Verdun. Argonne (19141918)
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Verdun. Argonne (1914-1918). 1936. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF. Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : - La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. - La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. CLIQUER ICI POUR ACCÉDER AUX TARIFS ET À LA LICENCE 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : - des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. - des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter utilisationcommerciale@bnf.fr.
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Carte Michelin au 200.000ème
Œuvre du Souvenir des Défenseurs de Verdun OSSUAIRE DE DOUAUMONT de
guerre autorisée par Décision ministérielle du 3 décembre 1919 et reconnue d'utilité publique par Décret en date du 29 décembre 1932.
Œuvre
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Sur le champ de bataille de Verdun, des millions d'hommes 400.00D soldats se sont heurtés dans un duel de géants français sont tombés là, sur un front de 20 kilomètres. Répondant au vœu d'innombrables familles qui auraient vainement cherché dans le chaos de ces champs bouleversés les dépouilles mortelles de leurs chers disparus, l'Œuvre du Souvenir a fait ériger, au centre de l'immense champ de bataille, un monument, véritable reliquaire de la patrie, temple auguste des grands Morts de la guerre. Ce monument, inauguré en août 1932, est vraiment digne des gloires qu'il doit consacrer. Il comprend à la fois un ossuaire,destiné aux corps non reconnus, et une chapelle. Il occupe, sur la crête allongée entre le fort de Douaumont et l'ouvrage de Thiaumont, le centre d'un vaste cimetière où les corps identifiés des soldats ont été transportés et ensevelis dans des tombes distinctes. La France entière et ses alliés ont répondu largement à l'appel du Comité de patronage dont le Comité d'action a pour président d'honneur M. le Maréchal PÉTAIN et pour président effectif S. G. Mgr GINISTY, évêque de Verdun, fondateur de l'Œuvre.
PUBLIÉ SOUS LE PATRONAGE PUBLIQUE ET DES BEAUX-ARTS DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION
VERDUN Argonne (1914-1918)
Prix:
15
Francs
PROPRIÉTAIRES-ÉDITEURS
MICHELIN &
CIt', FABRICANTS
DE PNEUMATIQUES,
:
CLERMONT-FERRAND
Société en commandite par actions au capital de 150.000.000 de francs Reg. du Cum. n° 2.213, Clermont-Ferrand. — Reg. du Com. n° 147.754. Seine.
Copyright by Michelin & (lP, 1936 Tous droits Je traduction, d'adaptation on de reproduction totale ou partielle réservéspourtouspays.,
ITINERAIRES POUR LA VISITE DES CHAMPS DE BATAILLE I:
Quatre cent mille Français sont morts pour la Patrie sur les Champs de bataille deVerdun. C'est avec une respectueuse émotion que les visiteurs parcourront ce sol sacré et vénéreront ainsi la mémoire des héros qui s'y sont sacrifiés. Quatre itinéraires partent de Verdun et conduisent aux lieux les plus fameux de la bataille La rive droite de la Meuse, les forts de Vaux et de 1er itinéraire (page 62). Douaumont, les carrières d'Haudromont. 2e itinéraire (page 107). —La rive gauche de la Meuse, Cumiéres, le Mort-Homme, la Cote 304, la Voie Sacrée. 3e itinéraire (page 125). — Montfaucon, Romagne, la butte de Vauquois, Varennes, la forêt d'Argonne, la Haute Chevauchée,la vallée de la Biesme. La tranchée de Calonne, la crête des Ëparges, la plaine 4e itinéraire (page 148). — de Woëvre.
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ERDUN ET DE L'ARGONNE (Carte Michelin, feuilles
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En dehors des grands itinéraires, il existe aux environs de Verdun des Routes stratégiques qui figurent sous cette dénomination sur la Carte Michelin au 200.000e (fie. 0 et @). Ces routes peuvent être actuellement parcourues sans aucune formalité ; seule doit être strictement observée l'interdiction de circuler lorsqu'elle est signalée par signaux ronds portant l'inscription HALTE — ROUTE MILITAIRE INTERDITE », en lettres blanches sur fond rouge. L'Autorité Militaire rappelle en outre qu'indépendamment des dangers que présenterait la visite des forts, ouvrages et abris, cette visite est formellement interdite, ainsi d'ailleurs que l'accès des terrains militaires. Cette interdiction est généralement indiquée par une pancarte portant l'inscription TERRAIN MILITAIRE — DÉFENSE
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DE PÉNÉTRER ».
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Exception est faite pour les forts de Vaux et Douaumont dont la visite est partiellement autorisée sous la conduite exclusive d'un guide. On trouvera, en fin de volume, des renseignements sur les cimetières nationaux de la région de Verdun (pages 162 et 163) et quelques indications sur la ville de Metz.
SOUS LES OBUS INCENDIAIRES, VERDUN BRÛLE (1916).
VERDUN ORIGINES ET GRANDS FAITS HISTORIQUES Une des plus anciennes villes de France, Verdun, fut d'abord forteresse gauloise puis, sous le nom de Virodunum Castrum, romaine. En 843, y fut signé le célèbre traité qui, en divisant l'Empire carolingien, l'attribua au royaume de Lorraine. De 870 à 879, elle fut incorporée à la France. En 923 elle entra dans l'Empire germanique. Devenue comté, elle eut pour maîtres, sous la féodalité, des comtes héréditaires, dont le dernier fut Godefroy de Bouillon, puis des comtes épiscopaux et des évêques. Au xe siècle, Haimon, évêque de Verdun, obtint du comte de Verdun qu'il lui cédât ses droits cet arrangement fut confirmé par l'Empereur Othon III; mais les héritiers du comte disputèrent la ville aux évêques. Plus tard, ce furent les bourgeois qui se révoltèrent contre l'autorité des évêques et parvinrent, après des luttes sanglantes, à s'en affranchir vers le milieu du XIIIe siècle. Après une longue occupation allemande, le roi de France, Henri II, reprit Verdun en 1552 et lui donna des privilèges que confirma François II en 1559. Pendant les guerres de religion, la ville fut ligueuse elle n'ouvrit ses portes à l'envoyé d'Henri IV qu'après la conversion de ce prince et les bourgeois ne prêtèrent serment de fidélité au roi de France qu'en 1601.
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GRANDS FAITS MILITAIRES
Par sa position et son histoire, Verdun est le type de la ville forteresse. Sur le passage des invasions, de tout temps, elle a été une position militaire importante, ce dont témoignent son enceinte fortifiée et sa citadelle. Après 1871, elle devint le centre d'une position capitale, formée par une sorte d'hémicycle de mamelons et de pentes, hérissés de forts, d'ouvrages, de postes et de batteries. Depuis l'année 450, où Attila la laissa « comme un champ retourné par les sangliers et les bêtes sauvages », elle a subi une dizaine de sièges
au moins. Charles-Quint l'assiégea en 1544, s'en empara et l'occupa pendant sept ans ; elle fut reprise par Henri II de France en 1552. Les Huguenots tentèrent de l'enlever par surprise, en 1589, mais les bourgeois résistèrent victorieusement.
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En 1792, l'armée prussienne attaque et bombarde la ville commandée par Beaurepaire, qui n'a que 32 canons et 44 artilleurs. Le Conseil de Défense, sous la pression d'une partie des habitants hostiles à la Révolution, se prononce malgré Beaurepaire pour la reddition. Beaurepaire se suicide, selon les uns, est assassiné, selon les autres, à l'Hôtel de Ville. Les Prussiens, après le départ de la garnison, occupèrentla ville pendant six semaines. S'il est vrai que quelques femmes allèrent au Camp de Bras pour offrir des dragées au roi de Prusse, il n'est pas prouvé que celui-ci donna, à Regret, un bal où dansèrent les Verdunoises. La victoire de Valmy obligea les Prussiens à abandonner Verdun. Le 13 octobre, Kellermann prit possession de la citadelle le 14, les troupes de la République entrèrent dans la ville. Quelques-unes des visiteuses du Camp de Bras expièrent, plus tard, sur l'échafaud, leur regrettable démarche.
Siège de 1792.
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Siège de 1870. — En 1870 Verdun se défendit plus longtemps. Quand les troupes du prince de Saxe (10.000 hommes) apparurent à l'est de la place, sa garnison comptait à peine 1.500 hommes de troupes régulières dont 50 artilleurs, environ 2.000 mobiles et 1.400 hommes de la garde nationale sédentaire, disposant de 20 mortiers, 21 obusiers, 96 canons dont 46 seulement rayés. Sous la direction du général Guérin de Waldersbach, aidé du général Marmier, cette petite garnison repoussa, le 24 août, une attaque de vive force et refusa de se rendre. Renforcée au début de septembre par 2.600 hommes échappés de Sedan, elle fit plusieurs sorties ou coups de main contre l'ennemi qui, à partir du 23 septembre, cerna complètement la ville et força les habitants des villages environnants à travailler aux ouvrages d'investissement. Dans la nuit du 19 au 20 octobre, 30 sapeurs du génie, 25 artilleurs et une centaine de fantassins surprirent les batteries allemandes de la côte des Heyvaux, entre Thierville et Regret, sur la rive gauche après un corps à corps avec l'ennemi, ils enclouèrent toutes les pièces des deux batteries. Après la reddition de Metz, la place assiégée par 15.000 hommes, menacée par 140 pièces de gros calibre, sans compter les pièces de campagne, capitula le 8 novembre, avec les honneurs de la guerre. La ville avait été bombardée trois fois. Le 24 août elle avait reçu environ 2.000 obus. Le 26 septembre, au cours d'un bombardement de 5 heures, la citadelle recevait 1.000 à 1.200 projectiles. Les 13, 14 et 15 octobre, pendant 55 heures, il tombait sur Verdun de 20.000 à 25.000 projectiles toute la ville haute et la citadelle avaient beaucoup souffert. Le préfet allemand, dont Verdun, avec le département de la Meuse, dut subir l'administration, s'appelait de Bethmann-Hollweg.
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1914. — Après l'attaque de l'aile droite allemande par l'armée Maunoury, l'armée anglaise e et déterminent leur retraite hâtive qu 9 SEPTEMBRE
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VERDUN PENDANT LA BATAILLE DE LA MARNE Après l'échec de la manœuvre française aux frontières et sous la menace d'un enveloppement allemand à l'ouest, le Général Joffre rompt résolument le combat et prescrit la retraite générale jusqu'au moment où le regroupement des forces françaises sera terminé. Une occasion favorable se présentant, il sera possible d'arrêter, puis de refouler, les armées ennemies. Le plan est le suivant constituer à gauche une masse importante de Maunoury) qui, au moment propice, débordera la manœuvre (6e Armée droite allemande pendant qu'il y aura attaque générale ou tout au moins résistance à outrance sur tout le reste du front, de Paris aux Vosges. Le plan ennemi est de détruire avant tout les forces alliées la droite a pour mission de poursuivre la gauche française et l'Armée anglaise, avant de se rabattre sur Paris qui sera cueilli comme un fruit mûr. Au centre, le prince impérial allemand ordonne la poursuite; il voit son 4e corps de cavalerie poussant son exploration vers la ligne Dijon-Besançon-Bclfort. Rêves de triomphe qui feront place à la surprise, puis à l'incertitude et finalement à l'amertume de la défaite. Le 5 septembre Galliéni signale le glissement allemand vers le sud-est; le moment propice à la manœuvre française se présente. Joffre ordonne l'offensive générale. 6-7 septembre la 6e Armée attaque l'aile droite allemande. Pour parer à cette menace de flanc, von Kluck ramène successivement 3 corps de son front
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d'attaque.
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BATAILLE DE LA MARNE.
née Franchet d'Espérey menacent de rompre la fpercute de proche en proche sur tout le front.
liaison des 1rc et 2e armées allemandes
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7-8 septembre cet affaiblissement favorise la progression de l'Armée anglaise et de la 5° Armée française (Franchet d'Espérey). la 5° Armée menace de rompre la liaison entre les lre et 2e Armées allemandes et de les prendre à revers. Cette menace détermine leur retrait hâtif dont l'effet va se faire sentir de proche en proche sur tout le reste du front allemand (10 au 13 septembre).
9-10 septembre
Rôle de la défense de Verdun et de la 3e Armée dans la bataille. Après la bataille des Frontières, la 3e Armée a également battu en retraite. Arrivée sur la rive gauche de la Meuse, elle pivote autour de sa droite appuyée à la Place de Verdun, s'arrêtant souvent pour ralentir la poursuite de l'Armée du Kronprinz. 6, 7 et 8 septembre. Pendant que le Prince de Wurtemberg pèse sur la droite de la 4e Armée (de Langle de Cary), le Kronprinz s'acharne sur la gauche de Sarrail pour essayer d'obtenir la rupture complète de la charnière par la Trouée de Revigny, les vallées de l'Ornain et de la Saulx (schéma p. 8). Il espère isoler Sarrail qui, attaqué en même temps à revers sur les Hauts de Meuse, se trouvera encerclé et réduit à capituler. Mais l'énergie que montre la gauche du 5e corps et la complète intervention du 15e, retiré de l'Armée de Lorraine (de Castelnau), viennent contrarier ses desseins ambitieux.
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9 septembre. Par sa gauche, la 3e Armée continue d'agir dans le flanc des Allemands l'aile droite, bien qu'elle maintienne vigoureusementses positions
LA BATAILLE DE LA MARNE. — LA 3E ARMÉE DEVANT VERDUN.
les attaques de front, reste dans une situation critique par suite de la
devant
menace que les forces allemandes prononcent à revers sur les Hauts de Meuse. Sarrail reçoit du Grand Quartier Général l'autorisation de replier sa droite, le cas échéant, et de laisser la garnison fixe de Verdun assurer la défense de la Place. Mais, avec une ténacité héroïque, le Commandant de la 3e Armée se il n'abandonnera pas le camp retranché tant que la Meuse ne sera cramponne pas franchie et qu'une lueur d'espoir subsistera. Le 10, sur les Hauts de Meuse, les forts de Troyon et de Génicourt, bombardés par artillerie lourde, résistent toujours. La barrière de la Meuse n'est pas franchie, mais pour parer à toute éventualité, Sarrail transporte deux divisions à l'ouest de Saint-Mihiel.
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11, 12, 13, 14 septembre. Venant de la droite allemande, la vague de reflux atteint de proche en proche les Armées du Prince de Wurtemberg et du Kronprinz ceux-ci, la rage au cœur, sont obligés de retirer leurs troupes par échelons pivotant autour de Verdun, l'Armée Sarrail talonne l'ennemi jusqu'en Argonne. Ainsi la bataille de la Marne est gagnée par ces mêmes soldats qui viennent de subir l'échec de la bataille des Frontières et d'effectuer, hallucinés de fatigue, une retraite sans précédent dans l'Histoire. La fermeté d'âme du Généralissime Joffre, le plan clair et judicieux qu'il a arrêté et exécuté dans une étroite collaboration avec des Chefs d'Armées d'une haute valeur, par-dessus tout, l'héroïsme surhumain des troupes, tels sont les facteurs de ce que l'on a appelé le Miracle de la Marne. la Guerre a été décidé, dès le commencement, en 1914, sur « Le sort de la Marne. Là, le Général Français a sauvé véritablement la France contre « « l'assaut furieux de tout un peuple. »
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écrit, après la Guerre, le Berliner TageblulL.
APRES LA MARNE, LA BATAILLE POUR VERDUN
OCTOBRE
1914-AoÛT 1915. — L'ennemi s'efforce d'isoler Verdun. A l'est, formation de la hernie de Saint-Mihiel. A l'ouest, bataille d'Argonne.
FÉVRIER-AOÛT 1916. — Dans une bataille formidable d'écrasement l'ennemi fonce sur Verdun. Il se heurte à une résistance sublime.
OCTOBRE
1916-AOÛT 1917. — Trois poussées françaises le rejettent sur ses positions de départ.
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1918. La hernie de Saint-Mihiel est réduite. En liaison avec les offensives libératrices, l'armée franco-américaine dégage complètement Verdun. SEPTIEMBRE-NOVEMBRE
LE FRONT DEVANT VERDUN JUSQU'EN FÉVRIER 1916.
LA STABILISATION DU FRONT DEVANT VERDUN (Septembre-Octobre 1914).
La formation du saillant de Saint-Mihiel. Après la bataille de la Marne, le Kronprinz établit ses positions de résistance au nord de la place, sur la ligne Avocourt-Malancourt-Brabant-Ornes. Le 20 septembre, le IIIe corps bavarois fonce sur la 75e division de réserve,
LA FORMATION DU SAILLANT DE SAINT-MIHIEL (SEPTEMBRE 1914).
progresse rapidement le 22 jusqu'à la ligne Combres-Vigneulles-Thiaucourt et bombarde les forts des Hauts de Meuse. Les forces mobiles défendent la région à un contre deux. Le 25, les Allemands réussissent à prendre pied sur les Hauts de Meuse, dans la région de Vigneulles. Ils poussent de là sur Saint-Mihiel dans lequel ils pénètrent, sans toutefois pouvoir traverser la Meuse. Mais le lendemain, la rivière, qui n'est défendue à cet endroit que par un bataillon de territoriaux, est franchie et les Allemands commencent à remonter vers la vallée de l'Aire. Le danger est pressant. Le 16e corps, parti de Nancy, rejoint les forces allemandes, les bouscule et les oblige à se replier dans les faubourgs de Saint-Mihiel, mais il ne réussit pas à les faire repasser sur la rive droite de la Meuse. Le 29 septembre la ligne passe par Combres, Chauvoncourt, Apremont, Flirey, le Bois Le Prêtre. La hernie est formée. Sans trêve, les adversaires se harcèlent pendant les mois d'octobre, novembre et décembre. Vers Saint-Mihiell'ennemi se maintient sur la rive gauche du fleuve. La crête des Eparges, tenue solidement par l'ennemi depuis le mois de septembre 1914, est vigoureusement attaquée le 6 avril 1915 par la 12e D. I. qui, après une lutte opiniâtre, menée pendant plus d'un mois, parvient à enlever aux Allemands les observatoires qui, de cette crête, leur donnaient des vues rapprochées vers le nord. Cette brillante action est suivie de contre-attaques du Ve corps allemand, particulièrement violentes dans les journées des 24 avril et 5 mai. A partir de ce moment la lutte revêtira un caractère de moindre acharnement, mais n'en continuera pas moins ardente et meurtrière (Voir page 152).
