COMPTE RENDU DE LA TABLE RONDE « LA CRISE POLITIQUE À TAÏWAN SUR L’ACCORD DE LIBRE-ECHANGE AVEC LA CHINE » , le 5 avril 2014
« La crise politique à Taïwan sur l’accord de libre-échange avec la Chine » Le mouvement de l’occupation du Parlement taïwanais dure, jusqu’au jour de la table ronde, déjà 20 jours (*). Afin de faire connaître cet événement ainsi que la situation actuelle de Taïwan à une publique plus large, Paul Jobin, professeur de l’Université Paris-Diderot, a organisé une table ronde avec trois chercheurs français, spécialistes des études taïwanaises, et trois Taïwanais des différentes professions. La situation de Taïwan est peut-être peu connue dans la communauté française, pourtant elle reflète le processus de la démocratisation asiatique et le problème politique dans le commerce avec la Chine, un pays où la compétitivité économique est fondée sur la dictature d’un parti unique. * Deux jours après la table ronde, les étudiants ont décidé de se retirer du Parlement le 10 avril car leurs objectifs temporaires ont été atteints.
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Nos orateurs : Françoise MENGIN, directrice de recherche au CERI - Science Po, Paul JOBIN, maître de conférences à l’Université de Paris-Diderot, ancien directeur du CEFC Taipei (Centre de recherche sur la Chine contemporaine, antenne de Taipei), Damien MORIER-GENOUD, post-doctorant au Collège de France, chaire d’histoire intellectuelle de la Chine, Gwennaël GAFFRIC, docteur de l’Université de Lyon, secrétaire de l’AFET (Association francophone des études taïwanaises), Wen-Rei CHAN, juriste, Yu-Jung SUN, mastérienne à l’ENS (École Normale Supérieure de Paris), Wei-Chu SHIH, doctorante de l’Université de Lyon 2.
Un libre-échange dépolitisé / Françoise MENGIN Françoise Mengin parle d’abord en détail du contexte dans lequel l’occupation du Parlement s’est éclatée. En juin 2013, l’Accord de libreéchange sino-taïwanais sur les services et les capitaux (ALEST) a été signé. C’est la procédure de ratification de cet accord qui a déclenché l’occupation du Parlement taïwanais (Yuan législatif). La procédure a commencé avec des auditions, et ensuite, le texte devait être examiné clause par clause en commission, où il y a eu un blocage entre le parti au pouvoir (le Kuomintang, Parti nationaliste chinois, ou KMT) et les oppositions, principalement le Parti démocrate progressiste (DPP). Le président de cette commission, du KMT, a estimé que le délai maximum de trois mois pour l’examen de décret-loi présidentiel s’appliquait à ce texte, et a essayé de l’envoyer en séance plénière du Parlement. Étant donné qu’il n’y a pas eu de véritables examens du texte, l’occupation du Yuan législatif a été déclenchée le lendemain, le mardi 18 mars. Quatre remarques ont été faites. D’abord, c’est le statut des accords signés entre Taïwan et la Chine. Ces accords n’ont pas poursuivi la démarche d’un traité telle qu’elle est prévue dans la Constitution de la République de Chine de 1947. La deuxième remarque est l’absence de couverture médiatique à l’étranger. Il existe certes des médias comme Le Monde qui traitent cette affaire comme des entrefilets, mais l’attention reste insignifiante. Ensuite, c’est la particularité des revendications des étudiants occupant le Parlement. Ils ne demandent ni le reversement du pouvoir, ni nouvelles
élections, mais demandent simplement que les procédures démocratiques soient appliquées. En réalité, il n’y a que l’hémicycle et quelques endroits qui sont occupés. Les parlementaires peuvent continuer à travailler, et le président du Parlement, qui est du KMT, n’a pas demandé à la police d’intervenir non plus. Dernière remarque, c’est la situation difficile du Kuomintang, parti au pouvoir. Ils mettent en avant le fait que la Chine a fait davantage de concessions que Taïwan et le fait que la signature de cet accord permettra à Taïwan de sortir de son isolement, alors que c’est même la Chine qui empêche Taïwan de participer aux négociations de libre-échange et des pactes régionaux. Comme le KMT n’exclut pas l’unification à long terme de Taïwan à la Chine, ils sont contraints de défendre, au moins sur le plan formel, la démocratie à Taïwan tout en prenant le risque de l’exposer à la Chine. Ainsi, le KMT ne peut que s’appuyer sur les retombées économiques supposées favorables de cet accord et ne veut absolument pas évoquer la menace chinoise. D’où la colère des étudiants, « ne pas vendre Taïwan à la Chine ». Quant aux revendications, les étudiants ont quatre demandes au gouvernement, parmi lesquelles les plus importantes sont l’institutionnalisation de mécanisme du contrôle des accords sino-taïwanais, avant la ratification de l’Accord en question, et l’organisation d’une conférence constitutionnelle (de type Grenelle). Mais l’exécutif et le Kuomintang parient pour l’instant sur le pourrissement de la situation et se sont opposés à un retrait pur et sain du texte et sa renégociation.
