Lectures pour tous (Paris) Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Lectures pour tous (Paris). 1916/04/01-1916/09/15.
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SOMMAIRE
DU DU
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NUMÉRO
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LA LÉGIONÉTRANGÈREAU FEU. - 7 photographies. 962 JOURNALD'UNE RÉFUGIÉEDE LILLE,- Par M"' Jeannedu THOIT.- Illustrations de Lucien JONAS, 971 VISIONSDE GUERRE. - 12 photographies. 978 NOTRE ENQUÊTECHEZ LES NEUTRES : LES CHANCESDES ALLIÉS.- II. En Hollande : J.-C. SCHROEDER 985 - 8 photographies LES GRANDSROLES DE MOUNET-SULLY. 987 LES MERVEILLES DE L'ACOUSTIQUE A LAGUERRE.- 1graphique deR. dela NÉZIÈRE et 1 carte 991 MARIAGESDE PRINCESSES.- 12 photographies 999 DESBOCHESCHEZLE MASQUEDE FER. - Par ÉtienneBOUTIRON- Illustrations de O.-D.-V.GUILLONNET. 1002 UNÉCRIVAIN MORTPOURLA FRANCE : HENRYDUROURE.- 1 photographie. 1008 LE SECRETDE L'OR. - Romanpar Henry du ROURE(lrePartie). - Illustrations de MACCHIATI 1009 ET LES OISEAUXCHANTAIENTTOUJOURS. - 6 photographies 1021 - Poèmede GeorgesDOCQUOIS. - Dessins deRenéVINCENT. 1025 ; CULTURE FRANÇAISE. 1030 LA LUTTEA COUPSDE FILMS.- Par Armand RIO. - 5 photographies. CONDITIONS D'ABONNEMENT AUX LECTURES POUR TOUS ( Un an 11 fr. Unan - - - 17fr. 50 FRANCE Sixmois ETRANGER f 9 fr. 6 fr. ( isix mois l
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lie a une magnifique tradition d'héroïsme, E cette Légion étrangère qu'on est habitué à voir aux postes les plus périlleux et dont un des plus beaux titres à notre admiration est encore la haine qu'elle inspire aux Allemands. Une fois de plus elle devait être au danger et à l'honneur. Dès la déclaration de guerre, nombre d'étrangers amis de la France, voulant reconnaîtrel'hospitalité si généreuse de notre pays, ont tenu à prendre place dans l'armée française. Polonais, Italiens, Grecs, Hollandais, avec quel enthousiasme ils se battent pour nous! Ce sont de nouvelles ei sublimes pages qui viennent s'ajouter à l'histoire de la glorieuse Légion 1 000 'EST le soir du 31 juillet 1914. Les éditions successives des journaux annoncent la proclamation c en Allemagne de l'état. de menace de guerre, l'insolent ultimatum lancé à la Russie. La guerre est inévitable. A l'appel d'un groupe de jeunes Italiens de Paris, près de 3000 étrangers, Belges, Anglais, Italiens et Slaves, se réunissent dans un café du boulevard de Strasbourg. L'un après l'autre, Pascal Bonnetti, le fondateur d'une œuvre qui nous a valu dans l'univers entier des sympathies actives, « les Amitiés françaises», Campolonghi, du grand journal milanais le Secolo, Pacchi Luigi, jettent à ces 3 000 enthousiasmes, exaltés pour notre cause des paroles de flamme. Puis c'est la ruée sur les boulevards, un cortège ardent déroulé dans un Paris
I PANCARTE HISCETTE VIVEL'ITALIE! C'EST) ÀI. AIDEDE ITALIENS VOLONTAIRES LES QUE SÉESURLATRANCHHE AUX «BoANNONCÈRENT — DERUDES LÉGIONNAIRES VENAIT DE SE LEURPATRIE CUES », IL YAUNAfi,QUE DELÀFRANCE. RANGER CÔTÉS AÙX
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brûlant de fièvre, une Marseillaise formidable chantée par nos frères d'âme et de cœur, criant à la grande ville, dont les fils déjà se ceignent les reins pour le suprême devoir: « Nous irons avec vous! » On passe devant les fenêtres d'un restaurant italien. Dix jeunes hommes s'y précipitent. On leur tend les drapeaux belges, serbes, roumains, anglais et russes qui pavoisent la maison aux jours de fête. Et la course reprend sous la claquement des étendards flottant dans le soir parisien. A chaque pas le cortège s'enfle de tous les étrangers, amis de la France, qu'attire invinciblement l'appel de leur drapeau. A la statue de Strasbourg! Devant l'image sereine, qui depuis près d'un demi-siècle attend la minute glorieuse où elle quittera ses crêpes, c'est maintenant un grand silence, plus émouvant encore que les chants de tout à l'heure, un même éclair dans tous les yeux, un même serment muet de se dresser côte à côte avec nos soldats, quand l'heure de la justice sonne aux frontières de France.
