La Guerre mondiale. 01/09/1914

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La Guerre mondiale. Bulletin quotidien ["puis" bihebdomadaire] illustrĂŠ...

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La Guerre mondiale. Bulletin quotidien ["puis" bi-hebdomadaire] illustré.... 1914/09/01. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF. Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : - La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. - La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. CLIQUER ICI POUR ACCÉDER AUX TARIFS ET À LA LICENCE 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : - des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. - des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter utilisationcommerciale@bnf.fr.





P. GUGLEFLMONI




UNE SECTION DE MITRAILLEURS A BICYCLETTES DE L'ARMÉE FRANÇAISE

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fi nos lecteurs

un titre, hélas! que nous eussions voulu ne jamais écrire ne sera pas, — cela va sans dire, unehistoire, même approximative, de la longue tragédie que nous vivons, que nous allons vivre encore et dont il faut espérer que le dernier acte et le dénoûment ne se feront pas trop attendre. Comment, en effet, en pourrait-elle être lstoire, circonvenus que nous sommes et quasi aVeuglés les fausses nouvelles? D'ailleurs, par Plus l'humanité avance sur la route du progrès et Plus se multiplient les moyens d'information et les sources devérité, plus l'histoire devient difficile à écrire, au point des quelle sera bientôt, sans ute,réduite sciences conjecturales. au rang LA

GUERRE MONDIALE

Toutefois, le public veut connaître la vérité, ou avoir l'illusion qu'il la connaît. C'est cetteillusion agréable que la Guerre mondiale se propose de

lui procurer. Chaque jour, donc, — sauf le dimanche, — la Guerre mondiale donnera deux cartes où seront indiqués en deux couleurs les mouvements, l'avance — ou le recul — et la position des belligérants, l'une pour la partie occidentale des opérations (Allemagne, Belgique, France), l'autre pour la partie orientale (Allemagne, Russie). Approximativement, cela va de soi, et pour autant que les «agences» nous permettront de nous en rendre compte. Nousyjoindrons un choix d'illustrations


aussi expressives et aussi documentaires que possible. Une plume militaire commentera brièvement cet exposé graphique et cherchera à extraire la somme de vérité ou d'erreur que pourront contenir les nouvelles contradictoires reçues le matin. En même temps, nous ferons un triage des informations les plus vraisemblables, et nous les

présenterons dans l'ordre qui nous paraîtra le plus logique. Une philosophie et un enseignement immédiats se dégagent des événements que nous traversons. Bien que notre vue, comme toute vue humaine, soit courte, nous nous efforcerons de tirer cet enseignement et cettephilosophie. Car l'humanité, celle du moins qui est vraiment digne de ce nom, a un idéal, et c'est à cet idéal que, pour les juger, nous comparerons les choses et les hommes. Ce faisant, nous croyons non seulementsatisfaire

La situation au

1er

septembre, matin

(32me jour de la mobilisation, 27me jour des hostilités)

En France, la situation ne s'est point grandement modifiée. La présence des Allemands à Compiègne, à 80 kilomètres de Paris, n'a pas été jusqu'ici confirmée. Quant aux engagements nouveaux annoncés, soit vers Lens, soit vers Saint-Quentin, ils pourraient bien n'être que l'écho de batailles précédentes. Si le bruit de la bataille de Lens était fondé, ce serait que des troupes inconnues, françaises ou anglaises, auraient été secrètement massées sur l'aile droite allemande, et leur entrée en ligne pourrait changer la situation du tout au tout. Mais le Pas-de-Calais est si éloigné de la ligne principale, qu'il est sage d'attendre confirmation. Ce qui serait grave pour les Allemands, c'est si réellement, comme on l'annonce de Copenhague, ils étaient, d'ores et déjà, obligés de dégarnir leur front ouest pour aller sur l'est repousser l'invasion russe. Ce geste donnerait lieu de croire que la grande victoire annoncée par eux, dans le sud de la Prusse orientale, n'aurait pas été si complète qu'ils le prétendaient. Toutefois, un correspondant du Corriere della Sera nous donne la ligne germano-russe comme suivant la frontière. Il est vrai que ce correspondant est accrédité auprès du grand état-major autrichien. Toujours d'après ce même correspondant,seule source par où nous ayons à cette heure une vue d'ensemble de la grande bataille de l'orient, les Allemands seraient aussi au sud-ouest de Varsovie, à Pétrikoff, là même où fut annoncée avant-hierune rencontre de cavalerie. Quant aux Autrichiens, leur ligne s'étendrait, ajoute ce journaliste, de Konsk — théâtre de leur «grande victoire de vendredi, premier jour de la bataille —

