Le Figaro. Supplément littéraire du dimanche 10/01/1914

Le Figaro. Supplément littéraire du dimanche

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Le Figaro. Supplément littéraire du dimanche. 10/01/1914.

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Somçnaipe Ernest

Dacdet.

Albert Guikon.

Eugène

MULLER.

Taveeny.

1 par le baron de Stackelberg, qui devait. cette alliance déjà contractée quand il fluence française, pour affaiblir l'automême quand ils désirent que nous les orné, enrichi son esprit, c'était bien parti aimions un peu moins. être un peu plus tard accrédité en Es- était devenu roi. Il n'en était pas satis- rité de Gustave III «t rétablir le dans le but d'en avoir l'intime et en

pagne où Markoff le suivit. Le séjour du jeune attaché à Paris. et à Madrid dura Une Vie de diplo- trois Il rentra alors à Saint-Pétersans. mate au dix-hui- bourg d'où en 1771, il était envoyé à tième siècle Varsovie comme secrétaire de la légation russe. Là, l'attendait sa première Remarques épreuve.

Elle

titulaire de la légation, le baron de Saldern, était un vieux diplomate réputé surtout pour son formalismepoussé Geokges Dalmeyda. à l'excès et « pour un caractère méticuPleureuses leux, brouillon, querelleur, emporté et au Cap Ténare despotique ». A 'la suite d.entretiens' ATravers les Revues qu'il Andbé Beaonier avait eus, six ans avant, à Berlin, ALB. DE POUVOURVILLE.' La légion étrangère relativement aux affaires polonaises avec Frédéric II, ce prince disait de lui « II Lucie Félix -FaureGoyau Christianismeet Cul- a pris avec moi l'attitude d'un dictateur romain ». Etant donnée l'orgueilleuse ture féminine Le livre du jour susceptibilité de Markoff, il n!est pas FEUILLETON: étonnant que, dès ses premières rela-

Fœmina «!

Les Copistes du Louvre Chants de

Un Voyage

pageJtfusica/e

Félix Fourdrain

Les Contes

de Perrault»

Chanson de Peau-d'Ane

Une Vie de Diplomate AU xvmme siècle (1)

Le

tions avec son nouveau chef, il se soit blessé des procédés de celui-ci. Mais il n'avait que vingt-quatre ans, son grade inférieur l'obligeait à la soumission et, d'abord, il sut se contenir. Deux incidents eurent raison de sa patience.

Un de ses amis étant en liaison réglée avec une des beautés de Varsovie, il s'était fait l'intermédiaire de la correspondance des deux amants. Une de leurs lettres tomba entre les mains de Saldern et le jeune secrétaire fut sévèrement réprimandé pour s'être prêté à ce rôle. Il supporta silencieux cette algarade. Quelques* jours plus tard, l'ambassadeur l'ayant) fait demander, il mit quelque retard à se rendre à cet appel. En le voyant entrer, Saldern,furieux d'avoir attendu, lui arracha un papier qu'il tenait à la main, le lui jeta à la tête en l'injuriant et en le menaçant de le renvoyer à SaintPétersbourg.

Je partirai si Votre Excellence le désire, s'écria Markoff.

La colère de son chef redoubla et finalement le secrétaire fut mis aux arrêts dans la maison de l'ambassade et même menacé d'y. être enchaîner Il se plaignit à Panine. Il écrivait « Je ne dis pas comme Io :`

Parmi les diplomates du dix-huitième siècle dont le nom semble voué à l'oubli, bien que de leur vivant, ils aient été mêlés à des événements mémorables, figure celui auquel cette étude est consacrée.. Il se nommait Arcàdii de Markoff.

Sujet russe, il était né à Moscou en 1747, d'une famille dont les origines remontent au quinzième siècle et, qui, bien qu'elle se fut appauvrie depuis, continuait à jouir d'une honorable notoriété.

Aux fureurs de Junon Jupiter m'abandonne, Dans ce milieu, l'enfant, en grandissant, acquit le goût du travail, dont il témoi- car j'espère que Son Excellence me raptoute sa vie. pellera ». En même temps, il priait SalBien que pendant plus de quarante' dern de recevoir sa démission « Flétri années, partout où son activité s'est et déshonoré, lui disait-il, par les épiexercée, il ait marqué parmi ses égaux thètes infamantes de sot et de misérable et ses maîtres, ce qui reste surtout de dontVotre Excellence m'a qualifié,je me lui c'est le souvenir de la mission qu'il regarde désormais comme empêché remplit en France sous le Consulat. Ac- d'être employé au service de ma Souvecrédité par le tsar Alexandre auprès du raine ». général Bonaparte, il ne se laissa intiSatisfaction lui fut donnée sous une mider ni éblouir par l'éclat de la pres- double forme. Saldern daigna reconnaîtigieuse fortune du futur Empereur. tre- que les expressionsdont il s'était L'ayaat^ris en inimitié, il ne dissimula servi avaient dépassé la mesure, et aces pas là sienne et la manifesta en; tenant excuses, il joignît, sûr l'ordre de Panifie,' tête à « ce parvenu ainsi qu'il l'appe- une somme de cent cinquante louis, deslait, sans craindre d'encourir sa colère. tinée à dédommager Markoff des frais Mais, avant d'être envoyé à Paris, il avait du déplacementauquel il était contraint. occupé d'autres postes à Saint-Péters- Au printemps de 1772, de retour dans la bourg et "à l'étranger. Il convient de le capitale de l'empire, l'apprenti diplosuivre à ces diversesétapes de sa carrière, mate reprenait sa place au ministère des qui devaient le conduire en France.

Affaires étrangères, entouré d'une sorte Décrivons d'abord sa personne. Il était d'auréole en raison des procédés dont il de taille moyenne et sans élégance. La avait été victime à Varsovie. vivacité de son regard où se lisait souA dater de ce moment, son avancement corrigeait qu'imparraillerie, la vent ne est rapide. Envoyé à La Haye, chargé visage, laideur de la faitement son d'une mission de confiance, il y passe de'pedes marques quelques mois et, à peine revenu, il est accrue encore par pris avait Mais il vérole. tite en son attaché à l'ambassade du prince Repqu'elle ait été voit parti et on ne pas un nine, que l'Impératrice envoyait à Consobstacle à ses succès de carrière. En dé- tantinople pour ratifier le traité de paix pit de ses désavantages, il saura s'im- qu'elle venait de conclure avec le Sultan. poser par son aplomb et son audace. Il Cette mission ayant pris fin, Markoff reest fier, susceptible, agressif; il a la ré- gagne son poste à Saint-Pétersbourg où partie prompte et dans les discussions, il reste jusqu'en 1781, comme conseiller quel que soit le rang de son interlocu- de la Chancellerie. teur, il ne reculera jamais devant le Les circonstancesdonnaient à ce poste dire.

Il nécessaire de mot qu'il croit a une importance exceptionnelle. L'Amé«Partout je devise où pris cette déjà rique du Nord luttait contre l'Angleterre resterai debout ». serai, je pour conquérir son indépendance. La volonté, laideur telle Doué d'une sa France et l'Espagne la soutenaient dans effet de le décin'avait eu d'autre que cette lutte et la Hollande, bien qu'au déraconte marier.

On der à ne pas se que but des hostilités, elle eut déclaré vouCatherine avait l'impératrice eu un mo- loir rester sur le pied de « la neutralité lui épouser faire pensée de ment la une armée », avait été entraînée à s'unir à d'honneur, ses demoiselles complède elles. Sa, participation à cette guerre beauté et de tement dépourvue de était préjudiciable aux iritérçts de la lui Lorsqu'elle proposa ce ma- Russie qui avait noué avec les Pays-Bas charme. riage, il répondit d'activés relations commerciales. Il lui mais, cette personne J'estime fort importait donc de voir la paix se conconviendra qu'elle est clure entre cette nation et l'Angleterre.

Votre Majesté moi, de telle qu'à sorte aussi laide que Pour hàter un rapprochement, l'Impéqu'enlaidir ratrice avait envoyé à La Haye le prince nous deux nous ne ferions l'espèce humaine.

Galitzine et c'est afin de le seconder que physiques nel'em- bientôt après, on lui adjoignait Markoff1.

Ce défaut d'attraits pêchait pas d'être coureur de belles. En C'était en janvier 1782. regardant à sa vie privée, on .y trouve- Il est 'assez piquant de trouver dans rait plusieurs aventures galantes jus- les lettres relatives à son séjour à La qu'au jour où, comme on le verra, la Haye et aux graves affaires qu'il eut à y rencontre d'une actrice française le fixa 'traiter, certains passages où se révèle à jamais dans une unique affection. l'incorrigible joueur qu'il était. On lit .A cette disposition à la galanterie, il dans l'une d'elles, adressée à Bezbojoignait un grave défaut il était joueur redko, affligé du même défaut que lui et, à plusieurs reprises, sa bourse eut « Je regrette fort que vosaffaires de terriblement à souffrir de sa passion cartes aillent si'mal. Moi, je suis beaupour le' jeu. On lit dans les notes biogra- coup plus tranquille sous ce rapport. phiques qui le concernent, qu'à la veille Quand il m'arrive de gagner six florins, de sa mort survenue le 29 janvier 1827, tout La Haye m'envie. Les femmes,d'ici alors qu'il atteignait sa quatre-vingt- sont abominables, la plupart sont des' unième année, ayant recules derniers friponnes; elles volent aux cartes de sacrements, il demanda des cartes et se manière qu'on ne peut les laisser un mit à jouer avec ses amis elles ne lui instant sans les surveiller ». Dans une tombèrent des mains, que lorsqu'il entra autre lettre au même correspondant,.il dit en lui présentantses vœux de nouvel en agonie.

En résumé, il nous apparaît comme an: « Permettez-moi de vous offrir à terriblement excentrique, et peut-être cette occasion un petit calendrier très convient-il d'attribuer à son manque commode, non pas pour les dates, mais, de souplesse et d'amabilité l'échec de pour y noter des comptes de cartes. » quelques-unes des missions qui lui Il est à remarquer que sa passion pour furent confiées et notamment de celle le jeu ne nuisit pas plus à,son avancedont, en 1784, il fut chargé en Suède. ment que l'échec diplomatique qu'il. veA ce moment, il y avait déjà vingt ans nait de subir. Définitivement rappelé des qu'il appartenait à la carrière, étant Pays-Bas, au mois de mars 1783, il reçoit entré en 1764, à dix-sept ans, comme avant d'en partir sa nomination comme traducteur au ministère des Affaires ambassadeur extraordinaire et ministre étrangères où commandait le comte Pa- plénipotentiaire à la Cour de Suède. nine. Ce- haut dignitaire se connaissait L'Impératrice lui donne ainsi un témoidistingua le nouveau gnage éclatant de la confiance que lui en hommes. venu et, trois ans après, il l'attachaità inspirent ses services passés et ses tal'ambassade russe en France, occupée lents.. Peu de temps avant, elle avait annexé la Crimée à son empire et bien cette étude <ïe diverses aidé (1) Je me suis qu'elle;eut conclu depuis la paix avec la pour pièces tirées des Archives Nationales, de celles Turquie, elle prévoyait une guerre noudu Ministère des Affaires Etrangères, de celles velle, avec cette puissance. Elle cherchait du Théâtre-Français et d'une monographie du comte de Markoff, publiée' en 1857, dans la donc à briser les.alliances que celle-ci Rousskaia Bessèda, par feu le savant écrivain comptait en Europe et notamment celle russe, Pierre Barténeff et que Mme Treskine de de la Suède. Gustave III avait trouvé Moscou a bien voulu traduire pour moi.

durant

Il

fait et nourrissait le désir de la rompre.

Il en avait fait part à Catherine, lorsqu'au mois de juin 1783, il s'était rencontré avec elle à Fredrichsham. L'Impératrice lui avaitalors proposé de s'unir à elle et de se détacher de la Turqnie pour former avec l'appui de l'empereur d'Allemagne, un bloc contre l'Islam et du même coup contre la France, alliée du Sultan. Gustave III avait écouté, mais n'avait pas répondu il voulait se donner le temps de réfléchir et de poser ses conditions. On voit aisément quel devait être à Stockholm le rôle du représentant de la Russie.

Ce n'était pas le seul dont il fut chargé.

En 1772, Gustave III, en montant sur le trône, s'était libéré par un coup d'Etat

aussi habilement conçu que brillamment exécuté, du joug despotique, que depuis la mort;de Charles XII, les Etats composant la Diète faisaientpeser sur la royauté suédoise. Il était devenu ainsi le maître tout puissant de son royaume, au grand mécontentement de la plupart des grandes Cours et notamment de la Russie.

Depuis, elle n'avait cessé de considérer comme nécessaire de rendre aux Etats leur ancien pouvoir. Quand ils l'auraient reconquis, elle pourrait dominer en 'Suède par leur entremise plus efficacement qu'elle ne le pouvait, tant qu'elle avait devant elle un souverain dont il n'était pas facile d'ébranler les. résolutions. Elle enjoignait donc à Markoff de favoriser de tous ses efforts les tentatives auxquelles se livrait le parti des Etats pour reprendre la situation omnipotente que Gustave III avait détruite. La mission de Markoff à la Cour de ce prince était donc en réalité une mission de défiance, presque d'hostilité.

Mais avant de se rendre à Stockholm, il devait aller à Paris pour prendre part, sous les ordres du prince Bariatinsky aux négociations qui- allaient s'engager.

On doit croire que durant ce séjour qui se prolongea jusqu'au mois de février de l'année suivante, il ne fut pas moins fatigué par ses plaisirs que par ses travaux. Ce qui permet de le supposer, c'est l'altération de sa santé. Elle l'obligea à demander un congé de trois mois pour aller se rétablir en Italie.

Bientôt après, le congé accordé, il est à Turin où il est admis à faire sa cour au roi du Piémont, Victor-Amédée III. Quelques jours plus tard, il arrive à Pise où le grand-duc de Toscane l'accueille avec les plus grands égards. Il voudrait y demeurer pour prendre les eaux. Mais il apprend que le roi de Suède est à Rome. Pressé de le rencai> trer et d'ouvrir la négociation dont il est chargé, il.se remet en route.

Informé de son arrivée, Gustave III s'empresse de le recevoir. Dans cette première entrevue ne sont échangées que des formules de politesse. Mais, le même soir, à une fête chez le cardinal de Bernis, ambassadeur de France, le roi et le diplomate russe se retrouvent; l'entretien se noue un peu plus à fond.

Les allées et venues des invités l'interrompent et le roi donne rendez-vous à Markoff pour le samedi saint dans une chapelle de Saint-Pierre. C'est là que Markoff demande à Gustave III de rompre l'alliance otfensive et défensive qui l'unit à la Turquie et d'y substituer une alliance avec la Russie.

J'y suis tout disposé, réplique le prince, mais à deux conditions la première, c'est que la Russie rompra l'alliance qui l'unit au Danemark la seconde, c'est qu'en nous alliant l'Impératrice et moi, nous resterons libres chacun de notre côté, de faire tout ce qui nous conviendra en tant que ce ne sera pas contraire à nos engagements réci-

russe en aidant les Etats à recouvrer leurs anciens pouvoirs. Ces intrigues devaient rester vaines, et au terme de son séjour en Suède, il était contraint de s'avouen que l'objet de sa mission n'était pas atteint. Mais, comme on le verra dans la fin prochaine de cette étude, son crédit à Pétersbourg n'en fut pas ébranlé. Érnest Daudet.

Daudet.

REMARQUES

Un des plus grands charmes des vieilles villes italiennes, c'est la place superbe-

ment perdue..

Pour un peuple, une civilisation trop rapide est comme un habit somptueux endossé à même la peau.

V*»

En art» dramatique, c'est encore Tétrangeté qui aboutit le plus vite à la banalité.

Ce que

le débutant dramaturge appelle

fièrement « un sujet de pièce qui n'a jamais été traité », est, en général, un sujet sur lequel il faut se garder avec soin de Pour consoler un cœur qui souffre, il faire une pièce. faut pouvoir y pénétrer sans réserve, ainsi '• chambre la frapper dans qu'on entre sans Les pires rancunes sont de province malade. d'un à cause du manque de distractions.

Chez beaucoup de gens, la sociabilité Les grands cœurs paraissent durs. n'est que le besoin constant d'un appui.

s.