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Les étudiants sont très organisés, malgré le conflit avec les CRS (Compagnies républicaines de sécurité) qui a eu lieu dans la nuit du 23 au 24 mars. L’intervention musclée des CRS a provoqué un effet contre-productif pour l’exécutif lui-même. Enfin, Mengin mentionne la mise en place d’une dépolitisation dans cette affaire. L’ALEST est signé par deux organismes ad hoc non gouvernementaux. Les ministres et les membres du gouvernement y ont participé seulement au titre de conseillers, non pas à leur qualité. Dans le texte également, aucune entité géographique n’a été mentionnée, à la place de quoi on trouve des mots ambigus comme « le détroit », « les deux rives du détroit » ou « le continent ». Le texte a en effet évité de toucher la souveraineté des deux États. Cette dépolitisation a eu des conséquences très politiques. Sur le plan extérieur, la relation entre les deux rives ne peut être régularisée : le démantèlement militaire de Taïwan reste toujours une option à Pékin pour régler le problème du détroit ; Taïwan est toujours exclu des organisations internationales. Sur le plan intérieur, la politique démocratique a été remise en cause : les négociateurs chinois qui visitent Taïwan sont toujours accompagnés d’un dispositif excessif de sécurité ; les pratiques d’autocensure se multiplient dans la presse proche du KMT. Cette libéralisation menée par l’accord en question contribuera à creuser les climats sociaux à Taïwan.
(source / Vivienne Lin)
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Les problèmes juridiques dans la période post-loi martiale de Taïwan / Wen-Rei CHAN Chan Wen-Rei, juriste d’origine taiwanaise, rappelle l’histoire des méthodes de ratifications des accords internationaux à Taiwan, en passant en revue la période sous la loi martiale et dictature du régime de Chiang Kai-Chek, la période post-loi martiale, ainsi que l’usage instauré depuis au Parlement.
Toutefois, face au blocage lors de la première lecture en commission, le gouvernement Ma n’a pas hésité à faire usage de son ultra-domination au Parlement, afin d’imposer d’autres formes d’examen de l’ALEST. Ce qui provoqua l’éclat d’une colère enfouie et inespérée de la population taïwanaise le 17 mars 2014.
En passant d’un protocole inappliqué sous la loi martiale, à un vide juridique complété par l’usage parlementaire, l’examen des traités et accords internationaux a pour usage de prendre le chemin classique des procédures d’examen réservé aux lois internes.
(source / Apple Daily) Compte rendu / p5
Une mondialisation chinoise / Yu-Jung SUN La mondialisation est une conséquence dont on parle beaucoup quand il s’agit de l’accord de libre-échange. Et ce que veut dire la mondialisation, c’est que le commerce ne change pas seulement la situation économique. En effet, l’économie ne change pas seulement le moyen de production, mais aussi celui de consommation, et ce dernier, dans notre époque, définit qui nous sommes et comment nous nous comportons. Ceci décrit alors comment la culture est influencée par notre utilisation matérielle. La crainte de la mondialisation en France se présente sous cette forme : les Français craignent peut-être qu’un jour, ils préfèrent le coca-cola au café expresso. Les Français craignent la mondialisation parce que la France est ouverte sur le monde, mais Taïwan n’est pas ouvert au monde, au contraire, Taïwan n’est ouvert qu’à la Chine. À cause de l’intervention de la Chine, Taïwan n’a pas un statut assuré au niveau international, et les accords de libre-échange de Taïwan sont signés sous l’intervention de l’autorité chinoise. Même un pays comme la France qui jouit d’une identité fort claire et d’une position internationale assurée peut craindre la mondialisation. Ainsi, la situation de Taïwan, un pays qui cherche toujours le consensus concernant son identité, est encore plus critique.Taïwan n’est en général pas reconnu internationalement, et l’indépendance de facto de Taïwan risquera de se corrompre de l’intérieur à cause de la sinisation que cet accord de libre-échange suscitera. Dans cette manifestation, nous pouvons remarquer une angoisse profonde propre aux Taïwanais vis-à-vis de la Chine qui relève un problème de l’identité taïwanaise. De 1895 jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale, pendant 50 ans Taïwan était une colonie japonaise, et l’effet de cette gouver-
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nance reste jusqu’à maintenant dans notre langue, notre nourriture, et notre caractère. En 1949, le gouvernement en Chine constitué d’un seul parti politique, le Kuomintang, a été combattu et s’est réfugié à Taïwan. Depuis, la Chine et Taïwan se réclament chacun une autorité différente. Notre identité taïwanaise est tellement complexe, parce que parmi les habitants, il y en avait ceux qui étaient nés en Chine et qui sont venus à Taïwan en 1949, et ses proches, qui s’identifiaient comme chinois ; il y en avait ceux qui étaient taïwanais de souche, mais ont accepté d’être soumis à une identité chinoise ; et enfin, il y en avait ceux qui cherchaient à construire une identité à part entière. C’est pourquoi, même 60 ans plus tard, les Taïwanais cherchent encore un consensus sur l’identité. Le problème de l’identité est lié à la reconnaissance du parti politique. C’est par là, on peut trouver une angoisse profonde qui est la pénétration de la Chine sous la forme de la force politique ou économique. Et cette angoisse est manifestée dans la méfiance du peuple à la fidélité de son gouvernement cette fois-ci dans la manifestation.
