ORGANISATION SPATIALE DES SITES FUNERAIRES DANS LA VILLE D’ANTSIRANANA : CAS DES CIMETIERES MILITAIR

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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE PARCOURS : AMENAGEMENT ET ENVIRONNEMENT MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU MASTER 2 EN GEOGRAPHIE

ORGANISATION SPATIALE DES SITES FUNERAIRES DANS LA VILLE D’ANTSIRANANA : CAS DES CIMETIERES MILITAIRES FRANÇAIS ET BRITANNIQUE

Présenté par : RAMAMBAHASINA Bodoarimanana Sous la direction de Madame : RAMAMONJISOA Josélyne, Professeur Emérite

Présenté par RAMAMBAHASINA Bodoarimanana Directeur de recherche : Professeur RAMAMONJISOA Josélyne, Professeur Emérite Date de soutenance : 26 janvier 2016


UNIVERSITE D’ANTANANARIVO FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME DE MASTER 2 EN GEOGRAPHIE

ORGANISATION SPATIALE DES SITES FUNERAIRES DANS LA VILLE D’ANTSIRANANA : CAS DES CIMETIERES MILITAIRES FRANÇAIS ET BRITANNIQUE

Présenté par Bodoarimanana RAMAMBAHASINA

Les membres du jury : Président du Jury : Monsieur RAVALISON James, Professeur Titulaire Juge : Madame RAHARISOA Olisoa Felana, Maître de Conférences Directeur de recherche : Madame RAMAMONJISOA Josélyne, Professeur Emérite


A la mÊmoire de mon père, repose en paix


REMERCIEMENTS

Tout d’abord, nous louons et remercions Dieu de tout notre cœur de nous avoir donné la force et connaissances car sans lui nous n’aurions pas pu réaliser ce travail de recherche.

Nous tenons à remercier toutes les personnes qui, de près ou de loin ont contribué à la réalisation de ce travail. Nous adressons, notre remerciement à -

Madame RAMAMONJISOA Josélyne, d’avoir accepté de diriger notre travail, de partager ses connaissances, de donner des conseils et de nous encourager face à des difficultés de travaux de recherche. Sans elle, ce travail n’aurait pas pu aboutir.

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Mr RAVALISON James qui a accepté de présider le Jury.

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Madame RAHARISOA Olisoa Felana, d’avoir bien voulu juger notre travail

Notre gratitude la plus profonde à toutes les personnes qui nous ont aidées dans la réalisation de ce travail, en nous donnant des renseignements, lors des enquêtes en particulier : -

Mr Yves PAGES, Mr Aly Ndandahizara CASSAMALY et les membres de l’Association Ambre à Antsiranana

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Mr William ANDRIAMBALA, prestataire de service des cimetières militaires Français de Diégo-Suarez et du Cap-Diégo

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Mr Ifenomanana RATSIMBAZAFY et Mr Bernard RANDRIANARISOA collaborateurs du prestataire de service des cimetières militaires Français de Diégo-Suarez et du Cap-Diégo

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Les employés du prestataire de service des cimetières militaires de Diégo-Suarez et du Cap-Diégo

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Les responsables, les collaborateurs et les journalistes du journal « La Tribune de Diégo » à Antsiranana.

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Les chefs fokontany du Lazaret Sud et de Cap-Diégo

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Les responsables du Bureau Municipal d’Hygiène de la ville d’Antsiranana

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Le gardien chef du cimetière communal d’Antsiranana I I


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Mr Daniel MAIZIERRE chef de la chancellerie détachée de Diégo-Suarez et ses collaborateurs

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Le Colonel Nicolas GRAFF, Ex-Attaché de défense près de l’Ambassade de France à Madagascar

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L’Adjudant-chef Sandrine LIXON, assistante de l’Attaché de Défense près de l’Ambassade de France à Madagascar

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Mr Alex TOTOMAROVARIO, Honorary Supervisor, Commonwealth War Graves Commission à Antsiranana

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Son Excellence Timothy SMART, Her Majesty’s Ambassador, British Embassy à Antananarivo

Nous remercions tous les enseignants du Département de Géographie qui nous ont transmis leurs connaissances pendant notre étude académique. Et enfin, nous remercions aussi Mr ANDRIANIAINA Jean Marie Rakotoarisoa, ex-Directeur de la Bibliothèque et Archives Universitaires d’Antananarivo, documentaliste, expert et consultant. Et le plus précieux pour nous, les soutiens de notre famille, ami(e)s et collègues.

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SOMMAIRE

PARTIE I. : DEMARCHE DE RECHERCHE ET PRESENTATION DES SITES FUNERAIRES MILITAIRES DANS LA VILLE D’ANTSIRANANA Chapitre I : Contexte du sujet et Démarche de recherche I.1 : Contexte du sujet I.2 : Phase de documentation I.3 : Les travaux sur terrain et l’analyse des données

Chapitre II. : Présentation générale de la zone d’étude II.1. : Cimetières militaires : Un espace reflétant l’aménagement de la ville d’Antsiranana II.2 : Cimetières militaires : Reflet de la domination des militaires dans la ville d’Antsiranana II.3 : Cimetières militaires : Englobés par des quartiers d’habitations et de pression démographique

PARTIE II : GESTION DES SITES FUNERAIRES ET SON IMPACT DANS L’AMENAGEMENT DE LA VILLE D’ANTSIRANANA Chapitre III : Gestion des cimetières militaires dans la ville d’Antsiranana III.1 : Variété de gestion et d’architectures des cimetières militaires Chapitre IV : Apport des cimetières militaires dans la ville d’Antsiranana et suggestions pour la gestion durable de l’espace IV.1 : Cimetières militaires : A une importance socio-économique pour la ville d’Antsiranana IV.2 : Perspectives d’aménagement des sites funéraires

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RESUME A Madagascar, il n’y a pas de textes nationaux régissant la gestion des cimetières. Depuis leur création en 1896 par l’administration coloniale, ce sont des décisions municipales qui déterminent l’organisation et la gestion des cimetières publics. Des décisions qui ne sont pas à jour ou voire nulles, de ce fait, il ne faut pas s’étonner de voir la dégradation et l’incompétence dans la gestion spatiale des cimetières communaux. Pour les cimetières militaires (français et britannique), même s’ils sont implantés dans la ville d’Antsiranana, chacun d’entre eux a sa propre méthode de gestion et de sauvegarde de site funéraire en tant que lieu de mémoire et de commémoration. Malgré cette différenciation, on peut dire que ces deux sites offrent déjà des exemples méritant d’être exploités dans l’étude de la gestion du cimetière communal à Madagascar qui rencontre un problème de gestion d’espace en tant que lieu de mémoire et lieu de culture cosmopolites. Même si le cimetière sert à enterrer les morts, on ne peut pas nier qu’il contribue à connaître l’histoire du pays, la culture du peuple et nécessite d’être exploité et réaménagé. De plus, l’existence des cimetières montre déjà une vision sur l’aménagement de l’espace occupé par les vivants et ceux des morts. Mots-clé : Cimetière, gestion ; aménagement, ville d’Antsiranana

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ABSTRACT Madagascar doesn’t have national text about managerial cemeteries. In the beginning of their creation by the administration colony in 1896, only the municipal decision determines the organization and the management of the public cemeteries. Decisions have either been renewed or even existed. In that fact, it’s not astonishing to see the degradation of the cemeteries, because the lack of competence for the managerial cemeteries’ space by the civil administration For the military cemeteries (French and British), though they are built in Antsiranana city, each of them has its own method of management and protection for the funerary site as a memory and commemorate place. Even if there is a distinction between them, we dare to say that the methods which are applied to these two sites can be used as example and exploited in copying with the communal cemeteries which have a problem for the managerial spaces as a memory place and mixed cultures. Even though, the cemetery is used for the burial, we can’t deny that it also contributes to know more about the history of the country, the cultures of the people and it is necessary to manage it. Then, the existence of the cemeteries has already shown the vision of the managerial spaces by the alive and the deads. Key words : cemetery, managerial, space, Antsiranana city

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LISTE DES CROQUIS Croquis n° 1 : Localisation des cimetières militaires dans la ville d’Antsiranana .....................………………………………………………………………………………..…p.5 Croquis n° 2 : Plan d’ensemble des cimetières militaires dans la ville d’Antsiranana………………………………………………………………………........….. p.15 Croquis n° 3 : Localisation du cimetière militaire français et britannique dans le fokontany de Lazaret-Sud………………………………………………………………………….……....p.16 Croquis n° 4 : Localisation du cimetière militaire français dans le fokontany de CapDiégo…………………………...…..………………………………………………….….... p.17 Croquis n° 5 : Plan d’ensemble du cimetière militaire français et communal dans la ville d’ Antsiranana……………………………………………………..………………………..…..p.26 Croquis n°6 : Plan d’ensemble du cimetière militaire Britannique dans la ville d’Antsiranana ………………………………………………………..……………………………………..p.27 Croquis n° 7 : Répartition démographique des fokontany de la ville d’Antsiranana ………………………………………..………………………...…………...p 31 Croquis n°8 : Plan d’extension de la ville d’Antsiranana ………………………………….p.33 Croquis n°9 : Cimetières militaires englobés par des quartiers d’habitation……………….p 34 Croquis n°10 : Plan de masse du cimetière Britannique………………………………..…..p 42

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LISTE DES PHOTOS Photo n°1 : Etat du cimetière militaire français dans la ville d’Antsiranana avant restauration……………………………………..………………………………………..…...p.26 Photo n° 2 : Cimetière militaire français rénové de Diégo-ville et de Cap-Diégo………….p.26 Photo n°3 : Aperçu du cimetière militaire Britannique dans la ville d’Antsiranana ………p.41 Photo n°4 : Type de transcription de pierre tombale ………………………………………p.43 Photo n°5 : Hall d’accueil…………………………………………………………………..p.44 Photo n°6 : Les tombes rénovées à Cap-Diégo et à Diégo-ville…………………………….p.45 Photo n°7 : Plan de masse à l’entrée du cimetière militaire français à Diégo-Suarez……....p 48 Photo n°8 : Des ordures ménagères répandues le long de la muraille du cimetière militaire français de Diégo-Suarez ………………………………………………...............................................p.49 Photo n°9 : Panneau et route vers le cimetière Britannique de Diégo-Suarez …….……….p.49

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LISTE DES TABLEAUX Tableau n°1 : Présentation des soldats Britanniques inhumés au cimetière du CGWC à Antsiranana I ……………………………………………………………………………….p.19 Tableau n°2 : Présentation des carrés militaires français dans la ville d’Antsiranana .….....p.28 Tableau n°3 : Budget alloué par l’état français pour les cimetières militaires français dans la ville d’Antsiranana …………………………..………………………………..…………...........p.30 Tableau n°4 : Budget alloué par l’état français pour les cimetières militaires français dans la ville d’Antsiranana …………………………..………………………………………………….p.40

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CARTE Carte n°1 : Division de la ville d’Antsirane 1930…………………………………….….p.24

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LISTE DES ABREVIATIONS

BMH : Bureau Municipal d’Hygiène CUDS : Commune Urbaine de Diégo-Suarez CWGC : Commonwealth World Grave Commission DASSP : Direction de l’Assistance Sociale et de la Santé Publique DSFEH : Directeur de la Santé, la Famille, l’Enfance et les Handicapés DMPA : Direction du Mémoire et du Patrimoine d’Archives DPDU : Direction du Patrimoine et du Développement Urbain DREN : Direction Régionale de l’Education Nationale FJKM : Fiangonan’i Jesoa Kristy eto Madagasikara INSTAT : Institut National de la Statistique ORTDS : Office Régional du Tourisme de Diégo-Suarez PDU: Plan Directeur d’Urbanisme PUDi : Plan d’Urbanisme Directeur POS : Plan d’Occupation du Sol RN6 : Route Nationale n°6 SMIDS : Service Médical Interentreprises de Diégo-Suarez SNAT : Schéma National d’Aménagement du Territoire SRAT : Schéma Régional d’Aménagement du Territoire

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INTRODUCTION GENERALE

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INTRODUCTION GENERALE Dans le monde entier, chaque pays a sa propre coutume pour le mode de funérailles et le choix de l’inhumation. Mais on a constaté aussi que ce lieu d’inhumation évolue dans le temps et dans l’espace car dans « les pays occidentaux depuis le début du XIXe siècle, les cimetières sont divisés en concessions cadastrées (organisation en divisions, carrés et rangées, ordonnancement caractéristique de la Révolution industrielle) auxquelles on accède par des allées ;et « en France les cimetières sont devenus des propriétés communales où tous les habitants, tous les inscrits sur les listes électorales ou toutes les personnes décédées sur la commune ont le droit d'être inhumés »1. La présence des colonisateurs dans un pays colonisé a donné naissance à une autre nouvelle culture, parmi elle, l’introduction du cimetière2Madagascar n’a pas pu échapper à ce destin car le 6 août 1896, il a été proclamé colonie française. Le résident français à Madagascar a choisi d’ouvrir des cimetières publics et militaires dans la capitale malgache puis dans les chefs-lieux de provinces parmi eux la province d’Antsiranana ex Diégo-Suarez dans le but d’enterrer les soldats, les civils Européens et de regrouper les tombes des soldats décédés depuis l’expédition de 1895. La province d’Antsiranana est une zone d’accueil, stratégique mais qui a été aussi marquée par des conflits entre les Français, les Britanniques et les Japonais dans les années 1942. La présence du cimetière Britannique le prouve. En outre, la création du cimetière a favorisé aussi le changement spatial de la ville. La ville d’Antsiranana a comme coordonnées géographiques la longitude de 49°17’ 24’’E et la latitude de 12°17’30’’S. Elle s’étend sur une superficie de 47 km2. Elle abrite trois grands cimetières dont le premier est géré par la commune le second par l’Etat Français et le troisième par le Royaume Britannique (militaires Français et Britanniques). Le premier et grand cimetière militaire Français se trouve à Cap-Diégo, il abrite 1416 tombes, avec une superficie de 1 Ha 78 ares 60 ca3. Il se trouve dans le fokontany de Cap Diégo, et est limité au nord par la Batterie d’Andrahompotsy, à l’ouest par l’aérodrome d’Andrakaka et à l’est par la Batterie de l’Hôpital et au sud par le village de Cap-Diégo. Le second cimetière se trouve dans la ville de Diégo juste à coté du cimetière communal dans le fokontany de Lazaret 1