*••.

]'

Ce que les femmes méprisent le plus au est très comc'est un acte d'honnêteté qui nous mode pour masquer l'indigence ou monde, éloigne d'elles. l'absen,ce des scènes principales.

Dans;une pièce, l'humour

'•

•

*%•

Un peu de bien-être moralise l'homme L'erreur des Allemands est de croire beaucoup de bien-être le démoralise. que, dans les relations de peuple à peu»** .ple, il n'y ait à opter qu'entre la menace Avec les femmes, quand on a passé un ou le sourire ils oublient la politesse, et certain âge, ce qui vous pousse aux pires qu'elle peut être glaciale. folies, ce n'est pas l'amour, c'est la pitié.

Ceux qui parlent beaucoup ont souvent Dans Beethoven, certains accords seml'occasion de s'écrier « Je l'avais bien comme des lambeaux dit Mais, généralement, ils avaient dit blent arrachés de chair. aussi le contraire. s**

Au fond, nul n'est plus prétentieux Il n'y a pas de plaisir plus hautaHn que qu'un sceptique: car son habitude de ne de rassurer ceux qui nous envient. jamais prendre parti lui donne facilement l'illusion de n'avoir jamais tort. f: Ce qu'il y a de particulier chez les gens ~r'* très instruits, c'est que même leur façon La vogue est comme la vague d'abord, de ne pas savoir est encore du savoir^ elle vous soulève ensuite, elle vous roule.

Le naïf dépit de certains auteurs qui ont à se plaindre de la critique rappelle Les grandes coquettes, lorsqu'elles sont la mauvaise humeur d'une trop un peu se plaisent à devenir naïves. petite femme dont on a déchiré la robe. amoureuses, Elles rappellent ces prestigieuxacrobates qui font si subtilement exprès de man**» Le vulgaire prend trop facilement les quer un tour.

Albert Guinon. gens occupés pour des gens travailleurs.

*

Il n'y a que le Parisien qui sache vraiment cligner de l'œil. '<Ii**

N'en déplaise aux personnes «. pratiques », la démonstration par les faits est la moins décisive de toutes. Car, dans bien des cas, elle n'a que la brutalité frap-, pante d'un accident. > L'humour, chez tel comédien, n'est que le raisonnement par l'absurde constamment appliqué au leu.

Tel dramaturge, fait pour le style commun et les effets vulgaires, arbore quand il veut soigner sa forme un dialogue

endimanché.

»*»

"•

vivant solitaire, on a chance de 'garder intacts à la fois sa passion et son jugement.

•

En

* A valeur égale, le théâtre est,

de

toutes

les formes littéraires, celle où un\ personnage peut livrer le plus ouvertement les mouvements secrets de son âme: car le langage parlé finit souvent par entraîner, presque malgré elle, la pensée qui se retient.

proques. »** Ce sont des conditions inadmisLa seule réparation que les femmes sibles, Sire, répliqua Markoff'.

Il a compris que le roi entend se ré- vous offrent jamais, c'est une réparation server la faculté de s'agrandir aux dé- par les larmes. ,~x.* pens du Danemark, et il sait que l'impératrice n'y consentira pas. On discute A l'audition de certaines pièces prétenpendant deux heures; la discussion tieuses et mornes, le public apporte une s'échauffe le roi est entêté, volontaire; résignation d'abattoir. mais Markoff ne l'est pas moins que lui, «* et malgré la sainteté du lieu, le débat plus plein de lui n'est pas le plus sûr tourne à la querelle en s'envenimant de deLe lui. l'antipathie qu'à première vue les deux interlocuteurs ont ressentie l'un pour Il sied qu'un mari trompé ne soit pas l'autre. Le roi finit par s'emporter aux armes mieux vaut faire Si je ne peux être un ami utile, trop fortSganarelle qu'à Saltabadil. s'écrie-t-il, je peux être un ennemi in- penser à commode les frontières'de la Suède ne vT' sont pas loin de Saint-Pétersbourg.

La femme vraiment d'un Je ferai remarquer à Votre Majesté, homme ne veut plaire auxamoureuse autres qu'à trareprend Markoff, que là distance des vers son amour.

•

frontières russes jusqu'à Abo n'ést: pas *•• plus longue.

Les gens qui savent très bien l'histoire Convenez cependant que Pétersont un grave défaut; ils excellent à transbourg a plus d'importance qu'Abo. former leur science du passé en- erreurs C'est vrai, Sire, mais Pétersbourg •est moins 0 sur le présent., accessible.

1.

Il peut se présenter des circonstances où l'accessibilité deviendrait

«*»

*céder est moins dur

Dans certains cas, pres- qu'avouer. que la même.

Ces mots sont prononcés d'un ton Parfois, dans une œuvre de théâtre, ce presque comminatoire. Markoff ne se laisse pas démonter et, toujours respec- que le public appelle « aller trop loin », c'est simplement aller au fond. tueux, il répond Il peut aussi" se présenter des circonstancesoù Votre Majesté ne pourrait Lés mauvais écrivains aiment écrire au marcher sur Pétersbourg sans être obli- pluriel les mots abstraits. Ils oublient gée de regarder derrière Elle. qu'un mot abstrait au singulier est déjà Cette allusion aux périls que peut une synthèse de pluriels. faire courir à: Gustave III la profonde inimitié qui règne entre lui et l'aristoII arrive souvent que les plus âpres micratie suédoise qu'il tient courbée sous une main de fer, le blesse profondément. santhropes fassent preuve, envers les -Nous reprendrons cet entretien à hommes pris individuellement, de la plus Stockholm, fait-il; nous nous y retrou- scrupuleuse bonté. On dirait qu'il y a là, de leur part, comme une souverainecoverons à mon retour de Paris. la coquetterie de celui qui, En apprenant ainsi que le roi va par- quetterie tir pour la France, Markoff devine qu'il n'aimant pas l'humanité, tient à se, monvient de renoncer intérieurement à s'al- trer meilleur qu'elle. lier à là Russie, et des ce moment il ne «% • voit plus en lui qu'un ennemi. Animé de Il.y qui deviennent réactioncette conviction, il s'installe à Stockholm naires a des.gens un peu comme les vieilles dames quelques mois piustard, après avoir pris galantes deviennent dévotes. les eaux de Pise et séjourné tour à tour à Naples, à Vienne et à Pétersbourg. Il La première preuve d'amitié à donner à allait passer deux ans en Suède, se dépensant en intrigués pour détruire l'in- nos amis, c'est de faire* ce qu'ils désirent

.•»*, i.

•' «s-.»'

'ELLE"

quelque sorte exclusive satisfaction car dans le monde où elle vivait, bien rare eût été pour elle l'occasion d'aborder de tels sujets: Mais quand, mère et veuve de bonne' heure, elle. eut un fils, sur lequel se concentra toute, sa tendresse, Dieu sait combien fut grand son désir d'associer le plus tôt possible cet enfant à ce qu'elle considérait comme le charmant luxe de'e vie.^ sa vie.

Aussi, du jour où elle lui eut enseigné elle-même à lire, à écrire (seul savoir exact qu'elle pût en réalité lui communiquer), avec quel soin, avec quel amour elle s'efforçait de le suivre, de l'aidçr; dans le progrès des notions qu'il rapportait des petites écoles où elle l'envoyait tâche d'autant plus attrayante pour elle que souvent, même en ce butin élémentaire de l'écolier, maintes choses se trouvaientqui lui étaient encore nouvelles, et qu'elle avait la joie de devoir au jeune être qui était une portion .de sa chair, et qui, chaque jour, devenait deplus en plus une portion de son âme. et de son cœur.

Il en alla ainsi doucement, délicieu-* sement, pendant quelques années, au cours desquelles la mère avait formelles plus beaux projets pour l'instruction future du fils. Déjà, de l'école primaire il avait passé sur les bancs d'un petit collège communal, d'où, quand il aurait gravi les bas échelons des études dites classiques, il sortirait pour entrer dans quelque institution de premier ordre.

Mais, en caressant ces riantes espérances, l'active industrielle, la sagace commerçanteavait oublié les mécomptes imprévus des affaires. A peine l'adolescent avait-il goûté aux leçons de ses nouveaux maîtres qu'il dut y renoncer.

L'humble atelier, le modeste négoce réclamaient ses mains et son .intelligence.

Il les leur apporta et un peu de prospérité matérielle compensa l'abandon du rêve Du reste, quelques années de mutuelle attention aux choses intellectuelles avaient suffi à mettre la mère et le fils en parfaite communion d'idées, de goûts, d'aspirations.

Ils avaient, dans un village, une petite manufacture qu'il dirigeait, et dont elle allait, souvent au loin, placer les produits. A cette double et absorbante tâche ils trouvaient cependant quelques relâches. Alors, s'il était seul, c'étaient des lectures si elle était là, revenant de ses. voyages, dont elle rapportait presque toujours des livres, des journaux, .:a,lo,rs. entretiens» d'affaires achevés oh les longues-, les vagabondes causeries sur tout ce qui, pen-

maternel.

-les

Un jour de l'année 1894, le ministre dant la séparation, avait nourri leur de l'Instruction publique s'en allait, pensée, provoqué leurs réflexions, donné

l'essor à leur cher idéal Donc, un jour qu'il avait à lui écrire pour la tenir, comme d'ordinaire, au courant des choses du travail, de la maison, voilà que, par jeu, par fantaisie car rien n'était moins austère que leur correspondancehabituelle, il lui arriva de rimer et de rythmer tout cela, de latin.

Il s'appelait Lhomond il était né, en sans presque se douter qu'il existât des 1727, de gens très pauvres, qui n'avaient règles prosodiques, en obéissant au seul l'œil et de l'oreille; et voilà pu songer à le faire instruire mais instinct de jeu aussi, la réponse vint, ayant appris à lire, il connut le goût de que, par l'étude; et travaillant seul en quelque tournée de la même façon.

Puis, quand ils se revirent, comme le sorte, avec quelques livres empruntés, il sut intéresser à lui des gens qui lui fils, ayant pris goût à ce moulage de obtinrent une bourse dans un collège, l'expression, montrait à la mère queldont plus tard, après être allé étudier ques nouveaux groupes de lignes niesuen Sorbonne, il devint le directeur. Cette rées et assonantes: maison supprimée, il entra au collège « Tu veux écrire, faire des vers, ditdu Cardinal-Lemoine, à Paris, en qua- elle, pourquoi pas? D'autres que toi, qui lité de régent de sixième. Et ce fut, vécurent du travail de leurs mains, ont malgré toutes les offres de plus hautes pris place parmi les écrivains estimés fonctions, en restant dans ce poste in- (elle cita plusieurs noms); mais n'ayant fime, en ne faisant rien de plus que pra- reçu ainsi que toi qu'une instruction intiquer le plus modeste enseignement, suffisante, ils ont dû travailler, étudier qu'il sut conquérir une célébrité pour beaucoup, pour acquérir par eux-mêmes ainsi dire universelle, et mériter les cette instruction sans laquelle assurément ils n'auraient rien produit de vahommages de la postérité.

Or, le jour où de grands honneurs lable. Pourquoi ne ferais-tu pas comme étaient rendus à la mémoire du bon- ceux-là? Ils ont voulu, ils ont pu pourhomme, quelqu'un dont je n'ignore quoi ne voudrais-tu pas? Qui sait, mon aucun des sentiments intimes, fut peut- enfant, qui sait?. (Pendant qu'elle parêtre, tout en ne quittant pas son logis, lait ainsi, une étrange lueur, qui brillait l'un des manifestants qui. s'associa le aux yeux de la digne femme, sembla plus cordialement, le plus sincèrement glisser son feu dans le cœur du jeune homme.) Tous les arts, continua-t-elle, à la fête publique. ont sans doute leurs lois, qu'ont fixées C'est pourquoi vous plaît-il d'écouter une histoire ? les œuvres des maîtres, et qu'il faut Il était une fois cela date d'un très connaître et observer. Éh tiens, par large demi-siècle un jeune artisan exemple, pour les vers, depuis que fort peu lettré, qui, sans trop savoir j'avais reçu ta lettre, je voulais savoir. pourquoi, se trouva tout à coup mordu Dans la dernière ville où j'ai passé, je au vif par le dénion littéraire. me suis renseignée auprès d'un marsavoir pourquoi, dis-je, Sans oui, chand de vieux livres il m'a vendu peut-être au moment où l'accident lui celui-ci. Tu vois, tout un gros volume arriva; mais depuis il s'est exactement 1 de règles, de conseils, d'exemples. rendu compte des causes.

Prends ce livre, lis-le, médite-le et nous famille de Né dans une petits indus- verrons bien! » avait triels, ce garçon une mère qui, bien que n'ayant jamais reçu qu'une instruction primaire et bien que n'ayant Sous le titre de Poétique française, ce jamais vécu que dans un milieu fort peu livre, de date déjà éloignée, était, en cultivé, s'était élevée d'elle-même par même temps qu'un manuel du mécade nombreuses lectures, par un vif désir nisme prosodique, une sorte de rhétod'apprendre et de connaître, par un rique, où se trouvaient amplement et goût inné du grand, du beau, au rang clairement étudiés les divers genres de femme absolument supérieure.. n d'ouvrages en vers de la vaste et pomRéclamée toutejeune par les préoccu- peuse épopée à la frivole ou uiaïigne pations industrielles, par les soins et épigramme. déplacements commerciaux, où d'ailLe jeune homme consacra plusieurs leurs elle faisait preuve de très sérieuses longues veilles car il ne fallait pas aptitudes, c'était sans suite, sans mé- laisser en souffrance la besogne matéthode, au hasard des loisirs, des veilles rielle à se pénétrer de cette espèce de prolongées, des trouvailles ou rencon- code littéraire; puis, pendant quelques tres de livres anciens ou nouveaux, mois, ce fut un flot, un déluge d'essais, qu'elle avait nourri, développé ses ins- un monde de projets, de rêves, d'entretincts de haute curiosité intellectuelle. prises, qu'il montrait, exposait, comEprise de l'art sous toutes ses formes, mentait à la mère, lors de ses retours. elle admirait tour à tour les productions Elle écoutait, souriait, approuvait, disdu peintre, du statuaire, du musicien, et cutait, avec toute sa douceur, toute son goûtait le même charme à revivre le affection coutumière. Et toujours l'appassé avec le récit du grave historien, probation et la critique aboutissaient* à qu'à suivre en ses rêves le poète, en ses ces formules: «Pas de hâte! Etudie, fictions le .conteur. Il n'était guère de apprends, instruis-toi, meuble ta mésouvenirs historiques dont elle n'eût la moire aux lectures sérieuses; affine ton notion, de belle œuvre dont elle ne con- goût, ton esprit aux grandes œuvres. nût au moins la réputation, de nom glo- Sans culture attentive, patiente, obstirieux dont elle ne sût les titres à la née, point de beaux ni de bons fruits. dans une petite localité du département de la Somme, présider une fête commémorative en l'honneur d'un bonhomme (j'entends ce mot comme on l'entend d'habitude quand on parle de notre grand fabuliste) qui ne fut autre qu'un tout simple et tout humble professeur

"•'

gloire..

Travaille Travaille !»x Or, si elle avait' ainsi d'elle-même Et, docile, il allait, ardent, opiniâtre,

la voie

que lui indiquait cette sage aujourd'hui chargé de neige, maints soulendresse, qui d'ailleurs était pour lui le venirs se sont gravés, qu'il aime à reseul guide, car dans son entourage nul trouver mais parmi tous il n'en est à qui recourir pour la moindre aide in- aucun qui réveille en lui une émotion tellectuelle. Des livres que son. obstinée plus délicieuse que celui de ce soir où, pourvoyeuse ne pouvait, d'ailleurs choi- sous les rayons de la vieille petite lampe dans

sir que d'instinct, et qu'elle apportait à d'étain, assis tout

chaque retour rien de plus.