LE FOND DE LA HERNIE DE SAINT-MIHIEL VU DU FORT DES PAROCHES (1918).
LE VILLAGE DE FORGES EN 1915.
Une passerelle sur chariots traversant le ruisseau de l'orges.
Pendant une périodecalme
LES IPAHGES EN 1915. une fabrique de bagnes s'est installée à
lentrée d un abri.
(Editions F. Meiller,Vitry-s-Seine). EN AVRIL 1915, PIÈCE DE 75 TIRANT SUR L'ÉPERON DES ÉPARGES.
(Editions F. Meiller,Vitry-s-Seine). MITRAILLEUSE EN POSITION DANS UNE TRANCHÉE DE PREMIÈRE LIGNE (SECTEUR DES ÉPARGES, FÉVRIER 1915).
(EditionsF.Meilier,Vitry-s-Seine). UNE TRANCHÉE EN ARGONNE.
LALUTTEENARGONNE La bataille dans la forêt (Octobre 1914-Octobre 1915).
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La guerre de positions prit en Argonne un caractère spécial. En dehors des layons et des sentiers, ce ne sont que fourrés presque impénétrables pas de glacis, pas de champs de tir pour l'infanterie, pas de vues pour l'artillerie à laquelle une épaisse feuillée dérobe tout. Les sources jaillissent partout, les eaux traînent sur la terre argileuse, la boue rend les pistes impraticables et envahit les tranchées à peine creusées. Tranchées françaises et allemandes s'enchevêtrent. La fusillade est continuelle si quelques tireurs, juchés çà et là dans les arbres, font du tir ajusté, la nuit, les fusils et les mitrailleuses tirent sans relâche au jugé, balayant la forêt pour se parer contre toute surprise et rendre la circulation dangereuse. Mais le fusil n'est là qu'une arme accessoire. A longueur de journée, les adversaires s'arrosent de grenades et de bombes. En dehors de tout combat, il y a des centaines de tués et de blessés par jour. Dans l'attaque ou dans la défense d'une tranchée, la lutte tourne tout de suite au corps à corps. Sous terre, c'est un creusement incessant de galeries
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(Editions
F.Meiller,Vitry-s-Soine).
UN COMBAT A LA GRENADE.
Des fantassins français renvoient à l'ennemi des grenades qu'ils lui ont prises.
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et de fourneaux de mines les sapeurs adverses luttent de vitesse et d'habileté il faut faire sauter l'adversaire avant qu'il vous fasse sauter lui-même. Sur lis tranchées éventrées, bouleversées par les mines, dans la fumée, sous la pluie de terre projetée par l'explosion, on s'élance pour occuper l'entonnoir ou le disputer à l'ennemi si on a été devancé par lui. Pendant les 3 premiers mois de 1915, entre le Four-de-Paris et la vallée de l'Aire, les sapeurs français exécutèrent plus de 3.000 mètres de galeries de mines, firent exploser 52 fourneaux dont la charge avait demandé 7.200 kilos d'explosifs. Plus tard, la guerre de mines prit un développement autrement considérable et l'on vit sauter des fourneaux chargés de plus de 60.000 kilos d'explosifs.
Les poussées allemandes vers le Four-de-Paris (Octobre 1914-il/az 1915).
L'ennemi veut atteindre la vallée de la Biesme à travers les Bois de la Grurie et de Bolante.
LES POUSSÉES ALLEMANDES VERS LE FOUR-DE-PARIS (OCTOBRE 1914-MAI 1915).
En octobre, progressant à la sape, les Allemands du corps von Mudra s'emparent de Bagatelle et de Saint-Hubert. Fin novembre, la route Four-deParis-Varennes est abandonnée par les Français. A la fin de décembre, le 2e corps français dégage le Four-de-Paris. En janvier, les Garibaldiens (volontaires italiens) attaquent vers Bolante. Le 8 janvier, les Allemands se ruent sur la lisière de Bolante. Durant 3 jours les fantassins des 31e, 46e, 76e et 89e régiments et les Garibaldiens sont aux prises avec les chasseurs silésiens et hessois, dans des combats féroces. Malgré tant d'acharnement, l'ennemi ne peut atteindre la Biesme, mais il a creusé dans les lignes françaises une poche profonde et étroite en direction du Four-de-Paris. Attaques françaises dans la vallée de l'Aire. Tandis que se déroulent ces combats acharnés dans la forêt de l'Argonne, les 9e et 10e divisions françaises (5e corps) attaquent dans la vallée de l'Aire et se lancent à l'assaut du village de Vauquois, perché sur une butte commandant toute la vallée et dont l'ennemi a fait un centre de résistance et un observatoire de tout premier ordre. De décembre à février, sur un terrain transformé en lac de boue, les tentatives contre Boureuilles portent les lignes françaises à 250 mètres du village. Du 28 octobre 1914 au 1er mars 1915, 4 assauts sont menés contre Vauquois dont le sommet est atteint par les troupes françaises de la 10e division (croquis ci-contre). La lutte se prolonge autour des entonnoirs de mines jusqu'en 1916. (Voir page 130).
Les grandes attaques allemandes (Juin-Juillet 1915). En juin et juillet 1915, le commandement allemand, renonçant aux attaques partielles, va procéder, sur des fronts de 3 à 4 kilomètres, à des abaques menées à grand renfort d'hommes et de matériel. L'ennemi attaque d'abord la face nord (20 juin), puis la face est (2 juillet) du saillant de Fontaine-Madame. Le 20 juin au matin, après un violent bombardement par obus asphyxiants, deux divisions prussienne et wurtembergeoise attaquent dans le Bois de la Grurie. Intoxiqués, presque ensevelis, les fantassins du 32e corps opposent une résistance farouche. Blockhaus, éléments de tranchées subissent un
LES GRANDES ATTAQUES ALLEMANDES (MAI-JUILLET 1915).
véritable siège. L'ennemi, cependant, s'empare de la Fontaine-aux-Charmes. Jusqu'au 28 juin les contre-attaques françaises réussissent à reprendre une partie du terrain perdu. Le 30 juin les Allemands étendent leur attaque jusqu'au nord du Fourde-Paris. L'ennemi s'avance jusqu'à 8 kilomètres de la gare des Islettes, son objectif. Des barrages de 75 lui interdisent la route et les réserves françaises contre-attaquent. Le 2 juillet la préparation d'artillerie redouble de violence..La célèbre 42e division, celle de Fère-Champenoise et de l'Yser, résiste avecain héroïsme qui frappe l'ennemi lui-même d'admiration. Les Allemands n'ont pu s'emparer de la vallée de la Biesme, malgré la violence de leurs efforts et leurs lourds sacrifices. En juillet 1915 le front français, dans les secteurs de Bolante et de la Fille Morte, suit la croupe qui domine le ravin des Meurissons, franchit perpendiculairement le chemin de la Haute-Chevauchée, englobant les Cotes dominantes 285 et, plus à l'est, 263. De cette ligne pourvue de bons observatoires, une poussée française peut prendre à revers les lignes allemandes établies devant le Four-de-Paris.
LES ATTAQUES FRANÇAISES DANS LA VALLÉE DE L'AIRE (OCTOBRE 1914-AVRIL 1915).
SAPEURS CREUSANT UNE GALERIE DE
MINE.
Cet assaut, prévu pour le 11 juillet, est remis au 14 juillet. Mais l'ennemi le devance et attaque lui-même le 13 juillet. Précédés d'un bombardement d'une violence exceptionnelle (près de 50.000 obus) et de l'explosion de plusieurs mines, 5 régiments du corps de Metz s'élancent. Ils débouchent de sapes pratiquées à courte distance des tranchées françaises bouleversées. L'ennemi s'infiltre par petites colonnes, encercle les premières lignes. Sous une avalanche de projectiles lourds, qui écrasent dans les abris un grand nombre d'occupants, les Français cèdent pour éviter d'être submergés ou tournés. Les patrouilles ennemies dépassent la 2e position française. Par les ravins infestés de gaz, les réserves du 5e corps 131e, 82e, 89e R. I. et le 66e bataillon de chasseurs, montent à la contre-attaque. Sans préparation d'artillerie, ils se déploient sous une grêle de balles, nettoient la forêt à la baïonnette et reprennent une partie de la première position. D'Octobre 1915 à Septembre 1918. A partir d'octobre 1915, le front d'Argonne devient soudain aussi calme qu'il avait été agité. Les Allemands se tiennent sur la défensive. La lutte de sapes reprend, les mines bouleversent les tranchées et les entonnoirs sont disputés par de courtes luttes à la grenade. En 1916, pendant la bataille de Verdun, l'Argonne est surtout agitée par une lutte d'artillerie et de mines sur le plateau de Bolante, à la Cote 285 et à Vauquois.
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LaIbutte
DE VAUQUOIS CREUSÉE PAR LES ENTONNOIRS DE MINE.
(Vue prise en avion, Mai 1917). E.Emplacement de l'église. L. F. Lignes françaises. L. A. Lignes allemandes. La mine allemande opposée à l'église avait été chargée à 60 tonnes d'explosifs.
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—1916— LA BATAILLE DE VERDUN Pendant 1915, l'Allemagne s'est surtout défendue, en Artois (maijuin) et en Champagne (septembreoctobre). Ses succès en Serbie et en Russie n'ont pas amené la victoire finale qui ne peut s'obtenir que sur le front occidental. L'Allemagne craint une offensive des Alliés et s'inquiète de l'accroissement continu de leurs forces en hommes et en matériel. Devancer cette offensive, c'est la faire avorter et conserver l'initiative des opérations. Les Allemands désirent aussi impressionner l'opinion mondiale LA PLACE DE VERDUN, LE BASSIN DE BRIEY, qui commence à douter de leur LAPLACEDEMETZ. victoire. Enfin, ils obéissent à des préoccupations de politique intérieure ; le rationnement de la population a déprimé le moral public le prestige du Kronprinz, après ses insuccès en Argonne, a fortement baissé. Une grande victoire est nécessaire pour retremper le moral allemand, apaiser les polémiques et rehausser le prestige dynastique. Le haut Commandement allemand choisit Verdun. Le choix de ce terrain est-il aussi paradoxal qu'on l'a dit? « Verdun dans toute la guerre est le gond de la porte qui roule et qui s'ouvre tantôt sur la France, tantôt sur l'Allemagne. » (L. GILLET.) Prendre Verdun, c'est menacer toute l'aile droite française, s'emparer d'un gage important, de la place d'armes face au riche bassin de Briey et profiter d'un gros effet moral. Le saillant de Verdun facilite les attaques ennemies convergentes et les concentrations de feux. Sur la rive droite, les défenseurs combattent, le dos à la Meuse. La région de Verdun, avec ses vallonnements et ses bois, se prête au déplacement des troupes et aux concentrations d'artillerie à l'abri des vues. Du côté de l'ennemi, un réseau ferré très dense (14 voies), la proximité de Metz favorisent les transports et les approvisionnements. Du côté français, Verdun ne dispose que d'une seule grande voie reliant la place, par Sainte-Menehould, au reste du pays. Cette voie peut être d'ailleurs facilement coupée par le canon (croquis ci-contre).
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Seuls, le Meusien el la Voie Sacrée vont relier Verdun à l'arrière. La voie ferrée Verdun Commercy est coupée par le saillant de Saint-Mihiel. La voie ferrée Verdun-SainteMenehould sera coupée, dès les premières heures de la bataille, par le canon.
Aperçu géographique. Les plateaux de Verdun où va s'engager la bataille sont les der-
nières de cette série de hauteurs qui bordent la cuvette du bassin de Paris. La Meuse, souvent débordée en hiver, les partage du nord au sud. La terrasse des plateaux de la rive droite, large d'une dizaine de kilomètres sépare la vallée de la Meuse de la plaine marécageuse de la Woëvre. De nombreux ruisseaux s'enfoncent de plus de 100 mètres en un très court trajet, creusant ainsi de profonds ravins qui donnent aux Côtes de Meuse un contour « dentelé, festonné, comme modelé au pouce dans une matière grasse ». La ligne de faîte, non ébréchée, porte les points culminants (388 m.), clefs du Champ de bataille. semble construit comme « Tout ce paysage cloisonné et compartimenté une forteresse naturelle. Les couverts, les ravins y offrent des cheminements, d'excellentes positions d'artillerie. Chaque bois, chaque taillis peut être transformé en redoute. Si les embranchements des vallées, si leurs ramifications multiples prêtent « aux dangers de la manœuvre et de l'infiltration, aux progressions par surprise, les crêtes, d'autre part, présentent de merveilleux observatoires partout des escarpements, des glacis, des flanquements comme ceux que recherchent les ingénieurs. » (L. GILLET La Bataille de Verdun).
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Conception allemande de l'offensive brusquée. Instruit par les offensives d'Artois (mai 1915) et de Champagne (septembre 1915), le Commandementallemand va appliquer la méthode offensive française, mais en lui donnant, par l'action de l'artillerie, un caractère de brutalité extrême. Concentrer une énorme artillerie, couper par le canon la seule grande voie ferrée qui relie Verdun à la France (croquis page 20), écraser les défenses françaises, isoler leurs occupants par des barrages d'obus de gros calibre, puis foncer droit sur la ville et supprimer les dernières résistances en lançant en avant, sans souci des pertes, des masses irrésistibles tel est le plan que les Allemands mettent à exécution le 21 février 1916.
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LES FORCES EN PRÉSENCE LE 21 FÉVRIER 1916. La concentration ennemie autour de la place de Verdun.
LE PILONNAGE DU FORT DE DOUAUMONT (AOÛT 1916).
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Caractère de la bataille de Verdun.
La bataille de Verdun est une bataille d'écrasement, d'écrasement mutuel. concentrer à la fois le tir de pièces de tous les calibres, « La méthode consiste à non pas sur une ligne, mais sur une zone non pas seulement sur la position que l'on veut emporter, mais aussi loin que possible en arrière sur tout ce qui peut l'étayer. L'image expressive du système n'est plus celle du bélier qui frappe contre une muraille, mais celle du pilon qui tombe d'aplomb et qui martèle la zone encerclée. La zone encerclée, c'est le coin de terre où les vieux territoriaux, qui camouflent un chemin aux arrière-lignes, courent presque autant de périls que les hommes d'une vague d'assaut en d'autres où, tant que le pilon tombe et retombe, pas une corvée de vivres batailles ou de munitions ne peut franchir trois cents mètres sans être anéantie où les blessés, dans les postes de secours effondrés, délirent faute d'air où souvent, un quart rempli d'eau, c'est la vie d'un homme. Et la zone encerclée a pour limite une étroite bande de terrain que les deux artilleries essayent d'épargner, parce que les infanteries y luttent, emmêlées, à la grenade, à la mitrailleuse, au lance-flammes, et s'y disputent l'avance, au mètre carré. Verdun, un jour, le chef d'une troupe fraîche demande à l'offi« Devant Allez cier de chasseurs qu'il vient relever « Par où passe notre ligne à côte, côte rangés bien tués, chasseurs terre là où trouverez mes par vous « par là passe notre ligne ». Verdun, un jour, un chef de bataillon, privé de tout autre moyen « Devant de liaison, envoie tour à tour au poste de commandement du colonel vingt ils doivent suivre une certaine piste pour aller, une autre pour coureurs revenir. Pas un ne revient le lendemain, il les retrouve tous les vingt, dix tombés sur la piste d'aller, dix sur la piste de retour. chef de bataillon tombante, nuit à la jour, un Verdun, Devant un « monte vers la première ligne pour y visiter ses hommes et les réconforter. La première ligne, c'est un cordeau, tendu au sol, qui court entre des trous d'obus dans les trous d'obus, un par un, les hommes sont tapis. Il se penche
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POSTE DE SECOURS DU FORT DE TAVANNES, DEUX BLESSÉS ET UN COUREUR SORTANT DE LA FOURNAISE.
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sur l'une de ces cuves pleines de ténèbres, car la nuit est venue, toute noire, et à voix très basse, car l'Allemand est là, il demande « Ça va ? ». Rien ne bouge, mais une voix assourdie, comme pour dire un secret, répond « Ça va, mon Commandant ils ne passeront pas. » Il marche plus loin, poursuit sa ronde « Ça va ? et de chaque trou ténébreux monte le même secret. Au Mort-Homme ou à Froideterre A la ferme d'Hau« Où était-ce dromont ou à la Chapelle-Sainte-Fine ? Qu'importe ! C'était « devant Verdun, un jour », un jour quelconque de cette bataille où tant de jours furent pareils, et ces récits sans nombre, si beaux que pas un poète n'aurait su en inventer un seul, ces récits, dont chacun est sans prix, se ressemblent tous, comme se ressemblèrent les combats sans nombre de cette Il bataille d'écrasement. » (JOSEPH BEDIER : L'Effort français.)
