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Archives Mme Danièle Kenfaoui


Les articles que nous avons choisis de reproduire dans ce court dossier, volontairement réduit, datent de 1956 et présentent l’intérêt de retracer le début du théâtre marocain, tant dans les stages fondateurs des « chênes » près de Rabat, que dans les premières représentations au Festival International de Paris. Les succès obtenus à cette occasion, méritent d’autant plus d’être rappelés, qu’ils restent à ce jour, uniques.

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À l’issue d’un stage d’une vingtaine de jours

Maroc presse mars 1956

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A l 'issue d'un stage d'une quinzaine de jours un théâtre national marocain va naître aux « Chênes » Ce n'est pas la première fois que nous entretenons nos lecteurs des stages d'art dramatique qui, chaque année, tant à l'intention des Marocains que des Français, ont lieu

aux «Chênes »,

centre éducatif

situé à quelques

kilomètres de Rabat et

dépendant maintenant du Ministère de la Jeunesse et des Sports. Ces stages étaient placés sous la direction du centre Marocain d'Expression (Service de la Jeunesse et des Sports) et ses réalisations, depuis 1951, en langue arabe, comme en langue française, sont loin d'être négligeables. Si nous revenons aujourd'hui sur ce sujet qui, si l'on s'en tient au stade travail est loin d'être... spectaculaire (sans jeu de mots) c’est que, depuis samedi dernier, un nouveau stage s’est ouvert aux « Chênes ». Il a été organisé pour les Marocains et, du fait des circonstances, revêt cette année un caractère exceptionnel. Il s'agit en effet d’un stage National à l'issue duquel doit être effectivement créé un Théâtre National Marocain et cela sous le patronage de SAI le prince Moulay Hassan.

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Berrada

Mohamed,

Amrani

Mansouri, Ahmed

Abdane, Ouazzani

Mohamed, tous comédiens que nous avons déjà eu l'occasion d'applaudir aux « Chênes » à la fin du stage et sur diverses scènes du Maroc. Nous possédons assez peu de détails sur le « curriculum vitae » des

responsables

marocains du stage actuel.

Abdessamad Kenfaoui est originaire de Larache. Il fréquente une école francomarocaine de zone espagnole. ll fait ses études secondaires au collège Moulay Youssef à Rabat. Il est bachelier, fait son droit, sans grande conviction. Un visa refusé par les autorités espagnoles pour rentrer à Larache le contraint à rester à Rabat. Il rencontre André Voisin, se laisse entraîner aux « Chênes » et semble avoir trouvé sa véritable voie. Quant à Tahar Ouaziz, il est d'une famille d'0ulémas. Son oncle était le directeur de la première école libre du Maroc, la première à utiliser les méthodes modernes de pédagogie occidentale. Il la fréquente, puis se rend à Fès

et suit

les cours à la

Karaouyine. Nommé dans une administration marocaine de Rabat, il rencontre dans la capitale, non seulement André Voisin, mais aussi Abdessamad Kenfaoui. Il est embarqué sur le char de Thespis et il est content de son abri. Bien sûr, le travail qui se fait actuellement aux « Chênes ›› est un travail d'équipe. Mettre quelques-uns en avant n'est pas nécessaire. Mais nous avons tout de même pensé que donner une brève biographie de ceux qui sont actuellement les promoteurs du théâtre national marocain n'était pas superflu.

René Derout, Maroc Presse, mardi 6 mars 1956

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Le théâtre marocain de Rabat au Festival de Paris

Aux sources du théâtre Le Théâtre Marocain de Rabat au Festival de Paris Le théâtre m'a souvent donné de grandes joies, mais rarement une émotion

comparable à celle que

j'ai ressentie

cette

semaine en

assistant aux deux

représentations de la Troupe du Théâtre Marocain de Rabat, dans le cadre du Festival de Paris. Pour essayer de faire comprendre cette émotion à mes lecteurs, je leur dirai simplement : vous, Français de 1956, lettrés et cultivés, héritiers de trois siècles de classicisme, imaginez-vous ramenés en arrière, à l'époque où le théâtre venait tout juste de naître et où le jeune Poquelin le découvrait en flânant devant les bateleurs du Pont-Neuf. Découverte, émerveillement : on se sent une ardeur sans égale pour cet art merveilleux, on l'étudie, on se l'approprie, on en fait un 311 national, et de quelle manière ? 1. - en donnant libre cours au jeu scénique élémentaire, aux ressorts évidents des lames ou du rire. 2. – en prenant sans vergogne les sujets où ils se trouvent, c'est-à-dire chez les Anciens. Telle est exactement la situation de la scène marocaine aujourd'hui : elle boit avidement aux sources du Théâtre et nous sommes ses Anciens - ses Plaute, ses Térence et ses Sophocle.

