la Rose n’appartiennent pas au noyau villageois identifié lors de l’analyse sensible. S’ajoute à ce travail une étude historique du quartier qui nous a permis d’identifier un véritable village tourné vers l’usine et le port, et particulièrement actif aux XIXème et XXème siècles. Enfin, les différentes conversations et entretiens que nous avons pu avoir avec les habitants de la Madrague, ainsi que les retours de questionnaires, nous ont aiguillé dans la délimitation du périmètre d’étude. Il s’avère en effet que pour la majeure partie des habitants, la Madrague se limite à ce qui se trouve entre le port et l’usine, le Mont Rose et le stade de la Verrerie marquant les limites sud et nord du noyau villageois. Il faut toutefois préciser que notre périmètre ne se calque pas sur ceux définis par l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques. L’INSEE découpe les arrondissements marseillais en « Grands Quartiers » puis en IRIS (Ilots Regroupés pour l’Information Statistique). Ces IRIS correspondent à des aires géographiques d’environ 2 000 habitants, mais ne sont pas toujours le reflet de la réalité du lieu. Ainsi, l’IRIS défini par l’INSEE regroupe la Madrague, Saména, l’Habitat sous la Rose et la Verrerie. Pour finir, il faut ajouter que ce découpage ne prend en compte que le noyau villageois. Le perimètre de notre étude se limite donc à la zone délimitée par le Mont Rose, l’usine, le massif de Marseilleveyre et la mer. Fig. 10, 10 bis, 10 ter et 10 quater: Les limites physiques de la Madrague (le Mont Rose, l’usine, le massif de Marseilleveyre et la mer)

Source : La Fabrique

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Sources : IRIS INSEE, base de données bâti, IGN 2008 Auteur : La Fabrique, avril 2012 21

PREMIÈRE APPROCHE

Carte 4 : Les limites de l’IRIS concernant la Madrague et celles du noyau villageois



LA MADRAGUE, TRAIT D’UNION ENTRE VILLE & NATURE 1- Caractéristiques urbaines du noyau villageois d’aujourd’hui, là où la ville se lie et se délie 1.1 - Des voies hiérarchisées

24 24

1.2- Des limites franches 1.3- Des quartiers distincts 1.4- Des noeuds, catalyseurs d’ambiances 1.5- Des points de repère, symboles de la Madrague

24 26 26 27 27

2- La Madrague à l’interface entre Marseille dense et Marseille calanque

30

II - LA MADRAGUE AU COEUR D’ESPACES PAYSAGERS REMARQUABLES 1 - Un Paysage entre pression humaine et contrainte géographique

31 31

1.1 - Le port de la Madrague 1.2 - L’usine Legré-Mante 1.3 - Le Mont Rose 1.4 - Le Massif de Marseilleveyre 1.5 - Le canal de Marseille 1.6 - Une topographie qui marque le paysage 1.7 - La présence de l’élément végétal

31 32 32 33 33 34 36

2 - La Madrague parmi les espaces naturels protégés

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2.1 - Les Zones Naturelles d’Intérêt Faunistique et Floristique 2.2 - La zone Natura 2000 des Calanques et des îles Marseillaises 2.3 - L’espace boisé classé 2.4 - Le Parc National des Calanques

III - LA MER, VECTEUR DE LIENS ENTRE LA TERRE ET LES HOMMES 1- Premières installations à la Madrague 2- La mer comme marqueur identitaire du territoire 23

37 37 38 38

40 40 40

ENTRE VILLE & NATURE

I -LA MADRAGUE ET LA VILLE : ENTRE CONTINUITÉS ET RUPTURES


I -LA MADRAGUE ET LA VILLE : ENTRE CONTINUITÉS ET RUPTURES 1- Caractéristiques urbaines du noyau villageois d’aujourd’hui, là où la ville se lie et se délie Lecture urbaine La lecture de la forme urbaine est un processus essentiel dans la compréhension, mais également l’appropriation d’un territoire. Elle permet en effet aux habitants, usagers ou simples passants de se créer une représentation du territoire et aide donc à la compréhension de son fonctionnement. Afin de lire et d’analyser l’image de notre territoire d’étude, nous nous sommes appuyés sur les cinq éléments principaux composant la forme des villes développés par Kévin Lynch dans « L’image de la Cité » : les voies, les limites, les quartiers (qui à l’échelle de notre territoire d’étude seront plutôt des noyaux urbains), les nœuds et les points de repères.

Les perspectives offertes tout au long de cette voie sont limitées. Il est en effet impossible au conducteur de disposer à la fois d’une première lecture des formes urbaines et d’une lecture du paysage. Tantôt, la mer se dévoile difficilement au conducteur, cachée par les habitations du quartier de Montredon, tantôt, la mer apparaît au déficit des formes bâties. Le noyau villageois de la Madrague n’est visible de l’avenue de la Madrague de Montredon que lorsqu’on atteint son entrée.

1.1 - Des voies hiérarchisées

Fig. 12 :

« Les voies sont les chenaux le long desquels l’observateur se déplace habituellement, occasionnellement, ou potentiellement. Ce peut-être des rues, des allées piétonnières, des voies de métropolitain, des canaux, des voies de chemin de fer. » (1)

Source : La Fabrique

À quelques mètres de l’entrée du noyau villageois de la Madrague, on n’aperçoit que quelques toits, laissant les formes urbaines qui la composent encore très difficilement lisibles.

L’avenue de la Madrague de Montredon est l’unique voie reliant Marseille aux calanques. De part et d’autre de la voie sont implantés plusieurs noyaux urbains : le quartier de Montredon, le noyau de la Verrerie, l’Habitat sous la Rose, puis le noyau villageois de la Madrague de Montredon. Malgré l’importance de cet axe, l’emprise publique qui lui est conférée est particulièrement faible. La chaussée mesure ainsi six mètres de large, partagée entre la circulation à double sens et quelques places de stationnement en créneau du côté des commerces. Les trottoirs situés de chaque côté de la voie, quant à eux, ne proposent qu’un mètre d’espace libre aux piétons. Les largeurs sont conservées tout au long de l’artère, ce qui confère à l’avenue de la Madrague de Montredon cet effet « couloir ». Fig. 11 : Croquis de la longue avenue de la Madrague de Montredon Source : La Fabrique

(1) Kevin Lynch, 1999, L’image de la Cité, trad. par Marie Françoise Vénard et Jean-Louis Vénard de The Image of the City (1960), Paris, Dunod, 221p., page 54). 24


De même, on ne distingue de l’Habitat sous la Rose que les toitures des cabanons qui composent ce noyau urbain. La lecture de ces territoires ne se fait donc pas à priori, en arrivant par la voie de desserte principale, mais à partir du moment où l’on a décidé d’y entrer. Cet effet de surprise confère un caractère mystérieux à ces noyaux urbains et suscite chez le passant la sensation de pénétrer dans des lieux privés.

Les dessertes – rues beaucoup plus étroites que celles évoquées jusque là – précisent le maillage des noyaux urbains. Perpendiculaires aux axes secondaires, elles permettent de desservir les habitations, en général à pied puisqu’un stationnement en voiture encombrerait l’espace. Certaines de ces dessertes implantées au sein du noyau villageois de la Madrague se poursuivent par des escaliers, renforçant ainsi l’esprit de « petit village ». Le noyau urbain de l’Habitat sous la Rose est le seul à n’être organisé que par des voies de desserte. Cet élément particulier appuie le caractère plutôt « désorganisé » du lieu atypique marqué par des cheminements tortueux et accidentés.

Voie principale Voie secondaire Voie de desserte N

Sources : observations personnelles, IGN 2004 Auteur : La Fabrique, avril 2012

0

50 m

De l’avenue de la Madrague de Montredon, la vue sur la mer est surplombante. On ne distingue de l’Habitat sous la Rose que les toits des bâtis qui composent le noyau urbain et les câbles électriques générateurs d’une importante pollution visuelle.

Fig. 13 :

Source : La Fabrique

Le long de l’avenue de Montredon, plusieurs embranchements distribuent des voies secondaires permettant de desservir les différents noyaux urbains. Ces voies, perpendiculaires à l’avenue principale, descendent vers la mer ou remontent vers la colline. La largeur des voies est similaire à celle de l’axe majeur, ce qui leur confère un caractère fonctionnel, aéré, et permet la perspective sur le bâti. Au sein de la Madrague de Montredon, une voie secondaire marque plus d’importance que les autres : l’avenue Audemar Tibido. Elle représente l’axe central du noyau villageois et conduit directement au port ou sur la place de Chez Aldo, à la fois points de repère et nœuds majeurs de la Madrague. La chaussée est large, mais les trottoirs se rétrécissent d’environ un mètre sur les deux tiers inférieurs de la rue en raison du désalignement des façades bordant la voie.

La carte ci-dessus présente la hierarchisation des voies au sein du noyau villageois de la Madrague et de ses environs proches. L’avenue de la Madrague de Montredon, représentée en rouge, permet d’accéder aux quartiers sud de Marseille en longeant le bord de mer. Les voies secondaires, en orange, sont perpendiculaires à l’axe principal et ouvrent les accès descendants vers la mer ou remontants vers la colline de Marseilleveyre. Quant aux voies de desserte, elles s’organisent parallèlement à l’avenue de la Madrague de Montredon et permettent un accès direct aux habitations. Tantôt très étroites, tantôt sous forme d’escalier, ces dessertes sont pour la plupart impraticables en voiture.

25

ENTRE VILLE & NATURE

Carte 5 : La hiérarchisation des voies


1.2- Des limites franches « Les limites sont les éléments linéaires que l’observateur n’emploie pas ou ne considère pas comme des voies. Ce sont les frontières entre deux phases, les solutions de continuité linéaires : rivages, tranchées de voies ferrées, limites d’extension, murs. Elles servent de références latérales plutôt que d’axes coordonnés. De telles limites peuvent être des barrières, plus ou moins franchissables, qui isolent une région de l’autre ; ou bien elles peuvent être des coutures, lignes le long desquelles deux régions se relient et se joignent l’une à l’autre. » (2)

1.3- Des quartiers distincts « Les quartiers sont des parties de la ville, d’une taille assez grande, qu’on se représente comme un espace à deux dimensions, où un observateur peut pénétrer par la pensée, et qui se reconnaissent parce qu’elles ont un caractère général qui permet de les identifier. » (5) Au sein de notre périmètre d’étude, le long de l’avenue de la Madrague de Montredon, se succèdent trois noyaux urbains : la Verrerie, l’Habitat sous la Rose et la Madrague de Montredon. La forme générale et les limites de l’urbain au sein du périmètre d’étude sont dictées par les caractéristiques topographiques des lieux. Le dénivelé des collines d’une part et la ligne de rivage d’autre part, cloisonnent l’urbanité et ne lui permettent pas de s’ouvrir au reste de la ville. Tournés sur eux-mêmes, ces noyaux urbains prennent véritablement le visage de « poches urbaines » imperméables.

Carte 6 : Densité du bâti et proportions entre vides et pleins L’avenue de la Madrague de Montredon, en complément de son rôle d’axe principal, représente également un élément fort de rupture à l’urbanisation. En effet, malgré le fait qu’elle relie les calanques au centre de Marseille, elle empêche cependant, par sa fréquentation, son organisation et sa dangerosité, la liaison directe entre les différents noyaux urbains présents sur toute sa longueur. Un piéton rencontre de grandes difficultés à traverser l’avenue pour se rendre du côté colline vers le côté mer et vice versa. Mais le passage le long de l’avenue de la Madrague de Montredon est tout aussi compliqué aux vues de l’étroitesse des trottoirs. Il est impossible pour une personne à mobilité réduite d’utiliser sans danger ces trottoirs. Voies de passage pour les automobilistes, l’avenue de la Madrague de Montredon représente également un obstacle pour les personnes non motorisées.

N

0

100

200 m

Les éléments du relief, tels que la colline ou la ligne de rivage, génèrent également des ruptures urbaines « naturelles ». Ainsi, la perméabilité entre les noyaux urbains situés du même côté de l’avenue de la Madrague de Montredon est rendue particulièrement limitée. Le Mont Rose empêche la connexion efficace entre le noyau villageois de la Madrague et le quartier résidentiel Saména se trouvant un peu plus au sud. Ce qui fait rupture peut également faire lien. En ce sens, et en nous inspirant des propos de l’architecte Rudy Ricciotti (3) lors de la lecture urbaine de Marseille qu’il propose dans « Une ville, un architecte » (4), nous observons que sur notre territoire d’étude, la ligne de rivage détermine une limite physique à l’urbanisation mais permet aussi, et surtout, de reconnecter visuellement la Madrague de Montredon au reste de la ville de Marseille. La mer offre en effet cette vision urbaine réciproque entre la Madrague et le restant de Marseille; La Madrague n’étant pas, ou très peu visible, lorsque l’on se trouve sur le territoire de Marseille. La mer est également en continuité avec le territoire terrestre du quartier dans la mesure où d’importantes activités exercées par les habitants – pêche et activités nautiques notamment – sont liées à l’environnement marin.

Auteur: La Fabrique, mars 2012 Sources: cadastre 2008, base de données bâti 2008

La carte ci-dessus représente l’emprise du bâti au sol. En orange foncé, on peut lire la place au sol conférée aux batiments. L’espace vide au sein des parcelles est quant à lui représenté en orange clair. L’emprise du bâti au sol est nettement plus importante au sein du noyau villageois de la Madrague qu’à la Verrerie, mais reste tout de même inférieur à celle de l’Habitat Sous la Rose. (2) Kevin Lynch, 1999, L’image de la Cité, trad. par Marie Françoise Vénard et Jean-Louis Vénard de The Image of the City (1960), Paris, Dunod, 221p., page 54. (3) Rudy Ricciotti : architecte né à Alger en 1952, diplômé de l’école d’architecture de Marseille en 1980. Ouvrage en cours de réalisation : musée de civilisations d’Europe et de Méditerranée, Marseille. (4) Reportages vidéo créés par Janin Eric, De La Noue Renaud et Terzieff Catherine. Edités par Label National, Paris, 2005 (5) Kevin Lynch, 1999, L’image de la Cité, trad. par Marie Françoise Vénard et Jean-Louis Vénard de The Image of the City (1960), Paris, Dunod, 221p., page 55. 26


Le Plan d’Occupation des Sols de Marseille classifie la Madrague, l’Habitat sous la Rose et la Verrerie dans trois zones distinctes. Cela induit un coefficient d’occupation des sols (COS) maximum autorisé différent pour chacun de ces noyaux urbains. À la Verrerie, zone périphérique d’extension urbaine, l’urbanisation y est discontinue et à dominante d’immeubles collectifs. Le COS maximum autorisé est de 0,7. Dans le noyau villageois de la Madrague, le COS maximum autorisé s’élève à 0,5. L’Habitat sous la Rose bénéficie d’une particularité juridique puisque le COS n’est pas réglementé. Les constructions ne peuvent cependant pas excéder 150 mètres carrés de SHON par terrain.

Cinq nœuds sont recensés au sein du noyau villageois de la Madrague. Lieux stratégiques, ils sont repérables très rapidement par l’observateur et affichent chacun une ou plusieurs fonctions qui lui sont propres.

1.5- Des points de repère, symboles de la Madrague « Les points de repère sont un autre type de référence ponctuelle, mais dans ce cas l’observateur n’y pénétrant pas, ils sont externes. Ce sont habituellement des objets physiques définis assez simplement : immeuble, enseigne, boutique ou montagne. Certains points de repère sont des objets éloignés, dont la nature est d’être vus sous de nombreux angles et à des distances variées, dépassant les sommets des éléments plus petits, et servant de points de référence radicaux. D’autres points de repère ont surtout une utilité locale, quand on ne peut les voir que d’un nombre limité d’endroits, ou sous certains angles. Ce sont les signaux innombrables, vitrines de boutiques, arbres, poignées de portes, ou d’autres détails du paysage urbain. » (7)

1.4- Des noeuds, catalyseurs d’ambiances

Les entretiens avec les habitants et les usagers de la Madrague nous ont permis de mettre en avant trois points de repère principaux. En général, ces points de repère ont été cités séparément, certainement selon la manière dont est vécu le territoire par les individus.

« Les noeuds sont des points, les lieux stratégiques d’une ville, pénétrables par un observateur, et points focaux intenses vers et à partir desquels il voyage. Cela peut-être essentiellement des points de jonction, endroits où on change de système de transport, croisement ou point de convergence des voies, lieux de passage d’une structure à une autre. » (6)

Le port est le premier point de repère du noyau villageois, et cela peut être mis en relation avec la vocation originelle du noyau villageois. Tourné vers la mer, cet élément fait partie intégrante de l’identité de la Madrague et de ses habitants. Fig. 14 : Le port de pêcheurs de la Madrague Source : La Fabrique

Les principaux nœuds relevés au sein du périmètre d’étude se situent, dans un premier temps, au niveau des croisements entre l’avenue de la Madrague de Montredon et les voies secondaires du noyau villageois de la Madrague. On en comptabilise donc trois : la porte d’entrée du noyau villageois, ou le croisement entre l’avenue de la Madrague de Montredon et la rue du Lieutenant Moulin, la place Audemar Tibido, ou le croisement entre l’avenue de la Madrague de Montredon et la rue Audemar Tibido et la sortie du noyau villageois, ou encore le croisement entre l’avenue de la Madrague de Montredon et le boulevard du Mont Rose. Ces trois lieux sont identifiés comme des nœuds car ils représentent des endroits stratégiques de connexion entre l’axe principal de passage et les rues secondaires qui permettent de pénétrer au sein du noyau villageois. Ils aident également à la compréhension du territoire, car ils sont porteurs de fonctions particulières. Le premier délimite le commencement de la Madrague le long de l’avenue de la Madrague de Montredon. Le second est un lieu permettant de rassembler les individus au cœur de du noyau villageois ; la place se situe entre l’usine et la mer et constituait un arrêt fréquent sur le chemin du retour de l’ouvrier vers son logement lorsque l’usine était encore en activité. Le dernier nœud évoqué représente à la fois la porte de sortie du noyau villageois, la porte d’entrée du parc des calanques, mais également l’un des derniers arrêts des lignes de bus marseillaises. Ils représentent aussi des « espaces de transition » entre les différentes ambiances ressenties sur le territoire, et nous les avions par ailleurs recensés lors de notre analyse sensible. Deux autres lieux stratégiques représentent également des nœuds. La place de Chez Aldo est un espace de rencontre et de proximité directe avec la mer. Une ambiance spécifique est ressentie sur ce lieu central de la connexion visuelle entre la Madrague et le reste de Marseille puisque la vue sur la mer est largement dégagée. Quant au quai des pécheurs, il concentre les activités principales du noyau villageois et offre un point d’échange et de rencontre primordial entre les pécheurs eux-mêmes mais aussi avec les touristes qui viennent discuter avec les travailleurs. On voit aussi souvent des habitants s’arrêter un moment sur le quai pour profiter de la vue ou converser avec les pécheurs.