(source / Apple Daily)
Le gouvernement taïwanais qui se dit chinois / Wei-Chu SHIH Il existe une question de la crise politique qui nous permet de discerner deux menaces que nous préférons ne pas évoquer habituellement : la menace de l’hégémonie coloniale du Kuomintang et celle de l’ambition de la colonisation chinoise. Il y a trois éléments qui permettent d’affirmer que la République de Chine est bien un régime colonial : le premier, c’est que la République de Chine est un régime exilé de la Chine continentale. C’est la raison pour laquelle le premier ministre Jiang Yi-Huah a déclaré qu’il est inacceptable de retirer cet accord, parce que la modification des règlements du traité signifie que Taïwan et la République populaire de Chine sont deux pays différents. Deuxièmement, il s’agit de l’établissement systématique d’une hiérarchie culturelle entre la Chine continentale et l’île de Taïwan. Le KMT nous force à être liés avec la culture traditionnelle chinoise qu’il représente. De plus, il nous empêche de considérer Taïwan comme une entité autonome au sein de l’histoire, de la culture, de la politique etc. Et enfin, troisièmement, c’est l’imposition du regard nationaliste de la Chine. Par exemple, la modification des manuels d’histoire pour renforcer une certaine vision nationaliste chinoise qui a eu lieu peu de temps avant. Le Kuomintang refuse l’indigénisation et maintient sa domination colonisatrice. Quand la volonté de l’indépendance du peuple taïwanais s’est accrue, le Kuomintang a commencé à collaborer avec son ennemi de toujours : le Parti communiste chinois. Le Kuomintang est devenu le porte-parole de la
menace militaire de la Chine sur Taïwan et a construit avec des politicienscapitalistes une alliance trans-détroit qui exploite les ouvriers des deux pays. C’est pour cela que nous avons vu les patrons pro-chinois comme Gou Tai-Ming de Foxconn, Wang Xue-Hong de HTC, qui ont déclaré publiquement leur soutien au KMT en menaçant les Taïwanais d’une dégradation de l’emploi si l’on refuse la collaboration avec la Chine. Le mouvement d’anti-ALEST nous permet donc de repenser et de réfléchir la légitimité du pouvoir du KMT et les Taïwanais doivent se confronter aux choix de son destin : l’indépendance ou l’irrédentisme chinois. Le traité de libre-échange ne signifie pas simplement une compétition entre les capitalistes des différentes identités nationales. Il faut discerner le fait que l’ambition économique et l’ambition politique ne sont jamais séparées pour la Chine. Les hommes d’affaires taïwanais deviennent ainsi des promoteurs politiques. Lorsque l’on se confronte à un gouvernement qui insiste pour faire passer un traité controversé et autorise l’abus des forces de l’ordre pour évacuer des manifestants pacifiques, nous ne pouvons plus maintenir seulement les mêmes propositions telles que le retrait de cet accord ou la création des règlements de surveillance des accords sino-taïwanais. C’est l’heure de réexaminer en quoi nous voulons légitimer la position de l’île de Taïwan et comment entamer une régularisation sur cette position. On doit aussi réexaminer la légitimité du KMT en tant que la souveraineté chinoise.