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habitant Paris: « L'heure est grave. Point de paroles, mais des actes. Des étrangers qui ont appris à aimer la France et à la chérir comme une seconde patrie sentent le besoin impérieux de lui offrir leurs bras. » Ah! le magnifique écho qui s'éveille à ce beau cri! Pour accueillir toutes les héroïques volontés, les « Amitiés françaises» créent aussitôt trois permanences dans le IXe, le XIe et le XXe arrondissement. Partout les étrangers se groupent en comités, se forment en faisceaux. Rue de Richelieu, au 112, ce sont les Roumains. Près du boulevard Saint-Michel, rue Séguier,les étudiants arméniens de nos Facultés. Puis les Syriens au café du Globe; rue Cadet,à leur club, les membres de l'Association orientale de Paris. Boulevard des Capucines, à l'Imperial Club, 500 Anglais s'enrôlent en un après-midi et se mettent aussitôt à l'entraînement à Magic City. A la voix du franc-tireur épique de 1870, du héros de Dijon, Ricciotti Garibaldi,et de l'écrivain italien Raqueni, les Italiens accourent si nombreux, si enthousiastes qu'il faut aussitôt organiser pour eux dans tout Paris LES Dès 9 heures du matin le des bureailx d'enrôlement. ENROLEMENTS L'élan est tel que le gouvernement lendemain, aux « Amitiés VOLONTAIRES. italien est obligé d'imposer la nécessité d'une françaises », boulevard Haussmann, les enrôlements se succèdent de autorisation en règle à chaque volontaire. seconde en seconde. On signe dans tous les Et le formidable mouvement ne s'arrête bureaux, dans l'antichambre, dans l'escalier, plus. Les Grecs,dès les premiers jours d'août, jusque sous la porte cochère. Le flot des forment une compagnie qui deviendra bientôt volontaires arrive si. formidable qu'il faut un bataillon. Ils ont déjà leur drapeau brodé installer des tables dans la rue, sur le trottoir. par les dames de la colonie grecque de Un appel aux armes Paris, la croix blanest lancé au même PENDANT HUIT MOIS LESGARIBALDIENS S'ÉTAIENT BATTUS che sur fond bleu; COMME ENARGONNE. DESHÉROS, L'ITALIE MOBILISANT,au recto: « Légion moment en tête de ILSFIRENT LEURS ADIEUX ÀI.EURS CAMARADES FRANÇAIS, tous nos journaux ETDEPUIS ILSVERSENT des volontaires HelSURLE CARSO, QUATORZE MOIS, LEUR SANG POUR LEMÊME IDÉAL. lènes » ; au dos. nos par les étrangers
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couleurs françaises et, en chiffres d'or, les quatre grandes dates où les deux peuples ont mêlé leur sang pour la même cause: 1821, 1897 et 1912, les trois efforts français lancés pour la défense de l'Attique, 1870, le souvenir des 500 Grecs de l'Année -terrible dont les fils sont aujourd'hui dans nos rangs. Et ce sont les Suisses, dès le 5 août, offrant leur talent de tireurs; le 13, les Luxembourgeois, brûlant du désir de venger leur pays envahi, leurs sœurs brutalisées, leurs pères contraints d'endosser la capote allemande. Tandis que les Hollandais s'inscrivent
