Le Miroir. Publication hebdomadaire
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Le Miroir. Publication hebdomadaire. 1918/11/24. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF. Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : - La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. - La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. CLIQUER ICI POUR ACCÉDER AUX TARIFS ET À LA LICENCE 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : - des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. - des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter utilisationcommerciale@bnf.fr.
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à la guerre.
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LE MARÉCHAL FOCH APPORTANT ALACONFÉRENCE INTERALLIÉE LA CONVENTION D'ARMISTICE La Justice immanente annoncée par Gambettaau lendemain de nos revers de 1870 s'est levée l'Allemagne, vaincue, a dû souscrire le II novembre à nos conditions d'armistice qui consacrent la victoire.
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PARLEMENTAIRES QUI ONT SIGNÉ L'ARMISTICE LES -
i.MaréchalFoch;2. Amiral
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Wemyss
;
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L'ARRIVÉE A LES AUTOS FRANCHISSANT LES LIGNES. — Les parlementaires chargés par le gouvernement allemand de se rendre auprès du maréchalFochpourdemanderl'armistices'étarent misen route le novembre, à cinq heuresdu soir, suivant l'itinéraire Fourmies-laCapelle-Guise. Or, en raison de l'état dedéla-
s
7
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3.Déléguéaméricain 4.Général Weygand 5.M.Krzberger
; 8.
6. Général V.eundell; 7. Général v.Winterféld
ComteOberndorfi
FRANCPORT. — DANS LE WAGON DU MARÉCHAL FOCH brement desroutes, ils n'arrivèrent aux avant-postes français qu'à neuf heures et demie. Ils durent passer la nuit au château de Francport. Le lendemain matin ils furent conduits à Rethondes où se trouvait le train dumaréchalFoch qui les reçut dans son wagon.
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Jeudi 7 novembre. — Le contact a été maintenu avec les arrière-gardes de l'ennemi, Qui. sur l'ensemble du front, continue à battre en retraite. A l'est de la Sambre, nous avons occupé Barzy. Au nord de Maries, nous avons dépassef Marfontaine et Voharies. Les troupes italiennes ont enlevé le Thuel. atteint le ruisseau le Hurtaut, au sud-est de Montcomet. A l'ouest de Rethel, nous avons occupé Barbv, sur la rive nord de l'Aisne. Entre Rethel et Attigny, nos détachements ont franchi l'Aisne en plusieurs points. Plus à droite, nous avons atteint les lisières de Lametz et poussé jusqu'aux abords de la Cassive. au nord-est du Chesne. Les Anglais ont poussé en avant, au delà de la forêt de Mormal. Ils ont progressé à l'ouest de Bavai et en d'autres secteurs du front de bataille en capturant un certain nombre de prisonniers. Les Américains sont dans le bois du Fondde-Limon, d'où la ligne s'étend par Flaba, Maisoncelle et Chemery. De durs combats se livrent sur le front de Sivry-bois de la Grande-Montagne. Vendredi 8 novembYe. — Une délégation allemande chargée de conclurel'armistice est arrivée sur le territoire français. Nos troupes poursuivent l'ennemi sur un large front, entre la Sambre et la Meuse. Elles ont réalisé une avance qui chiffre parfois par dix kilomètres et libéré de nombreuses localités avec leur population civile. I/ennemi a aban donné des canons et des prisonniers. A l'est de la Sambre, nous atteignons les lisières des forêts de Nouvion et de Regnaval. Nous avons pris Fontaine-les-Vervins et Vervins. Au delà de la Serre, Hary et la Corière; plus à l'est, Montcornet, le Hocquet, Renneval, Doligny, Rozoy-sur-Serre. Au nord de l'Aisne, nous avons dépassé de douze kilomètres Château-Porcien, Rethel est tombée en notre pouvoir, ainsi que Dyonne, à 8 kilomètres au nord.