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Théâtre populaire Ce n'est pas par hasard que j'ai cite Molière. Le premier spectacle

de la Troupe de Rabat s'appelait les Fourberies de Joha. et vous avez tout de suite reconnu sous ce titre, les Fourbeties de Scapin, transplantées au Maroc tout de même que Molière. Jadis. Les avait prises aux Italiens et implantées chez nous. Voici donc ce que nous avons vu : un rideau se levant sur les remparts de Mogador. Un Géronte et un Argente rebaptisés Hadj Mjeddal et Hadj Allah, portant la djellaba et revenant de la mosquée. Une Zerbínette devenue Zineb, et une Hyacinthe devenue Amina : quant au texte, il était facile de comprendre qu'il était resté le même il travers toute les modifications inspirées par le décor, le costume, la religion. les mœurs. Le même, oui, et il soulevait les mêmes rires. Aux mêmes endroits. D'abord parce que c’est un texte eternel. Ensuite parce que la mise en scène de M. André Voisin était excellente, enfin parce que Scapin -- pardon ! Joha – était interprété par un acteur remarquable. M. Tayeb Saddiki. Qui ne le sautait ni ne le dansait exagérément comme on le fait à la Comédie Française ou ailleurs mais le jouait. Et ce fut une soirée fort drôle et combien rafraîchissante ! Le second spectacle, lui, ne devait rien à Molière ni à aucun de nos

classiques traduits ou adaptés. Quatre auteurs de la troupe, MM, Abdessamad Kenfaoui, Tahar Ouazziz, André Voisin et Ahmed El Alj l'avaient tire de leur propre fonds. C'était les Balayeurs, une sorte de fabliau dont l`intrigue assez compliquée -- quoique scéniquement parfaitement claire -- reposait sur ce jeu élémentaire que j'ai évoque tout à l'heure : histoire de doubles (le bon vieux gag éprouvé des Sosies), de trésor volé, perd, retrouvé, passer de main en main, de quiproquos sans tin et de poursuites dignes de Charlot a des premiers Westerns. Que de bonne humeur, que d’ingénuité- dans le meilleur sens.

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Théâtre populaire Mot - et quel évident plaisir de jouer la comédie ! La salle,

composée à

peu près également de Français et de

Marocains, a fait, comme la veille, une ovation méritée aux acteurs de Rabat. Mais ces acteurs, quels sont-ils et qui les a formés ? Si on a

lu attentivement ce qui précède, On y a trouvé un nom français, celui de M. André Voisin. M. Voisin est en effet, avec

MM. Pierre

Mauduit

et Didier Beraud l'un des

instructeurs français de la scène marocaine. Ce que celle-ci leur doit, un long article ne suffirait pas à le recenser. En un temps et en des circonstances que l'on avouera difficiles et que je n'ai nul besoin de rappeler. Ces trois jeunes animateurs ont, là-bas, dans un climat d’amitié et de travail en commun, imposé et adapté au génie de la race arabe les techniques indispensables au théâtre occidental. Cependant, leur magnifique effort eût été. Il va de soi absolument stérile sans l’immense mouvement qui a porté en trois ans. Le peuple marocain vers l’art dramatique. Dans quelle mesure l’évolution des mœurs et en particulier la « libération » des femmes - a-t-elle contribué à ce mouvement ? Nous laisserons à d`autres le soin de l'étudier et nous nous bornerons à enregistrer le triomphe actuel du Théâtre au Maroc. Ce qui, chez nous, est devenu à peu prés un divertissement plus ou moins «réservé ›› est encore là-bas un an populaire dont témoignent ces photos saisissantes de foules immenses et bigarrées rassemblées en plein air pour Molière, Beaumarchais ou Shakespeare, Songez qu’ on y

joue Hamlet intégralement et sans entracte ! Les instructeurs français se félicitent de cet engouement qui est aussi leur

œuvre. Ils vantent l’application des acteurs, leur prodigieuse mémoire fumée par la récitation des textes coraniques. Leur intelligence de nos classiques tant admiré, ils ne doutent pas que les auteurs arabes.