Wikipédia .org Wikipédia.org 3 Données offertes par le service de défense rattaché à l’ambassade de France à Antananarivo 2

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Sud, il est limité au nord par le fokontany de Tanambao Nord, au sud par le cimetière communal et le fokontany de la Cité Ouvrière, à l’Ouest par le fokontany de Tanambao Sud et à l’Est par la route de Ramena. Ce cimetière contient deux parcelles d’une superficie totale de 1Ha, 23 ares, 98 centiares4. Pour le cimetière Britannique, il se trouve sur la route d’Orangéa, dans le fokontany de Lazaret Sud, il est limité au nord par la cité SCIM, au sud par le bureau du fokontany de Lazaret Sud, à l’Est par le Lycée FJKM et à l’ouest par le DREN. Il a une superficie de 35 ares, 25 centiares. Les cimetières Français et Britannique sont séparés par la route d’Orangéa ou route de Ramena actuelle. Depuis des années, malgré la prise en charge des Etats Français et Britannique sur l’entretien des tombes militaires, on ne peut pas nier qu’il y a des dégradations des carrés militaires français et des tombes abandonnées de celle des britanniques (absence d’identification), cependant les sites funéraires des civils sont mal gérés, tout cela nous a amené à réfléchir sur le thème « Organisation spatiale des sites funéraires dans la ville d’Antsiranana : Cas des cimetières Français et Britannique » . Les cimetières militaires français et civils dans la ville d’Antsiranana ne cessent de se dégrader et ce n’est qu’en 2013 que l’état français a pris la décision de restaurer leur cimetière militaire afin de redorer l’image des militaires français. Face à cette situation nous posons la problématique « Comment-doit-on faire pour avoir une gestion durable et adéquat d’un espace funéraire et dans quelle mesure la gestion spatiale des cimetières contribue-t-elle à l’aménagement de la ville ? ». Afin de répondre à la problématique posée, nous avons adopté les étapes suivantes : D’abord notre travail a débuté par la recherche bibliographique relative aux terrains d’études suivi par les travaux de pré-terrain qui nous a permis de faire des états des lieux des cimetières militaires Français et Britannique et de délimiter le lieu de travail. Puis, nous avons poursuivi par des recherches des documents afférents aux études et des données auprès des Bibliothèques, des Bureaux des Archives Nationales et Communales, et des Services Topographiques et des Domaines à Antananarivo et à Antsiranana , le service de la défense rattaché à l’Ambassade de France à Antananarivo, le Consulat de France et le Superviseur Honoraire du Commonwealth War Graves Commission (CWGC)à Antsiranana . 4

Service de défense rattaché à l’ambassade de France à Antananarivo

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Compte tenu de l’insuffisance des données collectées durant le pré-terrain nous avons été obligés de faire une redescente sur terrain pour faire des enquêtes auprès des responsables administratifs de la commune urbaine d’Antsiranana et des personnes concernées Enfin, le traitement des données récoltées pendant le travail sur terrain suivi par la rédaction des résultats de recherche. Ce document est divisé en deux parties : La première partie consiste à présenter la démarche de recherche adoptée et la présentation des sites funéraires militaires dans la ville d’Antsiranana La deuxième partie est basée sur la gestion des sites funéraires et son impact dans l’aménagement de la ville d’Antsiranana

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Croquis n° 1 : Localisation des cimetières militaires dans la ville d’Antsiranana

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PREMIERE

PARTIE :

DEMARCHE

DE

RECHERCHE

ET

PRESENTATION DES SITES FUNERAIRES MILITAIRES DANS LA VILLE D’ANTSIRANANA

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Première partie : Démarche de recherche et présentation des sites funéraires militaires dans la ville d’Antsiranana Afin d’obtenir les résultats de recherche sur les sites funéraires militaires dans la ville d’Antsiranana, plusieurs démarches ont été utilisées, parmi elles la recherche documentaire suivi des travaux sur terrain et l’analyse des données. A Madagascar, selon la coutume malgache, les soldats sont libres de choisir le lieu où ils veulent être enterrés, en effet il n’y a pas de lieu spécial réservé à l’inhumation pour eux, en général ils sont enterrés dans leur tombeau familial, et en cas de force majeure, la dépouille mortelle est inhumée sur le lieu du combat et après une année le corps est réinhumé et déposé dans le tombeau familial. Suite à la colonisation française, des cercles et des territoires ont été créés par les militaires français notamment à Antsirane ou Antsiranana. Occupation non seulement basée sur la pacification mais aussi sur la mise en place de nouvelles infrastructures (création de routes, bâtiments administratifs, port, cimetières) et d’une nouvelle ville de type Européenne. On peut dire que la présence des cimetières militaires favorise également le changement de l’espace et impose directement aux civils autochtones d’adopter la civilisation occidentale de se retirer du lien de parenté et de la terre des ancêtres. La présence des cimetières français et britannique démontre qu’il y a des conflits entre les deux empires à Antsiranana, mais le cimetière est pour qui et pour quoi et quels sont les prétextes de cet antagonisme et de ces cimetières ?

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Chapitre I : Contexte du sujet et Démarche de recherche L’homme a besoin d’un espace à occuper pour vivre et aussi des espaces réservés pour enterrer les morts. A chaque fois qu’il y a un enterrement dans une tombe individuelle il y a une occupation permanente et une consommation d’espace engendrant la réduction de l’espace disponible. Pour éviter ce problème d’espace, l’homme doit prendre en main la gestion de son espace géographique. I.1 : Contexte du sujet I.1.1 : Choix et justification de la zone d’étude et du sujet Les cimetières militaires dans la ville d’Antsiranana sont parmi les cimetières les plus anciens à Madagascar, surtout pour celui du Cap-Diégo parce que le premier enterrement y a débuté vers 1885 sous la période monarchique du royaume de Madagascar ce qui montre déjà la faiblesse de la monarchie merina et la menace de la colonisation du pays. Antsiranana est une zone de transit et de commerce parce que c’est un chemin reliant les pays de l’Orient (Asie) et de l’Occident (l’Europe). Pendant la seconde guerre mondiale, Antsiranana est devenue une zone stratégique et de conflits des antagonistes (la France de Vichy et la Grande Bretagne en 1942). Dès la création des cimetières, le Gouverneur Général de l’époque a publié des textes législatifs régissant les règlements des cimetières. De ce fait, nous choisissons ce sujet parce qu’il nous a permis de découvrir les causes de la présence de cet énorme cimetière militaire français dans la ville d’Antsiranana et son statut et quelle est sa place dans l’aménagement de la ville ? L’étude de ce site funéraire militaire est très utile, non seulement pour les chercheurs, mais offre aussi une opportunité et guide les responsables administratifs de la Commune Urbaine d’Antsiranana à mieux gérer l’ancien et le nouveau cimetière communal pour éviter le laisseraller et de prendre des mesures face à la dégradation du cimetière communal et au problème d’espace non contrôlé. I.1.2 : Problématique et Hypothèse de la recherche Les cimetières militaires (Français et Britanniques) qui sont implantés dans la ville d’Antsiranana sont considerés comme des cimetières de guerre, parce que la plupart des 8


soldats qui y sont enterrés ont été victimes de guerres (expédition de 1895, opération Ironclad de 1942, 2ème Guerre mondiale etc….). Cependant, malgré la présence de budgets pour entretenir les cimetières militaires français, on constate qu’il y avait eu une dégradation totale, et ce n’est qu’à partir de 2013 que les travaux de rénovation générale ont commencé. De plus, la présence des tombes civiles dans les carrés militaires(54 tombes dans le carré n°2 E et 15 tombes dans le carré militaire indigène) montre déjà l’étroitesse de l’espace et le laissez-aller, puis l’impossibilité de l’extension du cimetière nécessite une bonne gestion d’espace. Face à cette situation, nous posons la problématique « Comment-doit-on faire pour avoir une gestion durable et adéquat d’un espace funéraire et dans quelle mesure la gestion spatiale des cimetières contribue-t-elle à l’aménagement de la ville ? ». Ce qui nous incite à tirer les hypothèses suivantes : •

Que le cimetière militaire est un site funéraire qui nécessite d’être protégé et valorisé en tant que patrimoine de la ville d’Antsiranana

Le cimetière militaire subit des pressions démographiques et englobé dans des terrains d’habitations et risque d’être profané si les mesures de protection sont insuffisantes

Le non-maîtrise de la gestion spatiale fait partie de la dégradation du site funéraire et de la présence du désordre

I.1.3 : Les objectifs. Les objectifs globaux de cette recherche sont: •

d’exposer que le cimetière militaire réflete l’aménagement de l’espace dans la ville d’Antsiranana.

de revaloriser les sites funéraires militaires en tant que patrimoine culturel de la ville d’Antsiranana

de proposer une technique de gestion spatiale des cimetières gérés par la commune (localisation, place vacante, identification du défunt occupant la tombe, l’impôt).

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Les objectifs spécifiques de cette recherche sont : -

la protection de tous les cimetières militaires à Madagascar en tant que lieu de mémoire ayant des valeurs historiques et culturelles et qu’il est utile de mettre en place un catalogue collectif gratuit en ligne permettant aux chercheurs, citoyens, visiteurs (nationaux et étrangers) de faciliter leur recherche (localisation des lieux, nom du défunt, son emplacement, etc..).

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la collaboration de l’Office du Tourisme, de la Commune de la ville d’Antsiranana et de l’Etat français et du Royaume britannique pour préserver le patrimoine culturel.

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l’uniformisation de la gestion de tous les cimetières publics à Madagascar, soumis à des textes législatifs à jour

I.2 : Phase de documentation La documentation joue un rôle très important pour éclaircir notre étude et nous octroyer aussi des connaissances sur les cimetières militaires français et britanniques dans la ville d’Antsiranana. I.2.1 : La Bibliographie Les travaux ont commencé au mois de Juillet 2015 par le dépouillement des données offertes par le service de la Défense rattaché à l’Ambassade de France à Antananarivo, suivi par la consultation des documents y afférents dans les Bibliothèques spécialisées citons la Bibliothèque du Département de Géographie, la BAU (Bibliothèque et Archives Universitaires d’Antananarivo), les Archives Nationales à Antananarivo. Afin de compléter les données sur la mutation de l’occupation du sol, la démographie de chaque fokontany dans la ville d’Antsiranana, nous les avons consultés auprès du Bureau de la Statistique de la ville d’Antsiranana. En outre, l’usage de la carte topographique du Foibe Taontsaritanin’i Madagasikara sur les quartiers d’Antsiranana, et le plan offert par le Service Topographique de la ville d’Antsiranana nous a permis de mieux connaître les terrains à étudier . L’information fait partie du secteur clé du développement de la recherche, en effet, afin d’obtenir des informations à jour et pertinentes, des recherches en lignes ont été effectuées sur divers moteurs de recherche. 10


I.2.2 : Références bibliographiques relatives aux domaines de recherche BERTRAND, Régis (1991), explique dans son article « Pour une étude géographique des cimetières à Marseille » l’importance de l’étude du cimetière dans le milieu urbain. Il évoque qu’on peut faire des approches externe et interne. «Approche interne qui a permis de voir l’impact du cimetière sur son environnement et les modifications induites et l’approche externe repose sur l’aménagement particulier, son statut et les lois qui le régissent »5. Le cimetière fait partie de l’espace occupé par les vivants, en effet il peut subir des changements (emplacement, législations, architectures, culture, usage funéraire, attribution de concession) selon la région, l’époque et la société. Comme dans la cité des vivants, le cimetière rencontre aussi de problèmes d’aménagement et de gestion qui vont engendrer l’évolution de son environnement. En outre, « les géographes doivent élargir leurs études et voir les éléments relatifs au cimetière en tant qu’espaces privatifs et publics »6, enfin l’usage de la cartographie est un outil vital car elle permet de voir l’espace occupé et la mutation de l’occupation du sol.

HOLL, Augustin(1990), dans son article sur « Apprivoiser la mort, s’approprier l’espace : les cimetières comme enjeu » explique que les cimetières font leur apparition à différentes époques selon les lieux et pour des raisons sociales qui peuvent délimiter la partition de l’espace communautaire et l’identité d’un groupe ou communauté. Les cimetières pour quoi faire ? L’auteur évoque que les cimetières sont des demeures finales de l’homme mais aussi ils font partie d’un processus de discrimination de dissociation entre espace des vivants et des morts et aussi une démonstration de force sociale. Le cimetière contribue aussi à la transformation de culture et reflète la hiérarchie sociale du défunt et celle de la société. RASOAMIARAMANANA M. (2004) apporte également des analyses sur « Le Cimetière d’Anjanahary : Etude d’un secteur particulier » où elle avait retracé la mutation du site funéraire, l’introduction forcée de la culture occidentale par l’administration coloniale et le mode d’inhumation dans le cimetière communal de la ville de Tananarive. 5

Bertrand Régis. Pour une étude géographique des cimetières de Marseille. In: Méditerranée, tome 73, 2-3-1991. Marseille et l'aire métropolitaine hier et aujourd'hui. p.47 6

Ibid.