Les Anglais ont pris Cartignies et Marbaix,
traversé la Sambre près de Berlaimont, occupé Aulnoye et son réseau de voies ferrées. Plus au nord, ils ont atteint et franchi la route d'Avesnes à Bavai. De vifs combats sont en cours dans cette région. Les Canadiens, sur la gauche, ont pris Baisieux et Quiévrechain, à l'est de l'Escaut. Les Américains ont progressé entre la Bar et la Meuse. Ils ont atteint les abords ouest de Mouzon et ont pris l'importante position de Raucourt. Samedi 9 novembre. — La délégation parlementaire allemande est arrivée au grand quartier général français, Nos troupes ont continué à progresser. Nous avons franchi et dépassé la route de VervinsAvesnes, au nord de la Capelle. Au sud de cette localité, nous avons atteint. à l'ouest de la voie ferréede la Capelle à Hitson
la ligne Effry-Origny,-en- Thiérache. : Plus à l'ouest, nous bordons le Thon. Sur le front de l'Aisne, nous tenons la ligne générale lisière sud de la forêt de SigrtyWagron-Neil-Saint-Rémy-Mazerny-la Horgue. réalisant une avance de 16 kilomètres delà au de l'Aisne. Nous avons délivré cent villages. Les Anglais ont pris Angre et ont livré des engagements heureux au sud-ouest de Tournav Ils sont à l'ouest d'Avesnes et occupent Hautmont. Bavai est entre leurs mains, ainsi qu'Elarges et Hensies. Des certaines de prisonniers, un certain nombre de canons et beaucoup de matériel ont été capturés. Les Américains ont pris Lisy-sous-Dun, Hraudeville: les faubourgs de Sedan, situés sur la rive occidentale. Toute la région entre la Meuse et la Bar est libérée. 250 canons ont été capturés depuis ier novembre, ainsi que 2.000 mitrailleuses, 5.000 fusils, 75 mortiers de tranchées, 3 milons, de cartouches.
le
LA GUERRE Toute la flotte allemande de la mer du Nord Mercredi 13 novembre. — La proclamation et de la Baltique est en lévolte. de l'armistice a provoqué dans toutes les Dimanche 10 novembre. — Nos troupes ont capitales du monde une profonde émotion. continué la poursuite des arrière-gardes M. Lloyd George a fait une déclaration aux ennemies et libéré une large zone de territoire Communes. M. Wilson a prononcé un discours français avec de nombreux habitants. au Congrès de Washington pour dire que tous A notre gauche, nous avons accentué notre les buts de la guerre étaient atteints, saluer progression à l'est de la route de la Capelle le changement qui s'était produit en Allemagne désormais un et Avesnes, et porté nos lignes aux abords et ajouter que les Alliés devaient du fort d'Hirson. secours amical aux peuples émancipés. La révolution continue en Allemagne. La Plus à l'ést, nous avons atteint, en de nombreux points, la rive sud du Thon, entie Ori- république a été proclamée à Dresde, A Berlin, formé en ,qui provisoire le s'est gouvernement résistance Liart. dépit la violente En de et gny opposée par l'ennemi, nous avons établi des attendant la Constituante, comprend trois socialistes majoritaires et trois minoritaires.. têtes de pont sur la rive nord. IA plupartdes journaux de Berlin ont chanA notre droite, nous bordons la Meuse depuisMézières jusqu'à la hauteur de Bazeilles. gé de titre pour prendre des dénominations Le chiffre de nos plisonniers dépasse 2.000. démocratiques ou révolutionnaires. Guillaume II a été consigné à la frontière Sur le front britannique, vif combat aux environs d'Elaches et de Limont-Fontaine. hollandaise, en attendant que le cabinet de la Haye prît une décision sur son cas. Il aurait au sud d'Hautmart. Nos alliés se sont emparés d'abord songé à se rendre à l'Angleterre. de ces localités et ont fait,des prisonniers. Hindenbutg s'est mis à la disposition du Ils ont pris encore Malplaquet, Fayt-leFranc, Dour et Thulin, et avancent le long nouveau gouvernement de Berlin. Les troupes italiennes atteignent le col du canal Mons-Condé. Ils occupent Condéils sont entrés dans la du Brenne. Du 24 octobre au 4 novembre, Lapacque et Belloy elles ont fait prisonniers 10.658 officiers et partie ouest de Tournay. 416.116 hommes de troupes. 