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Théâtre populaire Viendront, et peut-être bientôt. En bref, ils ont la fierté

d'avoir

transmis un

flambeau que le Maroc ne laissera pas s'éteindre. D'ores et déjà, en tout cas, le Maroc possède de remarquables comédiens, MM. Aïd

Mouhoub, Tayeb Saddiki, Ahmed El Alaoui, etc.

C'est un théâtre professionnel

parfaitement digne de figurer au festival et qui en constitue une des révélations pour cette année.

Carrefour, 30 mai 1956

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Le Théâtre Marocain Regards et Commentaires sur la troupe La troupe du théâtre marocain, création de la Division de la Jeunesse et des

Sports, est la première et authentique compagnie théâtrale au Maroc. Nous devons ici nous souvenir de son éclatant succès au Festival International de Paris en 1956. Depuis cette haute consécration, la troupe a pu donner une impression de sommeil, mais en voilà

Le réveil, semble-t-il. Un stage d'après «

convalescence » a commencé hier soir, qui durera, en principe, jusqu'au 10 novembre. Du bon travail doit en résulter. Le premier résultat tangible de ce stage — organisé en internat, sous la forme au retour à l'école— doit être un esprit d'équipe plus fort, une mystique du théâtre et du travail bien fait. Le second point sera la mise en répétitions dirigées du programme de la saison du théâtre marocain. « Montserrat» et « Le Malade imaginaire » Nous souhaitons bonne chance à tous et d'avance, nous avons le plaisir de

faire connaître les deux pièces qui entrent en répétitions avant d'affronter le public de tout le Maroc : ce sera tout d'abord, en arabe classique, la traduction de la célèbre

pièce de Roblès, « Montserrat », et puis une

œuvre classique qui fera la Joie des jeunes comme des autres, « Le malade imaginaire », de Molière, adapté cette fois en arabe dialectal. Sans aucun doute, « Montserrat »sera présenté en grande première à l'occasion de la Fête du Trône, â Rabat, avant de prendre son essor dans tout le Maroc. Quant â la tournée du «Malade imaginaire», elle partira à la conquête du public vers le mois de janvier.

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Une grande tournée européenne Au répertoire prévu, une seconde partie forte importante comprend « Hamlet » de William Shakespeare, et une œuvre théâtrale marocaine en

dialectal. Ces deux pièces constitueront le bagage (assuré du succès), d'une tournée à l'étranger en avril et mai. Notons au passage : le Festival de Paris(Théâtre des Nations), l'Exposition internationale de Bruxelles, les grandes capitales européennes, et les centres d'ouvriers nord-africains travaillant en France. Le public marocain n'appliquera ce répertoire de tournées qu'au retour de celles-ci. Et puis... le Théâtre marocain, qui aura bien accompli sa mission tant au Maroc qu'en Europe, fera son stage d'été dans le calme du Centre des Chênes, où il travaillera à l'abri des curiosités (ce qui n'est pas si sûr !). C'est ainsi que l'on fait du bon théâtre avec l'amour de son art, l'esprit d'équipe et une foi entière en son animateur. A bientôt donc, nous vous attendons à l'œuvre. R. du FOURNET Petit Marocain / 20.10.1957

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Grande première « MONTSERRAT » en arabe classique

Albert Botbol, animateur du Théâtre National Marocain Nous parle de la tournée qu’il entreprend avec « Montserrat » Sur une étagère, une maquette reproduisant les décors, grilles, blason

et rideau noir de « Montserrat ». Un magnétophone destiné au bruitage, émerge â peine d'un bureau couvert de documents de toutes sortes : photographies,

coupures

de

presse,

comptes

financiers,

correspondance…C'est le bureau de la Direction de la Jeunesse et des Sports où Albert Bot bol, qui s'occupe du théâtre National Marocain — un Botbol un peu las. Mais rayonnant — nous reçoit.

— Combien de temps vos comédiens resteront-ils en tournée ? — Un mois environ. Mais après avoir donné leurs représentations dans le Nord. Ils repasseront par Rabat avant de « descendre » vers Mazagan et le Sud... De Tanger à Marrakech, en passant par Fès et Oujda, Ils Joueront « Montserrat »dans tout le Maroc.

