Premières en affaires - Septembre 2008

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AUTOMNE 2008

MISER SUR LA VIABILITÉ À LONG TERME : UN IMPÉRATIF POUR LES ADMINISTRATEURS Janice Noronha P. 15

LE PACTE MONDIAL : QUAND LE MONDE DES AFFAIRES S’INTÉRESSE AU MARCHÉ DURABLE Me Geneviève Dufour P. 22

GREEN MONEY UNDERSTANDING SOCIALLY RESPONSIBLE INVESTING Janet Drysdale P. 40

ÉDITION RESPONSABILITÉ SOCIALE DES ENTREPRISES (« RSE »)

L’ÉTAU ÉNERGÉTIQUE Edmée Métivier P. 58

VIVRE EN VILLE VIVRE EN VERT

Madeleine Champagne P. 67

UN HOMME ET SON TABLEAU

Jacques Ménard P. 80

SOPHIE BROCHU Présidente et directrice générale, GAZ MÉTRO

SOPHIE BROCHU : PRÉSIDENTE ETMichèle CITOYENNE Boisvert P. 32 Entretien avec Esther Bégin P. 37


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Rédactrice en chef : Michèle Bazin Coéditrices : Margarita Lafontaine Stéphanie Leblanc Éditrice adjointe : Geneviève Dufour Actionnaires minoritaires : Camille Anctil Sara Lafontaine Leblanc Design graphique : Gauthier Collaboratrices : Esther Bégin Hélène-Andrée Bizier Michèle Boisvert Madeleine Champagne Évelyne Fiorenza Isabelle Mercille Yseult Picard Lindy Rouillard Réviseure-correctrice : Sylvie Lacombe Textes IMPEC Réviseure-correctrice des textes anglais : Tina Verni Photographe : SPG / www.esselab.com Illustrateurs : Philippe Béha Geneviève Côté Caricaturiste : Michel Garneau GARNOTTE Graphiste site Web : Pablo Rodriguez

Pour vous abonner : www.premieresenaffaires.com Poste Canada : Convention 41502021 Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada à :

Les planètes sont alignées sur le thème de

LA RESPONSABILITÉ SOCIALE DES ENTREPRISES L’OCDE et le G8 s’en mêlent ! Les ministres du Travail des pays développés se réunissent pour réfléchir sur la question et donner de nouvelles directives. L’ONU institue même le Pacte mondial ! Des tables rondes se forment un peu partout pour discuter des différentes implications. Thomas d’Aquino, président et chef de la direction du Conseil canadien des chefs d’entreprise (« CCCE ») les fait valoir. Le gouvernement canadien, par le biais d’Industrie Canada, émet des règles strictes sur la bonne gouvernance et la responsabilité sociale des entreprises. Il y a eu trop de laxisme, d’erreurs, de bévues et d’abus. Il devenait urgent d’y remédier et de donner des paramètres précis. Ce cadre allait dépasser les seules règles de gouvernance. Il faudra se conformer. Dans cette veine, comment en tant qu’entreprise, devient-il possible d’intégrer ces nouveaux aspects d’ordre économique, social et environnemental ? Plusieurs s’objectent déjà : ce sont les idéalistes qui imposent ces nouvelles règles. Selon eux, une plus grande prise en compte des valeurs non économiques affaiblira les entreprises. Il faut leur répondre qu’on ne pouvait pas continuer à se leurrer. Cela devait arriver. On devait mettre fin, ou tenter de mettre fin, à la pratique du capitalisme sauvage, à casser les prix en faisant travailler les enfants, à ne pas respecter les lois environnementales, à affamer les uns pour rendre les autres plus verts, à ne pas pratiquer le commerce équitable, etc. Tous les ingrédients étaient rassemblés pour secouer fortement la baraque. Aujourd’hui, non seulement l’entreprise doit-elle avoir une image qui colle à la réalité, mais elle doit également avoir dans sa mire l’équilibre social et la prise en considération des préoccupations environnementales. Chacun est responsable de l’ensemble. Se développer une conscience sociale d’abord, c’est peut-être là le secret pour l’avenir ? Car le retour du balancier est un mouvement inévitable.

Premières en affaires 1, Place Ville Marie Bureau 3415 Montréal QC H3B 3N6

PHOTO HEIDI HOLLINGER

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M I C H È L E B AZ I N

Rédactrice en chef

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Les coéditrices Corporate social responsibility or ‘CSR’ as it is most often called, is the way of the future in business. Throughout history, the consumers, the every day citizens, MARGARITA LAFONTAINE have condemned the way busiCo-editor nesses feel free to damage and pillage our society, our community and our environment. All for the sake of profit. As you will see in this issue of Premières en affaires, this attitude is changing and in order to insure success in the years to come, a corporation will have to demonstrate its commitment to social responsibility. Too many companies have begun this transition for it to be a mere trend. It is the way of the future. Our December issue will take a look at the health sector. Here in Québec we often think of it as a public service however this will most likely change in the years to come. The road has been paved for private medical care which in turn creates opportunities for businesses with an eye on profitability. As well, we will look at the pharmaceuticals and the challenges that lie ahead for them. We will meet some of the more successful biotech companies and the related services to that industry. New activities are in the planning for the magazine. Be sure to send in your paid subscription in order to be kept abreast of some really high powered networking opportunities!

La responsabilité sociale des entreprises (« RSE »), bien plus qu’une mode, est un sujet d’actualité depuis des années. Tout porte à croire qu’elle le restera STÉPHANIE LEBLANC CA pour encore quelques décennies. Coéditrice En effet, on s’organise, on planifie, on remanie et on revoie les processus. Gouvernements, entreprises, individus, tous le font sur une base volontaire. Certains dépassent même les demandes. Sophie Brochu résume bien l’idée : « L’entreprise qui veut se développer doit pouvoir compter sur un environnement social qui est sain, qui est prospère. De la même façon, la société a besoin des entreprises parce l’entreprise contribue à sa propre richesse. » Je vous invite donc à lire l’entrevue de cette femme inspirante et authentique. Nous avons abordé le sujet de la RSE sous l’angle des préoccupations sociales, environnementales et économiques. En préparant ce numéro, nous avons relevé plusieurs défis. Dans un premier temps, nous avons dénombré tellement de personnes compétentes en la matière qu’il s’est avéré ardu de sélectionner les auteurs invités. En effet, en regardant de plus près, on constate à quel point le thème de la RSE est intégré au quotidien d’un nombre grandissant de gestionnaires. Ensuite, nous avons décidé d’aborder chacun des sujets en fonction des problématiques transversales illustrées, à l’occasion, par des cas concrets plutôt que de publier l’histoire personnelle de chacun. Enfin, nous avons volontairement pris le parti de restreindre la section portant sur l’environnement puisque le numéro Printemps 2009 y sera entièrement consacré. En effet, nous voulions que ce numéro porte davantage sur les entreprises que sur les individus. Cependant, à maintes reprises, ma pensée a été détournée vers l’individu. Je crois qu’il est impossible de « personnaliser » une entreprise, c’est-à-dire lui donner une identité. Chacun d’entre nous qui représente son entreprise, doit faire sa part et, bien souvent, l’occasion de le faire est tout près, à notre portée ! Je tiens également à remercier Katrine Ellingsen, directrice principale, Gestion des relations clients, chez PricewaterhouseCoopers, qui a accepté de nous aider à élaborer le contenu du présent numéro. Cet automne, Premières en affaires vous proposera de nouvelles activités de réseautage tout à fait originales ! Abonnez-vous pour en être informé !

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Sommaire

AUTOMNE 2008 volume 2, numéro 1

ÉDITION RESPONSABILITÉ SOCIALE DES ENTREPRISES (« RSE ») 22 Le Pacte mondial :

quand le monde des affaires s’intéresse au marché durable Par Me Geneviève Dufour

Sophie Brochu

25 L’environnement :

Présidente et directrice générale GAZ MÉTRO

32 Présidente et citoyenne Par Michèle Boisvert

37

à long terme : un impératif pour les administrateurs

Portrait de 8 femmes qui s’illustrent dans le domaine du développement durable des entreprises : la responsabilité d’agir en bon citoyen

Par M Geneviève Dufour Professeure en droit international économique, Faculté de droit, Université de Sherbrooke

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AUT O MNE 20 0 8 Premières en affaires

Par Me Isabelle Mercille

30 Sondage Léger Marketing 3

LA RÉDACTRICE EN CHEF

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LES COÉDITRICES

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L E C O M I T É C O N S U LT A T I F

ENTRETIEN

Garder l’œil ouvert sur la bonne gouvernance

20

A F FA I R E S

10 La femme d’action et son réseau

Entrevue avec Nicole Beaudoin Présidente-directrice générale Réseau des femmes d’affaires du Québec Par Hélène-Andrée Bizier

ENTREVUE

La RSE, plus qu’une évidence : une urgence ! Avec Patrick Beauduin Par Évelyne Fiorenza

6

27 Une cause à temps plein

Avec Guylaine Saucier Par Yseult Picard

e

Par Janice Noronha, C.E.A., M.E.S. Directrice, Développement durable PricewaterhouseCoopers

LES INCONTOURNABLES

13 La responsabilité sociale

Par Isabelle Jodoin

15 Miser sur la viabilité

ENTRETIEN

Avec Esther Bégin

45

lorsque les entreprises vont au-delà des exigences

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ACTIONNAIRES MINORITAIRES


58

76

78

80

FINANCES

DROIT

I N T E R N AT I O N A L

40 Green Money

61 L’environnement :

70 Gildan : une entreprise

Understanding Socially Responsible Investing By Janet Drysdale Manager, Investor Relations, CN

43 Quand bonne

conscience et placement font bon ménage

Par M Catherine Isabelle Associée, Fasken Martineau DuMoulin e

PORTRAIT D’UNE PREMIÈRE

54 Yolande James Par Yseult Picard

ART DE VIVRE

56 Des vins de grande distinction !

Par Catherine Périnet Conseillère en vins SAQ Sélection, Kirkland

mais à quel prix ?

Par Me Nicolette Kost De Sèvres Secrétaire corporative adjointe Affaires juridiques, Transat A.T. inc. Chargée de cours en droit international économique, UQAM

63 La responsabilité des

multinationales et des chefs d’entreprises

Par Me Élise Groulx, Ad.E. Présidente de l’Association internationale des avocats de la défense Présidente d’honneur du Barreau pénal international

65 Retenir les employés : un rôle partagé entre le gouvernement et l’entreprise

Par M Marie-Claude Perreault CRIA Associée, Lavery, de Billy e

LECTURE

ENVIRONNEMENT

57 Le monde

66 Écotactiques :

selon Monsanto

Par Me Geneviève Dufour ÉCONOMIE

58 L’étau énergétique

Par Edmée Métivier Vice-présidente exécutive Financement et Consultation, Banque de développement du Canada

gestionnaires de projets verts Par Michèle Bazin

IMMOBILIER

67 Vivre en ville vivre en vert

Par Madeleine Champagne

DROIT

SANTÉ

60 Faciliter l’accès

68 Colour your world

à la justice : une mission pour les avocats

Par Me Danielle Ferron Associée, Borden Ladner Gervais

By Arièle M-Ali, Pht President, Montreal Health, Fitness & Lifestyle Show

québécoise soucieuse et responsable Par Yseult Picard

MODE

72 Marie Saint Pierre : une Wunjō

Par Madeleine Champagne RESSOURCES HUMAINES

74 Le Cirque du Soleil :

pionnier sur le terrain de la responsabilité sociale Par Michèle Bazin

76 Une entreprise responsable recrute mieux !

Par Johanne Berry Présidente, Les services de placement Télé-Ressources

78 Êtes-vous responsable ?

Par Nathalie Francisci, ADM.A, CEHA Présidente, Vénatus Conseil

A I D E H U M A N I TA I R E

77 Le bénévolat qui paie ! Par Madeleine Champagne

79 Seul on va plus vite, mais

ensemble on va plus loin ! Portrait de Monique Lefebvre Par Madeleine Champagne

U N H O M M E E T S O N TA B L E A U

80 Jacques Ménard

Par Hélène-Andrée Bizier

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Le comité consultatif

Le comité consultatif donne son avis sur Premières en affaires Note de la rédaction : En rendant hommage à Premières en affaires, le comité consultatif nous inspire à faire encore mieux. Nous tenons à les remercier de leur confiance.

DANIELLE G. MORIN, FICA

Première vice-présidente Distribution et service aux clients Investissements Standard Life

« Premières en affaires m’a permis de m’engager dans une aventure excitante et rafraîchissante avec une équipe impliquée, soucieuse de la qualité et de la mission que s’est donnée le magazine. Je suis très fière d’être associée à une telle production. »

MARIE-HÉLÈNE NOLET, CFA

Vice-présidente adjointe Opérations et initiatives, Capital de risque Banque de développement du Canada

« J’apprécie beaucoup mon implication dans le comité consultatif. J’y découvre diverses facettes de la vie économique montréalaise. »

OLIVIER CARON Directeur-conseil BBDO Montréal

« Étant du milieu de la création et de la communication, j’apprécie mon implication dans ce projet innovateur et original. C’est un véhicule auquel je crois, puisqu’il rejoint un lectorat de haut calibre. »

CAROLE DIODATI

Productrice, Télévision ZONE3

« À la lecture de Premières en affaires, on a le goût de reconnaître le talent des femmes autour de nous. Offrir un abonnement aux gens qui nous entourent, c’est un présent intelligent ! »

MICHEL BOISLARD PIERRE ANCTIL, ING. « Faire partie du comité consultatif, c’est aussi participer à des rencontres mensuelles animées où des gens de différents milieux échangent des idées sur des sujets passionnants. »

Associé Fasken Martineau DuMoulin

« Le magazine est apprécié de mes collègues et de mes contacts d’affaires. Je les encourage à s’abonner pour assurer le succès de cette entreprise ! »

PAULINE AMOURDON Directrice principale Services aux entreprises à la Banque Nationale

« Premières en affaires est un levier exceptionnel pour faire connaître les femmes d’affaires, sans oublier celles de la relève. Ma participation me permet d’accroître mon réseau. »

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PREMIÈRES EN AFFAIRES

La femme D’ACTION

E T S O N R É S E AU

PA R H ÉLÈN E- A N DRÉE B IZI ER

E N T R E V U E A V E C

NICOLE BEAUDOIN PRÉSIDENTE-DIRECTRICE GÉNÉRALE RÉSEAU DES FEMMES D’AFFAIRES DU QUÉBEC

En 1993, Nicole Beaudoin a pris la tête de l’Association des femmes d’affaires du Québec (« AFAQ »). Fondé une douzaine d’années plus tôt par les sœurs Guylaine et Henriette Lanctôt, l’organisme a subi les mutations imposées par l’avancée des femmes dans un milieu qui, jusqu’au début des années 1960, était peu fréquenté par les Canadiens français, hommes et femmes. La percée des hommes, fortement incités à s’outiller pour jouer un rôle significatif dans l’essor de l’industrie, du commerce et de la finance, a été suivie, à la fin de la même décennie, par l’entrée des femmes dans les

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mêmes salles de cours de l’Université McGill ou des HEC. Nicole Beaudoin a été l’une des premières à suivre cette voie. Pendant près de 10 ans, elle consacrera ses soirées et ses étés à la conquête de diplômes qui se traduisent maintenant par de simples lettres à la droite de son nom. Toutes témoignent d’un défi relevé : O.Q. pour Officier de l’Ordre du Québec qu’on lui a décerné en 2006, FCA pour son diplôme de comptable agréé et pour le fellow attribué en 1989 par l’Ordre des comptables agréés du Québec et MBA pour sa maîtrise en finances qui lui a ouvert les portes du monde des affaires où elle compte maintenant des dizaines d’alliés. Née dans les Basses-Laurentides, elle est littéralement poussée aux études et inscrite au collège BasileMoreau, devenant, en 1960, l’une des rares jeunes filles d’origine modeste à compléter son cours classique. Elle visait la médecine, mais Cupidon l’a plutôt projetée dans les bras d’un arrière-petit-cousin, agronome et architecte paysagiste. Un pacte de réciprocité va les souder : ils auront des enfants, il terminera ensuite sa for-

mation universitaire puis, quand leur progéniture ira à l’école, elle reprendra ses études. Un projet exaltant. En 1969, son tour était venu d’orienter son existence comme elle l’entendait. Elle décroche un emploi de secrétaire puis, finalement appelée à gérer l’ensemble des activités de l’entreprise, elle cède à la fascination que l’administration exerce sur elle. En 1972, tout en conservant cet emploi, elle étudie le soir à l’Université McGill. Elle en ressort, deux ans plus tard, avec un baccalauréat en commerce, mais un changement aux règles d’admission à l’Ordre des comptables agréés du Québec l’oblige à deux années supplémentaires d’études pour obtenir ce diplôme. Cette fois, elle s’inscrit à plein temps aux HEC pour un baccalauréat en administration des affaires, option comptabilité publique. Nicole Beaudoin prend à nouveau la mesure de son énergie, car, tout en étant femme et mère de famille, elle préside l’Association des étudiants des HEC. Ses qualités de leader et de femme d’action s’accentuent et on la remarque. Diplôme en poche, elle entre comme stagiaire chez Samson


Bélair. Au terme de ce stage, elle devient contrôleuse chez Lavo et, renouant avec les études du soir, elle voue cinq années au MBA qui lui fait envie. Elle n’avait jamais chômé ; MBA en poche, elle ne chômera jamais. Quand Nicole Beaudoin en est devenue la PDG, l’AFAQ était connue dans tout le Québec, mais rayonnait surtout dans la grande région de Montréal où des cellules d’entraide avaient été formées. Novateur, l’organisme avait également attiré l’attention de femmes d’autres pays, ce qui avait entraîné la mise sur pied de quelques missions de coopération à

l’étranger. L’organisme sans but lucratif Femmes d’affaires sans frontière (« FASF ») est né de cet intérêt. « Je dirigeais l’Association depuis deux ans quand la décision a été prise d’en changer le nom afin qu’il reflète la réalité de l’époque. L’AFAQ contribuait déjà à la réussite des femmes dans le monde des affaires », d’expliquer Mme Beaudoin. En 1995, le Réseau des femmes d’affaires du Québec prend donc le relais de cette chaîne de femmes actives en entreprise. Nicole Beaudoin et son équipe dotent ensuite le Réseau d’outils de formation qui facilitent la mise à niveau

Félicitations

à Deborah Shannon Trudeau ! Deborah Shannon Trudeau, vice-présidente, Licences et affaires internationales chez Trudeau Corporation, vient d’accepter pour une période de deux ans la présidence du chapitre de Montréal du prestigieux IWF (International Women’s Forum) dont la conférence se tiendra en 2010, ici-même à Montréal, et qui réunira plus de 700 participantes du monde entier. Trudeau est une entreprise familiale qui vend dans plus de 60 pays ses accessoires de cuisine connus sous les marques Trudeau et Home Presence ainsi que des articles dérivés pour enfants. Mme Trudeau siège également au conseil d’administration des Grands Ballets Canadiens ainsi qu’à celui de la Fondation de l’Hôpital St. Mary. AUT O M NE 2 008 Premières en affaires

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PREMIÈRES EN AFFAIRES

LE RÉSEAU RELÈVE SON DÉFI ET PERMET AUX FEMMES DE FAIRE LEUR PLACE DANS CE MILIEU DE COMPÉTITIVITÉ ET DE GLOBALISATION.

des connaissances des membres. En 1998, le Réseau prend la relève du programme fédéral de formation Femmes vers le sommet et crée l’Institut de formation pour les gens d’affaires. Ainsi, les femmes d’affaires sont-elles soutenues dans toutes les étapes de l’évolution de leur entreprise. En 2005, à la demande du premier ministre canadien Jean Chrétien, le Réseau met sur pied le Centre d’entrepreunariat féminin du Québec qui, jusqu’à la réduction récente de l’aide fédérale, a rendu des services de « coaching d’affaires » à plus de 3 000 femmes. Aujourd’hui, près de 2 500 Québécoises sont membres du Réseau des femmes d’affaires du Québec, environ 75 % d’entre elles étant des entrepreneures. Elles agissent comme mentor, collaborent entre elles et soutiennent les projets des unes et des autres, au sein d’un réseau qui compte 13 antennes régionales actives. Grâce à elles et sous l’impulsion des efforts de Nicole Beaudoin, le Réseau relève son défi et permet aux femmes de faire leur place dans ce milieu de compétitivité et de globalisation.


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PREMIÈRES EN RSE

LA RESPONSABILITÉ SOCIALE DES ENTREPRISES : la responsabilité d’agir en bon citoyen PA R M E G EN E V I È V E DU FOU R PROFESSEURE EN DROIT INTERNATIONAL ÉCONOMIQUE FACULTÉ DE DROIT, UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE

On entend de plus en plus parler de la responsabilité sociale des entreprises (« RSE »). Concrètement, celle-ci se traduit par l’intégration volontaire par les entreprises des exigences environnementales et des impératifs sociaux à leurs activités économiques et commerciales. Les principes qu’elle sous-tend encouragent les dirigeants d’entreprises à tenir compte d’aspects qui découlent de leurs actions, mais qui vont au-delà de leur propre domaine d’activité : pollution, conditions de travail, provenance des matières premières, chômage, milieu environnant, etc. Si, déjà au milieu du siècle dernier, certains ont esquissé les grandes lignes de la RSE, la notion a réellement fait son entrée comme principe de gestion dans les années 1970. Il semble toutefois que la RSE soit de toutes les tribunes depuis seulement quelques années. La survenance d’accidents industriels ayant mené à des catastrophes écologiques importantes, le déploiement de techniques soulevant des questions d’ordre éthique, sanitaire et environnemental, la mondialisation de l’économie ayant donné lieu à nombre de délocalisations et au recours à une sous-traitance souvent considérée à rabais,

ainsi qu’un contexte de déréglementation et d’effacement étatique ont favorisé l’émergence d’une société civile tant locale qu’internationale exigeante et consciente des interdépendances sociale et environnementale. Au gré de ce mouvement, certaines entreprises ont choisi de leur propre chef de s’adapter et d’agir en bon citoyen. Certains diront qu’il ne s’agit là que d’un alibi au capitalisme ou d’une stratégie opportuniste, affranchi du contrôle étatique et caractérisé par l’ambiguïté des principes qu’il contient ainsi que par le caractère non contraignant de ces derniers. S’il est vrai que le concept est galvaudé, on ne peut lui nier tout impact. De par le monde, on assiste aujourd’hui à une multiplication des initiatives de la part des entreprises. Certains iraient même jusqu’à noter que la RSE génère un nouveau type de gouvernance. Le mouvement est donc lancé. Il revient maintenant aux entreprises de poursuivre leurs efforts, aux gouvernements de les encadrer et aux citoyens de les appuyer. Dans cette dernière optique, chaque achat s’affirme comme un geste des plus importants.