18.000 prisonniers ont été capturés pat eux depuis le Ier. Le général Pétain a novembre. Jeudi 14 proclamée à Munich république été La a jour à du ordre adressé ses troupes pour un Max de Bade a démissionné. célébrer la victoire et leur recommander la Lundi Il novembre -- L'armistice a ét, dignité de l'attitude pendant l'occupation signé. prévue en Allemagne. Dans la dernière journée, nos troupes. Le gouvernement allemand a prié le goumaîtresses de Mézières, avaient passé la vernement français d'inviter au calme les Sormonne, enlevé le village de ce nom et populations d'Alsace-Lorraine, qui se monatteint la route d'Hirson à Mézières, au sud trent hostiles à l'égard des soldats allemands. de Remwez. Le docteur Soif, secrétaire d'Etat aux Sm notre droite, nous continuons à franchir Affaires étrangères de Berlin, a pressé les la Meuse entie Lunes et Doncherv. Alliés, par un message au secrétaire d'Etat Dans sa retraite précipitée l'ennemi avait américain Lansing, de hâter l'ouverture des abandonné partout un matériel considérable. préliminaires de paix. Il invoque la famine Nous avons capturé, notamment entre Anor qui pèse sur l'Allemagne. Guillaume II est arrivé au château d'Améet Momignies, toutedes canons, de nombreux véhicules de sorte et des trains entiers de rongen, dliez le comte Bentink, en Hollande chemins de fer. Il sera traité comme un officier supérieur Les Anglais, après avoir dépassé Maubeuge, interné. s'approchaient de Mons, malgré la résistance Contrairement aux bruits qui avaient couru, des arrière-gardes ennemies. Leurs (létache- le kronprinz n'a pas été assassiné. Lui aussi ments avancés poussaient en avant, au sud-est est arrivé en de Mons et arrivaient à la ligne du canal ;« Le grand-duc de Bade a été sommé d'ab l'ouest et au nord-ouest de cette ville. (liquei. Au nord du canal Mons-Condé, ils avaient Charles Ier a renoncé à sa couronne : il se pris Iuze et touchaient à Ath. Ils avaient retire en Suisse. L'Autriche allemande devient progressé de 7 kilomètres l'est de Renaix. république. Les Américains avaient réalisé des gains Victor Adler, le chef de la social démocratie considérables sur de nombreux points, le long d'Autriche, qui était devenu ministre des de la ligne, entre Meuse et Moselle. Affaires étrangères à Vienne, est mort subiDes troupes de la première armée avaient tement. atteint, en coopération avec les unités franM. Wilson, qui avait été sollicité par l'Alleçaises, les lisières sud de Stenay et occupé magne de lui venir en aide pour la préserver le bois de Chenon, au sud de Baalon. de la famine, lui a répondu qu'il pourvoirait Au delà des pentes orientales des liauteuis à son ravitaillement, mais à la condition que de la Meuse, les villages de Giberc. Aban- les vivres seraient répartis équitablement et court et Grimaucourt avaient été occupés. l'ordre serait maintenu. que En Woêvre, la ze armée avait pénétré dans Un accord est intervenu entre-le gouverneles lignes de l'ennemi, qu'elle avait chassé ment de la Sibérie occidentale et le directoire de plusieurs fortes positions. Les villages russe d'Orefa. de Marcheville etde Saint-Hilaire avaient été Des mutineries ont éclaté un peu partout pris. dans l'année allemande cantonnée en BelLes Belges avaient atteint le frontNederz- gique. walin-Hermelghem-Boucle-Saint-Denis-Zegem Il y a eu des soulèvements à Bruxelles, au zen. de Beverloo, à Anvers et à Liège. Des camp Les unités américaines à leur gauche scènes sanglantes se sont produites. avaient franchi l'Escaut à l'est de Heuvel. Le cabinet de guerre impérial anglais est 15 kilomètres d'avance avaient été réalisés convoqué. Les premiers ministres des colonies au sud et 7 au centre. vont venir y siéger, afin d'examiner les proMardi novembre. — Les rois deWurtem- blèmes de l'après-guerre et de leur donner des berg et de Bavière se sont enfuis. Guillaume II solutions aussi rapidement que possible. Le recrutement a été arrête aux Etats-Unis: est arrivé en Hollande. La république a été proclamée dans un grand plus de trois millions et demi d'hommes nonibte d'Etats de la confédération germa- avaient déjà été appelés sous les drapeaux. M. Hoover, ministre du Ravitaillement nique. -Ebert, chef du parti socialiste majoritaire, américain, a recommandé laplus stricte éconodevenu chancelier, a lancé plusieurs procla- mie. Il a rappelé que l'Amérique aurait à pourmations au peuple. Des socialistes indépen voir aux besoins, non seulement de sa propre population mais encore des Alliés et même dants doivent collaborer avec lui. On annonce que Krupp et sa femme seraient des Empires centraux, en proie à la disette. Les présidents du Conseil d'Angleterre et en fuite. Des scènes sanglantes ont eu lieu d'Italie sont attendus à Paris, MM. Sonnino à Berlin. Le cabinet Marghiloman a été remplacé en et Balfour sontdéjà arrivés pour participer neu à Versailles. qui avoir conférences Roumanie par un cabinet Coanda. vont aux
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Hollande.