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la curiositédupublic, mais, ce que nousjugeons préférable, lui rendre un service d'ordre moral. Nousvivons aujourd'hui dans d'épaisses ténèbres, où chacun n'a de lumières que ses illusions superficielles et ses profondes sympathies. L'illusion est un doux songe dont le réveil peut être dur. Toute sympathie, dans ces journées de sang et de mort, est une source de souffrances. Comme tous nos lecteurs, nous avons, certes, nos sympathies et nos illusions, mais nous ferons un effort pour qu'elles ne soient pas nos seules lumières dans ces ténèbres. Et nous tâcherons, pour voir clair, d'avoir des yeux plus sereins que ne peuvent l'être des yeux mouillés de larmes. Et si des vérités sont cruelles à dire, nous les dirons tout de même, soucieux dépargner à nos lecteurs des erreurs, généreuses peut-être, mais plus cruelles encore.

y

LA RÉDACTION.

jusqu'à Zamosch. pour s'infléchir au sud-est,parla Galicie, jusqu'au Dniestr. L'aile gauche autrichienne persiste à affirmer sa marche en avant, sa poursuite même, tandis que les Russes assurent avoir cerné cette aile et avoir remporté un autre succès décisif vers Zamosch, au centre de la ligne de bataille. A quoi les Autrichiens rétorquent que cette nouvelle est certainement

rieure à la leur. La conclusion est qu'à peu près sur tous les points, les adversaires, de force sensiblement égale, prennent l'avantage tour à tour. Pourtant les Autrichiens, renforcés peut-être par les troupes opérant vers Kielce, et qui ont traversé la Vistule, semblent dominer légèrement sur leur gauche; tandis que, sur leur droite, ils risquent fort d'être débordés ou enfoncés par des ennemis fort supérieurs en nombre. J. Ti

C'est la faute aux Français

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De source quasi officielle — parbleu c'est l'agence Wolff qui transmet ce renseignement des vétérinaires français (sans doute étaient-ils de connivence avec les médecins qui ont infecté des sources d'eau potable) ont, avant la guerre, vendu aux Allemands un certain nombre de chiens destinés à la consommation — tout le monde sait combien est appréciée, au delà du Rhin, la chair du meilleur ami de l'homme. Le malheur (intentionnel) est que, parmi eux, il s'en est trouvé plusieurs d'enragés, et il a été démontré que tous ceux qui ont mangé de cette chair ont été contaminés. Et voilà pourquoi. Certainement voilà pourquoi la Belgique est héroïque, et pourquoi c'est la faute aux Français


A ALBERT

1er,

ROI DES BELGES rul£i

Vous êtes entré, Sire, en héros dans l'histoire. En face vous avez regardé l'aigle noire, Et tandis que, de son impérial sommet, Sa jactance, à nulle autre égale, s'exclamait "De quel droit se peut-il qu'avec moi tu te battes?,, A bas les pattes „ Vous avez osé lui répondre Puis, comme un fier chasseur, vous avez pris l'épieu, Et, fort de votre peuple et fort de votre Dieu, Sans peur et sans reproche affrontant la tempête, Vous en avez frappé l'aigle noire à la tête. Peut-être terrassé, mais à coup sûr vainqueur, Roi, l'histoire dira que vous eûtes grand cœur, Que vous fûtes de ces princes qu'il faut qu'on aime, Parce que de leur peuple ils sont l'âme elle-même, Parce qu'ils mettent tout leur soin, tout leur honneur A ce que leurs sujets tiennent d'eux leur bonheur. O prince, nos esprits, obscurcis de mystère, Ignorent quel destin Dieu vous fait sur la terre Mais s'il veut que demain pour vous s'ouvre le ciel, Montez, Sire déjà vous êtes immortel

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JULES CARRARA.