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La dépolitisation de la politique taïwanaise / Gwennaël GAFFRIC Gwennaël Gaffric remarque un changement paradigmatique dans les mouvements sociaux à Taïwan, et ce changement paradigmatique, est lié au changement de la politique du gouvernement dirigé par le KMT (le Parti nationaliste chinois). Depuis 2008, la politique du KMT commence à se dépolitiser en employant le slogan « l’économie avant et la politique après ».Vis-à-vis de la dépolitisation, une critique profonde se lève et devient un nouvel argument dans les mouvements sociaux. Nous pouvons trouver dans les discours des étudiants, à part les anciens discours sur l’inquiétude de la souveraineté, une critique profonde et récente de la monopolitisation de la politique par l’économie. C’est-à-dire que les étudiants taïwanais ont remis en cause de la rationalisation économique de la loi du marché. Cette critique se relève
contre les discours des membres du KMT, qui mettent justement l’accent sur l’opportunité économique merveilleuse avec la Chine et la possibilité d’aller travailler en Chine. Cette remise en cause de la rationalité économique qui paraît comme une nouvelle critique dans les mouvements sociaux à Taïwan n’est pas seulement une critique portant sur la souveraineté de la menace politique chinoise, mais encore, c’est une critique plus générale qui porte sur des problèmes plus globaux.
(source / Wendy Yang)
(source / Wendy Yang)
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Taïwan, l’inquiétude d’être le prochain Hongkong / Damien MORIER-GENOUD Damien Morier-Genoud confirme ce que dit Mengin sur le fait que les Français ignorent ce qui se passe à Taïwan à cause du silence des presses française et internationale. Cependant, il existe certaine couverture des informations sur Internet et dans les journaux, et ce sont des outils qui peuvent nous aider à comprendre les mouvements sociaux ainsi que la spécificité des contextes sociaux à Taïwan. Un ouvrage d’un anthropologue taïwanais, Chuang Yia-Chung, parle des mouvements sociaux et de la politique culturelle dans la société taïwanaise post-autoritaire. De plus, dans cet ouvrage, nous pouvons constater qu’il existe un effet de résonance des mouvements
sociaux de Hong Kong, ce qui soulève une inquiétude chez les Taïwanais concernant le rachat de grands médias par des hommes d’affaires. Cette inquiétude dans la société hongkongaise qui se rapporte au rachat de presse génère une forme d’autocensure à Taïwan.
(source / Leeweii)
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Questions et réponses Q1 : La scission au sein du KMT est-elle probable ? En effet, le président du Parlement, Wang Jin-Pin, n’a pas demandé l’intervention des forces de l’ordre et a laissé le Parlement occupé pendant trois semaines. Une telle situation dans aucun d’autres pays n’aurait lieu.
chose qui n’entre pas dans les cadres traditionnels de la pensée par rapport au monde chinois pour les Français.
Réponse de Mengin : La probabilité de scission au sein du KMT est difficile à estimer, mais c’est une bonne question.Wang a un rôle très particulier depuis le début, ça veut dire que depuis 2008, il a toujours soulevé la question de l’absence de ratification et de l’absence d’application du Parlement dans le processus de la négociation avec la Chine. C’est une hypothèse, mais c’est possible que Wang veuille jouer le rôle du héros de la démocratie dans ce mouvement.
Réponse de Mengin : Le syndicalisme des ouvriers est très faible à Taïwan, parce qu’il n’existe pas de classe des ouvriers même il existe des ouvriers. Les jeunes passent très temporairement dans le salariat pour accumuler le capital minimum pour ensuite fonder une PME (petite ou moyenne entreprise). Donc historiquement parlant, l’industrialisation de Taïwan s’est faite sans formation de la classe des ouvriers et la conscience de classe. Le principal clivage partisan à Taïwan, tous les chéquiers politiques taïwanais, et tous aspects partisans, ne se sont jamais déclinés suivant l’usuelle distinction de gauche et de droite, mais de l’unification d’un côté et de l’indépendance de l’autre. Le clivage à Taïwan est fait sur la question du futur statut de l’île.
Q2 : Quant au silence de la presse, il paraît étonnant quand même qu’il y ait une manifestation de cinq cent mille personnes dans une ville d’environ trois millions d’habitants et que la presse n’en parle pas. Réponse de Mengin : Damien a raison de dire qu’il y a eu une couverture partielle des presses française et internationale. Cependant, si le même événement s’était passé aux Philippines, en Corée du Sud ou en Thaïlande, il aurait été beaucoup plus couvert dans les journaux. Car la question de Taïwan reste quand même un coût d’entrée très élevé. En effet, la majorité dans la société française trouve déjà très difficile de comprendre le problème de la Chine qui se met au capitalisme mais, en même temps, maintient un régime totalitaire. Quant à Taïwan, nous sommes confrontés à quelque
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Q3 : Quelle est la position du syndicat dans ce mouvement ?
