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Gass Book
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H 58
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2011 with funding froim
The
Library of
Congress
http://www.archive.org/details/lesgermesdelagraOOhofe
BIBLIOTHÈQUE INTERNATIONALE
1
1
f.
CUNO HOFER GERMES DE LA GRANDE
%\ LES
fll
GUERRE k.
m ZURICH 19i9 SCHULTHESSu C1E 1
BIBLIOTHÈQUE INTERNATIONALE 1
BIBLIOTHÈQUE
INTERNATIONALE Notre maison d'édition,
qui,
propriété exclu-
sive de notre famille, existe à Zurich depuis 1791, est
Elle
une entreprise suisse absolument indépendante. a décidé de fonder une «Bibliothèque», dont
principal souci sera de mettre en relief ce qui peut unir les peuples dans tous les domaines de le
l'intelligence.
Notre collection embrassera, sous
le titre
gé-
néral de
BIBLIOTHÈQUE INTERNATIONALE, les
sciences
morales
et
politiques
ainsi
que
les
sciences naturelles et techniques, à l'exclusion toutefois
de spécialités qui ne rentrent pas dans
le
cadre
de la culture générale. Contrairement à d'autres entreprises analogues, qui s'inspirent de préoccupations nationales, notre collection veut être internationale. Elle veut être un lien intellectuel entre les Etats civilisés et se composer, sans égard à la nationalité, à la religion, et à la langue de leurs auteurs, d'ouvrages qui contribuent au rapprochement intellectuel des peuples. C'est là que devra être le centre de gravité de notre entreprise. Ce premier volume de notre Bibliothèque a été traduit en français sur la demande de. plusieurs critiques
littéraires, qui attachèrent à l'ouvrage,
dès la publication de l'édition allemande, une importance capitale pour la compréhension du déchaînement de la grande guerre.
SCHULTHESS & Edition
::
Librairie
Cl, ::
ZURICH Imprimerie
(Maison fondée en 1791)
^
GUNO HOFER DOCTEUR EN DROIT
36j
LES GERMES DE LA
GRANDE GUERRE
ZURICH SCHULTHESS 1919
<fe
&*
-$ 6
:k o
v^
TABLE DES MATIERES Page
Introduction Notre but
1 1.
—
La
la Morale, adversaires
gument
de
réalité
guerre
la
impuissants de
la
5.
—
Le
guerre 11.
politique de la conservation personnelle 19.
Droit,
— L'ar— La
responsabilité 26.
Histoire du développement de la politique
Le principe de
—
—
l'équilibre 33.
moderne
Le Concert européen
L'ébranlement de l'équilibre 49.
—
Sa 39.
Les bases des
al-
entre l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie 64.
—
liances 57.
La
Triple -Alliance L'alliance
—
L'origine de la Triple-Alliance 72.
Triple-Alliance 84.
—
La
de
fin
La
politique de
la
la Triple-Alliance 95.
La Triple-Entente
—
L'alliance franco-russe 102.
La Triple-Entente
123.
—
64
L'Entente cordiale 111.
Le contrepoids à
—
102
la Triple-Al-
liance 132.
L'Autriche -Hongrie La dynastie des Habsbourg
138 et ses
peuples 138.
de fortune et nouvelle orientation 141. l'Est 145. et
—
L'annexion de
conséquences 152.
ses
la
—
la
Revers
L'extension vers
Bosnie et de l'Herzégovine
La
latente
lutte
rêve d'une plus grande Serbie 159.
de
—
—
—
contre le
Les préliminaires
grande passe d'armes 165.
La Serbie
171
L'affranchissement de la domination turque
Royaume
et sa
première défaite 180.
—
—
Le désir
irréalisé 196.
—
Le
Actes sanguinaires
à l'intérieur; désillusions au dehors 185.
kanique 191.
171.
— La guerre bal-
—
—
IV
Page
205
La Russie
—
Les premières défaites de - L'antagonisme au 210. Orient en la politique russe L'Alliance avec la France 221. Congrès de Berlin 215. L'entente avec La première Conférence de la Haye 228. L'origine de deux buts 205.
—
—
233. l'Angleterre et l'éloignement des Puissances Centrales
—
La Guerre
239.
246
La France
—
La Les blessures de la guerre franco-allemande 246. La reconslutte contre la politique de revanche 250.
—
titution de l'ancienne puissance politique 255. Pacifisme, armements et guerre 272. 263.
—
Le Maroc
_
L'Angleterre La La politique continentale 279. 287. La rivalité de l'Allemagne et
—
—
—
Entre
la
guerre et la paix 300.
—
279 politique mondiale les
armements 293.
La guerre
308.
316
L'Allemagne
-
L'Allemagne
L'essor politique du nouvel Empire 316. politique à la Conférence de La Haye 323. - L'ère de la La déclaration L'esprit belliqueux 342. 334.
mondiale
—
—
de guerre 352.
?H5
=
INTRODUCTION Le Génie moderne fait ses preuves aujourd'hui sur les champs de bataille, dans les airs, sur mer et dans les usines. C'est là que des esprits surmenés cherchent à renouveler, avec autant de succès que possible, une antique tragédie la lutte armée des peuples. Ils :
ont déjà amplement démontré de quoi
jamais
bles;
le
monde ne
ils
étaient capa-
témoin d'un
fut
spectacle
aussi saisissant.
Quant à ceux qui n'entendent que de
loin le bruit
des canonnades, leur roulement sourd soulève toujours en
eux
l'éternelle question
:
«
Pourquoi ?
».
Cette question
pèse sur chaque conscience et quelques-uns ont essayé
Mais
d'y répondre.
là
où
elle
devait être débattue,
le
génie s'est avéré moindre que dans les tranchées, dans les
ateliers,
dans rience
les
sur
les
passerelles
cabinets mystérieux
nous
prouve
aujourd'hui,
ironie, qu'il est plus facile
une guerre en scène que de
pour la
commandement
les
par
une
hommes
notion
de
leurs
actes.
singulière
comprendre. Les peuples
L'explication
«
Neutres
l'injustice
qui
tiles querelles.
»,
en proie au
parfois
ne peut plus
succéder à l'action, et ceux qui sont à l'écart du les
et
de mettre
possédés par des passions, mais perdent
sont la
de
des états-majors. L'expé-
conflit,
sentiment angoissant de
frappe leur prochain, se livrent à d'inu-
Notre but.
_ Il
-
2
nous ne sommes pas capables
faut reconnaître que
de concevoir cette guerre tragique dans toutes ses causes
a rien
initiales. Il n'y
pent au
grands
A
faits.
hommes,
même
l'essence
et
s'agit
il
faits
échap-
ici
de très
part cela, le caractère de la guerre, en
nous ramène par
général,
Bien des
là d'humiliant.
des
contrôle
différentes sciences, de l'Etat, à
dans un do-
de la nature humaine...
maine qui appartient à
philosophie et qui est bien
la
loin d'être élucidé.
Cette
difficulté
pourtant
n'autorisera
passif et indifférent. Bien plus,
rester
devoir et de
notre
de
intérêt
scruter
il
personne à
y va de notre événements
les
autant que cela dépend de notre intelligence. C'est pour
que
cela
à
à
réussira
ce
donné
à
également
même
«
établir
Pourquoi les
l'homme
relâche
jusqu'au
causes
d'atteindre
possibilité
la
»
les
que nous appelons
calamité
cette
sans
renouvellera
se
répondre
:
ce
plus
où
l'on
profondes
la guerre.
but,
pour
l'effort
jour
il
de fouler aux pieds
S'il
de est
obtiendra le
corps
de la guerre et de l'extirper de l'histoire future
de l'humanité.
Aussi longtemps que ce vœu d'innombrables générations
restera
nous-mêmes
et
nous
inassouvi,
serons
redevables
à
à nos descendants de recherches con-
sciencieuses sur les événements contemporains, et cela, alors
même
que nous nous sentirons, comme nous en la vue de leur tournure
avons déjà convenu, paralysés à par trop tragique. Contre cet
effet déconcertant,
lectuels ont jusqu'à présent réagi
pas de nature à répandre
la
les intel-
dans un sens qui
lumière
n'était
de la vérité, et
ne
pouvait favoriser l'œuvre de réconciliation, qui succédera
nécessairement à la guerre.
Beaucoup au désir
d'entre les Neutres, en
d'éclaircir ce qui se passe
vérité, ont
cédé
autour d'eux, mais
se sont trompés sur leurs devoirs. Ils se sont érigés
ils
en accusateurs ou en juges au
examen
circonspect.
sont
rôles
les
Il
plus
à un
lieu de se livrer
n'y a là rien de surprenant
simples.
entendu à satiété accusations
Par ce et
fait,
;
ces
nous avons
sentences, tandis que
nous avons toujours, jusqu'à ce jour, vu négliger un point dans le procès de l'histoire universelle C'est sous cette impression
:
l'enquête.
que nous entreprenons notre
étude, afin d'établir les faits et de rechercher la
une
qui,
vérité
tempête calmée, fera son chemin. Cette
fois la
vérité à laquelle nous aspirons est celle qui reste cachée au regard chargé de haine et qui se révèle seulement aux esprits dégagés de tout préjugé, là où la passion est
sacrifiée
vérité
cette
effort loyal,
au devoir de conscience. Nous pensons à tout
C'est vers
Ainsi
pour
ne
il
récompense de
s'épanouit en
qui
imparfait qu'il
la vérité
peut être
que notre question,
chaque
soit.
travail
ni
se dirigera.
pour l'auteur,
le lecteur, de s'engager, confiant en
ni
soi-même, sur
de simples impressions. N'est-ce pas justement l'une des tâches de la science, sions
»
le
noyau de
d'extraire
la vérité ?
des
Le but
«
simples impres-
même
de cet ou-
vrage nous engagera donc à suivre fidèlement les thodes de la science, et
l'étude
mé-
consciencieuse formera
notre ligne de conduite. Ligne de conduite de la raison et
non du cœur.
_ Discerner
amené Ce
les
guerre,
la
—
4
circonstances voilà
si multiples qui ont quoi se borne notre tâche.
à
rôle peut paraître
dépourvu d'attraits mais n'est-il pas d'un intérêt supérieur de pénétrer, autant que cela
un
est possible,
;
destin mystérieux, plutôt que de pronon-
cer une sentence prématurée qui atteindra
mal à propos l'homme ou la cause ? Et un jugement, aussi circonspect fût-il, un jugement s'ajoutant à des millions d'autres, ne représenterait cependant jamais plus que la auteur perdu dans la foule, quelle valeur aurait-il aux yeux d'un monde divisé en deux camps ? et qui
conclusion subjective d'un
Quoiqu'on en
dise,
il
guerre,
des choses plus
lecteur
que
l'opinion
culpabilité de tel
y a sur
personnelle
homme
les origines de cette
intéressantes
ou de
de
à apprendre l'auteur
au
sur
la
gouvernement. Nous voulons sans doute rechercher les germes du grand conflit, mais sans être obsédés par le désir de les trouver chez
individu ou dans tels événements particu-
tel
Nous
liers.
symptômes grande
tel
chercherons plutôt dans l'ensemble des des circonstances qui aboutirent à cette
les et
ruée
de
peuples
entiers.
Une
fois
que
nous
aurons, dans l'histoire de chacun des Etats qui prirent part, dès le début, à la guerre mondiale, découvert, sinon tous,
du moins
tre leur gré,
les épisodes essentiels qui, parfois con-
ont
fini
par
les
conduire dans
le
conflit
guerrier, alors se précisera le tableau confus des événe-
ments auxquels nous responsabilités
assistons. Et à ce
individuelles
l'auteur les mette en relief.
se
moment
dégageront
là,
sans
les
que
Le lecteur jugera suivant ses
concepticns individuelles,
-
5
ses principes
politiques,
son
caractère et son tempérament.
La guerre que en ignore
un drame insaisissable pour quicon-
est
développement.
le
grands mobiles
que
faut le
il
;
l'on retrouve
dans
On soupçonne un
blée quelque chose de puissant,
mot de
destin
d'em-
tragique, de
l'énigme. Les épisodes
d'une dé-
l'histoire préliminaire
de guerre, sont des besoins vitaux, des ambi-
claration
tions, des passions, des spéculations, peut être aussi de
faux calculs, et dans tous les cas, une décision de haute portée. Voilà les mystères qui,
dans
la vie politique de
chacun de ceux qui entrèrent en guerre, doivent avant que nous puissions comprendre
éclaircis
être
le conflit
mondial.
Ce
même
les fauteurs présu- La réalité mais aussi contre le principe de ,a g uern guerre, que s'élève, dans les rangs de
n'est pas
mes du
conflit
de la
seulement contre
l'humanité souffrante, une indignation quelque peu inconsidérée.
Ne
la refoulons
banal que rebattu
:
« Il
pas avec l'argument aussi
devait en être ainsi.
La guerre
un mal nécessaire ». Dans un bel article, C. Widmer l essayait récemment de démontrer que la guerre ne peut pas être une nécessité appelée par la nature, et que la
est
terre accorde de plus
bles «
«
:
mais 1
Ce les
«
s
présent,
en plus de place aux êtres paisi-
n'est pas l'ours qui
a chassé
les
troupeaux qui ont chassé l'ours
Wissen und Leben
»,
12 e Fascicule,
».
troupeaux,
Et
IX e année.
il
croit
i
— .6 être «
mieux
inspiré que « les théologiens belliqueux, qui
invoquent
destruction
le
Christ lui-même pour justifier l'œuvre de
».
Non, certainement, gent l'institution n'aient pas
ni la nature, ni la religion n'exi-
de la guerre, bien que jusqu'ici elles
à l'exclure. Quant à l'homme, avec
réussi
ses idées, de quoi s'est-il montré capable ? Certes, pour autant qu'il a vraiment des idées,
consent pas à des
«
maux
nécessaires
souffrances indicibles amenées dans
».
il
Mais malgré
ne les
monde au cours
le
des siècles par la guerre, malgré les grands esprits qui,
que Kant déjà en 1795, pensaient pouvoir indiquer chemin vers une paix perpétuelle, malgré le droit, malgré la morale, malgré la foi chrétienne, nos pays,
ainsi le
si
fiers
de leurs
ébranlés par la
progrès et de leur
civilisation,
sont
guerre la plus sanglante de tous les
temps. C'est pourquoi, sans abandonner toute confiance
dans
l'avenir, parlons à
pas encore vaincu
Le la
fléau de la guerre
raison,
droit.
ni
si
droit « d'un
mal qui
n'est encore vaincu,
par la morale,
Et pourtant, ces
avaient
bon
n'est
».
trois
ni
ni par
par l'organisation du
garants de rapports cordiaux
longtemps bercé notre espoir en nous faisant
prévoir une paix perpétuelle
sances rassemblées à la
!
Haye
Lorsqu'en 1899,
les Puis-
décidèrent d'accomplir un
premier pas dans cette direction
sur la proposition
et,
de la Russie, auraient dû prendre l'engagement réciproque
de s'abstenir pendant cinq ans d'effectifs
ce
et
de
toute augmentation
de toute élévation du budget de guerre,
modeste projet échoua totalement.
«
La commission,
__
-
7
s'engager dans la voie tracée
«
malgré son
«
par les propositions russes,
«
d'une question qu'elle était incapable de résoudre
vif désir de
Tels sont les termes du rapport
La guerre a
en présence
trouvait
se
»...
officiel.
été jusqu'à présent le destin sans cesse
renouvelé de l'humanité, malgré tout ce que l'on a pu
opposer à sa cruauté,
malgré sa contradiction foncière
et
avec les principes du droit et de la morale.
En
sens,
ce
nous apparaît
en ce sens seulement, « loi mondiale ».
certes,
comme une
Cependant avant d'accepter de nous y résigner
passé
—
tion
«
:
il
—
cet
pas
paix
de
comme
hommes, ne
nouvelle
loi
universelle,
souvent compromise,
la
paix dans
encore,
si
qui, selon toute
de la ferme volonté des
substituée à l'ancienne ?
Une
l'Etat,
»
repose sur bien des garanties, mais
avant tout sur la conscience de la solidarité ganisation
le
nous faudra répondre encore à cette ques-
évidence, dépend
les limites
de choses et
état
au moins en ce qui concerne
Pourquoi donc une paix durable
s'est-elle
elle
Là
intérieure.
encore,
les
et
sur
citoyens
l'or-
n'ont
jamais complètement renoncé à leur liberté individuelle
pour
rien
au monde
quels que soient les
—
!
Malgré
principes
le
fondamentaux de
malgré l'organisation juridique
tituées, le
contrat social
—
;
ou
l'Etat
et les autorités cons-
le droit de saisir un beau l'homme du monde, met par-
paysan se réserve
jour son voisin au collet
;
main à l'épée, et l'époux outragé, tue d'un coup de feu son ami qu'il suspecte. Dans aucun de ces cas, les mesures prévues par l'Etat pour punir une faute ou
fois la
— une
conjurer
rament,
ne sont appliquées.
offense,
sentiment
le
-
8
ou
de l'honneur,
brisent les barrières de la
irritation,
Le tempé-
une
légalité
profonde
l'homme
:
primitif se réveille et frappe.
moyens
Cette liberté élémentaire de régler par des
de leur choix toutes les questions qui concernent leurs vitaux
intérêts
un
est
ou l'honneur national,
empirique,
fait
qui en
et
cette liberté qui
même temps
la nature de la « souveraineté », les peuples
n'ont pas voulu
entier
des raisons qui exigent la
s'en le
départir.
La quintessence
maintien de cette
grave appréhension de voir remettre
prême sur
patrie,
qu'ils
des hom-
L'instinct
en tant que membres d'une association
les pousse,
politique
liberté, est
la décision su-
de l'Etat aux mains d'une juridiction
le sort
supérieure et cependant étrangère.
mes,
détermine
du monde
appellent
avec orgueil
et-
amour
leur
:
à se prémunir contre ce danger auquel s'ajoute
une méfiance
naturelle.
Ces juges supérieurs dont dépen-
draient le bonheur et le malheur des peuples, ne seraient
jamais que des hommes, dont
mis en doute
toujours être trait
le
et
sens de justice pourrait
dont la sentence
toujours plus ou moins suspecte.
citoyens d'un perfection
hommes,
même
Etat,
Si
souffrons fatalement de l'im-
de la justice organisée
et
exercée
tres de leur sort,
plutôt
que de courber l'échiné pour
toujours, sous l'autorité de juges faillibles.
d'autres leur
le
cas
motifs
liberté
par des
Etats ont préféré jusqu'ici rester les maî-
les
seulement
paraî-
nous autres,
des Grandes
encore,
absolue,
Ce
Puissances,
tiennent à
la
mais aussi des
n'est pas qui,
pour
conservation petits
Etats
de qui
connaissent un l'indépendance
A
bien supérieur à la
paix
perpétuelle
:
!
enseignements que comporte
cet égard, les
un puissant
toire offrent
-
9
l'his-
Depuis longtemps, en
intérêt.
plusieurs circonstances, des conférences d'Etats ont conçu le
projet
un
d'établir
tout simplement
La
«
une joyeuse
Sainte-Alliance
Puissances, sous était
et
le fit ressortir
ne se
qu'elle
d'amour de
Et
la paix.
comme
plus tard, dans ses mémoires, soit
lutisme et la tyrannie.
justice,
Metternich est possible
il
peuples
et
de favoriser l'abso-
Nous ne voulons pas non
mettre en doute la sincérité de l'empereur bien qu'alors déjà, de Maistre écrivît que religieuse
l'égide
pas formée dans l'intention de limiter
les droits des différents
rope
fut
vraiment ins-
à ses origines, des plus nobles pensées de
de religion
se
en l'année 1815,
de l'empereur de Russie,
spirituelle
sans
;
libre initiative.
et
qui,
»
»
juridique, mais en suivant
par quelques grandes
fondée
pirée,
arbitrium mundi
«
dogme
baser d'abord sur un
de
éclaterait
toute l'Eu-
«
devant
rire
plus
Alexandre,
le
mysti-
document diplomatique ». Par contre, on peut se demander ce que cette alliance a fait pour la cisme
de ce
paix mondiale. Elle l'on
appelle
« le
a,
ainsi
que
l'autre institution
Concert européen
que
exercé une pres-
»,
sion cœrcitive sur la volonté des Petits Etats. Les loups s'étaient
institués
les
juges des
moutons.
favoriser la paix universelle par des
pondérance des Grandes Puissances a
menacé
la sécurité
Les expériences du
et
Au
lieu
de
garanties, la préle
plus souvent
l'indépendance des Petits Etats.
siècle
passé ont démontré que,
ce
-
-
10
pas de cette manière que l'on pouvait créer une
n'est
institution
de droite
On
qui
distribuerait
a donc essayé d'ériger sur
une autorité chargée de maintenir Devait-on obtenir davantage que tien de la Sainte-Alliance,
du
Concert européen
«
Déjà
la
automatiquement,
presque
de gauche, la concorde et la paix.
et
»
le piédestal
du droit
la paix sur la terre.
par
le
symbole chré-
ou que par l'utopie politique
?
première Conférence de la Haye, en 1899,
a créé, pour arranger à l'amiable raient surgir,
les conflits qui pour-
un tribunal international permanent.
Il
ne
s'agit plus ici de l'usurpation de la justice par les puis-
sants
de ce monde, mais de la soumission volontaire
d'Etats pourvus des
mêmes
droits juridiques,
sions d'un tribunal d'arbitrage. Et
contraindre un Etat souverain à
comme
:
dans
le
déci-
est exclu de
soumission volon-
cette
taire, les Puissances participantes prirent
mutuel
il
aux
un engagement
cas d'un conflit menaçant, elles devraient
rappeler aux Etats qui seraient sur
le
point de se ren-
du tribunal arbitral de la Haye. On que chaque gouvernement assumât désormais cette noble mission de proposer, tout au moins, par cet avertissement amical, aux adversaires momentanés, une solution pacifique en cas de litige. Par contrer, l'existence
s'attendait alors à ce
ce fait,
mais
les
la paix
chefs
du monde
n'était
pas encore assurée,
d'Etats, se trouvaient
au moins en face
de sérieuses difficultées pour prendre la décision nécessaire
à l'ouverture des hostilités.
du Transvaal en
vinssent
éclatât,
Avant que
ou avant que Russes
aux mains dans
et
la
guerre
Japonais
les régions lointaines
de
la
-
11
Mandchourie, on aurait pu croire que, de toutes parts,
aux
des exhortations à la paix auraient été adressées
gouvernements disposés à se Il
mettre
les
que possible en présence de ce cas
aussi directement
de conscience.
pour
battre,
n'en n'a rien été
les neutres n'ont
;
pas
soufflé mot.
Tel
dans
était
monde l'amour pour
le
la paix.
aux gou- Le Droit et vernements de remplir un engagement, dès que leur ,aMora e ttd Lorsque on voit combien
est difficile
il
l
orgueil national ou leurs intérêts ...
politiques particuliers ,
.
en pourraient être compromis, on comprend ou .
impossible, jusqu'à ce
Etats
,., il
.,
,,,
ait ete
.
jour,
d'unir
un système complet de
en
de
et lois
grouper
les
internationales
Ceci nous conduit à parler du droit des gens (droit in ternational),
auquel on s'agrippe
depuis
politique cipe
—
moral
pourraient
le
veto
que
lel
le
si
volontiers pour
Nous ne voulons pas
dire la guerre. ner,
impératif d'un la
propres
paraître
à
mau
négliger d'exami
concert
d'autorité
Sainte-Alliance — jusqu'au
plus élémentaire,
future. Il est utile de
prin
tous les arguments qui
empêcher une
guerre
démontrer que personne, en 1914,
n'avait le droit d'entretenir de grandes espérances, et la
compréhension de ce tion ultérieure d'un
On
attend
travaillant
fait est
à juste
toujours
indispensable à la forma-
jugement sur titre
dans
le
la guerre mondiale.
du droit des gens, qu'en but déterminé d'une orga-
nisation juridique et par conséquent pacifique des Etats, il
puissants de ,
*
.
élimine de plus en plus les conflits et toutes les
ma-
-
»
versaires ""•
a guerre.
-lià
tières
conflit,
qui compromettent
Etats entre
eux. Or,
positives, et
malgré
si
les
cette
les
rapports
progrès pratiques très importants
dans ces dernières années, n'a
qu'elle a réalisés, surtout
pas pu réussir à empêcher la guerre actuelle, voir
un
des
avec ses règles
science,
faut y
il
indice de plus, soit dit en passant, qu'il ne faut
pas chercher les causes de la catastrophe à la surface de la
mais au fond des graves
vie internationale,
problèmes de l'existence. Le droit des gens
offre certai-
nement des moyens capables d'amener la solution pacifique d'un litige, mais il ne peut empêcher que ces moyens soient écartés, et qu'une Puissance cherche à imposer sa volonté et ses décisions mûrement réfléchies. Le droit international s'impose par moments il ;
exige qu'un traité de neutralité ou d'alliance
mais
pecté, Il
il
ne peut obtenir ce respect par
se trouve ainsi limité, dans
la réalité de la guerre, ses et là
où
le droit
deux
moyens
directions.
la
res-
force.
Devant
s'épuisent fatalement,
des gens pourrait
encore prétendre à
moyens de
faire entendre sa voix, les
soit
contrainte néces-
saires lui font défaut.
La et
Le
limitation
du
droit des
gens à un domaine
étroit
à des moyens restreints résulte de son caractère même. droit international puise,
dans
la
comme on
reconnaissance solidaire
des
le sait,
Etats
sa force civilisés.
De la sorte, il n'a, ni plus de compétence, ni plus de moyens qu'on lui en veut reconnaître, et ne peut en dehors de
cela, s'attribuer nulle autre prérogative.
Lui
donnerait-on une compétence d'intervention dans les pro-
blèmes politiques que
les
peuples ont à discuter entre
eux
mettrail-on
;
timidement sur
en
-
13
mains de
cette Justice qui trône
les Etats civilisés,
lance,
mais aussi
ferait
bien
l'épée...,
même
peut-être
guerres,
des
guerres, dans leurs
non-seulement
ba-
la
alors le droit des gens étouf-
toutes
les
germes. Mais nous voilà revenus
ne aux problèmes que nous avions déjà mis de côté savons-nous pas que peuples et polentats, veulent, en fin de compte, rester leurs propres maîtres ? Dès lors, le droit international ne les empêchera pas de se ;
précipiter
dans
champs de communauté des
la lice des
que l'humanité et la
pour une paix perpétuelle, alors
Une
bataille.
Etats seront
le droit
fois
mûrs
des gens n'aura
pas de peine à apporter au nouveau régime mondial un principe juridique, et à trouver les
En
encore défaut. ni
à son imperfection que
des peuples
sanctions qui
font
attendant, ce n'est pas à cette science,
entiers
et
doit
l'on
des
imputer
la faute
gouvernements souverains
veulent fonder leur puissance sur la force des armes elle est
Le
la
—
cause du désastre actuel. international
droit
déchaînement de
ments
:
qui
se
hongrois, nous
succédèrent n'en
la
le
toute la série des événe-
depuis l'ultimatum
trouvons
examiné avec succès à
devant
impuissant
resta
Dans
la guerre.
pas un
qui
lumière du
austro-
puisse
droit
être
des gens,
jusqu'à la pénétration des Allemands en Belgique. Alors, certes,
grave
la
politique
conflit
avec
de
guerre
le droit
les autres décisions
s'est
engagée dans un
en vigueur. Par contre, toutes
des Puissances belligérantes dépen-
daient de leur libre appréciation; qui échappent au droit positif.
il
s'agit ici d'initiatives
Mais
il
n'y a pas seulement
dans des
droit fixé
rationnel, ou, plus tice,
-
14
lois écrites,
simplement
:
il
un
droit
positif,
existe aussi
un
un sentiment de
un
droit
la jus-
qui prend racine dans la nature morale de l'homme.
C'est à ce sentiment que s'agrippent désespérément les
hommes
qui ont déjà abandonné le radeau naufragé du
ou
droit des gens,
Ce qui été troublé
;
qui, d'emblée, l'ont fui
est certain, c'est il
n'est pas
que
moins
le
prudemment,
régime pacifique a
certain
que l'humanité
a été lésée dans ses sentiments les plus profonds. donc
Où
le
sens du droit
et
de combattre éventuellement un Etat qu'elle accusait
a-t-il
fait
défaut?
L'Autriche-Hongrie a revendiqué
le droit
d'humilier
de menacer la sécurité intérieure et extérieure de la dou-
Pour juger de cette prétention, on ne peut s'appuyer, comme nous l'avons dit, sur aucune loi juridéjà le droit international avec dique, écrite ou autre ses moyens pacifiques a été mis à l'écart. Un grand Etat menace de faire valoir son « bon droit ». Une autre ble Monarchie.
;
grande partie de l'humanité s'oppose à tion,
blâme l'ultimatum du gouvernement de Vienne
et
comme tice.
concep-
cette
lésant les notions les plus élémentaires de jus-
donc la souveraineté
Ainsi
et
la
dignité
de
la
Serbie, à leur tour, réclament leur droit.
Une
autre controverse a démontré à quelle diversité
de résultats
ner lieu de
:
l'Italie.
son du tout
le
sentiment individuel du droit peut don-
c'est la discussion
Ses anciens
qu'a provoquée
alliés lui
traité de la Triple Alliance, sa
au moins
l'attitude
demandaient, en coopération
rai-
ou
sa neutralité. L'Italie protesta contre cette
—
—
15
prétention en alléguant la situation créée, contre son gré,
par
les
Puissances centrales,
déliée de cria
à
tout
la trahison,
Rome
Berlin
proclama
le
comme
considéra
se
et
A
engagement.
et
à Vienne on
principe du
«
sacro
egoismo », et s'arrogea ainsi le droit de n'envisager, dans ces circonstances, que les intérêts exclusifs de la nation italienne.
Nous ne voulons nant
leurs
toujours pesé
aient
i
les
justice
la
la
cause qu'ils représentent, les intérêts
Par con-
l'injustice.
et
il
avec
qu'en pre-
prétendre
gouvernements mentionnés
y a dans les pays neutres belligérants, beaucoup d'hommes tre,
j
pas
certes
décisions,
comme dans qui
les
pays
considèrent que
non seulement s'accorde
qui leur sont
chers,
mais qu'elle
est
aussi l'expression la plus pure de la justice et du droit.
Nous ne cherchons pas à qui s'appuient sur le
contester
« droit »,
que ces jugements
tout en répondant à une
purement individuelle, ne puissent avoir leur du moins pour une certaine catégorie d'individus. Cependant, pour la masse, ils n'ont aucune portée la diversité des jugements en fournit une preuve évidente. logique valeur,
;
Les hommes, lorsqu'ils invoquent
«
de justice
l'esprit
sont parfois égarés par l'illusion d'avoir saisi
dans sa portée générale
et universelle.
En
»
« le droit »
réalité,
il
se
trouve dans la vie des Etats et dans leurs actions, peu
de principes qui puisent leur force le
nement de il
unanime
sentiment de justice la justice et
et leur
valeur dans
des peuples. Le discer-
de l'injustice peut varier,
et
comme
a été impossible, jusqu'à présent de mettre toutes
les
variantes en harmonie, chaque appréciation reste forcé-
ment
sujette
à caution.
-
-
16
Le jugement dont nous parlons ici procède de la raison et de l'expérience. Là où les hommes ont entre eux des points de ressemblance, là où ils sont unis par des liens politiques, nationaux ou familiaux,
il
se forme,
non sur toutes (il s'en faut de beaucoup), mais sur de nombreuses questions de morale, de droit ou de politique internationale, un courant de pensée unanime. Ceci est plus rare
dans
La pensée
peuples.
juridique la plus idéale d'une nation
peut se heurter parfois
un autre Etat avec
peut-être
plus vaste des Etats et des
le cercle
à d'autres principes, auxquels
avec
s'attache
autant de
«
autant d'opiniâtreté
droit
des idées qui
qui malheureusement,
l'arène
ples,
Il
sont propres,
lui
même
règne
antagonisme,
en
partie
l'injustice
entre les différents peu-
juridiques
des
contradictoires et
combats
remise au
fois
inconciliables
tion des
en
partie
convictions
ont
conduit
fourreau
!
!
;
mais
hommes, dans
les
suite, sont toujours restés d'avis partagés.
personne,
et
des
Rappelons seulement les de succession Pour finir, l'épée
sanglants
guerres de religion et
instinctif
Que de
contracté par l'éducation.
était
et
sur de nombreuses questions de principes, un vé-
ritable
à
de,
ne peuvent pas être soumises à
une autorité universelle capable de discerner d'avec la justice.
et
chaque gouvernement repré-
la politique internationale,
sente des traditions,
Dans
».
à n'importe quelle
époque,
A
la
cet égard,
n'a vu la
solu-
problèmes historiques posés à sa génération.
Enfin demandons-nous encore
si,
dans
les différentes
organisations sociales, un sentiment de justice propre à établir la
bonne harmonie, a déjà conduit à une appré-
ciation uniforme des celle qui s'offre
ils
sources,
ils
événements ? De ces organisations,
à première vue ont été
tous les citoyens d'école,
—
17
ont
puisé leurs
ont
été
lui-même.
est l'Etat
Ici,
mêmes bancs connaissances aux mêmes sur les
assis
par
inspirés
doctrines
les
les
et
•exemples des grands esprits dont s'honore la patrie, les conceptions juridiques du peuple ont trouvé leur expression dans
un code
cheminent vers unité
national. L'autorité et le peuple s'a-
mêmes
les
complète ?
Or,
buts. Et cependant
dans
que
tant
:
Y
a-t-il
des
famille
la
citoyens, les sentiments de justice divergent,
oserait-on
prétendre à une entente entre les différents peuples, avec leur éducation inégale, leurs codes disparates, et spécia-
lement avec leurs intérêts opposés ?
Mais autre chose, dans
pu sauver
rait peut-être le
la
Lorsque
que
droit positif fléchissaient,
tice divergeaient,
le
lement.
longue
et
se
difficile,
que
côte à côte,
vivant
Alors
forment
inorale
qui,
dès lors,
pensée
des
êtres
morale de la cons-
la
Ce
voix intérieures
les
s'harmonisent graduel-
peu à
peu
les
de
raison
de
lois
d'une
civilisation,
et
vivant
comme une
règles qui distinguent le bien du
premier
comme un
devoir.
mal
la
communauté de
reposent sur la
doués
n'est qu'après
réunis.
Ainsi la morale apparaît, au sein de l'association
peuple ou
et
secours de la morale ?
cience et de l'intelligence individuelle. lutte
raison
sentiments de jus-
les
Les philosophes font dériver
d'individus
la
n'était-on pas en droit d'attendre, pour
conjurer le malheur,
une
l'homme, au-
la nature de
paix.
et
Seulement
d'un
synthèse de prescrivent
cette
le
évolution
— même
-
18
indique, qu'à des principes de ce genre, de
même
manquer fatalement une autoindispensable pour obtenir un gouver-
qu'à ceux du droit, doit universelle,
rité
à diriger
nail propre
la
Et
mondiale.
politique
là
pourtant les principes concordent, l'unité de vue sur dre dans lequel
que
la
s'imposent,
ils
manque
morale réclame d'abord
homme
d'Etat ?
Le ménagement
voisine,
ou
sauvegarde
la
son propre pays vention
blèmes
prince
d'une
ou
faible
d'un nation
que
vitaux
intérêts
a confiés ? Le maintien d'une con-
lui
ou
signée,
selon sa propre
souvent. Qu'est-ce
d'un
des
où
l'or-
la
solidarité
conviction,
veut
le
avec
parti
le
bien ?
qui,
Quels pro-
non seulement pour l'homme d'Etat
difficiles,
responsable qui ne s'en soucie peut-être pas trop, mais surtout
pour
ces
toire universelle
la
critiques
sévères qui étudient
l'his-
avec un manuel de sciences morales à
main Nous ne voulons pas examiner !
si
les
hommes
de
qui dépend de décider en dernier ressort de la guerre ou
de la paix, se soucient des prescriptions de la morale. Ceci
dépendra des individus, de leur éducation, de leur caractère, et cas,
il
même
En tout hommes d'Etat
de leur croyance religieuse. d'admettre que des
est difficile
de notre époque soient capables de signer une déclara-
un un homme. Admettons le cas le plus favorable, et demandons-nous quelle loi remportera la victoire dans ce combat moral. La rétion de guerre, sans écouter la conscience qui, dans tel
moment,
semble-t-il, doit bouleverser
ponse est évidente et
:
dans leur valeur,
Si ces lois morales,
varient
selon
les
dans leur texte peuples,
alors
— l'homme d'Etat
—
19
conformera à
se
propre nation, à la conscience des quels
que ce
Rien dans
agit.
il
de sa
conception
la
hommes au nom
cette guerre n'est aussi
des-
probant
fait.
morale réclame l'application de
philosophie
Si la principes
dans
qui,
la
de chaque
conscience
individu
en particulier, pourraient être érigés en loi pour
homme
pour ses semblables, chaque qu'un devoir
d'Etat
lui et
ne verra
agir de telle sorte que ses concitoyens se
:
sentent forcément d'accord avec
lui.
morale éclose dans sa conscience
Alors
il
dans
et
aura choisi celle
la
de ses
semblables.
La
philosophie morale,
comme
plus loin. Elle exige que l'action finie
science,
va cependant
de l'homme
dé-
soit
par des principes qui puissent être proclamés par
sa conscience
comme
mondiales; comme
lois
lois
mon-
diales qui répondent à la volonté de toutes les créatures
Mais ici notre recherche théorique nous nouveau du domaine de la réalité. L'individu
raisonnables. écarte de
lui-même, dans
de cet
poursuite
la
loin en arrière,
idéal,
est
resté
que nous ne pouvons plus évaluer
si
la
distance qui sépare les peuples d'une perfection harmonieuse.
Du moment
qu'il
n'était
placer les relations des Etats
communes et
moraux,
et obligatoires c'était
aussi
pas
encore
possible
sous un nombre de
de L'argument lois politique de
de droit, de principes logiques
une
illusion d'attendre
de
la
la
conserva -
lon p rs ,?
nelle.
génération
acluelle
qu'elle
prévienne
son
malheureux
'
—
20
-
Les preuves, fournies à cet effet, nous amènent aux conclusions suivantes 1. Les efforts et la manière d'agir des peuples et de leurs Gouvernements ont bien pu s'ennoblir au cours des siècles, et les hommes d'Etat, en tant qu'individus responsables, ne sont pas soustraits aux lois que la morale et le sens du droit ont déposé dans chaque destin.
:
conscience. Ces lois ne sont cependant,
dans
la
cons-
cience des peuples et dans celle de leurs dirigeants, ni
suffisamment définies, ni suffisamment ancrées, pour assurer à la politique des Etats une évolution absolument pacifiste. c
2. Si la
morale
et le
sens du droit révèlent, dans
leur développement, de grands progrès, ces progrès scientifiques
ne pourront cependant excercer une action heu-
reuse sur les conditions politiques du monde, que lors-
que
les résultats
domaine pratique, science.
du
En
obtenus auront la
réalisé, aussi
dans
le
généralisation ambitionnée par la
effet la science
de la morale, la philosophie
droit et le droit international, travaillent
de la sphère des lumières individuelles à universelles, généralement reconnues.
l'état
à s'élever de sciences
De même
la con-
ception morale et la pénétration juridique des individus et
des peuples isolés, doivent s'élargir jusqu'à la con-
ception morale et à la pénétration juridique du
monde
civilisé, pour y trouver leur application pratique.
Une autre voie n'est guère imaginable. Nous osons prétendre, quoique cela paraisse aujourd'hui,
ques-unes
de
que durant ces
les
conditions
dernières
décades,
nécessaires
risqué quel-
à l'abandon
définitif
—
21
de la guerre, semblaient se réaliser peu à peu.
L'effort spirituel d'une
phalange toujours plus
pays
les plus divers, avait entraîné
courants populaires grandissants. Et, nier que, dans
pensée,
mais une pensée noble,
vague,
peut-être encore les
considé-
Une
rable était effectivement dirigé vers ce but.
leur sympathie pour
il
la
dans
à sa suite des serait injuste de
paix,
quelques
nations avaient réalisé sur d'autres un progrès, qui du
ne nous échappera pas dans nos recherches
reste
Par contre, entre
rieures.
ment du bien idéal, l'unité
public,
solidarité résulta
dans
et
a partout
hommes
les
les
fait
représentants
De
défaut.
d'un
haut
manque de
ce
finalement une opposition,
les divers Etats, les
ulté-
chargés pratique-
et
bientôt
chemins des hommes politiques
se séparèrent d'avec ceux des apôtres de la paix,
pour
se rejoindre le jour où la lutte pour la patrie vint dé-
signer à tous les citoyens un seul but la politique
1
a vaincu,
commun. Ainsi
elle est l'initiatrice
de la guerre
mondiale. Elle a refoulé tous les motifs élevés qui prescrivaient la concorde entre les peuples, et mis de force
à
l'épée
moyen «
main de
la
longtemps,
avaient
brutal
politique » a
milliers
dans
leur
d'hommes, for
intérieur
qui
de la guerre et l'abhorraient. Or,
pu réussir à briser
pacifique, si populaire
déjà,
il
la
depuis
répudié si
le
la
puissance de l'idée
faut en conclure
fatale-
ment qu'elle était soumise à une certaine nécessité. Nous avons compris que la raison et la conscience de l'humanité n'aient pu résister au flux de la guerre. 1
Nous expliquons plus
loin la signification de ce terme,
Une
question se
pose encore
Où
:
ce
flux
guerre
de
pu puiser sa force? Voilà le problème à résoudre, une fois la réalité de guerre admise nous chercherons donc dans cet ou-
a-t-il
la
;
vrage à découvrir les forces secrètes
et visibles
qui ont
renversé la paix.
De nombreuses
et
ces
événements qui doivent
un par un, dans
être recherchés,
ligérants,
ont coopéré à l'œuvre de
forces
destruction. Ces forces
politique s'empare
un beau jour de tous
motifs et pousse
peuple au combat.
fie ici
l'art
:
des Etats bel-
l'histoire
forment la chaîne des causes de la guerre. La
le
de
l'Etat, l'art
La
ces
nombreux
politique signi-
de prévoir ses destinées, de
un point déterminé en moyens pacifiques, ou s'il est nécessaire, par des moyens violents, les obstacles qui entravent son chemin. De la même manière, réaliser ses buts. Elle se dirige vers
éliminant,
paisible
au
préalable par des
ou brutale,
ples, les pays, rielles
la politique attire vers l'Etat les peu-
en un mot les forces morales
qui paraissent lui être nécessaires ou
maté-
et
désirables
pour atteindre ses buts. La politique cherche à consolider la force de résistance et la force agressive de l'Etat
par des alliances
;
elle
assume des engagements pour
sure, par contre, des avantages. Elle choisit
un complice
redoutable, que
;
ici
elle
sées téméraires.
peuple
étrangères,
pour surprendre un voisin dans son rêve
moyens
et s'as-
ce soit pour maintenir
situation contre l'atteinte de Puissances
travaille, tantôt
le
sa
ou
paisible. Elle
avec de bons, tantôt avec de mauvais poursuit des buts modestes, là des viIl
est
cependant un but que toute
poli-
-
-
23
un but auquel doivent
tique envisage en première ligne,
contribuer tous les
moyens de
l'Etat
la conservation de
:
soi-même. Ainsi nous avons découvert
peuples
conduit les
sur
premier mobile qui
le
champ de
le
Ce mo-
bataille.
général et formant Vidée fondamentale de
bile étant
tout art politique que nous aurons plus
tard à étudier
auprès de chaque nation prise individuellement, doit être éclairci
dans nos considérations préliminaires. Mais pour
un autre motif encore en définitive,
ce mobile
:
ou
d'emblée
forme,
prétexte le plus plausible pour tout acte
le
de guerre offensif ou défensif. L'individu protégé par le
droit
sur la
l'autorité,
et loi
des actes de
violence.
des
intérêts
«
permettre.
Par contre, notre génération a
éprouvé ce que
suffisamment vert
ne peut presque plus s'appuyer
de la conservation personnelle pour commettre
Ici
vitaux
»,
les
sous
Etats,
sont
seulement l'étude des
cou-
le
capables peuples, de
de
se
leurs
besoins et de leur histoire, nous permettra de discerner la
vérité
des
apparences.
L'affirmation
de sa propre
un argument de poids il exige dans chaque cas un examen approfondi. Jusqu'à nos temps
existence est
modernes,
;
l'histoire universelle
nous
offre
le
spectacle
d'un combat opiniâtre des peuples pour la vie, en sorte
qu'on
a souvent cru
relations naturelles et
La connaissance avant
tout,
dans
l'état
d'hostilité,
les
Mais
les
normales des peuples entre eux. des
causes de
la
guerre dépend,
de la capacité de distinguer la réalité et
mensonge, dans belligérants.
voir,
problèmes d'existence affirmés par
la plus
le
les
grande prudence est nécessaire,
— u Tout honnête que puisse
l'homme,
qui,
guidé par
le
souci de la conservation de l'Etat, propose
un but à
ce
dernier, le but est
pourquoi
il
être
discutable et confus.
toujours
est difficile d'évaluer les
à la réalisation de ce but de l'Etat est en jeu
exclamation
cette
a,
!
République, qu'on
la
«
Aux armes,
le sa-
autorité tragique,
de tout temps, mis des peuples
des contrées en sang. C'était pour
pour
:
Avec une
»
C'est
nécessaires
sauvegarder l'existence du
:
pays. Quelqu'un invoque la guerre lut
moyens
se
le
et
Roi, pour l'Empereur, Etait-ce
battait.
chaque
pu sauver sa vie d'une dépend du jugement des hommes
fois nécessaire ? L'Etat n'aurait-il
autre manière ? Tout cela
du moment. Pour les uns, ennemi menace le pays, il
c'est
une tâche
facile
doit être abattu, et
il
:
un
en est
ainsi.
D'autres sont en face d'un plus grave problème
c'est
un ennemi caché, ou un ennemi futur qui menace
Ou bien nation, comme
l'existence de l'Etat.
gibles de la
en jeu,
c'est l'existence
ce ne sont pas les biens tan-
:
la terre et ses
peut-être
Autant de questions d'existence
doit être évalué
avec
qui sont
fils,
économique, l'indépendance po-
litique, ce sont des valeurs idéales,
sation.
:
!
la
Or, le
civili-
danger
l'aide de l'intelligence limitée des
un danger réel ou un armé est-il indiqué ou bien peut-il être évité ? Promet-il un résultat ou est-il sans espoir? Autant d'hypothèses parmi lesquelles l'homme
hommes. danger
avant
Est-ce
fictif
?
Le
tout
conflit
responsable doit choisir, à l'aide d'une spéculation hardie.
L'opportunité de sa décision peut toujours être con-
testée.
Quel que
soit le respect
tions insondables de
cause à
que effet
aux
rela-
l'histoire
uni-
l'on porte
dans
--
-
25
verselle, la question reste encore et
ou
telle
telle
guerre
à toujours ouverte
:
pour un Etat,
était-elle inévitable
sauver son existence politique, nationale ou éco-
afin de
nomique ? Et cependant, lorsqu'il s'agissait de décider,
les chefs
responsables des affaires de l'Etat avaient la conviction plus ou moins sincère, que
pour
seau a soutenu que
que
peuple devait combattre
le
bien immédiat ou futur de l'Etat.
le
de
politique
Rous-
J.
J.
ainsi
l'Etat,
commence dès sa naissance à
humain,
corps
le
corps
le
mourir, et porte en lui-même les germes de sa destruction
Mais l'un
«
:
et l'autre
plus ou moins robuste et
ou moins longtemps.
peut avoir une constitution
propre à
La
le
conserver de
constitution
plus
l'homme
est
l'ouvrage de la nature, celle de l'Etat est l'ouvrage de l'art »
*.
appartient à
Il
der quand
le
politique des peuples de
l'art
souci de leur
à main armée.
Cette
question
raison et à leur caractère
même
que,
à
cette
des motifs
décision ?
existence nécessite
Si la
:
déci-
la
lutte
abandonnée à leur
est
car, pourrait-on se dissimuler
inavouables, logique,
à
parfois
président elle
seule,
la
ré-
flexion calme et froide, avaient à résoudre ce problème, il
peu probable que
est
la terre eût été si
souvent en-
vahie par la guerre
Plus encore que l'intelligence, l'instinct des peuples est
un gardien
vigilant de l'existence de l'Etat
t-on pas de l'instinct de conservation ?
1
Contrat Social. Livre
III.
chap. IX.
;
ne parle-
Ce sont des
lois
-
demandent à
d'évolution qui
se manifester
cherche à se frayer un chemin,
tale
avec tous ses phénomènes la
-
26
et
la force vi-
la guerre
moyens
tous ses
et
;
que
:
depuis
haine la plus basse, jusqu'aux productions les plus
élevées du génie humain, fait irruption. C'est
ou
superflues
bons
tincts
qu'en l'année
ainsi
1914,
une appréciation
ou juste des problèmes d'existence,
fausse
crainte
la
mauvais,
et
Chaque Etat
de
dangers
des forces
futurs,
ont précipité les
des ins-
peuples dans
met son existence en jeu. Chacun, de son propre mouvement, peut-être cédant à une contrainte, ou poussé par des engagements pris, a obéi aux exigences anciennes ou spontanées de sa politique. Chacun a (tout au moins) un but de-
la guerre.
vant
la conservation de
:
La
a responsabilité.
lui
belligérant
lutte
pour
son existence
la conservation
naturellement pas les fautes
et
les
!
personnelle
n'exclut
intentions
condam-
une véritable passion, que l'on recherche d'un bout de la terre à l'autre, le bouc émisindividu ou Etat. saire Dès que l'on attribue la provocation de la guerre européenne à un peuple entier afin de faire retomber nables. C'est donc avec
:
sur lui toutes les responsabilités des autres participants,
on soulève un grand problème de nale.
Car
il
d'après les faits
du
défi
motif
il
;
a
il
politique
internatio-
ne peut seulement être question historiques,
est bien plus
obéi.
La
quel Etat a jeté
d'établir, le
gant
important d'expliquer à quel
responsabilité véritable et exacte d'une
ne
guerre
peut
être
-
27
du
déduite
premier
manière dont ce coup a
né, ni de la
coup don-
mais
porté,
été
seulement des mobiles auxquels l'Etat a obéi. Et ceux-ci n'apparaissent
dans leur
jour
vrai
et
avec précision
qu'à la lumière de l'histoire préliminaire du grand évé-
nement,
qu'elle se présente
telle
pour chaque pays sou-
cieux de son existence.
Une
à rechercher les in-
autre tendance consiste
dividus responsables, les hommes qui ont mis le feu au bûcher échafaudé par les Puissances. Il s'agit ici d'une question de politique intérieure, à examiner de plus près, afin d'écarter d'emblée de faux préjugés. Il
temps où un prince pouvait,
fut sans doute des
de son propre chef, déchaîner les guerres les plus horribles sur la tête d'un peuple aveuglément soumis et politique-
ment
ignorant.
A
l'époque de la royauté absolue, la cons-
titution de l'Etat favorisait tous les caprices, et les peuples
indifférents et timides ne pouvaient
une résistance morale aux potentat. Plus d'un et et
même
pas opposer
instincts belliqueux de
par la vie de
prince, tenté
leur
camp
avide d'aventures, a marché sur un ennemi improvisé
chargé
sa
de
conscience
cette
tourmenta Louis XIV, sur son
aimé
la guerre, avoua-t-il
ne suis pas cet exemple
!
lit
responsabilité
de mort
:
« J'ai
qui trop
au dauphin âgé de cinq ans
;
».
Lorsqu'à cette époque, on
jetait
lance du destin, seul l'entourage du
un peuple sur la baMonarque et une
classe privilégiée avaient connaissance des motifs de la décision.
Un
intérêt vital de l'Etat pouvait être en jeu
mais peut-être ne suivait-on que
la fantaisie d'un
;
mau*
—
-
28
vais conseiller. Mystère sans importance bilité
ne pesait que sur
Aujourd'hui,
sabilité pèse sur les peuples.
donnés pour
A
l'imposer.
plus
ainsi;
Tous
cette respon-
moyens
les
volonté
leur
valoir
faire
la responsa-
épaules du Souverain.
les
n'en est
il
-
!
leur sont
même
et
pour
notre époque, sans l'appui moral de l'opi-
nion publique, une déclaration de guerre n'est possible
dans aucune nation
civilisée.
n'est pas consultée
sur la
masse du peuple et on n'a jamais soumis une déclaration de guerre au libre Certes, la
politique
extérieure,
arbitre d'un plébiscite. Mais, en dehors de cela, les peu-
ples ont,
sinon tous les
moyens
du moins
juridiques,
beaucoup de moyens pratiques de
efficacement
résister
à une politique qui voudrait, contre leur propre volonté,
conduire
les
à
la
guerre.
L'indifférence,
cord peuvent atténuer leur responsabilité,
malgré «
le
elle
désac-
subsiste
tout.
Représentation nationale
»
tel
est
nom
le
de
l'organe constitutionnel, qui, dans tous les Etats modernes exerce, ou tout au moins, peut exercer une influence décisive sur la direction de la politique.
Les délégués sor-
tent de toutes les classes et sont
porte-voix
totalité.
Et
si
Ton
les
de
la
prétend, que les députés ne sont pas
les représentants fidèles de l'opinion publique, c'est en-
core la
masse des citoyens
responsable de cet état
de
qui,
en
choses.
fin
de
compte,
Le champ
est
étendu
de la science s'offre à tous, pour qu'ils puissent en retirer les
connaissances permettant d'intervenir dans les
destinées de l'Etat.
L'instruction obligatoire
foule, si ignorante naguère, sur les besoins
éclaire
la
réels de la
patrie, et les
-
29
met chaque individu en
De grandes
état
méditer sur
de
hommes
problèmes de l'existence des
et
des Etats.
associations sont là pour veiller aux inté-
rêts de la vie nationale
fanatique elles
économique
et
revendiquent leurs
;
avec un
avantages,
zèle
dans
et
quelle mesure, les organisations de ce genre n'ont-elles
pas influencé
Et
si
le
les décisions des
peuple, avec
se trouve encore
ses
gouvernements
!
nombreux groupements
séparé de la sphère gouvernementale
par un intervalle plus ou moins considérable, ce dernier est
cependant
depuis longtemps par la liberté
franchi
de la presse. Dans nos Etats, la solidarité morale entre les
organes les plus élevés de l'Etat
et
le
dernier des
citoyens se trouve établie par la gigantesque publicité
moderne. Les chefs de tous
groupes d'intérêts ima-
les
ginables sont à l'œuvre sur cette route de communication et
homme
depuis que tout
possède
faire entendre, la collectivité
lorsque
les
moyens de
se
partage la responsabilité,
suprêmes sont prises autour du
les décisions
tapis vert gouvernemental.
Les hommes assis autour de ce tapis ont formé leur intelligence et leur
jugement dans
pulaires. Et, quelle
que
les divers courants po-
fût leur individualité, ils
rent cependant jamais se soustraire
ences de la vie publique tous, plus
ou moins,
la personnalité
cela n'était pas le cas,
à la tête
de
Tous
hommes
les
l'Etat
moderne.
ils
aux multiples Ils
influ-
incarnent ainsi
de leur peuple;
si
n'auraient pu être maintenus
lorsque d'Etat
ne pu-
la
guerre
fut
déclanchée.
ne sont pas populaires.
doivent peut-être leur charge à la sympathie d'un
Ils
Mo-
—
—
30
narque ou à la faveur d'une
coterie
Mais
influente.
lorsque les déclarations de guerre furent échangées, les sièges
par des
des ministres devaient forcément être occupés
hommes auxquels
la majorité
du peuple tendait
la
main avec enthousiasme. En réalité, il en fut ainsi car aucun ne dut quitter sa place lorsque dans les ;
terribles journées
du
mois d'août 1914,
le
rideau
se
leva sur le théâtre de la grande guerre.
De longue
date ou hâtivement, les
avaient préparé leurs rôles. trer
en action,
sur eux.
La
et les
Ils
regards des peuples étaient
confiance à laquelle ces
leur puissant pouvoir, devenait alors
rent
d'après
l'esprit
chefs des Etats
devaient maintenant en-
leur intelligence,
de leurs concitoyens.
leurs
Ils
hommes un
fixés,
devaient
poids. Ils agi-
facultés,
selon
et
n'agirent plus avec la
force de vulgaires mortels mais avec la puissante auto-
que confère aux organes de l'Etat, la volonté unanime de tout un peuple. Et dans quel but travaillaientils ? Pour l'avenir de leur pays, pour ses besoins poliPour l'idéal du peuple et pour tiques et économiques rité
!
ses
traditions,
en
disciples
de ses
successeurs des héros nationaux, entre le passé et l'avenir
doctrines,
comme
traits
comme d'union
!
Ce ne sont pas des faits isolés, ni un meurtre, ni une infraction juridique ou morale, qui forment le point une de départ de la plus épouvantable des guerres ;
ironie semblable serait par trop désespérante. Cette ca-
tastrophe, en pleine période d'épanouissement d'une vilisation,
ci-
déchaînée malgré les puissants courants paci-
fiques, est le fruit d'un
développement funeste, qui ne
pouvait plus être
-
31
par la main
maîtrisé
hommes.
des
qu'aucun mortel ne pourrait
Elle est née d'oppositions
vaincre, parce que les intérêts et les ambitions en jeu,
de dangereux éléments de forces cherchaient à
et enfin
triompher, sans se soucier de la collision qui en résul-
Les mobiles
terait.
sonnelle,
plus divers ont fait partout de
les
la guerre une nécessité
besoins économiques,
même
obligations juridiques, et
que l'honneur
telles
tion de
soucis de la conservation per-
:
spéculations
selon l'individualité et la tradi-
chaque Puissance.
Ayant reconnu que
les
conditions capables d'éviter
la catastrophe n'ont été remplies,
par
ni
politiques,
des considérations idéales
l'initiative
individuelle
ni par la collectivité,
des
nous avons à rechercher maintenant chaînèrent la guerre mondiale.
Nous chercherons à et
les
saisir l'histoire de
ses
le
moment
signal du combat.
l'évolution historique qui a conduit le seuil de la guerre,
et objectif.
chaque Etat
ambitions, jusqu'au
où ses dirigeants donnèrent
biles qui,
causes qui dé-
Seule cette constatation
un jugement sobre
résignée peut faire naître
belligérant, sa vie
chefs responsables,
nous devrons
Dans
peuple jusqu'au
recueillir tous les
mo-
dans leur ensemble, contribuèrent à sa dé-
cision.
Nous nous que
l'individu,
rappellerons que l'Etat, est aussi conduit,
bien
dans beaucoup de ses actions,
par la force du destin, qu'en opposition avec l'individu il
n'est pas impulsif, et n'agit
jamais sous l'impression de
la colère
du moment, mais toujours après mûre
réflexion,
qui est le fruit du travail systématique et incessant de
son organisme
L'Etat sait ce qu'il
entier.
d'examiner maintenant les
événements qui
hors,
et
de
les
le
l'influencent,
évaluer.
fait
il
;
s'agit
cours de ses pensées, ainsi que
à l'intérieur
et
du de-
Sont-ce de bons ou de mau-
vais motifs qui prirent le dessus, des vues éclairées, ou
des calculs erronés, prétextes,
qui ont
de bataille ?
C'est
des raisons véritables, conduit les
peuples
ce qui peut-être
nation en particulier
—
—
ou de faux
sur les champs et
pour chaque
résultera de cette enquête.
HISTOIRE DU DÉVELOPPEMENT DE LA POLITIQUE MODERNE
universelle
L'histoire
dominée en partie par Le
est
des nécessités qui, de connivence avec les passions des
hommes,
chefs et avec les faiblesses des
se sont
impo-
sées depuis l'antiquité jusqu'aux temps présents.
Les Etats
membres
— nous
d'une
en principe avec
à trouver premier
lieu,
la fatalité
doivent en tant que
de la guerre.
compter
nous reste
Il
au Mais une autre question s'impose en qui revêt, dans la guerre présente, une
importance toute spéciale fléau de la guerre six,
—
internationale,
causes concrètes de leur participation
les
actuel.
conflit
savons
le
communauté
a-t-il
:
par quelles circonstances
le
atteint de son souffle maléfique
sept et huit pays à la fois ?
Une
loi
dont la réapparition
constante fut relevée
par les historiens, jusque dans la politique des anciens
Grecs
des Macédoniens, vient répondre à cette question
et
Elle
se
de l'équilibre
dégage de l'expérience est
spontanément de Alexandre
:
empirique de l'équilibre.
c'est la loi
le
si
naturel
et
;
si
mais clair,
le
qu'il
la raison. Il suffit d'établir
Grand jusqu'à Napoléon,
et
principe
dérive
que depuis
même jusqu'aux 3
principe
de lé q uiubre
«
-
-
34
temps modernes, toute prépondérance dans la vie des jamais à se développer qu'au détri-
Etats ne chercha
ment des plus libre.
Parmi
faibles, pour aboutir à l'idée de
les peuples et leurs alliances,
une certaine proportion de
ment
danger d'un poing trop
le
C'est d'une idée analogue,
pouvoir
la
poli-
comme
République,
un
par
exercé
entière-
présomptueux.
mais s'appliquant à la
l'équi-
doit régner
écarte
fort et trop
tique intérieure, qu'est résultée
négation du
qui
forces,
il
homme
seul
;
la
polyarchie vint s'opposer à la monarchie. Le socialisme
moderne cherche à
faire
dans
des
la vie
composant
sociale
et
avec
en
utilisé
:
principe fondamental de la conL'équilibre
temps,
la
principe
de
même
doit
être
considéré
pensée fondamentale
scientifique
prétexte
aux
un instrument qui
de
l'équilibre »
prétentions devait,
a
plus
les
en somme, être
dans un but de paix, a contribué ces temps-ci,
comme en maintes développement 1
nous
préventif contre tout abus de puissance.
le «
parfois
effrénées
le
personnelle.
comme moyen
servi
individus
depuis longtemps, adopté dans nos cou-
Nous retrouvons
érigée
comme
principe d'un équilibre naturel.
le
servation
Puis,
et
soit des familles, soit des associations,
avons tous,
tumes
dominer une idée semblable nations,
Ce
autres
circonstances,
fatal de la guerre.
n'est pas la
écrit
lutte et ce conflit rentre
à activer
cela ne
le
change
manière de penser du capitaine von Mi-
chaelis qui, dans la préface de
guerre universelle,
Tout
:
«
son Histoire préliminaire
Toute
la
création
est
dans l'ordre normal du monde,
doit vaincre, le faible disparaîtra
».
%e la
soumise à
—
la
Le fort
—
aux alternatives qui imposent au monde
rien
comme
aujourd'hui
jadis,
Une
politique,
entre la suprématie
choix
le
d'une seule Puissance, ou
égale des forces.
la répartition
— chaque enfant balançoire. Comme la
troisième possibilité n'existe pas
compte sur sa
peut s'en rendre
prépondérance du voisin a les
—
35
créé, chez les peuples de tous
temps une situation des plus
ne connurent pas
le
ceux qui
intolérable,
sentiment de sécurité que procure
l'hégémonie, s'efforcèrent naturellement de rétablir tout
au moins l'équilibre. Déjà au seizième dans
gleterre,
siècle,
le
Henri VIII d'An-
roi
but d'assurer son salut,
le
lousement l'équilibre de
la
balance, qui
en faveur du puissant Habsbourg,
surveilla ja-
oscillait tantôt
l'empereur Charles-
Quint, tantôt en faveur de son rival infatigable,
France, François
I
er .
Quand
plus tard cette
même
le roi
de
dynastie
anglaise se prolongea par l'avènement de la reine Elisa-
dans toute
beth, celle-ci manifesta l'intention d'adopter
sa rigueur le
principe
le
proclama même,
dans sa politique,
et
de
son père.
les forces
sée pleine
de
s'en
inspira,
poursuivit avec un certain succès,
l'ambition
de partager
royaumes de proportions à peu près
mes dont
Elle
en
l'Europe
égales,
en royau-
devaient s'équilibrer. Mais cette pen-
promesses,
trouva une
expression
bien
plus éclatante encore, lorsque quelques années plus tard, lors de la
Guerre de
trouvèrent aux prises, portait les
:
Trente
ans,
divisées
en
les
Puissances
l'Autriche, la Bavière et l'Espagne
armées françaises de
allemands
et
l'autre,
se
deux groupes comd'un côté
;
unies à celles des Etats
à celles de Gustave Adolphe. Cet équilibre
— de forces
établi,
la paix
—
36 du
de Westphalie vint
traité
délivrer en 1648, d'une guerre des plus terribles, les nations
européennes épuisées. Avec
rationnelle, le
la
désagrégation effec-
de l'hégémonie impériale, ce ne fut pas une volonté
tive
mais un
fait
purement historique, qui confirma
principe définitivement
consacré de
euro-
l'équilibre
péen. Ni l'Eglise, ni l'Empereur ne régleront désormais les
destinées
du continent. Les peuples
et
Etats
les
sonverains, affranchis du régime universel de la féoda-
combattront
lité,
à l'avenir ensemble,
et
par
le
fait
de
leurs alliances, maintiendront à peu près à niveau égal
en jeu.
les forces lisée.
Sous
malgré
la
De
cette manière,
une idée
s'est réa-
forme d'un nouveau système politique
quelques
mémorables,
interruptions
et
s'est
elle
développée jusqu'à l'heure présente.
Cependant, à peine conçu,
le
principe de l'équilibre
révéla son caractère dangereux.
Il
se trouva hélas entre
les
mains de chefs d'Etat ambitieux, ce qui excluait une
action bienfaisante. Tandis que dans l'Empire allemand,
un
tiers
des
souverainetés
qui
le
composaient, durent
disparaître, sous prétexte d'équilibre, par médiatisation et
XIV,
sécularisation, la Puissance
française, sous Louis
se manifesta d'une façon
dangereuse, qu'une coalition
si
de presque tous les Etats européens, l'Angleterre, l'Autriche, la
Hollande en
quilibre, trois
Ce
n'est
tête,
entreprirent au
campagnes sanglantes contre
que lorsque
la
prépondérance
le
Roi
de
l'é-
Soleil.
française
renversée, que la lutte acharnée trouva une
Utrecht, et qu'alors, en 1713,
nom
le
fut
solution à
principe de l'équilibre
rencontra pour la première fois son expression formelle
— dans un
dans
tablie
de paix
traité
monde
le
des Puissances,
bons
de
rapports
!
car au 18 ,ne siècle,
à
une
nouvelle
la base
meilleure
la
l'équilibre...., Il
n'en est
le
même
répartition
garantie de paix
pour
rien
principe
Aux
l'Europe,
des
bien
—
forces
et
la
plutôt fois
—
qu'à
de forces
dominé
Prusse entrent en scène,
volupté
la
Pologne. C'est avec une
politique que cette
accomplie dans
les dernières
œuvre de partage
années du 18me
siècle.
Trois rivaux se sont simultanément enrichis, mais ont, de ce fait, ritorial,
et
sens du principe d'équilibre, qu'a lieu en
le
premier partage de
le
véritable fut
Russie
et
cette
côtés de ceux qui jusqu'alors avaient
la
dans
1772,
la
moment,
le
sert
éviter de nouvelles guerres entre adversaires
c'est
et
d'une bonne entente réci-
prononcée au détriment des faibles
nettement
égales.
ré-
un juste équilibre
chrétien par
forme
être
»
Le principe de
tranquillité doit
« la
amitié et
d'une
plus solide
proques.
qui
:
2 me
Selon les termes du
international.
traité
du
article
-
37
établi entre
eux un rapprochement
ils
ter-
qui peut-être un jour, deviendra dangereux.
Comme
un précédent excellent pour une application non encore introduite du le
sort de la Pologne offrait
jeune principe politique, l'habileté des diplomates put dé-
sormais s'exercer dans une voie toute nouvelle.
même, lorsque de
«
Napoléon
Il
en fut de
s'apaisa cette tempête, qui, sous »,
le
renversa les frontières des pays d'Eu-
rope, l'indépendance des peuples avec les droits calculs de
ropéen
fut
leurs souverains. si
nom
Cette
fois,
profondément ébranlé,
et
les
l'équilibre
eu-
que
les
hommes
-
—
38
des nations renaissantes
d'Etat
purent
une
envisager
tâche féconde en résultats.
Et tout «
le
œuvre
cette
équilibre
».
monde
sait
comment, au congrès de Vienne,
comment
accomplie,
fut
Ce dernier représentait
s'inspiraient toutes les négociations et
matiques,
il
offrait
en
même
fut
établi
cet
alors le motto dont
documents
diplo-
temps un prétexte à toutes
les spéculations collectives et individuelles.
La France,
délivrée de Napoléon, tenta dans l'intérêt de l'équilibre,
à peu près
de retrouver sa puissance primitive,
c. a. d.
ce qu'elle possédait avant
de Bonaparte.
l'équipée
De
leur côté, les quatre Puissances de la coalition, la Rus-
Prusse, l'Autriche et l'ngleterre, dans une série
sie, la
de traités qui s'appuyaient tous sur quilibre, cherchaient le
dre
perturbateur. il
;
de la
que
le
Elles
crise,
du
finirent
caractéristique que
est
le
de
principe
l'é-
à gagner un excédent de poids sur
plus grand et plus
reste
chacun des fort.
principe de l'équilibre ne
fut
par s'entenalliés
sortit
Notons en passant pas appliqué aux
petits Etats.
Pourtant, après des résultats nir
si
satisfaisants, l'ave-
du système auquel on peut imputer l'extension
la guerre
mondiale
actuelle,
était
assuré
d'emblée.
de
En
outre une nouvelle pensée devait se développer, dont nous
retrouvons encore aujourd'hui l'influence dans
certains
milieux politiques, la pensée d'une institution permanente
de solidarité internationale, pour térêts entre les
les cas
Grandes Puissances
et
de conflits d'inles
petits Etats.
De même que
—
39
de l'équilibre fut toujours Le Concert
la théorie
comme une
envisagée dans son application, paix,
semblait
et
même, une union des
de
réalisable,
garantie de
Puissances tendant à conserver la répartition territoriale des pays européens
Quel
tant.
dans
l'intégralité de
leurs limites,
pu devenir un instrument de paix
aurait
petit Etat se serait
monie à laquelle
veillaient
impor-
très
hasardé à troubler l'har-
alors
de
puissants
les
ce
monde désormais réunis ? Constatons en passant, que deux seuls moyens ont été jusqu'à présent conçus par des
hommes
d'Etat pour garantir une paix durable
des
libre
diminuant ou
forces,
chances d'agression d'un Etat le
du monde,
reste
l'équi-
:
rendant illusoires
isolé,
exercée d'un
et
les
l'hégémonie sur
commun
accord,
par
ceux qui, réconciliés maintenant, avaient été jusqu'alors les
perturbateurs
de la
paix.
même
pas à représenter
comme
rable,
une idée morale
telle
ou
reconnaissance
la
sans
On
n'essaie et ne songe
garantie d'une paix du-
que
respect
le
réciproque,
réserve des droits à l'exis-
tence qu'ont tous les peuples, grands ou petits.
Ces deux nouvelles garanties quillité
leurs
de l'Europe, ont
fait
«
après
preuves pendant un certain
d'après
la
paix extérieure,
Puissances paraissaient pour libre se maintint.
pereur Alexandre
En I
er
les le
réelles » le
pour
temps.
calculs
moment
A
éphémère
:
en juger
d'équilibre parfaits
;
des
l'équi-
fondant la Sainte-Alliance, l'Em-
prépara
le
terrain à cette nouvelle
manifestation de la politique continentale, dont fut aussi
la tran-
congrès de Vienne,
le
«
Concert européen
le
succès
>.
Rédigé sous l'impression d'événements tragiques,
et
européen
-
—
40
empreint d'une lassitude bien compréhensible,
le traité
fondamental de
caractère
la
Sainte-Alliance avait
le
inaccoutumé d'une -proclamation religieuse de principes
moraux, qui désormais, Les
des Puissances. et
de
Prusse,
pendant
devaient inspirer la politique
souverains
signataires
sur leur
des prétentions
du
conversion
d'un
esprit
de Russie, d'Autriche
s'appuyèrent
traité,
douteuse si
terre à
ce-
pour émettre
,
que leur
terre,
point de départ religieux paraissait complètement effacé.
En
Sainte-Alliance devait être
réalité la
une instance
souveraine pour la conduite des destinées de l'Europe,
pour
maintien de l'ordre existant et de
le
par
on
demanda à quoi
se
les
alliés.
l'équilibre
D'un bout du monde à
établi
serviraient
les
l'autre,
principes chré-
d'amour du prochain, lorsque leur application en politique serait confiée à trois puissants tiens de paix et
juges dont
personne.
le
bon
sée, avait refusé
contre, alliés,
traité
le
après
réflexion
à
tête
son adhésion à la Sainte- Alliance
renouvela
elle
mis en doute par
plaisir n'était plus
L'Angleterre,
le
par
;
20 novembre 1815, avec ses
de Châtillon,
donna naissance à un
repo-
ce
qui,
alors seulement,
vrai Directoire européen,
dirigé
provisoirement contre la France, mais qui pouvait aussi, le
cas échéant, se tourner contre d'autres Etats. C'est ainsi que prit naissance le principe
tervention
;
au point de vue formel,
de
l'in-
ce dernier résulte,
quand bien même atténué, des clauses de ce traité Châtillon); au point de vue pratique, il résulte de coalition
des
d'assurer
le
quatre Puissances
qui,
réunies
Concert européen, s'arrogeaient
le
(de la
en vue droit de
-
-
41
veto dans les affaires des autres Etats, et assumaient en
même temps la direction suprême de la grande politique. Comme il s'agissait aussi de réprimer l'effervescence des
nous trouvons
chies,
dans
révolutionnaires
idées
les différentes
ans plus
déjà, trois
Monar-
tard, le roi de
France au milieu de ses anciens adversaires. Le Concert européen s'élargit et devient une pentarchie. Metternich,
moyens
le
politiques
grandeur de sa
premier, sut se servir des nouveaux
pour assurer
L'équilibre des Puissances pour le
patrie.
maintien du statu quo,
me.
et le
Concert européen pour
du principe d'intervention,
plication
entendait en sa qualité
Il
conservation et la
la
tel était
d'homme
l'ap-
son program-
d'Etat dirigeant,
l'imposer, à seule fin d'affermir la Monarchie autrichienne, et
de réprimer d'une
façon
opiniâtre
toutes
tion politique, n'aurait pas signifié seulement
mais aussi pour
triche,
narchie.
et
On tion
la Prusse,
l'exprima clairement
Il
tique, qui,
France
les
idées
Suivant Metternich, l'ébranlement de l'organisa-
libérales.
peu après, devait
le
1
ruine
la
pour l'Aude
la
mo-
justifiant ainsi la poli-
séparer des voies de la
de l'Angleterre.
s'aperçut en
ne pouvait être
effet
que
appliqué
d'interven-
principe
le
dans
l'union
des
cinq
Puissances, mais seulement dans l'intimité de la Prusse,
de l'Autriche
et
du tsar Alexandre, revenu de son
ralisme passager. Déjà en 1820, lorsque
1
les
Cf.
Dupuis
Paris 1909,
Mémoires de Metternich
Le principe
:
p.
152.
cités
d' Equilibre
le
libé-
projet d'une
dans l'ouvrage de Charet
le
Concert européen.
—
42
—
répression de la révolution espagnole fut examiné, l'Anglelibérale
terre
abstint rigoureusement, et
s'en
com-
fit
prendre d'une manière non équivoque qu'elle entendait
ne pas se mêler des affaires intérieures d'Etats européens étrangers. Ici
commence
la dislocation de la pentarchie
à peine formée, dislocation provoquée non seulement par
un scrupule d'intérêts la
d'ordre moral, mais aussi par une opposition
matériels.
L'opposition de l'Angleterre
peu de mois
flammes de la Révolution emmenaçant toute l'Italie et amenant
après, les
brasèrent
Naples,
de ce
une intervention de l'Autriche. Ainsi
fait
cipe de l'intervention dut
l'encontre
Prusse le
et de
France devint intolérable au prince Metternich lorsque,
de la France
et la
être
et
le
prin-
maintenu en vigueur à
l'Angleterre. L'Autriche,
la
Russie se rencontrèrent à Troppau pour
proclamer cette
fois
à
la face
du monde
entier.
comme engagée gouvernement de Naples une déclaration de neutralité et refusa aux Puissances, de concéder au principe d'intervention une L'Angleterre, loin de se considérer
par
le décret
de Troppau,
remit au
valeur juridique quelconque. Elle opposition de principe les alliés,
règle,
au
contre le
pour autant que lieu
d'être
souleva
surtout
une
système introduit par
celui-ci serait
appliqué dans des
adopté cas
comme
exception-
nellement graves. Or la France, dans cette
importante
question de principe, partageait entièrement
le
point de
vue anglais. Ainsi nous trouvons, à cette époque importante de renaissance dans sition
le
mouvement
des
idées,
une oppo-
absolue de doctrines politiques parmi les peuples
-
-
43
européens, sans parler de la diversité des intérêts poli-
D'un côté nous trouvons deux
tiques.
Etats, dont
l'un
a déjà depuis longtemps accompli sa période de déve-
loppement constitutionnel,
un
nière durable
trésor
s'est
et
d'idées
avec ses notions politiques
dont l'autre
libérales,
ses conceptions de droit
et
De
avait passé par la rude école de la Révolution.
nous trouvons une alliance de
côté,
chacune
désirant
pour
compte
mais faisant passer avant tous
l'extérieur,
l'autre
Monarchies,
trois
propre
son
ma-
assimilé d'une
la paix
à
autres
les
buts, le maintien à l'intérieur de l'organisation politique
déjà existante.
Avec un
esprit
de
suite
à l'étranger,
le
ces
inflexible,
Monarchies se proposent de défendre chez
elles,
comme
principe de légitimité contre les courants
La
révolutionnaires.
conservation,
non pas
de l'Etat,
mais du régime monarchique, réclame une réaction énergique,
et,
à l'égard de l'étranger, une politique conservatrice
qui ne recule pas devant l'emploi des
même au sein Ne perdons pas
afin de protéger,
idéal
précieux.
moyens
de
que
la politique
conséquences qui ne
les
un
vue cette diversité
fondamentale dans l'évolution des idées sur universelle, pas plus
violents
des Etats voisins,
tar-
dèrent pas à en résulter.
Avec troupes
le
consentement du
autrichiennes
roi des
marchèrent
sur
Deux-Siciles, les l'Italie.
Et
en
1823, la France reniait les principes qu'elle avait représentés quelques années auparavant, pour s'abandonner
à un nouveau courant impérialiste
du principe de Légitimité
et
et
lancer,
au
nom
du droit d'Intervention, ses
troupes en Espagne, sans tenir
compte de l'opposition
_
—
44
qui s'éleva même dans son propre gouverLe désaveu de l'Angleterre, la méfiance de la Prusse, et l'indifférence de la Monarchie danubienne, violente
nement.
trop écartée du lieu de la scène, démontrèrent clairement
que
européen portait en
le directoire
sa décomposition, et que
soi
le
germe de
l'intérêt particulier des
Etats
une idée supé-
coalisés ne se subordonnerait jamais à
communauté.
rieure de
L'atmosphère pacifique d'une
de
salle
conférences,
ne réussit pas non plus à transformer cinq grands
vaux en autant d'amis. Si hors
de
d'état
concordantes la morale,
il
et
se
directoire
comme
européen
plus
était
difficile
ri-
était
propagateur d'idées
universelles sur la politique,
gardien de l'ordre
La
donner
le
le
droit,
encore qu'il devînt
le
établi.
pentarchie, dans laquelle des forces égales se con-
trebalançaient approximativement, ne se réunit plus, dans la suite,
que
lorsqu'il s'agissait de régler le sort de
secondaires. Et encore artificielle le
permît
fallait-il
et résistât
que sa
solidarité
à ces preuves de
pays assez
solidité.
Ainsi des difficultés surgirent, lorsqu'en 1825 l'empereur
Alexandre voulut confier au Concert des Puissances soin de régler la question grecque.
La
le
vive méfiance de
l'Angleterre, de la France et de l'Autriche, décida le nouvel
empereur Nicolas, bien plus
indépendant du
Concert
des Puissances que son frère Alexandre, à se détacher
des buts de
la vielle
vue que ceux de gile
Sous
Sainte-Alliance, pour
n'avoir en
la politique russe. Il brisa le lien fra-
de la pentarchie et déclara la guerre à la Turquie. les
regards vigilants des gouvernements de Paris
— et
45
procurèrent aux Grecs l'au-
de Londres, les Russes
tonomie,
—
au Sultan une défaite
infligèrent
cipe de Légitimité tenu en
et au prinhonneur par Metternich, un
coup mortel.