Tous
lac, tombé depuis sur l'Aisne au champ d'honneur, je suis venu chercher le bras de mon père, blessé en 1870 par un éclat d'obus en se battant pour vous! » Quant aux Slaves, leur flot est tel que le colonel Wladimir de Waldeck a dû transformer en bureaux d'état-major tout un hôtel de la rue de Clichy. Polonais, Russes, Croates, Slovènes, Serbes, Finnois, Monténégrins, en trois jours ils sont plus de 10 000. Et les Tchèques accourent aussi, et jusqu'à des Tatares musulmans! A peu près tous les Slaves habitant Paris signent et s'engagent
TOUTES LESRACES, TOUTES LESCLASSES SOCIALES SEM- TOUS place de la RépubliGROUPÉES LEDRAPEAU BLENT S'ÊTRE SOUS DU2"ÉTRAN- LES AGES, que, les Américains DONT ONVOITICILE CAMPEMENT. UN TOUTES GERDEMARCHE, AMOUR DELAGLOIRE, UNMÊME GOÛT NATUREL DE LES CLASSES. ont déjà formél'«AIIIÊME FONT D E CES HOMMES UNE PHAL'HROÏSME REDOUTABLE merican Volunteer ÀQUIUNCHEFPEUT LANGE DEMANDER TOUS LESSACRI» un buToutes les nations! avec FICES. Corps reau rue de Valois et Tous les âges aussi: unterrain d'exercices dans les jardins du Palais- des jeunes gens de dix-huit ans, des hommes de Royal. Deux d'entre eux, deux frères, ont volé cinquante et plus. Et de tous les points de à nous du fond de la Californie, dépensant l'horizon social. Un Argentin, dès le jour de la 6ooo francs pour leur voyage, et comme on déclaration de guerre,a fermé sa petite bouleur demande pourquoi ils sont venus avec un tique dans un village de la Pampa; un Pérutel empressement, ils ont ce mot superbe: a Le vienne même jour,a abandonné sa ferme de fondateur de notre famille a été soldat dans l'Amazone; des commerçants, des comptables, la guerre de l'Indépendance. Dans toutes les des ouvriers kabyles des usines à gaz et des batailles il se trouvait aux côtés du général raffineries de Seine-et-Oise, des mineurs La Fayette ! » « Moi, s'écrie un autre, M. Mor- polonais du nord de la France, des chanteurs
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russes, des boxeurs comme le champion nègre Bob Scanlon, Jack Monroë, l'Italien Taravella, des coureurs cyclistes, le Luxembourgeois François Faber, le héros populaire du « Tour de France» mort aujourd'hui pour nous. Des jockeys, comme Alec Carter, mort lui aussi, tandis qu'un de ses camarades de turf, le célèbre américain O'Connor, volontaire des ambulances canadiennes, renvoie à l'Allemand Mumm, dont il a monté les chevaux, toutes les sommes qu'il a gagnées en course sous ses couleurs, avec ce mot cinglant: « Je méprise l'argent des Boches.
