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Commémoration des combats de la Malmaison
Dimanche 23 octobre 2022, à Villefranche-sur Mer, l’amicale nationale du 22e BCA a pu, de nouveau, commémorer cet évènement pour le 105e anniversaire des combats de la Malmaison qui se déroulèrent du 23 au 25 octobre 1917 et au cours desquels se sont particulièrement illustrés nos deux bataillons villefranchois, les 24e et 64e BCA. La dernière commémoration remonte en effet au 20 octobre 2019, début de la pandémie liée à la Covid 19… Après un déplacement en cortège de l'esplanade de la Citadelle (superbement rénovée ainsi que ses abords) jusqu'à l'église Saint-Michel, les participants ont assisté à 10h à l’Office religieux célébré par le père Irek Brach, avec toujours son franc-parler et beaucoup d’humour ! A l’issue, retour en cortège avec la présence des porte-drapeaux et fanions et des élus jusqu'au jardin des Chasseurs où se trouve le monument du 24e BCA pour les dépôts de gerbes, et où les attendait la fanfare de Villefranche pour rythmer la cérémonie. Le Lieutenant-colonel (h) Jean-Pierre Martin, président de notre amicale, après avoir fait procéder à la levée des couleurs, a déposé une gerbe aux couleurs du 24 accompagné du lieutenant-colonel (h) Georges Trémoulet (vice-président et chancelier) après celle du Souvenir Français et avant celle de la municipalité déposée par Maître André Bezzina, accompagné de Gaëlle Frontoni, vice-présidente du Conseil départemental. Après la Sonnerie aux morts suivie de la minute de silence et de la Marseillaise les autorités ont salué les porte-emblèmes : Fabrice Ghérardi avec le drapeau du Souvenir français, Alain Barale avec le fanion du 22e BCA, Jacques Bonavita avec celui de la Sidi-Brahim et Valerio Baroncini, président des Alpini de la Côte d’Azur avec celui de son association. Puis c’est derrière la fanfare de Villefranche jouant le Téméraire que le cortège s’élança pour rejoindre la 1ère cour de la Citadelle afin d’y poursuivre la manifestation. André Bezzina, 1er adjoint représentant le maire Christophe Trojani, prit la parole pour analyser avec beaucoup de réalisme la situation internationale peu réjouissante, suivi par notre président qui, contrairement à l’habituel récit des combats de la Malmaison, préféra y substituer un parallèle entre la 1ère Guerre mondiale et les inquiétants évènements actuels suite à l’agression de l’Ukraine par la Russie et autres conflits qui se déroulent dans divers points de la planète. Après son discours très applaudi (que vous pourrez découvrir ci-après), suivi par celui de Gaëlle Frontoni, il fut procédé à la distribution de cadeaux aux autorités présentes : Me André Bezzina, Gaëlle Frontoni (CD 06), Guy Pujalté représentant le maire de
Beaulieu, sans oublier Caroline Payan, nouvelle responsable du protocole de la municipalité de Villefranche/Mer. La famille d’un ancien du 22 a fait le déplacement tout exprès du Var pour offrir à l’amicale un cadre contenant un « Certificat de Bonne Conduite » : le Lieutenant-colonel Parisot, commandant le 22e BCA, certifie que le 2ème classe Ferrari Georges (classe 53/2), né le 13 mai 1932 à Nice, département des Alpes-Maritimes, a tenu une bonne conduite pendant tout le temps qu’il a passé sous les drapeaux et qu’il a constamment servi avec honneur et fidélité. A Nice, le 12 février 1955. Signé : Parisot. Grand merci à Madame Sandrine Chrétien de nous avoir fait connaître le papa de cet ancien chasseur ! Ensuite, pour remercier tous les participants, musiciens et organisateurs de leur présence il fut offert à chacun une médaille fabriquée à la demande de l’amicale en 2017, pour le centenaire des combats meurtriers de la Malmaison au cours desquels 17 officiers et 450 chasseurs des 24e et 64e BCA sont morts pour la France. Un apéritif convivial offert par la municipalité clôtura cette belle matinée. Puis un petit groupe d’amicalistes décida de prolonger ce moment d’amitié en déjeunant ensemble et se retrouvèrent sur le port au restaurant Le Cosmo pour y déguster en terrasse d’excellentes moules-frites ou autres spécialités. Tout cela dans une ambiance animée, avec entre autres la présence de notre délégué pour l’Italie Gianluca Ciceri, venu tout spécialement de la région de Rome (Il chante fort bien !! ). Et un nouvel adhérent va grossir nos rangs : présent au restaurant, à la vue des uniformes de chasseur et de nos « tartes », il est venu spontanément solliciter de nous rejoindre, en sa qualité d’ancien du 19e BCP… Ce fut décidément une très belle journée, d’autant que le soleil était aussi de la partie !