Après ces événements historiques, on dut nécessairement opposer à l'esprit d'intervention une nouvelle doctrine.
dans
qui finalement
L'idéal de la liberté des peuples,
se transformait en action,
fit
le
cycle des idées politiques.
Ce
fut la Révolution belge qui
La Belgique
une nouvelle formule
jaillir
en fournit
devait-elle être enchaînée
aux Pays-Bas dont
elle
l'occasion.
plus étroitement
à s'émanciper par la
cherchait
violence, devait-elle se jeter dans les bras de la France
ou bien devenir enfin indépendante ? Ce qui se posa pendant
que
les
problème
Puissances centrales, avec l'aide de la Russie,
réprimassent tablir le statu
voir
fut le
événements de 1830. De peur
les
la
proclama
le
soulèvement des Belges
quo ante,
la
Belgique séparée le principe de
de «
et
pussent
ré-
France, qui désirait vivement la
couronne hollandaise,
non-intervention
».
Cette pa-
role inattendue, cette nouvelle notion qui, possède sans
doute encore aujourd'hui, bien plutôt une signification politique qu'une
qui inclut enfin
valeur purement juridique, cette idée le
respect
naturel
des petits Etats et la promesse de
indépendant,
délivra la
de la souveraineté leur développement
moitié des Etats européens de
l'angoisse insupportable qu'ils avaient éprouvée pendant la première partie du XIX me siècle. C'est à la jalousie
des puissants que fut réservée l'inauguration de ce principe.
Accepté depuis longtemps
par
le
peuple anglais,
— il
hommes
produisit sur les
d'Etat allemands
tombé d'un
foudroyant
éclair
—
46
d'un
l'effet
révolutionnaire.
ciel
Ce
coup de foudre pouvait déchaîner l'orage que voyaient venir d'un œil anxieux tous ceux qui avaient un trône
à conserver. Les Belges, sans en être empêchés par
les
Puissances, purent achever leur séparation effective d'avec les
Pays-Bas. Ce ne fut qu'au
fait
accompli, que
le direc-
Puissances accorda la sanction qu'elle pouvait
toire des
revendiquer en sa qualité d'auteur de l'union, hollando-
Ce
belge.
n'est pas en vertu du principe d'intervention,
mais appelées comme médiatrices par Bas, Guillaume
I er ,
nirent à Londres. le
double
dans
édifice,
Il
les
en s'écroulant, ne causât des dégâts
voisinage. N'avait-il
le
européen ?
l'équilible
mener à bonne
des Pays-
roi
le
Grandes Puissances se réus'agissait avant tout d'éviter que
que
A
pas
été destiné
à
mouvement d'indépendance,
fin le
avec sympathie par une partie de l'opinion
du monde ce
entier.
Au
commun
bien
étayer
Belges pouvaient
l'intérieur, les
dehors,
des Etats
le
principe de
européens,
salué
publique
l'équilibre,
devait
rester
intact.
Du le
succès de ces efforts
raison, souhaitaient rée. Elles se
moment
pour ménager
proclamèrent
instamment que
dans les
le
désir de
intérêts de
l'indépendance
Belgique.
La
nous
connaissons,
lui
la
guerre fût conju-
trouvaient dans une situation vraiment
tique, le jour où, et
dépendait à ce
maintien de la paix. Les Puissances, pour plus d'une
neutralité
et
belge,
cri-
favoriser les Belges tout la
sous
était destinée
monde,
le
neutralité la
à
la
que une ga-
forme
offrir
elles
de
de
procède
idée
d'équilibre
matière à
conflit.
Elle
d'une
du désir d'éliminer définitivement toute
rantie et
—
47
paix.
Jamais acte politique d'une
telle
portée
n'a été
pourvu d'une base juridique aussi parfaite que
jour
le
où cinq Puissances s'engagèrent par leurs signatures à considérer dorénavant et pour toujours
comme fut
pris par
les
le territoire
belge
Cet engagement de droit inaccoutumé
inviolable.
contractants en prévision d'une
Etats
grande conflagration. Si cette éventualité se présentait, aucun de ces Etats ne devait pouvoir tirer avantage de la situation créée en 1830, tant par égard pour les aspirations belges que pour sauvegarder l'équilibre européen.
un
Voilà donc
principe sur lequel les Puissances, avec
leurs thèses politiques fini
par s'entendre
faire le
compte de tous
mément au
appliqué loyalement, pouvait
les
intérêts
légitimes. Confor-
principe de l'équilibre, on admit la formation
à la
d'un Etat indépendant,
condition qu'il s'abstienne
à tout jamais de faire pencher
du côté de l'une ou de
Ce
même
opposées, avaient tout de
si
et qui,
pratique mit
fait
le
plateau de la balance
l'autre des forces
enfin
en jeu.
un terme à
des rêves mystiques de la Sainte-Alliance.
la période
La
politique
européenne ne s'occupa plus que des questions concrètes, se présentant
au jour
le jour.
Des malheureuses idées
doctrinaires de Metternich, rien ne
une
vieille
une
sage
expérience abdication
bueront bien
que
la
des
désir intérêts
subsista instant
ce
si
n'est
de paix
particuliers
et
contri-
plus à la concorde parmi les Puissances,
proclamation
inapplicables
un
:
et
par
de
principes
conséquent
magnifiques toujours
mais
suspects.
Enfin, la
deux principes belge
crise
mis en
ont été
de
celui
:
—
48
l'équilibre,
évidence
un
et
dans
autre,
ré-
mentalité de l'époque, mais encore
pondant certes à
la
souvent contesté,
le
principe de la
«
non-intervention
».
Ce dernier, sans doute, a été au cours des temps, fréquemment enfreint surtout dans la politique de l'Orient et de l'Extrême-Orient, où d'autres considérations, telle que la protection du christianisme, offrirent des prétextes ;
vrais ou faux, pour l'application du principe d'intervention.
Du
ni l'histoire des Balkans,
reste,
ni la politique des
Puissances en Chine, n'ont donné naissance à des principes dont l'étude pourrait servir à la compréhension de la
guerre
mondiale.
Il
donc pas
n'est
tourner nos regards de la scène
européenne. de
nous pouvons
Ici,
nécessaire
même établir
bien
si
devint
qu'il
dé-
la politique
que
le
principe
dès 1830 de façon
la non-intervention fut appliqué
conséquente,
de
de
même un
précepte
de droit international. Le droit des gens prescrit effec-
tivement aux Etats de s'abstenir d'empiétements quel-
conques dans autres pays.
le Il
domaine de
résulte de
capable d'un progrès en ses moyens.
Sous
gent pas seulement
mais aussi qui
ce ce
l'autorité fait
qui
que
territoriale des
politique
la
concerne
le
est
choix de
l'influence d'idées libérales, qui n'exile
respect de l'individualité humaine,
celui de l'individualité de l'Etat, le principe
consistait
à se mêler aux affaires
intérieures
de
Puissances étrangères a été complètement renversé. Aujourd'hui, le principe opposé de la non-intervention, ne fait
pas seulement règle,
ridique,
que
l'on trouve
international, et qui
a
il
est
devenu un précepte
ju-
dans chaque manuel de droit
fait
plusieurs
fois
ses preuves.
— Quant à
l'idée
—
49
de l'équilibre,
ne put,
elle
même
une forme juridique. Elle resta imprécise et sujette aux interprétations les plus diverses, une simple formule de politique moderne.
dans
la suite,
Un
revêtir
principe
pourtant s'est
un certain succès, à
avec qu'elle
opposé,
même
L'ébranlé-
de l'équilibre,
avant
ment de
encore
l'idée
pût appeler la conflagration, dans laquelle plus
d'une douzaine d'Etats sont impliqués aujourd'hui. L'équilibre européen, qui s'était effectivement
maintenu durant
une longue période, rencontra soudain un adversaire qui
se souciait peu
1815
;
c'était
le
des
diplomatiques de l'an
calculs
des
principe
nationalités.
peuples avaient été soudés à d'autres, prices
de
l'histoire,
Congrès de Vienne,
soit
par
se déclara
dès
naire de 1830, une tendance vers
Belges,
par les ca-
artificielle
du
l'année révolution-
l'affranchissement et
l'indépendance de la nation. Ce fut des
soit
l'œuvre
Là ou des
le
cas des Grecs,
formant en eux-mêmes des
des Hongrois,
unités nationales. D'autres peuples par contre, poursui-
vaient
un but opposé, mais toujours dans
le
sens du
Em-
principe de nationalité. C'étaient les fragments des
au sud
et
au nord des Alpes,
Etats de l'Allemagne
et
de
pires
le
futurs,
destin et
raient
à
l'Italie,
qui
les petits
éparpillés par
condamnés à l'impuissance politique, aspien communautés plus puissantes
se grouper
de la famille des Etats européens.
Nous avons vu
déjà
comment
la
question
belge 4
ï ul
e(
"
.
-
-
50
donner
fut traitée par les Puissances, afin de
suite
aux
revendications, appuyées par l'Angleterre et par la France,
sans que l'équilibre européen ne s'en trouvât
atteint. L'af-
franchissement de la Grèce n'avait pas influencé
le
statu
quo, et s'était d'ailleurs accompli sous une surveillance assez sévère. L'insurrection de la Hongrie enfin ne fut
pas du tout examinée par l'assemblée du Concert des Puissances
elle
;
fut
par
réprimée
jeune Empereur
le
François-Joseph, secondé par les troupes du Tsar. Le rêve
Hongrois resta sans lendemain, et l'équilibre ne le douloureux épisode.
des fut
nullement compromis par Mais, lorsque
le
principe des nationalités
son œuvre d'union en Allemagne
et
en
rapidement au devant de son but, lance européenne ne inquiétante.
rants
qui,
les limites
tarda pas
De nouvelles tracées
le
s'avança
de la ba-
l'aiguille
à osciller d'une façon
nouveaux cou-
idées créent de
sans égard pour
commença
Italie, et
patrimoine,
avec sagesse
et
renversent
circonspection par
des diplomates morts et enterrés.
La une
lutte
pour
l'unité italienne fut, cependant, après
avance victorieuse des troupes de Napoléon
unies à
celles
de
Gavour,
bientôt
suspendue.
que l'armée sarde cherchait à délivrer trionale de la souveraineté étrangère, et
l'Italie
que
la
III
Tandis septen-
bannière
nationale s'élevait sur les autres points de la péninsule, l'Etat prussien veillait à ce fût
pas
cienne
sacrifié loi
à
que l'équilibre européen ne
des Italiens.
l'idéal
Au nom
physico-politique, la Sardaigne
contenter de la Lombardie
encore achevée. Avec
le
;
de l'an-
dut donc
se
l'unité italienne n'était point
temps
et les
événements seule-
-
—
51
En
ment, l'œuvre put être consommée. dut abandonner la Vénétie, et
Victor-Emmanuel s'emparèrent sans Enfin
était
l'Italie
Il
que lorsqu'en 1859,
et les Italiens battirent les et
le
».
les
Français
Autrichiens près de Magenta
de Solférino, la Prusse avait
victorieuses de
Rome.
de
difficulté
jusqu'à l'Adriatique
« libre
faut se rappeler
1866, l'Autriche
en 1870, les troupes de
craint
que
les
troupes
Napoléon fussent tentées de marcher sur
Rhin. Le danger de voir l'équilibre européen rompu
par la prépondérance française, avait éveillé en Prusse
une inquiétude
si
que
manifeste
les
vainqueurs, com-
battant pour le principe de nationalité, durent se résoudre
à la paix de Zurich naturel de leur
et
à une partie du prix
renoncer
victoire.
La Prusse avait la menace d'une
tement mobilisé son armée;
déjà
complè-
disproportion
de forces en faveur de la France, paraissait fournir au
Prince-Régent un motif suffisant pour s'engager au besoin
dans une guerre préventive contre l'Empereur de
France. Cette guerre fut évitée par l'esprit de conciliation très
judicieux
moyen
de
Napoléon
III.
Il
trouva lui-même
de rétablir l'équilibre menacé un instant par les
aspirations des Italiens, en annexant Nice et la Savoie
à la France.
Mais bien
plus
on, faisait
le
combat pour
fortement si
grand
l'unité
allemande vint ébranler européen
dont
nous trouvons une idée
lente,
encore l'équilibre
cas. Ici,
mais vigoureuse dans son développement. L'idée de fusion
nationale,
politique,
vint
instinct
historique
renverser tout
l'édifice
autant
que
les
maticiens de l'équilibre avaient élevé autrefois.
la
qu'idéal
mathé-
La
nécessité de créer une unité nationale fut sans
doute éprouvée par la Prusse d'une façon plus pressante
que par
les Etats qui,
sous sa conduite, devaient former
l'Empire allemand. Et cet idéal ne fut guère réalisé par
Bismarck
dans
sens des représentants du peuple
le
allemand, qui, en 1849, avaient offert sans succès la
couronne
impériale
au
roi
Guillaume IV
Frédéric
*.
L'unité de la nation allemande a finalement été accomplie
par l'épée prussienne. Or, après avoir eu raison de l'Au-
que des grands
triche ainsi
et petits
Etats allemands,
de Prusse n'avait pas seulement la gloire, mais
le roi
aussi le mérite d'avoir posé la base d'un nouvel édifice politique.
Comme
du nord,
il
chef de la Confédération de l'Allemagne
établit
autour de ses membres un cercle de
qui devait s'élargir cinq ans plus tard,
fer,
lors de la
formation de l'Empire allemand.
Ce
fut
la
subir à l'équilibre
Prusse dans
le
longtemps sous 1
«
que l'Allemagne
première pression
européen. Jusqu'alors
le
rôle
fit
de la
Concert européen avait été modeste la
tutelle
de Metternich,
elle
avait
;
à
Le Congrès de Francfort n'a pas de couronne à donner ou Frédéric Guillaume IV, dans une lettre à Bunsen.
«
à
«
D'après ce
offrir, écrivit
« fer
roi, la
par lequel,
couronne qu'on
lui, le
comme
lui
offrait
était le
collier
de
souverain de 16 millions d'hommes serait bien décidé
«
enchaîné
c
à ne pas l'accepter. Mais
€
des peuples, réuni en bonne et due forme, lui offrait la vraie
esclave de la Révolution. si le
Il
était
conseil des princes
électeurs et
de la nation allemande,
«
couronne antique, légitime
« «
comme doit répondre un homme auquel le plus grand honneur de ce monde a été offert. (Ph. Zorn. Im neuen
«
Reich
il
répondrait alors
p. 31).
et millénaire
peine osé élever la
ment
-
53
—
voix.
Son
prestige avait particuliè-
que
depuis
souffert
et plus tard le
Parlement
le
de
Francfort,
lui-même, avaient essayé sans succès
roi
de créer la Confédération allemande. Et malgré la victoire sur les Danois,
nouvelle entreprise de Bismarck
la
parut
peu
dangereuse que, outre
contre
l'Autriche
l'Italie,
qui s'associa au rival de son ennemi héréditaire,
Cours de Pétersbourg
les
si
de Paris prêtèrent au
et
Lorsque
de Prusse leur appui moral.
combat contre
victorieuse du et
ses autres adversaires
tête
la
la
roi
Prusse, sortie
Monarchie des Habsbourg
allemands, se retrouva à la
d'une ligue puissante, Bismarck n'eut aucune envie répartition de
d'accepter la
poléon au
nom
territoire
de l'équilibre.
européennes
était
l'expression
«
proposée par Na-
La proportion des
cependant devenue
revanche de Sadova
»
si
forces
dangereuse que
passa en proverbe,
non pas chez le peuple vaincu, mais chez les Français. Ici, nous pouvons enfin nous demander si une communauté politique serait moralement obligée d'écarter toutes
les possibilités
l'équilibre existant,
l'œuvre
que
des
de développement
c'est-à-dire
générations
par souci
de
pour ne pas toucher à précédentes
d'autres
et
Puissances avaient prescrit à la politique européenne
en vue de leur propre salut. face
Ne sommes-nous
d'un de ces impondérables qui
rieusement l'existence individuelle
entourent
pas en
mysté-
et collective
des peu-
une situation
difficile,
ples ?
L'Europe
était
aux
prises avec
désagréable, dont les conséquences échappaient forcément
aux hommes
d'Etat.
Les conditions du continent étaient
— transformées.
A
—
54
œuvre
Confédération germanique,
la
caduque du Congrès de Vienne, venaient de se substituer des facteurs nouveaux, qui ne concordaient plus avec les anciens calculs de l'équilibre. Qu'en faire ? surannée
Une
et
nouvelle répartition semblait s'imposer,
stable,
en 1870
entrepris
Le
surtout par la Prusse.
convoitée
répartition travail
non pas par des discussions
;
fut
diplo-
matiques, mais par un grand conflit d'armes.
La France qui, les
complètement battue. Cette France
fut
douée de forces inépuisables plus dures
gloire
de
son éclat dans
et
Lombardie
;
cette
et extérieures,
la
après les épreuves
et
venait de reconquérir
l'histoire,
guerre de Crimée,
la
France qui malgré ses crises intérieures renoncé à jouer un rôle
n'avait jamais
son rang séculaire
dirigeant dans le Concert européen, lui était
dans
sa
enlevé par la Prusse et par
le
nouvel Empire
allemand. Après une guerre
dans laquelle deux Etats, deux nations et deux races s'étaient heurtées, un nouvel Empire surgissait aux confins de la France. C'était l'Em« l'Empire de Charles-Quint pire que Thiers avait prévu dont le siège fut jadis à Vienne et qui pourrait bien :
un jour
renaître à Berlin
!
»
Or, la prépondérance de
lement éprouvée par
les
Bismarck ne
vaincus
;
le
fut pas seu-
voisin de l'est aussi,
jusqu'alors l'ami serviable de la Prusse, fronça les sourcils.
La
Russie, pour gagner sa liberté d'action en Orient,
laissait faire les
même empêché çais.
duisit
ennemis de
la
France glorieuse
et avait
l'Autriche-Hongrie de soutenir les Fran-
Maintenant
le
résultat de
à Pétersbourg
un
effet
la guerre
aussi
de 1870 pro-
désagréable
qu'à
-
l'Angleterre, dont la puissance maritime
Vienne. Seule était
—
55
encore loin d'être menacée, n'était pas fâchée d'une
dislocation
des
forces,
qui
éloignait
définitivement la
France d'Anvers.
Au
point de vue du continent entier, cette nouvelle
répartition la
n'aurait
en principe
pas été inacceptable
Révolution avait disparu dans
;
brumes du passé,
les
du principe de légitimité était enterré et la formation des grandes nations achevée. Mais personne ne semblait vouloir considérer la nouvelle situation com-
l'étendard
me
définitive, et le
vainqueurs
et
danger d'une nouvelle rencontre entre
vaincus planait dans les
empoisonner
crainte qui vint
les
airs.
relations
Ce
fut
la
réciproques
de nos Grandes Puissances européennes dans leur déve-
loppement
futur. C'est l'ère de la politique internationale,
dans l'acception rantis par des
nemis
moderne du mot, qui commence. Gamoyens de leur choix, contre les en-
intérieurs, les Etats, n'auront plus
que
le
souci
de leur sécurité extérieure, souci qui écartera désormais l'intimité de l'ancienne Sainte-Alliance.
Maintenant que et
des
peuples
l'équilibre,
la
mentalité
des Gouvernements
complètement assimilé
avait
l'idée
de
aucun Etat ne pouvait plus se bercer de
l'illusion d'avoir battu ses adversaires assez radicalement,
pour n'avoir plus jamais à
les rencontrer
de bataille. Le principe est très simple
ne
se guérit
ami
pas
complètement de
sur si
le
le
;
enfin le
champ vaincu
blessures,
se placera à l'avenir à ses côtés.... peut-être
deux ou plusieurs amis saire
ses
:
un
même
nombre qui sera néces-
pour affronter avec succès l'adversaire par trop puis-
—
-
56
sant, qui est toujours l'ennemi de tous. Application la plus
élémentaire de la théorie de l'équilibre Bismarck lui-même !
ne pensait pas à autre chose, lorsqu'il écrivit dans ses
Pensées
et
il
s'agissait
Souvenirs « Nous avions combattu viccontre deux des Puissances européennes de soustraire au moins un des deux puis:
torieusement
;
sants adversaires à la tentation de prendre sa revanche
en coalition avec d'autres.
»
x
Ainsi la politique européenne, activée toujours par la loi de l'équilibre, s'engagea
dans
les
eaux dangereuses
comme les alliances n'ont jamais offert entières, comme il s'agissait en outre pour
des alliances. Et des garanties
chaque pays de réunir des forces non pas morales, mais physiques, un autre symptôme se manifesta après guerre de 1870, symptôme non moins dangereux que
la
celui
des alliances. Sous
revanche
le
,
plus
menace perpétuelle de
la
puissant
se
peu
transforma de
la
à
peu en un colosse armé et, autour de lui, tous les Etats suivaient son exemple. Ainsi se regardaient depuis plus de quarante ans, face à face, les Grandes Puisssances
armées jusqu'aux dents
;
c'est-à-dire depuis
l'ancien équilibre fut ébranlé,
des
vie l'art
Etats,
que
devenues plus
difficiles,
de la politique les
moyens
La France procéda
déjà,
sation de son
armée battue
Reichstag allemand
prit les
et,
qu'en 1870
les conditions
de la
prescrivirent à
les plus radicaux.
dès 1872, à la réorgani-
deux ans plus
mesures nécessaires
tard,
le
afin de
conserver sa suprématie sur son ancienne adversaire.
1
2e
vol.
-
—
57
Moltke demanda aux représentants du peuple une armée capable de défendre pendant cinquante ans, ce qui avait
En
été acquis en six mois.
à peine voté une nouvelle
1875,
on avait à Versailles
pour l'augmentation des
loi
de l'armée, que l'Allemagne entreprit déjà une
effectifs
démarche diplomatique pour marquer sérieusement sa désapprobation. Les Français prétendirent n'avoir rien d'autre en vue que le rétablissement de leur ancienne puissance militaire, qui devait conserver des proportions
normales par rapport à le
prit
dans
Que
s'était-il
plissait
celles
du
ciel
époque de
d'une
l'histoire le caractère
crise.
passé ? Depuis la défaite française, s'accom-
l'inauguration
d'une
politique
de suspicion, qui avec de rares
monde en
vaincu... toujours est-il
s'assombrit subitement, et que l'année 1875
que
haleine jusqu'à
d'armements
l'explosion
de
et
a tenu
intervalles,
la
plus
le
for-
midable des guerres.
dans
C'est
s'agissait
méfiance
la
chercher la cause
non seulement
de s'assurer
le
d'alliances.
d'être bien armé,
Il
mais encore
1875 montra aux adversaires
l'Allemagne
et
la
France,
la
pour parvenir à ce but. Les menaces de citation de
définitive,
concours de compagnons d'armes étran-
gers, et la crise de conciliés,
en
faut,
qu'il
directe de la politique
l'opinion
publique
en
route
irré-
à suivre
la presse, l'ex-
Allemagne,
et
enfin
démarche de l'ambassadeur allemand à Paris, poussèrent la France énervée et en partie avide de vengeance,
la
Les Bases des alliances,
— dans
bras de la Russie.
les
bourg,
pour
ait
s'en
premier, car
le
dans ses Pensées
y
On
à Péters-
réjouit
pour deux motifs. Bismarck lui-même nous
et cela
renseignera sur
qu'il
—
58
il
Souvenirs:
et
«
la politique russe
l'a
clairement énoncé
On
conçoit facilement
une
limite, au-delà
de
laquelle l'importance de la France ne doit pas
être di-
minuée en Europe. Cette
limite fut atteinte, je
crois,
la paix de
ce fait
Francfort,
et
à
peut-être pas été
n'a
aussi bien compris à Pétersbourg en 1870 et 1871, que
cinq ans plus notre guerre,
tard. le
J'ai
peine à croire
cabinet russe
pendant
que,
pu prévoir
ait
distincte-
ment, qu'il aurait dans la suite pour voisin, une Alle-
magne je
aussi
aussi forte et
bien
m'aperçus qne l'on commençait
Neva, à se demander
nements
s'il
aller aussi loin,
déjà,
bon de
était
En
consolidée.
1875,
au bord de
la
laisser les évé-
sans intervenir dans leur déve-
loppement. La sincère amitié
et le respect
pour son oncle cachèrent
malaise que l'on éprouvait
le
déjà dans les milieux officiels
II
ment sur
la jalousie,
pire russe, le
mand. De
là,
la haine,
qu'éprouvait
les
avec
le
l'amitié d'A-
dont
parle
basée probable-
chancelier de l'Em-
bonnes dispositions de
mouvement
les meilleures relations entre
et cela
que
prince Gortschakoff, pour le chancelier alle-
dant la crise de 1875,
ment
ceci,
pour l'empereur d'Allemagne,
Bismarck, ne diminua en rien
II
».
Le second motif consiste en lexandre
d'Alexandre
la pleine
approbation
la
Russie pen-
amena
naturelle-
Pétersbourg
et Paris,
qui
du Tsar, qui
le
11
mars 1875, au cours d'une réception diplomatique, put donner à l'ambassadeur de France cette assurance « Comp:
tez sur
moi
menaçait
danger sérieux
quelque
si
;
France, je serais
—
59
premier à vous en avertir
le
Ainsi s'accomplit
le
la
» l.
rapprochement de deux puis-
sants Etats limitrophes de l'Empire allemand, le premier
Déjà
contact qui devait plus tard conduire à l'alliance. le
lendemain matin, Gortschakoff télégraphia aux repré-
sentants diplomatiques de la Russie, que la paix entre la
France
l'Allemagne
et
assurée.
était
—
L'équilibre
était rétabli.
En
Les
sympathie. était la
Anglais,
;
ils
surent
nement allemand, plus
de la
côté
dont
le
adversaire
principal
cœur le maintien comprendre au Gouver-
Russie, avaient avant tout à
de la paix
le
France reçut aussi du Manche, des marques de
ce printemps critique, la
de l'autre
nord,
si
le
faire
bien
de
qu'ils rendirent
ce
fait,
grand service aux Français. Ainsi, en raison
des circonstances politiques, non par sentimentalité, mais
par intérêt
essentiellement
rapprochèrent
des
empreintes déjà de
Cependant
le
personnel,
Français, l'esprit
et
les
Gouvernement allemand
qui
particulier,
que
la coalition des
quelque
cherchait
Puissances
Alliance, que je cherchais déjà
était
d'alliances,
chose
militaires,
rapport, rappelle un peu la Sainte-Alliance.
—
relations
de la future Entente.
longtemps partisan d'une politique prit
Anglais se
des
créèrent
de
et, «
depuis
d'un es-
La
plus
sous ce Triple-
à obtenir après la paix
Bismarck — au sujet de laquelle j'avais déjà sondé Vienne et Pétersbourg depuis Meaux, en 1870, était une alliance des trois Empereurs, avec de Francfort,
1
écrivait
Despagnet. La diplomatie de
la troisième
République
p. 19.
l'arrière-pensée de la
de
coopération
que. Cette alliance était
imminente,
craignais
-
60
entre
l'Italie
vers
dirigée
la
deux
les
la
que
sur
part, et d'autre part
je
euro-
tendance répuje voudrais dé-
nom
signer, selon les conceptions actuelles, sous le
système de l'ordre
que
tendances
péennes que Napoléon avait appelées blicaine et la tendance cosaque, et
monarchi-
lutte,
de
une base monarchique d'une
sous
nom
le
de république sociale,
au niveau de laquelle le développement antimonarchiqne tend à tomber lentement ou par bonds, jusqu'à ce que le
caractère intolérable des circonstances créées de ce
fait,
rende la population désillusionnée, accessible au retour violent vers des institutions monarchiques de forme cé-
sarienne
».
Bismarck aperçoit donc déjà
«
deux tendances
»,
qui
devront un jour se contrarier. Dans la tendance monar-
Empires devra se
chique, l'alliance des trois puissants
former
et attendre
la
livrer contre la République.
Sur
nauté de pensée des Etats, triumvirat,
qui
faudra probablement
qu'il
lutte
il
nécessairement, dominerait la politique
internationale de l'Europe
pour ce but
et,
future Puissance méditerranéenne,
défaut de
commuconstituer un
base de la
la
voudrait
solidarité
conservatrice
devrait
—
final, l'Italie,
— malgré
compléter
le
le
bloc
européen.
En
opposition aux alliances de la France,
sultèrent
des
circonstances,
nous
trouvons
qui ré-
le
germe
de la Triple-Alliance dans une spéculation de l'homme d'Etat
souci
allemand. de
Tandis que,
l'équilibre,
qui
d'autre
poussa
en
part,
1875
ce la
fut le
Russie
— et l'Angleterre
à intervenir amicalement en faveur de
auprès du gouvernement de Berlin
la France,
en
—
61
même temps
marck semble, dans totalement
et
à tendre
main au vaincu de 1870, — Bis-
la
l'élaboration
de
négligé la table
de
son
l'équilibre.
plan,
Les
avoir
luttes
que
nous apercevons dans le passé de la Prusse et de son conducteur, Bismarck, avaient été si dures que, marchant continuellement de l'avant, sans
ne trouvait plus
mand
le
reprendre haleine, on
temps d'examiner
de la balance politique
le
si
levier
alle-
ne montait pas un peu
campagne
trop haut. Bismarck qui, à l'issue de la
vic-
un nouvel et puissant songer au moissonneur qui,
torieuse, crée déjà par la pensée
instrument politique, le
avant
d'aller
La
fait
dur travail
après
de
prendre du
la
journée,
aiguise
sa faulx
repos.
«monarchiste-conservatrice» que Bismarck avait imaginée, n'aboutit pas l la Russie ne pouvait servir deux maîtres, et Gortschakoff qui, nous Triple-Alliance
;
le
savons déjà, se
la
France dans l'embarras
défiait
de Bismarck, préféra assister :
un homme d'Etat prussien
ne pouvait d'autre part songer à l'Angleterre, de sorte
que Bismarck
dut, tant bien
d'alliances à l'union de
que mal, limiter son plan
deux Monarchies. Pour une com-
binaison réduite à deux, on ne pouvait prendre en considération
l'Italie,
parce que cet Etat n'était pas assez
puissant au dehors, et que sa politique intérieure, selon l'expression 1
Le
«
différent.
en 1878.
même
du chancelier de l'Empire allemand,
Dreikaiserbund
Conclu pour
»
le «
de l'année 1872 avait un caractère tout maintien de la paix,
>
il
s'écroula déjà
— n'aurait pas
On pensa dans
avec
cadré
tendances
les
mais
il
de
son
comme
à Victor-Emmanuel,
bien
l'alliance,
—
62
esprit.
troisième
d'abord avoir trouvé
fallait
le
second approprié.
Les projets d'alliance n'étaient pas encore terminés, lorsque
congrès de Berlin vint, en 1878, interrompre
le
qui
traité
conclu
fut
un accommodement à l'amiable des le but de mettre en harmonie
présentait
alors,
Le
Bismarck.
de
les réflexions
Grandes Puissances, dans les
prétentions
dans
exagérées
de
Russie en Turquie
la
et
Balkans, avec l'équilibre international qui de-
les
vait aussi exister
en Orient.
Gomme
bien
l'on
pense,
y eut des désillusions et, parmi les hôtes de la caaucun ne rentra chez lui aussi mécontant que les Russes. L'Angleterre en premier lieu, s'était opposée à leur politique égoïste mais ce qui nous il
pitale de l'Empire,
;
intéresse
ici
principalement, c'est l'attitude de Bismarck.
La pensée de
encore dans son cerveau ou question
déjà écartée ? Cette
l'avait-il
la conduite de
faut retenir que la
il
planait-elle
nous préoccupera pas davantage que
ne
jugements divers sur tre,
Empereurs
l'alliance des trois
l'Allemagne
Russie se
offensée et que, jusqu'à nos jours,
sentit
n'a
elle
;
les
par con-
gravement point
fait
mystère de sa mauvaise humeur à l'égard du chancelier
de
fer.
C'est pourquoi le traité de
tenir
compte de sa
dans
la politique
deux sentiers « faites
Berlin
implicite
—
—
sans
représente
moderne, une borne d'où se séparent
distincts.
vos jeux
mencé pour
signification
»
L'acte
du croupier.
la politique
historique ressemble au
Un nouveau
européenne
;
les
jeu a com-
partis
d'équi-
-
—
63
libre doivent se constituer
hommes
;
d'Etat, prenez vos
décisions, elles ne souffrent plus de retard
A sie, l'
peine Bismarck eut-il senti
qu'il
n'hésita
plus à
!
de la Rus-
l'hostilité
une
conclure
alliance
Autriche-Hongrie. Le traité de Berlin fut signé
juillet
1878
;
cation, et le
3 août on échangea les actes de
le
27 du
se rencontrait déjà
même avec
mois,
le
du conseil des ministres de
le
le
13
ratifi-
chancelier allemand
comte Andrassy, la
avec
président
Monarchie danubienne.
Rien ne pouvait être plus agréable à ce dernier qu'une l'Empire allemand, son voisin
alliance avec
création d'une
dans
arme défensive contre
la presqu'île des
la
;
c'était la
rivalité
russe
Balkans. Car l'Autriche-Hongrie
y avait déjà commencé sa politique significative de « développement vers l'Orient ». « La contre-partie na-
une alliance austrol'homme d'Etat hongrois à Bis-
turelle d'une alliance franco-russe est
allemande
»,
aurait dit
marck, dès leur première rencontre
;
les
deux hommes
étaient d'accord.
Les germes des deux futurs groupes de Puissances étaient en terre.
LA TRIPLE-ALLIANCE La
L'alliance
«
entre l'Aile- précéda,
magne
et "
TT
.
Hongrie.
contre-partie » dont parlait le comte Andrassy,
à vrai
dire,
L orS q Ue Bismarck
de longtemps une alliance franco-russe. cherchait à gagner le roi de Bavière au
projet d'une alliance avec r J
l'
Autriche-Hongrie, °
convint
il
.
lui-même, dans
une longue
voulait pas de guerre en la
Russie seule,
elle
attaquer l'ilemagne lettre
du chancelier
rières,
que
que
moment,
France ne
« la
et que,
alliée
à
ne se sentirait pas assez forte pour ».
:
lettre,
ce
Nous
« le
je déplorerais
lisons
dan
s
une deuxième
danger de complications guerprofondément, non seulement
politiquement, mais aussi personnellement, n'est pas, à
mon
respectueux avis, immédiatement à craindre, mais
ne saurait nous menacer que
si
pour une action commune avec
la
France
la Russie.
était prête
Jusqu'à pré-
sent, ça n'est pas le cas... »
La
coalition,
à laquelle Bismarck voulait
la nouvelle alliance défensive, n'existait
D'où
la résistance obstinée de
résistance
si
inflexible,
que
le
opposer
donc pas encore.
l'empereur d'Allemagne; après
chancelier,
s'être
le comte Andu côté allemand, avec le roi de Bavière, dut poser la question de cabinet pour obtenir le con-
mis d'accord déjà avec François-Joseph, drassy,
et,
sentement de son impérial Souverain. pereur Guillaume ne put
être
Même
convaincu par
alors, l'Em-
les
arguments
politiques
-
65
nous apprenons de Bismarck lui-même,
;
ne donna
promesse de
la
ratifier
le
qu'il
que par
contrat,
répugnance pour un changement de personne au ministère
1
La conclusion d'un
«
.
quoique défensif,
ne
impliquait une
et
laissait
de
idée
traité,
dont
caractère
le
pas que d'être belliqueux,
méfiance
vis-à-vis
son
de
neveu et ami, avec lequel il venait encore d'échanger à Alexandrowo, en pleurant et dans la plus complète son
de
sincérité
cœur,
les
d'une
protestations
vieille
contrastait trop avec les sentiments chevaleres-
amitié,
ques que l'Empereur plaçait à
ami
avec un
la
naissance.
d'égale
base de ses relations
Le
»
fait
accompli,
l'Empereur d'Allemagne voulut interpréter lui-même de
caractère
véritable
l'alliance
avec
le
le
gouvernement
de Vienne, imposée par son chancelier, lorsqu'il donna
à entendre confidentiellement à l'Empereur de Russie
Tsar attaquait l'une des Puissances voisines, deux contre lui 2 C'était donc apparemment une alliance défensive dans le sens le plus
que, il
si
le
les aurait toutes
parfait
du terme.
même, avant
C'était
1
.
C'est
Guillaume
I
peut-être er :
« Il
de
est
tout,
cette
une précaution prise contre
époque que date l'exclamation de empereur sous un chancelier
dur d'être
pareil, > exclamation rapportée par Zurlinden dans le second volume de son superbe ouvrage Der Weltkrieg, Zurich 1917, page 44. :
7
II
paraît
même
qu'à
cette
communiqué à son impérial neveu bien que celui-ci dût rester secret,
occasion, le il
le
Monarque
texte intégral
du
aurait
traité.
ressort d'une déclaration
Car du
prince de Bismarck à une séance du Reichstag en 1888, qu'il était
connu depuis longtemps du Gouvernement russe.
— la Russie, bien plus
66
—
que contre
France, peu dange-
la
reuse alors. Bismarck craignait les tendances belliqueuses
du panslavisme, que politique russe, et la
commençait à sentir dans la haine provoquée à Pétersbourg par
l'on
du Traité de Berlin, lui donnait aussi à réfléchir. Le jeune Empire allemand avait encore à se plaindre des armements intenses de son voisin oriental, et dans tous les cas, l'on ne fit rien du côté russe, pour atténuer en Allemagne ce sentiment, que la paix était sérieusement compromise par la Russie. Des meles effets
naces
contre
l'Allemagne,
l'Autriche-Hongrie,
de
la jalousie
caractérisèrent
de Pétersbourg après
le
Gouvernement allemand,
demander pourquoi
qui, alors surtout, n'était
touché par la politique balkanique des Russes,
placé,
lors
de l'arrangement de
aux côtés de
La réponse Hongrie
l'Angleterre,
est
cependant
était d'accord
époque, Bismarck de
d'humeur
Congrès de Berlin. Si bien que
l'on peut, aujourd'hui encore, se
très
à l'égard de
accès
les
de position
si
la Russie.
à trouver:
l'Autriche-
facile
;
or déjà à cette
avait l'intention d'enchaîner
de
s'était
résolument,
au détriment de
avec l'Angleterre
l'Allemagne à celui
prise
1878,
le
pas
l'Empire
catégorique contre
voisin. le
de l'influence slave dans les Balkans, et
l'avenir
De
là,
la
développement
comme
résultat
de cette politique, la prescription que l'Autriche-Hongrie devrait occuper la Bosnie-Herzégovine.
heure décisive, la politique de
la
A
partir de cette
double Monarchie dans
la péninsule des Balkans, jouit de la protection de l'Alle-
magne. Mais C'est
cette politique contrariait celle des
pourquoi,
après
le
congrès
de Berlin,
Russes.
Bismarck
—
—
67
pour indispensable de se garantir contre
tint
la Russie*
collègue de Pétersbourg avait reçu un affront au
Son
—
congrès de Berlin
nous savons déjà ce qui en
et
sympathies personnelles
était
au
donc
d'éviter le contre-coup.
sujet des
A
cet effet
—
il
s'agissait
Double-Al-
la
liance fut créée.
Mais d'autres motifs encore avaient déterminé Bis« Qu'un tel arrangement n'ait pas lieu, l'on ne
marck
:
pourra en vouloir à l'Autriche-Hongrie sion des
menaces russes
de l'Allemagne, France,
magne
elle
et,
sous la pres-
si,
dans l'incertitude du côté
cherche à se rapprocher soit de la
Dans
soit de la Russie.
serait exposée,
ce dernier
cas, l'Alle-
dans ses relations avec la France,
à un isolement complet sur
le
L'Empereur
continent. »
François-Joseph, toujours menacé de divers côtés, avait
lui-même
le
plus grand
à
intérêt
à l'Empire
s'affilier
allemand, son voisin. Le Comte Andrassy, qui le
était
sur
point de résigner ses fonctions, put donc écrire à sa
femme
« Je ne doute pas que le 9 septembre 1879 nous arrivions à conclure une assurance réciproque, je :
pourrai
alors
obtenu ce qui
me
retirer
était
humainement
de la Monarchie.
l
avec
la
conscience
d'avoir
possible pour le bien
»
Bismarck pressentait cependant que aigu menaçait l'Allemagne
dans
l'avenir,
un danger
si il
était
bien
plus à craindre du côté de la frontière occidentale que
de
l'est
;
il
avait l'impression qu'un état d'hostilité direct
entre la Russie
1
J.
P.
Buss
:
et
l'Allemagne
Revue Mars, du 5
ne pouvait guère sur-
février 1916, p. 83.
— venir
par
qu'artificiellement,
Comme
-
68
sivement contre
la Russie,
à
excitation
la nouvelle Alliance était dirigée offrait
elle
haine.
la
presque exclu-
donc sans doute
de plus grands avantages au Gouvernement de Vienne
Bismarck intervint avec tant d'énergie en faveur de l'union avec la Monarchie danubienne, c'était d'une part, comme nous l'avons qu'aux Allemands.
vu, pour ne part,
malgré
Si,
cela,
pas laisser échapper son amitié,
pour une raison qui trahit
calculs
politiques
de
maintien
la
et d'autre
et les craintes et les
de l'homme d'Etat allemand
Monarchie
«
Le
comme
austro-hongroise
Grande Puissance indépendante et de l'Allemagne, une exigence de
:
forte, est,
aux yeux
l'équilibre
européen,
pour lequel la paix du pays peut être exposée en toute conscience en cas de nécessité!
»
Voici revenu l'ancien souci d'équilibre
!
La conception
allemande de l'équilibre exigeait une alliance avec un Empire voisin puissant, même si l'armée allemande devait intervenir. Cette nécessité a dominé l'histoire de l'Alliance allemande, et plus tard, de la Tiïplice, au travers
des diverses crises
européennes, jusqu'au jour,
où en 1914, l'ambassadeur de l'Empereur Guillaume II remit au Gouvernement russe la déclaration de guerre. A la fin de septembre 1879, Bismarck allait de Gastein à Vienne pour y réaliser sa pensée politique. Et, tandis que l'homme d'Etat mûrissait ses projets dans déjà
sa voiture, certes pas
A
Linz,
tant
l'approbation d'une
été consultée, vint le
chancelier
d'enthousiasme,
allemand,
ferma
foule qui
n'avait
encourager ses desseins.
les
presque rideaux
effrayé
des
de
fenêtres
— et,
à Vienne,
les
—
69
prendre
manifestations ne pouvaient
L'homme, qui treize ans auparavant, avait triomphé du fier Empire des Habsbourg, dans la lutte pour la prédominance allemande, venait en ami pour renouer l'ancienne alliance. La nécessité de cette action était si concluante et répondait si complètement au sentiment fin.
populaire, que la haine, amoncelée pendant de longues
années, se dissipa complètement au soleil de nouvelles
François-Joseph
espérances.
d'une visite tion, les
vel
personnelle.
son
à
hôte
l'honneur
Par leur œuvre de
réconcilia-
fit
deux adversaires d'antan préparèrent un nou-
instrument de défense, une nouvelle puissance.
Dans
deux Empires s'unirent
ce but, les forces des
en une Alliance qui fut signée
7 octobre 1879, mais
le
qui ne fut publiée que neuf ans plus tard,
le
3 février
1888. Le document stipule en trois articles. 1° Le devoir réciproque des
d'assistance
deux Empires, avec
toute
leur puissance militaire, au cas où la Russie attaquerait
l'Allemagne
ou l'Autriche-Hongrie. 2° Le devoir d'une
attitude
de neutralité bienveillante vis-à-vis du cocon-
tractant,
au cas où
celui-ci serait
attaqué par une autre
Puissance, et l'application absolue de l'engagement con-
tenu dans
l'article
i,
au cas où
Russie
la
assisterait
militairement cette autre Puissance agressive. 3° L'obligation de tenir le traité secret, communication n'en pou-
vant être faite aux autres Puissances
qu'après
entente
préalable entre les deux parties.
Le caractère défensif de sort pas
expressément de
très fortement souligné
dans
ne
res-
de sa création,
est
cette Alliance, qui
l'histoire le
texte
du document. Dans
-
-
.70
deux Monarques vont jusqu'à se pro-
l'introduction, les
que dans leur accord purement défensif, ils s'interdiraient toujours toute tendance agressive dans mettre
«
n'importe quelle direction... ce
mot
respecté
une
:
nous y trouvons encore et n'est jamais
» et
manque jamais
qui ne
fatal,
deux Souverains ont décidé de former
« les
alliance pacifique... »
Ainsi aboutit une union politique des deux Empires de l'Europe centrale, qui devait résister au colosse russe
dans tous
où
les cas
Monarchies,
ou
il
menacerait la sécurité des deux
couronne austro-hongroise dans sa
la
tendance vers l'Orient. Bismarck ne put s'assurer à Vienne d'un concours sans réserves pour l'ouest, où se trouvait l'ennemi de l'Allemagne, bien que ce
rablement apaisé
la
Par contre,
de l'Alliance.
eût considé-
fait
répugnance de son Empereur à l'égard satisfaction
fut
donnée aux
besoins politiques de l'Empire allemand, en ce sens que
l'Autriche-Hongrie se trouvait du moins
obligée de
se
mettre aux côtés de l'Allemagne, avec toute sa puissance militaire,
si
Russie
la
soutenait la France
dans
une
guerre contre l'Empire allemand. Il
faut remarquer en passant, que plus tard, Bismarck
prit
sans doute de plus
que
les relations
amples précautions, à mesure
entre Paris
et
Pétersbourg
devinrent
plus intimes. Insuffisamment protégé contre une coalition
de ses voisins de l'ouest et de Russie,
en 1884,
le
traité dit
l'est,
de
«
il
conclut avec la
Réassurance
»,
par
lequel les deux Puissances contractantes se promettaient
réciproquement
la
neutralité,
au cas où l'une
viendrait à être attaquée. Ainsi
la
Russie se
d'elles
trouvait
_
-
71
assurée contre une attaque de la part de l'Autriche-Hongrie
ne courait plus
l'Allemagne
et
deux côtés à
de
assaillie
le
danger d'être
Mais ce
la fois.
tions entre la Russie et l'Allemagne s'aiguisèrent
même
à
point,
tel
Alliance
l'ancienne
faire
conclue avec
—
Vienne, en guise d'avertissement à la Russie la France.
quand
que Bismarck trouva bon de
monde
au
connaître
à
secret
traité
à courte échéance. Peu après sa conclusion, les rela-
était
Son successeur aux fonctions de
et aussi
chancelier,
en présence de la tension des rapports entre Berlin et Pétersbourg,
la
franco-russe
Dans
1890,
le
«
traité
de Réas-
s'opposait à
la Triple-Alliance.
actions historiques par lesquelles
les diverses
premier chancelier allemand couronna
l'on
ne peut découvrir, sans parti
offensif. il
en
».
l'Alliance
le
dénonça,
Dégagée de toute obligation envers l'Allemagne, Russie put tendre la main à la France isolée et bientôt
surance
pris,
sa
carrière,
aucun caractère
Lorsqu'après la conclusion de la Triple-Alliance,
cherchait encore à s'assurer la neutralité de la Russie,
nous voyons
très distinctement
dirigea la politique de
empêcher
la
le
la victoire
vœu
qui
de 1870
:
formation d'une coalition autour des fron-
de l'Allemagne.
tières
s'exprimer
Bismarck après
sa politique était
si
De
fait,
prononcé
le
caractère défensif de
et faisait
preuve de tant
de prévoyance, que cette politique pouvait presque sembler agressive
magne la
volonté de
grandes
Dans
au
reste
du monde. Les ennemis de l'Alleà Bismarck cette ambition
reprochaient encore
maintenir un
victoires
cette
:
état
de
choses que trois
prusso-allemandes avaient
tendance
consacré.
conservatrice, historiquement
jus-
tifiée,
-
72
Em-
parce qu'elle devait assurer l'avenir du nouvel
pire, les
rivaux de Bismarck apercevaient une provocation.
Et, lorsque le chancelier
allemand accomplit une de ses
actions les plus éclatantes, en créant une alliance avec
l'ennemi d'autrefois,
vaincu à Kôniggrâtz,
Etats n'étaient point consolés encore de
autres
les
ses précédents
succès.
Ainsi, la politique
marck, créa un état
d'alliances,
continu
de
inaugurée par Bismésintelligence,
d'un
caractère plus aigu. L'union de l'Empire allemand avec
Monarchie austro-hongroise éveilla, en consolidant une situation à peine établie, la méfiance de ses adversaires. Les Alliés ne s'en tinrent pas là, mais surent la
encore attirer dans leur Alliance un troisième Etat.
Nous avons
L'origine de la Triple-
Alliance.
(]
Bismarck
e 1870,
déjà vu plus haut, qu'après la guerre avait,
son g£ au rovaume
comme
troisième
dans ses premières combinaisons,
d'Italie,
non pas comme second, mais
membre d'une
Le congrès de Berlin
offrait
prendre contact avec les
Alliance dirigée par
lui.
une occasion favorable pour
hommes
d'Etat italiens, et Bis-
marck sut la mettre à profit, en demandant directement aux négociateurs romains, si la Tunisie, la « prolongation de la Sicile » ne serait pas agréable aux Italiens. Mais
les
négociateurs,
embarrassés de tant de bonté,
ne savaient que penser d'un cadeau qui
les aurait pro-
bablement précipités dans une guerre avec
Le peuple
italien
ne fut pas moins
peu d'années après, en 1881, la France
la France.
irrité,
établit
lorsque,
sur
le
-
-
73
un protectorat régulier et formel. Ainsi la Tunisie fut perdue pour l'Italie. Sur un nouveau point des côtes méditerranéennes, une Puissance étrangère faisait face à la péninsule italienne, et Bismarck haussait les épaules. Le Gouvernement se sentit singulièrement abondonné politiquement Crispi dut, bon gré mal gré, trouver des amis au jeune royaume, des amis, qui du reste attendaient, prêts au meilleur accueil. Le ministre italien savait, « que la route de Berlin passait par Vienne » Bismarck l'avait dit depuis longtemps, en faisant remarquer que l'Italie devait, là aussi, nouer sol africain
;
;
de meilleures relations,
l'Allemagne
donc
la
les liens
si
voulait renouveler avec
elle
d'une ancienne
première condition que
amitié. Telle
l'Italie
devait
était
remplir,
avant qu'elle pût jouir de la protection du puissant Empire allemand, et il en coûta beaucoup à ce peuple, de tendre la main au pays des Habsbourg, son vieil ennemi héréditaire. L'Allemagne et l'Autriche-Hongrie avaient bien dû aussi franchir un abîme pour se retrouver
;
mais
la
Prusse
était
alors
bérée de toute rivalité de la part de pire allemand et
à Vienne
raisons,
la
était créé selon
la
poignée de
l'idée
mains
bienvenue. Par contre
définitivement sa voisine,
li-
l'Em-
de ses fondateurs, fut,
l'Italie,
pour maintes
même
après
avoir gagné la Lombardie et la Vénétie, laissait en des
mains étrangères, presque un million de ses enfants, qui, au contraire des Allemands de la Monarchie danubienne, se trouvaient submergés par des populations étrangères et condamnés à l'impuissance politique. Ces Italiens qui, enclavés parmi des Allemands, des Croates
et
—
des Slovènes, restaient réunis à l'empire voisin
sommets, de quelques vallées
s'agissait de quelques
de quelques villes
—
il
et
troublèrent jusqu'en 1915 les senti-
ments réciproques des deux alliés, Jusqu'à ce qu'enfin, au bout de trentre-trois ans, se confirmât le mot de l'ambassadeur italien, le comte Nigra « L'Autriche et l'Italie ne peuvent être que des alliées ou des ennemies. » Elles furent d'abord alliées non par sympathie, mais par spéculation, non pas d'un cœur sincère, mais :
:
de mauvaise
Le
grâce.
traité
de Triple-Alliance,
aboutit sous sa première forme le 20
qui
mai 1882, en
est
Il
manquait de conséquence morale.
Un gouvernement
francophile dirigé par Cairoli, dut
une preuve évidente.
subitement faire place à un ministère Grispi de tendances germanophiles. Deux motifs décidèrent
principalement
du rapprochement avec l'Autriche-Hongrie, sous tronage
de l'Allemagne.
politique
extérieure
:
En
la situation
le
pa-
un motif de de l'Italie sur la Mé-
premier
lieu,
diterranée compromise. Jusque là et pas plus loin, pen-
sèrent les Italiens,
Tunisie
:
en
lorsque les Français s'établirent
même temps
les
en
ambitions italiennes visaient
Mais pour enrayer le développement de Gouvernement de Rome ne pouvait trouver
la Tripoli taine.
son
rival, le
d'appui plus
fort
que
l'Italie
aux deux Empires,
intérieure
:
en 1880-81,
veraineté du
lui
offrait
du nord.
en faveur de la réunion de était
un motif de
politique
la confraternité italienne, la
royaume sur
encore
chancelantes. Rien
solidité
à
l'édifice
qu'on
celui
L'autre motif, qui plaidait
le
territoire
sou-
romain, étaient
ne pouvait donner plus de
nouveau de
l'unité italienne,
que de
-
-
75
s'adjoindre deux personnalités de premier ordre dans la politique européenne, dans la société desquelles, l'impor-
tance de
Vienne
ne pouvait que grandir.
l'Italie
Lorsqu'en
Berlin furent conclus,
et
politique
menacé par
le
motif primordial de
en faveur d'une alliance,
intérieure
de plus en plus, parce que plus
Rome,
1882, les premiers accords entre
le
n'étant
arriver peu à peu
France, pouvait
la
disparut
Gouvernement royal
à dominer la papauté. Déjà s'agitaient, dans la Péninsule, des adversaires
convaincus de
la Triplice,
ture par trop artificielle leur paraissait
qu'en 1887, eut lieu
le
dont
la
na-
Lors-
suspecte.
renouvellement des accords de
1882, sous forme d'un traité définitif de Triple- Alliance, les
italiens
alliés
prétentions
leurs
firent
donc
porter
tout
le
poids de
de
la
situation
sur la consolidation
internationale du royaume. La Triple-Alliance devait assurer aux Italiens
:
1° leur qualité de
Puissance mé-
diterranéenne, 2° leur droit sur la Tripolitaine, 3° le statu
quo dans l'Adriatique et le renoncement de l'Autriche à son expansion dans la mer Egée, 4° le droit de donner leur avis dans les questions de politique balkanique. — L'on
On et
compte de ces désirs de
tint
n'a publié jusqu'ici
vu du
seulement
traité 1 .
de
que
l'Italie.
les
Triple-Alliance,
Cependant ces quatre
point instructifs, qu'ils méritent
articles et
i,
cela
articles
m,
iv
en 1915
sont
à ce
un examen plus appro-
fondi.
1
«
Documents diplomatiques concernant les relations de l'Italie du 20 juillet 1914 au 25 mai 1915.
triche-Hongrie avec
l'
»
AuLes
Le premier sens
stipule des obligations réciproques dont
nuances tombent immédiatement sous
diverses
les
-
76
le
:
Art.
Les Hautes Parties contractantes se pro-
«
I.
mettent mutuellement paix
dans
et amitié, et n'entreront
aucune Alliance ou engagement dirigés contre l'un de leurs Etats. Elles s'engagent, à procéder à un échange d'idées sur les questions politiques et
économiques d'une et se pro-
nature générale, qui pourraient se présenter,
de leurs propres intérêts
La
d'Etat sérieux.
les limites
».
précision serait-elle sacrifiée
langue ? L'on ne saurait
mes
mutuel dans
outre, leur appui
en
mettent,
le
Non,
à
beauté de la
la
supposer de la part d'hom-
sûrement avec intention
c'est
qu'on a enveloppé les décisions les plus importantes autres articles du traité de Triple-Alliance n'ont pas
que
la publicité, bien
Dans mini
3me
les alliés se soient transformés
la dernière étude qui :
La
cahier, 1916, Florence)
conclut
a paru sur
dans
Triplice Alleanza
non pas un
traité,
il
et l'Allemagne,
la
France
livrés à
la Triple- Alliance, (Salve-
Rivista délie Nazioni latine,
la
est affirmé
du
reste,
qu'en 1887, on
mais trois: l'un comportait
vellement et la prolongation du traité de 1882
litaine et
été
en adversaires.
;
le
renou-
l'autre, entre l'Italie
concernait les aspirations italiennes sur la Tripo-
une défense commune contre une attaque éventuelle de ;
le troisième entre
de l'Adriatique et de L'affirmation
la
Rome
mer Egée,
et
Vienne, réglait les questions
ainsi
que
celle
des Balkans.
de Salvemini n'a rien d'improbable en elle-même
en particulier la possibilité s'avère qu'entre
l'Italie et
l'Empire
;
alle-
mand, des arrangements spéciaux avaient pu être pris, dirigés contre la France. Car d'une part, ces deux Etats devaient alors protéger leur frontière occidentale, et d'autre part comme nous le
—
verrons plus loin
ques
—
les plus récentes,
ils
ont pris en considération, jusqu'aux épo-
une action
militaire
commune
contre la France.
dans
les
formules
les
77
-
plus imprécises. On
promet
se
paix et amitié, on ne concluera aucune alliance...
s'engagent qu'à échanger leurs
contractants ne
Et
;
les
idées.
ne se promettent assistance réciproque que dans
ils
les limites de leurs
d'idées»,
«
propres
intérêts.
Les mots
questions d'une nature générale
les limites de leurs propres intérêts »
»,
« et
échange «
prouvent plus
dans clai-
rement que tout commentaire, que les stipulations de cet article sont soumises, dans une mesure plus large encore qu'il n'est coutume, au libre jugement de chaque Si donc la convention ne contenait pas les germes
allié.
de toutes sortes de controverses, on pourrait presque dire qu'elle est sans valeur...
Art. III.
«
une ou deux des Hautes Parties con-
Si
tractantes, sans provocation directe de leur part, venaient
à être attaquées
et
à se trouver engagées dans une guerre
avec deux ou plusieurs Grandes Puissances non signa-
casus fœderis se présenterait simultanément pour toutes les Hautes Parties contrac-
taires
du présent
traité, le
tantes. »
De
cet article ressort,
en toute clarté,
le
caractère
défensif de la Triple-Alliance. L'Alliance de l'Italie avec les
deux Puissances centrales, étrangères de
partiellement opposées national, aurait
du
aux points de vue
reste fourni,
comme
races,
et
politique
et
Alliance offen-
un instrument bien imparfait. L'ensemble du traité qu'une solidarité très limitée, et combien prudente, le texte nous l'apprend suffisamment. D'après sive,
ne
laissait voir
l'article
m,
la
Triple-Alliance
ses forces militaires réunies,
que
ne doit mettre en jeu si
l'un des Alliés, sans
-
78
—
provocation directe de sa part, était
attaqué par
deux
ou plusieurs Grandes Puissances. Le D r Wilhelm Fraknôi n'a pas craint de déclarer: 1 « que ces conditions offraient, de toute évidence, les plus grands avantages à l'Allemagne, tandis que l'AutricheHongrie n'y trouvait qu'un grand préjudice». En
effet,
une attaque de deux Grandes Puissances n'appartenant pas à
Triple-Alliance,
la
ne pouvait se
concevoir ni
contre la Monarchie danubienne, ni du reste contre Il
aurait
Turquie,
fallu
que
la
Russie
se
pour mettre l'Autriche-Hongrie en
d'appeler les Alliés à son aide
;
Bien
attaque
plus
facile
par la
situation
une attaque de
France aidée de l'Angleterre,
par la
improbable.
l'Italie.
assister
fît
à
l'Italie
aussi
tout
était
concevoir,
était
une
de l'Allemagne par deux Grandes Puissances
;
l'Empire allemand en s'alliant avec la Monarchie danubienne, avait déjà prévu ce cas, à savoir
Français par l'ouest, des Russes par
:
l'invasion des L'article
l'est.
m
devait prévenir ce danger, tandis que les pays de Fran-
çois-Joseph restaient à découvert. Car, les
Puissances balkaniques auraient pu,
Puissances le
»
assaillir la
ou toutes
trois
comme
«
Petites
Double-Monarchie, sans amener
casus foederis pour les autres membres de la TripleGouvernement viennois n'aurait même
Alliance. Et le
pu invoquer
la
protection
de
l'Italie
,
si
la
Russie,
c'est-à-dire
une
à une
campagne. En août 1914, l'Autriche-Hongrie
telle
des Grandes Puissances, s'était jointe
Deutsche Revue. Stuttgart, Januar, 1916 p. 15. Nous trouet iv dans la publication français des articles i, l'Italie et la guerre actuelle » Grès & Cie, Paris. Pages 71 et 74. 1
vons «
le texte
m
-
79
-
en guerre contre la Russie
était
un
pour
agresseurs,
été les
du
ditions
traité
énoncées, pour
et la Serbie.
Supposons
que ces deux derniers Etats
instant,
n'en
il
d'après
résultait,
eussent con-
les
de la Triple-Alliance que nous avons
l'Italie,
pas plus que pour l'Allemagne,
l'obligation de prendre part
à
la guerre.
Par contre, Y ancienne Alliance conclue en 1879 entre Bismarck et Andrassy, qui stipule positivement une aide réciproque, au cas d'une guerre défensive contre Russie, resta naturellement en vigueur. Mais ceci
la
prouve encore plus clairement, que
l'article
ni du traité
de la Triple-Alliance, a été conçu dans l'intérêt de l'Alle-
magne
de peu d'importance pour
:
et
l'Italie
l'Autriche-
aux Allemands, au cas d'une attaque de l'est ou de l'ouest, non seulement l'aide déjà promise par la Monarchie danubienne alliée depuis 1879, mais Hongrie,
il
assurait
encore celle de L'article
l'Italie.
s'en
remet au
libre
jugement de
pour déterminer, dans chaque cas concret, pour décider «
si
l'on
du
donc combien traité.
»
il
de la part de cet
est facile d'éluder
La guerre présente a prouvé
ces questions, aucune appréciation
disons
membre
l'allié
l'agresseur
»
ne se trouve pas en présence d'une
provocation directe
çoit
«
même aucune
allié.
les
On
con-
obligations
que, dans toutes
certaine n'est possible,
appréciation
objective.
Chaque
de la Triple-Alliance pouvait s'évader sans peine
par une des petites portes latérales toutes prêtes. Art. IV. « Dans le cas où une Grande Puissance non signataire du présent traité, menacerait la sécurité des Etats de l'une des Hautes Parties contractantes, et que la partie menacée se verrait par là forcée de lui
— la guerre,
faire
deux autres s'obligent à observer une neutralité bienveillante. Cha-
les
à l'égard de leur
allié,
cune se réserve, dans ce si
elle
juge
le
avec son Ici
-
80
cas, de
prendre part à la guerre,
pour
à propos,
faire
cause
commune
allié ».
encore, seul l'état d'hostilité entre l'un des con-
tractants et
une Grande Puissance, impose une obliallié. Nous la résumerons en peu de mots
gation à son
c'est l'obligation
:
de rester neutre,
pas attaqué, mais
fait
doit être cependant
une guerre
si
l'un des alliés n'est
offensive, dont l'origine
une menace pour sa
sécurité. Il suf-
pourtant qu'une seule Grande Puissance
fit
posée. Si l'Allemagne fait alliés
resteront
Hongrie
fait
pour
le
moins neutres;
une guerre à
la Russie, la
s'impose à l'Allemagne et à
l'Italie.
lui soit op-
à la France, ses
la guerre
si
même
l'Autriche-
obligation
C'est pourquoi les
Puissances centrales durent se tenir tranquilles, lorsque les Italiens
entrèrent en guerre
contre les Turcs, lors
Quant à
la Double-Mopu avoir pour adversaire l'Alliance balkanique tout entière, sans que ses alliés 1 fussent le moins du monde contraints d'observer la neutralité — aucun des Etats balkaniques n'étant considéré comme
de l'expédition de Tripolitaine. narchie, elle aurait
Grande Puissance.
Nous arrivons
enfin
à ce
point
célèbre du traité
qui, plus tard, servit de prétexte le plus plausible à la
déclaration
de guerre
de
Personne ne s'étonnera de 1
l'Italie
cet
à
l'
Autriche-Hongrie.
avorlement des intentions
Sauf l'Allemagne en cas d'attaque contre son
vertu de la Double-Alliance de 1879. Voir page 69.
alliée,
et
en
_ originelles, lorsqu'il
—
81
aura pris connaissance de
l'extra-
ordinaire arrangement. Art. VII. « L'Autriche-Hongrie et objectif
quo
est de maintenir
territorial
l'Italie,
dont
autant que possible
seul
le
statu
le
en Orient, s'engagent à exercer leur
in-
fluence de telle façon, que toute modification territoriale
qui pourrait léser les intérêts de l'une ou de l'autre des
Puissances signataires du présent
Dans
traité, soit évitée.
ce but, elles se donneront mutuellement tous les rensei-
gnements qui pourraient aider à élucider réciproquement propres intentions,
leurs
Puissances. Pourtant, dans
nements,
le
ainsi le
que
maintien du statu quo dans
Balkans ou des côtes ottomanes tique et de la
en suite des
mer Egée,
des
celles
et
des
le
domaine des
îles
de l'Adria-
serait impossible, et que, soit
agissements d'une
tierce Puissance,
pour quelque autre cause, l'Autriche-Hongrie ou se
voyaient forcées de modifier
occupation
autres
cas où, au cours des évé-
le
temporaire ou durable
soit
l'Italie
statu quo, par
de
leur part,
une cette
occupation ne pourrait avoir lieu qu'après entente préalable entre les
deux Puissances. Cette entente reposerait
principe de compensations réciproques pour tous
sur
le
les
avantages territoriaux ou autres,
Puissances pourrait obtenir,
en
plus
que chacune des
du présent statu
quo, et qui devrait contenter les intérêts et les prétentions justifiés des
deux
parties. »
Cet article nous met sous les yeux un petit système de compensations, qui prévoit très
clairement et
assez
sûrement, pour deux au moins des Puissances contractantes,
un nouvel agrandissement de
territoire. Il est vrai, 6
-
82
-
ne s'étaient promis qu'en somme, les deux contractants traité de TripleLe » réciproques. que « paix et amitié - ne devait évident Alliance - ceci est maintenant générale et paix cette ou ne pouvait servir à maintenir civilisée, qu'une grande partie de l'humanité durable,
considérait déjà
bien acquis;
comme un
il
contenait au
questions litigieuses. contraire la substance de futures dans le terriprévoyait, défensive Ainsi, l'alliance |du statu quo par des Balkans, une modification toire
jour, les agisl'Autriche-Hongrie ou l'Italie, lorsqu'un quelque autre cause » sements d'une tierce Puissance ou « s'ajoutait encore une en fourniraient le prétexte. A cela rendait absolument qui malheureuse formule ambiguë, entre les vraisemblable inévitable une querelle par trop occupation temporaire de nou-
deux intéressés. Toute d'une entente veaux territoires, devait être précédée en 1914 on se querella au entre les deux Puissances mot « temporaire ». L'Italie sujet de l'interprétation du :
comme « temporaire » concevait l'occupation de la Serbie la clause des compensations, et réclamait l'application de de Vienne entendait par tandis que le Gouvernement choses semblable a occupation temporaire, plutôt un état de avant Bosnie-Herzégovine, celui qui avait été créé en avoir lui ne de alliée l'annexion. Pour reprocher à son pas put
Serbie, l'Italie connaître l'ultimatum adressé à la contractants, s'appuyer sur l'obligation des Etats
fait
contenue à
au sujet de
vu,
de s'éclairer
réciproquement
telles intentions.
que toute allianee présume la bonne formulation parfaitement des contractants, car une Il
foi
l'article
est évident
précise
et
inattaquable
inconcevable,
-
83
conventions à
des
établir
vu l'imperfection du langage humain
de son vocabulaire. Mais nous quelques années, ce
qu'il faut
savons,
est et
surtout depuis
penser de la
«
bonne foi » Il semble
des contractants pour arriver à la conciliation.
donc qu'on devrait, dans un contrat destiné soi-disant uniquement à parer des attaques étrangères, pouvoir éviter — et même si tout un catéchisme de mots était nécessaire à cet effet «
forcé
»,
aperçoit naire, et
- que chacun
à son gré. de modifier
des alliés pût se voir
le statu
quo, aussitôt qu'il
un objet de compensations à donner à son partequ'un conflit d'opinion presque inévitable sur ce
genre de questions, conduise finalement
à des compli-
cations guerrières.
De
telles
Alliances ne peuvent assurer
de l'Europe. Considérées
comme œuvres
la
sécurité
d'esprits supé-
non
le juriste ou l'homme politique, mais le simple mortel. Récemment, un savant allemand a prouvé que, 2000 ans déjà avant J.-C, les Babyloniens possédaient un code civil complet
rieurs, elles remplissent d'étonnement,
concernant
les
personnes, la famille et les obligations;
avaient aussi un code de procédure régulier. Les
ils
hommes
modernes fondent, 4000 ans plus tard, l'ordre politique, devrait autant qui que possible garantir la paix, sur des traités suspects, tant au point de vue juridique qu'au point de vue moral. La méfiance réciproque des alliés,
qui recherchent la
comment
«
paix
et
l'amitié », ne sait
se cacher dans ces documents.
Ce n'est que pour arriver à ce grave résultat, que nous avons dû nous arrêter si longtemps à l'acte de la
__
—
84
Triple-Alliance. Pour chercher, dans les textes de ce document diplomatique, les stipulations qui troublent une situation au lieu de l'éclaircir, qui créent des motifs de guerre au lieu de les écarter, qui fournissent des prétextes, au lieu de les éloigner. * *
La de
*
Sans doute, il faut convenir que malgré les creux Triple- e t les soutes aux poudres, l'édifice de la Triple-Alliance îance. eg res ^ i on gt em p S debout, maintenant la paix, ou mieux, commandant la paix. Les creux devaient s'effondrer les
politique la
j.
premiers, lorsque la puissante forteresse se mit à cracher
son feu. Tant que la Triple-Alliance put braver chacun de ses adversaires, en faisant valoir sa prépondérance, les
Du
canons se turent
et la structure
intime resta intacte.
dehors, l'on ne pouvait remarquer les faibleses des
fondements, puisque
le traité
de Triple-Alliance était resté
Les autres Puissances ne savaient rien de
secret.
forme des obligations réciproques, mais
elles
la
ne pou-
vaient soupçonner
que
che-Hongrie
non seulement n'écartait pas mais au contraire, que l'article vu,
et
l'ancienne rivalité,
désormais célèbre, avait
été
l'état
d'alliance entre
l'
Autri-
l'Italie,
l'établissait, la sanctionnait,
réciproquement envisagée dans
et qu'elle
l'éventualité
future d'une politique de force en Orient.
Du le
dehors, l'on ne pouvait donc percer ces secrets
dernier
ouvrage
du
prince
de
Bûlow nous
;
fera
connaître l'esprit qui régnait à l'intérieur du temple de la Triple- Alliance.
Deutsche
*
Cette
Politik, p.
69
œuvre souligne que et suiv.
les trois
-
-
85
Grandes Puissances de l'Europe centrale
s'étaient alliées
pour réaliser leurs vastes buts de politique continentale,
mais qu'elles s'étaient réservé
de poursuivre
la liberté
leurs intérêts nationaux particuliers. «
Le
traité
de Triple-
Alliance ne devait pas être la fauchette qui empêcherait
expansion, sans un motif de force majeure
la libre
par contre, contre
Biilow
laquelle,
désigne
le
même une
comme
habile
«
»
une puissance
diplomatie,
n'aurait
pu pousser aucune autre puissance pour défendre des intérêts lointains, contre laquelle
osé engager
rait
la
lutte,
aucune Puissance n'au-
à moins
d'une question de vie ou de mort. Il
tabilité
ne se fût agi
qu'il
»
y a longtemps que nous avons enregistré de l'équilibre maintenant, nous ne voyons ;
l'ins-
même
plus cette volonté, qui avait exigé son maintien pendant
demi
d'un
plus
Nous avions reconnu dans
siècle.
les
projets de Bismarck, le caractère défensif de la Triple-
Alliance,
maintenant
servèrent les alliés l'Alliance était-elle
la
« libre
expansion
nous déconcerte.
A
»
que se
ré-
cette question
un instrument de paix
? la
:
réponse
n'est pas douteuse. C'était
fermeté,
une association de Puissances
pouvait imposer la
Ses adversaires,
même
tranquillité
par sa
qui,
autour
les plus acharnés, n'ont
d'elle.
pas douté
de la loyauté de cette intention. Mais jamais une puis-
sance
excessive
n'a
pu braver
longtemps
le
malaise
de son entourage. L'Alliance des trois Puissances ses
déclarations
guerre entre la
a,
par
non seulement favorisé la Monarchie danubienne et l'Italie, mais formelles,
encore, par la situation effective qu'elle
a créée,
elle
a
-
—
86
déchaînement de
contribué au
conflagration univer-
la
selle.
La
remporta son premier grand où l'Empire allemand cherchait à
Triple-Alliance
succès à Algésiras,
imposer quelques restrictions à
politique
la
française
au Maroc. Comme il appartient surtout à l'Allemagne d'avoir provoqué la rencontre des Puissances et d'avoir triompher, en partie, la volonté des Puissances cen-
fait
nous pouvons
trales,
que
nous contenter de constater
ici
l'Autriche-Hongrie
— comme
et
récemment, dans son
plus
—
livre
chancelier,
le
au Reichstag
et,
le
prince de Biilow, en a convenu alors
aussi
fidèlement escorté leur alliée et rendu services.
minés
L'Allemagne
et
ont
l'Italie,
ainsi de
grands
à ses intérêts bien déter-
qui, grâce
à ses relations politiques,
put
parler
à
la
conférence internationale avec une autorité toute particulière,
triompha des aspirations françaises, de l'acrimonie
anglaise et de la résistance plutôt formelle de la Russie. Si le succès matériel fut de peu d'importance, le succès
moral
fut
indubitable
au point de vue de succès de
France
se
il
Triple-Alliance.
la
a avoir amené devant la
;
la politique
et
causer seules
le
considéré
comme un
consistait
avant tout
forum du Concert européen,
l'Angleterre,
de la
Il
présentait,
européenne,
qui
à
l'origine,
politique africaine.
voulaient
Le prestige
et
la signification de la Triple-Alliance toute entière furent
augmentés par
les protestations
que
fit
entendre l'Empire
allemand. Bientôt une
au sein de
la
occasion devait se présenter, toujours Triple-Alliance,
de reconnaître par un
— autre service, l'aide
-
87
apportée par l'Autriche-Hongrie à
allemande d'Algésiras. Ce fut en 1908,
la politique
lors-
que l'empire des Habsbourg annexa formellement provinces
de
Bosnie
la
les
et de l'Herzégovine, occupées
depuis 1878. Cette incorporation de territoires, occupés depuis trente ans au prix
le
de grandes dépenses
et
en
économie politique heureuse, représentait
raison d'une
premier pas vers l'Orient, que
la
Monarchie danu-
bienne put accomplir, sous la protection de son puissant
Les
allié.
fortement intéressés dans les Balkans,
Italiens,
protestèrent immédiatement.
de
de
Triple-Alliance,
la
Mais
l'article
au
l'existence,
sein
des compensations,
explique aujourd'hui mieux qu'alors, l'attitude conciliante
qu'adopta entre
à la suite de
l'Italie,
Rome
et
le
d'Autriche-Hongrie
:
conversations fécondes des
ministre
étrangères
affaires
baron d'Aehrenthal.
le
L'Empire allemand se souvint que, depuis son propre avenir voisine.
Persuadé
était lié
assisterait
son
chancelier
allié
avec une
en puisse résulter.
tout
particulier
sentit
que, était
hésitations, tête...
on La
la
de la
force
allemand proclama fidélité
Cette parole
absolue projeta
qu'il
—
quoi
un
éclat
1
sur l'édifice de la Triple-Alliance
derrière
ces
à sa place
;
murailles,
on devina, posé
l'Italie
avait
aussi
que
cette
audacieuse
vit
1879,
de la Monarchie
aux yeux désap-
une preuve de
le
qu'il
alliés
la destinée
qu'il fallait fournir
probateurs de l'Europe, Triple-Alliance,
à
célèbre « Nibelungentreue
».
chacun
des
:
on
trois
qu'après quelques le
casque sur sa
démarche
de
la
—
-
88
Double-Monarchie n'avait pas
mais
au
l'avait
En
face de ce bloc,
y avait une « entente aux intérêts en partie
il
Puissances
entre
caire,
Triple-Alliance,
effrité la
contraire, consolidée. » pré-
diver-
un Royaume de Serbie qui ne pouvait s'opposer Gouvernement viennois,
geants,
effectivement à l'acte politique du et enfin la
ferme volonté, répandue sur tout ne pas faire
européen, de cation du
statu
quo dans
continent
le
guerre pour une
la
modifi-
Balkans. Parmi tous
les
Etats adverses, ce fut la France qui se résigna
les
plus
le
facilement à une solution pacifique en faveur des Puis-
sances centrales
par contre, Londres laissa percer sé-
;
rieusement sa mauvaise humeur, grie dans
De
les
Balkans,
qui
bouda
Grande-Puissance ne
cette
fait,
sous la menace
du poing levé de
La Monarchie danubienne conserva vinces cours,
le
l'
Autriche-Hon-
plus
mais
il
La
paravant.
Triple-Alliance.
la
ses
nouvelles pro-
était plus agité, plus
Triple-Alliance
;
suivante
disposition d'esprit
la :
d'une part,
qui
son
bouillonnant qu'au-
avait donné
témoignage de son autorité peu commune, sauvée
longtemps.
soumise que
s'est
fleuve de la politique européenne reprit
le
;
fut la Russie,
ce
et
gardienne des intérêts slaves, rivale de
un nouveau la paix était
subsistait,
était
la
de l'orgueil et de la satisfaction,
de l'autre, une fureur contenue.
De nouvelle faible,
tels
contrastes naissent
situation
que ce
soit
est
toujours,
imposée par un
lorsque une
parti
au plus
par des moyens pacifiques ou
belli-
queux. Malheureusement ces contrastes sont rarement pris
en considération,
et leur influence
sur
le
futur état
—
pas effrayer
ne paraît
de choses,
satisfaire leur
-
89
que
volonté, bien
les Etats qui ont
oppositions
les
pu
artifi-
ciellement créées, contiennent précisément les germes les plus dangereux de guerres futures. Si l'on se
quelques
événements historiques,
que
tels
remémore transfor-
la
mation de l'Europe par Napoléon, certaines résolutions
du congrès de Vienne ou Balkans,
le
dans
slave
politique
la
sort de l'Alsace-Lorraine, et enfin la
les
réali-
sation autoritaire des prétentions indubitablement justifiées
de l'Autriche-Hongrie dans la crise bosniaque, on a l'impression que la politique des Etats cherche toujours le
succès immédiat.
Que
le
Gouvernement qui
se con-
agit,
met parfois mais ne cherche jamais créer un état de en mains, à tente
certain de
choses qui,
durablement façon permanente cilie
que
aux
qu'un
de la garantie
opposés
prennent
dangers qu'offrent leurs
souvent
même
qu'ils
le
décisions, et
d'une
et résolve
problèmes en suspens.
les
gnards à la possibilité d'un orage
Lors
lui
l'approbation universelle, récon-
les intérêts
les dirigeants
succès
tel
Il
semble
même
plaisir
que
les
monta-
à l'insécurité du sentier.
ne cherchent pas de prime abord une
solution belliqueuse,
il
répugnance à employer
leur
manque en
la force des
général
cette
armes, cette horreur
de la guerre, qui, après les terribles expériences de notre génération,
former
devrait
— mieux
vaut
jamais
—
la caractéristique essentielle de toute responsabilité
politique.
La
garantie
de paix qu'offrirait
répugnance instinctive du moyen de plus
tard que
sûre, parce qu'elle devrait
commmune,
et la
une
la guerre,
reposer sur
pareille
serait la
la volonté
plus naturelle, parce qu'elle répondrait
—
—
90
à la mentalité de l'homme moderne. Et cependant,
hommes
peuples et les
les
apportée, l'amour-propre ne
permettait pas
le
propre ne supporte pas un état latent,
monde
le
voquent
A
tôt
ou
vue, nous devons attacher
ce point de
la
crise de
avec allégresse
Le prince de Bulow paraît qu'en 1916,
il
que
la solution
Le puissant Empire allemand, cerné, nota
que
tivement la
pro-
l'annexion, en
1908.
qui se sentait toujours
succès de
le
la plus
sa diplomatie.
s'en réjouir longtemps, puis-
nous rappelle
qu'il
l'issue de la crise
fin
le
la Triple-Alliance
y a 8 ans, aucune
Puissance n'avait envie de se faire rompre autrui, et
ou
tard.
triompher pendant
les os
pour
bosniaque marquait
effec-
de la politique d'encerclement d'Edouard
Mais ceux qui ont
vu.
l'amour-
;
veut des succès,
politique, l'emploi de la force
grande importance à fit
il
succès supposent, en raison des volontés opposées
et les
dans
les
d'Etat ne l'ont pas encore
été
témoins des années 1914,
1915, 1916 et 1917, ne pourront plus
se
contenter de
que l'Allemagne d'alors pouvait tenir dragée haute aux adversaires de la Triple-Alliance,
cette consolation,
la
tandis qu'il se passait à Vienne quelque chose qui menaçait
de séparer, dans l'avenir, l'Europe en deux camps. Cette solution avait le
là,
défaut de ne pouvoir être définitive.