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tous tombés pour nous en Artois et en Champagne, le ppète Ismaïl Urdometa, tué aux Dardanelles en enlevant une tranchée turque à la baïonnette. A côté de l'ouvrier, des jeunes gens du monde, le fils de l'ambassadeur de Russie, M. Iswolsky, du corps expéditionnaire d'Orient, grièvement blessé le 2 mai et médaillé militaire; le frère du procureur royal à Bucarest, M. Vacareano, tué le 10 mai au combat de la Targette; un prince roumain, un descendant des fondateurs de l'empire d'Orient, l'arrière-petit-fils d'Isaac et d'Alexis Comnène, empereur de Trébizonde,
Votre or me brûle LAFRANCE! L'ALLEMAGNE A CETTE NOUVELLE le lieutenant Alexis ATTAQUE A FRÉMI. IL FERME RAION(iuruTiÉRY SA BOUTIQUE, Comnène qui s'est les doigts. Qu'on SONVILLAGE DELAPAMPA S'EMBARQUITTE ARGENTINE, m'en débarrasse! » E TLEVOICI AUPOSTE D ECOMBAT QUE, QU IL A TANT battu aux DardaDANS UNETRANCHÉE DESFLANDRES. DÉSIRÉ, Et côte à côte, nelles. entre le terrassier Le résultat fut tel que. malgré la sévérité du conseil de piémontais et le tailleur tchèque, des. artistes, quinze jeunes élèves peintres, sculpteurs et ar- révision, le 21août, aux Invalides, qui écarta chitectes de notre école des Beaux-Arts, Russes plus de 20 pour 100 des volontaires qui et Anglais, Serbes et Norvégiens, Péruviens s'offraient, il vint se ranger sous nos draet Suisses; des littérateurs: l'Argentin Binet peaux plus de 500 Anglais, autant de Valmer,l'écrivain luxembourgeois Sosthène Luxembourgeois, 600 Américains du Nord, Kurth, le fils de Maxime Gorki, le Vénézué- 1 000 Espagnols, 1 500 Grecs et un nombre lien Camillo Ramirez, blessé en Artois et titu- égal de Belges, i 600 Tchèques, Galiciens et laire de la croix de guerre avec deux palmes, originaires italiens du Trentin, 1 700 Polonais un poète colombien, Hernandez de Bengeecha, allemands et Danois du Slesvig, 2 000 Suisses, un autre encore, un Equatorien, Rodolfo 3 500 Russes, 5 000 Italiens, 6ooo encore de Seminario, le romancier Sanchez Carrero, nationalités diverses. Avec les 10000 Alsa-
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ciens, sujets allemands, qui s'étaient joints à eux,c'étaient près de 35 000 hommes qui nous donnaient leurs bras: un corps d'armée. Quatre jours après, ils partirent tous, Paris se souvient avec quel enthousiasme, vers les six dépôts qui leur avaient été assignés, les uns à Blois et à Orléans, les autres à Rouen et à Bayonne, le reste à Lyon et à Avignon
pour
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peine après être arrivés au camp de Cercottes, près d'Orléans, les Suisses par taientsur le front.
LES Voilà vingt mois qu'ils LÉGIONNAIRES là-bas toutes A NOTRE-DAME- partagent les souffrances de nos DE-LORETTE, soldats, tous leurs dangers, toute leur gloire au ;si. Ils ont tenu héroïquement à honneur d'être dî tous les grands coups de chien, et la France n'oublieia jamais quelle fut leur belle attitude à Notre- Dame - de - Lorette. C'était le 9 mai au matin. Il fallait, enlever d'assaut aux Allemands la cote 140 avec ses formidables défenses, les fameux « Ouvrages blancs ».La veille du grand jour, un capitaine haianguant les batai Ions étiangers leur avait crié, après la lecture de l'ordre du général: « Mis enfants, dans l'action qui se prépare, on nous donne une place d'honneur. Nous serons en pr<mi^re ligne; à nous de frapper le premier coup. Ceux qui tomberont, ne vous en 'occupez pis. Si je tombe moi-même, laissez-moi, avancez toujours sans vous occuper d'autre chose.» Une Marseillaise lui réptindit, «telle, raconte un des héros de l'affaiie, que de ma vie je n'en ai jamais entendu une pflreille». Puis l'hymne russe éclata grave et religieux, suivi des chants anglaiset belles. Le canon scandait les paioies imrnoitelles. A la pointe du joui, le bombardement comoù les Garibaldiens