A vrai dire, comme elle était sans cesse préoccupée des visées de son fils, toute occasion lui paraissait bonne pour recueillir quelques avis profitables. Une fois qu'il venait de lui lire une chose qu'elle avait écoutée avec intérêt « C'est bien! lui dit-elle, bien, à ce.qu'il me semble, comme pensée, comme idée; mais crois-tu que dans la façon d'arranger les phrases, les mots, il y ait tout ce qu'il pourrait y avoir d'aisance, de netteté, de force, enfin de ce qui fait que, quand nous lisons tel'ou tel écrivain renommé, nous sentons que son dire nous prend, nous gagne, nous pénètre?. Je -ne m'exprime peut-être pas bien, parce, que je ne sais'pas, parce que je n'ai pas appris; mais je cherche, j'imagine; je me comprends, et tu me comprends peut-être Oui, fit le jeune homme, qui d'ailleurs ne récusait jamais les avis de son cher oracle, tu as raison; ce qui me manque, ce' je ne sais quoi, je le sens comme toi; mais je vais aviser, travailler, .chercher, par la lecture, par l'étude; et je trouverai, va, je trouverai, tu

aussi.

verras

s>

« Ecoute, reprit-elle, l'autre jour, dans' la diligence, en face de moi, étaient deux messieurs qui causaient. Ce devaient être des professeurs, des savants.

Ils parlaient d'études, de livres, publiés.

Je ne perdais pas un mot dé leur causérie. Tout à coup, l'un dit à l'autre

« Vous êtes bien

d'avis, comme moi,

n'est-ce pas? que dans la connaissance des langues classiques, dû grec, du latin, se trouve- et tous nos grands écrivains l'ont prouvé le secret de notre langue ? Le secret, il avait dit le secret!

Et j'entendis l'autre monsieur répliquer: Assurément, cela ne fait doute pour « personne. Alors, sais-tu ce que je me dis?

'

Quoi donc, maman?

Eh bien je me dis': Pourquoi n'apprendrait-il pas, sinon le grec, qui a l'air d'être si embrouillé, si difficile avec ses lettres toutes bizarres, mais au moins le latin, qui s'écrit comme le français ? Que t'en semble?

Le latin: apprendre le latin, moi, ici, tout seul, dans mon trou de vil-

lage?.

pas tout seul.

Avec qui donc?

Non,

Avec moi.

Avec toi, mais.?2 Attends. Avant de quitter ces messieurs, j'ai demandé à l'un d'eux de quels livres on se sert pour enseigner le latin à un jeune enfant. « Eh bien madame, tout d'abord la grammaire, le Rudiment de Lhomond, et, comme premier livre de traduction, YEpitome dumême auteur. » Tu penses si j'ai répété vingt fois en moi-même ces indications pour les bien retenir. Et je suis allée chez le marchand de livres et voici le -sais que une quinzaine de jours

Rudimerit,iiKQi&iYEpitome. -Tu

je dois rester ici quand comejençons^nous à 'apprendre' le

latin?.

»

Ils commencèrent dès* le soir même, apsès la clôture de l'atelier, dans le silence d'une longue veillée d'hiver; et ce fut le coq, chantant minuit, qui les avertit qu'il était temps d'aller demander au sommeil les forces réclamées par la besogne du lendemain tant cette mère et ce fils avaient trouvé intéressante la première étape de leur espèce de voyage à la découverte d'une espèce de monde nouveau, et tant, pour les guider en cette aventure, le Rudiment leur avait semblé un agréable, un charmant cicerone.

Agréable, charmant cicerone! répétezvous sans doute. Quoi! le rudiment, l'affreux rudiment, comme le jugent et le qualifient tant d'écoliers, et comme vous l'avez peut-être jugé et qualifié vous-même jadis, le rudiment tenu pour agréable et charmant Et vous riez, et vous croyez que je veux vous mystifier.

Eh bien! riez, raillez, moquez-vous, si bon vous semble; mais laissez-moi vous le dire avec cette profonde mais douce gravité du cœur qui revit une heure dans l'esprit du bonne de son passé jeune homme d'alors, dont le front est

près de la noble, de la sainte femme, toujours aimée, toujours bénie, joue contre joue, main contre main, il était penché avec elle sur les premières pages de ce livre que vous dites affreux, rebutant, mais qu'il ne sut jamais rouvrir, lui, sans se sentir pris

d'un pieux attendrissement.

«* « Çà, voyons, dites-vous encore (car

sur la foi de contraires souvenirs, vous tenez au répulsif, ou du moins au banal caractère de ce livre), que purent-ils donc voir et trouver sur ces premières pages, leur donnant tant d'attraits et même, puisque vous l'affirmez, tant de charme?

Ce qu'ils y virent, ce qu'ils y trouvèrent? Eh! mon Dieu! des riens, des insignifiances selon vous, mais, selon eux, tout un ensemble de faits immenses, de surprises singulières, de données pour ainsi dire mystérieuses, dont l'explication, sans doute prochaine, lès ravissait d'avance, comme toute promesse d'un riant inconnu. Tenez, par exemple, ces premières assertions: la langue latine a neuf et non dix espèces de mots. Neuf Ils se regardent, s'interrogent. Quoi! Comment? Lequel donc est absent? Puis trois genres au lieu de deux!! Autre ébahissement. Puis les voici sur Rosa, qui veut dire la rose (car le vieil auteur, qui assurément s'est souvenu d'avoir eu de ces étonnements quand, peut-être, tout seul lui aussi, il apprenait ou cherchait àapprendre, l'auteur, avec la très habile simplicité de son enseignement, a eu grand soin. pour cette entrée en pays latin, de choisir le mot qui ne diffère du nôtre que par une finale, et qui ainsi met aussitôt en relief l'étroit lien jes deux langues) puis les voici sur Rosx, qui veut dire de la rosé .-aussitôt ils ont compris, leur deuil en est fait de l'article, dont le français s'embarrass'e, et qui en latin se loge dans les finales. Et les cas commencent à s'expliquer pour eux. Bien mais Rosse veut dire aussi à la rose. Voilà maintenant Rosam, qui, tout en différant de finale avec Rosa, signifie pourtant comme celui la rose. Et que sais-je?.

Toujours est-il que la soirée se passa entière, ne vous déplaise, à. décliner d'autres mots en a sur Rosa, puis des mots en us sur Dominus (le Seigneur, oui celui qui commande, qui domine), et ainsi de

suite. »

Et vous riez de plus belle sans doute, quand j'affirme, quand je répète que dans l'esprit du jeune homme d'alors cette soiree a laissé le plus doux souve-

nir.

Ah 1 c'est que non seulement ce souve-

nir ne fait pas revivre pour vous, à côté de vous, l'absente tant chérie vivante, tant pleurée, tant adorée morte, mais encore c'est que vous ne l'avez pas entendue comme lui, pendant la journée qui précéda cette veille, vous dire d'une voix émue « Songe donc, apprendre, savoir une de ces. langues antiques, où se trouve, paraît-il, le secret que tu cher* ches connaître, telle qu'ils l'ont • émise j ia pensée de ces grands écrivains, avoir en quelque sorte l'écho fidèle de leur voix; être auprès de ces poètes, de ces philosophes, de ces orateurs, dont deux mille ans n'ont fait que rendre plus illustres, plus immortels les noms et les œuvres A ce contact, à cette communication, combien se doit élever l'âme combien se doit mûrir l'esprit » Ainsi avait parlé la mère et dans le prestige du souvenir, le fils croit, encore aujourd'hui, entendre résonner sa chère, sa vibrante parole.

Puis encore pour celui qui, vieux, retrouve en' lui ces jeunes impressions, n'est-oe rien que d'y reconnaître un de ces charmants subterfuges comme seul les cœurs de mères savent les trouver?

Ce qu'elle voulait, ce qu'elle désirait pour qu'elle lui l'applicationà cette étude, elle savait bien ne pouvoir continuer avait craint qu'il ne s'effrayât à l'idée de l'entreprendre seul; alors elle avait songé à l'aider de sa force, à l'entraîner de son exemple; et si l'aida-t-elle, l'entràîna-t-elle, que les premiers pas faits avec elle ouvrirent définitivement pour lui le si vaste et si attrayant domainedu monde littéraire antique où, sans au-

entre autres qui me regarde avec une férocité stupide.- Enfin, pour que ce fut poétique tout ensemble, et moderne, iris, roses et.arums de papier, habillent les lampes électriques et courent en guirlandes.

Si le propriétaire de l'hôtel a risqué la dépense d'une telle grotte, c'est; à n'en pas douter,qu'il voulait rendre ses clients w !»" heureux. Rt de fait les déjeuneurs des ont un air de comAllemands tous XVI" plète satisfaction. Nul signe, de misère morale, aucune dépression ne se lit. sur UWÀRTÊOURG leurs visages, réjouis par la nourriture.

Ils sont contents de mastiquer du Les Allemands aiment et compren- dans cette grotte. Peut-être, elle lesveau aide Cependant, lorsqu'ils nature. la. nent en reproduisent quelque aspect afin de à Gëpendant,par la fenêtre près de lamêler à leur vie familière la mémoire quelle je suis assise, on aperçoit l'impédes beaux paysages hantés par la lé- nétrable masse des forêts et, perfectiongende, ils obtiennent sans effort une nant les, nobles lignes la Wartbourg. éblouissante laideur. Quels bibelots ils Quel insaisissable rapport les mangeurs fabriquent et vendent à profusion veau établissent-ils entre la majesfleurs séchées, collées, maquillées, en-= de austérité de ce paysage et la rubannées « vues » peintes sur des tueuse grotte plâtre et bouchon, les Kobolds, le boites, des coupe-papiers, des vitraux hibou imbécile, les fleurs de papier? lamentables « objets d'art » faits de Je renonce à le découvrir, en hâte je cornes; révoltantes chromos, dont la m'échappe et, conduite par un cocher pauvre hideur doit fixer le souvenir de soucieux, je monte au château où sainte quelque sublime excursion. Ils ont Elizabeth, les maîtres chanteurs, Luther cherché passionnément, et senti le mys- ont laissé leurs mémoires, tère de la forêt, la sérénité hautaine des horizons. Et ils achètent les affreuses choses pour se les rappeler plus exacte,La route est admirable. L'immense ment. C'est trop difficile en vérité de horizon, les verdures qui s'écroulent et comprendre l'âme des autres serelèventd'.unmouvement continuelréJe songe à cela tout en déjeunant à pandent une paix parfaite. On a le cœur Eisnach, dans une salle à manger. plein, immobile et soumis.

Quelle salle à manger inouïe! -C'est Après un peu de temps, le cochertriste Des plâtre rochers de grotte. vaste une tourne, appelle mon attention d'un reet de liège pendent et se tortillent con- se gard sévère, braque, son fouet vers le vulsivement des arceaux incompréhen- lointain et dit « Cette hauteur que vous sibles se courbent. Pour plus de gaieté, voyez là-bas, entre les arbres, où le terde grandes glaces s'incrustent çà et là rain est gris, c'est l'endroit où Vénus dans les masses tourmentées du bou- donnait ses rendez-vous à Tannhauser ». chon. Pour plus de féerie, on a juché Cet hommesérieux ne songe guère âme dans les creux du roc maint gnome, tromper, ni même,à me faire sourire. Il maint Kobold de zinc, artificieusement m'informe d'un fait historique indiscupeint, et des bêtes nocturnes. Un hibou table et bien connu de tous les cochers à Eisnach. Mais lui, que voit-il, quand il (1) Voir le Supplément Littéraire du Figaro, m'offre ce renseignement. Quel image des 13, 20, 27 septembre, 4, il, 18, 25 octobre, de Vénus se lève dans son esprit? N'a1«, 8, 15, 22, 29 novembre, 6, 13, 20, 27 dé- vez- vous jamais connu de curiosité pacembre 1913 et 3 janvier 1914.

FEUILLETON OU SUPPLÉMENT LITTÉRAIRE DU FIGARO

••

Un Voyage •'•

rêver.•

.'

cun doute, il n'eût jamais songé à s'aventurer de lui-même.

Au cours des deux semaines où-ils étudièrent ensemble, le plus grand nombre des soirées se passa très ingénument, très ardemment.surcette grammaire où.avec un art si lucide, le bonhomme Lhommond sait si bien graduer les préceptes, préciser les règles, enchaîner les déductions. Tout d'abord ils firent gaiement assaut à qui mieux déclinerait les noms, les adjectifs, les prénoms; à qui mieux conjuguerait les divers modes des verbes puis à qui mieux retiendrait lesformules de ces règles, dont les exemples leur fournissaient de primaires applications puis, un des derniers soirs, comme VEpitome se trouvait sur la table près d'eux, voilà que la mère ouvrit machinalement le petit volume; et, le doigt sur la première ligne du premier cha-

Les Copistes du Louvre Cinq fois par semaine, les salles du musée du Louvre s'encombre it de copistes. Perchés

sur de hauts tab uréts1, ré couvrant patiemment de couleurs trop fraîches des toiles trop grandes, certains dissimulent parfois les chefs-d'œuvre' qu'ils imitent. N'approchez pas, vous serî'Z repoussé d'un regard dédaigneux. Momentanément, l'Antiope ou les' i\aces de Cam leur appartiennent, et, faute de pouvoir à l'aise contempler l'original,vous avez tout au plus le droit d'admirer la copie.

C'est

du reste ce que désirent les copistes,

les plus rébarbatifs par vanité, les plus, ai-, niables par intérêt. Un regard trop complaisant sur l'œuvre' de cmx-ci vous vaudrait aussitôt une offre 4e vente. On supposera que votre salon est déjà meublé dans le goût

Cette trouvaille le qualifiait, sans aucun doute, pour nous présenter les dames-copistes du Louvre, il y a quelques années. Il le fit dans un dialogue, à la fois alerte et bavard, qu'il échange avec l'imaginaire Potet, un impressionniste de ses» ennemis. Et les deux compères déroulent cette revue, déjà «uranné.r, dans un volume imprimé et relié avec la majesté enfantine d'un secondprix de thème latin, et qu'illustrent d'excellents dessins de Paul Renouard. Procurez-vous ce curieux document de naguère et vous y verrez d'abord, sous un bonnet d'ouvreuse, l'image peu séduisante d'une copiste qui consacra ses jours à orner les prétoires de province.

En ce temps-là, sérieux comme un juge de vaudeville, l'honorable et rébarbative commère achevait son douzième exemplaire de La justice et la vengeance divine poursuivant le crime, selon Prud'hon. Un conseiller de Cour d'appel lui avait valu cette nouvelle commande moralisatrice. La bonne dame s'était vouée à cette mission offrir à tous les inculpés de France un sujet de méditation, une image terrible qui les conduirait

et une belle copie de musée complévois donc, fit-elle, il me ancien, si bien. cet ensemble. Dans le nombre, semble que je comprends 'D'eus, c'est ilterait là, y a en effet, des copies d'une rare habi- fatalement au repentir.

Dieu, creavit, c'est le passé de créer, leté.

Le ministre des beaux-arts en acquiert Mais, par un savant effet d'opposition, tout nous l'avons conjugué, cœlum,. nûus l'a- quelques-unes, une fois l'an, et les expédie auprès de l'austère vengeresse une fine vons décliné, le ciel, et terrain, et, la dans les lointains1 musées de province, où silhouette élégante, apparaissait dans la luterre, tu vois, térram, c'est-à-dire terra elles contribuent assurément à « l'éducation mière diffuse de la galerie. C'était une élève à l'accusatif, oui, c'est la règle, amo artistique des masses de Ghnpliii. De peur que le passant peu cul'ami Mais, pour l'amateur, de pour Deum. Eh mais c'est très aniusant! je nos. rieux n ignorât son nom, elle l'avait fait grasemblent d'inexbeaux musées, les copistes continue. lntra, ah un mot nouveau pliquables phénomènes. Leur besogne, s'ache- ver sur sa boîte de couleurs. Charlotte Bipeignait des ciels gris rosé selon son attends que je consulte le petit diction- vant là, devant l'original même, ne contribue dard rêve la formule de Fra cois Boucher. Et et naire qui est à la fin du volume; intra à notre éducation qu'autant qu'elle met en elle faisait cela, en jeune fille honnête, avec veut -dire dans l'espace de. Très bien1 valeur, par un évident contrasté, le charme grâce et propreté, le petit doigt levé pour voilà, de nombre, intraduisible d'une mystérieux, la puissance nous y sex, nom faire valoir la longueur étroite de main, veut dire six, puis dies, c'est jour. grande œuvre, le sentiment, la pensée, le et, de temps à autre, en pencha'ht e sa arrière mais jours sans doute au pluriel. Et coup. de main d'un grand artiste.. taille svelte de mieux juger l'effet pour sa peintre Dans récent le qui ouvrage, voilà qui est complet Dieucréu le<,iel un a que son esquisse produisait sur elle-même, poétiser presque l'affreuse banlieue de su et que sa taille,produisait sur l'amateur des et la terre dans l'espace de six jours; » Pans, M. J.-F. Raffàëli, raconte ses prome- musées. Mais là s'arrêtait la coquetterie de Sur quoi la chère femme, frappant des nades première du musée Louvre.