Enfin, nous devons encore établir qu'à ce
moment
une politique qui
s'écartait
la Triple-Alliance a suivi
visiblement du principe conservateur de son fondateur. Il s'agissait,
dans
en
effet,
Balkans,
de
fortifier la situation
de l'Autriche
y avait bien quelques raisons plausibles de prendre cette résolution. Mais la Tripleles
et
il
-
—
91
Alliance se mit à agir avec
une singulière énergie,
les adversaires savaient bien
où tendait
soudainement
l'Autriche-Hongrie
l'Italie.
de
renforcée
on
Jusqu'alors
des deux Etats,
et
compté
avait
maintenant on
les
ment unis que jamais, marcher sur et
sur
la
Aucun homme
n'a
pu
l'Albanie.
sérieux
qu'ils s'étaient acquittés de tout leur
Balkans
allié
les
programme
depuis longtemps déjà leur voisin et
allemand, leur avait assigné
Tandis que
de
à ce
croire,
dans
;
Salonique
direction
moment, les
rivalité
la
la route de
dans
de
et
plus forte-
voit,
longer la côte de l'Adriatique
et
politique
cette
champ
ce
Allemands savaient s'attacher
de la Turquie et que les
d'activité.
l'hospitalité
banques de Vienne
et Berlin
souscrivaient à l'emprunt ottoman, on esquissa les plans
du chemin de
Bagdad, projet d'une
fer de
qu'il fallut bien aussi lors, les
Puissances
désir de
s'établir
en conférer avec ne
Centrales
cachèrent
solidement en Orient,
de leur avenir économique de Potsdam de 1910,
offrit
et
politique.
plus
dans
Dès leur
l'intérêt
La rencontre
aux Gouvernements allemand
une occasion de s'expliquer,
et russe
portée,
telle
la Russie.
qui,
en présence
des futurs projets de la Triple-Alliance, et en considération de la disposition d'esprit créée par la crise
niaque, était indispensable
l'on
si
voulait
bos-
conserver la
paix. C'était sans
Alliance
;
aucun doute,
les garanties
de paix
renversées, mais consolidées
—
l'intention de la
ne
devaient
»
être
cependant ces garanties
reposaient sur l'autorité de forces supérieures.
expansion
Triple-
pas
La
« libre
des Puissances de la Triple-Alliance, s'effec-
—
—
92
tua donc tout en maintenant en Europe une paix stable. L'Italie eut aussi
son
Tripolitaine. Elle
récolta
tour,
et
ainsi
les
de Triple-Alliance. Or,
traité
cette
s'établir
en
meilleurs fruits
de
enfin
en 1887
cette politique qui préconisa
du
put
les
prolongement
le
hommes
d'Etat de
époque avaient bien raisonné. Sans devoir renon-
cer à ses projets,
sans
se refuser les quelques
de valse supplémentaires
»
que
l'Italie
latin, le
sur-
poussée aussi
Royaume
jeune
tours
se permit,
tout sous l'influence de l'Angleterre mais
par son tempérament
«
était resté
sous la sauvegarde d'un groupe de Puissances, dont la politique ne connaissait plus l'insuccès.
Après de
si
heureuses expériences,
pacifique, qui
imposé
avait
la
en
s'agissait,
il
renouveler la Triple-Alliance.
1912, de
Cette
conférence
Alliance
d'Algésiras,
qui avait couvert de son bouclier l'annexion de la Bos-
nie-Herzégovine,
permis à
avait
l'Italie
au Maroc
Tripolitaine, surveillait les Français
;
et
avait
sans peine une vaste politique d'expansion en
préparé Orient
de passer en
cette coalition, qui
réussit
pendant trente ans, à tenir en
sans exceptions
échec toute
et
opposition,
devait continuer d'assurer la paix en Europe et la prospérité de
La
chacun des
Alliés.
Triple-Alliance fut renouvelée en 1912, et
ma-
nifestement, sous les auspices les plus favorables. C'est en Italie
que
l'on
montra
le
moins d'enthou-
siasme, parce que la plus grande partie de tion sentait le défaut nait la péninsule
Alpes, et parce
la
popula-
moral d'une Alliance qui enchaî-
à l'ennemi
héréditaire
d'au-delà
des
qu'une attitude de méfiance vis-à-vis
-
93
de la France,
désormais
liée
toujours plus
dangereuse.
Triple-Alliance,
à l'Angleterre, paraissait
Bien
à
la
son amitié
à
qu'elle appartînt
maintenu
avait
l'Italie
l'Angleterre, en tant que
puissance maritime, et devait
persister dans cette voie,
si
elle
de guerre, d'exposer ses vastes côtes à flotte si
redoutée.
France
n'était
Une
plus
en cas
voulait éviter,
l'artillerie
de la
politique de précaution envers la
guère admissible,
présence de
en
ces relations de prudence et de sympathie avec l'Empire
britannique. Personne ne doutait du dilemme dans
le-
quel l'Italie se débattait alors, et moins que personne, M. Camille Barrère, l'ambassadeur de France à Rome, qui,
pendant
quinze ans qu'il passa à la cour d'E-
les
manuel m, n'assigna d'autre but à son détacher
l'Italie
Malgré quelques conventions
l'Entente.
que de
activité
de la Triple-Alliance, pour l'attirer vers
que
l'éminent
diplomate avait pu signer à Rome, spécialement en 1898 et
en 1900,
et qui avaient
considérablement diminué la
méfiance que la France avait de la nation sœur, quel-
ques années avant
la
homme commençait
à pâlir;
vernement
italien
la Triple-Alliance.
de
guerre mondiale, car
le
l'étoile
vaisseau
de cet
du Gou-
naviguait toujours dans les eaux de
Lorsqu'à la
fin
de 1912
San Giuliano célébra une nouvelle
le
marquis
fraternisation
et Berlin, Camille Barrère passa, aux yeux du monde diplomatique, pour un ambassadeur qui avait échoué dans son œuvre à cette époque tout le monde
avec Vienne
;
s'attendait à ce qu'il fût rappelé de
La une
fois
Rome.
force irrésistible des Puissances Centrales, avait,
de plus, triomphé du cœur d'un Gouvernement
-
—
94
qui avait besoin de sécurité,
et,
malgré toutes
les autres
considérations qu'il avait à prendre, resta fidèle à l'an-
nouveau document
cien état de choses. Lorsque le signé, la Triple-Alliance
fut
à l'étude de
put se remettre
ses buts pratiques. Il
semble que la convention de 1912 revêtît un ca-
ractère particulièrement intime et des plus significatifs car,
pour
un arrangement eut où
l'Italie,
allemand
l'Empire
entre
lieu
;
existait,
et
l'on envisageait des opérations militaires, et
cela contre la France.
que
que l'Alliance
la première fois depuis
On
les services pratiques
en Allemagne,
avait trouvé
que
rendait à l'union
l'Italie
des trois Puissances, étaient absolument insuffisants en
regard des avantages que la Triple-Alliance offrait aux Italiens. elle
Après trente ans
était
1913, l'Empire
tions stratégiques et autres, et en
mand envoya à qui, bien caché
cet effet
dans un grand palais de
au
sujet
d'une
L'Allemagne
d'opérations
action
commune
contre
culier prévoyait-il ?
Nous
le
ministre des
coordonnées, la
France.
était-il lié
Faisait-on
la Ville Eter-
chef d'état major
le
et l'Italie s'entendirent
militaires
hypothèses cet arrangement défensifs ?
avec
général Pollio, ainsi qu'avec
affaires étrangères,
alle-
à Rome, un plénipotentiaire
nelle, eut différents entretiens italien, le
mutu-
d'intimité, la confiance
assez solide pour permettre de parler de ques-
des
n'en savons rien
;
?
cas
quelles
Quel cas
projets ce
A
au
parti-
offensifs
ou
que nous savons
permet uniquement d'affirmer qu'au commencement de 1913, c'est-à-dire peu avant la débâcle, la Triple-Alliance avait atteint sa forme
la
plus solide,
en ce sens que
-
-
95
deux des Alliés avaient complété leur accord politique par un accord militaire. Quels rêves lointains caressaient alors
hommes
les
animaient
les
d'Etat
avait déjà posé une de se
fortifiait
contre
espérances
quelles
italiens,
lorsque l'Aigle à trois têtes, qui
Alliés,
ses serres
France ?
la
caché, aujourd'hui tout
sur
particulièrement,
africain,
sol
le
ce
c'est
nous
qui
sous
est
voile
le
du plus profond mystère.
Entre
temps,
monde.
quitté le
Marquis
le
Or,
San
de
déjà avant sa mort,
Giuliano le
La fin a vaisseau de la Triple-
imperceptiblement son ancre,
d'Etat italien levait
pour
quitter bientôt le port de la Triple-Alliance. C'était tou-
jours en 1913. Encore une fois la Triple-Alliance maintint
solidement son
bloc,
lorsque
première
la
balkanique apporta aux Puissances Centrales
guerre
la surprise
d'une victoire sur la Turquie, leur amie.
Ce tits
résultat imprévu,
des Puissances,
que
si
heureux
fût-il
pour
les pe-
peuples des Balkans, exigea l'intervention des Gran-
le
qui auraient souhaité
une autre issue
raffermissement du Monténégro, de la Serbie
et
de la Grèce. Réunis en conférence à Londres, les gardiens européens cherchaient
le
moyen d'empêcher que
Ottoman fécond en promesses, ne fût trop fortement émasculé. Avant tout, on formula le vœu que
l'Empire
l'Albanie, arrachée
à
la Turquie,
ne
soit
entre ceux qui aspiraient à sa possession,
pas partagée
mais devînt
un Etat indépendant, dont
la capitale serait Scutari.
Triple- Alliance
comme
avait
pris
prétexte
principal
La à
1£»ice.
— exigence,
cette
nationalités, qui
formule
« les
le
—
96
brillant
argument
du principe
des
dans
devait trouver sa réalisation
Balkans aux peuples balkaniques
»
la
dans
toute la presqu'île, sans trop s'occuper des résultats de
Ce souhait ne manquait donc pas de logique.
la guerre.
L'Albanie,
autonomie
qui n'est et
serbe
ni
ni
grecque,
aurait son
son Prince, au lieu d'être distribuée à droite
à gauche. L'Autriche-Hongrie évitait ainsi un accroissement de l'importun voisin serbe, et l'Italie était heu-
et
reuse de pouvoir empêcher que la
côte
avec son port de Valona, tombât entre la Grèce. L'Italie se
fit
solidaire de la
sud-albanaise les
mains de
Monarchie danu-
bienne, contre l'abandon de Scutari au roi du Monténégro.
Les intérêts de que
famille
Nicolas tarie,
le
;
si
le
roi
placés au-dessus des égards
Emmanuel
devait à son
Monténégro ne put obtenir
ardemment
une
la Triple-Alliance furent, après
courte lutte intérieure,
beau-père
la ville de Scu-
non
Elle ne devait pas
convoitée.
de
plus échoir au vainqueur, après qu'Essad Pacha eut aban-
donné aux troupes de Nikita, la forteresse ottomane une tragique destinée que
qu'il avait défendue. C'était le
monde
beaucoup de sympathie;
entier suivait avec
Monténégrins durent rendre quise.
Même
scène
comme
tent à
les
la ville qu'ils avaient
Puissances Centrales assistaient à cette
des parents qui, malgré ses
:
soumet-
le
principe
fît
la
l'enfant dut obéir et souf-
La Conférence de Londres
des Empires Centraux, d'après
cris,
une opération leur enfant sans défense. Mais
Triple-Alliance était d'accord frir.
les
con-
se pliant
aux exigences
respecter cette volonté, et cela,
politique,
qui
exige
que
dans
la
— mère
patrie, l'opinion
tion.
Gomme
Alliance,
pour
-
97
publique manifeste son approba-
souligner
la presse italienne
la
une campagne vigoureuse
époque,
sans parler des journaux allemands
appuyaient
qui
d'une voix
La
de la Triple-
solidité
mena, précisément à contre et
la
cette
France,
austro-hongrois,
Gouvernements sans réserve
leurs
et
forte.
résistance à la politique de la Triple-Alliance de-
néanmoins sérieuse moins au sein des Gouvernements de l'Entente que chez les peuples. On cherchait vint
;
en leur faisant comprendre
cependant à
les tranquilliser,
combien
auraient tort de s'alarmer
pour une cause au point de vue de la politique européenne. Le Gouvernement britannique n'avait jamais eu beaucoup de sympathie pour la Serbie *, et les soucis du si
ils
insignifiante
Monténégro ne parvenaient pas à exaspérer les Anglais. Le peuple français n'aurait pu davantage se rassembler autour du drapeau pour ces problèmes balkaniques, le
Gouvernement russe
et
s'efforça d'étouffer des cris d'in-
dignation, qui n'étaient pas en rapport avec l'opposition
que
la
liance.
Russie comptait soulever contre la Triple-Al-
A
Puissances
la
Conférence
Centrales
de
furent
Londres,
les
donc exaucés.
vœux Ce
fut
des la
dernière victoire de la Triple-Alliance.
La première guerre des
peuples balkaniques,
une guerre de libération contre 1
Après l'assassinat du
en 1903, l'Angleterre avait
roi
la
fut
Turquie. Dans la se-
Alexandre
et
de
même rompu, pendant
la reine
Draga,
plusieurs années,
ses relations diplomatiques avec la Serbie, pour lui témoigner son
mépris, les assassins n'ayant pas été poursuivis par le Gouverne-
ment du nouveau Roi. 7
—
—
98
conde guerre, par contre,
on se
pour savoir à
battit
qui appartiendrait la suprématie dans la
couée par l'orage, ou pour parler
le
tique, de quelle façon serait établi
«
En
alliés.
La
fois
au voisin serbe de
sous les
décision intervenue dans
deuxième guerre balkanique,
une
l'équilibre ».
la Bulgarie était terrassée
août 1913,
coups de ses anciens la
péninsule se-
langage diploma-
parut
encore
assurer
Monarchie des Habs-
la
bourg, un surcroit de puissance. Depuis longtemps déjà,
Double-Monarchie se voyait à ce point menacée
la
qu'une guerre contre
par la tournure des événements, la
Russie,
de
protectrice
Serbie,
la
danger permanent. Lorsque dans le roi
juillet,
Emmanuel
d'Allemagne à Kiel, danger de
et
à l'Empereur
que
satisfaction,
de
En ces comme
leur Allié.
jours d'été, la Triple-Alliance fonctionna encore
instrument de paix, et la rencontre de Kiel
allemande, dans
le
:
même «
ce
encore par l'intercession
Berlin auprès
de
un
européennne tout entière
une grande
était éloigné cette fois
Rome
constituait
premiers jours de
faisait visite
la presse
avec
reconnu,
avait
m
les
le
«
Temps
une plus grande
»
attendait de
cordialité italo-
but de résoudre les dernières ques-
tions orientales restées en suspens, et d'assurer la paix
en mettant un frein à la rivalité austro-russe
»
x .
Et en
Autriche, l'on était fier du succès de la Triple-Alliance, qui, toujours
plus
étroitement unie,
le
danger
cette
humeur
bravait
d'une guerre universelle.
Quels événements sont venus changer pacifique? 1
Ou
quels secrets cherchait-elle à cacher? Ce
Le Temps du 4
juillet 1913.
—
—
99
décembre 1915,
n'est qu'au cours de la présente lutte, en
que l'ex-président du conseil des
ministres
après, l'Autriche-Hongrie
conçu
avait
italien
fit
ou peu de semaines
connaître qu'à cette époque déjà,
d'une
projet
le
campagne contre la Serbie. Une demande du Gouvernement viennois, trouva le marquis de San Giuliano et M. Giolitti parfaitement décidés à refuser la participation de l'Italie à une semblable entreprise. L'Autriche-Hongrie resta, peut-être avec l'Allemagne,
d'arrêter la marche....
ou de
méraire de chercher à percer encore ces
événements
un
;
;
différer?
Il
le
brouillard qui recouvre
seul
est
fait
Triple-Alliance s'est désagrégée à la fin Elle s'est désagrégée
oublieuse des buts et
de
Vienne dans
nubienne. C'était trop à la fois
cienne rivalité Alliance.
Les aspirations
l'Italie
:
la
1913.
;
une
Rome
de
en
Monarchie da-
telle
intention con;
elle
ne con-
bonne harmonie, mais réveillait l'ansommeillait au sein de la Triple-
Le
la paix.
pouvait amener sur
que
té-
qui
de
trariées, elle fut désillusionnée
en faveur de
l'été
exécuter
voulut
tout entier de la
duisait plutôt à la séparation qu'à l'union tribuait pas à la
certain
de
de la politique
Balkans,
les
programme
Orient, le
serait
où l'Autriche-Hongrie,
à l'heure
communs
on décida
Salonique
la
route de
peut-être seule, sur la
le
paraissaient
l'Italie
dans ses
projet
de
con-
efforts constants
l'Autriche-Hongrie
terrain ceux de ses adversaires
craignait le plus. Elle refusa de suivre.
Ainsi se détachèrent, sans que
le
monde
les forces réunies de la Triple-Alliance,
avant que se déchaînât
le
s'en doutât,
à peine un an
prodigieux conflit auquel nous
assistons, entre les groupes des Puissances européennes.
-
—
100
Combinée en vue de protection réciproque par le développement d'une politique commune, la Triple-Alliance perdit l'un de ses membres au moment critique. La diplomatie
de
chasser les
son
encore
prêta
l'Italie
Serbes de l'Albanie,
concours
Athènes sous une forme menaçante, l'Epire
ses
—
propres
tout
dans
les
Balkans
devait pas davantage obtenir le sud de la
Serbie
Mais plus à
débouché
son
vers
la
la
:
sphère
de
Grèce
ne
que
l'Albanie,
mer
la
de
l'évacuation
encore
concernait
ceci
intérêts
pour
pour réclamer à
et
Adriatique.
où l'Autriche-Hongrie cherchait à solutionner, selon un ancien programme, des questions l'est,
internationales
de
haute
plus
la
importance,
l'Italie
refusa son aide.
L'Empire allemand seuls,
fumants des Balkans,
le
l'Autriche-Hongrie restèrent
et
champs de
bataille encore
vieux drapeau
de la Triple-
pour maintenir sur
les
un Allié la Roumanie. Là, il semblait encore à la fin de la mémorable année 1913, qu'une nouvelle constellation pourrait surgir qui, peu à peu, se révéla distinctement comme une nouvelle image politique Pour pouvoir combattre la Serbie et la Grèce, la Alliance. Ils avaient là depuis trente ans,
;
:
Bulgarie, la protégée
de la Monarchie danubienne, dut
abandonner, en Thrace,
les territoires
arrachés à la Turquie.
Les
Turcs,
qui
qui
avaient
avaient
été
suivi
avec anxiété celte dernière phase de la confusion balkanique, se mirent aussitôt
Andrinople. et
Demotica,
Lorsqu'il le
eut
en
devoir de
retourner à
recouvré encore Kirkkilisse
Gouvernement Jeune-Turc
se réconcilia
— avec l'adversaire bulgare
à
restitution
va sans
cela
cueillie,
à Berlin. Par contre
la Bulgarie qui, de ce fait, se
l'avenir, tourner
frontière
regards
ses
ac-
trouva
orientale,
dut,
Macédoine,
vers la
où pouvaient tendre encore
seul pays
fut
une vive satisfaction
avec
dire,
La
destinée.
l'âpre
territoires arrachés,
amputée à sa
définitivement
dans
avec
et
Turquie de
la
—
101
aspirations
les
bulgares.
naquit une
Ainsi
communauté
certaine
d'intérêts
entre Bulgares et Turcs, sous l'œil bienveillant de leurs
protecteurs et conseillers
l'Autriche-Hongrie et
:
l'Alle-
communauté d'intérêts tendait vers l'Ouest, pouvaient encore demander des restitutions et des
magne. Et
cette
où ils compensations à ces peuples balkaniques, qui vaincus tour à tour.
Une
les avaient
prochaine Alliance entre la
Bulgarie et la Turquie devait réduire à néant les con-
Bukarest
ditions de la paix de
garie
et
de
la
Serbie
;
plaçait
l'hostilité le
roi
de la
Bul-
Ferdinand
de
Cobourg du côté de l'Autriche-Hongrie, tandis que la Turquie se trouvait déjà depuis longtemps sous l'aile tutélaire de l'Allemagne.
Non
seulement leur
vieille
amitié et les devoirs in-
hérents à leur alliance, mais aussi des intérêts
engagèrent
les
jamais leur intimité. Leur Allié eux,
par contre
avaient pu.
La
ils
avaient
italien
politique orientale de la
perdu pour
Triple-Alliance
nouveaux arbres durent-
déjà au cours des années suivantes,
de la guerre mondiale.
était
sauvé en Orient ce qu'ils
avait jeté des racines; aussi, les ils
communs,
Puissances Centrales à resserrer plus que
braver l'orage
LA TRIPLE-ENTENTE A
L'Alliance
une époque, où
franco-russe. sibilité
de vivre
sant leurs
ne concevaient
les Etats
la pos-
paisiblement côte à côte qu'en
forces, le
principe
de
égali-
répondait
l'équilibre
mal aux conditions générales de la vie. grands événements de 1870-71, on appliqua ce
tant bien que
Après
les
principe à la nouvelle période d'évolution de la politique
européenne, inaugurée par Bismarck.
Lorsque fonctions,
il
traité parfait
le
premier chancelier allemand résigna ses
légua à son successeur, non seulement de la Triple-Alliance, mais encore
le
le traité
la Russie. L'Empire allemoment, de nombreuses dispositions qui garantissaient sa sécurité. Sans parler de
de Réassurance conclu avec
mand
possédait donc, à ce
la Triple-Alliance,
il
attaque de la part d'une
assuré de la neutralité de paix,
le
Or,
la
du moins, fortement le
le
cas d'une
Puissance étrangère,
il
était
Russie, et en temps
Gouvernement russe
comme nous
dans
:
restait
nouvel arrangement avec l'Allemagne ter était,
convention
retira de cette nouvelle
avec la Russie un double avantage
;
enchaîné
de
à ce
sa liberté de trai-
limitée.
savons déjà,
le
deuxième chance-
comte Caprivi, ne renouvela pas, en 1890, le traité de Réassurance. Bismarck lui-même a sévèrement blâmé
lier,
cette
omission de son successeur,
et
montré que ce non-
-
—
103
renouvellement, provoqua automatiquement la conclusion de l'Alliance franco-russe. L'on ne saurait mettre en lu-
mière d'une façon plus péremptoire
système de
l'équilibre.
Depuis
fonctionnement du
le
la crise de 1875, la
Russie
avait déjà entretenu des relations de sympathie avec la
France; cependant l'Alliance des quelque peu
le
son amie républicaine. Le
traité
Russes une garantie d'une la
trois
Empereurs, éloigna
Souverain réactionnaire Alexandre
France pouvait
cilement égalée.
A
lui offrir
de
III,
de Réassurance offrait aux
telle
valeur, que tout ce que
en compensation, l'aurait
dif-
mu-
peine cependant les obligations
tuelles furent-elles dénoncées, en suite de la tension des
rapports avec
l'Empire
l'équilibre poussait la
France
1 .
En
allemand,
que déjà
Russie isolée dans
outre, on avait publié en
la
loi
de
de la
les bras
1888 l'Alliance
austro-allemande, qui devait donner aux Français et aux
Russes une idée de 1
auf
—
«
si
la puissance des
La grande question en
renouvelant
est de savoir
en 1891
Gouvernement allemand aurait pu (de la Triple-Entente).
En
1896,
le
le
—
dit
traité
éviter
tout
alliés.
Théodore
Bitter-
de Réassurance, ce
le
développement
baron Marschall von Bieber-
stein expliquait la politique de Berlin par les multiples garanties, la plus
deux Empires
la
crainte,
que parmi
importante vînt à manquer juste
au moment décisif. Le successeur du premier chancelier aurait vu, dans le maintien du secret absolu, certains dangers en ce qui concernait les relations avec d'antres Puissances, et se serait
même
demandé, si, de ce fait, la garantie de la paix n'aurait pas pu être Il se pourrait, pensait-il, que si un conflit éclatait compromise entre nos deux Alliés de l'est, et que chacun d'eux accusât l'autre d'être l'agresseur, nous serions sollicités d'un côté, d'observer une neutralité bienveillante, de l'autre, on nous demanderait notre appui, soutenu de toute notre puissance militaire ».
—
•
L'effet
—
104
ne s'en pouvait faire attendre longtemps; l'Alliance
logiquement aboutir.
entre Paris et Pétersbourg devait
Bismarck
avait-il raison,
France
du
accroissement
considérable
rer « le
après cet événement, de déplo-
aggravation
et l'importante
de
prestige
des
»
La
que
cet
pourraient en résulter pour la politique allemande ?
proportion n'était-elle pas plutôt rétablie, ainsi équilibre
—
qui, cette fois n'était plus
mais de groupes d'Etats
dividuels,
moderne de
—
la
difficultés qui
formé d'Etats
in-
sur lequel l'école
une promesse de paix durable ? Certes, l'Allemagne devait se ressentir des embarras que la nouvelle Alliance apportait à sa politique. « En face de nous — dit le prince de Bûlow — nous la
basait
politique
avions la rivalité britannique, éveillée par la construction rapide de la flotte allemande, par derrière la Double-
Alliance, dont la France espérait tirer parti dans la mesure du possible, pour réaliser ses espérances. Et dans cette situation, il nous fallait chercher et trouver une transition qui nous conduisît sur le chemin de la 1
politique mondiale »
La
.
Triple-Alliance se serait bien passée du contre-
poids franco-russe. Il
vit
pourtant
Chambre
qui fut annoncée à la
nement, signature,
le
10 juin les
1895.
sources
autres se contredisent.
forme d'une Alliance
jour sous
le
française par le Gouver-
Quant à
authentiques
On admet
l'époque
de
sont muettes,
sa les
généralement jusqu'à
présent, que sa conclusion n'eut lieu qu'un ou deux ans
après l'extinction du 1
Prince de Bûlow,
traité loc.
cit.,
de Réassurance. p. 82.
Dans une
—
—
105
intéressante étude sur les
diplomates de la
«
qu'Ernest Daudet a entreprise dans
comme
indique
le
guerre
»,
—
il
Figaro
«
»
à Pétersbourg,
date de la signature
le
31 décembre 1893 K
hommes
Les
d'Etat chargés
avoir compris cette
dans
l'Europe,
de
heure sa
toute
mura une sadeur
de
mes
toutes
sous
signature
de
l'acte
signe de la croix et mur-
marquis de Montebello
le
retenir
ma
prévisions,
que m'inspire
si,
l'on sait qu'il
:
«
J'ai
à
contrairement
contrairement
à
la
conviction
devait
être
fu-
».
l'arrangement resta secret.
de
texte
main,
la raison, cette Alliance
neste à la Russie
Le
le
fit
imploration. Puis, se tournant vers l'ambas-
de France,
Dieu
prié
de l'histoire de
Le ministre russe
solennité.
Giers, avant d'apposer sa
l'Alliance franco-russe,
semblent
de conclure,
significative
d'une Alliance
s'agissait
Pourtant par
défensive,
laquelle les deux Puissances se promettaient assistance
mutuelle, au cas où l'un des deux pays serait attaqué.
La valeur
de ce pacte diplomatique
objective
naturellement dans
sistait
le
contrepoids
1
un danger
Par
dans un
de
Russie ou la France,
les
mai
l'ancien ministre d'Etat
récemment paru
article
res du 28 le
contre,
assaillît la
1916),
27 août 1891
;
c.
Que d'un
que
les
con-
opposait
ou
à la Triple-Alliance, déjà créée. l'autre,
qu'il
(les
côté
de Freycinet prétend
Annales politiques
et littérai-
accords définitifs furent déjà échangés
à d. peu après la mémorable visite d'une di-
vision de croiseurs français à Cronstadt,
au cours
de laquelle
Souverain de toutes les Russies écouta debout la Marseillaise. Enfin
le
ministre Ribot
déclarait
à la
Chambre
française,
le
le
— 23
janvier 1899, que les conventions furent signées en 1891 et 1892.
106
deux principales forces du continent en dehors de Triple- Alliance,
commune. La valeur sistait
vue
en
unies
étaient
la
défense
d'une
subjective de cette Alliance,
con-
pour la Russie, non seulement en l'assistance promise dans
qui lui était
mande ou
une couverture qui
l'arrière
le
d'une attaque
cas
autrichienne, mais elle lui assurait lui
alle-
encore à
permettrait de
mener à
bien en Asie, cette politique que nous aurons encore à
examiner. L'Empire du Tsar, avide d'expansion, devait aussi compter avec la terre;
la
pour
dangereuse
Double-Alliance
la France, l'Alliance défensive
un long isolement,
sécurité
la
contre l'ennemi de 1870, pal et
de
rivalité
allait faciliter
commun
l'Alliance,
faire valoir
représentait,
après
impatiemment attendue
contre l'Allemagne, le princi-
adversaire. le
de l'Angle-
sa tâche. Mais
L'effet
Gouvernement
moral,
français
qui dérivait sut
aussi
le
auprès de l'Angleterre.
Le traité de Double-Alliance n'était pas seulement un document diplomatique, il contenait aussi un accord d'ordre militaire. Gabriel Hanotaux, qui, peu après sa conclusion, devint ministre des affaires étrangères, affirme
que
généraux y ont autant travaillé que
les
mates
les
diplo-
1 s-
.
y avait maintenant dans l'arène de la politique européenne un nouvel élément de puissance moderne Il
;
à deux points de vue
:
en tant qu'Alliance durable, et
à cause de l'inquiétante force militaire qui avec
faisait corps
elle.
La 1
Triple-Alliance, fondée sept ans auparavant, était
Gabriel Hanotaux:
La
politique de l'équilibre 3 me éd. p. 124.
—
-
107
moyen d'un maxi-
née de la volonté de maintenir, au
mum
de forces, une situation consacrée par trois
vic-
toires allemandes. De cette idée fondamentale germani-
que, dérivèrent,
Hongrie, et
gagné
était
à l'Autrichel'Italie.
Pour
Bismarck
premier
lieu,
avait,
en
apparenté par la race à
dont les conditions
et
difficiles
l'est
d'une Alliance avec
Monarchie austro-hongroise, dont
la
nement magne, et
pensée,
sa
réaliser
dans
rôle assigné
le
désir
le
dans
l'avenir,
vitales
celui
le
Gouver-
de l'Alle-
devaient être
si
que l'Empereur François-Joseph
son ministre hongrois Andrassy durent s'unir sans
hésitation
à l'ennemi
d'autrefois.
La Double-Alliance, par
contre, était née de la né-
cessité de rassembler toutes les forces disponibles contre
une coalition
déjà organisée et qui donnait à réfléchir,
en tant qu'élément de volonté
ment redoutable. Cette mier
lieu
montrait
dans si
le
et
de puissance extrême-
nécessité prit sa source
souci de la propre conservation, et se
pressante, qu'elle triompha sans
puissants contrastes qui séparaient l'Empire tocrate, de la
en pre-
peine
des
russe au-
République démocratique. Ces deux exem-
ples, Triple-Alliance et Double-Alliance,
donnent
la
me-
sure de l'impératif des nécessités politiques, de l'oppor-
tunisme, avec lequel chaque Etat cherche à assurer son existence extérieure.
Des deux
côtés, l'idée originelle est défensive. Mais,
l'attitude de la
défense, pour
déploiement de
forces,
utile,
exige
un
tel
que chaque Alliance défensive
est toujours tentée de devenir
Si pendant des siècles,
être
un instrument d'agression.
des Etats isolés
avaient aspiré
-
—
108
à une puissance prépondérante, sous prétexte d'équilibre, jouaient maintenant
ils
La
le
même mais
règle restait identique,
mais
jeu,
par groupes.
les parties étaient plus
fortes, la participation plus générale. Si la lutte
jamais éclater,
une
lutte
elle serait,
par la force
même
devait
des choses,
européenne.
Lutte inévitable,
si
Puissances ne voulaient pas
les
se décider, en présence du désastre qu'elles préparaient,
à délaisser litique,
jusqu'à ce jour par la po-
les voies suivies
pour s'engager dans
que quelques
direction
la
réformateurs éclairés dans tous les pays, leur indiquaient, aspirations
de
grands
courants populaires, dans toutes les nations.
La
volonté
et vers laquelle se portaient les
de suivre ce courant humanitaire, de s'éloigner des traditions de la politique de force, pour aplanir dorénavant rivalités
les
moyen d'une
existantes
renaissantes
toujours
et
législation et d'une juridiction
nales, la ferme volonté
de faire aboutir
cette
qui devait, sinon éviter tout conflit futur,
venir les solutions sanglantes, a
qué
— à un
telle
ou
telle
réforme
du moins pré-
fait défaut.
Elle a
capitale.
Par un vague
remords de conscience on travailla bien un peu, ça à
mais en
l'organisation de la paix,
Etats,
en tant que sujets
communauté des
peuples,
«
même
absolument
dirigeaient
man-
- partout; non
degré différent sans doute
pas seulement dans
au
,
internatio-
libres »
leurs
et là,
temps,
les
de
la
vaisseaux
vers la tempête de la guerre européenne.
Malgré
la
grande valeur
franco-russe, elle le
n'était
moment, à dominer
objective
de
l'Alliance
pas destinée, du moins pour
la politique
mondiale.
Son
rôle
-
-
109
se bornait à protéger les intérêts continentaux des deux
La Double-Alliance n'empêcha pas
Puissances.
de se rapprocher de
l'Italie
en 1897-1898,
avec la nation sœur de race
si
par moment,
intimes, que
dans
clair
intentions
les
de conclure de navi-
latine, des traités
même
gation et de commerce, et de nouer
on
de
ne
des relations plus
voyait
politique
la
France
la
très
italienne.
La
Double-Alliance n'empêcha pas non plus la France de
nombreux
conclure de
avec d'autres Etats,
traités
Par contre, validité de
liance
la
Russie a bien essayé
l'Alliance
anglo-japonaise
intérêts.
La France
lorsque
la
battit
contre
deux poursuivait indépendamment ses Asie,
la
France en
Afrique.
ses
1904,
L'union
Japon.
le
fut
donc pas
en dehors des frontières européennes, en
d'étendre la
menaçait plus que jamais
des deux Grandes Puissances ne
sie
de
jusqu'en Asie orientale, où l'Al-
s'y refusa et resta neutre en
Russie se
et
Mandchourie.
laisser son Alliée aller seule en
utilisée
où chacune des intérêts
la
:
En un
Rus-
mot,
la
Double-Alliance n'avait ni l'autorité, ni les vastes aspirations de
Algésiras
Triple-Alliance,
la et
en
moins toujours
Orient,
sinon
que nous avons vue à toujours
unie. Si les Etats de la
unanime,
du
Triple-Alliance
avaient pu, au cours de trois décades, réaliser
tour à
tour d'importants effets politiques, en raison de la force
de leur Alliance, ter
la
Russie
et la
France ne durent comp-
que sur elles-mêmes pour poursuivie leurs aspirations
extra-européennes, et durent lutter pour leur
dépendamment féraient
une
l'une de l'autre.
notable
infériorité
cause in-
Ces circonstances con-
à
l'Alliance,
augmen-
— taient le sentiment de
—
110
responsabilité individuelle,
constituaient aussi une
mais
preuve du caractère purement
défensif, et, si l'on peut dire, local, de la Double-Alliance.
Sa conclusion tomba
un moment, où
juste à
la
France, après une courte trêve coloniale, porta de nou-
veau ses regards au-delà des mers, à la poursuite de buts auxquels s'opposait toujours l'Angleterre. En 1893
une canonnière anglaise
fut
même
envoyée dans
le golfe
de Siam, parce qu'à la suite d'une querelle de frontières, entre
les
Français établis en
Siam, conseillé par l'Angleterre, des
Annam
et le roi
hostilités
France
d'éclater en Indo-Chine. L'opinion populaire en fut,
à
de
menaçaient
cette époque, fortement excitée contre l'Angleterre.
Pendant ces jours d'énervement, une escadre russe et ses officiers de marine à Paris le Président de la République et le Tsar échan gèrent des télégrammes cordiaux — compléments de vint en visite à Toulon, ;
franco-russe.
l'Alliance «
Times
Un
ancien
correspondant
raconte que l'enthousiasme était
»
la capitale,
que pendant plusieurs jours,
les
si
Anglais n'osè-
rent presque plus se montrer dans les rues de Paris.
France
jubilait de sa fraternisation
avec
quels les Anglais préparaient, en Asie, les
qu'aux Français
:
l'Angleterre
était
du
grand dans
les
La
Russes, aux
mêmes
l'ennemi
misères
commun.
L'Alliance disposait donc, pour faire face à cet antagoniste,
non de moyens matériels, mais d'une
assis-
tance morale réciproque, qui fut tout spécialement avan-
tageuse aux Français, et se
fit
bientôt sentir
dans
négociations en suspens entre Paris et Londres.
les
— L'Angleterre lance
de
-
Ul
trouvait
se
européen,
l'équilibre
observant la ba- L'Entente
isolée,
ne
et
avoir
paraissait
Cela
d'autres prétentions que de contrôler cet appareil.
répondait du reste, aux traditions du royaume insulaire
n'avions-nous pas beth le
et
chez son
le
pour
intérêt
vif
;
reine Elisa-
continent ?
lion britannique n'avait pas d'amis, des rivaux
seulement. Séparé du
mer que dominait
de
Henri vin, un
père
jeu des forces sur
Le
rencontré chez la
déjà
par un bras
continent européen
puissante
sa
le
flotte,
Royaume
d'Angleterre n'avait besoin ni de frères d'armes ni d'es-
dans
corte, et
les colonies,
où aucune
péenne ne se sentait encore bien à déjà chez
pher
lui.
Puissance euro-
l'aise,
l'Anglais était
Ses vaisseaux de guerre faisaient triom-
la volonté
du Gouvernement de Londres, en
de-
hors de toute participation étrangère. Mais, des et
comme
différends
en Afrique,
l'antagonisme
surgirent la
mélancolie
à se manifester au
avec
la
avec
bord de
France avaient
pris
russe la
Tamise.
commença
Les
un caractère
Asie
en
de l'isolement la
que
persistait,
France
relations
aigu,
parce
qu'après la grave crise intérieure qu'avaient provoquée le
dangereux général Boulanger
vinistes,
la politique française
et
ses acolytes chau-
cherchait
une diversion
sur les continents étrangers. Ce fut un calcul intelligent de la part de la majorité de l'idée de revanche
républicaine,
se remit
de détourner l'attention
de
lorsque
le
feu
tout à coup à flamber,
l'opinion
publique,
en
lui
donnant de nouveaux problèmes coloniaux à méditer. Mais ici, les Français se heurtèrent naturellement à
cordiale
— l'Angleterre
il
;
rapports de
—
112
en résulta de nombreux
conflits,
et les
beaucoup à en
deux peuples eurent
ces
souffrir.
De
du canal, on éprouva en
l'autre côté
moralement
matériellement,
et
Les Anglais avaient particulièrement à cœur de la France
par
la
façon
africaines au
;
dont
ils
Soudan
avaient
temps, la situation devint Dufferin, alors
ambassadeur à le
en
Avec
Egypte.
le
insupportable, que Lord
si
Paris,
clusion de la Double-Alliance,
présenta un jour chez
méfiance
questions
les
traité
surtout
et
la
de cette haine, récoltée
souffraient
ils
définitive,
ces diverses animosités.
peu après en
c'est-à-dire
la con-
1894,
se
ministre français des affaires
étrangères, Gabriel Hanotaux, et lui proposa
de régler
définitivement in globo, toutes les questions en suspens entre l'Angleterre et la France. Cette idée de briser avec
audace
et
d'un seul coup, toutes les pointes des lances
braquées les unes contre les autres,
du Gouvernement français, s'aperçut bientôt que, sacrifice était plus
Le
le
dans
faible
les
que
deux
le
qui ne fut jamais
des deux ministères.
ne
de
fut
mais on
;
l'esprit
partis,
désir
projet d'entente élaboré par les
connu —
rencontra auprès
meilleur accueil
commissaires accepté
L'heure n'était pas
de
conciliation.
—
et
par aucun
encore
de nouer les liens de l'amitié anglo -française,
il
venue fallait
auparavant écarter maint obstacle.
De du
Nil.
nouvelles rivalités surgirent au sujet du bassin
La
victoire des Japonais
sur la Chine,
exigences que ce peuple asiatique en
ment y
rattachait,
détermina
même
et
les
plein épanouisse-
les
Gouvernements
— de
Double-Entente,
la
allemand, à créer un
concert avec
de
contre-courant.
toute nouvelle combinaison
éphémère,
qui
—
113
s'opposa à
de
le
chancelier
C'était
donc une sans
Puissances,
doute
Simonosaki, et
paix de
la
à une partie du prix de Tout ceci se passa sans l'Angleterre, contre l'Angleterre; pendant ce temps chaque Puissance écoutait simplement les insinuations dictées par ses propres intérêts, examinées avec le plus grand soin. Entre 1890 et 1900, nous ne trouvons, chez les membres actuels de la força les Japonais à renoncer leur victoire.
Triple-Entente, rien qui puisse faire soupçonner la pré-
de
trace
cet esprit spéculatif, qui
intérêts secondaires,
certains
pas la moindre
systématique d'une coalition,
paration
ferme
les
même
triomphe
pour créer un rempart
nations historiques,
yeux sur des
incli-
de
artificiel
solidarité politique.
Cependant, la France s'entendre
et l'Angteterre cherchaient
mais sans négliger
;
un
inhérentes à
tel
accord.
nements, qui, depuis
le
Il
les
à
hypothèses naturelles
y avait
là
deux Gouver-
ministère Hanotaux, cherchaient
continuellement à apaiser les conflits naissants, et deux
peuples qui n'imposaient aucun frein
ou sympathisaient, selon
à leurs querelles
les circonstances, et les caprices
de l'opinion publique.
A
peine la question du Nil fut-elle réglée par
cabinets de Paris
et
de
boudèrent à propos de Anglais pour çais, s'en
Londres, l'affaire
Dreyfus
les adversaires fanatiques
donnait à cœur
infatigables
que
signaient
joie.
l'accord
En
peuples
les ;
de
1898,
du Niger,
le
les
se
mépris des
l'officier fran-
les ministres et
croyaient
-
—
114
avoir posé la pierre fondamentale du futur accord nitif...
quelques mois plus tard déjà,
guerre à Londres et à Paris. Fachoda
perdue du Soudan
défi-
on prévoyait
Dans
!
la
cette ville
une expédition française,
était arrivée
sous la conduite du capitaine Marchand, le
et y avait planté drapeau tricolore en signe de prise de possession.
L'audacieux
officier
avait
Herbert Kitchener, qui reconquérir
le
sans se
agi
était
Soudan au
—
En France
rencontraient
et
possession de la
peau
français....
et
une
si
Si
rem-
en Angleterre on se demanda
arriverait,
ces deux
si
querelle
hommes
se
pour
la
s'allumait
sur laquelle
ville,
et qui
victoire
adversaires afri-
portée sur les dernières forces de ses cains.
point de
le
profit de l'Angleterre,
venait de mettre fin à sa tâche, par une
avec terreur ce qui
de Sir
soucier
précisément sur
flottait
déjà
dra-
le
aucun de ces deux conquérants ne
cédait, s'ils allaient tirer l'épée
pour
l'Afrique et combattre
la
sur le ville
de
sol
lointain
Fachoda
troupes anglaises contre des troupes françaises
!
;
de des
L'éclair
venu du ciel lointain d'Afrique avait suffi déjà des nuages noirs, précurseurs d'un orage, s'amoncelaient sur les deux Grands Etats. L'honneur du drapeau, la ténacité de deux officiers, les intentions coloniales des Gou;
vernements....
autant
d'éléments
purement formels, presque haute portée pratique
et
capables
fortuits,
politique
—
éléments
et
éléments
—
de déchaîner la
d'une
guerre.
Cependant lier
Sans s'humiKitchener prirent un
la catastrophe fut évitée.
mutuellement, Marchand
arrangement provisoire.
On
et
hissa
le
drapeau anglais à
— côté
du drapeau français,
ments de Londres
et
—
115
on laissa aux Gouverne-
et
de Paris,
le
soin de régler défini-
Après une sorte d'ultimatum qui France de l'autre côté du canal, le
tivement la question. fut expédié
à
la
Gouvernement de la République française baissa pavillon. Marchand rentra dans son pays avec le drapeau tricolore. La France avait cédé la place à l'Angleterre, au Soudan. Il
vaut la peine
rapidement quelle fut
d'établir
conduite de la Russie vis-à-vis de son Alliée,
la
en cette
heure de danger. L'Empire du Tsar aurait bien pu souFrance, la
tenir la
sans
réserve à son
France une
«
dans
confirmer
monde
l'Angleterre, jurer devant le Alliée,
et
son
opposition
entier
réaliser
une
avec
ainsi
volonté de la Double- Alliance
»,
à
fidélité
que ce
la soit
pacifiquement ou par la force des armes. L'Angleterre,
dans
le
alors
une raison de garder à sa future
d'un
cas
échec moral ou militaire,
cune qui conduit de nouveau à
nement russe
agit autrement.
la guerre.
Un mois
du capitaine Marchand à Fachoda, le
monde
le
aurait eu
Alliée, cette ran-
10
Le Gouver-
après l'arrivée juillet,
lorsque
au heurt de deux colonnes de deux Grandes Puissances, le ministre
entier s'attendait
d'expédition et
russe des affaires
étrangères
étrangers accrédités auprès
remit aux
représentants
de son Gouvernement,
l'in-
du Tsar à la première conférence de la paix à La Haye. Ce document, qui propose aux Puissances « de chercher dans une discussion internationale les vitation
moyens
les
les bienfaits
plus efficaces d'assurer à tous
les
peuples
d'une paix réelle et durable, et avant tout
— de
mettre
au développement toujours croissant des où le Tsar prévoit encore que « cette
fin
armements
—
116
—
»
situation, si elle devait durer, conduirait nécessairement
à ce cataclysme qu'on cherche à
éviter,
et
devant les
horreurs duquel toute pensée humaine tremble d'avance.
»
Ce document, bien qu'il fût accueilli partout avec un scepticisme significatif, n'était guère fait pour encourager à la guerre, l'Allié français
son adversaire.
et
Gouvernement russe ne s'en tint pas à cette indication bien plus, il envoya à Paris son ministre Mais
le
;
des affaires étrangères,
le
comte Mouravieff, qui aurait
péremptoirement à Monsieur Delcassé,
déclaré
devait pas compter sur l'appui de
Russie,
la
qu'il si
ne
l'atti-
tude de la France venait à menacer la paix \
Par conséquent, époque,
Double-Alliance
la
complètement
dépourvue
du
à
était,
caractère
cette
d'une
«conjuration», d'une combinaison qui, en raison de la puissance qui
lui est inhérente,
à réaliser sa
cherche
volonté. L'un des Alliés intervient pourtant, mais pour
détourner l'autre du sentier de la guerre,
à une solution pacifique du politique »,
—
sans doute
—
conflit.
et le
Au
le conflit
déterminer
point de vue
«
de Fachoda ne se
termina pas à la gloire de la France.
Au liance,
la
Double- Al-
en cherchant à concilier pacifiquement
les diverses
lieu
de
«
manifester sa force
»,
oppositions entre Pétersbourg, Paris et Londres, la
posait
base d'un accord sans cohésion, mais durable. Del-
cassé travailla dans 1
Sir
Thomas
le
même
sens, avant
et
Barclay: L'entente cordiale, p. 149.
pendant
la
guerre des Boers.
Il
—
117
ne se sentait nullement engagé
à conformer l'attitude de son Gouvernement aux dispo-
à l'Angleterre, du cabinet de
sitions fortement hostiles
Pétersbourg.
A
la fin
de 1899,
en Russie pour gagner son
ministre français alla
le
Allié
à un
continu et méthodique avec l'Angleterre.
ami de
ce projet, et lorsqu'à Londres,
raprochement
Il était
un grand
Lord Landsdowne
succéda, aux affaires étrangères, au ministre pessimiste
Lord Salisbury
;
lorsqu'en 1902, l'homme de la politique
de Fachoda disparut
ment,
que
et
le
cabinet Balfour,
même
complètement du Gouverne-
cabinet Salisbury se transforma en un le
chemin vers
l'accord,
du moins entre
l'Angleterre et la France, se trouva définitivement aplani.
Quelques d'autres
publicistes,
des
Chambres
représentations d'intérêts,
avant tout
les partisans
commerce,
et
des intellectuels,
et
de
du pacifisme
et de
avec M. d'Estournelles de Constant à leur
l'arbitrage,
enfin des
tête,
municipalités importantes et de nombreuses associations
y avait même des confréries religieuses, puis encore des comités organisés
de tous genres, parmi lesquelles de propagande influents
—
,
et enfin
les
il
hommes
d'Etats
les
plus
tous travaillaient, des deux côtés du canal,
à une union des deux Etats. La concorde devait désor-
mais servir et
les
intérêts
de
la
prospérité
économique des peuples britanniques Ainsi donc s'accomplit, il faut bien
intellectuelle
et français. le
dire,
V influence d'un mouvement intellectuel avancé, ciliation
sous
la récon-
de deux Etats, qui s'étaient mutuellement me-
nacés pendant près de deux
siècles
en raison de
l'in-
compatibilité de caractère des peuples et de leur politique.
-
—
118
Le rapprochement ne devait pas dis
être
mais d'une évolution
calcul politique,
d'un
résultat
le
Et tan-
pacifiste.
qu'on cherchait la formule de ce rapprochement,
Roi Edouard vu en 1903, des
et
visites,
le
Président Loubet échangèrent,
dont
succès ne permettait plus
le
La
de douter de la disposition d'esprit des deux pays.
même
année,
visite
de
pour le
la
Lord
d'une
l'occasion
parlementaires français à Londres, prononça
première
Grande-Bretagne
fois le
et la
mot
d'«
Entente Cordiale
»,
et
traité d'arbitrage entre la
le
France,
le
premier de son espèce
Cet important résultat fut
universelle.
l'histoire
même
d'un traité de
suivi, déjà l'année suivante,
Gouvernement de Londres
entre le
à
Chamberlain,
14 octobre on signa
dans
le
et
teneur
l'Empire allemand.
C'étaient là les premiers fruits de la conférence de
La Haye
:
d'arbitrage
les Etats s'engageaient
permanente à
à soumettre à
Haye,
la
les
la
cour
questions
de
droit constestées et les questions litigieuses, concernant
l'interprétation des traités existants.
gements étaient
très
versaient pas le monde,
car
ils
ces
Certes,
symptomatiques, mais
présumaient
arran-
ne boule-
ils
«
que ces
questions litigieuses ne touchaient pas aux intérêts vi-
ou à l'honneur des Etats condonc toujours possible de faire la
taux, à l'indépendance tractants
guerre
!
>.
Il
était
aujourd'hui encore,
il
est plus facile de
se re-
présenter des litiges qui mettent en jeu l'honneur des Etats intéressés, que ceux qui
lui-même,
le
le laissent intact.
Mais en
principe qui cherchait à généraliser
l'a-
planissement des querelles entre Etats par des moyens pacifiques, n'était pas sans valeur.
Appliqué à des Puis-
sances suivies,
avaient
qui
des
prenait une
il
—
119
contractuelles
relations
importance
Le
capitale.
très traité
signé entre la France et l'Angleterre, jouit
d'arbitrage
enfin d'une signification
toute
parce
particulière,
qu'il
constitue le point de départ de toute une série de traipareils
tés
vement
analogues,
ou à
fin
parce
et
mit
qu'il
effecti-
haineuse des deux Puis-
la vieille rivalité
sances.
En
l'idée d'amitié continuait
effet,
à germer
et de-
Tandis que deux Gouvernements, dans une note complémentaire, représentaient ouvertement et avec une certaine fierté vait bientôt s'épanouir avec plus d'efficacité.
les
leur traité d'arbitrage
ment
dans
qui,
de ce principe,
les
—
pour régler
cées,
comme
d'un mouve-
résultat
s'était affirmé
déjà les négociations étaient
en suspens.
les litiges
que, neuf ans plus
le
deux pays,
On
en faveur
commen-
entreprit, ce
Lord Dufferin, de concert avec
tôt,
le
ministre français Hanotaux, avait vainement tenté. Cette fois
avec tout
Le 8
succès désirable.
avril 1904, « l'Entente > fut signée. L'Angle-
terre et la traité et
le
France s'étaient entendues au moyen d'un
de
deux déclarations
problèmes en
suspens
;
sur
au
sujet
de
tous
Terre-Neuve
et
l'Afrique
'
les
occidentale, sur les sphères d'influence au Siam, et sur les
questions d'économie financière à Madagascar, ainsi
que sur
la juridiction des
Nouvelles-Hébrides. Bien plus
importantes que ces arrangements, furent les concessions
que
se firent
les
deux Puissances
en
Egypte
et
au
Maroc. La France abandonna définitivement aux Anglais 1
Texte chez Fleischmann,
loc.
cit.,
p.
343
et suiy.
— le
pays du
—
120
Nil, tant convoité,
et ceux-ci
en
laissèrent
Maroc à la France. Ce fut un simple partage aucun des deux collègues de l'Entente, ne devait gêner l'autre dans le domaine qui lui avait été assigné pour le développement de sa politique. « La convention ressemblait à un traité de paix, dit Sir Thomas Barclay à un traité de paix que les Puissances intéressées auraient pu conclure à la suite d'une compensation
le
;
—
guerre coûteuse mais sans résultat blait bien
la
à un
traité
Grande-Bretagne
—
sances et l'Allemagne
».
L'accord ressem-
de paix, mais entre la France et
non pas entre ces deux Puis-
et
!
L'Empire allemand
fut avisé officiellement des dis-
positions concernant l'Egypte
mais ce Gouvernement
;
voulut en principe, ignorer des arrangements qui avaient été pris
à
au
sujet de questions si importantes et touchant
mondiale, sans que l'Empire allemand eût
la politique
été consulté.
En
outre, l'Entente n'avait pas soufflé
du Maroc au Gouvernement allemand celui-ci
chemin de
la
politique
mondiale,
silence et attendit.... jusqu'à ripostes, qui
pourquoi le
nouvel
L'Allemagne, qui sous Bûlow, cherchait
état de choses. le
c'est
;
ne se crut pas obligé de reconnaître
mot
ce
commencèrent avec
garda d'abord se
qu'elle le
le
décidât aux
voyage de l'Empe-
reur à Tanger.
allemand, qui par la
Cette résistance de l'Empire suite, devait se et
manifester encore
marquer chaque
fois
une
crise
à plusieurs reprises dans
l'histoire
mo-
derne, était fondée sur des raisons de principe plus
profondes
que
le
seul
intérêt
porté
par l'Allemagne
aux
Peu auparavant, le chanau Reichstag, que Allemands ne pouvaient souffrir que quelque Puisvon
sance dire
du
destinées
celier les
-
121
:
ajouta
Que
t-il,
mais
gère,
faire? le
étranger,
Jupiter
monde
est partagé.
»
vînt
Allemands ne se
les
Puissance
nous l'avons
«
:
L'Allemagne,
laisseraient pas
pas
laisseraient
Rester
évincer
à
inactif,
souvent autrefois,
fait
innée, soit parce que
soit
par modestie
nous étions trop absorbés par nos
gâteau, nous ne
le
pas.
Nous ne
le
pouvons
pouvons pas, pour
le
;
et
ne
le
la
damental, dont
les
que
par-
le
les obstacles
scène de la politique mondiale;
programme du chancelier
là le
voulons
»
L'Allemagne cherchait à franchir tous pour accéder à
rêver en
la simple raison
nous avons maintenant des intérêts dans toutes
du monde.
une
comme
pendant que d'autres gens se parta-
restant à l'écart,
gent
marcher par,
l'écart,
dissensions intérieures, ou par doctrinarisme
ties
leur
ne voulait offenser aucune Puissance étran-
sur les pieds, ne se autre
déclaré
avait
quelque
étrangère, «
Maroc.
Biilow
c'était
d'alors, le principe fon-
prince de Biilow fait ressortir, encore
aujourd'hui dans son récent ouvrage, toute l'importance.
Mais l'Entente contrariait ce dessein — avec moins de ménagements que jamais. Ainsi prit naissance l'opposition
aiguë et nette qui,
surannée au
accentuée
lieu d'être aplanie
provoqua lentement
la
dation de l'Entente
commença
par une politique
par un esprit progressif,
guerre
actuelle. la
Avec
la
fon-
véritable épreuve de
la force.
L'Entente Cordiale
éveillait
moralement
et
maté-
—
-
122
riellement, les susceptibilités de l'Empire allemand, qui
se sentait mis à l'écart et peut-être
même
dehors du banal accord colonial, qui à déjà
atteinte
à l'amour-propre
et
inté-
clauses
se-
dont la teneur fut aussi communiquée à la Rus-
crètes,
à l'Espagne, en dehors des intéressés. Mais
hommes ce
portait
à d'importants
rêts de l'Allemagne, le traité contenait des
sie et
En
menacé.
lui seul,
que
d'Etat de
Berlin apprendraient bien
dans pas moins de quatre
l'on cachait si bien
ministères européens
;
les
un jour
ne connaissaient pas
et s'ils
teneur des clauses secrètes,
la
ne doutaient cependant
ils
pas de leur existence. Deux ans après, Sir Edouard Grey
a répandu quelque lumière sur cord, lorsqu'il déclara à la
son
prédécesseur
France,
qui,
amener
une
Chambre des communes, que une
fait
'^vait
certaines
ttjiis
la partie secrète de l'ac-
convention
conditions,
diplomatique.
intervention
avec
la
bien
pourrait Ainsi,
l'on
pouvait craindre encore que l'Entente fût dirigée contre l'Allemagne,
qu'en
présidant
Edouard vu eût franchi
à
sa fondation,
la première étape de
tique d'encerclement. C'était bien
là
que
ce
le
roi
sa poli-
lui
repro-
chaient les Puissances Centrales.
Par contre, trancher
les Etats de l'Entente
derrière
le
légitime
et
pouvaient se
double
avaient à un règlement définitif de leurs tiges
;
il
était plus difficile
intérêt
qu'ils
dangereux
sans doute d'avouer
re-
li-
qu'on
avait intentionnellement tenu l'Allemagne à distance de
l'arrangement.
Mais
la
forme lâche de leur
union,
et
avant tout son caractère purement diplomatique, devaient protéger la France et l'Angleterre contre
le
soupçon de
-
-
123
L'Entente Cordiale n'était ni une
tendances agressives.
Alliance offensive, ni une Alliance défensive, elle n'était
même
pas une Alliance.
absolue. Pour
dans
pas inhérente à l'Entente Cordiale britannique a
les traditions
de
d'action
malheur de quelques revanchards franréciproque en cas de guerre, n'était
le
l'assistance
çais,
est
Il
de conserver une liberté
la politique anglaise
fait
qu'il n'avait point
Le Gouvernement
*.
clairement comprendre, par la suite,
engagé son armée
;
ainsi les
Empires
centraux purent espérer en la neutralité de l'Angleterre, jusqu'à la dernière heure qui précéda
de
la
guerre
douter de
la
mondiale,
tandis
déchaînement
le
ne
qu'ils
pouvaient
de la France aux côtés de
participation
la Russie.
D'après leur origine historique, leur ridique et politique, la Triple-Alliance,
ance
férente
moderne,
aussi fut
ju-
Double-Alli-
sont trois manifestations de
et l'Entente cordiale,
l'histoire
caractère
la
très différentes l'une de l'autre. Dif-
leur
influence
sur
la
tournure
événements, différent aussi leur poids lors de la
des rup-
ture de la paix. *
*
De même que
les
*
anciens
et
toujours
nouveaux La
problèmes de la politique coloniale anglaise et française, ne furent pas réglés par une sances, mais par une
que menaçait de tre
faire éclater
les intérêts anglais
lutte entre les
convention
conflit
deux Puisla
guerre
permanent en-
russes en Orient, fut évitée.
et
1 Comp. W. Hilnerwadel gen des europaischen Krieges.
un
pacifique,
:
Die geschichtlichen Vorbedingun-
Triple-
Entente,
_
124
-
Par la voie d'un rapprochement diplomatique, les trois anciens adversaires préparaient la Triple-Entenle. Si l'union de la Russie et de la France fut le résultat presque si
automatique des exigences de
d'autre part les Français,
l'équilibre,
conformément aux tendances
pacifiques des peuples intéressés, et pour se fortifier contre
l'Allemagne, s'étaient entendus à l'amiable avec l'Angleterre,
il
était
beaucoup plus
entre la Russie et d'œil rétrospectif
nous
le
un accord
d'établir
difficile
Grande-Bretagne.
la
Un
bref coup
prouvera.
Depuis l'époque de
Pierre
Grand,
le
Russie
la
un débouché vers la mer libre. En effet les Russes n'avaient que faire des ports de la mer Blanche et de la mer Glaciale Arctique, le débouché devait être situé sur une poursuivait un but prédominant
côte libre de glaces.
de la
mer Noire à
Mais
ils
Avant
tout,
obtenir
:
Us voulaient
la Méditerranée
:
le
passage
les Dardanelles.
en furent chassés par l'Angleterre
et
la
France, lors de la guerre de Crimée. Lorsque plus tard
en 1878,
ils
entreprirent
un nouvel
essai et qu'ils avaient
déjà vaincu les Turcs, l'Angleterre leur barra
de nou-
la route et empêcha leur entrée à Constantinople, Le congrès de Berlin de la même année, révisa d'une façon très radicale le traité de paix de San Stefano, conclu par la Russie victorieuse en tête à tête avec la Turquie; il mit
veau
au rêve russe de navigation dans les Dardanelles et réduisit aussi l'influence du Gouvernement de Pétersbourg
fin
dans glais,
les
Balkans. Ceci eut lieu encore selon
mais l'Allemagne
leur concours actif,
et
l'
le
leitmotiv an-
Autriche-Hongrie
prêtèrent
—
La Russie dut chercher l'Afghanistan,
les
Indes
—
125
—
d'autres
voies.
étaient les
tels
La
Perse,
pays vers
de se diriger entre 1890 et 1900. Mais partout l'Angleterre se mettait en travers, et défendait opiniâtrement la frontière en forme de coin, encastrée dans le continent, de l'Empire des Indes. Cet essai n'apporta aux Russes que la conquête du plateau du Pamir, au delà des sources des fleuves indiens. Us lesquels
elle
tenta
étaient encore loin de l'Océan.
Mais la Russie avait d'autres portes de sortie aux frontières de son Empire géant. En traversant le Thibet, ses Cosaques tentèrent d'atteindre les Indes par
1904 à l'expédition andu Thibet, qui leur barra la route. C'était à l'époque où l'on signait l'Entente cordiale Et ailleurs, un peu plus à l'est, la poussée de la Russie vers la l'Est. Ils se
heurtèrent en
glaise
!
mer
libre
hâta la maturité d'un grave conflit avec
le
Japon.
Après avoir
été chassée de
partout, la
Russie en
longeant la Mandchourie était parvenue, par
le territoire
de l'Amour, à l'Océan pacifique, où
elle
acquit de la Chine
tout le territoire côtier à l'Est de l'Ussuri.
Mais
le
pbrt
de Vladivostok gelait en hiver et ne répondait pas aux besoins de l'économie nationale russe.
En
outre, le Ja-
pon, après une guerre heureuse contre la Chine, avait pris
Port-Arthur
nante
:
or, la
et
la
Russie
presqu'île
avec
l'aide
de Liaotung y attede la France et de
l'Allemagne, put réduire à néant cette emprise. Le Gou-
vernement de Pétersbourg s'affirmer plus
profita de l'occasion pour énergiquement encore en Chine. En re-
— connaissance
du Japon, vers
la
126
du service
rendu en
lui fut
le droit
Mandchourie
— 1896 au détriment
accordé de construire à tra-
chemin
un
de
fer
partant de
Port-Arthur, de le faire surveiller par ses propres troupes, et bientôt après, le bail
Gouvernement chinois céda à de Port-Arthur.
à la Russie, la
ville
La Russie
donc établie sur
était
mer Jaune
la
(li-
bre de glaces); le chemin de fer transsibérien et les concessions en Mandchourie lui assuraient, bien qu'à
grande distance, puisqu'il fallait traverser tout un continent, une communication avec l'Empire européen du Tsar. A peine ce résultat fut-il atteint, au prix de mille
que l'Angleterre accourut. Pour surveiller l'activité de la Russie dans la mer Jaune, les Anglais s'établirent en face de Port-Arthur, à Wei-hai-wei. Ce qui n'empêcha d'ailleurs pas la Russie, pour efforts,
l'instant
satisfaite
de sa politique,
de
préciser
avec
une audace croissante, sa situation et son influence en territoire chinois. Elle ne fit ainsi qu'aggraver la rivade l'Angleterre, et provoqua nettement l'hostilité du Le Gouvernement de Tokio ne tenait pas, Japon.
lité
et cela se conçoit
aisément, au voisinage par trop rap-
proché des Russes sur les côtes chinoises
lement en Corée. Dans ces
circonstances,
plus logique que l'Alliance du Japon
qui fut conclue en 1902.
Il
et
principa-
rien
n'était
avec l'Angleterre,
s'ensuivit
inévitablement:
la guerre russo-japonaise. Cette fois la Russie ne se heurta plus à la résistance de l'Angleterre mais à celle de son Allié asiatique. La lutte eut lieu en 1904-05
sur
le
territoire
d'une tierce Puissance, dans la Mand-
-
La Russie
chourie chinoise.
Jaune
Mandchourie,
et de
-
127
fut battue, chassée de la
mer
son libre débouché
et perdit
vers l'Océan.
La forces
politique anglaise avait collaboré de toutes
à
des
catastrophe finale
cette
de
tentatives
ses la
Russie en Asie orientale, qui coïncida justement avec la lune de
miel
de
Comme
l'Entente Cordiale.
haine- mutuelle n'avait pas
suffi,
il
fallait
si
la
encore qu'un
grave incident vînt augmenter l'amertume des relations de la Russie avec l'ami de son Allié. C'était la fameuse affaire
du Doggerbank
bâtiments japonais,
croyant avoir en face d'elle des
:
la
flotte
de l'amiral Rodjestvensky
coula plusieurs bateaux de pêche anglais. blessa profondément le
L'incident
comble
n'amena pourtant
soumis, selon la
point d'honneur de
son
anglaise, et porta à
Cet
la
la
épisode
marine
du peuple. guerre, mais fut
colère
pas la
principe de la première conférence de
le
Haye, à une
commission d'enquête internationale. Gouvernement français qui contribua le plus à
C'est le
à calmer
cette solution, et vaillait
ainsi
à
l'Entente
entre deux Etats,
les
esprits.
définitive
La France
qu'elle
dont l'un était son
Allié
tra-
souhaitait et
l'autre
son intime ami.
M. Delcassé
dut, sous ce rapport, déployer
une grande
habileté, car, lorsque
son successeur eut à soutenir en
1906, à Algésiras,
rude combat contre l'Allemagne,
le
aux côtés de la France, accord. L'Allemagne attaqua l'arrangement anglo-français au sujet du Maroc, en vertu de Madrid de 1880. Il s'agissait donc à Algési-
l'Angleterre et la Russie étaient
d'un
commun
arbitraire
du
traité
— ras, de
défendre
Londres
et
l'on vit
ici
—
128
Gouvernements de
des
politique
la
de Paris, contre l'opposition allemande. Et
pour
Russie se donner
première
la
l'Angleterre
fois,
main dans une
la
et
la
affaire extra-euro-
péenne. Cela donnait à penser.
La Russie — sans grand enthousiasme,
—
avait
abandonné
l'Asie
est vrai
il
même
l'année
orientale
la conférence d^Algésiras, et reparut sur la scène
politique générale
européenne, pour régler, de concert
une question qui en face Triple-Alliance, constituait surtout une épreuve de
avec la France de la
de
de la
et l'Angleterre,
force et de prestige diplomatique. C'était, après d'amères désillusions, sie
une nouvelle tâche qu'assignaient à
la
Rus-
vis-à-vis de la France, ses devoirs d'Allié.
Puisque leurs vœux étaient comblés en ExtrêmeOrient, les Anglais ne pouvaient voir que d'un le
retour de la Russie
politique européenne. le
vaincue, au
Peu à peu
nomique
La et
militaire
de
allemand paraissait
austro-hongroise,
si
nettement
côté de la Turquie, que l'Angleterre
plus dominer la situation en Orient.
Russie reprît son
élevât,
avec
le
développement éco-
le
l'Empire
dangereux, sa force d'expansion, unie à
Monarchie
le
haute
l'Entente avait éprouvé
prépondérance diplomatique de la Triple-
Alliance augmentait à ce point,
la
bon œil
la
besoin absolu d'une nouvelle force auxiliaire sur
continent.
si
foyer de
activité
dans
l'aide des autres Slaves,
seule Il
les
celle
de
dirigée
ne
fallait
la'
du
pouvait
donc que
Balkans,
et
y
un rempart contre
développement des Germains. Afin de pouvoir inaugurer cette politique
d'oppo-
— dans
sition
avant tout tendissent
il
:
sur
un accord
hypothèse
Asie,
les
conflits
en
partagée
Nord,
fut
en
sphères
Sud échut aux Anglais. En rent séparées toire neutre.
lorsque
1907, qui
traité
outre,
celle
deux zones
les
du du
celle
par une bande de
l'une de l'autre
en
particulier, ;
que
tandis
fu-
terri-
Les Anglais réussirent ainsi à tenir
Russes éloignés de l'Empire des Indes donc définitivement barrées toutes
le
;
les
Tsar trouva
routes qui
les
moyen de
duisent à l'Océan Indien. Par contre, au
;
les
réglait,
d'intérêts
aux Russes,
attribuée
asiatique
en Europe.
La Perse en
surannés.
deux
Russie s'en-
et la
possible
serait
se réalisa
nécessaire
était
continent
le
Puissances conclurent un
deux fut
chose
que l'Angleterre
fallait
définitivement
alors seulement
Cette
une
Balkans,
les
—
129
concette
convention, la Russie fut repoussée plus à l'Ouest, dans le
voisinage immédiat de l'Arménie, non loin des Dar-
danelles, qui
communiquent avec
Cet accord
relatif
rapprochement, dont passait de
beaucoup
à
la
la Méditerranée.
Perse forme la base d'un
haute signification morale, dé-
la
du partage.
l'action matérielle
Certains auteurs croient qu'à la
même
époque un
accord fut conclu entre les deux Puissances, accord qui
homme malade du Bosphore
avait trait au sort de
l'«
A
rattache aussitôt
hypothèse se
cette
savoir
si
l'Angleterre
résistance systématique
à
de
réellement abandonné
sa
la prise
du
de possession éven-
tuelle,
par les
été,
cas échéant, la formule de cette concession inat-
le
tendue ?
Russes,
avait
».
question
la
dit
détroit ?
Quelle aurait
Qu'il se soit opéré
-
130
une transformation dans la podémontré par le mou-
litique anglaise, cela paraît déjà
vement de
Russie de l'Est
la
à l'Ouest. Les Anglais
savaient bien que la Russie, de quelque côté qu'elle se déployât, chercherait toujours libre.
Evidemment
les
un débouché vers
mer
la
Anglais préféraient que les allées
venues des vaisseaux de guerre russes aient
lieu dans que dans l'Océan Indien ou dans l'Océan Pacifique. L'on peut du reste conclure de l'ultéet
la Méditerranée, plutôt
Dardanelles en 1914-15, que du moins résignés à rencontrer
rieure expédition des
Anglais s'étaient
Russes dans
le détroit
qui sépare
le
que tentés de
le croire,
naval
anglais,
attaché
Nous
datait-elle
serions pres-
car plusieurs années après,
au
d'un
cours
la question des Dardanelles,
les
continent européen
du continent asiatique. Cette condescendance de l'époque de l'accord anglo-russe?
les
entretien
un sur
nous a déclaré nettement
:
Grande-Bretagne ne s'opposait pas à une solution
que
la
qui
devait
déclaration
compris
normalement éveilla
l'impression
l'inutilité d'une,
naturelle de toutes
intervenir
les
tôt
ou
tard.
Cette
que l'Angleterre avait
perpétuelle opposition à la plus
prétentions russes,
et
s'y
était
résignée.
Si cette supposition est juste
ments de
la guerre présente
—
comme
semblent
le
les événe-
démontrer
—
morale du Après une entente complète
la signification de principe et la signification traité de
sur
1907
est
claire.
la question des Dardanelles,
vait éclaircie de telle sorte
à
la coopération des
la situation
se
trou-
que rien ne s'opposait plus
deux Grandes Puissances en Eu-
rope, et à l'union politique qu'elle nécessitait.
Celle-ci
Monarques
s'exprima
bientôt par
de
rencontres
des
manifestations du
autres
et
-
131
même
genre,
de sorte que
le plan principal de la politique européenne un nouvel aspect. Le groupement des Grandes Puissances européennes était terminé: à la Triple- Alliance offrit
s'opposait une
Triple-Entente
«
On
».
a
dit
de la posi-
tion de la Russie vis-à-vis de l'Angleterre, qu'elle signi-
tion
modification
la
«
fiait
plus importante de
la
européenne depuis Bismarck
taux
écrivit
daire
»
«
:
dans
en juin 1903,
Toutes
les
>
1
la
la situa-
Et Gabriel Hano-
.
«
Revue hebdoma-
Puissances périphériques à l'Em-
Germanique se prennent par la main elles esquissent en rond un pas inédit, une figure imprévue, pire
«
:
l'encerclement
».
H. Bâchtold a une impression également juste de d'ensemble
l'aspect «
que
présente
Les accords anglo-français
collectivement une importante
et
retraite
1907
en
l'Europe
anglo-russes
:
signifient
des Français
et
des Russes hors de leurs vastes lignes d'expansion, qui
embrassaient à orientale,
l'Ouest,
l'Est,
d'immenses
en
Afrique
territoires,
orientale
où se trouvent des champs d'action plus rap-
prochés de la mère patrie, et en partie aussi ciens politiquement. Chassée de la
;
critiques de la politique » 1
Hunerwadel
ropâischen Krieges, 2
:
la
an-
Russie
repoussée du Nil
mer Rouge, la France se jette sur Les Balkans et le Maroc deviennent ainsi de la
plus
mer Jaune,
tourne ses regards vers les Balkans et
en Asie
et
pour se rapprocher de
le
Maroc.
les
points
2 .
Die geschichllichen Vorbedingungen des eup. 65.
Die geschichtlichen Grundlagen des Weltkrieges,
p. 30.
-
En
d'autres termes
—
132
de la
les adversaires
:
Triple-
Alliance se réunissent sur le continent européen.
Dans
du monde on a éteint avec soin la moindre flammèche, tandis qu'un grand feu se prépare sur la vieille Europe. les autres parties
* *
Le :ontr *;P.01
Allian
Dès à présent, coalitions est litiques.
*
la proportion
des
Rappelons
des deux
forces
au premier plan de tous
intérêts
les
la force guerrière de la
po-
Triple-Alli-
ance, qui s'est accrue jusqu'à l'arrangement militaire de
l'Allemagne avec
l'Italie.
Jusqu'à quel point la force
militaire de l'Entente a-t-elle prospéré ?
La France chercha en vain à
obtenir de
l'Angle-
terre l'assurance formelle d'une assistance par les armes, et les
Français ne purent jamais se consoler de cette
ombre au tableau de leurs relations avec l'Angleterre. Mais le Gouvernement britannique n'a pas cessé de souligner toujours
expressément, que
aucune obligation les autres nations.
l'Angleterre
militaire envers la
De
France ni envers
telles déclarations, qui
rent dans l'opinion publique de la
n'avait
provoquè-
France des
désillu-
sions qu'elle ne cherchait pas à dissimuler, furent faites
à
la fin de l'année
de
crise,
1911, par M. Asquith et Sir
Edward Grey, renouvelées en 1913 par conseil des ministres anglais, et furent
à
la
mémoire des Français
—
le
11 juin
Edward Grey à
le
Président du
même
rappelées
1914.
«Il n'e-
chambre des communes — dans le cas d'une guerre entre Grandes Puissances européennes, aucunes conventions non pu-
xiste
disait alors Sir
bliées qui puissent influencer
la
ou empêcher
la libre dé-
—
-
133
cision du Gouvernement ou du Parlement, relative à la question de savoir
si
Grande-Bretagne doit ou non
la
prendre part à la guerre
».
Cependant des rapports plus intimes blis entre les
vention qui fut
et
blissait
faite,
la con-
sous forme d'un échange de no-
22 et 23 novembre 1912, entre Sir Edward l'Ambassadeur de France à Londres. On y éta-
les
Grey
éta-
deux Etats, depuis que l'Entente Cordiale
complétée en Triple-Entente. L'on connaît
s'élait
tes,
s'étaient
qu'au cours des années précédentes,
majors généraux
et les
à plusieurs reprises
«
états-
les
amirautés des deux pays, avaient
échangé leurs opinions
tout en
»
réservant à chaque Gouvernement la liberté de décider,
suivant
cas,
le
s'il
prêterait à l'autre
ou non, son
tance par les armes. Les entretiens des fessionnels n'avaient engagé en rien les
nements,
et
Par contre,
déclarations de
générale
serait
ensemble attaque
Dans
si
ou
deux Gouvernements là
même
que
pro-
deux Gouver-
teneur
—
—
décidèrent
qu'au cas ils
et
des deux
gît la signification
gravement menacée,
où
la
paix
examineraient
une action combinée pour repousser une maintenir la
conditions
ces
militaires
ne devaient pas engager davantage l'avenir. |les
probablement
c'est
assis-
les
paix,
nécessaire.
paraissait
Gouvernements conféreraient et tiendraient compte
ensemble des mesures à prendre des vues de leurs états-majors.
L'arrangement militaire cun Gouvernement quences. vait
A
Londres,
ouvertement
le
n'était et
était
forcé
donc prêt d'en tirer
;
mais audes
consé-
par suite à Paris, on se réser-
droit de juger l'attitude et la
situ-
—
-
134
ation du voisin et ami, afin de ne pas se laisser entraî-
commencement de 1914,
qu'au
instances
dernières
du canal,
Paris tenta de faire parvenir de l'autre côté les
News and Leader
Daily
«
»
répondirent que, malgré
sa sympathie pour les Français, permettrait jamais «
Une
Aux
une aventure téméraire.
aveuglément dans
ner
une alliance
anglaise ne
la nation
militaire
maritime.
et
simple allusion à une Alliance de ce genre avec
Russie, soulèverait une tempête qui balaierait un Gouvernement capable de commettre une telle erreur ». Quant à la Russie, on n'avait certes rien convenu du tout avec elle au point de vue militaire. Nous pouvons nous en rapporter au publiciste allemand Theodor la
Schiemann, dans
sujet
que
qui, dès le
la Gazette
le 21 avril 1914,
Paris, des
Grey
et
Russes
début de la guerre, écrivit à ce
de la Croix (Kreuzzeitung) le
roi
Georges v
eurent lieu entre
négociations
«
Lors-
Sir
à
Edward
l'ambassadeur de Russie à Paris, Isvolski. Les proposèrent
transformer l'Entente en
de
Alliance.
En
position,
mais on posa
Edward Grey refusa
vérité, Sir
les
prend en outre,
la conclusion de
que
maritime aurait dû avoir lieu en août avait déjà
cette
—
convention
mais
la guerre
commencé.
Jusqu'à
la
dernière
heure,
l'union
militaire
sans cohésion au sein de la Triple-Entente, abstraction de la fraternité était
ma-
allemand nous ap-
».
L'historien
une
cette pro-
bases d'une convention
ritime russo-anglaise
terre
:
arrivé
fut
l'Alliance
franco-russe,
si
était
l'on fait
qui répondait à
d'armes germano-austro-hongroise. L'Angleet
resta,
dans
la
Triple-Entente,
l'«
Allié
volontaire
»,
sur lequel on pouvait fonder des espéran-
ou auquel
ces,
-
135
renoncer, suivant l'humeur du
fallait
il
jour. Il
est
chaînement de pouvait était
le
système de l'Entente,
la guerre.