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DANS LE BOIS
DES FOSSES, UN COUREUR SUR UNE PISTE.
LES GRANDES PHASES DE
21-25 FÉVRIER 1916. — L'ATTAQUE BRUSQUÉE.
MARS-AVRIL 1916.
— L'ATTAQUE AUX AILES.
MAI-SEPTEMBRE 1916. — LA BATAILLE D'USURE.
L'attaque brusquée (21-25 février) met Verdun en danger; l'arrivée des premiers renforts français sauve la place. L'ennemi élargit son front d'attaque il essaie de tourner la résistance française par les ailes, il échoue. La résistance s'organise le rail et la route jouent un rôle décisif dans la bataille. L'ennemi essaie en vain d'user l'adversaire sur place. Le 1er juillet 1916, l'offensive alliée éclate sur la Somme.
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LA BATAILLE DE VERDUN
24 OCTOBRE 1916. — LA BATAILLE DE DOUAUMONT-VAUX.
15 DÉCEMBRE 1916. — LA BATAILLE DE LOUVEMONT-BEZONVAUX.
20 AOÛT 1917. — LA BATAILLE DE LA COTE 304 ET DU MORT-HOMME*
Dès que celte bataille nouvelle le lui permet, le Commandement français transforme devant Verdun l'insuccès ennemi en défaite. Trois opérations, préparées avec le plus grand soin, exécutées avec la plus grande vigueur, chassent l'ennemi des positions qu'il a conquises. Ce sont les trois victoires du 24 octobre lM6 (Douaumont-Vaux), du 15 décembre 1916 (Louvemont-Bezonvaux) et enfin du 20 août 1917 (Samogneux-Mort-HommeCote 304).
PREMIIÏUK PHASE. — L'ATTAQUE BRUSQUÉE (21-26 FÉVRIER 1916). Menée du 21 au 26 février sur la rive droite de la Meuse, cette attaque rétrécit son front à mesure qu'elle progresse et se bloque, au 6e jour, contre la Côte du Poivre et Douaumont.
L'OFFENSIVE ALLEMANDE (Février-Août 1916).
1°
- L'attaque
brusquée.
Le 21 février 1916, à 7 h. 15, l'ennemi ouvre le feu sur les deux rives de la Meuse, sur un front de 40 kilomètres. En même temps, il bombarde Verdun systématiquement. Les derniers habitants sont évacués par l'autorité militaire le 25 à midi. Pendant dix heures, toutes les pièces d'artillerie ennemie, tous les lancemines tirent sans arrêt, à une cadence de feu roulant. Dans tous les bois à proximité du front c'est un véritable feu d'artifice. Ce tir prodigieux d'écrasement s'abat avec une énorme proportion d'obus lourds 150 et 210 arrivent par rafales. Sous ce déluge de mitraille, les tranchées, les boyaux sont nivelés, les bois deviennent un enchevêtrement de troncs et de branches, les villages croulent et s'effacent. L'attaque d'infanterie se déclenche à 17 h. 15, à la tombée du jour, du bois d'Haumont à Ornes. Trois corps d'armée les VIIe, XVIIIe et IIIe s'avancent. Il semble que transces troupes n'ont plus qu'à marcher l'arme à la bretelle sur un terrain formé en labour. Les 51e (Boulengé) et 72e divisions (Bapst) du 30e corps (Chrétien) vont supporter le choc et, pendant trois jours, couvriront l'arrivée des renforts français. Un combat héroïque succède à la plus formidable préparation d'artillerie connue jusqu'alors. Les chasseurs du colonel Driant résistent pied à pied dans le bois des Caures. Le soir, les progrès de l'ennemi sont insignifiants, comparés à ses sacrifices cependant il s'est emparé du bois d'Haumont. Le 22, sous la neige, le bombardement recommence, plus formidable s'il est possible au bois des Caures, débordé des deux côtés, le colonel Driant
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résiste jusqu'à la mort, après avoir fait évacuer ses chasseurs sur Beaumont. Pendant ce temps, les secteurs de Woëvre et de la rive gauche de la Meuse sont soumis à une violente action d'artillerie. Le 23, la lutte s'intensifie encore. Brabant tombe aux mains de l'ennemi après une résistance farouche du 351e d'infanterie qui, jusqu'à la nuit, s'accroche aux ruines de Samogneux. Plus à l'est, la bataille fait rage les Français contre-attaquent sans succès au bois des Caures et sont attaqués à l'Herbébois ; la 51e division se replie, faisant payer cher à l'ennemi ses progrès vers le bois des Fosses. Le soir, sous un horizon embrasé, la ligne passe par Samogneux-BeaumontOrnes. Dans la nuit Samogneux tombe aux mains de l'ennemi. La situation est très grave. Le 24, l'ennemi renforce ses troupes d'attaque auxquelles il demande un effort suprême et parvient ainsi,, bien que gêné par l'artillerie française de la rive gauche de la Meuse, à enlever la Cote 344, à l'est de Samogneux, le bois des Fosses, le bois le.Chaume et le village d'Ornes. Mais ce même jour, les renforts français arrivent. Ce sont la 37e D. I. (7e C. A.), les 31e et 306e brigades (20e C. A.), sous les ordres du général Balfourier qui prend provisoirement le commandement de la Meuse à la Woëvre. Ce jour même également le général Pétain reçoit des mains du général de Castelnau le commandement de l'armée de Verdun. Le 25, la 37e division, chargée de la défense de la Côte du Talou et du village de Louvemont, résiste longtemps aux attaques les plus acharnées, mais, sur sa droite, l'ennemi parvient à enlever le bois de la Vauche, s'avance vers Douaumont et enlève le fort par surprise (voir p. 92) ; ses efforts sur le village échouent devant l'héroïsme de la 31e brigade le 95e d'infanterie s'y couvre de gloire. L'avance de l'ennemi, de ce côté, n'est pas sans influencer la 37e division qui se voit contrainte d'abandonner la Côte du Talou. Pendant ce temps, dans la plaine de la Woëvre, le front en saillie dangereuse, tenu par des effectifs très dilués, est volontairement ramené au pied des Hauts de Meuse. Des éléments de couverture dissimulent ce repli, puis, combattant en retraite, permettent l'organisation de la ligne choisie. Dans la nuit du 25 au 26 le général Pétain prend le commandement effectif et tout aussitôt divise la ligne de bataille en quatre groupements Bazelaire, sur la rive gauche, depuis Avocourt jusqu'au fleuve Guillaumat, de la Meuse à Douaumont Balfourier, de ce point à la "Woëvre Duchesne, sur les Hauts de Meuse. Il n'existe pas de tranchées. Pétain ordonne de relier au moins les forts par une ligne continue qui sera organisée en pleine bataille et que les poilus appelleront, dans leur dédain de la bêche et de la pioche, la « Ligne de la Panique ». Il affecte une division entière, la 5ge, à l'organisation des contrepentes sur les 2e et 3e lignes il met 13 bataillons à entretenir la route de Bar-le-Duc à Verdun, par Souilly : la Voie Sacrée, qui sera la grande artère de ravitaillement en hommes et en munitions et sur laquelle passeront plus de 1.700 camions et automobiles, dans chaque sens, par jour. Il communique à tous son énergie, son activité et sa foi, et il arrête la ruée ennemie. Et de fait, dans la journée du 26, la 39e division (Nourrisson), qui a, relevé la 37e, repousse victorieusement toutes les attaques sur la Côte du Poivre la 31e brigade, sans faiblir, continue à tenir Douaumont jusqu'à sa relève, dans la soirée, par la 2e division (Guignabaudet). Les jours suivants la lutte se poursuit aux abords et dans les rues de Douaumont, que l'ennemi enlève finalement le 4 mars. L'effort allemand ne peut se soutenir plus longtemps il piétine les Allemands ont échoué sur la rive droite. Arrêtés à Douaumont. ils sont pris à revers par les positions françaises de la rive gauche ils doivent modifier leur plan. Dès lors, simultanément ou successivement, ils opèrent sur les deux rives.
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LE GÉNÉRAL PÉTAIN AU MILIEU DES TROUPIERS.
LE COLONEL DRIANT. — SON POSTE PE COMMANDEMENT AU BOIS DES CAURES.
(MARS 1916). CONTRE-ATTAQUE D'UNE DÉPART DOUAUMONT, LE A L'OUEST DE
LE KRONPRINZ PASSANT SES TROUPES EN REVUE
DÉBARQUEMENT DE RENFORTS SUR LA
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A
CHARLEVILLF.
VOIE SACRÉE. (MARS 1916).
DEUXIÈME PHASE. — L'ATTAQUE ALLEMANDE
L'attaque brusquée qui devait emporter Verdun et contraindre au repliement l'artillerie française de la rive gauche de la Meuse, les Allemands
2° — La bataille aux ailes (Mars-Avril 1916). L'offensive allemande n'a pu donner sur la rive droite de la Meuse le résultat attendu. L'ennemi va combiner ses opérations sur les deux rives. Le 6 mars, deux divisions attaquent de Béthincourt à Forges où le front français est tenu par la 67e division (Aimé). Elles parviennent à enlever Forges, mais se heurtent aux positions de la Côte de l'Oie. Le 7, poursuivant leur avance, elles s'emparent de la Côte de l'Oie et du bois des Corbeaux, et engagent une lutte terrible au village de Cumières, qui reste entre les mains des Français. Plus à l'ouest, elles se brisent devant le Mort-Homme (voir p. 112). Le 8 mars, tandis que sur la rive gauche les troupes françaises reprennent le bois des Corbeaux, sur la rive droite, les Allemands mettent en ligne des éléments de 5 corps d'armée différents et procèdent à une attaque générale qui échoue avec des pertes sanglantes leur seul avantage est la prise d'une partie du village de Vaux. Le 9,l'ennemi prend pied sur les pentes du Mort-Homme, en même temps qu'à l'autre extrémité de la ligne de bataille il donne en vain l'assaut au fort de Vaux, dont il annonce faussement la prise (voir p. 68). Le 10, le bois des Corbeaux est enlevé par les Allemands et la ligne française se replie sur Béthincourt-Mort-Homme-sud des boisdes Corbeaux et de Cumières. La lutte continue au village et devant le fort de Vaux que les troupes françaises tiennent solidement. L'ennemi en a fini momentanément avec ses attaques de grande envergure. En réalité, il a échoué. Le 10 mars, Joffre pouvait dire aux soldats de Verdun
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d'aboutir. Canonnés sur leur flanc par ellt à la fois, puis alternativement sur les deux rives.
'les françaises, a été bloquée avant
Depuis trois semaines, vous subissez le plus formidable assaut que l'enlemi ait encore tenté contre nous. L'Allemagne escomptait le succès de cet effort qu'elle croyait irrésistible et auquel elle avait consacré ses meilleures troupes sa plus puissante artillerie. Elle espérait que la prise de Verdun raffermirait e courage de ses alliés et convaincrait les pays neutres de la supériorité allenande. Elle avait compté sans vous 1 Le pays a les yeux sur vous. Vous serez le ceux dont on dira ils ont barré aux Allemands la route de Verdun. » Du 11 mars au 9 avril, la lutte prend un aspect différent aux attaques tendues succède une série d'actions locales, courtes, violentes, limitées. Le 14 mars l'ennemi enlève à la 75e brigade la Cote 265 qui constitue la partie suest du Mort-Homme, mais échoue sur la partie est. Le 20 les bois d'Avo:ourt et de Malancourt tombent aux mains des Bavarois. Après une lutte acharnée, le 31 mars, c'est le village de Malancourt qui succombe le 8 avril, :'est Béthincourt. Sur la rive droite, après de puissants efforts autour de Vaux, l'ennemi atteint le bois de la Caillette et la voie Vaux-Fleury, mais il en est rejeté par la 5e division (Mangin). Le 9 avril, à midi, les Allemands lancent une furieuse attaque sur les deux rives sur la rive gauche, 5 divisions sont jetées à l'assaut. Elles échouent partout, sauf au Mort-Homme, où malgré la résistance héroïque de la 42e division (Deville), elles occupent les pentes nord-est sur la rive droite, l'assaut est mené contre la Côte du Poivre, qui reste aux Français. Le lendemain, dans son ordre du jour, le général Pétain lance l'appel fameux « Courage. On les aura 1 » (Photo, page 32). Le 30 avril, le général Nivelle remplace à la tête de l'armée de Verdun le général Pétain, appelé au commandement du Groupe d'Armées du Centre. «
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LE GÉNÉRAL JOFFRF. ET LE GÉNÉRAL PHTAIN
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LE MORT-HOMME. LES COTES 286 ET 295. En haut la vallée du ruisseau de Forges, Béthincourt à gauche, le bois de Forges à droite.
ENTRE DOUAUMONT ET VAUX, LE RAVIN DE LA FAUSSE CôTE.
TROISIÈME PHASE. — LA BATAILI. sans arrêt sur les deux rives de la Meuse. L
La lutte acharnée se poursuit Les divisions françaises se succèdent devant Verdun, mais relevé M
3° — La bataille
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d'usure (Mai-Août1916).
En mai, l'ennemi pousse ses opérations sur la rive gauche de la Meuse où il se heurte au Mort-Homme étendant son front d'attaque vers l'ouest, il assaille la Cote 304, solide point d'appui et précieux observatoire. Perdue le 23 mai, cette Cote est reprise le lendemain. Après un mois de combats sanglants les Allemands n'ont occupé que la crête du Mort-Homme et les pentes nord de la Cote 304. Pour dégager la rive gauche de la Meuse où l'ennemi est pressant, le 22 mai, la 5e division (Mangin) attaque sur la rive droite, en direction de Douaumont. Seule l'attaque centrale réussit, mais l'ennemi résiste à l'intérieur du fort; ses nombreuses réserves, dont le 1er corps bavarois, parviennent à déloger les assaillants le 24 mai (voir page 93). Si Douaumontreste à l'ennemi, cette attaque réussit cependant à dégager la rive gauche en attirant à elle les réserves allemandes. La lutte va se poursuivre sans trêve ni merci. L'Allemand, inquiet des préparatifs de l'offensive franco-britannique sur la Somme, veut en finir à chaque pas, il se heurte à une il précipite ses attaques avec Verdun volonté inébranlable de résistance. En avril, il a enlevé le village de Vaux. Désormais il s'acharne contre le fort. Le 2 juin, il en occupe la superstructure ; il lui faut six jours pour en réduire la garnison (voir page 71). En même temps, de Douaumont, il s'avance vers Froideterre. Le 9 juin, la ferme de Thiaumont est prise, mais l'ouvrage tient encore. Sur la rive gauche l'ennemi reprend ses attaques. Le 31 mai, débordant
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essaye d'user les forces françaises. La résistance s'organise. d'être épuisées, elles sortent plus aguerries de la fournaise.
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le Mort-Homme par la vallée de la Meuse, il arrive à la station de Chattancourt une contre-attaque le refoule jusqu'à Cumières. S'il parvient à saisir le sommet de la Cote 304, il ne peut en conquérir les pentes sud. Il est encore loin de la forte barrière des Bois Bourrus. Sur la rive droite, au contraire, tenant Douaumont et Vaux, il est à pied d'oeuvre pour rompre la barrière de Souville et avoir sous les yeux la cuvette de Verdun. C'est donc là qu'il va chercher la décision suprême. Le 23 juin, 70.000 hommes s'élancent sur le front Thiaumont, Fleury, Vaux. L'ouvrage de Thiaumont est pris, des vagues d'assaillants déferlent jusqu'à l'ouvrage de Froideterre, mais une contre-attaque nettoie le plateau jusqu'à Thiaumont. Au centre, débordant Fleury des deux côtés, l'ennemi y prend pied. Devant Souville, il échoue complètement (voir page 77). Le 11 juillet, il resserre son front d'attaque, de Fleury à Damloup. Il lance 40.000 hommes à l'assaut, Dépassant Fleury, il s'infiltre par le ravin à l'ouest du village il parvient un moment jusqu'au fort de Souville d'où il est aussitôt chassé (voir page 80). Malgré ses succès partiels, il n'a pu atteindre ses objectifs principaux. Il a subi des pertes sanglantes et l'offensive franco-britannique qui, le 1er juillet, s'est déclenchée sur la Somme, absorbe ses renforts. Assiégé depuis près de cinq mois, Verdun est sauvé. Cependant la lutte continue, acharnée, jusqu'au milieu d'août; elle se concentre principalement autour de l'ouvrage de Thiaumont qui change 16 fois de maître, du village de Fleury, repris le 18 août après maintes tentatives, et dans les bois au sud de Vaux par où l'ennemi tente de tourner Souville.
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A L'ARRIÈRE DU CHAMP DE BATAILLE. Les échelons d'artillerie sur le coteau d'Haudainville. obus. Une péniche, cantonnement de troupes au repos, atteinte par un La messe dans l'église de Vaubécourt incendiée par les bombes d'avions.
DANS LE SECTEUR DE VAUX.
Unecorvée venant du tunnel de Tavannes. Les fossés de — (Juin 1916). Poilus allant puiser de reau
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la redoute de la Laufée dans les troua d'obus du ravin de Tavannes.
DÉGAGEMENT DE VERDUN SUR LA RIVE DROITE DE LA MEUSE.