La de Charlotte Bidard. Au contraire, au voimains avec une sorte de joie enfantine ces promenades est la plus touchante. Le dé- siue, « grande belle fille, vêtue d'une sa de robe « Eh bien mais, s'écria-t-elle, vqilàque butant était pauvre. Il ne se jugeait pas soie bleu paon, coiffée d'un chapeau Jockey, À toi assez bien vêtu pour entrer dans le « temple je commence à savoir le latin lequel éclatait à tout venant un sourire maintenant; essaie la seconde phrase. » sacro-saint <>. Devant la porte, il lustrait son- sous à la Jeanne Samary accueillait volontiers Il essaya, il réussit, grâce à l'élan qu'elle cbapeaH, boutonnait soigneusement sa vieille, les galanteries et les», conseils fumistes de lui avait donné, grâce aussi et beaucoup redingote et secouait la poussière de ses sou- Potet. Et.elle en avait grand besoin, des conprécautjous, une fois le' seils, car elle avait, paraît-il, affligé la Vierge à l'art vraiment génial du vieux régent liers. Malgré ilcesn'avançait franchi, que timidement au voile d'un bras trop long et d'un strade sixième, qui, à chaque page, àchaque seuil tendant l'oreille, craignant toujours d'être bisme injustifié. ligne de ses deux livres élémentaires, a en interpellé et renvoyé par un gardien.

Cependant parmi tant d'héroïnes falotes, si bien disposé,- arrangé toutes choses Mais depuis, M. J.-F. Ratfaëli nous assure devant une esquisse de Watteau, interpour que le pas que l'écolier vient de (fu'il a su se mettre en fort bons termes avec prétée avec une grâce surprenante, deux faire serve d'aide au pas qui va suivre. les redoutables défenseurs du Louvre. Son personnes causaient qui sans doute Quand la mère partit, ils avaient en- livre prouve qu'il entretient aussi les meil- étaient des artistes souvent, véritables, puisqu'elles semble lu, traduit un grand quart du leur, relations avec les chefs-d'œuvre. Mais n'avaient point de ressemblance avec la ni les copies. Et il bohème des copistes. petit volumes. C'en était fait, l'essor il n'aimé ni les copistes, qu'il y a des copies sur les murs de était pris! Elle revint apportant, en paraîtmusées.

Mme Sarah Bernhardt venait chercher M. Thiers eut un jour !'« idée même temps que des dictionnaires, tout nos folâtre» de léguer au Louvre, heureusement Mme Louise Abbéma> que le dessinateur qu'elle avait trouver d'auteurs lace pu parmi d'autres objets de prix, une copie de nous montre, la séance terminée, mettant dés tins avec la traduction en regard, pour l'aquarelle du Jugement. dernier de Michel- gants, en donnant à sa toile un dernier coup 'œil, sans fausse indulgence. Et Pottet, au que cette version, dit-elle, suppléâÇle Ange, par un certain Boucoiran.

Or, M, J.-F. Raffàëli .se demande ce que passage, sans s'arrêter chuchotte « Celle-là maître absent auprès du novice, qui a de la patte ». Cependant la grande comépourrait ainsi contrôler son travail, et l'on peut copier d'un tableau. Dans une dienne se plaint à son amie d'être désœude peinture, le-' plus admirable, ce qui, avec cette aide, arriverait plus ai- œuvre ni la couleur, ni le dessin, mais «la vrée le théâtre, la sculpture, la peinture, le sément à ce but réel de ses efforts: lire n'est de l'âme de l'artiste au moment où il piano, l'orgue et les lettres, tout cela ne lui les vieux auteurs dans leur langue qualité Or, on ne copie pas un « état constitue pas une somme d'occupations sufpeignait même. Il va de soi que, personnelle; âme ». ». fisantes. Elle cherche du nouveau, elle hésite ment; elle ne trouva plus le temps de Il n'y aurait donc à« copier qu'une utilité, entre la chorégraphie et l'architecture. C'est s'associer à l'étude que, avec tant de et ce serait d'exercer sa velocité. Uri record- l'architecture qui semble alors devoir l'emsubtile tendresse, elle avait proposée et man du pinceau reproduira, par exemple, la porter. Elle voudrait construire une cathévaste surface des- Noces de Cana, en trois drale, créer peut-être un style Sarah Bernhardt.

Deux mois plus tard, à l'un de ses jours.

Et le cicérone Pottet et son compagnon de Ce genre de .virtuosité ne tentait guère auretours, la chère voyageuse recevait des trefois -les jeunes élèves de l'Ecole des Beaux- visite s'en vont, en admirant le mouvant et mains de son fils, avec dédicace bien Arts. On que, sous l'Empire, ils ob- infatigable génie d'une telle artiste. Ils en justifiée, un cahier où le jeune traduc- tenaient raconte parfois; aux jours de dèche, la oublient un moment le Louvre et ses coteur s'était évertué à reproduire en vers commande d'une copie.

Les Poussin et le Eistes. Mais, devant les Sabines de Louis français tout ce qu'il avait pu emprun- portrait de Napoléon III, par Flandrin, David, l'un d'eux est tout à coup obligé de ter aux grâces d'une églogue de Virgile, étaient lés victimes ordinaires de ces faveurs venir au secours d'une courte et large personne. En admirant son propre ouvrage la et, comme prose, l'essai de version de nourricières, généreusement tarifées à 1,500 pauvre dame a laissé tomber ses brosses, cette merveille de simplicité, aussi gran- francs. Mais on ne saurait, à la fois, dépenfrancs qu'aucune gaiement 1,500 gymnastique ne lui permettrait et copier au Louvre. ser diose que touchante, qu'il avait prise Le'titulaire de la gratification s'empressait, de ramasser elle-même. On la félicite et' elle dans une vieille bible latine et qui apour la plupart du temps, de dénicher dans les fait l'éloge du mouvement dans l'oeuvre clastitre:' le.Livre de Rut A. -=, du musée- -nii professionnel qui le sique de Davidt*P4«e>k>în, une élève de D& ;i Ài-je besoin'dlâffirmer que/ durant cet galërie& soulageait du tyayail .st de 200 francs. M. Raf- véria, n'est pas moins attachée au romanraainfes foisfé hiver, ehatït ^luHcoq fut, fatJi. rappelât ce «9juyenir. ajoute <>avéc• tisme. Elle<est-<poitriBairciët*iBlonde depuis comme le premier soir, un nocturne bonhomie Cela faisait, à tout prendre,une très longtemps. Elle s'appelle Inès de Montfleury, ou à peu près, car le narrateurbaptise avertisseur pour l'élève solitaire du bon- mauvaise copie et deux heureux ».

C'est qu'il existait récemment encore une ses modèles avec une soigneuse inexactitude. homme Lhomond? nombreuse et distinguée de vieux Inès a éprouvé jadis de tendres sentiments Depuis, oh! que de jours se sont écou- catégorie invétérés. Bien logée, Tyen chauffés, pour son maître. Elle les a gardés secrets, lés comme loin s'est enfouie dans le copistes fignolant, sans craindre le surmenage intel- en bonne romantique, mais, depuis elle en passé cette première période' de très sé- lectuel, tableau, presque toujours le parle à qui veut l'entendre. Et elle ne cache rieux et très ardent labeur industriel du même ilsunse consolaient de la monotonie de pas a ses amis qu'un jour Dévéria lui a fait jeune artisan, qui né devait jamais plus leur art par sa facilité. Ils considéraient vo- une déclaration ou presque. Par hasard, ils

pitre

«

Tiens

».

entreprise.

;-

.•'

abandonner la voie où sa mère l'avait entraîné!

L'heure qu'elle espérait, qu'elle attendait pour lui sonna enfin, mais trop tard, hélas! pour qu'elle pût en partager les douces satisfactions.

Quoi qu'il en soit,.venez donc essayer de faire croire à ce fils que, là-haut,.eette mère ne sait rien de ce qui est ici-bas l'œuvre de son esprit si élevé, de son âme

si noble et si grande.

Et vous comprenez, n'est-ce pas ? que .le jour où l'on fêtait publiquement le vieux régent de sixième, celui qui vient de vous conter ces souvenirs de son cœur fut, même en restant au logis, le

plus fervent, le plus affectueux des manifestants

?.

Eugéne Muller

reille à la mienne lorsque vous entendiez les. noms fabuleux prononcés par de simples gens que les littératures ont épargnes ? Cet homme morose ignore certainement que Vénus soit la déification de l'instinct amoureux. Tout au plus soupçonne4-il la personne qu'on appelait amsi, de quelques imprécises diableries comme on en pratiquait aux époques lointaines où « c'était autrement qu'aujourd'hui ». A part cela, il né sait rien de la déesse née de l'écume, rien sinon que elle a existé Notre Vénus, création et matière poétique, symbole, abstraction, qu'elle est vague au prix de la sienne. Il l'attire en pleine réalité actuelle, lui qui ne possède pas d'autre domaine, lui que ses ancêtres n'ont pas doté d'un cerveau construit par les livres. Peut-être lui prête-t-il le visage de la demoiselle au cœur facile qui sert des bocks à la brasserie peut-être la souveraine dignité des princesses, qu'il a vues parfois traversant la ville, et devant lesquelles on s'incline. Elle existe!

Parce que le cocher morose la nomme du même accent de certitude qu'il prendrait pour nommer Guillaume II, Vénus se met à vivre d'une vie pareille à .la nôtre. C'est ainsi que de tout temps ceux qui, sans connaître, sans comprendre, ctoyaient, ont eu le pouvoir de transformer les rêveries humaines en êtres réels.

Je laisse la. voiture à l'endroit où le chemin devenu trop raide, seuls peuvent grimper les piétons et les ânes dont le fer crisse aigrement sur la roche. De grands arbres dévalent à droite et à gauche. La forêt se resserre. Malgré nombre de visiteurs, cette place reste secrète. Le paysage clos a un. air pieux et comme réfléchi.

C'est là peut-être qu'un matin, sainte Elisabeth,chargée de victuaillespour les pauvres, rencpntra son mari. C'était la mode en ce temps-là, que les femmes fortes craignissent leur mari.– La jolie sainte eût peur d'être reprise parce qu'elle portait un fardeau si pesant et si humble, elle serra bien fort son man-

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lontiers le Louvre comme leur atelier et leur salon de réception. Sous la protection du gouvernement et des maîtres, ils menaient une carrière modeste qui les conduisait sûrement a l'oubli.

•V Pourtant, lès femmes, qui furent et qui sont.toujours nombreusesdevant les cimaises nationales, ont trouvé leur historiographe.

Le pittoresque des unes et la grâce des autres attira l'attention d'un écrivain fantaisisté et même spirituel. Louis Leroy a pris soin de sh recommander lui-même à la postérité, Il assure qu'au lendemain d'une visite dans les salons de Nadar, boulevard des Capucines, où des « peintres trop libres » avaient unanimement intitulé leurs toiles impression du Havre, Impression du Matin, Inipressionde Brouillard,il rédigea un compte rendu « charivarique » sous ce titre Exposition des Impressionnistes. Louis Leroy aurait donc inventé le nom d'une école fameuse.

teau afin que le landgrave ne vît pas les pains de sa charité délicieuse. Mais il était curieux, .ce landgrave, et malgré elle il ouvrit le manteau. Alors, comme on sait, au lieu des pains, une masse de rosés rouges et blanches tomba sur le sol, de manière que, ce jour-là sans doute, les pauyres se nourrirent au parfum céleste des rosés. Le mari ne gronda pas la chère créature. Même, comme elle demeurait interdite devant le miracle, et craintive encore d'avoir déplu, pour qu'elle se rassurât, il voulutJ'embrasser.

Mais il n'en fit rien, car à cette minute, une croix lumineuse parut dans l'air sur la tête de là jeune femme. Et, on se l'explique, lé bon prince fut tout intimidé.

Ce n'est pas l'heure où sainte Elisabeth revient errer par le chemin qu'elle descendait si souvent pour aller vers la souffrance. Aux places que foulaient ses pieds courageuxet vifs, de gros hommes échauffés frottent leurs semelles. Il en est de vieux, fiers avec exagération d'avoir bien monté la côte de mûrs que

l'envie de boire assombrit; de jeunes qui se hâtent, chantent, font tout le bruit qu'ils peuvent avec l'air d'obéir à un ordre reçu. Il y a des dames transpirantes qui n'ont plus de gants, de jaquette et, certaines, de chapeau. Le goût qui porte les Allemandes à se débarrasser de quelque partie de leur habillement à la moindre occasion est singulièrement fort. Elles ne peuvent demeurer un quart d'heure en chemin de fer, ni avoir un peu, chaud, ni s'activer, ni s'immobiliser, sans qu'il leur faille chose ». Elles ont leurs « ôter quelque motifs, évidemment.;

Sur le plateau, la forêt livre toutes ses ondulations infinies.» Le ciel appuie aux cimes des arbres sombres une coupole bleue si pâle, si émouvante. Le sens de l'éternel flotte dans Eair et pénètre tout

l'esprit.

Et puis, avec les drames, sans gants, celles sans chapeaux, les messieurs

assoiffés, les jeunes hommes réduits au silence par le respect que leur inflige

se trouvaient seuls, il lui a dit: « Ma chère Inès, je profite de ce que nous sommes seuls. pour vous donner un conseil. mettez un corset orthopédique». Inès, de cette aventure, a gardé pour longtemps, un souvenir ému, un corset d'acier et le goût des copies.

Mais, les jours de travail, il y a des centaines de travailleuses dans les longues galeries. Il y a Mlle Jeanne Ugolin qui imite son maître Carolus Duran, dans les parties supérieures de son tableau, son maître Henner dans le bas, et Rubens au milieu, par esprit de conciliation. Mlle Berthe de Porenville, qui peint sous l'œil de sa mère et d'un prince Russe, qui l'épousera parce qu'elle copie avec candeur et fidélité Y Accordée de village de Greuze. Moins prudente, Olga de Mont-

sablé modèle d'une brosse complaisanteune Madeleine de Frago, qui n'incite aux propos sérieux ni le vicomte, ni le Péruvien, sortis de laVie parisienne. Mme Marivaux se rajeunit en se faisant un décor des ruines d'Hubert Robert, et se renouvelle en donnant des

l'uniforme, des gardiens, on entre, on visite.

La grotte de bouchon était bien laide, mais pas tant que la chambre de sainfe Elisabeth. Non Car rien ne peut être aussi laid.– Je le crois au moins, cependant il ne faut jamais désespérer de l'avenir.' Quelles mosaïques prétentieuses et saugrenues, quels rebutants, cabochons de verre polychrome* quels ridicules meubles de théâtre Au résuquelle horreur! mé La salle où eurent lieu les luttes des maîtres chanteurs n'est pas pour consoler. 'Ce lieu que tant de rêveries cherchent, ce lieu de splendeur, de grâce et de poésie, qu'en a-t-on fait! On vouerait une haine dangereuse aux gens qui surent composer cette 'laideur intégrale, si on devait se rappeler la noble salle telle que, grâce à leurs soins, la voici Mais on l'oublie vite. D'autres images chassent les couleurs féroces, les motifs » burlesques entassés.

Je la connais si bien la salle des Maitres Chahtezirs, la vraie Je l'ai vue il y a tant d'années à travers l'imagination magique d'Hoffmann La décrit-il?Je n'en sais plus rien, mais il la suggère avec une force irrésistible. Ses héros évoquent autour de leurs mystérieuses personnes les paysages où ils songent, les chambres où ils palpitent de peur, d'amour et d'espérance.

Hoffmann, et après lui Wagner, ont construit pourles Maîtres Chanteurs une merveilleuse architecture que ni les restaurateurs de la Wartbourg, ni les décorateurs d'opéra ne réussissent à détruire. Je quitte à peine cette pièce vidée de tout son sens, de tout son passé, de toute son âme, que déjà je ne me rappelle rien des formes et des couleurs qui, une minute, ont insulté mon beau souvenir tenace.