— Vous débutez à Tanger ? — En effet. La troupe y Jouera dés lundi soir, au cinéma Alhambra, sous la présidence du gouverneur, le Dr Abdellatif Benjelloun. Nous avons voulu que notre passage dans la capitale d'été coïncide avec les fêtes nationales.

— Trois Jours plus tard. Je crois, vous serez à Meknès ? Archives Mme Danièle Kenfaoui


— Oui, et J'en suis très heureux, car Meknès a beaucoup manqué de spectacles ces derniers temps, et J'espère que l'accueil y sera bon. — Parmi les centres où ils doivent se produire, quel est celui que vos acteurs attendent avec le plus d'impatience ? — Fès, assurément. D'abord, c'est le pays de six d'entre eux. dont Tayeb el HadJ, qui Joue « le comédien » dans Montserrat, et est connu comme le meilleur acteur comique du Maroc. Et puis, Fès est le plus grand centre intellectuel arabe du Maroc, et nous y aurons notre premier contact avec les étudiants de la Garaouyine. Mais, entre temps, nous aurons rencontré un public bien différent, à Boubeker par exemple, où nous Jouerons pour le personnel des mines de Zellidja. J'attends personnellement beaucoup de cette représentation, d'autant plus qu'elle sera l'occasion d'un contact fructueux avec les deux troupes. locales les de langue française et arase, les groupes Jouvet et Molière. Vous reverra-t-on à Rabat ?

— Sans doute au début de décembre. Nous donnerons des représentations privées pour des groupes d'étudiants, et une séance publique.

A Fès pour le Congrès de l'UNESCO Albert Botbol nous apprend d'autre part, qu'après leur tournée qui commence lundi, la troupe du Théâtre National Marocain reviendra à Fès au début de

l'année prochaine. Elle y Jouera de nouveau «Montserrat». Ainsi que « Le Malade Imaginaire» dans l'enceinte du Palais Royal, qui aura été mis, par S.M. le Roi, à la disposition du Congrès International de l'Unesco, prévu pour Janvier prochain.

M. C.

La tournée du T.N.M. au Maroc Voici le programme de la tournée marocaine du T.N.M. : Tanger : Aujourd'hui 18 novembre à 21 heures, cinéma Alhambra: Tétouan : Mardi 19 novembre

à 21 heures, cinéma Monumental ; Port Lyautey : Jeudi 21 novembre à 21 heures, cinéma Le Palace : Meknès : Vendredi 22 novembre à 21 heures, cinéma le Régent ; Azrou : Samedi 23 novembre à 21 heures ; Oujda : Lundi 25 novembre à 18 heures 21. Cinéma Le Paris : Boubeker : Mardi 28 novembre â 21 heures ; Fès : Jeudi 28 novembre à 21 h. cinéma Empire ; Mazagan : Samedi 30 novembre à 21 heures. Théâtre Municipal; Louis- Gentil : Lundi 2 décembre à 21 h, salle des fêtes de l'Office Chériflan des Phosphates ; Safi : Mardi 3 décembre à 21 heures, cinéma Le Royal ; Marrakech : Mercredi 4 décembre à 18 h et 21 h.Casablanca : Vendredi 20 décembre, à 17 h. Théâtre Municipal ; Kouribga : Salle des fêtes de l'Office Chériflan des Phosphates. RAOUL DU FOURNET. Petit Marocain / 17.11.1957

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GRANDE PREMIERE DE « MONTSERRAT» en arabe classique La troupe du Théâtre National Marocain, qui prépare une tournée dans diverses villes du

Maroc avant de se produire en Europe, donnera s première représentation le 14 novembre, au cinéma Royal de Rabat, de « Montserrat », d'Emmanuel Robles, en arabe classique. La troupe, qui répète actuellement aux Chênes, donnera cette première représentation au profit de l'Entraide Nationale. C’est d'ailleurs aux Chênes que sera donnée, en privé, le 9 novembre, la répétition des Couturiers. Petit Marocain / 17.11.1957