(6) Kevin Lynch, 1999, L’image de la Cité, trad. par Marie Françoise Vénard et Jean-Louis Vénard de The Image of the City (1960), Paris, Dunod, 221p., page 55).221p., page 55. (7) Kevin Lynch, 1999, L’image de la CIié, trad. par Marie Françoise Vénard et Jean-Louis Vénard de The Image of the City (1960), Paris, Dunod, 221p., page 55, 56). 27

ENTRE VILLE & NATURE

Ces trois noyaux urbains diffèrent fortement les uns des autres, de tous points de vue, notamment en fonction du rapport entre les vides et les pleins. Les cabanons de l’Habitat sous la Rose offrent un tissu urbain serré contrairement aux barres d’immeubles de la Verrerie qui présente un tissu très lâche. Cette dissemblance d’occupation des sols est notamment due aux différents types architecturaux qui caractérisent chacun de ces territoires. Le noyau villageois de la Madrague présente quant à lui un tissu urbain plutôt serré, avec une emprise des bâtiments au sol estimée à environ 40 %. L’espace vide au sein des parcelles est exploité différemment selon les noyaux urbains. En effet, à la Madrague, les propriétaires les ont utilisés comme petit jardin ou terrasse au bord de la mer alors que l’espace non bâti sur le parcellaire des barres de la Verrerie permet aux habitants de disposer d’un grand parking.


L’usine est également souvent citée comme un point de repère par les habitants. Sa fermeture étant très récente, le passé ouvrier du noyau villageois est encore très fortement ancré dans le territoire et dans les mémoires des habitants. L’usine est un point de repère non seulement symbolique, mais également physique puisque la vision de la cheminée en brique rouge arpente le ciel.

Le Mont Rose est quant à lui un point de repère géographique, puisqu’il termine la baie de Marseille et est très visible et identifiable.

Fig. 15, 15 bis, 15 ter et 15 quater : L’usine et sa cheminée, point de repère historique

de la Madrague

Source : La Fabrique

Fig. 16, 16 bis, 16 ter et 16 quater :

Le massif du Mont Rose depuis différents points de vue Source : La Fabrique

Le port, l’usine et le Mont Rose sont les trois points de repère principaux de la Madrague. Ils font partie intégrante de l’identité du territoire, voire la constituent en ce sens qu’ils permettent d’identifier le noyau, c’est de cela que l’on se rappelle une fois partis. 28


Carte 7 : Lecture urbaine de la Madrague de Montredon

Limites à l'urbanisation: Rupture anthropique Rupture maritime

ENTRE VILLE & NATURE

Rupture topographique

Quartiers: La Madrague L'usine Legré-Mante L'Habitat sous la Rose La Verrerie Points de repères Noeuds

Auteur: La Fabrique, avril 2012 Sources: Observations personnelles 29


2- La Madrague, à l’interface entre deux densités La Madrague de Montredon est située dans l’un des arrondissements les plus peuplés de Marseille, puisque le 8ème arrondissement rassemble près de 79 000 personnes d’après le dernier recensement de 2008 de l’INSEE. Avec 341 habitants au kilomètre carré, le huitième arrondissement se trouve alors dans la moyenne de densité à Marseille. Pour autant, la densité au sein de cet arrondissement n’est pas homogène, et on constate de forts contrastes entre le nord et le sud de l’arrondissement, et ainsi entre le huitième « urbain » et le huitième « naturel ». La carte de carroyage permet de mettre en évidence la diminution progressive de la densité de population lorsque l’on se rapproche du sud de Marseille. On estime, d’après les données récoltées par l’INSEE sur des carreaux de 200 mètres carrés, que la population au sein du noyau villageois avoisine les 350 habitants. Sa situation atypique, entre ville et espaces naturels protégés, permet de comprendre ce petit nombre d’habitants. La Madrague permet ainsi, en partie par le faible nombre d’habitants qui la composent, une transition douce entre les espaces naturels protégés et l’imposante ville de Marseille. La «Madrague urbaine » est, en effet, enclavée par la « Madrague naturelle ». Le relief topographique des collines et la proximité immédiate du littoral empêche l’extension de l’urbanisation du noyau villageois. Il n’existait donc pas, jusqu’à présent, de foncier disponible pour construire de nouvelles habitations et équipements et ainsi accueillir une nouvelle population. La fermeture de l’usine et la revente du terrain à un promoteur ont permis de libérer de l’espace constructible.

Carte 8 : Répartition de la population au sein du 8ème arrondissement de Marseille en 2009 N

0

En terme d’organisation, une unique voie permet de desservir le territoire : l’avenue de la Madrague de Montredon. Perpendiculaires à cette dernière, les axes secondaires traversent le noyau urbain et se prolongent jusqu’à la mer ou la colline. Les dessertes terminent le maillage du territoire et donnent accès aux habitations. L’avenue de la Madrague constitue une des limites du quartier, qui sont multiples. Elles sont le résultat de l’inadaptation des infrastructures à l’évolution du noyau villageois. Elles sont matérialisées par des éléments anthropiques, topographiques et naturels. Ces limites, parfois des ruptures, isolent et imperméabilisent les noyaux urbains, mais peuvent également recréer un lien visuel ou représenter des marqueurs identitaires du territoire. Différentes caractéristiques juridiques régissent le territoire, ce qui lui a permis de se façonner une morphologie spécifique à différents endroits. Ces traits de caractère urbains, propres à chaque espace urbanisé, soutenus par le dessin de leurs limites naturelles et anthropologiques, favorisent la lecture urbaine du territoire et proposent au lecteur une différenciation de l’espace en plusieurs noyaux urbains.

0,5 1 Kilomètres

Enfin la Madrague est à l’interface entre les deux visages de la ville de Marseille, et ainsi entre la partie dense et urbanisée de Marseille et le Marseille naturel connu pour ses calanques et ses espaces naturels remarquables.

La Madrague

650 - 1 470 Nombre d’habitants par carreaux de 200 mètres de côté

Source: INSEE, RFL 2009 Auteur: La Fabrique, avril 2012

350 - 650 150 - 350 40 - 150 0 - 40

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II - LA MADRAGUE AU COEUR D’ESPACES PAYSAGERS REMARQUABLES Analyse paysagère Une analyse paysagère doit réunir l’ensemble des composantes du site étudié et faire l’objet d’une compréhension et d’une analyse, afin de discerner les caractéristiques, les interactions et les dysfonctionnements entre les éléments. Le paysage peut se définir par sa dimension panoramique, c’est-à-dire l’étendue de pays qui s’offre à la vue, mais également par ces références d’ordre scientifique. Selon Jean Robert Pitte, « le paysage est l’expression observable par le sens, à la surface de la Terre, de la combinaison entre nature, techniques et cultures des hommes. Il est essentiellement changeant et ne peut être appréhendé que dans sa dynamique, c’est-à-dire l’histoire qui lui restitue sa quatrième dimension. (1) » Les paysages, comme celui de la Madrague, se composent d’éléments structurants, qu’ils soient visibles ou non, et qui aident à la définition du paysage. Ces éléments sont les traces historiques, géologiques et anthropiques d’un territoire qui s’affirme sur le plan paysager.

1.1 - Le port de la Madrague Le port est l’élément central de la Madrague qui symbolise l’ouverture sur la mer et constitue un repère majeur, du point de vue paysager et culturel. Les madragues, anciens filets de pêche, ont été introduites à Marseille par Antoine de Boyer, d’abord « vignier » puis gouverneur de Notre Dame de La Garde, qui les rapportât d’Espagne. Les différents plans qui composent ce paysage mettent en avant l’importance du massif de Marseilleveyre qui agit comme l’arrière-plan d’un tableau.

1 - Un Paysage entre pression humaine et contrainte géographique

Carte 9 : Éléments structurants de la Madrague, déterminant d’un paysage caractéristique Fig. 17 : Le port de la Madrague Source : Flickr Auteur : Flickr marcovdz

Le second plan composé du port de la Madrague et de ces habitations nous montre l’importance du port. La digue, au premier plan, qui abrite le port des tempêtes, marque l’ultime frontière entre la terre et la mer Méditerranée. Le port, symbole de l’activité économique liée à la pêche, s’intègre pourtant parfaitement dans le paysage de la Madrague. Fig. 18 : Paysage commenté du port de la Madrague Auteur : La Fabrique

Source : IGN 2008 Auteur : La Fabrique (1) PITTE JEAN ROBERT, 1992, Histoire du paysage francais, la dernière usine, ed. Taillandier 31

ENTRE VILLE & NATURE

Le paysage de la Madrague peut se déterminer par cinq sites qui sont les représentants de l’identité paysagère de la Madrague. Qu’ils soient d’origine humaine ou naturelle, ils sont importants pour la compréhension de ce paysage. Le port, l’usine, le Mont Rose, le massif de Marseilleveyre et le canal de Marseille sont en quelque sorte les éléments structurants de l’architecture paysagère de la Madrague.


1.2 - L’usine Legré-Mante

1.3 - Le Mont Rose

Le Mont Rose est une colline de 500 mêtres de diamètre, qui culmine à 88 mètres d’altitude et qui plonge dans la mer. Balayées par des vents violents, la blancheur de son calcaire et la forme caractéristique des affleurements rocheux qui semble pointer la côte, lui confèrent une silhouette identifiable dans toute la rade de Marseille, et notamment depuis la corniche du président John F. Kennedy.

Les marques historiques d’un long passé industriel laissent aux paysages de la Madrague des traces visibles. Au-dessus de l’usine Legré Mante, un immense conduit de cheminée (cheminée rampante) monte raide sur les flancs du massif des Calanques, sur plus de 500 mètres de long. Bâti à même le sol, il est assez haut pour que l’on puisse y marcher droit et ajouré sur ses flancs d’ouvertures voutées. L’usine fabriquait à l’origine du plomb, et la cheminée servait à évacuer l’énorme foyer de chaleur. Sa reconversion dans la production d’acide tartrique a rendu ce système de cheminée obsolète et c’est désormais la haute cheminée de briques qui marque le paysage du littoral sud de Marseille. C’est un marqueur paysager fort, car, aussi bien d’un point de vue visuel que culturel, il évoque l’histoire du lieu. Aussi étonnant que cela puisse paraître, son intégration au paysage semble se faire de manière naturelle. La couleur de la brique, caractéristique des usines du XIXe siècle, renforce la familiarité que nous pouvons avoir pour ce type de paysage.

Fig. 19 :

Cheminée rampante de l’usine LegréMante Auteur : Flickr Lisaofmars

Fig. 20 : L’usine devant le massif de Marseilleveyre Auteur : Flickr paspog

Il est intéressant de remarquer que la forme particulière du Mont Rose est due à la succession de bandes vertes (la végétation) et de bandes blanches (les affleurements rocheux). Le bâti, situé au pied de la colline, le long de l’avenue du Mont Rose s’intègre parfaitement dans le paysage, car il reprend cette forme plongeante vers la mer. Cette colline atypique, contrôlée par les Allemands durant la Seconde Guerre Mondiale est aujourd’hui le lieu d’activités plus pacifiques. La plage difficile d’accès est toutefois fréquentée par quelques baigneurs. Fig. 21 : Fig. 22 :

Le bâti, dense et homogène autour de l’usine, semble lui donner la justification nécessaire de sa présence au sein de ce paysage, malgré la prédominance des éléments naturels. L’appréciation visuelle étant très subjective il est important de se demander si l’ouvrier employé à l’usine trouve cette cheminée disgracieuse dans le paysage ? Est-elle seulement visible à ses yeux ? À l’instar du port, l’usine est la trace visible de l’anthropisation des espaces naturels qui apporte cependant une ambiance particulière au lieu. 32

Le Mont Rose vue de « l’Habitat sous la Rose »

Auteur : La Fabrique

Structuration du Mont Rose par rapport à la Madrague Auteur : La Fabrique


1.5 - Le canal de Marseille

1.4 - Le Massif de Marseilleveyre

Fig.23 : Le Massif de Marseilleveyre, marqueur d’un relief imposant Auteur : Flickr papog

Fig. 25 : La fin du canal de Marseille dans l’usine Legré-Mante Auteur : Flickr lisaofmars

Bien qu’il s’étende au-delà des paysages de la Madrague, le massif forme une assise sur l’ouest du noyau villageois et crée un paysage caractéristique, littéralement entre mer et montagne. Le contraste entre l’imposante présence de la nature caractérisée par le massif de Marseilleveyre et la densité des maisons de village de la Madrague conforte l’idée qu’il ait pu exister ou qu’il existe encore une étroite relation entre les habitants et cet espace grandiose aux portes du village. C’est peut-être ce qui peut expliquer l’absence d’espace vert public au sein de la Madrague, la nature étant suffisament proche et accessible pour les habitants. La Madrague, orientée nord-ouest, a une vue imprenable sur la rade de Marseille et les iles du Frioul et bénéficie de la douceur du climat méditerranéen avec 2 835 heures d’ensoleillement par an. Le Mistral, vent dominant, souffle du nord-ouest environ 93 jours par an. Le sol est caractérisé par des affleurements rocheux de type calcaire zoogène blanc et dolomitisé ainsi que des zones de sédiments sous-marins. Les précipitations fournissent 525 mm d’eau par an. La majeure partie de la couverture végétale est située sur les flancs du massif de Marseilleveyre. Fig. 24 : Vue d’avion de la Madrague avec le massif de Marseilleveyre

Élément indispensable pour l’alimentation de la ville et de ces usines, le Canal de Marseille abouti dans le grand domaine de l’usine Legré-Mante avant de se jeter dans la mer au niveau du port de la Madrague après 80 kilomètres parcourus depuis la Durance au pont de Pertuis. Selon Lise Dupas, « C’est un aperçu du charme anachronique avec lequel il s’offre brièvement à nos regards [...] Il fait partie du patrimoine de cette partie de Marseille. Les grands pins qui se penchent vers lui semblent rendre hommage à son histoire » (1). Le canal n’est pas visible depuis la Madrague, car il disparait sous terre au niveau de l’usine Legré-Mante, mais sa mémoire demeure dans celle des anciens. Bien qu’enterré à la Madrague, il est un élément fort car c’est aussi grâce à sa présence ici que l’usine, si emblématique du territoire, s’y est implantée. Plus que son aspect paysager, c’est l’histoire qu’il véhicule qui est importante ici, reliant la Madrague au reste de Marseille.

Source : Bing.fr Auteur : La Fabrique

Carte 10: Tracé du Canal de Marseille dans la Madrague

Source : IGN 2008 Auteur : La Fabrique (1) Lise Dupas, 21 mai 2010, Canal de Marseille, dernier parcours avant la mer, Publication internet 33

ENTRE VILLE & NATURE


1.6 - Une topographie qui marque le paysage

Fig. 26 :

Coupe est-ouest de la Madrague. Du massif de Marseilleveyre à la Mer, une topographie importante.

Source : Google Earth Auteur : La Fabrique

Carte 11 : Situation des coupes « est-ouest » et « nord-sud » La coupe est-ouest tend à montrer que la Madrague et son usine s’insèrent entre deux éléments naturels. D’une part les collines du massif de Marseilleveyre, et d’autre part le littoral et la mer. Ce qu’il est intéressant de noter c’est que le positionnement de la Madrague reprend à une échelle moindre les caractéristiques de l’implantation géographique de Marseille. En effet, le territoire historique marseillais forme une sorte d’amphithéâtre, enserré par la mer à l’ouest, les montagnes au sud avec le massif de Marseilleveyre, et les chaînes de l’Étoile et du Garlaban au nordest. La coupe nord-sud montre également l’importance de ces espaces naturels et cet encerclement caractéristique de la Madrague. Tout comme Marseille, les éléments naturels qui enserrent la Madrague limitent son urbanisation. On peut même dire que la Madrague est dans un certain sens une rupture dans la continuité naturelle que formait sont ancienne calanque avant sont artificialisation en port de pêche. Les calanques, qui sont une formation géologique particulière se présentant sous la forme d’un vallon étroit à bords plus ou moins escarpés, sont ici, encore lisibles dans le paysage. Les fortes pentes qui mènent à la mer ne sont interrompues que par les replats où l’urbanisation s’est faite la plus intense. C’est surement ce qui explique la densité et l’agencement de l’habitat de la Madrague.

Source : IGN 2008 Auteur : La Fabrique

Fig. 27 : Coupe nord-sud de la Madrague. Du Mont Rose à la mer , un noyau villageois entre

contrainte topographique et nécessité humaine Source : Google Earth Auteur : La Fabrique

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Ce bloc-diagramme permet de mieux comprendre les enjeux de l’urbanisation et son intégration dans un paysage peu anthropisé du fait de son relief accidenté et de la prédominance des l’élément naturel. De façon très claire, on remarque que le massif de Marseilleveyre et le Mont Rose marquent une rupture dans le tissu urbanisé de Marseille. Mais ce n’est pas la fin de l’urbanisation, c’est une séparation qui marque la délimitation entre l’urbanisation continue depuis le Vieux-Port et celle moins dense et plus lâche jusqu’au cap Croisette. Le corridor, crée entre ces deux formations géologiques où se faufile l’avenue de la Madrague pour devenir ensuite le boulevard du Polygone au niveau de Saména, sert d’unique passage pour la partie la plus méridionale de Marseille. Ce passage, si étroit, est devenu stratégique durant la Seconde Guerre Mondiale car il verrouillait l’entrée de Marseille aux alliés en cas de débarquement. C’est d’ailleurs ce qu’il a valu à la Madrague des bombardements de la part des forces alliées. De souvenir d’habitant seules les grottes creusées dans le Mont Rose offraient une sécurité suffisante.

Le littoral, frontière ultime entre la terre et la mer, est de plus en plus artificialisé pour les besoins d’une urbanisation galopante. La Madrague encore une fois marque la limite entre les parties nord-ouest où le trait de côte a été redessiné par l’Homme et les parties sud-est ou le littoral reste très escarpé caractérisant ainsi le massif des calanques. Enfin, la Madrague est le début d’une identité bâtie sous la forme de maisone de village (excepté pour Saména qui est caractérisé par un bâti pavillonnaire sous forme de lotissement). En effet les collectifs de la Verrerie sont les derniers grands ensembles visibles dans le paysage. Cela montre bien la différence de prise en compte d’un point de vue paysager de la Madrague comme élément frontière.