La position actuelle (1er septembre) des armées franco-anglo-allemandes

Quatre semaines de guerre Résumé des opérations en août Les hostilités engagées depuis quatre semaines bientôt sur un front de 450 kilomètres, de l'ouest belge au sud alsacien, peuvent se ramener aux grandes lignes suivantes Trois théâtres principaux 1° frontière belge, 2° Luxembourg, 3° Alsace.

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Sur le théâtre du centre, la situation n'est pas, fond, fort différente de ce qu'elle était au début desauopérations. Dès l'entrée, à la faveur, dit-on, de la neutre, zone que les Français respectèrent jusqu'à la déclaration de guerre, tandis que les Allemands se gênèrent moins, ces derniers s'étaient assuré la possession de Briey au nord des lignes devant Baccarat au sud. Or, tandis que Longwy, extrémité septentrionale de cette ligne, réussissait à tenir jusqu'à ces derniers jours, accrochée à la frontière luxembourgeoise, les Français au sud, par une vigoureuse offensive dès le 14 au soir, rejetaient leurs


La position actuelle (1er septembre) des armées russo-austro-allemandes

adversaires sur la frontière de Lorraine, s'avançaient de la Meurthe jusqu'à cette frontière et, la franchissant, Parvenaient, après cinq jours de combat ininterrompu, Jusqu'à la ligne Morhange, débouché de la Seille (à la lisière est des étangs), Lourquin, Albervillers. Le lendemain, les Bavarois arrivaient en force, et après 34 heures de lutte, rejetaient les Français jusque la Meurthe. sur C'était le 23, et dès le surlendemain, une nouvelle offensive des Français, due doute aux renforts venus sans de Haute-Alsace, reportait leur ligne 1° à gauche sur Lunéville, qui fut reprise par eux 2° au centre sur la vallée de la Vezouze, où se distingua le fameux XVme corps de Marseille, dont une défaillance avait amené, assure-t-on, la retraite du 20 août; 3° à droite en avant de St-Dié. Pourtant cette droite, fortement attaquée, a dû reprendre ses positions primitives et même rétrograder jusque sur la Mortagne. En tout état de cause, les Français tiennent à ce jour 1 la Moselle, de Belfort à Toul et la Meuse de Toul à Verdun, et donc leur grande frontière militaire n'est Pas entamée. La trouée des Vosges reste intacte.

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En Haute-Alsace, les péripéties sont dans la mémoire de tous. Le 8, les Français envahissent la région d'Altkirch, bousculent les avant-gardes allemandes, prennent Mulhouse avec une seule brigade, en même temps qu'ils s'emparent, plus au nord, du col du Bonhomme, face à Colmar. Le lendemain, les Allemands, des Badois pour la plupart, rejettent l'envahisseur sur la ligne Thann (qu'ils reprennent pour quelques jours), Dannemarie, Pfirt. Le 20, en même temps que l'offensive en Lorraine atteint son point culminant, les Français font un nouvel effort pour tendre la main à leurs camarades victorieux d'entre Metz et le Donon. Mulhouse est réoccupée après un vif combat. Dans l'intervalle, le 14, les cols du nord de l'Alsace sont enlevés par eux Urbéis, Sainte-Marieaux-Mines, Saales, où, dans la vallée adjacente de la Bruche, à Schirmek, bousculent une partie de la division de Strasbourg et s'emparent de canons, de mitrailleuses et d'un drapeau. C'est conquête. mais non on apprend, le 26, — et l'ordre date probablement du 22 déjà, — que le général Pau évacue l'Alsace. C'est que le recul de l'armée de

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Lorraine mettrait l'aile droite en péril, si elle s'obstinait entre Vosges et Rhin. Et puis le général a besoin de toutes ses forces sur la Meurthe pour reprendre l'offensive.