LA RSE SE TRADUIT PAR L’INTÉGRATION VOLONTAIRE PAR LES ENTREPRISES DES EXIGENCES ENVIRONNEMENTALES ET DES IMPÉRATIFS SOCIAUX À LEURS ACTIVITÉS ÉCONOMIQUES ET COMMERCIALES. AUT O M NE 2 008 Premières en affaires

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PREMIÈRES EN RSE

LONG TERME : U N I M P É R AT I F P O U R L E S A D M I N I S T R AT E U R S

ILLUSTRATION PHILIPPE BÉHA

Dans les salles des conseils d’administration s’ouvre une nouvelle ère de redditions de comptes et de processus décisionnels stratégiques : le développement durable est devenu un impératif. PA R JA N I CE N O RO N H A , C.E. A ., M.E.S. DIRECTRICE, DÉVELOPPEMENT DURABLE PRICEWATERHOUSECOOPERS Ce sont les administrateurs qui pilotent maintenant le plan de développement durable en en faisant l’un des principaux points de mire de leur style de gestion et de leur stratégie d’entreprise. Bien conscients de la nécessité d’asseoir leurs activités sur une base stable, durable et viable sur le plan économique, les conseils se montrent de plus en plus intéressés par certains enjeux, qui devraient aussi éveiller l’intérêt des dirigeants : • L’orientation stratégique de l’entreprise repose-t-elle vraiment sur des principes de développement durable ? • Au moment d’établir la valeur financière et non financière de l’entreprise, les risques et les occasions ont-ils été correctement cernés ? • Dispose-t-on de contrôles et de programmes adéquats pour prévenir, atténuer et gérer les risques financiers et non financiers, tout en saisissant les occasions connexes ?

• Quels types d’indicateurs non financiers avons-nous établis et comment s’harmonisent-ils avec la vision, les objectifs fondamentaux, l’orientation stratégique et la mesure du succès de notre entreprise ? Cette nouvelle perception a ravivé l’engagement de nos leaders, fait naître de nouvelles ressources et entraîné un changement de cap. Des initiatives autrefois taxées d’irréalistes sont maintenant qualifiées de visionnaires. Toyota a mis au point la Prius, un véhicule hybride jumelant un moteur à essence et un moteur électrique ; Nike a transformé ses réseaux d’approvisionnement quand on a appris que des enfants travaillaient dans ses usines outre-mer ; GE a fait appel à l’innovation verte pour concevoir son programme Ecomagination qui devrait générer des revenus de 20 milliards de dollars d’ici 2010 et 3M a économisé des milliards de dollars depuis l’adoption de son programme « La prévention de la pollution paie », il y a plus de 25 ans.

AUT O M NE 2 008 Premières en affaires

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PREMIÈRES EN RSE

Les leaders avant-gardistes se rendent bien compte qu’investir dans le développement durable peut générer des revenus, permettre de réaliser des économies, consolider la valeur de la marque, attirer et fidéliser le capital humain, favoriser l’accès aux capitaux et faciliter l’établissement de relations stratégiques tout en procurant la satisfaction personnelle d’avoir contribué à l’intérêt commun de l’humanité et à la protection de notre planète.

QU’ENTEND-ON PAR PLAN DE DÉVELOPPEMENT DURABLE ? Le plan de développement durable de toute entreprise débute par un engagement à intégrer les facteurs sociaux, environnementaux, économiques et éthiques à son processus décisionnel stratégique. Il s’agit ensuite d’évaluer l’incidence de chacun de ces facteurs sur les activités de l’entreprise, ainsi que les risques et les occasions qui en découlent. Enfin, pour compléter son plan, l’entreprise doit adopter des mesures pour atténuer et contrôler les risques, tout en élaborant des programmes stratégiques pour saisir les occasions. PricewaterhouseCoopers LLP/s.r.l./s.e.n.c.r.l., 2008

Établir et approuver l’orientation stratégique de l’entreprise Une vision de l’entreprise axée sur le développement durable donne à tous une orientation et un but communs : assurer la viabilité à long terme de l’entreprise. Cette vision peut englober un large éventail de valeurs et d’objectifs : voir au bien-être de toutes les parties prenantes, redorer le blason de l’entreprise, assumer l’intendance environnementale, innover, etc. C’est le conseil d’administration qui sera chargé d’établir et d’approuver ce type de vision, définissant les valeurs fondamentales et les objectifs précis de l’entreprise, intégrant les principes de développement durable et permettant une harmonisation avec les principaux objectifs commerciaux. En définitive, une vision de développement durable bien définie permet aux dirigeants de se projeter loin dans l’avenir pour bâtir la valeur sociale et environnementale de leur entreprise sans perdre de vue les réalités économiques et concurrentielles d’aujourd’hui. Évaluer les risques d’entreprise La compréhension et l’évaluation des risques liés à l’exploitation d’une entreprise s’inscrivent dans un processus qui peut d’abord paraître décourageant. À ce titre, il est fréquent que le conseil se fie au comité de gestion du risque

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d’audit qui, pour sa part, se réfère aux renseignements provenant de la vérification financière et des exercices de gestion des risques. Même si les experts du comité de gestion des risques ont habituellement les compétences nécessaires pour déterminer l’importance des risques liés aux aspects financiers concrets des activités de l’entreprise, ils sont parfois moins à l’aise lorsqu’il est question de risques moins concrets et non financiers. Cette situation est particulièrement inquiétante quand on songe que plus de 60 % de la valeur d’une entreprise est tributaire de ses éléments incorporels. C’est pourquoi les conseils tendent maintenant à exiger de l’information sur les risques moins tangibles, mais qui pourraient avoir une incidence considérable sur la valeur financière, sociale, économique et environnementale de l’entreprise. Ce cheminement ne se fait toutefois pas sans difficultés. Par exemple, bien que bon nombre d’entreprises aient pris conscience que les risques liés aux changements climatiques auront une incidence stratégique sur le plan de l’exploitation, de la conformité et des finances, rares sont celles qui sont parvenues à quantifier ces risques et à déterminer réellement leur importance. Il faut alors avoir recours à une équipe d’experts bien plus diversifiée afin de réunir des données fiables, de comprendre les risques liés au développement durable et d’adopter une approche plus globale dans l’évaluation des parties prenantes. Approuver les contrôles et les programmes L’élaboration d’une stratégie de développement durable repose en fait sur la mise en place de contrôles et de programmes permettant de gérer les risques financiers, environnementaux, sociaux et économiques. À vrai dire, une entreprise bien gérée, capable de cerner et de prévoir la tendance et la nature des risques commerciaux, sera bien positionnée pour relever le défi du développement durable et tirer avantage de la situation. Les conseils examinent donc maintenant les contrôles et les programmes en tenant compte des objectifs de développement durable, afin de démontrer que leurs décisions permettent de prévenir et d’atténuer adéquatement les risques et d’assurer la viabilité à long terme de l’entreprise. Évaluer le rendement de l’entreprise en vue de protéger la valeur actionnariale Lorsqu’ils évaluent et examinent le rendement de l’entreprise, les conseils ont recours à un ensemble d’indicateurs préétablis et


Une vision de développement durable bien définie permet aux dirigeants de se projeter loin dans l’avenir. De plus, les conseils commencent à exiger des dirigeants non seulement qu’ils mettent en place des indicateurs financiers, sociaux, économiques et environnementaux, mais aussi qu’ils veillent à les harmoniser avec la vision, les objectifs fondamentaux et les programmes stratégiques de l’entreprise. Le vrai défi est donc de relier ces indicateurs dans un format qui permet de comprendre leur signification dans le contexte des rendements financiers.

En raison des profonds changements qui touchent notre planète, c’est tout le monde des affaires qui est confronté à de nouveaux risques et défis : offrir plus, plus vite, plus efficacement et de façon plus responsable. Par conséquent, les conseils d’administration ne peuvent plus prendre des décisions d’affaires stratégiques en se basant exclusivement sur des modèles d’affaires traditionnels axés sur les gains des actionnaires. Puisqu’ils veillent à la viabilité à long terme de l’entreprise, ils tiennent plutôt compte de toute l’information recueillie sur les plans financier, économique, environnemental et social. Ils accordent également une importance prioritaire à la famille. Ainsi, les membres des conseils pilotent les plans de développement durable en employant leur autorité à la réussite de leur entreprise, sans pour autant mettre de côté leur jugement et leurs objectifs. L’appui de chacun au plan de rentabilité du conseil est un facteur de réussite déterminant. Pourquoi ne pas amorcer, au sein du conseil, un processus de prise de conscience du développement durable ?

PREMIÈRES EN RSE

reconnus dans le but de créer de la valeur actionnariale. Par contre, ils tendent maintenant à remettre en question la capacité de ces indicateurs à mesurer adéquatement la valeur réelle de l’entreprise, plus particulièrement en ce qui a trait à sa valeur intangible. La Global Reporting Initiative (« GRI »), un ensemble de lignes directrices établies en 1997, fournit un cadre pour la préparation de rapports sur le développement durable à partir d’indicateurs non financiers évaluant la performance économique, sociale et environnementale. Les lignes directrices de la GRI ont été adoptées à l’échelle mondiale et, à l’heure actuelle, les chefs de file utilisent ces indicateurs pour évaluer leur rendement au titre du développement durable.


PREMIÈRES EN RSE

Garder

l’œil ouvert SU R L A BON NE GOU V ER NA NCE Guylaine Saucier connaît tous les secrets de la bonne gouvernance. Depuis plusieurs années, elle pèse et soupèse chaque ingrédient de ses recettes. Aujourd’hui, la réputation de ses compétences dépasse largement nos frontières. P A R Y S E U LT P I C A R D

Née à Noranda, en Abitibi-Témiscamingue, Guylaine Saucier a été nommée membre de l’Ordre du Canada en 1990 pour sa contribution au monde des affaires. Dix-huit ans plus tard, si on en juge seulement par ses occupations, elle l’enrichit toujours autant. Sa carrière d’administratrice de sociétés, elle l’a commencée « à la dure » en prenant la direction, à 29 ans, de l’entreprise forestière Groupe Gérard Saucier à la suite du décès de son père en 1975. Puis, elle a été la première femme à présider le conseil d’administration de la Chambre de commerce du Québec en 1986. Elle a ensuite siégé à la tête du conseil d’administration de la Société Radio-Canada/CBC de 1995 à 2000, et à ceux de nombreuses sociétés inscrites en Bourse dont Petro-Canada, Nortel Networks, AXA Assurances, Bell Canada, Tembec et même de la Banque du Canada de 1987 à 1991. En 2006, elle est devenue membre du prestigieux conseil d’administration du groupe nucléaire français Areva.

18 AUT O MNE 20 0 8 Premières en affaires

Le rôle d’administrateur Ses compétences en administration font d’elle une ressource précieuse pour l’Institut sur la gouvernance des organisations publiques et privées. Fondé en 2005 par son directeur général, Michel Nadeau, auparavant à la Caisse de dépôt et placement du Québec, cet organisme aide les membres des conseils d’administration des entreprises cotées en Bourse, des sociétés d’État et des organismes publics et coopératifs à mieux assumer leurs responsabilités. À titre semblable, Guylaine Saucier a présidé le comité conjoint sur la gouvernance d’entreprise mis sur pied par l’Institut Canadien des Comptables Agréés, la Bourse de Toronto et la Bourse de croissance canadienne. En novembre 2001, tout juste avant l’éclatement au grand jour du scandale Enron, le comité publiait le rapport Saucier titré « Au-delà de la conformité, la gouvernance ». Ce rapport faisait suite au rapport Dey de 1994, intitulé « Where Were the Directors?

E N T R E T I E N A V E C

GUYLAINE SAUCIER ADMINISTRATRICE DE SOCIÉTÉS

– Guidelines for Improved Corporate Governance ». Par ailleurs, à la suite des recommandations du rapport Dey, en février 1995, la Bourse de Toronto a introduit des exigences quant à la présentation de l’information financière en matière de gouvernance d’entreprise (les TSE Guidelines) auxquelles toutes les entreprises inscrites à la Bourse de Toronto doivent se soumettre. « Autant nous, à cette époque, note Guylaine Saucier, que l’Institut aujourd’hui, martelons le principe que la bonne gouvernance constitue une valeur ajoutée pour l’entreprise. Elle participe sans contredit à sa compétitivité ! » Le rapport Saucier ciblait les enjeux de ce début du XXIe siècle en matière de gouvernance d’entreprise, tels que la nécessité pour les administrateurs de bien comprendre leur rôle


PREMIÈRES EN RSE ILLUSTRATION GENEVIÈVE CÔTÉ

et d’accorder leur entière confiance au chef de la direction qui sera fidèle aux orientations stratégiques de la société. L’ex-présidente du conseil d’administration de l’Institut Canadien des Comptables Agréés et administratrice de la International Federation of Accountants rappelle également la difficulté, toujours présente, de « certains membres du conseil à laisser de côté leur rôle passé de gestionnaire pour celui d’administrateur ». Il s’agit d’exercer une surveillance, de projeter l’entreprise dans l’avenir, pour en assurer la pérennité. Tournés vers l’avenir À son avis, la responsabilité sociale des entreprises est loin d’être un nouveau concept. « C’est quelque chose qui a toujours existé !, clame-t-elle. Le rôle des membres et du président du conseil a toujours été d’assurer une bonne gestion à long terme. La pérennité, c’est aussi la durabilité. » Selon elle, c’est l’expansion des activités des grandes entreprises réparties partout dans le monde qui rend les actions plus apparentes. Comme elle l’explique, « Petro-Canada a toujours eu un code d’éthique qu’il appliquait au

Canada. Maintenant que ses activités sont internationales, la société doit tenir compte de plus de choses. » L’Institut sur la gouvernance des organisations publiques et privées concentre ses réflexions sur des problèmes actuels, « question de faire bouger les choses », souligne celle qui siège à son conseil. Certaines de ses recherches tentent d’ailleurs de raffiner les outils administratifs utilisés par le secteur public et les PME afin qu’ils améliorent l’efficacité de leur processus de gouvernance. « Les membres des conseils d’administration des sociétés publiques n’ont rien à dire sur le choix du chef de la direction, déplore Guylaine Saucier. Comment voulez-vous demander des comptes à quelqu’un qui est nommé par quelqu’un d’autre ? Les administrateurs ne peuvent pas exercer un bon « oversight », une bonne surveillance, poursuit-elle, si les outils pour le faire n’existent pas. » Le Collège des administrateurs de sociétés, la Caisse de dépôt et placement du Québec et le Conference Board du Canada donnent également de la formation, mènent des recherches et créent des forums de discussion des-

tinés aux administrateurs de sociétés. « On ne cherche pas à les concurrencer, précise-t-elle. Mais personne ne met l’accent sur la gouvernance des organisations et des sociétés du secteur public ; c’est notre niche à nous. » « Nous ne croyons d’ailleurs pas que le projet de loi 53, qui stipule l’égalité des femmes et des hommes sur les conseils d’administration, soit une bonne idée. Il n’est pas nécessairement dans l’intérêt des femmes d’obliger les organisations publiques à recruter 50 % de femmes sur leur conseil », d’expliquer Mme Saucier, préférant l’argument que celles-ci devraient uniquement être recrutées pour leurs compétences. « Et ce n’est pas qu’il n’y en a pas des femmes compétentes ! », s’exclame-t-elle. L’administratrice perçoit tout de même une certaine mobilisation des troupes vers le recours à de meilleures pratiques de gouvernance. « Dans cinq ans, c’est sûr, on ne discutera pas des mêmes dossiers, mais, que ce soit au gouvernement ou au sein des conseils, il y a définitivement un mouvement dans le bon sens », nous assure l’administratrice, tout en gardant un œil sur ses chaudrons !

AUT O M NE 2 008 Premières en affaires

19


PREMIÈRES EN RSE

RSE

La , plus qu’une évidence : une urgence ! « La responsabilité sociétale des entreprises (« RSE ») n’est pas une mode, mais un mouvement irréversible. Qu’elle soit appliquée à l’environnement, à la société ou à l’économie, l’éthique est une bombe à retardement pour les entreprises. Celles qui le comprennent maintenant seront les mieux placées demain sur leur marché. » P A R É V E LY N E F I O R E N Z A

E N T R E T I E N A V E C

PAT R I C K B E A U D U I N VICE-PRÉSIDENT, CHEF DE LA CRÉATION CONVERGENTE GROUPE COSSETTE COMMUNICATION

Vice-président, chef de la création convergente du Groupe Cossette Communication, Patrick Beauduin ne mâche pas ses mots sur le sujet. Si la population se préoccupe de plus en plus du développement durable, il devient urgent et essentiel que les entreprises et les gouvernements se sentent également interpellés. « La RSE est un sujet émergent et la pression du public, plus curieux,

20 AUT O MNE 20 0 8 Premières en affaires

sceptique et exigeant, est croissante. Les entreprises sont sensibilisées à ces enjeux. Mais les processus qu’un comportement sociétal éthique et responsable implique sont lourds », explique-t-il. Les changements de systèmes de production, l’adaptation des règlements et des lois, et la révision des modes de fonctionnement, par exemple, demandent un engagement total et d’importants investissements de la part de la société. Être responsable s’avère donc souvent coûteux, même si, à long terme, on y trouve son compte. Malheureusement, certaines entreprises, conscientes de cette attente des consommateurs, mais ni prêtes ni convaincues de la nécessité de ces changements, optent pour une version écolo très édulcorée de la responsabilité sociétale des entreprises. Elles appliquent ainsi juste assez de vernis pour assurer une communication dans l’air du temps afin de profiter de retombées positives pour leur image sans toutefois s’impliquer autant qu’elles le font croire. Et quelle est la responsabilité des agences de communication ? « Elles sont là pour accompagner les entreprises qui souhaitent s’orien-

ter vers la RSE, précise M. Beauduin, mais aussi pour les informer des risques de la pratique du greenwashing, c’est-à-dire de la « mascarade écologique », pratique utilisée par certaines entreprises pour habiller de vert ou d’éthique des produits ou des actions qui en fait ne le sont pas. » M. Beauduin cite en exemple la polémique autour de Monsanto, l’empire industriel montré du doigt depuis sa création en 1901 pour la haute toxicité de ses produits, qui tenterait aujourd’hui de se faire passer pour une entreprise convertie au développement durable. À titre de conseiller en stratégie publicitaire, il considère qu’il est de son devoir de mettre en garde les entreprises qui voudraient recourir à la pseudo-publicité « verte » pour redorer leur blason. Agir de façon responsable ne s’improvise pas : les entreprises doivent vouloir réellement intégrer les principes de base de la RSE et s’investir en conséquence. Les effets positifs de ce qui s’avère être de la publicité mensongère sont éphémères, car, tôt ou tard, le public découvre la vérité et « les retours de bâton, eux, sont durables », rappelle Patrick Beauduin.


Une question de crédibilité Évidemment, toutes les actions et les initiatives des entreprises ne sont pas à mettre dans le même sac. Pour certaines d’entre elles, la RSE n’est pas qu’un simple alibi de positionnement. « Il y a des émetteurs de messages d’éthique plus crédibles que d’autres auprès des consommateurs comme GM, avec la prolongation de son offre de voitures hybrides et la mise en marché, d’ici 2010, d’un véhicule 100 % électrique, de commenter

M. Beauduin. Ou comme Cascades qui s’implique vraiment dans le développement durable depuis 1957 et qui n’a d’ailleurs de cesse de demander à Ottawa d’arrêter de refuser de légiférer sur l’environnement. » Parce que, oui, la responsabilité sociétale est également le devoir des gouvernements, certains souvent trop laxistes à cet égard. Lobbies et gouvernements Ce laisser-faire politique renforce le pouvoir des lobbies déjà très puissants qui freinent, voire étouffent, toute initiative relevant de la RSE qui pourrait nuire à leurs affaires. Au Canada, les exemples sont nombreux, à commencer par certains groupes industriels agroalimentaires qui s’opposent à la création des appellations d’origine contrôlée au Québec pour des fromages artisanaux fabriqués, eux, très souvent dans le respect de l’environnement. Une concurrence dont ces géants se passeraient bien ! Ou encore, les sables bitumineux dont

« l’exploitation, dit M. Beauduin, a des conséquences catastrophiques sur l’environnement puisqu’elle pollue de façon permanente les nappes phréatiques et exige un déboisement systématique. » Chacun a son rôle à jouer Quant au rôle des consommateurs, il est évidemment crucial. « Cela fait des années déjà que je m’applique moi-même et en famille à respecter certaines pratiques qui favorisent une vie écologique, respectueuse de l’environnement. L’utilisation raisonnée des énergies, le recyclage des rebus, le compostage, l’achat réfléchi des produits de consommation courante, et autres, sont devenus des gestes quotidiens, un style de vie », affirme M. Beauduin, illustrant ainsi parfaitement l’ensemble de ses propos sur la responsabilité sociétale. La responsabilité d’une vie meilleure sur une terre en santé incombe donc à tout un chacun.

PREMIÈRES EN RSE

À titre de conseiller en stratégie publicitaire, il considère qu’il est de son devoir de mettre en garde les entreprises qui voudraient recourir à la pseudo-publicité « verte » pour redorer leur blason.


PREMIÈRES EN RSE

Le Pacte mondial : QUAND LE MONDE DES AFFAIRES S’INTÉRESSE AU MARCHÉ DURABLE

Qu’ont en commun les dirigeants de Coca-Cola, Alcan, Bombardier, Petro-Canada, Fuji Xerox, Ericsson et Ford ? Ils se sont engagés à humaniser le commerce !