égarer
Il
facilita le dé-
apparaît en tous cas, qu'il
des
calculs
les
degré ce
quel
décider jusqu'à
de
difficile
point faible dans
donc des plus dangereux,
forces européennes et
l'on
combien
sait
;
il
la
diplomatie russe s'est efforcée, pendant les journées qui
précédèrent la
grande guerre,
Gouvernement de Londres attitude indécise.
de faire
comprendre au
tout le danger qu'offrait son
Ces tentatives d'arracher une promesse
ou plutôt encore une déclaration formelle aux Anglais, restèrent vaines. Jusqu'au le
pacte
solidement
commencement de
uni de la
vis-à-vis de son adversaire et
politique,
qui
quement
et (sauf
litaire entre
pris
par ses membres récipro-
en ce qui concerne
Berlin et
tente, lors de la crise de l'annexion,
que
les
convention mi-
comme nous
déjà vu, peu après l'accomplissement
diplomatique fut
la
Rome) aux yeux du monde
Cette supériorité se manifesta,
flit
affirma
une supériorité diplomatique
une conséquence naturelle des
était
engagements militaires
la guerre,
Triple-Alliance,
alors
poussé à
de
la
Triple-En-
en 1908. l'aigu,
entier.
l'avons
Le con-
jusqu'à ce
Puissances de la Triple-Entente eussent compris
que leur cohésion défectueuse
n'était
pas à la hauteur
de l'organisation parfaite de la Triple-Alliance, et qu'il
manquait à leurs
intérêts
cette solidarité
leur adversaire. Cependant par la suite, les
rencontres de Monarques,
d'hommes
qui
unissait
nombreuses
d'Etat, d'intellectuels
— et
—
136
de représentants des intérêts économiques ne parvinrent
pas à donner aux trois
«
Puissances d'encerclement
constituaient l'amicale mais problématique
base plus
solide.
Ce
pas en
n'est
«
Entente
qui
une
un jour que
pouvait harmoniser trois Puissances, qui, de
l'on
vieille date,
ou parfaitement indépendantes, ou se combatti-
furent,
rent en ennemis
L'Angleterre core
», »,
loin
et la
d'être
à travers Russie libérées
d'un
qu'un passé riche
réciproque,
de
dédale
le
politique.
la
particulièrement,
en-
étaient
sentiment de
méfiance
de luttes avait laissé au
cœur des deux Gouvernements. Le doute planait sur l'opinion publique les hommes politiques de la Triple-Entente avaient peine à se calmer, depuis que l'Entente avait si mal soutenu sa ;
première épreuve en encore
caractérisé
l'homme d'Etat
1908.
par
cette
Cet état
d'esprit
exhortation
et historien français Gabriel
bien
est
que
proféra
Hanotaux,
«Bévue hebdomadaire», lorsque le ciel politique s'assombrit peu à peu jusqu'à menacer l'orage, en cette année de crise: «Je suis de l'avis des Daily News : le temps est venu de parler. Il faut que en février 1911 dans
les
la
peuples apprennent
la vérité tiroirs
;
il
—
et
plus tôt que plus tard
faut qu'ils sachent ce que
renferment
de cette fameuse combinaison à secrets, la
Entente
».
Oui ou non,
existe-t-il,
entre les
— les
Triple-
«
trois
Puis-
sances, Russie, France, Angleterre, des engagements for-
mels ? Oui ou non, les trois politiques sont-elles liées? Oui ou non, l'Entente a-t-elle en vue des objectifs précis ?
Oui ou non, dispose-t-elle de moyens efficaces?». Puis
il
rappelait
(comme
cela se faisait de
temps à
-
-
137
autre en France) les événements de 1870, lorsque
le Gouvernement impérial de Paris espérait jusqu'à la dernière minute pouvoir compter sur des promesses assez impré-
cises de l'Autriche-Hongrie et de l'Italie,
ment
point un Etat
Jusqu'à quel agissant
et dut finale-
à l'adversaire.
faire face seul
indépendamment,
de
protection des. deux autres?
Triple-Entente,
la
compter
pouvait-il
une des
trois
pouvait-elle par ses décisions engager les
sur
deux autres?
questions qui surgissaient d'un
Telles étaient les
la
Puissances
état
de malaise et qu'on laissait sans réponse, pour ne pas désillusionner les
peuples,
même
ou
pour ne pas
les
inquiéter.
Elles ne furent pas
après
même
l'incident d'Agadir,
ainsi dire seule,
la
résolues, lorsqu'en 1911,
France dut soutenir pour
une dangereuse
lutte
l'Empire
allemand.
La Triple-Entente
inconnue
et difficile
à évaluer.
Déjà,
l'on
était
Jusqu'au moment où
parvenu à la lutte
la
diplomatique avec resta
veille de
commença,
la
une force la
guerre.
Triple-En-
tente n'est jamais entrée en scène unie et avec succès.
Elle portait la
pas dans variable.
la
marque de
l'incertitude
;
elle
ne pesait
balance européenne d'un poids absolu,
in-
L'AUTRICHE - HONGRIE '
Nous avons naguère entendu un Anglais
a dynastie
,
es peuples.
pour une cause ou pour une autre,
affirmer
du Grande -Bretagne pourrait glisser a la forme républicaine sans que l'édifice de l'Etat en fût le moins du monde ébranlé. que,
si
venait
trône
un
manquer, ^
à
jour J
la
.
La couronne
l'héritier
.
n'est pas la pierre angulaire de l'existence
de l'Etat britannique.
En
Autriche-Hongrie, par contre, la Monarchie re-
présente non seulement la forme de l'existence politique,
mais
en est encore
elle
laquelle
meut
se
la
vie
bourg ?
Ils
d'armes
faits
des
que
par
sinon
peuples
qui apportèrent à et
autour de
la
politique
leur dynastie
des mariages
toujours
de nouveaux
de nouveaux royaumes. Avec la main de Marie
bourguignons, par son mariage avec la
Ferdinand çut
les
par les
pratiquée
par
Bourgogne, l'Empereur Maximilien acquit
de
En
rassemblés.
la
souverains au sein de leur famille,
titres
colonne
Monarchie des Habsagrandirent leur domaine, moins par des
qui les a réunis,
effet,
la base, la
et
de la reine Isabelle, son
territoires
C'est ainsi
que
le
attenant
fille
fils
pays
les
unique de
Philippe
re-
à la couronne d'Espagne.
grand Empereur Charles
v,
réunit
sous son sceptre les pays bourguignons et espagnols il
régna à Vienne, à Madrid, à Anvers,
sur
le
;
et bientôt aussi
nouveau monde que Colomb venait de découvrir.
En
-
139
un double mariage dans
outre,
bourg
lui
avons
donc
valut
la
sous
et
la
yeux
la
base
les
mondial d'Autriche
:
Les peuples
l'hérédité avait réunis,
fondent
lement
les
se
Une pensée
uns aux autres,
Nous
Hongrie. de
l'Empire
couronne richement four-
c'est la
nie d'une vieille dynastie.
entité politique.
Habs-
la famille des
Bohême
et les
pays que
peu à peu en une
politique enchaîne graduel-
peuples rassemblés par
les
des mariages, mais cet événement politique ne peut se
qu'autour
dérouler
comme
le
roc
des
c'est ici
;
d'une
piliers
que
dynastie
solide
l'Empire agran-
les liens de
di se confondent.
En
deux
l'espace de
évolution
ou un peu
siècles
avec
s'accomplit
historique
tant
plus, cette
de
succès
que l'année 1713 put se réjouir de sa solennelle confirmation. La pragmatique sanction de 1713 proclame que
les territoires
de la dynastie des Habsbourg seront
réunis pour toute l'éternité en une entité positive
une
constitueront
dorénavant
dans
de la maison impériale
l'intérêt
aussi
—
est-il
dit
—
dans cet acte
nifeste des sujets, des
pays
et
Non
union.
qu'ils
mais
d'Autriche,
pour l'avantage ma-
des peuples.
Ainsi d'un domaine familial naquit
un Etat, une
La communauté des pays acquis par
réunion d'Etats.
héritage, était l'idée
conservation,
;
seulement
le
dominante
souci
[de leur
historique
qui
Souverain
;
leur
ne se démentit
point depuis cette époque jusqu'à nos jours.
Les chefs de
pour
l'Empire
avec une
des
Habsbourg ont
lutté
énergie, que leur volonté de maintenir l'unité a bravé toutes les tempêtes du 18 me cette idée
telle
— siècle.
-
14Ô
Bismarck avait raison de prétendre, que lorsque
l'Empereur d'Autriche montait à cheval, suivaient.
1866-67 de grie
;
telle
La couronne l'idée
de
la
peuples
les
le
Habsbourg triompha en séparation qui hantait la Hondes
un antique symbole,
elle planait intacte
au-
dessus des luttes des partis nationaux, son éclat recom-
mençait toujours à captiver
les regards
des sujets tur-
bulents. Jamais son autorité ne s'affaiblit, et après les
révolutions de 1848, aussi bien qu'après la malheureuse
guerre de 1866, la couronne rassembla les nations dé-
couragées autour
de
et
directeur de
principe
l'ancien
pragmatique sanction,
resserra
les
liens
la
affaiblis.
Non seulement le Souverain commun, mais aussi les dangers communs contribuaient à maintenir la solidades peuples de l'Empire
rité
des
Habsbourg. Pendant
du
la lutte séculaire contre les Turcs, à l'époque
« péril
turc », l'image politique de la Monarchie austro-hongroise se
fortifia.
Après des
s'avéra toujours davantage
Ce
n'est qu'avec la totalité
réunis,
que
les
décisives, la solidarité
victoires
comme une de
Empereurs de
leurs la
nécessité vitale.
peuples chrétiens
maison de Habsbourg,
pouvaient résister à l'invasion des Turcs dans l'Europe
Ce faisant, ils ont prouvé le Empire mélangé, non seulement
centrale.
leur
propres peuples, mais encore
vis-à-vis
droit
à
la vie
de
vis-à-vis de leurs
de l'histoire de
l'Europe entière.
L'Autriche et la Hongrie venaient de
faire
cette
expérience, lorsque les deux parties de l'Empire, après une dangereuse désunion, créèrent la convention de 1867. En Hongrie, le comte Széchenyi et le libéral
-
Kossuth,
bien que par des
réveillé des forces
-
141
—
avaient
et politiques, qui,
jusque-
moyens
économiques
différents
sous les apparences d'un pro-
là étaient restées cachées
fond sommeil. La Hongrie semblait vouloir de la
communauté de
échoua,
et
lorsque par
Mais
l'Empire.
libérer
se
tentative
cette
compromis de 1867, l'Empire
le
dualiste d'Autriche-Hongrie fut fondé, les vieux
pes
:
dynastie
commune
et forces
princi-
unies contre l'étranger,
retrouvèrent leur signification sous une forme nouvelle.
Cependant
la
Hongrie agrandissait son
rangement avec l'Autriche
lation politique à la partie occidentale
Croatie, la
territoire
valut, outre son
lui
de
Slavonie et la Transylvanie,
était hongroise. L'essentiel restait toujours
de la cohésion
politique, la confirmation
;
l'ar-
assimi-
l'Empire,
la
qui
autrefois
le
maintien
de
la
prag-
matique sanction.
Pendant ce temps
le
jeune Empereur François-Jo- Revers de
seph avait perdu la Lombardie sur taille
de Magenta .
et
de
Solferino
.
;
champs de baainsi commença la les
.
.
série des épreuves qui caractérisent la vie et
que étrangère du défunt Monarque. avec et
les
En 1864
i»
i
•
la
politi-
il
partit
Prussiens à la conquête des duchés de Schleswig
de Holstein,
et bientôt
après
il
se trouvait en guerre
compagnons d'armes. Il s'agissait alors de la couronne du futur Empire Germanique elle fut arrachée à l'Empereur des Habsbourg, lors de la mémorable bataille de Sadovva. Dans le traité de paix de Prague, le jeune Monarque dut donner son assentiment « à une contre ses
;
fortune et
" ou ve,. e ,
orientation,
-
-
142
nouvelle forme de l'Allemagne, sans la participation de
l'Empire d'Autriche le
Schleswig pas
suffisait
et le
».
François-Joseph dut abandonner
Holstein aux Prussiens. Mais cela ne
en cette sombre année 1866,
;
dynastie
la
des Habsbourg perdit encore la Vénétie. Elle fui réunie
au nouveau Royaume
bien
d'Italie,
que ses
troupes
eussent été battues par les Autrichiens sur terre
et
sur
mer.
Endiguée et refoulée à l'Ouest et au Sud, définitivement exclue de la direction des Etats allemands, et privée du Dominium italien, le problème d'une nouvelle orientation politique se pose donc à la grande Monarchie danubienne. Les perspectives sont favorables, car la vieille souche de l'Empire des Habsbourg est restée intacte
;
la dynastie est
à sa place,
elle tient
entre ses
mains les fils traditionnels. L'union politique de la Double-Monarchie est confirmée c'est en qualité d'Union réelle que l'Autriche-Hongrie entre dans la période de la politique contemporaine. Le passé et l'avenir, les :
hommes
d'Etat et les économistes, tout désigne à l'Em-
du Danube, l'Orient comme nouveau champ d'acvainqueur tivité. Le nouvel Empire allemand est resté
pire
à l'Ouest en le
;
il
absorbera tout ce qui est disponible tant
territoires
un organisme l'Est, le
la
qu'au point de vue économique.
Au
Sud,
principe des nationalités a créé, avec l'Unité italienne, politique
passé a établi
Turquie une profonde
que
inébranlable....
entre la
fait
et
inimitié, et l'avenir fait espérer
l'on pourra nettoyer les
hométan,
Par contre, à
maison d'Autriche
Balkans de l'élément ma-
espérer une victoire du christianisme sur
-
143
-
l'islamisme, et la préparation de l'expansion économique
de l'Autriche-Hongrie dans les Balkans.
Les hommes de science dirigent aussi leurs regards allemand,
l'économiste
Friederich
List,
conseille à ses
frères de
race
d'habitants des
pays du Danube, de suivre ce fleuve
vers
l'Orient.
en aval,
et
considérer
de
comme un champ l'Autriche.
Il
d'activité
fallait
et colonial
pour
que l'Autriche devînt une Puissance
balkanique, et veillât
ce qu'aucune
«à
Turquie, ni dans ses villes libres
lonique et Constantinople. la
qualité
balkaniques
territoires
les
économique
Puissance
route continentale
pensait à Sa-
il
fallait
pas non plus que
conduit en
Perse par l'Asie
Il
qui
—
étran-
démembrés de
gère ne vînt s'établir sur les territoires la
en
autrichiens,
ne
mineure, tombât entre les mains avides de l'Angleterre 1
.
Enfin, Bismarck lui-même intervint par ses conseils.
Nous savons
déjà
quelle
importance
au
attachait
il
maintien de l'Autriche-Hongrie dans la plénitude de sa
même
force «
En
outre,
s'il
fallait
y engager l'armée allemande
l'homme d'Etat prussien
était
>.
plus persuadé
que quiconque, que l'Empire voisin ne pouvait s'affermir qu'en Orient.
Il
s'était
bataille de Kôniggrâtz,
role
de
:
montré plein de ménagements à
de l'adversaire vaincu. Déjà sur
l'égard
«
La
querelle
il
est
avait laissé tomber vidée,
il
renouer avec l'Autriche-Hongrie,
lations amicales
».
champ de
le
s'agit les
cette
anciennes
Bien loin d'abuser de sa
pa-
maintenant re-
victoire, et
de se faire de l'Autriche-Hongrie un ennemi irréconci1 S. Kiintzel: Zum geschichtlichen Verstiindnis des grossen Krieges. Berlin 1916.
— liable,
Bismarck
malgré
clameurs des grands
les
à obtenir de son Empereur,
militaires,
à toute
réussit,
-
144
exigence
Mais
territoriale.
qu'il
renonçât
en
tout
ensuite,
cherchant à aplanir les voies d'accès à une alliance de
l'Allemagne avec l'Autriche,
champ
vers l'Est, vers
le
devait leur être
commun.
Le grand
homme
orienta
d'activité
l'Etat
le
commun
découragement qui subsistait depuis 1866, de
un premier
heureux
du
le
grand
faire cesser
effort.
Ce dessein amena bientôt
résultat qui dépassait toutes les espérances
Andrassy,
comte
le
en
véritable
;
Hongrois
ennemi des Slaves, en fut peut-être moins son Empereur. Nous voulons parler
mandat traité
orientale.
que
provinces
du
si
de la politique intérieure, l'engageait encore
les troubles
à persister dans cet
et partant
des
voie,
la
unanimement recommandée, de la politique Son propre désir d'aider sa patrie à vaincre
cependant
l'avenir,
comte Jules
le
ministère
donc résolument
suivit
danubien
dans
qui,
d'Etat hongrois,
Andrassy, qui occupait alors affaires étrangères,
il
européen Bosnie
de
d'occuper et
et
d'administrer
d'Herzégovine.
L'article
les
25
de Berlin de 1878, qui stipule ce droit d'oc-
cupation, dit encore
hongrois n'exprime
:
« comme le Gouvernement pas le désir de se charger
austro-
de l'ad-
entre la
Sandjak de Novi-Bazar, qui s'étend Serbie et le Monténégro, jusqu'au-delà de Mi-
trovitza,
dans
ministration
du
la direction
tomane continuera de danubienne se réserva
du Sud, l'administration otMais la Monarchie
s'y exercer ». le droit
de tenir garnison sur ce
territoire et d'y construire des routes militaires et corn*
-
Gouvernement de Vienne
merciales. L'intention du
évidente lui
Monténégro, ni
ni le
:
—
145
la
Serbie,
était
ne devaient
chemin de Salonique une large route Macédoine restait ouverte aux Puissances cen-
barrer
vers la
le
;
trales.
* * Il
*
serait faux d'admettre
s'accomplit sans peine.
coup de volonté
Au
et d'argent
que
cette
contraire, ;
il
pas facilement à sans
et
qu'il
elle
l'Est L'extension vers
coûta beau-
fallut exercer
opiniâtre contre des populations qui
Sarajevo
marche vers une
lutte
ne se résignaient
nouvelles conjonctures politiques.
ces
Trebinje durent être prises d'assaut, non
en résultât de grandes pertes. Alors seulement
put commencer la réorganisation nécessaire et complète
de l'administration. serbes-orthodoxes était
Les éléments turcs-mahométans montrèrent
s'y
si
et
récalcitrants, qu'il
presque impossible de les soumettre.
En voqua
outre, le
l'occupation
malaise de
des
l'élément
deux
provinces
qui ne se montrait pas très enthousiaste
de population
slave
en ce qui concerne
pro-
magyare de l'Empire, d'un
surcroît
dans la Double-Monarchie. Enfin, la
politique
extérieure,
l'annexion
augmenta la jalousie de la Russie, et le dépit du Sultan Abdul Hamid ne connaissait plus de bornes. Cependant, cette mauvaise humeur turque prenait une signification moins grande dans l'histoire universelle, que la colère de la Russie. Moins grande que le conflit latent mais aigu qui devait se développer par la suite entre
le
chef
des peuples slaves et la Double-Monarchie, en progrès vers l'Orient. 10
-
-
146
Pourtant, ni les difficultés du moment, ni les dangers de l'avenir, ne pouvaient détourner le
Gouverne-
ment austro-hongrois de l'exécution de son programme. La diplomatie n'a pas encore appris à se servir de moyens préventifs. Lorsqu'un feu menace d'éclater, on prépare les pompes au lieu d'écraser les étincelles.
—
C'est
qu'à
ainsi
cette
époque,
on
encore les
suivait
vieux principes de la politique. D'une part la Monarchie
danubienne, avec ses besoins économiques tions
politiques,
projets viennois.
l'Alliance
de
la
l'autre,
et ses
ambi-
Russie adversaire des
Conséquence pour
l'
Autriche-Hongrie
:
avec l'Empire allemand, qui fut consommée
peu de mois après
du
la conclusion
traité
de Berlin.
Après 1879, d'anciennes relations se rétablirent entre Vienne et Berlin, dont le sens intime peut se justifier non seulement au point de vue historique, mais encore à bien d'autres points de vue. On était donc en droit de se demander, où cette alliance du jeune Empire allemand
avec
la
Monarchie
vieille
les
l'Autriche-Hongrie, la
péninsule
:
libérer ces
des
était
le
plaît
deux
mot
Alliés.
d'ordre
«
entrait
au développement économiaux Russes », tel
de Jules Andrassy,
à considérer comme fit
Balkans
Résistance
le
plus grand
de l'Autriche-Hongrie au 19 me qu'il
des
;
russe, et préparer les voies
que
Habsbourg,
il y avait là deux tâches à rempays de l'influence, voire de la tutelle
seule en considération plir
des
Puissances centrales? Pour
pourrait bien conduire
à son Souverain,
il
siècle.
que l'on se
homme
a convenu que seule
nécessité, avait motivé, après
des
d'Etat
Dans un exposé cette
échecs militaires
et
—
—
147
diplomatiques, la politique suivie
allemand
de l'Empire
vis-à-vis
que l'Empereur FrançoisJoseph n'avait pu admettre qu'au prix de grands efforts et
de
politique
l'Italie,
sur lui-même.
L'Autriche-Hongrie ne songeait nullement à entreprendre une politique de conquêtes. Nous voyons com-
ment, en ces années-là, l'Empire des Habsbourg reprend
son essor, panse
dont
les blessures
prend confiance en
soi.
En
préparant son avenir, l'Au-
se
qu'elle aperçoit
en Russie. Elle
:
en 1879
la Tri pie- Alliance.
nie
vient s'ajouter
c'est la
monde
danger menaçant systématiquement
Double-Alliance, en
Et déjà l'année suivante,
comme
des Puissances
avant-poste
panslaviste, s'est perpétuée
au bord du Danube,
depuis cette époque jusqu'à nos jours, où aulique
Rade émet, dans
mation caractéristique
:
la
1882
Rouma-
Une sombre méfiance envers
centrales contre la Russie. le
le
édifie
prémunit contre
triche-Hongrie
sa défense
a souffert et re-
il
le
« la
conseiller
le
Pester Lloyd \ cette affirmauvaise volonté de Grey
au plus profond de son être, jamais le M. Poincaré n'aurait osé se montrer à la lumière du jour et, en outre, Salandra aurait mis un frein à la folie irrédentiste. Mais le sauvage Empire se serait retirée
désir de revanche de
moscovite, toujours disposé à faire la
un élan même, la
irrésistible ».
Pas
plus
politique étrangère de
connut d'autre danger que
le
guerre,
alors
l'Autriche-Hongrie, ne
danger slave,
quait aussi celui d'une plus grande Serbie.
du 27
juillet 1916.
imprima
qu'aujourd'hui
qui impli-
—
—
148
L'antagonisme russo-autrichien
germe de guerre lorsque lui eut
la
puissante
était
Alliance
un dangereux
certainement
devint
celui-ci
;
des
Empires
préparé un terrain d'activité propice.
La Double-
Monarchie avait cherché à se défendre contre russe, sur le territoire mitoyen des Balkans, Alliance voulait le braver, peut-être
vaincre. L'Autriche-Hongrie,
si
fatal,
centraux
le
colosse
la Triple-
même, un
jour, le
ce projet devait aboutir,
ne pouvait se passer des conseils de l'Allemagne,
même
de sa puissance, ni
ni
de sa direction.
L'Empire allemand souligna tout particulièrement l'opposition des Puissances centrales à la Russie, lorsque le
Concert européen cherchait à régler la question Cre-
toise.
En
1897, dans une guerre contre la Turquie,
la
Grèce avait essayé en vain d'arracher aux Osmanlis l'île
de Crête, dont la plus grande partie est chrétienne,
pour l'annexer à
la
mère
patrie.
Le soulèvement général
des peuples balkaniques contre les Turcs, menaçait déjà
à ce moment-là, d'éclater les
;
ce n'est qu'à grand'peine
Puissances réussirent à
La Grèce
fut battue,
mais
localiser
la
lors des négociations de paix,
l'Europe la protégea contre les prétentions turques. raison du résultat de la guerre, tion d'annexer la Crête
que
à
il
cependant, tandis
la Grèce,
avaient déjà décidé l'autonomie de
dissidences bientôt
cette
dans
En
ne pouvait être ques-
les adversaires combattaient encore, les
sement de
que
conflagration.
l'île.
Puissances
Mais
l'établis-
indépendance politique provoqua des le
camp des Grandes-Puissances,
l'Empire allemand
Russie avait proposé de
se
sépara
nommer
le
des
prince
autres.
et
La
Georges de
-
—
149
Grèce aux fonctions de commissaire général des Puissances, dafis
l'Ile
;
mais l'Allemagne croyait devoir,
vis-
à-vis de la Turquie, refuser cette proposition, et l'Autriche-
Hongrie se plaça aux côtés de son de
L'autonomie
alliée.
de Crête fut donc réalisée par les quatre autres
l'île
membres du Concert européen, sans le concours des deux Puissances centrales. A peine cet incident, qui avait prouvé si clairement de
solidarité
la
avec
l'Autriche-IIongrie
allemande en Orient,
eut-il
narchie, cette fois de son
pris fin,
que
politique
la
la
Double-Mo-
mouvement, exprima
propre
pendant toute une série d'années,
le désir
de s'entendre
pacifiquement avec la Russie dans les Balkans.
Depuis
la
de
guerre
1897,
de
peuples
les
péninsule n'arrivèrent jamais à se tenir en
repos
cette les
:
Serbes, les Grecs et les Bulgares se querellaient au sujet
de leur influence en Macédoine, ce pays de leurs rêves.
Après
la défaite serbe de
eurent été battus
que
les
1885,
par les Turcs,
premiers articles du
exactement
déterminé
traité
leurs
après que les Grecs
et
les
Bulgares
—
bien
de Berlin eussent très
frontières
-
semblaient
vouloir pénétrer en Macédoine. Mais l'Autriche-Hongrie
ne pouvait supporter
danger de
le
se
voir
barrer
la
route de Salonique d'autre part, dans une querelle à main armée au sujet de la Macédoine, la Monarchie du Danube se serait heurtée à la Russie. Pour éviter un conflit de cette sorte, sans pourtant abandonner les intérêts du pays, le Gouvernement de Vienne proposa ;
à
la
Russie,
Balkans, au
en 1897,
de maintenir la paix dans les
moyen d'une
action
commune.
Il
s'ensuivit
—
—
150
un arrangement, selon lequel aucun des deux Etats ne devait modifier le statu quo dans les Balkans, sans une entente préalable.
L'Europe se
de
réjouit
tration ottomane, porta
sage
cette
deux rivaux. Mais en attendant,
résolution
des
pitoyable adminis-
la
à son comble l'impatience des
grâce à une Gouvernements des Etats balkaniques, qu'on parvint à éviter le déchaînement du chrétiens de Macédoine, et ce ne fut que
énergique
pression
conflit
pendant
sur
les
années qui suivirent. L'attitude me-
les
naçante des Puissances européennes détermina aussi
le
Sultan, du moins en apparence, à réaliser quelques-unes
promises dès
des réformes
Cependant ces
longtemps.
tentatives peu sérieuses de réformes, ne suffirent pas à
populations opprimées.
apaiser l'animosité des
Nous Lamsdorfï
voyons
donc
aller d'abord
en
1902,
comte
le
à Belgrade, puis à Sofia
russe et enfin
le Gouvernement de moyens de maintenir la paix dans
à Vienne, pour s'entendre avec cette ville sur les
çais
Balkans.
les
Ce
«
fut alors
Dupuis - comme en
qui constitua l'élément tien
de la 1
Loc.
le
-
1897,
cit.,
p. l'
405
f.
L'observation
Autriche-Hongrie
et
l
»
active dans les Balkans, mais
assurée
».
consolation n'était pas
Russie nous révèle une
la
Bitterauf, à trouvera-t-il
si faible et
autant qu'une politique
« active >
que de
le
« Certes la Monarempêchée de mener une po-
litique
nous empruntons cette pensée,
main-
suivante sur les accords
la
chie danubienne fut pendant ce temps
Théodor
le
Mais lorsque
.
tendance d'esprit qui n'est pas encore vaincue
Peut-être
austro-russe
l'accord
plus important pour
paix dans les Balkans
amiables entre
professeur fran-
écrit le
:
paix européenne resta (p.
77)
aujourd'hui que cette
la paix valait
l'Allié
duquel
l'œuvre
dans
pour
les
le
moins
Balkans.
-
-
151
Sultan se contenta, en haussant les épaules, de ne ser que sur
le
deux Puissances,
Gouvernements de Vienne
les
et
Pétersbourg se remirent aussitôt à l'œuvre. Cette le
comte Goluchowski accompagna
le
de
fois,
comte Lamsdorff
hommes
à Mûrzsteg, pour élaborer avec les la
réali-
réformes proposées par les
papier les
d'Etat
de
Monarchie danubienne, un nouveau programme com-
plet,
qui
prévoyait
contrôle
le
des
deux Puissances
sur l'administration turque en Macédoine, et la réorganisation de la police de ce pays par des officiers étrangers.
Comme
le
Gouvernement
turc s'opposait à ces innovations,
deux Gouvernements menacèrent encore une fois de faire envoyer en Macédoine un Gouverneur général
les
pourvu d'un mandat européen. Enfin
le
turc accepta, sous certaines réserves, le
Mûrzsteg, et
l'exécuta
avec
la
Gouvernement programme de
nonchalance
orientale
bien connue. Les notes diplomatiques, encore nécessaires
pour confirmer
Vienne
et
résolution,
cette
des Puissances, à laquelle ture du
toutes
de
il
ne manquait que
la signa-
Gouvernement allemand.
C'est ainsi que la
arrivèrent
de Pétersbourg, en plus d'une note collective
l'
Autriche-Hongrie s'entendit avec
Russie sous une forme des plus pacifiques, au sujet
de toutes les questions qui
concernaient l'introduction
d'une administration supportable en Macédoine.
Il
s'agis-
au fond d'un problème de principe extrêmement délicat; soit de l'accord au sujet de l'influence des deux sait
Puissances dans
les
Balkans. Mais
il
apparut que ces
deux Puissances ne se souciaient de rien moins que de la guerre.
Et
cette
espérance
était
complètement
justifiée,
que
la politique des
-
152
Balkans ne conduirait plus jamais
Grandes Puissances à des conflits belliqueux. La Double-Monarchie avait agi dans le sens de ce programme de paix six ans plus tard, la Russie le dé-
les
;
posait sur la table de travail de la conférence de la Haye,
pour la plus joyeuse surprise du monde
entier.
Il
semblait
que désormais, rien ne pourrait plus entraver l'exécution pacifique du programme austro-hongrois dans les Balkans.
Cependant, l'ancien germe de guerre ne sommeillait
L'annexion Je la
Bosnie pas très
tdel'Herzé-
ovme
et ses
profondément sous terre
;
il
devait se réveiller
en 1908. La Russie avait subi une défaite douloureuse en
^s
*
e oi'ienta.le, et la Turquie
^'circonstances critiques, qui juillet,
nonçait
à
était
la révolution jeune-turque.
fertile
pour
bientôt,
le
de ces le
23
L'année 1908 s'an-
la politique orientale de la
danubienne, car en janvier déjà, fit
proie
la
conduisirent
Monarchie
comte d'Aehrenthal
un chemin Sandjak de Novi-Bazar, pour se
connaître son intention de faire construire
de fer qui traverserait
le
diriger vers Salonique.
Le ministre des
affaires
étran-
gères affirma alors au Parlement que l'Autriche-Hongrie restait fidèle
à son ancienne politique
aucun accroissement dans
les
Balkans,
territorial.
dit-il,
était
et
ne souhaitait
La mission de l'Empire
une mission économique,
tandis que la pénétration économique de l'Asie-Mineure et
de la Mésopotamie resterait
l'esprit d'entreprise le
allemand.
toujours
Au
le
résultat
de
mois de septembre,
comte d'Aehrenthal reçut son collègue russe Iswolski
à Buchlau, où se trouvait
la
maison de campagne du
comte
Berchtold,
ambassadeur à
alors
pour s'entendre avec Il
lui
-
153
Pétersbourg,
au sujet de ses derniers projets. si heureusement inau-
resta ainsi fidèle au principe,
en commun.
guré, de la prise de contact et du travail
A
Buchlau il fut question de compensations pourquoi ? Pour le développement des relations économiques et du trafic commercial de la Double-Monarchie, ou même pour la future annexion des provinces de Bosnie et
;
d'Herzégovine, qui se trouvaient encore sous l'autoturque ? Après
rité
rencontre,
cette
suppositions les plus diverses. Le jets
on
se
fait est,
livra
que
aux
les pro-
économiques de l'Autriche-Hongrie se transformèrent
soudain en projets de haute politique, que les plans de construction d'un chemin de fer furent relégués à l'écart
en présence d'un document plus important, qui proclamait
l'annexion de
la
Rien dans
Bosnie
et
de l'Herzégovine. l'Autriche-Hongrie, au
politique de
la
cours des années précédentes, n'avait décision arbitraire, surtout
l'on
si
fait
prévoir cette
se rappelle
les
pro-
positions énoncées plus haut, extraites de l'exposé poli-
même
tique du comte d'Aehrenthal, le 27 janvier de la
année. Par contre, nous trouverons peut-être une
indi-
cation de ce développement chez Bismarck, qui, au soir
de
sa
consigna
vie,
suivante
:
« Il
dans
que
est naturel
du Danube, aient des besoins dent au-delà
des
austro-hongroise
1
frontières ;
et
Vol. 2 page 252.
la
mémoires
ses
1
les habitants et
la
pensée
du bassin
des projets, qui s'éten-
actuelles
constitution
de la
Monarchie
impériale
aile-
— mande montre
-
154 que
la route
l'Autriche-Hongrie
doit
pour arriver à une réconciliation des intérêts po-
suivre,
litiques et matériels, qui existent entre la frontière orientale
de la race roumaine
et l'anse
de Cattaro
».
cependant pas nécessaire d'admettre que
n'est
Il
Gouvernement austro-hongrois
ait fait sien ce projet
le
hardi
de l'homme d'Etat allemand. Sans doute l'annexion des
deux provinces, où
la
Monarchie danubienne avait
ac-
compli avec succès, pendant de longues années, un travail de civilisation, pouvait se justifier sans trop de C'était
1908, daire
de
l'avis
:
Hanotaux, lorsqu'en octobre
Gabriel
traita cette question
il
«
dans la Revue
L'occupation des deux
trente ans
elle
;
peine.
provinces
hebdoma-
dure
depuis
a représenté pour l'Autriche-Hongrie,
une charge des plus sérieuses, une dépense de zèle, de soins et d'argent, qui méritent une récompense. Dans les rapports internationaux, ce sont là des considérations
qui pèsent.
L'Autriche-Hongrie, en accomplissant cette
œuvre d'organisation
et
de civilisation, a éteint un foyer
menaçant
de troubles et de dangers
Elle s'est donc acquis des titres à
pouvait
admettre
qu'elle
l'Orient et l'Europe. la
gratitude,
envisageât,
dans un
et
on
avenir
plus ou moins prochain, le rattachement plus ou moins
complet de ces provinces de l'Empire.
Il
ne
question de forme
s'agit ;
«
rédimées
guère,
»
au point de vue européen,
peut se régler sans trop de difficultés C'est ainsi que jugeait
des
affaires
toutefois
que
au corps
étrangères
—
même
en somme, que d'une l'affaire
».
un ancien ministre
français
en se rendant bien compte
l'esprit qui avait inspiré la
décision ina>
-
—
155
tendue du comte d'Aehrenthal, n'était pas celui
de
la
nouvelle politique austro-hongroise. Et pour conclure
à Budapest annexion,
et ailleurs, l'on était
Gouvernement avait
le
persuadé que par cette atteint
les
dernières
A
limites de la possibilité d'attirer l'élément slave.
Double-Monarchie
térieur, la
l'in-
doit envisager certaines con-
sidérations, qui ne lui laissent pas les
mains tout à
fait
Les
dans l'exercice de sa politique extérieure.
libres
—
Hongrois, qui déjà en 1878, ne voyaient pas sans déplaisir l'occupation des
deux provinces, montrèrent
fut approuvée,
car on
cette
Cependant, cette annexion
encore de l'inquiétude.
fois
en conclut que, quels que puis-
les projets économiques du Gouvernement viennois dans les Balkans, il aurait du moins satisfait ses appétits d'annexion, et ne désirerait
sent
dans
être,
l'avenir,
pas d'autres sujets slaves.
Mais un autre indice prouvait encore
qu'il
ne
pas interpréter l'annexion des deux provinces jusqu'à
s'était,
ce jour, contenté
fallait
que
d'administrer,
l'on
comme
l'inauguration d'une politique de force impérialiste. L'im-
portant
Sandjak de Novi-Bazar, avait déjà
Habsbourg Gouvernement l'avait
à l'Empire et
le
des
été
offert
du congrès de Berlin,
lors
refusé,
sous réserve de
pouvoir y construire des routes militaires et y tenir garnison ce passage de la frontière sud-est de la
—
Monarchie à
1
loc. cil
du Vardar,
la vallée
plètement abandonné
contestablement
la portée
maintenant com-
.
Nous citerons encore « La renonciation au
:
fut
l
ici
un autre jugement d'Hanotaux,
district
de Novi-Bazar atténue
de l'annexion, puisqu'elle révèle,
in-
comme
—
—
156
Cette décision notoire de renoncer
au mouvement
vers Salonique, semblait vouloir atténuer la
portée
de
qu'on venait d'accomplir. Elle produisit
l'acte politique
une bonne impression dans le camp de l'Entente cependant elle ne suffit pas à écarter la méfiance qu'ins;
piraient les tendances de la Triple- Alliance tout entière.
Or,
il
de voir clair dans la politique austro-
s'agit ici
hongroise, de comprendre ses intentions
et d'établir ses
aspirations, qui se montraient toujours de nature pure-
ment économique.
On et
de
même
trouva
l'Herzégovine
alors,
que l'annexion de
avait
fini
Monarchie danubienne
dommagement
:
la
Bosnie
par coûter cher à la
restitution de Novi-Bazar,
dé-
de 150 millions à la Turquie, compen-
sations économiques à la Serbie et au Monténégro, tout
— disait un homme d'Etat français — constituait un bien grand sacrifice, pour le droit de remplacer le mot « occupation » par celui de « souveraineté ». Et pourtant personne ne fut satisfait. Ni la diplocela
matie européenne, qui se sentait
—
matie russe la célèbre
«
intimidée
—
et surtout la diplo-
par l'audacieuse attitude
Nibelungentreue
»
et
proclamée par l'Empire
je l'indiquais tout-à-1'heure, une modification appréciable des visées
austro-hongroises vers Salonique et vers l'Archipel
».
Et Bach toi cl
prétend qu'il y eut des voix qui considéraient le renoncement à la porte qui conduit en Macédoine, comme la faillite de la politique
—
cit. p. 85. On peut se demander abandon du Sandjak n'avait pas été consenti au Gouvernement de Rome, pour le dédommager de son adhésion 9 l'annexion des deux provinces.
autrichienne en Orient, loc.
encore aujourd'hui,
si
cet
allemand, ni
royaume de
le
-
157
Serbie, qui dès lors, devait
être l'ennemi mortel de l'Autriche-Hongrie.
La Serbie lorsque
le
avait déjà adopté une attitude menaçante,
comte d'Aehrenthal parla, en janvier 1908,
de ses projets de chemin de fer
mença, dans
:
les Balkans, l'agitation
pour une plus grande Serbie, qui pour une plus grande Bulgarie.
I er ,
sous Pierre de la
de celle
prit la place
On
com-
propagande
s'arma contre l'Au-
triche-Hongrie, on s'arma pour obtenir par la force
un
débouché vers l'Adriatique, enfin l'on s'arma en fondant des espérances sur l'aide russe.
Lors de la crise
de l'annexion, Belgrade se laissa aller à une explosion de colère forcenée, à ce point menaçante, que la Russie eut la plus grande peine à calmer sa protégée L'hostilité serbe était en elle
ne
que
si
finité
du
pouvait
l .
elle-même peu dangereuse,
devenir funeste à l'Autriche-Hongrie,
elle entraînait
à sa
suite,
à cause des liens d'af-
de races et de solidarité, l'hostilité de
la Russie,
reste déjà en éveil. Cependant, la colère de la Serbie
ne pouvait, à ce moment,
décider les Russes
par la guerre de Mandchourie, à entrer en
épuisés
campagne
contre l'Autriche-Hongrie, mais elle resta à l'état latent, et nourrissait le
germe de guerre qui sommeillait à la Monarchie danubienne. Sous la forme
frontière sud de la
1 II est intéressant de lire, en 1913, ce jugement du « Temps » y a quatre ans et demi, quand l'Autriche annexa la BosnieHerzégovine qu'elle occupait depuis trente ans avec l'aveu de l'Europe, et que le Gouvernement russe, lié par ses engagements de :
Il
1876, 1877 et 1878,
refusa de soutenir à fond les protestatious
bruyantes, mais peu fondées de la Serbie.... (4 juin 1913).
— du
«
rêve panserbe
»,
—
158
de la libération
elle guettait l'heure
de tous les Slaves du sud, de la domination autrichienne.
Ce rêve devait-il un jour ? C'était
à néant, ou se
être réduit
là la question
réaliserait-il
que souleva de nouveau
l'annexion, la question qui menaçait la paix européenne
justement parce qu'elle
grand problème de
était
posée
;
nous trouvons derrière
cès d'Aehrenthal, le danger conjuré. et
le
Mais l'avenir
était
durables dangers. L'alterna-
briser la résistance
:
là
Ce que
la crise bosniaque, c'est le suc-
prometteur de nouveaux tive se posait
c'était enfin
la politique austro-hongroise.
—
serbe
ou céder
en s'arrangeant à l'amiable. La Monarchie des Habs-
bourg céderait ? Les Alliés de l'Empire allemand raient devant les Serbes ?
qu'en auraient
Du
dit
Qu'en auraient
morts,
dit les
Metternich et Bismarck ?
l'Europe avait
reste,
plie-
déjà supporté
longtemps
maint danger de guerre, à quoi bon étouffer de vive
nouveau germe ! En outre, en Serbie, le Gouvernement tout au moins, paraissait avoir trouvé mieux. Le 31 mars 1909, la tension existante prit fin, sur la force ce
déclaration
formelle
du
cabinet de
que
Belgrade,
Serbie n'avait pas été lésée dans ses droits par
—
accompli en Bosnie. La Serbie s'engage ce document, et
«
à abandonner
l'attitude
poursuivait
de protestation
de résistance, qu'elle avait adoptée depuis
d'octobre écoulé, en raison de l'annexion
en outre, à changer vis-à-vis
avec
de
celle-ci
la direction
l'Autriche-Hongrie,
sur
le
Voilà la fameuse
;
elle
le
mois
s'engage
de sa politique actuelle et
à vivre à l'avenir
pied de relations de bon voisinage
promesse que
la
le fait
le
».
Gouvernement de
-
-
159
Vienne vint rappeler à la Serbie 5 ans plus tard, dans le préambule de son ultimatum du 23 juillet 1914.
Cependant,
le
mouvement panserbe
continuait
progresser allègrement, et le danger pour la Monarchie
des
Habsbourg,
s'accrut de ce les
avaient
qu'entre
condamné chacun
des Etats à
vis-à-vis de son voisin plus fort. le
Monténégro,
la
cette Alliance, qui
Bulgarie allait
sa
tranquillité,
peuples des Balkans,
les
peu à peu, qui, jusqu'alors
s'arrangeaint
conflits
dans
troublée
d'être
fait,
—
enfin
La
l'impuissance,
Serbie,
la
Grèce,
préparaient sans bruit
permettre
d'attaquer
le
Macédoine tant convoitée. En 1912 l'Alliance balkanique était prête, et en automne,
Sultan
et
de
les quatre
libérer
la
royaumes se
jetèrent sur la Turquie.
L'Autriche-Hongrie aperçut déjà dans ces premiers
événements, un
danger
l'ordre existant dans
l'Empire
dans
de puissance
russe,
défaite de la Turquie,
quilibre
pour
maintien
le
de
les Balkans. Elle reconnut derrière
ce soudain déploiement la force de
sérieux
et
des
craignit,
Petits-Etats,
au cas d'une
un dérangement complet de
la Péninsule,
en faveur de
la
l'é-
Serbie et
de son protecteur slave, mais au détrimeut de la politique austro-hongroise.
A
tort
ou à raison,
les
La
à
Puissances centrales voyaient
encore dans l'Alliance balkanique, une arme destinée à
menacer non seulement l'est, mais encore l'occident, c'està-dire la Monarchie danubienne. Lorsque le sort des armes eut fait connaître sa décision, en ce sens que la
lutte
latente c ° ntre .
,
Serbie
-
—
160
Turquie d'abord, puis que
Bulgarie fut battue
la
par
aux mains des plus proches voisins de l'Autriche-Hongrie, le fantôme du rêve panserbe recommença à hanter le Gouvernement de Vienne. Celui-ci tenta de nouveau de lui couper l'herbe sous les pieds. Les Serbes n'auraient pas l'Albanie, leur fût refusé. il fallait que le débouché vers la mer Le comte Andrassy, le jeune, s'est prononcé en faveur d'une annexion de l'Albanie à la Grèce, ou tout au moins de la partie méridionale du pays, éventuelses anciens Alliés, que l'avantage resta
lement par
voie
la
cette solution n'était
tique de
d'une
hostile
l'Italie,
à la Grèce, l'Autriche-Hongrie
exprima deux désirs concernant Prince de Wied: car
ils
Comme
union personnelle.
pas possible, à cause de la poli-
les Italiens
le
futur
royaume du
ne devaient pas s'y
occuperaient ainsi les
deux
côtes
de
établir,
la
mer
Adriatique, et par conséquent, seraient les maîtres de son accès. D'autre part, la Serbie ne devait trouver en Al-
banie, ni
visme.
un
La
port, ni
lutte
un nouvel
asile
pour
le
autour de cette question devint
nées qu'au tournant de l'année 1912 à 1913, fallût qu'elle
n'amenât
panslasi
achar-
peu s'en
la guerre contre la Russie, contre
la Puissance protectrice des intérêts sud-slaves, concen-
désormais aux mains des Serbes. le 4 féCe malheur fut encore une fois conjuré vrier 1913, le prince de Hohenlohe arriva à Pétersbourg,
trés
;
porteur d'une lettre autographe de son impérial maître,
François-Joseph. L'heureux effet de cette mission extraordinaire retirer
se
des
fit
immédiatement
districts
sentir.
limitrophes les
On
convint de
troupes russes et
-
-
161
autrichiennes qui y étaient concentrées. Encore une fois l'Autriche-Hongrie avait triomphé pacifiquement de la
encore une fois
diplomatie slave,
causé au
avait
elle
peuple serbe une profonde désillusion.
La
décision de
la
Conférence des ambassadeurs à
Londres, au mois de mars, apparut de ce dénouement
tement
:
à
les territoires attribués
Mais
d'Albanie.
comme une
sanction
la Serbie avait à évacuer immédia-
la
compter sur l'appui de
la Russie,
future Principauté
la
bien
Serbie,
qu'elle
ne
pût
plus
montra peu d'empres-
sement à se conformer aux arrêtés des Puissances européennes.
En
avril
Scutari, en mai, elle contre,
d'autres
abandonna le siège de évacua la ville de Durazzo par
1913,
elle
;
albanais restèrent
territoires
occupés.
Mais, tandis que cela laissait les autres Grandes Puis-
sances assez froides,
l'Italie,
et
avant
tout,
l'Autriche-
Hongrie, s'insurgèrent énergiquement contre cette résistance.
10
Les représentants des deux Etats adressèrent,
une
juillet,
semaines après,
nouvelle ils
requête
à
renouvelèrent leur démarche
le
;
deux
—
sans
Belgrade
plus de succès. Le 4 août, l'envoyé d'Autriche-Hongrie s'adressa lui
aux
encore une fois au Gouvernement serbe,
reprocha
«
énergiquement
»
et
de n'avoir, contrairement
désirs de la Conférence des ambassadeurs, à Londres,
pas encore rappelé ses troupes d'Albanie.
Comme told
tout cela fut en pure perte, le comte Berch-
soumit quelques jours après,
mencement d'août 1913, au
soit toujours
Gouvernement
au com-
italien,
le
projet de faire entrer en Serbie les troupes austro-hongroises.
Il
s'informa
auprès
de
l'Italie,
si
elle
serait
n
—
—
162
disposée à prendre part à une était
impossible
de
déclina cette offre
de l'Allemagne
;
campagne, dont
telle
prévoir les
conséquences.
nous ne connaissons pas
;
il
L'Italie l'attitude
la déclaration de guerre n'eut pas lieu.
Une nouvelle démarche collective des Puissances, amena de nouvelles promesses de la Serbie. Mais elles ne furent pas tenues
;
bien au contraire, dans la seconde
moitié du mois de septembre, les troupes serbes modifièrent leurs positions en Albanie. Alors, le 1 er octobre, la
Triple-Alliance
commun
tenta
d'intimidation.
de nouvelles albanais,
à
troupes la
à Belgrade un Il
dernier
en résulta que,
serbes
le
en
pénétrèrent
essai
10 octobre, territoire
poursuite de bandes ennemies.
A
cette
le comte Berchtold répondit par un imposa au Gouvernement de Belgrade, pour faire évacuer ses troupes du pays. Le président du conseil des ministres, Pachitch ne se laissa pourtant pas effrayer, bien que la démarche du
nouvelle incartade, délai qu'il
Gouvernement de Vienne allemande
fût
appuyée par
les diplomaties
et italienne. Il s'ensuivit alors
et les Alliés
à ce moyen
un ultimatum,
de l'Autriche-Hongrie s'associèrent encore radical.
Le Gouvernement de Vienne
décidé à ne pas permettre à son petit voisin
promettre en quoi que ce soit sa dignité
et
intérêts de son pays. Alors, le vieux principe
permet aux Puissances de se s'alliait
de
la
à
la conscience
prodigieuse
Triple-Alliance.
les
hauts qui
usé,
justice elles-mêmes,
qu'on avait, à Vienne et ailleurs,
puissance
Comme
tendre parler d'une
faire
était
com-
de
la
militaire
inhérente à
la
Russie ne voulait pas en-
guerre, la
Serbie
dut
céder.
Mais
-
—
163
pour affirmer son indépendance Hongrie,
vis-à-vis de l'Autriche-
Gouvernement de Belgrade ne remit pas sa
le
réponse au seul cabinet de Vienne, mais encore aux autres Etats signataires du protocole de Londres. Cela signifiait
:
nous ne nous inclinons pas devant voisin, mais seulement devant
de l'Empire
la volonté celle
de
l'Europe.
De même qu'en 1908,
le
Panslavisme contenu au-
delà des frontières de l'Autriche-Hongrie, chercha encore
une
fois
à se venger à l'intérieur du pays, de
diplomatique
faite
Bosnie
vement
et
de
en Dalmatie,
était,
en
Ici,
la
dé-
Croatie,
en
mou-
tenta de provoquer le
il
Le but
séparatiste.
volutionnaire,
Serbie.
la
selon
final
de cette agitation ré-
l'interprétation
autrichienne,
d'arracher à la Monarchie les territoires habités par des
Slaves
du
lorsqu'un jour
sud,
la
situation
serait favorable à la réalisation des projets
Nous passons sous
silence
quelques-uns sont contestés
ne retenir que
la
les
panserbes
l .
isolés,
dont
reconnus,
pour
faits
et d'autres
politique
tendance générale du programme sud-
slave, et pouvoir juger de sa répercution sur la politique
intérieure et la sécurité extérieure de la
bienne.
Pour comprendre
la résistance
Monarchie danuacharnée opposée
à un mouvement subversif toujours en progrès,
il
faut
en outre nous souvenir des considérations préliminaires touchant la
quintessence et l'origine
des Habsbourg.
1
Voyez
Nous découvrirons
le livre
de la alors
Monarchie
un germe de
rouge austro-hongrois. Les menées dont se
plaignait la Monarchie, sont rapportées au
document 19 avec annexes.
plus
guerre
Un l'
éloigné
et
beaucoup plus ancien que
développement vers l'Orient
«
-
164
le
».
coup d'œil jeté sur la carte ethnographique de
Autriche-Hongrie nous montre, au cœur
Monarchie,
la tribu isolée
même
de
Autour de
des Magyars.
la
cette
tribu se
groupent des peuplades, qui toutes sans excep-
tion, se
déversent dans occidentale,
partie
les Etats limitrophes.
soit
de
autrichienne,
Dans
l'Empire,
la
ce
sont les Allemands, à l'extrémité méridionale du Tyrol, ce sont les Italiens.
Au
Nord-Ouest ce sont
les
Tchèques,
qui ne sont séparés de la frontière que par un très étroit de territoire allemand.
donnent
main à
la
leurs
frères
ruban
Les Slaves de Galicie polonais
de l'Empire
de Russie adjacent, et la frontière orientale, qui s'étend
de la Bukovine au Danube,
mais
laisse la nation
une seule
et
même
sépare bien deux Etats, roumaine réunie. Enfin au Sud,
population occupant la Croatie, la
Slavonie, la Bosnie et l'Herzégovine, la
de
Monarchie,
s'étend au-delà de
vers la Serbie et
plus
La prudence s'impose au Souverain, dans un
Etat
frontière
la
loin vers l'Orient.
où
les
en
aucun point avec
frontières
ethnographiques les frontières
ne
rencontrent
se
Une
territoriales.
pierre peut bien facilement se détacher de sa couronne, et
comme
mais sont
ces pierres reliées
les
ne sont pas
serties
unes aux autres,
une à une, le
si
lien
vient
à se rompre en une place, la parure eutière doit néces-
sairement s'effrondrer. Si
Napoléon
III avait déjà
Monarchie danubienne, on
s'est
qualifié
de cadavre
préoccupé
partout,
la
de-
-
—
165
puis lors jusqu'à nos jours, de la question de savoir ce
qui pourrait advenir de
la
Double-Monarchie après
la
mort de l'Empereur François-Joseph. Encore en 1913, on entendait parler, dans de cet Empire,
la ruine
les milieux diplomatiques, de
comme
d'un
événement
très
proche.
L'Autriche-Hongrie
mais
la
communauté
—
non plus
la Dynastie seule,
politique de l'Empire
—
dualiste,
se défendait contre l'accomplissement d'une telle destinée. Elle le la crise
fit
d'abord avec un
de l'annexion,
adversaires surtout
méthodique de
amour de
la paix, qui, jusqu'à
rencontra l'approbation
de
la vieille école,
qui
aux
répondait
ditions d'une dynastie essentiellement
-ce
vigoureux
que
temps, les germes de guerre devenaient plus et
plus
nombreux, lorsque
Gouvernement, lorsque contre les
tra-
conservatrice. Et
lorsqu'on s'aperçut dans la Monarchie danubienne
pendant
ses
ensuite elle mit en jeu la politique
;
la haine
de
la
méfiance du publique
l'opinion
de leur
s'approchaient
perturbateurs slaves
point culminant, on put alors tourner un regard
plein
de confiance vers l'Allié allemand. Celui-ci affermit bras et réveilla térêts
le
courage.
Il
en Orient, pour lesquels
prêt à intervenir, que la
avait lui-même il
était
le
des in-
encore bien plus
maison des Habsbourg, toujours
en proie à mille soucis.
Un dans
coup
d'œil
rétrospectif
montre
distinctement Les prélimi-
l'histoire de la politique austro-hongroise, des
de guerre.
Il
y a
là des intérêts
dynastiques
et
germes
naires de la
rande P asse natio- S d'arme.
— naux
;
—
166
des questions vitales de politique intérieure, qui
Nous vivons
exigent d'être pris en considération.
là des
heures d'insécurité, de crainte, en présence de la puissante
vague
Nous découvrons en
slave.
outre
des
besoins
programme
économiques, qui prescrivent nettement un
d'expansion, et enfin nous connaissons un Allié hérissé d'armes, qui a lui-même de vastes projets,
et
qui
est
toujours décidé, depuis des dizaines d'années, à accomplir la volonté des
Puissances Centrales.
Voyons maintenant
les
moments psychologiques
impérialisme farouche ou amour de
Pendant
les
la
:
paix ?
bouleversements qui se sont accomplis
dans la Péninsule des Balkans, nous avons vu la diplomatie
austro-hongroise
moyens
travailler
les plus conciliants,
et
longtemps
rien
dans
le
avec
les
caractère
des peuples de François-Joseph, ni dans leur littérature,
non plus qu'au sein des
partis politiques, rien ne faisait
prévoir des idées belliqueuses. L'on ne peut sans éton-
nement,
lire l'article
la « Militàrische
à
Rundschau
la rédaction de
n'était
de fond que publia,
cette
pas précisément
l'Autriche-Hongrie nécessité
si
».
feuille,
édifié
On
écrivit
La
9 mai 1914,
d'Allemagne
que l'Empire allemand du flegme avec lequel
s'occupait de ses
urgente.
le
« Militàrische
armements, d'une
Rundschau
»
re-
lève cette phrase, et répond au correspondant allemand
:
Chez nous, en Autriche-Hongrie, l'opinion publique n'est pas non plus édifiée de la manière dont nous «
préparons nos armements. Mais avec cette
que
cette
différence,
manière ne nous paraît pas trop flegmatique,
mais au contraire par trop impétueuse.... Parlons de
— armements
ces
sommes
Nous
!
-
167
D'abord,
pacifiques.
nous l'avons toujours assuré à tout
le
monde autour
de nous, ensuite, à des moments où tous, hormis nous, auraient répandu leur
bile,
de notre flegme,
et
nous avons prouvé par notre
ne pouvait nous
passivité active, que l'on
faire
sortir
pour ceux qui doutent encore de
notre calme inébranlable, nous avons engagé notre dernier atout en convoquant à Vienne universelle
1 .
Nous
Congrès de
le
la
paix
à l'exemple de Bismarck, nous
aussi,
monde, mais nous Bismarck ne savait pas encore, c'est
craignons Dieu et rien d'autre au
savons ce que
que Dieu est avec ceux qui procurent
Mais ces accents pacifiques que peu de mois encore avant
la paix. » faisait
entendre,
la guerre mondiale, l'organe
des milieux militaires austro-hongrois, devaient malheu-
reusement bientôt le
coup de vent
faire silence.
L'on commence à sentir
précurseur de l'orage, cet
événement,
purement psychologique, que nous devons éprouver avec chaque Etat, si nous voulons comprendre les décisions qu'il aura provoquées. Les bases d'une désormais
guerre existent
;
l'amour de la paix en aura-t-il raison,
ou va-t-on mettre en mouvement
le
moyen le Une
cien et le plus terrible de la politique ? «
agressive n'est pas dans
—
a
dit le
les intentions
Président de
30
avril 1914,
—
«
la
plus anpolitique
de l'Autriche
»
délégation autrichienne le
dans une harangue à l'archiduc héritier
aucun de nous ne
la désire,
mais d'autre part nous
croyons pouvoir exiger, eu égard à notre puissance, qui peut s'appuyer sur une armée forte et prête à la 1
Qui devait avoir
lieu
en automne 1914.
dé-
—
-
168
que ces manifestations qui se répètent sans cesse frontière sans nous laisser de repos, soient empêchées. Qu'on s'oppose à la propagande hostile fense,
à
notre
à l'Autriche, que font
—
pas la question les
—
officiellement
ou non,
là n'est
des voisins malveillants, afin que
peuples d'Autriche puissent enfin se réjouir en toute
tranquillité des bénédictions de la paix
On
est
donc prêt à tout
;
déjà la
».
déborde.
colère
homme
C'est ce qui ressort d'un discours adressé à cet
qui deviendra bientôt lui-même une victime des menées hostiles à l'Etat.
Et
l'opinion publique qui ne se doute pas
encore
du crime qui menace l'Empire, s'inquiète des armements croissants de la Russie. Un ukase du Tsar a prévu pour l'automne des manœuvres, qui d'après leur étendue, équivalent à une mobilisation complète. Les efforts de la Serbie
dans
le
domaine
militaire,
font aussi
des inquiétudes des milieux autrichiens, surtout
de la construction d'une destinée à assurer
Est-ce
frontière.
la
une
flotille
sur
suprématie
le
le projet
Danube, qui semble
serbe sur
provocation
l'objet
ou
le
fleuve-
un moyen de
défense ?
La aussi, la
Rundschau » a maintenant, elle le 27 mai elle met en demeure jouer cartes sur tables, afin qu'en Au-
« Militârische
changé de ton
Russie de
«
;
triche-Hongrie on sache à quoi s'en tenir
de
«
elle parle
;
et trois de la Monarchie abandonne tout espoir de paix déclarations pacifiques du ministre des affaires
l'ennemi
jours plus tard, « les belles
»
héréditaire elle
étrangères sont vaines.
»
:
Nous sommes à
la veille d'une
grande guerre, qui
-
169
nous aura
été
mais qui
imposée,
ne devra pas nous prendre au dépourvu
».
Le 28 juin, l'archiduc François-Ferdinand fut frappé à mort par la balle d'un sujet austro-hongrois de nationalité serbe, un fanatique du rêve panserbe. On se rappelle les reproches, qu'après enquête,
le
Vienne lança aux chefs responsables de au sujet de
cabinet de
l'Etat
Et maintenant l'Autriche-Hongrie voulait
La guerre mondiale
—
serbe,
cet attentat.
Non. La guerre contre
?
la guerre. la Serbie
à moins que ce peuple ne se soumît complètement,
sans restrictions,
sans proférer la
moindre parole de
aux conditions inflexibles d'une Grande Puissance profondément offensée. Le ministre de Serbie à Vienne, informa son Gouvernement le 20 juillet, en ces « Tout le termes monde ici est persuadé que cela résistance,
:
équivaudrait à un véritable suicide,
si
cette fois
encore,
l'Autriche-Hongrie n'entreprenait rien contre la Serbie
Dans
».
rapport de l'ambassadeur d'Angleterre à la cour
le
de Vienne, nous lisons
« cette fois les
:
écluses étaient
ouvertes, et le pays et la presse tout entière, réclamaient
avec impatience, de
race
la
que l'opinion natives
ou
:
tard,
le
exécrée
châtiment immédiat :
les
publique
Serbes.
tenait sa cause
pour
par si
lui 1
barrer
le
sanguinaire incontestable
ou se résigner à
elle...
être, tôt
Le peuple autrichien
indiscutablement juste qu'il
paraissait inconcevable, qu'il se trouvât
pour
et
est
croyait n'avoir que deux alter-
assujettir la Serbie,
démembrés
Il
chemin
»
lui
un autre peuple
1 .
Livre bleu serbe N° 31 et livre bleu anglais N° 161.
La
—
170
put donner aux
seule assurance que l'Empire
Puissances européennes effrayées,
cune ambition
Pour
territoriale.
danubienne resta implacable
c'est qu'il n'avait
elle
:
au-
Monarchie
la
le reste,
affirma
sa
volonté
de voir accepter intégralement par la Serbie, les dures exigences
qu'elle
Et cela dans un
imposait.
lui
de quarante-huit heures
!
Elle refusait
Sous condition que suspendrait immédiatement sa mobilisation, étrangère dans le
guerre
qui
de
commencer
serait provisoirement continuée,
prête
à accepter
tion.
Si
cette
la
conflit.
venait
action
pacifique
et
la
l'Autriche
proposition
la
contre
délai
immixion
toute
Russie
que
la
Serbie,
se déclarait
anglaise d'une médiaavait
été
entreprise
à
temps, la conflagration universelle aurait sans doute pu être
Mais l'Autriche ne s'engagea pas à fond
évitée.
dans
question
cette
de la
;
tension de ses
que puisse être
quel
narchie des Habsbourg voulait atteindre
que
fallait
la Serbie
Nous nous aux Serbes, le
résultat la
Mo-
la Serbie.
Il
saignât ou cédât.
à cet
arrêterons
ultimatum
présenté
de la déclaration de guerre.
et suivi bientôt
C'est jusqu'ici, si
le
rapports avec la Russie,
nous voyons
juste,
que va
la volonté,
pouvoir de résolution.... la responsabilité de la Mo-
narchie
danubienne.
Mais
quence de ces événements ne pouvons
la
déduire de
Nous ne saurions y
la :
pleine et la guerre
l'histoire
terrible consé-
mondiale, nous austro-hongroise.
voir qu'une première contribution;
tournons la page pour nous orienter d'un autre côté 1
Bien
qu'il
ne rentre pas dans
le
1 .
but que ce livre s'est
proposé, de discuter les pourparlers diplomatiques qui précédèrent
LA SERBIE Presque chaque Etat poursuit des buts déterminés, dont l'image se présente, plus ou moins vaut
du peuple. Vers ces buts convergent
l'esprit
de
volonté
la guerre, la
distincte,
communauté
la
question
populaire,
s'impose pourtant,
les
de savoir
L'affranchis
de- sèment de 1< dominallon la
institutions
si
guerre
la
une conséquence inévitable du conflit austro-serbe. Pour éclairer cette question, mentionnons ici, que les documents officiels des Puissances de l'Entente, sont unanimes à affirmer que
mondiale
fut
dans toute son étendue, le Gouvernement de Vienne se montra prêt à céder devant le danger bien que la Rnssie eût d'une guene mondiale. Le 30 juillet
lorsqu'il vit venir la catastrophe
—
déjà
commencé sa mobilisation
bassadeur russe,
et se déclara
—
comte Berchtold reçut l'am-
le
disposé à continuer les négociations
— écrit l'ambassadeur — la tension entre
« A partir de ce moment, Bunsen dans un rapport déjà cité
avec Pétersbourg. anglais de la
Russie et l'Allemagne devint beaucoup plus forte qu'entre la
Russie pays,
et
l'Autriche-Hongrie
un accord
l'ambassadeur
elle-même
les
était
—
;
je peux
en perspective
».
même
—
«
dire qu'entre ces
L'Autriche,
—
écrit
deux
encore
avait en réalité cédé en dernier ressort, elle avait
meilleures
espérances en une solution pacifique».
Entre autres, l'ambassadeur de France à Berlin confirma et souligna tout particulièrement cette interprétation, lorsque le 1 er août,
il
fit
au Président du conseil des ministres la démarche du Gouvernement allemand « L'ultimatum allemand, en ce sens qu'il connaître
:
arrive exactement à l'heure où
une entente paraissait sur
d'aboutir entre Vienne et Pétersbourg,
—
est significatif....
le ».
point (Livre
jaune, français N° 121. Comparez là-même, la note de M. Viviani
aux ambassadeurs
français).
politiques et
privées,
-
172
les
disponibles
forces
idéales
et
matérielles, et avant tout les efforts des chefs politiques
de
l'Etat.
Depuis
le
début du siècle précédent, les Serbes ont
grands buts
poursuivi trois
;
domi-
de la
s'affranchir
nation turque, réunir leurs frères de race sous un Souverain serbe indépendant, et plus cette exigence nationale semblait devoir se réaliser,
plus
aspirèrent
ils
à
un autre but encore, qui rentrait davantage dans le domaine de l'économie politique atteindre la côte de :
la mer,
pour permettre au futur
de poursuivre
le
Royaume
serbe agrandi,
développement de sa navigation com-
merciale.
Le le
désir de la
liberté
s'éveilla
à une époque
où
peuple serbe, autrefois puissant, languissait sous
y a à peine un Serbe entrait dans la ville à cheval, despotisme turc.
siècle,
Il
devait en
il
le
lorsqu'un des-
un membre du peuple souverain des Osmanlis. Mais plus la destinée est triste, plus modestes sont les prétentions. M. Rado raconte que, dans une supplique adressée au Sultan, les Serbes demandaient qu'on voulût bien empêcher les attaques et les enlève-» ments qui venaient constamment troubler les cérémonies cendre
s'il
de
bénédiction nuptiale des jeunes couples
la
l'autel.
rencontrait
Telles étaient,
il
y a cent ans,
les
devant
requêtes du
peuple serbe.
Parmi
les
trois
désirs
remplir l'histoire serbe, aucun
qui
ne
devaient
pouvait
sans avoir recours à la force des armes qui était de
nature politique, que
;
désormais se
réaliser
pas plus celui
ceux qui rentraient
dans
domaines national
les
serbes
aspirations
les
—
173
adversaire
infiniment
entreprises
ne put être
économique.
et
aucune
supérieur, faite
sans
Et
comme un
à
toujours
heurtaient
se
guerres
des
protection d'un
la
Etat plus puissant.
Mais quelle devait être la protectrice naturelle de Cette question La Russie ou l'Autriche ? a divisé le peuple serbe déjà au commencement du
—
la Serbie ?
précédent.
siècle
En
lorsqu'en
effet,
la
guerre
même
temps
1806,
éclata entre la Russie et le Sultan, et qu'en
la Serbie s'insurgea contre l'oppresseur, les
connurent le
le
Serbes re-
Tsar comme leur protecteur. Mais lorsque
protecteur laissa son
protégé
dans l'embarras,
l'in-
surrection s'écroula, et les Serbes, qui s'étaient soulevés
contre les garnisons
ottomanes du
suite de leur héros populaire
pays,
durent,
à
la
Cara Georg, se réfugier
sur territoire autrichien.
Nous apercevons
ici
chaîne des événements qui
la
rapprochent la Serbie de Y Autriche.
On
prétend qu'an-
térieurement déjà et par la suite, Cara Georg, n'aurait pas
proposé moins de sept
fois
au Gouvernement autrichien, l Le professeur
l'incorporation de la Serbie à la Monarchie
viennois 1
Uebersberger nous
Spiridion Gopcevic
d'extraordinaire reste
un
à ce que
original,
ait
de? Turcs. Par contre, lers
sant.
Russie
:
le
et
voir
Serbie 1916.
Il
le
n'y a rien
qui était du
domination autrichienne à
celle
point de vue qu'on attribue aux conseil-
de l'Empereur François lors de la première
Dans un rapport du 27 mai
archives
.
d'autre part,
héros national serbe,
préféré la le
fait
offre, est intéres-
1804, qui semble provenir des
de Vienne, nous trouvons l'argumentation suivante peu
en usage chez
les
diplomates
:
«
Prendre possession d'une province
— lien
ancien
plus
le
174
-
qui rattache
le
peuple orthodoxe
serbe à l'Empire russe, son frère de race et corréligionaire, lorsque
dans un
ayant
récit
trait
à l'époque agi-
du meneur serbe Cara Georg, il raconte qu'en 1804 déjà, le chef spirituel des Serbes de race hongroise,
tée
l'archevêque Stratimirovitch, avait adressé à l'Empereur
Alexandre réunir les
une requête, pour le prier de bien vouloir Serbes en un Etat autonome, gouverné par
un Grand Duc
Un
russe. les suffrages
désir réunit
de tous les
Serbes:
Mais de ce point Gara Georg et ses affiliés
se libérer de la domination du Sultan.
deux chemins se séparent sont dévoués à l'Autriche
:
;
par conlre, les représentants
de l'Eglise dirigent leurs regards du côté de la Russie.
Lorsque Cara Georg eût trouvé un refuge à Vienne,
un autre
se mit à diriger la politique serbe.
Milosch Obrenovitch,
lait
était
Il
s'appe-
de son métier marchand
comme un Génie Nouveaux hommes, nouveaux moyens au lieu d'attiser le feu de l'insurrection, il abandonna toute résistance, et se soumit humblement au Sultan avec ses de porcs,
et devait bientôt se révéler
politique.
:
compatriotes.
Milosch
Ainsi
s'attira
la
confiance
l'Empereur des Turcs, qui l'éleva en 1830 à
qui s'offre d'elle-même
- même solennellement
libre volonté générale,
et si
tages ce
—
une vue
dignité
par suite de la
grands qu'en puissent être
les avan"
offenserait ouvertement la fidélité à l'Etat et à la Religion,
que ne peut admettre
minables
et
la
de
la fidélité impériale;
difficultés qu'entraînerait
affaire
si
usuelle
et
si
l'offre doit être refusée.
sans parler des inter-
auprès des Grandes Puissances
dangereuse.
A
ce double
point de
poussa
de Prince et
-
175
sa
loin
si
confiance, qu'il
retira
peu à peu du pays les garnisons ottomanes. C'est ainsi que naquit la Principauté de Serbie; d'un peuple isolé incorporé à l'Empire turc, et dont l'histoire resta jusqu'à ces années-là, presque exclusivement confiée
populaires et aux légendes. Mais
haine irréconciliable
que
—
les
il
aux chansons
en résulta aussi une
entre deux Dynasties, une brouille
—
Serbes durent supporter
comme une
fatalité
jusqu'à notre époque contemporaine.
La Serbie
était
désormais une
autonome
province
de l'Empire ottoman, avec un Prince indigène, qui gouvernait au
nom du
Sultan. Les
avaient disparu du pays forteresse du
à Belgrade
;
de ce
soldats
dernier
seulement,
Danube, une garnison turque
cette
encore
était
restée.
Milosch se comporta sur
Néron.
Jusqu'à ce qu'enfin
posée et qu'un parlement vînt alors
il
comme un
lui
petit
lui fût
im-
demander des comptes
;
machina rapidement une Révolution, mais après
l'échec de cette entreprise,
en
trône
le
une constitution
faveur
de
son
il
En
fils.
dut renoncer à la couronne
année
cette
nous
1839,
trouvons donc déjà en Serbie des organes constitutionnels, qui sont les piliers d'un
dépendance de
sous la sation
—
l'Autriche.
la
sous la tutelle
De
intérieure, qui
futur
édifice
Turquie, et
morale de
politique
— la
mais
Russie
et
de
ces faits découle nécessairement la division
subsiste entre
les
de la Mo-
partisans
narchie danubienne et les amis de la Russie.
que Gara Georg cherchait de la
;
en compen-
le
salut de sa
dynastie des Habsbourg,
de
même
De même
patrie les
auprès
Obreno-
—
—
176
à cet ancien
vitsch appartenaient
que l'analogie
parti,
de la religion, aussi bien que la com-
de la langue
et
munauté de
race,
vivement ressentie,
toujours
attirait
vers la Russie.
La couronne et se fixa enfin
un
du vieux héros national Cara Georg,
fils
à
princière passa d'une Dynastie
l'autre,
sur la tête d'Alexandre Carageorgievitch,
A
l'instar
de son père, ce jeune prince avait aussi placé ses espérances à Vienne, et dans les pays balkaniques on se racontait les choses les plus étranges. «
—
disait-on
à un
tel
narchie danubienne, que
punément
—
lui souffler
le
—
se trouve
Il
degré sous l'influence de
Mo-
la
consul autrichien peut im-
à la figure, la fumée de son cigare
».
La Russie ne pouvait supporter cette intimité, et en Serbie même, il s'était produit un éloignement entre
le
parti
national
slave et son Souverain.
Il
donc
dut
bientôt abdiquer, et Milosch remonta sur le trône,
Sous Michel, qui décédé, la domination ditaire
la
à son
en 1860,
cette fois,
père
la Serbie fut déclarée héré-
Dynastie des Obrenovitsch. Plus
signifi-
encore que cette décision de la Porte, était
catif
que
pour
succéda sur
un Souverain indépendant de
le fait,
l'étranger,
occupé de projets politiques émanant de sa propre tiative,
se
trouvait
à
la
tête
de la Principauté.
Michel qui aurait, pour la première
fois,
conçu
ini-
C'est
le projet
de réunir en un seul Etat les territoires habités par des
Serbes orthodoxes. La Bosnie, l'Herzégovine,
le
négro
c'était
devaient
l'idée qui mûrissait
Avec
avec
fusionner
dans
le
la
Serbie
;
Montélà
cerveau de ce Prince vassal.
elle se réveilla le désir
d'avoir une
armée
serbe,
—
—
177
se réveilla le besoin d'un contact avec les frères serbes
des provinces limitrophes. L'idée nationale engendra un
un programme national communauté de religions, pays d'origine à peu à
de la
résultat
occulte,
lien
;
entre les Serbes du
se tissa
ceux de la proche Herzégovine. Peu
et
la solidarité s'affermit par la résistance
mahométane,
la souveraineté
commune
à Belgrade, commen-
et
cèrent les premières luttes entre les chrétiens et la gar-
nison turque. La flamme de de gagner l'Herzégovine, et
célébra son premier triomphe
Puissances,
Comme
le
Sultan
de
turc resta planté à côté
On
sur la réclamation des
:
troupes
du drapeau serbe
;
Belgrade.
de
sa souveraineté,
du Sultan commençait à
fait
tôt
pensée nationale serbe
ses
retira
dernier indice
eut
l'insurrection la
le
drapeau
la suzeraineté
pâlir.
pouvait donc croire que
grand Royaume de
le
Serbie était en voie de formation. Mais Michel Obreno-
witch fut assassiné en 1868, au cours d'une promenade
dans
le
parc de Topschider.
Weber dans son
«
—
Prince exilé Alexandre Carageorgiewitch, tigateur
occulte
de
historiens l'affirment
cet
—
persistèrent entre les
dommage
ou plutôt sous
appelé la
deux Dynasties, pour
sur
le
le
fut
et la rivalité le
la
plus grand
Principauté.
neveu du Prince
le
trône
Régence qui
l'ins-
D'autres
».
en tous cas la haine
des aspirations nationales de
fut
dit
comme
sanguinaire
acte
Bientôt après, Milan Obrenowitch, assassiné,
—
désignait
La rumeur publique
universelle
histoire
;
sous son règne,
établie
jusqu'à
sa
majorité, on introduisit en 1S69, une nouvelle constitution
moderne, qui vint enfin former tique active et ordonnée.
la
base d'une
vie poli12
-
Bien qu'à l'exemple de en Serbie une quantité de
somme que deux dans
l'Europe,
partis,
se
il
dominer
la
du
constituât
on ne remarquait en
fortes tendances opposées,
la direction
l'avenir,
L'une sous
-
178
qui devaient
de la Principauté.
politique
parti radical, réclamait en po-
la réunion de tous les Serbes en un une alliance perpétuelle avec l'Empire russe
litique étrangère,
seul Etat, et
orthodoxe.
C'était
là
un programme national dominé
par des questions de confession, qui
bien
était
dange-
Dangereux d'une part, pour la paix entre les Grandes Puissances et d'autre part pour la Serbie ellereux.
même.
Car, plus les liens se resserraient avec l'Empire
moscovite, plus
le
danger augmentait pour
de rester dans l'avenir, passé,
comme
un instrument entre
les
la
mains de
la
Serbie,
dans
elle l'avait été
le
Russie pour
sa lutte perpétuelle contre les Turcs. L'autre tendance était celle du parti gouvernemental, qui s'appuyait davantage taires
sur
des
que sur des considérations
considérations idéales.
utili-
mettait
Elle
au premier plan de son programme la politique d'économie nationale elle cherchait à nouer des relations commerciales actives avec l'Autriche-Hongrie, le marché ;
naturel de l'agriculture serbe. Et en politique étrangère, l'idée
dominante de ce parti
qui était celui du
Prince,
des ministres et des fonctionnaires, tendait à une Alliance
avec la Monarchie danubienne avoisinante. Ce programme recelait aussi
un double danger
:
Pour
la Serbie et l'Eu-
rope, la probabilité que cet Etat tributaire de la Turquie
ne tombât sous la dépendance économique aussi politique
de
l'Autriche-Hongrie,
et
et
peut-être
pour
celle-ci
même,
-
179
danger d'un contact trop
le
Slaves
actif entre les
de son propre pays et les Serbes de la mêre-patrie.
Ainsi donc, aussi bien en politique étrangère qu'en politique intérieure,
caractérisée
russophile,
entre et
une opposition fortement
s'établit
un courant
national,
fonctionnarisme
orthodoxe
austrophile
envisageait surtout un
qui
utilitaire,
un
il
dans
progrès
et
plutôt le
domaine économique. L'insurrection des frères et
zégovine suscita tout
un ministère liser
le
prince Milan à
le
d'Her-
un grand enthousiasme
d'abord
en Serbie, qui contraignit
corréligionaires
constituer
compromis permit de réapremier vœu commun à tous les Serbes la national. Et ce
:
guerre d'affranchissement contre la Turquie.
Sous rent en
furent
la protection de la Russie, les
campagne aussitôt
les derniers jours
suivis
de
la
Serbes entrè-
de juin 1876
vaillante
Principauté
Monténégro, qui, indépendante elle-même de si
non en
du moins en
droit,
fait,
la
voulait
viniens au Monténégro.
La
Turquie,
que
catastrophe fut
les
furent complètement
Turcs envahirent leur
suivie des
frères.
Herzégo-
fortune des armes sourit à
ces derniers, tandisque les Serbes battus, et
les
ils
du
combattre
pour l'affranchissement des peuples chrétiens, ses Les Bosniens se joignirent aux Serbes,
;
dures
territoire. Cette
exigences
qu'émit la
bonheur pour la Serbie, elles furent négociées non par Milan, mais par les Grandes Puissances, qui surent y répondre. Lorsque les troupes de Milan reprirent les hostilités interrompues, et que les Porte
victorieuse;
par
soldats turcs s'approchaient de Belgrade, la Russie vint
— au secours de
Nation amie menacée. Le Tsar
la
au Sultan
mettre
—
180
un
ultimatum
dans l'espace de 48 heures,
à
re-
fît
échéance:
courte
devait accorder aux Etats
il
balkaniques un armistice de 6 à 8 semaines. La Porte
on déposa
céda,
délibérer sur les
A
armes
les
Puissances purent
les
et
moyens de sauver
la Serbie.