Cependant, n'affirmerait-on pas une culture supérieure, un beau sens critique, et un goût subtil, en renonçant une fois pour toutes à restaurer quoi que ce

conseils à Mlle Dolorès penchée sur Psyché recevant le premier baiser de l'Amour^

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Le petit monde des copistes avait ses potins et même ses aventures. Notre auteur raconte les plus honnêtes et les plus pl[uaut<>s.

La plus bruyante fut le départ légitime de Mu> de Poitjrson. Cette aimable pe ntreamateur avait persuadé sa mère d'aménager en atelier une pièce de la maison familiale.

Cela fait, elle se mit en devoir d'exécuter, pour le Salon, le portrait d'un charmant piflV raro choisi à l'un des marchés de modèles de MontparnasseoudeMontmartre.Lamère veillait sur l'artiste etson inoffensif inod'ïle. Mais un jour celui-ci tomba malade. Il fut remplacé par un de ses amis. L'ami, à dire vrai, paraissait plus grand, plus fort que son prédécesseur. La mère ne connaissait pas grand'chose aux beaux-artset négligea de se demander comment sa fille continuerait le portrait d'un adolescent en ayant un homme fait et fort bien fait-pour modèle. Le nouveauvenu baragouinait le français beaucoup plus mal que le pifferaro, il était loqueteux, et tant soit peu hirsute, c'étaient' des garanties suffisantès. Aussi la bonne mère douta-t-elle à jamais de sa prudence inutile, le jour où elle surprit sa fille en train de flirter tendrement avec l'ignoble remplaçant. Tout se termina par un bel et bon mariage, lorsque l'on apprit que le modèle par amour parlait le français à merveille, qu'il était à l'ordinaire fort élégant et du reste viçomte. Mlle de Pontorson n'a jamais exposé au Salon, et les copistes du Louvre ont longtemps conté son aventure avec une émotion où l'envie féminine se mêlait à la fierté bien naturelle de faire partie d'une corporation où le romanesque et le pittoresque sont ainsi récompensés.

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Mais, de nos jours, la discipline qui règne en nos sévères musées condamne les copistes à exercer sans fantaisie, lour métier monotone. Un Italien colorie pratiquement des cartes postales. Dans une feuille de paravent vert, une jeune dame aimable ouvre les horizons délicieux de l'Embarquement pour Cythère dans la salle du dix-huitièmesiècle, de nombreuxprofessionnels tâchent de contenter le goût du jour en transposant patiemment les grâces de la Cruche cassée, le joli mouvement de la Femme au Manchon, la gentillesse de Mme Vigée Lebrun et de sa Fille; plus loin, des paysagistes en herbe analysent les vaporeuses matinées de

Corot; devant le portrait d'Erasme, un copiste méticuleuxprépare cet ornementpour le cabinet d'un philosophe de province, tandis que des artistes exerces reproduisentl'infini, pour les murs trop blancs de nos appartements trop modernes, les fermes couleurs de Chardin et les tonalités légères de Fragonard. Ce sont là les œuvres les plus copiées.

Les autres sont plutôt étudiées par les' élèves, qui lisent les maîtres le pinceau à la main. Mais ceux-là, les futurs artistes, ne croient pas beaucoup à leurs copies. Leurs études achevées, lorsqu'ils commencent enfin à travailler et à produire, ils abandonnent ces pages d'étudiants comme nous faisons tous de nos cahiers d'écoliers. Les vieux couloirs du Louvre royal, transformés en resserres, contiennent des centaines décès toiles frappées d'un désaveu de paternité.

Tous les dix ans le Domaine s'empare de ces chefs-d'œuvre en désuétude et les vend à l'encan. Une de ces ventes mélancoliques aura lieu en 1914. Et sans doute y verrait-on des Titiens à prix réduit, des Rembrandts à la portée de toutes les bourses et des « Jocondes », à bon marché qui, souhaitone-le, ne reviéndront jamais au Louvre.

Tave;ny.

6ktitç#Eeuteusesi^ auGapTénare On sait que presque partout en pays

grec s'est perpétuée la coutume d'honorer les morts par des chants improvisés, des mirologues. Mérimée nous a montré cette coutume en pays corse, et la scène si puissamment dramatique où Colomba fait office de voceratrice est dans toutes les mémoires. M. Hubert Pernot, dans le beau livre qu'il a rapporté de son séjour à Chio, nous a décrit ces scènes, qui sont particulièrement touchantes quand il s'agit d'un jeune homme ou d'une jeune fille prématurément enlevés par Cnaron. Dans la plus belle des nouvelles néo-grecques, le poète Palamas met en scène un jeune pallikare qui s'est cassé la jambe, et que des « rebouteux» de village ont mis si mal en point que la gangrène le dévore il se sent mourir, et il obtient de sa mère qu'elle le « pleure » vivant, car il veut jouir de l'improvisation funèbre où seront chantés sa force et son courage. Peu de mirologues sont dramatiques à ce point; mais ceux qu'on peut entendre aujourd'hui

l'instinct d'abol|r ce qui les précède pour y substituer leur conception particulière de la beauté. Les époques qui, comme la nôtre, ne créent plus peuvent encore moins rendre la vie à ce qui fut.

Nous sommes tout fiers d'avoir accumulé une telle masse de « documents ».

C'est le document même qui nous égare." Quand une heure de promenade dans un musée nous a permis de voir des tombes égyptiennes et des commodes Louis XV, nous pensons être renseignés. Nous sommes embrouillés, 'pas davantage. Nous composons dans nos demeures une harmonie trompeuse avec des objets de tous les temps, de tous les pays, et nous croyons les comprendre.

Mais de ces choses nous apercevons seulement l'unique trait qui les rapprol'usure. Leur antagonisme nous che échappe, car, à les mêler ainsi constamment, nous cessons de sentir l'âme particulière de chacun. L'habitude de faire voisiner les styles les plus disparates sur une tablé, dans un livre d'images ou un journal, ne laisse pas le moyen d'éprouver un style quelconque jusqu'en sa profonde signification. Des gens dont les yeux ont à peine eu le temps de s'accoutumer à une forme que déjà une autre les sollicite, comment parviendraient-ils à reproduire dans leur esprit, et surtout dans leur sensibilité, les impressions du mouvement social, des besoins physiques, de la nécessité matérielle qui ont imposé certaines formes d'architecture, certains ornements quelques siècles avant qu'ils vinssent sur la terre, s'agiter et croire qu'ils comprenaient tout? Et puis,' peuton s'abstraire du temps où l'on' vit, et ne pas fausser les images d'autrefois en les y adaptant, peut-on renoncer aux méthodes en usage, aux facilités que vous offre le « progrès » ? Par exemple les gothiques peignaient leurs plafonds d'un bleu admirable. Et c'était, ce bleu, du lapis broyé en poudre.

Nous n'en sommes plus là! Heureuses soit? gens, nous avons des couleurs chimiIl n'est permis à- personne de restau- ques Quand il barbouille de son horrer le passé. Les époques aptes à créer rible bleu un mur que la précieuse un .style doivent nécessairement avoir poudre 4'azur a jadis décorée, le restau- `

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dans les villages sont presque toujours émouvants et beaux. M. Politis, lé savant professeur de l'Université d'Athènes, à qui nous devons tant de belles contributions à l'étude du folk-lore et des traditions populaires de la Grèce, vient de publier deux de ces chants improvisés,

d'autant plus intéressants qu'ils sont d'hier même, et consacrés à deux soldats hellènes tombés dans la récente guerre. Le lieu de la scène est un village du dème de Laya, proche de ce cap Ténare où se trouvait un des orifices de l'Hadès. A la fin de décembre de l'année dernière, des parents et des amis' s'assemblèrent dans la maison de Georges Livanas, pour pleurer son fils Démétrios, mort en Epire, à l'ennemi.

D'un petit village voisin vint aussi Démosthénaina Kouvarina, dont le fils venait d'être tué au combat de Saramdaporos.

C'est elle qui commença le tkrènc, et la vieille mère de Livanas, Stavrianou, lui donna la réplique. Ces scènes touchantes, où' se montre la vitalité d'une très ancienne coutume, n'ont d'ordinaire aucun témoin qui en fixe le souvenir. Cette fois, il faut remercier le scholarques de Kotroni, le docteur Manolakos, qui a entendu et transcrit ces improvisations, 'et les a communiquées à M. Politis, en lesraccompagnant d'un utile commentaire.

La scène, avons-nous dit, se passe dans un village du Magne on sait que les Maïnotes sont très indépendants et braves, et qu'ils se font gloire d'être fils des Laconiens du Taygète. On va voir que -ces vertus et' ces sentiments sont très vivaces au coeur de cette population. Démosthénaina trouve qu'il y aurait offense à pleurer ceux qui sont tombés pour leur patrie, elle évoque le souvenir des femmes de Sparte, et s'indigne à la pensée qu'on ait pu calomnier les fils du Magne, et les tenir pour des cœurs dégénérés. Si la vieille grand'rnère qui lui donne la réplique ne montre pas autant de stoïcisme, on' remarquera que, dans l'une et l'autre improvisation, il est moins question des morts que de la guerre nationale et des intérêts du pays.

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Mirologue four

le fils de Livanas

Bien chère Stavrianou que se réalisent tes vœux et ceux de tous ici présents. Permets que je dise mon chant.

Trois ans déjà sont accomplis; notre (c'est un grand mibon Vénizélos nistre, salut à lui, qu'il vive heureux !)': connaissait le secret; cette année

seulement il l'a révélé. Trois peuples alliés ont déclaré la guerre au Turc tous trois ont été vainqueurs, et l'ont déconfit.

Livanas.

Tu es allé

roche-toi,

là-bas (en Epire), –.qu'y as-tu gagné? as-tu rendu la vie à nos enfants ? Hier, j'habillais mes endans ma maison, c'était fants, car c'était jour de fête le Ténare laSaint-Spyridion; devant cap Et, de la passaient nos vaisseaux. mer, nos enfants me crièrent de saluer pour eux leurs chères maisons, car ils vont à Janina, ils vont faire la guerre; ils veulent vaincre le Turc, et s'ils ils ne revienne peuvent le vaincre, dront pas.

Approche-toi, Livanas. N'est-ce pas grand mal- et grande offense de pleurer nos enfants ? Eh quoi ? les femmes pleuraient-elles leurs enfants de Sparte quand

ils -allaient mourir

pour le

Notre bon Vénibien de la patrie? le premier ministre zélos, a télégraphié à Mavromichalaina-dontle fils, jeune officier, était mort à l'ennemi.Elle lui a répondu: il a fait son devoir.

Tel est le cœur de ceux du Magne de car, la tradition nous l'apprend, vinrent AurionsSparte nos pères. l'oublier, et devenir de lâches noAis pu cœurs ?

Approche-toi, Livanas. Tu sais bien que pour mon vfils je fus une tendre mère;– je lui ai fait étudier la médecine, fût l'orgueil de ma vieil-.pour qu'ilvoilà qu'ils me l'out tué, lesse; et là-bas, à Sarandaporos.

Mais sa mort

qui l'ont porté là

l'Hellade!

pour qu'il glorifiât l

mariage du Dauphin. Voltaire se vit louis d'or à chacun pour les frais. Il ne s'agit que de donner à présent 12 livres commander un ballet. d'avance, chacun peut envoyer chez.

Pour ce divertissement) il ne ménagea ni etc. (sic).quo poésie ni invention. Il voulut du tendre, du Parmi les papiers de Voltaire" ayant gai, du joli; et pour se tirer des fadeurs mythologiques, il prit comme sujet la Princesse e trait à ce propos, M. Fernand Gaussy a

Ecoutez que je vous dise ce que m'a Notre Vénizélos on l'a dit le pope. fait siéger à l'assemblée des vieillards dans la capitale anglaise.Bonnes grecques et chrétiennes, le soir, de- de Navarre.,

qui brûle devant vant la petite lampe votre icone, amenez vos enfants à la pour qu'ils fassent leur prière Vierge souveraine; qu'elle assiste votre élu, que l'archange Mikhaël– se tienne près de son épaule, pour «qu'on ne l'abuse point; car il y a là-bas des puissants qui sont aussi des hommes in-

justes.

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Réponse de la grand' mère du soldat mort.

Oui, chante ainsi nos morts, mon enfant, -r et sois bénie, car tu fais honde ton aïeul le capineur aux cendres taine.

Mais qu'as-tu dit ?Ai-je mal entendu?

Nos fils auraient été de lâches cœurs?

Ce n'est pas la. première fois– qu'ils voient la guerre et la dispute. Et n'ontils pas au râtelier, leur fusil et leur bonne carabine Ne savent-ils pas nos hommes, bien viser, –et le Turc leur fait-il peur?– S'il en est qui ont faibli,point de retour pour eux, qu'aucun d'eux ne revienne Mais écoute, Détnosthénaina, tout cela n'est que mensonge. –On fait injure à nos hommes, et ce sont des sycophantes qui les font passer pour lâches. On l'a même écrit sur le.papier, mais on ademandé au premier ministre, il a répondu que c'était mensonge. et Femmes, je vous invite à m'écouter, car je suis votre aînée. Envoyez vos enfants à l'école voisine, pour qu'ils étudient; -et un temps viendra où ua homme du Magne sera de l'Assemblée où un Maïnote sera ministre et fera justice aux nôtres..

Son grand zèle était excité par M. d'Argenson qui lui promettait, à la première vacance, une charge de gentilhomme ordinaire. En attendant, Voltaire demanda une place d'historiographe, sans

trouvé une note relative aux gentilhommes ordinaires et à leur histoire. Le

avoir pris l'avis des gentilshommes nos parents. qui ne se soucient de déroger, qu'il y a lieu de fermer nos titres et nos portes à ce Voltaire, que la Cour, malintentionnée aux gentilshommesde sang, puisqu'ils n'en sont pas, prétend élever pour nous abaisser. Le cheval rouge est rompu de la course d'hier si le griset était à la maison, j'irais vous parler au lieu de vous écrire.

Voilà un excellent gentilhomme poitevin qui ne s'embarrassait pas de compter pour rien le méritepersonnel. Louons ce gentilhommepoitevin, parfait ennemi

gentilhomme examine avec soin Moréri et le juge sévèremerit il l'accuse d'être tombé en erreur à chaque page d'un livre qui, d'ailleurs, pour être bien fait, demanderait cinquante écri- du désordre. traitement.

Un mois après le divertissement de la vains judicieux,' éclairés et laborieux, Cependant, M. Fernand Caussy reMoréri prétend qu'Anne .de MontmoPrincesse dé Naoai're, il reçut un brevet marque et c'était pour apaiser l'ire du gentilfut, 1520, premier en d'historiographe, avec deux mille livres rency gentilhomme poitevin que ce quidam Chambre. homme dû la Ce n'est pas nommé Arouet succédait lui-même, en d'appointements il avait ainsi son enAnne répond Voltaire. de Montvrai, trée dans la maison du roi., tant que gentilhomme ordinaire, à un Mme de Ghâteauroux était morte à la morency fut, en 1516 et en 1517, gentil- bourgeois de son espèce. fin de 1744; et Mme d'Etiolés lui avait homme ordinaire; et, premier gentilVoltaire ne garda que trois ans sa Somme il jamais. homme, le fut ne succédé. Or, Mme d'Etiolés, Voltaire charge de gentilhomme ordinaire. En rectification fait au ci-de- 1759, il était toute, cette l'avait connue toute petite, à l'époque où sur le point de partir pour il était fournisseur aux vivres et ainsi le vant sieur Arouet la situation d'un Mont- la Prusse. Il écrivit morency. collègue du père de cette .dame.