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Elle soulève aussi que l’étude de ce secteur fait ressortir les statuts sociaux (fonction, grade, nationalité) des personnes ensevelies et que ce cimetière a une valeur historique et culturelle. Cependant, la présence des tombes abandonnées indique le manque de fraternité où chacun règne chez soi et de la coupure du lien de parenté parce que les descendants ne prennent plus en main l’entretien de la tombe.

I.3 : Les travaux sur terrain et l’analyse des données En tant qu’étrangère à cette région, nous sommes obligés de faire le pré- terrain pour appréhender la réalité et effectuer des enquêtes sur place auprès des personnes concernées. Puis après le dépouillement des questionnaires et des données, nous les avons regroupés. A part les données recueillies, il est nécessaire d’ajouter les informations pertinentes tirées dans les documents relatifs à l’étude. L’analyse des données nous a permis d’éclaircir notre recherche et de ressortir les idées importantes I.3.1 : Contacts et enquêtes des personnes ressources Nous n’avons pas pu réaliser ce travail sans les personnes ressources qui nous ont guidées et partagé leurs connaissances sur les cimetières et la ville d’Antsiranana. Parmi eux, les responsables administratifs (le gardien chef du cimetière communal d’Antsiranana, le responsable du Bureau Municipal d’Hygiène d’Antsiranana, les employés de la Commune Urbaine d’Antsiranana), les employés et les collaborateurs du prestataire du service externe des carrés militaires Français et Anglais à Antsiranana ville et à Cap-Diégo, les membres de l’Association Ambre à Antsiranana. Ensuite, le Superviseur Honoraire du Commonwealth War Graves Commission et le Consul de France à Antsiranana, les personnels de l’attaché militaire de défense auprès de l’Ambassade de France à Madagascar nous a permis d’exploiter des données sur les militaires inhumés et la gestion du cimetière.

I.3.2 : Les problèmes rencontrés et l’exploitation des données L’étude de pré-terrain qui a débuté dans la deuxième semaine du mois d’Août (10 jours) a été insuffisante car nous n’avons pas pu réaliser toutes les enquêtes et recueillir toutes les 12


données pendant cette période et ce n’est qu’au mois de novembre (10 jours) que nous avons entamé l’étude sur terrain. Cependant, la réalisation de cette recherche a rencontré des problèmes, parmi eux l’insuffisance des documents (déperdition des archives municipales) sur les cimetières militaires et civils, les responsables administratifs du cimetière n’ont pas de données précises ou sont incompétents en la matière. En outre, pendant l’interview, les employés du service externe du cimetière militaire, les personnes enquêtées ont été défiantes à nous répondre et d’autres nous ont répondu d’une manière détournée. Après les récoltes des données, nous avons procédé au dépouillement et afin de ressortir les informations relatives à notre recherche et répondre à nos besoins, nous avons utilisé les outils comme le traitement des données et des textes sur (word, excel), traitement des documents cartographiques sur le Système d’Information Géographique (SIG), le Google Earth et les photos numériques montrant l’état de lieu. Nous avons utilisé aussi la carte de la ville d’Antsiranana et le plan du cimetière britannique produits par le service topographique en tant que cartes de base

Chapitre II. : Présentation générale de la zone d’étude Les cimetières militaires (Français et Britannique) sont implantés dans la ville d’Antsiranana, dans les fokontany de Lazaret Sud et de Cap-Diégo. Les cimetières militaires ont été construits à différentes époques, ainsi ils sont régis par des différents textes. Le cimetière militaire français de Cap-Diégo se trouve sur le sommet de la colline avec une superficie de 1 Ha 78 ares 60 centiares. En tant qu’ancienne zone fortement occupée par les militaires, il est situé à l’extérieur du village et de la caserne militaire de l’époque actuellement base du 2è RFI (Régiment des Forces d’Intervention). Pour les deux cimetières militaires (Français et Britannique), jadis, ils ont été crées dans la zone périphérique, proche de la route sortant de la ville mais compte tenu de la pression démographique et de l’extension de l’agglomération, ils sont devenus englobés par des quartiers d’habitation et des voies de communication et des grandes artères. Les deux cimetières militaires français et britannique sont séparés par la route de Ramena anciennement nommée Route d’Orangéa. 13


Les cimetières militaires français sont plus vastes par rapport à celui du Britannique parce que la plupart des membres du corps d’occupation et de troupes coloniales françaises décédés ont été enterrés à Cap-Diégo et dans la ville d’Antsirane de l’époque, ce dernier cimetière a une superficie de 1 Ha 23 ares 98 centiares et divisé en deux parcelles, tandis que le cimetière Britannique n’a que 35 ares 25 centiares, car seuls 315 soldats décédés pendant l’opération Ironclad de 1942 y sont enterrés.

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Croquis n° 2 : Plan d’ensemble des cimetières militaires dans la ville d’Antsiranana

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Croquis n°3 : Localisation du cimetière militaire français et britannique dans le Fokontany de Lazaret Sud

Source : La Tribune de Diego, 2015.

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Croquis n°4 : Localisation du cimetière militaire français dans le Fokontany de Cap-Diégo

Source : La tribune de Diégo, 2015

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II.1. : Cimetières militaires : Un espace reflétant l’aménagement de la ville d’Antsiranana La ville d’Antsirane a été créée par les militaires et les civils français, elle a subi des changements d’espace. Vu l’insuffisance de la main d’œuvre sur place, l’administration coloniale de l’époque était obligée de faire appel à des travailleurs étrangers (chinois, indochinois, indien) auprès des pays surpeuplés de l’Extrême Orient

7

et d’accroître les

effectifs des troupes coloniales afin de réaliser les projets et les travaux de constructions (bâtiments, routes et voies de communication). Leur présence fait partie de l’une des causes de la propagation de la prostitution et de la maladie vénérienne8 à part le paludisme et les maladies épidémiques. Des maladies engendraient l’accroissement du taux de la mortalité. Des cités des vivants et des morts sont apparus dans l’ancienne et la nouvelle ville d’Antsirane et ils sont régis par des textes législatifs.

II.1 .1: Nouvelle intégration spatiale des cités des morts dans la cité des vivants En tant que ville Européenne, la cité des vivants et des morts a été crée dans la ville d’Antsirane. De plus, l’administration coloniale de l’époque imposait aux autochtones d’imiter la culture occidentale, « qu’aucune inhumation, ne pourra être faite à Antsirane ailleurs qu’au cimetière communal »9 ce qui est dissemblable de la coutume malgache où l’enterrement a toujours lieu dans la terre des ancêtres et dans les tombeaux familiaux de même parenté et de lignage. Au début, le premier cimetière militaire se trouvait à Cap-Diégo (1885) en tant que berceau du territoire occupé par les militaires français mais après l’extension du cercle et des territoires militaires et pour éviter le problème de déplacement et de faciliter le transport des dépouilles, le second cimetière a été créé dans la ville d’Antsirane (1905). Le cimetière communal à Antsirane est divisé en deux, le premier lot est pour les civils et le second lot est réservé pour les militaires, auparavant ces lots étaient séparés par une grande allée et une

7

Bulletin Officiel de Madagascar et Dépendances, 1901, n° 3, p.231. Ramandimbilahatra, Raymond. (1987).- Méthodologie pour l’étude de la maladie vénérienne dans la ville de Diégo-Suarez pendant l’époque coloniale, In : Omaly sy Anio, n°25-26, p.334 9 Journal Officiel de Madagascar et des Dépendances, 15 décembre 1906, n°1081, p.14230 8

18


petite muraille. Mais on constate aussi qu’il y avait encore un carré militaire indigène à côté des lots appartenant aux civils. Suite aux maladies diverses (paludisme, maladies vénériennes, grippe espagnole, tuberculose10, etc.) et des accidents de travaux, des milliers de soldats français et indigène issus de différentes unités de service étaient décédés. Ils sont au nombre de 1411 dans le cimetière de Cap de Diégo et de 815 dans la ville d’Antsiranana. La réalisation de l’opération « Ironclad» à Diégo en 1942 a entraîné la perte de 315 soldats du coté britannique dont 163 soldats issus du Royaume-Uni, 132 de l’Afrique de l’Est, 5 Mauriciens, 10 Sud Africains, 1 Belge et 1 Australien. Un autre cimetière militaire qui n’était pas loin du cimetière français a fait son apparition, 304 soldats ont été enterrés dans le cimetière britannique et 11 ont été inhumés dans le cimetière militaire français (carré n°2 E), avant d’être exhumés et réinhumés dans le cimetière britannique. Tableau 1 : Présentation des soldats Britanniques inhumés au cimetière du CGWC à Antsiranana Forces

Navy Known

Army Un

Known

known United

Un

Air Force

M.N

Known

Known

Known

Un Known

Totals Un

Known

Known

Un Known

7

-

144

2

11

1

1

-

163

3

Australia

1

-

-

-

--

-

-

-

1

-

South

1

3

-

-

-

10

-

Kingdom

6

African East

-

-

132

-

-

-

-

-

132

-

Mauritius

-

-

5

-

-

-

-

-

5

-

Belgian

-

-

1

-

-

-

-

-

1

-

TOTAL

9

-

288

2

14

1

1

-

312

3

African

Source : The War dead of the British Commonwealth 1939-1945 : cemeteries in Madagascar, Mauritius (including the Phoenix memorial) Mozambique and the Seychelles p.7

10

H 295 Nombre de cas et de décès par tuberculose survenues chez l’élément militaire indigène pendant les années 1926-1927 et le 1er semestre 1928 à Madagascar 19


Ce tableau montre que 4 forces (navale, aérienne, Merchant.Naval, armée) ont contribué à la réalisation de l’opération « Ironclad » à Diégo-Suarez, mais les soldats issus de la section Army sont les plus touchés car 300 soldats sont décédés au cours de cette attaque. Sur les 315 décédés 3 sont des soldats inconnus.

II.1.2 : Cimetières militaires soumis à des législations étrangères Depuis leur création respective à nos jours, les cimetières militaires français et britannique sont soumis à leur propre législation. •

Pour les cimetières militaires français, Gallieni a publié la décision du 18 novembre 1896, portant création de « l’œuvre des tombes à Madagascar »11 qui a pour but de prendre soin des tombes abandonnées des soldats français qui étaient décédés pendant l’expédition de 1895, de construire des nouvelles tombes et de réserver des lots pour les militaires français dans des nouveaux cimetières, et une « commission »12 a été créée dans les cinq grandes villes de Madagascar (Tananarive, Tamatave, Majunga, Fianarantsoa, Diégo-Suarez) pour assurer la collecte des cotisations de tous les officiers résidents, le fonds recueilli servant à entretenir les cimetières locaux, la construction des tombes et l’inhumation des soldats français. Vu l’inégalité des cimetières et les dépenses pour les obsèques des soldats, Gallieni avait pris une décision du 20 janvier 1905 « relative à la réorganisation des œuvres des tombes »13 dans le but de mettre en place un modèle d’architecture unique pour les tombes des soldats selon leur grade, le mode d’inhumation et l’entretien des tombes.

Actuellement, l’état français prend en charge la gestion du cimetière même s’ils sont sur le territoire malgache et le terrain appartient à la municipalité d’Antsiranana. Les législations françaises sont appliquées pour gérer les cimetières parce qu’ils sont dotés d’un statut particulier (restauration, rénovation, budget etc..)14. •

Le cimetière britannique a aussi sa propre législation, il est sous l’égide du CWGC ou « Commonwealth War Grave Commission » ayant son siège à Londres. La CWGC est

11

Bulletin Officiel de Madagascar et Dépendances, 1896, n° 8, p. 322-323. Ibid. 13 Journal Officiel de Madagascar et des Dépendances, 1905, n° 979, p. 12396-12398 14 http://www.weka.fr/collectivites-territoriales/dossier-pratique/pratique-des-operationsfuneraires-dt71/gerer-un-cimetiere-ou-un-carre-militaire-5810/ 12

20


« une quango (autorité administrative indépendante) créée par la charte royale du 21 mai 1917, et présidée par le prince de Galles. Les trois principes fondamentaux de la CWGC sont que tous les morts méritent d’avoir des stèles commémoratives ou mémoriaux portant leur nom, les stèles ou mémoriaux doivent être permanents et uniformes, enfin il n’y a pas de distinction de race ou de religion ou de grade pour les militaires et civils morts en service. Ce principe est adopté par le parlement Britannique le 4 mai 1920, suivant les propositions de Kenyon directeur du British Museum, représentant du comité, ainsi les corps des soldats ne devaient pas être rapatriés et les mémoriaux ne devaient présenter aucune distinction de classe entre les soldats »15

Suivant l’accord entre les deux états (français et britannique), l’arrêté 1721-AP/4 du 30 juillet 1953 promulguant le décret n°53-654 du 30 juillet 1953, sur les sépultures militaires du British Commonwealth en territoire français, l’état français autorise que« la CGWC a plein droit sur toutes les opérations relatives à la construction, à l’aménagement et à l’entretien des cimetières et aura le droit d’agir en territoire français, puis elle est libre de choisir les terrains pour construire des cimetières à titre permanent pour la sépulture des marins, soldats et aviateurs des pays du Commonwealth victimes des guerres de 1914-1918 ou de 1939-1945»16. Suite à la demande de l’Etat Britannique auprès de l’Etat malgache, le cimetière britannique est devenu une concession perpétuelle pour les soldats britanniques. Ce terrain fait partie du morcellement de la propriété dite « La Polygone III », titre n° 3546BK, et ayant son certificat de situation juridique au nom de l’Etat Britannique et le Superviseur Honoraire représentant de la CWGC à Antsiranana prend en charge l’entretien et la gestion du cimetière.