Conférence qui fut ouverte aussitôt après ces
la
événements, la Russie se posa en protectrice des slaves.
L'on
que
disait
le
Tsar avait donné sa parole d'honneur
à Moscou, de n'avoir aucune visée sur Constantinople,
mais vouloir uniquement intervenir pour Sultan de et
se
paix et
la
Vint ensuite
peuples chrétiens.
salut des
le
le
du
refus
soumettre aux décisions des Puissances
de remplir des engagements souscrits de longue date.
Personne ne pouvait plus retenir l'Empire russe, qui donc à l'œuvre lui-même.
se mit
La
victoire de la
sauva définitivement
même
que
le
Russie sur les Turcs, en cause de la Serbie.
la
ne fut pas
cette guerre
bilan de
1877, de
Mais,
établi
à San Stefano, mais seulement l'année suivante, au Congrès de Berlin, par
même Serbie.
ne fut que
ce
La
les
là
Puissances rassemblées,
qu'on
veloppement politique était affranchi
La première
a première défaite.
^
j ,
les
accomplie
était
j.
de
étape
de
de
;
son
la
dé-
peuple slave
le
*
Serbes étaient loin d'avoir atteint
eurs désirs. •.
sort
de la domination turque. *
Mais
du
Principauté fut un peu agrandie et reçut sa
complète indépendance.
Royaume
décida
Quand bien même •
>
se trouvait désormais assurée,
le
but
leur indépendance
± ''%. j un désappointement >
•
sur-
—
-
181
au cœur du Peuple souverain, que
vivait
La Bosnie
avait peut-être moins éprouvée autrefois.
l'Herzégovine, avec
Monarchie danubienne pour
et
pour
sud-slave et
grande partie orthodoxe, avaient
la plus la
leur population
vassal
l'Etat
été confiées
à
qu'elle les occupât. Jusqu'à
ces dernières années, on n'avait pas fondé de bien grandes
espérances sur
de ces provinces, qui appartenaient
le sort
au Sultan, bien que le vieux rêve d'une grande Serbie vécût encore dans l'esprit du peuple. Mais pendant ce Principauté
temps,
la
preuve
de force vitale
ses frères chrétiens fidélité
à
ainsi
victoire
l'espérance n'était pas morte
rope entière, et
accrues
Et
comme
il
;
sa
affirmé
avait
fait
fait
,
armes pour vivante
défaut,
mais
d'autant moins que l'Eu-
Serbes.
les
maintenant
;
politique
armes russes, avaient pris fait Les perspectives s'étaient
et enfin les
pour
cause
en
avait
elle avait pris les
et avait
La
la race.
serbe ;
elles
avaient disparu.
désormais
était
de haïr les
inutile
Turcs, toute la haine du peuple se tourna contre Vienne.
En
cette
les
services,
occurence,
on ne
prit
plus
en considération
que précisément l'Autriche-Hongrie avait
rendus aux Serbes, au Congrès de Berlin. La Monarchie, lorsqu'on
lui
avait
offert
la
Bosnie,
était
intervenue
ouvertement en faveur de l'indépendance de l'Etat serbe
que
cette offre plongeait
de compensation
dans
la douleur. C'est
que répond une phrase
à ce geste
du rap-
citée
au Congrès de Berlin « Tout ce que nous avons obtenu ici, nous le devons à l'Autriche-Hongrie » K Mais le parti radical ne devait désorport des délégués serbes
1
Léopold
juillet 1915,
Mandl,
Osterreichische
:
Rundschau,
Vienne,
15
— mais plus mettre de Bosnie,
liens
entre
d'amitié
ils
se
à ses
pour gagner la
efforts
côté
de
de plus en plus chargés d'espoir;
davantage
toujours
Gouvernement
national et le
Et pourtant ce dernier, lorsque
russe.
du
jetait
resserrèrent
populaire
parti
le
frein
regards que l'on
aussi les
Pétersbourg étaient les
-
182
Congrès de
le
Berlin eût repoussé ses propres aspirations de la manière la plus absolue, dut naturellement
abandonner aussi d'im-
portants intérêts touchant la Serbie.
Du
reste la Russie
avait déjà ignoré ces intérêts antérieurement, lorsqu'avant le
début de la guerre,
govine à la
elle offrit la
Bosnie
Monarchie des Habsbourg
l .
et
l'Herzé-
Au
Congrès
de Berlin, la diplomatie russe se trouva dans une position si critique,
s'adresser
à
leurs aspirations
Serbie,
l'on
dut
qu'elle
même
territoriales.
était
—
Aussitôt après
du
mieux disposé pour la
les
qui
ce
Toujours
prendre que pour celui qui avait
l'hostilité
inviter
en
l'Autriche-Hongrie
Serbes à concernait
est-il
celui
qui laissa
pris.
conclusion du traité de
ministère
national
qu'en
vis-à-vis
Berlin,
du Gouver-
nement austro-hongrois prit de telles proportions, qu'en 1880, le Prince sur un signe de Vienne, constitua un nouveau Cabinet composé d'hommes appartenant au parti austrophile. Et Milan alla encore beaucoup plus loin
dans
cette politique, qui le
de la majorité de ses sujets.
1
à
«
Avant
la guerre, la
Il
séparait
conclut avec le Cabinet
Bosnie avait été
l'Autriche-Hongrie pour prix de la
Charles Dupuis
loc. cit. p. 367.
complètement
offerte
neutralité
Nous reviendrons plus
par les Russes autrichienne tard sur ce
».
fait.
-
—
183
convention secrète du 28 juin 188J,
de Vienne la
s'opposer à
laquelle la Serbie s'engageait à ne pas pacification de
la
Bosnie
par
l'Autriche-Hongrie.
Monarchie se déclarait
contre, la
l'indépendance
et
ainsi qu'à protéger la Dynastie des
la
Par
à reconnaître
prête
de
territoriale
l'intégrité
par
Serbie,
la
Obrenowitch contre
ses ennemis intérieurs ou extérieurs. Et l'Autriche-Hongrie, consentit
moment
même
à ce que la Serbie
propice vers
s'agrandît au
Sud, mais seulement à l'Est
le
de Novi-Bazar.
Nous
en présence d'un de ces traités
voici encore
Du
qui appellent la guerre. le voir,
ne se
elle
comme nous
reste,
pas longtemps
fit
attendre.
allons
Comme
par cet accord, Milan abandonnait définitivement la Bosnie,
même
hommes
les
trouvèrent que
son entourage austrophile,
de
cela dépassait
les bornes.
dent du Conseil des ministres, ni
le
Ni
même
à acheter
On
le
en
donc
l'ère
de la
«
haute
Mais pendant
cette
le
à
on pré-
politique »
Grande avait com-
une
Dans sa joie, Milan
avec l'assentiment
des autres Puissances,
qui,
maintenant
allié
aussi pour la Serbie.
1882,
;
Prince dut se résigner
le
contre-seing d'un fonctionnaire.
était
Puissance,
mencé
en Autriche, que
Prési-
ministre des affaires
étrangères, ne voulurent signer la convention tendit
le
titre
s'attribua
de l'Autriche-Hongrie
époque de Cabinets austrophiles,
avec quelques alternatives, dura jusqu'en 1887, la
pensée d'une Grande Serbie ne devait pas chômer. par amitié pour l'Empire le
et
de Roi de Serbie.
moment, affranchir
voisin,
Si,
on ne pouvait pour
les frères slaves
de l'Ouest,
par
— contre,
à
l'Est.
il
—
184
serait peut-être possible d'obtenir
quelque chose
Le congrès de Berlin avait valu aux Serbes
les
On
se
siècle
-
de Nisch
villes, autrefois bulgares,
souvint alors à Belgrade qu'autrefois
Grand Royaume de
;
c'est
que devait se développer
direction
cette
- au 14 e
régné sur toute la Macédoine
les ancêtres avaient
donc dans
de Pirot.
et
Serbie. Cependant,
comme
le
le
Congrès
de Berlin avait élevé la Bulgarie au rang de Principauté, les Serbes découvrirent à leur frontière orientale
un obstacle de d'acquérir la
plus, et
il
leur parut toujours plus difficile
avec d'autres
Macédoine,
A
par des Serbes.
San Stefano
districts habités
et ensuite
à Berlin,
la
Bulgarie avait bénéficié de l'appui que la Russie refusait de prêter aux Serbes. Le « berceau de l'Etat serbe au moyen-âge », n'appartiendrait désormais au jeune Royaume que par la force des armes.
Du
reste, ce n'étaient plus
nationales
que
seulement des exigences
Serbie voulait réaliser
la
;
il
s'agissait
encore d'un projet avoué d'économie politique, qui, en
connexion avec
le
rêve impérialiste de la jeune Dynastie,
l'engageait à frapper le
voisin bulgare.
Rappelons
ici
le troisième but principal que nous indique l'histoire de
l'évolution serbe
:
débouché vers
le
autrichien, l'accès à l'Adriatique n'était
Si du côté
on
pas loin de songer à un port sur la mer Egée.
Si les Serbes dépendaient sin
la mer.
restait impossible,
occidental,
ils
devaient
librement du côté de
passage vers
le port
économiquement de leur
l'Est.
essayer de se Ils
voi-
développer
voulaient s'ouvrir là
un
de Salonique, permettant la paisible
exportation de leur bétail, de leur vin et de leur blé, ainsi
que l'importation,
185
en rivalité avec l'Autriche-Hongrie,
de produits de tous genres. Ainsi,
bes
1
profitant d'une occasion
en
donc
pénétrèrent
1885. Cette fois encore
Loin de recouvrer leur
ils
tenbergau cours d'une
favorable, les Ser-
Bulgarie,
14 novembre
le
éprouvèrent une désillusion.
Royaume
complètement battus par et refoulés
—
Vieux-Serbe,
ils
prince Alexandre
le
bataille de trois jours à Slivnitza,
au delà de leur propre
frontière.
De nouveau
l'ennemi pénétra dans
le
l'Autriche-Hongrie
une opposition menaçante
la
Serbie dut
Par contre
fit
pays.
Tl
ne s'arrêta que lorsque
se déclarer vaincue et
la Bulgarie,
de son Souverain
et
Tout
ceci
non plus que
Sultan céda au
le
et plus forte
n'augmenta pas celle
mais
grâce à la vaillante direction
à l'autorité que
grande
;
conclure la paix.
Prince Alexandre en Roumélie orientale, cette guerre, plus
furent
de Bat-
devint après
que jamais.
du
roi Milan,
Actes san-
de son Cabinet austrophile, qu'il dut
guinaires à
la popularité
'
bientôt dissoudre.
A
partir de 1887,
le
parti national
I
inté ieur; |
d'opposition prit la direction du vaisseau de l'Etat, qui
dorénavant russes.
Le
navigua jusqu'à nos jours, dans roi
les
eaux
Milan abdiqua en 1889, pour ne pas être
témoin plus longtemps des progrès du libéralisme dans son pays
;
et l'on
prétend que la générosité russe l'aurait
fortement encouragé dans cette voie. Milan ne sa promesse de rester à 1
Voyez pour
l'avenir éloigné du
ces questions
Slaven und der Weltkrieg.
tint
pas
Royaume,
économiques: P. Brûckner; die
,
,
—
-
186
mais revint en Serbie en 1895, pour aider son fils, un peu embarrassé des lourdes fonctions qu'il avait assumées le trône. Le père et le fils exercèrent une politique de despotisme qui ne pouvait durer longtemps. Les institutions libérales furent supprimées,
en montant sur
alors
des chefs indésirables furent mis à mort et enfin
essaya les
même
l'on
de remplacer au banc du Gouvernement,
éléments russophiles par des amis de
la
Monarchie
danubienne.
La dans
situation
le
Le cabinet
pour détourner l'attention bulgare. la
du
Macédoine,
en
ressuscita
malgré
Mais
haine contre
plus tendue que
devint alors
Royaume.
la
Milan,
jamais
Georgievitch,
peuple vers l'extérieur,
flamme chauviniste les
cela,
Vladan
troubles
suscitèrent
une
anti-
intérieurs
et
tentative
de
meurtre, qui elle-même donna lieu à un procès sévère contre
chefs
les
pour braver
du
parti
radical.
força d'affermir son trône.
Pendant ce temps,
de son père, Alexandre
les adversaires
Il
s'ef-
avait cherché dans toutes
une Princesse qui voulût bien le suivre à Belgrade, malheureusement en vain. Il dut donc, au pisaller, se décider à épouser une dame à laquelle manquait les cours
la noblesse et bien d'autres qualités encore. Elle s'appelait
Draga Maschin,
et
l'avenir
malheureuse. Car déjà décidé; juin 1903
:
roi
sort
une reine encore plus
du jeune couple royal la
nuit
du
Alexandre, la reine Draga
généraux
du monde de tre
le
veuve pauvre d'un ingénieur
d'être
s'accomplit dans
il
Le
frères, trois
c'était la
réservait
lui
et
et ses
deux
encore quelques autres fidèles
la cour, tous furent victimes d'un
abominable.
était
10 au 11
meur-
-
187
—
A ce moment, la situation commença à s'embrouilsérieusement à l'intérieur du pays. Non seulement le peuple en général, mais encore les partis politiques et le corps des officiers se scindèrent. Entre temps, le nouler
veau prétendant à la couronne, Pierre Carageorgievitch, monter sur le trône de Belgrade, devenu vacant. Pierre fut bientôt nommé Roi, une délégation composée de tous les partis vint le chercher à Genève, s'apprêtait à
et
couronné en 1904.
fut
il
On
prête au
Roi Pierre une nature simple,
caractère peu enclain à la
Obrenovitch. début, tenu il
n'était
l'initiative reille,
Pauvre un peu à
pas
leur
à
A Genève,
se révéler
dès
fut
considérait
un peu dur
où
le
comme un
peuple,
chef qui
d'o-
résida jusqu'à
il
comme un
loyal et droit; à la tête de son petit bientôt
un
chère aux
de son Gouvernement, et ses ministres de comprimer
royal souverain,
le
il
et
l'écart
montrait rarement.
son avènement, on
aventureuse
parcimonieux,
et
difficile
que
vie
était
caractère
devait
il
plutôt le
père de ses sujets que leur Souverain.
Les destinées de l'Etat furent confiées à l'énergique du Conseil des ministres Pachitch, qui sut dominer la situation intérieure particulièrement diffiprésident
cile.
gère
Pour y remédier, il inaugura une politique étranextrêmement active l'idée sud -slave était au ;
fond de tous les cœurs,
et les
partis
radicaux
ne
tar-
dèrent pas à se
mettre d'accord sur les moyens pratiques de parvenir au but. A cette époque, leur pro-
gramme
comportait déjà
qui visait
surtout
l'alliance
à une politique
avec
le
Monténégro,
internationale
corn-
mune aux deux la Bulgarie,
chés qui le
lui
-
188
Etats, puis
à une union douanière avec
pour ouvrir à l'agriculture serbe des débouétaient fermés du côté de l'Ouest, et que
peuple du reste ne recherchait guère de ce côté
Autant
d'articles
!
recelât le
danger d'un
Après
moment
au programme, autant de germes une idée politique qui ne
n'y avait pas
de guerre
Il
là.
les
conflit!
expériences
de
dernière
la
guerre,
le
semblait venu de chercher à s'entendre à l'amiable
avec la Bulgarie au sujet de la question macédonienne, et enfin
obtenir
on essaya aussi de négocier avec l'Italie pour l'Adriatique. Si l'on mesure la dis-
un port sur
tance qui séparait de la
mer
les frontières de la Serbie
on comprend l'obstination du peuple serbe à 200 km. de plus vers le Sud-Ouest. Les négociations avec l'Italie au sujet de la côte de Dalmatie, propriété de l'Empire des Habsbourg, n'aboutirent pas, à notre connaissance du moins. Par
d'alors,
s'étendre sur
contre, en
1904
déjà,
une entente
s'établit
avec la Bul-
ne fut élaborée que huit ans plus tard, pour servir d'instrument politique utilisable. Pendant ce temps, une propagande toujours plus forte en faveur de l'idéal
garie, qui
national et au détriment des droits de possession étran-
en éveil l'espérance des patriotes de Belgrade. Moins que partout ailleurs, on semblait ici se rendre compte combien il pouvait être dangereux à la paix des Balkans et de l'Europe, de s'entêter à des exigences exclusives. C'est dans cet état d'esprit que commença
gers, tenait
l'année 1908. Si l'annexion de
la
Bosnie
et
de l'Herzégovine a
— été comprise,
même
-
189
par beaucoup d'entre les adversaires
de l'Autriche, personne
n'a
pu, d'autre
nier
part,
les
désappointements que cet événement devait forcément
La Grande Puissance
provoquer en Serbie.
avait émis
une prétention politique; le petit Royaume fit valoir une prétention nationale. L'Autriche-Hongrie pouvait en appeler à de nombreux précédents de l'histoire universelle, au mandat qui lui avait été confié 30 ans auparavant par toutes les Grandes Puissances, à tous les sacrifices matériels
autres qu'elle avait apportés
et
à son exécution. La Serbie pouvait s'appuyer sur un droit beaucoup plus ancien, mais uniquement moral.
Dans une note de le Gouvernement taires
du
traité
protestation du 7 octobre 1908, que
royal
de
aux Puissances signa-
adressa
Berlin,
il
demandait
sement absolu du statu quo ante.
Et
si
rétablis-
le
cette
solution
ne devait pas être possible, que l'on donnât à la Serbie
une compensation suffisante et
«
pour procurer au
pays
à la Nation serbe en général, tout au moins cette
possibilité d'existence qui lui avait été assurée
de
grès
Berlin
>.
Le Roi
Nikita,
lui
aussi,
au Con-
dans une
proclamation au peuple monténégrin,
et
aux Grandes Puissances, se plaignit
du coup que
«
dans une note l'an-
nexion des deux provinces avait porté à la nationalité serbe. »
Au commencement cette
crise
d'annexion,
de 1909
disputer sur la scène. Lorsque clarée sans
main
ambages
forte, la
le
rideau tomba sur
sans que l'on eût cessé de se
l'Allemagne se fut dé-
prête à la guerre et décidée à prêter
Russie dut céder devant l'Autriche. Ainsi la
—
190
paix fut sauvée... et les prétentions serbes abandonnées.
La Monarchie danubienne échangea contre quelques promesses d'ordre économique, l'adhésion formelle du Roi Pierre au nouvel état de choses, ainsi que l'assurance qu'il renoncerait dans l'avenir, à toute résistance. 1 « Il n'en demeure pas moins regrettable » dit en 1910 le professeur français de droit international Despagnet,
2
que
le
statu
quo dans
les
Balkans
ait
été
modifié brusquement par l'initiative d'une Puissance justement estimée jusqu'à ce jour par sa correction diplomatique et la sagesse de son vieux Monarque. 11 est
non moins
regrettable
qu'une Conférence n'ait pu
se
réunir pour régler, non toute la question d'Orient, mais seulement les questions spéciales soulevées par la Bulgarie et F Autriche-Hongrie ». Tel est le point de vue de la science du droit international, qui ne perd
—
jamais de vue
le maintien de la paix ce n'est pas toupoint de vue de la diplomatie qui, évidemment, ;
jours
le
avait à sauvegarder des biens autrement importants que la paix.
à
l'avis
de rien,
Aujourd'hui peut-être, bien de* gens se rangeront du savant, qui jadis et peut-être sans se douter émettait son jugement sobre il n'en demeure :
pas moins regrettable...
Les Serbes, reçu un
avec eux
et
coup, dont
ils
les Slaves du Sud, avaient ne purent se relever par la suite.
Non
seulement
deux
territoires qu'ils avaient considérés
quité
com me
ils
se
virent
frustrés
l'héritage futur de
Voyez
2
Cours de droit international public,
de la déclaration,
de
toute anti-
la nation serbe,
1
le texte
définitivement de
p. 123. p. 307.
mais
—
-
191
encore leur désillusion portait sur une question d'ordre économique avec la Bosnie et l'Herzégovine disparaissait une fois de plus l'espérance de parvenir à la mer sur :
territoire serbe.
Les Serbes étaient maintenant prêts à avec intrépidité guerre
balkanique
tout. C'est
engagèrent leur drapeau dans la
qu'ils
pour
voir
le
de la
ceint
bientôt,
couronne du vainqueur, devenir l'emblème guerrier du inonde slave tout entier.
Au
printemps 1912,
avec
la Serbie conclut
la
Bul- La guerre
garie des traités secrets, dont la matière représente, en
somme,
le
programme
futur du
Royaume. Nous trouvons
dans ces accords des décisions d'une importance capitale.
En
présence des nombreux événements qui nous séparent
de cette époque, pourtant tout à
fait
pelons d'abord qu'à ce moment, la
Péninsule balkanique, qui
jusqu'à l'Adriatique,
et
la
contemporaine, rappartie
s'étend de
comprend laThrace, à la Turquie
centrale
la
de
mer Noire
la
Macédoine
la
Serbie et
et l'Albanie, appartenait
Par un la
traité
d'amitié
et
d'alliance,
Bulgarie se promirent alors de se défendre de concert,
dans
le
cas où
une Puissance étrangère chercherait à
occuper une partie du territoire balkanique encore sous la souveraineté ottomane, trer provisoirement.
que
le traité
ou
même
Une annexe
lui-même
—
—
prévoyait la
seulement à y pénéplus secrète encore « possibilité »
d'une
action combinée contre la Turquie, que ce soit par suite
du désordre qui régnait dans l'Empire du Sultan, ou éventuellement dans l'intérêt du statu quo balkanique.
balkamcl ue
— La façon dont devraient être
192
—
les frontières des territoires
fixées,
fut établie
fort
conquis
habilement.
On
s'était déjà
en partie entendu à ce sujet devant la carte géographique et les questions qui selon le vieux cipe de la peau de l'ours
— — restaient
prin-
encore provisoire-
ment à l'état d'hypothèses, devaient être un jour soumises à l'arbitrage du Tsar russe.
La convention plus
claire"
:
militaire
le troisième
bulgare. Elle stipulait que, dans tre la Turquie,
la
Bulgarie
200000 combattants,
le
Alliée avec
l'Alliance serbo-
cas d'une guerre con-
aurait à
la Serbie
mettre sur
150000,
triche-Hongrie venait à attaquer Pierre, la Bulgarie
plus secrète et la
était la
document de
le
et
que
si
pied l'Au-
Royaume du Roi
s'engageait à secourir aussitôt son
au moins 200000
soldats, au cours de toutes ou défensives. La Bulgarie prit aussi cet engagement pour le cas où l'Autriche-Hongrie, sous un prétexte quelconque, viendrait à pénétrer à NoviBazar avec ou sans le consentement du Sultan (auquel le Sandjak appartenait encore à cette époque). Tout était prévu dans ce traité: la destruction de la domination turque sur la Péninsule des Balkans, la les opérations offensives
défense contre l'Autriche-Hongrie et la résistance à main
armée contre toute nouvelle l'Orient de la part de
la
tentative d'extension
vers
Monarchie danubienne. Dans
les accords qui envisageaient spécialement la conquête de la Macédoine, il n'était pas tenu compte seulement des aspirations à une plus grande Serbie, mais
aussi
du désir d'un débouché vers la mer. Les événements survinrent rapidement:
la
guerre
—
—
193
des peuples balkaniques contre la Turquie
Serbes auraient dû, selon
la
grande partie de leur armée dans
la plus
éclata.
Les
convention militaire, jeter la plaine
du
Vardar, pour marcher sur Salonique. Cependant au début de la campagne,
les
soumirent tout
Bulgares leur
à coup un plan de guerre foncièrement neuf. L'entrée dans la plaine du Vardar resta bien réservée aux troupes du Roi Pierre, mais 10000 Bulgares seulement se mêlèrent à leurs rangs. Par contre, 50000 Serbes avec toute
position
soufflait
de
l'armée
durent
serbe,
d'Andrinople, et cela sur un
de la guerre,
théâtre
Il
de
l'artillerie
aider au siège
point
du
dont la convention militaire ne
mot.
advint donc que Monastir et les villes du Vardar
furent prises par les Serbes seuls, la Thrace par contre,
par les Bulgares avec l'aide des alliés Serbes. Ce résultat de la guerre
était
le
butin
formément à
Non
sens du
le
de guerre ne pouvait être partagé con-
cet accord.
seulement une vive querelle surgit entre
vainqueurs communs, mais encore déjà, et
Comme
dangereux.
ne fut pas conduite dans
l'action militaire traité,
favorable mais
une
fois
la
Serbie
se
les
trouva
de plus, trompée dans ses espérances.
Car, tandis que les Bulgares assistés des Serbes et avec les
canons serbes, battirent complètement
Andrinople leur
et récoltèrent
marche sur Constantinople,
les
Où donc
Turcs à
Serbes réduits à leurs
propres ressources, ne purent atteindre désirs.
les
des succès inattendus pendant
était le port
de
le
mer sur
but de leurs l'Adriatique ?
Les Bulgares étaient bien à Andrinople, mais on n'avait 13
—
—
194
pas permis aux Serbes de rester à Durazzo. La volonté des Puissances réunies à Londres ferma la route qui y
suprême
conduisait. C'était là la
désillusion
problèmes qui surgissaient en Macédoine,
quant aux
;
d'en
inutile
parler.
La Serbie ne se laissa pas intimider. Le petit Royaume se prépara à la guerre qui devait faire triompher l'idée
d'une plus grande Serbie,
«
grande Bulgarie.
Puisque
»
terrassée, la tâche logique et
la
de celle
»
Turquie
«
d'une plus
à
était
immédiate de
terre,
la Serbie était
de triompher de l'idée d'une plus grande Bulgarie. C'est
pourquoi
le
Roi Pierre montra
très
peu d'enthousiasme
pour une solution arbitrale de ce nouveau
Le 2 juin 1913,
conflit.
premier délégué bulgare à la
le
Conférence de la paix à Londres, Monsieur Danef,
dans
nouvela,
un exposé que
presse
la
re-
quotidienne
publia, la proposition déjà trop longtemps examinée, de
soumettre au moins
du Tsar, comme
il
le
principe du
conflit
déjà auparavant,
au mois de
serbe s'était
avec la Grèce contre la
que
le traité
allié
les
motifs que l'on
que de
à l'arbitrage
en avait été convenu autrefois. Mais mai,
le
Gouvernement Bulgarie. Dans
journaux ont publié en 1916, pour les sait, nous trouvons la garantie réciprol'engagement de se
la possession territoriale, et
prêter assistance mutuelle, dans le cas où l'un des deux
Etats serait attaqué, sans provocation
une nous
tierce Puissance. fait
Alliance
;
La
réserve
«
penser au chef-d'œuvre du ici
encore, elle laissait le
de
sa
part, par
sans provocation traité
plus
»
de la Triplevaste
champ
à la libre appréciation de chacun des contractants. Mais
—
-
195
ensuite, l'accord stipulait nettement l'assistance mutuelle la
plus large
contre
la
Bulgarie.
Aucune Puissance
étrangère ne devait se permettre de s'établir sur la rive droite
du Vardar, entre
la Serbie et la Grèce, et si
ne trouvait aucun moyen de s'entendre avec
au sujet des à
chait
Roi Ferdinand cherses désirs par la force, la Grèce et
frontières,
réaliser
la Serbie
ou
l'on
la Bulgarie
devaient se prêter
toutes leurs forces militaires.
si
le
assistance
On
mutuelle
avec
avait ensuite convenu
exactement, qu'à l'ouverture des hostilités, 150000 Serbes et 90000 Grecs seraient mis sur pied
;
l'on
avait
en outre décidé que les engagements précités entreraient immédiatement en vigueur, aussitôt qu'on aurait devant soi deux divisions bulgares. Ainsi donc la Serbie
et la
Grèce s'unirent en vue
main armée ces intérêts, du reste communs, qu'il s'agissait de mener à bonne fin à l'encontre de la Bulgarie. Lorsque l'armée bulgare, sans aucune déclaration de guerre préalable, tomba sur ses ex-frères d'armes, elle les trouva ensemble, prêts à la bataille. Sur de protéger à
qui pesait alors la responsabilité de cette guerre fratri-
cide?
«
— miers
Si les Bulgares semblent avoir attaqué les preécrivait le
Temps du 3
juillet
—
les
Serbes ont
aussi montré qu'ils ne désiraient qu'une occasion d'élargir
en guerre véritable les rencontres d'avant-postes
».
En
peu de semaines l'armée bulgare fut anéantie la nouvelle Alliance balkanique à laquelle, entre temps, était ;
venue s'ajouter apparence
— la
Cependant
la
Roumanie, dominait - du moins en
situation dans les Balkans. la Serbie n'avait
pas encore atteint son
-
-
196
Les Puissances qui avaient cru devoir, à un mo-
but.
ment donné, sauver
les petits Etats
accoururent pour préserver
turc,
balkaniques du poing
le vieil
Bulgarie d'une ruine complète.
et la
qui jusque-là
Triple-Alliance,
du rôle de
contentée
s'était
Empire ottoman
La
spectatrice,
particulièrement effrayée des résultats considérables
fut
obtenus par
au
titre
les petits
peuples des Balkans;
elle s'inscrivit
de nouvel adversaire de la Serbie, car c'est avec
désormais de régler la
la Triple-Alliance qu'il s'agissait
question du débouché vers l'Adriatique. C'est pourquoi la fin
de Bucarest signifiait bien
la paix
de la guerre balkanique, mais non la solution du
problème des Balkans.
En
premier
lieu, le
principe des
nationalités n'avait pas prévalu dans le partage des territoires,
ce qui, sans nuire toutefois
pratiquement aux
intérêts serbes, équivalait pourtant à la défaite de l'idée
du Panslavisme. connaissance décliné, bie,
qui
Si,
de la
est clair
il
perdait
d'autre part, situation
que
de
qu'elle avait obtenus
fait,
triompha à
politique
Bucarest, lorsqu'il exigea
pas diminuée
une partie des
la Ser-
résultats
au prix de son sang. Le vénérable
principe de l'équilibre
fût
principe d'une re-
par les armes fut
au détriment de
c'était
ce
le
créée
que
la
la paix
Bulgarie écrasée
de
ne
proportionellement à l'étendue de sa
défaite.
*
Après deux campagnes
* victorieuses,
les
Serbes se
montraient peu disposés à abandonner leurs projets de navigation.
La
Bulgarie, l'adversaire battu, avait obtenu
ses ports dans la
mer Egée,
et la
Serbie resterait isolée
—
197
de l'Adriatique? Déjà la
— Serbie des Obre-
vieille petite
nowitch
avait aspiré à la possession d'un port pour à l'exportation de ses produits indigènes, et la Serbie du roi Pierre, agrandie et victorieuse, devrait se servir
pour
tenir
procher l'Italie
de rester un Etat enfermé?
satisfaite
Tandis que
Royaume
le
des côtes
de
de la Save tentait de s'apl'Autriche-Hongrie
l'Albanie,
et
voulaient avoir la certitude que ce pays qu'elles
ne pouvaient se partager entre influence étrangère.
Elles
fût libre de toute
elles,
ne pouvaient se
le
partager,
parce que tout partage aurait comporté pour la Monarchie
danubienne
souci de voir
le
partie de la côte orientale de la le
occuper une
Adriatique.
Même
plus petit promontoire de l'Albanie méridionale aurait
suffi
et
l'Italie
mer
aux
de
Italiens,
cela,
pour dominer
détroit d'Otrante
le
Monarchie danubienne
la
entendre parler.
Une Albanie
ne voulait
—
pas
serbe aurait eu des incon-
vénients analogues, parce que les Serbes, une fois ins-
sur la côte, se seraient alliés à
tallés
l'Italie et
auraient
Habsbourg la maîtrise de l'Adriatique. C'est pourquoi le Gouvernement de Vienne désirait, ou que l'Albanie restât une petite pu, de ce
province
fait,
turque
plus possible
Etat
en
Prince
ravir à l'Empire des
—
qu'elle
miniature,
ami.
ou — comme cela n'était devînt une Albanie libre, un
inoffensive,
L'Italie,
peu important,
gouverné par
par contre,
de
forcée
un
renoncer
à une prise de possession, avait dès longtemps essayé d'exercer son influence sur l'Albanie ottomane, en fon-
dant des écoles, en y envoyant des missions chrétiennes, etc., ainsi qu'en entretenant des relations économi-
— ques
actives,
très
—
198
avec ce pays,
la côte orientale de l'Adriatique,
Elle désirait voir sur
un
petit Etat indépen-
dant qu'elle pourrait un jour peut-être, prendre
définiti-
vement sous son aile. De telles oppositions entre deux Grandes Puissances demandaient un moyen terme la fondation d'une Principauté autonome avec un chef :
par la Triple-Alliance. Ainsi la controverse
choisi
trouvait arrangée, au il
moins pour
se
deux Puissances;
les
semblait de minime importance que la Serbie eût été
frustrée de
ses plus belles espérances.
Nous pouvons donc nous rendre compte que intérêts
désirs
On
du
roi
Pierre
avec
étaient inconciliables
de Vienne, aussi bien qu'avec ceux de
savait
cela
les
les
l'Italie.
à Belgrade, par l'entremise du Comte
Berchtold et du Marquis de San Giuliano. Mais depuis
longtemps,
la Serbie
sur
plus habituée
n'était
lesquels
il
l'antagonisme
compter au
pouvait
avoué
plier
la
pis
aller.
Malgré
deux Puissances méditerra-
des
néennes membres de
Tri pie- Alliance, déjà dans les
premiers jours de novembre 1912,
des troupes serbes
marchaient contre Durazzo, pendant que ténégrins,
à se
en outre, ce peuple slave avait des amis
docilement;
toujours serviables,
bourgade de San Giovanni
di
les frères
mon-
occupaient Alessio et la
Medua. La Serbie voulait
bien se contenter d'un petit littoral d'environ 80-100 km.,
mais
cette exigence fut
vitale
et si
le roi
présentée
Pierre
qu'il voulait mettre l'Europe
Cependant, le
le
comme une
condition
en tentait l'occupation, en face d'un
Gouvernement russe
fait
se
c'est
accompli.
montra dès
début peu disposé à prêter à la volonté de son pro-
tégé un appui sérieux. contentèrent si
le désir
-
199
Les Puissances de l'Entente se
de demander au Gouvernement allemand
qu'avaient les Serbes d'obtenir un port sur
l'Adriatique
ne
heurterait
se
à aucune résistance.
A
von Kiderlen-Waechter aucun doute, l'Autriche-Hongrie
cette question le secrétaire d'Etat
que
répondit
:
sans
s'opposerait catégoriquement à et qu'elle serait
magne
—
et
par
Pour
«
l'Italie.
un grave auteur de
dit
un
désir de cette nature
en cela pleinement soutenue par éviter
l'Alle-
une complication
la Triple- Alliance
—
le
comte
Berchtold tenta de persuader amicalement la Serbie de de ses efforts
l'inutilité
»
!
M. von Ugron, Ministre à
Belgrade, chercha d'une façon analogue à amadouer la Serbie.
On s'apaisa... —
«
pour éviter une complication...»
Ces représentations, soutenues par allemande l'effet
et
ne
italienne,
les diplomaties
produisirent cependant
pas
qu'on en avait espéré. Le président du Conseil des répondit froidement que
ministres Pachitch,
:
la Serbie
à un
port sur
l'Adriatique, que son obtention était pour elle
une con-
ne pouvait absolument pas
renoncer
dition d'existence.
Pour comprendre
la
gravité
n'avons qu'à comparer cette
avec un
article écrit
avant
le
de la situation,
déclaration
nous
de la Serbie
déchaînement de
la guerre,
où il est dit que l'Autriche était déjà prête depuis six ans à prendre la responsabilité d'une guerre avec la Serbie et
avec la Russie, à cause de l'exigence serbe d'un port
en Albanie (Durazzo) 1 1
D
r
Fritz Tarrasch.
deutsche Monatshefte.
.
On n'abandonna
pas la question.
Das Gesetz der albanischen Frage. Sûd-
Sept. 1915.
Cet
article, écrit
1914, ne fut publié qu'après la mort de l'auteur.
au printemps
-
Le Roi Pierre demanda à donner à
pourrait pas
Giovanni ce port et
protecteurs
ses
la Serbie
le
Medua avec une bande
di
étroite qui
-
200
On
y conduirait.
petit
Ton ne San
si
port de
de territoire très
pourrait alors
neutraliser
de communication sous la garantie
la route
de l'Europe, en outre,
ne serait permis à aucun vais-
il
Le secrétaire d'Etat anrecommanda au gouvernement de Vienne cette
seau de guerre d'y séjourner. glais
proposition, que la Russie et la France transmirent, et
y ajouta
mention que
la
les
Grandes Puissances
de-
vraient échanger leurs idées au sujet de cette affaire.
Cependant,
le
comte Berchthold déclina
tion russo-française.
d'un
«
la proposi-
ne voulait pas entendre parler
Il
corridor » au nord de l'Albanie, mais par contre,
donna son approbation à une Grandes Puissances, proposée par
il
anglais,
le
secrétaire
était le
le
suivant
communication avec
la
:
point
de vue de l'Autriche-
la Serbie pourrait obtenir sa
mer,
si
elle construisait
un
çon de voie ferrée qui traverserait la Bosnie, dire
un
territoire
L'énergie tière
six
d'Etat
sous réserve toutefois qu'elle ne nuirait pas à
son point de vue. Or,
Hongrie
des
délibération
adopta
le
tron-
c'est-à-
appartenant à l'Empire des Habsbourg.
avec laquelle la Triple-Alliance tout enprincipe
du Gouvernement de Vienne,
décida les Puissances de la Triple Entente à abandonner la réclamation
serbe...
pour l'amour de
la paix.
Sur
la
proposition de l'ambassadeur russe, on décida à Londres,
17 décembre 1913, économique à un port
le
d'assurer libre et
convint d'un contrôle militaire
à
la
Serbie
l'accès
neutre en Albanie.
On
européen sur ce chemin
-
-
âoi
de fer et on accorda toute liberté de transport pour ies
marchandises serbes, y compris
Le
petit
Royaume, qui
munitions de guerre.
les
ses intérêts à
confié
avait
la Conférence des ambassadeurs, fut donc obligé d'aban-
donner ses prétentions à un débouché direct sur l'A-
Ce fut là le dernier chagrin des Serbes et une amère désillusion pour les guerriers qui avaient
driatique.
nettoyé les Balkans de l'élément turc.
pas se séparer des
ne voulaient
Ils
villes albanaises qu'ils
avaient occu-
Gouvernement ausune note collective des Puissances en automne 1913, une démarche collective de la diplomatie de la Triple-Alliance, une menace lancée le 15 octobre par le comte Berchtold, où il se disait absolument répées; les représentations répétées du tro-hongrois,
solu à faire respecter les décisions qui avaient été prises
à
Londres par tous
appropriés
—
les
moyens qui
paraîtraient
lui
rien ne put déterminer les Serbes à éva-
cuer les territoires albanais. Ce ne fut qu'un ultimatum
—
à échéance qui put atteindre son but
parce que la Russie voulait absolument la paix.
Car sans l'assentiment
tecteur, la Serbie
armée contre complit
le
25 octobre
la
Monarchie danubienne troupes dans
n'y avait
plus
l'atteignit
maintien de
son pro-
l'aide de
ne pouvait engager une
retrait des il
et
il
le
;
lutte
ainsi
le délai
à main
donc
s'ac-
imposé. Le
un seul soldat serbe sur
territoire albanais.
Pendant ces excursions en Albanie, la Serbie avait prétexté la nécessité où elle se trouvait, de protéger les frontières du Royaume agrandi contre les hordes albanaises,
et
de les poursuivre sur leur propre
terri-
-
202
—
en punition de leurs empiétements. Toutefois, on
toire
n'admit pas ce motif de façade,
et le
motif intime que
Un
l'on connaissait bien, fut directement repoussé.
connu
torien très
justement
de :
«
la
Monarchie danubienne, remarque
La
Serbie, encouragée par ses succès,
aigrie par ses désillusions, resta
tions dangereuses.
que l'Autriche
Nous
un foyer de fermenta-
L'on peut se demander
et l'Italie
vis-à-vis de
succès,
si l'attitude
avaient adoptée, du reste avec
la Serbie,
était
bien opportune.
citerons encore quelques passages dus
à
le
dernier germe
de guerre,
resté
'
»
plume
la
de cet écrivain, qui nous feront voir toujours plus
rement
his-
sur
le
clai-
sol
dangereux du Petit Royaume. «
L'on
tions serbes
fit
arguments contre
valoir trois
les préten-
:
Le premier, « que l'on ne pouvait tolérer sur l'Aaucun déplacement de forces », n'était qu'une phrase creuse, car l'établissement de la Serbie sur un driatique
même
point de la côte albanaise, ne laissait pas prévoir,
dans un avenir lointain,
une menace pour
l'équilibre
sur l'Adriatique.
Le prétexte du principe des
nationalités,
permettait pas de laisser aux Serbes
un
des Albanais, ne peut pas être considéré
comme
puisque l'Angleterre, l'Allemagne, la France possédaient
d'innombrables
ports
dont
qui ne
port habité par
les
et
sérieux, l'Italie,
habitants
appartenaient à des nations étrangères.
1 D r E. Wilhelm Fraknôi Deutsche Bévue, juin 1916.
:
Die Stellung Serbiens,
u.
s.
w...
-
-
203
Des frottements entre Serbes
et
Albanais étaient
sans doute possibles, mais en revanche, on se trouvait
en présence
de
de conflits sérieux,
la certitude
que
devait fatalement provoquer l'orgueil insatisfait des Serbes. »
Le président du Conseil des ministres serbes déclara 28 mai 1913 à la Skouptschina, « que par suite de leur refus d'adhérer au désir serbe, les Grandes Puissances avaient renoncé à une solution définitive de la question des Balkans, et avaient ainsi créé un état de choses qui serait pour elles pendant plusieurs années, une le
source de soucis et de désagréments.
»
Lorsque l'Archiduc-héritier d'Autriche fut assassiné par un
que
sujet de la Monarchie,
de nationalité serbe, et
Gouvernement de Vienne commença son enquête
le
au milieu d'un silence mystérieux, on comprit bientôt à Belgrade, que ce drame aboutirait à une explication entre les deux Gouvernements. Le 15 juillet, le Minisf
Vienne
tre de Serbie écrivit de
plus nous
intéresser,
c'est
ment austro-hongrois a l'attentat
sûre
de
Serajewo.
:
chose qui doit
« la
geste
le
que
l'intention de faire
Une
le
le
Gouverne-
à propos de
chose est d'ores est déjà
l'Autriche-Hongrie fera des démarches diplomati-
:
ques à Belgrade, aussitôt que l'enquête à Serajewo sera terminée
ment
:
il
».
Le même jour
compléta son avertisse-
il
s'agirait d'un acte d'accusation très long, ainsi
que d'une
liste
de
conditions
que
la Serbie
aurait à
accepter sans discussion.
M.
Pachitch
s'effraya,
fit
part
de
la
situation
à ses représentants diplomatiques et se déclara prêt à
tout
satisfaire
—
âo4
désir justifié.
décision suivante
:
Il
fit
connaître aussi
la
«Nous ne pourrons jamais accepter
des exigences qui iraient à l'encontre de la dignité de
qu'un Etat qui respecte son indépendance,
la Serbie et et
qui veut la conserver ne saurait accepter.
Quatre jours après, ministres
serbe,
le
président
»
du Conseil des
par intérim, M. Laza Patchou, reçut
l'ultimatum du Gouvernement austro-hongrois.
En
l'ab-
sence de M. Pachitch et de plusieurs de ses collègues,
aux envoyés serbes auprès des Puissances ajouta à son télégramme qu'il pouvait dire dès maintenant que les exigences étaient telles qu'aucun Gouvernement serbe ne pourrait les accepter il
en
fit
part
étrangères,
et
en entier.
Le jour suivant,
le
24
juillet
déclara au chargé d'affaires russe
:
«
1914, M. Pachitsch
au cas où
la
guerre
serait inévitable, la Serbie la fera 1 . »
Voici donc la Serbie sur
le
seuil de la guerre.
On
connaît sa réponse à l'ultimatum qui lui avait été posé.
Les principes qui conduisirent apparaissent
comme
la
la
conclusion
plume de Pachitch, du développement
national, intellectuel et politique de la Serbie dans l'es-
pace d'un 1
Livre jaune Serbe n os 23 et 25, 30, 33, 34. Le chargé d'af-
faires russe livre
siècle.
fit
part de ces dernières paroles à son Gouvernement;
rouge russe n os
1 et 9.
LA RUSSIE L'Empire russe s'est éveillé ternationale. Ce n'est que Pierre dans
sit
membre, dont
à
Grand qui
le
la vie in- L'origine de deux buts -
introdui-
européens ce nouveau
Etats
des
société
la
très tard
passé appartenait davantage à
le
armée désordonnée
Une
parvenue, sous l'escorte
bien
était
l'his-
peuples occidentaux.
toire de l'Asie qu'à celle des
de la caste guerrière des Strelitz, à refouler les peuples
de
voisins
mais
l'Orient,
non
pas à
poursuivre
les
jusqu'aux rivages de la mer, qui se trouvaient sous une
domination étrangère. La Russie et
c'était
occupaient
Sud
les
étaient
là
son souci
la
au
port
seul
nord,
pendant
les
les
Suédois
Baltique,
mer Noire
les
;
d'Arkangel
Blanche, qui ne leur permettait qu'un insuffisant
un Etat enfermé
mer
vers la
Turcs dominaient réduits
Au
capital.
débouché
le
était
sur la
trafic
et
au
Russes en
mer
commercial
quatre mois de l'année où ce
port n'était pas gelé. Pierre le Grand, dans sa jeunesse, quitta donc les frontières
de son Empire assoupi, pour
l'occident
une nouvelle
les Etats
civilisés
de l'Europe,
officiers étrangers et créa
merce
;
il
une
flotte
amener de
il
en Russie des
attira
une nouvelle armée organisée
d'après les principes modernes. et construisit
lui
Après avoir parcouru
vitalité.
Il
fit
venir des ouvriers
de guerre et une
engagea des ingénieurs
et se
flotte
de com-
mit à exploiter
-
206
—
des mines, à creuser des canaux. Des industries à
l'oc-
cidentale s'épanouirent en Russie, les enfants allèrent à l'école et leurs parents s'habillèrent
Russie se
sous
réveilla,
le
à l'européenne. La
sceptre d'un despote intelli-
gent et énergique.
Tout
ceci se
passa au tournant de l'année 1700,
et
moyens devaient contribuer aux mêmes buts
tous les
tout d'abord
on attaqua
sir d'Azof, la clef
les
:
Turcs. Ils durent se dessai-
de la mer Noire; ensuite, après une
longue campagne, on arracha les Provinces Baltiques
aux Suédois. Près du
golfe de Finlande, s'éleva bientôt
St-Pétersbourg, la future capitale d'une nouvelle Grande
Puissance européenne.
On prétend que Pierre le Grand avait laissé un Testament politique », et déjà en 1812, il fut publié sous ce titre un document, sur lequel le savant suédois «
1
donne de plus amples détails. Qu'il originale du Grand Tsar ou d'un faux document, il n'en est pas moins vrai que le « Testament de Pierre le Grand » survit en tant que programme russe, dans les traditions de l'histoire de la politique programme selon lequel les désirs supposés ou réels du Monarque agonisant, se sont en partie réalisés au cours des temps. En effet, Catherine h continua l'œuvre de Pierre le Grand. En étendant son Empire du côté de la Pologne, en arrachant aux Turcs un vaste Gustave F. Steffen s'agisse d'une
œuvre
;
littoral
Crimée,
au bord de elle
la
mer Noire, avec
la presqu'île de
conduisait vraiment la politique russe dans
Weltkrieg und Imperialismus 1915.
— que Pierre
la direction
-
207 le
Grand
est
sensé avoir indi-
quée à ses successeurs.
La Russie
de la Pologne
partage
le
lutte
à se rapprocher de
aspire
Méditerranée
tique, de la
infatigablement
et
mer
la
Bal-
du Grand Océan. Pendant
elle
s'étend
au Sud, contre
vers l'Ouest et
Turcs, pour
les
compléter la possession de la côte septentrionale de la
mer Noire par nelles.
celle
de Gonstantinople et des Darda-
l'Empire dispose de forces considérables,
poussée vers la mer libre n'est nulle part localisée
la il
Gomme
cherche encore à se frayer un chemin vers
;
Sud-
le
Ouest, dans la direction du Golfe Persique, et enfin plus s'ouvre une voie d'accès aux eaux chinoises,
au Nord,
il
à travers
la Sibérie.
Testament n'est-il qu'une légende, mais Lorsque Pierre le Grand eut
Peut-être, le cette légende
annexé
les
se réalisa.
provinces d'Esthonie et de Livonie, son
Em-
pire reprit la lutte, désormais historique et presqu'inin-
pour leur ravir la porte
terrompue, contre les Turcs, de sortie de
la
mer Noire. Dès
lors,
Russie
la
—
développée de tous les côtés en poursuivant
en ce qui concerne la Pologne
unique but
:
la
—
toujours
communication avec
de deux siècles,
la
le
s'est
excepté
même
et
mer. Depuis plus
l'Empire colosse tente, les armes à la
main, de se rapprocher de la mer libre;
on
dirait
une
garnison cernée, qui renouvelle régulièrement ses sorties, aujourd'hui dans une direction, demain dans une autre.
Jean
m
byzantin à les
avait ajouté
deux
armes russes,
têtes,
aux armoiries russes
l'aigle
dans l'intention d'assurer par
la victoire
du christianisme sur
l'Is-
— Depuis que Byzance
lam.
Moscou avait
été
-
208 était
aux mains des payens,
comme Métropole
choisie
de la
foi
orthodoxe, et la protection des chrétiens devait, de cette s'étendre sur tout l'Orient. Cette pensée, qui vit le
ville,
jour à la
XV
e
constituait le point de dé-
siècle,
grande action,
d'une
part
du
fin
dont
l'essence
même
est
parfois difficile à percevoir clairement. Elle se manifeste
à travers
universelle
l'histoire
des
temps modernes,
tantôt sous forme de lutte pour l'indépendance des peuples chrétiens contre Gonstantinople, tantôt sous la forme
habituelle d'expéditions conquérantes que les
Russes en*
treprennent avec l'aide de leurs corréligionaires balka-
La Russie passa
tout d'abord pour un protecLe pape considérait comme tel le Tsar Féodor, Jorsqu'en 1594 il envoya à Moscou un Jésuite pour inviter l'Empereur à délivrer, au moyen d'une
niques.
teur honnête.
guerre d'affranchissement,
« les
peuples qui parlaient la
langue de la Russie, se différenciaient peu des Russes, et seraient
C'est
assignée
heureux la
d'accueillir leurs frères 1 ».
première
aux Russes
;
fois
qu'une tâche semblable fut
son accomplissement prévoyait
une grande abnégation. Mais déjà Pierre le Grand sut mettre à profit, pour servir ses propres ambitions, le mécontentement des chrétiens des Balkans, opprimés Grecs, Valaques, Bulgares et Serbes. par les Turcs Pleins de zèle pour leur foi chrétienne, ces peuples marchèrent à ses côtés, sans se douter que la campa:
gne qui devait commencer 1
le
printemps suivant,
et qui
N.Dascovici: La question du Bosphore et des Dadanelles, p. 90.
— du
à
reste aboutit
—
209 victoire
la
des Turcs,
servirait
l'agrandissement de l'Empire Russe. Et Catherine n de naissance allemande
Princesse suivre ses
propres
buts, lorsqu'elle
chrétiennes
savait bien pourse
mit à exploiter
Ses agents soulevèrent
leur zèle religieux. tions
—
Balkans contre
des
les
point cette méthode, que l'on retrouve jusqu'au
l'époque moderne \
égoïstes.
accordé aux peuples chrétiens n'était cer-
une obligation
avant
tout, être
outre,
il
et
fixe,
un
tel service,
devait,
compatible avec les intérêts russes.
En
hors de doute, qu'il devrait heurter, tem-
était
porairement du moins,
(comme par exemple ce
cœur de
inspirée par des motifs pure-
était
ou par des motifs politiques
religieux
L'appui tes pas
popula-
les
oppresseurs
n'a jamais pu tirer au clair jusqu'à quel
turcs, et l'on
ment
à
—
des
le
maximes plus importantes
principe de la légitimité). C'est
que l'Empereur Alexandre a bien ressenti du temps
de Metternich,
aux Grecs.
A
lorsqu'en 1821,
il
époque ont
fit
cette
refusa tout secours
appel à
la
Russie
:
Ypsilanti s'adressa à la Puissance protectrice des chrétiens,
pour mener à bien, avec son aide, une insurrec-
tion des peuples chrétiens des
Mais
il
reçut
comme
Balkans contre
les Turcs.
réponse, que cela irait à l'encontre
de la dignité du Tsar, de saper les fondements de l'Empire turc!
Toutefois, quelques années après, le nouveau Tsar,
Nicolas
1
I er ,
comprit mieux les véritables besoins de ses
Comparez
:
Seignobos,
Histoire politique de l'Europe con-
temporaine, Paris 1908, p. 782-
u
— petits voisins, et
Grèce
fît
preuve aussi de plus de générosité.
campagne contre
une
entreprit
Il
—
210
l'adversaire
avança jusqu'à Andrinople,
et
La Grèce
septembre 1829.
conclue en
où
la
de
la
paix fut
reçut ainsi
l'in-
dépendance conformément à une décision prise par avec
Russie,
son
côté,
France
la
l'Angleterre,
et
la
la
Tsar de
le
de cette victoire de grands profits pour
tira
son propre pays. Avant tout on plus,
et
une
lui assura,
de navigation sur
liberté
le
Danube,
de
fois
sur la
mer Noire
et dans les Dardanelles. Après que les Russes eurent rendu ce service aux Grecs, Nicolas I er inaugura si habilement une politique amiable avec la
Turquie que bientôt, pour autres
Puissances
complètement sous
la plus
européennes,
grande inquiétude des Sultan
le
trouva
se
la tutelle russe.
*
*
Comme
-esprennères
de la de iquerus-
léfaites
la
même
Russie avait acquis
la
protection
des
chrétiens
L'on voulait
—
sentiments
c'était là
pacifiques
et
des
la porte d'entrée
de la maison russe.
en outre, écarter autant que possible ;
c'est
la so-
Dardanelles.
—
par
beaucoup d'habileté, se le Souverain qui com-
mandait à étrangères
exclusif
Balkans, de
une nouvelle méthode
en bons termes avec
la
les
en somme, à
question
la
maintenir
lait,
le privilège
dans
cette récente intimité visait,
lution indépendante de des
*
les
Il
fal-
Puissances
à ce prix seulement que les projets de
Russie pouvaient prospérer.
Par
venu que
le
traité russo-turc
les
de 1805,
il
avait été con-
deux Puissances interdiraient de concert,
— dans certains
Par
détroits.
cas, l'accès de la
mais
étranger;
-
211
mer Noire à
tout intrus
Sultan restait maître absolu de ses
le
contre,
selon le traité d'Unkiar Yskelessi,
de l'entente turco-russe, la Turquie élargit
à l'apogée
ses concessions en faveur de sa nouvelle amie, en pre-
nant l'engagement de fermer
les
Dardanelles aux vais-
seaux de guerre étrangers, en vue de protéger Noire dans traité
1833
de
passer
de faire nelles,
cas d'une
le
attaque contre la
encore
réservait
en
aux Russes
pour arriver eux-mêmes sur
le
mer
le
droit
les
Darda-
champ de
bataille
leur flotte par
cas
ce
la
Russie. Ce
de la Méditerranée. intervinrent et jetèrent dans
Alors les Puissances
orientales ce veto,
les affaires
pour
trouverons toujours,
La Russie
Russes.
dut
nale de Londres du 13 concerne
Bosphore
le
le
que désormais nous regrand déplaisir des
plus
subir la convention internatiojuillet
1841, laquelle, en ce qui
et les Dardanelles, établit
égal pour tous les Etats.
L'on confirma
le
un
droit
vieux prin-
aucun vaisseau de guerre étranger naviguer dans les détroits. La Porte, tant
cipe d'après lequel
ne devait qu'elle
vivait
en paix,
ne
devait plus
jamais
tolérer
dans ses eaux un pavillon de guerre étranger.
Comme gageaient le
à
les
Puissances du Concert Européen s'en-
reconnaître
cette
« décision
du Sultan
problème entier des Dardanelles fut posé
»,
sur une
base internationale, ce qui anéantit les plus belles perspectives russes.
Mais
le
Tsar n'abandonna pas son projet d'exclure
de la politique orientale les Puissances du Concert Euro-
péen
et
212
-
en particulier, de s'opposer à toute
commune
d'une garantie
l'indépendance de la Turquie. très distinctement
au
tendance
en faveur de l'existence
A
cette
ciel politique,
époque
l'aigle
et
de
l'on vit
russe survo-
coutume de s'élancer toujours à l'improviste sur la ville au croissant d'or, pour ne s'envoler que lorsque les amis de la Turquie accouraient ler l'Orient.
avait
Il
effrayés.
Lorsqu'en 1848 la Révolution éclata partout, aucun chef d'Etat ne
s'en tira aussi bien
que Nicolas
trouva
même
luttes,
à comprimer des exigences libérales
le
temps d'aider
ailleurs,
I er .
Il
par de chaudes et nationa-
Gouvernements européens se remettaient des commotions intérieures, le moment paraissait favorable pour relancer le Sultan, abandonné à ses propres ressources. Un envoyé du Tsar, le Prince Menchikof, se présenta donc en 1853 devant le trône la Porte du Padischah avec de nouvelles exigences devait par un acte formel, reconnaître les droits tradiles.
Et tandis
que
les
:
tionels de la Russie sur les peuples chrétiens de l'Em-
pire
turc,
admettre des
et
conseillers
russes
pour
la
détermination de certaines questions intérieures concer-
nant l'Empire. Et la Russie aurait certainement obtenu satisfaction,
si
la
France
et tout particulièrement l'An-
gleterre n'étaient intervenues. Cependant, cela ne réussit
pas, pour le
moment, à intimider
de toutes les Russies. ter
Il
le
avec l'Angleterre, mais Nicolas
longtemps, qu'au pis
aller, la
Puissances continentales
puissant Empereur
comprit bien qu'il devait comps'était
avisé depuis
plus grande de toutes les
unie à la plus grande Puis-
— sance maritime,
du sort de
213
-
en toute tranquillité, décider
pourrait,
Turquie. Le Tsar lui-même prit la res-
la
ponsabilité de proposer à l'ambassadeur d'Angleterre, sir
Hamilton Seymour, turc.
Mais
pas.
Tandis que
Russie voulait égorger
la
maintenir en
le
les
de l'Empire
l'Angleterre ne concordaient
de
les desseins
malade du Bosphore
commun
partage en
le
«
l'homme
l'Angleterre désirait au contraire
»,
On
vie.
voir
préférait
naviguer dans
Dardanelles les frégates turques, que les bâtiments
de guerre russes. Tsar,
le
Au
appuyé par
France
la
du
lieu d'écouter les insinuations
Gouvernement
seconda la Porte
anglais et
par l'Angleterre,
le
et
Sultan
repoussa les prétentions russes les plus importantes. Alors, à la consternation générale, le Tsar
dans
troupes
ses
provinces
les
danubiennes.
que déjà une
l'épée fut-elle tirée,
flotte
fit
entrer
A
peine
anglo-française
apparut à l'entrée des Dardanelles. La guerre de Crimée se préparait
;
une tentative grave
de réaliser les C'étaient
les
principaux buts
mêmes
qu'il
détroits, protectorat sur les
L'attitude
che
voisine
des
:
sanglante cette
y a 150 ans
:
maîtrise des
inquiétait plus particulière-
l'Autriche-Hongrie,
peuples
balkaniques.
plus pro-
la
La Monarchie
danubienne ne négligea aucun moyen pour tâcher viter
un
engager
conflit, et
les
comme
Russes à
il
au
menacée
et
d'é-
venait déjà d'éclater, pour
retirer leurs troupes des Princi-
pautés ottomanes. Le' voisinage de la Russie portable
fois,
peuples chrétiens.
de la Russie
ment une Puissance
et
de la politique russe.
était
insup-
Gouvernement viennois; la Galicie était le Danube pouvait être incorporé à l'Em-
_ pire
moscovite.
Bref,
-
214
du secours qu'apporta et d'autre part,
vécut une
orientale
politique
la
heure de suprême danger, et ce ne fut que
souvenir
le
Russie pendant la Révolution,
la
le retrait
troupes russes
ultérieur des
hors des Principautés danubiennes, qui permit à la Monarchie des Habsbourg de rester neutre.
Mais vers
la
fin
du
conflit,
adopta une attitude qui fut sur guerre avec
la Russie.
ment de Pétersbourg accepter
les
ne se
de
Autriche-Hongrie
point d'aboutir à la
comme
Gouverne-
le
pendant deux ans à son
de
dans
le
adversaire,
cas où la Rus-
pas à consentir aux propositions des
plierait
avait lui-même élaborées. la
paix
s'y associer,
Puissances, propositions que
pression de
le
effet,
s'était refusé
conditions
Vienne menaça de sie
En
l'
le
Ce
Gouvernement de Vienne en somme, cette dure
fut,
Monarchie danubienne qui engagea
les
Russes à signer le 1 er février 1856 la paix préliminaire de Vienne, à laquelle succéda, quatre semaines plus tard, le
Congrès de Paris. C'est là qu'un
nouveau
traité international fixa les
conditions de neutralisation de la
à
la
marine marchande de toutes
et ses ports sont
mer Noire
:
«
ouverts
les nations, ses
eaux
formellement et pour toujours interdits
aux pavillons de guerre des Etats riverains, ainsi qu'à toutes les autres Puissances... » Quelques cas exceptionnels ne sont pas pris en considération ici. En ce qui concerne le Bosphore et les Dardanelles, l'ancienne règle de l'Empire ottoman resta en vigueur, à savoir que le Sultan ne tolérerait en temps de paix aucun vaisseau de guerre étranger dans ces détroits.
Et enfin
les der-
—
-
215
furent réduites à néant
nières espérances de la Russie
par
l'article
22
« les
:
Principautés
de la Porte et
la suzeraineté
continueront,
sous
sous garantie des Puis-
et immuAucune protection exclusive
sances contractantes, à jouir des privilèges possèdent.
qu'elles
nités
ne pourra être exercée par l'une des Puissances garantes.
ne subsistera
Il
aucun
droit particulier d'ingérence
dans leurs affaires intérieures.
Nous
»
assistons à la fin de cette première étape de
la politique russe
en Orient, à la ruine absolue de deux
projets,
dont la genèse nous ramène, à travers plusieurs
siècles,
à
d'un Protectorat sur la
fumée,
et
la
Empire mondial.
de cet
l'origine
L'illusion
chrétienté orientale s'en
va en
Russie doit céder la place à la responsa-
bilité collective
des Puissances.
D'autre part, non seu-
lement la route est fermée aux forces navales russes,
mais encore le seul point de ralliement et de sortie est neutralisé. Le Tsar doit subir l'humiliation d'une décision étrangère et franchement tutélaire
de guerre
russes sont bannis
sont bannis de la
mer
de
:
leurs
les
vaisseaux
propres eaux,
Noire. * *
La Russie
*
dû courber la tête devant la fer- L'antagonk vainqueurs, au Congrès de Paris de 1856. Cela me au Con meté des ne voulait pas dire qu'elle abandonnât les projets queS res(îeBeili lui avaient prescrits le Testament de Pierre le Grand. Aucun Empire ne s'est montré aussi inébranlablement fidèle
à
la direction de sa politique,
La conquête de s'est
avait
la
Sibérie
achevée qu'en 1856,
a duré
que l'Empire russe trois
siècles et
:
ne
—
—
216
Après un repos de 15 ans, dû principalement à ferme volonté qu'avaient
en paix, nous voyons en
la guerre de Crimée, de rester
1870-71
le
favoris.
Et cela encore une
nouveau ses
colosse russe caresser à
projets
à une époque où le guerre occupait chez eux les Gouvernements
fléau de la
fois,
de l'Europe centrale, et où par conséquent,
Une
trouvait complètement négligé.
l'Orient se
fois de plus, la di-
européenne fut surprise par un message de
plomatie
St-Pétersbourg qui proclamait simplement
de toutes les Russies ne pouvait plus, sentir
la
Puissances fatiguées par
les
par les décisions
lié
contenues
:
que
Tsar
le
à l'avenir,
se
aux actes du
Congrès de Paris de 1856, aussi longtemps qu'elles
limi-
Noire. — Les
Gou-
teraient sa souveraineté sur la
vernants et
au
mer
diplomates n'eurent aucune hésitation
les
sujet de l'interprétation qu'il convenait de
stipulation
cette
comme
des vaisseaux
de
ses
guerre
le pavillon
chantiers
qui
de la mer Noire,
remettraient bientôt en
russe sur les côtes ottomanes. Mais
l'Europe éprouvée par la guerre
pouvait songer à
donner à
Russie se proposait de construire
sur
autrefois,
honneur
la
;
franco-allemande, ne
s'opposer par la force à l'annulation
du traité de Paris. Elle Russes rayonnaient.
dut
céder
cette
fois
et
les
Cependant, cette conclusion spontanée ne leur procurait
toujours pas l'accès
comme
détroits restaient
guerre étrangers la
possibilité
éventuelle
;
mais
de tenir
à
la Méditerranée,
car les
devant, fermés aux navires de les
Russes voyaient maintenant
prête
de Constantinople.
une
flotte,
Or, une
pour
la prise
occasion devait
—
—
217
bientôt se présenter, qui leur permit encore une fois de
poursuivre à main armée
le
but de leurs plus anciens
désirs.
En
une insurrection éclata en Herzégovine,
1875,
qui ne tarda
à entraîner
pas
avec
elle
la population
chrétienne de la Bosnie, de la Serbie et du Monténégro
;
une nouvelle révolte contre les abus de l'administration ottomane. Les Puissances européennes se proc'était
posèrent de mettre de l'ordre dans les affaires intérieures de la Turquie, et se réunirent dans ce but, à Constantinople. tion
Mais lorsqu'on voulut organiser une protecdes Etats chrétiens, vassaux du Sultan,
efficace
contre les violences de la Turquie,
tous
les plans s'é-
croulèrent devant la résistance de la Porte.
Comme
les
autres Puissances se montraient peu enclines à déployer
une grande énergie, était
venu d'agir
Russie
la
seule.
sur Constantinople,
chaient
une occasion, en tant ténégrins
pensa
que
le
moment
Tandis que ses troupes le
marTsar aurait pu trouver
qu'allié des
déjà en guerre avec
le
Serbes
et
des
Mon-
Sultan, de ressusciter
du Protectorat. Mais quelle que soit l'on veuille donner aux intentions politique d'expansion dirigée vers la Tur-
la vieille tradition
l'interprétation
de la Russie
:
que
aux Etats balkaniques, ou même aventure audacieuse du Panslavisme toujours est-il qu'elles devaient provoquer un grave conflit avec l'Autrichequie, secours
—
Hongrie. C'est pourquoi la
vant à
Russie avait déjà songé aupara-
triompher définitivement de l'Autriche-Hongrie.
Lorsqu'en
1876
le
Gouvernement russe
voulut,
pour
mener à bien une
—
218
entreprise
de cette sorte, s'assurer
la neutralité de l'Empire allemand, elle reçut la
suivante
«
:
réponse
l'Allemagne ne pourrait pas tolérer qu'une
des deux parties fût à ce point blessée et lésée, que sa position de
mot à
son
Dans la
Grande Puissance indépendante et qui avait dire en Europe, vînt à être menacée K »
ces circonstances,
la
Monarchie danubienne,
Russie ne pouvait attaquer peut-être
mais...
y
avait-il
un autre moyen de couper court au péril menaçant que représentait Vienne. L'on fit comprendre à l' AutricheHongrie que les buts de cette campagne revêtaient un caractère parfaitement noble; on offrit au Gouvernement, en compensation de sa neutralité, dans le cas où l'on réussirait, d'occuper la et la
se
demander jusqu'à quel point
russe écoutait
le
propres intérêts.
il
les
Bismarck,
Au
II.
le
oublier qu'avant
Cabinet de Péters-
du joug insupportable
du
traité
déjà indiquée plus haut,
Andrassy 1915,
Reiches Schicksalstunde,
p.
p.
11
;
de Reichstadt de
comp.
Frobenius,
45; Uebersberger;
cit.
p.
275;
etc,
les
œuvres
Des ideutschen
Zum
Verstândnis des grossen Krieges, p. 61; Dascovici taux, loc.
il
Gouvernement
p. 214.
sujet de cette clause secrète
1877, que nous avons
Jules
le
moyens qui auraient permis
d'affranchir les peuples chrétiens
1
Turquie.
cette décision,
aux injonctions de ses
obéissait
Nous ne devons pas
bourg avait épuisé tous
2
la
—
de détresse des Etats balkaniques,
cri
jusqu'à quel point
de se décider à employer la force,
de
l'Herzégovine 2
et
Russie put donc marcher contre Mais précisément en présence de
faut
et
Bosnie
geschichtichen p.
245;
Hano-
-
219
-
des Turcs, tout en maintenant la paix. Pétersbourg prit
d'une dernière démarche collective des Puis-
l'initiative
On
sances auprès de la Porte. ser les
armes
et
à réaliser dans
invita le Sultan à dépoles
Balkans
promises depuis longtemps
qu'il avait
en outre, qu'elle ne bougerait pas, sentait
à [signer la paix
elle l'avait déjà
fait
avec
le
;
si
la
les
réformes
Russie déclara
la
Turquie con-
Monténégro,
avec la Serbie.
Inutile
;
comme Par-
le
lement ottoman décida de continuer la guerre avec
le
Monténégro. Alors on
le
considéra à Pétersbourg,
que
Et toute l'Europe, y compris même l'Autriche-Hongrie et l'Angleterre, assista à ces événe-
sort en était jeté.
ments sans inquiétude, car il semblait que cette fois, un démembrement éventuel de la Turquie pourrait amener l'indépendance des peuples chrétiens, rait
ce qui n'au-
pas nui à l'équilibre dans les Balkans. C'est pourquoi le
Gouvernement anglais
laissa libre
jeu aux événements, jusqu'au jour où les troupes russes
apparurent devant Gonstantinople.
Ici
Corne d'Or,
les
britannique.
L'Angleterre qui, dans
neutralité,
cependant,
Russes se heurtèrent à
avait souligné
qu'elle
ne
la
à
sa déclaration ferait
la
Puissance
de
pas un pas,
tant que seuls des intérêts turcs seraient en jeu, l'Angleterre avec son armée, barra maintenant la route
Russes.
Ceux-ci,
épuisés
il
est
vrai,
aux
par une guerre
mais dure, furent obligés à leur corps défendant, d'accorder qu'il appartenait au Concert Eurovictorieuse
péen, convoqué en un Congrès, de juger en dernier ressort
du résultat de la guerre. Le Congrès de Berlin de 1878 ne modifia en rien
—
concernant la mer Noire
les décisions antérieures
Dardanelles.
mier
La
Russie,
qui avait
emporter de haute
lieu
—
220
lutte
l'ouverture des dé-
dut abandonner cette prétention avant
troits,
les délégués étrangers se
et les
espéré en tout pre-
même
que
missent en route pour Berlin.
Gouvernement russe dut renoncer, sous
Déjà
le
sion
de l'Angleterre, au prix
plus
le
la pres-
précieux de sa
un avantage que guettaient depuis des siècles, les yeux de ce peuple géant. En ce qui concernait les détroits, on s'en tint aux accords de la victoire,
ainsi qu'à
paix de
Paris;
relatif
aux
d'autre
part,
décret russe de 1871
le
de souveraineté
droits
La
Noire, resta en vigueur.
voqua des divergences
du Tsar sur
la
mer
principale question qui pro-
d'opinion,
était
la question bul-
gare; elle fut résolue à l'unanimité au désavantage de
La prédilection de la Russie pour les détroits mer Egée, avait développé l'idée d'une Principauté
la Russie. et la
aux dépens de la Turquie vaincue, et qui devait s'étendre au Sud du Danube jusqu'au littoral de la mer. Ce pays autonome, en tant que création du libérateur russe, aurait
bulgare
agrandie et autonome,
été placé sous
sance
constituée
son influence, aurait représenté la puis-
russe dans
les
Balkans,
et aurait
été contraint
de maintenir ouverte à l'Empire du Tsar, une voie de
communication avec
Grand lui-même
la
mer Egée. Jamais
Pierre
n'avait mis tant d'œufs dans le
panier. Mais les rivaux de la Russie étaient décidés
mettre un frein à des illusions de cette
sorte.
le
même à
L'Angle-
ne voulait pas admettre que la Bulgarie devînt un protégé reconnaissant du Gouvernement de Péters-
terre
—
—
221
bourg, elle ne voulait pas entendre parler d'une prédominence russe dans l'Archipel, ni d'un nouveau concurrent dans la Méditerranée. Elle ne voulait pas permettre
que
les provinces turques de la
pées en deux
nes
complètement
de
nationale
politique
la
appréhensions
les
de
en Autriche-Hongrie, tous
Naturellement,
intérêts
Macédoine fussent cou-
Puissances méditerranéen-
et les autres
partageaient
l'Angleterre. les
—
s'opposaient à une Grande
économique
et
Bulgarie sous
patronage
le
de la Russie, qui aurait renforcé l'influence slave dans les
Balkans
et aurait
interrompu
la route continentale
de Salonique à Constantinople. L'Allemagne s'associa de tout
cœur à
la résistance
et l'autorité de sait,
du Gouvernement de Vienne, les motifs que l'on
Bismarck, qui, pour
l'Autriche dans les Bal-
soutenait la situation de
kans, porta aux Russes
coup
le
durent se résigner, et qui plus
le
est,
plus inattendu. Ils voir
passer l'admi-
nistration de la Bosnie et de l'Herzégovine
de l'Autriche-Hongrie,
et l'île
aux mains
de Chypre aux mains des
Anglais.
Nous connaissons
déjà les conséquences immédiates L'Alliance
de la défaite diplomatique de la Russie au Congrès de
avec la
Le désappointement poussa plus à l'Est l'Em-
France«
Berlin.
pire moscovite, éloigné de Constantinople.
toujours à la
mer
résistance de l'Angleterre,
ponais
en
il
Mandchourie.
autre conséquence,
Là, aspirant
luttant sans cesse contre la
libre et
d'ordre
fut enfin battu par les Ja-
Mais
nous
apercevons
psychologique
:
le
une
ressenti-
ment de
la Russie.
Puissances
contribua à provoquer chez les
Il
Centrales
le
fameux pacte d'où
du
besoin
devait sortir plus tard la Triple-Alliance.
La
désillusion politique, dont
est difficile de
il
mé-
connaître la justification, pour autant qu'elle avait trait
aux
s'exprimait
détroits,
dans
pourquoi veut-on interdire
simple
cette
question
:
de la mer Noire à
la sortie
l'un de ses deux Etats riverains? Et tandis qu'on considé-
comme
rait
parfaitement naturelle
rivalité de l'An-
la
aux diverses questions d'Orient, on ne voulait pas comprendre en Russie, l'attitude hostile de l'Allemagne. On avait espéré que Bismarck, qui se trouvait entre les deux parties, aurait proposé une solution du problème, acceptable pour chacun des antagonistes. Mais au contraire/ le chancelier gleterre et de l'Autriche relativement
allemand
que
la
résolument pour
prit parti si
le côté
Russie dut succomber complètement
et
adverse,
renoncer
D'où cette haine sans bornes contre l'homme d'Etat allemand qui avait ruiné les espérances de la Russie. Le 15 août 1879, Alexandre II prit luimême la plume pour exprimer à l'Empereur Guillaume à ses prétentions.
sa surprise concernant
allemand
1
délégués nales
de
1
terauf.
Il
pas
l'attitude inamicale
plaignait
se
allemands
auxquelles
faire
quait
.
le
dans
surtout
les
Congrès avait
fussent
de l'Empire
l'hostilité
commissions
exécuter ses décisions. qu'ils
de
confié
la
Le Tsar ne
solidaires
de
des
internatio-
tous
mission s'expliles
dé-
S. Debidour. Histoire diplomatique de l'Europe, p. 22. Bit-
Die deutsche Politik und die Entstehung des Krieges,
p. 9.
—
services que
en considération des
autrichiens,
sirs
—
223
la
Russie avait rendus à l'Empereur d'Allemagne en 1870, en empêchant l'Autriche-Hongrie de prendre part à la guerre aux côtés de la France. Et, en faisant remarquer la
mauvaise humeur que l'opinion publique manifestait Alexandre donnait
chez les peuples des deux Empires,
à entendre le danger qui menaçait la paix mutuelle. Bismarck comprit la menace cachée sous ces paroles loyales.
Il
pour Vienne en
partit
pour y
toute hâte
conclure son Alliance. Mais l'antagonisme entre la Russie et la
Prusse datait de bien plus loin
où, dans le voisinage le
Grand
au bord de
prit pied
mer
la
ou à raison on avait attribué à tous Alexandre
jusqu'à
Pierre,
il
;
du jour
datait
immédiat de l'Allemagne, Pierre
I
er
le
,
A
Baltique.
tort
les successeurs
projet
d'envahir
de la
Prusse Orientale.
Bien que déjà avant
Congrès de Berlin, la
inquiétants.
s'était
Depuis
montré disposé à
sion, les circonstances avaient changé.
battue
été
et
la
Rus-
Bosnie, les sentiments
à l'égard de l'Autriche-Hongrie n'en
qu'elle nourrissait
paraissaient pas moins
l'Empire du Tsar
le
au sort de
sie se fût résignée
désabusée.
Après que
le
jour où
cette conces-
La Russie le
projet
avait
d'une
était tombé dans l'eau, Russes se virent formellement chassés des
sphère d'influence panbulgare et
que
les
détroits,
il
n'était plus
eût été rompu, ni
dans russe.
les
Balkans,
permis de douter que l'équilibre
que l'Empire des Habsbourg
une
grande
avance
sur
n'eût,
l'Empire
Cette considération n'était pas d'ordre purement
politique, elle ressortait aussi des impulsions
du peuple russe.
nationales
—
-
224
Le principe des Nationalités a provoqué au 19 m6
mouvement
Siècle ce puissant
à
enfin
la
fondation de
l'Empire allemand. Propagées théories
qui,
en Europe, conduisit
unitaire
l'Etat
comme
italien
et
de
elles l'étaient, les
modernes de l'homogénéité des
ne pou-
races,
vaient s'arrêter aux confins de ces Grands Empires, qui,
comme une
l'Empire
russe
et
l'Empire turc,
constituaient
mosaïque de Nationalités. Ces théories trouvèrent au contraire, tant en Russie que dans les Balkans, un terrain de développement extrêmement provéritable
pice chez les Slaves du Sud, séparés les uns des autres
politiquement, et souvent durement opprimés. C'est dans
l'Empire
turc
plus de force;
que
la conscience nationale agit
c'est
là
qu'elle
avec
le
donna aux populations
chrétiennes de la Bosnie, de la Serbie et des provinces
courage de cette exaltation, qui com-
environnantes,
le
mença en 1875
et aboutit enfin
Depuis longtemps déjà de cette propagande qui,
à la guerre russo-turque.
existait
basée sur
en Russie un foyer le
principe de
l'af-
franchissement de tous les Slaves et sur la réunion de tous les Slaves du Sud, tendait à former
nome
placé sous
le
Protectorat de
1867, les apôtres du
mouvement
la
un Etat
Russie.
auto-
Déjà en
panslaviste s'étaient
vue d'une grande manifestation, à Moscou, où leur programme fut favorablement accueilli. Même la famille impériale assista à cette fête, et rien au monde réunis en
ne pouvait être plus agréable au perspicace Prince Gortschakofï, alors ministre
mouvement rieure.
si
des affaires étrangères, que ce
conforme aux buts de sa politique exté-
Les Ruthènes de l'Autriche-Hongrie ainsi que
-
—
225
Slaves des provinces turques
les
ne tardèrent pas à
des Etats vassaux,
et
chaudes marques d'amitié
recevoir, de
de la part de leur grand voisin du Nord
et
;
l'enthou-
siasme du peuple russe, d'où partaient ces témoignages de sympathie, concordait magnifiquement avec les intentions des
dominer
—
timent du devoir
dit
d'une
«
dont
»,
la
et
stimula
1 .
de l'Europe à l'idée
les Etats
émancipation nationale
Mais
se raviva, le sen-
ambition
fortifia cette
ambition de
vieille
—
Bluntschli
Et que pouvaient objecter
même donné
La
dirigeants.
cercles
l'Orient
ils
avaient eux-
l'exemple ?
l'idée originale
panslave se condensa peu à
peu en un projet de créer un nouvel Etat, qui devait être construit sur
les
ruines de
la
était si
peu d'années avant qu'éclatât
fort,
Tsar
et
ce projet la
guerre
complètement sous son charme,
turque, qu'il tenait
le
Monarchie austro-
hommage à
hongroise. Le courant qui rendait
le
son chancelier. C'est de cette époque que date d'après
principe,
devait passer s'assurer de
lequel
par Vienne, cette route
la route de et
Constantinople
tentative
la
avortée
de
au moyen d'une entente avec
l'Empire allemand. Ainsi donc les voies du Panslavisme se confondaient
à des époques déterminées, avec
celles
affaires étrangères de Pétersbourg, lorsqu'il
fois
s'agissait
de
du ministère des
pour se séparer par-
contourner
un important
obstacle.