Les offensives françaises des 24 octobre et 15 décembre 1916.
RETOURS OFFENSIFS FRANÇAIS ET DÉGAGEMENT DE VERDUN L'offensive française du 24 octobre 1916. En août 1916 la bataille de Verdun est un gros échec allemand. Elle va devenir une victoire française. Le but est de reconstituer dans son intégrité la barrière des forts autour de Verdun. L'heure des petites attaques visant à la reprise de quelques centaines de mètres est passée. Après avoir fait disparaître les poches que l'ennemi avait creusées dans la ligne française en juin et juillet, c'était en portant d'un seul bond toute la ligne en avant qu'on pouvait gagner utilement du terrain. Pour mener à bien l'opération, les généraux Nivelle et Mangin disposent d'une puissante artillerie 290 pièces de campagne et plus de 300 pièces lourdes. Trois divisions d'élite doivent attaquer en première ligne la 38e (Guyot de Salins), renforcée à gauche par le 11e R. I., la 133e (Passaga), dite «la Gauloise », et la 74e (de Lardemelle). L'ennemi oppose 7 divisions en première ligne. Le Commandement français a cherché la supériorité dans la qualité des troupes, dans leur instruction et aussi dans une tactique nouvelle d'attaque méthodiquement montée. La liaison si délicate de l'artillerie et de l'infanterie est réglée selon un horaire rigoureusement étudié. Les troupes d'assaut progressent derrière les barrages roulants, qui se déplacent en avant suivant un rythme fixé. Cet assaut se fait en deux temps, un arrêt est prévu pour permettre aux unités engagées de se remettre en ordre.
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Dès le 21 octobre la préparation d'artillerie se déclenche, minutieusement réglée et contrôlée jour par jour. Le 23 un incendie se déclare dans le fort de Douaumont. Le même jour une fausse attaque d'infanterie permet de dévoiler de nouvelles batteries ennemies qui aussitôt sont contre-battues. Cette feinte échappe aux Allemands et le Kronprinz en prend prétexte pour publier qu'il a brisé net une forte attaque française. L'ennemi est sur ses gardes le 23, un officier allemand prisonnier déclare avec certitude « Nous ne prendrons pas plus Verdun que vous ne
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reprendrez Douaumont. » Le 24, à 11 heures, par une brume opaque, l'attaque réussit brillamment et ramène les Français aux carrières d'Haudromont, dans les ouvrages et dans la ferme de Thiaumont, dans le fort et le village de Douaumont (voir p. 94), à la lisière nord du bois de la Caillette, jusqu'à l'étang de Vaux, à la lisière du bois Fumin et à la batterie de Damloup ; les 24 et 25 octobre ils font plus de 6.000 prisonniers, prennent 15 canons. Au 2 novembre, quand ils rentrent dans le fort de Vaux, abandonné par l'ennemi, ils se retrouvent sensiblement sur leurs positions du 25 février. Le 12 décembre, le général Nivelle prend le commandement suprême. Le général Guillaumat le remplace à la tête de l'armée de Verdun.
L'offensive française du 15 décembre 1916. Pour compléter le dégagement de Verdun, à l'est de la Meuse, pour donner de l'air aux forts de Vaux et de Douaumont reconquis, le général Mangin organise une nouvelle attaque. L'Armée de Verdun fournit un gros travail préparatoire, construit 30 kilomètres de route environ, dont une route carrossable, en madriers, pour l'artillerie et plus de 10 kilomètres de voies ferrées étroites creuse des parallèles de départ, des boyaux d'accès aménage des dépôts de munitions, de grenades et de matériel. Ce travail gigantesque est accompli souvent sous le bombardement. Dès qu'il est terminé, les troupes d'attaque montent en ligne Divisions Muteau (126e D. I.), Guyot de Salins (38e D. I.), Garnier-Duplessis (37e D. I.) et Passaga (133e D. I.). En réserve se tiennent les 123°, 128e, 21e et 6e D. I. Deux lignes d'artillerie préparent et soutiennent l'attaque. Le front allemand, sur 10 kilomètres, entre Vacherauville et Bezonvaux, est tenu par 5 divisions en première
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ligne avec 4 divisions en réserve. Le 15 décembre, au moment où l'Allemagne invite la France à lui demander la paix, à 10 h. du matin, les vagues d'assaut s'élancent derrière un rideau mouvant d'artillerie. Quelques-uns des objectifs, comme Vacherauville, les première et deuxième lignes devant Louvemont, sont atteints en quelques minutes, d'un seul élan. Les bois et les ravins devant Douaumont sont plus longs à prendre le bois de la Vauche est enlevé à la baïonnette, les Chambrettes Bezonvaux seront pris les jours suivants. Le succès est grand plus de 11.000 prisonniers, dont 300 officiers, 115 canons, plusieurs centaines de mitrailleuses, d'importants dépôts de munitions et de matériel restent entre les mains des Français. L'ennemi qui s'était approché du fort de Souville, à quelques centaines de mètres, en juillet, en est maintenant à plus de 5 kilomètres. En juin, la Gazette de Francfort, célébrant les succès allemands devant Verdun, avait déclaré personne ne nous la ravira. » « Nous avons fermé le poing sur notre conquête Au 18 décembre, l'ennemi a perdu tout le terrain qu'il avait mis 5 mois à conquérir. Le général Mangin, en félicitant ses troupes, rappela que l'Allemagne venait d'inviter la France à solliciter la paix et il put dire à ses soldats victorieux qu'ils avaient été « les bons ambassadeurs de la République. »
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LE GÉNÉRAL NIVELLE.
LE GÉNÉRAI. MANGIN.
LE BOMBARDEMENT DE VACHERAUVILLE LE MATIN DU 15 DÉCEMBRE 1916.
LOUVEMONT APRÈS SA CONQUÊTE.
DANS LES GRANDES CARRIÈRES (500 m. ouest du fort de
Troupes en réserve attendant l'heure du départ.
LE BOIS DE CHAUFFOUR
Vaux).
(1.500m.nord-ouestdeDouaumont).
L'OFFENSIVE FRANÇAISE DU 20 AOÛT 1917
L'offensive française du 20 août 1917.
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Pendant de longs mois, Verdun redevient presque silencieux c'est la bataille sur le Chemin des Dames, dans les Flandres, sur l'Isonzo. Le général Pétain décide d'ébranler l'adversaire sur le front de Verdun.
La victoire de Louvemont-Bezonvaux, en dégageant complètement Douaumont, avait laissé à l'ennemi les observatoires de la Côte du Talou et sur la rive gauche il possédait encore les excellentes positions de la Cote 304 et du Mort-Homme. Il les avait d'ailleurs fortifiées à loisir. De profonds tunnels abritaient ses troupes et reliaient ses positions. Observant les préparatifs français de cette nouvelle offensive, l'ennemi avait renforcé considérablement ses batteries (près de 400) et ses effectifs (9 divisions en ligne d'Avocourt à la Woëvre, 5 en réserve). Du côté français, le terrain avait été depuis de longs mois préparé. A travers le champ de bataille affreusement bouleversé, des routes avaient été aménagées, les liaisons doublées, les ravitaillements longuement étudiés 2.500 pièces de tous calibres étaient en batterie. Le canon allait jouer le premier rôle. Pour 20.000 fantassins, un corps d'armée mit en ligne 40.000 artilleurs. Quatre corps 13e(Linder), 16e (Corvisart), 15e (de Fontclare), 32e (Passaga), comprenant 8 divisions en ligne et 2 en réserve, participaient à cette offensive.
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LES DEUX RIVES DE LA MEUSE.
Commencée le 13 août, la préparation d'artillerie, très méthodique, bouleverse les travaux allemands. Le 20 août, à l'aube, sous les yeux des officiers de la jeune armée américaine qui, de divers observatoires, suivent la bataille, 8 divisions s'élancent à l'assaut le Mort-Homme, la Côte de l'Oie, la Côte du Talou sont emportés, seule la Cote 304 reste aux mains de l'ennemi. Les prisonniers et le matériel affluent. Dans les tunnels du Mort*Homme, plus de 1.000 occupants sont cueillis. Le lendemain, Samogneux, Régneville sont enlevés. Reprise méthodiquement, l'attaque de la Cote 304 aboutit le 24 août. Le butin fait du 20 au 26 août comprend 9.500 prisonniers, 39 canons, 100 mortiers de tranchée et 242 mitrailleuses. Sur la rive gauche, la ligne française est portée jusqu'au ruisseau de Forges. Sur la rive droite, l'ennemi cherche en vain pendant près de deux mois à reprendre, par de fortes contre-attaques, le terrain perdu. Verdun est complètement dégagé, les premières lignes françaises sont portées à 11 km. au nord. Ainsi en 3 batailles, 24 octobre, 15 décembre, 20-21 août, les Allemands se trouvent chassés de tout ce qu'ils avaient occupé depuis le troisième jour de la bataille. Il ne leur reste plus que ce qui constituait, en février 1916, la ligne avancée de la défense française où, pendant les deux premiers jours de la bataille, s'étaient sacrifiées les divisions de couverture.
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COTE
304. — L'ENLÈVEMENT DES MORTS APRÈS LA BATAILLE (25 LE GÉNÉRAL GUILLAUMAT.
AOÛT
1817).
LE TUNNEL GALWITZ, UN DES TUNNELS DU MORT-HOMME APRÈS SA CONQUÊTE (21 AOÛT 1917).
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SUR LA COTE 304 RECONQUISE UN POSTE DE SECOURS (22 AOÃ&#x203A;T 1917). Au PIED DE LA COTE 304 RECONQUISE BOMBARDEMENT PAR OBUS A GAZ. Au SUD DE BEAUMONT LE BOIS DES CAURETTES.
CONCLUSION La bataille de Verdun n'a pas seulement été une des batailles les plus dures de la Grande Guerre, elle a été aussi un des plus graves échecs subis par les Allemands. Le Commandement allemand ne l'avait prévue ni aussi ample, ni aussi longue. Alors qu'il avait projeté, par un coup de force minutieusement préparé, d'enlever la place de Verdun, « Cœur de la France », il s'est trouvé engagé dans une bataille formidable, sans pouvoir obtenir d'avantage décisif, sans même pouvoir garder les avantages relatifs obtenus au début de la lutte. La bataille ne s'est pas développée suivant un plan préalablement arrêté par lui, mais suivant les circonstances qui en ont déterminé les phases. Le relevé des forces que les Allemands ont dû engager fait vivement ressortir l'ampleur de leur effort. Du 21 février 1916 au 1er février 1917, ils ont engagé devant Verdun 56 divisions 1/2, soit 567 bataillons. Sur ces 56 divisions 1/2 : 6 ont paru successivement sur les deux rives de la Meuse, 8 autres ont été également engagées deux fois, 6 ont paru trois fois. En réalité, c'est un total de 82 divisions 1/2, près de 1.800.000 hommes, que les Allemands ont été amenés, au cours de onze mois, à mettre en ligne devant Verdun, alors qu'ils avaient cru l'emporter de force avec 10 à 12 divisions, en quelques jours. Quel contraste entre cet effort formidable et la médiocrité des résultats 1 Et comme ce contraste illustre d'une manière éclatante l'héroïsme et la ténacité des défenseurs de Verdun ! En usant les meilleures troupes de l'Empire, cette bataille eut pour l'ennemi des conséquences stratégiques fort graves. Hindenburg avoue dans ses Mémoires « Cette bataille épuisa nos forces comme le fait une blessure qui ne se ferme pas ». La France se connut à Verdun », écrit L. Gillet dans son beau livre « La Bataille de Verdun. la Marne n'eût pas suffi un jour d'inspirations, « A cette révélation, quelques heures d'ivresse, un sursaut d'enthousiasme, un de ces brusques élans de colère et d'amour d'où jaillissent les Marseillaises, le monde nous savait capables de ces éclairs. Ce qu'il ne savait pas, ce que nous ne savions plus nous-mêmes, c'était notre vertu. Nous étions le pays de l'improvisation, le pays d'un nonchaloir moqueur, coupé d'accès de fièvre; nous avions oublié notre force de continuité. Grâce à la durée de la bataille, la France put mesurer ses réserves de patience. Dans ce roulement continu qui amenait l'un après l'autre les hommes de chaque village sur la même scène tragique, chacun avait à cœur de ne pas faire moins que ses devanciers et, au retour, après des épreuves inouïes, en lisant indéfiniment dans les communiqués les mêmes noms de collines et de bois horribles où ils avaient tenu, ils apprenaient que d'autres à leur place tenaient toujours. lieu d'une épopée éparse et morcelée, il y eut pour l'armée entière « Au un « geste », une poésie, des souvenirs communs. La France saigna des soldats par toutes ses blessures. Par Verdun, elle connut quelque chose de saint, de grave et d'unanime, un état d'esprit de croisade. » Comme le déclarait le Président Poincaré, le 13 septembre 1916, en remettant au maire de Verdun les décorations conférées à la Ville par les Nations alliées, c'est devant les murs de Verdun que « se sont brisées les suprêmes espérances de l'Allemagne impériale. C'est à Verdun qu'elle avait cherché à remporter un succès bruyant et théâtral c'est à Verdun qu'avec une fermeté tranquille, la France lui a répondu « On ne passe pas. » Pendant des siècles, sur tous les points du globe, le nom de Verdun continuera de retentir comme une clameur de victoire et comme un cri de joie poussé par l'humanité délivrée. »
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LE MARÉCHAL FOCH ET LE GÉNÉRAL PERSHING,
VERDUN ET L'ARGONNE EN 1918
Durant l'hiver 1917-1918 le front de Verdun et d'Argonne reste calme. Mais l'année 1918 s'ouvre sous de sombres auspices. La Russie abandonne la lutte. La Roumanie, réduite à ses seules forces, est contrainte à la paix. L'Allemagne compte, en 1918, en finir avec les Alliés. Successivement,
elle frappe en Picardie, en Flandre, sur le Chemin des Dames, devant Compiègne, en Champagne. Si ces attaques réussissent à creuser des poches dans les lignes, chaque fois le front se rétablit et la victoire échappe à l'ennemi. Le 18 juillet, la lutte arrive au tournant décisif, les Alliés prennent à leur tour l'initiative des opérations. Après la contre-offensive de juillet, qui ramène les Allemands de la Marne à la Vesle, la bataille se APRÈS LA RÉDUCTION DES POCHES DE CHATEAU- déplace aux ailes. Les offensives se succèdent THIERRY ET D'AMIENS (JUILLET-AOÛT 1918). L'ASSAUT GÉNÉRAL (OCTOBRE-NOVEMBRE 1918). avec une régularité impla-
LE KAISER ET LE KRONPRINZ PASSANT
UNF. REVUE.
cable d'abord sur la gauche (offensive franco-britannique du 8 août), en Artois (offensive du 20 août) et enfin sur l'ensemble de la ligne Hindenburg que les Alliés attaquent le 1er septembre. Déjà les Allemands sont fortement ébranlés, mais le Maréchal Foch ne
LA RÉDUCTION DU SAILLANT DE SAINT-l'hIIIEI..
Offensive franco-américaine (Septembre 1918).
LE DÉGAGEMENT DE L'ARGONNE ET DE VERDUN. Offensive franco-américaine (Septembre-Octobre 1918).
leur laisse aucun répit; évitant qu'ils se ressaisissent, il intensifie ses attaques. à l'aile gauche, dans les Trois offensives simultanées sont envisagées Flandres, le groupe d'Armées belge, française, britannique, sous le commandement du roi Albert; au centre les 3e et 4e Armées britanniques et la lre Armée française à l'aile droite, en Champagne et en Argonne, la 4e Armée française (Gouraud) et la 1re Armée américaine (Pershing).
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L'offensive Franco-Américaine du 26 septembre 1918. Déjà l'Armée américaine avait préludé à son entrée en ligne dans la grande offensive, en procédant brillamment du 12 au 14 septembre à la réduction du saillant de Saint-Mihiel. Le 26 septembre, en même temps que la 4e Armée française (général Gouraud) attaque l'ennemi en Champagne, l'Armée américaine, sous les ordres du général Pershing, prend l'offensive entre l'Argonne et la Meuse. La préparation d'artillerie, violente et brève, dure trois heures. A 5 h. 30, les Américains se jettent avec fougue contre les redoutables positions allemandes de la rive gauche de la Meuse, qui, d'Avocourt à Forges, tombent aussitôt entre leurs mains l'artillerie, suivant le mouvement, franchit le ruisseau de Forges, dans la matinée. Les bois, formidablement organisés, sont nettoyés et, à midi, les Américains atteignent le sud de Montfaucon. Dans l'après-midi, une bataille acharnée s'engage sur les positions qui
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couvrent Montfaucon, le piton redoutable, le plus précieux des observatoires ennemis dans la région de Verdun. Prudemment, les Américains débordent le piton à droite et poussent jusqu'à Septsarges ; le soir, Montfaucon est encerclé. Le 27 et le 28, la progression, plus lente, continue à l'ouest, en dépit des contre-attaques ennemies Montfaucon est enlevé. Le butin des Américains atteint 8.000 prisonniers et 100 canons. Le 4 octobre, Pershing déclenche une attaque sur tout le front de l'armée. Mais la résistance s'accroît encore par suite de l'arrivée de nombreux renforts ennemis. Sur la rive droite de la Meuse, le 17e corps d'armée français (Claudel) et 2 divisions américaines se jettent à leur tour dans la mêlée, atteignent et bientôt dépassent la ligne fameuse d'où le Kronprinz, en février 1916, avait lancé ses troupes contre Verdun. Une attaque générale est déclenchée le 14 octobre. Les Allemands se défendent désespérément, mais sans pouvoir ressaisir l'avantage leurs ressources diminuent les bataillons retirés du combat sont hâtivement réorganisés à l'arrière et aussitôt réengagés. Une bataille sanglante se livre autour de Grandpré. A la fin d'octobre, les Allemands sur les deux rives de la Meuse, ont perdu, depuis le 26 septembre, 20.000 prisonniers, 150 canons, 1.000 mortiers de tranchée, 6.000 mitrailleuses.