PA R M E G EN E V I È V E DU FOU R PROFESSEURE EN DROIT INTERNATIONAL ÉCONOMIQUE FACULTÉ DE DROIT, UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE En 1999, à l’occasion du Forum économique mondial de Davos, en Suisse, le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (l’« ONU ») de l’époque, Kofi Annan, lançait l’idée d’humaniser la mondialisation. Il invitait les entreprises privées, les petites comme les grandes, à adhérer à un ensemble de principes universellement acceptés dans le domaine du droit international de l’environnement, de la protection des droits de la personne, des normes du travail et de la lutte contre la corruption. Après quelques rencontres préparatoires ayant réuni diverses instances de l’ONU, des chefs d’entreprises, des représentants syndicaux ainsi que quelques organisations non gouvernementales telles que la Chambre de commerce internationale, l’Organisation internationale des employeurs et Amnistie internationale, le Pacte mondial, mieux connu sous le nom « Global Compact », devenait opérationnel en juillet 2000. Considéré comme un réseau innovateur tant du point de vue de sa forme que de sa structure, le Pacte mondial invite les adhérents – ils sont maintenant plus de 4 000 entreprises sises dans 120 pays différents – à adopter, soutenir et appliquer, volontairement et dans les limites de leurs compétences, un ensemble de 10 principes fondamentaux. 22 AUT O MNE 20 0 8 Premières en affaires

Toute entreprise de plus de 10 employés peut se joindre au Pacte mondial en soumettant sa demande au Secrétaire général de l’ONU. Elle devra modifier, au besoin, ses façons de faire afin de se conformer aux 10 principes fondamentaux, en plus de s’engager publiquement dans une campagne en faveur du Pacte mondial. Enfin, elle devra dresser dans son rapport annuel, le bilan des actions qu’elle a accomplies en rapport avec le Pacte mondial. Si le Pacte mondial doit être considéré comme une initiative louable à plus d’un niveau, il présente néanmoins quelques défauts. En fait, rien n’empêche les entreprises d’adhérer au Pacte mondial à titre d’alibi, la réputation de l’ONU offrant à leurs activités une couverture de légitimité. Il se pourrait aussi que des entreprises publicisent leur adhésion afin de s’en servir comme levier politique pour obtenir certaines faveurs. Enfin, mentionnons que le Pacte mondial n’institue pas de mécanismes de mise en œuvre ni de contrôles contraignants. Comme bien d’autres initiatives dans le domaine de la responsabilité sociale des entreprises, il s’appuie plutôt sur la bonne volonté des entreprises et sur l’intérêt qu’elles ont, à long terme, à faire bonne figure auprès du public. Il n’en reste pas moins que les participants au Pacte mondial s’avèrent bien

actifs. Par exemple, en juillet 2007, 1 027 personnes participaient au Sommet de Genève qui s’est conclu par l’adoption de la Déclaration en vertu de laquelle les dirigeants d’entreprises se sont engagés à respecter les 10 principes fondamentaux du Pacte mondial. Le prochain sommet devrait avoir lieu en 2010. Par ailleurs, en mai 2008, de nombreuses entreprises se sont réunies à Copenhague, au Danemark, dans le cadre du Sommet mondial des entreprises sur les changements climatiques. À l’initiative de plusieurs organisations, dont le Pacte mondial, cet événement cherchait à connaître les besoins de la communauté des affaires afin qu’ils soient bien pris en considération dans l’élaboration du cadre de politique générale sur les changements climatiques et la réduction des émissions de dioxyde de carbone. En ces temps d’interdépendance, le thème de la responsabilité sociale des entreprises s’affiche sur tous les plans. Le système n’en est qu’à ses débuts et beaucoup reste à faire. La création du Pacte mondial témoignait d’une nécessité évidente. Elle a engagé un véritable dialogue entre les différents intervenants. Espérons que les développements à venir seront l’occasion d’une alliance toute naturelle entre commerce et principes élémentaires d’humanité.


LES ENTREPRISES SONT INVITÉES À PROMOUVOIR ET À RESPECTER LA PROTECTION DU DROIT INTERNATIONAL RELATIF AUX DROITS DE L’HOMME DANS LEUR SPHÈRE D’INFLUENCE ; ET 2 À VEILLER À CE QUE LEURS PROPRES COMPAGNIES NE SE RENDENT PAS COMPLICES DE VIOLATIONS 1

DES DROITS DE L’HOMME.

D R O I T D U T R AVA I L

LES ENTREPRISES SONT INVITÉES À RESPECTER LA LIBERTÉ D’ASSOCIATION ET À RECONNAÎTRE LE DROIT DE NÉGOCIATION COLLECTIVE ; 4 L’ÉLIMINATION DE TOUTES LES FORMES DE TRAVAIL FORCÉ OU OBLIGATOIRE ; 5 L’ABOLITION EFFECTIVE DU TRAVAIL DES ENFANTS ; ET 6 L’ÉLIMINATION DE LA DISCRIMINATION EN MATIÈRE D’EMPLOI ET DE PROFESSION. 3

EN V IRON NE MEN T

LES ENTREPRISES SONT INVITÉES À APPLIQUER L’APPROCHE DE PRÉCAUTION FACE AUX PROBLÈMES TOUCHANT L’ENVIRONNEMENT ; 8 À ENTREPRENDRE DES INITIATIVES TENDANT À PROMOUVOIR UNE PLUS GRANDE RESPONSABILITÉ EN MATIÈRE D’ENVIRONNEMENT ; ET 9 À FAVORISER LA MISE AU POINT ET LA DIFFUSION DE TECHNOLOGIES RESPECTUEUSES DE L’ENVIRONNEMENT. 7

LU T T E CON T R E L A COR RU P T ION

10

LES ENTREPRISES SONT INVITÉES À AGIR CONTRE LA CORRUPTION SOUS TOUTES SES FORMES, Y COMPRIS L’EXTORSION DE FONDS ET LES POTS-DE-VIN.

(tirés du site Web officiel du Pacte mondial (http://www.unglobalcompact.org/))

PREMIÈRES EN RSE

D R O I T S D E L’ H O M M E

Les 10 principes fondamentaux du Pacte mondial



PREMIÈRES EN RSE

L’environnement :

LORSQUE LES ENTREPRISES VONT AU-DELÀ DES EXIGENCES L’environnement est au cœur des préoccupations modernes et fait partie intégrante de la responsabilité sociale. Depuis quelques années, une conscience environnementale généralisée et collective s’est introduite dans le quotidien de tous et chacun.

PROJE T DE RESTAUR ATION ENVIRONNEMENTALE D’UN TRONÇON DE L A RIVIÈRE SAINT-LOUIS, À BE AUHARNOIS.

PA R ISA B ELLE J O DO I N VICE-PRÉSIDENTE OPÉRATIONS ENVIRONNEMENT ET DÉVELOPPEMENT DURABLE DESSAU Dans le monde des affaires, cette réalité ne fait pas exception. Certaines entreprises ont adapté leurs pratiques pour se conformer aux lois et réglementations qui définissent le cadre d’intervention pour protéger l’environnement. D’autres vont au-delà des exigences en mettant au point des solutions environnementales globales. Si, par le passé, les entreprises avaient recours à une équipe de spécialistes pour évaluer l’impact du projet sur l’environnement une fois le projet élaboré, aujourd’hui, on intègre les considérations environnementales à l’étape de la planification du projet. Cette façon de faire permet d’avoir une perspective plus large, de comprendre toutes les dimensions et de proposer des solutions innovatrices et plus responsables aux clients. La pratique en environnement a beaucoup évolué. Il y a 25 ans, les efforts étaient surtout concentrés sur la collecte de données, alors qu’aujourd’hui on favorise une réflexion straté-

gique globale. Le Québec a d’ailleurs beaucoup contribué à l’acquisition de connaissances dans ce domaine, à l’évolution des pratiques grâce à des projets qui ont nécessité des consultations publiques et au développement de méthodologies et de nouvelles technologies. Les conclusions des recherches et des pratiques ont permis de jeter les bases de ce qui allait devenir un nouveau mode de vie, un mouvement, une philosophie et un domaine en soi. On peut déceler un virage dans la pratique puisque aujourd’hui, les entreprises dépassent la réglementation imposée par la loi. Par exemple, certaines vont choisir d’elles-mêmes de concevoir un projet moins dommageable pour l’environnement alors que cela n’est pas nécessairement exigé. Dans le contexte actuel, d’un point de vue des affaires, un projet vert peut également devenir un argument marketing profitable. Il suffit de penser à tous les projets immobiliers qu’on souhaite certifiés LEED et qui attirent une clientèle élargie. Par ailleurs, la

AUT O M NE 2 008 Premières en affaires

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PREMIÈRES EN RSE

SAUVE TAGE D’UNE TORTUE SERPENTINE LORS DES TR AVAUX .

réutilisation de matières, le choix de matériaux et l’efficacité énergétique permettent de préserver l’environnement et de réaliser des économies substantielles. Dans de nombreux projets, l’efficacité énergétique est devenue une préoccupation grandissante. Dans cette optique, la réhabilitation du Centre hospitalier Honoré-Mercier a permis de réduire de 42,9 % sa consommation énergétique. Les solutions élaborées ont été appliquées à d’autres projets, dont celui de l’école

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premier fabricant de vêtements de sport de base et première compagnie canadienne dont le programme de conformité sociale est accrédité par la Fair Labor Association

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Le Tournant à Saint-Constant certifiée LEED, le deuxième bâtiment canadien le plus performant sur le plan énergétique. Les grandes entreprises prennent de plus en plus le virage vert. Parfois, on remédie même aux conséquences qui ont découlé des activités passées, à une époque où les exigences législatives et environnementales étaient différentes. Récemment, de grandes entreprises industrielles, en collaboration avec Environnement Canada et des groupes environnementaux, ont volontairement financé le projet de restaurer un tronçon de la rivière Saint-Louis, dans la région de Beauharnois. Il s’agissait de développer des méthodes de dragage environnemental peu communes qui tenaient compte de la préservation de la faune et de la flore. Ce projet, réalisé avec succès, a permis de redonner une seconde vie à cette rivière, de permettre à la population locale d’y accéder, de sauver des habitats fauniques et de rétablir l’écosystème dans son ensemble. La préoccupation environnementale est maintenant bel et bien présente au sein des entreprises, peu importe le domaine ou le niveau d’impact de leurs activités. Les comportements reflètent de plus en plus l’urgence d’agir pour préserver notre environnement. Il va sans dire que l’engagement des institutions et des entreprises est un signe manifeste d’une évolution et d’une volonté d’avancer sur la bonne voie : celle du respect du milieu.


À TE MPS PL EI N

PREMIÈRES EN RSE

Une cause

PA R M E ISA B ELLE M ERCI LLE

VOICI CI NQ FE M M E S QU I SE SON T FA IT U N DEVOIR D’A IDER L EU R PROCH A I N.

Une femme qui s’occupe des femmes

Une femme parmi les hommes

Pour vaincre la toxicomanie

CATHERINE LETARTE DIRECTRICE GÉNÉRALE, LE REFUGE POUR FEMMES CHEZ DORIS

FRANCE DESJARDINS DIRECTRICE GÉNÉRALE, LA FONDATION DE LA MAISON DU PÈRE

LISE CHARBONNEAU DIRECTRICE DES FINANCES, PORTAGE

Le refuge pour femmes Chez Doris contribue au mieux-être de plus de cent femmes qui s’y réfugient chaque jour en leur offrant des biens qui leur manquent au quotidien : de la nourriture aux produits d’hygiène corporelle en passant par les sous-vêtements, les souliers et les pyjamas.

La porte est toujours ouverte à la Maison du Père. France Desjardins dirige cette fondation pour aider, entre autres, le financement de projets en réinsertion sociale. La Maison compte 150 lits, occupés tous les soirs, et près de 50 % des occupants cherchent à se réinsérer socialement.

catherineletarte@videotron.ca

fondation@maisondupere.org

Portage est une grande famille de 300 employés qui voient à la réinsertion sociale des toxicomanes. Organisme à but non lucratif fondé en 1973, Portage offre aux toxicomanes quelque 400 lits en centre résidentiel pour des séjours variables (de trois mois à un an). Ils peuvent ainsi regagner le goût de vivre, l’estime d’eux-mêmes, la dignité et l’espoir. fondation@portage.ca

AUT O M NE 2 008 Premières en affaires

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PREMIÈRES EN RSE

Égayer la vie des Le resto enfants gravement bienfaiteur malades et leur JUDY SERVAY DIRECTRICE GÉNÉRALE ET famille FONDATRICE, ROBIN DES BOIS CARMEN DJEMALIAN DIRECTRICE DES OPÉRATIONS, FONDATION POUR L’ENFANCE STARLIGHT CANADA Depuis 1989, la Fondation pour l’enfance Starlight Canada propose des activités de divertissement aux enfants gravement malades dont l’état de santé nécessite un séjour prolongé en milieu hospitalier et dont les activités quotidiennes sont grandement restreintes. La Fondation organise autant des sorties familiales à l’extérieur des centres que des activités en milieu hospitalier. Ce sont 5 000 familles et enfants québécois qui bénéficient mensuellement de ce programme.

Robin des Bois est un restaurant à but non lucratif qui propose une cuisine de type bistro français dont tous les sur surplus sont redistribués à des organismes communautaires dont la mission est de vaincre la solitude, l’isolement social et la pauvreté. Parmi les organismes soutenus par Robin des Bois, mentionnons Le Chaînon, Le Refuge des Jeunes de Montréal, le refuge pour femmes Chez Doris, Jeunesse au Soleil, Santropol Roulant et Cactus Montréal. Robin des Bois : le plaisir de bien manger jumelé à une action concrète individuelle au profit des personnes les plus démunies. www.robindesbois.ca Pour réservation : 514 288-1010

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PREMIÈRES EN RSE

Sondage LÉGER MARKETING

Deux Québécois sur trois (63 %) se disent davantage intéressés à acheter le produit d’une entreprise qui est socialement responsable alors que 33 % avouent que cette particularité ne les influence pas du tout dans leurs achats. Les Québécois les plus intéressés sont (résultats supérieurs au 63 %) :

Les Québécois les moins intéressés sont (résultats inférieurs au 63 %) :

> les consommateurs de la région métropolitaine de recensement de Montréal (RMR de Montréal) (68 %) ; > les es consommateurs dont le revenu familial est supérieur à 80 000 $ (73 %) ; > les professionnels (77 %).

> les consommateurs qui ne travaillent pas (57 %) ; > les consommateurs demeurant dans l’ouest du Québec (55 %) ; > les 65 ans et plus (52 %) ; > les consommateurs dont le revenu familial est inférieur à 20 000 $ (43 %).

ÊTES-VOUS DAVANTAGE INTÉRESSÉ À ACHETER UN PRODUIT D’UNE ENTREPRISE QUI EST SOCIALEMENT RESPONSABLE OU CELA NE VOUS INFLUENCE PAS DANS VOS ACHATS ?

63

%

OUI, DAVANTAGE INTÉRESSÉ

33

%

NON, NE M’INFLUENCE PAS

4

%

NE SAIS PAS/ REFUS

Ce sondage Omnibus par Internet a été réalisé auprès de 816 répondants adultes du Québec faisant partie du panel d’internautes de Léger Marketing. La collecte des données a été réalisée du 11 au 15 juin 2008. Un échantillon de cette taille présente une marge d’erreur maximale de ±3,4 %, 19 fois sur 20. Les données finales ont été pondérées selon le sexe, l’âge, la scolarité et le lieu de résidence de façon à être représentatives de l’ensemble de la population adulte du Québec selon les dernières données de Statistique Canada.



Sophie Brochu PRÉSIDENTE ET D IRECTRICE GÉNÉRALE G AZ MÉTRO

PRÉSIDENTE ET

CITOYENNE

« JE CROIS VRAIMENT QUE L’ENTREPRISE DE DEMAIN NE PEUT PAS JUSTE MAINTENIR L’ÉQUILIBRE ENTRE LE CLIENT, LES EMPLOYÉS ET LES INVESTISSEURS. IL FAUT AUSSI QU’ELLE SE MÉRITE LA CONFIANCE DE LA SOCIÉTÉ DANS LAQUELLE ELLE ÉVOLUE. »

PA R M I C H ÈL E B O I SV ER T PHOTO SPG / W W W.ESSEL AB.COM

32 AUT O MNE 20 0 8 Premières en affaires



BROCHU SOPHIE

«Q

uand on parle de responsabilité sociale des entreprises, il y a une connotation qui, pour moi, est à la limite d’être péjorative. C’est comme si on opposait l’entreprise à la société. Pour moi, l’entreprise fait partie de la société. L’entreprise qui veut se développer doit pouvoir compter sur un environnement social qui est sain, qui est prospère. De la même façon, la société a besoin des entreprises parce que l’entreprise contribue à sa propre richesse. » Ces quelques lignes résument bien la pensée de Sophie Brochu lorsqu’on aborde la responsabilité sociale des entreprises. La présidente

Le secteur de l’énergie n’est pas le premier auquel on pense lorsqu’on soulève la question de la responsabilité sociale des entreprises. Plus

et chef de la direction de Gaz Métro préfère d’ailleurs parler d’entreprises socialement intégrées. « Je crois vraiment que l’entreprise de demain ne peut pas juste maintenir l’équilibre entre le client, les employés et les investisseurs. Il faut aussi qu’elle se mérite la confiance de la société dans laquelle elle évolue. » Ce discours peut sembler surprenant dans la bouche de la présidente d’un des plus importants distributeurs de gaz naturel au pays.

souvent qu’autrement, les sociétés de ce secteur se retrouvent plutôt au banc des accusés. Comme une lionne qui protège ses petits, Sophie Brochu n’hésite pas une seconde à défendre la réputation de Gaz Métro : « Bien avant que ce soit à la mode, en fait, quatre ans avant Kyoto, Gaz Métro a choisi de diminuer ses émissions de gaz à effet de serre (« GES »). Tant et si bien qu’aujourd’hui, on est à 28 % de réduction par rapport à notre empreinte de 1990. »

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BROCHU SOPHIE

L A PREMIÈRE PELLE TÉE DE TERRE DU « 80, RUELLE DE L’AVENIR ».

Sophie Brochu avoue avoir un pincement de cœur chaque fois qu’elle constate la méfiance de la population envers les entreprises en général et la sienne en particulier. Convaincue que la transparence est la meilleure offensive, elle profite des tribunes qui s’offrent à elle pour mieux faire connaître les réalisations de Gaz Métro. « On a investi des millions dans nos propres installations pour réduire nos empreintes de carbone et on a atteint des résultats. On a des preuves tangibles. L’extension naturelle de ces gestes-là a été d’aider nos clients à consommer moins d’énergie. Avant que ce soit politiquement payant, avant qu’il y ait des agences d’efficacité énergétique, avant que le gouvernement s’en préoccupe, Gaz Métro a déposé à la Régie de l’énergie un programme d’efficacité énergétique pour aider ses clients à consommer moins. »

mêmes personnes qui répètent depuis toutes ces années-là pourquoi ils sont contre. Les médias n’ont pas eu beaucoup d’appétit pour donner la parole à ceux qui appuyaient et qui appuient toujours Rabaska. Je ne suis pas là pour dire que c’est la faute des médias, mais quand on dit que Rabaska

« QUAND TU FAIS PARTIE DE TA SOCIÉTÉ ET QUE TU NE T’OCCUPES PAS DE CE QUI SE PASSE À CÔTÉ DE TOI, TU TE DIRIGES VERS UNE CATASTROPHE. »

Rabaska On ne peut pas interviewer la présidente de Gaz Métro sans parler du projet Rabaska, un port méthanier qui sera construit dans l’est de la ville de Lévis et dont Gaz Métro est l’un des promoteurs. Comment s’inscrit-on comme entreprise socialement responsable quand on pilote un projet qui a soulevé et qui soulève encore autant de controverse ? On touche là une corde sensible. Sophie Brochu ne se laisse pas désarmer pour autant : « Cette controverse est née de quoi ? Elle est née de préoccupations légitimes de ce qui est aujourd’hui une poignée d’individus qui ont leurs préoccupations et qui continuent à les évoquer. Systématiquement, les médias mettent les micros sous le nez des

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BROCHU SOPHIE

soulève la controverse, il faut aller voir sur place et parler aux gens qui vivent à Lévis pour s’apercevoir qu’aujourd’hui, ce projet-là a l’appui d’une large partie de la population. » Dans l’esprit de Sophie Brochu, Rabaska n’entache en rien le rôle de société socialement responsable adopté par Gaz Métro. Bien au contraire. Lors d’entrevues précédentes, elle a même déclaré que Rabaska permettrait au Québec de réduire de 400 000 tonnes par année ses GES, en favorisant la transition de la consommation du mazout vers le gaz. Le mazout, moins cher, est 40 % plus polluant

que le gaz naturel. « Quand on implante un Rabaska, on cherche à créer des conditions propices pour que l’école de quartier, l’Hôpital Saint-Luc, l’Hôpital Notre-Dame, l’Hôpital Sainte-Justine consomment du gaz naturel plutôt que du mazout. On veut que nos hôpitaux consomment la forme d’énergie qui émet le moins de GES dans l’atmosphère. Mais ça, ça ne tombe pas du ciel et c’est pour ça qu’on implante un terminal comme Rabaska, pour favoriser la position concurrentielle du gaz naturel. » Présidente et citoyenne C’est pendant ses études en économie à l’Université Laval, dans le cadre d’un cours donné par Antoine Ayoub, spécialiste du pétrole, que Sophie Brochu se découvre un intérêt pour l’énergie. En 1987, elle amorce sa carrière en tant qu’analyste financier chez Soquip, la Société québécoise d’initiatives pétrolières. Elle