Fig. 28 :

Bloc diagramme de la Madrague montrant l’importance du relief

Source : Google Earth Auteur : La Fabrique

Fig. 29 : Vue panoramique de la Madrague, du massif de Marseilleveyre à la mer.

Un relief imposant

Auteur : La Fabrique

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ENTRE VILLE & NATURE

Ce que l’on remarque également à la lecture de cette portion de paysage est la prédominance du relief et de l’élément naturel. La Madrague installée dans cette cuvette et l’usine reléguées aux pentes du massif montre bien la façon dont le paysage a influencé les premières installations de marseillais sur cette partie du territoire.


1.7 - La présence de l’élément végétal Ces cartes, où la présence des différents espaces verts a été identifiée et classée, permettent de montrer que l’élément végétal est une part importante du paysage de la Madrague. La prédominance écrasante d’une végétation naturelle, ou du moins spontanée, autour de la Madrague conforte l’idée que ces massifs boisés jouent un rôle important dans le rapport que les habitants du noyau villageois entretiennent avec cette « nature ». Le sol fertile étant quasiment inexistant la végétation xérophile est plutôt limitée, mais des espèces comme le « pin d’Alep », le « chêne kermès » ou le « genévrier cade » composent pratiquement l’essentiel de la végétation ligneuse. Ce sont ces mêmes paysages qui attirent les touristes et les randonneurs et qui donnent aux habitants de la Madrague un cadre de vie tout à fait particulier. L’espace vert public est le principal ilot de « nature » présent dans les parties urbanisées. C’est pourquoi il joue un rôle important dans la proximité du public à la nature. Mais la Madrague, du fait de sa situation particulière à l’entrée du Parc National des Calanques, possède cette entrée paysagère. L’espace vert public n’y est donc pas indispensable et il est d’ailleurs présent sous la forme d’une aire de jeux pour Source: Google Earth, observations enfants avec un mobilier urbain à vocation ludique. Cet espace n’est que peu ou pas utilisé et les dégradapersonnelles tions visibles laissent à penser une utilisation d’un public différent de sa vocation première. Auteur : La Fabrique, mars 2012 La surface et l’emplacement des friches industrielles au coeur de la Madrague ouvrent des possibilités de réaffectation comme on le voit au travers du projet résidentiel sur l’ancien emplacement Cartes 12 et 12 bis: Présence du végé- de l’usine, mais la pollution des sols pose des problèmes environnementaux qui ne sont pas à négliger.

tal très inégale

La densité du bâti laisse peu de place au jardin dans le tissu résidentiel et lorsque l’on marche dans les rues de la Madrague la visibilité des espaces verts est réduite à son plus strict minimum. Mais cette faible visibilité du végétal est renforcée par la présence d’une végétation spontanée qui trouve sa place dans les fissures de la chaussée et les recoins des rues. Cette végétation totalement autonome qui se développe au gré de la pluie et des opportunités est intéressante car elle renforce l’identité villageoise de la Madrague. Fig. 30 :

Source: Google Earth, observations personnelles Auteur : La Fabrique, mars 2012 36

Le mobilier de l’aire de jeux, dégradé

Auteur : La Fabrique


La Madrague se trouve à proximité d’espaces naturels remarquables et protégés au titre de différents périmètres. Ces espaces, intéressants à plusieurs titres, ont su conserver un caractère sauvage malgré la pression urbaine et la fréquentation importante dûe à la démocratisation du tourisme. Cette pression sur les plus beaux paysages de Marseille doit être pris en compte et leur protection assurée. Comme la loi SRU le stipule, les SCoT, les PLU et les cartes communales doivent déterminer les conditions permettant d’assurer les équilibres entre le développement urbain, la préservation des espaces affectés aux activités agricoles et forestières, et la protection des espaces naturels et des paysages, en respectant les principes de développement durable.

2 - La Madrague parmi les espaces naturels protégés

Deux Zones Naturelles d’Intérêt Faunistique et Floristique (Z.N.I.E.F.F.) d’abord, celle de la Montagne de Marseilleveyre, et celle du Mont Rose – Cap Croisette – Calanque des Marseillais. Ces ZNIEFF ont pour vocation de protéger des associations floristiques halophiles, typiques des falaises calcaires méditerranéennes et que l’on ne rencontre nulle part ailleurs en France. La distinction entre ces deux zonages est due à la répartition des populations d’espèces de faune, trois couples de Grands Ducs et un couple de faucons nichant et chassant sur le massif de Marseilleveyre. Les ZNIEFF ne constituent que des inventaires de faune et de flore, et n’ont donc en soi, aucune valeur juridique. Si elles doivent être prises en compte dans les documents d’urbanisme, la présence d’une ZNIEFF sur un terrain n’est pas suffisante pour aller à l’encontre d’une autorisation de construire. Toutefois, le juge administratif peut décider d’une erreur manifeste d’appréciation lorsqu’une décision d’urbanisme omet totalement de prendre en compte le caractère remarquable d’un site se trouvant dans une Zone Naturelle d’Intérêt Faunistique et Floristique.

Carte 13 : Les ZNIEFF présentent essentiellement sur le littoral

2.2 - La zone Natura 2000 des Calanques et des îles Marseillaises Dans un second temps, une zone Natura 2000 prend racine au pied du Mont Rose et protège plus de 50 000 hectares de territoire avec une partie terrestre insulaire (archipel du Frioul et de Riou), une partie terrestre continentale et une partie marine qui représente 79 % du site. Le principe des zones Natura 2000 est de protéger les espaces afin de protéger les espèces. Il s’agit ici de protéger le massif calcaire des calanques et ses espèces végétales endémiques, ainsi qu’un patrimoine marin exceptionnel fait de grottes karstiques, fonds coralligènes, habitats et lieux de reproduction d’un grand nombre d’espèces. Cet espace est bien sur menacé par les éléments cités précédemment, à savoir la fréquentation et la proximité urbaine, mais aussi par la pollution, la présence d’espèces mammifères introduites et enfin les incendies. Un document d’objectifs est rédigé lors de la mise en place d’une zone Natura 2000. Il contient une analyse de l’état des habitats et des espèces présentes sur le site ainsi que des objectifs de développement durable et un cahier des charges destiné aux collectivités adhérentes au site. Dès lors qu’elles n’ont pas d’effets significatifs sur le site au vu des objectifs décrits dans les documents cités précédemment, les activités humaines sont autorisées sur les zones Natura 2000.

Carte 14 : Les zone Natura 2000 protection du massif des Calanques

Sources: géoportail, INPN Auteur : La Fabrique

Sources: géoportail, INPN Auteur : La Fabrique 37

ENTRE VILLE & NATURE

2.1 - Les Zones Naturelles d’Intérêt Faunistique et Floristique


2.3 - L’espace boisé classé

2.4 - Le Parc National des Calanques 2.4.1 - Un outil législatif

Le Plan d’Occupation des Sols de Marseille définit également un périmètre d’espace boisé classé, jouxtant le noyau villageois. Cette classification fait que cet espace ne peut recevoir d’occupation du sol, en particulier de construction, que si elle est compatible avec le boisement. De plus, les demandes de défrichement sont irrecevables et le stationnement y est interdit. Le classement en EBC a pour finalité la protection ou la création d’un espace boisé, et non son ouverture au public. C’est une approche différente qui vise surtout à protéger un espace boisé ou en devenir. La Madrague bien que non concernée directement par ce zonage reste toutefois à proximité directe d’une vaste surface d’espace boisé classé.

Carte 15 : Les EBC protection des espaces boisés dans le POS

Sources: géoportail, POS de Marseille Auteur : La Fabrique

La Madrague est, depuis le décret (1) du 18 avril 2012, aux portes du Parc National des Calanques, dixième parc national français, qui apportera une véritable protection juridique à cet environnement exceptionnel, ainsi que des moyens humains et financiers supérieurs. Ce parc, qui s’étend sur sept communes, permet d’instaurer des outils de coordination globaux, à l’échelle d’un territoire vaste situé à proximité de la deuxième ville française. Avec plus de 140 000 hectares en mer sur un total de 158 100, il s’inscrit dans le cadre des objectifs du Gouvernement de placer 20 % des eaux françaises sous protection, d’ici à 2020. La réglementation d’un parc national repose sur différents outils que sont : le Code de l’Environnement, le décret de création du parc, la charte du parc et les règlements permettant le fonctionnement quotidien du parc. La charte du Parc des Calanques est aujourd’hui encore en cours de rédaction par le Groupement d’intérêt Public des Calanques. Ce travail d’élaboration se fait en concertation avec les principaux acteurs tels que les représentants des collectivités et de l’État, les habitants, les usagers du Parc (sportifs…), ou encore des scientifiques. De son côté, le décret prévoit un ensemble de dispositions relatives à la protection des milieux naturels et aux activités autorisées au sein du parc. L’usage de véhicules à moteur, la pratique de sports et loisirs nautiques tractés, le campement et le bivouac, telles sont les activités qui seront désormais interdites dans le Parc National. 2.4.2 - Débats et polémiques Bien sûr, ce périmètre est à l’origine de nombreux débats, la spéculation foncière et la bétonisation à proximité du parc étant dénoncées fermement. La concertation réalisée par le Comité d’Intérêt de Quartier de la Madrague de Montredon, la Rose et la Verrerie, a révélé que 78 % des résidents de la Madrague étaient pour une intégration dans le Parc National des Calanques en « zone d’adhésion ». Il n’a toutefois pas été choisi d’intégrer ce quartier au parc, les problèmes de pollution étant un sujet source de controverse. Il faut en effet rappeler que l’usine Legré Mante, anciennement installée à la Madrague, a utilisé plomb, souffre, arsenic, et autres produits chimiques, dont le sol en garde encore les traces. Certains acteurs politiques de gauche ont de plus regretté le manque d’objectifs et de moyens mis en place en vue de lutter contre les sources de pollution situées dans la zone d’adhésion du parc.

Carte 16 : Le nouveau Parc National des Calanques

Sources: géoportail, Groupement d’Intêret Public des Calanques Auteur : La Fabrique

Protection de la nature, restauration ecologique: «Au sens strict, la restauration écologique a été définie par la Society for Ecological Restoration International (S.E.R., 2002) comme « le processus d’assister l’auto-régénération des écosystèmes qui ont été dégradés, endommagés ou détruits.» (2) Espace remarquable : «Bien que largement pris en compte par la réglementation (code de l’urbanisme, code rural, loi du 8 janvier 93), ce concept n’a pas de définition réglementaire précise. Ceci parce qu’un paysage peut être et sera perçu d’une manière subjective, par un individu ou une catégorie sociale (dimension culturelle du concept).» (3) Préservation : «Action globale consistant à assurer la protection du patrimoine architectural et naturel contre l’action destructrice des hommes, par une législation appropriée, et sa conservation dans le temps à l’aide de techniques d’entretien, de consolidation et de restauration pouvant, elles aussi, ressortir à une codification légale.» (4) (1) Décret n° 2012-507 du 18 avril 2012 créant le Parc National des Calanques, JO n° 0093 du 19 avril 2012 page 7048 (2) & (3): Encyclopédie Universalis 2011 (4): Dir. MERLIN P. & CHOAY F., 2009, Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire, Paris, Presses Universitaires de France 38


Le paysage est aussi présent visuellement lorsque l’on regarde la Madrague que lorsque l’on est à l’intérieur même du noyau villageois. Les éléments qui caractérisent la Madrague comme le port, l’usine, le canal de Marseille ou encore le relief au travers du Mont Rose et du Massif de Marseilleveyre sont autant d’éléments qui donnent au lieu son identité et des caractéristiques propres. La Madrague, dominée par ce paysage grandiose, offre une intégration paysagère de harmonieuse. C’est l’ancienneté de son installation, le choix des matériaux, l’agencement des habitations qui lui confère cette qualité.

Il convient donc de mettre en place des outils juridiques visant à protéger ce patrimoine naturel exceptionnel de la pression humaine. Le futur Parc National des Calanques est donc un défi important, qui doit concilier activités économiques, loisirs et habitat, avec la protection des calanques.

Le relief plongeant vers la mer et la forme caractéristique de l’ancienne calanque devenue port de pêche, donne à la Madrague des allures du port de Marseille à une échelle bien plus petite. La place particulière qu’occupe la Madrague, situation stratégique entre le « Marseille urbanisé » et le « Marseille nature » en fait un lieu à part entière.

Ce défi est d’autant plus considérable dans la mesure où, à la différence des autres grands parcs nationaux français, le Parc National des Calanques se trouve à proximité immédiate de la deuxième plus grande ville française.

Le végétal, même si peu présent dans le noyau villageois, trouve toute sa place dans le grand massif de Marseilleveyre, et les friches industrielles, bien que polluées offrent des opportunités paysagères qui ne sont pas à négliger. Mais les projets envisagés actuellement pour la Madrague sont d’une tout autre nature.

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ENTRE VILLE & NATURE

Les franges sud et est de la Madrague se voient ainsi préservées par différents périmètres de protection. Le massif des calanques est un espace sensible, de part la proximité immédiate de la cité phocéenne et par la fréquentation touristique importante.


III - LA MER, VECTEUR DE LIENS ENTRE LA TERRE ET LES HOMMES 1- Premières installations à la Madrague

2- La mer comme marqueur identitaire du territoire

Madrague : « Nom qui provient d’un privilège donné aux pécheurs. Consiste en une enceinte de filets qui servent à la pêche au thon (filet de 60 à 250 mêtres de long et 60 mêtres de large). »(1) « Une madrague est constituée par plusieurs filets divisés en 3 parties (grande chambre, petite chambre, fossé) et reliés à la côte par un autre filet (la queue). Les poissonnières de Marseille annonçaient parfois leurs poissons en criant “madrague, madrague!”. » (2) L’histoire de la Madrague est d’abord celle d’un petit port. Les premières installations recensées dans le hameau datent du début du XVIIe siècle. Il s’agit alors d’une population de pêcheurs, comme le laisse deviner l’étymologie du mot. Les madragues étaient jadis des pêcheries au thon jouissant de puissants privilèges difficiles à obtenir et de protections inviolables. Cette technique de pêche, typiquement méditerranéenne, aurait été emmenée par les phocéens au VIe siècle avant J.-C.. Nous retrouvons aujourd’hui ce terme dans un autre quartier littoral, la Madrague Ville, au nord de Marseille.

Carte 17 : Les différentes vues sur la mer depuis la Madrague Source : observations personnelles Auteur : La Fabrique, avril 2012

La mer est une composante primordiale de la Madrague. Elle fait partie intégrante du paysage et permet de tenir le territoire en vie. Comme nous venons de le voir, la mer est à l’origine de la création du quartier. Aujourd’hui, les pécheurs sont encore en activité, même si celle-ci ne contribue plus pleinement au développement économique du territoire. La situation stratégique de la Madrague, additionnée aux nombreux programmes immobiliers réalisés ces dernières années, a cependant permis le développement du tourisme. Les visiteurs, de passage ou résidents secondaires, optent pour ce lieu, car il permet de jouir de la campagne, mais surtout de la mer, au sein de la ville. La Madrague et la mer entretiennent des liens encore plus étroits que ceux tissés en relation avec les raisons économiques. La constitution du tissu urbain de la Madrague est également en rapport direct avec la présence de la mer. Elle n’est pas visible le long du tronçon de l‘avenue de la Madrague de Montredon (seul axe desservant le quartier) qui traverse le noyau villageois. Cependant, toutes les rues perpendiculaires à cette avenue offrent une vue sur la mer sur toute leur longueur. De faible importance aux abords des voies, cette vue s’intensifie en se rapprochant de la côte, jusqu’à une quasi-confusion entre l’eau et la terre. En effet, la place de Chez Aldo ou encore la digue surplombant le port, permettent des vues panoramiques. Une sorte d’esplanade rocheuse longeant la Madrague permet également un accès direct à la Méditerranée. La visibilité de la mer au sein du noyau villageois se fait donc de plus en plus importante au fur et à mesure que l’on s’approche du rivage, mais est presque inexistante au coeur du noyau et depuis l’usine, le côté terrestre de la Madrague. La carte ci-contre en témoigne. Les habitants possèdent un rapport à la mer tout particulier puisque, la plupart de ceux que nous avons interrogé, déclarent bénéficier d’une vue mer depuis leur habitation, les voies secondaires étant perpendiculaires à la côte. Si cela n’est pas le cas pour tous, en sortant de son logement, chacun peut profiter et accéder facilement à la mer. Le port est par ailleurs cité comme l’élément symbolisant le plus fortement leur noyau villageois. Au-delà de la présence permanente de la mer au sein de la Madrague, les liens étroits, sociaux, économiques, esthétiques, qu’entretiennent le noyau villageois et la mer participe intégralement à la constitution, à l’existence et au maintien de l’identité du territoire.

(1): BLES A. 1989, Dictionnaire historique des rues de Marseille, Ed. Jeanne Laffitte, Marseille (2): BOUYALA D’ARNAUD A. 1990, Évocation du vieux Marseille, Ed. de Minuit, Marseille, 1990 40


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Fig 31, 31 bis, et 31 ter : La mer vue depuis le boulevard du Mont Rose, l’avenue Audemar Tibido, et la rue du Lieutenant Moulin Source : La Fabrique

Adieux à la mer Murmure autour de ma nacelle, Douce mer dont les flots chéris, Ainsi qu’une amante fidèle, Jettent une plainte éternelle Sur ces poétiques débris.

Comme un coursier souple et docile Dont on laisse flotter le mors, Toujours, vers quelque frais asile, Tu pousses ma barque fragile Avec l’écume de tes bords.

Aussi pur que dans ma paupière, Le jour pénètre ton flot pur, Et dans ta brillante carrière Tu sembles rouler la lumière Avec tes flots d’or et d’azur.

Ta voix majestueuse et douce Fait trembler l’écho de tes bords, Ou sur l’herbe qui te repousse, Comme le zéphyr dans la mousse, Murmure de mourants accords.

Que je t’aime quand sur ma poupe Des festons de mille couleurs, Pendant au vent qui les découpe, Te couronnent comme une coupe Dont les bords sont voilés de fleurs!

Laisse sur ta plaine mobile Flotter ma nacelle à son gré, Ou sous l’antre de la sibylle, Ou sur le tombeau de Virgile : Chacun de tes flots m’est sacré.

Que j’aime à flotter sur ton onde. A l’heure où du haut du rocher L’oranger, la vigne féconde, Versent sur ta vague profonde Une ombre propice au nocher !

Ah! berce, berce, berce encore, Berce pour la dernière fois, Berce cet enfant qui t’adore, Et qui depuis sa tendre aurore N’a rêvé que l’onde et les bois!

Aussi libre que la pensée, Tu brises le vaisseau des rois, Et dans ta colère insensée, Fidèle au Dieu qui t’a lancée, Tu ne t’arrêtes qu’à sa voix.