Après 1
le
Congrès de Berlin,
Dascovici, loc.
cit
page 242.
les
Russes ne conser-
— vèrent
—
226
que bien peu de chances de
dans
succès
les
Balkans. Des agitations terroristes dans l'intérieur de
Alexandre roi
du
détournèrent
l'Empire,
reste
Milan
chercha
l'Autriche-Hongrie
et ;
du
l'attention
En
III de la politique extérieure.
trouva un
Tsar
Serbie,
le
rapprochement avec
en Roumanie, l'on se montra pro-
fondément indisposé de ce que de Berlin, arraché à son
dans ces années-là que
la
allié la
Russie
au Congrès
ait,
Bessarabie. C'est enfin
de Bulgarie échappa
la Principauté
complètement à l'influence russe, lorsque
Prince Fer-
le
Cobourg monta sur le trône en 1887, et s'appropria le mot de Stamboulow la Bulgarie aux dinand de
:
Bulgares.
A
cette
époque d'insuccès dans
peuples
les petits
Balkans, lorsque
les
de la Péninsule
s'alliaient
moins contractaient avec amitié,
se
préparait
elles
des
relations
définitivement
grandes idées soupies,
et
idées
non
pas
qui
abandonnées,
sortir
franco-
ses
n'étaient
qu'as-
Russie
avait
la
de
exer-
réaliser
besoin d'un partenaire bien équipé et riche. qui sans doute pouvait faire
d'étroite
la pression
Pour
cée sur la politique extérieure russe. historiques,
ou du
l'Alliance
à
russe, qui devait faire contre-poids
uns
les
après les autres avec les Puissances Centrales,
terre
L'Empire,
lui-même
des millions de soldats, avait cependant besoin de ressources financières pour
le
présent et pour l'avenir; ce
besoin était d'autant plus pressant que les marchés aux capitaux allemands, s'étaient peu à peu
fermés devant
au commencement de la période de 1890 à 1900, pendant une bienfaisante accal-
les
Russes.
Ainsi
naquit,
mie
politique,
d'une
franco-russe qui, dans
l'Alliance
attaque
-
227
étrangère,
cas
le
chacun des deux
à
assurait
Etats l'appui de son Allié.
Le Concert des Puissances profond Berlin
;
même
les
ennemis héréditaires de Paris
regardaient
se
Guillaume ne
fit-il
avec bienveillance
pas déposer en
octobre
la
une
1893,
!
du Panslavisme continuait à couver, l'occasion, à se raviver
dans
nouveau
d'un
d'expansion vers la mer
ten-
les
En Russie
dances intimes de chacun des Etats.
l'influence
de
et
l'Empereur
;
tombe de Mac-Mahon Et pourtant rien n'avait été changé dans
couronne sur
calme
d'un
jouissait
feu
le
toujours
prêt
à
pays balkaniques, sous
les
courant
La
d'air.
libre, avait
politique
trouvé par contre,
un nouveau terrain d'essai en Extrême Orient. Définitivement éconduite des Dardanelles, l'initiative russe était occupée à cette grande excursion qui, partant de l'Asie Centrale,
devait
conduire,
luttant continuellement
en
contre l'Angleterre, jusqu'à Port-Arthur et sur les
de bataille de la Mandchourie rivalité
l .
Pendant
ses formes les plus douces, voire
ques, est-il
permis
quelque sorte,
«
de
dire.
Les
même
observer,
Gouvernement de Vienne
et
;
l'on
aussitôt
temps,
la
elle revêtit
les plus pacifi-
Balkans
placés sous une cloche
se contentait de les le
ce
avec l'Autriche-Hongrie se calmait
champs
étaient
de verre
s'entendait
que
les
»,
en on
avec petits
Peuples sous la cloche de verre demandaient un appui supérieur. C'était l'époque du
Voyez
p.
125
et suiv.
contact permanent entre
Vienne
Pétersbourg
et
—
228
l'époque
;
de
l'entente
russe de 1897, de l'accord de Mûrzsteg le
un élément de calme. Elle devait bientôt
était
entrer en scène
Conférence
aye *
Sur
continent les armes faisaient trêve, et la Russie elle-
même
La première
austro-
de 1903.
A
peine
q U 'Alexandre semblait être
dégagé de
comme
élément de progrès.
franco-russe
l'Alliance
conclue,
fut-elle
Son successeur Nicolas II de naissance un Prince pacifique; il était mourut.
III
cette
haine envers les Puissances Centrales,
cœur d'Alexandre. Sa politique le chemin de la réconciliation, et le caractère même du Monarque y était enclin. Le jeune Empereur était disposé à la douceur tout ce qui était brutal répugnait à son être intime. Le mariage de Nicolas avec une Princesse allemande, Alix de Hesse, qui avait
contristé
le
devait logiquement suivre
;
devait
le
rapprocher d'un degré des cours voisines et
germaniques.
S'il resta
malgré cela
d'alliances de son prédécesseur, l'amitié avec la
fidèle
à
la politique
et s'il raffermit
République Française,
c'est
encore
qu'il
était
convaincu qu'un équilibre de forces constituait, en présence de la Triple-Alliance, une exigence capitale pour la sécurité et la paix de l'Europe.
Mais sibilité
le
Tsar Nicolas aperçut encore une autre pos-
de conserver la paix.
Il
se présentait à son esprit
un autre moyen, sur lequel on pouvait fonder plus d'espérances que sur le vieux principe élastique de l'équilibre. Celui-ci
était,
en vérité,
mais comme moyen pratique
il
un dogme
éclatant,
semblait usé, et ne servait
.
-
-
229
plus qu'à cacher sous des formules de creuse diplomatie,
bon plaisir et l'égoisme. Nicolas abandonna ce moyen qui n'était qu'un pis-aller, et proposa au monde de suivre une route beaucoup plus simple l'impérialisme, le
pour parvenir à
la
paix
durable
vouloir la paix, de l'établir
proposa de
lui
il
:
de la maintenir.
et
C'est là le véritable esprit de la note sensationnelle
que
le
comte
étrangères,
son
Mourawieff,
les Etats veulent la paix, ils
des
ministre
envoya aux Puissances
le
affaires
12/24 août 1898:
prétendent que c'est bien
le
but de la politique étrangère. Vous Grands Etats, avez
au nom de la paix, conclu vos Alliances, en ce même nom vous avez augmenté vos forces militaires jusqu'à
un degré incommensurable
!
Serait-ce par hasard l'état de les
Quel en est paix
le
résultat ?
tant désiré ?
Non
;
charges financières croissent jusqu'à la monstruosité,
elles ruinent le bien-être
tellectuelles et
public.
Toutes
les
forces
physiques sont détournées de leur
nation naturelle
paralysées par
la
;
le
vie
économique
et
in-
desti-
la culture sont
développement des armements.
Cette paix armée, au lieu de remplir son but, écrase
—
la vision du monde, si cette situation persiste. Couper court aux armements et chercher les moyens d'éloigner la catastrophe qui menace voilà les peuples.
malheur qui va
Et l'Empereur Nicolas a s'abattre sur le
—
comme
que Tsar présente prême qui s'impose aujourd'hui à tout Etat ». Il convie les Puissances à une Conférence « pour assurer le triétant
devoir su-
ce
le
omphe
de la haute conception qu'est la paix mondiale,
« le
sur les éléments de troubles et de discorde
»
-
-
230
de l'homme qui
Telle fut en 1898, la proposition régnait sur le plus grand limiter les
armements
Empire de
militaires
outre, s'engager
à soumettre
international
permanent,
et
d'autres
plus
différends
à un
qui peu à peu arriveraient à
s'en
que
principe,
Il
s'agissait
de
Pour
d'arbi-
définitivement
tenir
hâter l'éclosion
membres de
la
de ce
grande
soumis aux
ne dussent plus être
arrêts de la force brutale,
mais se conformer à
la raison
de justice de juges internationaux.
l'esprit
avoir sous
faut
la guerre.
disposition des Etats,
les conflits entre les
famille des Peuples,
Il
de
en
arbitral
catégories
un tribunal
graves, la
à
tribunal
certaines
trage facultatif se tiendrait à
à ses décisions.
fallait
Il
les Etats devaient
;
qui conduisent trop souvent à
conflits
et
la terre.
les
yeux
les
actes
de la pre-
mière Conférence de la Haye, pour pouvoir se reporter
à ces jours, où sur
le sol
historique des Pays-Bas, sous
presque symboliques d'une jeune Reine, et
les auspices
accompagnés des vœux de l'humanité
entière, les repré-
sentants de tous les Etats civilisés cherchaient les voies
qui pourraient assurer une paix durable. et
A
cette
époque
depuis, on a repoussé l'idée du désarmement
comme
Nous
la lais-
prématurée, serons
ici
et
sous mille autres prétextes.
de côté, pour examiner avec d'autant plus d'at-
tention ce que le Président russe de la Conférence considérait
comme
tionale arbitral
:
il
ne
le
but principal de l'assemblée interna-
fallait
obligatoire,
tout-à-fait générale,
ces d'assurer et durable.
pas seulement établir un non,
il
fallait encore,
trouver les
aux Peuples
moyens
les bienfaits
tribunal
d'une façon
les plus effica-
d'une paix réelle
Dans
les milieux
-
231
de la politique et
de la science,
on s'est souvent moqué du Tsar et de ses « utopies ». Cependant c'est à son représentant que fut réservé l'honneur d'énoncer pour la première fois devant l'assemblée des Etats
civilisés cette idée
un
n'est plus seulement
que
«
dans lequel
art
la diplomatie
les
capacités
personnelles jouent un rôle exclusif, mais
qu'elle
à devenir une science qui
règles fixes
pour
avoir ses
doit
la solution des conflits internationaux ».
Empire russe
même
dans
montrait donc
se
la vie
politique
par les préceptes de tous
remplacer,
internationale,
l'arbitraire
!
Le plus puissant de
Etats militaires, entendait
les
réglementer
une valeur universelle;
trage et lui donner
Le grand
disposé à
justice
la
tend
l'arbi-
voulait
il
en outre réunir des moyens pacifiques en évitation des conflits.
Et
ambassadeur
le vieil
scepticisme autour de
nom
lui,
de son Souverain et des
avertissement
maine de
:
«
ne
il
l'utopie »
C'est encore
Staal, qui percevait le
soulignait courageusement au
s'agit
peuples de Russie cet
pas d'entrer dans
cet
Empire, dont
nous avons suivi
jusqu'ici les luttes économico-politiques, qui arriva la première fois
aux
«
à
la persuasion
que
les rivalités
grands appétits d'expansion économique
vaient être aussi placées sous la dépendance C'est enfin à la Russie qu'il devait être
1
do-
le
*.
réactionnaire
et
»,
du
pour dues poudroit.
autocrate
donné, outre la proposition de conclure
Conférence internationale de la paix. Documents du mini-
stère des affaires étrangères,
La Haye 1907,
l
re
partie, p. 13.
— un
d'arbitrage
traité
de déposer sur
La Haye un
projet de
Le
:
projet de
dit,
son chemin, aussitôt qu'on
l'eût
de tout caractère obligatoire.
—
résolument dépouillée
On
voulait bien éven-
on ne voulait
tuellement s'entendre à l'amiable, mais
pas être obligé de vivre définitivement en paix soi.
Nos recherches
ment
la lois
le titre de Code d'arbitrage. désarmement fut, comme nous l'avons complètement écarté. Mais l'idée de l'arbitrage
achevé, qui portait
déjà
I
international,
table de la Conférence de
fît
—
232
ultérieures
entre
nous feront voir com-
se comportèrent les différentes Puissances, en pré-
sence des problèmes que souleva la Conférence de la Paix. vrai
est
Il
les
qu'on ne pouvait s'attendre à ce que
propositions
diverses
supprimassent
de la Russie
définitivement la guerre. Mais on pouvait les interpréter
comme
démarches
des
d'un état de paix durable.
On
progrès de la culture humaine, le
dans
significatives
aurait le
la
alors
direction laissé
au
soin de combler avec
temps, les vides qui ne pouvaient manquer de sub-
sister
dans
Haye. avant
Un le
le travail
de la première Conférence de
savant allemand
déchaînement de
l'a
la
proclamé peu de mois
la guerre
mondiale
:
«
Si l'on
continue à se réunir régulièrement, dans le but de découvrir des
moyens de résoudre pacifiquement
relles internationales,
les
symptômes, mais encore à approfondir
des conflits d'Etats....
On
discutera à fond
1
1
les le
de la paix dans son entier et l'on tentera de
ex fundo
les que-
on arrivera non seulement à guérir
le
causes
problème résoudre
».
L'on respire lorsqu'on rencontre une
telle
pensée dans
la
— Tel
on
était le
but de
comme un factum
On l'a comme une coup
l'initiative russe.
après
représentée
l'a
comme une
hommes
les
folie.
persifflée,
comédie,
Lorsqu'une idée est ex-
astucieux.
ceptionnellement heureuse, facilement
—
233
considèrent
la
Les objections ne tiennent
Tsar a défendu lui-même son avec son Gouvernement et le grand savant en pas debout, car
le
idéal,
droit
international von Martens, et il était prêt à placer son Empire tout entier sous la nouvelle législation qu'il recommandait au monde civilisé. Il est hors de doute que son projet fut pris au sérieux nous n'en voulons pour preuve définitive que ce fait 26 Etats étaient ;
:
de
la
Haye par
par leurs savants
et
par leurs
représentés à la première Conférence leurs
hommes
d'Etat,
plus éminents.
officiers les
*
*
Au la
tournant du
siècle, l'influence
en Europe
situation
était
très
de la Russie sur
marquée:
L'Entente
vague avec l'Angleterreee 01
la
*
pacifiste qui, de Pétersbourg, envahit tout le continent,
tempéra
l'esprit
belliqueux qui régnait en France et en
Angleterre, par suite de l'affaire de Fachoda.
vocation
des
Puissances à la
La
con-
Haye pouvait donc
se
non seulement d'une valeur idéale, mais aussi d'un succès pratique immédiat. Dans les Balkans, la
prévaloir
littérature
rances
allemande de droit international. Elle exprime
d'une
(Zeitschrift fur
avant que terrible
les espé.
jeune génération. Hans Wehberg a pu l'exposer Volkerrecht, Jahrgang 1914, 3. Heft. p. 253) encore
l'état
de paix qu'il voulait consolider, souffrît la plus
débâcle de tous les temps.
^
pu
j
ssances
Centrales,
—
—
234
Russie ne poursuivait notoirement plus d'autre but que le
maintien de l'ordre, en connexion avec
l'
Autriche-
Hongrie. Par contre, dans les autres directions de
l'ex-
pansion, l'Empire slave se préparait à régler ses comptes
avec l'Angleterre. Cette
grande liquidation se
en
fit
sur
partie
la
base d'événements politiques, en partie d'après la mé-
moderne alors, d'entente en effet, que les aspirations de thode,
libre s'effectuaient,
que
les
à
cette
la
en extrême Orient,
époque,
Russes parvenaient à
après avoir déjà conquis
Nous savons Russie vers la mer
pacifique.
la
mer Jaune, mer
le territoire
de l'Amour
savons que, grâce à leur habile politique, déjà réussi à faire point terminus de
de fer transsibérien, et
chemin qu'ainsi l'Empire du Tsar était
lointain
routes de la navigation.
il
révélé
en
difficiles et
longs efforts 1
est vrai, vers les
grandes
»
Nous savons encore qu'un s'était
le
bail,
leur grandiose entreprise, le
parvenu à posséder au prix de
un débouché, bien
nous
;
avaient
ils
Arthur, acquis à
de Port
libre,
un essor
rival
acharné en Asie,
extraordinaire,
comme un
adversaire digne de la puissante armée russe, et qu'en
1904, une rencontre et la
Russie.
sanglante
éclata entre
centres des grands progrès scientifiques,
mesure de
Son
le
Japon
Cette guerre, qui se déroula si loin
la rigueur
insoupçonnée de
résultat si riche en sacrifices,
fit
des
donna déjà
la guerre
la
moderne.
une profonde im-
pression en Europe, et la Russie dut se retirer complè-
tement épuisée, des côtes de la mer Jaune. Voyez
le
chapitre sur la Triple-Entente,
p.
125
et suiv.
-
-
235
Ainsi se termina la première partie du
compte avec l'Angleterre.
de
en Asie
comme révéla comme
orientale,
vaisseaux, se
règlement
Celle-ci, alliée
où
partout le
au Japon,
naviguent
des
principal adversaire po-
Tsar eût joué sa deret cela au moment où les grandes Puissances européennes cherchaient de plus en plus à triompher du cancer de la guerre
litique de la Russie.
Lorsque
le
un peuple de
nière carte contre
l'Asie,
par des moyens juridiques et pacifiques,
il
parut opportun,
vue pratique qu'en principe, de trouver un terrain d'entente amiable avec l'Angleterre. tant au point de
Et pourtant, pendant
guerre russo-japonaise, les
la
prétextes extérieurs n'avaient pas
par la guerre
le
la
les
le
plus formidable des
Etats mili-
L'incompatibilité absolue des intérêts vitaux de
«
Russie
la
à
grande des Puis-
conflit entre la plus
sances maritimes et taires.
manqué de résoudre
et
de l'Angleterre
»,
ne
s'était-elle
pas élevée
hauteur d'un dogme politique ? Les historiens et
hommes
contre des
politiques ne considéraient-ils pas
la
ren-
deux Puissances comme une destinée
iné-
vitable ?
Mais les
Russes
dant
vers
C'était
là
d'humilier
avec
Ni
éventualité put encore
cette
elle fut évitée
l'aide
être
détournée
s'attirèrent la colère britannique en la
une
;
en pleine guerre russo-japonaise, lorsque
«
Doggerbank
occasion
excellente
profondément des Japonais,
l'un, ni l'autre
n'eut
bâtiments
des
»
la
Russie,
qui lieu
pour
ou de
étaient :
la
déjà
bombaranglais.
l'Angleterre la
frapper
à l'œuvre.
Russie n'eut pas à
accepter les conditions de l'Angleterre courroucée, ni à
— armes avec
croiser les l'esprit
sion
Le
elle.
de la Conférence de
différend fut résolu, dans
Haye, par une commis-
la
Bientôt après, les
d'enquête.
internationale
Puissances
—
236
firent connaître
par
leur intention formelle de vivre
vement en bonne
On
intelligence.
de 1907,
accord
leur
dorénavant
deux
et
définiti-
partagea les sphères
d'influence contestables, on écarta les questions en litige.
La Russie tain
possédait donc
en Perse
et
l'amitié
un domaine d'expansion cerde l'Angleterre mais par
—
contre, ses espérances maritimes ne furent pas réalisées.
Malgré
Mandchourie, malgré la Révo-
la guerre de
lution intérieure qui
prit
un
Selon
la
s'ensuivit, l'Empire russe
essor extraordinaire aussitôt après sa défaite. constitution
de 1905, la Monarchie absolue fut trans-
formée
Monarchie
en
constitutionnelle
colonisation
intérieure
ductivité
en
l'Empire.
et,
avisée,
général,
dans l'espace
de
six
le
augmentèrent
peuple et
la
une pro-
puissance économique de
la
de
L'exportation
et
Des réformes agraires
obtint ses représentants.
produits
années,
et
indigènes
l'industrie
doubla
nationale
prospéra plus que jamais. Grâce aux richesses des banques parisiennes, les finances de l'Etat purent aussi se main-
un niveau élevé; ainsi donc, rien ne s'oppoait au puissant développement de cet Empire réactionnaire. Pendant cette ascension, l'esprit d'entreprise tenir à
allemand
se
manifesta
peut-être
plus
vigoureusement
que jamais en Russie, car ce champ d'activité était plus proche des Allemands, qui se trouvaient à l'étroit chez eux. Nous les rencontrons dans le comle
merce
et
dans l'industrie en qualité
de
contre-maître
et
—
237
même
de directeurs, nous les rencontrons
à
culture,
la tête de
fermes-modèles
—
dans
l'agri-
que près
bien
de 150 millions de paysans russes cultivassent
sol
le
natal.
La Russie
était
donc en pleine
lorsque
évolution,
l'Autriche-Hongrie accomplit en 1908 l'annexion
Bosnie
et
de
A
l'Herzégovine.
dut expier amèrement sur
le
que subit son armée
ment
grande défaite de 1904-05.
bourg
fortifier
que
lérer
sol européen,
à
de
la
Tsar
le
l'affaiblisse-
Moukden,
lors
de
la
dut voir l'Empire des Habs-
Il
situation dans les Balkans, et dut to-
sa
son
cet Etat soulignât
peuples de la Péninsule. tresse
époque,
cette
autorité
du monde panslaviste, partager
des
vis-à-vis
dut entendre
Il
le
les
cri
de dé-
désillusions
du Royaume de Serbie, sans pouvoir opposer à la décision du Gouvernement de Vienne autre chose qu'une diplomatie infructueuse. devoir
préparer
la
fin
Un de
autre
semblait encore
fait
traditionnelle
l'influence
séculaire de la Russie dans les Balkans
Bosnie
et
l'Herzégovine furent placées
et
tandisque la
:
sous la
domi-
nation des Habsbourg, la Bulgarie proclama sa complète
indépendance
et le
Prince Ferdinand s'adjoignit
le
titre
de Tsar.
Ainsi la Russie succomba,
dans
Péninsule des
la
Balkans, à la politique des Puissances Centrales. Toutefois,
l'annexion
austro-hongrois,
des
deux
assigna
supporter la vanité slave.
s'il
fallut
corps
ce
La Russie dut
donner toute résistance, sachant à guerre s'ensuivrait. Mais
au
provinces
une limite à
d'Etat
que pouvait
pourtant*.aban-
coup
sûr
que
la
à Pétersbourg, con-
238 sentir
un
si
grand
litique slave,
il
sacrifice
dans
le
domaine de
de se rapprocher des buts maritimes. russe tenta en vain
dans
désillusions
d'obtenir
même
Or
la diplomatie
en compensation de ses
rien de plus
tatives antérieures, car
que
lors
de ses ten-
malgré ses bonnes relations avec
Londres ne
l'Angleterre,
lui
accorda ni son appui ni
son approbation pour l'accomplissement de ce
La Russie ne
projet.
parvenait pas à se rapprocher des
deux plus anciens buts de sa
politique.
L'Empire pa-
désormais exclu du Protectorat sur
raissait
po
Balkans, l'ouverture des Darda-
les
Elle n'obtint
nelles.
la
devenait peut-être possible, par contre,
les
Slaves
du Sud, et les vaisseaux de guerre russes restèrent enfermés dans la mer Noire. Cependant
le
Testament de
Grand continuait à vivre dans l'âme du peuple les yeux du monde slave restaient fixés sur les
Pierre le russe,
frères balkaniques, et les sphères d'intérêts concernant
l'économie nationale, ne perdaient pas de vue les détroits.
d'un
Or, ce contraste entre la réalité et les espérances si
puissant Empire,
recelait
par force majeure,
deux germes de guerre. Plus on presse un ressort avec persistance,
vigueur. point,
plus
son
La Russie
que
retour en arrière s'opérera avec
avait été exclue des Balkans à ce
la Serbie et le
Monténégro furent
les seuls
amis qui lui restèrent fidèles; les autres peuples étaient dévoués aux Puissances Centrales. D'autre part, comme les Russes n'étaient pas parvenus à sauver la Bosnie et l'Herzégovine en faveur du Roi Pierre, il se pourrait
bien que
le
peuple serbe désillusionné glissât d'un
jour à l'autre dans les eaux autrichiennes, à la suite d'une
évolution national
intérieure
—
—
239
ou
même
— d'un
événement
inter-
l'écroulement définitif du
et cela signifierait
rêve de la Russie. L'autre
germe de guerre
développa d'une
se
fa-
çon également intenable. Le problème des Dardanelles,
comme du et
reste toute la question maritime, était ancien
Deux ans après
pourtant d'une actualité désespérante.
leur dernière tentative à l'occasion de la crise
de l'an-
nexion, les Russes durent éprouver de nouveau combien
un débouché absolument libre vers la mer était indispensable, non seulement à leurs intérêts politiques, mais encore à leurs intérêts purement commerciaux. N'avait-on pas vu en 1911, que pendant leur expédition en Lybie, les
Turcs durent fermer complètement
protéger leur capitale
Russie méridionale fut arrêtée, portante
des recettes
les ports de la
mer
les détroits
pour
Toute l'exportation du blé de
!
et la partie la plus
annuelles
nationales
même
Noire, ou fut
la
im-
dans
resta
complètement
anéantie. * *
*
La question ser davantage
des Dardanelles ne devait pas s'aigui- La guerret pour la Russie, jusqu'au déchaînement
de la guerre mondiale, bien que la vieille blessure rouvrît aussi bien pendant la guerre
pendant
la guerre des
rappeler
ici
que
notre
la diplomatie
1
Balkans.
point
de vue
nous
Il
est
personnel \
anglaise du moins,
Que nous avons motivé précédemment,
confirmé, au cours de la guerre.
italo-turque,
se
que
permis de
à
savoir
avait peu à peu
et
qui s'est trouvé
-
-
240
atténué sa résistance à l'égard de l'ouverture
des détroits, de leur internationalisation,
d'une solution analogue
bien que
si
;
complète
ou à l'égard années
quelques
après la crise de l'annexion, l'Empire russe ne trouva plus d'adversaires irréductibles de ses tendances, en de-
hors de la Turquie
et
des
Puissances Centrales. Quel-
—
qu'ait été l'attitude dernière de l'Angleterre reste pas
moins acquis que
il
n'en
ce fut la politique allemande
contemporaine, qui s'opposa
plus péremptoirement à
le
toutes les espérances russes relatives à n'importe quels
changements aux règlements établis sur les rives du Bosphore et dans les Balkans. Peut-être le rapprochement avec le Gouvernement de Berlin que souligna l'entrevue de Potsdam de 1910, et que le monde consi-
—
dérait
comme un
l'Angleterre bilité
—
ressouvenir des anciens conflits avec
poursuivait
—
il
le
but d'éveiller la possi-
de la condescendance allemande. Peut- être
espérait-on à Pétersbourg que la
appuyée auprès de
la Porte,
en récompense de
de conciliation dont l'Empire du Tsar avait
dans la question,
chemin de
Avec
fer de
la
si
importante
Bagdad
fait
de
la
preuve
?
Monarchie des Habsbourg,
voisins
serait l'esprit
pour l'Allemagne, du menaçait
qui
de placer complètement sous son influence les territoires
même
politique russe
Corne
la rivalité s'aggrava visiblement.
d'Or
tant
La guerre
grands
convoités,
des Balkans
prouva plus clairement que jamais, que les deux grands Empires poursuivaient des intérêts inconciliables et qu'ils se gênaient mutuellement dans la Péninsule. La question de savoir
si
la
Serbie devait
ou
non obtenir
le
port
— Durazzo sur
de
-
241
mer Adriatique,
la
faillit
amener
Russie, au
la
guerre entre l'Autriche-Hongrie
et la
nant des années 1912 à 1913
on avait déjà mobilisé
;
tour-
Tandisque le Gouverune nement de Vienne cherchait à comprimer la Serbie, les Russes avaient, en outre de leurs devoirs de protecteurs du Royaume slave, le plus grand intérêt napartie des forces militaires.
tional
à ce que
Puissance devînt susceptible
cette petite
en tant qu'Etat
de se développer,
et
pût
prête à combattre
le
Germanisme. Encore une
être,
danger de guerre fut écarté par allemand,
l'Empire
La
cas.
d'assister
s'il
voulait
éviter
de la politique le
de
son Allié dans tous
les
donc con-
moment, l'Empire du Tsar
un formidable choc
tout appui,
fois le
la résolution nette
défaite diplomatique de la Russie fut
firmée, et à partir de ce
aux Serbes
slave,
même
moral.
—
dut
—
refuser
Souvenons-nous
l'Autriche-Hongrie en 1913, lorsque
de
Gouvernement serbe ne voulut pas
se plier
aux décisions
de la Conférence de Londres, et refusa toujours d'évacuer définitivement
note sur note les
menaces
nière
fois,
;
le
territoire
et enfin l'ultimatum.
mais
en
ces de la
Triple-Alliance,
Pétersbourg à son
se courber devant les lan-
car
Russie ne bougèrent pas
On envoya
inutiles succédèrent
Après avoir une der-
appelé
vain,
secours, la Serbie dut enfin
la
albanais.
aux représentations
les
forces
militaires
de
1 .
1 Le prof. Haller de Tubingue prétend que jamais un ministre du Tsar n'avait été insulté par la presse de son propre pays comme M. Sazonow après sa reculade dans la question serbo-albanaise. Ursprung des Wellkrieges p. 68.
le
Or
pendant
mais en hâte, russe.
—
temps on remplissait en
ce
les
242
silence
magasins d'équipement de l'armée
L'orthodoxe
religieux,
l'infatigable
panslaviste,
marchand de blé de la Russie méridionale, cien vaniteux, un fougueux parti guerrier et
le politi-
le
le
pacifi-
que Tsar \ tous sentaient et beaucoup voulaient, qu'après une si longue série d'insuccès et de désillusions, ce fût Yépée qui à la prochaine occasion parlât
au nom
de la Russie.
Depuis qu'en 1912 nécessaires,
on
ment destinée à Baltique.
la
construisait
Douma
avait voté les crédits
une grande
travailler sur la côte
flotte,
certaine-
allemande de la mer
A peine l'Empire allemand avait-il accepté le nou-
veau projet de
loi
sur le service militaire, que la puissance
de l'armée russe fut augmentée. L'effectif de paix fut porté
à 1800000 hommes. Déjà en 1912, la Russie dépensa pour son armée, plus de
trois milliards
de francs, dont
à peu près la moitié fut affectée à des dépenses extraordinaires, avant tout à la construction de fer stratégiques, qui engloutirent
lions de roubles. fut porté et
En
1913,
à eux
chemins de
seuls,
de 28 corps d'armée
l'effectif
à 37, on augmenta considérablement
on pourvut
100 mil-
l'infanterie de mitrailleuses.
l'artillerie,
On
restaura
afin
on renouvela le matériel roulant, de pouvoir activer une mobilisation éventuelle 2
c'est
Si nous persistons à désigner le Tsar comme pacifique, en parfait accord avec la littérature allemande d'avant-guerrre.
aussi les forteresses
;
.
1
*
Ces indications ont été fournies en 1913 par la presse franconcordent avec ceux de K. Egli Zwei Jahre Weltkrieg,
çaise. Ils
;
Zurich 1917.
t.
— Mais ces
—
243
principalement contre la
efforts étaint dirigés
un voisin rivalisait, à ce point de vue, avec les Russes. Et tandisque le voisin s'énervait, la « Russkija
frontière occidentale de l'Empire, où
Wjedomisti étaient
en
tués,
armements de la Russie armements en partie effec-
déclara que les
»
réponse
la
partie
triche-Hongrie.
aux
projetés,
Toutefois,
armements n'en
de l'Allemagne
de l'Au-
et
malgré ces explications,
restaient pas
les
moins accablants pour
le
remarquer ce journal russe en « Il y a beaucoup de raisons pour que nous ajoutant soyons forcés en Russie de consentir des sacrifices C'est ce que
peuple.
fit
:
à
la
«Casent même époque
Rundschau
—
« c'est
particulièrement lourds pour
partout
le
guerre
la
à Vienne
le
militarisme»...
écrivait
surtout
vent d'Est qui nous apporte cette odeur. La Russie C'est
dans
dénouement ». atmosphère
cette
belliqueuse
que
le
de détresse de la Serbie parvint aux Russes. Le 24
juillet
au
—
la Militârische
se prépare pour le
cri
»
«
1914,
Prince Alexandre de Serbie faisait appel
le
cœur slave
»
des exigences de
du Tsar, pour
sauvât la Serbie
qu'il
l'Autriche-Hongrie, qui
48 heures provoquer
le
pouvaient en
premier coup d'épée. Alexandre
avait touché la corde la plus sensible
elle
:
réveilla
la
conscience du Slavisme et rafraîchit les plus douloureux
souvenirs de la politique fiance,
ranima
les
russe
;
sympathies de
elle
fit
races,
naître la les
mé-
traditions
politiques et toutes les espérances des dirigeants russes et
des classes populaires. Le Tsar essaya d'entrer dans
la voie
de la
discussion,
et
demanda du temps pour
_ procéder à une amiable; mais
enquête
et
provoquer une explication
prolongement du délai de l'ultimatum
le
L'horizon
refusé.
fut
—
244
s'assombrit
;
Gouvernement
le
russe télégraphia à son ambassadeur à Londres,
comptait bien que terre se placerait
pour maintenir
si
la
situation
aux côtés de
l'équilibre
la
l'Angle-
s'aggravait,
France
et
qu'il
de la Russie,
en Europe, qui,
dans
le
cas
d'un triomphe de la Monarchie danubienne, serait for-
tement ébranlé personne ne
dans
1 .
Ainsi donc fut proclamé
l'intérieur
même
de l'Empire russe
les intérêts politiques de la
le
dont
fait
pas plus à l'étranger que
faisait mystère,
qu'en
:
effet,
Russie coïncidaient directe-
ment, en cette occurence, avec ceux de la Serbie.
En
outre, le Ministre russe des affaires étrangères déclara qu'il était
impossible à la Russie de refuser son assis-
tance à la Serbie.
le
Pendant que la puissante armée russe se rassemblait, Gouvernement proposa encore divers moyens de con-
jurer la
crise
d'une manière
pacifique
;
il
se
déclara
prêt à accepter toute proposition susceptible de résoudre le
conflit
sans
effusion
de
sang
2 .
Le Tsar
Nicolas
se souvint aussi de l'institution qu'il avait pris lui-même l'initiative
gramme
de fonder en 1899
:
il
proposa par un
télé-
personnel à l'Empereur d'Allemagne, de soumettre
1
Livre rouge russe, Document 17. Voyez livre rouge russe N° 32, 49, 77 ainsi que les autres livres officiels. Mais la solution pacifique fut toujours proposée sous réserve que pendant son accomplissement, la Serbie ne serait pas écrasée par son adversaire, et que la dignité du petit Etat, en tant 2
qu'Etat indépendant, ne serait pas lésée.
au tribunal
arbitral de
-
245
La Haye
le
problème austro-hon-
l
grois
.
Lorsque ces propositions eurent été
Gouvernement
russe, parfaitement décidé
à
refusées,
le
assister
la
Serbie quelles que puissent être les conséquences de cette décision, reçut le
1 er
août 1914, la déclaration de
guerre de l'Allemagne.
1
Ce télégramme ne
livre blanc,
le « livre arc-en-ciel >
plications,
figure pas
mais se trouve dans pourquoi
de la
Max
dans
la
première édition du
la nouvelle édition, ainsi
que dans
Béer, p. 255, avec toutes sortes d'ex-
proposition
du Tsar ne fut publiée du Comp. l'explication
côté allemand qu'après sa publication en Russie.
de la Norddeutsche Zeitung du
5.
II.
1915.
LA FRANCE .es
Dans nos précédents développements nous avons
blessures
le la guerre
ms j
en re \[ e f
e t parfois
f
même
récapitulé,
la
filiation
* ", des événements européens "jusqu'au déchaînement de la „ x allemande guerre. Il nous reste à parler de la France, de l'Angle-
nous semble venue,
terre et de l'Allemagne, et l'heure
en nous occupant de ces des
de
trois Etats,
tenir
compte
moments psychologiques, davantage que nous ne
l'avons fait pour
les
autres
peuples.
Non
seulement
que ces Grandes-Puissances ont joué ressort déjà en partie de nos précédentes recherches, mais une autre raison nous engage encore à parceque
le rôle
politique
souligner plus vigoureusement le problème psychologique. Jusqu'ici nous nous
sommes occupés
des Etats qui,
si
nous nous en tenons aux faits extérieurs, étaient engagés directement dans le conflit de 1914; l'examen de leur
développement
quents.
de
leurs
en
premier
les
rectement
;
comme
elles n'ont
textes matériels parties
leur décision,
du
alliées,
pas fourni
conflit,
mais
est
essentiel
de
été
lieu,
subséentraî-
par conséquent indielles-mêmes les préelles
directement intéressées. il
actions
événements
Les autres Grandes-Puissances ont
nées dans la lutte
aux
donc
comprendre
pouvoir
pour
et
indiqué
historique
paraissait
concrètes,
se sont jointes
Pour comprendre
déterminer les
prin-
-
—
247
cipes qu'elles ont suivis et le cours de leurs idées. Ont-
marché de bonne volonté ou à contre-cœur,
elles
sont-
elles entrées en guerre volontairement ou par force, ou
d'autre
auraient-elles
part,
provoqué
malheur par
le
leurs avis secrets, et ne se seraient-elles fait précéder d'un
ami complaisant que pour des raisons tique
Lorsqu'au les
d'habileté poli-
?.
demeurant,
l'incendie
allumé dans
fut
Balkans, cette Péninsule constituait en Europe un
foyer de guerre classique. Or, les trois Puissances dont
nous occuper, y avaient prêté moins d'attention que les Etats orientaux
nous avons encore à
beaucoup
d'Autriche-Hongrie, de Serbie et de Russie. Les rivalités jouaient là leur rôle dangereux, tandisque dans l'Europe conflits existaient bien
occidentale, les
aussi,
calamités de la guerre franco-allemande la
mais
les
s'imposaient à
mémoire sous de sombres couleurs. La politique moderne de l'Europe occidentale
portait
l'empreinte de l'expérience de Sedan, et cela d'une façon très tenace. C'est
riens de
la
pourquoi l'un des plus grands histo-
France contemporaine, put écrire que
guerre était devenue une chose les
peuples
homme
désirent
politique
l'éviter,
n'ose
plus
si
et
s'en
redoutable que si
odieuse
et
plus
démocratiques,
de compte des désirs de et auraient les
La
tenu
plus
masse pacifique des nations sur les Gouvernements pour
la
pesé plus fort
français.
la fois plus
auraient
détourner de la guerre dans l'Europe
ce savant
qu'aucun
déclarer responsable.
Les assemblées représentatives, devenues à puissantes
la
tous
civilisée, ajoute
diplomatie, privée
de son seul
procédé d'action encore
aujourd'hui
pour
le
«
;
ils
s'en
ou
tient
à un jeu de combinaisons diplomatiques de la
maitien
expédition
s'est
d'antipathie,
étrangère de l'Europe
voient,
la
Français se faisaient de la
les
sous
mais d'une
»,
L'invasion allemande a
paix....
transformé l'image que guerre
à la guerre,
sympathie ou
de
« la politique
:
recours
efficace, le
un jeu
à
réduite
—
248
forme non plus d'une
la
invasion
«
Les représentants
».
qui dirigent la politique extérieure, savent que l'énorme
majorité de leurs électeurs ne veut en
guerre offensive
cet effroi
que
sister
tourmenter
de la paix de Francfort
Une
pas
n'est
français.
sentiment,
seul
la
:
Autre chose de-
la question d'Alsace-Lorraine.
:
Revanche.
saire, vint s'ajouter
A
une autre conséquence, fait
;
s'adapter dorénavant le cœur,
publique
était
même
la politique de force
dans
les rues
1
Souligné
;
un
à l'extérieur
:
:
sens de la :
définitive.
la
Ré-
C'était
de l'absolutisme, de et
de la Révolution
résultat de cet esprit
par l'auteur
im-
amères, un produit
les plus
de l'histoire et de la philosophie
la plus
événements
née sous une forme
un produit des expériences
cœur
auquel devaient
l'esprit et le
les
le
conséquence néces-
cette
portante delà grande passe d'armes un
nation française, voire
sub-
ait laissé
pensée, depuis la défaite, enflammait aussi
de la nation
une
après la conclusion
esprits
les
le
1870-71
la guerre de
dans l'âme du peuple
vait encore
1
>.
Cependant ni le plus fort,
aucun cas
Seignobos,
émanant de
Histoire
l'Europe contemporaine. Paris 1908. p. 778 et 802.
politique
la
de
—
première phrase du Contrat s'imposant inoubliablement,
un monde de pensées
tout est
né
libre et partout
-
249
il
Social
de doctrines
et
dans
est
de Rousseau,
politique française
après
«
:
tels
L'homme
sont les buts
La République
1870.
représente l'esprit qui s'empare de ces buts,
sur lequel
qui
siècle
les fers ».
L'Alsace- Lorraine et la Revanche:
de la
un
surgir pendant
fit
le
terrain
se développeront ou.... s'effaceront. L'idée
ils
de Revanche découle de l'orgueil d'une nation vaincue,
mais
fière
le
;
chées a en
de
ration
mand
problème concernant
outre
une
signification
au
l'Alsace-Lorraine
blessante, en ce sens
est
les
provinces arra-
morale.
qu'elle
L'incorpo-
Empire
nouvel
ne
sur un plébiscite, mais a lieu sans que l'on
blement consulté elle offense ainsi
alle-
repose
pas
ait préala-
les populations séparées de la France, les
démocratiques sur
principes
quels s'étaye la République
C'est
française.
les-
pourquoi
non seulement fait une blessure au cœur des Français, mais encore, en tant que question de droit (non pas au sens du droit positif, mais du droit naturel), cet événement pèse le
sort
deux provinces
des
rhénanes,
sur la conscience de la nation.
Tandisque selon formation ces
compli
des
et
si
Allemagne
—
deux
l'Empire
de
pour
la conception
provinces
allemand,
parfaitement
allemande, la trans-
en
françaises,
constituait décisif,
que
provin-
un
fait
l'on
niait
ac-
en
l'existence d'une question d'Alsace-Lorraine,
la
Nous aurons
France
le
problème
à examiner ce que
donner satisfaction au
point
fit
n'était
la
pas
résolu.
République pour
d'honneur français, pour
— assurer
250
-
neté basé sur la prise
France
la
La
lutte
contre la politique
de revanche
du
triomphe de sa conception démocratique
le
du
droit sur le principe historique
de possession
pour recouvrer
fit
de souverai-
« droit
—
»
qu'enfin
ce
deux provinces perdues.
les
Le ressentiment contre le vainqueur resta naturellement à son apogée, tant que les souvenirs furent encore vivaces,
très
c'est-à-dire
pendant
virent la conclusion de la
l'exception près de quelques accès
à
cette
époque une
ce
fois
«
«
conflit
le
années qui la
»
ne parvint pas entre
latent
le
parti
catholique et le parti radical, à surmonter
changement subit de système. Ce le parti
voir, et
moyen
;
».
tout
Touted'abord
monarchiquele
chaos né du
1879 que
n'est qu'en
compléta
peu
à
peu
son
idéal
politique
au
des dernières réformes démocratiques. Ainsi l'on
put franchir
tait
à
pratiqua
républicain-radical arriva définitivement au pou-
le
pas qui séparait l'Empire militaire
personnel de Napoléon tique,
—
sui-
—
France,
d'humeur
politique de recueillement
recueillement
à vaincre
les
paix. Mais
avec toutes
mais dans
le
les
réformes juridiques qu'il compor-
cœur de
la nation et
moralement, ce
pas n'était pas encore accompli. Pour qu'après
Vesprit de
la
et
de la République démocra-
III,
démocratie
pût triompher,
le
le droit,
pays
dut
passer par une évolution laborieuse et se soumettre à
beaucoup de avec la
luttes.
politique
allait bientôt
Celles-ci sont
étrangère
commencer;
raison de leur signification dération particulière.
que
elles
en la
étroite
jeune
connexion
République
méritent cependant, en
symptomatique, une consi-
-
—
251
Les principes de la Révolution n'étaient pas encore définitivement en
honneur, lorsque
Jules
Ferry, pour
détourner l'opinion publique du pays des grands conflits européens, entreprit en 1881,
sa politique d'expansion
sur des continents étrangers.
Or
que commence
c'est ici
Le peuple campagnes
déjà la lutte contre la politique de revanche.
mal de Madagascar, du Tonkin bon
français dut,
gré,
gré, essuyer les et
de Chine, dut malgré ses
divisions intérieures, se laisser conduire dans des
eaux gravement les finances Mais on n'accorda pas une longue vie au Gou-
impérialistes, et voir
de
l'Etat.
dilapider
vernement. Deux Cabinets, Brisson succédèrent à un court
de
maintenir
intervalle
résultats
les
de
aux
aventures
« lointaines
ils
Freycinet, se tentèrent
bien
de
con-
politique
la
même temps
quête, mais se proposaient en fin
et de ;
La
».
forte
de mettre
majorité
parti républicain, qui avait cette politique sur la
cience, se réduisit,
aux
toute petite minorité
;
pas restée
sayé d'éliminer
le
fidèle
une un adversaire
élections d'octobre 1885, à
la réaction devint
puissant, et la République n'était
sur ses bases.
oscilla
à sa destination,
poison par
le
elle
l'impérialisme colonial.
cherchait à réparer maintenant,
Et
le
de dé-
pour
faire
que
l'on
cette faute
marqua
Elle
avait es-
contre-poison,
truire les restes de l'impérialisme continental,
place à
du
cons-
début d'une
période critique de souffrances. L'Etat malade soupirait, car les dissidences de ceux qui cherchaient les
de
le guérir,
A
cette
moyens
l'empêchaient surtout de renaître à la santé.
époque d'affaiblissement à
l'intérieur
du
pays, la France était naturellement exposée à tous les
— dangers extérieurs,
—
252
fantôme de
et le
ne tarda
la guerre
pas à réapparaître à la frontière franco-allemande. Deux
une
incidents de frontière faillirent servir de prétexte à
nouvelle lutte, bien qu'ils eussent trouvé par voie diplo-
matique, une solution satisfaisante pour les deux parties.
Grâce aux intrigues qui désolaient alors
pays, les
le
frottements que provoquèrent ces événements, sans im-
portance par eux-mêmes, rendirent en
flamme queux de Bismarck et le
renouveau de
nationaliste.
la
ministre français
rôle
si
la
mais en
même
encore
le
Général Boulanger,
le
feu
le
un
discours belli-
dangereux que jouait
de la guerre,
furent sur le point de mettre
moment,
effet possible
Un
A
aux poudres.
ce
France renonça bien à sa politique coloniale,
plus
temps
périlleuse.
s'engageait dans une voie
elle
au
Car Boulanger demandait
Gouvernement d'ordonner
la mobilisation et
de
le char-
ger de toutes les préparations militaires qui ressortaient de son département, sous menace de résigner ses fonctions. C'était
l'homme
triotes », cette et
qu'il
à la
fallait
dont les buts patriotiques avaient
inoffensifs.
Plus
tard,
sous la
au début semblé
direction
chauviniste Déroulède, elle devint tation, destiné
Ligue des Pa-
«
réunion de nationalistes fondée en 1882,
du
bouillant
un instrument
d'agi-
à combattre toute politique coloniale,
s'efforçant de faire renaître l'idée de
et
revanche. Freyci-
net pendant son Gouvernement, avait effectivement contribué
au triomphe de
cette
pensée que
les
principales
forces de la France devaient être tenues prêtes
continent. lait
Il
est avéré
d'un éclat
tout
sur
que la Ligue des Patriotes
particulier
et
que Boulanger
le
bril-
était
l'homme du
jour.
Mais
253
—
conséquences que
les
le
Général
On
voulait tirer de cette politique firent délaut.
laissa
tomber Boulanger, ses menées ultérieures se fourvoyèrent sans résultats, et enfin l'habileté de ses adversaires
parvint
même
homme
dangereux.
Toujours
est-il
que
territoire
qui
l'étincelle
français cet
avait
ranimé
de revanche, provoqua une crise internationale
l'idé
guë
à faire chasser du
l'antagonisme
:
avec
l'Allemagne
ai-
Les
s'aggrava.
clameurs belliqueuses de la France trouvèrent un écho en Russie, où les manifestations de haine contre
magne augmentaient. à Pétersbourg
et
l'Alle-
Cette disposition d'esprit développa
à Paris une propagande en faveur d'une
Alliance franco-russe,
et
le
de cette tendance
résultat
ne manqua pas d'avoir aussi sa répercussion à Berlin.
Le Prince de Bismarck présenta un nouveau loi
concernant
le service militaire,
et
projet de
en guise d'aver-
tissement aux adversaires de l'Empire allemand, annonça
son Alliance avec l'Autriche datée du 7 octobre 1879
*.
Mais que s'était-il passé au sein de la République ? La France avait fait lever un germe de guerre un ;
apôtre était né de l'esprit de se rallièrent la fin
de
la
revanche,
autour duquel
peu à peu des partis importants. Déjà vers décade 1880-1890 une grande partie du
peuple avait éprouvé une sorte de honte devant la passivité
de la France sur
le continent,
devant cette limi-
tation des efforts à des buts coloniaux, devant le renon-
cement aux exigences inoubliables
magne, 1
et
vis-à-vis
de l'Alle-
devant l'impuissance de tous les chefs répu-
Voyez
p. 69.
— blicains contre
—
254
développement de
l'indubitable
mé-
la
chante voisine. Ce sentiment donna naissance au Bou-
comme protestation comme réaction contre
langisme,
contre
choses,
les
mocratie. Cependant, plus les
des
actuel
l'état
tendances de la dédéployèrent
républicains
mouvement, plus nombreux ses anciens adeptes, effrayés eux-mêmes du danger du Boud'énergie à dénoncer ce
langisme, s'en éloignaient, plus s'affermit l'appui des
lui-même devint un instrument de chiste.
Un nouveau
cain renégat
part
d'autre
monarchistes, jusqu'au jour où Boulanger
;
le parti clérical,
avec l'Allemagne
et
réaction
la
dans
le
monar-
à ce républi-
parti se rallia encore
qui voyait dans une guerre
bouleversement qu'elle provo-
querait au sein de l'Etat, le meilleur moyen d'enrayer la vague anticléricale qui commençait à envahir toute la France 2 Ainsi deux tendances s'unirent, qui plus tard .
se scindèrent encore en deux partis
:
le parti nationaliste
et le parti militaire-clérical.
Dix ans plus
vaient tous deux
encore une
déployer
occulte dans la célèbre affaire Dreyfus
tard,
force
leur
fois
mais après une
;
grave lutte intérieure, la majorité des Français justice de l'Etat leur imposèrent silence
Au furent
point
de
définitivement
où, presque
vue
politique,
vaincus
20 ans après
à
une
et
la
fois de plus.
deux
ces
dater
de-
ils
d'une
partis
époque,
la catastrophe de 1870,
une
tentative de revanche fut aisément étouffée dans la Ré-
publique malgré ses faiblesses intérieures
:
la
Ligue des
Patriotes fut dissoute en 1889, et le Général Boulanger 2
Comp.
Sir
Thomas Barclay
loc. cit. p.
102.
\
en
fut
fuite,
—
255
condamné à
pour cause de
la déportation
conspiration contre la sécurité de l'Etat. Ces événements
s'accomplissaient pendant que
le
Général, qui séjournait
en Belgique, espérait une majorité de ses partisans aux
Chambre, ou l'établissement d'une
élections de la
dicta-
ou encore son élévation à la Présidence de la République. Mais les Boulangistes obtinrent à peine le ture,
7
%
des voix aux élections du Parlement de 1889
Boulangisme,
cette
forme récente du chauvinisme,
La République
vaincu.
males de
était rentrée
la démocratie,
ger se suicida,
tel
Toutefois, la
piration
du
le
de
du chauvi-
celte explosion
faire face
aux dangers
de Réassurance
»
l'ex-
qui avait imposé à
l'Empire russe des obligations de neutralité envers l'Alle-
magne, après
la réception
dont
il
beaucoup
fut
parlé,
d'une escadre
française à Cronstadt, l'ambassadeur de
Russie à Paris
et le Président
Freycinet, échangèrent notes,
précurseurs
le
de la
du Conseil des ministres de
22 août 1891
les
premières
Celles-ci de-
future Alliance.
vaient imprimer tout d'abord aux relations mutuelles des
deux pays
le caractère
d'une
«
contenu de ces deux documents
Entente n'ait
».
Bien
que
le
jamais été publié,
l'on sait pourtant qu'ils proclamaient les
deux principes
qui devaient dominer la future Alliance
le
:
reconsti-
tution de
l'ancienne
qu'elle
Peu après
elle-même provoqués.
« traité
les voies nor-
Général Boulan-
France dut subir, en politique exté- La
La République dut
avait, en partie,
dans
le
un malheureux aventurier.
Heure, les conséquences nisme.
en 1891
et
;
était
maintien de
puissance politique.
— la paix
de
et
256
l'équilibre
—
européen. Si l'on
prend
en
considération l'ébranlement que l'édifice de l'Etat français avait subi
au
que fournit
travail
ver
le parti
si
l'on
rend justice
républicain pour préser-
pays d'entreprises belliqueuses, en écartant Bou-
le
langer
et
en dissolvant la Ligue des Patriotes, en répri-
mant tous cile
avant cet événement,
les
éléments chauvinistes,
il
deviendra
diffi-
de douter des intentions pacifiques du Gouvernement
contractant.
Mais cert
la paix
que
la
France
allait
sceller
de
con-
avec la Russie, n'était plus la paix d'une nation
faible qui se dérobe craintivement
ennemi
devant son
traditionnel, c'était la paix
que voulait une coalition de
deux Grandes-Puissances.
«
hui
—
disait le Président
Personne ne doute aujourd'du Conseil des ministres à
—
manœuvres de 1891 que nous nous prouverons que nous sommes sages.
l'époque des grandes
soyons forts
:
Dans une nouvelle situation nous saurons conserver
le
calme, la dignité et la mesure, qui, aux mauvais jours,
ont
préparé
notre
Et
relèvement.
le
ministre
Ribot
dans un discours
compléta cette pensée fondamentale,
Ce n'est pas au moment où nous pouvons pratiquer la paix avec plus de prononça
qu'il
le
28 septembre
:
«
dignité que nous nous exposerons à la compromettre
Cependant un autre désir tout aussi puissant
—
>
l .
vivait
pour au cœur de la fière nation française le désir employer une formule diplomatique par trop connue d'occuper le rang qui lui était dû dans la famille des :
1
Debidour,
loc. cit. p.
172 et suiv.
—
-
—
257
peuples. Ni la République, ni les progrès de cratisation n'étaient
pendant
tant,
forme
de son rang. Si ébranlé s'était
deux premières décades de
les
d'Etat, la
France le
de la
lors
pour-
nouvelle
la
plus
déchue
guerre prusso-autrichienne,
et
été s'il
complètement effondré avec l'Empire, après
la
République n'avait pu
le
rétablir jusqu'à ce jour
Nous
et
du pays avait déjà
« prestige »
grande défaite de 1870, ne
langer
de plus en
était
démo-
la
parvenus à étouffer ce vœu,
devait
pas
la
même
;
chauvinisme de Bou-
le
remplacer les
lauriers
perdus.
allons donc voir quels furent les voies et
moyens
mis en œuvre, situation de
la
pour
rétablir
gloire
la
France au sein
et
l'ancienne
du Concert des Puis-
sances.
Lorsqu'en 1881, Jules Ferry dirigea la République française dans les sentiers abrupts de la politique colo-
en raison de
niale, c'était
suadé de la nécessité de scène
ailleurs. et
européenne,
détourner l'orgueil
pour
Ainsi l'on diminuait
même
du
le
lui
de
et per-
populaire
donner satisfaction
danger d'une catastrophe
coup, l'on tenait compte du désir des grandes
masses populaires, de voir régner une grande dans
avait
du pays vis-à-vis de l'Allemagne,
la faiblesse
de la
la conscience qu'il
le
domaine de
la
politique
plus
activité
étrangère.
En
compensation des pertes éprouvées en 1870, on promit au peuple de nouvelles ressources et de nouveaux marchés dans un monde
à
la
lointain, de
nouveaux champs
d'activité
jeune génération. La France débuta par une expé-
dition
en Afrique, où la Tunisie
et
son Bey déconcerté
furent placés sous l'influence définitive de la République, 17
—
-
258
au moyen de quelques troupes L'Angleterre
ultimatum.
d'un
donné à
cette entreprise leur
et de et
fausse-alarme
la
l'Allemagne
avaient
consentement indispensable
rien ne pouvait être plus agréable
;
à Bismarck qu'une
diversion de la France en Afrique, d'autant plus qu'elle
pouvait provoquer la colère de
sœur de race
Ce
latine.
produire, l'Italie était la
contre la nation
l'Italie
résultat
mûre pour
ne manqua pas de se la
Triple-Alliance
France avait un adversaire de plus sur Cette politique, que l'on
orientale, se dit,
poursuivit ensuite en Asie
comme nous
heurta bientôt,
et
le dos.
l'avons
déjà
à l'opposition du peuple français, lequel avait à
cœur
de la
traditions
les
démocratie
;
elle
se heurta
encore à une autre résistance, qui ne pouvait que fier l'opposition
du pays
:
à
forti-
la résistance de l'Angleterre.
Et ces oppositions naissantes ne devaient pas tarder à dégénérer en
Une
conflits.
certaine
britannique,
mauvaise humeur à l'égard du voisin déjà en France depuis 1875. A
existait
cette époque, le Gouvernement anglais avait acheté au Khédive d'Egypte, sa participation en actions à l'entreprise du canal de Suez, et fait connaître ainsi aux
Français son inflexible volonté de prendre part à l'avenir de cette route de navigation.
Un
Français, de Les-
seps, avait construit le canal de Suez, torisation qu'il avait reçue en
1854 du
L'Angleterre n'avait jamais cessé de
muni d'une auvice-roi d'Egypte.
s'opposer à cette
Gouvernement anglais eut reconnu son impuissance en cette affaire, Lord Palmerston s'écria « c'est une en 1865, avec colère, devant le Parlement entreprise.
Lorsque
le
:
— erreur depuis craignait
le
-
259
commencement jusqu'à
à Londres que
la
1 fin.... » .
la
On
France parvînt avec ses vais-
seaux à atteindre l'Extrême Orient deux
que l'Angleterre. C'est pourquoi
fois plus vite
la résistance
de l'An-
gleterre ne se relâcha pas, et lorsque le canal fut achevé,
continua pour sa possession
la querelle
de l'Egypte.... jusqu'à ce que
tralité
et
pour
la neu-
d'Etat
le secrétaire
anglais eût les actions du Khédive dans sa poche
;
ainsi
l'Angleterre put faire valoir ses droits et son influence. Et,
comme
au
s'agissait
il
fond,
canal de Suez, mais aussi de
France
dominium sur Malgré
le
la
pays des Pharaons.
cette tutelle, qui
éveilla
un soulèvement du ministère en Egypte contre
le
la colère
du Sou-
du Concert des Puissances,
verain turc et l'inquiétude
lieu
avoisinante,
inaugurèrent une sorte de Con-
l'Angleterre
et
non seulement du
l'Egypte
et
de
ses
partisans
Khédive, en 1882
;
eut
et les dé-
monstrations platoniques des forces navales anglaise
ne
française,
parvinrent
à arrêter
pas
et
la Révolution
Il fallut employer des arguments plus Gouvernement britannique les possédait, Gouvernement français ne les obtint pas.
prête à éclater.
persuasifs
:
le
par contre
le
Tandisque
le
Parlement anglais consentit sans hésiter un crédit de 57 V2 millions pour une expédition, le Gouvernement français ne put même pas obtenir des députés, les 9 Va millions qu'il demandait modestement pour
l'entreprise
militaire
exclusive du canal de Suez
1
Hanotaux. Histoire de
la
et ».
pour
« la
protection
Le Parlement ne voulait
France contemporaine, Vol.
III, p.
98.
— pas entendre parler de seuls purent placer Ils
y
étaient et
y Toutefois un
telles
restèrent. réveil
qui
national se produisit
permit au
déployer plus de décision
l'année
ministère Ferry de
plus d'audace. Alors com-
et
grandes expéditions
en Asie orientale, aux Français des succès, mais aussi de
les
qui valurent
extravagances. Les Anglais
des troupes sur territoire égyptien.
suivante, en 1883,
mencèrent
—
260
nouveaux frottements avec l'Angleterre. Il s'en suivit une rivalité à propos du bassin du Congo, où les Anglais menaçaient, comme précédemment sur le Nil, de s'établir avant les Français. Toute participation de la France à ces lointaines excursions devait en quelque sorte avoir lieu secrètement
de modestes
:
prétentions,
de minimes demandes budgétaires au Parlement.
à petite dose, pour ne pas éveiller Ferry dut mener
position.
belliqueux avec et
le
lorsque cet
homme
les risques
de
Tout
méfiance de
conflit aigu et
la Chine, à l'insu
de ses représentants,
la
l'op-
de caractère
du peuple français
et tout cela prit
en
fin
1885,
tomba. La France ne pouvait tolérer
cette
politique,
son
ennemi
n'était
pas
sur des continents exotiques, mais en Alsace-Lorraine.
La
politique coloniale subit
langisme avait rivalité
le
champ
un temps
libre
et
d'arrêt.
laissa
avec l'Angleterre, jusqu'à ce que
revanche dut,
après une
courte lutte,
Le Bou-
sommeiller la le
parti de la
mettre
bas
les
armes devant l'opposition intérieure. Mais la France ne savait pas se reposer. Lorsque la crise du Boulangisme fut terminée, le Gouvernement reprit les
problèmes coloniaux. La
lutte
autour de la
sphère
en
d'influence
Afrique
que jamais. De 1890-93
;
rent encore une fois la
Pro-
le
voulurent s'assurer
lorsqu'il
sur les bords du Niger,
d'un hinterland
énergique
plus
devint
Français conquirent
les
Dahomey
tectorat sur le
—
261
ils
rencontrè-
résistance de l'Angleterre,
qui
leur barra du reste toutes les routes, depuis le golfe de
Guinée jusqu'au
Nil,
1893 un
éclata en Asie
conflit
de Siam. Celui-ci indo-chinois,
En Roi
le
contesta aux Français les
fut
et
Soudan.
orientale avec le
en passant par
Une
rencontre
lieu,
avant que l'on
en cela soutenu
de forces
navales
pu
ait
territoires
par l'Angleterre.
réduites
faillit
avoir
définitivement les
établir
frontières des possessions françaises de
l'Annam
et
du
Cambodge. Si la diplomatie française put enregistrer quelques succès, qui en 1894, améliorèrent enfin la situation de la
France en Afrique,
dèrent
pourtant
loniale,
cause
peu
le
peuple et
le
sympathie à
de
perpétuelle
d'insécurité
Gouvernement manqua donc
d'appui,
Parlement accorla
politique
et
co-
l'Etat.
Le
partant,
ne
pour
possédait pas la force nécessaire pour réaliser les avan-
tages
obtenus.
Parlement
fit
Pour
pourtant
acquérir l'effort
l'île
de Madagascar,
le
de consentir un crédit de
65 millions, indispensables à une expédition
forte
de
15 000 hommes. Ainsi donc, au commencement de 1895,
Madagascar devint l'année suivante, après un laborieux débat académique sur la forme qu'il convenait de donner à sa constitution, une Colonie française. Du reste, les autres Puissances les
Français occupèrent
ne
firent
l'île,
aucune opposition à
céan Indie».
et
cette
conquête dans l'O-
— Jamais
262
-
République ne manifesta l'intention de
la
pousser à fond les controverses relatives à la politique
Fachoda en 1898, a clairement démontré que le peuple ne se laisserait pas entraîner à la guerre pour des questions de ce genre 1 Lorsque coloniale. L'incident de
.
Marchand avec
ses 150 tirailleurs sénégalais se heurta
à Lord Kitchener,
celui-ci lui déclara avoir reçu l'ordre
d'exiger des Français l'évacuation de la place
le
;
capitaine
bon en attendant de nouvelles instructions de son Gouvernement. Mais ces instructions français,
est vrai, tint
il
furent: céder
—
provoquer
guerre avec l'Angleterre.
le
la
car la France ne voulait à aucun prix
ralentissement de
De
L'Egypte resta aux mains des Anglais question de discuter au
2 ,
ses regards
vers
l'Afrique.
à un accord 1904 l'Entente Cordiale
les voies étaient ouvertes
avec l'Angleterre fut conclue
française. n'était plus
du Soudan, et presque abandonnée à l'Angleterre, du 21 mars 1899. La France acculée
cœur de
Par contre,
il
fut
en arrière de la Tripolitaine, porta l'Ouest, vers le
;
sujet
toute la région du Nil
en vertu du traité
ce jour date
coloniale
politique
la
:
dont
le
8
le
but principal
avril
toutes les controverses en suspens.
Bretagne obtint toute
était
Avant
liberté d'action
de résoudre
tout, la
Grande
en Egypte
et
la
France au Maroc. Ainsi se termina la rivalité avec l'Angleterre.
La
France avait sa politique coloniale qui devait
satisfaire
l'amour- propre du
répondre
1
Voy.
p. 114.
!
Voy.
p. 119.
peuple, et
peut-être
aussi
aux besoins du pays,
-
263 tout en
écartant
dangereux
le
esprit de revanche. Cette politique dut se contenter des
moyens modestes mis à
la
disposition
des Cabinets
français toujours persécutés, qui se succédaient sous le contrôle sévère de
coup
la démocratie.
— n'étaient
prouvera
point à dédaigner
ment de
forces,
sérieux.
auquel
le
un
monde nous ;
mais
ils
dûs plutôt à l'habileté diplomatique qu'à un obstacle
—
Les résultats
sur la carte coloniale du
d'oeil
le
étaient
déploie-
pays aurait toujours mis un
La République
préféra
une entente
durable avec l'Angleterre à un conflit latent, qui aurait affaibli la
France
çais possédait
vis-à-vis de l'Allemagne. L'Etat fran-
maintenant
le
rang tant convoité,
les
appuis
espérés, et cela sans coup férir.
Lors de
la
conclusion de l'Entente Cordiale, ce der- Le Maroc,
nier acte international
reconquise
de la
sur lequel reposait la situation
France dans
la
famille
européenne,
une pomme de discorde vint troubler la sérénité de la République, et aucun homme politique d'alors ne pou-
du danger qu'elle apportait avec abandonné à la France, non par Concert des Puissances, mais par l'Angleterre seule,
vait prévoir la gravité
Le Maroc
elle.
le
fut
sa voisine et amie. Or, placé dans la sphère d'influence française, ce pays était destiné à devenir l'objet de pé-
nibles explications avec l'Empire allemand. africain devint les
un foyer de
Balkans dans l'Europe 1
Voy.
p. 119.
conflits
orientale.
au
Le Sultanat
même
titre
que
—
-
264
Aucun domaine d'expansion ne pouvait favorable à la France, qui,
au point de vue
antérieures.
être plus
proche Maroc,
riche et
le
territorial,
offrait
Il
que
complétait les possessions
au Gouvernement français
la pers-
pective d'une activité colonisatrice de grande envergure
sur les côtes septentrionales de l'Afrique
que de trouver
sait plus
les
;
il
ne
moyens propres à
s'agis-
aplanir
les difficultés politiques intérieures et extérieures.
Au
sein de la démocratie s'élevèrent les clameurs
des anciens ennemis de l'extension coloniale. « Les expéditions les plus heureuses
nald
r
—
comme
—
Georges Rey-
déplore
celle de Tunisie,
trouvèrent leurs dé-
tracteurs. C'étaient en partie des doctrinaires, des esprits
auxquels et
idée
toute
de
conquête
était
insupportable,
ne pouvant admettre qn'on employât
coercitifs,
même
encore des France,
si
des
moyens
vis-à-vis de peuples sauvages. C'étaient
hommes
craignant
l'affaiblissement
elle dispersait ses forces ».
térieurs entrèrent
de la
Ces ennemis
in-
donc en scène à ce moment.
Le danger extérieur vint de l'Est l'Empire allemand, qui jusqu'à l'époque la plus récente, avait renoncé au partage des sphères d'intérêts disponibles, prétendit tout à coup rattrapper le temps perdu et ac:
quérir des colonies.
Le problème consolider
sa
se posait donc ainsi pour la France:
Maroc par
situation aif
les
moyens
les
plus paisibles, et prendre également en considération les rivalités auxquelles
1
La Diplomatie
une
telle
française.
politique pourrait se heur-
L'œuvre de M. Delcassé,
p. 9.
—
-
265
M. Delcassé, alors ministre des affaires étrangères, Mais il se vit bientôt dans l'impossibilité de rester fidèle à des hypothèses qu'il avait lui-même établies. ter.
partit de ce principe.
fallut,
Il
en premier
du pays
sitions
;
du
«
trouvé crédit devant
et avait
tenir
lieu,
pacifisme le
»,
compte des dispo-
mode
qui était à la
Parlement
et
devant
le
Pour l'entreprise coloniale qu'il s'agissait d'accomplir, on trouva la formule «Pénétration pacifique»
peuple.
chercha à mettre en valeur ce principe confor-
et l'on
mément à
sa signification. Mais
lorsque
la
France se
mit à réaliser ses intentions, lorsqu'elle se mit voir de continuer cette politique de 1830 qui
valu l'Algérie, et celle de
amener
Tunisie, pour
le
1881, qui lui
goureuse agitait ce pays. Paris,
On ne
fait se
la
d'ail-
française, on s'a-
sourde et particulièrement
vi-
tarda pas à savoir à
que l'Allemagne avait provoqué
Ce
de-
avait
avait valu
Maroc, par des moyens
leurs bien différents, sous l'influence
perçut qu'une résistance
en
lui
cette résistance
précisa d'une façon parfaitement
1 .
claire,
lorsqu'en 1905, l'Empereur Guillaume apparut à Tanger,
donna à entendre au Sultan, en un discours de saque l'Allemagne répondait de la Souveraineté absolue du Sultan et de son Empire, de la complète liberté de son commerce international et de l'égalité des et
lutations,
étrangers
:
il
était
venu,
disait-il,
pour souligner
cette
1 Comp. le rapport N° 3 du livre gris publié par le Gouvernement allemand sous le titre Documents diplomatiques 1905-1914 :
(Rapports des diplomates belges).
-
-
266
décision, et désirait s'entendre sur ce point avec le Sul-
tan lui-même
1 .
Ces paroles de l'Empereur Guillaume, comme du
voyage à Tanger,
reste son
bombe.
11
en France
firent
l'effet
d'une
s'agissait de renoncer aux prétentions sur
Maroc, ou de briser
la
de
résistance
quelque décision que l'on
la
prît,
France, en raison de
précaire, se trouvait provisoirement privée
sa situation
de toute autorité vis-à-vis du Sultan récalcitrant. lourde atmosphère d'orage pesait sur
immense
le
Et
l'Allemagne.
— écrivait Gouvernement —
désillusion
le
2
à son meillaient dans des rêves Paris,
tional s'est réveillé,
le continent.
«
Une Une
Ministre de Belgique à
a envahi ceux qui som-
pacifiques, le
chauvinisme na-
on discute l'efficacité de la défense
comparée à l'organisation formidable des voisins de
l'Est>.
Aussitôt les deux adversaires prirent contact et
ne tarda pas à se produire
:
Quelques avis de
l'effet
la diplo-
matie allemande à Paris, suffirent, pour que M. Rouvier, le
président du Conseil des ministres, se séparât de M.
Delcassé.
Tel fut
commencée vernement, premier
le il
;
premier résultat de cette épreuve à peine s'accomplit sous la pression d'un Gou-
d'un
lieu,
Parlement
voulaient
et
d'un
peuple
qui,
en
écarter tout danger de guerre.
Les intérêts français au Maroc, ne valaient pas que l'on acceptât une passe d'armes avec l'Allemagne.
tomba en mauvaise posture, surtout lorsque l'Allemagne exigea une deuxième satisEt
le
1
roc
« prestige » ? Il
Ce discours se trouve dans 190M905, p. 205 et suiv. 2
Même
le livre
jaune concernant
source que ci-dessus, rapport 11.
le
Ma-
-
-
267
faction sous forme d'une Conférence internationale, consi-
dérant que l'accord conclu en 1904 entre la France l'Angleterre
— qui, selon l'opinion allemande,
—
contre du traité de Madrid de 1880
à déterminer terrible «
à ren-
ne pouvait
suffire
du Maroc.
la future destinée
épreuve pour l'orgueil de
—
une
C'était
nation
la
Si vous vous courbez aujourd'hui
et
allait
française.
s'écria le député
—
aux représentants du peuple vous vous courberez demain, vous vous courberez touDelcassé,
s'adressant
vous ne savez pas
jours, et
aujourd'hui, l'unanimité du s'agissait
dans
vous aurez encore,
monde avec vous
donc d'une question de force
sens
le
lait faire
si
le
plus essentiel du mot.
triompher la France
mais
;
et
de
»
comme
—
Il
principe,
M. Delcassé vouGouvernement
le
capitula devant les désirs allemands. «
Ce
serait la guerre »
M. Rouvier
—
c'est
en ces termes que
proposition de décliner la Confé-
rejeta la
rence internationale. Et l'on savait en France et ailleurs, ce
que
le
Président du Conseil des ministres pensait de
alternative.
cette
«
J'aimerais mieux voir
ma main
se
dessécher, plutôt que de signer un document qui déchaînerait l'Allemagne
1
»,
avait-il dit.
M. Rouvier avait à ce moment, assumé lui-même la direction des affaires étrangères.
La
lourde tâche lui
incombait, de sauver l'honneur d'un peuple part voulait exécuter ses projets d'autre part, force,
de
manquait
le faire les
au Maroc,
qui, et
d'une
auquel
la volonté et peut-être aussi
armes à
la
main.
la
En ménageant
autant que possible l'amour-propre français, on convint 1
Voy. Reynald,
loc. cit. p. 168.
—
268
— moyen
de réunir
la
Conférence, et
Algésiras
le
point de vue de l'Allemagne et de ses Alliés
y
le
seul
d'éviter qu'à
impitoyablement imposé aux Français,
fût
entente
préalable
était
une
du Gouvernement français avec
le
Gouvernement allemand, destinée à élucider les intentions de ce dernier. On parvint ainsi à une sorte de conciliation, et la défaite morale de la France fut un peu amoindrie aux yeux du monde.
Comme toujours
une
nous l'avons
que
est-il
cette
précédemment,
relevé
déjà
Conférence d'Algésiras
victoire de la politique
allemande
concessions accordées à la France
(et
1 ,
signifiait
malgré quelques
aussi à l'Espagne),
concernant l'organisation de la police dans les ports du
Maroc. Car
les
réformes qu'il
ne dérivaient plus de
initiative internationale, et
assurait
siras
fallait
l'initiative
décider et exécuter
française, mais d'une
en outre,
traité
le
aux Puissances une servitude générale
sur un pays que les Français auraient bien server à leur seule influence. Enfin,
mèrent en grande partie ce pays
d'Algé-
la
« internationalisé »,
si
les
voulu
ré-
Français assu-
responsabilité
de civiliser
par contre, l'autorité et la
puissance nécessaire à y maintenir l'ordre, leur furent refusées.
La
situation des
Maroc 3 mais ;
prendre sur sentir
Européens s'aggrava à vue d'œil au
l'opinion publique en France, ne voulait pas
elle le risque
d'un conflit européen, ni con-
aux moyens matériels qui auraient
1
Voy. p. 86 et suiv.
*
Le 24
à Casablanca,
juillet 1907,
et
été nécessaires
des ouvriers des ports furent attaqués
10 Européens furent tués.
— pour renverser
trois
—
269
prétendants à la couronne et chefs
de rébellion. Les Français du Maroc, découragés, trouvèrent dans leur patrie démocratique trois partis de ten-
dances différentes. Tandisque des
M. Hanotaux, ne pouvaient nouvelle
défaite
politique
Leroy-Beaulieu prêchait
«
hommes
d'Etat
comme
se résigner à permettre une
de
France,
la
l'abandon
»
l'économiste
du Maroc,
et
le
chef socialiste Jaurès se prononçait en faveur d'une internationalisation plus
En
l'ambassadeur belge «
large
Bref,
l'on peut dire
à
Paris
que
la
du pays africain. vue du Gouvernement,
encore
ce qui concerne le point de
écrivait
le
19 janvier
France veut assurer sa
tuation privilégiée au Maroc, maintenir ses
:
si-
droits avec
même temps tenir avec une scrupuleuse engagements pris à Algésiras 1 ».
décision, et en fidélité les
Une cifique »
chose semblait prouvée
ne
s'était
:
la
«
pénétration pa-
pas confirmée. La France continuait
à lutter avec l'Allemagne pour la situation
privilégiée
au Maroc, au point de vue politique et au point de vue économique, sans que les conditions qu'on tenta de régler en 1909 au moyen d'un accord, aient pu satisfaire l'une quelconque des Puissances intéressées. La République se sentait isolée les
et
faible,
un jouet entre
mains de forces supérieures. Elle devint aussi scep-
tique à l'égard de ses amis, surtout lorsque l'Empereur
la
1 Nous avons cité ces opinions, parceque les adversaires de France semblent attacher une importance particulière au juge-
ment des diplomates belges sur la politique générale de cette époque, Gouvernement allemand a rendu ces rapports secrets acces-
le
sibles
au grand public.
270 Guillaume échangea en 1909 cordiales avec
La
Tsar
le
et
et
avec
les
1910, des
visites
Souverains anglais.
pays de l'Entente proféra des paroles
presse des
hommes
amères, et les
d'Etat étaient découragés,
L'o-
GouM. Delcassé, en présidant une commission
pinion publique ne faisait plus
vernement,
en
et
confiance à son
d'enquête au ministère de la Marine, trouva les choses
en un état
que l'Europe dut conclure, une
tel,
à l'incapacité de
plus,
la
fois
de
démocratie parlementaire, de
pourvoir à la bonne organisation et à la sécurité de sa défense nationale.
En 1911
cependant,
l'ordre
rétablir
A
militaire.
cet
La
de la canonnière
même
les
Français,
Panthère,
coup, la sommation
de 1911, eurent
Cambon
chter, ces
devoir
devant Agadir,
allemande de résoudre
nitivement la question du Maroc.
Jules
croyant
à Fez, y entreprirent une expédition événement, succéda la visite inattendue
lieu,
Pendant
l'été
et
du
défi-
brûlant
M. von Kiderlen-Wœ-
entre l'ambassadeur de France
et le secrétaire d'Etat
négociations
célèbres que le
monde a
suivi
avec la plus grande anxiété. Arriverait-on à s'entendre ?
Quels
sacrifices
coûterait
un
tel
accord ? Et
—
une autre question préoccupait les hommes d'Etat de trouverait-on auprès du peuple, l'appui néFrance cessaire dans le cas où le marché avec l'Allemagne aboutirait? Car on savait que la signature de quelques diplomates ne saurait suffire à faire du Maroc un Pro-
—
tectorat français
;
il
fallait
ou diplomatiques dans gagner.
La
le
liberté d'action
encore des résultats militaires
pays
que
même
qu'il s'agissait
de
l'on était obligé d'acheter
de l'Allemagne, ne devait donc pas être payée trop cher.
-
-
271
Enfin la France obtint, contre cession d'un territoire
au Congo,
la
reconnaissance de son Protectorat sur
Maroc. Et
le
30 mars 1912,
le
Sultan Moulay-Hafid se
le
livra lui-même, par sa signature, à la protection
de la
France.
Mais une rancune subsistait au cœur des Français. Déjà en 1904 on avait cru que vant
assuré à
se disputer
le
la
République
pays sur
le
ultérieurement, au prix de salles de
;
sol
le
Maroc
était
au contraire
l'acquérir
sacrifices,
dans des
Conférence européennes. Les fruits de ces efforts
ne purent être récoltés que sept ans plus tard ans après la
fallut
il
et
africain,
lourds
doréna-
la conclusion de cet accord,
sept
;
en vertu duquel
France avait abandonné l'Egypte en compensation
du Maroc. M. A. 0. Meyer a en partie raison lorsqu'il écrit 1 « Il n'existe pas dans l'histoire de l'Europe un second chapitre, où l'on éprouve l'inéluctable fatalité de la destinée, :
autant que dans celui ayant d'expansion. cécité
Un démon
envers tous
trait
à la politique française
semblait avoir frappé
le
peuple de
les buis et toutes les possibilités
de dé-
veloppement, autres que ceux situés au bord du Rhin delà du Rhin. Quelle plénitude de perspectives les
modernes n'ouvraient
ils
pas, avec l'immense accroissement
de l'horizon géographique exploitées.... la
!
Combien
les
autres les ont
France n'a jamais mis en œuvre toutes
ses forces pour des entreprises loniales. Elle a toujours
et
des acquisitions co-
subordonné
niale à la politique continentale
Zum
au temps et
la
politique
européenne
colo-
».
geschichtlichen Verstândnis des grossen Krieges p. 21.