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se joint à Gaz Métro en 1997. Dix ans plus tard, on la nomme présidente et chef de la direction, un poste qu’elle a accepté avec enthousiasme : « Quand j’ai accepté le poste à Gaz Métro, je savais que les valeurs de l’entreprise correspondaient aux miennes. » La justice et l’équité sociales sont parmi les valeurs chères à Sophie Brochu. Elle est particulièrement touchée par la réalité des gens des quartiers Hochelaga-Maisonneuve et Centre-Sud Ville-Marie qui accueillent le siège social de Gaz Métro. Cette femme, sensible à l’environnement dans lequel elle évolue, ne pouvait tout simplement pas rester les bras croisés devant tant de misère. « Vous avez ici la concentration de gens qui vivent sous le seuil de la pauvreté en zone urbaine la plus forte au Canada. Vous avez un niveau de décrochage scolaire qui atteint 70 %. Alors, comme entreprise responsable, intégrée, je me dis, moi je vais avoir besoin de main-d’œuvre, il faut que je favorise la présence scolaire. Pour nous, il y a une logique d’affaires à s’impliquer dans une cause comme celle du 80, ruelle de l’Avenir. Une entreprise qui est à l’écoute de ses propres besoins est obligée de s’occuper des autres. » Lancé par Gaz Métro et par l’organisme Projet 80, le projet éducatif 80, ruelle de l’Avenir est le résultat d’un partenariat d’envergure entre le secteur privé, le milieu communautaire et le milieu de l’éducation. Le but visé : contrer le décrochage scolaire. « C’est un projet unique au Canada qui vise à permettre à des enfants qui ont eu la malchance de naître dans un environnement défavorisé de se dire : “Oui je peux aller à l’école, oui j’ai le droit d’avoir une estime de moi, oui je vais avoir des occasions de me dépasser”. » Pour Sophie Brochu, il ne suffit pas de simplement donner les sous et espérer que ça va soulager : « L’idée, c’est de faire un plan d’investissement communautaire et de se fixer des objectifs que je vais mesurer après deux, trois ans pour vérifier si ce que je visais avec mon don communautaire est atteint. J’appelle ça la “ traçabilité ” de mon don. » Cette phrase lancée spontanément par Sophie Brochu exprime parfaitement l’urgence d’agir qui anime cette femme, à la fois présidente et citoyenne : « Quand tu fais partie de ta société et que tu ne t’occupes pas de ce qui se passe à côté de toi, tu te diriges vers une catastrophe. »


E N T R E T I E N A V E C BROCHU

ESTHER BÉGIN

Esther Bégin : On m’avait prévenue, avant de prendre rendez-vous, que vous aviez un horaire de premier ministre. Est-ce le cas ? Sophie Brochu : Non ! (Rires) Pour connaître les horaires des premiers ministres, le mien est passablement plus simple que le leur ! E.B. Vous réussissez à vous garder du temps à vous en dehors du travail ? S.B. Absolument ! E.B. Comment ? S.B. Je l’inscris à l’agenda. Pour s’occuper d’une entreprise, il faut s’occuper de soi. Pour s’occuper des autres, il faut prendre du temps pour soi. Alors, il suffit de l’inscrire à l’agenda et de s’assurer qu’on respecte ces plages-là. E.B. C’est donc que vous savez dire « non » ? S.B. Je sais dire « non ». De plus en plus d’ailleurs. E.B. Vous avez appris... sur le tas ? S.B. On l’apprend au fur et à mesure. Ça vient avec le temps. Gérer, c’est choisir. Créer, c’est choisir… alors, choisir, c’est dire oui, et c’est dire non. E.B. Êtes-vous une femme « hyper-organisée » ? S.B. Passablement. À ma manière. E.B. C’est-à-dire ? S.B. Ma manière de vivre, de penser et de gérer est assez holistique. J’ai une formation d’économiste. Je suis impressionnée par la compréhension des ensembles. Le monde des affaires fait partie de la société, tout comme les familles. Et mes raisonnements d’affaires sont holistiques. Quand je réfléchis à une problématique, par exemple, je fais le tour du problème pour m’assurer d’en avoir une compréhension générale. E.B. Comment cela se traduit-il dans votre vie personnelle ? S.B. Chaque geste que je pose, je le fais de manière globale. E.B. Quelle est votre plus belle détente ? S.B. Mon potager. E.B. Vous aimez jardiner ? S.B. Beaucoup ! E.B. Vous faites pousser quoi ? S.B. Des légumes. J’aime beaucoup les fleurs, mais j’éprouve une très grande satisfaction à cultiver les légumes. Probablement parce que mes racines sont de la campagne.

SOPHIE

Depuis février 2007, Sophie Brochu est présidente et chef de la direction de Gaz Métro. Esther Bégin l’a rencontrée. E.B. Est-ce que vous cuisinez ? S.B. Beaucoup ! E.B. Une façon de décrocher ? S.B. Oui, mais aussi de m’occuper des autres. Chez moi, les week-ends sont souvent réservés à recevoir des gens que j’aime. M’occuper d’eux, passer du temps avec eux, c’est un partage fondamental. E.B. Êtes-vous sportive ? S.B. Je l’étais davantage que je le suis présentement. Je m’entraîne, je fais du jogging, du golf, de la natation… mais je n’ai jamais été une sportive impliquée dans un sport en particulier. E.B. Quel âge avez-vous ? S.B. 45 ans. E.B. C’est jeune pour être là ou vous êtes ? S.B. C’est une question de nouvelle génération de dirigeants. C’est relativement jeune. C’est d’ailleurs l’âge moyen des employés de Gaz Métro. E.B. Comment qualifiez-vous votre style de gestion chez Gaz Métro ?

S.B. J’ai toujours travaillé avec des collègues et pour des patrons qui laissaient beaucoup de place à l’initiative. Et mon style de gestion en est largement inspiré. Je laisse donc moi-même beaucoup de latitude. Je m’entoure de gens autonomes, mais qui ne sont pas solitaires. J’aime les débats d’idées. Il faut que tout le monde s’exprime avant que je prenne une décision. E.B. Gérer comme vous, en mode consensuel, est-ce plus féminin que masculin ? AUT O M NE 2 008 Premières en affaires

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BROCHU SOPHIE

S.B. Je ne crois pas qu’il y ait un style de gestion féminin. Ça dépend de ce qu’on a vécu individuellement. Pour ma part, je n’ai jamais senti que j’étais une femme dans le monde des affaires. D’ailleurs, je ne me lève pas le matin en me disant : « Je suis une femme dans le monde du travail ». Mon style de gestion est individuel. Il pourrait tout aussi bien être celui d’un homme. E.B. Quels conseils donnez-vous aux jeunes femmes qui veulent réussir dans le monde des affaires ? S.B. Oubliez que vous êtes des filles ! Restez proches de ce que vous êtes. L’authenticité en gestion est, pour moi, une valeur fondamentale. E.B. Pourquoi, selon vous, il y a encore aujourd’hui si peu de femmes chefs d’entreprises ? S.B. D’abord, il y en a de plus en plus. Au cours des trois ou quatre dernières années, la moitié des distributeurs gaziers du Canada ont d’ailleurs nommé des femmes à la tête de leurs entreprises. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’elles y arrivent. C’est une question générationnelle. E.B. Vous vous impliquez dans des causes à vocation humanitaire aussi nombreuses que variées (Les enfants de l’école Hochelaga, Les Amis de la Montagne, le Centre des femmes de Montréal, la Fondation des maladies mentales). À partir de quels critères choisissez-vous vos causes ? S.B. J’épouse les causes qui ne sont pas spontanément attrayantes. La Fondation des maladies mentales est pour moi un défi un peu personnel parce que, a priori, il existe encore un tabou autour de la maladie mentale. Or, personne, ni vous ni moi, n’en est à l’abri. Et Dieu sait que ça frappe ! Ça frappe la société, les entreprises, les familles... E.B. Y a-t-il une cause qui vous tient particulièrement à cœur ? S.B. Oui, celle qu’a épousée Gaz Métro. Et ce n’est pas parce qu’elle me tient à cœur que Gaz Métro l’a épousée ! Il s’agit donc de l’encadrement social des jeunes dans les quartiers défavorisés Centre-Sud et Hochelaga-Maisonneuve. Ici, chez Gaz Métro, nous sommes à califourchon sur ces deux quartiers très défavorisés. Lorsqu’un enfant naît ici, il part avec deux prises au bâton. Il mérite qu’on lui donne sa chance. E.B. Gaz Métro, c’est plus de 3 milliards de dollars d’actifs, plus de 1 500 employés. La p’tite fille de Lévis, en banlieue de Québec, avait-elle déjà rêvé d’en arriver là ? S.B. Je n’ai jamais pensé à ça ! Pour moi, diriger Gaz Métro, c’est un moyen. Ce n’est pas un objectif en soi.

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E.B. Lorsque vous fermez les yeux, que vous reculez 40 ans en arrière, que vous regardez la p’tite fille de Lévis, qui voyez-vous ? S.B. Petite fille, j’étais dehors, je m’amusais beaucoup, beaucoup, avec tout plein d’amis ! J’ai eu une enfance extraordinairement heureuse. E.B. Le gaz naturel, les conduites souterraines, la distribution d’énergie... pour le commun des mortels, ce n’est pas très passionnant. Qu’est-ce qui vous intéresse dans ça ? S.B. À ma dernière session d’études en sciences économiques à l’Université Laval, j’ai suivi un cours en économie de l’énergie et je suis littéralement tombée en amour avec l’énergie ! J’ai alors réalisé, il y a donc 25 ans de cela, que l’énergie c’est le sang de l’économie. Lorsqu’on discute énergie, on discute budget familial, politique industrielle des nations, enjeux planétaires… Aujourd’hui, tout le monde parle d’énergie. Le prix de l’essence, du pétrole, de l’électricité… C’est fascinant ! E.B. C’est rare qu’on entende dire « je suis littéralement tombée en amour avec l’énergie ». S.B. C’est rare, mais en fait, tous ceux qui travaillent dans le secteur vous le diront… C’est un secteur absolument fascinant ! E.B. Vous semblez vraiment heureuse dans votre travail ? S.B. Très heureuse ! E.B. Profondément heureuse ? S.B. Si je ne l’étais pas, je n’y serais pas. La vie est courte. Il faut en tirer le meilleur. Un jour, l’entreprise que je dirige aura besoin de quelqu’un d’autre. Ce sera alors le temps pour moi de passer à autre chose… et d’être très heureuse ailleurs ! E.B. Parlant de passer à autre chose… je vous ai demandé en début d’entrevue si vous aviez un horaire de premier ministre. Est-ce que faire le saut en politique serait envisageable un jour ? S.B. Pas du tout ! Pour faire de la politique, il faut avoir en soi une mission profonde. Et j’ai la profonde conviction que, compte tenu de ce que je suis, des talents que j’ai et de ceux que je n’ai pas, je peux davantage influencer le cours de ma société en étant dans le monde des affaires. E.B. En tout cas, vous avez répondu « Pas du tout », c’est clair, net et précis… pas nécessairement une réponse de politiciens ! S.B. (Rires) Ah, mais je suis certaine qu’il y a des politiciens aussi transparents que ça ! E.B. En tout cas, pour vous, c’est très clair « jamais » ? S.B. Jamais ! E.B. Merci ! S.B. Ce fut un plaisir !



PREMIÈRES EN FINANCES

Green Money Understanding Socially Responsible Investing

PA R JA N ET DRYSDA LE MANAGER, INVESTOR RELATIONS CN “Putting your money where your mouth is” Socially Responsible Investing (SRI) is an investment philosophy with the combined goal of maximizing both financial returns and broad social good. Essentially, SRI enables investors to integrate their personal values with their financial goals. SRI can be traced as far back as the 18th century when the Religious Society of Friends (Quakers) forbade their members from participating in the slave trade. Since these early beginnings, SRI has evolved from the “simple” practice of investors applying a “sin screen” (no alcohol, tobacco or gambling) on company selection to a complex, growing market where investors actively engage corporations to promote environmental and social responsibility. Although SRI covers a broad range of investment goals, two main categories can be identified: screening (the selection of investments based on social, ethical or environmental criteria); and shareholder influence/activism (seeking 40 AUT O MNE 20 0 8 Premières en affaires

to improve a company’s social, ethical or environmental performance as a shareholder). Screening In addition to investors’ financial goals, screening seeks to evaluate investments based on environmental, social, or governance (ESG) criteria and is the most common way for investors to practice socially responsible investing. Negative screening is the conscious decision to avoid investing in companies that operate certain types of business and/or those with a record of poor social and/or environmental performance. In positive screening, investors seek to own profitable companies with superior ESG performance. Investors will often select companies that are industry leaders in environmental, social and/or governance policies and practices, with the goal of improving the standards within the entire industry segment. Screening, particularly positive screening, requires extensive research into a company’s ESG policies and practices.

Shareholder Influence Shareholder influence or activism relies on the fact that ownership provides investors with certain rights or powers that enable them to advocate for their beliefs. Influence can be expressed through dialogue with management, through shareholder resolutions, and through voting at a company’s Annual General Meeting. The goal of shareholder activism in SRI terms is to make company management, and other shareholders, aware of how the company’s policies and practices affect all stakeholders, and to influence companies to make changes in the interest of long-term financial, social and environmental sustainability. From SRI to Sustainable Investing Leading edge “SRI” firms have ironically moved beyond the SRI label. Such firms argue that the full integration of environmental, social, and governance criteria in the investment analysis and decision-making process is crucial in


The Investor Relations Perspective One of the major challenges of SRI investing has been the availability of relevant and accurate information. A company’s investor relations (IR) department is typically charged with being the conduit of information between the company and potential investors and/or shareholders. The emergence of SRI is placing new demands on investor relations professionals. SRI investors are typically more demanding than “mainstream” investors, as their fundamental analysis extends well beyond a company’s reported financials. So why bother? From an investor relations perspective, is SRI capital worth the additional effort? The answer is yes. SRI investing is the fastest growing segment of equity

investing in Europe and North America. SRI investors tend to be stable, longterm investors. And, more importantly, the underlying pressure from SRI investors for increased corporate disclosure and transparency is well supported by mainstream investors. The Carbon Disclosure Project (CDP), a non-profit organization that seeks to identify the implications of climate change on shareholder value perhaps best exemplifies this. CDP represents institutional investors with a combined $57 trillion of assets under management. On behalf of its institutional investor signatories, CDP seeks information from companies on the business risks and opportunities presented by climate change. In 2007, 1,300 of the world’s largest companies responded to CDP’s questionnaire. SRI pressure is also at least in part responsible for the rapid growth in nonfinancial corporate disclosure. Roughly 80% of companies in the TSX Composite Index disclosed sustainability information in public reports in 2007, up from only 35% in 2001.1 Producing an annual CSR report is arguably the most effective way to deal

with SRI investors, and the growing mainstream pressure for increased disclosure. When done well, a company’s CSR report can effectively answer the questions posed by SRI investors and can mean significant time savings for company management. Many companies that have embraced CSR reporting have also adopted the Global Reporting Initiative (GRI) framework, which aims to standardize corporate reporting on economic, environmental and social performance, much in the same way that U.S. GAAP or IFRS work to standardize financial reporting. Companies that move today to improve their performance on environmental, social, and governance matters, and support that performance with bestpractice disclosure, will benefit from an increased pool of potential investment capital, will be better positioned to meet the growing disclosure demands of mainstream shareholders, and will perhaps be better positioned to influence future regulatory requirements.

1. Stratos: Canadian Corporate Sustainability Reporting, Best Practices 2008 Summary.

Rapid Growth

Community Investing

Socially responsible investing (SRI) is arguably the fastest growing segment of equity investment in both Europe and North America. In Europe, retail investors have been the driving force behind SRI while in North America, and the United States in particular, institutional investors have been more active. In the United States, where the data is more readily available, over $2.7 trillion in total assets, over 10% of total assets under professional management, are using socially responsible investing strategies. That represents a 324% increase from 1995. From 2005 to 2007 alone, SRI assets increased over 18% while the total assets under professional management increased just 3%.1 As more and more institutional and individual investors, foundations, endowments, pension funds and faith-based groups seek to invest in a socially responsible manner, new products and fund styles emerge that in turn will support further SRI growth.

Community investing is another option available to socially responsible investors. Typically, these investments provide low interest rate loans to people in low-income communities who would otherwise have difficulty getting access to capital. Community investing provides an efficient tool for socially conscious investors to participate directly in grassroots development with loans generally being used for housing, small business creation, and education. Community investing gained significant notoriety in 2006 when Muhammad Yunus was awarded the Nobel Peace Prize for his development work as founder of the Grameen Bank, which pioneered the concept of microfinance, offering loans to some of the world’s poorest people.

1. Social Investment Forum: 2007 Report on Socially Responsible Investing Trends.

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PREMIÈRES EN FINANCES

determining long-term, profitable investments. These firms contend that ESG criteria have a financial materiality and that they must be considered in the fundamental analysis of an investment. While still an emerging discipline, proponents of sustainable investing believe it will one day develop into a mainstream strategy for the broader market.


PREMIÈRES EN FINANCES

Double & Triple Bottom-line The term “double bottom-line” refers to a company’s combined financial and “social good” performance. “Triple bottom-line” is essentially an evolution of the “double bottom-line” concept. The “triple bottom-line” holds corporations accountable to economic prosperity, environmental quality and social justice. John Elkington, a best-selling author and green business guru, originally coined the term. The concept essentially demands that a corporation be responsible to all stakeholders (employees, communities, the environment, etc.), not just shareholders.

The IR Top 5 Whether you’re dealing with SRI funds or potential investors and shareholders: Be informed What attracts and what keeps investors in your stock? What is the split between retail and institutional ownership? What ownership do SRI funds and hedge funds have? What is the geographic distribution of your current shareholder base? Be responsive Time matters and analysts will find another source of information if they can’t get it efficiently from the company. Be consistent Report on the same key metrics from quarter to quarter to make sure everyone gets the same story. Be credible Communicating bad news is as important as communicating good news. Analysts will keep track of what you say. It’s okay not to know something — take time to get the right answer. Seek feedback Ask the analysts that cover your stock what you could do better. Benchmark your peers and other industry leaders. Drive continuous improvement.

UNE CONTRIBUTION RESPONSABLE

AU PROFIT DE LA COLLECTIVITÉ

milliards de dollars de revenus , dont 1,361 milliard remis au gouvernement du Québec; avec des programmes pour prévenir le jeu excessif dans tous ses secteurs d’activité; avec des milliers de gagnants, des événements rassembleurs, des milliers d’emplois , des établissements de divertissement, d’hôtellerie et de restauration reconnus à l’échelle internationale , Loto-Québec est un acteur socio-économique de premier plan dans la collectivité québécoise. Avec 3,8

Pour en savoir plus : lotoquebec.com Région de Montréal : 514 499-5075 Ailleurs au Québec : 1 800 350-9033


PREMIÈRES EN FINANCES

Quand bonne conscience et placement font bon ménage Vos fonds d’investissement peuvent désormais suivre votre conscience sociale, sans tourner le dos à la rentabilité. PA R M E C AT H E R I N E I S A B E L L E ASSOCIÉE FASKEN MARTINEAU DUMOULIN Au cours des dernières années, vous avez probablement changé vos habitudes de consommation afin de les rendre plus responsables : vous transportez vos emplettes dans des sacs réutilisables, vous recyclez minutieusement et vous achetez des produits nettoyants moins nocifs. Mais avez-vous déjà pensé à modifier vos placements en conséquence ? L’investissement socialement responsable (« ISR ») est un processus de sélection ou de gestion des placements en fonction de critères d’ordre social et/ ou environnemental. Les fonds d’investissement socialement responsables filtrent les entreprises dans lesquelles ils investissent en fonction de leurs objectifs et de leurs pratiques commerciales. Par exemple, les entreprises respectant les droits de l’homme et l’environnement seront privilégiées, alors que celles œuvrant dans les domaines militaire, de l’énergie nucléaire et du tabac ou celles exploitant de façon indue les travailleurs seront écartées. D’ailleurs, selon l’Association canadienne pour l’investissement responsable, cette pratique gagne en popularité : entre 2004 et 2006, les ISR sont passés de 65,46 milliards de dollars à 503,61 milliards ! Les fonds ISR au Québec Il existe présentement 24 fonds d’in-

vestissement socialement responsables au Canada1. Parmi les fonds disponibles au Québec, on compte ceux offerts par des familles spécialisées, comme Acuity, Ethical Funds et Meritas. Pour leur part, le Fonds de solidarité FTQ et le Fondaction CSN investissent dans des PME québécoises sélectionnées selon leur style de gestion, les conditions de travail qu’elles offrent à leurs employés et leur respect de l’environnement. Les familles de fonds communs traditionnels ont également flairé la tendance. Ainsi, la Caisse de dépôt et placement du Québec s’est récemment dotée d’une politique de responsabilité sociale pour l’ensemble de ses fonds d’investissement. Quant aux institutions financières, elles offrent aujourd’hui presque toutes la possibilité d’investir de façon responsable. Par exemple, la Banque Nationale du Canada offre le Fonds d’actions canadiennes de valeurs sociales Natcan, tandis que le Groupe Desjardins a créé les Fonds Desjardins Environnement et Desjardins Éthique Équilibré. Et le rendement ? Contrairement à la croyance populaire, les investisseurs n’ont pas à délaisser nécessairement la rentabilité pour suivre leur bonne conscience. En effet,

selon un rapport publié par le United Nations Environment Programme Finance Initiative et Mercer en octobre 2007, qui répertoriait diverses études sur l’investissement responsable, 87 % d’entre elles prouvent l’existence d’un lien neutre à positif entre l’ISR et le rendement financier, alors que 46 % corroborent un lien strictement positif. Ces fonds d’investissement peuvent ainsi offrir un rendement aussi intéressant, sinon meilleur, que les investissements classiques. Par exemple, l’indice Jantzi Social Index, qui regroupe 60 sociétés canadiennes ayant adopté un comportement exemplaire et figurant dans les indices S&P 500 et TSX 60, a affiché entre 2001 et 2006 un rendement similaire à celui des indices S&P/TSX composé et S&P/TSX 60. Même son de cloche aux États-Unis, où depuis 1990 le Domini Social Index 400 avoisine les rendements du S&P 500. Bref, l’investissement socialement responsable représente un pas de plus dans la lutte contre les changements climatiques, l’exploitation humaine et l’épuisement des ressources naturelles, tout en vous permettant de rentabiliser vos placements et d’avoir la conscience tranquille. 1. Selon les données fournies par l’Association canadienne pour l’investissement responsable.