PABLOmence, les rafales sèches des 75, les tonAVANT LAGUERRE ÉTAITCHAM-nerres roulants des pièces lourdes et des gros IRRAGUERRO établirent leur quarCE PIONDEPEL-OTE BASQUE. tier général, et les SPORT ÀSONCOUP mortiers. « L'artillerie fait merveille, s'écrie A DONNÉ INFAILLIBID'ŒIL TELLE UNE le colonel accourant du téléphone. Elle a fait deux régiments À BRAS UNE TELLE LITÉ, SON de larges brèches dans les défenses accessoires. formés SÛRETÉ, étrangers QU'ILESTAUJOURDEGRE- Tout va bien. Le temps est avec nous, il fait D'HUILE LANCEUR avec leur concours DE beau. Nous avons de 1°. NADES LEPLUSFAMEUX veine, mes amis1 » bientôt LALÉGION ÉTRANGÈRE. répartirent A 9 h. 40, dix minutes, arrêt dans l'infernal leurs gros effectifs en plusieurs régiments dits « de marche », avec vacarme. Il reprend plus formidable encore un cadre d'officiers français et d'officiers étran- pendant dix autres minutes. C'est l'heure de en tête, la légion se lance gers.Ils ne demandaient qu'àse battre.Ils s'ins- gloire. Le colonel truisirent avec une telle ardeur qu'un mois à en avant. La voilà en un instant au bout des
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boyaux de la première ligne. Nos tirailleurs et nos zouaves bondissent à leur tour avec les légionnaires. « Fal Thya França ! » hurlent les noirs. « Vive la France! » répondent les légionnaires. Debout, la tête haute sous la mitraille, le colonel a jeté l'appel suprême. Ils escaladent le parapet. La course commence. La vague s'est élancée. Sous la pluie des balles qui cinglent l'air, dans l'enfer des obus que crachent les pièces allemandes, toutes les baïonnettes luisent au soleil de mai, pointées vers l'ennemi. C'est une immense ligne, ardente et rapide,' qui file en
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penchent en pleurant sur l'officier français, pansent avec une tendresse de fils sa plaie béante, le mettent à l'abri dans l'entonnoir profond d'un obus. Mais lui, avec un pâle sourire, l'orgueil sur sa face exsangue, leur montre du doigt l'horizon qui s'enflamme sous l'explosion d'un dépôt de munitions allemand, un village qui brûle, NeuvilleSaint-Vaast à droite, où on se bat avec fureur, la cote 140 qui tremble sous le feu français. Les retardataires ont rejoint, les larmes aux yeux,la vague desa ssaillants. Légionnaires, tirailleurs, zouaves, tous mêlés dans un magni-
SONT LESENFANTS DUPAYS DESDOLLARS NOMBREUX avant, toujours en QUI fique désordre, proLAFRANCE SESONT S OUVENUS AVAIT JADIS C OM- jetés en avant par QUE avant, une ligne de DEL'AMÉRIQUE. POUR LALIBERTÉ ONVOIT ICI BATTU bravoure et de fer PREMIERS DE L'UN DES CESVAILLANTS, ARRIVÉS la bravoure, insenGROUPES ÀPARIS DÈS PREMIÈRES SEMAINES DEGUERRE. sibles aux pertes, que rien ne brise, LES à la mort qui fauque rien n'arrête. Il est à peine II heures! La route drÀrras che, ils bondissent maintenant, la rage au à Béthune est occupée. De chaque côté un cœur, la vengeance aux yeux. La trombe bataillon s'y retranche. Puis un second bond surhumaine aborde les talus des « Ouvrages vers le but suprême et la course reprend, irré- blancs ». Une clameur énorme, un immense sistible.et farouche. Dans sa forteresse, qu'il hurlement de joie guerrière, des héros qui croyait inexpugnable et qu'il sent menacée, tombent, se relèvent, se ruent encore, des héros l'Allemand a perdu sa morgue. Il fait feu de qui meurent, la lueur de rubis des baïonnettes toutes ses pièces, il arrose la piste glorieuse, ensanglantées, des mitrailleurs boches cloués où courent nos braves, d'une formidable au sol d'un coup de pointe, des mains qui se mitraille. Revolver au poing, le colonel tombe crispent sur des gorges qui n'ont pas eu le en tête de ses hommes. C'est un chef adoré. temps de crier: Kamerade! L'Allemand Une poignée de volontaires étrangers se fuit comme un lièvre. La cote 140 est enlevée.