Que je t’aime, ô vague assouplie, Quand, sous mon timide vaisseau, Comme un géant qui s’humilie, Sous ce vain poids l’onde qui plie Me creuse un liquide berceau.

Partout, sur ta rive chérie, Où l’amour éveilla mon coeur, Mon âme, à sa vue attendrie, Trouve un asile, une patrie, Et des débris de son bonheur,

Souvent, dans ma barque sans rame, Me confiant à ton amour, Comme pour assoupir mon âme, Je ferme au branle de ta lame Mes regards fatigués du jour.

Le Dieu qui décora le monde De ton élément gracieux, Afin qu’ici tout se réponde, Fit les cieux pour briller sur l’onde, L’onde pour réfléchir les cieux.

De l’infini sublime image, De flots en flots l’oeil emporté Te suit en vain de plage en plage, L’esprit cherche en vain ton rivage, Comme ceux de l’éternité.

Que je t’aime quand, le zéphire Endormi dans tes antres frais, Ton rivage semble sourire De voir dans ton sein qu’il admire Flotter l’ombre de ses forêts!

Qu’il est doux, quand le vent caresse Ton sein mollement agité, De voir, sous ma main qui la presse, Ta vague, qui s’enfle et s’abaisse Comme le sein de la beauté! Viens, à ma barque fugitive Viens donner le baiser d’adieux; Roule autour une voix plaintive, Et de l’écume de ta rive Mouille encor mon front et mes yeux.

Flotte au hasard : sur quelque plage Que tu me fasses dériver, Chaque flot m’apporte une image; Chaque rocher de ton rivage Me fait souvenir ou rêver..

Alphonse de Lamartine, Nouvelles méditations poétiques 41

ENTRE VILLE & NATURE

1



I - DU PORT DE PÊCHE À LA FIN DE L’ÉPOQUE INDUSTRIELLE,

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II- LA MADRAGUE, UN VILLAGE DE LA CITÉ PHOCÉENNE...

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1- Du port à l’usine, naissance et essor d’un noyau villageois 2- L’affirmation d’une identité villageoise 3- Vers la fin d’une époque ? 4- Portrait de l’habitant natif

1- Lecture architecturale de la Madrague

1.1- Le noyau villageois de la Madrague de Montredon 1.2- Des profils types 1.3- L’usine 1.4- L’Habitat sous la Rose : le cabanon 1.5- La Verrerie : les barres d’immeuble

2- Portrait du néo arrivant

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III - ...AU SOUFFLE DE VIE ÉCOURTÉ... 1- Les commerces 2- Les équipements

IV- … JUSQU’À LA FUTURE IMPULSION RÉSIDENTIELLE ?

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1 - La fermeture de l’usine comme tremplin vers une nouvelle identité villageoise 1.1 - De l’usine aux travaux...

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1.2 - Le projet de résidence Cap Marin 1.3 - Les questions soulevées

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2 - Situation actuelle du logement et de l’habitat à la Madrague

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D’HIER A DEMAIN

DU VILLAGE AU QUARTIER RÉSIDENTIEL, LA MADRAGUE D’HIER À DEMAIN


I - DU PORT DE PÊCHE À LA FIN DE L’ÉPOQUE INDUSTRIELLE Éléments historiques 1- Du port à l’usine, naissance et essor d’un noyau villageois Comme nous l’avons vu précédemment, la Madrague était d’abord un petit port de pêcheurs. Le sud de Marseille étant relativement éloigné de la ville à proprement parlé, il devient à la fin du XVIIIe siècle le terrain d’une industrialisation nouvelle. Aux Goudes, à l’Escalette, à Callelongue et à la Madrague, entre autres, s’installent des usines polluantes de produits chimiques. L’actuelle avenue de la Madrague de Montredon se nomme alors chemin de la Fabrique de Soude. L’usine de la Madrague travaille particulièrement des matériaux comme le plomb, le souffre, l’arsenic… En 1887, l’usine de la Madrague se lance dans la production d’acide tartrique avec les établissements Mante & Legré. Elle deviendra plus tard la plus importante de France pour cette catégorie de produit. À deux pas de l’usine Mante se dresse également une verrerie, qui donnera son nom au quartier voisin de la Madrague.

2- L’affirmation d’une identité villageoise Ces installations industrielles entrainent l’arrivée de nombreux ouvriers et de leurs familles, et ainsi le développement du village. Au début du XXème siècle, la Madrague a déjà quasiment sa forme actuelle, et seul le boulevard Mont Rose est construit au cours du siècle. De nombreux bâtiments datant du début du XXe siècle sont d’ailleurs encore présents. La Madrague de Montredon est également fortement marquée par la Seconde Guerre Mondiale, et les cheminées de l’usine rampant dans les collines gardent encore des traces de bombardement. Le Mont Rose fut envahi par les Allemands et les habitants étaient prêts à chaque cri de sirène annonçant un bombardement allié, à se réfugier dans les locaux de l’usine. Deux habitants du quartier, Y. Audemar et J. Tibido, faits prisonniers en Allemagne donnent aujourd’hui leurs noms à une rue importante de la Madrague. Véritable centre de vie au sud de Marseille, on retrouve à la Madrague jusque dans les années 60-70 de nombreux commerces et services. Charcuteries, boulangeries, kiosque, mercerie, droguerie, des bars et restaurants permettent aux habitants de répondre à leurs besoins sans sortir du noyau. Au total, c’est une dizaine de commerces qui ont fermés ces dernières années. En parlant aux « anciens », on apprend alors que la vie était rythmée par les fêtes de village, les parties de pétanque au bord de l’eau et de pêche dans le port. Les souvenirs sont ancrés dans les mémoires de ces habitants, « avant c’était familial », « avant on discutait plus », « c’était mieux avant », nous disent-ils en guise de regrets. Le sud de Marseille est au XIXème siècle un lieu important pour l’industrie de la cité phocéenne 44

Carte 18 : Le passé industriel du sud marseillais


Début XIXe siècle

L’avenue de la Madrague de Montredon au début du Fig. 32 bis : L’avenue de la Madrague de Montredon en 2012 Source : La Fabrique XXe siècle Fig. 32 :

Source : archives municipales de Marseille

Fig. 33 : Vue de la Madrague depuis l’église au début du XXe siècle Source : archives municipales de Marseille

Fig. 33 bis :

Vue de la Madrague depuis l’église en 2012

Source : La Fabrique

1927

2012 Sources: Cadastre Naopléonien/Photographie aérienne du littoral en 1927/ base de donnée cartographique Auteur: La Fabrique, février 2012

Sur les photographies ci-dessus, nous retrouvons aujourd’hui certains bâtiments déjà présents au début du XXe siècle. Notamment Le café le Terminus qui est encore aujourd’hui un lieu important de la Madrague. Les maisons bordant l’avenue de la Madrague de Montredon qui appartenaientt jadis à l’usine sont toujours présentes aujourd’hui sous la même forme qu’autrefois. La forme urbaine de la Madrague garde donc encore les marques du passé, comme si une partie du village s’était figée au début du siècle précédent. Les cartes ci-contre attestent du fait que la Madrague avait déjà quasiment sa forme actuelle au début du XXe siècle.

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D’HIER A DEMAIN

Carte 19 : Évolution du bâti de la Madrague du XIXe siècle au début du XXIe siècle


3- Vers la fin d’une époque ? À quelques pas de la Madrague, se crée le petit noyau que l’on appelle aujourd’hui l’Habitat sous la Rose, en référence au Mont Rose. Il s’agissait dans les années 1965-1970, d’un bidonville formé par les Pieds Noirs. Des habitations informelles se sont alors branchées sur les réseaux d’eau et d’électricité. C’est en 1995 que la municipalité marseillaise décide de recenser toutes les personnes vivant ici et de cadastrer l’espace afin de mettre en règle les habitants. Des compteurs d’eau et d’électricité sont installés et des matériaux sont offerts aux habitants afin de reconstruire leur habitat à l’identique, mais en dur. La seule contrainte imposée lors de la rénovation est que les toits des cabanons ne doivent pas dépasser la hauteur de l’Avenue de la Madrague de Montredon. Cette auto construction est encore visible aujourd’hui et explique l’ambiance générale désordonnée du lieu. Le caractère modeste des matériaux, les diverses formes de bâti, les extensions et les parpaings apparents rendent l’endroit atypique. L’habitat sous la Rose, à peine visible depuis l’avenue de la Madrague de Montredon, jouit encore aujourd’hui d’une vue exceptionnelle sur la mer. À partir des années 70, le port se développe, mais les commerces ferment progressivement, pour laisser place à des immeubles d’habitation. L’ambiance villageoise disparaît petit à petit. Fig. 34 et 34 bis : l’Habitat sous la Rose. L’auto construction est bien visible dans le paysage et cet espace ne semble pas ouvert au public.

Source : La Fabrique

C’est en 2009 que l’histoire de la Madrague prend un tournant considérable. L’usine d’acide tartrique, dernière en France et plus ancienne usine marseillaise, ferme ses portes officiellement à cause d’une concurrence chinoise trop importante et d’un état du bâti trop dégradé. On peut cependant imaginer que la spéculation immobilière a certainement joué un rôle important dans la fermeture de l’usine. Les ouvriers ont lutté contre sa fermeture, certains ayant même occupé les lieux 24 h/24 pour montrer leur détermination, sans avoir recours à la violence, mais simplement avec des mots écrits sur les murs du bâtiment et des organisations festives telles que des concerts. « Rien n’arrête un homme qui se bat avec détermination pour ses droits », peut-on lire entre autres sur le mur longeant l’avenue de la Madrague de Montredon. Une possibilité de reprise a été dévoilée, seulement quelques jours après la déclaration de cessation d’activité, mais est restée vaine. Après 162 jours de combat, les salariés de Legré Mante sont délogés par les CRS, au milieu du mois de décembre 2009. L’usine sera donc remplacée, en 2014, par un projet immobilier de plus de 280 logements, attirant une population nouvelle plus aisée, et changeant ainsi radicalement la vocation industrielle du lieu.

Fig. 35 et 35 bis : En 2009, le mur de l’usine comme terrain d’expression pour les salariés en lutte. Référence ici à Mr Margnat, propriétaire de l’usine, et au préfet de région Michel Sappin, n’ayant pas apporté son soutien aux salariés. Source : Blog de Marie Françoise Palloix, élue communique des 6 et 8èmes arrondissements de Marseille

« Les Legré Mante ont les guirlandes, Margnat a les boules, ne manque plus que le Sappin » 46


4- Portrait de l’habitant natif

Il faut toutefois nuancer notre propos, certaines personnes ayant « toujours » vécu dans le quartier sont aujourd’hui de jeunes actifs, pouvant s’investir au sein des quelques commerces de la Madrague. C’est par exemple cas de la jeune créatrice de vêtements, originaire du quartier et installée en tant que commerçante depuis une demi dizaine d’années. Grâce à notre enquête, nous apprenons que ces personnes sont restées à la Madrague par attachement, familial ou envers le quartier. Pour ce qui est des petits achats, les anciens se rendent dans les commerces de Montredon, quartier voisin, souvent à pieds. Pour des courses plus importantes, ils rejoignent les centres commerciaux en transports en commun ou grâce à un membre de leur famille, famille chère à leurs yeux. Les plus jeunes ont, quant à eux, plus tendance à utiliser leur véhicule personnel.

Fig. 36 : Sortie de l’usine lorsque celle-ci était encore en

fonctionnement.

Source: AGAM

La Madrague est un « village » dont l’histoire et l’identité sont intimement liées à celle de son usine et de son port. Pendant longtemps, on trouvait toujours dans les familles un pécheur ou un ouvrier de l’usine. La fermeture de celle-ci sonne comme la fin d’une époque, selon les dires des habitants, c’est devenu beaucoup plus calme, et même les pécheurs ne seraient plus « d’ici ».

Fig. 36 bis: L’usine aujourd’hui Source: La Fabrique

Depuis sa fermeture, l’usine Legré Mante a laissé un grand vide dans l’ensemble du quartier dont l’activité a périclité. Les commerces ont fermé, la population native a en partie quitté le noyau villageois du fait de l’inflation et l’esprit du lieu a définitivement changé. Auparavant, les journées étaient rythmées par le son de la sirène qui annonçait la fin d’un cycle de huit heures de travail. Dorénavant, la principale activité de la Madrague est liée au tourisme.

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D’HIER A DEMAIN

D’après l’INSEE, les deux tiers des habitants du quartier vivent ici depuis plus de dix ans. En s’intéressant de plus près à la population, nous apprenons alors que la majorité des personnes qui vivent à la Madrague depuis plus de dix ans sont bien souvent natives du quartier et appartiennent aux 28% de retraités y vivant. « Je suis né ici ! », nous disent ils.


II- LA MADRAGUE, UN VILLAGE DE LA CITÉ PHOCÉENNE ... 1- Lecture architecturale de la Madrague L’architecture permet de caractériser un lieu, un territoire, mais représente également un marqueur historique efficace. En effet, les différentes « couches architecturales » témoignent des différentes périodes historiques vécues par le territoire et en révèlent son utilisation à plusieurs époques. Le bâti peut également être un élément témoignant d’un rassemblement de population. Les populations d’un même territoire se rassemblant en différents groupes sociaux selon leurs âges, catégories socio-professionnelles ou modes de vie entre autres, pourraient opter pour une certaine typologie de bâti. En ce sens, il est indispensable de réaliser une lecture architecturale du territoire d’étude et de ses alentours afin de dresser des profils types de bâtis, à mettre en relation avec l’histoire du noyau villageois et les habitants.

1.1- Le noyau villageois de la Madrague de Montredon Le noyau villageois est composé d’un assemblage de bâtis, pour la plupart de type individuel sous forme de maison de village, en R+1, mais agrémenté également de quelques maisons de plain-pied ou d’habitats collectifs plus récents de deux, voire trois étages. Les hauteurs des bâtiments sont très rarement alignées au sein de la Madrague. Les façades quant à elles sont alignées le long de la plupart des rues du noyau villageois, mais ne le sont pas le long du boulevard du Mont Rose. Les maisons de village de la Madrague n’ont pas été construites selon une volonté publique de cohésion architecturale, mais individuellement, à l’image des propriétaires-bâtisseurs. Aucune norme architecturale ne régit donc les bâtiments, ce qui fait la spécificité paysagère du noyau villageois. Suivant cette logique de construction, de nombreuses maisons de village, bâties à la base de plainpied, portent aujourd’hui les marques de leur évolution au travers du temps. En effet, on observe fréquemment un agrandissement des maisons par superposition d’étages. L’absence de cohésion architecturale permet à ce territoire de faire cohabiter des formes très différentes. Le propos de Roland Castro, lors de sa lecture urbaine de Paris dans « une ville, un architecte », pourrait s’adapter à la Madrague : « il n’y a pas d’unité de style, mais une unité de comportement » (1). Le boulevard du Mont Rose rencontre une spécificité topographique. Il est en effet caractérisé par un très grand dénivelé entre les habitations et le boulevard en lui même. Ainsi, les habitations donnant sur les jardins sont situées largement en contrebas par rapport à leurs clôtures murées qui bordent la rue. Cependant le dénivelé, diminuant progressivement au fur et à mesure que l’on se rapproche de la mer, permet alors aux habitations de prendre pied au même niveau que la chaussée. (1) Roland Castro, Reportages vidéo créés par Janin Eric, De La Noue Renaud et Terzieff Catherine. Edités par Label National, Paris, 2005

1.2- Des profils types 1.2.1- La maison de village

Un profil type de la maison de village de la Madrague recoupe les similitudes que présentent les bâtiments bordant les rues les plus anciennes du noyau villageois. La maison de village se compose d’un rez-de-chaussée et d’un étage. La hauteur diffère d’un bâtiment à l’autre, c’est pourquoi il n’y a pas d’alignement des toits au sein du noyau. La façade est recouverte d’un enduit coloré dans des tons ensoleillés. Une maison de village avenue Audemar Tibido

Fig. 37 :

Source : La Fabrique

La porte d’entrée est soit en bois plein, soit une porte-fenêtre ornée d’un volet extérieur de même type que ceux des fenêtres, et peinte généralement de la même couleur que ceux-là. La porte d’entrée donne directement sur le trottoir de la rue. Il n’existe donc pas de lieu de transition entre l’espace privé et l’espace public. Les fenêtres sont alignées horizontalement, mais pas nécessairement verticalement. Des bandeaux horizontaux, non filants, séparent les étages à hauteur d’appui. Ces appuis de fenêtres sont isolés et moulurés droits. Les proportions des fenêtres sont conservées pour toutes les ouvertures du bâtiment et ne sont pas ornées de garde-corps. Les volets extérieurs, en bois, se retrouvent sous deux types différents : - des volets pleins, avec traverses horizontales, - des persiennes, c’est-à-dire des volets ajourés sur toute leur longueur ou uniquement dans sa partie supérieure, Les toits, à pentes relativement faibles, sont composés de deux versants et habillés de tuiles canal en terre cuite orange.

1.2.2 - La maison avec petit jardin Le Mont Rose prenant pied directement sur le boulevard, celui-ci n’est bordé d’habitations que sur un côté. Le bâti, de type immeuble collectif, apparait comme le plus récent du noyau villageois de la Madrague. La façade est restée fidèle à celles des maisons de village, avec un enduit de couleur pastel. La particularité de ces habitations réside dans le fait qu’elles possèdent des petits jardins devant les portes d’entrée, d’environ trente mètres carrés. Sur le versant est, donnant vue sur la promenade du port, ces mêmes habitations dévoilent un, voire deux étages de plus par rapport au versant ouest en raison également du dénivelé de terrain. Les fenêtres sont, de manière générale, plus grandes que celles des maisons de village et les volets extérieurs sont des volets roulants électriques ou mécaniques. Les toits sont tantôt les mêmes que pour la maison de village, tantôt des toits-terrasses plats. 48

Fig. 38 : Une maison avec jardin boulevard du Mont Rose Source : La Fabrique


Fermée depuis 2009, l’usine Legré Mante affiche encore dans le paysage toutes ses caractéristiques architecturales typiques des usines du XIXème siècle. Les bâtiments d’origine en pierre de taille cachent probablement une structure porteuse métallique. Les fenêtres arquées, dont l’encadrement est marqué par des briques rouges, sont soutenues par un bandeau d’appui horizontal et filant composé de briques rouges également. Les toits à pente faible sont habillés de tôle de couleur grise. La cheminée, en briques rouges, domine les bâtiments avec une hauteur d’une vingtaine de mètres. Depuis sa construction, la forme architecturale à subit des modifications, notamment dues au changement d’activité puis à sa fermeture définitive. Aujourd’hui, les bâtiments de l’usine jouxtant l’avenue de la Madrague de Montredon, à l’origine en pierres, ont été recouverts d’un enduit gris, certainement dans un souci de vétusté et d’entretien de la pierre. Fig. 39 : L’enduit de l’usine Source : La Fabrique

Fig. 40 : L’usine Legré Mante Source : La Fabrique

1.4- L’Habitat sous la Rose : le cabanon Le cabanon est la forme architecturale la plus rependue au sein de l’unité urbaine de l’Habitat sous la Rose. Construits à l’origine illégalement la nuit par les rapatriés d’Algérie afin de s’approprier un toit, ils étaient conçus sans plan et faits avec des matériaux de fortune. Les cabanons étaient de plain-pied et ne disposaient que d’une petite porte d’entrée ainsi que d’une fenêtre sur la façade donnant sur la chaussée. Les toits étaient revêtus de tôle et les murs recouverts d’un enduit beige. Aujourd’hui, les cabanons ont pris de la hauteur avec l’ajout parfois d’un étage supplémentaire, mais se sont surtout refait une beauté ces dernières années. En effet, certaines façades sont retravaillées avec des enduits plus récents et dans des tons de couleurs plus ensoleillés. Les toits à deux versants, dont les pentes sont faibles, se sont équipés de tuiles canal en terre cuite orange. La porte d’entrée ainsi que les volets sont restés en bois brut. Rappelons que ces cabanons de fortunes bénéficient d’un cadre privilégié, à proximité immédiate de la mer, ce qui attise aujourd’hui quelques convoitises.

