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DESIGNER

En 1990, Benoît Lalloz fonde Act Espace pour créer des scénographies et des mises en lumière pour les musées. En 1996, il se lance dans la création de luminaires pour la RATP et engage des collaborations avec des artistes pour intégrer de l’éclairage dans leurs œuvres. Depuis 2014, le travail de Benoît Lalloz évolue et son studio collabore avec de grandes maisons de mode pour mettre au point des solutions d’éclairage adaptées à la spécificité de chaque projet et habiller des lieux emblématiques.

La lumière dans l’espace

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Quel est votre rapport à la lumière? La lumière a commencé à prendre de l’importance à l’adolescence. En internat, j’ai passé une grande partie de mon temps dans les clubs photo et cinéma. J’ai beaucoup appris en travaillant sur des tirages de photos argentiques et en visionnant un très grand nombre de films en noir et blanc. Le travail sur les nuances des blancs et les dégradés de gris sur les photos a participé à mon apprentissage et a éduqué mon regard. Chaque matière génère une réflexion qui lui est propre. L’éclairage des espaces, le confort visuel et la vision du luminaire lui-même sont les trois points à prendre en compte lors de la réflexion sur un projet.

Comment abordez-vous la conception d’un luminaire? Tout commence par un scénario dans mon esprit. Il s’agit souvent d’une idée de voyage dans l’espace ou inspiré de l’univers de science-fiction. Un luminaire, c’est un personnage qui joue un rôle dans cette histoire. C’est toujours l’effet de la lumière dans l’espace qui guide mon choix. Une fois le luminaire dessiné, nous réalisons des hypothèses de rendus visuels en 3D, avec le rendu matière, les effets lumineux et leur déploiement dans l’espace. Cela permet d’affiner les choix des matériaux et des volumes. En parallèle, nous étudions la photométrie pour nous assurer de l’uniformité de l’éclairage et du rendu visuel. Nous réalisons ensuite un prototype pour valider l’ensemble, ce qui nous permet de nous rendre compte de la matière, de la forme, de la puissance, de l’éblouissement. Enfin, nous lançons la série, en collaboration avec une entreprise de métallerie et une entreprise d’électronique, toutes les deux basées en France.

Pouvez-vous nous en dire davantage sur Pink Lamp et sur le projet Acne Studios à Stockholm? La Pink Lamp a été développée dans le cadre d’une collaboration avec Acne Studios, célèbre marque suédoise, qui m’a confié la mise en lumière de son siège social à Stockholm. Dans ce bâtiment brutaliste, j’ai souhaité apporter de la douceur et m’inspirer des librairies anciennes avec leurs lampes bleues. Le rose est la couleur d’Acne Studios et je désirais depuis longtemps travailler sur la lumière rose, connue pour sublimer les peaux, et se développant dans l’espace d’une manière magique. J’avais déjà abordé l’idée de la lumière rose dans un projet mené avec la RATP il y a plus de 20 ans. Pink Lamp est un concentré de subtilité et de savoir-faire. Initialement conçu comme lampe à poser, ce luminaire a nécessité un travail délicat sur la capacité à rayonner sans éblouir par la superposition de deux verrines. Cela crée des jeux de profondeur de champ entre les verrines et rend un effet visuel très doux. À l’intérieur du luminaire, un soleil diffuse la lumière de façon radiale et uniforme. Le diffuseur, qui apporte une sensation de transparence, est constitué d’un verre multicouche opale blanc à l’intérieur et rose. Le blanc diffuse et le rose apporte la teinte. Les Pink Lamp ont été disséminées dans les étages du bâtiment pour exprimer l’esprit d’Acne Studios. Une série de verrines suspendues à plus grande échelle a été installée dans la bibliothèque.

Rubrique réalisée par Alexandre Arène

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