Je me démets entre les mains du roi de la Voltaire lit passionnément Charondas, L'on sent combien cette protection différa l'auteur du Grand Coutumier de France. charge de gentilhomme ordi.naire dont je suis do- celle de Mme de Châteauroux, noble de Il apprend toutefois en faveur de M. Pierre DuIcr,donria aux revêtu, François y que rac.% qui n'avait vu le poète qu'en flatteur et chambellans ordinaires le" titre dé gen- four, envoyé du roi à Trêves, consentant que en suppliant. Par elle, il se sentait, avec tous tilshommes ordinaires et fixa leur nom- toutes provisions lui en soient expédiées et délivrées. Fait à Versailles, le 27 mai 1759. les bourgeois, rapproché de las source des fagentilshombre à vingt parmi les que, il (Signé :) AROUET DE Voltaire. veurs, et en conclut que « pour faire la plus III, n'y il petite fortune, il valait mieux dire quatre mes ordinaires d'Henri a au- Donc il n'est plus gentilhomme. Il assassinèrent mots à la maîtresse d'un roi que d'écrire cun des, quarante-cinq qui continua, toute sa vie, de signer,« genlé duc *de Guise; ceci encore cent volumes »; tilhomme ordinaire ». Il 'avait obtenu de Historiographe, Voltaire se sentit « enEn 1615 et depuis, le connétable de Luynes, Louis XV, le droit de conserver le titre gagé d'honneur à écrire des anecdotes. alors gentilhomme ordinaire, a l'office de et le privilège, après sa démission. Et, Il était historiographe depuis quelque premier gentilhomme ordinaire, (ce qui ne faveur, il la devait à Mme dé Pomsix semaines, quand la bataille de Fon- s'était pas encore vu, dit Le Grain en quoi cette tenoy lui fournit le sujet d'un poème il se trompe, car le plus ancien ou le plus fa- padour.

On a souvent, dit, très justement, que voriaé(pre iait le titre de premier sous Franque l'Imprimerie royale édita magnifi- çois I?r et He iri II). L;1 jière Anselme et du Voltaire était un bourgeois. Mais, le quement. Puis ce fut la prise de Gand. Fouriiîy le voit ici à commandant bourgeois gentilhomme, 1615 disent nouveau

qu'en il fut on Voltaire pria M. d'Argenson de faire des géntilshdmmHs créés à l'instar des genconnaître au. roi que l'historiographe tilshommes gardes du corps. Ils se trompent.

André Beaunier. travaillait à écrire les campagnes de Sa Majesté « le roi m'en saura quelque Quant aux fonctions des gentilshomr P. S. Peut-être quelques lecteurs gré »,songeait-il.Aumois de mars de l'an- mes ordinaires, afin de les déterminer, il obligeants auront-ils bien voulu être née suivante, il avait achevé 1 Histoire de copie une ordonnance du lBr janvier 1585; choqués d'un adverbe très bizarre, dans Tu m'as affligée, ma fille, et tu as la guerre de 1741 ce sont les seize pre^- du ftioins, il note le.prineipal -r- .assis- mon article de samedi dernier: « frauparlé sans raison.

Qu'as-tu dit? C'est miers chapitres du. Précis du, siècle de ter au lever et au coucher du roi tous dement ». Et le n'aime pas les néololes. jours, défense de manger: ailleurs gismes. Celui-là n'est pas de moi. Il n'est de pleurer nos Louis XV. une honte et un mal Mme. dEtioles, devenue la marquise que chez le roi, se tenir dans la cham- qu'une faute d'impression et j'avais enfants ? Elles les pleurent bien aussi, '–elles les pleurent les femmes de Sparte, de Pompadour, s'occupa de Voltaire; bre du roi lorsque Sa Majesté,est en son écrit: «grandement». A. B.

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merveille.

et, par ses soins, le roi donna l'ordre a cabinet, Jsuivre le roi et l'accompagner Mais j'arrête ici ma plainte, et je l'Académie d'accueillir son poète histo- partout sans l'abandonner. Mais, en 1656, beaucoup de changements sont tourne mes regards vers tous ici pré- riographe. Puis faits dans la maison du roi. sents. A tous bienvenue, prêtres et décembre Aujourd'hui, 23 1746, le Ceci encore laïques, maîtres et lettrés. Plus ne étant à Versailles, désirant continuerroy, au .veux de plaintes. car voici venir de sieur François Arouet de Voltaire, historio- .1er janvier 1585, Henri IET ordonne que la saintes journées. Mais laissez-moi vous graphe de France et l'un des quarante de "pïemiet gentilhomme qu'aucun exhorter. Fils, 'vous qui avez des ar- l'Académie française, des marques de sa gentilhomme ordinairenedesouffrira la chambre entr; allez vers bienveillance, a voulu e même temps faire Sans la chambre du roi sans avoir la clef partez pour Janina, mes, connaître son attention à récompenser ceux dorée et la portera tout le quartier. enfants, aidez-les à vaincre le Turc nos qui se- dévouent à l'étude des lettres, qui Vide s'ils succèdent aux chevaliers de C'est ainsi que lés1 femmes du Magne contribuent à leur progrès, et qui joignent à l'hôtel du roy. honorent leurs enfants morts à l'ennemi, cet avantage le zèle et l'attachement au serSous Louis le Hutin, 1315, semaine après vice de qualités Sa Majesté. j Toutes ces se Leur Muse ingénue et naïve est tout à fait la Saint-Louis, seize sous par jour et huit sous. réunies du sieut trouvant la pprsonne en Renard, trésorier de France, mange avec ignorante de ce qu'on appelle le style Voltaire, Sa Majesté jugé à de l'at- le roi de Pologne à Varsovie. a propos noble; mais elle sent pourtant avec no- tacher près de sa personne, et a cet effet, Vide si Henri III a donné rang aux grands blesse, et ces strophes d'un art un peu elle l'a retenu et retient dans la charge de officiers, immédiatement après les princes fruste ont assez de patriotisme et de foi l'un de ses gentilhommes ordinaires vacante du sang, qui le premier les a nommés grands par le décès du sieur Dubois-Daveluy, etc.: pour n'être pas sans beauté.

-Et voilà le sieur Arouet gentilhomme Il ajoute Georges Dalmeyda. ordinaire. En outre, le roi le dispensait des soixante mille livres de la charge.

Mme Agnès La Finte, dame des filles de /–/•V'SdiN'– Alors, dans ses lettres, il ne. manque joie suivant la Cour. de signer « gentilhomme, ordiH Bévues pas Ces notes de Voltaire lui ont servi pour naire»; dans les actes publics, où il composer un opuscule, Eclaircissements était naguère « bourgeois de Paris » sur qùelques charges de la maison du comme son père, il prend le titre de roi, qui n'a été publié qu'en 1820, dans -»l« « chevalier, gentilhomme ordinaire de le volume de Pièces, inédites de Voltaire, la chambre du Roi ». Le blason familial tiré des papiers de Thiériot. Tout cela Va/taire ,-v«,était d'or à: trois flammes, de gueùfes est magnifique, ë{ m6nfre,uh:lbourgéois c.;r> Voltaire « en chargea. les émaux- aux ,leMran]g,,dle,gra.ad, çeigpgur M. FerBaRd-.Ga-ftssy,publie, dans le couleurs de-FrMee F tentait !et désormais -'porta que Mercure de France, une très amusante et d'azur à trois flammes d'or Et puis, assez bien.. ».

Voilà Voltaire pourvu d'un service ausavante étude de « Voltaire, gentil- bientôt, la couronne de marquis et'le près du roi. Il opère sous les, ordres du homme ordinaire ». cordon du Mérite de Prusse. de Richelieu.

En 1745, Voltaire a cinquante et un M. Fernand Caussy est allé à Saint- duc Seulement, les « hobereaux de sa proans. On connaît, de lui, la Henriade, Pétersbourg examiner les portefeuilles vinée Charles XI 1, Zaïre, Mérope; on sait ce de Voltaire. Il y a trouvé des notes qui », ne le virent pas avec plaisir parqu'on doit lui attribuer des Le'ttres an- prouvent que Voltaire ne traitait pas venu à de telles dignités. La noblesse campagnarde, au surplus, n'aimait pas glaises. Ses relations avec la Cour ne négligemment sa dignité nouvelle. la noblesse de Cour; elle désont pas mauvaises. Deux fois, le gouDès son entrée en fonctions, le cham- beaucoup vernement l'a employé. Fleury l'a en- bellan s'avisa de ce qui pouvait rehaus- testait les gens de robe et de plume qui, voyé à Berlin pour démêler les motifs ser le prestige des chambellans et, à ses peu à peu, grâce à des emplois domesse hissaient à posséder de beaux qui ont détaché de Louis XV, le roi de collègues, il adressa la circulaire que tiques, Un gentilhomme poitevin, très titres.

Prusse d'ailleurs Voltaire n'a pas réussi voici mécontent des aubaines de Voltaire, dans cette mission difficile; et Fleury Messieurs les gentilshommesordinaires du écrivit à un oncle lui en voulut. Mais Fleury meurt, opRoi sont avertis que, dans la nouvelle édiportunément. Voltaire est de nouveau tion de la France, on a renouvelé On m'avertit, mon respectable oncle, que envoyé en Prusse il s'agit, de voir si les de l'État préjudiciables le roi, incité en erreur par des malintentionqui tendent à aVierreurs Frédéric ne serait pas disposé à con- lir leur gratifie du titre de gentilhomme de sa. les priver jamais de nés, pour corps et à clure alliance avec nous. Voltaire s'ac- leurs prérogatives.

Un de leurs confrères, ichambre un quidam nommé Arouet,de Saintquitte fort bien de son ambassade. Mme qui avait déjà fait plusieurs recherches im- Loup, fils d'une Daumart, qui s'est fait conde Châteaurouxet M. d'Argenson le pro- portantes, offre de les faire continuer et de naître du nom de Voltaire. Le roi ne fera pas tégeaient. Seulement, l'Académie ne faire mettre en ordre les preuves justifica- 'l'affront à la noblesse de dispenser ce quitives de tous leurs droits, d en faire délivrer dam de ses preuves, qui pour se les procurer voulait pas de lui. En outre Voltaire à chacun une copie dûment collationnée et se verra obligé de les chercher dans les paet ne fût-ce que pour entrer plus facile- de l'original signé par les gardiens rents de sa mère, parce qu'il est de la roture ment à l'Académie souhaitait une desdéposer dépôts, légalisé et en bonne forme chez du côté paternel ce qui serait un déshonneur charge de Cour. Un office de chambellan un notaire, cet objet étant très important, pour des gentilshommes de nom et d'armes, et les Mavromichalaina!

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puisqu'il a délivré notre Est-ce la première fois peuple! qu'ils se font tuer,les fils du Magne Ne sont-ils pas allés mourir en Crète, quand ils sont partis là-bas– pour mener la guerre.de Klephtes, et que les chefs de .partis nous les venaient prendre ?Ah comme nous souhaiterions -qu'il fût du Magne, notre Vénizélos pour donner bien et honneur à toutes nos maisons! II est brave, aussi, le Crétois, c'est un grand homme; Grand bien l'eût enchanté. et Survint une belle occasion de plaire ceux qui l'ont élu nous ont fait est une grâce,

le

rateûr aime à croire qu'il restitue le tous les ans la tache d'encre était soigneusement noircie à neuf. C'est bien passé. Mais non, voyez-vous 1 possible, et aussi que Luther n'ait pas connu le lit, le fauteuil ni le tronc d'arDieu merci! il y a autre chose dans la bre. N'importe, l'harmonie de toutes ces Wartbourg que la chambre de sainte choses permet et conseille de croire.

Et puis, en tout cas, c'est- bien vraiElisabeth, et la triste salle des fêtes. Il y a une vaste pièce où, pour dire vrai, ment sa chambre. Par cette fenêtre, il a son on voit une fresque affligeante et quel- regardé la forêt infinie, le ciel. etmois inquiétude. furent Car ce des ques meubles qu'on souhaiterait ailpassa dans leurs, mais dont les nobles proportions, anxieux ce donjon, où retenait l'Electeur de Saxe le la vaste cheminée, et surtout des fenêpour le tres ouvertes sur la vallée donnent une soustraire aux haines qu'il avait soule-impression de grandeur. La salle d'ar- vées et aux périls de sa propre violence. paysage mes aussi, scintillante de beaux aciers, La Wartbourg et son auguste prison est arrangée en perfection. Fier endroit enserraient comme une ses où des cuirasses de chefs portent d'émou- craintes et son attente. vantes blessures, et où on trouve, chose Pour le dissiper un peu, le bon Elecplus émouvante encore, nombre de ja- teur le fit un jour mener à la chasse, quettes de cuir dont les propriétaires fu- mais, -il Ta raconté, la chasse n'était pas rent massacrés dans la guerre de Trente son affaire. Il lui dépiut amèrement de ans. Les vêtements des soldats parlent voir tuer les pauvres jolies bêtes, et, de la mort avec une éloquence plus vive ayant aperçu un petit lièvre tout applati d'épouvanté sur le sol, il le ramassa, le que les armures des capitaines.

Et puis enfin, dans une tour proche mit dans sa manche, résolu de sauver du pont-levis, il y a la chambre de Lu- celui-là au moins. Hélas, les chiens arrither vant pleins de cris et de rage, ce lièvre Si les Allemands restaurent mal, ils de peu de cervelle eut tant peur quft conservent avec un art et un goût ex- pour fuir il sauta hors de son nsiïc. Inquis. Cette chambre n'a subi aucune continent il fut happé, dévoré, il n on fresque explicative. Un rude crépi, jadis resta qu'un pi-u de sang au nez des blanc, de viiux meubles, quelques let- chiens. Luther dit « Plus de chasse tres encadrées une du bon Melanch- pour moi » et revint dans sa tour vers ton c'est tout. Et l'atmosphère du lieu ses songeries qui toutes n'étaient pas joyeuses. H écrit: « Me voici ici, oisif, est admirablement persuasive.

Le guide nous assure que Luther dor- contemplatif, je hais la dureté de mou mait dans ce lit de bois raboté hâtive- cœur qui ne se fond pas tout en larmes ment, qu'il s'asseyait sur ce fauteuil, pour pleurer sur mon peuple égorgé. que ce tronc d'arbre lui servait de table Pas un ne se lève pour Dieu. Temps à écrire. Sur le mur, il montre la cé- misérable, lie des siècles 0 Dieu, prends lèbre tache d'encre que fit en s'y écra- pitié de nous. » sant l'encrier du réformateur un jour _«*• s'entretenait il que, comme chacun sait, Dans cette chambre il connut de gran-t avec le diable de matières théologiques.

La conversation cessa vite d'être cour- des colères, le doute, les sursauts de l'es? toise, et sur quelque propos irritant du poir. II dut songer plus d'une fois qu« vîiain personnage, Luther, furieux, lui les prntecteurs se lassent a la longue lança l'enciier au creux de l'estomac. queLancastre enfin abandonna Wicloffj Sur quoi, vexé, le diable s'en fût aus- et que, un sauf-conduità la main, garanti sitôt. C'est ainsi, du moins, que l'on m'a par une impériale parole, Huss aboutit raconté l'aventure. au bûcher.

Dans cette chambre pendue comme un .Gœthe, qui n'avait point l'esprit tourné a la confiance aveugle, prétendait que nid au-dessus des bois, je me rappelle

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La

Légioii Étrangère

Pour que le caractère du légionnaire soit utilisé, pour que la « Règle légionnaire » (et je la dis telle comme je la dirais d'une communauté cloîtrée), soit adaptée à chaque type de caractères, et pour que cette adaptation donne les meilleurs résultats, il y faut un corps d'officiers singulièrementdoué, et unique en son genre. Je voudrais dire ici, très vite, mais avec assez de clarté pour être compris de tout le monde,. ce qu'est l'officier

des légionnaires. .Les spécialités d'esprit et de cœur, de maintien et de paroles, qu'on réclame du chef, à la Légion, quel que soit son grade, ne sont cataloguées et analysées nulle part.

Mais l'Etat et le haut commandement les .connaissent et y tiennent. Car jamais on ne fait servir directement à la Légion un officier qui sort à l'instant de Saint»Cyr .on attend, et on fait bien, qu'il soit éprouvé par la vie. Celui-là, qui a été blessé lui-même, sera le meilleur infirmier des blessures d'au-

trui.

Le règlement et la discipline comme les théories -et 'leë* services' paraissent être, et officiellement sont, les mêmes pour la Légion que pour'l'armée française. Dans la réalité, il en va autrement. C'est ainsi que, très souvent, les officierstutoient les soldats (ceux-ci le tiennent à honneur), et que, assez fréquemment, les soldats (parmi lesquels il y a pas mal de Belges), tutoient leurs officiers. Mais il faut bien démêler dans quel sentiment.