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1er - 11 Novembre 1918.
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Les Belges viennent de libérer leurs côtes et s'avancent au cœur de leur les Britanniques ont occupé Lille et brisé la ligne Hindenburg les pays Français, talonnant l'ennemi en retraite, ont pénétré dans Laon après avoir forcé le bastion de Saint-Gobain. Le 1er novembre, l'armée Gouraud et la première armée américaine prononcent une nouvelle offensive et progressent de plusieurs kilomètres. L'ennemi recule vers la grande artère Sedan-Metz, dont il veut défendre les abords à tout prix. Le 4 novembre, le 3e corps américain atteint la Meuse entre Mouzon et
Stenay.
Les Allemands se retirent sur la rive droite. Le 8, les Français entrent dans Sedan, le 9, à Mézières. A l'extrême droite, l'ennemi est rejeté le 10 au pied des Côtes de Meuse, au sud de Stenay par le 17e C. A. français. Le 11 novembre, sous la menace d'une nouvelle offensive en Lorraine, les Allemands capitulent en rase campagne évitant ainsi une destruction
complète.
LA VALLÉE DE LA MEUSE AU SUD DE CONSENVOYE.
Photo française ayant servi à la préparation de l'offensiveaméricaine sur les rives de la Meuse en septembre 1918. Les réseaux barbelés (wire) et tranchées sont nettement désignés.
L'OFFENSIVE ALLIÉE LIBÉRATRICE DU 15 JUILLET 1918 AU 2 NOVEMBRE 1918 9
jours avant la capitulation allemande en rase campagne du 11 Novembre 1918.
novembre,
les deux lignes du 15 juillet etdu 2 renforçant En pointe du conservéestrèsexactement,etenajoutantquelquestraits àl'iriérieiiret la Germania cette très curieuse figure de obtenu l'Etat-Major de dessinateur a casque, un agenouillée. facilement lessaillantsd'Ypres et d'Arras, la poche Lecroquispermetdereconnaitre la Vesle, les saillants de Reims
que coupe de Montdidier et celle de Château-Thierry et de Verdun, la hernie de Saint-Mihiel.
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HĂ´tels
(
Voir prix, installation et situât?
1
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le Guide Michelin France de l'annĂŠe.
VISITE DE LA VILLE DE VERDUN De la place A. Maginot, le touriste gagnera la Cathédrale par la rue de la Belle Vierge, où se trouve au numéro 16, le Musée de la Princerie (ouvert de 9 à 11 heures et de 14 à 18 heures, de Pâques jusqu'au 11 Novembre. Cloître à deux étages (colonnes du xi il), monuments de l'époque gallo-ronwine, sculptures anciennes, céramiques, tableaux de différentes écoles. Entrée 1 Ir.).
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LaCathédrale. Construite au ve siècle, par l'Evêque Saint Pulchrône, elle est la première, dans toute la région de l'Est, qui ait été consacrée au culte de Marie. Une grande partie de l'édifice rebâti au XIe siècle par l'Evêque Thierry le Grand, subsiste encore aujourd'hui malgré les profonds remaniements apportés au cours des siècles, notamment au xive et au XVIIIe. La Cathédrale se compose de deux chœurs et de deux
transepts, l'ensemble reproduisant la forme d'une croix de Lorraine. Deux tours flanquent chaque abside, mais les tours orientales ont, vers la fin du XVIlIe siècle, perdu leur partie supérieure. La reLA CATHÉDRALE EN 1919. construction en est d'ailleurs prévue. Place de la Cathédrale, le touriste se trouve devant la façade N. Il découvre, à gauche, le transept E et l'abside polygonale du grand chœur dont les contreforts sont romans dans leur partie inférieure, gothiques dans leur partie supérieure. A droite de l'abside s'ouvre le portail du «Lion (xue). Ce portail a été mis au jour au cours des travaux d'après guerre ainsi que celui de « l'Officialité qui s'ouvre sous la tour St. Michel (tour nord du transept 0). A droite du porche central, le transept 0 et les tours qui encadrent le vieux chœur. En avant des tours et à droite du Grand Séminaire, entrée de l'Evêché. Pénétrer dans la Cathédrale par le porche central. On voit à droite le vieux chœur, à gauche le grand chœur. Dans le premier se trouve la tribune des grandes orgues. Détruites par le bombardement, elles ont été reconstituées et sont, avec leurs 64 jeux, à citer parmi les plus belles de France. Dans le grand chœur, flanqué de deux absidioles et de deux tribunes romanes du xne, celles-ci récemment mises au jour, remarquer les élégantes boiseries de style rocaille et le ciborium, réplique de celui de St. Pierre de Rome, au baldaquin soutenu par des colonnes torses en marbre gris. Derrière le maître-autel, on montre l'ancien siège épiscopal des évêques du Moyen-Age. Encastré dans l'épaisseur du mur et dissimulé par la boiserie, ce siège a été découvert en 1935. Trois cryptes occupent le sous-sol de l'abside (entrées à droite et à gauche du grand chœur). La crypte centrale (XIIe siècle) a été déblayée et restaurée récemment: là se trouve la statue vénérée de N.-D. de Verdun, œuvre
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PANORAMA DE VERDUN PRIS D'UNE TOUR DE LA CATHÉDRALE
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(1919). Au premier plan, la toiture de la nel, du transept et du grand chœur de la Cathédrale. Au second plan, la Meuse à gauche, la Porte Chaussée au milieu, le Cercle militaire. Puis une ligne d'arbres dessinant les remparts et, en arrière, le village de Belleville (à gauche) et le Faubourg Pavé. — Fermant l'horizon, les Côtes de Belleville.
de Bouchard (Fête de N.-D. de Verdun, le 20 octobre). Noter également les chapiteaux de la nef centrale et l'autel de laVierge, sculptés par Le Bourgeois, et, sur les bas-côtés,
lesnombreuxcha-
piteaux
datant
du XIIe siècle.
Les
chapelles
latérales datent des xive, xve et XVIe siècles.
(Photo Martin-Colardelle, Verdun).
LE CIBORIUM et l'autel du grand chœur.
Dans l'une d'elles, la Chapelle des Saints de Verdun, (bras droit du transept E.) actuellement en cours d'aménagement, sont conservées les insignes reliques des onze saints Pontifes de Verdun.
(Photo Sommer, Verdun). NOTRE-DAME DE VERDUN
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(Photo Martin-Colardelle. Verdun, CRYPTES DE LA CATHÉDRALE.
Remarquer encore les vitraux reconstitués de la Cathédrale et notamment ceux de la chapelle du St. Sacrement et de l'abside orientale. Pour la visite du Cloître capitulaire (photo p. 56), s'adresser à la sacristie à droite du grand chœur. Datant du xive et du début du XVIe siècle, ce cloître avec ses 22 travées se caractérise par une double rangée de fenestrages dans son allée orientale. A droite du grand séminaire s'ouvre la voûte d'accès à la cour de l'Evêché (XVIIIe). Prochainement le public sera admis à visiter le nouveau Musée (sonner à gauche dans la seconde cour). Annexe de la Princerie, il est installé dans les salons à gauche du péristyle, les salons de droite et l'étage étant occupés par Mgr l'Evêque de Verdun. Les dimanches et jeudis aprèsmidi le jardin de l'Évêché est ouvert au public terrasses, jolie vue sur la ville. De l'évêché, par la place Chalel et la rue Porte-Chalel, on arrive au Château d'eau offert par la Cité
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et le Comté de
Londres à la ville de
Verdun.
Par la rue
Hauts-Fins, à gauche, et l'Esplanade de la Roche, on gagne ensuite la Citadelle. des
LA NEF VUE DU VIEUX CHŒUR, EN 1918.
LE CLOÎTRE,
VU D'UNE TOUR DE LA CATHÉDRALE
(1919).
Au fond, la galerie Est. — A droite, la galerie Sud éventrée. — Dans III ville, on uoit l'église Saint-Sauveur, sur le fond de verdure des forti fications.
LA GALERIE SUD DU CLOÎTRE.
Voir ci-dessus
(àdroite)
sonétat aussitôt après la guerre.
LES REMPARTS DE LA CITADELLE ET LA PORTE-NEUVE EN 1919.
La Citadelle. La Citadelle occupe l'emplacement de l'ancienne abbaye ou église SaintVanne, fondée à l'époque mérovingienne. La première Citadelle fut achevée sous Henri IV. La deuxième fut l'oeuvre de Vauban. L'église Saint-Vanne qui avait subsisté fut détruite en 1831. Pendant la guerre, les profonds souterrains ont été un sûr refuge pour la population avant son exode et pour les régiments de relève pendant la bataille. Pour visiter quelques-uns de ces souterrains installés comme ils l'étaient durant la guerre, revenir au Chateau d'eau et par la rue Mautroté, la rue de laBelle- Vierge (à gauche), la rue Saint-Pierre (à droite), gagner la rue Mazel où se trouve le Monument à la Victoire et aux Soldats de Verdun (voir page 60). Continuer par les places Mazel et du Marché Couvert et la rue de Ra. : pénétrer dans la citadelle par l'écoute nO 1 (p.58) On verra notamment, sous la conduite d'un militaire, la salle d'honneur qui servit de poste de commandement au général Pétainetlasalledethédtre où furent déposés en novembre 1920 les corps des 8 soldats inconnus. Là fut désigné Celui qui repose à Paris sous l'Arc de Triomphe. UNE COOPÉRATIVE INSTALLÉE DANS LA CITADELLE.
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LA CITADELLE
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L'ENTHÉE DE L'ÉCOUTE N° 1.
UNE CHAMBRÉE DANS LES CASEMATES PENDANT
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LE THÉÂTRE DE VERDUN EN JUIN 1916.
De la Citadelle, revenir à la place -Mazel, tourner à droite, franchir la Meuse : par la place Chevert et la rue Président-Poincaré, on arrive à l'Hôtel de Ville où est installé un très intéressant musée de guerre (Entrée 1 Ir.).
L'INTÉRIEUR DE L'ÉGLISE SAINT-SAUVEUR EN AOÛT 1916.
LE MONUMENT
A LA VICTOIRE ET AUX SOLDATS DE VERDUN.
Érigé par l'architecte CHESNAY.; statuaire JEAN-BOUCHER.
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la ville, est constitué par un vaste escalier conduisant au grand pylône qui supporte la statue de la Victoire, représentée sous les traits d'un chevalier, et qui sert d'entrée d la crypte. A l'intérieur de cette dernière, trois niches ornées de mosaiques reçoivent sur des socles de marbre les Livres d'Or où sont inscrits les noms de tous les soldats-ayant combattu sous Verdun. Ce monument, encastré dans l'ancien rempart de
LA PORTE CHAUSSÉE.
Vue prise avant la guerre.
Revenir à la place Cheverl el suivre la Meuse à droite jusqu'à la Porte Chaussée.
La Porte Chaussée. Son architecture rappelle celle de la Bastille. La moitié de la tour gauche, sur la rivière, a été refaite sur le modèle exact et avec les pierres de l'ancienne bâtisse, en 1690 ; de cette date, sont l'arcade en plein cintre et le fronton donnant sur le pont.
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(Photo Sommer, Verdun.) LE MONUMENT AUX ENFANTS DE VERDUN MORTS POUR LA FRANCE.
Architecte
M.
FOREST
Sculpteur
GRANGE.
1er Itinéraire LA RIVE DROITE DE LA MEUSE, LE CIRCUIT
DES FORTS
Sortir de Verdun par la Porte Chaussée, traverser la Meuse (à g. Mt aux Enfants de Verdun morts pour la France), suivre l'av. du Gal Mangin, prendre ensuite à g. l'av. de Douaumont puis à dr. l'av. de la 42e Division. (@ du plan p. 52) N. 18. On remonte le Faubourg Pavé par lequel se faisait la relève des troupes tenant les secteurs de Vaux et de Douaumont. Le bombardement intense de ce faubourg ne cessa que lors du dégagement effectif de la ville, en décembre 1916. Sur la gauche, le drapeau tricolore flotte au-dessus d'un cimetière militaire de près de 5.000 tombes. C'est le cimetière du Faubourg Pavé.
SORTIE DE VERDUN PAR LA PORTE CHAUSSÉE.
LE CIMETIÈRE MILITAIRE DU FAUBOURG PAVÉ (1920). Les Côtes de Belleville ferment l'horizon.
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La crête des hauteurs, à gauche,, porte les forts de Belleville, SaintMichel et les casernes Marceau entièrement détruites à droite, les ruines des casernes Chevert. C'est là que commençait l'arrière du champ de bataille. Derrière ces crêtes, les cuisines roulantes des unités ligne étaient tapies. en Chaque nuit, à travers mille périls, les hommes de corvée, les cuistots D, en partaient pour essayer de ravitailler leurs camarades en ligne.« Suivre laroute nationale sur 6 km. environ après la ferme appelée auberge du Cabaret Rouge et le ravin du Champ de tir à droite, la route monte. Au four de la ferme de Bellevue (en haut de la côte), tourner à gauche dans la carreroule de Vaux et Douaumont. La route descend, puis monte à travers le bois des Hospices. A droite, chemin interdit vers le fort de Tavannes.
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LE PANORAMA SUR VERDUN PRIS DE LA CÔTE SAINT-MICHEL.
LA ROUTE DU FORT DE TAVANNES EN JUIN 1916.
Le Fort de Tavannes. Bâti en maçonnerie vers 1880, il ne fut pas recouvert, comme ceux de Vaux et de Douaumont, en béton. Ce fort commande l'arrière terrain de la ligne Vaux-Souville et la route d'Etain à Verdun. En s'efforçant d'atteindre Souville, les Allemands cherchaient, par de fréquents bombardements, à annihiler Tavannes. Le fort résista assez bien. Le 7 mai 1916, un obus de 420, faisant sauter une voûte, y causa de sérieux dommages. En se tournant vers l'ouest, la grande ligne droite des plateaux ferme l'horizon trois bosses s'élèvent sur cette ligne, trois points qui jalonnent à gauche, le fort Saintle champ de bataille le plus tragique de Verdun Michel qui domine immédiatement la cuvette de Verdun au centre, plus près, le fort de Souville enfin, plus loin, à droite, Douaumont. Continuer sur 300 mètres environ jusqu'à une fourche. A cette fourche, la route passe au-dessus du tunnel de Tavannes. Le sentier qui part en arrière et à gauche et que borde une rangée de poteaux télégraphiques permettrait d'en atteindre l'entrée ouest, celle-ci ne présente plus d'intérêt. En dépit de l'artillerie ennemie qui en battait constamment les issues, ce tunnel fut un abri certain pour les munitions et les réserves du secteur Vaux-Souville. Des couchettes y furent installées sur trois étages en travées de 100 à 105 m., séparées par des espaces vides où les hommes, trop nombreux, dormaient sur les rails et les traverses. Malgré des prises d'air aménagées dans ce souterrain de 1.500 mètres, l'air resta fétide à cause des relents de toutes sortes. Dans la nuit du 4 au 5 septembre 1916, un dépôt de grenades y sauta, faisant de nombreuses victimes.
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LE FOSSÉ SUD ET L'ENTRÉE DU FORT DE TAVANNES EN JUIN 1916.
tPhoto.Martm-l,;olardelle,Verdun) LE TUNNEL DE TAVANNES (ENTRÉE CÔTÉ VERDUN) EN 1920. -
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DANS LE RAVIN DE TAVANNES EN JUIN 1916.
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Un obus vient de défoncer un abri.
A la fourche, prendre la roule dedroite vers le fort de Vaux. A un coude brusque de cette route, le ravin de Tavannes, où passe la voie ferrée de Verdun à Metz, descend sur la plaine de la Woëvre. La route monte sur un plateau autrefois boisé où ne subsiste aujourd'hui qu'un taillis assez touffu. C'est ce qui reste, à gauche, du bois de Vaux-Chapitre et à droite, des bois de la Laufée et du Chênois. On dépasse le ravin de la Horgne et on arrive sur un plateau découvert, au bout duquel se silhouette une espèce de rocher, inégal, bossué, « pareil à ces écueils que la mer la plus furieuse a rongés pendant des siècles. » Ce rocher, c'est le fort de Vaux.
LE BOIS DU CHÊNOIS EN 1917. — Au FOND, LE FORT DE VAUX
(l']iotu Mnrlin-Colardelle. Verdun)
LE FORT DE VAUX (1918).
Le Fort de Vaux.