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UN EMPIRE QUI S'BCROULE
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KAISER ET KRONPRINZ
Les deux plus récentes photographies de Guillaume II et de son fils ainé Après avoir été invité à abdiquer par l'assemblée des partis majoritaires du Reichstag et le Congrès des prinoes confédérés, prit le le kaiser fit, tout d'abord, mine de se résigner, puis train pour le grand quartier général. De ce fait, la situation
politique allemande s'aggrava. Le cabinet de guerre, à son tour, exigea la retraite de l'empereur. Le chancelier ayant , donné sa démission, Guillaume II dut céder, ce qui entraîna la renonciation du kronprinz. Le kaiser s'est enfui en Hollande.
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UNE PUISSAN
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QUI S'ÉLÈVE
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EBERT AU POUVOIR
Le social-démocrate Ebert, qui a remplacé le prince Max de Bade
Ebert est une des personnalités les plus énergiques du parti social-démocrate allemand. Il était, de son métier, sellier-bourrelier. Agé de 47 ans, il fit ses premières armes dans les congrès de son parti deux ans environ avant la guerre. Depuis, il a
toujours exercé une grande influence sur les ouvriers allemands organisés. Il passe pour un esprit modéré bien qu'il ait manifesté, au cours de ses dernières interventions à la tribune du Reichstag, des opinions résolument nationalistes et unitaires.
LE MARÉCHAL FOCH PARAIT A LA FENÊTRE ET SALUE LA FOULE
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M. CLEMENCEAU RÉPOND AUX OVATIONS POPULAIRES Divers cortèges s'étaient formés après l'annonce de lavictoire. maréchal Foch fut reconnu alors qu'il rentrait chez lui déjeuner Un certain nombre d'entre eux se dirigèrent vers le ministère de avenue de Saxe. La foule envahit l'avenue et ne cessa de l'acla Guerre. M. Clemenceau parut à la fenêtre. Acclamé frénétique- clamer. Lecommandant en chef des armées parut un instant à ment, il ditsimplement:"Criez avec moi, vive la France!"„Le son balcon, sourit, salua et dit:Maintenant, je vais déjeuner!" n -
Il
DÉCHÉANCE HOHENZOLLERN , DES PROCLAMATION DE
Le secrétaire d'Etat la signifie au peuple du haut de l'escalier du Reichstag montré pressant dans ses démarches en vue d'amener cet évéattendait impatiemment l'abdication impériale. Le leadersocia- nement. Or, ce fut avec satisfaction que, le 9 novembre,il put liste Scheidemann, entré en qualité de secrétaire d'Etat sans annonceràlafoule, non seulement la déchéance du kaiser,mais portefeuille dans le gouvernement de Max de Bade, s'était encore celle du kronprinz et que la dynastie était tombée t'. La population de Berlin ainsi que celle de l'Allemagne entière,
LA FOULE ENVAHIT LA COUR INTÉRIEURE DU PALAIS-BOURBON, LE
A
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M.CLEMENCEAU
NOVEMBRE, ET RECLAME
Cette ohoto uniaue montre leoublie prenant d'assaut la cour de Bourgogne, tandis que, d\fut des marches, M. Deschanel annonce que M. Clemenceau préside le Conseil de cabinet JL
M.