II.2 : Cimetières militaires : Reflet de la domination des militaires dans la ville d’Antsiranana La province de Diégo-Suarez fut érigée en territoire militaire le 13 mars 1900, sous tutelle d’un officier ayant tous les pouvoirs civils et militaires. Antsirane ou Antsiranana est un lieu idéal pour les militaires français, la plupart des corps d’occupation a été installé dans la ville en raison de prudence, d’humanité et de protection du territoire. Leur présence favorise un

15

https://fr.wikipedia.org/wiki/Commonwealth_War_Graves_Commission?oldid Journal Officiel de Madagascar et des Dépendances, 12 septembre 1953, n°3577, p. 16641665

16

21


changement de l’espace qui est marqué aussi par des conflits avec les civils dans l’administration de la ville.

II.2.1 : Aménagement des quartiers et présence des cimetières militaires dans chaque cercle et territoire Cap-Diégo et Antsiranana sont devenus des territoires occupés par les militaires français. Occupation qui a commencé sur les rivages de Cap-Diégo puis s’est étendu sur le plateau de la ville d’Antsirane, des millions de francs sont utilisés pour les constructions des casernes, des bâtiments et du cimetière militaire17. Au début, les casernes de la Direction d’Artillerie et de la Compagnie des disciplinaires des Colonies, l’hôpital et le cimetière ont été créés à Cap-Diégo, tandis que les quartiers de l’Artillerie de Marine, de l’Infanterie, les casernes des tirailleurs et les bâtiments des services administratifs ont été implantés sur les plateaux de la ville d’Antsirane. En outre, le port maritime était bien divisé, suivant le décret du 2 juillet 1905 portant la délimitation du port de commerce et du port militaire interdisant l’accès à ce dernier aux navires et embarcations du commerce18. En outre, on constate l’inégalité de l’occupation du sol car « les deux tiers du plateau d’Antsirane sont des terrains militaires »19, et la partie restante a été occupée par les civils (Européens et indigènes), de ce fait, le cimetière Européen a été implanté au bord de la mer ou « cimetière dans le sable » à l’Anse de Melville, mais celui-ci a été fermé et transféré au sud du village indigène de Tanambao20 à coté du cimetière militaire suivant l’arrêté du 11 novembre 1906, publié par le Gouverneur Général Victor AUGAGNEUR. De plus, afin de repérer et de surveiller facilement les sites occupés, la ville d’Antsirane a été divisée en trois zones (A-B-C), suivant l’arrêté municipal n°3 du 14 janvier 193021. En général, la zone A était occupée par les militaires (Direction de l’artillerie, Infanterie

17

MAGER, Henri.- Madagascar : Diégo-Suarez –Aspect maritime, In : Le Monde Illustré (1857), 15 Août 1896, p. 103. 18 Journal Officiel de Madagascar et des Dépendances, 12 Août 1905, n° 1011, p. 12955. 19 MAGER, Henri.- Madagascar : Diégo-Suarez –Aspect maritime, In : Le Monde Illustré (1857), 15 Août 1896, p. 103. 20 Journal Officiel de Madagascar et des Dépendances, du 15 décembre 1906, n°1081, p.14230 21 Journal Officiel de Madagascar et des Dépendances, 1er février 1930, n° 2285, p.123. 22


Coloniale) et les civils Européens (bureaux administratifs, écoles…) tandis que la zone B est réservée pour l’infrastructure sanitaire (hôpital des indigènes), la prison civile et les quartiers pour construire les immeubles des Européens, enfin la zone C est une zone périphérique où ont été implantés l’ancien cimetière Européen, l’abattoir à l’Anse de Melville, le nouveau cimetière et les quartiers anciennement occupés par les Hovas (ou s’effectuait les discours royaux ou la place Kabary) et les villages indigènes. Puis suivant le procès-verbal du 14 novembre 1944 par la commission chargée des divers projets d’aménagement de la ville de Diégo-Suarez, le Quartier de Tanambao qui est inclus dans la zone C a été exclusivement réservé à la population indigène et devra être aménagé entièrement.22 Ce qui signifie qu’il y a une division territoriale et discrimination entre les Européens et les autochtones. Ces derniers ont été placés à l’extérieur du centre-ville ou zone périphérique, proche des cimetières (excimetière européen à l’Anse de Melville, le cimetière communal et militaire près du village de Tanambao et du Lazaret Sud) par peur de transmission des maladies et des troubles près des quartiers des Européens.

22

F27.- Projet d’aménagement de Diégo-Suarez 1945.

23


CARTE N°1 : DIVISION DE LA VILLE D’ANTSIRANE 1930

Source : Archives Nationales de Madagascar, 2015. 24


II.2.2 : Mutation de l’espace funéraire dans la ville d’Antsiranana : De Cap-Diégo à Diégoville Comme dans la cité des vivants, la cité des morts aussi a subi des changements, compte tenu de la mesure prise par l’administration coloniale de l’époque dont l’objectif est de regrouper dans une seule zone les défunts pour éviter l’éparpillement des sites funéraires d’une part et pour voir le mouvement démographique et de l’état civil (naissances, décès) dans la ville d’Antsirane d’autre part. Les cimetières ont été ouverts aux civils et militaires mais leur emplacement est bien séparé Le cimetière militaire de Cap-Diégo était le premier cimetière à accueillir le corps d’un soldat inconnu en 1885 et une année plus tard un matelot et un caporal issu de la marine et de l’infanterie de marine ont été inhumés, puis des soldats d’autres nationalités (sénégalais, arabes, etc.) ayant effectué leurs services militaires dans la colonie. Au début, ce cimetière a été peut être mixte23 car on y trouve une femme et un enfant. Le cimetière n’a pas eu de grandes architectures sauf la présence d’un grand obélisque portant le nom de 4 militaires. En général, les tombes sont individuelles, le corps est enseveli dans un cercueil avec une croix à la tête de la tombe portant le nom du défunt et la date de décès24. Les tombes sont alignées et numérotées de gauche à droite c'est-à-dire que la rangée et le numéro de tombes se présente en forme horizontale et il n’y a pas de carrés ou lot qui les divisent. Les anciennes tombes des officiers sont plus élevées que les tombes des simples soldats. Après les décisions prises par Gallieni sur « la réorganisation des œuvres des tombes »en 1905, ainsi que l’extension du cercle et des territoires occupés par les troupes coloniales, un nouveau cimetière a été ouvert le 06 mars 190625, dans la ville d’Antsirane. A partir de ce moment, le cimetière militaire a son statut particulier (interdiction d’enterrer des civils), il est divisé en carrés (1A, 1E, 2, 3, 4 etc.) et leur emplacement (rangée et numéro de tombe) se présente en forme verticale. Les tombes sont individuelles, elles ont été ornées d’un fer métallique en croix et de la plaque de cuivre portant l’identification du défunt. La dimension d’une tombe est de 0,80 m de largueur et de 2m de longueur avec une profondeur de 1,50 m et

23

Service de défense rattaché à l’ambassade de France à Antananarivo. 2015 Interview du Président de fokontany de Cap-Diégo. 2015 25 Suzanne Reutt.-Diégo Suarez pour l'éternité : les cimetières, In : La tribune de Diégo, 6 février 2013. 24

25


l’écart entre les deux tombes et de 1mètre.26 Le sol a été gazonné. La tombe a été entourée par des pierres cimentées et dans la partie intérieure, il y avait des gravillons.

Photo n°1 : Etat du cimetière militaire français dans la ville d’Antsiranana avant restauration

Source : thbhinano.blogspot.com.2010 Les cimetières militaires français à Cap-Diego et Diégo-ville ne cessent de se dégrader. Les tombes ont été cachées par l’invasion des plantes sauvages et se brisaient, puis le vol des plaques de cuivre sur les tombes engendre la déperdition de l’identification des militaires. Suite aux critiques faites par les militaires et les descendants des militaires français ce n’est qu’en 2013 que la rénovation totale des cimetières militaires a été débutée. Photo n° 2 : Cimetière militaire français rénové de Diégo-ville et de Cap-Diégo

Cliché : Auteur, 2015

26

Journal Officiel de Madagascar et des Dépendances, 4 décembre 1926, n° ; p.1127. 26


Croquis 5 : Plan d’ensemble du cimetière militaire français et communal dans la ville d’Antsiranana

27


Ce plan montre la séparation du cimetière civil et militaire français. L’espace qui a été occupé par les militaires se présente sous forme de lots ou carrés tandis que le cimetière civil est divisé en parcelles. Même s’il y avait déjà des lots réservés pour les militaires on constate encore l’éparpillement de ces carrés proches des parcelles des civils. Citons : Les carrés militaires indigènes (n°1, 2, 3, 4) se trouvent dans le cimetière communal et entourés par des parcelles civiles. Puis compte tenu de la non-clôture de ces carrés, les tombes militaires ont été empiétées et chevauchées par des tombes civiles, de ce fait il est difficile de maintenir l’espace. En outre, la superficie, le nombre des tombes et la période de l’utilisation des carrés militaires ne sont pas les mêmes. On constate que les carrés n° 1A et 1E sont les plus anciens tandis que le carré n°4 a été crée et utilisée tardivement (la plupart des militaires inhumés sont des légionnaires). Puis chaque carré contient aussi bien des tombes identifiées qu’inconnues

Tableau n°2 : Présentation des carrés militaires français dans la ville d’Antsiranana Carré

Année

Superficie Nombre

Tombes

Tombes non

ouverture

en m2

tombes

indéterminées

identifiées

et fermeture 1A

1905-1917

1419

184

15

7

1E

1906-1917

888,8

157

0

0

2E

1917-1947

2045

221

13

0

3A

1917

662,2

77

1

4

4

1947-1973

1082

68

0

2

1, 2 et 3

1926-1950

632

157

0

0

6729

864

29

13

Total

Source : Service militaire de défense rattaché à l’ambassade de France à Antananarivo, données traitées par l’auteur, 2015.

3 28


Croquis n°6 : Plan d’ensemble du cimetière militaire Britannique dans la ville d’Antsiranana

29


Ce plan qui a été levé par Mr Saugez (géomètre assermenté) le 29 décembre 1961 montre, qu’il y avait encore des espaces vacants dans le cimetière militaire britannique, ce qui signifie qu’à cette période il y avait des corps des soldats britanniques non découverts et pas encore regroupés dans ce site funéraire. Comme nous l’avons cité plus haut, tous les corps des soldats doivent être regroupés sur un même lieu, en effet l’état Britannique s’est efforcé de rassembler les restes mortels des soldats. Cependant, l’état de lieu nous a permis de constater que le nombre de stèles érigés est de 315 or quand on fait le comptage sur l’ancienne carte il n’y a que 240. II.3 : Cimetières militaires : Englobé par des quartiers d’habitation et de pression démographique De 1896 à 2014, le nombre de la population Antsiranaise (étrangers ou autochtones) n’a cessé de s’accroître, surtout après le retour de l’indépendance. La poussée démographique favorise également la construction galopante non contrôlée de bâtiments d’habitation et de l’extension des tissus urbains. Cependant, la modification de l’administration du territoire par l’état malgache a engendré aussi la disparition totale de l’ancien zonage imposé par l’administration coloniale d’antan. II.3.1 : Cimetières militaires entourés par des zones densifiées et peuplées Les zones C qui ont été occupées uniquement par les autochtones sont devenues peuplées et denses, surtout les quartiers qui sont proches des cimetières. Actuellement, ces zones sont mixtes car elles abritent les autochtones issues de différentes tribus de toute l’île et des étrangers. Tableau n°3 : Répartition démographique des fokontany aux alentours des cimetières militaires, année 2014 Fokontany

Autochtones

Etrangers

Total

Tanambao nord

7500

17

7617

Lazaret sud

6813

26

6839

Tanambao IV

6038

7

6045

Tanambao V

7159

12

7171

Cité Ouvrière

7472

0

7472

Soafeno

7303

89

7392

Source : INSTAT, Antsiranana, donnée traitée par l’auteur, 2015. 30


Croquis n° 7 : Répartition démographique des fokontany de la ville d’Antsiranana

31


Ce croquis présente la variété de la densité de la population dans la ville d’Antsiranana. On constate une densité élevée de 720 à 970 hab/ha pour le fokontany de Tanambao Tsena en tant que lieu de marché public à espace ouvert, lieu de rencontre et d’échanges des produits ruraux et urbains, puis de 480 à 720 hab/ha pour les fokontany de Tanambao nord et Tanambao III, la plupart des commerçants qui n’ont pas pu louer ou disposer d’une maison d’habitation dans le fokontany de Tanambao Tsena sont obligés de louer une maison à proximité du marché pour faciliter leur déplacement et le transport des produits à vendre, et enfin de 240 à 480 hab/ha pour les fokontany de Tanambao sud et de Tanambao V. Cette densification est marquée par la construction des maisons d’habitations, magasins, bureaux, hôtels, mosquées, temples, mais en général, leur emplacement est anarchique. Les maisons d’habitations dans le fokontany de la Cité Ouvrière a commencé à se rapprocher du cimetière militaire français de Diégo-Suarez à partir de 1990, les anciens quartiers du village de Tanambao sont devenus une zone dense, de ce fait, le cimetière est devenu englobé par des quartiers d’habitations.