Tous pour LES Comment faire à chacun DANS Là-bas, plus à l'est, au HÉROS POLONAIS. sa LA FORÊT dans cet immense centre de la ligne de feu part LA MAGIE TRAGIQUE. concours d'héroïsme? qui court de la mer à BelD'UNE VIEILLE La légion polonaise, fort,la. légion italienne a trouvé le plus tragique CHANSON. depuis son arrivée dans théâtre de guerre que la nature ait jamais créé. le nord de la France, n'a pas cessé un seul Ici la terre s'est plissée, s'est froncée, s'est crejour d'être à l'honneur. Pendant un des vée en soulèvements tumultueux et brusques. premiers combats, elle a vu, dans un splenL'Argonne sombre et dramatique, le bois dide assaut, tomber à sa tête Ladislas de de la Grurie, le bois de la Chalade, les Szuynski, le fils du célèbre historien polonais, Islettes, cadre millénaire de batailles, formimort en brandissant le drapeau, cravaté aux dable champ clos! couleurs tricolores, avec l'aigle de Pologne C'est là qu'en décembre 1914 les Gariprenant son essor, qu'elle avait emporté sur baldiens attendaient impatiemment l'ordre le front en quittant son centre d'instruction d'attaquer la ligne allemande. Ils brûlaient de Bayonne. Elle a été sans trêve une féconde du désir de montrer aux six fils de Garibaldi, pépinière de braves et l'âme slave s'y est exal- à Ricciotti, à Santo, à Constante, à Ezio, à tée en folles prouesses, en sacrifices splendides. Bruno, à leur aîné enfin, à leur chef, le lieuParmi tous ses morts glorieux, la tenant-colonel Giuseppe Garibaldi, que le Pologne n'oubliera jamais le nom du capi- sang latin n'avait pas dégénéré. taine Yeské. C'était un magnifique géant « Passionnés,ardents, indisciplinés, tumulslave, très fort et très bon:En novembre 1914, tueux, généreux, héroïques, dit le coril avait reçu à Poperinghe la croix de la Légion respondant du Corrîere della Sera, M. Luigi d'honneur. Un jour, à Saint-Eloi près d'Arras, Barzini qui les a vus à l'œuvre, ce sont des ses hommes s'enlizaient dans la boue, s'en- spécialistes de l'assaut, de la mitraille hufonçaient jusqu'à la poitrine, jusqu'au men- maine, des baïonnettes. A la défenseils préton, disparaissaient. La mitraille faisait rage, fèrent l'attaque. C'est la pointe de la tarière rendait le sauvetage terriblement difficile. qui tourne et creuse. La tranchée les exaspère. Mais quelle difficulté pouvait arrêter le capi- Pour eux la bataille, c'est la bataille, une taine Yeské? Arc-bouté contre la paroi de course, un cri, un heurt. La tradition les a la tranchée, bravant les obus qui écla- ainsi façonnés. Ils méprisent la guerre de taient au-dessus de lui, un à un il repêchait mines des adversaires. C'est de la guerre alleses hommes, les enlevait à bout de bras. Il ne mande. C'est une phalange guerrière stupéfaite de rencontrer des mathématiques sur le perdit pas un soldat. Et ce volontaire, polonais lui aussi, héros champ de bataille. C'est si simple pourtant anonyme dont l'histoire, impuissante à cou- de mourir pour vaincre! Il suffit d'un cri ronner tant de fronts, ne nous a pas encore pour les mettre tous d'accord: « Les enfants, dit le nom ! Son arme à lui, c'était une chan- « on marche: en avant et vive l'Italie ! » Ce cri-là retentit enfin le matin du 26 déson. Oui, en chantant, il a fait à lui seul plus de vides dans les troupes allemandes oppo- cembre. Il fallait chasser les Allemands sées à sa tranchée que tous les camarades d'une hauteur boisée, le plateau de Bolante, • réunis de sa compagnie. Il trouvait toujours d'où leurs feux dominaient nos positions. le moyen de savoir si les lignes boches compLe clairon Galli sonne taient des Polonais. Une fois sûr de son affaire, DEUX FILS une charge furieuse. dès la nuit venue, il partait avec un sourire DE GARIBALDI MEURENT mystérieux. Rampant sur le ventre, s'avan- POUR LA FRANCE. Sans attendre les