Bâti en maçonnerie vers 1880, reconstruit en béton arme, le fort ne fut achevé qu'en 1911. Moins vaste et moins puissant que celui de Douaumont, il commande le plateau au sud du ravin de Vaux et prend le plateau de Douaumont à revers. De là son importance. Le panorama que l'on découvre des abords de l'ouvrage permet de suivre les batailles qui se sont déroulées dans le secteur. Au nord s'ouvre un profond ravin, le ravin du Bazil, au fond duquel miroite l'étang de Vaux. Le village de Vaux qui s'allongeait plus à droite a disparu. La gare du Meusien y a été reconstruite, son toit de tuiles rouges pique d'une note claire la masse brune de la croupe d'Hardaumont. A gauche le terrain s'élève vers une crête ce sont les pentes des bois de la Fausse-Côte et de la Caillette une bosse sur la crête c'est le fort de Douaumont. A droitela plaine de la"SYoëvre se déroule jusqu'à l'horizon par temps clair on peut apercevoir la ligne bleue des hauteurs de Moselle. Des croupes surplombent plaine la plus proche portela batterie de Damloup; au pied s'étale levillage de Damloup, maintenant reconstruit, d'où partieravin de la Horgne.
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LE FORT DE VAUX. — LES CASEMATES DE LA GORGE DU FORT. Le fossé a été comblé par le bombardement.
La bataille autour de Vaux.
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Attaques de mars et avril 1916.
Aux premiers jours de mars 1916 les Allemands étaient parvenus sur la crête qui ferme l'horizon, au nord du fort de Vaux, de Douaumont à l'ouvrage d'Hardaumont. Forcer l'entrée du ravin du Bazil en s'emparant du village et de l'étang de Vaux, puis déborder le fort par le ravin en même temps qu'il l'attaquera de front, telle est la manœuvre que va tenter l'ennemi en mars et avril. Le 1er mars, devant le village et le fort de Vaux, le front français est tenu par la 303e brigade (Naulin), 408e et 409e régiments, que viendront renforcer les 1er, 3e et 31e bataillons de chasseurs et des éléments des 38e, 86e, 149e, 158e régiments d'infanterie et 71e régiment territorial. Du 6 au 11 mars, l'ennemi, résolu à tous les sacrifices, attaque follement en masse. Parvenu sur la lisière ouest du village, il est rejeté à la baïonnette. Des barricades coupent la rue principale du village qu'on défend à outrance. L'ennemi est si pressé qu'il attaque directement le fort. Ses vagues d'assaut escaladent la croupe. Les pentes, d'abord abruptes, cachent et abritent les assaillants, mais dès qu'ils atteignent les pentes plus douces qui conduisent au fort, ils sont décimés sur le glacis et refluent en désordre, laissant devant les réseaux plus de 200 cadavres. L'assaut du 9 mars est donné avec une telle confiance dans la victoire village que le Commandement allemand lance dans son communiqué « Le et le fort de Vaux ont été, après une forte préparation d'artillerie, enlevés dans une brillante attaque de nuit par les régiments de Posen Nos 6 et 19. » Le lendemain, pour légitimer ce communiqué mensonger, un nouvel assaut est ordonné il échoue, malgré un déluge d'acier qui bat la carapace du fort. Le colonel Naulin, commandant la 303e brigade, écrit dans son rapport : ( Cette période est particulièrement pénible, surtout à partir du 9 mars. les ravitaillements n'arrivent Les vivres de réserve ont été consommés plus, l'eau manque les 10 et 11 on en est réduit à boire de la neige fondue. Malgré tout, le moral n'a jamais été meilleur: Les hommes se rendent compte
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LE VILLAGE ET L'ÉTANG DE VAUX EN AVRIL 1916 vus DE LA CROUPE D'HARDAUMONT. Au dernier plan la croupe portant le fort de Vaux.
LES LISIÈRES SUD-OUEST DE VAUX EN MAI 1916. A gauche, le ravin du Bazil et la pointe de l'étang de Vaux. Au centre, le village allongé le long des pentes nord de la croupe du fort de
V.
que les sacriiices consentis n'ont pas été inutiles et que derrière eux, mutilé, méconnaissable, le fort de Vaux est toujours à nous. » Mais les pertes sont lourdes de part et d'autre la 303 brigade, relevée, a perdu 2.500 hommes et 65 officiers. Le 31, la bataille se ranime. Dans le village de Vaux les assaillants encerclent la garnison qui s'échappe et s'accroche aux lisières ouest. Le 2 avril une division fraîche ennemie dégringole les pentes sud du bois de la Caillette, atteint le ravin du Bazil. Le moment est critique. Douaumont est débordé au sud, Vaux à l'ouest. Le 3e corps (Nivelle) arrive pour la relève, la 5e division (Mangin) en tête Mangin n'a encore que le 74e régiment d'infanterie disponible. Le temps presse, Mangin arrive à Souville, se tourne vers le colonel du 74e qui l'accomlui dit-il, ne faites ni une ni deux, empoignez-moi les pagne « Mon ami, Boches et allez-y à la grenade. » Le 74e, puis toute la 9e brigade traversent le ravin du Bazil, noyé de gaz, nettoient à la grenade et à la baïonnette le bois de la Caillette, et, se crampannant aux lignes reconquises, repoussent toutes les contre-attaques. Les 9 et 10 avril, l'ennemi échoue encore devant le fort, mais enlève le village de Vaux.
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CASFMATES DU FORT DE VAUX EN NOVEMBRE
Un signaleur arrive au fort.
1916.
Les attaques de juin 1916. Au début de juin l'ennemi va précipiter ses attaques contre le fort de Vaux. Occupant le village, il tient la tête du ravin du Bazil. Son plan sera de déborder le fort à la fois à l'ouest par les ravins
etleboisFuminetau
sud-est par le ravin de la Horgne. Le1er juin, devant Damloup, l'attaque échoue, mais au centre, le bombardement a broyé et enseveli en partie la 6e division française qui barre le ravin du Bazil. Déferlant dans le ravin, l'ennemi progresse dans le bois Fumin. Damloup perdu, il s'infiltre par le ravin de la Horgne. Le fort, pilonné sous un déluge de
210, de 380, de 420, est menacé de 3 côtés
àlafois:l'investis-
se resserre,les
sement
survivants des tran-
LE FOSSÉ SUD DU FORT DE VAUX EN MAI 1916.
(Photo Alartin-Lolardtfile, \'('l'dllll.)
LE FORT DE VAUX EN 1019 (FOSSÉ NORD
A
DEMI COMBLÉ).
chées voisines se réfugient dans le fort. Dans le retranchement ouest une poignée de fantassins du 101e résistent jusqu'à la mort.
La prise du fort (2-7 juin 1916). Le 2 juin, à l'aube, une vague de pionniers allemands, bondissant dans la fumée, s'emparent des coffres qui battent le fossé nord (photo ci-dessus), descendent dans ce fossé à demi comblé, se glissent par les entonnoirs sur la superstructure, où ils placent leurs mitrailleuses en batterie. Le 3 juin, l'ennemi recommence, sans nouveau succès, ses attaques à l'ouest de Damloup ; elles lui coûtent des pertes effroyables. Depuis le mois de mars le fort et ses abords n'avaient pas reçu moins de 8.000 obus de gros calibre par jour. Le commandant Raynal, qui le commande est enfermé sous terre avec ses hommes. La garnison, régulièrement composée de la 6e compagnie, d'une compagnie de mitrailleuses du 142e et d'une quarantaine d'artilleurs et sapeurs, s'est augmentée de deux compagnies du 142e, d'une compagnie du 101e et d'une compagnie de mitrailleuses du 53e qui s'y sont réfugiées. Pour économiser les vivres et l'eau le commandant Raynal ordonne aux contingents en excédent de sortir du fort. Dans la nuit du 4 au 5 un premier détachement du 142e s'en évade sous la direction de l'aspirant Buffet, qui y reviendra le 5 au soir, pour y porter des ordres. Dans la nuit du 5 une centaine d'hommes encore peuvent s'échapper. Bientôt le fort ne peut communiquer avec les lignes que par pigeons et signaux optiques. Le 4, après-midi, le dernier pigeon est lâché. Le 5, au matin, grâce au dévouement des deux signaleurs, qui sont sortis du fort pour faire changer de place le poste correspondant, dont le commandant Raynal voit mal les signaux, les communications se maintiennent encore. Le 5, au soir, le commandant Raynal envoie le dernier message qu'on puisse comprendre entièrement, et dont la fin dit « Nous arrivons aux bornes, gradés et soldats ont fait leur devoir. Vive la France 1 » Cependant le fort résiste toujours et refuse de se rendre.
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LE FOSSÉ NORD-EST DU FORT DE VAUX EN AVRIL 1916.
Vue prise du coffre nord démoli par le bombardement.
Dans la matinée du G, des renforts essayent de le dégager, parviennent au fossé, mais se replient après avoir perdu la plupart de leurs cadres. Les Allemands, qui ont pris pied dans les ruines de l'étage supérieur, ne peuvent chasser les Français des coffres à canons et à mitrailleuses qu'en y faisant descendre à bout de corde des paniers de grenades à fusée retardée, qu'en y lançant des jets de flammes et des fumées asphyxiantes. Refoulés dans les couloirs souterrains, les défenseurs se battent encore à la grenade ou à la baïonnette. Des explosions déchirantes font sauter les barrages de sacs à terre qui obstruent les couloirs. L'assaillant bute à chaque tournant sur des mitrailleuses ou des grenadiers. Le capitaine Tabourot, qui défendait la porte nord-est, agonise, le ventre « ouvert, les jambes arrachées. Le poste de secours est une géhenne où cent blessés brûlent de soif dans les puantes ténèbres de quinquets au pétrole. L'eau manque. L'infection augmente, l'atmosphère de fumée et de gaz devient irrespirable. Le 7, à 3 h. 50, le fort parle encore, on déchiffre seulementles mots à toute extrémité. Vive la France ! » (L. GILLET.) Le 8, au matin, le 2e régiment de marche et le régiment colonial du Maroc (brigade du colonel Savy) font un dernier effort pour dégager le fort aux abords duquel ils parviennent. De celui-ci s'échappent d'épaisses fumées noires à la suite d'une forte explosion, dans une casemate. Soumis aux feux des mitrailleuses ennemies installées sur la superstructure du fort, attaqués par des renforts incessants, ils ne peuvent se maintenir. Le 8, à 16 heures, le radio allemand apprend que tout est fini, les défenseurs obstinés ont été pris de vive force ceux d'entre eux qui n'étaient pas blessés n'avaient pas bu une goutte d'eau depuis deux jours. Forçant l'admiration de l'ennemi, le commandant Raynal garde son épée en captivité et ses héros bénéficient d'un traitement de faveur. Cinq mois plus tard, le 2 novembre, après la victoire de Douaumont, les Allemands évacuent précipitamment le fort. Sous la conduite d'un guide, on peut en visiter l'intérieur. Remarquer dans les couloirs la trace des éclats de grenades. Percées de
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LE POSTE DE SECOURS DU FORT DE VAUX, EN NOVEMBRE 1916.
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créneaux, les chicanes qui barrent les couloirs ont été édiliées par les Français en 1917, après la reprise du fort elles remplacent les murs de sacs à terre qu'avait dressés l'héroïque garnison du commandant Raynal. En sortant du fort de Vaux, revenir par la même route jusqu'à la fourche du tunnel de Tavannes. Cent mètres au delà du premier coude de cette route, on franchit la ligne extrême atteinte par les Allemands en septembre 1916 ; cette ligne descendait ensuite à gauche vers la AVoëvre, passant entre la batterie de Damloup, prise le 11 juillet 1916, et l'ouvrage de la Laufée.
LA REDOUTE DE LA LAUFÉE. — LA COUR INTÉRIEURE (1918).
LE FORT DE VAUX ET SES ABOKDS EN AOÛT 1916. Tout le champ de bataille est entièrement pilonné. C'est à peine si l'on distingue quelques rares éléments de tranchée. Les bois qui recouvraient le plateau du fort de Vaux et les pentes du ravin de la Morgne ont disparll. Le sol trituré a pris un aspect d'éponge.-
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PANORAMA VU DES PENT
a. Côte de Froideterre. — b. Ouvrage de Thiaumonl. — c. Ossuaire de Douatmioi
Le panorama du fort de Souville. A la fourche du
ville.
tunnel de Tavannes, tourner à droite vers
le
fort de Sou-
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batteries du Tunnel et de l'Hôpital à gauche, le ravin du bois de l'Hôpital, aux arbres ébranchés, farci en 1916 de batteries d'artillerie quotidiennement mitraillées et noyées sous les gaz. La route tourne à droite, au pied des escarpements du fort de Souville dont la masse informe bossue la crête. La crête dépassée, l'immense panorama du champ de bataille de Souville-Douaumont se découvre c'est le « suprême champ clos, pris et repris, le Saint des Saints de cette terre sacrée où des milliers et des milliers d'entonnoirs boursouflent un sol trituré comme par un cataclysme sans précédent de la nature. On ne peut regarder sans émotion la fournaise où pendant dix mois ce champ de bataille unique au monde s'affrontèrent des millions d'hommes, dont près de 700.000 périrent. Pour bien comprendre la bataille qui se déroula devant Souville en juin et juillet 1916, examinons de gauche à droite le vaste panorama reproduit A droite, les ruines des
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ci-dessus. A gauche, la longue côte de Froideterre barre l'horizon. (C'est sur cette crête que se trouve maintenant l'Ossuaire de Douaumont). Sur sa ligne droite se détachent les ouvrages de Froideterre et de Thiaumont, puis la crête monte insensiblement vers le fort de Douaumont qui couronne le point culminant, 388 mètres. En avant de l'Ossuaire, une grande tache blanche c'est le cimetière national. L'emplacement du village de Fleury est un peu plus à gauche sur le revers d'une légère croupe qu'encadrent, d'est en ouest, les ravins de la Poudrière et des Vignes. Plus près, à la croisée des chemins, c'est l'emplacement de la Chapelle Sainte-Fine (monument commémoratif) ; la route qui s'en détache à droite s'enfonce dans le ravin des Fontaines et mène à Vaux. A droite de Douaumont, la crête s'abaisse légèrement vers la croupe d'Hardaumont, séparée de celle qui porte le fort de Vaux par le ravin du Bazil. Entre Souville et Vaux, s'étendent les anciens bois de Vaux-Chapitre, Fumin et du Chênois, qui se présentent sous l'aspect d'un taillis touffu.
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DE SOUVILLE
(1920).
Fort de Douaumont. — e. Croupe d'Hardaumonl.
— f.
Fort de Vaux.
La bataille devant Souville (juin 1916). L'ouvrage de Thiaumont, la Côte de Froideterre, Fleury, le fort de Souville constituent la puissante et suprême barrière que l'ennemi, en juin 1916, veut renverser pour tenir sous ses vues directes la cuvette de Verdun. Souville pris, c'est l'ennemi dominant la ville, à 3 km., c'est la défense très compromise, acculée à la dernière ceinture de Belleville, Saint-Michel, la Meuse immédiatement à dos. Le temps presse, l'ennemi se sent menacé dans la Somme et sur le front oriental. Cette fois est la bonne, le Kaiser le proclame. Un officier allemand, fait prisonnier avant l'attaque, dira « La prise de Verdun est escomptée dans quatre jours ». Une curieuse carte distribuée à chacun des combattants, et retrouvée sur les prisonniers, indiquait les mouvements de terrain jusqu'à Verdun, puis, escamotant les distances, la route de Verdun à Paris. De Froideterre au fort de Vaux, la ligne française est tenue par les 11° et 6e corps (Mangin et Paulinie). Dès le 21 juin un bombardement sans précédent écrase la zone Froideterre, Fleury, Souville, Tavannes. Les croupes s'embrasent, fument ainsi que des volcans, des panaches noirs et jaunâtres s'élèvent de tous les ravins, c'est un roulement continu, ponctué de temps à autre par l'éclatement sourd des projectiles énormes de 380 et de 420 qui s'écrasent sur Froideterre, sur Souville, sur Tavannes. Le 22 au soir l'ennemi, pour compléter son œuvre d'anéantissement, inonde le plateau de Souville, les ravins, les emplacements de batteries, les pistes, de près de 200.000 obus asphyxiants. L'atmosphère devient irrespirable, l'ennemi s'attend à ne plus rencontrer aucune résistance, tant il est certain d'avoir annihilé l'artillerie, les ravitaillements, les relèves. Et cependant, les hommes de renfort montent vers la fournaise, le masque collé au visage, courbés sous le sac, trébuchant dans les trous sous la menace perpétuelle des obus. « Toute la nuit, les troupes gravissent ce calvaire. Au matin, épuisées, elles supporteront le choc de l'infanterie ennemie. » A l'aube du 23 juin le bombardement atteint un degré de fureur enragée. « Masquées, aveuglées, à demi étouffées, à demi ensevelies dans la terre
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LA BATAILLE DEYANT SOUVILLE (23 JUIN ET 12 JUILLET 1916).
qui jaillit sous la pluie de fer, les troupes en ligne des divisions Garbit, Toulorge, Giraudun, savent bien que, lorsque l'ouragan les dépassera, ce sera le signal de l'assaut. Elles attendent, et quelle attente ! dans le sol bouleversé, parmi les plaintes et les appels des blessés, en compagnie des morts. Elles attendent, domptant leurs nerfs, tendues, crispées vers un seul but, une seule idée ne pas céder la place, résister, tenir. Les guetteurs essuient de leurs doigts gourds les verres des lunettes embuées, sondent l'horizon qui fume. Le tir s'allonge, l'ennemi va surgir. Le voilà 1 « (H. BORDEAUX La Bataille devant Souville.) Il est 7 heures à travers les côtes, par tous les ravins qui convergent vers le plateau, ravins de la Couleuvre et de la Dame qui conduisent à Froideterre, de la Caillette et du Bazil qui mènent à Fleury, ravin des Fontaines qui, de Vaux, se dirige vers Souville, les minces colonnes s'infiltrent, 80.000 feldgrau : Bavarois, chasseurs du corps alpin, troupes aguerries, s'avancent sur les cinq kilomètres du front de bataille. En première ligne, les sturmbataillonen marchent en rangs serrés, précédés d'une vague diluée de grenadiers qui, la grenade à manche à la main, bondissent d'un trou à l'autre. Derrière, les troupes de soutien se rassemblent dans les ravins. Les batteries françaises de 75 précipitent leur tir de barrage, hachent ces ravins qui deviennent des charniers sanglants, empoisonnés par les gaz toxiques. Sur la côte de Froideterre l'ouvrage de Thiaumont est submergé avec ses défenseurs. Assaillis de face, chargés en flanc, les chasseurs du 121e bataillon se battent un contre dix le corps à corps devient général sur tout le front du bataillon qui est cerné soixante chasseurs seulement peuvent s'échapper de la mêlée. Par la brèche 4 compagnies bavaroises déferlent jusqu'à l'ouvrage de Froideterre. Mais la défense acharnée de Thiaumont a permis au 114e bataillon de chasseurs d'arriver; ce dernier se déploie et fougueusement, à la baïonnette et à la grenade, « comme à la manoeuvre bouscule et écrase les Bavarois qui, un instant, avaient recouvert l'ouvrage de Froideterre. Au centre le village de Fleury est débordé par les ailes. Un bataillon allemand du corps alpin, qui a pu franchir le ravin du Bazil avant le déclenchement des barrages français, se jette dans Fleury, progresse jusqu'aux lisières ouest. Devant Souville, heureusement, le principal assaut est brisé par la
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\C-UULU
LE MONUMENT DE LA CHAPELLE SAINTE-FINE.
ouliuiici-,vcl'uuil.)