II.3.2 : Cimetières militaires et communaux inclus dans les tissus urbains Compte tenu de la pression démographique de l’agglomération, les zones C qui ont été implantées dans les zones périphériques durant l’époque coloniale sont devenues incluses dans les tissus urbains et font partie de la Commune Urbaine d’Antsiranana. Elles sont mutées en zone d’extension et de densification urbaine. Suite à la modification de la division territoriale par l’état malgache, tous les quartiers dans les zones A-B et C sont morcelés et transformés en Fokontany. Pour la Commune Urbaine d’Antsiranana, ils sont au nombre de 25 fokontany. Les cimetières militaires français et britanniques sont devenus inclus dans le fokontany de Lazaret Sud.

32


Croquis n°8 : Plan d’extension de la ville d’Antsiranana

33


Croquis n°9 : Cimetières militaires englobés par des quartiers d’habitation

34


Conclusion partielle La présence des cimetières militaires permet d’évaluer qu’il y avait une forte occupation du territoire réalisé par les troupes coloniales et le corps d’occupation dans la ville d’Antsiranana et de Cap-Diégo. Des dominations sur le territoire, parce qu’ils occupent les deux tiers de la ville et leur cimetière sont plus grands et bien harmonisé. Malgré cette domination, on ne peut pas nier que la ville d’Antsiranana n’était pas réaménagé ou devenu une ville bien structurée sans la présence et l’effort mené par les militaires français et assimilés. Grâce à eux, la ville de type européenne a été créée et bien organisée, par la mise en place des quartiers sous forme de quadrilatère et séparés par des grandes artères et des voies de communication.

35


DEUXIEME PARTIE : GESTION DES SITES FUNERAIRES ET SON IMPACT DANS L’AMENAGEMENT DE LA VILLE D’ANTSIRANANA

36


Deuxième partie : Gestion des sites funéraires et son impact dans l’aménagement de la ville d’Antsiranana

Comme dans la cité des vivants, la cité des morts nécessite également une bonne gestion incluant l’aménagement dans le but de préserver les sites funéraires, de respecter les défunts qui y reposent, d’éviter le gaspillage de l’espace et de garder les limites de l’espace des morts de celui des vivants. Dans la ville d’Antsiranana, les français et les britanniques ont des modes de gestion spécifiques de leur sites funéraires respectifs, mais leur objectif est unique c’est de préserver les lieux et de ne pas oublier les efforts menés par leurs militaires sur le territoire malgache pendant la guerre. Il est à noter que le cimetière, espace pour les morts, a une importance socio-économique et culturelle. Pourtant, la gestion de ce site a un impact dans l’aménagement de la ville, un moyen de juger de la capacité des responsables administratifs dans la gestion et l’organisation de son territoire et de sa population.

37


Chapitre III : Gestion des cimetières militaires dans la ville d’Antsiranana En général, toutes les décisions touchant la gestion des cimetières militaires sont dirigés directement par les états français (attaché militaire auprès de l’Ambassade France à Antananarivo) et britannique (Commonwealth Grave War Commission à Londres). Mais la réalisation des travaux (entretien, restauration, recrutement des travailleurs) est confiée soit à une personne désignée et digne de confiance soit par l’externalisation (appel à des prestataires de service).

III.1 : Variété de gestion et d’architectures des cimetières militaires La gestion des cimetières militaires français et britanniques se diffère pour des raisons d’organisation et d’administration. De plus, les textes régissant la gestion du cimetière militaire ont induit des impacts sur le site et les personnes qui y travaillent.

III.1.1 : Différenciation de gestion administrative des cimetières militaires •

Pour le cimetière britannique

Afin d’entretenir les tombes et les cimetières dans le monde, la Commonwealth War Graves Commission (CWGC) est financée par les subventions des gouvernements des 6 Etats membres (l'Australie, le Canada, l'Inde, la Nouvelle-Zélande, l'Afrique du Sud et le RoyaumeUni). Suivant le rapport annuel de la CWGC, elle a reçu une subvention de 38,9 millions de livres sterling pour l’année 2004-200527, et de 28,606,381 millions de livres sterling pour l’année 2013-2014

28

.La contribution de chaque pays est proportionnelle au nombre de

tombes à entretenir.

Pour le cimetière militaire de Diégo, 3 à 5.000.000 d’Ariary par mois sont versés par la CWGC. C’est un budget de fonctionnement (salaire des jardiniers, paiement de la facture d’eau de la JIRAMA, achat des plantes vertes et d’essence pour la tondeuse, petite caisse et

27

https://fr.wikipedia.org/wiki/Commonwealth_War_Graves_Commission Annual Report 2013-2014 CWGC, p. 37

28

38


entretien)29. Ce budget peut évoluer selon le taux de change monétaire (en 2008, la CGWC a débloqué un budget de 300 livres sterling par mois et pour l’année 2015 aux environs de 500 livres sterling par mois) et suivant le rapport du Superviseur Honoraire du CWGC à Antsiranana au siège de la CWGC à Londres et à la direction régionale de la CWGC à Nairobi (Kenya). Cette dernière assume la surveillance des travaux réalisés, l’état du site (jardin, les stèles, les personnels) et apporte des recommandations après les inspections sur le terrain. (2 à 3 fois par an) Le Superviseur Honoraire du CWGC à Antsiranana envoie impérativement un rapport à Londres tous les mois et à la direction régionale à Nairobi tous les trois mois. Ces rapports expliquent les activités réalisées, l’utilisation du budget hebdomadaire. Le rapport financier annuel doit être envoyé tous le mois de mars de chaque année, clôture annuelle de l’année budgétaire. Suivant les recommandations de la CWGC (Kenya), après chaque inspection les stèles peuvent être rénovées (entre 2014-2015 : sur les 315 existants, 85 sont rénovées en marbre). Les grands travaux de réparation sont pris en charge directement par la (CWGC) à titre d’exemple, la stèle tombale est importée d’Italie. Cette commission pourvoit à l’achat, le transport et le dédouanement. Un projet de location ou de création d’un petit local est en gestation pour recevoir les corps éventuels des citoyens britanniques décédés sur le territoire du superviseur honoraire de la CWGC.

Pour les cimetières français

La gestion du cimetière français est différente de celle du cimetière britannique. En effet, cette gestion est confiée aux prestataires de service, suite à des appels d’offres restreints lancé auprès des entreprises de la ville d’Antsiranana. Au niveau de l’administration, c’est le service de défense rattaché à l’ambassade de France à Antananarivo qui envoie le rapport d’activités, la demande de budget de fonctionnement nécessaire pour la restauration et l’entretien des tombes militaires auprès de la DMPA qui a

29

Interview du Superviseur Honoraire du CWGC 39


son siège à Paris et qui assure la répartition du budget affecté à chaque cimetière suivant les devis prévisionnels proposés par les prestataires de service En outre, il assure le contrôle des travaux effectués par les prestataires de service, au cas où ces derniers ne respectent pas les contrats (durée, qualité du travail), ils peuvent les remplacer. Pour le cimetière de Cap-Diégo, vu la grandeur du site et les travaux à réaliser, le paiement de ce budget a été divisé en 3 tranches (Août-Octobre-Novembre 2014).

Tableau n°4 : Budget alloué par l’état français pour les cimetières militaires français dans la ville d’Antsiranana Année

Cap-Diégo

Diégo-ville

2013

0

40.080 euros

2014

97.102 euros

14.799 euros

2015

0

18.534 euros

Source : Attaché militaire de défense auprès de l’Ambassade de France, 2015.

III.1.2 : Cimetières militaires marqué par des modèles d’architectures de tombe et de changement d’espace La différenciation de l’administration et des textes régissant la gestion des cimetières militaires français et britannique favorise le changement du site funéraire et les modèles d’architectures des tombes. •

Pour le cimetière britannique

Le cimetière militaire britannique abrite une stèle qu’on appelle « la Croix du Sacrifice »qui a été dessinée par Reginald BLOMFIELD. Ce modèle est établi dans les cimetières militaires Anglais. C’est un statut élevé de 4 à 5 mètres muni d’une croix. L’horticulture occupe une grande place. Des tombes bordées des fleurs et des plantes bien soignées, le sol est gazonné. C’est un espace verdoyant, propre. Quand on y pénètre, l’image 40


du cimetière est cachée par des fleurs multicolores. Ce cimetière respecte et applique le manuel de plantation (procédure internationale) et suit aussi l’ordre du jardin botanique Royal de Kew dont le but est de donner aux visiteurs un accueil affectueux30.Les carrés autour des tombes sont cultivés de fleurs différentes. Pour éviter de cacher les inscriptions et pendant la saison de pluie pour que la terre du sol ne vienne salir la pierre tombale, les fleurs les plus petites sont plantées devant les pierres tombales. Entre les 2 pierres tombales, trois plantes sont cultivées successivement, les deux plantes qui se rapprochent de la pierre tombale sont des plantes naines et la troisième plante au milieu des plantes naines ne dépasse pas la hauteur de 1 mètre. Photo n°3 : Aperçu du cimetière militaire Britannique dans la ville d’Antsiranana

Cliché : Auteur, 2015

Le cimetière militaire anglais est uniformisé, en effet il est ordonné en rangées de pierres tombales blanches de forme rectangulaire dont les bords supérieurs sont arrondis. L’espace séparant chaque tombe, les allées et les rangées sont bien respectées, un écart de 60 cm pour les tombes, 3,80m pour l’allée et 4,40m pour chaque rangée. Le rangement de la tombe est de gauche à droite c'est-à-dire sous forme horizontale.

30

Interview du Superviseur Honoraire de la CWGC 41


Croquis n°10 : Plan de masse du cimetière britannique

STELE 6 TOMBES

8 TOMBES

Croix du Sacrifice

8 TOMBES

6 TOMBES

8 TOMBES 6 TOMBES 11 TOMBES

14 TOMBES

11 TOMBES

14 TOMBES

10 TOMBES

13 TOMBES

11 TOMBES

14 TOMBES

10 TOMBES

14 TOMBES

9 TOMBES

12 TOMBES

9 TOMBES

9 TOMBES 8 TOMBES

8 TOMBES

P O R T A I L

HALL D’ACCUEIL

7 TOMBES

8 TOMBES 9 TOMBES

9 TOMBES 14 TOMBES

9 TOMBES

14 TOMBES

8 TOMBES Bureau du Personnel

5 TOMBES

13 TOMBES

Source : Auteur, 2015. 42


Chaque pierre tombale est marquée en tête par l’emblème du service du soldat, le nom, le rang et les armes de l'unité .Chaque pierre est aussi pointée d'une croix, sauf pour ceux dont on ne connait pas la confession, auquel cas un autre symbole est gravé. Si le défunt n'avait pas de religion, aucun symbole religieux n'est gravé sur la pierre. Pour les tombes des soldats nonidentifiés, mais qu’on a pu trouver alors sur le champ de bataille, la pierre tombale porte l’inscription "A Soldier of the Great War" ou "A Soldier of the Second World War" ou "Known unto God" (Seulement connu de Dieu), cette phrase a été proposée par Rudyard Kipling31.Certaines pierres tombales portent des mots complémentaires choisis par les familles des défunts pour lesquelles elles ont dû payer 3

½

penny pour chaque lettre, cas

pendant la première guerre mondiale.32 Ces mots se trouvent dans la partie basse de la pierre tombale.

Photo n°4 : Type de transcription de pierre tombale

Cliché : Auteur, 2015

Afin d’aider les visiteurs à localiser l’emplacement des soldats inhumés au cimetière anglais, la CWGC les a publié sur son site web «Find War Dead »33. Ce site diffuse des informations permettant d’identifier les soldats décédés (nom, fonction, matricule, grade, service, date de décès, l’emplacement sur le terrain, pays d’origine, localisation du cimetière).

31

https://fr.wikipedia.org/wiki/Commonwealth_War_Graves_Commission?oldid https://fr.wikipedia.org/wiki/Commonwealth_War_Graves_Commission?oldid 33 https://Commonwealth_War_Graves_Commission-20FindDead.htm 32

43


Une maison en pierre à espace ouvert, sous forme de hall d’accueil est le «Cemetery Register » attend les visiteurs où ils sont conviés à laisser leur contact et un message (opinion sur l’état du cimetière) dans le livre d'or. Photo n°5 : Hall d’accueil

Cliché : Auteur, 2015. -

Pour le cimetière français

L’architecture des tombes varie selon le grade et l’unité de service des soldats. Les tombes des officiers ont été ornées des fers métalliques tandis que les tombes des sous-officiers sont des simples caveaux entourés de pierre cimentée, munies d’une croix en fer noir adossée à une petite plaque mentionnant l’identification du défunt. L’emplacement des tombes et les rangées aussi sont différents, horizontale pour le cimetière de Cap-Diégo, et verticale pour Diégo-ville Suite à la fièvre du vol de cuivre, il ne reste que la croix, le site a changé, des arbustes et des herbes sauvages envahissent les tombes et les détériorent. Malgré les entretiens effectués par les prestataires de service, ces sites se dégradent et ce n’est qu’en 2013 que les travaux de restauration ont débuté et l’architecture des tombes est uniformisée. Pour le cimetière de Cap-Diégo, les anciennes tombes dévastées sont transformées en rangées de béton tombales blanches de forme rectangulaire dont les bords supérieurs sont arrondis et une petite plaque portant l’identification y est collée. L’écart de chaque tombe et de 1,30m et de 4, 50m pour chaque rangée Pour le cimetière de Diégo-ville, la partie supérieure de la tombe est modifiée en plaque de béton et sur le côté droit une petite plaque en ciment portant l’identification du défunt et le 44


drapeau français mais les anciennes tombes qui sont encore intactes n’ont pas subi de changement. Les allées sont couvertes de gravillons. Photo n°6 : Les tombes rénovées à Cap-Diégo et à Diégo-ville

Cliché : Auteur, 2015.