Dès les premiers coups de canon annonçant la capitulation de l'Alle*magne, des groupes commencèrent à se former dans Paris, groupes joyeux, groupes enthousiastes. De ci, de là des cortègess'organisèrent aux cris dé Vive la France Vive Foch Vive Clemenceau! En quelques minutes, Paris s'était rajeuni de quatre ans, tandis que dans le brouillard léger, les cloches sonnaient à toute volée. Une mer humaine roulait ses vagues le long des boulevards, le flot déferlant des faubourgs vers le centre. Fenêtres et balcons se couvraient de drapeaux et de banderoles aux couleurs françaises et alliées. Bientôt il ne fut corsage, boutonnière, chapeau qui n'eut sa cocarde, sa brochette, son bout de ruban. De cette foule se détachaient des cortèges en tête desquels on plaçait des soldats enrubannés, pavoisés par dix mains à la fois. Et comme sur un mot d'ordre, on prit pourpoint de direction le Palais-Bourbon, en vue de rendre hommage au grand vieillard dont l'énergie, triomphant de tous obstacles, avait galvanisé les forces nationales et ràniméla confiance de la nation en ses destinées. Il va sans dire que nos alliés prirent à toutes ces manifestations leur
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grande part Américains,Anglais, Belges, Italiens, se mêlèrent atf* cortèges. Des grappes, des pyramides humaines s'accrochaient aOsur camions des Américains; des hommes, des enfants grimpaient clamaie leurs épaules, et eux, les grands garçons vêtus de beige, lAmérique aussi "Vive la France!" La foule répondait "Vive délirapt Et les soldats d'outre-Atlantique, les soldats de la Liberté, d'enthousiasme, tiraient des coups de revolver en l'air. Un immense souffle de joie balayait jusqu'au souvenir de nos misères, de noS souffrances. Des inconnus se serraient les mains, s'embrassaient. Si,( Toutes les voies qui menaient au palais législatif s'encombrèrent l'heure d'une foule pittoresque poilus et civils, femmes et enfants, les uns egitant des drapeaux, d'autres traînant des canons, des lance" mines, voire des mitrailleuses. Vers trois heures la cohue, de la plac q\J1 de Bourgogne au quai d'Orsay, était telle que les cordons d'agents formidab gardaient la cour intérieure furent débordés. Une clameur déj "Vive Clemenceau ! Quelques manifestants avaient retentit réussi à pénétrer dans la cour. M. Deschanel, président de la Chambre,
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téenu, profita d'une suspension de 'séance pour s'avancer sur le n'en avait pas vu depuis le début de la guerre. Les monuments étaient ristyle et au cours d'une vibrante allocution déclarapartager la joie illuminés. Sans se lasser, la foule, énorme, houleuse, suivait les claitous les Français. Quant à M. Clemenceau, ils se trouvait retenu à important conseil de cabinet qui se tenait au même moment. ri la Chambre des Députés tenait dans l'après-midi une séance ()tlsacrée à la lecture des conditions de l'armistice. Après un disc°Urs fréquemmentapplaudi de M. René Renoult, l'assemblée Aidait de ratifier la résolution précédemment votée par le Sénat. ci texte de "décerner au citoyen Georges Clémenceau, présipropose etlt du Conseil, qui a incarné à l'heure suprême, les espérances Comptées et la volonté de vaincre delà nation.entière ", à côté aussi e l'hommage qu'appellent si justement l'incomparable maîtrise, la 4Ute science militaire, la netteté et l'énergie des conceptionsstratétiques du maréchal Foch, qui a libéré le territoire, le texte glorifie"les Jtinées et leurs chefs, ainsi que le gouvernement de la République manifestations durèrent toute la soirée, même toute la nuit. Les ftlts étaient resplendissantesde lumière, de vraie lumière, comme on
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on avait allumé des lampions. Devant des écrans on applaudissait l'effigie des deux maréchaux, des chefs d'armée, du président du Conseil. Des milliers de personnes stationnaient -devant l'Opéra. M. Noté sonna deux coups de clairon et Mlle Chenal parut, drapée des trois couleurs, coiffée du nœud alsacien, le drapeau à la , la foule reprit le refrain en main. Elle chanta la "Marseillaise" chœur. M. Noté, d'une voix puissante, entonna la "Brabançonne", l'hymnenational de son pays. M. Gressè fit entendre le "God save the King" et la "Marcia reale puis"The StarSpangled Banner", Des projecteurs déversaient encore sur les assistants des lueurs bleues,
rons, les tambours
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blanches et rouges, alors que ceux-ci s'éloignaient sur un remous formidable. La nuit entière des chants retentirent dans les rues de Paris. Et la fête ne prit fin qu'au petit jour. Ainsi se termina cette journée magnifique qui n'eut son égale ni aux premiers jours de la mobilisation ni en d'autres époques glorieuses de notre histoire.