307° brigade (colonel Bordeaux). Le 407° régiment d'infanterie tient la ligne sur les pentes boisées de Vaux-Chapitre. Sa droite s'accroche solidement, mais gauche la liaison est rompue, un vide se produit les Allemands prennent la défense à revers. L'instant est critique, le colonel du 407°, qui a fait mettre quelques mitrailleuses en batterie près de son poste de commandement, retarde la progression des vagues d'assaillants. En même
à
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temps, réunissant rapidement, avec quelques hommes réserve, téléphonistes, brancardiers, pionniers, ordonnances, cuisiniers,enil lance ce groupe improvisé sur l'ennemi qui, surpris, se replie. Le chemin de Souville est encore barré. Le fort, où tant d'héroïques
LE TAS DE DOUILLES DES OBUS TIRÉS (45.000 EN 3 JOURS) PAR 8 PIÈCES, PENDANT LA BATAILLE DEVANT SOUVILLE (JUIN 1916).
DANS LE FORT DE SOUVILLE (23 MARS 1917). — Le général Corvisart.
observateurs d'artillerie sont ensevelis ou écrasés sous le bombardement, demeure toujours la sentinelle vigilante du champ de bataille. Les drapeaux des régiments d'assaut allemands, envoyés des dépôts à l'avant pour être déployés dans Verdun conquis, sont, par ordre supérieur, renvoyés à l'arrière. Mais l'ennemi n'a pas encore renoncé à briser la barrière. Il tient Thiaumont et Fleury le 11 juillet, il va tenter, par les ravins de la Poudrière et des Vignes, de déborder le fort de Souville à l'ouest tout en assaillant directement les pentes nord (croquis p. 78). Devant Souville la ligne est tenue par la 131e D. I. (Duport), devant le fort de Vaux par la 79e (Mordrelle), que renforcera la 128e D. I. (Riberpray). Dans le secteur de Vaux, l'attaque échoue. Mais, à gauche de la bataille, l'ennemi dépasse Fleury, s'infiltre dans les ravins de la Poudrière et des Vignes. Le 12, à l'aube, il enlève la Chapelle Sainte-Fine. Le fort de Souville est menacé. L'ennemi accélère sa course, gravit les pentes du fort les barrages français se déclenchent. Sous la mitraille les assaillants tourbillonnent c'est une vraie fuite en avant qui jette 150 Allemands sur le sommet du fort « comme l'extrême écume d'un paquet de mer qui se résout en embrun n. Tous sont pris ou tués en un moment dans les fossés. Les Allemands ne prendront pas Souville. Gagner le carrefour de la Chapelle
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Sainte-Fine
(croquis ci-contre), où le monument (page 79) marque l'extrême avance allemande devant Verdun. Tourner à droite pour atteindre l'étang de Vaux en suivant le fameux ravin des Fontaines, entre le bois de Vaux-Chapitre et le bois
Fumin.
LE RAVIN DES FONTAINES EN FÉVRIER 1917. — Une batterie française démolie.
A 500 mètres du carrefour de la Chapelle Sainie-Fine, à droite, c'est la Haie Renard, théâtre d'un des traits impérissables dont fut fait le salut de Verdun. Le lei août 1916, les Allemands s'étaient avancés jusque sur cette croupe qui domine la tête du ravin des Fontaines. Le 5 août, l'ennemi bousculant le 10e régiment et la gauche du 56e, pratique une nouvelle poche qui menace la ligne du 4e zouaves, plus à l'ouest. Le colonel s'aperçoit du danger et décide de contre-attaquer dans le secteur voisin mais il ne lui reste plus pour toute réserve que 24 zouaves : une section de pionniers commandée par le lieutenant Charles.
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VAGUES D'ASSAUT TRAVERSANT LE BOIS FUMIN (OCTOBRE
1916).
L'ÉTANG DE VAUX (4 MARS 1917).
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Le danger est pressant de l'autre côté du ravin les Allemands avancent toujours, baïonnette au canon. Le colonel lance sa section. Elle dégringole" dans le fond, battu par les « 150 », passe la route, remonte sous les balles. Avec calme, le lieutenant Charles reforme la ligne, laisse souffler ses hommes la petite troupe se plaque à terre, face à l'ennemi, et tiraille. Bientôt l'ordre est donné de charger à la baïonnette chacun s'apprête et se ramasse. Le chef se dresse. En avant 1 les zouaves bondissent en hurlant. Décontenancés et incertains, les Allemands fuient, lèvent les bras ceux qui résistent sont embrochés quarante prisonniers sont renvoyés à l'arrière sous la conduite d'un seul homme, car le lieutenant Charles n'a plus que 7 zouaves. Avec ces 7 zouaves, 2 hommes et 1 sergent du 56e qui les ont rejoints, il garde la ligne reconquise. Au milieu de la nuit un bataillon entier relève cette poignée de
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braves.
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Continuer vers l'&tang de Vaux, s'arrêter à une centaine de mètres de l'étang etl'atteindre à pied en avant, croupes du fort de Vaux et d'Hardaumont. Reprendre la voiture et continuer tout droit : 800 m. plus loin, tourner à gauche et à 600 m. de là, en face de la Chapelle de Vaux, quitter la voilure. Le chemin de gauche, carrossable, mais où il est impossible de croiser, conduit 400 m. — à une pièce de marine de 240.
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(Photo Sommer. Verdun.) PIÈCE DE MARINE DE 210, PRÈS DE VAIX.
LE VILLAGE DE VAUX EN ÉTAT DE DÉFENSE (14 JANVIER 1916).
L'EMPLACEMENT DU VILLAGE DE VAUX (20 AVRIL 1917).
Par la roule précédemment suivie, revenir au carrefour de la Chapelle Sainte-
Fine ou continuer tout droit pour atteindre 800 m. le monument élevé à la — — mémoire d'ANDRÉ MAGINOT sur la pente Ouest du fort de Souville. -
MONUMENT A
ANDRÉ MAGINOT BLESSÉ DEVANT VERDUN LE 9 NOVEMBRE
1914.
; ; sculpteur).
(Gaston BROQUET, statuaire A. JASSON et N. CHAPPEY, architectes RENAUX,
(Photo Sommer, Verdun.)
Regagner à nouveau le carrefour de la Chapelle Sainte-Fine: tourner à gauche dans la route de Douaumont. A 500 mètres du carrefour on longe gauche l'emplacement du village de Fleury. Un léger exhaussement des terres, une chapelle commémorative et deux monuments dont un élevé par le T. C. F. à droite de la route, font seuls soupçonner son existence. Pris le 23 juin 1916, il ne fut définitivement libéré que le 18 août suivant, après deux mois de combats incessants. Le 26 juin, le 114e bataillon de chasseurs s'accroche aux lisières sud et ouest du village. Le 15 juillet, assaut du 3e zouaves dont un bataillon perd tous ses officiers. Le 2 août, le 56e et le 10e R. I. s'emparent de la station au
à
LE PILONNAGE DU SECTEUR DE FLEURY-THIAUMONT
VU EN AVION (AOÛT
1916).
FLEURY PENDANT LA BATAILLE DE VERDUN. La Grand'Rue de Fleury, en juillet 1916. Une tranchée dans les ruines de Fleury, en octobre 1916.
sud du village, font 350 prisonniers et capturent 11 mitrailleuses. Le lendemain, des éléments du 207e traversent le village, mais, dépourvus de munitions, après un combat inégal à la baïonnette, refluent jusqu'à leur ligne de départ. Le 4 août le 134° R. I., puis, quatre jours après, le 8° tirailleurs, enlèvent quelques maisons. Le 10 août, enfin, le régiment colonial du Maroc va entreprendre méthodiquement la conquête du village. Du 10 au 16 il progresse à la sape et organise sa base de départ. Le 18 août, appuyés par bataillon du8e tirailleurs, les marsouins s'élancent. Deux bataillons cernentun le village mais, au centre, chaque trou d'obus, chaque est un petit fortin cave qu faut enlever sous le feu des mitrailleuses. Le lendemain bat on se au couteau et à la grenade. A la nuit cent Allemands survivants rendent. Le se village est conquis l'ennemi concentre alors lui tout le feu de son artillesur rie: jusqu'en septembre il essayera en vain d'en reprendre les ruines.
; il
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MONUMENT ÉLEVÉ A LA MÉMOIRE DES ENFANTS DE FLEURY MORTS
POUR LA FRANCE
(Photo Martin-Colardelle Verdun.)
Un kilomètre après Fleury, carrefour, c'est le « crre/our de Thiaumont ». Sur la crête se dessine l'ouvrage de Thiaumont. A sa gauche la Côte de Froideterre est, en juin et juillet 1916, le centre agité de la bataille. L'ouvrage broyé, perdu au milieu d'un terrain convulsé, changera 16 fois de maître. Heconquis par le 128e, le 30 juin, il est tenu par le 202e régiment quand, le 4 juillet, le 6e régiment de la Garde prussienne l'attaque après un
furieux pilonnage. Le colonel du 202e, blessé et sur un brancard, assiste le commandant qui le remplace. Ce commandant a pris à tout hasard, pour proclamer ses ordres, un clairon qui n'a pas encore terminé ses classes et qui n'entend pas grand chose aux sonneries. De plus son instrument est en bien mauvais état. « Sonne quand même, lui ordonne le commandant, sonne toutes les fois que tu verras du Boche. » Tout en tirant de son instrument d'effroyables « couacs », le clairon s'acquitte consciencieusement de sa mission qui, d'ailleurs, lui attire force projectiles. A côté de lui, dans le même trou d'obus, un feldwebel, capturé au début de l'action, plastronne. Quand on l'interroge, il riposte avec arrogance « Dans une demi-heure, Garde prussienne ici. Vous allez voir. » Agacé, le commandant lui crie dans la figure « Tu ne connais pas mes poilus, c'est eux que tu vas voir. » Et sur-le-champ, le commandant conduit une brillante contre-attaque qui, sur la route de Thiaumont, culbute l'ennemi. Lorsque le commandant revient à son poste, le clairon sonne aux champs aussi fort que brait un âne le feldwebel se met au garde à vous, salue et dit « Les Français, braves. braves ». Mais il ajoute en jetant sur le clairon un regard courroucé « La musique. mauvaise ». Suivre tout droit en empruntant la route à sens unique qui longe le monument du souvenir israélite puis passe devant l'Ossuaire de Douaumont.
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L'Ossuaire de Douaumont. L'Œuvre du Souvenir des Défenseurs de Verdun a fait ériger un ossuaire au centre du champ de bataille, sur un point culminant d'où l'œil peut l'embrasser en entier. Ce monument des ossements épars et anonymes (voir photographies pages 88-89), comprend trois parties principales la tour, le cloître et la chapelle catholique. La tour abrite le bourdon de la Victoire et le phare (4 feux tournants synchronisés) elle offre une vue étendue (table d'orientation) sur tout le champ de bataille. Le cloître renferme 46 tombeaux où les ossements ne sont pas mêlés comme dans la plupart des autres ossuaires existants, mais réunis selon les secteurs où ils ont été trouvés. Cette disposition permet à ceux qui pleurent un disparu de s'agenouil-
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L'OUVRAGE DE THIAUMONT AUX MAINS DES FRANÇAIS EN MAI 1916.
Le boyau d'accès au premier plan était nivelé chaque jour par les marmites et refait pendant nuit.
la
sur une tombe déterminée avec l'espérance que ses restes *pnt là. A la demande du Ministère des Pensions, deux vastes caveaux ont été construits aux extrémités du cloître ils contiennent des ossements anonymes mêlés de tous les secteurs du champ-de bataille. Le 22 août 1920, le maréchal Pétain, président d'honneur du Comité d'action, a posé la première pierre de l'Ossuaire. Celle de la chapelle catholique (monument tout à fait remarquable) a été posée avec le concours de M. James A. Flaherty, chef suprême des Chevaliers de Colomb. Le phare et la tour centrale ont été inaugurés en septembre 1927. Le monument, complètement terminé, a été inauguré en août 1932 par M. Albert Lebrun, Président de la République. Devant l'ossuaire s'étend le grand cimetière national où ont été regrou-
1er
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pées près de 15.000 tombes.
LES RUINES DE L'OUVRAGE, UN MOIS PLUS TARD, AUX MAINS DES ALLEMANDS.
Au premier plan, le réseau barbelé devant la ligne française.
L'OSSIAIHE ET LE CDIETlIIIE NATIONAL DE DOIJAUMONT.
LEI'HAKEI>EDOIAUMONT.
Il rayonne la nuit sur l'immortel champ de bataille de Verdun.
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LE PANORAMA
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Le Fort de Douaumont. Après la visite de l'Ossuaire continuer tout droit, prendre la première route à droite et, environ 100 mètres plus loin, au monument du "Soldat du Droit" (page 98), tourner à gauche dans la roule qui conduit au Fort de Douaumont., On arrive devant la gorge du fort dont les fossés ont été comblés. Plusieurs obus français de 400, deux obus allemands de 420 ont crevé l'épaisse carapace de profonds entonnoirs en marquent la trace. Du fort de Douaumont, au sud, le plateau s'abaisse et se termine en lobes boisés qui surplombent le ravin du Bazil, ce sont les bois de la Caillette et de la Fausse-Côte au-dessus s'élèvent le fort de Vaux, plus à droite celui de Tavannes, puis celui de Souville le plateau qui porte Douaumont se prolonge par la Côte de Froideterre.
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Un observatoire. b. Les Jumelles d'Ornes.
LA SUPERSTRUCTURE DU FORT DE DOUAUMONT (1920) — A droite
A l'horizon
a. La Cote 378.
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DE DOUAUMONT
(1920).
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En se tournant vers la vallée de la Meuse on aperçoit à 1.500 mètres le monument de la Tranchée des Baïonnettes l'emplacement du village de Douaumont est à mi-chemin une chapelle indique l'endroit où se trouvait le cimetière. Au delà du monument ce sont les pentes raides qui bordent les ravins de la Dame et du Helly. A l'horizon se silhouettent les hauteurs de la rive gauche de la Meuse Mort-Homme et Cote 304; sur l'horizon s'élève le piton de Montfaucon. Au nord c'est le champ de bataille de l'attaque brusquée du 21 au 25 février 1916 ; le plateau mamelonné culmine à la Cote 378, les bois de la Vauche se profilent plus à droite, 2 buttes accolées les Jumelles d'Ornes enfin à l'ouest, par la croupe d'Hardaumont, le plateau tombe sur la plaine de la Woëvre.
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LE FORT DE DOUAUMONT EN MAI 1921. En amnt du réseau, le sentier qui conduisait sur la superstructure du fort.
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LE FORT DE DOUAUMONT EN JANVIER 1S16.