Tout aussitôt, les Allemands franchissent le Rhin de toutes parts, et les Bâlois affirment voir passer cinq, on dit même sept corps d'armée, durant douze heures, surune des routes d'Alsace, pendant huit heures sur une autre. Vingt heures de défilé, cela ne ferait que cinq divisions, en bonne logique. Mais les troupes ont passé sur triple front artillerie et trains sur la chaussée, infanterie(en deux colonnes) et cavalerie à travers champs. Cette méthode, renouvelée des Huns, mais avec l'organisation en plus, déroute tous les calculs. Cette invasion a pour résultat de refouler les Français jusque vers Rambervillers et presque vers Epinal. Mais une contre-offensive française partie de l'est de cette ville a rétabli la ligne française sur la Mortagne. Quant à Belfort, qui est peut-être attaqué à l'heure actuelle, va-t-on essayer sur lui l'effet des obusiers de 42 cm?

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Reste la Belgique. Là, c'est le grand mouvement stratégique, à la Moltke. Le 4 août, sans même prendre le temps d'attendre ses réservistes, le IXilie corps allemand est devant Liège. L'attaque, par surprise, commence immédiatement, en trois colonnes. Elle échoue, et les quelques Allemands qui ont pu s'infiltrer dans la ville par le sud sont reconnus et refoulés. La colonne du nord est rejetée sur la frontière néerlandaise. Les assaillants se reforment. Ils amènent leur terrible et jusqu'ici inconnue artillerie de siège, les effroyables obusiers de 42 centimètres, au tir plongeant. Le feu converge contre l'un des forts de l'est, celui d'Evegnée probablement, le plus faible. Sous les masses de fer qui l'écrasent, la coupole d'acier craque, s'effondre. Le couloir est fait. Les Allemands entrent dans Liège. Semblable opération contre l'un des forts de l'ouest pratique un nouveau couloir les Allemands passent, la plaine belge est envahie. Quant aux dix autres forts, peu importe. On pourra, dans les jours qui suivront, s'offrir le luxe de les abattre. Et voilà pourquoi, durant près de deux semaines, l'Europe ne sut si Liège était prise ou non. Elle ne l'était pas toute, mais les agresseurs en avaient pris assez pour leur usage. Et tandis que l'on continuait de s'extasier, avec raison d'ailleurs, sur l'héroïque défense des forts belges, mais qu'on s'égayait, avec plus d'esprit que de sagacité, sur les «mensonges de la «Wolff joyeuse », le grand mouvement tournant, qui devait aboutir à Saint-Quentin et à La Fère, s'accomplissait. Le 10, les avant-postes prussiens s'étendent sur l'Ourthe, au sud de la ville, tandis qu'à la source de la Semoy, vers Arlon, tout près de Longwy, apparaissent les têtes de colonnes de l'armée du kronprinz. Mais bien plus menaçantes seront les troupes qui, par le nord, décrivent le grand arc de cercle. Diverses dépêches annonçant une série de succès belges contre les cavaliers d'abord, puis contre les fantassins allemands, réjouissent le cœur de celui qui se borne à lire son journal, mais étreint d'angoisse celui qui suit, pas à pas, le doigt fixé sur la carte, les emplacements successifs de ces combats. Les Prussiens sont chaque fois battus, c'est vrai, mais chaque fois c'est plus à l'ouest ils avancent donc! Et, en effet, les voici, le 11, à SaintDrond, les 13 et 14, sur la ligne Jodoigne-TirlemontTiest, où se livre la bataille dite d'Hælen, la seule qu'ait véritablement affrontée l'armée belge en rase campagne. Encore n'était-ce que contre une brigade allemande renforcée de cavalerie contre l'avant-garde seulement des trois corps d'armée qui s'avançaient. Le 19, l'envahisseur atteint la Dyle, c'est-à-dire la rivière