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Fig. 41, 41 bis et 41 ter :

L’Habitat sous la Rose

Source : La Fabrique

D’HIER A DEMAIN

1.3- L’usine


1.5- La Verrerie : les barres d’immeuble

2- Portrait du néo arrivant

À la Verrerie s’élèvent des barres d’immeubles allant du R+2 au R+4. Plus larges que hautes, elles affichent sur leurs façades la redondance et la monotonie typiques des grands ensembles. À hauteur des trois quarts des fenêtres de rez-dechaussée, les façades sont habillées par des petites briques orangées qui ne suffisent pourtant pas à refléter les couleurs chaudes des enduits de la Madrague. Le restant de celles-là est recouvert d’enduit blanc cassé. Les fenêtres se déclinent sous quatre formes différentes, de la petite fenêtre de salle de bain rectangulaire à la fenêtre de séjour carrée. Elles s’enchaînent sur la façade de manière répétée formant ainsi une espèce de frise modèle reprise pour toutes les barres. Les volets extérieurs sont des stores blancs. Les portes d’entrée collectives des immeubles sont des portes vitrées banches. Les toits sont plats marqués par un bandeau d’appui filant orange et en relief. Ce type de bâti marque un fort contraste avec celui du noyau villageois.

À en croire les habitants de la Madrague, elle serait divisée en deux catégories de résidents : celui qui y est né, et les autres. Le néo-arrivant est une personne qui s’est installée pour diverses raisons, personnelles ou professionnelles, mais qui n’est pas natif du noyau villageois. Le cadre de vie reste une des raisons principales de son installation. De manière générale, il appartient à un ménage, situé dans une tranche d’âge de 30 à 50 ans, parfois avec de jeunes enfants. Ces familles sont issues d’une catégorie socioprofessionnelle permettant un niveau de vie moyen souvent plus élevé que celui dont pouvait jouir « le natif » à l’époque. La Madrague a en effet subit une mutation fonctionnelle, puisqu’elle est passée d’un noyau villageois de pécheurs et d’ouvriers à un lieu résidentiel, au cadre de vie privilégié et soumit à une forte influence saisonnière. En ce qui concerne le mode de vie, les habitudes du néo-arrivant ne diffèrent que très peu de celles du natif. Les courses alimentaires sont effectuées en dehors de la Madrague, à Montredon au plus proche, et sur le trajet domicile-travail la plupart du temps. Ces « nouveaux habitants » ne fréquentent pratiquement pas les bars et restaurants du noyau villageois, et pour preuve, durant nos visites de terrain à différents jours de la semaine et plusieurs tranches horaires, nous n’avons que très peu rencontré de néo-arrivants. Le portrait du néo-habitant et celui du natif divergent sur plusieurs points, notamment sur les aspects économiques, sociaux, professionnels, générationnels… Ce phénomène explique largement le rejet du néo-habitant par le natif. En effet, nous avons remarqué, par nos entretiens et observations de terrain, que le néo-arrivant, quelque soit le nombre d’années vécues au sein du noyau villageois, ne pouvait être considéré comme un habitant de la Madrague par les natifs. Pourtant, ces « nouveaux » - bien que certains soient là depuis près de dix ans – s’investissent dans la vie de la Madrague, à travers le CIQ notamment.

La diversité du bâti de la Madrague de Montredon, en opposition avec les tours de la Verrerie et les cabanons de l’Habitat sous la Rose, façonne le paysage urbain du noyau villageois, créée une cohérence architecturale, presque une sorte d’unité et lui confère son caractère unique, authentique et pittoresque.

Fig. 42 et 42 bis:

Les barres d’immeuble de la Verrerie

Source : La Fabrique

L’architecture du noyau villageois apparait sous différentes formes. Les profils types dressés pour la Madrague résument les allures générales du bâti qui apparaissent tout de même comme similaire au sein du territoire. Les barres d’immeubles de la Verrerie marquent un contraste dans le paysage par leur caractère répétitif et monotone, ce qui permet de mettre en avant la diversité du bâti qui façonne le paysage urbain de la Madrague. Cependant, les formes variées de bâti du noyau villageois créées une cohérence architecturale, presque une sorte d’unité, qui lui confère son caractère unique, authentique et pittoresque.

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III - ... AU SOUFFLE DE VIE ÉCOURTÉ ... Analyse de l’évolution de l’offre en commerces et services Le noyau villageois de la Madrague de Montredon est équipé principalement de commerces anomaux, notamment un salon de coiffure et une boutique de création de vêtements et bijoux. Le seul commerce banal dont les habitants du quartier peuvent jouir est une petite épicerie de dépannage. Deux commerces sont actuellement fermés ; une boulangerie et un commerce d’articles de pêche ; malgré le fait que les devantures soient encore en place. Les commerces cités ci-dessus, qu’ils soient en activité ou non, se localisent autour de l’avenue de la Madrague de Montredon, axe principal qui dessert le noyau villageois. La restauration, contrairement aux commerces banaux, ne fait pas défaut sur le territoire. Ainsi, deux restaurants offrant vue sur le port ou la mer proposent leurs services, dont un ouvert tout au long de l’année. Deux bars offrent également un plat du jour ainsi qu’une restauration sur le pouce. Un troisième bar, positionné le long de l’avenue de la Madrague de Montredon, garde ses portes closes depuis la fermeture de l’usine d’acide tartrique qui lui faisait face. L’absence de commerces de première nécessité au sein du noyau villageois est palliée par la présence d’une grande gamme de commerces banaux à Montredon, quartier qui jouxte la Madrague. En effet, à dix minutes de trajet à pied de la rue Audemar Tibido, se trouvent une pharmacie, une épicerie et un tabac-presse. Les autres commerces de proximité se situent à moins de quinze minutes. Auparavant, l’offre en commerces et services était beaucoup plus importante, mais depuis une vingtaine d’années, l’aspect très villageois, familial a périclité au profit d’un espace plus axé sur le tourisme et le logement résidentiel. Ce phénomène s’est d’autant plus accentué avec la fermeture de l’usine Legré Mante.

Carte 20 : L’offre en commerce à la Madrague et dans les quartiers voisins N

0

100

200 m

Bar et restaurant

Épicerie, supérette

Montredon

Coiffeur

el

aM

ad

ra gu e

de

M

on tre do n

Boulangerie, patisserie, boucherie

av .d

Fig. 43 et 43 bis et 43 ter: Les commerces de la Madrague Source : La Fabrique

La Madrague

Vestimentaire Pharmacie

Médecin, kinésithérapeute Agence immobilière

Plombier, chauffagiste, serrurier

Presse, librairie

Saména

Sources : observations personnelles Auteur : La Fabrique, mars 2012 51

D’HIER A DEMAIN

1- Les commerces


2- Les équipements La distribution des équipements au sein de la Madrague se calque sur le schéma des commerces. Ainsi, la Madrague ne dispose en termes d’équipement sportif que d’un club nautique. On trouve aussi petite église mais elle est, elle aussi, fermée (suite à des dégradations). D’autres services sont offerts aux habitants du noyau villageois à travers toute une série d’équipements situés, de cinq à dix minutes à pied de la Madrague, dans le quartier de Montredon. Tout d’abord, les enfants ont accès à une école maternelle et primaire, un stade multisports en gazon synthétique et un centre aéré. Les collégiens et lycéens, quant à eux, doivent se déplacer jusqu’à la Pointe Rouge pour étudier. Un bureau de poste est également présent à Montredon, à proximité directe de la Madrague. En ce qui concerne le secteur médical, six médecins généraux sont en activité à Montredon ce qui permet aux habitants de la Madrague de disposer d’un service de santé relativement rapidement. Deux chirurgiens-dentistes sont également implantés dans ce quartier voisin. Les autres spécialités médicales se situent audelà de quinze minutes à pied du territoire étudié. Une des volontés exprimées par les habitants est de voir la Madrague redynamisée par le retour de commerces et services de proximité au sein même de leur territoire. Ce souhait sera peut-être exaucé avec la construction, lors du projet Legré Mante, de plus de cinq cents mètres carrés de commerces ainsi que l’implantation de divers services. Il est cependant justifié de se questionner sur la viabilité de ces commerces, mais aussi, et surtout, sur la volonté d’éventuels acheteurs d’ouvrir une affaire à la Madrague compte tenu de l’extrême saisonnalité du site ainsi que du difficile accès et de la faible population annuelle.

Carte 21 : L’offre en équipements à la Madrague et dans les quartiers voisins

N

0

100

Église St Eusébie

200 m

Montredon Terrain de sport Centre social Terrain de tennis La Madrague

Stade Centre d’animation

Port

École

Église

Terrain de sport

Saména Sources : observations personnelles Auteur : La Fabrique, mars 2012

52


VI- … JUSQU’À LA FUTURE IMPULSION RÉSIDENTIELLE ? 1 - La fermeture de l’usine comme tremplin vers une nouvelle identité villageoise Présentation et analyse du projet Cap Marin

17 28 285 500 1 000 1500 3 500 21 000 15 000 000 42 000 000 hectares de terrain villas

appartements

mètres carrés de commerces à

habitants supplémentaires

1.1.2 - Un projet initial vivement critiqué Le premier projet imaginé par le promoteur Océanis faisait état de six cents logements, d’une hauteur comprise entre douze et quatorze mètres, soit des immeubles de trois à quatre étages. Il s’agissait alors d’une résidence fermée sur elle-même, avec une barrière empêchant l’accès aux non-résidents et sans continuité avec l’âme villageoise de la Madrague. Six villas sont également prévues sur le talus en bord de mer. Face à cette « marina pour riches », nom souvent attribué au projet par ses opposants, Marie-Françoise Palloix, élue communiste des 6ème et 8ème arrondissements de Marseille, est montée au créneau, avec comme soutien le Comité d’Intérêt de Quartier de la Madrague de Montredon ainsi que des CIQ voisins, des habitants, des associations, des syndicats, etc… La création d’un espace lié aux métiers de la mer, un musée de la Mer & des Calanques, un espace d’accueil pour le transit des élèves et groupes allant visiter le Parc des Calanques… tels sont les projets proposés pour contrer Cap Marin. Si ces propositions n’ont pas été retenues par la municipalité, après de nombreuses négociations, pétitions et lettres ouvertes à différents représentants politiques, des améliorations ont été apportées au projet immobilier.

1.2 - Le projet de résidence Cap Marin

euros le mètre carré : prix moyen de vente des terrains mètres carrés de parc immobilier d’euros, minimum, de travaux de dépollution euros d’estimation de la valeur du site dans l’état actuel

1.1- De l’usine aux travaux... 1.1.1 - Le problème de la pollution L’usine de la Madrague de Montredon a pendant de longues années utilisé des produits particulièrement polluants, tels que du plomb, de l’arsenic, du souffre… Le sol est ainsi très largement pollué par des métaux lourds et dangereux. Ce problème est d’autant plus important sur le terrain situé sur le littoral, l’érosion maritime ronge le talus, libérant dans l’eau ces métaux lourds, interdisant même la baignade sur la plage située plus au nord. Avec une telle pollution aux portes des calanques et sur un terrain destiné à accueillir plus d’un millier d’habitants, des travaux de dépollution s’imposent. C’est le promoteur immobilier qui se chargera donc des travaux de dépollution des dixsept hectares du site. Il s’agit alors d’excaver les quelques 90 000 mètres cubes de terre polluée. Pour éviter les inhalations, la terre sera arrosée en permanence et les travaux suspendus en cas de vents supérieurs à 70 km/h. De plus, des capteurs de qualité de l’air seront installés dans le noyau villageois par la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement, et du Logement.

Fig. 44 : La résidence Cap Marin vue depuis l’avenue Audemar Tibido Source : Permis de construire n° 130 55 10 H 1526 PCPO

Le promoteur immobilier, Rémi Hilaire, a assisté aux différentes réunions publiques organisées par le CIQ, réétudiant ainsi le projet et en novembre 2011 le permis de construire a été approuvé par la municipalité marseillaise. Le projet ayant un enjeu financier très important, Mr Hilaire à coopérer avec le CIQ et les habitants afin d’apporter des améliorations à celui-ci. La barrière fermant la résidence a été remplacée par des bornes rétractables pour permettre l’accès aux piétons et cyclistes, les étages ont été revus à la baisse afin de ne pas écraser le noyau villageois, des toits en tuile ont été imposés, et une nouvelle place de village sera créée. Les architectes en charge du projet (l’Atelier Vernerey) ont de plus proposé la création d’une promenade en bordure du Canal de Marseille, ainsi que la réhabilitation de certains bâtiments existants en vue de proposer un lieu de mémoire à l’activité industrielle. 53

D’HIER A DEMAIN

Le projet Cap Marin en quelques chiffres :


Le projet de villas prévu de l’autre côté de l’avenue a également été gelé, le promoteur laissant à la ville de Marseille la possibilité de réfléchir à un projet. Cette dernière « faveur » s’explique surtout par le fait que le terrain est instable et que la dépollution s’annonce compliquée. Une proposition faite par la CIQ est alors de casser ce talus pour créer une petite plage à la Madrague. L’entrée de la résidence est composée sur un axe nord-sud, depuis l’avenue de la Madrague de Montredon vers le Massif de Marseilleveyre. Dans le but de créer des Bâtiments Basse Consommation, une grande partie des façades principales sont orientées est-ouest. Les façades nord des bâtiments seront ouvertes pour bénéficier de la vue sur la baie. Pour bénéficier d’un meilleur ensoleillement, les logements possédant une exposition vers le nord seront soit traversant nord/ sud, soit d’angle. La forme en « U » des bâtiments permettra de plus de créer des Fig. 45 et 45 bis: En haut: la résidence sur l’avenue de la Madrague de Montredon; en bas: coupe d’un batiment intérieurs d’ilots ouverts au sud et donc protéger du Mistral. Les appartements intérieur iront du T2 au T4. Source : Permis de construire n° 130 55 10 H 1526 PCPO En plus des cinq cents mètres carrés de commerces prévus, quelques équipements seront également installés. Ainsi, les habitants pourront bénéficier d’une crèche, d’un terrain de sport, d’une maison des associations, et le CIQ négocie actuellement la venue d’un marché.

1.3 – Les questions soulevées Une des premières craintes des habitants de la Madrague concerne l’arrivée massive de nouveaux habitants et de leur véhicule personnel. Entre 1 000 et 2 000 habitants supplémentaires sont prévus dans la résidence, soit le double de la population actuelle vivant à la Madrague, la Verrerie et l’Habitat sous la Rose. Comme nous le verrons dans un prochain point, l’accessibilité est déjà un problème certains jours à la Madrague, qu’en sera-t-il après l’arrivée de ces nouveaux habitants ? D’autres problèmes tels que l’assainissement ont également été soulevés. Un recours gracieux à l’encontre du permis de construire a par ailleurs été déposé par le Comité d’Intérêt de Quartier, se faisant la voix des habitants. À ce titre, il a été révélé l’absence de certains éléments nécessaires au permis de construire tels qu’une étude d’impacts (étant donnée la proximité d’une zone Natura 2000), une représentation de l’impact visuel du projet à l’échelle du grand paysage, une étude de dépollution du site, etc. Certaines prescriptions du Plan d’Occupation des Sols n’ont, de plus, pas été respectées.

2- Situation actuelle du logement et de l’habitat à la Madrague La possible évolution de la Madrague en matière de logements apparait comme très limitée, notamment en raison de sa position géographique et de son enclavement entre colline et littoral. Hormis le futur projet qui sera réalisé sur le terrain de l’ancienne usine Légré-Mante, le POS de Marseille ne prévoit pas de terrains supplémentaires dédiés à la réalisation de nouveaux logements.

Carte 22 : Les prix de l’immobilier par arrondissement à Marseille N

0

2

4

Kilomètres

La rareté du foncier à la Madrague ne permet donc pas une évolution positive des prix de l’immobilier en faveur des nouveaux résidents. A contrario, le noyau villageois est situé dans l’un des arrondissements de la commune de Marseille où les prix de l’immobilier s’affichent comme étant très élevés. Avec une moyenne de plus de 3 900 euros le mètre carré, le huitième arrondissement propose les prix les plus hauts du marché immobilier Marseillais. La situation géographique exceptionnelle de la Madrague, à deux pas de la mer et des collines, à proximité immédiates du parc des calanques, permet également au promoteur du futur projet Cap Marin de proposer une gamme de prix supérieure à celle déjà très élevée du huitième arrondissement. Ainsi, la valeur des logements du noyau villageois connaitra une augmentation sans précédents.