Avec « MONTSERRAT », la troupe de Théâtre National Marocain

a pris jeudi un nouveau et triomphal départ Depuis longtemps déjà, nous vous avions entretenu ici même des efforts soutenus de la Jeune troupe du théâtre marocain, de la Division, de la Jeunesse et des Sports. Jeudi soir, ce fut pour elle, à Rabat, le « lâchez tout » de la présentation en public, avec l'aimable appui de S.A.R. Moula; Hassan et des princesses Lalla Aïcha, Lalla Nzah, Lalla Malika et, un peu plus tard, du prince Moulay Abdallah, venus ouvrir la carrière — qui s’annonce brillante — des comédiens. Un texte dur, direct, dépouillé. Une pièce — sinon à thèse — du moins construite sur un fait d’histoire vécu, que l’écrivain Emmanuel Robles fit représenter à Paris. Un décor, pour les trois actes, parfait de lignes et de sobriété ; des éclairages fort bien réglés ; bruitage et fond sonore, pour quelques incidence voulues, parfaitement adaptés. Les personnages, eux, demandent un«analyse beaucoup plus complète. Ils sont échantillon de l’humain d’une ville. Ils ont noms le potier, le marchand, le comédien, la mère, les amoureux, aux prises avec le milieu militaire en temps de révolution. Je vous dirai leur nom à tous un peu plus loin, mais avant cela, il me plaît de vous définir l’impression quo l’on retire devant le choix des costumes, des couleurs et des attitudes. Le côté très statique qu’a voulu pour ses personnages l’intransigeant metteur par l’éventail coloré qui évolue sur le plateau. A diction (en arabe) des uns et des autres est excellente du fait du choix des registres vocaux ; chacun porte sa raisor d’être dans son timbre de voix d’abord, dans son comportement ensuite.

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La mise en scène

joue un rôle extrêmement important dans le

résultat final qui est une réussite. Sans vouloir faire de peine à Bot- bol, je lui rappelle que la recherche qui a été la sienne, a été le but de ceux des théâtres du Cartel au temps de ma Jeunesse : René Rocher. Dullin Baty, Jouvet. Ils ont créé le théâtre moderne, l’ont sorti des ornières et du conventionnel. Ils ont donné le coup de pioche à un édifice et des matériaux ont refait le théâtre. Botbol qui est jeune, passionné, ardent et dur au travail, pour lui d’abord, pour les autres ensuite, semble dans sa nuise en scène de «Montserrat », être l’héritier direct de ceux du Cartel. C’est un compliment, certes, mais aussi une critique. Pourquoi suivre un chemin déjà tracé par les anciens quand on possède comme lui, le feu sacré ? Jean-Louis Barrault aussi avait été envoûté par les mises en scène puissantes. Sa dernière« officielle » a été, si nos souvenirs sont bons, « Le soulier de satin » et bien qu’aucun rapprochement ne puisse être fait avec « Montserrat », le style-mouvement s’y apparente. Ce : écrit, je cite avec joie Adrienne Moury qui a dessiné les costumes, Michel Aguilar le décor, Lemonnier décorateur. Le décor a été exécuté par les ateliers de la troupe. (Entre parenthèses, ce décor maintenant déplait à Albert Botbol. Mais il a reçu l’entière approbation du public difficile). Il serait agréable de taire en particulier, et à chacun des membres de la troupe, des compliments mérités. Ce n’est guère possible, ils forment un tout d’une telle homogénéité, que les hommages à l’un vont aux autres. Qu’ils sachent simplement tous qu’ils ont bien servi le théâtre, le vrai théâtre en se pliant à des disciplines draconiennes. Seul le résultat compte et il est magnifique : « Montserrat » pour le théâtre marocain est une réussite et une leçon de persévérance et d’amour du métier. Voici la liste des protagonistes par ordre d’entrée en scène :Ben Bareck, Zarki, Skircj (les trois sous officiers) ; Farah (le colonel) ; Dougluni (le père religieux) ; Afifi (Montserrat) ; Alaoui (le potier) ; Tounsi (le marchand) ; Khadija (la mère) ; El Haj (le comédien) ; Fatima Regragui (Eleira) ; Rifi (Ricardo) ; Marrakchi et Tahiri (deux gardes). Metteur en scène, Albert Botbol. Régie générale : Ouazzani. Je crois avoir dit tout ce qui méritait de l’être mais ne puis oublier que cette première représentation au bénéfice de l’entraide avait attiré un nombreux public et de hautes personnalités. RAOUL DU FOURNET. Petit Marocain / 17.11.1957