-
272
—
Mais ici il est permis de demander qu'a donc fait République française pour sa politique continentale ? :
la
hommes
Elle a renversé impitoyablement les
qui, cher-
chant des succès, menaçaient de conduire la France à la guerre.
La France, autant que nous avons pu nous en compte jusqu'à présent, n'était pas disposée à employer ce moyen pour acquérir des colonies, non plus que pour délivrer l'Alsace-Lorraine. rendre
Pacifisme, Ni au cours de l'ère nationaliste de Boulanger, ni aux armements époques de politique extra-européenne, l'idée de revanche gue n'a pu prendre la préséance. Certes le germe de guerre '
était là,
à
mais
il
ne pouvait lever sur
le sol
de la démo-
Si l'on a observé la lutte acharnée qui
cratie.
préside
la politique intérieure française, la passion, les efforts
souvent
répugnants, avec
français' cherchent
lesquels
à se supplanter
on sera convaincu que dans une
les et
telle
hommes
d'Etat
à se surpasser, arène,
il
devenait
impossible d'agiter aucun étendard de guerre.
Du
reste
de revanche.
on ne formula jamais politiquement l'idée la retrouvons sans doute dans cer-
Nous
tains romans, dans des conversations avec des officiers
enflammés de feu Déroudernier partisan de sa propre école. Mais on a
français et dans les discours lède, le
prétendu avec raison
que, depuis
la
fondation
de
la
République, jamais aucun Cabinet responsable n'avait inscrit
à son programme
la réacquisition des
deux provinces
arrachées. Très juste aussi un jugement de
la
Frank-
-
—
273
« Plus la troisième furter Zeitung du 18 avril 1913 République se laissa pénétrer par des idées de paix mondiale, plus l'idée de revanche disparut du programme politique en tant qu'exigence précise, jusqu'à tomber :
dans un
état
subconscience
de
perdit de son prestige
;
plus
D'autres Allemands paraissent avoir l'esprit de la politique
politique
—
dit l'un
bien compris
si
française et de la majorité libé-
que nous devons leur laisser
rale,
chauvinisme
le
».
de ces juges
la parole
—
« la
:
vie
épuisait ses forces
dans l'anticléricalisme, dans la sécularisation de
l'Etat,
en poursuivant ce but, qui concernait apparemment la seule politique intérieure.
Le
cléricalisme mettait en jeu
toute sa puissance pour conjurer l'orage.
jours été le champion le
principal
parti le plus fortement
naissait la
puissance
Il
avait tou-
de l'idée de revanche,
imbu de nationalisme.
de la pensée
esprits sensibles de toutes les couches sociales.
langisme
vaux de
et l'opposition contre
les
Le Bou-
Dreyfus étaient ses che-
bataille les plus décisifs et les plus
époques encore de
con-
Il
nationale sur
dangereux
;
la plus intense agitation contre l'Al-
lemagne. Cette agitation fut réprimée. L'idée de revanche passa à l'arrière- plan.
Le bloc
de gauche mit à dessein tout en œuvre pour la déprécier. Il
puisa dans l'arsenal des idées de 1789, qui ne manquent
jamais leur puisa
effet
avant tout
en France, l'idéal
de
même la
de nos jours.
liberté,
Il
y
devant lequel
devait absolument reculer l'idée de puissance extérieure,
de politique idée
agressive
paraissait
même
contre d'autres
peuples
odieuse à un grand
;
cette
nombre de 18
citoyens,
comme
-
â74
donc
à l'extérieur
il
surtout
à
politique
la
se montrait pacifiste,
une logique plus ou moins entre les nations »
intérieure
songeait
et
à une entente amicale
claire
.
—
établi historiquement
revanche appartient aux cléricaux
aux
et
— comme
que
l'idée
les
com-
que ce sont précisément
s'ensuit par conséquent,
Il
de
nationalistes,
qui se complètent mutuellement en vue d'un travail
mun.
;
avec
1
ressort de cette analyse psychologique
Il
nous l'avons déjà
Ce bloc
contraire à l'esprit de liberté.
s'intéressait
adversaires de la République, les adversaires de la
démocratie, les adversaires de la grande majorité du peuple français et les
ennemis acharnés du Gouvernement,
qui constituent les éléments enclins à la guerre.
Dans
cet
ordre d'idées, citons encore un jugement de la nouvelle Ga-
Strasbourg de 1913, qui a
zette de
français et allemand
des
deux côtés
2 :
parmi
trait
au chauvinisme
Si les excitateurs se recrutent
«
les
réactionnaires,
cela
tout autre chose en France qu'en Allemagne.
pour eux une les les
faiblesse,
ici
un avantage. Là,
ennemis du Gouvernement,
se
ici ils
signifie
Là
c'est
ils
sont
donnent comme
défenseurs des prérogatives du Gouvernement,
gardiens jaloux du régime établi
En France
il
y avait aussi un
comme
»...
parti extrême, qui cher-
chait des conflits et voulait satisfaire l'honneur offensé
où ce du Gouverrepoussait. Sa voix s'éleva encore une fois
en reconquérant
l'
Alsace-Lorraine. Mais
parti tentait de s'imposer
nement
— on
le
1
D
2
Article de Fr. Stehelin
r
— surtout
au
Karl Fr. Vogel, Grenzbote. Berlin,
partout
sein
p.
du 13 mars 1913.
67 et suiv.
-
—
275
durant la crise du Maroc
;
mais
ni le parti républicain-
démocratique dans son ensemble, ni
le parti
socialiste,
ne se laissèrent entraîner par cet appel. Le pacifisme se manifesta continuellement
France moderne tout
entière.
comme une exigence de la Aux deux Conférences de
Haye, on envoya des délégués qui n'étaient pas seulement des amis, mais de notoires apôtres de la paix Léon
la
:
Bourgeois, d'Estournelles de Constant étaient leurs prota-
Ces savants, intervinrent en qualité de représentants de la France, en faveur du tribunal arbitral gonistes.
obligatoire,
titutions
comme du reste en faveur de toutes comme garanties contre la
conçues
Léon Bourgeois a sauvé de ment, sous la forme d'un
«
l'oubli
vœu
»,
l'idée
Mais comment
contenu aux conclu-
la loi votée par le le
service
guerre.
du désarme-
sions de la première Conférence de la paix
en 1913, concernant
les ins-
*.
Parlement français
militaire de
trois
ans,
Le « Monde du lundi » 2 Montag) en a encore une fois imputé la faute
concorde-t-elle avec ces tendances ?
(Welt
am
au chauvinisme et déploré que, ni en France, ni en Allemagne, on ne pouvait être sûr, en cas de crise, du triomphe de la raison de la majorité sur la déraison de la minorité. La feuille allemande constate cependant ...«Voici maintenant le formidable projet allemand de loi militaire. Depuis des années déjà, la France n'a pu :
marcher de pair avec l'Allemagne en ce qui concerne les armements. Il ne lui manquait pour cela que des
hommes. Soudain, sans aucun motif
plausible,
l'armée
1 Par son remarquable discours du 30 juin 1899. Documents de la 1™ conférence de la paix, 6m * séance de la l re commission. 2
du 21
avril 1913.
—
—
276
allemande doit être augmentée de 130000 hommes. Dans et pour parer le coup jusqu'à un certain Gouvernement français a recours à cette mesure désespérée, de porter le temps du service militaire de deux à trois ans. On demande au peuple français cet immense sacrifice soustraire tous ses fils un an de plus à leur profession civile, et cela uniquement parce que l'Allemagne, sans motif pressant, a donné le mauvais exemple d'accroître les armements. Quoi
son embarras point, le
:
d'étonnant alors,
si
en France,
les
esprits
s'aigrissent
toujours davantage contre nous ? »
Qui a étudié à l'acceptation de
les
luttes
parlementaires antérieures
la « loi des
3 ans,
affirmation d'un Alsacien dans la <
S'il
était
possible
»
approuvera
cette
Strassburger Post: 1
de garantir à la France que
l'Allemagne ne l'attaquerait pas, un ministère français qui voudrait réaliser une élévation des charges militaires,
ne resterait pas une minute à son poste.
Mais Jaurès lui-même,
le
»
chef du parti ouvrier, ne
put surmonter la crainte d'une attaque. Lorsque pendant l'été
1914, les socialistes français discutaient la propo-
sition d'une
grève générale en cas de guerre,
il
exhorta ses
camarades à considérer une guerre défensive comme un de-
La France
voir.
—
dit-il
— est
exposée à l'action brutale
du pangermanisme, et l'Allemagne, de son côté, peut être menacée par la marée montante du slavisme. « Nous ne pourrons donc jamais empêcher les travailleurs allemands de se méfier du panslavisme, comme nous nous méfions du pangermanisme. » 2 1
du 13 mars 1913.
*
comp. Basler Nachrichten du 18
juillet 1914.
-
277
—
Enfin, rappelons encore une parole qui
en lumière
le
met aussi
caractère des mesures françaises relatives
aux armements. Elle comporte une ticulière, n'étant autre
signification toute par-
chose qu'une proposition claire et
du chef du Gouvernement d'alors, visant la suspenLe 19 avril 1914, le Président du Conseil, M. Doumergue, déclara dans un discours au sujet « Il faut nous maintenir très forts, de la nouvelle loi tant que d'autres, autour de nous, augmentent leur puisprécise
sion des armements.
:
sance militaire, tant que les peuples ne limitent pas leurs
armements par
des
accords
désirables,
unanimes
et
simultanés, pour régler leurs divergences et leurs conflits
au moyen d'une sentence arbitrale
De
telles
».
manifestions publiques sont inconciliables
avec
les intentions
Une
initiative
de revanche,
même
les plus sécrètes.
ici, que chaque chef de Gouveranimé du même sentiment, aurait pu saisir au passage une nouvelle organisation de la vie des Etats, le développement des idées de 1899. En se basant sur ce point de vue du Président du Conseil des ministres français, on aurait pu une fois de plus, commencer à organiser la paix. Mais quatre mois plus tard, la France était entraînée
nement
surgit
étranger,
:
dans
la plus sanglante de toutes les guerres.
ment de revanche L'idée de la
avait repris
revanche
se
un nouvel réveilla
russe appela la France au combat. liance,
de
la
En
Le
senti-
essor.
lorsque raison de
l'Allié
l'Al-
aucun doute ne subsista au sujet des devoirs République. Le Gouvernement de Paris s'est
efforcé en vain, jusqu'à la dernière heure, d'écraser les
-
-
278
germes de guerre, à Vienne d'abord, Alliés même, et enfin à Belgrade. On surprenante
germes se
ces
rapidité
Le Président du Conseil des dans la nuit du 29 au 30 avait menacé les Russes de armée, dans
ment de Pétersbourg
conflit
apprit
que l'Allemagne
juillet,
mobilisation de
que
apprit aussi
Il
n'était
mesures, puisque
déjà déployé
développés.
sont
ministres Viviani,
-la
ses
avec quelle
son
cas où la Russie ne suspendrait pas ses
le
préparatifs militaires.
ces
chez
puis sait
Gouverne-
le
pas disposé à interrompre
Monarchie danubienne avait
la
ses armées et s'était refusée à régler son
avec la Serbie par l'un des moyens amiables
qui avaient été proposés.
Au
cours de cette
même
nuit,
M. Viviani télégraphia à ses ambassadeurs la décision du Gouvernement « La France est résolue à remplir toutes :
les obligations de l'Alliance.
aucun
effort
en vue de
de la paix générale.
térêt
— Elle ne négligera
la solution
—
du
conflit
d'ailleurs
dans
l'in-
La conversation engagée
entre les Puissances moins directement intéressées, per-
met d'espérer encore que la paix puisse être préservée. » 1 Cependant le 1 er août, le comte de. Pourtalès remit au Gouvernement russe la déclaration de guerre de l'Empereur d'Allemagne. Le sort en était donc jeté pour la et si un doute avait encore pu subsister, France aussi il aurait été détruit par l'Ambassadeur allemand von Schœn, qui communiqua le 3 août au Président du Conseil des ministres français, que l'Empire allemand se
—
considérait en état de guerre vis-à-vis de la France.
Depuis ce jour,
le
germe de guerre que
mort, se propage dans la République 1
Livre jaune français, document 101.
:
l'idée
l'on croyait
de revanche
!
L'ANGLETERRE Parmi tous
qui
les Etats
ont
le seul
l'épée
tiré
déchaînement de la guerre mondiale,
lors
l'Angleterre
du La
en scène sous la
qui ne fût pas forcé d'entrer
contrainte de ses intérêts directs ou de formelles obligations d'alliance.
Si
donc nous voulons pénétrer
participation
à
la guerre
mondiale,
les
causes de
paraît
il
sa
équitable
d'examiner avant tout la raison que l'Empire britannique
Sous forme d'un ultimatum, le Gouvernement anglais exigea le 4 août de l'Allemagne, que par une déclaration formelle, l'Empire allemand s'engageât à respecter la neutralité de la Belgique mais l'Angleterre se trouvait déjà en présence du fait accompli. Comme l'Allemagne refusa de renoncer aux mesures avait lui-même alléguée.
;
sur territoire belge, l'ambassadeur an-
militaires prises
demanda
glais
ses
passeports,
deux Puissances
et les
se trouvèrent ainsi en état de guerre.
1
Sans vouloir juger des mobiles de l'Angleterre sur il nous faut cependant, à la suite des événements, prêter une attention toute particulière aux relations de la Grande Bretagne avec le Royaume de Belgique et examiner en même temps, si elles ne sont pas en corréces simples faits,
1
Voyez
livre bleu
anglais
N° 159
et
160,
politiqw
est continentale
—
—
280
lation avec les autres intérêts supérieurs de la politique
Dans
britannique.
l'histoire
germes de guerre précis niale, la et
anglaise
se trouvent trois
l'exceptionnelle activité colo-
suprématie sur mer systématiquement maintenue,
l'exigence
Ces
:
de l'équilibre politique sur
le
continent.
du programme alternent logiquement
trois points
grand Empire colonial et la situation inGrande Bretagne exigent une forte puissance navale. Mais le minimum de danger pour cette entre eux
sulaire de
le
:
la
puissance consiste dans l'équilibre des forces, qui, sur continent, prévient
un
spécialement maritime, chez un Etat quelconque.
et plus
Nous
constaterons donc en premier
lieu,
Bretagne possède aussi des intérêts sur et
le
excessif développement politique
comme
que le
la
Grande
continent
la politique continentale britannique se
au cours des
siècles,
de la Belgique,
x
d'une façon très appréciable autour
siéra
il
;
meut,
que notre attention se porte
aussi vers ce point des côtes de l'Europe septentrionale.
Cependant avant d'envisager ce point de vue politique d'ordre pratique, nous devons rappeler le fait
non moins
absolu, qu'autant que les intérêts vitaux de l'Angleterre se trouvaient protégés, le jours, en principe,
Gouvernement anglais a
accordé
sa préférence
à toutes
toules
tendances libérales de la politique européenne.
Déjà du temps de Metternich, nous avons vu l'Angleterre suivre
ses propres voies
politique réactionnaire
antipathie 1
«
Zum 2
contre le
et se
détacher de la
du Concert des Puissances, par
principe
Très justement souligné par
de l'intervention. le
p.
46
et suiv. et surtout
Nous
comte Ernst zu Reventlow
geschichtlichen Verstândnis des Grossen Krieges
Voyez
2
42
et 43.
» p.
35.
:
savons aussi, que miers à affirmer
les
—
281
Rois d'Angleterre furent
l'intérêt
qu'ils
les pre-
à l'équilibre
portaient
voyons poindre deux des thèmes
européen. Déjà nous
principaux de la politique continentale britannique
;
le
premier répond au caractère, aux traditions historiques et aux conceptions juridiques du peuple le second s'ap;
puie sur la situation particulièrement exposée
Ces deux principes
insulaire.
:
la liberté des
se trouvent
et l'équilibre,
vilisés,
si
ropéens, que
à discerner
si
peuples
les
les historiens ont parfois
problèmes eu-
eu de
Gouvernement britannique
le
ci-
souvent réunis dans
manière dont l'Angleterre conçoit
la
du Royaume
réellement guider par des idées libérales, ou
s'il
peine
la
se
ne
laissait faisait
qu'obéir à des motifs égoïstes. Cette incertitude ne soustrait aucun Suisse voir de reconnaître que l'Angleterre
tous les cas en faveur fédération.
poléon 1
1
En
de
l'indépendance de la Con-
premier lieu pendant
et lors
les guerres de
du Congrès de Vienne, puis
Lord Hawkesbury
de France à Londres
:
«
écrivait
....
Si je
au dedans
est intervenue
Na-
en 1847,
en octobre 1802 à l'ambassadeur
comprends
bien, le premier
Con-
sul persiste dans l'intention d'envoyer des troupes en Suisse. C'est là
que
gît
te
nœud de
la question
;
car l'organisation intérieure
du Gouvernement helvétique nous importe peu. Nous demandons uniquement que pleine liberté soit accordée au peuple suisse de choisir lui-même telle forme de Gouvernement qui lui convienne. Mais comment pourrait-on concilier cette liberté avec la présence d'une armée française ? L'entrée de ces troupes en Suisse serait considérée par la majorité de la nation anglaise, et par conséquent
par cle
le ministère,
comme un
de R. Meyer dans
«
acte d'hostilité. » (Cit. dans
Wissen und Leben
»
un
arti-
du 1" octobre 1915.)
—
-
282
lorsque la diplomatie de Londres sut empêcher les Puis-
sances
réactionnaires
d'intervenir
dans
la
du
guerre
Sonderbund. Ce dessein aurait pu ruiner la Confédération moralement et peut-être aussi politiquement. L'Angleterre ne voulait pas que la Suisse disparût de la carte du monde pour le moment, peu nous importe la raison. Elle a encore une fois confirmé cette volonté en 1856,
—
lorsqu'une guerre et
la
faillit
éclater
la Confédération
entre
à propos de la question de Neuchâtel.
Prusse,
L'armée prussienne avait déjà mobilisé,
et
de ce côté
—
du Rhin on avait mis le territoire en état de défense le Gouvernement anglais réussit alors beaucoup mieux que Napoléon III à étouffer le conflit, en engageant le Roi de Prusse à renoncer à ses droits de souveraineté sur
canton suisse.
le
L'Angleterre encore est intervenue en faveur de la
Grèce nous en tiendrons liberté de la
et
de l'unité italienne
ici
aux
;
cependant nous
qui sont en corrélation
faits
avec la guerre actuelle. Or, à ces
faits
appartient la cons-
du Royaume de Belgique, sur la base d'une neugarantie par les Grandes Puissances européennes.
titution tralité
Lorsqu'en 1830, une Révolution des Belges apporta
une dernière ritoire
fois la
preuve que la réunion de leur
ter-
avec les Pays-Bas avait été une idée avortée
irréalisable,
un
conflit survint
enropéenne, entre
le
au sein de
et
la diplomatie
principe de l'intervention, que sou-
tenaient l'Autriche, la Russie et la Prusse, et celui de la
non-intervention, que proclamait la France, pour des motifs d'ailleurs 1
purement
Voyez
p.
45
égoïstes.
et sujy,
1
L'Angleterre trouva alors
-
-
283
un moyen terme précieux, lorsqu'elle amena le Souverain du petit Royaume, le Roi des Pays-Bas, Guillaume I
er
à soumettre
,
la question
du sort futur de
à une Conférence des Puissances, qui vement à Londres le 4 novembre 1830. la conclusion
du
traité,
Gomme
conformer à l'aide de la
lors
On
de la
établit
cette décision, ce fut l'Angleterre qui,
France
et
;
avec
par la force des armes, intervint la Belgique, tandis
que
les autres
Puissances se désintéressèrent de la question.
cédât
dans
séparation, la
le
le
en faveur du droit de d'ailleurs
Belgique
Luxembourg, et la Belgique le Roi des Pays-Bas refusait de se
Hollande recevrait
Limburg.
que
la
se réunit effecti-
neuf longues années, pour que
la
Il
fallut
Hollande
toujours est-il que c'est grâce à la pression des
Grandes Puissances mentionnées, que la Belgique obtint qui lui avait été reconnu par la Conférence
le territoire
des Puissances.
Le que et
la
traité
du 19
avril
1839,
stipula
définitivement
Belgique formerait dès lors un état indépendant
perpétuellement
neutre.
En
outre,
l'article
premier
prévoyait que toutes les dispositions concernant la Belgique, fussent placées sous la
garantie des Puissances
contractantes.
Lorsqu'il eut été prouvé que la réunion de la Bel-
gique et de la Hollande constituait un il
s'agissait
comme pour
fait
insoutenable,
en ces jours historiques, pour l'Angleterre les autres Puissances,
de créer une situa-
tion qui concédât à la Belgique l'indépendance désirée,
sans que V équilibre 'politique sur le continent s'en trouvât menacé. Parce que les Puissances ne voulaient pas
—
284
-
renoncer à la digue qu'elles avaient construite en 1815 contre la France, parce que d'autre part, une Belgique
mêlée
à
politique européenne,
la
élément de la plus haute belligérante,
fallait
il
pouvait devenir un
importance pour une partie
que ce Royaume, une
de la Hollande, fût déclaré neutre. Ainsi être
dans
un
La Belgique ne
allié.
l'avait fait la Suisse
durable
neutralité
loin,
un
pertur-
—
comme
pas
décidée de son plein gré à une fait
un
auteurs ne vont
et certes les
qui prétendent que la neutralité fut im-
posée à la Belgique
son existence
—
s'était
au contraire, on en avait
;
Royaume,
devoir au petit
pas trop
ne pourrait
la société des Etats européens, ni
bateur, ni
détaché
fois
il
et
comme
condition sine qua non de
de son indépendance politique.
sulte encore de ce fait
une particularité
Il
ré-
cette neutralité
:
abandonnée aux caprices d'un homme ou autre, mais avait été confiée à la garantie des Grandes Puissances. Ainsi la signification de cet événement politique paraissait être placée sous son véritable jour. Une autre circonstance montrera quelle confiance il convenait d'accorder à une telle garantie Lorsque les Puissances du Congrès de Vienne ren'avait pas été
d'Etat belge
:
connurent la neutralité de la Suisse,
elles
à ce pays des limites plus favorables heureusement celles qu'il aurait désirées téger lui-même
naissance,
;
que
et militairement
elles adjoignirent
la
assignèrent si
la Belgique,
non mal-
— pour se pro-
même
à cette recon-
Confédération se mît politiquement
en situation de défendre son
en cas de violation vis de
—
de sa neutralité.
on adopta
le
Par
territoire
contre, vis-à-
point de vue que
la
—
—
285
garantie formelle de l'Europe offrait une protection suffisante.
On
même
alla
ses forteresses, soit
traité
la
question
assez clairement, quel rôle était
la
de
Menin, Ath, Mons
:
Cette solution de
déjà,
dans ce sens, que de raser une partie
loin
si
Belgique fut obligée par
le
Marienbourg.
et
nous indique
belge
Royaume, à
cette
forces européennes, L'Angleterre précisément, ce problème continental le plus vif
moral ? peut
être
intérêt politique.
;
«
le
intérêt.
des
portait
Un
à
intérêt
mais sans doute et avant tout, un La possession d'Anvers signifie un
canon braqué sur l'Angleterre Et
époque
capable de jouer dans la constellation
»
— avait
Napoléon I er en 1838 à la
dit
Roi Léopold de Belgique écrivait
.
reine Victoria: « L'indépendance des provinces qui constituent
mon Royaume,
une question de
la
durant des
ce
but,
hommes
à Windsor
et le
toujours pour l'Angleterre,
haute importance. La meilleure
la plus
preuve en est que
en
fut
Grande Bretagne a consenti dans siècles,
les
plus grands
en argent. La dernière défunt Roi,
il
me
disait
fois :
«
sacrifices
que j'ai vu Si jamais la
France ou une autre Puissance venait à envahir votre pays, ce serait pour l'Angleterre
médiat.
*
un motif de guerre im-
>
1
Gabr. Odier, cite cette lettre dans le Journal de Genève du 6 juin 1915. Lorsqu'on se trouve en présence de tels documents, certaines appréciations des événements du 3 août 1914 paraissent tout-à-fait comiques. Le Hamburger Fremdenblatt raconte le 3 août 1915, au sujet de la mémorable séance du Reichstag qui eut « Peu de gens ont lieu un an auparavant, l'anecdote suivante remarqué cette petite scène un huissier du Reichstag s'approcha du Secrétaire d'Etat du ministère des affaires étrangères, et d'un :
:
— En
1870,
286
—
ce fut l'Angleterre
qui
prit
l'initiative
d'obtenir de la France et de la Prusse, la confirmation
de
la neutralité belge. Celle-ci fut garantie
fois
par deux
que
traités,
le
encore
Roi Guillaume
et
une
l'Em-
pereur Napoléon conclurent eux-mêmes avec l'Angleterre.
Depuis
au
lors, l'Angleterre n'a
sort de la Belgique,
ment de
jamais cessé de s'intéresser
même
au
titre
qu'à tout déplace-
forces sur le continent européen. «
des forces sur
La
répartition
avait de tous temps été une
le continent,
des conditions qui devaient assurer l'existence l'Angleterre
Marck K et
même
>
— prétend
de
professeur allemand Erich
le
C'est pourquoi depuis les guerres de
longtemps avant,
même
le
Royaume
Napoléon
britannique s'est
réservé le droit d'excercer son influence sur la politique
européenne, dont
a suivi les alternatives avec beaucoup d'attention. Détaché de l'union des Grandes Puisil
sances conservatrices,
il
a suivi ses propres voies dans
le fier Empire monmenacé du continent, comme cela était déjà arrivé au tournant du siècle. Sans y prendre part, l'Angleterre assista aux transformations
l'univers, sans dial isolé
jamais oublier que
pourrait
être
qu'apporta la décade de 1860-1870. Elle
vit
quiétude la Prusse chasser un coin allemand
mer du Nord
et
la
mer
Baltique,
avec
in-
entre la
en conquérant
le
regard dirigé vers la porte qui se trouve derrière la tribune du
Nous ne savions pas que derrière l'homme au frac rouge. Il demandait si le Gouvernement allemand pouvait donner l'assurance que la neutralité belge ne serait pas violée. Il réclamait une réponse imConseil fédéral, l'invita à sortir. cette porte se trouvait encore
médiate. 1
»
Deutschland und der Weltkrieg,
vol.
I,
p. 336.
Schleswig
et le Holstein,
-
287
l'Autriche et la France délogées
La Grande-Bretagne
de leur situation prédominante. éclore
nouvel Empire
le
germanique,
sance
commerciale,
comme
aussi
industrielle,
comme
ments
et
bientôt
—
de l'Angleterre dans
situation
modifiaient
et
cependant
et
Puis-
Puissance maritime. Ces conjonctures chan-
geaient beaucoup la
monde
militaire,
son
à
assista
développement extraordinairement rapide,
vit
ses
relations
avec
le
continent
le
;
à part quelques propositions d'arrange-
—
de Conférences lors de conflits
ne purent jamais se décider à
sortir
les
de leur
«
Anglais splendid
pour intervenir dans
les luttes d'intérêts qui
se poursuivaient en Europe, tant
que certaines conditions
isolation »
restaient assurées
:
la sécurité de l'Angleterre et l'équi-
libre sur le continent,
dont dépendait cette sécurité.
Toutefois l'Angleterre
a,
elle aussi, fait
européenne dans la seconde moitié du mais, pour autant que
cela concernait
l'Europe, c'est précisément était
à
la
rope
la
une guerre La
siècle précédent,
politique de
la
question d'équilibre qui
en jeu. La Grande Bretagne ne voulait pas permettre
Russie d'écraser la Turquie ni de ;
la
chasser d'Eu-
en outre, des raisons prédominantes de politique
coloniale
et
de navigation,
déterminèrent en 1854 la
Puissance militaire anglaise à faire la guerre à la Russie en Crimée. Nous abordons
ici
le
domaine de
la politique
mondiale britannique. Les Anglais avaient pu, pendant la première moitié du 19° siècle, parcourir assez librement tous les conti-
politique
Mondiale
»
-
—
288
nents étrangers et toutes les eaux de notre planète, et d'un Empire
colonial considé-
se heurtèrent tout-à-coup
à des concurrents,
déjà
s'enorgueillissaient rable,
dont
mais
le
il
plus dangereux était la Russie. Contre les Russes,
qui cherchaient à atteindre les côtes de la
mer
et l'Asie,
l'Angleterre semblait devoir défendre deux de ses biens ses possessions étrangères et la domination de
Les Anglais maintiennent nacité inflexible.
dans
le
monde, attendu que
terre ont
les forces
vaincu tour à tour les
de l'Espagne les routes
et
avec une
cette condition
doivent leur
Ils lui
position
:
la mer. té-
actuelle
navales de l'Angle-
flottes
de la
France,
des Pays-Bas, et ont ouvert ainsi toutes
maritimes aux goûts aventureux du caractère
britannique. Grâce à cette liberté de mouvements, l'Angle-
domaines économiques, en grande au Royaume insulaire. Cependant, a servi dans une large mesure aux buts de
terre put acquérir des
partie indispensables si la flotte
conquête les
audacieux,
plus
elle
nécessaire à la simple défense du et
de ses possessions actuelles.
se trouve à la portée les plus éloignés; le
protège
il
de tous, n'a pas
stratégiquement,
montagnes avec des
Royaume
britannique
Un Royaume insulaire même des adversaires
de voisin, qui il
aussi
apparaît tout
n'a
d'un côté
pas de chaines de
forteresses, qui de l'autre côté lui
monde
entier
est son voisin, et peut s'établir sur ses côtes en
enne-
permettent de braver l'intrus possible. Le
mi
;
autour des Iles
sur l'eau seulement
le
danger est toujours menaçant,
on peut
D'où ce dogme anglais
:
le
et
conjurer ou lui résister.
La puissance de
la flotte
doit
égaler les forces navales réunies de plusieurs adversaires
et
même
gleterre
les
;
de là aussi les efforts de l'An-
pour empêcher autant que possible
pement de
Au dirigée
surpasser
—
289
la navigation chez les
cours contre
du
siècle précédent cette
politique
La un partage en commun de
était
de l'Angleterre
volonté
Russie.
la
était la suivante: ni
dévelop-
le
autres Puissances.
Turquie,
la
selon la confortable proposition des diplomates du Tsar, ni son écrasement que la Russie se proposait parfois. Car ces deux solutions auraient valu à l'Empire russe les Dardanelles, c'est-à-dire un libre débouché vers la
Méditerranée,
Tsar pouvait
lui
redoutable, et la supériorité
du
en tous cas
;
—
les
Gibraltar en
— seraient exposées aux dangers de l'avenir.
Le deuxième motif de qui poussa
flotte
pouvait mettre un jour en cause
ce fait
maritime de l'Angleterre
routes maritimes conduisant aux Indes
premier lieu
La
appartenant en propre.
s'y développer en tant qu'élément de force
extra-européenne
politique
à la
l'Angleterre
guerre
Crimée, pour
de
dans ces
s'opposer à la Russie, trouve son expression paroles ailées
:
« Il
de Constantinople
faut défendre l'Inde devant les portes
».
Ce
fait
ne
prit
sa
pleine
signifi-
Suez ouvrit une ce pays de l'avenir,
cation qu'en 1869, lorsque le canal de
nouvelle route plus courte vers l'Inde,
en passant par la Méditerranée.
méfiance avec laquelle
ments de tion
par
ses
l'entrée victorieuse des enfin, la révision
du
là provint aussi la
l'Angleterre observa les événe-
la guerre russo-turque
d'empêcher
De
de 1877, et sa résolu-
propres
moyens
militaires,
Russes à Constantinople. De
traité
là
de San Stefano au Congrès
de Berlin, où l'Angleterre souligna encore
une
fois l'in19
—
—
290
térêt qu'elle avait
au maintien de
quilibre dans
Balkans, à
les
détroits et de la
Enrichie de
la
Turquie
éloigner
de
et
Russie
la
l'é-
des
mer Egée. l'île
que
de Chypre,
Sultan
le
abandonnée aux Anglais en récompense de
avait
précieux
si
services, l'Angleterre, après cette victoire remportée sur
son attention vers
la politique russe d'expansion, porta la question africaine
:
Le canal de Suez, problèmes
Soudan
l'Egypte, le
encore de
qu'il s'agissait
— autant de dans
résoudre
le
sens d'une politique coloniale systématique et de la navigation sans
dans
dangers
direction
la
de
l'Inde.
La
domination de la route maritime passant par la mer
Rouge, dépendait avant tout de l'influence anglaise en
Egypte
:
cuper
le
or,
pour s'en assurer,
Soudan
oriental,
où devrait passer un jour
par
Tous
Caire.
était nécessaire d'oc-
il
de
hinterland route
la
ces projets dénotaient
l'Egypte,
du Gap au
une rare audace
et
pouvaient se réaliser tant qu'un adversaire résolu ne s'opposerait pas certes pas la
aux Anglais. Et
cet
adversaire
n'était
République française, leur principal
rival
sur territoire africain.
Dans
la
question égyptienne,
la maîtrise de sa diplomatie.
fut achevé, contre sa et
que
le
monde
;
volonté, par des
prouva
canal de Suez
mains françaises grande
que l'Angleterre en possédât
lorsqu'il se trouva
malgré toutes
le
fut doté d'une nouvelle route de
communication, sans clef
l'Angleterre
Lorsque
en présence du
les intrigues anglaises, le
fait
la
accompli,
Gouvernement
de Londres n'eut plus qu'un objectif: s'emparer de l'œuvre
comme à
française. Et
—
291
moment
ce
là, la
Révolution égypdut, pour des
Gouvernement français
tienne éclata, le
motifs de politique intérieure, renoncer au projet de participer
à une intervention en
mains
commun
donc
les
pas
aux diverses sommations de
le
retrait des
en
1904,
libres
;
elle s'établit
, .
L'Angleterre avait
en Egypte, ne répondit la
France concernant
troupes anglaises, et attendit
France s'engagea,
la
Maroc, à ne plus importuner à l'avenir la
jour où,
les
du
Anglais dans
région des Pyramides.
En
partie par des accords diplomatiques analogues,
en partie par
Soudan
lac Tandomaine colobritannique, pour servir de route de communication
Rhodésie
ganjika, la nial
armes, l'Angleterre s'assura
la force des
d'une partie du
avec la pointe
1899 à 1902,
ensuite,
;
méridionale
Afrique paraissait
au sud du
incorporée au
fut
s'effectua la
de l'Etat d'Orange.
de
l'Afrique,
Indes
enfin,
de et
Le programme de l'Angleterre en donc achevé, du moins en ce qui
était assurée, ainsi
du continent
et
soumission du Transvaal
concernait ses points les plus importants
de
le
l'abandon
contre
que
:
la
la pénétration
noir, depuis le Delta
route des
économique
du Nil jusqu'au Cap
Bonne Espérance. Entre temps, l'Empire mondial
britannique s'était encore agrandi dans l'Inde orientale.
Le Béloutchistan nistan
russes.
Et simultanément, disséminée sur
globe tout entier, l'Angleterre
1
de l'Afgha-
opposaient de nouveaux remparts aux appétits
d'expansion le
et les territoires frontières
Voy.
p. 198.
possédait un Empire
— colonial,
environ
cent
292 fois
— grand
plus
que
mère
la
K
patrie
Réconciliée
avec la France, la Grande Bretagne
n'avait plus, à l'avenir, que les Russes à tenir en échec,
qui louchaient sans se lasser vers les côtes
Pour se débarrasser de
maritimes.
la résistance qu'ils devaient op-
poser en Asie orientale à l'Empire du Tsar, les Anglais conclurent en 1902 leur célèbre
avec
le
Japon,
qui fut bientôt suivi de la guerre de Mandchourie.
Comme
le
Gouvernement anglais
complété son
traité
avec
avait, le
traité
en
Japon,
la défaite de la Russie, de pouvoir
renouvelé et
1905, il
après
sûr,
était
dominer
les destinées
politiques de l'Asie Orientale, de concert avec son Allié.
On ne
tarda pas à sentir la détente qui devait aboutir,
en 1907, à un accord entre l'Angleterre
La Grande Bretagne
la
et
Russie.
avait triomphé partout, sa situation
politique et militaire en extrême Orient s'était consolidée
avec
le
temps. Le Gouvernement anglais pouvait donc,
sans inquiétude, laisser son adversaire russe se rapprocher de la Méditerranée,
si
l'amitié de la
être le prix de cette concession. les
la
Dans
Russie devait
ces circonstances,
Russes obtinrent une sphère d'influence au Nord de Perse. Et sur les rives du Bosphore, la Grande Bre-
tagne se montra dorénavant d'autant moins ombrageuse,
que depuis veillait
1
le
Congrès de Berlin, une autre Puissance
sur la sécurité de la Porte
Superficie de la
Grande Bretagne
et
:
l'Empire allemand.
de l'Irlande
superficie des possessions coloniales, environ
:
314339 km2
30 000 000 k m2
.
;
-
-
293
Déjà à plusieurs reprises, nous avons insisté sur La rivalité de l'importance de cet accord de 1907, qui avait écarté par l'Allemagne des le
moyens amiables, un danger de guerre
plus menaçant
de
de
l'antagonisme
que
Bismarck parlant un jour
tous.
avait formulé
anglo-russe,
l'opinion
en somme, la seule question de signification
c'était,
universelle
très ancien,
;
tout le reste, disait-il,
même
les controverses
entre l'Allemagne et la France, disparaissent à côté d'elle
craignait, présentait
au point de vue pratique, un
inté-
collision
la
une grande im-
comme
portance au point de vue psychologique,
mation des tendances pacifiques modernes. tout autre aspect
sincérité des aspirations vers l'on déduit
du
«
comme on
été
si l'on
»
pacifiste et si
par amour de la
conclu
ce cas on n'est certes pas éloigné de penser gleterre,
la
du nouveau contrat,
prétendu, pour lui-même.
l'a
confir-
Cet événe-
met en doute
une politique
caractère artificiel
que l'accord n'avait pas paix, ni,
.
l'on
de
rêt supérieur, d'autre part l'Entente avait
ment prend un
1
que
Si d'une part, l'évitation
Dans
que l'An-
négligeant tous ses autres intérêts, voulait par
son entente avec la Russie, achever de cerner l'Empire allemand,
qui dès
lors,
dangereux adversaire
Grande Bretagne. Tel les adversaires et
futur
effectivement le plus
développement
est le reproche
de l'Angleterre à feu
à sa politique
C'est surtout à
devenait
du
:
de
la
que font aujourd'hu 1 le roi
Edouard Vil
l'encerclement de l'Empire allemand.
Londres que
de cette perfide politique
2 .
l'on veut situer l'initiative
Nous nous contenterons
ici
1
Haller, loc.
9
Consulter dans l'ouvrage de Zurlinden le chapitre extrême-
ment intéressant
cit.
p. 31.
intitulé
:
«
Die Einkreisung
».
Loc.
cit.
vol 2 p. 293
et les arrae_
de constater que présence deux
le
294
-
système de l'équilibre avait mis en
coalitions de forces
mais inégalement compactes
;
ces
peu près égales,
à
forces
opposées
les
unes aux autres, se sentant maintenant réciproquement de niveau,
deux ayant
toutes
la
possibilité
menacer, la méfiance s'accrut de part
et d'autre.
et
L'Angleterre la Russie.
France
réconciliée avec la
s'était
Depuis l'époque de
la
de se
et
première crise maro-
caine et de l'accord concernant la Perse, tout nuage à
du
l'horizon et
chaque
ciel
politique contient
fois le sort
qu'elle
dans un
A
avait
spontanément
faites
aux Français
veut alors, non seulement
traité politique. Elle
aider les Français à jouir de la compensation avait été accordée en échange de l'Egypte,
prévenir tout
Conférence sive
succès de
même
Algé-
éprouve que l'on ignore des conces-
siras, l'Angleterre
sions
une menace d'orage
de l'Europe est en jeu.
la
diplomatie allemande à la
l'Angleterre ss
;
qui leur
mais encore
montre plus
que conciliante. Pourquoi ? Dès longtemps déjà, l'Angleterre
agres-
d'un œil
suivait
inquiet le puissant développement de l'Empire allemand. Elle constata l'énorme et
s'aperçut
s'établissaient
qu'un
accroissement de la population
nombre
dans tous
nétraient dans le
surprenant
de
Germains
les territoires coloniaux et pé-
monde du commerce, de
de l'économie coloniale, là
même où
il
l'industrie et
n'y avait jamais
eu jusqu'à ce jour que des Anglais. Partout où jusqu'alors les
marchandises anglaises avaient dominé
les produits allemands,
peu
moins
le
marché,
chers, s'imposaient
peu à
et acceptaient fièrement la concurrence. L'industrie,
le
commerce
et
-
295
Royaume
navigation du
la
insulaire,
préjudice
que
causait à la vie économique universelle, ce jeune
néo-
éprouvaient de plus phyte. L'industrie
produisait encore deux fois
que l'Empire allemand en
fois
plus
20 ans plus
;
1
presque
produisait
Anglais. D'autre part, en
deux
dépassée dans cer-
nationale se vit
1887, l'Angleterre
celui-ci
grave
le
dans d'autres presque supprimée.
taines branches,
fer
en plus
J
tard,
de
/3
plus
l'Angleterre
887,
que l'Allemagne
d'acier
tard son rival avait une avance de 70
production britannique.
En et
/4
En de
en 1907,
que
les
produisait
20 ans plus la production
de plus que la
ce qui concerne l'exploitation
de la houille, l'Allemagne avait
Anglais avant la guerre,
°/o>
3
allemande en acier comportait donc
;
plus
dans
presque rattrappé
les
les industries électriques
et chimiques, elle les avait depuis
longtemps surpassés,
jusqu'au point de les réduire à peu près à néant.
En 1891
commerce d'exportation de l'Empire
le
allemand représentait un peu plus de des Anglais; /4 .
développement analogue; luer à
les
2 /3
la moitié de celui et
en 1913 plus
La marine marchande allemande accuse un
3
des
en 1900 presque
100 tonnes
les
si
en
1880 on pouvait éva-
vaisseaux anglais, contre 7 tonnes
vaisseaux allemands, en 1898 le tonnage ancomparé au tonnage allemand, atteignait déjà la proportion de 100 22 K Dans tous les domaines, les progrès économiques l'Allemagne se montrèrent supérieurs à ceux de de l'Angleterre. Mais les soucis britanniques n'étaient pas
pour
les
glais
:
1
Bachtold,
loc.
cit.
p.
48
à
limités
concurrence
cette
allemand
d'affaires
-
296
non seulement Vhomme dangereux, mais aussi
;
devenait
YEtat allemand. Lorsque
Gouvernement britannique eût conclu
le
ses accords avec la France et la Russie, l'opinion générale
que
était
développement colonial de
le
Bretagne avait atteint la limite du possible.
même un dont
le
peu partout à un surmenage
exagérée
tension
Royaume
l'ère
Grande croyait
à une
politique,
forces matérielles et physiques,
des
avec ses tentacules univer-
insulaire,
selles, disposait effectivement. si
la
On
Une
chose
était certaine:
des nouvelles acquisitions était close, la direction
de l'Etat avait la lourde charge de conserver les anciennes.
Or
sur les
divers
nulle part,
en Afrique ni en Asie, ni
ni
Océans,
les
—
russe
du
et
côté
français
il
possessions
des
frontières
anglaises n'étaient en sécurité.
Et tandisque du côté
pour l'instant
avait
n'y
point de convoitise, par contre, en Allemagne, le peuple
Gouvernement guettaient toutes le « chemin de
et le
vancer d'un pas sur
diale », préconisée par le Prince de
Les tenaient projet
possessions
coloniales
dans
alors
la volonté
d'expansion
en
permettrait
qu'aux Indes,
de
jeter,
le
dans
le
britanniques.
plan d'un
allemand
voisinage
Les An-
chemin de fer Suez
sur le Canal de
tant
non seulement
l'Empire allemand,
de l'Empire
Orient,
d'intérêts
glais voyaient apparaître
qui
mon-
le troisième rang. Le Bagdad indiquait à présent
fer de
immédiat des sphères
la politique
Bulow.
monde
le
du chemin de
les occasions d'a-
les
mais encore
forces celles
militaires
de ses
de
Alliés.
Ce
donc pas
n'était
la
297
-
future politique de conquêtes de
menacée, mais ses
possessions
l'Angleterre
qui
actuelles
à Londres, on trouvait suspect
la
et
;
était
que
le fait,
Russie parût approuver cette entreprise allemande.
— La puissante Angleterre
a donc aussi connu des moments où son Empire mondial courait le danger d'être coupé en deux par une manœuvre habile. Puis survint en 1911, la crise d'Agadir. L'apparition
soudaine d'une canonnière allemande devant les
côtes
marocaines, ouvrait la perspective d'éventuelles prétentions allemandes sur le Sultanat africain, dès longtemps
réservé à l'influence française.
Lloyd George prononça,
à cette époque, des paroles qui épouvantèrent entier le
* Je serais enclin à de grands
:
maintien de la
paix....
conservée que par
être
situation
mais
le
monde
sacrifices
la paix qui
pour
ne pourrait
l'abandon de notre situation,
que l'Angleterre a conquise par des
siècles
d'héroïsme et d'action, ou la paix soumise à cette con-
que l'Angleterre, au moment où ses intérêts su-
dition
périeurs sont en cause, se laissât traiter
ne comptait plus pour rien dans
comme
si
elle
la société des Nations,
—
une paix achetée à ce prix je le déclare de toute mon énergie serait pour un grand pays comme le nôtre, une humiliation insupportable * ».
—
Il
n'aurait plus été besoin
des armements en Angleterre
danger de voir dans
le 1
le
les
voisinage
—
la fièvre
de telles paroles, ni du
Allemands prendre pied au Maroc, immédiat de Gibraltar,
Discours prononcé
Lord Maire.
— pour ranimer
le
22
juillet 1911,
ni
même
de
après un banquet chez
ce fait
qu'ils
298
— Congo
exigèrent une partie du
français,
avant de se retirer de l'angle nord-ouest de l'Afrique.
La
raison des anxiétés britanniques était beaucoup plus
proche.
L'Angleterre dépend, pour sa nourriture,
de l'im-
portation de blé surtout et d'autres vivres encore. Toute
menaçant les routes de met en cause le ravitaillement journalier des 42 millions de têtes que compte la population de la mère patrie, deviendra na-
Puissance
étrangère
en
qui,
navigation nécessaires à cet
effet,
La
turellement l'ennemie mortelle de l'Angleterre. pourrait réussir à
pective que l'Allemagne
pers-
amener des
troupes continentales jusqu'au Canal de Suez, conduisit
à
tirer des
périale
«
:
conséquences ultimes de la célèbre parole im-
L'Avenir de l'Allemagne est sur l'eau
cela suffit pour encourager l'Angleterre tels,
que jamais auparavant
le
monde
».
Et
à des armements n'en avait vu.
L'Allemagne, l'adversaire, avait en 1898, érigé en loi
le
programme de construction d'une
flotte
de pre-
mière classe, et l'avait complété deux ans plus tard
et
en 1906. Bien que, d'après leur capacité, les forces navales allemandes occupassent à présent dans le monde le
la
deuxième rang, création
la loi dérogatoire de
d'une nouvelle escadre
et
1912 prévoyait la
construction
de sous-marins.
Au commencement powers Standard glaise.
»
du
avait
siècle, le principe
D'après ce principe, la
toujours
du
«
Two
prévalu dans la politique anflotte
britannique devait
conserver la force nécessaire pour faire face
à une attaque
commune
de deux
Puissances navales
-
-
299
de force approximative. Maintenant on dut, bon gré, mal
à un nouveau
gré, se réduire
allemande du 60 16
:
mais
10,
il
«
Standard
»,
plus modeste
devait dorénavant dépasser
anglaise
la flotte
%. On
la
:
flotte
put atteindre la proportion de
fallut exclure
dès 1913, l'idée d'une su-
absolue sur deux Puissances étrangères quel-
périorité
conques, telles par exemple l'Allemagne et les Etats-Unis.
On tien
compte des
se rend
efforts nécessaires
au main-
d'une pareille proportion de forces et d'une
tante supériorité,
si
ments (environ 25 cause
de
l'on
%)
réparations
est toujours hors
ou
communes, en mars 1914, son
analogues.
chambre des
la
de la
état
ment ne
s'était
encore trouvé en
pour
flotte
dut lui-même convenir que jamais
il
bâti-
d'usage pour
motifs
d'autres
Lorsque Winston Churchill déposa à 1914/15,
cons-
songe qu'une partie des
présence
le
Parle-
d'un
pareil
budget.
Où
cela
Les
devait-il conduire ?
politique devenaient peu à peu,
même
d'une
frais
pour
le
telle
Crésus
des Puissances mondiales, exorbitants. Certaines tâches intérieures,
mettre valité
notamment
Certains
gligées. le
pays
la
hommes
politique
îles
pouvaient
en garde, non seulement contre la
allemande en général, mais contre
vasion des
furent né-
sociale,
saisis de panique,
britanniques par l'armée
le
danger
ri-
d'in-
allemande,
et
demander l'accroissement constant des moyens de défense sur mer et sur terre il n'en reste pas moins vrai que la grande masse du peuple était lasse des prépa;
ratifs
de
guerre
fût assurée
et
réclamait
que
par d'autres moyens. *
la
paix
européenne
Entre la
L'Angleterre est l'un
guerre
apai "
i
—
300
des Etats qui se
présenta à
a première Conférence de La Haye avec des proposi-
tions
pour l'introduction
fixes
obligatoire. Il peut être
d'un
tribunal
arbitral
connaître, à
intéressant de
ce
du délégué scientifique allemand à « Tandisque nous Conférence de la Paix autres
sujet, l'impression
la
:
Allemands, faites
par suite des expériences que nous avons
au moyen de notre politique étrangère, depuis
le
jour où M. de Bismarck avait assumé de la diriger de
sa poigne vigoureuse, jusqu'à l'heure présente, restons
complètement froids devant
question
la
en est tout autrement de l'autre côté de les
d'arbitrage, la
il
mer, dans
pays anglo-saxons. Là-bas deux courants luttent ou-
vertement l'un contre l'autre
:
premier ne s'embarrasse
le
d'aucun scrupule de conscience pour déchaîner les guerres
d'imprimer au monde la conscience
les plus injustes, afin
de la supériorité de la race anglo-saxonne soit
pour
des
raisons
pour des raisons d'humanité des raisons d'ordre
purement
la « paix éternelle »
\
1
«
Ph. Zorn. Im neuen Reich. l'idée
religieux, prêche
367
p.
de paix,
et suiv. fit
second, soit
y
Il
lieu, se rallia
Washington
veut
et
est
dit:
à la Conférence,
et la délégation
de l'Amérique du Nord, Holls en premier siasme. L'ambassadeur anglais à
le
de civilisation, soit pour
et
Sir Julian Pauncefote (délégué anglais), se
premier protagoniste de
;
commerciaux,
d'avantages
le
de l'Union
avec enthou-
était le père
de
l'in-
téressant projet de convention sur la base duquel toutes les controverses anglo-amécicaines devaient être réglées par voie d'arbitrage;
comme premier
délégué anglais à La
Haye
il
défendit les
mêmes
Naturellement les représentants des plus petits Etats le Calcul modéré et subtil des intérêts d'un suivirent sur cette route idées....
:
Depuis
la
301
—
Conférence de La Haye de
1899,
la ri-
armements avait donné au nouveau siècle ce caractère ruineux dont nous avons parlé plus haut. C'est pourquoi, en Angleterre comme ailleurs, une organisation internationale de la paix devint, non seulement un dogme humanitaire, religieux et par-dessus tout moral, mais encore une exigence de la raison politique. Par suite de la vanité de tout effort dans cette direction, tant que tous les Grands Etats ne voudraient valité
pas
des
se
.
rallier
à
progressiste
l'idée
prit la proposition russe,
duction des forces
En 1906,
le
enterrée
,
l'Angleterre
re-
en 1899, d'une ré-
militaires.
Gouvernement anglais annonça,
au Parlement qu'à l'occasion de
la
tant
Conférence interna-
tionale de Londres, sa ferme intention
de soumettre à
deuxième Conférence de La Haye, qui devait se réunir l'année suivante, une proposition tendant à discuter
la
le
problème des armements. Cette intention du Gouver-
nement anglais fut violemment combattue en Allemagne, et le 30 avril 1907, le prince de Bûlow déclara formellement au Reichstag, qu'à
la
Conférence, l'Allemagne ne
prendrait aucune part à une discussion éventuelle con-
cernant les armements.
Il
fallut
donc apposer
sur les destinées de l'initiative anglaise
les scellés
l .
Etat secondaire (Hollande), enthousiasme religieux pour
le « droit >
engouement pour l'humanité et la civilisation (Suisse), formaient ici un édifice de convictions fermes et inébranlables. 1 Voy. Alfred H. Fried. Die zweite Haagerkonferenz, p. 140 et suiv., et comp. Wehberg Haager Friedenskonferenz p. 28 puis encore Bertha von Siïttner Der Kampf um die Vermeidung des Weltkrieges, herausgegeben von A. H. Fried. Vol. II. Nous lisons (Belgique),
:
;
:
—
-
302
Les chefs d'Etat anglais, qui étaient rendues publiques,
déclarations
à leurs
liés
ne pouvaient pourtant
pas renoncer à exposer leur idée devant les Puissances
A
assemblées.
du 17 août,
la séance plénière
premier
le
délégué de la Grande Bretagne se leva, et annonça qu'il
à soumettre
avait
une
«
proposition
de de
la
la
part
plus
rappela les idées qui avaient guidé
de son Gouvernement,
importance
haute le
Tsar
».
Il
lors de la convo-
cation de la première Conférence de La Haye, et prouva chiffres en mains, étaient, huit
que les paroles qui étaient déjà vraies en 1899, tard, encore beaucoup plus pres-
ans plus
santes et beaucoup plus évidentes. Après une émouvante exhortation à la Conférence, de ne pas se séparer sans avoir
demandé aux Gouvernements de s'occuper
sement de le
la question de la limitation des
délégué de la Grande Bretagne
sérieu-
armements,
au nom de son
fit
Gouvernement la proposition suivante « Le Gouvernement britannique serait prêt à communiquer chaque année aux Puissances qui en feraient autant, le projet de construction de nouveaux bâtiments :
de guerre,
et
les
dépenses que ce projet entraînerait.
Cet échange de renseignements
faciliterait
un échange
de vues entre les Gouvernements sur les réductions que,
d'un
commun
nement de nière, l'on
accord, on pourrait effectuer. Le GouverGrande Bretagne croit que de cette mapourrait arriver à une entente sur la question la
dans ce recueil au «
En Allemagne
ment dans
et
les plus
sujet
de la
fameuse proposition
en Autriche, on déclara ouvertement
anglaise
:
et résolu-
hautes sphères et dans les ministères, qu'on
ne voulait pas entendre parler de cette
affaire. »
P. 27. 28.
— des
sommes que
—
303
pourraient allouer à ce cha-
les Etats
pitre de leur budget. »
L'attitude de l'Allemagne a fait obstacle tion pratique
Comme
du problème.
il
à
la solu-
en avait été con-
venu d'avance, l'Angleterre présenta une résolution qui n'imposait à personne une contrainte, mais qui fut in-
corporée à l'acte final de la deuxième Conférence de la
Haye, sous forme d'une déclaration platonique.
Cependant en Angleterre,
armements
;
plus s'alourdissaient les charges financières,
s'accumulèrent les difficultés pour équiper la
et plus
les
d'année en année un caractère
illimités prit
plus décisif
campagne contre
la
flotte
toujours en augmentation.
un mouvement en Angleterre qu'en Allemagne et dont
Certes, en présence de ces
s'accomplit, tant le
caractère
rappelle
les
soucis,
manifestations de
deux côtés du canal, précédèrent
qui, des
sympathie
la conclusion
de l'Entente avec la France.
Une
entrevue
d'Angleterre
et
amena dans
les
aussi
bien
sociations,
se
eut
son
les
;
neveu
impérial
en
Angleterre
même
voire
de
qu'en
le
Roi
allemand,
qui
entre
haine
la
conflits
Les représentants de
Il
se forma,
Allemagne,
comités
des
détruire
les nations, d'adoucir les
visites
1906
en
deux pays une détente.
proposaient
écarter.
lieu
ou
si
la presse
des as-
amicaux, aveugle
qui entre
possible de les
échangèrent des
des ecclésiastiques firent entendre leur voix dans
deux camps
entrèrent
;
les
parlementaires des deux peuples
en contact, surtout
classe ouvrière, qui cherchaient
les
représentants
de la
à fraterniser en dehors
—
—
304
La
de toutes les divisions internationales. tendit ses
fils
Royaume
entre le
provoqua un contact
et
des deux côtés
—
—
intellectuel qui
on
l'espérait
ramènerait la concorde. Et du côté
allemand on affirme,
d'ailleurs
à bon
droit,
plus que l'Empereur n'est intervenu cérité et de constance
anglo-allemandes
science enfin
insulaire et le continent,
et
que personne
avec plus de sin-
en faveur des relations amicales en faveur de l'aplanissement des
nouvelles difficultés sans cesse renaissantes.
un document datant de 1802, cité au début le Gouvernement anglais se convertit à un point de vue « qu'adopte la nation anglaise et par conséquent le ministère. » Lors du déchaînement de la Selon
de ce chapitre,
guerre
mondiale, Sir Edward Grey,
comme
ses prédé-
cesseurs à d'autres occasions, s'est constamment appuyé
sur
publique
« l'opinion
pour prendre position vis-à-vis
»
camp adverse: cela tout particulièredemanda à l'ambassadeur d'Allemagne
des diplomates du
ment, lorsqu'il
une déclaration formelle, analogue à la promesse de la France, que l'Allemagne respecterait la neutralité belge en Angleterre la voix du peuple a toujours été res:
pectée.
En et
1912,
en raison du besoin matériel
elle exigea,
moral qu'elle avait de
homme capable tique. On choisit le
un
dane, qui avait
la paix, qu'on
de mettre ministre
fait ses
fin
envoyât à Berlin
à la tension
de la guerre,
études en
poli-
lord Hal-
Allemagne, y avait
conservé les meilleures relations et possédait à fond la 1
Prof. Dr. Th.
Schiemann
:
Wie England
eine Verstàndigung
mit Deutschland verhinderte. Berlin 1915, p. 15.
-
-
305
Ses instructions comportaient, en premier
langue.
lieu,
un échange de vues concernant la possibilité d'une réduction des armements
sur mer,
la proposition
et
de
conclure avec l'Empire allemand un traité d'amitié.
Le but du Gouvernement britannique
était
de poser
en principe, de concert avec l'Allemagne, un arrêt dans la construction des forces navales, et
en particulier d'ob-
tenir qu'on rapportât la dernière loi dérogatoire concernant la flotte de l'Empire allemand, déjà acceptée par le Par-
lement. L'Allemagne ne disait pas non, mais pour prix
d'une
telle
ou
fixât
Et qui plus
tralité.
prévue pour
était
le
une guerre
si
le Gouvernement de l'Empire une obligation réciproque de neu-
concession,
demandait qu'on
autre déterminer
est,
éclatait,
de neutralité ne pourrait
que pris
si
«
elle n'allait
avec d'autres
neutralité
dont on ne pouvait sans
En
promoteur».
le
de
obligation
cette
cas où l'Allemagne serait attaquée
outre, cette obligation
chaque
subsister pour
partie,
pas à l'encontre d'arrangements déjà Etats.
Par contre,
contractants
les
ne pourraient à l'avenir acquiescer à aucune
alliance
qui serait incompatible avec les engagements assumés.
Les droits
et les obligations
de l'Allemagne, résul-
de la Triple Alliance depuis
tant
restaient par conséquent intacts
longtemps
un
tel
conclue,
accord de neu-
ne changeait rien à sa situation politique. L'Angle-
tralité
terre par
avec
:
1
la
contre,
1
envers l'Empire allemand, devait,
Le Fofeign il
la
Russie
et
France n'obligeait en aucune façon à un acte
d'hostilité
sitions;
que ses relations avec
office
a publié
le texte
se trouve reproduit dans le
si
la
propo-
des diverses propo-
Temps du 2
sept. 1915. 20
— sîtion
allemande
—
306
renoncer en
était acceptée,
l'Allemagne, à la pleine
liberté
d'action
faveur de
qu'elle s'était
réservée jusqu'à ce jour.
Le Gouvernement anglais ne songea pas un instant tel marché. Dans sa contre-proposition, il se déclara prêt à assumer l'obligation de ne jamais attaquer l'Allemagne sans provocation et de ne jamais participer à une agression de ce genre. A cette occasion, le Gouvernement de Londres confirma l'assurance que par aucun traité ni accord, il n'avait prévu une agression à conclure un
contre l'Empire allemand.
Il était
que l'Angleterre ne se
rallierait
qui aurait en vue un
tel but.
suffisante
aux Allemands,
prêt aussi à promettre
jamais à une combinaison Cette garantie
et les
parut in-
négociations furent donc
interrompues. Qui aurait osé, à Londres, songer sérieuse-
ment à une guerre où de
l'aveu général, on aurait été
obligé de reconnaître qu'il est « impossible de déterminer l'agresseur. »
à Berlin,
à
!
D'autre part, quel prix pouvait-on attacher
promesse de
la
la
de ne
adverse
partie
jamais se livrer à une agression sans provocation ?
Tout
cela était bien vague.
Sir
Edward Grey
contre-proposition
même une
que,
grand
et
soit
insista
néanmoins pour que sa
acceptée,
parce
conception élastique,
bienfaisant
effet
pour
les
qu'il «
pensait
serait
relations
d'un des
deux peuples entre eux, et qu'en outre, le reste du monde verrait en un tel accord la ferme volonté des deux Gouvernements de vivre ensemble en paix et en
bonne x
amitié. » II
1
Du
est intéressant
reste, le
ministre
anglais n'aban-
de comparer avec ce point de vue, une
—
donna pas ses espérances. des
édifier
relations
-
307
de continuer à
proposa
Il
de confiance,
poursuivre une
de
entente au sujet des questions coloniales et territoriales,
pour reprendre, au bout d'un certain temps, ciations
à un accord
relatives
politique.
Il
les
négo-
exprima à
l'ambassadeur d'Allemagne l'espoir que, de cette manière, la
des armements pourrait être indirectement
question
influencée.
1
Provisoirement d'ailleurs, dreadnoughts. difier la
terre
sur
à
Du
il
des deux
était loisible,
commander allègrement de nouveaux
côtés du canal, de
reste,
on n'avail pas eu l'intention de mo-
proportion des
forces.
A
aucun moment l'Angle-
n'abandonna sa volonté de maintenir sa supériorité
mer
— au contraire,
Berlin,
le
pendant que Lord Haldane
ministre de
la
était
marine Churchill insista
dans un discours prononcé à Glasgow, sur
le
fait
que
l'Angleterre ne renoncerait à aucun prix à sa suprématie. conception allemande
:
«
pour, en une conversion
*
que l'Angleterre se détachât de l'Entente, sensationnelle, se rallier à
l'Allemagne,
Mais il était aussi bien compréhensible qu'elle cherchât prudemment à éviter tout ce qui pourrait éveiller la méfiance à Paris et à Pétersbourg. Il fallait cependant examiner, si un accord aussi insignifiant ne laissait pas entrevoir déjà un certain relâchement de l'Entente, si ce relâchement n'aurait certes,
personne ne
pas un
effet
sur
s'y attendait.
les
relations
européennes,
et
si
l'Allemagne
aurait couru le danger de devoir renoncer à des intérêts supérieurs. »
{Frankfurter Zeitung, du 10 septembre 1915). 1 Voy. les rapports du comte Metternich dans la Nord-AUg. Zeitung, du 8 sept 1915. Rappelons ici que l'ambassadeur auquel Sir Edw. Grey a tenu ce langage était le Prince Lichnowsky, dont les tendances pacifistes sont connues maintenant. * D'ailleurs l'amiral v. Tirpitz avait déclaré au Reichstag, le 7 février 1913, que la proportion des flottes 16 10 était acceptable, :
— Tandis que
-
303
la rivalité
des armements se poursuivait
sans entraves, Sir Edward Grey
Cambon, échangèrent il
fut convenu,
les
et le
ministre français
deux notes, au moyen desquelles
que dans
le
cas où la paix européenne
viendrait à être menacée, l'on pourrait examiner en com-
mun
l'éventualité d'une action combinée. * Dans l'arrièreautomne de cette même année 1912, le Feldmaréchal Lord Roberts, prononça un discours étincelant sur l'inaptitude de la nation anglaise à la guerre, sur la décadence
du Royaume britannique et les dangers qu'il courait. prophétisa une attaque de la part de l'Allemagne, jour où
elle aurait
navales. L'Empire
moins que
la
achevé
On
préparations techniques dit-il,
ne
cherchait
rien
souveraineté sur terre et sur mer, et les
forces anglaises n'étaient
avec un
les
allemand,
Il
le
pas en état de se rencontrer
tel adversaire...
ne réussit pas à assurer la paix
;
on ne devait
pas parvenir non plus à détourner la guerre, qui approchait.
La
guerre.
Dans
l'opinion publique
anglaise,
on pouvait ob-
server plus distinctement que partout ailleurs, les deux
courants habituels.
Le premier,
fatigué de rivaliser avec
remuant, soucieux de
la situation
méfiant à l'égard de l'accroissement de la
hanté
même
insulaire par 1
Voy.
par
le spectre
l'Allemagne,
p. 133.
un
voisin trop
mondiale de la flotte
patrie,
allemande,
d'une invasion du
Royaume
demandait qu'on poussât à
-
-
309
l'extrême la politique de force, réclamait des armements
allemand à
de l'Empire
l'écrasement
et
la
prochaine
occasion.
Le second courant, d'une lait
neutralité diverse, ne vou-
pas entendre parler d'une
considérait
du
Realpolitik
telle «
».
comme une
reste pas la politique
Il
ne
chaine
d'exigences impératives, auxquelles devaient se soumettre
corps et biens, en une obéissance aveugle, les individus et la société. Certes,
avait aussi pour objectif les in-
il
térêts vitaux de la nation anglaise,
moderne
culture
mais
les conditions d'existence des différents Il
est certain
peuples entre eux.
que nulle part autant que chez
on n'a
Saxons,
voyait dans la
il
de concilier pacifiquement
la possibilité
sur
insisté
cette
idée
que
pouvait dominer la vie internationale des Etats Il
les
Anglo-
la
raison
civilisés.
1
permis de baser cette affirmation sur la tendance
est
de
visible
régler
tous
les
conflits
autour
du
tapis
vert,
tendance qui devait logiquement conduire au prin-
cipe
de
prend, qu'au cours jours, 1
la
L'histoire
l'arbitrage.
du
plupart des
Lorsque
la
siècle
diplomatique précédent
propositions
guerre mondiale éclata,
et
nous ap-
jusqu'à nos
de médiation
même
les
comte Berchtold, après
la
de
adversaires
de l'Angleterre paraissaient d'accord sur ce point. L'on le
et
sait
remise de l'ultimatum à Belgrade,
que fit
du contenu de la note. Le représentant de l' Autriche-Hongrie à Londres reçut cependant encore un autre télégramme, où il est dit « Comme parmi les Puissances de l'Entente, l'Angleterre pourrait en premier lieu être amenée à un jugement objectif de notre démarche à Belgrade, je prie votre Excellence d'entrer en conversation..- etc. (de faire remarquer ceci part à tous ses ambassadeurs
:
et cela). Livre
rouge n° 29.
310 Conférences transmises au Concert européen,
émanèrent
de Londres.
Ecoutons ce que Frobenius
1
au
,
tre la guerre: terre,
dit le
lieutenant-colonel allemand
sujet de l'antipathie de l'Angleterre con« si
nous scrutons
de l'Angle-
l'histoire
nous faudra convenir, que ce pays a parfois
il
concentré
quelques-uns
sa
et
flotte
qu'il n'a
ses
de
ses
moyens de
jusqu'à
finances
défense,
mais
l'extrême,
jamais connu cette revendication de ses forces
nationales
tout entières,
en vertu de laquelle
appelé sous les armes tout
en 1813
homme
il
aurait
comme
valide,
l'a
a une démonstration éclaparce qu'il ne s'est tante des doctrines de Clausewitz jamais imposé de buts illimités. Si Ton fait abstraction fait
la
Prusse,
réussi à éviter cela
— et
et
la
France en
1870.
Il
c'est
—
de guerres coloniales, l'Angleterre n'a jamais voulu
même
elle-
conquérir entièrement un pays, ni anéantir com-
plètement un adversaire
».
Et Frobenius impute en partie
ce fait à l'esprit public.
Au
cours des années qui précédèrent
le
déchaînement
de la guerre, cet esprit public contraignit formellement les
hommes
d'Etat anglais à renouveler
que l'Angleterre
déclaration
Russie, ni envers la France. le
Royaume
britannique des
n'était
constamment
liée
En 1911, hommes
il
ni
la
envers la
y avait dans
qui tremblaient
de peur qu'à l'occasion de l'incident d'Agadir, l'Angleterre pût être humiliée par l'Allemagne.
aussi des
homnes
affirmât nettement 1
qui
Mais
voulaient que Sir
il y avait Edward Grey
que l'Angleterre ne courait pas
Des deutschen Reiches Schicksalstunde,
p. 28.
le
— danger
-
311
d'être entraînée par
mais
odieuse.
d'un
possibilité
la
Il
est
France dans une guerre
la
contre l'Allemagne. L'Entente
cordiale
était
populaire,
armé
était
et
conflit
caractéristique, qu'on
xieusement à Paris,
le traité
si
se
restait
demandait an-
d'Entente cordiale, jus-
qu'alors sympathique à Londres, sortirait intact des brumes de guerre que la crise du Maroc avait déjà répandues sur l'Europe. 1 L'Entente fut d'ailleurs sauvée, et
l'atmosphère renouvelée s'éclaircissait à la suite de
l'ac-
cord marocain entre la France et l'Allemagne. Mais
pour
fallut
que
cela
ministre
le
anglais
des
il
affaires
étrangères eût, dans une séance étouffante du Parlement, affirmé encore une fois au peuple, qu'il n'existait aucune convention secrète entre la France et l'Angleterre, et partant,
aume
aucun danger de guerre pour
le
Roy-
britannique.
A
côté de ces
hommes
politiques qui se montraient
persuadés que les oppositions déjà perceptibles, amèneraient certainement la guerre avec la
prochaine
crise,
se manifester,
l'Allemagne lors de
nous voyons donc un autre courant
un courant qui ne montrait aucune envie la suprématie ma-
de prendre les armes en faveur de ritime, ni
en faveur de
merciale, ni
Y Y le
de
la 1
la
coloniale
politique
en faveur de
et
com-
la Triple Entente.
avait-il
un troisième courant ?
avait-il
une opinion publique prête à négliger
que
rang
monde,
même
à
l'Angleterre
ignorer
France
et
ses
de
devait
obligations la
Russie
Comp. Rapports des ministres
occuper
dans
amicales
vis-à-vis
et
à
admettre
belges. n° 83.
le
en
—
—
312
\
qu'en
plus,
magne
des
violation
s'abattît
sur
le
poing de l'Alle-
Belgique ? L'Angleterre avait
la
principaux
assuré là ses
traités,
intérêts
continentaux,
lors-
que ce Roygrande Puissance,
qu'elle convint avec les autres Puissances,
aume
mains
entre les
qui,
d'une
pouvait servir de forteresse contre la Grande Bretagne, devait conserver une neutralité perpétuelle.
Lorsque
guerre mondiale éclata, un nouveau germe
la
donc s'ajouter aux anciens que nous connaissons
vint
déjà: la politique coloniale, l'équilibre
une
européen
question
;
la
suprématie maritime
et
ce fut l'intérêt très prononcé pour
continentale
presque oubliée,
mais
liée
directement à l'organisation du groupement moderne des Puissances.
En
outre,
l'Angleterre avait
signé le do-
cument qui garantissait l'inviolabilité de la Belgique. Tout d'abord, lorsque le conflit prit un caractère aigu par suite de l'ultimatum de la Monarchie Danubienne, le Gouvernement anglais adopta le point de vue que les intérêts directs du pays n'étaient nullement engagés, et que l'opinion publique ne sanctionnerait pas une guerre en faveur de la Serbie. Même un conflit entre
l'Autriche-Hongrie et la Russie ne consti-
Grande Bretagne, une raison suffisante de tirer l'épée. Le Gouvernement britannique s'appuyait au contraire sur la tendance de plus en plus marquée en tuait pas, pour
la
Angleterre, de se tenir en principe, à l'écart d'un conflit
armé pour des questions de
1
politique balkanique.
Comp. Note Grey, Livre bleu
n° 87.
1
—
—
313
L'Angleterre, appartenant aux Puissances
comme
téressées » tenta donc,
ment amiable du
«
moins
in-
de contribuer au règle-
telle,
balkanique, soit par les conseils
conflit
que sa diplomatie donnait partout
spécialement à
et
Belgrade, soit encore par la proposition de son secrétaire
convoquer une Conférence des Puissances. Mais
d'Etat, de
déjà la furie belliqueuse jetait sa torche dans la direction
de l'Ouest; de Berlin
par la Russie. Le
une
européenne
crise
gagna
elle
la
France en passant
serbo-autrichien
conflit
Les intérêts de l'Angle-
très grave.
terre passèrent alors aussi
dégénéra en
au premier plan, mais pas
encore avec suffisamment de clarté
:
la
Grande Bretagne
réserva ses décisions ultérieures. Si l'on avait jusqu'alors fait comprendre
de l'Entente, que dans participation de il
le
d'une
cas
conflagration,
la
l'Angleterre n'était pas chose décidée,
s'agissait d'autre part, de détruire auprès de la diplo-
matie allemande, terait
l'illusion
que
Grande Bretagne
la
mains
de tous
libres
les côtés
rêts britanniques » avaient seuls la parole
mais
ils
documents
les
pu
souffrir
le
longue réflexion
Puissance
pour
officiels,
plus
voulue
de
« les intéle
moment,
;
on se demande qui
cette
irrésolution,
— Déjà l'Allemagne
Royaume
et la
mière décision
:
«
lois
Russie croisent
insulaire fait alors
de
ceux qui appelaient la
britannique ou ceux qui cherchaient à
gner ? Des deux côtés on s'en référait aux mitié.
:
n'avaient pas encore dit leur dernier mot.
Lit-on
a bien cette
res-
nécessairement neutre. L'Angleterre cherchait à
se garder les
le
aux Etats
les
l'éloi-
de
l'a-
armes
;
connaître enfin sa pre-
Je suis autorisé à vous donner
l'as-
surance
—
dit
Sir
de France — que
—
314
Edward Grey si la flotte
de Calais ou traverse la
le
2 août à l'ambassadeur
allemande entre dans
le
Pas
mer du Nord pour entreprendre
des hostilités contre les côtes ou la flotte anglaise donnera,
pour
les
l'en
bateaux français, empêcher, toute la
protection dont elle sera capable. » x
Les
l'Allemagne de donner, en échange
offres de
de la promesse de neutralité, des garanties concernant la
France
et la
Belgique, sont déjà refusées,
2
En
outre
de la liberté de ses décisions ultérieures, l'Angleterre se réserve d'ailleurs d'éloigner des eaux septentrionales la flotte
— ainsi ses
allemande
intérêts les plus essentiels
sont sauvegardés, et l'Angleterre
est toujours
en paix.
Mais à peine la France est-elle entrée en lice, que le 4 août, un Monarque qui s'était bien tenu à l'écart jusque-là, appelle à l'aide. Le roi Albert de Belgique demande du les Allemands ont pénétré secours aux Etats garants
—
sur son
territoire.
L'Angleterre s'approche bataille
européen
:
le
maintenant du champ de
4 août,
Londres
Bruxelles la promesse formelle
compter sur sa protection
et
que
la
télégraphie
Belgique
Bretagne a donc posé une alternative. En de demander au
peut
sur son aide: la Grande effet,
au
instant l'ambassadeur d'Angleterre à Berlin reçoit instruction,
même
comme
Gouvernement allemand,
de cet instant à minuit, l'assurance que les troupes
mandes
2
alle-
seraient retirées de Belgique et que la neutralité
du Royaume 1
à
serait respectée.
Livre bleu anglais n° 148. Justification
dans
la note de Grey, livre bleu n° 101.
—
315
—
Nous n'avons pas à juger
ici
chefs d'Etat
les
si
anglais obéirent au sens de la justice,
à la conscience
des obligations que leur imposait leur situation de Puis-
sance garante, ou aux intérêts du
Royaume
britannique
;
peut-être ces trois considérations ont-elles dans leur en-
semble, décidé l'inviolabilité
le
Gouvernement
de la Belgique ou la
Les dés en furent
jetés
peuple à exiger
et le
lutte.
à Berlin
—
avant minuit.
L'ALLEMAGNE Si l'on suit
le
allemand jusqu'à éprouvera
le
développement du nouvel Empire
tous. Qu'est-ce
de la guerre mondiale, on
la veille
que
sentiment
que
Etat était béni entre
cet
la renaissance de la France, le labo-
rieux apprentissage de la République, difficile
qu'est-ce que le
développement de l'Empire russe, constamment
interrompu par des rechutes, qu'est-ce enfin que sante
extension
de l'Empire
britannique
l'épui-
sur tous les
continents, en comparaison de la vigueur et de la force
d'impulsion de la race allemande, des
résultats
qu'elle
a obtenus.
Dans
le
domaine de
la politique continentale, ce
ne
sont que victoires sur victoires. Enrichie des duchés de
Schleswig
et
de
délivrée de sa rivalité avec
Holstein,
l'Autriche-Hongrie au sein du futur Empire, la Prusse,
après avoir infligé aux Français une écrasante défaite, réunit les Etats allemands dans les nouvelles frontières élargies d'un le vieil
idéal
grand Etat national
fédératif.
de
Par
l'unité,
la force des
vient
se
armes,
réaliser
et
l'enthousiasme de la victoire commune donne naissance, au cœur de l'Europe, au nouvel Empire allemand. Ainsi, la « question allemande » est résolue; mais aux yeux de Bismarck, seulement à condition que le
puissant coin qui avait été chassé dans Etats
européens,
ne puisse
plus
le
système des
jamais être
démoli.
-
—
317
La supériorité absolue sur la France apparaît comme une condition essentielle de la vitalité de l'Empire des Hohenzollern, et sur ce dogme s'édifie cette politique au premier chancelier de l'Empire, qui
d'alliances, chère
déplace définitivement l'équilibre européen déjà ébranlé.
Tandis qu'après
la
guerre de 1870, Bismarck
deux autres Empires,
vait l'amitié des
grie et la Russie,
la
France,
toute à
l'
culti-
Autriche-Hon-
son ressentiment
Pour l'instant, le chancelier se peu du germe de guerre qu'avait fait lever
resta livrée à elle-même. souciait fort
armes alleman-
la paix de Francfort. Si la ténacité des
des avait été démontrée depuis longtemps, la fondation,
en 1872, de
l'alliance
mit en évidence
le
éphémère des
prestige de la
trois
Empereurs
*,
politique allemande.
Cette année-là, l'ambassadeur d'Angleterre auprès de la
Cour d'Allemagne
écrivait
à son Gouvernement
:
«
Na-
poléon n'a jamais été plus grand que Bismarck à cette heure. 2
»
Mais, provisoirement,
la force
Bismarck servaient exclusivement
la
et le génie
politique
de
sur le
continent, politique de sécurité dirigée contre la France, et bientôt aussi contre la Russie.
Son
principal objectif en-
visageait donc la confirmation de la situation de l'Allema-
par
gne,
tard avec
son Alliance avec l'Autrich î-Hongrie
et plus
l'Italie.
Les tendances du jeune Empire
se manifestèrent
en toute clarté au Congrès de Berlin de 1878. Le chan1
pour
Créée
le '
entre
Guillaume
maintien de la paix; Bitterauf
Krieges, p. 5.
:
I,
François-Joseph et Alexandre
elle fut dissoute
II
en 1878.
Die deutsche Politik und die Entstehung des
celier
—
318
allemand, fermement résolu à l'Alliance avec
triche-Hongrie,
illusions des Russes,
un champ
trales
avec
détruisit,
l'
Au-
des Anglais,
l'aide
les
en réservant aux Puissances Cenen Orient
d'activité
La
1 .
tension des
rapports avec la Russie dégénéra en méfiance, surtout l'année suivante,
lorsque,
chevée
et
qu'à l'avenir,
le
la
Double-Alliance fut para-
Gouvernement impérial accen-
tua de plus en plus l'intention de l'Allemagne de seconder l'Autriche-Hongrie dans sa politique balkanique, et prévoir que le nouvel Empire, une fois
domestiques,
soucis
délivré
fit
de ses
entreprendrait ses premiers essais
d'expansion en Orient. Cette politique résolue détermina le
second germe de guerre
:
à
la question d'Alsace-Lor-
raine vint s'ajouter le problème des Balkans, l'antago-
nisme national entre Slaves et Germains, l'antagonisme économique entre l'Empire allemand naissant et les
Russes qui convoitaient
le
Bosphore.