Nombre de logements 43 000

Moyenne du prix du mètre carré (en euros) 3 910 - 3990 3 110 - 3 910

21 500 4 300

2 740 - 3 110 2 590 - 2 740 1 960 - 2 590

54

Auteur: La Fabrique, avril 2012 Sources: INSEE 2008, estimation meilleuragent 2012


Le programme local de l’habitat (PLH) de la commune de Marseille actuellement en vigueur oblige la présence d’au moins 20% de logements sociaux (toutes catégories confondues) sur la commune. Cet objectif, relativement vaste, permet cependant à certains arrondissements de Marseille de ne proposer qu’un taux de logements sociaux très bas, pourvu que ce dernier soit compensé sur d’autres arrondissements. C’est en effet le cas du huitième arrondissement, où se trouve la Madrague. On y constate un taux de logements sociaux très faible, puisqu’il est inférieur à 10%. En se focalisant sur le noyau villageois de la Madrague, on constate en effet qu’il n’y a pas, ou quasiment pas, de logements sociaux sur le territoire, les plus proches se trouvant à la Verrerie. Le projet Cap Marin annonce dans son programme d’habitat la création de logements sociaux, mais dans une gamme de prix qui reste alignée sur celle du huitième arrondissement et qui exclue la création de certaines catégories de logements sociaux (logements locatifs très sociaux par exemple).

Rupture fonctionnelle, cette résidence marque de plus une rupture sociale, dans la mesure où les nouveaux habitants ne ressembleront en rien aux anciens ouvriers et natifs de la Madrague, et il suffit de voir les prix du mètre carré pour s’en rendre compte (entre 2 700 et 7 000 €). Ce projet n’apportant quasiment pas d’emploi, on peut de plus supposer que les habitants iront travailler ailleurs dans Marseille, et ainsi utiliser les commerces et services d’autres quartiers. Il est aussi regrettable de constater que peu d’équipements publics ne sont prévus malgré ces nouveaux logements.

0

1

D’HIER A DEMAIN

Le projet Cap Marin du promoteur Océanis vise donc à apporter un nouveau dynamisme dans un lieu marqué par le départ de l’activité industrielle. De plus, l’installation d’un tel programme va permettre une dépollution du site et une ouverture de la vue sur le massif de Marseilleveyre. Il s’avère toutefois que ce projet se limite à un apport massif de population, et de quelques commerces supplémentaires, ce qui contraste fortement avec la vocation industrielle passée de la Madrague.

N

2

Kilomètres

La situation géographique de la Madrague et l’absence de foncier disponible sur ce territoire permettent d’afficher des prix immobilier bien au dessus de ceux rencontrés sur le reste du territoire de Marseille (hormis le 16ème arrondissement). Le projet immobilier Cap Marin sera également à l’origine d’une envolée certaine des prix des biens.

Nombre de logements 43 000

La faible présence de logements sociaux sur le territoire de la Madrague ainsi que les prix très élevés de l’immobilier sont une barrière à la mixité sociale et pourraient même, à long terme, être la cause d’une gentrification du quartier.

Taux de logements sociaux (en %) 30 - 40 20 - 30

21 500 4 300

10 - 20 0 - 10

Auteur: La Fabrique, avril 2012 Sources: INSEE 2008, PLH 2010

Carte 23 : Le taux de logements sociaux et nombre de logements par arrondissement à Marseille

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I - AUX PORTES DES CALANQUES, UN PETIT PORT PITTORESQUE ET ATTRACTIF

58

II - L’affluence touristique fait le bonheur des uns…

60

III - … POUR LE MALHEUR DES AUTRES

60

1- La Madrague, un lieu touristique depuis le début du siècle 2- Un lieu pittoresque et photogénique 3- Portrait du touriste

57 57 58

1- L’avenue de la Madrague de Montredon face à l’affluence estivale et au projet immobilier 2- L’offre de transports en commun

60 61

3- Les modes de transports doux, anecdotiques à la Madrague ?

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4- Le stationnement à la Madrague, un enjeu tout au long de l’année

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2.1 - La ligne 19, unique liaison routière avec le reste de Marseille 2.2 - Un réseau de transports en commun renforcé pour la période estivale 2.3 - L’expérience de la navette maritime

4.1- La Madrague au quotidien : de l’appropriation de l’espace au stationnement dangereux 4.2- Une offre de stationnement insuffisante face à l’affluence touristique

5- La problématique de l’accessibilité du sud marseillais au sein du Plan de Déplacement Urbain

57

61 61 62

63 64

65

ENTRE HIVER & BEAUX JOURS

ENTRE HIVER & BEAUX JOURS, L’IDENTITÉ DE LA MADRAGUE AU FILS DES SAISONS


I- AUX PORTES DES CALANQUES, UN PETIT PORT PITTORESQUE ET ATTRACTIF Étude de l’aspect touristique du site 1- La Madrague, un lieu touristique depuis le début du siècle En 1914, la Madrague est connectée au reste de Marseille grâce à la ligne 19 du tramway qui relie le Cours Saint-Louis Préfecture à la Madrague de Montredon, en passant par l’avenue du Prado et la Pointe-Rouge. Ce moyen de transport permettait également de relier Marseille aux calanques. Les Guides Bleus ne manquaient pas, dès le début des années 1920, de mentionner la Madrague de Montredon comme point de départ de nombreuses randonnées dans les Calanques ou le massif de Marseilleveyre. Mais étonnamment, la Madrague disparait de ce même guide pour l’édition de l’année 1953, cela s’explique peut-être par l’abandon progressif du tramway et son remplacement par les trolleybus, puis les autobus. Les tramways sont remplacés sur la quasi-totalité des lignes du réseau entre 1950 à 1960. Dans l’édition 2008 du guide du Routard, il est fait mention de la Madrague comme un petit port de pêche pittoresque et avec de nombreux départs pour des randonnées dans le massif des Calanques. «La Madrague de Montredon C’est le début des calanques. Oubliez Marseille, ses embouteillages, et tous vos soucis, sauf si dans votre tette vous êtes en train de vivre un roman policier, car c’est généralement ici que ce règlent les comptes. Bienvenue à Montredon. La route qui longe le littoral commence à tourner. Pour les amateurs de plage, quelques endroits à retenir. L’Abris-côtier est une plage de sable appréciée par les jeunes des quartiers Sud. Hélas, elle n’est pas toujours très propre (déchets poussés par les courants marins). En pointe de Montredon et le port de la Madrague, la Plage de la Verrerie, bordée de cabanons creusés dans la roche, en sous-sol, est maintenant fréquentée par toutes les classes sociales.» (1)

2- Un lieu pittoresque et photogénique Photogénique : Qui produit un effet agréable en photographie, au cinéma. (2) Pittoresque : Qui, par sa disposition originale, son aspect séduisant, est digne d’être peint. (3) Dès 1754 les madragues intriguent et c’est Claude Joseph Vernet missionné par, AbelFrançois Poisson de Vandières, Marquis de Marigny, futur directeur des Bâtiments de Louis XV, qui réalise vingt-quatre tableaux de Ports de France pour informer de la vie dans les ports. Ces peintures sont de véritables témoignages de la vie dans les ports il y a 250 ans et font de lui un des plus grands peintres de la marine. Même si l’on ne peut affirmer qu’il s’agit bien de la Madrague de Montredon, on note tout de même un intérêt pour cette technique de pêche (JOSEPH VERNET - LA MADRAGUE, DÉTAIL 1754), et surtout pour l’attrait pictural que représentent les petits ports le long de la côte marseillaise. (1) : Guide du Routard Provence, édition 2008 (2) et (3) : Dictionnaire Larousse 58

Fig. 46 : Carte du Guide Bleu de 1953 Source : Guide Bleu Fig. 47 : Joseph Vernet - La Madrague, détail (1754) Source : univ-montp3.fr


Source : Lise Dupas

Fig. 49 : François Jaujard - La Madrague Source : www.francois.jaujard.free.fr

Plus récemment des peintres célèbres ou inconnus profitent des paysages, de la lumière et de la vue qu’offre la Madrague sur Marseille. La Madrague suscite un intérêt par l’aspect préservé de son bâti qui, dans l’imaginaire, joue le rôle de l’ancien port de pêche traditionnel. Mais il faut relativiser cet intérêt pictural pour la Madrague, ce n’est pas un haut lieu de la peinture marseillaise comme peuvent l’être le Vieux Port ou les Goudes. Il faut pourtant admettre qu’il n’est pas rare de trouver des tableaux représentant la Madrague de Montredon. Avec l’essor de la photographie il devient alors très facile de capturer des paysages et les représentations de la Madrague se multiplient. Un célèbre site de partage de photographies (www.Flickr.com) propose plus de 250 clichés de la Madrague de Montredon. Ils existent beaucoup de photos de touristes, de Marseillais ou d’habitants de la Madrague qui viennent profiter des couchers de soleil avec une vue imprenable au nord-ouest sur les iles du Frioul ou au sud sur l’ile Maïre, ou bien encore du port lui-même. Avec la fermeture de l’usine, sa destruction programmée et le regain d’intérêt pour le patrimoine industriel de Marseille, le bâtiment où l’on fabriquait, il y a peu, de l’acide tartrique prend alors un tout autre aspect. Ce patrimoine industriel, bien qu’ayant toujours fait partie culturellement de Marseille, devient pour ces qualités architecturales et l’histoire qu’il véhicule un nouveau sujet de représentation, qu’il soit pictural, photographique ou littéraire. Comme en témoignent les différents travaux réalisés par Lise Dupas, qui, au travers de son projet « Mémoire de lieux, lieux de vie » sur la Madrague de Montredon, qui donne à voir de manière photographique et grâce aux témoignages d’habitants une vision artistique de l’usine. Ces autres projets portent sur le canal de Marseille qui se termine également dans l’usine Legré-Mante et sur les anciens cabanons de l’Habitat sous la Rose.

Dès qu’arrivent les beaux jours, la Madrague est un quartier qui attire les touristes, venus profiter de la mer et du petit port. Son aspect pittoresque plait à ces visiteurs, qui souvent s’arrêtent à la Madrague avant de continuer leur route vers les calanques du sud de Marseille. À travers cet aspect pittoresque, c’est une part de l’identité de la Madrague que l’on retrouve, en lien avec son histoire. Enfin, le tourisme peut être vu à la fois comme un atout, mais aussi comme un inconvénient...

3- Portrait du touriste Sur la « Route du Bout du Monde », la Madrague est un lieu qui plait au touriste. Il s’y arrête, souvent avant de continuer son chemin vers les derniers villages marseillais pour profiter du petit port et de son ambiance atypique, pour prendre un repas dans l’un des restaurants du noyau villageois ou encore pour s’approvisionner à la petite épicerie. La Madrague, c’est aussi, et depuis longtemps, un point de départ pour aller se balader à pied dans le massif des Calanques, aujourd’hui Parc National. Enfin, certains touristes viennent pour la Madrague en elle-même, qui est dotée d’un club de plongée, attirant notamment les amateurs de cette activité. 59

ENTRE HIVER & BEAUX JOURS

Fig. 48 : Photographie depuis l’usine par Lise Dupas, 2009


II - L’affluence touristique fait le bonheur des uns… Influence sur l’activité économique La Madrague est sujette à une très grande saisonnalité avec l’affluence de nombreux touristes dès l’arrivée des premiers beaux jours. La plupart d’entre eux ne s’arrêtent que peu de temps à la Madrague et poursuivent leur route vers les Goudes ou les calanques. On observe cependant un fort regain d’activité des commerces et services en cette période, notamment des restaurants qui affichent souvent complet. Pour ce qui est de l’épicerie, les ventes augmentent énormément même si la clientèle est constituée principalement de personnes de passage tout au long de l’année ; les habitants de la Madrague ne faisant leurs courses dans ce commerce qu’en cas de dépannage. Contrairement à l’épicerie, la principale clientèle des bars de la Madrague est constituée d’habitués, des résidents. Leur fréquentation augmente avec l’arrivée des touristes, mais pas suffisamment pour engager de saisonnier. Le club de plongée, bien qu’ouvert tout au long de l’année voit son activité grandement augmenter à la belle saison. Les clients sont en grande majorité des touristes, non marseillais (ces derniers connaissent l’état de la circulation jusqu’à la porte du Parc des Calanques en été et évitent bien souvent cette zone). Les touristes sont donc un facteur positif pour le dynamisme de la Madrague et permettent aux commerces et services d’être viables. Sans cette clientèle estivale, bon nombre de ceux-ci ne pourraient certainement pas maintenir leur activité. Cette influence touristique cache cependant un aspect plus négatif : l’engorgement des voies de circulation de la Madrague.

III - … POUR LE MALHEUR DES AUTRES Problématique de l’accessibilité 1- L’avenue de la Madrague de Montredon face à l’affluence estivale et au projet immobilier Le noyau villageois de la Madrague de Montredon est accessible par une seule et unique voie depuis Marseille : l’avenue éponyme. Cet axe, d’une largeur maximum de six mètres, dessert également tous les noyaux urbains depuis la Pointe Rouge jusqu’aux Goudes, et constitue la porte d’entrée littorale du massif des Calanques. Son étroitesse et sa solitude posent de nombreux problèmes de circulation aux vues de la saisonnalité, mais surtout du projet résidentiel Cap Marin. En effet, au total environ trois cents logements supplémentaires vont être construits à la Madrague, ce qui ajoutera prêt de six cents voitures au trafic pourtant déjà fortement encombré. Il est tout de même prévu dans le projet d’élargir l’avenue de la Madrague de Montredon à vingt mètres de large au sein du noyau villageois.

Fig. 50 : Coupe de rue de l’avenue de la Madrague de Montredon Source : La Fabrique

Carte 24 : Carte de situation de la coupe de l’Avenue de la Madrague de Montredon Source : IGN Auteur : La Fabrique, avril 2012

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2 - L’offre de transports en commun

2.1 - La ligne 19, unique liaison routière avec le reste de Marseille

Fig. 51 : Le projet de voie Pastré présenté par le CIQ Source : CIQ de la Madrague de Montredon Auteur : La Fabrique

Carte 25 : Les transports en commun à proximité de la Madrague

La grande majorité des transports en commun à Marseille est gérée par la Régie des Transports de Marseille (RTM). C’est un établissement public à caractère industriel et commercial sous tutelle de la Communauté Urbaine Marseille Provence Métropole depuis 2001 (avant cette date, la RTM dépendait de la Ville de Marseille). La cité phocéenne est quadrillée par vingt-huit stations de métro (réparties sur deux lignes), 12,6 kilomètres de tramway et quatre-vingt-trois lignes de bus (pour 1 200 stations). Cependant, la Madrague de Montredon n’est accessible du centre-ville que par une unique ligne de bus. Le noyau villageois est en effet le terminus de la ligne 19, qui part de la Castellane. Les habitants de la Madrague trouvent malgré tout la desserte en transports en commun suffisante, en hiver tout du moins. Il est vrai que l’amplitude horaire est confortable : les bus de la ligne concernée partent toutes les vingt minutes entre 4 h 40 et 21 h 20. De plus, cette ligne est également en circulation les dimanches et jours fériés. Depuis la Madrague, il est aussi possible de se rentre à Callelongue grâce à la ligne de bus 20, qui relie les deux ports. Il n’y a que peu de trajets proposés et l’itinéraire est modifié aux heures de sorties scolaires pour desservir le lycée de Marseilleveyre. Cette ligne est gérée par Keolis, l’un des grands groupes privés du secteur des transports français. L’ensemble des lignes de bus qui desservent la Madrague (exceptée la ligne 20 allant à Callelongue) permet de rejoindre facilement le métro. La station la plus proche est celle du rond-point du Prado, à vingt minutes de bus du noyau villageois. Cette station est aussi un point d’arrêt des lignes 21jet, 22, 22 s, 23, 41 s, 44, 45 et 83, un lieu d’échange important donc.

2.2 - Un réseau de transports en commun renforcé pour la période estivale Les amplitudes des lignes de bus et leurs fréquences ne sont pas modifiées en fonction des périodes de l’année (ni des week-ends et jours fériés), mais le réseau est renforcé de deux lignes durant la période estivale (les 19a et 19t), qui suivent sensiblement le même trajet que la ligne principale (quelques arrêts en moins). La nuit, un réseau de bus « Fluobus » est disponible. La ligne 583 dessert la Madrague (depuis « Cannebière bourse »). Cette ligne fonctionne de 21 h 25 à 0 h 45 avec un bus toutes les 45 minutes entre le 1er juillet et le 31 Août (deux fois moins le reste de l’année). Toujours en été, une ligne reliant la Castellane à la Pointe Rouge (à une vingtaine de minutes à pied de la Madrague) est mise en place. La desserte du noyau villageois semble donc relativement fournie, mais, l’unique route y menant étant complètement embouteillée dès les beaux jours, le temps de trajet entre le centre-ville et la Madrague s’en trouvent grandement rallongés. 61

Source : RTM Auteur : La Fabrique, avril 2012

ENTRE HIVER & BEAUX JOURS

Si la traversée de la « Route Du Bout Du Monde », surnom donné à l’avenue de Montredon, est interminable pour les conducteurs. Elle pose surtout des problèmes d’accessibilité pour les véhicules de secours. L’urbanisation soutenue à proximité immédiate du parc des Calanques est soumise à un risque non négligeable d’incendie. Malgré que ce risque soit reconnu et la zone inscrite au Plan de Prévention des Risques d’Incendie de Forêt, les aménagements nécessaires de sécurité sur l’avenue de la Madrague de Montredon ne sont pas pris en compte. Le Plan d’Occupation des Sols explicite par ailleurs le besoin d’accompagner la réalisation d’opérations d’ensembles d’aménagements nécessaires aux manœuvres des engins de secours, mais en aucun cas ne formalise l’obligation de modifier les voies déjà existantes. Deux propositions de projets s’affrontent afin de soulager l’encombrement de la voie. Le Comité d’Intérêt de Quartier de la Madrague propose un projet datant des années 1980, déjà mené au stade de l’enquête publique en 1992 dans le cadre du POS. Il s’agirait d’aménager un tronçon de voie de 400 mètres reliant le rond point de l’avenue du Corail à l’avenue de la Madrague, en longeant la limite nord du parc Pastré. Un second scénario se confronte au premier, défendant l’idée que la source d’encombrement est située aux abords du port de la Pointe Rouge. Ce second scénario, bien que largement défendable, n’impacterait cependant pas sur les problématiques de déplacements rencontrés sur la « Route Du Bout Du Monde ».