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SUCCÈS ET POSITION DE TÊTE SITQ, chef de file du secteur immobilier, offre des emplacements de première à ses entreprises locataires.

sitq.com


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LES INC ONTOURNABLES : PORTRAIT DE FEMMES

AGIR EN PENSANT À DEMAIN EST DEVENU UN ÉLÉMENT CRUCIAL DANS LE MONDE DES AFFAIRES. LE TEMPS OÙ LES ENTREPRISES AGISSAIENT DE CETTE MANIÈRE SEULEMENT POUR UNE QUESTION D’IMAGE EST RÉVOLU NOUS DISENT CES FEMMES DEVENUES DE VÉRITABLES INCONTOURNABLES DANS LE DOMAINE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE. CRÉDITS

Photos : SPG / www.esselab.com Assistant photographe : Le Pigeon Maquilleur : Steven Turpin Retouches coiffure : Matthew Waldron Textes : Yseult Picard


Valérie Demers

Chargée de projet en développement durable, Cascades. Fraîchement diplômée, Valérie Demers veut poursuivre la mission environnementale que s’est donnée l’entreprise depuis sa fondation. « Chez Cascades, on faisait du développement durable avant même de pouvoir le nommer. Aujourd’hui, on veut pousser ça plus loin encore ! » Son rêve ? Qu’un jour les employés viennent lui proposer leurs propres idées. Cela voudra dire que les gens auront vraiment compris ce que c’est que de faire du développement durable !


Hélène Lauzon

Présidente, Conseil patronal de l’environnement du Québec. Les mentalités ont beaucoup évolué depuis que Hélène Lauzon pratique le droit. Toutefois, une constante demeure au fil de ses 20 années de pratique privée chez Lavery, de Billy et dans le cadre de son présent mandat au sein du Conseil : il est possible de changer les attitudes en matière d’environnement. « Le développement durable interpelle tout le monde. C’est beaucoup plus universel que je ne le pensais, même chez les plus vieilles générations ! Ce sont leurs enfants qui les rappellent à l’ordre ! »


Sophie Labrecque

Directrice générale, division Détail, Convivia. « J’ai toujours travaillé à améliorer la qualité de vie que ce soit en éducation, en santé, en développement durable et maintenant dans l’alimentaire », constate Sophie Labrecque, directrice générale chez Convivia, entité qui gère les marques Pacini et Commensal. Cette femme dont la réputation de gestionnaire n’est plus à faire, s’occupe à la fois du marketing, des ventes, de la recherche, du développement et des communications de l’entreprise, en plus de superviser une usine de plus de 100 travailleurs. Pas étonnant qu’elle croit que le nouveau slogan « Goûtez la vie » de la marque Commensal lui va à merveille !


Annie Legroulx

Designer industrielle, fondatrice de dringdring inc. Qui l’eût cru ? Devenir une incontournable du développement durable en fabriquant des sonnettes de vélo peintes à la main ! C’est bel et bien ce qui arrive à Annie Legroulx, 32 ans, qui, en 2005, voulait s’acheter une sonnette en métal pour mener à vélo sa fille à la garderie. « J’ai décidé d’aborder le milieu des affaires de manière créative. » Elle a donc fondé dringdring, entreprise qui conçoit et produit des sonnettes de vélo ! La couche de fond est d’abord appliquée dans une entreprise de réinsertion sociale locale, tandis que des artistes peintres, rémunérés à un salaire équitable, personnalisent les sonnettes. Évidemment, la peinture appliquée est écologique !


Pauline D’amboise

Secrétaire générale à l’emploi du Mouvement des Caisses Desjardins depuis 23 ans. « Avec la passion, on peut aller très loin ! », croit Pauline D’Amboise. C’est avec ambition et passion qu’elle travaille à ce que le Mouvement devienne l’une des premières grandes entreprises québécoises à intégrer les principes de l’éthique appliquée. « En fait, c’est de prendre la meilleure décision dans les circonstances et à la lumière des valeurs de l’organisation. » Simple dites-vous ?


Marie Dumontier

Directrice corporative, Environnement et stratégie carbone chez Papiers Fraser depuis 1989. Désormais, Marie Dumontier consacre son professionnalisme et une grande part de son énergie à réduire l’empreinte de l’exploitation forestière sur l’environnement en optimisant, par exemple, la production d’énergie au moyen des résidus de la forêt. Elle s’implique également en tant que présidente de l’Association technique des pâtes et papiers du Canada. « Trois mille membres qui partagent entre eux leurs compétences techniques, ça vaut de l’or ! »


Corinne Adam

Directrice, Responsabilité sociale, Gildan. Française d’origine, Corinne Adam parcourt le globe dans le cadre de ses fonctions. Auparavant, elle a travaillé plusieurs années à titre de porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge. C’est après avoir réalisé une étude indépendante sur les conditions de travail dans les usines, pour le compte de l’ONG Vérité, qu’elle s’est lancée à son propre compte comme « auditrice » ou rapporteur social. Des clients, elle en avait plusieurs dont Levi’s, McDonald’s et… Gildan ! Le dynamisme et le professionnalisme de l’équipe lui auront donné l’envie de continuer le voyage avec eux.


Carole Villeneuve

Responsable du développement durable, Loto-Québec. Carole Villeneuve sait séduire pour faire valoir les mesures entreprises par la société d’État en vue de mobiliser son personnel autour de cette notion pas toujours tangible du développement durable. « C’est nécessaire d’obtenir l’adhésion des employés afin que ce soit valorisant et enrichissant de se lancer dans cette aventure. Ce mandat est réellement venu enrichir mon parcours professionnel, car il faut toujours regarder en avant ! »


Entrevue avec Yolande James, députée de la circonscription de Nelligan depuis 2004, ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles et première femme noire élue à l’Assemblée nationale P A R Y S E U LT P I C A R D

E

n cette fin d’après-midi de juin, Yolande James impressionne par sa stature de mannequin, son sourire franc et ses yeux pétillants. Élue pour la première fois dans la circonscription de Nelligan aux élections partielles de 2004, elle a rapidement su se tailler une place. Trois ans plus tard, à l’âge de 29 ans, elle faisait déjà son entrée au cabinet ministériel à titre de ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles. Une réalisation hors de l’ordinaire pour celle qui ne fait qu’entamer la trentaine ! Faisant le bilan de ses quatre dernières années, Mme James constate qu’elles ont été ponctuées de « premières » expériences de toutes sortes : première campagne électorale, première élection, premier mandat, première présence à l’Assemblée nationale, premiers discours publics, premier siège au Conseil des ministres. Malgré tout ce stress, son regard est fier et resplendissant, presque magnétique. « C’est grâce à l’exercice et aux bonnes nuits de sommeil, répond-elle. Jamais il ne m’est arrivé de me lever sans avoir envie d’aller travailler. Même à 30 ans, je suis capable de reconnaître que je suis privilégiée de pouvoir dire ça. » Dossier immigration Un dossier difficile que celui des suites à donner au rapport Bouchard-Taylor, mais face auquel elle affiche une sérénité dynamique.

54 AUT O MNE 20 0 8 Premières en affaires

© MICC

PORTRAIT D’UNE PREMIÈRE

James Yolande

« Bien sûr, il faut prendre des mesures et allouer des fonds pour favoriser l’intégration des nouveaux arrivants, affirme-t-elle, mais ce que je trouve qu’on a pu développer, c’est une vision. Il faut regarder en avant – dans 5 ans, dans 10 ans, dans 15 ans – et se demander ce que l’on veut comme société. Les décisions que l’on prend aujourd’hui vont façonner le Québec de demain et ça, ça me stimule ! »

MON RÔLE, C’EST DE LEVER LES OBSTACLES À L’INTÉGRATION, DE FAIRE TOMBER LES BARRIÈRES. De façon plus concrète, sa stratégie est de cibler les candidats détenant la formation dont le Québec a besoin avec des outils comme « Placement en ligne », service récemment accessible par Internet depuis l’étranger. Ces nouvelles mesures favoriseront désormais les candidats à l’immigration qui auront trouvé un emploi non comblé par la main-d’œuvre québécoise. Les demandes d’immigration de ceux-ci seront alors priorisées. Par ailleurs, avec les 700 000 emplois à pourvoir d’ici 2011, la ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles accorde beaucoup d’importance à l’amélioration du dialogue entre


Passer le flambeau Avant d’être élue, la jeune avocate a travaillé de 1998 à 2003 aux côtés du député libéral de Nelligan, Russell Williams. Aujourd’hui retraité de la politique, c’est avec plaisir que le président actuel de Rx&D souligne le parcours exceptionnel de celle qui est demeurée pour lui une amie. « Elle a commencé très jeune, à 18 ou 19 ans, à s’impliquer comme bénévole, se rappelle-t-il. Ça n’a pas été long avant qu’elle travaille, comme attachée politique, à des dossiers aussi importants que celui de la Loi sur les services aux personnes handicapées adoptée en 2004. » Ses premiers pas, la ministre les avait donc faits en suivant les traces de quelqu’un de plus expérimenté. Mais cela ne l’a pas empêchée de susciter l’admiration de tous, y compris celle de son prédécesseur Russell Williams. « Elle a toujours été une inspiration pour moi, dit-il, et aussi pour toute l’équipe. C’est une personne très ouverte sur le monde. »

D’ailleurs, le fait d’avoir grandi dans la circonscription dont elle est aujourd’hui députée a certainement contribué à lui donner un sens peu commun de l’engagement envers sa communauté. « Du moment où on a annoncé ma candidature, se souvient-elle, des gens de la maternelle, du primaire, des cours de musique, du basket, ont refait surface. C’est formidable de pouvoir avoir un tel contact ! » Dans ses moments de doute, Yolande James a donc pu compter sur le soutien et l’encouragement de ses collègues, mais d’abord et avant tout sur celui de ses parents d’origine antillaise qui se sont rencontrés ici, au Québec, et qui ont inculqué à leurs deux filles le goût du dépassement : « C’est dans ma nature de pousser un peu plus fort, de vouloir savoir ce que je peux faire pour aller un peu plus loin. Ce sont mes parents qui nous ont encouragées, ma sœur et moi, à être ainsi. » M. Williams en a d’ailleurs été témoin. « J’ai été très touché de voir la façon dont ses parents l’appuyaient, fait-il remarquer. Quand on parle avec ses parents, on sent toute l’énergie et la confiance qu’ils ont pu lui transmettre ! » Et c’est à travers ses fonctions politiques que Yolande James met aujourd’hui ce bagage au profit de la communauté.

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PORTRAIT D’UNE PREMIÈRE

les employeurs et le gouvernement. « Mon rôle, c’est de lever les obstacles à l’intégration, de faire tomber les barrières. Je crois que c’est ça mon plus grand défi et c’est ce à quoi la population s’attend de moi. »


PREMIÈRES EN ART DE VIVRE

VINS

DES DE GRANDE

DISTINCTION !

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Vous êtes-vous déjà baladé dans les collines des vignobles de la région de Sancerre ? Si oui, vous savez à quel point c’est un endroit splendide et quasi impossible à quitter. On désire y rester et siroter ce vin délicieux qui reflète si bien ce magnifique terroir ! Située à 200 km au sud de Paris, la région de l’appellation d’origine contrôlée Sancerre est caractérisée par des vignobles vallonnés atteignant parfois plus de 400 mètres d’altitude.

PA S C A L JO L I V E T 2 0 07

Sancerre a.o.c. Val de Loire, France 528687 28,65 $

Le domaine Pascal Jolivet compte 30 hectares de vignes plantées sur trois types de sol. Ces derniers jouent un rôle capital dans l’expression des vins de cette région, car on retrouve dans le vin de Sancerre toute la personnalité du terroir. On perçoit ainsi, au nez et en bouche, des notes minérales rappelant l’odeur, si caractéristique, de pierre à fusil et de silex. Cette cuvée 2007 est entièrement composée de raisin Sauvignon blanc et la fermentation s’est déroulée en cuve d’acier inoxydable thermorégulée. Les raisins des trois terroirs – Les Caillottes, Les Terres Blanches et Silex – sont vinifiés séparément afin que se révèlent pleinement leurs caractéristiques respectives. Les vins sont ensuite assemblés. Robe pâle aux reflets verdâtres, nez très aromatique à caractère végétal marqué par les notes herbacées et le bourgeon de cassis, voilà l’essence de cette belle cuvée. On y constate des notes de pamplemousse blanc et de citron vert avec une finale de melon miel. Le vin est net, vif et nerveux avec des notes de fruits qui explosent littéralement en bouche. Les notes herbacées s’expriment avec intensité et le vin est doté d’une longueur en bouche étonnante. Les crustacés, les huîtres et le saumon seront d’excellents compagnons de ce grand Sancerre !

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Saint-Chinian a.o.c. Languedoc-Roussillon, France 10259796 39,50 $

J’ai choisi ce vin tout spécialement pour vous, chères lectrices, en hommage au travail des femmes dans le monde du vin ! Le Clos Bagatelle est un domaine familial établi en 1623 et transmis de mère en fille depuis plus de quatre générations. Dirigé par Christine Deleuze et son frère Luc Simon, ce domaine reflète le courage, la détermination et la passion du travail bien fait. La cuvée La Gloire de mon Père en est une toute spéciale qui a été élaborée en 1995 en l’honneur du père de la propriétaire qui avait réussi à moderniser la viticulture régionale. Ce millésime 2003 est composé de Syrah (50 %), de Mourvèdre (30 %) et de Grenache (20 %). Les raisins sont vendangés à la main et triés minutieusement à la vigne. L’élevage se déroule en fût de chêne neuf pour une durée de 18 mois et chaque cépage est vieilli séparément. On assemble ensuite les trois cuvées et on embouteille sans collage ni filtration. Le produit final affiche une robe sombre et dense comme de l’encre ! Les arômes sont complexes : tapenade d’olives noires, torréfaction, cerises à l’eau-de-vie et cassis, accompagnés de notes de cuir et d’épices rappelant la réglisse et le menthol. En bouche, le vin est puissant avec des notes de griotte, de cassis et de torréfaction. Les tanins sont fermes et fort présents, laissant présager un grand avenir. Superbe vin à laisser dormir en cave une dizaine d’années. Il accompagnera un gigot d’agneau au romarin, un magret de canard sauce aux griottes ou un succulent cassoulet. Bonne dégustation ! c.perinet@saq.qc.ca

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de la dioxine aux OGM, une multinationale qui vous veut du bien. PA R M E G E N E V I È V E D U FO U R* Créée en 1901, Monsanto est une multinationale établie à St. Louis, au Missouri. On lui doit l’invention et/ou la commercialisation des BPC, de l’aspirine, de la dioxine, de l’agent orange, des hormones de croissance bovines et de l’insecticide Roundup. Aujourd’hui, comme Monsanto contrôle 90 % des ventes de semences génétiquement modifiées (« OGM »), on peut dire qu’il y a un peu de Monsanto dans chacune de nos assiettes. Dans cette optique, Marie-Monique Robin, réalisatrice et journaliste française plusieurs fois pri-

mée, a voulu enquêter sur cette multinationale soupçonnée de prendre graduellement le contrôle planétaire de la chaîne alimentaire. Après une enquête de plusieurs années, menée sur trois continents, elle nous présente un point de vue fortement documenté sous la forme d’un film – offert en DVD – et d’un livre (Stanké, 377 pages). On découvre, par le biais d’entrevues menées tant avec d’anciens responsables de Monsanto qu’avec des politiciens, des scientifiques, des agents réglementaires, des activistes et des

victimes de produits dangereux, une multinationale au cœur de pierre, déterminée à mentir, à falsifier et à manipuler afin que ses produits puissent encore se vendre. Ainsi, on apprend que Monsanto continuait encore en 2004 à nier les effets toxiques de l’agent orange sur la santé. On s’étonne encore plus d’apprendre que l’entreprise se proclame socialement responsable. À lire ou à voir pour tous ceux qui n’ont pas peur de la désillusion… envers ceux qui ont bien voulu autoriser la mise en marché de tels produits.

* Me Dufour a écrit une thèse de doctorat portant sur le thème des OGM.

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PREMIÈRES EN LECTURE

LE MONDE SELON MONSANTO


PREMIÈRES EN ÉCONOMIE

L’étau

ÉNERGÉTIQUE La hausse du coût du carburant étouffera-t-elle la mondialisation ?

PA R EDM ÉE M ÉT I V I ER VICE-PRÉSIDENTE EXÉCUTIVE, FINANCEMENT ET CONSULTATION BANQUE DE DÉVELOPPEMENT DU CANADA (« BDC ») Même si nous aimerions qu’il le soit, le monde ne demeure jamais stable bien longtemps. Après la bulle technologique et les attentats terroristes du 11 septembre au tout début de la décennie 2000, nous sommes parvenus à préserver pendant cinq ans une certaine stabilité économique. À présent, nous savons que la crise du crédit actuelle couvait déjà aux États-Unis et que la hausse du prix des produits de base – surtout le pétrole et les denrées alimentaires – fait réapparaître le spectre de l’inflation. L’incidence de la hausse du prix du pétrole sur la mondialisation est une question qui fait aujourd’hui l’objet d’un vif débat chez les économistes et les analystes d’entreprises. L’envolée du prix du pétrole se traduit par l’augmentation du coût du carburant, laquelle entraîne, par ricochet, la hausse des coûts d’expédition. L’essentiel de la demande mondiale en pétrole brut (90 %) répond aux besoins en carburant de transport. Dans un monde où le prix du baril de pétrole dépasse les 100 $, serait-il moins cher de fabriquer des produits dans son propre pays à des coûts plus élevés, plutôt que d’importer des produits à bas prix de l’autre bout du monde ? La hausse du 58 AUT O MNE 20 0 8 Premières en affaires

prix du pétrole pourrait-elle ralentir, paralyser ou même renverser la tendance vers la mondialisation ? Jeff Rubin et Benjamin Tal, économistes de marchés mondiaux chez CIBC, ont étudié la question en détail en mai 2008. Selon eux, le supplément des coûts de l’expédition de produits provenant de l’Asie de l’Est vers le marché nordaméricain (d’après le prix du pétrole à l’époque) s’apparente à un droit d’entrée de 9 % sur les produits de la région. Si le prix du baril de pétrole passe à 200 $, le taux du droit d’entrée correspondant atteindrait 15 %. Il est d’ores et déjà plus avantageux de produire de l’acier en Amérique du Nord que d’acheminer des matières premières vers la Chine et d’importer le produit fini. La hausse du prix du carburant pourrait bien tuer le commerce mondial. Les auteurs citent d’ailleurs des précédents au XXe siècle pour appuyer leur argumentation. Paradoxalement, la Chine – l’un des principaux bénéficiaires de la mondialisation à ce jour – met en œuvre des politiques intérieures qui freinent la mondialisation dans d’autres pays. Le prix de l’essence au détail est fortement subventionné en Chine : le pays ne laissera pas un produit comme l’essence

(qui, en suivant les prix mondiaux, pourrait tendre à une forte inflation) arrêter l’élan de son propre boom économique. La Chine, qui compte 1,7 billion de dollars américains en réserve, peut continuer à subventionner le prix de l’essence pendant encore très longtemps. Ce faisant, elle entretient toutefois la hausse du prix du pétrole, car sa forte demande intérieure en carburant peut augmenter sans que l’application de la valeur marchande puisse exercer un effet modérateur. Autrement dit, le pays agit contre son propre intérêt sur le plan du commerce international. Si vous êtes propriétaire d’une petite ou moyenne entreprise (« PME ») au Canada, vous devez vous poser cette importante question : comment tenir compte de l’augmentation du prix du carburant et des coûts d’expédition dans ma stratégie de mondialisation ? D’emblée, vous devez reconnaître l’importance de l’expédition dans votre modèle d’affaires. Dans son dernier bulletin, Profit$, BDC a présenté des analyses de rentabilisation pour deux entreprises qui appliquent des stratégies de mondialisation – un développeur de logiciels au Nouveau-Brunswick et un fabricant de mobilier de bureau en Ontario dont la production se fait à


Comme les États-Unis et d’autres économies arrivées à maturité connaissent un ralentissement, ces économies émergentes pourraient s’affaiblir un peu, mais les forces fondamentales qui stimulent leur croissance devraient durer encore 15 à 20 ans, voire plus. Le moteur essentiel de la croissance dans ces économies émergentes est l’immense exode rural, car les habitants des campagnes espèrent trouver un meilleur emploi en ville. La croissance rapide des villes stimule la construction d’infrastructures urbaines de grande ampleur. L’urbanisation, alliée à la hausse des revenus, a également stimulé la demande de ce dont les habitants des pays développés profitent déjà (le logement, le transport et les biens de consommation, par exemple). Il en résulte une immense vague d’occasions d’affaires, inégalée depuis les années 1950 (époque où l’Amérique du Nord connaissait une croissance semblable pour les mêmes raisons). Même s’il en coûtera davantage de saisir ces occasions d’affaires dans un monde où le prix du carburant et les coûts d’expédition sont élevés, il est

toujours aussi indispensable pour de nombreuses entreprises de mettre en place une stratégie de mondialisation. En définitive, il faut vous demander si vous pouvez vous permettre d’aller de l’avant… ou de ne pas le faire. Votre entreprise peut-elle appliquer avec succès une stratégie de mondialisation qui réduit au minimum les effets de la hausse du prix du carburant, ou cette hausse annule-t-elle les avantages possibles que peut offrir votre entreprise ? Il serait bien agréable de vivre dans un environnement économique stable pendant plusieurs années de suite. Comme la chose est impossible, nous devons continuer d’appliquer des stratégies qui sont dans l’intérêt de nos entreprises à long terme. Je crois sincèrement que les stratégies des PME canadiennes doivent tenir compte de la mondialisation. Le succès à long terme des économies québécoise et canadienne en dépend.

YANICK PAGÉ, GPC Conseiller en placement Vice-président Téléphone : 514-879-5182 yanick.page@fbn.ca

JACQUES P. BERTRAND Conseiller en placement Vice-président Téléphone : 514-879-2346 jacques.bertrand@fbn.ca

ROUXEL CHARBONNEAU, CFA Téléphone : 514-879-2240 rouxel.charbonneau@fbn.ca

1, Place Ville-Marie Bureau 2201 Montréal, Québec H3B 3M4 Sans frais : 1-800-361-8388 Télécopieur : 514-871-1496

MANON TREMBLAY Adjointe principale en placement Téléphone : 514-879-2401 tremblay.manon@fbn.ca BRIGITTE GERVAIS Adjointe Téléphone : 514-879-3883 brigitte.gervais@fbn.ca STÉPHANIE GIRARD Agent administratif stephanie.girard@fbn.ca

Notre mission consiste à mieux répondre aux attentes des gens fortunés en les assistant dans la gestion de leurs risques financiers. La financière Banque Nationale est une filiale en propriété exclusive indirecte de la Banque Nationale du Canada. La Banque Nationale du Canada est une société ouverte inscrite à la cote des bourses canadiennes.