La constante augmentation de la population allemande constituait le point critique du problème économique,
par conséquent de la politique étrangère de
et
Bismarck dut chercher de nouvelles
l'Empire.
voies,
trouver en dehors des frontières de l'Empire des mar-
chés pour
le
puissant développement de l'industrie, des
relations pour le
commerce extérieur de l'Allemagne,
et
des sources d'alimentation pour la population indigène.
Les pour
du peuple allemand aspiraient à des champs
efforts
d'activité
à l'étranger,
les forces
posait donc
Comp.
:
les frontières
devenaient trop étroites
économiques débordantes
;
la question se
par quels moyens, d'après quelles méthodes, p.
62
et 167.
—
-
319
à ces né-
la politique étrangère donnerait-elle satisfaction
cessités intimes de la vie
allemand
né
était
économique allemande? L'Empire
trop
en présence de rivaux, il
longtemps été à
l'école
solution
des
ailleurs
que
conservateur et avait trop
de la guerre, pour chercher la
problèmes
grands
un
dans
puissant pour s'en
était trop
était trop
laisser intimider,
pour ne pas se trouver
tard il
posés
à
sa
politique,
développement croissant de
la
force physique.
Bientôt après 1870, ce déploiement de forces était
parvenu à assurer
l'Allemagne en Eu-
la tranquilité de
c'est encore par le même moyen que les Allemands devaient organiser plus tard leur Empire colo« Nos projets de politique coloniale nial. dit Karl
rope
;
—
Alexander von Muller la nouvelle
désirs de
1
exaltation
— coïncidèrent politique et
puissance politique
marck ne songeait pas du
à peu près avec
nationale,
et nationale.
»
avec nos
Mais Bis-
tout à donner satisfaction à
ces désirs de certains milieux commerciaux, ni
aux
tives privées hanséatiques, avant d'avoir trouvé
puissance armée de l'Empire,
Ce ne «
fut qu'en
1884
géographes juillet,
août
il
et
le
fut
England
».
reçut des instructions précises,
pavillon allemand hissé et
und
dans
le
flottait
die
Monatshefte, August 1915.
deutsche
A
des :
le
déjà à Togo, en
sud-ouest de l'Afrique,
au Kameroun.
:
L'ambassadeur d'Alle-
des explorateurs se mirent en route
Nouvelle-Guinée 1
point d'appui nécessaire.
qu'il put faire connaître sa décision
maintenant nous allons agir
magne à Londres 5
le
initia-
dans la
la stupéfaction
Kolonialpolitik,
en des
Sûddeutsche
—
Anglais, maîtres du monde,
mandes
-
320 le
actuelles fut acquis en
Les
noyau des colonies 5 mois.
mois qui suivirent
six
les
alle-
premières occupa-
tions allemandes, furent témoins d'une lutte infatigable,
acharnée,
sur tous les points,
mais jusqu'à
la fin
Bismarck la
l'avait accueillie
échangea
du Nord,
l'île
si
le
toires
ne
et
acharnée,
inexorable
lutte
x
».
avec l'An-
de ces temps, que la
fougue
et toute
démoniaque. Son successeur
programme du jeune Empereur en 1890 mer ;
important pendant la grande guerre pour la
La
africains.
parties,
l'histoire
guerre sur
d'Héligoland, ce point d'appui dans la
allemande, contre
flotte
et
donc en
avec toute
de sa nature
Caprivi continua il
est
nous lisons dans
passion
petite
d'une logique réfléchie
Le nouvel Empire mondial gleterre, et
d'une
une défense pas à pas, patiente
toute la ligne «
le protectorat
que souligner
fit
sur certains
terri-
dédaigneuse des deux
satisfaction
la rivalité
anglo-allemande
:
un profond désaccord sépara les deux Puissances entre 1890-1900. « Le sentiment se propage aurait prophétisé un jour le Prince de Bulow qu'une des grandes
—
liquidations
séculaires
pour
—
pour
l'influence,
la
puis-
sance et pour la possession, est encore une fois imminente sur cette
terre. »
Le cours de
l'extension allemande,
politique,
était
maintenant
positions
qu'il
faudrait
manière ou de l'hémisphère
l'autre.
méridional,
von
Millier, loc. cit.
et
des op-
surmonter quelque jour d'une
A
l'expansion
vinrent
coloniale
bientôt
premiers essais de politique orientale. 1
économique
irrésistible et créait
dans
s'ajouter
Ils se firent
les
sous
la
forme
commerce avec
1
le
,
un
à
traité
de
Sultan. Mais cette politique trouva sa
le
en
confirmation
1896
1895,
1897,
et
problèmes arméniens
l'occasion des Cretoise
de chemins de fer en
de projets
inoffensive
qui donnèrent lieu en 1890,
Turquie,
réelle
-
321
et
Gouvernement allemand
lorsqu'à
de
la
se
montra
question très
soucieux d'empêcher qu'on troublât ses bonnes relations
avec
Ce
la Porte.
n'est pas par
hasard que
le
pereur Guillaume avait choisi Gonstantinople
Emcomme but jeune
d'un de ses premiers voyages sur mer, ce n'est pas en
vain que dès 1883, von der Goltz exercèrent
militaires
leur
et d'autres instructeurs
activité
manœuvres de l'armée turque
;
sur
les
champs de
l'initiative et les
avances
de capitaux de grandes entreprises allemandes, en Anatolie et
en
devaient
Thrace,
avoir
aussi
leur
raison
Dès lors, il fallait que la politique de l'Empire le chemin sur lequel elle s'était engagée, en
précise.
suivît
partant du principe de
man
de
absolue liberté de
l'«
invariabilité territoriale »
mouvement de l'Empire
et
otto-
Qu'il se soit agi plus tard de pratiquer des réfor-
».
mes en Macédoine pour qu'il se soit agi de la
on ne
l'«
vit
protéger les peuples chrétiens,
question égyptienne
— jamais plus
l'Empire allemand participer à une action ina-
micale contre la Turquie. Et, en automne 1898, l'Empereur
allemand se posa, lors de son fameux discours de Damas, en ami
Mais
il
la consolidation territoire 1
en protecteur du peuple mahométan.
et
s'agissait de et
d'Etat turcs
Comp.
beaucoup plus
:
«
de la régénération
—
militairement,
il
s'agissait de
de l'Etat et du administrative-
p. 148. 21
ment, économiquement,
financièrement,
avec des moyens essentiellement allemands
En
présence de
nombreux projets commune, la
si
puissance intérieure peu
—
etc.
et
1
et cela
.»
pourvu d'une
tentation
était
pour l'Empire allemand, malgré sa tardive apparition
forte
dans l'arène de la politique mondiale, de mettre en jeu
moyens qui pourraient vis-à-vis il
du
reste
le
les
mieux affirmer ses prétentions
du monde. Pour sa politique européenne
disposait déjà, outre ses alliances avec
Vienne
Rome,
et
d'une forte ceinture de forteresses s'étendant de la Lorraine jusqu'aux frontières de la Suisse, et d'une armée
en augmentation constante, qui, appuyée contre ce remdevenir un puissant instrument d'opéraPour sa politique orientale, l'Empire pouvait d'ores déjà compter sur ses officiers supérieurs, une foule
part, pouvait tions. et
de conseillers techniques, des capitaux illimités
à tout cela
:
l'esprit
d'initiative
allemand.
et joint
En
ce
qui
concernait sa politique coloniale, jusqu'alors pratiquée
au petit bonheur, il avait encore besoin d'une flotte, pour remplir la promesse de l'Empereur Guillaume « notre avenir est sur l'eau. » Avant même que le siècle approchât de son déclin, le canal de la Mer du Nord à la Baltique, base de la trop
:
future situation maritime de l'Allemagne,
En
dix ans, jusqu'en 1896, la flotte de
accrue du sextuple;
il
fallait
était
achevé.
commerce
s'était
maintenant que l'Empire
possédât une nouvelle flotte de guerre de premier ordre. Le programme en fut présenté au Reichstag en 1897 et la proposition fut acceptée le 28 mars 1898. Deux 1
Bachtold, loc.
cit.
p. 41.
~ jours plus tard la société
fondée tag la
-
323 «
Deutscher Flottenverein
»
fut
au bout de deux ans, on soumit déjà au Reichsseconde loi visant à l'augmentation de la puiset
sance maritime allemande.
Tel
en raccourci,
était,
l'orientation
de l'Empire,
lorsqu'en 1899, les Puissances de l'Europe se réunirent
à
la
Conférence de La Haye, pour discuter
programme merveilleux
essentiels d'un
:
les points
limitation
des
armements, arbitrage international, moyens de maintenir
une paix durable. *
*
*
L'objet de nos recherches ne permet guère de pas- L'Allemagne ser
sous
silence
le
fait
que
les
Allemands de
notre à
génération se sont efforcés,
soit
par une passivité
litiquement bien
soit
par un conservatisme
explicable,
po-
qui peut tout au plus se défendre du point de vue acadé-
mique, de comprimer tout élan audacieux de la science
du droit international. « officielle »
du
droit,
En un
mot, la science allemande
décline
toute
absolue
sujétion
d'un Etat souverain à un axiome de droit international tout traité international comporte,
si
:
non formellement,
du moins tacitement, la réserve, que les obligations assumées ne doivent pas restreindre le précepte de la conservation
personnelle.
présume aussi que
Toute
les intérêts
obligation
juridique
supérieurs et l'honneur
de l'Etat, doivent prévaloir en cas de
conflit.
Ces considérations fondamentales, dont
les
milieux
compétents en Allemagne n'ont jamais voulu se départir, expliquent assez international
s'est
pourquoi
le
développement du
heurté à des obstacles sans
fin.
droit
Sa-
la Confé-
rence de la
-
-
324
luons les Allemands qui ont compris depuis longtemps
que leur pays devait encore réaliser d'immenses progrès dans le domaine du droit des gens; que le nomen droit international
bre des spécialistes
beaucoup trop devait pas
1
la
encore
était
science allemande
ne
sur la réserve qu'elle avait observée
rester
jusqu'alors...
que
restreint,
Cependant,
il
ne
de com-
pas
suffisait
Beaucoup plus importante
battre la passivité.
et
plus
concluante était la constatation du professeur Schticking
de Marbourg droit,
il
universelle
tion
pour collaborer à l'avenir du une dose appréciable de concepmême une conception universelle
« Certes,
:
faut posséder et
Or,
progressiste.
elle
fait
précisément
l'Allemand nationaliste d'aujourd'hui
2
défaut
chez
».
manquait l'intérêt, il manquait la bonne volonté dans les domaines théorique et pratique de saIl
—
—
à l'organisation internationale du
crifier
droit,
même
la
plus petite parcelle de la souveraineté nationale.
Ces le
expliquent aussi
faits
Gouvernement allemand
rence de « la paix
».
le
scepticisme avec lequel
accueillit la
première Confé-
Les quelques instructions qu'avait
reçues son représentant scientifique, étaient toutes d'ordre
ne peut s'empêcher d'avoir
négatif, et l'on si
l'on
observe l'attitude
lui-même un parfois,
1 2
homme aux
au cours de
le
cœur
serré,
de ce savant allemand. Par sentiments généreux,
la Conférence,
soulevé
par la la vague qui
Voyez Heinrich Pohl, Aus Vôlkerrechl und Politik. Prof. D r Walther Schtiking. « Der Staatenverband der Haa
ger Konferenzen.
»
1912.
de
tentait
l'entraîner
l'organisation du droit, fidèle
Il
courant progressiste
le
était d'autre part,
de
en qualité de
Gouvernement allemand, obligé de
serviteur du
soutenir toujours
dans il
—
325
le
point de vue de ses mandataires.
d'examiner la position que
serait équitable
l'Empire allemand,
en consultant fidèlement
prit
actes
les
de la première Conférence de la Haye, pour déterminer la façon
dont se comportèrent ses représentants en pré-
sence de chaque question en particulier. Toutefois cette voie nous
conduirait trop
loin
le
;
Prof. Ph.
Zorn,
le
délégué scientifique de l'Allemagne, a plus tard précisé
lui-même et
les
conceptions du Gouvernement de l'Empire
nous ne saurions nous en référer à une source plus
autorisée.
Avant le
tout,
Zorn ne
laisse subsister, chez personne,
moindre doute au sujet de
Gouvernement contre claire,
la
répugnance de son
arbitrage.
tout
«
Une
assurée, ferme et calme, qui procède
nant avec de l'Etat
le
plus
grand soin
et les considérations
les
intérêts
politique
en examiparticuliers
générales ou plus spécia-
lement internationales qui se présentent, une politique tout aussi éloignée d'une apathie inactive et
d'aventures
moyens de
désordonnées,
fortune. Elle sait
n'a
que
pas
le travail
politiques et de sa diplomatie la protège
ce n'est que par ses propres
que d'intrigues besoin de ses
dans un cas
tels
au mieux,
moyens, après mûre
bération avec elle-même, qu'elle pourra décider fois,
de
hommes
particulier et
à
la
suite
déli-
par-
si
d'un
et
cons-
ciencieux examen, la ressource exceptionnelle d'un
ar-
aux
in-
bitre
ou d'un tribunal
arbitral serait favorable
térêts de l'Etat
inaugurée par
—
326
L'Empire allemand, selon sa politique
*.
homme
plus grand
le
d'Etat du 19 e siècle
(Bismarck), et jusqu'à ce jour, maintenue dans ses traditions, veut
comme
avant tout considérer ce point de vue
faisant autorité pour
lui.
Tant que ces
traditions
per-
nous n'avons nul besoin de tribunaux arbitraux permanents, comportant des conditions de caractère plus sisteront,
ou moins obligatoire » 2 On sait que pour conjurer .
danger de
le
on songeait à La Haye, à un autre moyen
En
Puissances amies.
à
Puissances étrangères de trouver, tion pacifique, par « médiation
donc ainsi
:
l'appel
:
aux
cas de conflits graves, on devrait
avant de prendre les armes,
l'avenir,
la guerre,
cet appel devait
La
».
il
si
solliciter
les
une solu-
possible,
question se posait
ou
être de règle,
laissé
à l'appréciation des Etats entrés en controverse? Point 1
II
faut remarquer qu'ici encore, les buts supérieurs de l'initia-
sont
d'arbitrage
tive
au
placer
complètement
premier plan les
passés sous silence,
« intérêts
de
l'Etat
Le
».
pour Prince
de Bûlow semble avoir absolument partagé ce point de vue, lorsque le
29 nov. 1907, devant l'assemblée du Reichstag,
il
remercia
le
La Haye, pour < Noire premier délégué à La Haye, baron les services rendus Marschall, v. a ménagé nos intérêts en connaissance de cause etc. » « La forme de cet éloge est simplement incompréhenreprésentant allemand à la deuxième Conférence de :
sible
pour moi
»
—
s'écriait alors
Bertha
v.
Suttner
—
«
40 Etats
donc envoyé leurs représentants à La Haye pour plaider avec zèle les intérêts de chaque Etat en particulier ? Ne s'agit-il ont-ils
pas
du
là
de
travail
de cette unité supérieure, qui devait ressortir Kampf um die Vermeidung des en commun des 40 ? »
l'intérêt
Weltkrieges. Vol. 2
—
II.
p. 69.
Ph. Zorn. Im neuen Reich, 1902.
p.
360.
vue allemand
de
:
«
-
327
chaque Etat peut rencontrer des
circonstances qui l'obligent à une décision par les armes
sans
médiation
L'Etat seul
préalable.
capable de décider sur ce point
comme une
pas considérer la
médiation
»
;
le
mêmes
les
pour
organisation,
lorsque parfois la presse les
faits
et
qu'en
et l'opinion
à
prin-
caractère obligatoire
On
de la commission internationale d'enquête.
à dénaturer
l'appel à
*.
pour se prononcer contre
visagé cette
et
ne pourra donc
l'on
obligation absolue
L'Empire allemand s'appuya sur cipes,
autorisé
est
avait en-
de
conflit,
publique
tendent
cas
exagérer des incidents
in-
une commission d'enquête étrangère et neutre, pût rétablir l'état de cause exact. L'Empire allemand, signifiants,
de concert avec les Etats balkaniques les
empiétements étrangers,
—
facultatif de la commission d'enquête
Dans
— qui
demandait .
ces trois questions on
;
caractère
2
abandonna engagements internationaux, assumer, étaient donc de nature spontanée obligatoire
craignaient le
les
le
caractère
qu'il fallait
—
ce qui ca-
Le délégué de l'Empire allemand nous apprend qu'enfin « en réalisation d'une exigence allemande », tout caractère obligatoire du triractérise assez leur valeur.
bunal arbitral fut rayé de nécessaire qui
d'entrer
ici
la
dans
convention les
détails
en résulta. Par contre, relevons 1
Zorn,
loc. cit. p.
362
et
comp.
les
à
actes
3 .
Il
n'est pas
du compromis l'honneur
du
de la 3 e séance
de comité du 31 mai 1899. 2
Documents de
la
3
Zorn,
p.
loc.
cit.
seizième séance du comité, du 18 juillet 1899. 366.
savant
allemand,
ce
-
328
pourtant jamais voulu
n'a
qu'il
avouer lui-même, mais que tout sait
:
compromis
ce
monde
le
dû qu'à
n'était
la
scientifique
personnalité de
M. Zorn, qui s'entremit à cette occasion et força son propre Gouvernement à faire la concession nécessaire *. Une rude lutte de principes dut avoir lieu dans
sphères
les
gouvernementales de l'Empire, avant que fut donné
le
consentements l'établissement d'un tribunal arbitral permanent, mais facultatif. Zorn décrivait la situation comme suit
« Il
:
isolée
est certain
que l'Allemagne resta complètement
en sa résistance.
tout-à-fait
Dans
ces circonstances
impossible d'éliminer
plus
•
était
il
longtemps
l'idée
mise en évidence avec tant de prépondérance, d'un bunal
—
arbitral
ou Allemagne s'en
l'alternative
suivante
tiendrait à
son refus
collaborer à la question, et
présenterait
ses
ou
contre-propositions.
et sérieuses discussions qui
coup
cadre de la Conférence,
le
fut adoptée, ce qui permit
de clore les
1
du
travaux de la
toute part on sut gré
et cesserait
elle s'associerait
longues
A
tri-
présentait
se
:
de
au projet suite
la
de
dépassaient de beau-
la
deuxième solution
du côté allemand, troisième commission. De reste,
à l'Allemagne de
cet
Comp. Wehberg, Haager Friedenskonferenz,
esprit
p.
de
6 et suiv.
:
«lorsqu'à la séance historique du comité du 9 juin 1899, Asser, le
comte Nigra
et
"Descamps (nous voudrions ajouter aussi
suisse Odier), eurent fait appel en conciliation de Zorn, en vertu de la
termes cordiaux, à
Je
délégué
l'esprit
de
grande responsabilité du comité
Zorn parvint, grâce à un du droit international, à convaincre l'Allemagne d'accepter au moins la Cour arbitrale permanente. » devant
l'histoire et
devant
les peuples,
esprit de décision éternellement glorieux devant l'histoire
—
—
329
conciliation qui sut triompher des plus graves scrupules,
danger du naufrage absolu de
et ainsi le
fut écarté
*
la
germes de
est impossible, en recherchant les
Il
Conférence
».
la
guerre, de passer sous silence cette opposition de l'Empire
allemand, qui
dans
amener des scènes presque tragiques
faillit
L'homme
la salle des Conférences.
qui,
en qualité de
représentant de l'Allemagne à la Conférence, tenta de jeter sur l'abîme
un pont, quoique étant lui-même
de cette école
rigoureusement positiviste du droit des
gens, où le orientation,
Gouvernement impérial avait
puisait
accompli ce jour-là
la
le
chef
au besoin son plus grande
Ce jugement ne nous appartient pas, de plus compétents l'ont formulé, parmi lesquels... le
action de sa vie.
lui-même.
L'un
a sept ans,
dans
savant allemand écrivait «
à
il
y
un moment
lorsqu'en 1899
il
de sa
de
triompha de
la
admirateurs
lettre
privée
:
un
initiateur,
résistance
allemande
Zorn
vie,
ses
une fut
à la cour d'arbitrage. Depuis cette époque Zorn est en contradiction avec lui-même
;
ou non au mouvement
rallier
Dans l'Empire allemand,
ne
il
sait
pas
s'il
doit se
pacifique.... > l'idée
d'une cour d'arbi-
trage facultative était donc une idée initiatrice, à une
époque où d'autres Grandes Puissances examinaient des propositions concernant l'institution de l'arbitrage gatoire,
Forum
les avaient
élaborées et
des peuples. Et, lorsque
intervenir auprès de son cette concession initiatrice, 1
Zorn,
loc.
cit.
p. 370,
le
obli-
présentées devant
le
délégué allemand osa
Gouvernement en faveur de intérieur, l'homme
dans son for
—
-
330
avait dû se
séparer du fonctionnaire d'Etat
Ce
lutte.
l'«
une
fut
Ecole de
Bonn
prussien.
que Zorn, fondateur de lui-même habitué à concevoir
Car, bien »,
fût
au progrès des peuples, en preau point de vue national, il sentit, sous l'impression « de la solennité de cette heure où les repré-
les questions relatives
mier
lieu
sentants des Etats civilisés avaient à se prononcer sur
un des problèmes x
posés
»,
qu'il
les plus
ne
lui
importants qui puissent être
était
pas permis de
se
fermer
complètement aux vœux de tout un monde.
Mais huit ans plus
tard,
l'Empire
allemand avait
d'autres représentants dans la capitale néerlandaise.
A
deuxième Conférence de 1907, aucunes concessions en faveur de l'organisation de la paix ne purent être
la
arrachées aux principes Ainsi s'évanouit
d'Etat
le résultat,
de
Donc en 1907, encore
avait cru plus certain que jamais.
une
fois
sances,
et
malgré
le
l'Empire allemand.
que de bien des côtés on
chaud appui des autres Puis-
l'arbitrage obligatoire ne prévalut pas.
M. Wehberg, l'auteur allemand de droit international bien connu, qui se dévoilait peu à peu comme un partisan ardent
des aspirations pacifiques,
s'est,
à
de quelques-uns de ses congénères, amèrement
l'instar
plaint
du sort réservé à l'arbitrage obligatoire, lors de la deuxième Conférence de La Haye « Au lieu du délégué allemand Zorn qui, en 1899, avait rendu de si grands services et aurait peut-être pu aider la Conférence à passer le point mort, on avait précisément envoyé d'au:
tres
hommes, 1
le
baron Marschall
et
M. Kriege,
Tiré du discours de Zorn à la séance du 9 juin 1899.
qui
-
—
331
certes firent preuve de brillantes qualités
au service de
mais n'étaient pas enclins à des concessions en faveur de cette question de l'arbitrage obligatoire.... Si en l'Etat,
dehors de l'Allemagne,
presque tous les Etats
s'effor-
çaient de faire triompher cette idée, cela prouve qu'elle
Les représentants allemands
à maturité.
était arrivée
qu'avec
croyaient
de l'arbitrage obligatoire
la victoire
on cherchait avant tout à domaine juridique, mais en
réaliser
politique et moral.
du
Il
faut,
un
progrès dans
reste, se
le
un progrès
réalité c'eût été
garder de sépa-
Conférences de la paix de cette grande idée à
rer les
laquelle elles doivent leur naissance, soit le
Si l'arbitrage obligatoire
pacifiste...
mouvement
en lui-même, n'est
qu'une suite naturelle du raffermissement de l'organisation internationale,
pour
l'instant
seulement en
toutefois la constatation formelle, à la
rence de la Haye, que
eux
était
bitrage
la
confiance des peuples entre
assez grande pour que l'on pût instituer
obligatoire,
aurait
eu sans
valeur morale, et aurait contribué fortifier la confiance réciproque.
tative avorta,
équivaut à une
Conférence elle-même, que pouvoir accepter défaut
1
une fait
de plus à
fois
que
cette ten-
preuve fournie
par
la confiance nécessaire
l'arbitrage
obligatoire
l'ar-
une grande
faisait
la
pour
encore
.
la
assez
Le
doute
l
Certainement; mais
que
formation,
deuxième Confé-
classe
clair
dirigeante
dans
Hans Wehberg,
renzen, p. 30 et suiv.
l'âme die
il
faut reconnaître
d'Allemagne de
l'humanité
Abkommen
ne
avant tout voyait
moderne.
pas
Le
der Haager Friedenskonfe-
Keim
général von «
rêverie
se
sentimentale
plaignait
Dans
».
être,
souleva
il
en somme,
le
rance de la paix à
question
cette
s'adonnât à la
groupe
le
nomme
de l'association militaire qui se verein»,
qu'on
:
«
de
Cassel
Deutscher Wehr-
«
quel peut bien
but pratique de la fameuse Confé-
La Haye?
Il
est regrettable d'avoir
consacré 100 000 marks à la construction du Palais des Conférences,
aurait
il
mieux valu donner cet argent à » Puis, au mois de mai de la
des vétérans besoigneux.
même
année, ce
générale de cette
breux public,
magne le
était
même héros prétendit à l'assemblée même association, devant un très nom-
que tout mouvement
dangereux.
— Or,
Deutscher Wehrverein,
pacifiste
en Alle-
cette création toute récente,
s'était
accru dès la première
année de son existence, de 50 000 membres particuliers et
de 190 000 membres
magne ne
affiliés
collectivement.
paraissait pas en danger de devenir
time du pacifisme
Le journal
«
Reichsbote»
a,
mars 1913
de l'Allemagne
et
vic-
quelques années plus tard,
La Haye, mais encore
vant, le 14
L'Alle-
une
!
mis en lumière, non seulement échecs de
—
:
«
les
conséquences
des
en
écri-
leur origine,
Les dépenses considérables
de la France pour l'augmentation de
l'armée, le constant accroissement des flottes de
en Europe, ne permettaient pas de douter que
combat
les idées
sur lesquelles se basaient, en leur temps, les Conférences de la paix à
La Haye,
n'eussent été dépassées par
Le point de vue belliqueux dans le monde a, depuis bien des années, rudement réfuté les objections mo-
l'histoire.
rales des
amis absolus de
mondiale ne
signifie
pas
la paix...
l'ordre,
mais
la soi-disant paix le chaos... »
— Et
dans
Les milieux
«
—
du peuple assagi
l'attitude
lusion.
333
fut aussi
les plus vastes
désil-
pays de langue allemande, se montrèrent abso-
les
lument indifférents aux travaux de
La Haye.
rence de
la
deuxième Conféque débute
C'est en ces termes
»
livre d'Alfred Fried plissait
une
de la population,
K
«
le
Le grand devenir qui s'accom-
pendant
l'été
1907
peu
l'ont
reconnu. Plus tard seulement, la
daise, bien
dans
la
Résidence hollan-
masse comprit quelle lutte sublime pour le progrès s'est déroulée à La Haye, durant ces quatre mois mémorables. » Et après avoir approfondi, en un ouvrage de 200 pages, les antagonismes d'opinions, il en vient « C'est donc l'Alleaussi à conclure par ce jugement magne qui est responsable, si l'année 1907 n'a pas vu l'adoption de l'arbitrage obligatoire... Par son atti:
tude obstinée et irréconciliable
prononcée
d'une
majorité
vis-à-vis
de la volonté
compacte,
d'Etats
auxquels
appartenaient les plus grands d'entre les Etats civilisés,
l'Allemagne n'a pas augmenté les sympathies qu'on a
pour
elle
dans
monde.
le
que
plus grande faute
Cette
attitude
la politique
mise à l'époque postbismarckienne.
Nous ne voulons des
et autrichiennes.
rien ajouter
ici
constitue la
allemande
ait
com-
»
à ces voix alleman-
Cependant pour compléter, relevons
encore qu'à la deuxième Conférence de La Haye, on avait tenté finalement d'établir une convention d'arbitrage obli1
Alfred H. Fried, die zweite Haager Konferenz, Leipzig, 1907,
p. 201.
dans
On
les
loc. cit,
peut se renseigner sur l'attitude du Reichstag allemand
copieuses notes marginales de Mad. Bertha v. Suttner;
surtout vol.
II.
p. 29.
-
au moins pour
gatoire, tout
Que cela
Monsieur
32 Etats qui la désiraient. von Bieberstein ait appelé
les
Marschall
une tentative de
—
334
à la minorité,
faire violence
et dé-
que l'adoption d'une telle proposition mettrait en danger l'avenir des Conférences de La Haye que d'autre claré
;
majorité ait
part, la
renoncé, pour sauver ces Confé-
une organisation qui aurait provoqué
rences, à créer
désapprobation de l'Allemagne,... ce sont là des historiques
découlent
qui
Conférence de
des
vantage
par
;
contre,
nement
de
l'Empire telle
de nous en préoccuper da-
d'Etat
a-t-il,
dans
débats de la Conférence de
tionale,
quel but
«
les
Gouver-
le
poursuivi,
1
en
Les hommes politiques protocoles
La Haye,
officiels
des
les clefs
de cer-
la vie politique
interna-
dont l'Allemagne n'aura aucune raison
satisfaite.
Au
:
en somme,
événements ultérieurs de
tains
que Fried
question s'impose,
attitude ?
sûrement
trouveront
la
hommes
soumit alors aux adoptant une
deuxième
de la
Haye.
la
n'est pas nécessaire
Il
actes
la
faits
d'être
»
titulaire
du prix Nobel pour
la paix,
nous pou-
vons répondre aujourd'hui, que nous cherchons
ici
ces
clefs
L'attitude
ère de la (olitique
ondiale.
du Gouvernement allemand à
la
première
Conférence de La Haye fournit la meilleure preuve que }'E
m pi re
pement. 1
envisageait pour l'avenir un puissant dévelop-
Les dirigeants de l'Allemagne se proposaient
Fried. loc.
cit.
p. 200.
-
—
335
de ne reculer devant rien pour réaliser cette ambition politique, militaire
Pour marcher avec
économique.
et
sécurité vers le but posé,
comptaient s'en tenir aux
ils
anciens moyens de la politique,
et
pour cela
ils
pouvaient
s'appuyer en toute tranquillité sur les ressources physiques,
matérielles
l'Europe
—
pour
encore menacé.
—
«
et
morales
du peuple. Le repos de
le
moment
—
La
ne s'en
trouvait
pas
paix ne sera jamais mieux garantie
avait affirmé l'Empereur Guillaume avant la Confé-
rence de
La Haye
—
que par une armée allemande
bien préparée à l'attaque et au combat.
Au
commença
tournant du siècle
1
»
la période
aiguë
de luttes, désormais latentes, contre les rivaux de l'Al-
lemagne; l'Empire de
«
l'Entente
»
était
entouré d'adversaires. Les ponts
que l'Angleterre avait
sur la France
jetés,
d'abord, puis sur la Russie, enserraient le bloc formidable
des Puissances Centrales,
que Bismarck avait autrefois
forgé pour servir de base au développement de la Puis-
sance allemande. La
future
dorénavant une politique de
politique force,
par l'Allemagne, qui veut vivre parmi Puissances en jeune géant,
et cela
européenne sera
en général stimulée le
Concert des
à sa manière.
Depuis que l'Allemagne avait entrepris une
poli-
Gouvernement ne pouvait, avant
tout,
tique mondiale, le
plus admettre que d'importants accords politiques fussent
conclus sans que Berlin eût été consulté préalablement.
De
cette
décision
naquit la
crise
allemand ignorait volontairement
1
Discours du 7 septembre 1898.
du Maroc: l'Empire
le traité
de 1904 entre
—
—
336
l'Angleterre et la France
1 ;
il
ne s'y sentait pas
Gouvernement de l'Empire n'admit pas en avant par
la
France
:
que jusque
lié.
Le
mis l'Allemagne ne
ce prétexte
là,
nullement souciée de la politique méditerranéenne.
s'était
Lorsqu'au commencement de 1905, la Russie parut suc-
comber en Mandchourie, le prince de Bulow estima que moment était venu de souligner son droit de prendre
le
part à la conversation concernant les affaires du Maroc.
Le voyage de l'Empereur à Tanger
devait exprimer clai-
rement
;
pas à
les intentions de
éclater.
Pour
la
l'Allemagne
première
fois
la
tempête ne tarda
l'Allemagne se mêla
de la politique coloniale française, pour la première fois elle se
présenta tout équipée devant les Puissances qui
la « cernaient. »
sistance
En
française
présence de cette attitude,
s'écroula,
des
ministre
le
la
ré-
affaires
étrangères fut congédié, et lorsque la France et l'Angleterre durent
s'accommoder de
l'Empire allemand prouva la nouvelle et
La
la
Conférence d'Algésiras,
dangereuse situation.
volonté de
à la hauteur de
qu'il était
l'Entente était
2
\)
risée
de la France soignait les blessures que le
;
l'allié
russe
lui avait faites
Japon, et en 1906, la politique maritime de l'Alle-
magne procéda à
la
construction
de
dreadnoughts
et
de torpilleurs.
Peu après,
l'Allemagne
intérêts en Orient,
par dessus tout, 1
Voy.
2
Comp.
p.
119 p.
85
triompha encore
une nouvelle épreuve:
adversaires dans
ceux de son
le prestige
202
de
ses
fois
ses
austro-hongrois, et
de la Triple- Alliance étaient
et suiv. et
allié
cette
et suiv.
Lorsque
en jeu.
la
337
bosniaque éclata,
crise
longtemps que l'époque
—
était passée,
il
tendait qu'il ne lisait jamais le courrier d'Orient.
que
difficulté
l'annexion
des
deux
causa à l'Allemagne, consistait en
y avait
où Bismarck pré-
La
la position
seule
turques
provinces
ambiguë
l'Empire en tant qu'allié de l'Autriche-Hongrie
de
et
protecteur de la Turquie. Cette situation contraignit en
1908
nexion.
Bulow à
chancelier von
le
Une
allemand,
déclarer au Reichstag
su de l'époque ni de la forme de l'an-
qu'il n'avait rien
fois le
Sultan tranquillisé,
par ses déclarations
et
le
Gouvernement
son attitude, mit
les
adversaires de l'annexion dans l'alternative de reconnaître le
nouvel état de choses ou de relever
sances Centrales.
au fourreau,
*
De nouveau
et bientôt après,
Reichstag un
senta au
projet
le défi
des Puis-
l'épée de l'Entente rentra le
Prince de
Bulow
pré-
d'impôts qui demandait
500 millions pour l'armée. 1
Comp.
brochure de
p. 86-87,
Tommaso
236 et suiv. jugement de
152 et
suiv.,
Tittoni
(le
Il
faut lire dans la
l'histoire sur la res-
ponsabilité de la guerre) les deux chapitres sur la crise de 1909. Les renseignements inédits de l'ancien Ambassadeur italien sont du plus haut intérêt, car ils prouvent qu'au moment où l'Italie cherchait, de concert avec l'Angleterre, à solutionner le conflit par le
moyen
ainsi
le plus
normal d'une Conférence internationale
une situation
stable, l'Allemagne, avertie
et
de créer
de ce projet,
le fit
avorter immédiatement. Elle arracha à la Russie, par une démarche
diplomatique très énergique,
Bosnie
et
le
consentement à l'annexion de
de l'Herzégovine. Plaçant ainsi l'Europe devant un
accompli, elle pouvait déclarer à
Conférence des Puissances
était
Rome que désormais
la
la fait
convocation d'une
inutile. Cette solution
brusque n'a pas été sans laisser un ressentiment des plus dangeet dont l'influence sur les événements de 1914 est difficile à
reux
évaluer. 22
— Maintenant que
—
338 France
la
était surveillée
que l'Autriche-Hongrie avait remporté dans
une
victoire diplomatique
sance militaire sur terre la politique
orientale
programme
toute
et
que
sur la Russie,
sur
mer
au Maroc,
les
Balkans la puis-
touchait à son apogée,
allemande pouvait rayer de son
Paul Rohrbach
hésitation.
dit: «
A
Gonstantinople se croisent des intérêts politiques russes et allemands...
Nous avons
intérêt à ce
l'Asie antérieure encore inexplorés,
loppement économique,
si
que ces domaines de propices au déve-
si
précieux pour
le
ravitaillement
de notre pays, par l'importance de leurs matières premières, coton, laine et pétrole, que ces domaines restent
ouverts au
au Rohrbach
allemand,
capital
commerce allemand.
»
allemand,
travail
au
encore allusion à
fait
la lutte vitale entreprise contre l'Angleterre
:
«
Nous avons
encore intérêt à ce qu'en Asie antérieure, une Puissance
indépendante reste cer
là,
par laquelle nous puissions exer-
une pression sur l'Empire britannique à son
le plus sensible,
Si nous ne
à
la frontière
réussissons
point
de l'Inde et en Egypte.
pas à trouver un
point
d'où
menacer les intérêts vitaux britanniques, nous serons condamnés à un désanous puissions, de notre
côté,
vantage constant vis-à-vis de l'Angleterre.
les
problèmes
présentaient à la politique mondiale
allemande,
Ces qui se
» *
phrases
quelques
esquissent
au commencement du siècle. Après les préparations économiques et autres en Turquie, dont nous avons déjà parlé, le futur
à
chemin de
la pénétration pacifique 1
Wochenschrift
:
fer de
Bagdad devait
de l'Orient*
Deutsche Politik du
l
et or
devait
mai 1916.
servir
aussi
— conduire, en réalité,
A
nique.
—
339
au cœur de
la première concession de
société allemande
avait
obtenue
puissance
britani-
voie ferrée,
qu'une
la
en 1888, succédèrent
d'autres embranchements, en 1893, 1903,
1908
1911:
et
l'entreprise partant de la partie orientale de la Méditer-
devait
ranée,
créer
une communication avec
Golfe
le
Persique en passant par Bagdad et donner à la vie éco-
nomique de
la
Turquie une nouvelle
et
grandiose artère.
Ce projet engendra l'un des conflits les plus aigus et les plus profonds avec l'Angleterre, qui
nace pour sa situation en Perse, au
y voyait une mepied du rempart
de l'Inde, pour l'Inde même, pour l'Egypte et pour
le
canal de Suez. Depuis longtemps, tout ce qui, dans l'Empire ottoman, était considéré
sivement à
la
comme
appartenant exclu-
domination de l'Angleterre
et
de la Russie,
de plus en plus tombé sous l'influence allemande.
était
Maintenant
le
bras de l'Allemagne semblait s'étendre
jusqu'au cœur de la situation universelle de l'Angleterre. 1
L'expansion croissante des Allemands rencontra la méfiance toujours plus 1
vive de
ses
adversaires
2 .
La
Comp. Alex. v. Mûller, loc. cit. p. 818. Comp. aussi Cari < Zum « Unser tûrkischer Bundesgenosse » dans
H. Becker
:
:
geschichtlichen Verstandnis des grossen Krieges
Le chemin de
« *
en février 1911
—
fer
est le
de Bagdad frère
— écrivait
Gabriel Hanotaux
du plan naval qui décida de
construction hâtive des dreadnoughts allemands.
pourquoi l'Allemagne se lançait,
».
si
On ne
la
vit d'abord,
précipitamment, dans ces affaires
L'Allemagne prépare de loin ses positions stratégiques en vue d'une opération militaire ou diplomatique
gigantesques
et coûteuses.
à large envergure, qui paraît, bien décidément, dirigée contre l'Angleterre
:
un énorme croissant allonge ses deux cornes sur
le
monde,
— «
poussée vers l'Est
»
—
340
de l'économie nationale
menacer
politique allemande, semblait devait,
garantir
disait-on,
poussée
cette
la
matie russe accorda toute
liberté
Mais
Europe.
Potsdam
russo-allemands de 1911,
que
:
en 1911, la diplo-
à
la diplomatie alle-
On
sur la route de Bagdad.
après les pourparlers de
se
en
paix
de la
et
équilibre qui
puissante pour braver la force
était assez
de résistance de la Triple-Entente
mande
cet
la
prétendait
même,
après les accords
et
Russie commençait à
détacher de la Triple-Entente.
De
ce jour,
on se
mit à négocier entre Grandes Puissances, jusqu'à ce
que l'Allemagne
ait
obtenu entière satisfaction sur la
question du chemin de fer de Bagdad
1 .
En même temps
on chercha, jusqu'au déchaînement de
la
guerre,
les
moyens de parvenir entre l'Angleterre et l'Empire Allemand, à une convention qui aurait tenu compte des besoins de développement des Allemands et des intérêts anglais,
et
aurait
armements de
rendu possible une limitation
la flotte.
Mais
les
des
Puissances en présence
ne pouvait laisdeconstamment sans trembler
étaient si formidables, qu'aucune d'elles
ser son bras s'affaiblir,
depuis la mer du Nord jusqu'au Golfe Persique.... » Revue Hebdomadaire. 1
que l'Abassadeur Tittoni le 24 juin 1915 « Ainsi, par une étrange contradiction, par une cruelle ironie, la guerre a éclaté, non pas tandis que s'agitaient entre l'Allemagne et les autres nations des conflits d'intérêts, mais seuleC'est en faisant allusion à ce
fait,
a pu affirmer dans son discours prononcé au Trocadéro :
ment après que toutes les questions qui, impliquant des questions d'intérêt, auraient pu la provoquer, avaient été pacifiquement réglées
»...
-
-
341
Le Concert des Etats Européens ne connaissait encore aucune garantie juridique pour vant son adversaire.
l'existence ultérieure des peuples; l'unique sécurité con-
dans la
sistait
toujours plus
La
force,
il
fallut
donc serrer
les
poings
fort.
du Maroc, en 1911, se dénoua sans catasau mécontentement des deux parties l'Allemagne et la France. Pendant six mois, l'Europe crise
mais
trophe,
:
à deux doigts de la guerre, tandis que la France payait aux Allemands un tribut pour sa sphère
avait été
en
d'influence
Afrique,
tribut
que l'opinion publique
allemande trouva généralement insuffisant. Dans
cette at-
mosphère d'orage, la mission Haldane envoyée à Berlin pour amorcer de meilleures relations, semblait un canon météorologique impuissant à empêcher le nuage de crever 1 En cette même année 1912, la mise en état d'une troisième escadre allemande composée des nouveaux sous-marins, paraissait mieux appropriée aux cirune nouvelle loi concerconstances. Suivirent encore .
:
nant
le service militaire
;
en 1913, la création d'une
flotte
aérienne et l'adoption de la dernière et de la plus formidable loi visant l'augmentation de l'armée.
Peu avant
cette
époque, l'Empereur
d'Allemagne
avait coutume, après les chasses de Dôberitz, pendant que les
chiens se
cercle
pressaient
autour du sanglier, de tenir
au milieu des hôtes de
suivaient d'un œil intrigué
1
français,
Voyez
p.
232
et
durait
et suivantes.
Les
invités
une conversation qui avait
lieu assez régulièrement entre le
militaire
la chasse.
Monarque
souvent une
et l'attaché
demi-heure.
En
—
à
rentrant
342
cheval
nous
occupe
qui
aujourd'hui,
Guerre en France, une place tout songeur
—
-
entendions
à
cet
L'Empereur Guillaume aime
:
proposé de mourir Empereur pacifique,
vivre
comme
dans
notaux avait
en 1909
écrit
:
Tout
il
de sur-
et
monde
le
la
répéter
— Et M. Ha-
l'histoire universelle. «
—
la paix,
s'est
tel,
de
direction
la
importante
très
officier
est d'ac-
cord pour reconnaître que l'Empereur Guillaume est un pacifique... Il
a
Dans
ses preuves.
fait
les crises qui se
sont produites entre l'Allemagne et les autres Puissances,
on s'entend à reconnaître dangereuses
solutions
qu'il
et
qu'il n'a
a
pas poussé aux
même
parfois hésité
avant de se prêter aux démarches risquées. Ce sont des garanties
dont l'Europe a besoin, au
graves problèmes
sieurs
de nouveau
».
le
moment ou
et la crise
même
dent jugement:
du Maroc
lliqueux.
peu
effet
était déjà résolue,
auteur confirmait en 1912, son précé-
L'Empereur Guillaume a donné des
«
preuves peu douteuses de son esprit pacifique
..'esprit
plu-
posés ou vont se poser
Ces problèmes se posèrent en
de temps après lorsque
sont
1
...».
Lorsqu'à la première commission de la première Conférence
de
La Haye, on discuta armements
d'une suspension des
proposition
la
russe
militaires, le délégué
allemand, colonel Gross von Schwarzhoff s'adressant à
ceux qui se plaignaient des charges financières écrasantes,
prononça
la
mand ne succombe 1
Hanot&ux,
phrase suivante
pas sous
loc. cit. février
le faix
1912.
:
« le
peuple
de ses impôts,
il
alle-
n'est
— pas au bord de l'abîme,
sement
et
de la ruine.
-
343
ne va pas au devant de l'épui-
il
Au
contraire
».
—
Bientôt la terre
se referma sur ce projet éphémère, qui prétendait arrê-
développement des forces militaires en
ter le formidable
Europe.
Nous retrouvons donc cher qu'on opposât et
Un examen une
lement
avant tout
la volonté
déterminée,
politique
idée
et essentiellement
à sa place dans
la progression
l'Em-
de cette thèse, qui ne reflète pas
le
Par contre,
mais
—
ne serait guère
cadre de notre concise étude le
nous incombe,
devoir
du moins en lumière
position
la
seu-
exprime
une conception universelle
(Weltanschauung) bien caractéristique rique.
absolue d'empê-
la puissance militaire de
à l'emploi éventuel de
pire.
ici
moindre obstacle à
le
spéciale
histo-
de mettre de
l'Alle-
magne dans ces questions de principes, parce qu'elle a, nous en sommes persuadés, fortement influencé sinon dirigé le cours des événements.
Ce qui se
n'est pas
trouve
seulement
dans
monde contemporain.
A
le
Gouvernement de l'Empire
isolée vis-à-vis du un point de vue plus général,
cette
position
un courant d'hommes
s'y accroche, dont le recrutement
commence auprès des
nationaux-libéraux, augmente pro-
gressivement
dans
les
partis
de
droite,
pour
trouver
enfin ses adeptes les plus unanimes, en dehors des partis
parlementaires,
les
noms
parmi
les associations
connues sous
de: Alldeutscher Verband, Flottenverein,
Wehr-
verein, et d'autres organisations semblables.
Au
lieu de tenter d'analyser
spirituelle de ces
nous-même
la
tendance
groupes composés d'hommes passioné-
— ment
-
344
nationalistes, défavorables par principe, à tous les
problèmes modernes internationaux, nous préférons
Nous
ser la parole à leurs représentants.
dans ce but, d'un recueil de avant
le
déchainement de
connu
droit bien
et très
pold, sous le titre
nous ne parlerons pas à la
excitation
insensées pour
le
de
ici
«
un an
professeur de
Dr
estimé en Allemagne,
1
chauvinisme
.»
Nip-
Mais
de banale
»
non plus que des exigences
guerre, le
par
Le chauvinisme allemand
«
:
la guerre,
ferons usage,
publiées
citations,
lais-
renforcement de l'armée, ni des inju-
res souvent sordides, que de grands organes de la presse
des
Etats
voisins
nous
:
civilisés
lancent
à une
livrer
1
résultats analogues Stuttgart,
Berlin,
comme
enquête semblable etc., 2 .
Leipzig
nous
qui
Dans 1913.
des
face
la
autrement nous aurions dû,
France, en Angleterre,
à des
à
en Russie, aurait
tous les
Dans
peuples
de juste,
la
en
conduit
pays som-
préface
de son
Sans aucun doute, au cours de la dernière décade, le chauvinisme a considérablement augmenté en Allemagne.,. Beaucoup d'Allemands m'ont exprimé leur étonnement de ce que l'âme populaire germanique se soit modifiée de fond en comble ces dernières années. Je puis aussi constater par ma propre expérience, qu'en rentrant en Allemagne après une longue livre,
Nippold
dit
«
:
absence, je fus étonné de cette transformation de l'âme populaire,
en ce qui concernait les questions nationales... > — Nous trouvons « Par suite de cet état, il semble que dans dans la conclusion la population d'aucun autre pays, l'on ne parle autant de la guerre :
qu'en Allemagne. Devant cet éternel bavardage belliqueux, on a l'impression
de vivre
dans une atmosphère grosse de menaces
guerrières. » 2
Par contre, à ces messieurs du ministère des
gères à Vienne,
qui ont établi
le dossier
affaires étran-
contre la Serbie et ont,
-
—
345
meille un sentiment d'honneur national suraigu qui est
toujours prêt,
même
un incident en
si
cela — à
sans
fournit l'occasion
livrer envers
se
— ou
peuple voisin
le
ou son Gouvernement, à des accès de colère haineux. D'autre part,
il
se trouve dans toutes les nations,
cer-
tains milieux, qui, à la poursuite de buts politiques, cher-
chent, par dessus les têtes des chefs de l'Etat, à enflam-
mer
le
peuple en faveur
qu'aucun
ne
sacrifice
d'une action guerrière, parce
leur
paraît
trop
grand pour
la
réalisation de leur idéal. Il
donc
s'agit
d'indiquer aussi
ici
conceptions
certaines
possible,
brièvement
particulières
à
que
l'esprit
conservateur allemand, conceptions qui ne peuvent être
avec
identifiées
le
fanatisme national qui foisonne dans les
autres Etats. Elles vont encore beaucoup plus loin, en aper-
cevant dans l'institution de la guerre, non un éventuel, mais
L'on peut envisager résultat
naturel de
ou avec aversion dans
les
—
la guerre
toute
avec enthousiasme
bonne éducation
comme
milieux bourgeois
la considère
militaire
habituellement
c'est
de tous les pays
cependant en général, que
un moyen de
moyen
un idéal nécessaire.
parvenir à un
but.
—
le
—
— cas
on ne
comme un moyen;
Mais en Allemagne,
nous rencontrons dans certaines sphères, de l'enthousiasme pour
la guerre
tant qu'événement dans l'annexe
un
florilège
chaudement allemands.
1
en elle-même, pour
(livre
rouge, p. 48 et
des voix de la presse les citations recueillies
Ils
la guerre
en
— enthousiasme singulièrement roma-
pourront comparer.
suiv.)
serbe,
présenté
nous
an monde
recommandons
par Nippold dans les journaux
—
346
-
nesque. Le Courrier de la Jeune-Allemagne, revue pour
dans son numéro du 25 janvier
la jeunesse allemande,
1913, loue la guerre en ces termes la plus
tout
sublime
manifestation
« la
:
sainte de
sonnera bien
Elle
entière...
plus
la
et
une
l'heure magnifique, l'heure joyeuse de
humaine
l'action fois
la
pour nous,
lutte.
En
ces
jours d'attente anxieuse où l'on n'ose encore exprimer sa joie
que secrètement,
cet ancien appel
au combat se réper-
cutera dans tous les cœurs, volera de bouche en bouche „ Avec Dieu pour
le
Roi
et
pour
la Patrie
!..."
:
Oui, ce sera
une heure joyeuse, sublime, que nous pouvons souhaiter dans le secret de nos cœurs. Exprimer tout haut le
vœu
de la guerre est souvent une vaine forfanterie, un
ridicule cliquetis de sabres.
Mais
le plaisir
de la guerre,
le désir qu'on en éprouve, doit vivre en silence
des
cœurs allemands...
Rions donc à gorge
des vieilles femmes déguisées en la guerre et
disent
la
guerre est belle.
homme,
épouvantable ou
Sa sublime grandeur
au fond déployée
qui craignent laide.
élève le
Non
la
cœur de
l'homme au-dessus de la matière et de la trivialité... De telles heures nous attendent. Nous voulons les envisager virilement, sachant bien qu'il est plus beau, plus exquis, lorsqu'elles sont passées, de survivre dans l'église, inscrit
au tableau héroïque, que de mourir inconnu dans
son
lit.
»
L'on ne doit
pas
dit
sacrifier
ici,
sa vie
pourquoi à la
aperçoit au-delà de cette victoire.
pour la guerre c[re
un
;
la
victoire,
quel
résultat
l'on
On demande
la guerre
un moyen
d'attein-
la guerre n'est plus
but, elle est
jeunesse allemande
un oui absolu,
Ou
bien elle remplit
ment de
-
347
un but
civilisateur
:
«
La
guerre, élé-
civilisation, créatrice et soutien des Etats », tel
dans les Berliner Nachrichten du 24 décembre 1912. On lui souhaite là une large diffusion « dans l'intérêt de la lutte contre le pacifisme, malheureusement aussi propagé est le titre d'une publication analysée
neueste
chez nous,
et
de la renaissance de
On
de notre peuple.
fournit
ici
l'esprit belliqueux
d'une façon complète et
avec une rare évidence la preuve que la guerre n'est
un élément, mais l'élément
seulement
pas
principal,
n'est pas seulement la créatrice et le soutien de la vraie
mais que sans elle, une société bien orgaun Etat fort ne peuvent naître, ni se maintenir longtemps... Tandis que l'auteur reconnaît ainsi la guerre comme élément d'une constitution divine du monde, il ne méconnaît nullement les bienfaits de la paix comme facteur complémentaire, destiné à compléter en quelque civilisation,
nisée,
sorte
l'élément principal
tion
la guerre
:
Dans
le
!
de vraie
et véritable civilisa-
>
numéro du 25 octobre 1912 de
la
même
nous trouvons un rapport concernant une assem-
feuille,
blée du groupe de Berlin de l'association pangermaniste, et les
opinions
du principal orateur
teur eut montré que
puissance
la lutte
n'a jamais pu
«
:
Lorsque
pour l'existence
être
sous
évitée,
et
l'ora-
pour
la
n'importe
quelle forme, ni à l'état de naissance ni dans la civilisation la plus élevée,
de cette
lutte.
Il
il
resta
compara hors
de
les diverses possibilités
doute,
que
la
guerre
normale
est
tualités,
non seulement au point de vue biologique
la
meilleure
et
la
plus
noble
des évenet
vraiment
mais
civilisateur,
—
348
qu'elle devient
abso-
parfois
lument nécessaire pour l'existence de l'Etat et de la société... Un grand nombre d'écrivains militaires et
—
maritimes participèrent à la discussion qui tant
aux développements de
chef-d'œuvre
mèrent
le
«
morale de
de la
vœu que
suivit, prê-
l'orateur le caractère d'un la
guerre
ces excellentes idées
».
expri-
Ils
fussent large-
ment propagées dans le peuple. » La thèse de la guerre préventive rassemble toujours davantage d'adeptes. Cette thèse veut que l'on prévienne danger,
le
c'est-à-dire la véritable
qu'on écrase versaire «
le
voisin
avant
qu'il
cause de la guerre, ne devienne un ad-
:
Quels sont donc
les
hommes
qui se distinguent le
—
plus dans l'histoire de la nation, demande la Post du 28 janvier 1912 quels sont ceux auxquels les cœurs allemands portent le plus d'amour? Seraient-ce Goethe, Schiller, Wagner, Marx? non, mais Barberousse, Frédéric-le-Grand, Blùcher, Moltke, Bismarck;
—
ces rudes
des
hommes
millions
sanguinaires!
Eux
qui
sentiments les plus tendres,
réserve ses
ont sacrifié
de vies, c'est à eux que l'âme populaire
vraiment reconnaissante.
Parce qu'ils
son adoration
ont
fait
ce
que
nous devrions faire maintenant... Et pourtant notre peuple
n'applique
nation
sait,
pas
leurs
principes...
Chacun
que seule l'agression nous sauvera
—
sait,
et
la
pour-
tant le cri précurseur de cette agression ne retentit pas.
On
l'entend
comme un murmure
cafés. Cette défensive
ne signifie
autour des tables des
allemande est un suicide. La paix
pas seulernent
la
honte, mais aussi la fin
r
Beaucoup savent
—
349 tous
cela,
l'éprouvent
Et
peut-être.
pourtant! et pourtant!... Mais où est aujourd'hui l'homme qui entraînera
dans
peuple
le
l'arène
pour parler
nous,
Si
secret!...
estimons que la guerre
et
avec
elle,
en
désire
qu'il
d'une façon
générale,
plus grand dé-
le
ploiement de forces nationales dont un peuple soit capable,
est
à la base de
de notre peuple, c'est
l'intérêt
uniquement parce que nous pensons que c'est le seul moyen capable de nous sauver de notre engourdisse-
ment
et
de notre amollissement physique et psychique,
persistant et sans issue... >
Les Hamburger Nachrichten soutiennent aussi
le
point de vue d'une lutte préventive décisive, et estiment le
8 mars 1913, que
vrait «
souligner
«
deux
le
cela
»
et trois fois,
Gouvernement de l'Empire devant
le
peuple
avec toute la franchise désirable
La Rheinisch-Westfàlische Zeitung par flige
qu'au
guerre
:
«
le
9 février 1913...
—
ah
oui,
Le 12 novembre 1912, on pouvait liche
Rundschau «...
longtemps sur
la race
cède enfin
place
nous Germains,
-
écrivait cette
un beau rêve lire
dans
la
!
»
Tâg-
européenne. et sur
à l'aurore,
de ne
qui pèse depuis
il
si
la civilisation,
nous sera permis, à
plus voir dans
la guerre notre
— les
ennemis de notre race nous affirmé que nous avions fini par le croire au nous devrons reconnaître en elle le sauveur, corrupteur
grande
la
:
Si le crépuscule des dieux,
la
».
s'af-
Cela aurait été une liquidation
sensationnelle entre Germains et Slaves gazette,
contre,
des années 1912-1913,
tournant
ait été évitée
de-
entier
tout
—
l'ont tant
contraire, le
méde-
-
ne peut pas seul nous
qui
cin,
maux du
corps
délivrer de tous les
de l'âme, mais sans lequel
et
absolument impossible.
est
—
350
Nous négligeons un
dossier d'autres citations, nous
passons sur l'action de quelques
parmi lesquels de
guerre
néfaste
2 .
1
le
en Allemagne un rôle
action funeste s'associèrent des
politiques de la trempe et de la valeur d'un
dit
la
Frankfurter Zeitung du 11
« colportait
—
à celui du Gouvernement ou de
Jeu de mots
peut dire que
1913
:
sans doute faux de vouloir identifier cet 3
masse du peuple 1
comme
février
des discours belliqueux. »
Il serait
état d'esprit
hommes
Bassermann,
dans un monde aux aspirations pacifiques,
qui, le
supérieurs,
officiers
général von Keim, lui-même un germe
complet, qui joua
A cette
le salut
»
le
:
.
au contraire,
Il faut,
Keim
la
grande
reconnaître,
veut dire germe, c'est pourquoi l'on
général von
Keim
(aux aspirations belliqueuses)
lui-même un germe de guerre. (Note du traducteur).
était
*
Nippold
fait
îemarquer dans ses conclusions, combien
le zèle
non
seule-
des généraux désireux de
ment
le
fique de
faire la guerre
avait affecté,
Gouvernement contemporain, mais aussi l'Empereur.
Au
de
sujet
ces messieurs font de Bismarck,
il
la
la politique paci-
que Le grand homme de
perpétuelle invocation
observe
«
:
non seulement remis à leur place les hystédu pangermanisme, mais encore il aurait énergiquement interdit qu'on gâchât, avec un tel sans gêne, sa politique extérieure, la Realpolitik, aurait
riques
comme aussi
cela est
de mise aujourd'hui chez
l'œuvre de S. Zurlinden
:
les militaires. » Corep.
der Weltkrieg, vol.
1, p.
48
et
où un critique sagace examine à la loupe la philosophie du général de cavalerie A. D. von Bernhardi et de quelques autres. probablement à cause de leurs Zurlinden nomme ces théories suiv.,
—
contradictions intimes 3
—
:
la « superstition »
de la guerre.
Par contre, Nippold considérait qu'une grande partie de
la
—
-
351
a que, de 1911-1913,
Gouvernement de l'Empire cher-
le
moins en apparence,
cha, du
1
à aplanir pacifiquement
I
tous les incidents,
permit ainsi aux feuilles conser-
et
vatrices les plus en vue, de l'accuser de lâcheté, d'infa-
mie, de naïveté, de crainte ou d'effroi de la guerre. Mais
ne
pouvait-on
que
craindre
Gouvernement,
le
échapper à ces attaques des éléments
pour
les plus fidèles
à
l'Empereur, n'étanchât leur soif guerrière ?
Sans doute
en bien des cœurs,
cette crainte vivait
car une grande partie du peuple allemand avait compris r i |
le
danger. Ecoutons ce qu'en dit
homme doit sie lui
penche mélancoliquement
qui
Et bages
«
Un
Tout
est
et
permet qu'on
accompli Bismarck
empoisonné,
la presse nationaliste. Il faut rendre
appartient
il
la tête,
les exploits qu'aurait
encore
vivait
:
criailleries,
des attaques passionnées, et la bourgeoi-
énumère tous
devons à i
qui méprise froidement ces
d'Etat
tolérer
s'il
Ludwig Thoma
!
»
nous
et
le
honneur, à
2 .
Deutsche Revue de juin 1913 pose sans am-
la
la question
:
«
Où
européenne ?
se trouve le danger qui
—
menace
cherche à y répondre Les Gouvernements qui songent sérieusement au
la paix «
»
et
:
maintien de la paix, sont absolument conscients d'agir
dans
le
sens des peuples, dont la forte majorité professe
population
sément (Comp. 1
y
infectée
était
par
le
mouvement
chauviniste,
préci-
les classes cultivées, les historiens et surtout... les savants p.
159 et
Car
il
!
suiv.)
faut rappeler
ici les
révélations de l'Ambassadeur
Tittoni. 1
Revue
poisonneurs.
»
«
Mârz
»
du 29 mars 1913
:
sous
le titre
:
«
Les em-
— dans tous
aujourd'hui, fiques;
352 pays,
les
des
sentiments paci-
n'est pas permis d'en douter. Si
il
malgré
cela, ît
des
belliqueuses
dispositions
manifester
paraissent se
uniquement à ce que, dans les milieux irresponsables dont nous avons déjà parlé, on cherche à suggérer plus au moins systématiquement à parfois, cela tient
l'opinion publique
ou
la
d'agitation politique,
que trop
même
danger, voire
le
désirabilité d'une ils
guerre.
Et,
nécessité
la
dans des temps
ne trouvent malheureusement
parmi
d'oreilles complaisantes,
la
masse, igno-
Ce sont donc non des Gouver-
rante des choses de la politique étrangère.
réellement ces milieux irresponsables, et
nements isolés, qui constituent un danger pour européenne ». Si nous arrêtons nos
ment de
la «
appréciations après ce juge-
Deutsche Revue,
que
subsister,
dans
ce
la paix
aucun doute ne saurait
»
nous nous fussions
chapitre,
trouvés en présence d'un germe de guerre.
1913
fut l'année de la haine et de la méfiance.
12 avril de
cette année-là,
dans son journal
:
«
Le
Bertha von Suttner écrivait
Jusqu'ici l'histoire universelle a
dû
enregistrer d'innombrables guerres: bibliques, puniques,
persiques, romaines, napoléoniennes,
kaniques
;
guerres de
jouait autour de
gieuse, dont
guerres de races
territoires,
toutes sortes de choses le
guerres
religion,
guerres de ministères,
résultat
etc.,
—
de
de
—
confessions,
mais
fixera
jusqu'aux balconquêtes, la
lutte
se
autour de
la lutte la plus prodi-
le
sort
de l'humanité,
— a
lieu de
—
notre temps
—
353
sans que
contemporains
les
puissent en avoir une perception bien nette
régime de
la lutte entre l'ancien
organisation du droit
—
à savoir
la force et la nouvelle
».
Bertha von Suttner n'a pu voir à quel point avait justement évalué
femme
car cette
la
ferma
perspicace
elle
de son époque,
signification
yeux quelques
les
semaines avant que l'humanité subît son
sort.
1913 était la veille de la guerre. C'était l'année des armements fiévreux, reliés encore à de pestilentielles querelles de presse, surtout entre la France et l'Allemagne, c'était l'année de la Conférence de Berne des :
efforts
pacifiques
des
parlementaires
mands, qui déchaînèrent dans fleuve de mépris et de haine.
la
—
français
et
alle-
presse chauviniste un
La haute
politique accu-
mulait pendant ce temps d'incessantes complications, et la guerre des
Balkans souligna toujours plus gravement
les conflits entre les tari; le sort
—
deux groupes de Puissances: Sku-
de l'Albanie, de la Turquie et de la Bul-
deuxième guerre balkanique, résistance de la aux vœux formulés par la Triple-Alliance et exposés par la Conférence de Londres ultimatum de l'Autriche-Hongrie, qui exigeait, dans un délai de 10 garie
Serbie
;
[
jours, l'évacuation de l'Albanie, et contraignit la « freie
Presse
»
à confesser
le
22 octobre, que
la
Neue
Monarchie
n'avait pas été plus éloignée d'une guerre que « la che-
Imise de
la
peau
»...
D'une guerre
!
—
La guerre
*izon, était déjà cette guerre,
apposée
que
qui était alors à l'hola
moindre résistance
par la Russie à la politique balkanique des 23
—
—
354
Empires centraux, pouvait déchaîner Elle
diale.
fut
la
:
parceque la
évitée,
mon
guerre
dans
Serbie,
mépris des décisions de la Conférence
de Londres,
pouvait pas compter
Russie,
conséquent,
mun et
accord
que
avait
cette
le
la
ne par
et
germe de guerre
le
même
le
que
la différence,
Mais
par céder.
finit
en 1913,
était,
de
sur l'aide
son
les
que neuf mois plus fard, avec Puissances étouffèrent d'un com-
danger soulevé par
Russie qui, dans
adhéré aux désirs des
sans parler d'autres motifs
moment-là, assister
les
la question albanaise,
la salle
de
la
Conférence
Puissances Centrales,
—
—
ne croyait pouvoir, à ce
Serbes dans une résistance armée
contre l'Autriche-Hongrie.
En 1914
même
l'Europe se trouva en présence du
danger de guerre, soumis à d'autres hypothèses. C'était de nouveau une rude exigence de
bourg vis-à-vis de que n'avait pas torités de la
nettement
la Serbie,
établi le
Monarchie.
le droit
Concert Européen, mais Cette
du côté de
prête à assister ses
l'Empire des Habs-
basée sur un état de
frères
fois,
la
;
les
Au-
Russie aperçoit
Serbie et se
montre
Cette disposition
slaves.
dessine toujours plus clairement
la
fait
se
aussitôt que l'Autriche-
Hongrie met en mouvement ses armées contre Belgrade, l'intention se manifeste aux yeux du monde entier dans par la mobilisation de corps de troupes russes :
sa lutte
contre
l'Autriche-Hongrie,
la
Serbie
aura
le
puissant Empire russe à ses côtés.
Le 31
juillet
universelle, arriva.
1914,
un grand jour dans
Oppressé par
tastrophe imminente,
le
comte
le
l'histoire
sentiment de la car
Berchtold se
retourna/
— encore une fois dans il
engagé.
s'était
Il
-
355
sentier dangereux
le
sur lequel
télégraphia aux Ambassadeurs de la
Monarchie à Londres
à Pétersbourg, que malgré la
et
mobilisation de la Russie,
le
Gouvernement de Vienne
à examiner de plus près la proposition de
était disposé
de Sir Edw. Grey,
concernant une médiation entre
Monarchie danubienne
et
Serbie
la
'.
Et
1 er
le
la
août, le
comte Szapàry se rendit auprès du ministre russe des affaires étrangères,
ment
le
pour
non-seuledisposé à
avec la Russie sur la base la plus large, mais
traiter
spécialement enclin à
encore, était
de la note (de l'Ultimatum à tation
«
était
déclarer que,
lui
Gouvernement austro-hongrois
2 .
soumettre
la Serbie)
le
texte
à une consul-
»
Enfin, après une semaine d'angoisse et cations, l'Empire des
Habsbourg
entrait
de suppli-
dans
de
la voie
la conciliation. C'était le jour de la déclaration de guerre
de l'Allemagne.
cette
à
la
Avant d'exposer en guise de conclusion à ce livre, démarche et l'attitude du Gouvernement de Berlin, lumière des publications allemandes, nous tenterons
de résumer encore une fois les mobiles de l'Empire
et
de les apprécier.
En Décembre
1912,
pangermaniste adopta
un bruyant succès
:
le
comité central de
la résolution suivante, «
Les
événements
la et
Ligue lui
politiques
fit
des
dernières semaines, ont dévoilé la gravité de la situation
Document 51. Comp. aussi mon chapitre Autriche-
1
Livre rouge austro-hongrois,
3
Ibidem
:
Document
56.
Hongrie, note de la page 170.
—
356
-
du Germanisme tout entier dans l'Europe centrale, et ont clairement démontré qu'il ne pourra échapper à la lutte pour son existence. Partant de cette persuasion, le
comité de la Ligue pangermaniste est d'avis que l'Em-
allemand ne doit pas permettre l'affaiblissement ou
pire
l'écrasement de
l'Autriche-Hongrie.
Il
aperçoit dans
poussée serbe contre la Monarchie danubienne,
le
la
com-
mencement d'une agression générale du slavisme contre germanisme.... K» La volonté ferme de prendre défini-
le
tivement
dessus sur la Russie, dans la politique bal-
le
kanique, et
besoin
si
est,
avec l'aide de la force armée,
apparaît en toute évidence. Car
il
devient dès maintenant
impossible de douter que la formidable armée allemande
à servir d'instrument à la politique, pour
soit destinée
assurer les
buts mystérieux d'un Empire. L'idée que
l'armée allemande devra, un jour ou l'autre, briser les
chaînes qui l'entourent, devient peu à peu un
en Allemagne
2
D'où
.
cette
fière
allemande absolument prête à
allemande dressait devant le
ministre de
la
guerre
épigraphe
la guerre »,
;
que
«
dogme L'armée
la presse
du monde, lorsque von Falkenhayn eut rendu la
face
compte au Reichstag le 5 mai 1914, de la façon dont le projet de loi de 1913 pour le développement de l'armée, s'était traduit
Les
en
réalité.
documents
du Gouvernement
impérial,
qui
appartiennent aux archives historiques de la guerre mondiale,
avril
s'expriment tout aussi clairement que la résolution
1
« Leipziger
2
Nous
> du 2 mars 1912. un passage de la « Post » du 25 1913, qui se rapporte aussi aux autres germes de guerre,
Neueste Nachrichten
citerons ici encore
-
357
pangermaniste
de la ligue
-
que nous venons de
eiter.
Le 28 juillet 1914, le chancelier de l'Empire écrit aux Gouvernements des Etats confédérés « Le but final de :
l'agitation panslaviste exercée contre l'Autriche-Hongrie,
au moyen de
tend,
de la Monarchie da-
la destruction
nubienne, à briser ou à affaiblir la Triple-Alliance, ce qui
conséquence
pour
aurait
Ce principe
mande
le
le
*.
posé, la diplomatie allemande s'efforce
conflit
;
seule V existence de l'armée alle-
que
protéger l'expédition justicière
doit
de
plus pressant nous
aux côtés de l'Autriche-Hongrie
appelle donc
de localiser
complet
l'isolement
l'Empire allemand. Notre intérêt
entreprend contre la Serbie
«
l'allié
car toute immixtion d'une
< Un grand peuple, mentionnés dans nos précédents chapitres comme le peuple allemand, et toujours en augmentation rapide, :
peut-il
longtemps renoncer à poursuivre son développement et à puissance? Pourrons-nous longtemps nous contenter de
élargir sa
nos colonies actuelles insuffisantes et de notre situation menacée au centre de l'Europe?.... La politique de résignation et de renon-
cement que nous avons pratiquée depuis des années,
il
nous faudra
sous la pression de la volonté nationale, la transformer en une politique qui poursuivra des buts définis situation en
Europe
et l'Angleterre
;
centrale,
:
le
renforcement de notre
la liquidation finale
avec la France
l'élargissement de nos possessions coloniales, pour
procurer au trop plein de notre population, de nouvelles résidences
allemandes; l'acquisition de points d'appui pour notre
flotte; con-
tinuer le développement de notre puissance active, pour le mettre
en rapport avec l'accroissement des forces ennemies. Tels sont problèmes
qu'il faudra
d'une guerre n'est donc nullement exclu, mais probable, 1
dans
les
poser à l'avenir le plus proche.... Le danger
ces circonstances
».
Livre blanc allemand, annexe 2.
au contraire
très
— Puissance
autre
—
358
en
entraînerait,
raison
des
diverses
obligations que comportent les alliances, des conséquences
impossibles à prévoir
»
1
Mais
.
en mobilisant
la Russie,
quelques corps de troupes,
a donné à entendre qu'elle
ne laissera pas
en
la
Serbie
prouve pas seulement que
que l'Europe
à
est
plan.
Cette
mesure ne
la localisation est impossible,
de la guerre mondiale
la veille
troupes russes constitue, aux
mobilisation de
Gouvernement de
Berlin,
un symptôme à
;
la
yeux du
ce point sus-
que d'après les conceptions allemandes, toute médiation entre Vienne et Pétersbourg doit sombrer dès pect,
Toute tentative de
cet instant.
dans
diplomatie allemande
la
d'une localisation du
l'intérêt
conflit,
devient alors
illusoire.
Jamais l'Allemagne n'avait eu l'intention d'empêcher la guerre entre
l'
Autriche-Hongrie
et la
Serbie,
même
pas en considération de la possibilité d'une conflagration
européenne à notre
:
«
Nous pûmes
alliée
affirmer
du fond du cœur
que nous étions d'accord avec son ap-
préciation des circonstances, et l'assurer qu'une qu'elle tiendrait
pour nécessaire, afin d'arrêter
vement organisé en Serbie contre narchie,
rencontrerait notre
action
le
l'existence de la
approbation.
Nous
mouMo-
étions
aussi parfaitement conscients, qu'une éventuelle tervention à
main armée de l'Autriche-Hongrie contre
la Serbie, amènerait l'entrée
pouvait en outre nous suite de 1
ibid.
in-
nos obligations
en scène de la Russie,
et
engager dans une guerre, par d'alliés.
Cependant, reconnais-
Le Chancelier de l'Empire aux Ambassadeurs impériaux, Annexe 1 b.
—
—
359
sant que les intérêts vitaux de l'Autriche-Hongrie étaient
en jeu, nous ne pouvions pas conseiller à notre
alliée
une condescendance incompatible avec sa dignité, non plus que lui refuser notre assistance en ces moments le pouvions d'autant moins, que les difficiles. Nous
menées persistantes de intérêts
la Serbie,
au plus haut degré
Non seulement d'honneur allemand,
l .
les intérêts «
le
menaçaient aussi nos
»
allemands, mais
prestige
»
point
le
étaient en jeu. C'est
pourquoi l'Ambassadeur austro-hongrois à Pétersbourg
24 juillet, déclarer au comte Berchtold Mon collègue allemand a tout de suite fait remarquer que l'Allemagne, de son côté, ne pouà M. Sazonow vait accepter non plus une exigence qui était en conput
déjà,
le
:
«
avec la dignité de son alliée, en tant que Grande Puissance. 2 » Maintenant que le point de vue allemand ressort clairement des sources que nous avons citées, nous
tradiction
n'avons plus qu'à mettre en lumière l'attitude de
magne à
la veille de la
bord passive
:
contre
solution
toute
caractérisée
Mais tout-à-coup
par une résistance évidente
pacifique
du
conflit
balkanique.
Gouvernement de l'Empire
le
jusqu'à une action
:
la
allemand qui nous renseig-
nera sur les mobiles de cette politique passive
1
pire
Le 26
juillet,
Edward Grey
Sir
Livre blanc allemand
;
et active
:
avait proposé de
mémoire du Gouvernement de l'Em-
au Reichstag. *
se hausse
déclaration de guerre à la Russie.
C'est encore le livre blanc
«
l'Alle-
guerre. Cette attitude est d'a-
Livre rouge austro-hongrois N° 16.
— soumettre
les
—
360
divergences entre l'Autriche Hongrie et
Serbie, à une Conférence des Ambassadeurs d'Allemagne, de France et d'Italie, siégeant sous sa Présidence. En présence de cette proposition, nous avons déclaré, bien que nous approuvions sa tendance, que nous ne pouvions participer à une Conférence de cette sorte, parce qu'il ne nous était pas possible de citer devant la
un
tribunal européen,
l'
Autriche-Hongrie, à propos de ses
différends avec la Serbie » K
Le 29 juillet, l'Ambassadeur d'Allemagne àPétersbourg russe des affaires étrangères, un entretien dont il rendit compte télégraphiquement en « Le ministre tenta de me convaincre d'inces termes 2 sister auprès de mon Gouvernement pour qu'il participât à une conversation à quatre, dont le but serait de trouver les moyens d'engager amicalement l' Autriche-Hongrie à renoncer aux exigences qui touchaient à la souveeut avec le ministre
.
raineté de la Serbie.
En
acceptant seulement de rendre
compte de notre entretien, de vue que, la Russie
je
fatalo de la mobilisation, tout jet
me
paraissait bien
possible
Le même jour
3
told
la
à ce point
démarche
échange d'idées à ce su-
difficile,
Tsar
le :
« Il
mettre à la Conférence de La
2
suis placé
décidée à
pour ne pas dire im-
> 3.
l'Empereur Guillaume
1
me
s'étant
de
Russie
télégraphia
serait plus équitable
Haye
le
à
de sou-
problème austro-ser-
Mémoire du Gouvernement allemand au Reichstag. Ibid.
Comp. le télégramme ci-dessus mentionné du eomte Berchaux ambassadeurs austro-hongrois, du 31 juillet, p. 355.
be. J'ai confiance
l'un des
—
361
en ta sagesse
télégrammes que
en ton amitié
et
les
1 .
On
ne trouve
Par contre l'Empereur Guillaume
conjura l'Empereur de Russie de suspendre les de guerre qui, selon les informations
ratifs
C'était
deux Monarques échangè-
rent avant le déchaînement de la guerre. nulle part la réponse.
»
prépa-
de sources
allemandes, n'étaient pas dirigés seulement contre l'Autriche-Hongrie, déjà
avaient
été
en
2
l'Empire allemand
.
Le
avec
guerre
aussi
faits
à
la
frontière
la
mais
Serbie,
orientale
de
douze heures accordé
délai de
un ultimatum allemand expédié presqu'en même temps, et contenant la même demande, était déjà écoulé, par
lorsque l'Empereur
gramme que tu
me
suivant:
Guillaume
« J'ai
mais
sois forcé de mobiliser,
donnasses
la
même
du Tsar
reçut
le
télé-
reçu ton télégramme, je comprends je voudrais
garantie que je
t'ai
que tu
donnée, à sa-
que ces mesures ne signifient pas la guerre, et que nous continuerons à négocier pour le salut de nos deux pays et de la paix générale si chère à nos cœurs. voir,
Avec
l'aide
vée,
parviendra
de Dieu, notre amitié dès longtemps éprou-
à
empêcher
une
de
effusion
sang.
J'attends avec anxiété et plein de confiance, ta réponse».
Et l'Empereur Guillaume répondit claire,
immédiate
et
infini.
1
le seul
Jusqu'à ce que
moyen
j'aie
d'éviter
sous silence.
Il
1
;
dans
la
de
un mal-
reçu cette réponse,
Nouvelle édition du livre blanc, N°
ce télégramme a été passé les
réponse
sans sous-entendus de la part
ton Gouvernement, est
heur
« ....une
:
j'ai
première,
ne fut reproduit par
Allemands qu'après sa publication en Russie. 2 Livre blanc, mémoire.
— le.
362
—
regret de ne pas être en situation, de pouvoir
accé-
demander de la façon la plus sérieuse, de donner immédiatement à tes troupes l'ordre de ne commettre, sous aucun prétexte, la moindre violation de nos frontières 1 ». Le délai fixé était expiré.... il n'y avait encore aucune réponse du Gouvernement russe. Si l'on met pourtant à côté l'une de l'autre, ces deux ultimes dépêches des Monarques, elles apparaissent comme deux rayons der à l'objet de ton télégramme.
Je dois
te
d'espérance, qui, partant des trônes les plus puissants de cette terre, se rencontrent
au-dessus des menées de la
politique, au-dessus de l'humanité qui attendait anxieuse.
Mais déjà, avant même que le télégramme de Guillaume II pût atteindre son destinataire, le comte de Pourtalès avait remis au Gouvernement russe la déclaration de guerre de son Empereur. Ce document contient
un
reproche
contre
la
Russie
:
d'avoir mobilisé
semble de ses forces militaires sur terre et d'avoir
de ce
fait,
menacé
et
l'en-
sur mer,
la sécurité, voire l'existence
de l'Empire allemand. «
Sa Majesté l'Empereur, mon auguste Souverain,
au nom de l'Empire, relève état de guerre
avec
le
défi et
Se considère en
la Russie. »
C'est en ces termes
que se termine
le
C'était la déclaration de la guerre mondiale.
Ibid.
document.
Ia26