LIGNE

HIVER

ÉTÉ

AMPLITUDE HORAIRE

FRÉQUENCE DE PASSAGE

AMPLITUDE HORAIRE

FRÉQUENCE DE PASSAGE

Ligne 19

De 4 h 40 à 21 h 20

Toutes les 20 minutes

De 4 h 40 à 21 h 20

Toutes les 20 minutes

Ligne 20

De 7 h à 19 h 30

9 bus par jours, concentrés aux heures de pointe

De 7 h à 19 h 30

9 bus par jours, concentrés aux heures de pointe

Ligne 583

De 22 h à 0 h 45

Toutes les 1 h 25

De 7 h à 19 h

Un par heure

Navette maritime

De 21 h 25 à 0 h 45 (du 1er/07 au 31/08) De 7 h et 22 h (du 15/05 au 15/09)

Fig. 52: Tableau récaptitulatif Source : Régie des Transports de Marseille Auteur : La Fabrique

Toutes les 35 minutes Un par heure

2.3 - L’expérience de la navette maritime Un autre moyen de se rendre en centre-ville est la navette maritime, en phase de test entre le 1er mars et le 15 septembre 2012. Elle relie la Pointe Rouge au Vieux-Port, tous les jours, en quarante minutes. L’intérêt premier est le contournement des embouteillages. Cette navette, d’une capacité de cent personnes, est accessible gratuitement pour les usagers possédant un Pass RTM, le ticket unique coûte 2,50 € pour les autres usagers et fonctionne de 7 h à 19 h avec une traversée par heure. À compter du 14 mai, les fréquences de rotations seront augmentées et des navettes de soirée seront mises en place. En terme de fréquentation, sept cents personnes par jours sont attendues au sein de la navette. Le coût de l’opération est de 2,2 millions d’euros, financés par le groupe Véolia Environnement. Si cette phase de test est un succès, l’opération pourrait être reconduite l’année prochaine à la même période, avec éventuellement une extension vers l’Estaque.

3 - Les modes de transports doux, anecdotiques à la Madrague ?

Carte 26 : Pistes cyclables et stations de vélos en libre-service à proximité de la Madrague

Les circulations douces, comme le vélo, sont plutôt anecdotiques. Avec ses soixante-quinze kilomètres de piste cyclable et les cent trente stations libre-service de MPM, « le vélo » de Marseille fait pâle figure au regard des autres métropoles françaises. Mais malgré tout, les circulations douces restent un moyen de transport apprécié par les ménages marseillais. Selon un sondage réalisé par Marseille Provence Métropole pour la conception de son Plan de Déplacement Urbain, à la question « Que faire dans mon quartier ? », 225 000 personnes souhaiteraient des trottoirs et des aménagements pour piétons ainsi qu’une amélioration des rues, de la circulation, et du stationnement (1). Mais ce type de déplacement est perçu comme un mode à vertu uniquement environnementale, alors qu’il devrait être considéré comme un mode de déplacement à part entière : en effet, 62 % des déplacements internes à MPM font moins de trois kilomètres, distance sur laquelle la marche et le vélo sont beaucoup plus adaptés (2). Au vu de la synthèse d’évaluation du PDU, il est noté que des investissements ponctuels ont été réalisés, mais le maillage reste incomplet. Le système de vélo en libre-service a été mis en place le 12 octobre 2007, mais la fréquentation décline. Ce sont pourtant plus de mille vélos qui ont été mis à disposition des Marseillais par l’entreprise JCDecaux En ce qui concerne les formules d’accès à ce transport, MPM a voulu faire simple : la carte « le vélo » classique et la carte Transpass, permettent d’avoir sur la même carte l’abonnement « le vélo » et l’abonnement des transports marseillais. Il est possible de prendre un vélo dans une station et le déposer dans une autre. Le service permet de louer un vélo, sept jours sur sept, de 6 h à minuit. Pour rendre le vélo, le service est disponible 24 h/24. Lorsque l’on regarde la carte, et même si toutes les bornes n’ont pas été représentées, on constate un fort déficit des bornes vélos dans le sud de Marseille. La station la plus proche de la Madrague est située à Montredon en face de l’église et ne comporte que quelques vélos disponibles. Source : RTM Auteur : La Fabrique, avril 2012

(1) et (2) : Source : enquête-ménages 2009 62


Pourtant la Madrague se prête aux ballades en vélo et il n’est pas rare de voir quelques Marseillais s’aventurer à la Madrague et même aux Goudes avec le vélo libre-service de MPM. Mais la mauvaise qualité de la chaussée, la dangerosité des voitures et l’étroitesse des rues obligent les moins téméraires à prendre leur véhicule pour se rendre à la Madrague.

La marche offre un avantage sur le vélo, car elle dispose d’une voie de circulation dédiée, le trottoir. Mais les trottoirs à la Madrague, ou ceux qui y mènent n’offrent pas des caractéristiques qui permettent leurs utilisations par tous les publics. Les personnes en situation de handicap, les jeunes mères et leurs poussettes, les personnes âgées sont gênées par l’étroitesse et le mauvais état des trottoirs. De plus la vitesse des véhicules sur l’avenue de la Madrague de Montredon est souvent excessive et renforce le sentiment d’insécurité routière. Enfin, le stationnement sur les trottoirs rend les trajets à pied de, et vers la Madrague, délicat.

Fig. 54 : Le stationnement avenue Audemar Tibido, autorisé d’un côté, il empêche les piétons de circu-

ler en toute sécurité de l’autre

Source : La Fabrique

4- Le stationnement à la Madrague, un enjeu tout au long de l’année

4.1- La Madrague au quotidien : de l’appropriation de l’espace au stationnement dangereux

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Fig. 55 et 55 bis: Boulevard du Mont Rose, le stationnement se fait sur un axe de circulation et dans une

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Les aires de stationnement à la Madrague se limitent à quelques emplacements en bordure de voirie, en particulier sur l’avenue de la Madrague de Montredon, et les rues Audemar Tibido et Lieutenant Moulin. Si la majorité des habitants n’estiment pas rencontrer de difficulté de stationnement en dehors des périodes d’affluence touristique, un problème important se pose. En effet, il s’avère que la Madrague connaît une très forte proportion de stationnement sauvage. Selon le Code de la route, ce stationnement sauvage peut être gênant et/ou dangereux. Il est gênant lorsqu’il se fait, entre autres, sur les trottoirs ou autres espaces réservés à la circulation piétonne, en double file, ainsi que lorsqu’il empêche l’accès ou le dégagement d’un autre véhicule, à son garage notamment. Ces trois cas sont les plus fréquents à la Madrague. Sur le boulevard du Mont Rose, initialement à double sens, le stationnement sauvage est particulièrement gênant dans la mesure où il empêche le croisement entre deux véhicules. Il faut aussi ajouter que le fait de stationner devant son propre garage est également considéré comme du stationnement gênant, au regard du principe d’égalité des utilisateurs de la voie publique.

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Source : La Fabrique

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Voitures en stationnement Av

Zone de manoeuvre des bus Sens de circulation

Croquis de l’intersection entre le boulevard du Mont Rose et l’avenue de la Madrague de Montredon

Fig. 53 :

Source : La Fabrique

Le stationnement sauvage à la Madrague devient même dangereux au croisement entre le boulevard et l’avenue de la Madrague de Montredon, étant donné que les voitures garées sur la voirie obligent les véhicules circulant à rouler sur la voie de gauche, et ce dans un croisement avec peu de visibilité. Rappelons que le Code de la route sanctionne de trois points sur le permis de conduire et d’une contravention de quatrième classe les stationnements dangereux ; à savoir ceux à proximité des intersections de routes, des virages, des sommets de côte et des passages à niveau. 63

ENTRE HIVER & BEAUX JOURS

Il en est de même pour les habitants de la Madrague qui, pour certains, déplorent l’absence de borne. En effet, il faut environ quinze minutes pour se rendre à la borne la plus proche située à un kilomètre et demi.


Ce stationnement sauvage traduit également une appropriation de l’espace par les habitants, la rue devenant la continuité de leur habitation et l’espace dédié à leur voiture qu’ils n’ont pas forcément chez eux. Lorsque les riverains sont absents, l’appropriation de l’espace peut être visible par l’installation d’objets visant à réserver l’emplacement. Certains problèmes de stationnement sont parfois réglés directement entre les habitants et la municipalité, qui vient installer des potelets ou tracer les zones de livraison peu justifiées à la demande de ces derniers Enfin, dans le cadre du projet Cap Marin sur le site de l’usine, il est prévu de créer 627 places de stationnement pour les nouveaux arrivants, plus douze pour l’utilisation des commerces. Ces chiffres risquent d’être insuffisants dans la mesure où l’on attend environ 1500 habitants supplémentaires. Le CIQ est de plus en train de négocier la création d’une quarantaine de places destinées à l’usage des résidents. Fig. 56 : Deux bidons et une planches pour reserver sa place de stationnement, boulevard du Mont Rose Source : La Fabrique

4.2- Une offre de stationnement insuffisante face à l’affluence touristique Dès lors qu’arrivent les beaux jours, la Madrague commence à voir affluer les touristes, venus profiter du port, de la proximité des calanques et de la mer, ou encore, des restaurants et du club de plongée. Un problème se pose alors : celui de l’absence de parking. Bien sûr il n’est pas impossible de se garer, quelques espaces non utilisés et situés en front de mer faisant office de parking. Il s’avère toutefois que la principale zone de stationnement n’est en rien aménagée pour accueillir les visiteurs, on n’y retrouve que très peu de mobilier urbain (un unique lampadaire), pas de marquage au sol et un revêtement usagé. De plus, les différents graffitis présents sur les enrochements entourant cette place ne rendent pas l’espace très accueillant. Le Comité d’Intérêt de Quartier se bat auprès des élus locaux pour la mise en place de projets de stationnement à la Madrague, sur le modèle de Sormiou par exemple. Il propose notamment à la municipalité de préempter des terrains en vue d’un projet de parking, le fait est que le dernier terrain disponible rapidement à la Madrague, celui de l’usine, a été racheté par un promoteur immobilier.

Fig. 57 et 57 bis:

64

L’aire de stationnement située à l’ouest du quartier et les graffitis présents sur les enrochements Source : La Fabrique


La Madrague, intégrée aux quartiers sud de Marseille, est dans une zone en plein essor démographique et économique, mais qui reste relativement coupée des grandes infrastructures de transport. Cet enclavement favorise considérablement l’usage de la voiture individuelle, ce qui risque de rendre plus inaccessible encore les arrondissements méridionaux avec la poursuite de l’urbanisation de ce secteur. Pour pallier à ce phénomène, il est primordial de mettre en cohérence les différentes politiques de transport. Un des projets proposés dans ce sens est la réalisation d’une pénétrante ferrée qui assurerait la connexion de ces quartiers au réseau de transports en commun marseillais. Ne figurant pas dans le PLU, il est prévu d’aménager deux infrastructures dont le boulevard urbain sud, reliant la Pointe Rouge au Carrefour de Florian, dans le dixième arrondissement marseillais. Il sera cependant pleinement efficace que s’il est couplé à une requalification des voies qu’il déleste au profit des modes de déplacement doux et des transports en commun. Rien n’est pourtant explicité sur cette nécessité dans les documents d’urbanisme actuels. Il faut enfin ajouter que les quartiers situés à l’extrême sud de Marseille - à l’image de la Madrague - n’apparaissent que très rarement dans le Plan de Déplacement Urbain, leur désenclavement ne semblant pas être une priorité.

La situation de la Madrague, tout au sud de Marseille, est à l’origine de son problème d’accessibilité. Excentrée, elle ne possède donc qu’une unique voie d’accès, la reliant au reste de la ville ainsi qu’aux calanques des Goudes et de Callelongue notamment. L’unicité de cette voie d’accès n’est pas exclusivement liée à la position géographique, mais aussi à la topographie du territoire. Il en va de même en terme de transports en commun, où seule la ligne de bus n° 19 dessert le noyau villageois. Cette problématique d’accessibilité est d’autant plus handicapante dans la mesure où l’avenue de la Madrague de Montredon est empruntée, en période estivale, par de nombreux automobilistes souhaitant rejoindre les calanques, causant ainsi une très forte congestion. En effet, cet enclavement augmente d’autant plus l’utilisation du véhicule personnel. Ces embouteillages empêchent également les bus d’assurer un service de qualité.

Carte 27 : Le système autoroutier structurant à Marseille et les axes en projet

Les modes de transports doux n’étant pas développés, il pourrait être intéressant de réserver une voie sur la voirie pour les cyclistes, et d’étendre la ligne de navette maritime vers les ports de la Madrague, des Goudes et de Callelongue par exemple. De plus, une amélioration des cheminements piétons pourrait être apportée.

Source : Plan de Déplacement Urbain

Le stationnement est également un enjeu important pour le petit quartier de la Madrague, les véhicules stationnés causant à la fois gêne et danger. Gêne pour les piétons désirant circuler en sécurité sur les trottoirs, mes également gêne visuelle, le quartier étant défiguré par tout ce stationnement sauvage. Danger évidemment, lorsque le stationnement se fait sur la voirie. Congestion, enclavement, stationnement, les enjeux sont nombreux à la Madrague, qui semble pourtant oubliée des pouvoirs publics locaux.

Source : Plan de Déplacement Urbain

Carte 28 : Les pôles d’échanges multimodaux à Marseille, accompagnés d’un projet de ligne ferroviaire vers le sud de la ville 65

ENTRE HIVER & BEAUX JOURS

5- La problématique de l’accessibilité du sud marseillais au sein du Plan de Déplacement Urbain



LA MADRAGUE EN JEU POUR L’AVENIR

68

2 - Un noyau villageois en quête de redynamisation

68

3 - Quels enjeux pour la Madrague de Montredon, quelles perspectives ?

68

4 - Le génie du lieu

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CONCLUSION

1 - Les paradoxes de sa situation géographique

67


Ce diagnostic nous a permis de mettre en évidence les atouts et faiblesses de la Madrague, ainsi que les opportunités qui s’offrent au noyau villageois et les menaces qui pèsent sur lui.

1 - Les paradoxes de sa situation géographique Premièrement, la situation de la Madrague, tout au sud de Marseille, lui confère un atout important. En effet, le noyau villageois bénéficie de la proximité des calanques et du Parc National, ainsi que du bord de mer, ce qui lui offre un cadre de vie exceptionnel. Son éloignement du centre ville marseillais lui a également permis de conserver jusqu’à aujourd’hui, un aspect villageois et cette impression de quitter Marseille, tout en restant à proximité de la deuxième ville française. Toutefois cette situation excentrée est à l’origine d’une faiblesse importante : l’accessibilité. En effet, le temps de trajet pour quitter la ville ou rejoindre le centre-ville en voiture est relativement important, ceci s’expliquant par le peu de voies permettant d’accéder jusqu’au noyau villageois. En période estivale, ce problème est accentué par le flot de véhicules désirant rejoindre les calanques sud-marseillaises, causant ainsi une congestion importante. En termes de déplacement, il faut également ajouter les difficultés pour circuler sur les trottoirs, et ce notamment à cause du stationnement sauvage, particulièrement présent à la Madrague. Ce cadre paysager de qualité engendre également une menace pour le caractère villageois de la Madrague. En effet, comme nous l’avons vu avec la transformation du site Legré Mante en résidences destinées à un public aisé, le noyau villageois, et le sud marseillais en général, attire les investisseurs immobiliers voulant se faire « une place au soleil ». La spéculation immobilière pèse donc sur la Madrague, et risque d’entrainer une transformation importante – si ce n’est pas déjà le cas – du noyau villageois et de son identité.

2 - Un noyau villageois en quête de redynamisation D’autres faiblesses apparaissent également à la Madrague, notamment le peu d’offres d’emploi et le manque de commerces, services et équipements offerts à la population. Cette économie en déclin sur le territoire a été accentuée avec la fermeture du site industriel Legré Mante et son remplacement par un projet de résidence de standing. Ce projet peut cependant être perçu comme une opportunité. En effet, l’arrivée de nouveaux arrivants, et surtout de commerces et services de proximité, peut entrainer un nouveau dynamisme pour ce noyau villageois qui voit, depuis une vingtaine d’années, l’offre de commerces décliner. De plus, si la Madrague n’est pas une porte principale du Parc National des Calanques, elle n’en reste pas moins un moyen d’accès important, menant au bout de Marseille. Le classement du massif des Calanques en Parc National entrainera une affluence de visiteurs qui peut être bénéfique aux activités touristiques de ce territoire.

68

3 - Quels enjeux pour la Madrague de Montredon, quelles perspectives ?

La Madrague est actuellement dans une phase de transition. Ancien noyau villageois à vocation industrielle, elle va devenir, d’ici à 2014, principalement résidentielle. Ce changement de vocation s’accompagne de l’arrivée d’une nouvelle population, plus aisée que les habitants présents aujourd’hui. Le risque donc, est de voir se créer une « fracture » sociale entre les nouveaux habitants et les anciens. L’identité de la Madrague a longtemps été celle d’un petit village convivial, et malgré une transformation du noyau villageois, un des enjeux principaux est désormais celui de conserver une cohésion entre les habitants, malgré des différences de niveau de vie. Cette rupture sociale sera d’autant plus présente que la future résidence, remplaçant l’usine, va se poser en contraste avec la Madrague actuelle. Il s’agit en effet d’un ensemble de bâtiments neufs, dénotant avec noyau villageois d’aujourd’hui, l’avenue de la Madrague de Montredon servant de ligne de rupture. Il est donc important de créer, à terme, une symbiose entre tous les habitants du noyau, afin de retrouver une ambiance villageoise. Cette cohésion sociale peut s’inscrire dans l’espace via la création de lieux propices aux échanges. Une place de village est prévue au sein du projet de reconversion du site industriel, nous pouvons toutefois craindre qu’elle soit occupée uniquement par les nouveaux résidents. En échangeant avec les habitants, nous avons appris que la place de Chez Aldo était jadis un lieu de rencontre, où l’on discutait en jouant à la pétanque. Si cette place ne se trouve pas au cœur de la Madrague, elle bénéficie toutefois d’un cadre paysager de qualité, offrant une vue sur le port et sur la rade marseillaise. Aujourd’hui désertée, notamment à cause de son délabrement, il pourrait être intéressant de rendre à cette place son usage d’autrefois, et de créer ainsi un nouveau cœur de village. La congestion et le stationnement sauvages sont également des nuisances à régler. Pour les habitants et usagers tout au long de l’année, des places de parking pourraient être rajoutées à la sortie du noyau villageois, en direction de Saména, comme le propose le Comité d’Intérêt de Quartier. Rappelons que le projet Cap Marin prévoit également la création de quelques places de parking pour les habitants actuels. Le stationnement sauvage, en plus d’occasionner une gêne, est également une pollution visuelle dans le noyau villageois. L’augmentation du nombre de places ainsi qu’un respect du marquage au sol de la part des habitants permettrait une amélioration de la situation. En ce qui concerne l’arrivée massive de véhicules en été, l’idéal serait, non pas d’élargir les voies, mais de diminuer le trafic. Pour se faire, des parkings relais pourraient être installés en amont dans Marseille, auxquels s’ajouteraient des navettes desservant la Madrague, les Goudes, et autres villages sud-marseillais. La navette maritime est également un moyen de transport qui mériterait d’être développé plus loin que la Point Rouge. Enfin, l’installation de bornes de vélos en libre service et l’aménagement de pistes cyclables permettrait peut-être de remplacer quelques véhicules par ce mode de transport doux.