ordres, les réserves elles-mêmes çant sur les coudes,il se glissait jusqu'au bord de la tranchée allemande, puis dans l'ombre se jettent à l'assaut.La poussée est si puisil murmurait doucement une vieille chanson sante que les Allemands abandonnent leur prede Pologne, câline et rêveuse. Surpris, les mière tranchée. Un ouragan de feu part de Polonais allemands levaient la tête, décou- leur seconde ligne. Qu'importe ! Les Garibalvraient dans la nuit le chanteur audacieux, diens se précipitent, irrésistibles. Le capitaine se laissaient bercer un instant, oublieux des Bruno Garibaldi est blessé grièvement à horreurs de la guerre, au vieil air du pays. On l'épaule. On l'entraîne à l'ambulance: il feint causait, la chanson finie, de la Pologne, de d'accepter un pansement: on le laisse seul : il s'échappe. Le fusil au poing, la Prusse qui la tient sous sa botte. « Un une seconde Polonais,jetait le volontaire, ne doit pas com- comme un soldat, il court rejoindre sa combattre la France, qui combat pourla Pologne. » pagnie. Une rafale de mitrailleuses. Une balle Une deuxième chanson achevait l'enchante- qui entre dans le côté gauche et sort sous la mort. Il ment, et chaque fois il revenait avec un cor- l'aisselle droite. Cette fois, c'est au tronc d'un arbre. Un de l'attend, appuyé tège persuadé! 1 Q70
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ses hommes veut le secourir. Ille repousse doucement,tine dernière flamme aux yeux: « Toujours en avant! C'est la consigne. » Un autre Garibaldien, Casali,accourt.« Enavant, répète Bruno, en avant! » Ses genoux fléchissent. Il « J'envoie un baiser tombe en murmurant: à mon père, à ma mère, à tous mes frères! » Son suprême regard a vu céder à son tour la seconde ligne allemande et la troisième encore. Les pertes de l'ennemi dans cet assaut furibond étaient considérables; les cadavres boches avaient comblé les tranchées. Par malheur, ayant engagé trop tôt leurs réserves,
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quérir. Les Français avaient miné sous un secteur la première tranchée boche. De leur côté les Allemands avaient miné la tranchée française. Il n'y avait plus de temps à perdre. Il fallait faire sauter l'ennemi ou sauter en l'air. Lai mine française n'était pas encore tout à fait arrivée sous la position allemande distante d'une dizaine de mètres. Maisn'importe! On augmenta la charge de dynamite. 2 800 kilos de poudre furent placés dans huit fourneaux. Les Garibaldiens devaient donner l'assaut au moment de l'explosion. « Ce fut le spectacle d'un cataclysme.
les Garibaldiens ne POLONAIS ONT 60 canons vomirent CESQUATRE BRAVES COMME PONIAIOWSKI, DELA 18 000 obus. L'asBATAILLES IRISPART À TOUTES LESGRANDES recueillirent pas ce LECOLONEL COMBATS SANGLANTS. GUERRE ETÀMAINTS tout le fruit À VIVRE DELALÉGION LESA AUTORISÉS ENSEMBLE,saut se livra dans jour-là ABRI.RIENN-f- un enfer de mugisseDANS LEMÊME COMME FRÈRES. QUATRE de leur admirable POUVAIT LESRENDRE PLUSHEUREUX. vaillance. Devant ments,desifflements des renforts allemandshérissésde mitrailleuses, et de tonnerres, sur un sol soulevé et vails durent se replier sur les lignes françaises. cillant, au milieu d'un désordre universel. Dans Ce même jour tombait encore pour nous, le fracas diabolique de la forêt en convulsion presque à la même place, un deuxième frère et en éruption, les Garibaldiens s'élancèrent. de Peppino, Constante Garibaldi. Quelques instants, la suffocation les parat lysa. L'air de la forêt qui flambait était LA Le 5 janvier, les deux irrespirable. L'hésitation ne dura pas. La VENGEANCE héros furent vengés. course reprit dans les ondes de l'incendie DES «Ce jour-là, ce fut la et enleva en trois bonds les trois tranchées GARIBALDIENS. revanche. C'était tou- allemandes. Une contre-attaque impétueuse jours la hauteur de Bolante qu'il fallait con- se déclancha, venant de Varennes. Sous le