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Georges TREMOULET
Photos : Christine TREMOULET
Lien pour voir l’album photo : https://photos.app.goo.gl/7cjkHpQTkpkm59M76
Le 3 août 1914, une grande puissance européenne, le Reich allemand, agressait une petite nation limitrophe, la Belgique. Ce fut le déclenchement de la première guerre mondiale, l’une des plus grandes catastrophes de l’histoire humaine. Le 24 février 2022, une grande puissance européenne, la Russie, agressait une petite nation limitrophe, l’Ukraine. Et jusqu’à présent, nucléaire oblige, le conflit est resté dans des limites régionales. Pour combien de temps ? Comparaison n’est pas raison, et les situations historiques ne se reproduisent jamais à l’identique. Pour autant, devrait-on s’interdire de prolonger le parallèle ? Aucun des acteurs de 1914 n’avait voulu la Grande Guerre. On se souvient de l’imploration du chancelier Bethmann-Hollweg : « Je n’ai pas voulu cela », à laquelle fera écho, vingt-cinq ans plus tard, la même phrase prononcée par Adolf Hitler en 1939. Et de fait, les fauteurs de guerre ne mesurent jamais les désastres dont ils seront tenus pour responsables. Ce sont des somnambules, comme le titre éloquent du livre de Christopher Clark, à propos de l’été 14. Croyant convoiter des bénéfices territoriaux, économiques ou politiques à peu de frais, ils déclenchent comme Prométhée une mécanique qu’ils seront incapables de maitriser et qui conduira à la ruine et au désastre généralisé. Quand on songe que des responsables russes envisagent sans sourciller de faire appel au feu nucléaire pour compenser les déboires de leur armée d’incapables et de corrompus, on mesure le gouffre qui se creuse devant nous, et qui aboutirait, si on les écoutait, à la destruction de l’humanité. Il est toujours très périlleux de confier des pouvoirs aussi exorbitants à un homme seul, un homme dont l’ubris et la paranoïa ne sont contenues par aucune limite institutionnelle. Si les démocraties sont peu belliqueuses, ce n’est pas que leurs dirigeants soient nécessairement meilleurs que les autocrates ; c’est d’abord parce que leur autorité est limitée par de nombreux contre-pouvoirs, dont le plus incontournable est le peuple. Car c’est le peuple qui fait la guerre, mais il est bien rare qu’il en soit l’initiateur. Il la subit ; il ne la provoque que peu souvent.
1914. Ce cataclysme a frappé une Europe en pleine expansion, prospère, et dont la civilisation irradiait dans le monde entier. On pouvait s’y déplacer sans passeport, en toute liberté, on y commerçait. Rien ne justifiait ce suicide collectif, pas plus l’Alsace-Lorraine que la BosnieHerzégovine. Nous avions pensé naïvement que le spectre de la guerre appartenait définitivement à notre passé, et qu’elle avait désormais choisi pour théâtre quelques nations exotiques, dont on découvrait l’existence en ces circonstances. Entre gens civilisés et éclairés comme nous, Européens, cela ne pouvait plus se produire. Prenons garde au retour de l’histoire. Souvenons-nous que l’histoire est tragique, et qu’elle s’est écrite à coup d’épée. « Ce sont les hommes qui font l’histoire, mais ils ne savent pas l’histoire qu’ils font. » Nul homme, aussi éclairé fût-il, ne peut mesurer les conséquences de ses actes, et cela d’autant plus qu’il exerce de plus hautes responsabilités. Ce devrait être le rôle de son entourage, et de l’opinion, de lui fixer les limites de son action. Mais qu’en est-il quand le dirigeant est seul, et que son opinion ne pèse pas ? Face à un despote qui menace nos libertés, notre identité, notre souveraineté, tergiversations, compromissions, concessions n’ont pas leur place. À la force on ne peut répondre que par la force, en méditant l’adresse cinglante adressée par Churchill aux parlementaires britanniques après la signature des accords de Munich : « Vous vouliez la paix au prix du déshonneur, vous aurez le déshonneur et vous aurez la guerre. » Il est pourtant un garde-fou efficace à l’action ─ ou à l’absence d’action ─ de nos décideurs, pour peu qu’on possède suffisamment de culture pour s’y appuyer. C’est la connaissance de l’Histoire. L’Histoire ne nous dicte pas forcément la voie, mais elle nous signale les impasses, comme les panneaux de circulation. Elle nous explique que si tout n’est pas certain, tout n’est pas possible. En ce jour de commémoration des combats de la Malmaison, épisode mineur de la grande boucherie de 14-18, souvenons-nous du prix du sang, du sang sacrifié pour rien, des jeunes vies fauchées à la fleur de l’âge, et ne demandons pas pour qui sonne le glas, il sonne pour nous tous.
Lieutenant-colonel (h) Jean-Pierre Martin