4- Le génie du lieu L’ensemble de ces interventions ne devra cependant pas dénaturer le genius loci. En effet, chaque lieu – contrairement à l’espace, qui est neutre - possède une identité, fait appel à des émotions. Attribuer un sens à un espace créé un lieu en temps qu’ensemble de choses concrètes : matières, formes, textures, couleurs. Caractère et atmosphère contribuent à sa définition. Le projet doit s’inscrire dans l’histoire du lieu, répondre aux demandes de ses habitants d’aujourd’hui et permettre sa transformation dans l’avenir. Il doit être respectueux du génie du lieu, le genius loci, sans l’abimer ni le détruire.

Avec l’art néo-romantique, le concept s’est étendu à l’ensemble des paysages, y compris urbains. Il existe de nombreuses définitions de cette notion, abstraite. Citons notamment Christian Norberg-Schulz qui explique qu’« Un lieu est un espace doté d’un caractère qui le distingue. Depuis l’Antiquité, le genius loci, l’esprit du lieu est considéré comme cette réalité concrète que l’Homme affronte dans la vie quotidienne. Faire de l’architecture signifie visualiser le genius loci : le travail de l’architecte réside dans la création de lieux signifiants qui aient l’Homme à habiter. » (1981). D’après cet auteur, « Il n’existe pas plusieurs sortes de lieux, mais seulement différentes situations se concluant en différentes solutions destinées – volontairement ou non – à modéliser l’imaginaire des collectivités qui les fréquentent. » (1997). D’après le géographe allemand M.R .G. Conzen, au cours du temps le paysage (qu’il s’agisse d’une grande région comme un pays ou d’une petite localité) acquiert son propre genius loci, son caractère. L’histoire du lieu reflète non seulement le travail et les aspirations de la société présente en termes d’utilisation mais aussi celles de ses prédécesseurs dans la région. Conzen utilise le concept de genius loci pour caractériser les variations géographiques dans la composition de plan de la ville, des modèles de construction et de l’utilisation des terres. Le géographe Yi-Fu Tuan voit l’espace comme l’incarnation des sentiments, images et pensées de ceux qui vivent, travaillent ou utilisent cet espace. Pour appréhender le genius loci, il faut donc prendre en compte l’espace, le lieu et les gens.

La Madrague recense un très grand nombre d’éléments physiques naturels et intemporels qui jouent un rôle majeur dans la définition de son génie du lieu. Nous les avons identifié au travers de différentes formes, telles que le relief, le climat, la situation géographique, le contact direct avec la mer et les panoramas offerts. En effet, quelle que soit l’évolution ou l’empreinte que l’Homme pourrait laisser sur ce territoire, leur présence reste constante et durable à travers le temps. Ainsi, ils composent l’ossature du territoire de la Madrague. Ces éléments constituent le « terreau » de la forme générale du noyau villageois telle qu’on la connait. D’autres éléments, plus récents mais participant tout autant au génie du lieu, sont venus s’associer, s’imbriquer, se lier à cette armature naturelle afin de composer un ensemble de vie cohérent. Ils se caractérisent par le réseau viaire, les types architecturaux et les activités économiques et sociales. La situation géographique isolée et en retrait du reste de la ville de Marseille et le relief contraignant à l’étalement urbain du noyau villageois en ont fait l’endroit propice à l’implantation d’une usine traitant les produits chimiques. Cependant, la présence du port de pêche et le tracé du canal de Marseille ont déterminé l’implantation de l’usine, tournée côté terre. Le caractère naturel du port issu d’une ancienne calanque a, quant à lui, permis une ouverture de la mer vers la terre du noyau villageois. L’imbrication terre – mer et la forme de la baie de Marseille permettent une vue panoramique d’une partie du littoral Marseillais. Les habitations sous forme de cabanons ou de maisons de village, plutôt de faible hauteur, permettent une continuité entre le relief des collines et la mer. De cette organisation naît une cohérence entre tous les éléments du territoire. Le génie du lieu à la Madrague réside dans la symbiose entre les éléments naturels remarquables profondément ancrés dans le territoire et l’empreinte de l’Homme, chacun des deux se mettant en valeur mutuellement.

Pour Jakle enfin, l’accent est mit sur l’individu, la nature subjective de la place dans la vision du genius loci. La vue est particulièrement importante car, bien que nous ressentions également les lieux avec d’autres sens, l’auteur estime qu’il y a un conflit entre la pensée innée verbale et visuelle. Pour lui, la personne la plus apte à expérimenter et exprimer le genius loci n’est pas de résident, mais le touriste, car le tourisme «implique la recherche délibérée de l’expérience lieu». En résumé, le territoire crée le lieu lorsque nait une synergie entre les différents éléments physiques intemporels et ceux plus récents, qu’ils soient naturels ou anthropiques. 69

CONCLUSION

Ce génie du lieu est complexe à appréhender car il fait appel à la perception que chacun a dudit lieu. Le genius loci est un terme dont la signification a changé au cours de deux derniers siècles. Les premières utilisations de la notion ont été développées au XVIIIème siècle et ont aidé à l’élaboration d’une nouvelle esthétique d’appréciation des paysages, exclusivement ruraux.


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70


TABLE DES MATIERES 1 - Quand tout nos sens sont en éveil … 1.1 - L’avenue de la Madrague de Montredon, artère bruyante

14

2 - … Le noyau villageois de la Madrague de Montredon prend forme

20

1.2 - L’usine, lieu suspendu 1.3 - Entre le port et l’usine, une ambiance résidentielle 1.4 - L’intersection entre l’avenue de la Madrague de Montredon et le boulevard du Mont Rose, limite du quartier 1.5 - Le boulevard du Mont Rose, entre naturel et anthropique 1.6 - Le port, coeur de la Madrague

14 14 15 15 16 16

LA MADRAGUE, TRAIT D’UNION ENTRE VILLE & NATURE I - LA MADRAGUE ET LA VILLE : ENTRE CONTINUITÉS ET RUPTURES

24

1 - I. Caractéristiques urbaines du noyau villageois d’aujourd’hui, là où la ville se lie et se délie 1.1 - Des voies hiérarchisées

24

2 - La Madrague à l’interface entre Marseille dense et Marseille calanque

30

II - LA MADRAGUE AU COEUR D’ESPACES PAYSAGERS REMARQUABLES

31

1 - Un Paysage entre pression humaine et contrainte géographique

31

1.2 - Des limites franches 1.3 - Des quartiers distincts 1.4 - Des noeuds, catalyseurs d’ambiances 1.5 - Des points de repère, symboles de la Madrague

1.1 - Le port de la Madrague 1.2 - L’usine Legré-Mante 1.3 - Le Mont Rose 1.4 - Le Massif de Marseilleveyre 1.5 - Le canal de Marseille 1.6 - Une topographie qui marque le paysage 1.7 - La présence de l’élément végétal

2 - La Madrague parmi les espaces naturels protégés

2.1 - Les Zones Naturelles d’Intérêt Faunistique et Floristique 2.2 - La zone Natura 2000 des Calanques et des îles Marseillaises 2.3 - L’espace boisé classé 2.4 - Le Parc National des Calanques 71

24 26 26 27 27

31 32 32 33 33 34 36

37

37 37 38 38

BIBLIOGRAPHIE ET TABLE DES MATIERES

PREMIERE APPROCHE


III - LA MER, VECTEUR DE LIENS ENTRE LA TERRE ET LES HOMMES

1 - Premières installations à la Madrague 2 - La mer comme marqueur identitaire du territoire

40

40 40

DU VILLAGE AU QUARTIER RÉSIDENTIEL, LA MADRAGUE D’HIER À DEMAIN

I - DU PORT DE PÊCHE À LA FIN DE L’ÉPOQUE INDUSTRIELLE,

44

1 - Du port à l’usine, naissance et essor d’un noyau villageois 2 - L’affirmation d’une identité villageoise 3 - Vers la fin d’une époque ? 4 - Portrait de l’habitant natif

44 44 46 47

II - LA MADRAGUE, UN VILLAGE DE LA CITÉ PHOCÉENNE...

48

1 - Lecture architecturale de la Madrague

48

1.1 - Le noyau villageois de la Madrague de Montredon 1.2 - Des profils types 1.3 - L’usine 1.4 - L’Habitat sous la Rose : le cabanon 1.5 - La Verrerie : les barres d’immeuble

2 - Portrait du néo arrivant III - ...AU SOUFFLE DE VIE ÉCOURTÉ...

48 48 49 49 50

50 51

1 - Les commerces 51 2 - Les équipements 52 IV - … JUSQU’À LA FUTURE IMPULSION RÉSIDENTIELLE ?

53

1 - La fermeture de l’usine comme tremplin vers une nouvelle identité villageoise 1.1- De l’usine aux travaux...

53

2 - Situation actuelle du logement et de l’habitat à la Madrague

54

1.2- Le projet de résidence Cap Marin 1.3- Les questions soulevées

72

53 53 54

52


I - AUX PORTES DES CALANQUES, UN PETIT PORT PITTORESQUE ET ATTRACTIF

58

1 - La Madrague, un lieu touristique depuis le début du siècle

57

2 - Un lieu pittoresque et photogénique

57

3 - Portrait du touriste

58

II -

60

L’affluence touristique fait le bonheur des uns…

III - … POUR LE MALHEUR DES AUTRES

60

1 - L’avenue de la Madrague de Montredon face à l’affluence estivale et au projet immobilier

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2 - L’offre de transports en commun

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2.1 - La ligne 19, unique liaison routière avec le reste de Marseille 2.2 - Un réseau de transports en commun renforcé pour la période estivale 2.3 - L’expérience de la navette maritime

61 61 62

3 - Les modes de transports doux, anecdotiques à la Madrague ?

62

4 - Le stationnement à la Madrague, un enjeu tout au long de l’année

63

4.1 - La Madrague au quotidien : de l’appropriation de l’espace au stationnement dangereux 4.2 - Une offre de stationnement insuffisante face à l’affluence touristique

63 64

5 - La problématique de l’accessibilité du sud marseillais au sein du Plan de Déplacement Urbain

65

LA MADRAGUE EN JEU POUR L’AVENIR 1 - Les paradoxes de sa situation géographique

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2 - Un noyau villageois en quête de redynamisation

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3 - Quels enjeux pour la Madrague de Montredon, quelles perspectives ?

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4 - Le génie du lieu

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TABLE DES MATIERES

ENTRE HIVER ET BEAUX JOURS, L’IDENTITE DE LA MADRAGUE AU FIL DES SAISONS


TABLE DES ILLUSTRATIONS

Les cartes

Carte 1 : La Madrague de Montredon au sein de Marseille

11

Carte 1 bis : La Madrague de Montredon au sein du 8ème arrondissement

11

Carte 2: Les rues de la Madrague de Montredon

11

Carte 3 : Les ambiances de la Madrague

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Carte 4 : Les limites de l’IRIS concernant la Madrague et celles du noyau villageois

21

Carte 5 : La hiérarchisation des voies

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Carte 6 : Densité du bâti et proportions entre vides et pleins

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Carte 7 : Lecture urbaine de la Madrague de Montredon

29

Carte 8 : Répartition de la population au sein du 8ème arrondissement de Marseille en 2009

30

Carte 9 : Éléments structurants de la Madrague, déterminant d’un paysage caractéristique

31

Carte 10: Tracé du Canal de Marseille dans la Madrague

33

Carte 11 : Situation des coupes « est-ouest » et « nord-sud »

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Cartes 12 et 12 bis : Présence du végétal très inégale

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Carte 13 : Les ZNIEFF présentent essentiellement sur le littoral

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Carte 14 : Les zone Natura 2000 protection du massif des Calanques

37

Carte 15 : Les EBC protection des espaces boisés dans le POS

38

Carte 16 : Le nouveau Parc National des Calanques

38

Carte 17 : Les différentes vues sur la mer depuis la Madrague

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Carte 18 : Le passé industriel du sud marseillais

44

Carte 19 : Évolution du bâti de la Madrague du XIXe siècle au début du XXIe siècle

45

Carte 20 : L’offre en commerce à la Madrague et dans les quartiers voisins

51

Carte 21 : L’offre en équipements à la Madrague et dans les quartiers voisins

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Carte 22 : Les prix de l’immobilier par arrondissement à Marseille

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Carte 23 : Le taux de logements sociaux par arrondissement à Marseille

55

Carte 24 : Situation de la coupe de l’Avenue de la Madrague de Montredon

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Carte 25 : Les transports en commun à proximité de la Madrague

61

Carte 26 : Pistes cyclables et stations de vélos en libre-service à proximité de la Madrague

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Carte 27 : Le système autoroutier structurant à Marseille et les axes en projet

65

Carte 28 : Les pôles d’échanges multimodaux à Marseille, accompagnés d’un projet de ligne ferroviaire vers le sud de la ville

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Les figures

Fig. 3 : La place Audemar Tibido

Fig. 4 : La rue Audemar Tibido, exclusivement résidentielle Fig. 5 et 5 bis : Intersection entre l’avenue de la Madrague de Montredon et le boulevard du Mont Rose Fig. 6 et 6 bis: Le boulevard du Mont Rose et un escalier menant au port Fig. 7 et 7 bis : Le port de la Madrague Fig. 8 : Le quai des pécheurs Fig. 9, 9 bis et 9 ter : La place de Chez Aldo Fig. 10, 10 bis, 10 ter et 10 quater: Les limites physiques de la Madrague (le Mont Rose, l’usine, le massif de Marseilleveyre et la mer) Fig. 11 : Croquis de la longue avenue de la Madrague de Montredon Fig. 12 : À quelques mètres de l’entrée du noyau villageois de la Madrague, on n’aperçoit que quelques toits, laissant les formes urbaines qui la composent encore très difficilement lisibles. Fig. 13 : De l’avenue de la Madrague de Montredon, la vue sur la mer est surplombante. On ne distingue de l’Habitat sous la Rose que les toits des bâtis qui composent le noyau urbain et les câbles électriques générateurs d’une importante pollution visuelle. Fig. 14 : Le port de pêcheurs de la Madrague Fig. 15, 15 bis, 15 ter et 15 quater : L’usine et sa cheminée, point de repère historique de la Madrague Fig. 16, 16 bis, 16 ter et 16 quater : Le massif du Mont Rose depuis différents points de vue Fig. 17 : Le port de la Madrague Fig. 18 : Paysage commenté du Port de la Madrague Fig. 19 : Cheminée rampante de l’usine Legré-Mante Fig. 20 : L’usine devant le massif de Marseilleveyre Fig. 21 : Le Mont Rose vue de « l’Habitat sous la Rose » Fig. 22 : Structuration du Mont Rose par rapport à la Madrague Fig. 23 : Le Massif de Marseilleveyre, marqueur d’un relief imposant. Fig. 24 : Vue d’avion de la Madrague avec le massif de Marseilleveyre Fig. 25 : La fin du canal de Marseille dans l’usine Legré-Mante Fig. 26 : Coupe est-ouest de la Madrague. Du massif de Marseilleveyre à la Mer, une topographie importante. Fig. 27 : Coupe nord-sud de la Madrague. Du mont Rose à la mer , un noyau villageois entre contrainte topographique et nécessité humaine Fig. 28 : Bloc diagramme de la Madrague montrant l’importance du relief Fig. 29 : Vue panoramique de la Madrague, du massif de Marseilleveyre à la mer. Fig. 30 : Le mobilier de l’aire de jeux, dégradé Fig 31, 31 bis, et 31 ter : La mer vue depuis le boulevard du Mont Rose, l’avenue Audemar Tibido, et la rue du Lieutenant Moulin

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Fig. 30 : Le mobilier de l’aire de jeux, dégradé Fig. 31, 31 bis, et 31 ter : La mer vue depuis le boulevard du Mont Rose, l’avenue Audemar Tibido, et la rue du Lieutenant Moulin Fig. 32 : L’avenue de la Madrague de Montredon au début du XXe siècle Fig. 32 bis : L’avenue de la Madrague de Montredon en 2012 Fig. 33 : Vue de la Madrague depuis l’église au début du XXe siècle Fig. 33 bis : Vue de la Madrague depuis l’église en 2012 Fig. 34 et 34 bis : l’Habitat sous la Rose. L’auto construction est bien visible dans le paysage et cet espace ne semble pas ouvert au public. Fig. 35 et 35 bis : En 2009, le mur de l’usine comme terrain d’expression pour les salariés en lutte. Référence ici à Mr Margnat, propriétaire de l’usine, et au préfet de région Michel Sappin, n’ayant pas apporté son soutien aux salariés. Fig. 36: Sortie de l’usine lorsque celle ci était encore en fonctionnement. Fig. 36 bis: L’usine aujourd’hui. Fig. 37 : Une maison de village avenue Audemar Tibido Fig. 38 : Une maison avec jardin boulevard du Mont Rose Fig. 39 : L’enduit de l’usine Fig. 40 : L’usine Legré Mante Fig. 41, 41 bis et 41 ter : L’Habitat sous la Rose Fig. 42 et 42 bis: Les barres d’immeuble de la Verrerie Fig. 43 et 43 bis et 43 ter: Les commerces de la Madrague Fig. 44 : La résidence Cap Marin vue depuis l’avenue Audemar Tibido Fig. 45 et 45 bis: En haut: la résidence sur l’avenue de la Madrague de Montredon; en bas: coupe d’un batiment Intérieur Fig. 46 : Carte du Guide Bleu de 1953 Fig. 47 : Joseph Vernet - La Madrague, détail (1754) Fig. 48 : Photographie depuis l’usine par Lise Dupa, 2009 Fig. 49 : François Jaujard - La Madrague Fig. 50 : Coupe de rue de l’avenue de la Madrague de Montredon Fig. 51 : Le projet de voie Pastré présenté par le CIQ Fig. 52: Tableau récaptitulatif Fig. 53 : Croquis de l’intersection entre le boulevard du Mont Rose et l’avenue de la Madrague de Montredon Fig. 54 : Le stationnement avenue Audemar Tibido, autorisé d’un côté, il empêche les piétons de circuler en toute sécurité de l’autre Fig. 55 et 55 bis: Boulevard du Mont Rose, le stationnement se fait sur un axe de circulation et dans une intersection Fig. 56 : Deux bidons et une planches pour reserver sa place de stationnement, boulevard du Mont Rose Fig. 57 et 57 bis: L’aire de stationnement située à l’ouest du quartier et les graffitis présents sur les enrochements 75

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TABLE DES ILLUSTRATIONS

Fig. 1, 1 bis, 1 ter et 1 quater : différentes vues de l’avenue de la Madrague, axe structurant Fig. 2 : L’ancienne usine Legré-Mante



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