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GARE DE RETHONDES ET CHATEAU DE FRANCPORT
plénipotentiairesallemands leur suite et les logés C'est là que furent reçus et
à
chef des armées alliées. C'est au chatice commandant historiques. la C'est en désormais au lieux Francport! Rethondes! Laigle, séjournèrent marquis de (Oise), Francport qu'était que de train teau au le garé station de Rethondes, près de Compiègne, précédèrent pourparlers qui les pendant allemands envoyés les plénipotentiaires les du maréchal Foch quand se présentèrent la victoire de la France. qui l'acte l'armisde demander la signature consacre allemand de chargés par le gouvernement
*
A
LA CHAMBRE ET PLACE DE LA CONCORDE
A la statue de Strasbourg. -
La foule veut envahir le Palais-Bourbon
Une des manifestations les plusémouvantes qui marquèrent cette grande journée du II novembre fut celle qui se produisit devant la statue de Strasbourg. L'image de la cité enfin retrouvée, qui était sur le point d'abandonner ses emblèmes.
de
deuil,apparaissait comme irradiée par la victoire.A la
même heure, d'autres manifestants attendaient devant le Palais-Bourbon l'arrivée de M. Clemenceau, auquel la Chambre devait quelques heures plus tard décernerun hommage mérité.
CE QU'ONNE VERRA
:
PLUS
NI L'HOMME, NI LA CHOSE -
Le roi de Bavière distribuant des croix de fer à ses soldats à Ostende Tandis que le cabinet de.guerre de Berlin et la délégation du Reichstag négociaient l'abdication du kaiser, la population de Munich ayant à sa tête le leader socialiste Kurt Eisner proclamait la République et la déchéance de la dynastie des Wittels-
bach, une des plus anciennes d'Europe. Le roi Louis III, que ses sujets viennent de jeter ainsi par-dessus bord, s'était livré, au cours de ces derniers mois, à diverses manifestations pangermanistes. Louis III avait succédé à son neveu le roi Othon.
A VOUZIERS
RETROUVÉE 0 GARROS LATOMBE DE
aété placée par un des nôtres
Une fiche la signalait. La croix En entrant à Vouziers, la jolie cité ardennaise qu'elles venaient de libérer du joug ennemi, nos troupes ont retrouvé la tombe duvaillant aviateur Garros. Une simple fichede bois la signalait seule à l'attention du passant. Aussi un de nos officiers, le
lieutenant Monet, ému de cet abandon, s'empressa-t-il de placer sur la sépulture glorieuse une croix qu'il avait peinte lui-même la photopublions dont tombe, La décès. du nous la date avec graphie, se trouve dans la partie stid-ouest du cimetière civil. 1
INSTANTANÉS PRIS A PARIS
11*NOVEMBRE
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LA VICTOIRE A ÉTÉFÊTÉE DANS TOUT PARIS PAR DE GRANDIOSES MANIFESTATIONS L'heure de l'armistice devenue celle de la grande victoire fut célébrée dans les moindres hameaux de France. A Paris, en particulier, ce fut dans la rue un spectacle inoubliable dont témoignent les photos de cette page. A gauche, de haut en bas
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la foule s'assemble au premier coup de canon un camion chargé de manifestants; groupe d'étudiants traînant une mitrailleuse. A droite, de haut en bas Soldats alliés portés en triomphe civils et militaires fraternisant la vente des emblèmes sur les boulevards.
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POSTESD'OBSERVATION ALLEMANDS CAMOUFLÉS
Un faux arbre et le poste qu'il recelait. - Un trou d'obus Les prodiges accomplis au cours de la guerre qui s'achève par l'art du camouflage ont atteint un degré surprenant. Cet art, certes, n'est pas nouveau. Sans parler de la forêt dans Macbeth qui marche on l'a employé- de tous
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",
aménagé"
temps. Or, au cours de ces quatre années de lutte mondiale, on a pu assister à l'improvisation de faux paysages, et jusqu'à de fausses batteries d'artillerie. Le chapitre ducamouflage demeurera un des plus curieux de la guerre.
LA POPULATION DE ROME CÉLÈBRE LA CONCLUSION DE L'ARMISTICE
a été accueillie dans toute l'Italie avec un enthousiasme délirant. réalisation
La nouvelle de la conclusion de l'armistice avec l'Autriche qui met l'Italie en possession des territoires de Trieste etdu,Trentin,
C'est la
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LA DERNIÈRE CAPTURE AMERICAINE Quelques heures encore avant l'ordre de cesser le feu, les troupes de l'armée von Gallwitz étaient obligées de se replier en hâte devant
durêve séculaire de tous nos frères de race.
UNE GROSSE PIÈCE D'ARTILLERIE les Américains, laissant derrière elles un important matériel d'artillerie. Ce mortier de gros calibre fut la dernière prise de guerre.