Chapitre IV : Apport des cimetières militaires dans la ville d’Antsiranana et suggestions pour la gestion durable de l’espace L’existence des cimetières dans la ville d’Antsiranana, a apporté des changements pour la ville et des conditions de vie des employés du cimetière (prestataire de service, travailleurs permanents ou temporaires) qui sont des originaires et des immigrants.

IV.1 : Cimetières militaires : a une importance socio-économique pour la ville d’Antsiranana Les cimetières militaires dans la ville d’Antsiranana, même s’ils n’accueillent plus des soldats décédés (morts en service), a une importance socio-économique dans la société des vivants, parmi eux la création d’emploi.

45


IV.I.1 : Cimetières militaires : Contribue à la création des emplois pour les immigrants et les natifs d’Antsiranana ville Les cimetières militaires offrent une opportunité pour les natifs et les immigrants, en provenance du sud-est et des hauts-plateaux malgaches. Pendant la période de restauration des cimetières militaires français (Cap-Diégo et de Diégo-ville) plus d’une trentaine de travailleurs ont été recrutés (chef chantier, ouvriers qualifiés, manœuvres etc…) à titre temporaire et 3 d’entre eux à titre permanents (gardien, jardinier). Pour le cimetière militaire britannique, des gens originaires d’Antsiranana ont été recrutés, ils sont au nombre de 2 composé d’un chef jardinier et un jardinier. Ce sont des travailleurs à titre permanent.

IV.I.2 : Cimetières militaires : Générateur de source de revenus pour toutes catégories sociales. Toute catégorie sociale ayant un niveau de vie aisée, moyen ou pauvre procède à des travaux dans les cimetières militaires. L’ambassade de France fait de l’externalisation pour la restauration et l’entretien de leur cimetière militaire. Il le confie à un prestataire de services. Ce dernier en tant que titulaire et gérant du marché recrute des travailleurs (chef chantier, ouvriers, manœuvres, etc…), il surveille les travaux réalisés par les ouvriers, assure le paiement des salaires, l’achat des matériaux de construction (ciment, sable, pierre, peinture) et des plantes pour que le cimetière puisse être dotée d’un espace vert. Pour des raisons personnelles et confidentielles on n’a pas pu avoir la source de revenu du prestataire de service. Les sources de revenu des travailleurs (ouvriers, jardiniers, etc..) du cimetière varient selon le travail à faire et le contrat, de plus ils sont presque des tâcherons sauf les jardiniers. Les ouvriers spécialisés sont payés à 10.000 Ariary par jour et les manœuvres à 6.000 Ariary. Les travailleurs à titre permanent sont payés à chaque quinzaine et à chaque fin du mois en cours. Le salaire d’un jardinier est entre 100.000 Ariary à 150.000 Ariary par mois34. La variété du salaire dépend de l’employeur. On constate que les employés du cimetière militaire britannique sont mieux payés que ceux du français parce que la CGWC refuse 34

Interview des collaborateurs et employés des cimetières français 46


catégoriquement que leurs personnels vivent dans des mauvaises conditions et pour motiver les employés, elle confie au Superviseur Honoraire de fixer le salaire et de prendre en charge en cas de maladie, approvisionner les équipements matériels et les effets vestimentaires (gants, botte, casquette, combinaison). Le salaire mensuel du chef jardinier est de 644.674 Ariary et celui du jardinier est de 509.208 Ariary. Ces salaires sont augmentés de 10% annuellement Ils ont le droit de consulter des médecins au SMIDS ou (Service Médical Interentreprises de Diégo-Suarez).35.

IV.2 : Perspectives d’aménagement des sites funéraires Les cimetières militaires font partie du patrimoine de la ville d’Antsiranana. Depuis 2013, l’Etat français a commencé à restaurer leur cimetières militaires et actuellement, les grands travaux de rénovation sont presque en cours de finition. Pour l’année prochaine, il n’y aura que des petits entretiens.

IV.2.1 : Suggestion pour améliorer les sites funéraires dans la ville d’Antsiranana En général, les cimetières militaires sont bien gérés et entretenus par rapport aux cimetières communaux, afin de les sauvegarder et les revaloriser les suggestions citées ci-dessous nous paraissent utiles. Il est souhaitable pour • -

.Les cimetières militaires français de :

Afficher sur les entrées principales du cimetière les consignes selon l’article 16 de l’arrêté du 25 novembre 192636, (heures d’ouverture et de fermeture, l’interdiction d’y pénétrer avec les chiens ou autres animaux, cueillir des fruits ou arracher des fleurs, de marcher sur les monuments, comportement avec indécence, en passant par-dessus les clôtures), et les visites guidées (panneaux expliquant l’histoire du cimetière, cas du cimetière de Cap-Diégo)

-

Elargir ou créer un autre portail principal face à la route de Ramena (cimetière de Tanambao)

35

Interview du Superviseur Honoraire du Commonwealth Grave War Commision à Antsiranana 36 Journal Officiel de Madagascar et Dépendances, 4 décembre 1926, p. 1127 47


-

Agrandir les plaques portant l’identification du défunt sur les stèles tombales (cas du cimetière de Cap-Diégo) pour être lisible par les visiteurs.

-

Couvrir de gravillons les allées pour éviter la poussée des mauvaises herbes qui cachent les inscriptions tombales et pendant la saison des pluies pour que la boue ne vienne salir les pierres tombales (cas du cimetière de Cap-Diégo).

-

Créer des sous-allées pour faciliter l’accès aux tombes (cas du cimetière de Cap-Diégo)

-

Créer un hall d’accueil pour les visiteurs (registre du cimetière)

-

Construire un bureau du personnel et des infrastructures adéquats (toilette, douche, borne fontaine servant à arroser les fleurs et plantes, nettoyer les tombes) et des effets vestimentaires du personnel.

-

Mettre en place un registre, pour évaluer la fréquentation des visiteurs et recevoir leur avis (critiques ou propositions) afin d’améliorer la gestion du cimetière.

-

Améliorer les espaces verts, pour que le cimetière devienne un cimetière paysager, intégré dans un environnement durable et dominé par des verdures et des jardins bien entretenus.

Photo 7 : Plan de masse à l’entrée du cimetière militaire français à Diégo-Suarez

Cliché : Auteur, 2015

-

La mise en place d’un plan de masse du cimetière n’est pas suffisant, afin d’aider les visiteurs à trouver facilement l’emplacement du défunt, il est indispensable de mettre des panneaux dans chaque carré, affichant par ordre alphabétique les personnes qui y sont inhumées avec indication de l'emplacement de leur tombe (la rangée et le numéro de la tombe). 48


-

Rehausser la muraille, pour éviter le passage par-dessus des clôtures pour cueillir des fruits (en face de la route Ramena, pour le cimetière de Tanambao).

-

La Commune Urbaine d’Antsiranana doit déplacer et chercher un autre endroit pour déposer le bac à ordures afin d’éviter l’éparpillement de dépôt des déchets ménagers dans la partie nord de la muraille du cimetière militaire qui va nuire à l’environnement et détériorer l’image du site funéraire en tant que patrimoine.

Photo 8 : Des ordures ménagères répandues le long de la muraille du cimetière militaire français de Diégo-Suarez

Cliché : Auteur, 2015. •

Le cimetière britannique :

-

Agrandir et rénover le panneau d’indication du cimetière du Commonwealth War Grave Commission (CWGC)

-

Réhabiliter le chemin d’entrée Photo 9 : Panneau et route vers le cimetière Britannique de Diégo-Suarez

Cliché : Auteur, 2015 49


Le service gestionnaire du cimetière communal d’Antsiranana :

-

Pour l’ancien et le nouveau cimetière, recenser tous les défunts enregistrés dans tous les registres (inhumés, plan de parcelle, permis d’inhumer) depuis la création à nos jours. Le recensement facilitera le travail du gestionnaire du cimetière à connaître le nombre des occupants, la localisation, le nombre de concessions (perpétuel, provisoire) et les espaces vacants. De plus, en cas de besoin, (accès à la mémoire familiale, papier administratif, emplacement) la famille des défunts pourra demander ces renseignements au gestionnaire du cimetière.

-

Tenir à jour le plan d’ensemble du cimetière et de chaque parcelle (la commune doit collaborer avec les services topographiques et de Domaines de la ville d’Antsiranana), et les registres (inhumés, exhumés, transfert, l’attribution des sépultures).

-

Faire des rapports d’activités (état de lieux, inhumation etc…)

-

La tenue des archives relatives à ces attributions : à titre d’exemple déperdition des archives du registre du cimetière de 1906 à 1963, et de 1978 à 1987 car le responsable a une double fonction (à la fois chef gardien et employé de la commune urbaine de la ville d’Antsiranana)

-

Afin de connaître la superficie et la limite réelle de chaque parcelle ou de sous-lot, un retraçage des grandes allées, des ruelles et des sentiers reliant chaque parcelle ainsi que la mise en place d’un nouveau plan du cimetière s’avère fondamental.

-

Le service gestionnaire du cimetière et ses agents (gardien du cimetière) doit avoir dans chaque cimetière un fichier alphabétique des personnes qui y sont inhumées contenant les renseignements suivants (nom, sexe, âge) avec indication de l'emplacement de leur tombe (parcelle, rangée, numéro, type de tombe, durée de concession). •

La Commune Urbaine d’Antsiranana :

Le cimetière communal de la ville d’Antsiranana est un espace regroupant les rites traditionnels (diversification des pratiques de rites funéraires et mortuaires) à cause des cosmopolitismes des coutumes de la famille du défunt. Face à cette différenciation de coutume, des carrés spéciaux sont réservés aux musulmans (proximité des Comores et Mayotte), indien (Hindou), créole (Réunionnais) et des dépositoires pour conserver les défunts avant de les transférer dans la terre de leurs ancêtres (cas des castes du sud-est). Pour inciter la population à respecter le lieu et attirer les visiteurs (touristes, citoyens) et pour que le cimetière mérite d’être un espace culturel valorisé, le cimetière communal doit 50


collaborer étroitement avec les propriétaires des tombes en tant que personnes concernées. C’est un moyen pour connaître le nombre des imposables (concessionnaires, construction) et d’avoir des recettes fiscales pour entretenir le cimetière communal. -

Donner une formation adéquate à tous les personnels du cimetière, de créer un logiciel libre ou par l’usage d’un logiciel gratuit utilisé par les Archives comme le ICA-AtoM37permettant de traiter et de voir toutes les informations concernant le défunt (biographie, date d’inhumation etc…), et le lot occupé.

Exemple 1 : Prototype de traitement de données d’un militaire français décédé et enterré dans le cimetière militaire de Diégo-Suarez ( ICA-AtoM)

Source : Données offertes par le service de défense rattaché à l’Ambassade de France, données traitées par l’Auteur, 2015. 37

ICA-AtoM est une application Web de description archivistique qui repose sur les normes Du Conseil International des Archives(CIA). AtoM est un acronyme signifiant: « Access to Memory » [Accès à la Mémoire]. 51


Exemple 2 : Type d’un catalogue en ligne des cimetières militaires à Madagascar

Source : Données offertes par le service de défense rattaché à l’Ambassade de France, Site réalisé par l’auteur, 2016.

Ce type de catalogue en ligne des cimetières militaires à Madagascar est un guide de référence permettant aux visiteurs, chercheurs, du simple citoyen au représentant de l’Etat à faire connaître facilement leur recherche soit l’identification du défunt (nom, date de décès, grade ou service), son emplacement (numéro du lot ou carré, allée, numéro de la tombe), ainsi l’hiérarchisation géographique et la localisation du cimetière.

-

La commune doit avoir un budget spécifique pour entretenir les cimetières.

IV.2.2 : Projet d’aménagement, des infrastructures et mise en place d’un budget spécial Face à l’absence des parcelles disponibles, la Commune Urbaine d’Antsiranana a déjà exploité un terrain à Antazoalava, 7 à 8 km vers la route d’Anamakia. Ce site funéraire a une superficie aux environs de 118 Hectares. Pour éviter le problème de gestion et d’organisation spatiale du nouveau cimetière communal, il est fortement sollicité que la Commune Urbaine d’Antsiranana doit : -

Mettre en place des textes législatifs à jour régissant le cimetière (concession, inhumation, exhumation, entretien, construction de tombes).

-

Etablir le plan d’ensemble du cimetière et la division de chaque nouvelle parcelle. 52


-

L’architecture des tombes individuelles ou familiales doit être uniformisée.

-

Séparer les concessions où il y a des tombes familiales, individuelles, tombes des enfants et étrangers, fosses communes etc.

-

Respecter la dimension (tombe individuelle : 1 x 2 x 1,80 m ; tombe familiale : 6m2) et l’alignement (1m) de chaque tombe à construire.