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qui passe à Wavre, à Louvain, en même temps que, plus au sud, il passe la Meuse en force, sans trouver — chose inouïe — personne pour lui barrer la route. Trois jours encore, et le voici qui défile dans Bruxelles. Le public, à cette annonce, fait un sursaut et se demande s'il a rêvé. Mais non il a lu le communiqué belge qui annonce le départ de toute la cour et du gouvernement pour Anvers. L'armée les suit dans cette retraite — nous allions dire dans cette prison — semblable à celle où Bazaine, jadis, enferma pour toujours la fortune de la France. L'armée royale, désormais coupée des alliés, n'existera plus pour les batailles futures. Heureusement pour les Belges que les Allemands ne s'intéressent plus à eux. Ils ont d'autres soucis et, se contentant d'occuper Malines — à la façon de Louvain capitale laissant dans couvrir la capitale, cette ne pour — elle-même que 3000 soldats, les voici qui, à marches forcées, avancent sur Mons. Cette fois, il n'y a plus à s'y tromper c'est l'enveloppement qui s'approche et, dans leur hâte à signaler un danger qu'ils ont trop longtemps ignoré, — à quoi servent donc tant d'aéroplanes? — les Anglais vont jusqu'à voir des colonnes allemandes sur Valenciennes, sur Audenarde, sur Lille En réalité, il n'y a sur ces routes lointaines que des flanc-gardes et surtout des nuées de cavaliers qni ont pour mission de s'assurer qu'aucune troupe massée sur la gauche des alliés ne viendra prendre en écharpe la manœuvre de l'armée prussienne. Mais c'en est assez pour faire refluer Gand sur Bruges, et Bruges surOstende, qui s'apprête au choc.

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Le choc se produit, mais loin de là, vers Namur. La grosse forteresse belge devait être emportée. Les

Allemands, par leur tentative audacieuse, mais avortée, de traverser la Meuse à Dinant, le 16, cherchaient visiblement à tourner cette place. N'y arrivant pas, ils se décident à l'attaquer de front. Le 19, comme on l'a vu, ils passent la Meuse, rejettent vers le sud-ouest, sur la Sambre, les premières lignes françaises installées à Gembloux, à Perverz. Phase préliminaire de la grande bataille. C'est le 23 août. L'aube trouve les deux partis à des endroits assez différents de ceux que, d'après les dépêches précédentes, on aurait pu s'imaginer. L'aile gauche allemande, afin de faire front au sud et de se trouver ainsi dans le prolongement de l'aile droite, dont on a décrit la vaste courbe, n'est plus Longwy, ni même à Arlon; elle areculéjusque derrière Neufchâteau. Le centre, qui regardait vers Dinant, a pivoté, et couvre cette fois Rochefort. Pour des motifs semblables, sans doute, la gauche française a abandonné la Sambre, et s'est repliée jusque vers la frontière. Elle se trouve ainsi sur une ligne droite, front nord. avec les corps massés derrière les Ardennes, vers Sedan et ceux qui bouchent la trouée de Stenay, dans la Wœvre. Les trois armées vont attaquer à la fois droit devant elles. Tout à l'extrême gauche française, la division, l'unique division anglaise fera le mouvement enveloppant. Mais les leçons de 1870 n'ont décidément point porté tous leurs fruits. L'armée du centre, faute d'exploration suffisante, n'a pas su que les Ardennes étaient hérissées de travaux de défense: trous de loup, fils de fer, abatis, tant et si bien qu'elle ne peut deboucher pour soutenir l'effort des deux ailes. Autre faute à l'aile gauche, sur qui repose presque tout le poids de la manœuvre, on a mis les troupes les moins expérimentées en tactique les Anglais. A Mons, les soldats britanniques sont donc débordés, refoulés. Et ce recul, j oint au «trou resté béant au centre, oblige toute la ligne à la retraite. Charleroi, pris et repris cinq fois en

à

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un jour, est définitivement évacué. Les alliés sont chassés de Belgique; l'offensive est brisée, brisée pour longtemps. Mais admirables seront ces troupes sur leur défensive, désormais imposée. Le troisième jour, la bataille reprend, acharnée à gauche, sur la ligne Hirson-Hocroy; au centre, sur la Remoy à droite, sur les Chiers. Toutefois, ce jour-là encore, les Anglais se laissent tourner et rejeter. Est-ce toujours la même division IV Sont-ce d'autres troupes britanniques laissées en échelon à gauche On ne sait toujoursest-il que les voici en pleine retraite sur Saint-Quentin. Les Allemands affirment même les avoir coupés de l'armée française, coupés de leur ligne de rerojetés vers la Manche.