Le légionnaire, homme fait, rompu à la vie, parfois rompu par elle, n'a pas besoin, comme le jeune soldat de France, d'un homme qui lui explique le règlement. Son âge lui a donné assez de réflexion, de sangfroid, d'esprit militaire, pour qu'il ne sente pas l'urgence, devant lui, d'un tableau de service, en uniforme, et qui marche. Enfin, le légionnaire, qui est essentiellement débrouillard, ne demande pas à ses chefs de précisions sur les marchés, des indications sur les vivres, le couvert et le reste. Il trouve tout cela à lui tout seul, et mieux que quiconque. Sous ce rapport, le talent du légionnaire est incroyable, et touche à la prestidigitation les autres corps de troupe le savent, et n'aiment pas du tout être cantonnés à côté d'un détachement de légionnaires, qui, en quelques instants, s'appropriera tout ce qui peut être utilisé ou pris, et ne laissera rien aux camarades. J'ai, personnellement, fait cette expérience et je ne suis pas le seul à l'avoir faite après la marche matichacun de ces Messieurs est prié dy avoir nobles de père en fils de temps immémorable. nale, nous passions, aux environs de midi, égard. Il pourra en coûter tout au plus un Je pris la décision, mon cher oncle, après dans un village du delta tonkinois, et l'heure

un tryptique devant lequel je suis restée longtemps à Weimar. Trois petits portraits de Luther réunis dans un cadre.

L'un, c'est le jeune moine d'Erfurt, le second le; montre tel qu'il' devait être pendant sa réclusion à la, Wartbourg; le troisième, c'est le vainqueur.

Guidée par ces trois visages, il me semble refaire avec lui fe chemin de sa pensée, durant qu'il contemplait l'ombre montant de la vallée, qu'il écrivait pour précipiter les âmtes, ou que, inquiet dans sa solitude, il marchait de long en large par la chambre. Lui aussi devait regarder tour à tour le jeune moine qu'il avait été, le combattant qu'il était, le triomphateurqu'il serait.

Ces trois images ont une forte signification. Le moine d'Erfurt est maigre, nerveux, frémissant figure de mystique et d'impulsif. On se rappelle que, pour le jeter au cloître, il suffit de l'émotion violente que lui donna la mort d'un ami tué à son .oô lé par la foudre. Dans ce cloître, il apportason Virgile et un grand uY;sir-de sainteté. Il jeûnait tout le jour, priait toute la nuit. L'âme du réforma-

portrait lorsqu'il dit « VOilà comment apparaît Luther, sublime et bouffon. amusant, colère, terrible: un David aristophanesque entre Moïse et Rabelais.

Non, plus que tout cela le Peuple. » iIi'"

Dans le dernier portrait, les cheveux sont blancs, il est gras, l'animalité du masque s'accuse, l'oeil bridé asiatique a une gaieté audacieuse, la lourde machoire révèle les appétits et l'éloquence formidable. Toute la spiritualité de ce visage réside dans les traits de force qui le marquent partout. Une force prodigieuse. Il-a moins de noblesse, car il n'a plus ni crainte ni doute il a réussi.

Mais quelle puissance Ce portrait-là, c'est, il me semble, Bossuet qui en révèle le sens. « Il est vrai qu'il eût de la force dans le génie et de la véhémence dans les discours; une éloquence vive et impétueuse qui entraînait les peuples

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et les ravissait, une hardiesse extraordinaire quand il se vit soutenu et applaudi, avec un air d'autorité qui faisait trembler ses disciples, de sorte qu'ils n'osaient le contredire ni dans les grandes choses, ni dans les petites ». Et Bossuet ajoute encore « L'orgueil suivait de près ses victoires. »

tour audacieux n'apparaît pas dans le portrait du jeune moine. Elle dormait profondément elle n'était pas née eni'or>! pn ut-être. Il lisait passionnément limitation qui tranche les liens terrestres. Il aurait « avec p!aisir allumé le Les trois portraits marquent bien les fagot pour brûler Erasme ». A peine avait-il quoique orgueil de savoir beau- étapes. L'œuvre de Luther n'est pas sortie un beau jour parfaite et toute armée coup et de bien parler. de son cerveau. Pendant des années il a 'i!*if dans l'esprit des incertitudes. Sa docLe visage du second portrait est mûri, trine s'élabore peu à peu et change. plus plein, plus dur et moins paisible. Quand il brûle la bulle du pape qui conL'homme a vu ce;qu'il est, pressenti ce damnait quarante et une de ses proposiqu'il peut, mais il se cherche encore. tions, il devine mal quel incendie il alL'attaque est commencée. Il marche lume. L'importance de son rôle ne lui pas d'abord « Tu te trompes sans savoir exactement où il va. Chaque apparaît minute lui d/coùvro un horizon plus en m'attribuant tout ceci », écrit-il à large et diltr. nt. Le destin qu'il a dé- Melanchton. Et ailleurs, avec une fierté c liai né le mène à! 'chaque pas il apprend où rëtonnement se mêle « Je n'ai pas à la moindre pierre sa mission et se reconstruit- U est gonflé encore mis la mainn'ai fait mettre le feu de t'olères, d'espoirs,d'énergies, d'inijuié- pour l'arracher, je tu,les. La bouche a changé de caractère, à aucun monastère, et presque tous les e le s est humanisée bonne et véhé- monastères sont ravages par ma plume mente, prête pour le rire énorme et l'in- et ma bouche. » jure féroce. MicHelet semble décrire ce Aux premières minutes il sait peu ce

qu'ensuite il doit vouloir et accomplir, car la volonté- qui l'emporte n'est pas toute à lui.

Les amples mouvements que là race humaine fait pour sa délivrance, à la manière du malade qui se tourne dans son lit, ne sont jamais l'œuvre d'un seul, si grand soit-il. Les révolutions politiques ou morales jaillissent de besoins, de souffrances, d'intérêts matériels. La faim et l'amour de l'argent sont les moyens par où l'humanité réalise son perfectionnement spirituel. Si le peuple n'avait pas vu qu'il pouvait arriver qu'on ne payât plus de lourds impôts à Rome, si les princes n'avaient pas songé aux biens d'Eglise, ils auraient cède moins vite à la voix de Luther.

Henry VIII commence par le réfuter vigoureusement, puis il y songe mieux, et'prend les grilles d'or qui entouraient la tombe miraculeuse de Thomas Becket et mainte autre chose encore.

Cependant la voix de Luther était indispensable, car les hommes ne marchent bravement et jusqu'au bout, malgré le danger, vers les objets nécessaires à leurs instincts matériels que si on les leur caché à demi sous un idéal. Il faut de grandes paroles pour qu'ils aient le courage de conquérir le pain; et la liberté qui donne le pain.

Personne plus que Luther n'a eu le sens et le génie de cette liberté. En outre, il parut à l'heure. Wicleff et Huss sont venus trop tôt. Le monde n'était pas prêt. L'imprimerien'avait pas encore rapproché les esprits. Luther a eu pour lui cette force, et puis il a eu lui-même J Son énergie indomptable d'abord. Il put hésiter au fond de soi, non dans l'acte ni la parole. Jamais on n'obtint dé lui la moindre rétractation, ni un signe de faiblesse. Ce qu'on tenta pour le séduire ou le briser fut vain. Après bien dés discours persuasifs, puis menacants, lelégat'du Pape lui montre les dangers, les désertions probables, là solitude Quel abri as-tu? Où veux-tu aller? » « Sous le ciel » répond Luther.

Avec ce courage, il a l'âme large et toute chaude de sympathie humaine, la gaieté qui tonifie les vouloirs, et malgré

de la « soupe » approchait, et la faim, mauvaise conseillère; talonnait nos gaillards: Le chef de compagnie, à l'entrée du village, fit former' « par quatre », et on traversa la rue centrale au pas gymnastique on fit la halte, au dehors, à un kilomètre de la dernière maison or, quand on fit ouvrir .les sacs et les musettes, on y trouva du riz, des poulets fraîchement empoignés et le cou tordu, des fioles d'eau-de-vie annamite, et jusqu'à une

marmite à cuire le paddy Et pourtant, personne n'avait paru avoir quitté. les rangs. Il n'y a rien à faire contre de telles passions, servies par de tels artistes Bien qu'il n'ait fait à son chef aucune confidence d'aucune sorte, le légionnaire sait bien qu'il n'est pas, au regard de son officier, un soldat comme un autre il est à la fois plus et moins. Il n'est pas un enfant de la même terre, et de la même race, capable des mêmes passions et des mêmes amours il n'est pas fils du sol national, avec des intérêts et des parents sur ce sol il n'est rien qu'un numéro matricule. Mais il est' une' intelligence et une expérience. Celles-ci méritent toujours d'être appréciées, et parfois il leur est fait appel, et on est heureux qu'elles soient là. Le chef se sent, à chaque instant, observé et jugé par ses soldats, de cette sorte de jugement qui a des motifs profonds, et qui compte. Et l'officier veut, dans chaque circonstance, que ce jugement lui soit favorable. Il y tient. Et il montre pratiquement et publiquement qu'il y tient. Il y a là une réciprocité de contrôle et d'estime intellectuelle, qui n'existe dans aucune autre armée, dans aucun autre pays.

Ce que le légionnaire donne à son chef en confiance, en orgueil sain, en pleine possession de soi, en assurance logique, il en recherche la juste compensation. Car il faut se le-rappeler le légionnaire est un être qui ne croit plus en soi-même, ni en sa volonté, ni en sa force, et qui est venu chercher à la Légion l'armature militaire qui le tiendra debout et suppléera à sa vertu défaillante.

Comment supportera-t-il cette épreuve ? Les règlements lui disent bien s'il s'est trompé, et il s'aperçoit de son plus ou moins de valeur technique au nombre de ses punitions.

Mais la conduite morale, mais la pensée, cette vagabonde enfermée dans l'âme secrète du légionnaire comme dans le plus verrouillé des in pace, qui lui dira si son effacement volontaire, si son suicide social lui ont fait du bien ou du mal ? C'est son officier seul qui est son critérium. L'officier, je le disais tout à l'heure, n'est pas le tableau de service du légionnaire, mais il est sa conscience, vivante et vibrante, et sans appel. Et les jugements de cette conscience-là sont d'autant plus respectés et redoutés qu'ils ne sont pas suivis d'une sanction réglementaire et que c'est l'homme lui-même qui a choisi son juge.

C'est par un coup d'œil, souvent furtif, que le soldat sollicitera, avec une secrète angoisse, l'approbation de son chef, et c'est par un coup d'œil que le chef l'accordera ou la refusera. Et la punition de l'homme qui s'est diminué moralement est imperceptible aux autres l'officier ne parlera plus au soldat, ou il ne le tutoiera plus, ou il ne le désignera pas à la.première occasion qu'il y aura d'aller se faire tuer, et il le mettra, peine atroce, à la garde des mulets et du convoi. Et cette condamnation volontairement acceptée est pire que tous" les châtiments disciplinaires j'ai connu un légionnaire qui ne pouvait pas ne pas s'enivrer le dimanche, et de qui le souci unique était, quand il était ivre, d'être ramené vite au cachot, afin que son lieutenant ne le rencontrât pas dans les rues de Saïda^ en cet état. Le respect du chef accepté et des insignes honorables ou glorieux que soimême l'on porte est poussé ici à l'extrême, et on connaît a Bel-Abbès ces trois Allemands; tous trois décorés pour faits de guerre de la médaille militaire, qui exigeaient, avec une hautaine insistance, les marques de respect dues à cette médaille et qui, le jour où ils avaient résolu de « faire la fête », laissaient

ieunmédaille sur leur lit au 'quartier I

Ainsi, l'officier de légionnaires est le-directeur, .l'arbitro1 muet et inrrôîrtesté de ces consciences fermées et de ces âmes tortueuses, et pourtant il n'a fait comme les autres officiers, que des études militaires 1 Pour monter et se tenir à la hauteur d'un rôle si difficile et passionnant, l'officier de légionnaires travaille sans cesse. Mais sur quels conseils et sur quels livres travaillet-il ? Il n'a pas d'autre document que l'homme même, d'autre livre que la conscience d'autrui, d'autres conseils que ceux de sa propre expérience. Il n'a comme critérium et de quel empirisme que ses soldats, le regard de ses soldats, et, en colonne et en campagne, leur manière de servir. Car la seule marque de gratitude de l'homme, à qui le chef à chaque instant rend l'honneur, c'esfc de servir impeccablement la patrie et" l'étaB» dard de ce chef.

Peut-être on comprendra le lien invisible, mais étroit et formidable, qui joint ces silencieux par désespoir à ces silencieux par devoir, et comment une vie, en apparence âpre et rebutante, éveille en eux tous les enthousiasmes et, à l'occasion, suscite tous lés héroïsmes. Il n'y a là ni contrainte ni discipline il y a l'effort coordonné de volontés viriles, souples et bandées comme des lames d'acier bien trempées, et à qui, évidemment, rien n'est impossible.

Albert de Pouvourvillé.

sa violence, l'instinct prudent qui fait réussir. Plus habile que Wicletf, ce réaliste n'a en rien le tempérament de martyr de Jean Huss. Il n'est pas d'une pièce. Abondamment pourvu du don do colère une colère que l'obstacle magnifie et qui crée autant qu'elle détruit on lui trouve aussi le don de pitiés Il est grossier et très subtil. On l'aime. Melanchton l'adorait, et tous ceux qui venaient auprès de son cœur. On sait l'affection parfaite de sa femme qu'il appelait « ma chère côte ».

Par-dessus tout, il a l'autorité, et cette force absolue sans limités ni contrôle, il l'emploie magnifiquement à mettre en question

une fois pour toutes le principe d'autorité. Enfin, il est un artiste « Je -ne considère pas comme un instituteur celui qui ne sait pas chanter dit-il. Parole profonde et d'une douceur infinie. Il chérissait la musique. Elle aussi est une libé-

ratrice.

Bon Luther, plein de chansons et d'injures, il habite-malgré eux la pensée

de beaucoup qui adorent le mystère avec d'autres mots que les siens, de beaucoup

qui croient ne rien adorer. Nous retrouvons sa voix faite de tant de voix, son cœur où aboutissaient tant de cœurs chaque fois que nousnous efforçons vers plus de liberté, plus de réalité plus d'espace Michelet a dit et bien- dit «C'est la forte main du grand Luther qui dans son verre gothique nous versa le vin,du voyage. » Quand je quitte la chambre, j'aperçois au bas de l'escalier une boîte aux

lettres.'Une vraie boîte aux lettres que le facteur vide tous les jours. L'a-t-on mise là pour que, du donjon même, où il vécut ses plus graves minutes, les visiteurs eussent le plaisir d'envoyer par le monde les cartes postales écrites dans la chambre de Luther ? L'idée n'en paraît-elle pas un peu ridicule? D'abord elle m'a semblé telle. Puis j'y ai mieux songé. Non, elle n'est pas ridicule, il s'en faut bien Fœmina.

LE UVRE DU JOUR

CHRISTIANISME ET CULTURE FÉMININE La librairie Perrin publie une œuvre posthume de l'écrivain de grand talent qui fut

Mme Lucie Félix-Faure-Goyau.Christianisme et culture féminine est un des essais les plus délicieux et profonds de l'auteur de « Newde « la Vie et la Mort des Fées ». man» Nous en détachons, pour la joie de nos lecteurs, un des brillants chapitres.

et

A la Renaissance, toutes les phases

de l'humanisme rencontrèrent des in-

telligences féminines promptes à leur servir de miroirs délicieux miroirs artistement ciselés, mais où, contrairement à l'impression que nous recevons du Moyen Age, bien des choses ineffables ne semblent point s'être reflétées.

Quelques lignes consacrées par Walter Pater à la Joconde nous reviennent à la mémoire,lorsque nous constatons la culture d'une Isabelle d'Este e,fc de la plupart des femmes célèbres qui furent ses contemporaines. « Toutes les pensées et toute l'expérience du monde semblent avoir modelé sa beauté. Elle est plus vieille que les rochers parmi lesquels elle est assise. » Mais, bien différentes

des inspiratrices du Moyen Age, beaucoup de ces femmes charment l'esprit des hommes sans exalter leur âme.