-

Collaboration avec les professionnels (paysagiste), dans la mise en place d’un espace vert.

-

Mise en place des infrastructures adéquates (bureau du personnel, borne fontaine, toilettes, douche, équipements matériels des jardins et des tombes).

-

Afin d’éviter le litige des terrains et l’occupation illicite des voisins, le nouveau cimetière doit être clôturé et immatriculé d’un titre foncier.

-

Mettre à jour le plan, le registre d’inhumation (nom, sexe, âge, emplacement du défunt, type de concession et caveau familial ou individuel)

-

La mise en place d’un budget spécial est importante, car il permet de gérer et d’éviter la dégradation du cimetière et d’assurer la mise en œuvre des infrastructures

IV.2.3 : Collaboration de la Commune Urbaine d’Antsiranana avec les associations les acteurs de tourisme Il est à noter que le cimetière communal d’Antsiranana a une valeur historique mais méconnue par les citoyens. Pendant la période coloniale, il avait accueilli des politiciens malgaches exilés et/ou prisonniers décédés à Antsiranana, ce qui signifie que ce cimetière abrite des nationalistes malgaches qui ont lutté contre la colonisation. En effet, la Commune Urbaine d’Antsiranana, ne peut pas réaliser seule les travaux de restauration et/ou de réaménagement. Afin de procéder à ce travail, elle doit collaborer avec les propriétaires des tombes en tant que personnes concernées, les associations dans la ville d’Antsiranana, citons l’association Ambre, les ministères (de la culture et de tourisme), les ONG nationaux et internationaux. Cependant, la mise en place d’un catalogue collectif en ligne gratuit des cimetières militaires (français et britanniques) et communale sont la bienvenue. Ce site peut contribuer à développer le secteur du tourisme et aider les chercheurs ou les amateurs de connaître mieux ce site funéraire.

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Conclusion partielle Les sites funéraires (militaires et civils) dans la ville d’Antsiranana ont subi des inégalités à cause de la politique de gestion adoptée. Les cimetières militaires sont bien organisés par rapport aux cimetières publics gérés par la commune. La rénovation et la maîtrise de gestion des cimetières militaires a donné la valeur, la mémoire et le respect dû aux soldats européens et autochtones décédés sur le territoire Les cimetières militaires en tant que lieu d’enterrement ont des rôles importants, car ils sont devenus un espace socio-économique tandis que les cimetières communaux restent un espace culturel (diversification des rites funéraires et mortuaires). Malgré cette différenciation, l’état malgache, la commune et le service gestionnaire du cimetière peuvent tirer des exemples de gestion des cimetières militaires.

54


CONCLUSION GENERALE

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CONCLUSION GENERALE

Les cimetières militaires français dans la ville d’Antsiranana sont les plus anciens, les plus grands et bien structurés de Madagascar, suivi par celui des anglais. De leur vivant, les militaires inhumés dans ces cimetières ont contribué à la construction d’une ville de type européenne (bâtiments administratifs, des camps de l’infanterie de marine, de l’artillerie, l’hôtel de la marine, le port, etc...) Pendant la deuxième guerre mondiale, Antsiranana est devenue un point stratégique et de lutte entre les deux antagonistes (France de Vichy et les Anglais). Suite à l’opération « Ironclad » en mai 1942, la ville d’Antsiranana a été sous-contrôle des militaires britanniques et un autre cimetière a été crée pour inhumer les soldats tués au cours de cette opération. Même si les cimetières militaires ont leur statut et gestion spécifiques, pour mieux contrôler l’espace et connaître les occupants qui y sont enterrés, les cimetières communaux peuvent imiter l’exemple de gestion et d’entretien des cimetières militaires. Afin de revaloriser les cimetières dans la ville d’Antsiranana, la commune doit collaborer avec l’état français et britannique ainsi que les associations. La rénovation et l’entretien des cimetières militaires redonnent de la valeur, de la mémoire, de la dignité et du respect aux soldats, redorent l’image de la ville en plus des sites balnéaires qui attirent des touristes, contribuent à créer des emplois pour les immigrants et les natifs de la ville d’Antsiranana. De ce fait, les cimetières militaires sont devenus un espace socioéconomique et de mémoire. En outre, on ne peut pas nier la présence des litiges fonciers à Madagascar, tous les terrains communaux doivent être immatriculés pour fortifier la protection et améliorer la gestion du cimetière afin d’éviter la profanation des tombes et les défunts qui y sont enterrés et de respecter le lieu en tant que lieu de recueillement et de mémoire. A titre d’exemple : -

Cas dans la ville de Mahajanga, le cimetière d’Antanimasaja est squatté, des maisons illicites sont construites sur les tombes musulmanes. 56


-

Pour le cimetière communal d’Anjanahary (Antananarivo), les déchets ménagers en provenance des maisons riveraines sont répandus sur les tombes abandonnées, les allées où des lots où ils y avaient des tombes abandonnées sont devenus une servitude de passage pour les piétons et les voitures.

-

L’ancien cimetière à l’Anse de Melville (Antsiranana) est devenu un lieu d’habitation illicite.

Pour éviter l’empiètement des cités des morts et des vivants, et le conflit entre l’état et le citoyen, l’état malgache doit publier des textes législatifs relatifs à la gestion et la protection des cimetières communaux à Madagascar en tant que lieu de mémoire, appliquant le Schéma National de l’Aménagement du Territoire (SNAT). Ce schéma est un outil de référence pour les communes malgaches quand elles prennent des décisions municipales et/ou communales sur la création, l’emplacement d’un nouveau cimetière et la gestion de leur cimetière (POS plan d’occupation du sol). Ces textes doivent être appliqués aussi au niveau de la province (SPAT ou Schéma Provincial de l’Aménagement du Territoire) et au niveau régional (SRAT ou Schéma Régional de l’Aménagement du Territoire) pour qu’il y ait vraiment une décentralisation et éviter le chevauchement de responsabilité de chacun et d’harmoniser le territoire occupé

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BIBLIOGRAPHIE

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60


BULLETIN 1. Bulletin Officiel de Madagascar et Dépendances, 18 novembre 1896, n° 8, p. 322-323. 2. Bulletin Officiel de Madagascar et Dépendances, 1901, n° 3, p. 231

JOURNAUX 1. Journal Officiel de Madagascar et Dépendances, 1896, n° 29, p. 322-323 2. Journal Officiel de Madagascar et des Dépendances, 1905, n° 979, p. 12396-12398 3. Journal Officiel de Madagascar et des Dépendances, 12 Août 1905, n° 1011, p. 1295 4. Journal Officiel de Madagascar et des Dépendances, 15 décembre 1906, n°1081, p.14230 5. Journal Officiel de Madagascar et des Dépendances, 4 décembre 1926, n°2120, p.1127 6. Journal Officiel de Madagascar et des Dépendances, 1er février 1930, n° 2285, p.123 7. Journal Officiel de Madagascar et Dépendances, 12 septembre 1953, n°3577, p. 16641665

ARCHIVES 1. F27.- Projet d’aménagement de Diégo-Suarez 1945. 2. H 295 Nombre de cas et de décès par tuberculose survenues chez l’élément militaire indigène pendant les années 1926-1927 et le 1er semestre 1928 à Madagascar 3. Carte ville d’Antsirane. 1930.- échelle 1/5000è

SITES WEB : -

http://www.agasm-minerve.fr/memoire-de-nos-anciens/operation-ironclad, consulté le 17 mars 2015

-

www.bu.univ-antananarivo.mg/cartothèque/, consulté le 18 mars 2015

-

www.bu.univ-antananarivo.mg/theses2, consulté le 19 mars 2015

-

www.gallica.bnf.fr, consulté le 10 avril 2015

-

www.madarevues.recherches.gov, consulté le 19 mars 2015

-

www.mdl.mg, consulté le 15 avril 2015 61


-

www.persee.fr, consulté le 20 avril 2015

-

www.cn.legis.gov.mg, consulté le 14 mai 2015

-

http://www.persee.fr/doc/medit_0025-8296_1991_num_73_2_2717, consulté le 14 octobre 2015

-

-

http://www.weka.fr/collectivites-territoriales/dossier-pratique/pratique-des-operationsfuneraires-dt71/gerer-un-cimetiere-ou-un-carre-militaire-5810/ consulté le 20 décembre 2015 https://fr.wikipedia.org; consulté le 20 novembre 2015 https://fr.wikipedia.org/wiki/Commonwealth_War_Graves_Commission?oldid, consulté le 20 décembre 2015

62


TABLE DES MATIERES

63


TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS……………………………...…………………………………………..I SOMMAIRE………………………………………………………………………………...III RESUME…………………………………………………………………………………….IV MOTS CLES……………………………………………………………………………...…IV INTRODUCTION…………………………………………………...………………………..1

PREMIERE PARTIE. :DEMARCHE DE RECHERCHE ET PRESENTATION DES SITES

FUNERAIRES

MILITAIRES

DANS

LA

VILLE

D’ANTSIRANANA

……………………………………………………………………………………...…………..6 Chapitre I : Contexte du sujet et Démarche de recherche…………………………...…….8 I.1 : Contexte du sujet…………………………………………………………………...…....8 I.1.1 : Choix et justification de la zone d’étude et du sujet………………………………………...8 I.1.2 : Problématique et Hypothèse de la recherche…………….……………………….………….8 I.1.3 : Les objectifs……………………………………………………………………………………….9

I.2 : Phase de documentation……………………………………………………………….10 I.2.1 : Bibliographie…………………………………………………………………………..………..10 I.2.2 : Références bibliographiques relatives aux domaines de recherche…………..…………11

I.3 : Les travaux sur terrain et l’analyse des données…………………...………………..12 I.3.1 : Contacts et enquêtes des personnes ressources………………..……………………..……12 I.3.2 : Les problèmes rencontrés et l’exploitation des données…………………………………..12

64


Chapitre II. : Présentation générale de la zone d’étude……………………….………….13 II.1. : Cimetières militaires : Un espace reflétant l’aménagement de la ville d’Antsiranana…………………………………………………………………….……….....18 II.1 .1: Nouvelle intégration spatiale des cités des morts dans la cité des vivants …………....18 II.1.2 : Cimetières militaires soumis à des législations étrangères………….………………….20

II.2 : Cimetières militaires : Reflet de la domination des militaires dans la ville d’Antsiranana ……..………………………………………………………………….……..21 II.2.1 : Aménagement des quartiers et présence des cimetières militaires dans chaque cercle et territoire………………………………………………………………………………………...….22 II.2.2 : Mutation de l’espace funéraire dans la ville d’Antsiranana : De Cap-Diégo à Diégoville…………………………………………………………………………..………………………...25 II.3 : Cimetières militaires : Englobé par des quartiers d’habitation et de pression démographique………………………………………………………………………………30 II.3.1 : Cimetières militaires entourés par des zones densifiées et peuplées…………………..30 II.3.2 :

Cimetières

militaires

et

communaux

inclus

dans

les

tissus

urbains

…………………………………………………………………………………………………….…...32

DEUXIEME PARTIE : GESTION DES SITES FUNERAIRES ET SON IMPACT DANS L’AMENAGEMENT DE LA VILLE D’ANTSIRANANA………………………36 Chapitre III : Gestion des cimetières militaires dans la ville d’Antsiranana………...….38 III.1 : Variété de gestion et d’architectures des cimetières militaires…………………....38 III.1.1 : Différenciation de gestion administrative des cimetières militaires ……………….…38 III.1.2 : Cimetières militaires marqué par des modèles d’architectures de tombe et de changement d’espace……………………………………………………………………………..……40 Chapitre IV : Apport des cimetières militaires dans la ville d’Antsiranana et suggestions pour la gestion durable de l’espace………………………………………………………...45 65


IV.1 : Cimetières militaires : a une importance socio-économique pour la ville d’Antsiranana………………………………………………..………………………………45 IV.I.1 : Cimetières militaires : Contribue à la création des emplois pour les immigrants et les natifs d’Antsiranana ville ……………………………………………………………………………46 IV.I.2 : Cimetières militaires : Générateur de source de revenus pour toutes catégories sociales………………………………………………………………………………………………..46

IV.2 : Perspectives d’aménagement des sites funéraires……..…………………………..47 IV.2.1 : Suggestion pour améliorer les sites funéraires dans la ville d’Antsiranana ….........47 IV.2.2 : Projet d’aménagement, des infrastructures et mise en place d’un budget spécial……………………………………………………………………………………………..…...52 IV.2.3 : Collaboration de la commune Urbaine d’Antsiranana avec les associations les acteurs de tourisme…………………………………………………………………………………..53

CONCLUSION GENERALE……………………………………………………………....55 BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………………………….….58 TABLE DES MATIERES……..…………………………………………………………....63 ANNEXES…………………………………………………………………………..………..67

66


ANNEXES

67


ANNEXE I

FICHE D’ENQUETE

I.

ATTACHE DE DEFENSE MILITAIRE DE L’AMBASSADE DE FRANCE A MADAGASCAR

1. Est-ce que vous pouvez- nous dire quel est le montant du budget alloué par l’état français ? 2. Nous avions vu sur votre site web, que les grands travaux n’ont recommencé qu’en 2013-2014. Pourquoi ? 3. Depuis quand l’état français avait fait l’externalisation ? 4. Etes-vous satisfait des travaux effectués par le prestataire de service ? 5. Est-ce qu’il y a des conflits avec le service prestataire pour la réalisation des travaux ou la qualité du travail ? 6. Est-ce que vous pouvez nous dire la somme allouée au prestataire de service ? 7. Le prestataire de service, change-t-il annuellement ? 8. Est-ce que l’Etat français (ministère de la défense) voudrait encore continuer cette restauration ou est-ce juste pour un court terme ? 9. Le cimetière fait partie du patrimoine de la ville de Diego. Quel est votre suggestion pour améliorer la qualité du service, la restauration et la revalorisation du cimetière ? 10. Que pensez-vous de la présence de tombes civiles dans les carrés militaires ?