PREMIÈRES EN ÉCONOMIE

l’étranger. Le développeur de logiciels ne devrait pas être trop touché par la hausse des coûts d’expédition, contrairement au fabricant de mobilier qui pourrait certainement avoir besoin de réajuster sa stratégie d’affaires en conséquence. La hausse du prix du pétrole justifie à merveille la thèse de la proximité. Le Mexique devrait susciter un intérêt des plus grands pour l’impartition de la fabrication des biens dont une part importante du coût provient du transport vers le marché cible, comme le matériel industriel lourd, les meubles et les vêtements. Si l’on suit le même raisonnement, les États-Unis devraient être plus attrayants comme marché d’exportation aux yeux du Canada. Malheureusement, le ralentissement de l’économie américaine réduit présentement la demande en biens et services. Une entreprise canadienne dont la stratégie de mondialisation repose principalement sur les États-Unis court le risque de passer à côté des moteurs actuels essentiels de la demande en Asie de l’Est, en Asie du Sud, en Amérique latine et en Europe de l’Est.


PREMIÈRES EN DROIT

FACILITER L’ACCÈS À LA JUSTICE :

une mission pour les avocats PA R M E DA N I ELLE FERRO N ASSOCIÉE BORDEN LADNER GERVAIS

Bien que la culture pro bono des avocats du Québec soit moins enracinée que chez leurs collègues des autres provinces, elle s’améliore. En voici quelques exemples. Un rapide tour d’horizon permet de relever bon nombre d’initiatives lancées par le milieu juridique et qui existent depuis un certain temps déjà. On pense, entre autres, au site Web de l’organisme Éducaloi, qui informe la population sur une variété d’aspects juridiques, au Salon Visez Droit du Barreau de Montréal, qui renseigne pendant quatre jours les visiteurs sur les droits et obligations de chacun, ainsi qu’aux différents programmes offerts par l’Association du jeune barreau de Montréal, notamment des cliniques de consultations juridiques gratuites. De surcroît, plusieurs bureaux d’avocats appliquent aujourd’hui des politiques internes concernant la prestation gratuite de services juridiques. Il est en effet évident que, dans certains cas, le 60 AUT O MNE 20 0 8 Premières en affaires

simple fait de refuser de représenter un client parce qu’il ne peut payer les honoraires irait à l’encontre des principes de justice sociale. Il a donc fallu trouver des solutions. Ainsi, de nombreux cabinets ont élaboré une pratique de services juridiques pro bono. Une fois son dossier accepté par le comité interne pro bono du cabinet, le client reçoit des services professionnels sans avoir à régler les honoraires. Les exemples de dossiers traités dans le cadre de telles politiques de services pro bono sont aussi nombreux que variés. Que l’on pense à des dossiers administratifs, comme la création et la constitution en personne morale d’une fondation canadienne dont l’objectif est de venir en aide aux enfants orphelins en Afrique, l’assistance à une organisation sans but lucratif pour renverser une décision en matière d’exemption de taxes foncières ou encore la représentation devant la Cour d’appel du Québec d’un bénéficiaire d’aide sociale qui conteste une décision administrative (c’est-à-dire qu’il conteste la décision de lui refuser certains bénéfices à la suite de la démutualisation de sa compagnie d’assurance-vie), ou bien à des dossiers

majeurs comme la représentation d’un individu condamné et incarcéré par erreur pendant une période de 15 ans pour un acte qu’il n’a pas commis, voilà autant d’exemples de dossiers traités gratuitement dans le cadre d’une telle politique de services pro bono. Cette pratique s’est tellement généralisée que le besoin de créer un organisme destiné à la vision pro bono s’est fait sentir au Québec. Ainsi, à l’initiative des cabinets québécois, la création de Pro Bono Québec est présentement envisagée par le Barreau du Québec. Il s’agirait d’un organisme à but non lucratif responsable de gérer la demande de services juridiques sans frais. Sa création faciliterait ainsi l’accessibilité à la justice. Des initiatives similaires ont déjà été mises sur pied en Ontario, en Colombie-Britannique, au Manitoba et en Alberta. Il y a donc, de toute évidence, des signes encourageants du côté du développement de la culture pro bono dans le milieu juridique québécois. Et il va sans dire que chaque avocat doit se sentir responsable d’assurer à tous l’accès à la justice.


L’ENVIRONNEMENT :

PREMIÈRES EN DROIT

MAIS À QUEL PRIX ? PA R M E N I CO L E T T E KOS T D E S È V R ES SECRÉTAIRE CORPORATIVE ADJOINTE, AFFAIRES JURIDIQUES, TRANSAT A.T. INC. CHARGÉE DE COURS EN DROIT INTERNATIONAL ÉCONOMIQUE, UQAM PRÉSIDENTE DU COMITÉ DES AVOCATS ŒUVRANT EN ENTREPRISE DE L’ASSOCIATION DU BARREAU CANADIEN

LA BOURSE DU CARBONE : LES ÉLÉMENTS ESSENTIELS QUE VOUS DEVEZ CONNAÎTRE La nouvelle Bourse du carbone à Montréal, appelée le « Marché climatique de Montréal », a officiellement commencé ses activités le 30 mai dernier après avoir reçu l’approbation de l’Autorité des marchés financiers. Mais comment une telle Bourse fonctionne ? Est-elle adaptée aux entreprises québécoises et canadiennes ? La Bourse du carbone dans le contexte des changements climatiques et du monde économique L’idée de créer des Bourses du carbone découle notamment du Protocole de Kyoto, adopté en 1997 sous l’égide de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Concrètement, le Protocole, entré en vigueur en 2005, prévoit en moyenne une diminution de 6 % des émissions de gaz à effet de serre (« GES ») de la part des États

parties d’ici 2012 par rapport à leurs émissions de 1990. L’objectif est différent pour chacun d’eux. En ratifiant le Protocole de Kyoto en décembre 2002, le Canada s’est officiellement engagé d’ici 2012 à réduire ses émissions de 6 % par rapport à celles qu’il émettait en 1990. Si certains pays comme la Suède, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont déjà réussi en 2004 à diminuer leurs émissions de 3,5 %, 14,3 % et de 17,2 %, respectivement, par rapport à leur niveau d’émission de 1990, les émissions au Canada pour la même période ont plutôt augmenté de 26,6 %. Force est donc de constater que la tâche s’annonce ardue pour le Canada. Le Protocole de Kyoto prévoit la mise en place d’un système mondial d’échange de droits d’émission de GES. Ainsi, les entreprises pourraient se faire imposer des quotas d’émission qu’elles devront respecter. Elles

auront le choix d’acheter des crédits ou d’investir dans des projets de réduction d’émissions de CO2 dans d’autres pays, dont les pays en développement. Ce marché d’échanges a rapidement été conceptualisé sous la forme de Bourses qui sont simplement des institutions qui permettent de réaliser des échanges de biens ou d’actifs, et d’en fixer le prix. Il s’agira soit de crédits « donnant le droit d’émettre du CO2 » ou encore de produits dérivés. Ce dernier créneau est celui que la Bourse de Montréal a choisi. Une tonne de carbone vaut environ 10 $ US au Canada et aux États-Unis – où il n’y a pas d’obligations de réduction contraignantes – et près de 25 $ US en Europe – où s’applique déjà ce type d’obligation. Au Canada, deux facteurs influeront sur le prix : l’offre et la demande, ainsi que l’imposition d’obligations contraignantes ou non.

AUT O M NE 2 008 Premières en affaires

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PREMIÈRES EN DROIT

Les prévisions de la Banque mondiale La Banque mondiale évalue actuellement l’activité sur le marché mondial des émissions de CO2 à près de 60 milliards de dollars. Ce montant devrait atteindre près de 100 milliards d’ici un an. L’objectif premier des défendeurs du Protocole de Kyoto est de forcer les entreprises à moderniser leur production ou leurs activités afin de générer moins de CO2, gaz dommageable pour l’environnement. Le fardeau financier lié à l’imposition de droits d’émission encourage l’investissement dans l’innovation technologique et la modernisation des installations. Une Bourse climatique à Montréal Le Marché climatique de Montréal est une coentreprise de la Bourse de Montréal et du Chicago Climate

Exchange, qui était jusqu’à présent le premier système de négociation de CO2 en Amérique du Nord. Ce marché met en place une nouvelle forme de produits dérivés que sont les contrats à terme. Chaque contrat à terme représente 100 unités de CO2 et chaque unité équivaut à l’émission d’une tonne métrique de CO2, comme le définit Environnement Canada. Les émetteurs pourront donc acheter ce type de crédit s’ils n’arrivent pas à respecter les quotas d’émission qui leur seront imposés. La Bourse garantira les contrats par l’entremise de la Corporation canadienne de compensation de produits dérivés. Toutefois, l’économie nord-américaine est-elle prête à compenser ou assurer les montants de plusieurs milliards de dollars qui seront en jeu ? C’est pourquoi les entreprises doivent se préparer sur deux fronts. D’abord, elles doivent évaluer l’impact

financier et les différents scénarios relativement à de futures obligations environnementales et la participation éventuelle à un marché tel que la Bourse climatique. Ensuite, elles devront mettre en place un plan efficace de gestion des risques afin de faire face à cette nouvelle réalité. Les entreprises soumises à des quotas devront donc décider lequel de ces choix est le plus avantageux financièrement : acheter des crédits – ou des contrats à terme – leur permettant ainsi de continuer à « polluer » ; ou s’engager dans un processus de modernisation de leurs usines ou encore de redéfinition de leurs activités de manière à les rendre moins « polluantes » afin d’éviter d’avoir à acheter de tels crédits. On constate à quel point il s’agit là donc d’un défi de taille non seulement pour les gouvernements, mais également pour les entreprises.

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PREMIÈRES EN DROIT

La responsabilité des multinationales et des chefs d’entreprises : UNE CONSÉQUENCE INATTENDUE DE L’INSTITUTION DE LA COUR PÉNALE INTERNATIONALE COMMENT LES COMPAGNIES OU LES CHEFS D’ENTREPRISES POURRAIENT ÊTRE TENUS RESPONSABLES DE GÉNOCIDES, DE CRIMES DE GUERRE ET DE VIOLATIONS MASSIVES DES DROITS DE L’HOMME ?

PA R M E ÉL I S E G RO U L X , A D. E . PRÉSIDENTE DE L’ASSOCIATION INTERNATIONALE DES AVOCATS DE LA DÉFENSE PRÉSIDENTE D’HONNEUR DU BARREAU PÉNAL INTERNATIONAL La Cour pénale internationale (la « CPI ») a été créée avec l’objectif essentiel de mettre fin à l’impunité des responsables directs ou indirects de génocides et de crimes contre l’humanité. Les acteurs de premier plan sont des leaders politiques et militaires, responsables de la planification et de l’orchestration des campagnes de terreur et de violence massive, menées contre des populations civiles. Dans ce système, cependant, le filet des poursuites peut être suffisamment large pour qu’on y trouve aussi des acteurs de soutien, tels que ceux qui ont incité à la haine, fourni des armes ou donné un soutien économique en achetant ou en favorisant l’exportation de ressources naturelles. La liste des personnes soupçonnées peut aussi inclure des propriétaires de stations de radio, des trafiquants d’armes, les partenaires d’affaires d’un

dictateur mis en accusation et parfois même des gestionnaires de grandes multinationales. Conçue pour poursuivre des individus et non des personnes morales ou des gouvernements, la CPI ne permet à personne de se cacher derrière le paravent de l’immunité. Les chefs d’entreprises, comme tous les autres individus impliqués de près ou de loin dans des crimes contre l’humanité, que cela soit comme complices ou acteurs de soutien, de par leurs activités économiques, risquent aujourd’hui de faire l’objet d’enquêtes et d’être poursuivis. Les multinationales ont déjà pris l’habitude d’intégrer les principes contenus dans les conventions internationales sur le travail, l’environnement ou les normes équitables de commerce dans le cours normal de leurs activités. Elles ont appris à composer avec les

mouvements altermondialistes et proenvironnementaux. Mais le monde des marchés et du commerce leur semble toujours très éloigné du chaos de la guerre. En effet, comment les compagnies ou les chefs d’entreprises pourraient être tenus responsables de génocides, de crimes de guerre et de violations massives des droits de l’homme ? Ils ne perçoivent pas le danger qui les guette, parce que personne n’ose vraiment imaginer que ce Rubicon sera un jour franchi. C’est le paradoxe de la situation judiciaire qui se profile. De nombreux exemples provenant d’autres instances judiciaires ayant servi de modèles à la mise en place de la CPI nous montrent clairement que ces scénarios sont possibles. Ainsi les procès de Nuremberg ont mis en cause 50 dirigeants d’entreprises pour crimes de guerre et génocide ; tous n’ont pas AUT O M NE 2 008 Premières en affaires

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PREMIÈRES EN DROIT

été condamnés. Parmi les entreprises soupçonnées, on a relevé des grands noms tels Krupp, IG Farben et Flick qui ont tous joué un rôle de premier plan dans le soutien de l’économie du régime nazi. C’est dans ce contexte international que l’ancien Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, a nommé John Ruggie à titre de Rapporteur spécial, responsable des questions liées au monde des affaires et des droits humains. M. Ruggie a décrit dans plusieurs rapports que les grandes entreprises et leurs dirigeants font face à une responsabilité croissante, en particulier dans les zones de conflits où se commettent les pires crimes internationaux et dont les acteurs principaux sont souvent financés par l’exploitation et l’exportation illégales de ressources naturelles. Les cas récents du Congo et de la Sierra Leone en sont des exem-

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ples percutants. Le dernier rapport de M. Ruggie, datant du mois de mai 2008, les met en garde contre les diverses formes de complicité qui les guettent et les menacent de manière réelle. Plus récemment encore, le 23 mai 2008, une initiative a été lancée à Londres sous le nom de Red Flags. Neuf drapeaux rouges y sont évoqués pour décrire des modes de comportement criminels précis. Ces drapeaux sont autant de signaux d’alarme qui visent à faciliter l’évaluation du risque de poursuites pour les multinationales. Outre ce qu’en dit M. Ruggie, il y a quatre signaux d’alarme ou considérations qui devraient inciter les multinationales et leur conseil d’administration à la plus grande réflexion et prudence. On rappellera d’abord la création de la CPI. Ensuite, on doit souligner le fait que les systèmes de droit nationaux montrent des signes évidents de res-

serrement à l’endroit du monde des affaires. Par ailleurs, on constate une présence croissante des organisations non gouvernementales qui militent en faveur d’une meilleure répression des crimes commis. Enfin, on doit mentionner que le droit civil américain, par le biais du Aliens’ Tort Claims Act ou ATCA, offre de nombreuses possibilités de poursuites et de recours collectifs aux groupes de victimes qui ne sont pas américaines, pour des torts subis à l’extérieur des États-Unis. Gare donc aux investissements dans des pays au régime corrompu ou à faible gouvernance, mais riches en ressources naturelles. Gare aussi à l’aveuglement face à des systèmes d’exploitation inhumains. La société civile et les ONG veillent au grain et soutiennent les poursuites quand elles ne les engagent pas elles-mêmes.

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UN RÔLE PARTAGÉ ENTRE LE GOUVERNEMENT ET L’ENTREPRISE

Aux prises avec un problème criant de pénurie de main-d’œuvre qualifiée, le Québec doit réagir.

Si le gouvernement a un rôle de premier plan en la matière, les entreprises québécoises doivent aussi déployer des trésors d’ingéniosité pour recruter, intéresser et fidéliser certains employés. P A R M E M A R I E - C L A U D E P E R R E A U LT, C R I A ASSOCIÉE LAVERY, DE BILLY Contrer le vieillissement de l’effectif Des mesures ont récemment été adoptées par le législateur pour freiner la pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Le projet de loi 68 sur la retraite progressive vise à maintenir plus longtemps en emploi des travailleurs expérimentés qui peuvent dorénavant se retirer de façon progressive tout en recevant une rente partielle de retraite, selon certaines conditions. Intéresser et fidéliser les nouvelles générations Ces dernières années, le législateur a mis en place plusieurs mesures visant à améliorer la qualité de vie au travail, composante tant recherchée par la nouvelle génération d’employés peu séduite par les seuls incitatifs financiers. La conciliation travail-famille, par exemple, a donné lieu à des modifications de la Loi sur les normes du travail. De même, y ont été insérés le congé pour le salarié en raison de maladie grave ou d’accident grave dont son enfant mineur est victime, la prolongation de ce congé à 104 semaines dans le cas

d’une maladie grave, potentiellement mortelle, le congé si un enfant mineur est victime d’un acte criminel, est porté disparu ou décède par suicide. Pareillement, le nouveau régime québécois d’assurance parentale, en vigueur depuis le 1er janvier 2006, illustre la volonté du législateur de traiter la famille et les besoins de la nouvelle génération parmi ses priorités. Accroître le sentiment d’appartenance Or, bien que le législateur ait fourni aux entreprises certains outils pour pallier le problème de la pénurie de maind’œuvre, les gestionnaires de ressources humaines doivent quant à eux se doter de mesures concrètes visant la rétention et l’intéressement de la maind’œuvre à long terme, en tenant compte des besoins propres à l’entreprise. À titre d’exemple, Mme France Lalonde, directrice des ressources humaines chez Bluewater Seafoods à Lachine, a stimulé le développement d’un sentiment d’appartenance chez une maind’œuvre peu qualifiée, à prédominance

féminine et multiethnique. Pour ce faire, l’entreprise s’est engagée à fond dans la campagne « Vaincre le cancer du sein ». Les activités organisées dans le cadre de cette campagne ont eu un effet mobilisateur et favorisé les échanges entre employés. Un comité d’entraide, répondant aux besoins identifiés par les employés eux-mêmes, a également été formé pour améliorer la qualité de vie dans l’usine, et des séances de formation ont été données dans le cadre d’une initiative de lutte contre la violence en milieu de travail. De plus, un programme de francisation a été mis en place permettant ainsi aux employés de mieux comprendre les attentes de l’employeur et de mieux communiquer entre eux. Ces mesures ont facilité l’intégration et accru le sentiment d’appartenance envers l’entreprise. Les entreprises doivent être à l’écoute des aspirations tant de la nouvelle génération que des nouvelles réalités ethniques. Elles doivent se doter de stratégies de gestion qui inciteront tant les jeunes employés que ceux sur le point de se retirer à y travailler et à y demeurer.

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PREMIÈRES EN DROIT

Retenir les employés :


PREMIÈRES EN ENVIRONNEMENT

ÉCOTACTIQUES : gestionnaires de projets verts UNE TOUTE AUTRE MENTA LITÉ

La théorie du JUST FOR NOW est révolue ! Que ce soit pour inspecter un bâtiment, soumettre une demande de financement auprès d’Hydro-Québec dans le but de rénover ou d’analyser l’efficacité énergétique d’un projet, Écotactiques peut s’avérer le partenaire idéal. Fondée en 2007 par trois jeunes dans la trentaine, Écotactiques est une entreprise de gestion et de consultation soucieuse de préserver l’environnement. Leur intérêt commun a toujours été le bâtiment et l’environnement. En rassemblant leurs énergies et leur génie, ils ont voulu réaliser leur rêve et leurs ambitions en fondant une entreprise socialement responsable. Ils ont commencé par accumuler des informations sur les écotechnologies. Ces connaissances leur ont permis d’établir les bases du travail à abattre. À force de discussions, ils ont ensuite formulé ce qui allait devenir Écotactiques : l’art du savoir vert jumelé à des stratégies du bâtiment durable. 66 AUT O MNE 20 0 8 Premières en affaires

PA R MI C H È L E B A Z IN

Hugo Lafrance en est le PDG. Il est gestionnaire accrédité LEED® alors que ses deux associés sont ingénieurs. Quand ils prennent en main un projet de bâtiment, ils peuvent HUGO LAFRANCE effectuer une analyse de faisabilité LEED ou appliquer le processus de conception intégrée. C’est un grand défi chaque fois. Il leur faut intégrer un ensemble de solutions de développement durable appliquées au projet en tant que système. Les recettes n’existent pas ; chaque projet est unique et réclame une solution adaptée. Souvent, ce sont les fabricants qui font appel à eux. Des propriétaires commerciaux recourent aussi à leurs services lorsqu’ils veulent changer leur façon de faire. Écotactiques intervient tant sur le plan de la préconception que celui de la consultation. « Il faut examiner les besoins du client pour s’assurer qu’il en a pour son argent tout en réduisant les impacts environnementaux », précise Hugo Lafrance. Acheter

des produits régionaux ou des produits faits à partir de matières recyclées sont des gestes incontournables pour tous ceux qui pensent développement durable : « Auparavant, les gens ne pensaient pas au long terme ; ils voulaient que ce soit construit pour le présent, ici et maintenant ! Aujourd’hui, on essaie de prévoir pour le long terme. Analyser le cycle de vie d’un projet et même penser à son recyclage quand il aura fait son temps. » Il faut savoir que plus de 35 à 40 % des déchets au Canada proviennent de la construction, d’où la nécessité de construire de manière responsable. La théorie du juste pour maintenant, just for now, est dépassée, révolue ! La politique verte appliquée par Écotactiques fait réfléchir. Il est facile d’adapter ces principes de base à notre quotidien. Que ce soit en matière de consommation d’énergie, de consommation d’eau, de qualité de l’air, de protection de l’atmosphère, d’aménagement paysager écologique, de design durable, de mobilier et produits de construction verts ou de produits nettoyants écologiques, n’oublions pas qu’être vert, c’est être civilisé. C’est être vigilant !