La conscience de leur pouvoir met une sorte de mystère sur leurs délicats visages aux paupières bridées. Elles se pencheront en dilettantes sur les profils des camées antiques et la ciselure des orfèvreries contemporaines. Elles liront des vers anciens et goûteront les commentaires des érudits de leur cour. Un magnifique ouvrage de M. Rodocanachi (1) nous permet de les suivre dans tous les détails de leur vie quotidienne, de leurs fêtes, de leur luxe, comme si elles étaient nos contemporaines. Mais, dans ce'cadre d'art et de beauté, sontelles heureuses? .N'y a-t-il pas une secrète amertume dans le sourire de la Joconde? une douloureuse nostalgie dans les yeux des figures de Botticelli?Parmi toutes ces pierreries dont elles ornent leurs mains effilées, aucun anneau ma-

gique ne renferme pour elles le secret du bonheur. Qu'attendent-elles? La Renaissance a des parterres de roses où Ronsard descendra bientôt avec son amie; mais elle ne sait plus guère les chemins profonds et mystérieux à travers lesquels le Moyen Age s'en allait, pieds nus, chercher les sources intenses de la vie intérieure.

Cependant nous n'avons pas à pousser plus loin ce parallèle. Nous nous contenterons d'observer, en ses péripéties, la rencontre de l'humanisme avec quel(1)

La Femme italienne « l'époque' de la Jte-

•naissance (Paris, Hachette, 1907).

A

ques intelligences féminines, et nous 'essayerons de deviner s'il modifia leur bonheur intime ou leur mélancolie, s'il atteignit, en un mot, leur vie profonde.

Puisque nous voyons les femmes mêlées à tous les mouvements d'idées, estil étonnant qu'elles ne soient pas restées indifférentes à l'humanisme? Ce monde d'Occident, plein de jeunes et vives curiosités, se jeta sur les vestiges de la Grèce que lui apportaient d'érudits fugitifs, chassés de leur patrie par la domination des Turcs. Plusieurs se fixèrent à Florence. La ville des Médicis apparaissait dans l'éblouissante maturité de son éclat. Laurent le Magnifique la dominait. Elle avait ses savants, ses poètes, ses artistes, ses innombrables et merveilleux artistes! Laurent lui-même sertissait des sonnets voluptueux, et sa mère, Lucrezia Tornabuoni, composait des laudes populaires, ainsi que des champs chrétiens. Sa cour était d'une somptuosité délicate. Le poète humaniste Politien, qui devait être le précepteur du pape Léon X, nous a décrit les splendeurs d'un bal florentin de

cette époque, par lequel les Médicis fêtèrent le passage à Florence d'Eléonore d'Aragon, fille du roi de Naples, qui s'en allait rejoindre Hercule d'Este, duc de Ferrare, son fiancé.

1 Cette vague d'humanisme qui passa sur l'Europe ne fut point sans atteindre les rives de France. Anne, fille de Louis XI, lisait déjà Platon, ce que ne faisaient guère, d'ailleurs, beaucoup des fameuses platoniciennes de la Renaissance. De Ferrare à Amboise, de Mantoue à Moulins, les nuances se modifient. Anne, dont le grave et beau visage se dessine sur le fond voilé des sites de France, ne ressemble guère à ces souriantes Italiennes; elle n'a ni la grâce légère d'une Isabelle d'Este; ni l'imagination tourmentée d'une Vittoria Colonna. C'est une curieuse figure de femme, solide, pratique, fine, avisée et profonde « la plus belle et la moins folle des femmes de France », disait-on d'après son père. Et le peuple, étonné de cette virile intelligence, la surnommait Madame la Grande.

Sans doute elle ne fut pas une sainte comme sa sœur, l'admirable et douloureuse Jehanne, la musicienne au luth brisé qui fit de son âme un luth tout résonnant de louanges divines; mais l'école des succès politiques ne vaut point, pour élever les âmes, celle de l'humiliation et du délaissement. Anne se trouva régente d'un vaste royaume, mêlée plus que personne aux affaires du siècle, obligée de défendre le trône de son frère et de tenir tête à la guerre civile. Elle triompha de toutes les embûches et de tous les obstacles. L'heure venue, elle sut se retirer dans la ville de Moulins; elle apporta dans ce petit cadre toutes les riches aptitudes de son esprit. Grâce à elle, le Bourbonnais fut doté d'une codification des coutumes elle accueillit les artistes et transforma sa cour en centre d'art. Elle dota ce pays d'institutions charitables où l'on dis-

cerne le cachet de son génie pratique.

Qu'y a-t-il sous la fresque de cette vie extérieure si pleine et si brillante? Une femme souffrante, mélancolique et désabusée, mais d'un si beau, d'un si, fier courage, qu'elle ne laisse pas vibrer dans son cœur les voix pleurantes et ber.ceusescapables d'ehdormir son activité. Fiancée au jeune duc de Calabre, elle lui donna tout l'amour de son âme; et quand, par la volonté de son père, le nœud fragile fut brisé, victime de la politique et du caprice, elle ne se plaignit pas. Elle ne se plaignit pas davantage quand elle apprit la mort lointaine de celui qu'elle avait aimé, mais elle garda toujours au doigt le pur anneau de ces premières fiançailles.

Ayant épousé Pierre II, sire de Beaujeu, duc de Bourbon, elle lui fut dévouée, mais elle faillit mourir de chagrin lorsqu'elle perdit son fils unique.

C'est pour sa fille Suzanne de Bourbon qu'elle écrivit une série de réflexions, sur l'éducation féminine, un peu au hasard de ses pensées et de ses lectures, car elle était une grande liseuse non seulement de Platon, mais encore de Boèce, et surtout peut-être des Livres saints et des Pères de l'Eglise. Chez elle règne l'unique souci de l'éducation, et ce n'est point à un étalage de savoir, mais à la formation même de l'âme que concourent les appuis qu'elleréclame de l'Ecriture, des Pères ou des philosophes (1).

Fermement catholique, elle avait dû marcher dans ces sentiers de la politique où l'on recueille de terrestres poussières, mais elle possédait sans doute un jardin idéal de belles et suaves pensées, où elle se plaisait à respirer l'air des hauteurs. En tout cas, elle n'eut point de goût pour l'intrigue. « Ne vous mêlez que de vous », recommandait-elle à sa fille, afin de la prémunir contre ce penchant. Elle veut la garantir aussi contre la coquetterie et contre les trop flatteuses paroles de certaines voix insinuantes. Alors, elle fait appel à ses expériences d'une vie de cour: «J'ai connu un chevalier qui multipliait les serments, les serments les plus sacrés, jusque sur les saints autels, sur l'Evangile, et qui ne les a pas tenus jusqu'au soir. » Suzanne de Bourbon pourra rencontrer de tels chevaliers, et sa mère tremble pour. elle. Il faut lui apprendre ce qu'Anne sait avec une douloureuse certitude; c'est que, du matin au soir, il y a place, dans le cœur humain, pour plusieurs trahisons. Et, même pour une Madame la Gnande, c'est une vérité dure à retenir. Aussi, quand la politique en fait des héroïnes, ces grandes dames de fière allure souffrent-elles dans toutes les fibres de leur sensibilité. Comme elles sont près d'envier celles de leurs humbles sœurs qui n'ont à manier que leur quenouille! Ecoutez ce mur-. mure d'aveux « Une seule lumière suffit ». « Ne vous mêlez que de vous, » où bien l'épitaphe de la noble Marguerite Les Enseignements d'Anne de France, duchesse de Bourbonnais et d'Auvergne, à sa fllle Suzanne de Bourbon texte original publié d'après le manuscrit unique de Saint-Pétersbourg, par A. -M. Chazaud. Moulins, Desroziers, 1878.

(1)

d'Autriche, régente des Pays-Bas pendant la minorité de son neveu CharlesPlainte Quint « Fortune, infortune qui semble le résumé d'une vie. Courte inscription qui en dit peut-être aussi long que tous les volumes contenus dans la magnifique bibliothèque amassée par cette remarquable princesse Anne de Beaujeu mourut tristement, révoltée 'contre ces choses humaines' qu'elle avait maniées avec une si rare élégance, une si vive et une si jolie dextérité poussant à cette même révolte son gendre, le connétable de Bourbon, qui devait, hélas trop l'écouter et tomber dans la trahison. On aime à opposer à l'attitude d'Anne de Beaûjeu, celle de sa pauvre sœur Jehanne, la seconde fille de Louis XI, l'épouse répudiée de Louis XII,- la sainte fondatrice de l'Annonciade, qui de tous les éléments adverses avait su extraire un baume de paix et de suavité, sans pourtant devenir impassible, comme le prouve ce mot exquis adressé par elle à ses filles de l'Annonciade, quelques heures avant sa mort: « Priez pour moi saint Vinc'est lui qui guérit le mal du cent cœur » Et elle portait encore sur son lit de mort la croix qu'elle avait formée avec les débrisde son luth brisé, en comprenant que toute la beauté de son âme devait bien fleurir pour le ciel, puisque cette beauté demeurait impuissante à

lui assurer ici-bas le rainimuiî d'amour humain que de légers agréments physiques lui eussent libéralement dispensé.

En somme, elle, la plus délaissée, la plus humiliée, la plus déshéritée, elle fut, entre toutes ces femmes, la plus artiste dans l'art de se créer une belle discipline de vie; elle fit de la bonté avec les débris de son grand amour, comme elle avait fait une croix avec les débris de son luth; aimée et vénérée d'un essaim d'âmes choisies qui s'appliquaient à se modeler sur l'idéal qu'elle leur faisait entrevoir, elle découvrit lajoie.après avoir outrepassé les extrêmes limites de

la douleur.

*

Les Françaises, les Espagnoles, les Anglaisesrivalisent désormais avec les Italiennes. Une Marguerite d'Angoulême, sœur de François. Ior, protège les poètes et lit Boccace qu'elle imite dans ses Nouvelles.Ellese jette avec plus d'impétuosité que de sûreté dans certaines spéculations religieuses elle y gagne d'être traitée d'utopiste par la cour et par Calvin, pour lequel, sans le suivre tout à fait, son esprit a dés complaisances. Elle meurt, désenchantée de son rêve souriant d'humanisme et de platonisme qui, décidément, ne mêne pas au bonheur. « Otez les femmes du ménage, elles ne valent plus rien », déclare Luther. Calvin redoute pour elles toutes les émotions esthétiques. Ces sombres et farouches doctrines eussent mal résonné dans les délicieux châteaux de la Loire où s'est mue Marguerite. Tout y semblait facile, et la beauté des automnes mettant de lumière sereine sur la grâce inclinée des coteaux, que l'on n'y prévoit guère la mélancolie des déclins.

Un peu sceptique, un peu superficielle,, imaginative avant tout, la reine de Navarre passe de la galanterie et de la grivoiserie littéraires à un mysticisme extravagant; elle n'a point la touche à la fois ardente et sûre des vrais mystiques. Sur son lit de mort, eUe déclara, paraît-il, qu'elle avait aidé les novateurs plutôt par. compassion que par conviction. Cela, même est conforme au portrait élégant et fin, comme une œuvre de Clouet, que Mme Mary Duclaux a tracé de Marguerite d'Angoulême.

Sa nièce, une autre Marguerite, fut son élève. Celle-ci s'éprit également de lettres et de poésies, elle inspira de l'amour à Du Bellay. Puis vinrent les jours où Marie Stuart, à l'aurore de sa beauté, faisait, sous. le rayonnement de son sourire, éclore des rimes françaises; jeune reine habile à improviser des harangues latines. Elle composait des vers, protégeait Ronsard, et dansait, légère, souriante, parmi les fleurs de poésie et de trahison qui se respiraient dans l'air de cette cour de Valois. La haine féroce des Puritains la guettait dans son propre

royaume.

Mais l'humanisme et la littératuren'étaient plus seulement l'apanage des prin-

cesses. L'école lyonnaise; école de poétesses, s'enorgueillit entre autres de Louise Labé, qui paraît avoir été passionnée, brûlante de flammes terrestres, et qui sut revendiquer, avec un mélange de grâce et de bon sens, les droits de la femme à la culture intellectuelle. De cette école dépend également Marie de Romieu, l'amoureuse des roses, qui composaitainsi son épitaphe: Celle qui g;ît ici sous une froide cendre, Toute sa vie aima la rose fraiche et tendre, Et l'aima tellement qu'après que le trépas L'eût poussée à son gré aux ondes de là-bas, Voulut que son cercueil fût entouré de roses, Comme ce qu'elle aimait par-dessus toutes choses

L'Espagneest alors le pays des femmes savantes. L'Espagnol Vivès, ami d'Erasme, conseiller et précepteur de Catherine d'Aragon et de Marie Tudor, compose un vrai traité de l'éducation féminine.

Il bannit de la demeure austère où croissent ses élèves les' mêmes poètes que Platon exilait de sa République il en écarte également les romans de chevalerie, les aventures de guerre et d'amour. Il leur recommande de lire l'Ecriture sainte, les Pères de l'Eglise, l'histoire et la philosophie, Xénophon, Plutarque, Sénèque; il les veut instruites en latin, en médecine usuelle, en sciences ménagères, mais il ne les encourage pas à l'étude des languesvivantes qui servent de véhicule aux accents de la passion.

Un autre ami d'Erasme, préoccupé de ces questions éducatives, fut sir Thomas More, chancelier d'Henri VIII, et, de plus, érudit, écrivain, amoureux des belles-lettres, en attendant d'être martyr de la cause catholique.

C'est pour Erasme que le, peintre Han.s Holbein groupa dans un tableau les membres de la famille More. Il y a d'abord le père, sa seconde femme Alice

Middleton, ses filles Marguerite, la préférée, Cécile, Elisabeth John, son fils, 'puis une petite cousine, Margaret Giggs,

qui est savante et destinée à épouser un helléniste. Sur toutes ces personnes, quatre tiennent des livres. Et ce n'est point une attitude de hasard, mais plutôt le symbole des occupations habituelles. Voyez: le délicieux chapitre de M. Henri Brémond sur la Vie intime de Thomas More et des siens. C'est une vie grave et studieuse. Marguerite est mariée, mère de famille, etcependant, nous dit le biographe, les professeurs de grec, de latin, d'astronomie et d'autres sciences continuent leurs leçons. « Dans cette maison harmonieuse, écrit Erasme, personne n'est oisif, personne ne, perd son temps à des cancans de femmes. Ces jeunes filles lisent régulièrement TiteLive. Elles sont si avancées qu'elles n'ont pas besoin de traductions pour entendre des auteurs de ce genre, sauf quand on rencontre un mot qui m'arrêterait peut-être moi-même ou l'un de mes pairs ». « Mon opinion, déclareThomas More, est qu'il faut cultiver avec d'autant plus de soin le naturel des femmes que l'art leur est plus nécessaire ». C'est le sentiment de saint Jérôme et de saint Augustin, qui exhortent les femmes et les jeunesfilles às'appliquerà l'étudedes lettres.

Ce Thomas More, entouré de sa sérieuse et charmante famille, retrouvant son esprit et ses goûts chez son aînée,, la douce et intelligente Marguerite, cultivant de belles amitiés, épris de science et de culture, ressemble à un sage de ce monde. Mais il ne faut pas s'y tromper la mesure de levain qui figure le royaume céleste est pétrie secrètement dans toute cette pâte de bonheur humain. Sans doute, la tragédie qui fera mourir cet homme exquis et supérieur ne sert qu'à nous révéler le secret de son inébranlable fidélité à son âme l'Église catholique. Marguerite le visitait dans cette prison d'où elle devait voir passer avant lui d'autres martyrs; elle nous a transmis ses derniers entretiens, les belles et douces paroles qui rappellent Antigone, mais dont la suavité n'a jamais été connue du paganisme « Laisse les vivants et remonte à ceux qui sont morts, et que Dieu, j'espère, a reçus au paradis. Je suis sûr que le plus grand nombre de ceux-ci, quand ils vivaient encore sur la terre, auraient jugé de ces choses comme je fais, et je prie Dieu que mon âme reste en compagnie de leurs âmes ». Toute sa vie, son mot avait été joyeusement. Et ce fut sa' devise jusqu'à la fin. Cet écrit filial de Marguerite More nous montre la plume d'une femme humaniste, occupée à recueillir les suprêmes espérances d'un père martyr.

Lucie Fèlix-Faure-Goyau.

L' Imprimeur-Gérant: QUINTARD. Imprimerie du FIGARO, se, BROCHA.RD,

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BERNÈDEèt P. DE CHOUDENS

CHANSON DE "PEAU D'ANE", chantée par

M** YVONNE

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