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Tous pour choc des lourdes masses survenantes les LA FIERTÉ Les journaux allemands, Garibaldiens oscillèrent: ils glissèrent sur la DE PORTER qui n'en sont pas à une L'UNIFORME contre-vérite près, ont pente conquise, cherchant un appui, un point d'arrêt. En avant pour l'honneur de l'Italie ! FRANÇAIS. annoncé à leurs lecteurs Et ils se lancèrent sur les troupes allemandes, que notre Légion étrangère n existe plus. Comles ébranlèrent à leur tour, les culbutèrent. ment se fait-il, alors, qu'ilya quelques semaiIls s'arrachaient les prisonniers avec un nes le délégué du grand état-major russe près orgueil de chasseurs se disputant une bête. du grand quartier général des armées fran«C'est à moi. — C'est le mien l » Et pour se çaises, le général Gilinsky, ait passé en,revue mettre d'accord, tous criaient sans façon à sur le front les régiments héroïques qui se sont. « Colonel, ils sont tous à couverts de gloire sur notre sol? Les volonGaribaldi: taires étrangers ont supporté leurs pertes vous! » Trois jours plus tard, le & janvier, après sans fléchir. S'il veut comprendre la force un repos de quarante-huit heures dans les de notre cause, que l'Allemand médite ce bois de la Sapinière, ils ajoutent une nouvelle bout de billet adressé des tranchées franpage héroïque à leur histoire désormais çaises à un ami par deux jeunes Améglorieuse. Une brigade allemande formée de ricains, étudiants à l'Université Harvard : deux régiments bavarois, renforcée d'un « Nous sommes sur le front depuis le bataillon de chasseurs et soutenue par des 28 octobre 1914, et nous n'avons qu'un mitrailleuses, cherche à encercler un régiment regret, c'est que les règlements nous défend'infanterie française. D'urgence, les Gari- dent de combattre dans un régiment de baldiens sont rappelés. Le major Lango France coude à coude avec de jeunes Franarrive le premier avec un bataillon. A çais. Ce n'est pas pour nous une petite fierté la baïonnette! Le combat dure toute la de pouvoir porter l'uniforme français 11 de nuit à l'arme blanche. A l'aube, les Italiens mettre dans les tranchées de première ligne sont épuisés. Ils se sont mis en route le 7, nos poitrines entre l'envahisseur et le beau ils ont marché toute la nuit, ils se sont battus pays qu'est la France.» Et cet aul re, un sans arrêt depuis vingt-quatre heures, ils jeune Espagnol blessé en Artois in mai, n'ont rien mangé depuis deux jours. «Mes écrivant à sa mère: « Je suis blessé à la hommes n'en peuvent plus, fait dire Longo main. C'est une belle blessure et nous avons eu une belle victoire. Le généau colonel. Ils sont depuis trenteLA SECTION GRECQUE QUE ral Joffre a cité notre division six heures sans repos ni nourCOMMANDE M. VA1.SAMACHI, riture.» La réponse arrive ausDESHÉROS EÙT à l'ordre du jour. Si tu avais QU'HOMÈRE CHANTÉS. vu sa joie et la nôtre! Tu sais, sitôt impérieuse: « Résistez à tout prix! » Ils résistent si bien maman, il m'aurait dans la que, des renforts aidant, ils '- vie manqué quelque chose si forcent les Allemands à je n'avais pas été M. » rentrer dans leurs poQuand l'Allemagne a bondi pour - sa sitions de départ et sauvage agression, à s'y terrer à nouveau. qui donc, à travers la vaste Les trois de terre, a senti journées , qu' «il lui * l'Argonne, où manquerait ils avaient 800 quelque choperdu se » s'il ne se hommes, varangeait pas à laient aux Gases côtés? ribaldiens , Quelle âme avec onzecroix ( libre a vibré et quatre méelle? - Où pour dailles militaii sont les volonres, l'hommage taires qui ont du généralissime considéré comme Joffre les assurant un honneur de moude l' «honneur qu'il , rir dans l'uniforme de à les avoir éprouvait ses soldats? sousses ordres ». 972