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Pleins feux sur la rampe L'annone «de la première de « Montserrat », à Rabat (après la générale récemment

aux «Chênes») avait attiré, à côté des personnalités officielles qui

honorèrent de leur présence la présentation, un publié nombreux. Il s'agissait en effet d'un événement théâtral de première importance. N'ayant pas vu cette pièce à Paris lors de la création il y a quelques années, ne connaissant qu'assez vaguement le sujet et pas du tout la langue arabe, Je comptais assister seulement au premier acte... Je suis resté jusqu'à la fin, enthousiasmé. Cette jeune troupe marocaine peut être fière du travail accompli. Et, après le rodage nécessaire, son actuel spectacle constituera une « pièce de résistance » sûre de son répertoire. L'excellente direction d’A. Botbol, par une stricte observance des lois impérieuses de la rampe et des trouvailles

soniques personnelles, a

évidemment

contribué au succès de l'œuvre de Roblès . Mais le plus avisé des metteurs en scène ne peut créer le tempérament dramatique, pas plus qu'Insuffler la foi à ses acteurs si ces derniers ne la possèdent déjà, incontestablement, il s'agit, dès les premiers contacts, d'une révélation, ne serait-ce qu'au titre de la parfaite coordination d'une équipe déterminée autant que capable de défendre son art. L'incompréhension totale du texte parlé peut-être, m'a aidé à ne plus voir que les gestes, la diction. la justesse des attitudes... Le choix même de la pièce a été on ne peut plus heureux pour un début. Les trois actes se déroulant dans un seul décor, c'est pratiquement une question matérielle résolue Quant au cas de conscience autour duquel l'action se noue, tous les acteurs semblent en avoir pénétré la grandeur, la noblesse. La distribution brille par l'intelligence de son interprétation : Mohamed Afifi, Larbi Doghmi, Mohamed Farrah, Khadija Jamal, pour ne citer que les plus remarqués protagonistes, ont marqué d'une pierre blanche l'histoire théâtrale de Rabat. Les costumes et le décor, ainsi que les éclairages et la musique de scène ont solidement encadré soutenu, mis en valeur le texte. Ils ont parfaitement aidé à la création du climat psychologique nécessaire. Il est tout à fait logique d'augurer, pour la troupe du Théâtre Marocain, après la tournée en Europe prévue et l'expérience acquise grâce aux réactions diverses de publiés différents, une série de succès assurant à cette Jeune formation une place intéressante dans l'activité artistique contemporaine. M.O. Echo du Maroc / 17.11.195

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Brillante inauguration de la saison du Théâtre National Marocain RABAT (DNCP).— Le Théâtre National Marocain a ouvert hier sa saison 1957-1958 en donnant la première de « Montserrat », d'Emmanuel Robles, traduit en Arabe classique par Souhail Idriss au cinéma Royal de Rabat. LL. AA. RR. Le prince héritier

Moulay

Abdallah, ainsi que les princesses royales

Hassan

et

le prince Moulay

honoraient de leur présence cette

première, qui fut donnée au profit de l'Entraide nationale et obtint un succès mérité. De nombreuses personnalités ont assisté à cette représentation. Nous avons remarqué particulièrement les membres du gouvernement et du corps diplomatique, M. Omar Mezzour, directeur de la division de la Jeunesse et des Sports, S.E. Si Abbès Tazi, gouverneur de Rabat, Mgr Léfèvre, archevêque de Rabat, et de nombreuses autres autorité ainsi que M. Alibert Botbol, animateur du Théâtre National Marocain. Echo du Maroc / 16.11.1957

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Le Théâtre national marocain donnera « Montserrat » le 28 novembre à Fès RABAT (dncp) — le Théâtre National Marocain, qui vient de remporter un beau succès à Rabat, et présentant «Montserrat », l a pièce d’Emmanuel Prette traduire en arabe classique, va entreprendre dans tout le Maroc une tourné dont voici le programme :Tanger ; 18 novembre au – théâtre Alharnibra ; Tétouan ; 19 nombre au cinéma Monumental ; Port Lyautey ; 21 novembre au cinéma Le Palace ; Meknès 22 novembre au cinéma Le Régent ; Azrou : 23 novembre; Oujda : 25 novembre au cinéma Le Paris ; Boubeker : 26 novembre ; FES : 28 novembre au cinéma Empire ; Mazagan : 30 novembre au théâtre municipal ; Louis Gentil : 2 décembre à la salle des fêtes de l'Office Chértfien des Phosphates ; Safi : 3 décembre au cinéma Le Royal ; Marrakech : 4 décembre ; Casablanca : 20 décembre au théâtre municipal ; Khouribga : salle des fêtes de l'OCP.

Echo du Maroc / 17.11.1957

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Fin

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