VIVRE EN

VER T

Entrevue avec Suzanne Deschamps, vice-présidente du développement immobilier et affaires juridiques du Groupe Pacific PA R M A D E L EIN E C H A M PAG N E Voilà une femme avec un teint de sportive, une allure d’enfer et des mains qui valsent lorsqu’elle discute. Née à Montréal, élevée avec amour par un triumvirat (la maSUZANNE DESCHAMPS man Marguerite, la grand-mère Kathleen et la tante Helen), elle est bilingue depuis sa tendre enfance. « Cette dualité linguistique m’a donné une grande force, affirme-telle. Étonnamment, ceci a aussi contribué à mon équilibre et m’a apporté une grande richesse. » Autre fondement de sa sérénité : ce choc qu’elle a eu lorsqu’elle a fréquenté l’UQAM. À la fin de son baccalauréat en droit, diplôme en poche, elle s’est dit : « Après tout ce travail, je savais désormais que je ne savais rien ! Je prenais enfin conscience de tout ce qui était impossible d’apprendre sur les bancs de l’école. » Comment est-elle arrivée en immobilier ? « C’est rarement un choix, avoue-telle. On tombe dedans un peu par hasard et, comme Obélix, on en reste imprégné pour la vie. » Certes, son passage à la direction de la Société de développement de Montréal (« SDM ») n’est pas étranger à son engouement pour l’immobilier, car l’aspect construction de son travail l’avait fascinée. « Que ce soit notre pyramide montréalaise qu’est la Place Ville Marie ou le Quartier international, de tels projets doivent sortir de la tête de quelqu’un pour ensuite être exé-

cutés à la perfection par divers corps de métiers. C’est exceptionnel ! » L’aspect urbanisme auquel la SDM l’a confrontée a aussi marqué son cheminement actuel. Elle en retient que « l’impact de l’organisation spatiale est vital pour une ville dynamique qui veut donner une place aux piétons et trouver les meilleures applications économiques et humaines pour un site, voire corriger et recoudre des plaies du passé, comme ce fut le cas pour le Quartier international. » « Disons-le, tout de go, l’immobilier est un milieu d’hommes, révèle-t-elle en souriant. C’est un milieu où on peut perdre ou gagner beaucoup d’argent ; un seul coup de crayon peut changer la valeur d’une propriété. Mais c’est aussi un milieu dynamique où, avant tout, il faut avoir de la vision… » C’est donc avec passion qu’elle s’y est engagée avec deux principes en tête : écouter les gens et écouter le génie du lieu. Suzanne Deschamps pilote depuis plusieurs mois un projet d’envergure pour le Groupe Pacific. Situé dans le secteur Meadowbrook, ce projet couvre une superficie totale de 57 hectares répartis dans les villes Côte Saint-Luc et Montréal (arrondissement Lachine) : « On envisage de le mettre en valeur en y construisant des habitations selon le concept “One Planet Living”, qui vise à promouvoir le développement durable et écologique, notamment par l’établissement d’un ensemble de collectivités durables partout dans le monde. » En résumé, leur programme est fondé sur dix principes : zéro carbone ; zéro dé-

chet ; transport en commun ; matériaux et denrées alimentaires durables ; respect de l’eau, du milieu naturel, de la faune, de la culture et du patrimoine ; équité et commerce équitable ; santé et bonheur. Et elle est fière d’ajouter que c’est la première fois qu’un tel projet est proposé au Canada. Ainsi, jamais l’axiome d’écouter le génie du lieu n’a été aussi pertinent. Suzanne Deschamps a d’ailleurs fait du respect des parties prenantes, du lieu et de l’environnement son mantra. « La croissance de la population est telle qu’il faut savoir vivre dans les villes et les maintenir vertes. Le paradoxe est celui-ci : pouvoir concentrer les habitants pour les loger tout en conservant les sites verts. Nous entendons attirer les gens par une nouvelle manière de vivre : des constructions vertes et très esthétiques de 1 000 ou 1 500 pieds carrés dans des espaces verts communs de plus de 50 acres. La partie n’est pas gagnée, mais que ce n’est qu’en discutant franchement avec les parties prenantes que l’on peut entreprendre un processus de développement vraiment durable. » D’ailleurs, l’écologie ne lui est pas étrangère. Lors du passage d’Al Gore dans la métropole québécoise en avril 2008, elle faisait partie des quelque 200 chanceux qui ont reçu une formation sur les changements climatiques. Tenace et avisée, Suzanne Deschamps est convaincue qu’elle mènera à bien son projet qui allie responsabilité sociale et rentabilité. D’ailleurs, elle croit qu’un jour ses deux filles, Rose et Anne, pourront vivre dans un tel projet. AUT O M NE 2 008 Premières en affaires

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PREMIÈRES EN IMMOBILIER

VIVRE EN VILLE


PREMIÈRES EN SANTÉ

COLOUR YOUR WORLD ˝C OL OU R IS A BA SIC H U M A N N E E D… L I K E F I R E A N D WAT E R , A R AW M AT E R I A L , I N DISPE NSA BL E TO L IFE .˝ F E R N A N D L É G E R , PA I N T E R ( 1 8 8 1 - 1 9 5 5 )

BY ARIÈLE M-ALI, PHT PRESIDENT MONTREAL HEALTH, FITNESS & LIFESTYLE SHOW A world devoid of colour would be a world devoid of life. Colour is ubiquitous, surrounding you wherever you go, stirring the senses and affecting the way you feel. Certain colours impart feelings of warmth and calm while others can leave you cold and nervous. Research into colour and its impact on our behaviour has yielded some interesting findings. Every colour has its own unique personality and effect on our emotions and the people around us. If you’re headed to an interview, a blue suit would be in order since the colour blue projects loyalty. Red, on the other hand, quickens the heart rate and breathing and should be avoided during negotiations and confrontations. Negotiations should also be avoided in yellow rooms since people tend to lose their tempers more often in them.

Your favourite colour(s) also gives insight into your personality and emotional state. 68 AUT O MNE 20 0 8 Premières en affaires

RED: The colour of love. Red stimulates the appetite and increases the heart rate, breathing and brain activity. Wearing red will get you noticed but it can also make you appear heavier. Your favourite? You are sexy, impulsive and quick to speak your mind. YELLOW: This cheerful, sunny colour stimulates the memory and enhances concentration (hence the yellow legal pad). Yellow, though cheerful in small amounts, can be overpowering if overused. People are more likely to be short-tempered in yellow rooms and babies will also cry more. Your favourite? You are a cheerful intellectual who looks to the future. GREEN: The most prevalent colour to be found in nature, green is soothing to the eye and lends a feeling of tranquility. “Green rooms” are popular on TV sets to help people relax. It is a favourite in hospitals for the same reason. Your favourite? You cherish stability and are affectionate and loyal.

BLUE: Often voted to be the most preferred colour, blue gives a sense of peace and tranquility. This colour lowers blood pressure and studies have shown that people are more productive in blue rooms. Your favourite? You enjoy life, are conservative and may find it difficult to release your emotions. PURPLE: This royal colour, in deeper shades, can be soothing and spiritual. Purple suppresses the appetite and since it is rare in nature can appear artificial. Your favourite? You are talented and artistic with a love of glamour and a bit of a temper. WHITE: The colour of purity and peace. This delicate, refined colour reflects light, helps to balance other colours and is popular in decorating and fashion spheres. Wearing white, however, can make you appear aloof and cold. Your favourite? You are a perfectionist, expecting the best from yourself and those around you.


COLOURFUL TRIVIA

RED is the colour of good fortune in China and is used for weddings and holidays.

The colour most commonly used in national flags is RED.

Most concert halls and theatres have a GREEN room where performers relax before taking the stage.

Temple floors in ancient Egypt were GREEN.

Public servants wore BLUE in ancient Rome and the colour is still popular today for the police and other public servants.

“Something borrowed something BLUE”. A bride carries or wears something BLUE on her wedding day for love. Leonardo da Vinci believed that meditating in the PURPLE light of stained glass increased the power of meditation tenfold.

Arièle M-Ali is the President of the upcoming Health, Fitness and Lifestyle Show which will take place at Place Bonaventure on February 20 – 22, 2009.

Cleopatra adored the colour PURPLE – 20,000 Purpura snails had to be soaked for 10 days to obtain one ounce of Tyrian purple dye!

The doors of traitors and criminals were painted YELLOW in tenth century France.

YELLOW is worn to celebrate the arrival of spring in India. A “WHITE knight” rescues the damsel in distress! In ancient Greece, WHITE was worn to bed in the hope of having pleasant dreams.

BLACK cats were believed to have divine powers by the ancient Egyptians. If your business is “in the BLACK”, you’re making money!

PREMIÈRES EN SANTÉ

BLACK: The colour of power and sophisticated authority. The classic little black dress is an eternal favourite for its ability to make you appear slimmer and elegant. All black ensembles, however, may make you come across as oppressive and aloof. Your favourite? You carry yourself with dignity though are inclined to hide your real personality and emotions.


P R E M I È R E S À L’ I N T E R N AT I O N A L

GILDAN :

UNE ENTREPRISE QUÉBÉCOISE SOUCIEUSE ET RESPONSABLE P A R Y S E U LT P I C A R D LA PLUPART DES ACTIVITÉS DE L’ENTREPRISE MONTRÉALAISE DE VÊTEMENTS DE SPORT GILDAN SE CONCENTRENT DÉSORMAIS AU HONDURAS ET AU NICARAGUA. EN SEPTEMBRE 2007, GILDAN Y EMPLOYAIT 79 % DE SES 15 000 EMPLOYÉS. Le programme de responsabilité sociale de Gildan est vaste et ambitieux. Sa directrice, Corinne Adam, se réjouit des progrès accomplis depuis sa mise en place progressive en 2003, lesquels sont d’ailleurs visibles, dit-elle, à tous les paliers de l’organisation. Le fabricant, propriétaire d’usines de filature et d’usines intégrées de fabrication de textiles et de couture en Amérique centrale et dans les Caraïbes, ainsi que d’usines de fabrication de chaussettes aux États-Unis et au Honduras, a des motivations claires : améliorer sa productivité tout en instaurant des pratiques de gouvernance d’entreprise qui sont responsables vis-à-vis les employés, les communautés et l’environnement. Dès le début des années 2000, Gildan a commencé à mettre en place des programmes de responsabilité sociale. « La pression exercée sur l’industrie du 70 AUT O MNE 20 0 8 Premières en affaires

textile au cours des années 1990 ainsi que les critiques rendues publiques à l’égard de Gildan à la suite de la fermeture de son usine d’El Progreso, au Honduras, ont accéléré l’application des différents programmes de responsabilité sociale de la Société », relate Mme Adam, à l’emploi de Gildan depuis 2006. En effet, en septembre 2004, la Société mettait à pied plus de 1 800 employés en fermant cette usine. Deux études indépendantes remettaient en doute son respect des droits des travailleurs, dont celui de la liberté d’association. Des pratiques reconnues Aujourd’hui, on peut presque dire que cela fait partie de l’histoire ancienne. Encore mieux, Gildan est devenue le premier fabricant de vêtements de sport de base à obtenir l’accréditation de la Fair Labor Association (« FLA »), organisme dont l’objectif ultime est d’enrayer les « sweatshops », ces ateliers de misère qui donnent une si mauvaise réputation au secteur du textile. « Dans tous les lieux où Gildan exerce ses activités, nos employés et nos sous-traitants doivent se conformer à notre code de conduite », assure Corinne Adam. Ce code énonce clairement la position de l’entreprise sur

plusieurs points, notamment le travail des enfants, le travail forcé, la rémunération, les heures de travail, le temps supplémentaire, la santé et la sécurité des employés, la liberté d’association, le harcèlement et les abus, les mesures disciplinaires et les cessations d’emploi, les mécanismes de plaintes, la grossesse et la discrimination. « Deux auditrices internes, une en Amérique centrale et une autre dans les Caraïbes, ainsi qu’une équipe affectée à la responsabilité sociale dans tous nos lieux de production, se rendent à n’importe quel moment dans les usines pour interviewer les employés, poursuit-elle. Des auditeurs externes mandatés par la FLA peuvent aussi visiter n’importe quand n’importe laquelle de nos usines pour les auditer sans que nous le sachions à l’avance. » Une fois le rapport d’audit étudié et discuté par les dirigeants des usines, des ateliers sont organisés afin d’identifier l’origine du problème lorsqu’il y en a un. « On doit aller au fond, pour obtenir des solutions durables. Tout est fait en parallèle avec la production, rien n’est retardé, tout ça est intégré », précise la directrice, qui dit bénéficier d’un grand respect et d’un soutien important de la part de ses patrons pour mettre en œuvre son plan d’action.


pération de la saumure qui pourra être réutilisée dans le processus. » Le système, dont l’efficacité des tests vient d’être approuvée, devrait être entièrement déployé d’ici à la fin de l’année dans les usines de Gildan au Honduras et en République dominicaine. Un parcours étonnant L’expérience de Corinne Adam dans le domaine de la responsabilité sociale est impressionnante. Avant de décrocher le poste de directrice chez Gildan, cette Française d’origine a travaillé comme chargée de programme au Cambodge et comme porte-parole pour le Comité international de la CroixRouge (« CICR »). Elle s’est rendue dans de nombreux pays en conflit pour aider à y rétablir les liens familiaux, évaluer les conditions de détention des prisonniers politiques, distribuer de l’aide humanitaire et rendre compte aux journalistes. En Colombie, où elle a travaillé en 1997 et 1998, elle assurait la coordination des activités de communication et de diffusion du droit international humanitaire entre les 25 bureaux du CICR et la guérilla, l’armée, la société civile, les ONG et les médias. Elle a ensuite été nommée porte-parole des régions de l’Asie et de l’Amérique du Sud pour le compte du CICR à Genève. Ce n’est qu’après une

année sabbatique, pendant laquelle elle a travaillé à une étude sur les conditions de travail dans le domaine vestimentaire pour le compte de l’ONG Vérité, qu’elle a décidé de se lancer à son compte comme auditrice sociale. Levi’s Strauss & Co. et McDonald’s étaient au nombre de ses clients. Depuis qu’elle s’est jointe à l’équipe de Gildan en 2006, elle travaille à ce que son entreprise respecte les standards les plus élevés en matière de responsabilité sociale. « Demain, je vais être en réunion au Honduras, dit-elle avant de se rendre à l’aéroport. C’est un travail que j’adore. Des bonnes pratiques, il y en aura toujours à mettre en place ! » La directrice se rend aussi régulièrement en République dominicaine, en Haïti et au Nicaragua où Gildan accorde une grande importance au respect des engagements qu’elle prend envers les communautés locales : « Nous sommes très proches des gens des pays dans lesquels nous produisons, et aussi, de manière géographique, de notre marché principal, les États-Unis. On peut ainsi livrer plus rapidement et profiter des accords de libre-échange. » En ce qui concerne le siège social de l’entreprise, on nous assure qu’il vient d’emménager dans de nouveaux bureaux à Montréal et ce, pour y rester !

P R E M I È R E S À L’ I N T E R N AT I O N A L

Récupérer et traiter Pour protéger l’environnement, d’autres pratiques et technologies sont mises en œuvre sous la gouverne de la directrice corporative de l’environnement. D’abord, l’entreprise a renouvelé, pour la quatrième année consécutive, sa certification Oeko-Tex Standard 100 pour toute sa gamme de vêtements de sport. Cette certification assure que le processus de fabrication et les textiles eux-mêmes ne posent aucun danger pour le corps humain. Aussi, depuis 2003, l’entreprise a instauré un code de pratiques environnementales qui lui permet de s’assurer qu’aucune des fournitures utilisées ne contient de substances dangereuses pour l’environnement. En tant qu’important consommateur d’eau, Gildan a choisi de se doter d’un système de traitement biologique des eaux usées, appelé Biotop. « L’eau circule à travers plusieurs bassins et, plus elle avance, plus elle se purifie, explique Mme Adam. Pour résumer simplement, on peut dire que ce sont des bactéries qui mangent les produits qui se trouvent dans l’eau. À la fin du processus, l’eau est propre. » Les opérations de teinture nécessitent également une quantité importante de sel : « En complément au Biotop, nous avons mis au point un système de récu-


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PREMIÈRES EN MODE

Une Wunjō*

MARIE SAINT PIERRE EST FASCINÉE PAR LES CHIFFRES. POUR ELLE, UN VÊTEMENT EST UNE ÉQUATION MATHÉMATIQUE, CAR IL NE SE TIENT PAS S’IL N’A PAS LA BONNE STRUCTURE.

PA R M A D E L EIN E C H A M PAG N E L’atelier de Marie Saint Pierre se situe sur la rue Saint-Ambroise, à deux pas du Canal Lachine, à Montréal. Des plafonds de 20 pieds procurent une impression de légèreté et des fenêtres immenses ornent les murs. Dans l’atelier, l’activité est incessante : des mannequins courent une jupe blanche sous le bras pendant que d’autres enfilent de petites robes noires. D’ailleurs, tout se joue en noir et blanc, déclinés autant de fois qu’un thème dans une fugue de Bach. Fidèle à sa palette, Marie Saint Pierre arrive vêtue d’un immense chemisier blanc neige au soleil, à la fois vaporeux, strict, princesse de Chine et militaire, du vrai MSP, pantalon noir, joues roses et teint de pêche.

Tout de go, elle aborde le sujet de la cause des femmes et de celle des enfants : « Je me sers de ma renommée pour donner un coup de pouce. » Ainsi, elle contribue, entre autres, à un organisme qui s’occupe de violence conjugale. De plus, depuis quelques années, elle contribue aux efforts de l’organisme Sous Zéro en confectionnant pour plus de 1 000 enfants défavorisés des habits de neige, des bottes et des moufles. Ces vêtements neufs sont remis discrètement à l’enfant par son professeur afin que l’enfant se sente respecté et valorisé. Selon elle, « les femmes en affaires doivent avoir un souci communautaire ». Dans ce milieu, la durée de vie d’un vêtement est souvent éphémère. Par ailleurs, il est très difficile de faire res-

* Wunjõ est la huitième rune du Futhark. Elle se traduit par « joie » et symbolise la joie, le bien-être, l’équilibre et l’harmonie. 72 AUT O MNE 20 0 8 Premières en affaires

pecter les droits d’auteur sur les œuvres créées. En conséquence, pour durer dans le métier, il faut une stratégie. Surtout, il faut un public cible et fidéliser sa clientèle. Voici son net/net : « Je me suis orientée vers la cliente intelligente, celle qui n’est pas prisonnière de toutes les modes de la planète. Je lui ai offert un vêtement intelligent, qui s’entretient bien, léger, souple et qui accompagne un corps en mouvement. La femme moderne doit pouvoir bouger, sans être restreinte. J’essaie de lui donner un produit qui trouve l’équilibre parfait entre fonctionnalité et esthétisme. » Elle ajoute : « Les femmes qui viennent chez moi n’ont pas à abandonner leur style, elles peuvent rester elles-


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MARIE SAINT PIERRE

Marie Saint Pierre a le souci du détail et ses clientes apprécient. Qu’elle s’assoit aux côtés de son patronniste, Patrick, ou qu’elle travaille sur un mannequin vivant, tout est pris en ligne de compte : les boutons, la garniture, les tissus, la finition. Le vêtement doit être beau : devant comme derrière. Avant la création, il y a tout un travail d’introspection. Marie Saint Pierre dessine tout le temps et partout. Elle travaille aussi pour son « bien-être » dans le sens étymologique du terme. Dubaï au loin, une prochaine collection à venir, Marie Saint Pierre ne manque pas de projets. « Parfois, conclutelle, ça semble bouger lentement, mais pierre par pierre, je bâtis ma vie. Elle me correspond et me fait grandir moi-même. »

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mêmes et se glisser dans mes vêtements avec leur féminité et leur langage. » Beaucoup d’aficionados l’ont compris. En effet, la griffe de Marie Saint Pierre est connue tant à Montréal, à New York qu’à Los Angeles. Sur un ton de confidence, elle avoue convoiter le marché de Dubaï. Elle aime beaucoup travailler au Québec, marché qu’elle juge accessible. Elle travaille avec sa sœur Danielle, son associée. Deux femmes… situation inusitée dans le monde de la mode qui demeure surtout un monde d’hommes. Danielle a un passé d’actuaire. Discipline éloignée de la mode peut-être, mais pas tant que cela. Les intérêts se recoupent. Marie Saint Pierre est fascinée par les chiffres. Pour elle, un vêtement est une équation mathématique : il ne se tient pas s’il n’a pas la bonne structure.


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LE CIRQUE DU SOLEIL

pionnier sur le terrain de la responsabilité sociale

PA R MI C H È L E B A Z IN

« Une étoile brille pour le Cirque du Soleil. Elle nous a beaucoup donné et elle peut nous offrir encore davantage. Partager cette étoile, c’est travailler avec amour et passion à bâtir un monde meilleur. » GUY LALIBERTÉ

Le Cirque du Soleil est précurseur en matière de responsabilité sociale non seulement au Canada, mais dans le monde. Il a élaboré une philosophie altruiste qui s’imprègne dans toutes les sphères de l’entreprise. « C’est dans le code génétique de l’entreprise, ça fait partie de l’ADN des employés », de préciser Agathe Alie, directrice des affaires publiques au Cirque du Soleil. Partout où il passe et partout où il s’est installé, le Cirque veut laisser une trace indélébile. Il prône l’action culturelle, certes, mais aussi l’action sociale, environnementale et la coopération

internationale. Il se veut un bon citoyen ! « Pas en distribuant des chèques, mais en bâtissant avec les gens des communautés qui deviennent nos partenaires, explique Agathe Alie. Nos employés ont tous en tête de pratiquer l’action directe et la responsabilité sociale. Dès le départ, nous n’avions pas le choix. Il fallait installer nos chapiteaux. Nous nous devions de rencontrer nos voisins, voir avec eux quels étaient les besoins afin de bien nous intégrer pour établir de bons rapports avec les différentes communautés. »

PHOTO LYNE CHARLESBOIS

ATELIER DE CIRQUE TENU DANS LE CADRE DU PROGRAMME D’ACTION SOCIALE CIRQUE DU MONDE

PHOTO JÉROME DUBÉ

BAC DE RÉCUPÉRATION DE MATIÈRES RECYCLABLES. LE CIRQUE DU SOLEIL RÉCUPÈRE, ENTRE AUTRES, LE PLASTIQUE, L’ALUMINIUM ET LE MÉTAL ET MET DES BACS DE RÉCUPÉRATION À LA DISPOSITION DES EMPLOYÉS. CES BACS ONT ÉTÉ DÉCORÉS PAR UN ARTISTE GRAFFITEUR DU QUARTIER SAINT-MICHEL, LÀ OÙ SE TROUVE LE SIÈGE SOCIAL INTERNATIONAL DU CIRQUE DU SOLEIL.