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(A

suivre.)

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Jean DEBRIT. s~-~-

Sur la Meuse et sur l'Oise muniqué .it;:; s èrede

rétrospectif la guerre français

marché des Allemands en Belgique et en France du 5 au 31 août Croquis de la Belgique et de la région limitrophe française, montrant la marche des armées allemandes de l'aile droite dans leur mouvement enveloppant de Liège à la Fère, par tout le territoire belge. La

Paris, 1er septembre. Nous avançons lentement dans la région des Vosges et en Lorraine, où une véritable guerre de siège se livre depuis deux jours. Dans la région de Neufchâteau-Paliseul, nous avons subi des échecs partiels qui nous obligèrent à nous vers la Meuse. iction d'ensemble est engagée actuellement entre use et Rethel. troupes franco-anglaises, attaquées par un ennemi supérieur dans la région de Le Cateau-Cambrai, se rephèrent vers le sud. La bataille générale fut engagée avant-hier dans la région de Saint-Quentin-Vervins et simultanément dans la région de Ham-Péronne. Notre droite rejeta la garde prussienne et le Xme corps dansl'Oise(versGuise,Réd.), mais, raison des progrès en de l'aile droite allemande, reculâmes de nouveau. nous Nos armées ne sont nulle part entamées, le moral des ttroupes est excellent, et les pertes subies ont été comblées par les envois des dépôts.

ar

Est=ce une nouvelle

bataille?

Les Français seraient victorieux

Compiègne, 31. diUn combat livré acharmé s'est — manche dernier dans la région de Saint-Quentin. Les forces anglo-françaises auraient obligé les Allemands à reculer. Le bruit a couru dans la nuit, à Genève et à Berne, que les Français auraient remporté une victoire impor tante aux environs de Lens.

On désignait le général Pau comme chef des troupes engagées et on ajoutait que deux corps d'armée allemands seraient cernés par les alliés. Les effectifs allemands

Londres, 31. — Selon des renseignements dignes de foi, l'armée allemande du Nord comprendrait au total 575.000 hommes (autrement dit 150000 hommes de plus que toute l'armée des alliés, les Français s'évaluant eux-mêmes à neuf corps d'armée, avec 400.000 hommes, ce qui paraît d'ailleurs singulièrement peu).

L'héroïsme des soldats belges

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On lit dans la presse bruxelloise « Il résulte de différentes communications parvenues au Ministère de la guerre que l'audace de nos troupes est admirable. On cite ce mot d'un soldat des carabiniers qui a déjà fait pas mal de prisonniers allemands « Je «ne prends plus mon fusil maintenant, je m'en vais « avec une tartine; lorsqu'ils la voient, ils me suivent! » Un prisonnier allemand déclare que les ordres reçus sont formels il faut marcher, sinon on est fusillé Il ajoute que, si on ne leur donne pas quelque repos, hommes et chevaux seront bientôt crevés. Le même dit que, embarqué à Dantzig, il a su seulement le 15,

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samedi, qu'il y avait guerre et que les Français avaient envahi l'Alsace-Lorraine.»


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SECRET DES ALiIiEmflfiDS

Pourquoi et comment les forts de Liége sont tombés. Les crimes de l'obusier de 42 cm. CE QU'ILS ÉTAIENT

CE QUI LEUR EST ARRIVE

L'effet des obus qu'ils s'attendaient à recevoir.

L'effet,des obus qu'ils ont reçus, tir plongeant.

CE QU'ILS SONT DEVENUS

Photographies fournies par le grand état-major aux journaux de Berlin et montrant les ruines du fort de Loncin, un des ouvrages de l'ouest qui tinrent le plus longtemps, et sous les débris duquel le général Léman, commandant de la forteresse de Liège, fut trouvé blessé et évanoui.


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