Q4 : Les accords de libre-échange dont Taïwan a déjà signé pas mal, avec la Nouvelle-Zélande, le Singapour, on a l’impression que, même avec d’autres pays, le processus démocratique n’est pas très bien respecté. Mais d’une manière générale, le partenaire économique de Taïwan avec la Chine est nécessaire, et on ne peut rien y faire. Réponse d’une participante : Il ne faut jamais séparer l’économie du droit, ou alors l’économie de la politique : droit, notamment le droit de l’Homme. On peut imaginer qu’un pays non démocratique, en raison de la
mauvaise condition de travail, le coût de production est bas. Un pays démocratique, au contraire, en raison de l’assurance de la condition de travail, le coût de production est plus élevé. Est-ce que vous seriez prêt à vendre vos droits fondamentaux pour améliorer l’économie ? La compétitivité implique deux effets, l’effet positif quand c’est signé entre deux pays qui ont des valeurs égales ; et l’effet négatif quand c’est signé entre deux entités où les valeurs ne sont pas les mêmes. Dans l’effet négatif, il y aura lieu une sorte de nivellement vers le bas. C’est pourquoi les Taïwanais s’inquiètent plus vis-à-vis de l’accord de libre-échange avec la Chine.
Réponse de Morier-Genoud : C’est sur le consensus d’une Chine unique, que finalement le Parti communiste chinois et le KMT peuvent s’entendre. Le Parti communiste chinois a compris que son adversaire n’est plus le KMT mais les indépendantistes et il joue en faveur de ce rapprochement, parce que ni KMT, ni le parti communiste ne remet en cause la question d’une Chine unique.
Q5 : Quelle est la réaction des Chinois, notamment des étudiants chinois, vis-à-vis de ce mouvement ? Réponse d’une participante : En Chine, tous les médias sont contrôlés par le gouvernement, donc quand il raconte l’événement à Taïwan, il essaie de diaboliser la manifestation en disant que la démocratie provoque le chaos et détruit les normes sociales. Q6 : Comment dois-je comprendre que le KMT est devenu définitivement pro-chinois, ou pro-Chine populaire ? Car dans l’histoire, le KMT était le régime qui battaient contre les communistes.
(source / Wendy Yang)
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Conclusion La démocratie se dégrade vis-à-vis des libres échanges avec la Chine. Gwennaël Gaffric et Shih Wei-Chu affirment que Taïwan est dans un moment critique et la société est en train de faire son choix. Il faut travailler sans cesse pour lutter pour la démocratie. Sun Yu-Jung rappelle à tout le monde que le problème vis-à-vis de la Chine n’est pas un problème exclusif à Taïwan, au contraire, c’est un problème qui se pose à n’importe quel pays démocratique. La Chine se présente comme un pays très fort au niveau économique, avec son marché immense et sa force de travail pas chère. Comme le monde entier est en crise économique, tout le monde désire l’accès au marché chinois pour s’en sortir. Néanmoins, la compétitivité économique de la Chine se fonde sur son système dictatorial, l’exploitation des travailleurs et la surpression du peuple ; son marché n’est pas libre non plus. L’économie ne fonctionne pas sans la politique, comme ce qui a été mentionné plus tôt. Face à l’État chinois, même un État démocratique tel que la France se comporte comme un régime dictatorial. Ceci est un exemple : du 25 au 28 mars, le président chinois est venu en France, à Lyon et à Paris. L’organisation Reporters sans Frontières voulait protester contre les atteintes à la liberté d’expression en Chine, les manifestants se sont faits arrêter techniquement et 15 personnes sont retenues par la police pour le motif « contrôle d’identité » pendant deux heures et demi. La démocratie en France se dégrade vis-à-vis de l’autorité chinoise, parce que lorsque l’on a besoin de son accord, on se comporte comme un dictateur pour ne pas l’agacer. Le problème à l’égard de la Chine n’est pas exclusif à Taïwan, au
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contraire, cela peut arriver à tous les pays. Mais pour nous, les Taïwanais, en raison de notre angoisse propre vis-à-vis de la Chine et notre situation internationale, nous pourrons perdre notre indépendance véritable, même si nous garderons la forme d’un gouvernement indépendant.
(source / internet)
(source / Wendy Yang) Compte rendu / p13
Quand la dictature est un fait, la rĂŠvolution est un droit.