II. 1. 2. 3. 4. 5.

III.

SUPERVISEUR HONORAIRE DE LA CGWC à Antsiranana Depuis quand avez-vous pris cette fonction ? Quelles sont vos attributions ? Est-ce que vous pouvez- nous dire quel est le montant du budget alloué par le CGWC? Quels sont les problèmes rencontrés ? Le nombre de votre employé et quels sont leur mission ?

PRESTATAIRES DE SERVICE

1. Depuis quand vous avez commencé ce travail de restauration? 68


2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9.

IV.

Pourquoi choisissez-vous ce travail ? Par qui ou comment avez-vous eu ce marché ? Quels sont les problèmes rencontrés ? Combien de personnes travaillent au cimetière et quels sont leurs missions ? Est-ce-que vous pouvez nous dire, le devis utilisé pour restaurer ce cimetière ? Est-ce-que vous prenez en charge vos employés en cas de maladie ? Où est-ce-que vous achetez les plantes ? Après la restauration de ce site, est-ce-que l’Ambassade vous confie encore sa gestion et son entretien ?

EMPLOYES DES CIMETIERES

1. Pourquoi avez-vous choisi ce travail ? 2. Est-ce que ce travail est-il transmit de génération en génération ? 3. Etes-vous originaire d'Antsiranana ou immigrants ? 4. Quel est vôtre tâche quotidien ? 5. Combien de tombeau entretenez-vous ? 6. Quel est le contrat entre vous et votre employeur ? 7. Le contrat se fait-il verbalement ou par écrit ? 8. Est ce que vous pouvez nous dire, votre salaire mensuel ? 9. Avez-vous déjà rencontré un problème avec votre patron ? 10. Etes-vous satisfait de ce travail ? 11. Vu la crise, la cherté de la vie est ce que vous pensez qu'il est temps d'augmenter un peu le salaire que vous avez obtenu actuellement ou c'est mieux ? 12. Si vous voulez augmenter ce salaire, est-ce-que vous pouvez nous dire la somme dont vous en avez besoin ? 13. Entre vous, est-ce qu'il y a des conflits ? Quel est l'origine de ce conflit ? 14. Quel est votre attente de ce travail ?

V.

CHEF GARDIEN DU CIMETIERE COMMUNAL

1. Depuis quand avez-vous pris ce travail ? 2. A part vous, est-ce-qu’il y a des agents qui assurent le rôle de fossoyeur ? 3. Pouvez-vous nous donner les statistiques démographiques du cimetière ? 4. Pourquoi il y a des éléments manquants sur votre registre ? 69


5. Est-ce-qu’il y a une passation entre vous et votre prédécesseur ? 6. Où sont les anciens registres ? 7. Pouvez-vous nous dire les causes de cette dégradation ? 8. A votre avis, les impôts payés par les propriétaires ou locataires des terrains sont-ils utilisés exactement pour entretenir le cimetière ? 9. Est-ce –qu’il y a vraiment une bonne gouvernance ? 10. Comment savez-vous qu’il y a encore des espaces vacants ? 11. Pendant l’état de lieu, on constate la présence des zébus et le cimetière est devenu un lieu de pâturage, est –ce que vous donnez une autorisation aux propriétaires des animaux de laisser leur bétail ?

VI.

LES VISITEURS DES CIMETIERES MILITAIRES

1. Etes-vous touristes ? missionnaires ? descendants des défunts ? 2. Pourquoi avez-vous visité ce cimetière ? 3.

Comment aviez-vous pris connaissance de l’existence de ces cimetières militaires ? (plan de la ville, site web, personne de connaissance) ?

4. Quelle est votre opinion à propos de cette rénovation ? êtes-vous satisfait ? 5. Avez-vous d’autres remarques ou propositions pour améliorer la gestion et la restauration du site funéraire ? 6. Est-ce facile pour vous de connaitre l’emplacement de votre proche inhumé dans ce carré ou allée? 7. Avant de venir sur le site, connaissiez-vous déjà l’emplacement de la tombe que vous recherchez ? 8. Par rapport aux cimetières militaires en France, qu’est-ce qui manque aux cimetières militaires à Diégo-Suarez ou à Cap-Diego ? 9. L’inexistence des infrastructures (bureau du personnel, équipements sanitaires) est-il parmi les causes de la dégradation et de la dévalorisation du site funéraire ? 10. En tant que visiteurs, quelle est la différence entre le cimetière militaire français et Britannique ? et les cimetières civils ? 11. Que pensez-vous de la présence de tombes civiles dans les carrés militaires ? 12. Savez-vous que les cimetières sont des patrimoines de la ville d’Antsiranana ? oui – 70


non 13. A votre avis, les cimetières militaires méritent-t-ils d’être nommés patrimoine de la ville d’Antsiranana ? Pourquoi ? 14. Avez-vous des suggestions pour protéger les patrimoines de la ville d’Antsiranana à part les sites funéraires ? 15. Pour le cimetière civil ou militaire, à votre avis, est-il nécessaire de donner une formation adéquate pour les personnels du cimetière ou les responsables du service gestionnaire du cimetière ?

71


ANNEXE 2 Tableau n°1 :Répartition générale des défunts inhumés dans le cimetière militaire français dans la ville de Diégo-Suarez Carré

Nombre de Français Malagasy Autres défunts 1A 162 3 155 4 1E 157 148 7 2 2E 207 193 2 12 3A 72 0 68 4 4 60 17 17 26 1, 2 et 3 157 0 157 0 Total 815 361 406 48 Source : Service de défense rattaché à l’ambassade de France à Antananarivo, données traitées par l’auteur.

Tableau 2 : Répartition des carrées et nombre de défunts inhumés dans le cimetière militaire français dans la ville de Diégo-Suarez CARRE N°1 A Emplacement Nationalité Tombes Rangée Nbre Malgache Français Autres Indéterminées Non Exhumés Tombe identifiées 1 14 8 3 1 1 1 1 2 15 13 0 1 0 1 1 3 15 11 0 1 3 0 3 4 15 10 0 0 5 0 0 5 16 14 0 0 2 0 2 6 15 14 0 0 0 1 0 7 13 11 0 0 2 0 0 8 12 11 0 0 0 1 0 9 12 12 0 0 0 0 0 10 11 11 0 0 0 0 2 11 9 9 0 0 0 0 1 12 8 7 0 1 0 0 1 13 7 6 0 0 0 1 1 14 5 5 0 0 0 0 0 15 5 3 0 0 2 0 0 16 4 4 0 0 0 0 0 17 3 3 0 0 0 0 0 18 2 2 0 0 0 0 0 19 3 1 0 0 0 2 0 Total 184 155 3 4 15 7 0 Source : Service de défense rattaché à l’ambassade de France à Antananarivo, données traitées par l’auteur.

72


CARRE N°1 E Emplacement Rangée Nbre Tombe 1 8 2 8 3 10 4 8 5 9 6 9 7 8 8 9 9 9 10 8 11 8 12 8 13 8 14 8 15 7 16 7 17 5 18 7 19 6 20 4 21 3 Total 157

Nationalité Tombes Malgache Français Autres Indéterminées Non Inconnues identifiées 0 8 0 0 0 2 6 0 0 4 4 2 0 0 1 7 0 0 0 0 9 0 0 0 0 9 0 0 0 0 8 0 0 0 0 9 0 0 0 0 9 0 0 0 0 8 0 0 0 0 8 0 0 0 0 8 0 0 0 0 8 0 0 0 0 8 0 0 0 0 7 0 0 0 0 7 0 0 0 0 5 0 0 0 0 7 0 0 0 0 6 0 0 0 0 4 0 0 0 0 3 0 0 0 7 148 2 0 0 0

Source : Service de défense rattaché à l’ambassade de France à Antananarivo, données traitées par l’auteur.

73

Exhumés 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0


CARRE N°2 E Emplacement Rangée Nbre Tombe 22 13 23 13 24 13 25 13 26 13 27 13 28 13 29 13 30 13 31 12 32 13 12 13 13 9 14 11 15 13 16 10 17 10 18 4 19 9 Total 221

Nationalité Tombes Malgache Français Autres Indéterminées Non Inconnues identifiées 0 13 0 0 0 0 0 13 0 0 0 0 0 13 0 0 0 0 0 13 0 0 0 0 0 13 0 0 0 0 0 13 0 0 0 0 0 13 0 0 0 0 0 13 0 0 0 0 0 11 0 0 2 0 0 12 0 0 0 0 1 12 0 0 0 0 0 12 1 0 0 0 1 7 0 0 1 0 0 6 2 0 3 0 0 8 2 0 3 0 0 7 0 0 2 1 0 6 3 0 1 0 0 1 2 0 1 0 0 7 2 0 0 0 2 193 12 0 13 1

Exhumés 1 0 0 1 0 0 0 0 1 2 3 1 2 5 6 4 4 0 8 38

Source : Service de défense rattaché à l’ambassade de France à Antananarivo, données traitées par l’auteur.

CARRE N°3 Emplacement Rangée Tombe

Nationalité Mg Fr Autres

1 2 3 4 Total

22 25 19 2 68

24 27 21 5 77

0 0 0 0 0

2 0 2 0 4

Tombes Indéterminées Non Inconnues identifiées 0 0 0 1 1 0 0 0 0 0 3 0 1 4 0

Exhumés 0 1 0 0 1

Source : Service de défense rattaché à l’ambassade de France à Antananarivo, données traitées par l’auteur.

74


CARRE N°4 Emplacement Rangée Tombe

Mg

1 2 3 4 5 6 8 Total

0 0 8 6 2 1 0 17

16 16 19 11 4 1 1 68

Nationalité Fr Autres 16 0 0 1 0 0 0 17

0 16 5 3 1 0 1 26

Tombes Indéterminées Non Inconnues identifiées 0 0 0 0 0 0 0 0 6 0 1 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 2 6

Exhumés 0 0 4 0 1 0 0 5

Source : Service de défense rattaché à l’ambassade de France à Antananarivo, données traitées par l’auteur.

Emplacement Rangée Tombe 0 Total

CARRE INDIGENES N°1 et 2 Nationalité Tombes Mg Fr Autres Indéterminées Non Inconnues Exhumés identifiées 110 0 0 0 0 0 0 110 0 0 0 0 0 0

Source : Service de défense rattaché à l’ambassade de France à Antananarivo, données traitées par l’auteur.

Emplacement Rangée Tombe 0 Total

CARRE INDIGENES N°3 Nationalité Tombes Mg Fr Autres Indéterminées Non Inconnues Exhumés identifiées 47 0 0 0 0 0 0 47 0 0 0 0 0 0

Source : Service de défense rattaché à l’ambassade de France à Antananarivo, données traitées par l’auteur.

75


ANNEXE 3 PLAN DE MASSE CIMETIERE MILITAIRE CAP-DIEGO - ETAT ACTUEL ESPACE VERT

Rangée

STELE

Tombe

DEPOT DE MATERIEL DE JARDINAGE

Allée

Tombe

1

1 à 27 ?

29 à 82

2

84 ? à 113 ?

115 à 168

3

169 à 198

199 à 252

4

253 à 282

283 à 336

5

337 à 364

365 à 419

6

420 à 448 ?

450 à 504 STELE

Allée 7

505 à 608

8

609 à 705

9

706 à 805

10

806 à 904

11

905 à 1007 1008 à 1104

12 13

1105 à 1202

14

1203 à 1297

15

1298 à 1367

16

1368 à 1409

76

Allée


ANNEXE 4 Données sur les défunts inhumés au cimetière communal de Diégo-Suarez 450 400 350 300 250 200 Adultes 150

Mort-nés

100 50

2014

2012

2010

2008

2006

2004

2002

2000

1998

1996

1994

1992

1990

1988

1978 à 1987

1976

1974

1972

1970

1968

1966

1964

0

Source : Registre cimetière communal, données traitées par l’auteur, 2015.

Graphe n°1 : Répartition des défunts inhumés au cimetière communal de la ville de DiégoSuarez de 1964 à 2014

7%

Adultes Mort-nés

93%

Source : Registre cimetière communal, données traitées par l’auteur, 2015

77


ANNEXE 5

Schéma 1 : Technique de Gestion d’informations d’un cimetière

Registre des inhumés

Registre des concessions

Plan d’ensemble du cimetière

Plan de chaque lotissement et celle de la tombe ou caveau

Source : Auteur Ce schéma représente les types de registre et les plans que le chef-gardien du Bureau des Archives doit avoir en main, pour qu’il puisse vérifie si l’espace est encore vacant ou non et de connaître le nombre de défunts occupant le lot ainsi la durée de l’occupation. Ce schéma montre aussi le circuit de l’enregistrement que le chef-gardien doit suivre s’il veut faciliter son travail de gestion.

78


Contact RAMAMBAHASINA Bodo rbodohasina@gmail.com 033.09.366.34 034.15.156.93 Tsiadana LOT VA 14 H Route de l’Université d’Ankatso Antananarivo 101


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