PHOTO ÉRIC PICHÉ

SIÈGE SOCIAL INTERNATIONAL DU CIRQUE DU SOLEIL À MONTRÉAL

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de 80 communautés, le Cirque a appris à composer avec la diversité culturelle, même au sein de l’entreprise où cohabitent plus de 40 nationalités, parlant plus de 24 langues. Tout un chacun est préoccupé par les valeurs que véhicule l’entreprise. « C’est souvent l’une des raisons qui les amènent à travailler chez nous d’ailleurs, mentionne Mme Alie. Ils viennent parce qu’ils sont sensibles aux valeurs, qu’ils sont à l’écoute, qu’ils n’ont pas de préjugés et qu’ils veulent travailler dans un secteur créatif qui se démarque. » Pour ne donner qu’un exemple, en Amérique du Sud, face aux conditions d’extrême pauvreté du personnel surnuméraire, les employés

du Cirque se sont ralliés pour améliorer les conditions de vie des gens avec qui ils allaient travailler. Aussi, le service Citoyenneté de l’entreprise a défini des paramètres précis et rigoureux qui permettent à l’entreprise de prendre les décisions les plus éclairées possible, que ce soit par rapport à ses partenaires, ses commanditaires, ses fournisseurs ou ses employés, et d’accomplir ensuite les gestes concrets qui s’imposent. Les projets retenus doivent évoquer les mots filtres « magie », « pérennité » et « développement durable ». C’est dans la logique des choses !

GUY LALIBERTÉ, GRAND PATRON DU CIRQUE DU SOLEIL, A CRÉÉ LA FONDATION ONE DROP DONT LA MISSION EST DE LUTTER CONTRE LA PAUVRETÉ DANS LE MONDE EN DONNANT À TOUS ACCÈS À L’EAU. WWW.ONEDROP.ORG

comme

L'égalité v a l e u r entrepreneuriale De plus en plus, les entreprises, leurs partenaires, les investisseurs et les gestionnaires qui se définissent comme socialement responsables inscrivent, parmi les valeurs et les principes qu’ils défendent, la question de l'égalité entre les femmes et les hommes. Le Québec est fier de pouvoir compter sur l’engagement de plusieurs de ses entreprises à promouvoir des comportements égalitaires et à œuvrer pour l’équité salariale, tout en offrant aux femmes une plus grande participation aux instances décisionnelles. Je salue également ces femmes qui ont pour dénominateur commun l’ambition et le courage de relever les nombreux défis auxquels elles font face. Au Québec, l’atteinte d’une véritable égalité de fait revêt une importance si grande qu’elle a récemment été inscrite dans le préambule de la Charte des droits et libertés de la personne. Notre gouvernement s’est donné plusieurs autres moyens de favoriser l’entrepreneuriat féminin et l’accession des femmes aux postes de pouvoir. La création d’organismes régionaux de soutien à l'entrepreneuriat féminin (ORSEF), le programme d’aide financière À égalité pour décider, le soutien apporté en vue de l’atteinte de la parité dans les conseils d’administration de 24 sociétés d’État sont autant d’exemples manifestes de cette volonté. Il reste cependant beaucoup de chemin à faire pour atteindre notre but, notamment dans les conseils d’administration des grandes entreprises privées, où le nombre de femmes progresse trop lentement. Aussi, grâce à la poursuite de l’engagement social des entreprises et à la détermination des femmes, nous participons ensemble, et concrètement, à bâtir une société sur la valeur fondamentale de l’égalité. La ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine,

Christine St-Pierre

PREMIÈRES EN RESSOURCES HUMAINES

Agathe Alie est au Cirque du Soleil depuis six ans. Depuis deux ans, elle agit à titre de directrice des affaires publiques et seconde le viceprésident du service Citoyenneté de AGATHE ALIE l’entreprise. Depuis 1989, le Cirque consacre 1 % de son chiffre d’affaires à des projets liés à l’action sociale. Il s’est donné pour mission d’aider les jeunes en difficulté, en particulier les jeunes de la rue. Déjà engagé dans plus

PHOTO JÉROME DUBÉ

STATIONNEMENT DE VÉLOS POUR LES EMPLOYÉS. PLUSIEURS EMPLOYÉS CHOISISSENT DE VENIR TRAVAILLER À VÉLO ET DEUX ESPACES DE STATIONNEMENT POUR VÉLOS SONT AMÉNAGÉS À CETTE FIN.


PA R J O H A N N E B ERRY

ILLUSTRATION GENEVIÈVE CÔTÉ

PREMIÈRES EN RESSOURCES HUMAINES

UNE ENTREPRISE RESPONSABLE RECRUTE MIEUX ! PRÉSIDENTE LES SERVICES DE PLACEMENT TÉLÉ-RESSOURCES Aujourd’hui, quand on se cherche un emploi, on ne pense pas qu’à travailler. On réfléchit à l’ensemble des répercussions que notre appartenance à une entreprise peut avoir sur chacun des aspects de notre vie. La vie personnelle et la vie de famille seront-elles respectées ? Souffriront-elles de la vie professionnelle ? Ces questions se posent naturellement. Mais encore, on souhaite que la vie professionnelle réponde aussi à nos valeurs profondes. Dans cette veine, les employeurs n’ont plus le choix. Pour recruter les meilleurs candidats, ils doivent apprendre à intégrer les principes de responsabilité sociale à leurs activités. Cette pratique améliore leur relation avec les employés, renforce leurs liens avec la collectivité et influence positivement leur image. C’est un secret de Polichinelle que l’intégration des principes fondamentaux par les entreprises est devenue le centre

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des préoccupations des chercheurs d’emploi. En fait, c’est un de leurs critères de base. Les employés ne veulent plus simplement travailler : ils veulent s’associer à une entreprise qui rayonne à l’échelle sociale et communautaire. Ils veulent être fiers de leur employeur. Dans de telles circonstances, ils offriront un meilleur rendement, seront plus motivés et auront à cœur la réussite de ses projets. L’employeur a lui aussi des standards de performance, de qualité et d’efficacité. Il doit pouvoir les atteindre avec la complicité des membres de son personnel. C’est ce qui doit inciter l’employeur à offrir un environnement de travail sain. Ces standards élaborés doivent être transmis par l’employeur et chaque membre du personnel doit pouvoir les connaître. Ainsi, l’employé sera davantage valorisé et motivé dans l’exercice de ses fonctions.

Aujourd’hui, les employés valorisent énormément le partage des compétences et de l’information. Plus ils seront informés sur l’entreprise, ses valeurs et sa mission, plus ils investiront temps et énergie. Les employés cherchent non seulement à faire partie de l’entreprise, ils désirent également contribuer à son évolution, à son rayonnement dans la collectivité. Dans le meilleur des mondes, ils veulent en devenir des partenaires. S’ils ne retrouvent pas ces composantes, ils ne trouveront pas de satisfaction professionnelle, ce qui pourrait se traduire par un manque de sentiment d’appartenance à l’entreprise, et subséquemment par la recherche d’un autre emploi. Bref, les entreprises et les collectivités qui négligent les aspects sociaux et environnementaux risquent de perdre leurs chances d’attirer les meilleurs employés et par ricochet de nombreux clients.


PREMI ÈRES E N A I D E HUM A NI TA I RE

LE BÉNÉVOLAT QUI PAIE ! PA R M A D E L EIN E C H A M PAG N E

Bénévoles d’affaires : bon pour le cœur et bon pour les affaires ! M A R I E-PI ER R E DU FORT

&

UG O DION N E

Ugo Dionne, avocat de formation, président de Synesis et ancien président de la Jeune Chambre de commerce de Montréal, voulait trouver un outil de réseautage innovateur lui permettant d’échapper aux 5 à 7, kir et Campari Soda ! Il s’est donc allié à Marie-Pierre Dufort, ergothérapeute, titulaire d’un MBA et cofondatrice de Synetik conseil. Ensemble, ils ont fondé Bénévoles d’affaires, un organisme qui offre gratuitement un service de jumelage entre les bénévoles du milieu des affaires et les organismes à but non lucratif (« OBNL »). La raison d’être de Bénévoles d’affaires est d’alimenter l’engagement bénévole de la communauté des affaires tout en offrant aux OBNL des ressources et des compétences qui peuvent faire une différence. Les professionnels sont jumelés en fonction de leur domaine d’expertise et de leurs intérêts, et ils peuvent être amenés, par exemple, à faire partie d’un conseil d’administration, à élaborer un plan de marketing ou à partager leur savoir-faire technique. Un partenaire financier témoigne de l’impact positif de Bénévoles d’affaires : « Ce projet nous est apparu, dès le départ, comme étant une idée tout à fait géniale ! Jumeler des bénévoles

potentiels à des organisations qui ont des besoins grandissants permet à ces organismes de bénéficier d’un savoirfaire complémentaire, et aux bénévoles de jouir d’une expérience ciblée et enrichissante. Le résultat : tous en ressortent gagnants. » Ugo Dionne assure d’ailleurs que Bénévoles d’affaires permet un réseautage profond et humain, et que les liens qui se tissent entre les divers partenaires n’ont pas d’égal. Selon lui, c’est bon pour le cœur et bon pour les affaires ! Quant à Marie-Pierre Dufort, elle voit l’impact de son projet de cette manière : six heures de réseautage avec Bénévoles d’affaires en valent douze passées dans un cocktail ! Les deux cofondateurs ont d’ailleurs été honorés pour leur créativité et leur altruisme : ils ont reçu, en 2007, le prix Hommage bénévolat-Québec remis par le gouvernement du Québec. Et leur projet est en plein essor : il y a déjà plus de 500 bénévoles inscrits et de ce nombre, 49 % sont des femmes et 51 %, des hommes. L’an dernier, plus de 150 jumelages ont été couronnés de succès. Comme quoi plusieurs ont compris que le bénévolat pouvait être très payant !

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PREMIÈRES EN RESSOURCES HUMAINES

Êtes-vous ? ? responsable PA R N AT H A L I E F R A N C I S C I , A D M . A , C E H A PRÉSIDENTE VÉNATUS CONSEIL Ça dépend, me répondrez-vous ! Et de quelle responsabilité s’agit-il ? Aujourd’hui, la notion de responsabilité a dépassé largement le cadre du travail ou de la famille pour éveiller et orienter notre conscience vers les autres. D’autres pays, d’autres peuples, d’autres cultures sont touchés par nos pratiques et il est de notre devoir de veiller à ce que nos comportements ne nous nuisent pas au même titre qu’ils ne nuisent pas aux autres. Nos enfants sont désormais sensibilisés dès leur plus jeune âge aux conséquences de leurs gestes. On leur apprend à l’école à adopter une attitude responsable face à la consommation et à l’environnement. Nous développons de futurs adultes responsables ! Pourtant, pendant que nos enfants nous dictent la façon de traiter nos déchets, de recycler, d’acheter des produits locaux sans OGM ou encore des chaussures qui ne sont pas fabriquées par des enfants, nous, les adultes, sommesnous vraiment aussi concernés qu’eux ? La responsabilité au travail Une attitude responsable au travail est une attitude engagée et impliquée. C’est là toute la différence entre un employé qui prend son travail à cœur et cherche à bien faire, et celui qui fait du présen-

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téisme, c’est-à-dire être là sans y être. Bien sûr, vous allez me répondre qu’il revient au patron de motiver ses troupes, mais il appartient aussi à tout un chacun de se prendre en mains. Posez des questions, soyez alerte, ne tenez rien pour acquis et soyez proactif, que ce soit envers vos collègues, vos supérieurs ou une tierce personne. Surtout, sachez vous remettre en question. En procédant à votre propre examen de conscience sur la qualité de votre rendement, vous saurez détecter ce qui ne va pas ou ce qui ne va plus… et ainsi prendre les devants. La responsabilité envers l’environnement Je sais que vous faites bien des efforts à la maison. C’est vous qui sortez les bacs verts tous les lundis matins. Une fois arrivé au travail, pourquoi ne pas continuer ? Demandez des bacs à recyclage, les sociétés de gestion immobilière vous les fourniront sans rechigner et… utilisez-les ! Si, à l’heure du dîner, vous achetez des repas déjà préparés, optez plutôt pour les commerces qui n’utilisent pas les fameux contenants en styromousse ou mieux, apportez votre lunch ! Une fois sorti de votre bureau, éteignez la lumière. Prenez le métro quand vous le pouvez. Non seulement vous ferez un geste utile, mais

vous pourrez également faire faire des économies à votre employeur et à votre tirelire ! La responsabilité envers les autres Face à l’altruisme, tous ne sont pas égaux. Pas la peine de vous culpabiliser si vous ne consacrez pas tous vos revenus et votre énergie à une fondation ou à une cause. Choisissez-en juste une ! Une qui vous touche et qui vous donne le goût d’y accorder un peu de votre temps. Offrez vos compétences que ce soit pour une collecte de fonds (vous avez un bon réseau ? Pourquoi ne pas l’utiliser, d’autant plus que cela pourrait vous donner la possibilité de le développer) ou pour organiser un événement où vous pourriez réunir vos collègues. Chaque année, pour une bonne cause, des entreprises rassemblent leurs employés pour courir, marcher, relever des défis sportifs ou culturels. Non seulement elles contribuent à faire avancer cette cause, mais elles en tirent en plus des bénéfices en matière de gestion et de leadership et font évoluer notre société. C’est aussi offrir à des employés la chance de se démarquer en dehors de leur travail et aux gestionnaires, l’occasion de repérer des talents jusqu’à alors inexploités ! Alors, qu’allez-vous faire demain ?


PREMI ÈRES E N A I D E HUM A NI TA I RE

Seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin !

Portrait de Monique Lefebvre

PA R M A D E L EIN E C H A M PAG N E

ALTERGO REJOINT PLUS DE 150 000 PERSONNES DE TOUS ÂGES ATTEINTES D’UNE DÉFICIENCE AUDITIVE, INTELLECTUELLE, PHYSIQUE, PSYCHIQUE OU VISUELLE.

Parce qu’elle a grandi avec une mère pourvue d’un seul bras et un père ayant également un handicap, la petite Monique s’était juré qu’un jour, elle les aiderait à ouvrir des portes. Les handicaps de ses parents semblent bien mineurs aujourd’hui mais, à l’époque, ils suscitaient des réactions particulières. Ainsi, lorsque sa mère faisait les courses, des enfants lui donnaient parfois des sous comme si elle était une mendiante. Monique Lefebvre s’empresse d’ajouter que c’était fait sans malice et que sa mère, très positive et dynamique, accueillait le geste de manière gracieuse. Mais Monique s’en souvient et déjà à cet âge elle désirait ardemment changer l’image qu’on se faisait d’une personne handicapée. En 1984, elle a fondé et dirigé le Défi sportif des athlètes handicapés. Cet événement sportif international regroupe 2 800 athlètes des cinq types de déficience et exige la participation d’au moins 800 bénévoles. Une fois son diplôme en technique diététique terminé et des études à l’Uni-

versité de Montréal par cumul de certificats en gestion d’entreprise, relations publiques et loisir achevées, Monique Lefebvre devient la directrice générale d’AlterGo, une association pour le loisir des personnes handicapées à Montréal. À ce titre, elle assume la gestion de cette association dont le budget annuel avoisine les 2 millions de dollars. Dès le départ, elle compte sur des partenaires pour mener à bien sa barque : Bruno Riverain de la Caisse centrale Desjardins, et pendant trois ans Raymond Bachand qui était chez Métro à l’époque. Son mantra : seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin. C’est une femme dont la voix est pleine de sourires et dont les employés ne disent que du bien. Les qualificatifs tenace, rigoureuse et pragmatique reviennent dix fois plutôt qu’une dans leur conversation. Le maire de Montréal, M. Gérald Tremblay, lui a récemment remis le Prix Thérèse-Daviau, hommage destiné aux Montréalais qui contribuent à l’amélioration de la qualité de vie de la ville.

DÉFI SPORTIF © JEAN-BATISTE BENAVENT

MONIQUE LEFEBVRE

CHANTAL PETITCLERC

En l’espèce, Monique Lefebvre a su faire en sorte qu’on porte un regard nouveau sur les personnes handicapées. Que retient-elle de ce contact depuis toujours avec les handicapés ? Dans un éclat de rire, elle répond : « Leur sens de l’humour ! Ce sont des gens qui ne s’apitoient pas sur leur sort. Puisqu’ils ont franchi un obstacle important, ils profitent pleinement de la vie. »

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UN HO M M E ET S O N TA B L EA U

L’harmoniseur Le mot n’existe pas, mais au terme d’une entrevue conviviale destinée à découvrir l’amateur d’art en lui, Jacques Ménard s’est révélé sous les traits d’un harmoniseur. La conversation roulant sur les chemins de traverse qui jalonnent sa carrière, il devint clair que l’homme s’y connaissait dans l’art de pacifier les adversaires, de proposer des fusions avantageuses à toutes les parties, de se prêter au mentorat auprès de jeunes de divers milieux, de même que dans l’art d’adopter des causes tout à fait étrangères à ses fonctions et de se plaire dans la recherche de solutions concrètes. E N T R E V U E A V E C

JACQUES MÉNARD PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL BMO NESBITT BURNS PAR HÉLÈNE-ANDRÉE BIZIER

L’un des bureaux de ce banquier, gestionnaire et administrateur, est situé avenue McGill College, à Montréal. Dans la salle d’attente, un tableau grand format signé Corno domine et éclipse les œuvres qui le côtoient, dont un paysage monochrome de la Canadienne Dorothy Knowles. C’est de Corno dont nous avons convenu de parler. Et du flamboyant visage de femme qu’elle a peint et qu’il a désigné pour être l’œuvre phare de son environnement professionnel. Jacques Ménard le dit d’emblée : il est impressionné par le geste énergique et assuré de cette artiste que New York a consacrée. Johanne Corneau lui a été présentée par sa fille Valérie qui séjournait dans la Grosse Pomme il y a quelques années. Depuis, elle fait partie des amies de la famille. Jacques Ménard est né à Chicoutimi ; Johanne Corneau aussi. Elle est déterminée et passionnée ; il l’est aussi. En moins de 15 ans, elle a su étendre son rayonnement jusqu’au Japon. Lui, 35 ans après être entré chez Nesbitt Burns, peut se réjouir de l’expansion internationale de cette entreprise, dont

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le nombre d’employés culmine autour des 35 000 ! Qui dit mieux ? Le PDG réserve son admiration pour Corno. Il ne la désigne que par son prénom. Ainsi souligne-t-il « l’audace de Johanne » qui, en 1992, après un début de carrière montréalaise couronnée de succès, décide de se redécouvrir et de se redéfinir dans la Grosse Pomme. La suite de l’aventure de Corno, en quête de reconnaissance internationale, est connue. La première année à New York est difficile. À la recherche de balises, d’amis, d’argent, elle galère, regrette son confort et s’en plaint ouvertement jusqu’au jour où elle choisit de se concentrer sur son art. Elle s’installe et s’ajuste. Elle profite goulûment du contexte, de la folie de la

ville et des amitiés riches, mais éphémères, qui y germent. Johanne Corneau bouge : elle sort, s’imprègne de l’environnement humain puis, obéissant à son rythme, s’enferme plusieurs jours de suite dans son atelier, tirant de ces exils en elle-même des tableaux qui frappent. Les corps ou les portions de corps d’hommes et de femmes qu’elle crée ont une dimension unique. Au début des années 2000, la critique et le public s’emballent simultanément. L’art figuratif puissant, viscéral, dramatique, fantasmatique et libre de Corno devient une signature fétiche. Et, quelque part, à Montréal, un ami et ses proches ne cessent de vanter la petite fille qui a fait beaucoup de chemin depuis qu’elle a pris son envol de Chicoutimi.

HONG KONG, FÉVRIER 2008 : Quelques minutes après l’inauguration de la première exposition des toiles de Corno dans cette ville, la vingtaine de toiles avaient trouvé preneur. Fourchette des prix : de 20 à 50 mille dollars l’unité, selon le format.

UN HO M M E ET S O N TA B L EA U

L’ART FIGURATIF PUISSANT, VISCÉRAL, DRAMATIQUE, FANTASMATIQUE ET LIBRE DE CORNO DEVIENT UNE SIGNATURE FÉTICHE.


A CT I O NNA I RES M I NO RI TA I RES

« Il n’y a rien de mieux que de pouvoir partager son bonheur et de pouvoir aider quelqu’un, tout en ayant du plaisir à le faire. » PA R C A MIL L E E T S A R A De nos jours, l’engagement social se voit sous différentes formes et à tous âges. On remarque qu’il est difficile pour la grande majorité des gens de prendre l’initiative alors que pour d’autres, c’est tout naturel. Marie-Pier Dumas, étudiante en psychologie et amie de longue date, nous a entretenues à ce sujet. Elle est une personne exemplaire qui a su diversifier ses activités. Elle a d’abord effectué, par le biais de son école, un stage de coopération à Cuba où elle a pu vivre un échange interculturel. Elle a aussi été bénévole pour l’Hôpital Sainte-Justine, à la joujoutech, en salle d’urgence, puis dans les chambres pour s’occuper des enfants. Dans le but d’observer et de mieux comprendre le commerce équitable, elle a visité une coopérative de ce genre au Nicaragua dans le cadre d’un autre stage. De plus, elle a participé à l’organisation d’un souper équitable au restaurant Robin des Bois afin de pouvoir aider les gens de la rue.

MARIE-PIER DUMAS LORS D’UN STAGE DE COOPÉR ATION AU NICAR AGUA.

82 AUT O MNE 20 0 8 Premières en affaires

Marie-Pier nous explique que chaque expérience lui apporte quelque chose de différent. Pour elle, avoir eu la chance d’endormir un bébé malade pour la première fois reste un moment marquant. Elle considère qu’il n’y a rien de mieux que de pouvoir partager son bonheur et de pouvoir aider quelqu’un, tout en ayant du plaisir à le faire. Elle trouve très important le fait d’être engagée socialement. À tous ceux qui hésitent, Marie-Pier vous dit ceci : « Essaie ! S’inscrire, c’est le premier pas. Ce sera le début d’une belle aventure. »

Vas-y, fonce !



Le meilleur moyen de planifier l’avenir est de bien gérer le présent.

Ne laissez rien au hasard dans votre entreprise. Planifiez votre relève. Parlons-en.

Yves Bonin 514 205 5220 www.pwc.com/ca/pcs

Services aux sociétés privées

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