La prise du fort de Douaumont (25 février 1916). En quatre jours l'infanterie allemande, s'avançant des crêtes qui ferment l'horizon au nord (Jumelles d'Ornes, bois des Caures), progresse dans la région boisée et ravinée qui précède les pentes de Douaumont, malgré le sacrifice héroïque de la 37e division, des chasseurs (2e et 4e bataillons) du 20e corps et de la 31e brigade (Reibell), accablés par le nombre. Le 25, encouragé par son avance, l'ennemi précipite ses assauts. Par le bois de la Vauche il gravit les pentes qui le mènent au plateau de Douaumont. La mission des éléments de tête du 24e brandebourgeois était de s'arrêter et de s'organiser à 800 mètres des réseaux du fort. Le lieutenant commandant une compagnie de ce régiment prend alors, audacieusement, la décision de pousser jusqu'au fort accroupi sur la crête chargée de neige. Précédée de patrouilles, la compagnie s'avance, élargit une brèche dans les roseaux, reconnaît les coffres de flanquement et, ne voyant personne, se laisse glisser le long des perches dans les fossés, elle remonte le mur d'escarpe sur un talus de neige, entre dans le fort, qui n'est occupé que par les servants d'artillerie des tourelles et quelques hommes du génie qui, surpris, sont réduits à l'impuissance. Les assaillants sont rejoints par une autre compagnie du même régiment. La garnison du fort, trompée par la tempête de neige, avait pris les assaillants pour des Français qui se repliaient et n'avait fait aucun effort pour arrêter leur marche. Pourquoi le fort de Douaumont était-il ainsi presque inoccupé.? Après la chute, en 1914, des forts de Liège et de Maubeuge, le Commandement avait réagi contre l'occupation des forts leur garnison fut alors fondue avec les troupes de campagne. Brusquement, le 25 février 1916, le fort de Douaumont, jusqu'alors en troisième ligne, se trouva sur la première ligne de défense et à la liaison de deux'unités déjà largement déployées. Ce jour même, l'état-major du général Balfourier remplaçant celui du général Chrétien ne put supposer un instant que le fort était à peu près vide de défenseurs. D'où la surprise malheureuse.
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FANTASSINS ET SAPEURS DE LA BRIGADE MANGIN OCCUPANT LES FOSSÉS OUEST DU FORT DE DOUAUMONT, LE 22 MAI 1916, A MIDI.
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Au début de leur occupation, les Allemands considérèrent surtout Douaumont comme un excellent observatoire. Par la suite, ils en firent également un cantonnement de relève pour leurs troupes de première ligne et y constituèrent des dépôts de munitions d'infanterie. L'un de ces dépôts explosa le 8 mai anéantissant un bataillon au dire des prisonniers.
L'attaque française du 22 mai 1916. Douaumont présentait pour l'ennemi une importance considérable. Le 22 mai la 10e brigade (division Mangin) allait essayer de l'enlever. Du 19 au 22 les pièces lourdes françaises le bombardent. Le 22, à midi, le 129e R. I. occupe la partie ouest du fort le 74e R. I., qui n'a pu enlever la partie est, atteint la crête à 200 mètres. Dans la nuit du 22 et dans la journée du 23 l'artillerie ennemie écrase l'étroit saillant conquis. Un bataillon du 74e perd 72,2 de son effectif. Le 24, le 1er corps bavarois, destiné à attaquer sur la rive gauche de la Meuse, reprend le fort et ses abords aux troupss décimées de la 10e brigade.
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La victoire de Douaumont (24 octobre 1916). Pendant 5 mois l'ennemi progressera pied à pied du fort de Douaumont à la Chapelle Sainte-Fine. En quelques heures, le 24 octobre, le groupement Mangin va reconquérir tout ce champ de bataille. Le 24 octobre une brume épaisse couvre le plateau. Mangin décide d'attaquer quand même. A 11 h. 40 les trois divisions d'assaut s'élancent. On marche à la boussole, sans hâte, en ordre, avec certitude, sur un terrain de boue et de trous où il ne faut ni trébucher, ni s'enliser. Les observatoires ne peuvent tout d'abord être utilisés, mais plusieurs avions sortent maîtres des airs et volant très bas, ils parviennent à suivre la progression des troupes et à en informer le Commandement. A l'ouest du fort, sur la Côte de Froideterre, les tirailleurs de la division Guyot de Salins enlèvent d'un seul élan l'ouvrage de Thiaumont qui a coûté tant de sang et d'efforts tandis que les tirailleurs s'organisent sur les positions conquises, les zouaves les dépassent et se précipitent sur Je village de Douaumont, débordant le fort à l'ouest. A l'est du fort, chasseurs et fantassins de la division Passaga progressent vers la croupe d'Hardaumont, franchissent sans arrêt le ravin du Bazil, enlèvent les bois de la Caillette. Le général Ancelin qui commande la brigade de gauche de la division est tué dès le début de l'action. Le brouillard opaque, qui avait masqué le départ des vagues d'assaut et leur avait permis d'atteindre la voie ferrée sans recevoir un coup de canon, se lève par éclaircies et on peut apercevoir à gauche le fort de Douaumont. C'est là l'objectif essentiel de l'attaque. Le régiment colonial du Maroc, celui qui a conquis Fleury, a la glorieuse mission de l'enlever. Le bataillon Croll doit envelopper le fort, le dépasser et l'isoler le bataillon Nicolay doit l'aborder, y entrer, en chasser l'ennemi, et s'y installer. Mais dans la brume épaisse, ce bataillon a obliqué trop à l'ouest et se trouve en retard.. Le capitaine commandant la première vague du bataillon Croll, ne voyant pas ses camarades, au lieu de contourner le fort, prend l'initiative de le traverser sur la superstructure ses hommes y rencontrent des fantassins du 321e R. I., extrême aile gauche de la division Passaga, qui cherchent
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MARSOUINS DU RÉGIMENT COLONIAL DU MAROC OCCUPANT LES FOSSÉS DU FORT LE COMMANDANT NICOLAY. RECONQUIS (25 OCTOBRE 1916).
la liaison avec les marsouins. Le bataillon Nicolay arrive au moment même où le brouillard se lève et découvre le fort. « Sous le vol bas de l'avion de France croisant au-dessus du fort, écrivit le commandant Nicolay dans son rapport, le bataillon aborde le fossé en ligne de colonnes par un, chefs en tête et l'arme à la bretelle, puis il escalade les pentes raides du rempart de gorge. Arrivé au haut de ce rempart, il a devant lui les ouvertures béantes des casemates, et, en avant, la cour extraordinairement bouleversée. Devant ce chaos qu'était devenu le grand fort, symbole de volonté et de puissance merveilleusement recouvré, les têtes de colonne s'immobilisent et. regardent. Le chef de bataillon, qui s'était arrêté momentanément au fond du fossé pour vérifier le mouvement, rejoint la tête à cet instant, et tout en rendant hommage à ce que la vision avait de sacré et d'inoubliable, il donne l'ordre d'attaquer les mitrailleuses, qui, du fond des casemates, commencent à tirer cette première résistance réduite, chacun se rend à son objectif (manœuvre mûrement étudiée avant l'offensive), les résistances rencontrées aux tourelles sont dominées l'une après
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l'autre. »
LES FOSSÉS DU FORT DE DOUAUMONT EN FÉVRIER lfl17
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La superstructure du fort est conquise. Il reste à attaquer les logements et les couloirs les grenadiers s'en chargent et bientôt une cinquantaine de prisonniers, dont quatre officiers, en sont ramenés avec 10 mitrailleuses, 2 canons, des vivres, du matériel. Un incendie sévit encore, les prisonniers aident les vainqueurs à l'éteindre. Dans la nuit, la ligne est poussée 400 mètres plus au nord. Le fort de Douaumont, la fade la meuse « pierre angulaire défense de Verdun, perdu par surprise dans une journée de deuil, était repris dans un élan grandiose. Le 15 décembre suivant, une nouvelle offensive française dégage la ligne de Douaumont à 3 km. plus au nord, enlevant à l'ennemi toute velléité de reprendre le fort. Visiter l'intérieur du fort, sous la conduite d'un guide. A l'entrée, unecasemate a été éventrée le 8 mai par l'explosion d'un dépôt de grenades allemand. L'infrastructure du fort couloirs, casemates, chambres, est presque intacte. Dans une casemate, on a orga-. nisé un intéressant musée avec des obus, grenades, minenwerfer, mi(Photo Martin-Colardelle, Verdun.) trailleuses, appareils respiratoires LE MONUMENT ÉLEVÉ A LA MÉMOIRE DES de toutes sortes. SOLDATS Du 3E BATAILLON DU 74e.
»
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A l'est du fort, monument érigé à la gloire du 3e bataillon du 74e régiment
d'infanterie. De l'autre côté, à l'ouest, ruines du village de Douaumont où une chapelle commémorative marque l'emplacement du cimetière disparu.
Le village de Douaumont. C'est principalement devant ce village que fut arrêtée l'attaque brusquée du 21 février. Le 25 février au soir les zouaves et les tirailleurs le dégagèrent. Du 26 au 29 la 5e D. I. allemande l'attaqua par cinq fois, avec fureur, sans pouvoir briser le 95e R. I. et des éléments de la 155e division qui le défendaient. Le 2 mars, après un premier bombardement, qui écrasa le village et isola le bataillon qui le tenait, la 113e D. I. allemande attaqua, vers 13 h. 15, par le nord et par l'est. Les Allemands s'avancèrent coiffés de casques français après un second bombardement ils revinrent à l'assaut, submergeant les défenseurs, dont une compagnie chargea jusqu'au dernier homme. Ce qui restait du bataillon français fit front à 50 mètres au sud-est du village, empêchant l'ennemi d'en déboucher. Le 3, deux bataillons du 170e et un du 174e R. I. reprirent le village à la baïonnette. Dans la nuit deux contre-attaques allemandes échouèrent avec de lourdes pertes devant une seule tranchée l'ennemi laissa 800 cadavres. Le 4, une troisième contreattaque, plus forte, enleva le village, mais se brisa, à 200 mètres au sud, sur de nouvelles positions. Le village resta aux mains des Allemands jusqu'au 24 octobre 1916.
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(Photo Sommer, Verdun.) MONUMENT DU
SOLDAT DU
DROIT".
Reprendre la route de l'ossuaire. Au monument du "Soldat du Droit", tourner à droite; 100 m. plus loin, continuer tout droit, laissant à gauche la roule précédemment suivie. A 150 mètres se trouvait, à gauche, l'Ossuaire provisoire berceau de l'Œuvre du souvenir.
TOMBE DU GÉNÉRAL ANCELIN, TUÉ LE 24 OCTOBRE 1916 DEVANT DOUAUMONT (1920).
INTÉRIEUR DE L'OSSUAIRE PROVISOIRE DE DOUAUMONT (1927).
C'était un humble abri dans lequel restèrent déposes, jusqu'à l'achèvement de l'Ossuaire définitif, les ossements, recueillis au cours des recherches faites sur les champs de bataille de la région. Ils emplissaient déjà 46 cercueils disposés de part et d'autre d'une allée centrale qui conduisait à un autel. Chacun de ces cercueils émouvants correspondait à un secteur déterminé d'où provenaient les glorieux restes qu'il renfermait. La même disposition a été conservée dans l'ossuaire définitif. Continuer jusqu'au Monument aux Morts de la commune de Douau-
mont.
MONUMENT AUX MORTS DE LA COMMUNE DE DOUAUMONT,
LE MONUMENT DE
LA TRANCHÉE DES BAÏONNETTES (A. VENTRE,
architecte).
La Tranchée des baïonnettes. Descendre vers le monument de la Tranchée des baïonnettes. La route passe sur les ruines de la ferme de Thiaumont. Près du coude de la route s'élève le monument de la « Tranchée des baïonnettes », érigé en mémoire des héros du 137e, et dû à la générosité du citoyen américain Georges G. Rand. Comment les fantassins du 137 furent-ils enterrés vivants Bien des légendes se créèrent autour de cet épisode tragique. Voici le récit qu'en fait l'un des officiers survivants, le lieutenant Foucher: « Parti de la citadelle de Verdun le 9 juin 1916, le 1er bataillon du 137e arrive enligne dans la nuit du 10 au 11 juin etrelève le 337e. « La tranchée des baïonnettes se trouve à cheval sur la droite de la 3e compagnie et sur la gauche de la 4e compagnie. 11 juin 1916, au matin, un violent bombardement de pilonnage se « Le déclenche et dure toute la journée et une partie de la nuit. C'est pendant le cours de cette journée du 11 que les obus (150, 210 et plus gros) ont donné l'aspect, retrouvé plus tard, de la « Tranchée des baïonnettes. » « Les hommes attendaient l'attaque avec le fusil, baïonnette au bout, mais cette arme était appuyée au parapet à portée du combattant qui avait dans ses mains des grenades, prêt à repousser, d'abord à la grenade, l'attaque probable. Les obus tombant en avant, en arrière, et sur la tranchée, rapprochèrent les lèvres de cette dernière, ensevelissant nos vaillants Vendéens et Bretons. C'est par le fait qu'ils n'avaient pas le fusil à la main qu'il s'est trouvé que les baïonnettes émergeaient après l'écroulement des terres. l'aspect que l'on a « Dès ce soir-là, le 11 juin 1916. la tranchée avait retrouvé à l'armistice.»
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LA PORTE EN FER FORGÉ DU PORTIQUE
D'ENTRÉE
DU MONUMENT,
exécutée
par M. E. Brandi, ferronnier d'art (101, boulev.
Murât, Paris).
UN DES NOMBREUX RAVINS DE LA MORT DE VERDUN.
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LE RAVIN DE
A l'horizon, la Côte du Poivre.
I.A DAME
(1919).
àla
Revenir voilure. La roule s'engage dans le ravin de la Dame. Autrefois, le bois Nawé s'étendait à gauche. Il n'en resta même plus de souches, tant le sol fut retourné. De la crête au fond du ravin, le terrain est entièrement piqué de
trous d'obus juxtaposés. De juin à octobre 1916, les premières lignes allemandes passaient sur la crête qui se profile à gauche Le 24 octobre 1916, le jour de la victoire de Douaumont, les zouaves et les tirailleurs de la 36e division franchissent ces pentes creusées d'abris. Tout ce qui se blottit se rend sans, résistance. Un officier supérieur est pris au saut du lit, un vaguemestre avec tout son courrier. Dans la nuit suivante, le sergent Julien, du 4e zouaves, revenant d'une corvée de ravitaillement, est saisi par les Allemands occupant encore un abri, mais ille prend de haut avec eux, leur annonce la chute de Douaumont et les invite à se rendre à leur tour, sur-le-champ. Son attitude leur en impose, il les fait jeter leurs armes, les rassemble et ramène à l'arrière des lignes françaises sa capture magnifique, 6 officiers et une compagnie. On aperçoit bientôt, à un tournant de la route, les carrières d'Haudromont. Elles découpent leur mur vertical et blanc sur la colline argileuse. Dans la pierre, l'ennemi s'était creusé des galeries à l'épreuve des obus du plus gros calibre. Ces carrières furent enlevées à l'ennemi lors de la prise de Douaumont par le 11e régiment d'infanterie qui, à l'aile gauche, prolongeait le front général d'attaque. la carrière Les fantassins partent, chantant « Nous entrerons dans quand les Boches n'y seront plus. » enveloppent les carrières par le nord, cernent les défenseurs, les fusillent de haut en bas. Les Allemands prolongent la résistance. On se bat, à la grenade, dans les galeries, jusqu'au soir.
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LES CARRIÈRES D'HAUDROMONT, EN SEPTEMBRE 1917.
Des carrières
d'Haudromont, onpeut pousser à 300 mètres à droite jus-
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qu'au ravin du Helly. A gauche s'ouvre le ravin de la Couleuvre les pentes ravagées des bois de Chauffour conquis au cours de l'offensive de décembre 1916 y descendent. Ces pentes sont couronnées à l'est par le fort de Douaumont qui se silhouette nettement sur le ciel. Revenir ensuite vers les carrières et continuer tout droit sur Bras. Avant d'arriver à Bras, une route se détache à droite vers la Côte du Poivre et
Louvemont.
LE RAVIN DU HELLY EN MAI 1921. — A l'horizon, la Côte du Poivre.
LE VILLAGE DE LOUVEMONT (AVRIL 1917).
La Côte du Poivre. Le 25 février au soir, la 37e D. I., décimée, se replie sur la crête de Froideterre. Verdun est presque découvert. Alertée, la 39e division réoccupe la Côte du Poivre et barre la route de Bras. L'ennemi essaye de forcer cette barrière, mais il est pris en écharpe par l'artillerie en position sur la rive gauche. Durant toute la bataille de Verdun les pentes sud de la Côte du Poivre et les bois qui en tapissent les pentes formèrent la charnière solide de toute la ligne française sur la rive droite. En 1916, les Allemands transforment la Côte du Poivre en une véritable
(fhotoMartin-iJolanieue, Verdun) LA CÔTE DU POIVRE (1919). Au premier plan, le dernier train qui passa au pied de la Côte du Poivre, en février 1916, et fui détruit sur place par le bombardement.
LES RUINES DE BRAS, EN 1918.
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forteresse. Le 15 décembre 1916 le 112e R. I. se rue à l'assaut la position est enlevée en une demi-heure. Le touriste désireux de visiter le Bois des Caures (17 km. aller et retour) pourra se conformer aux indications ci-après. A Bras, tourner à droite vers Vacherauville. Là, prendre la N 405 vers Ville. La roule monte vers le Bois des Caures.
Le Bois des Caures. Position importante de la défense avancée de Verdun, le Bois des Caures supporta, lors de l'offensive brusquée de février 1916, le premier et l'un des plus violents efforts allemands. Au moment où se déclencha la préparation d'artillerie, il était tenu par les 56e et 5ge bataillons de chasseurs placés sous les ordres du Colonel Driant.
LES COMBATS DE FÉVRIER 1916 AU BOIS DES CAURES.
MONUMENT AU COLONEL
DRIANT.
G.CALVET, sculpteur.
(Dhoto Sommer, Verdun.)
Le 21 février, à 17 h. 15, après dix heures d'un bombardement formidable, l'ennemi, certain d'avoir écrasé les défenseurs en même temps que le bois, jeta à l'assaut ses masses d'infanterie. L'attaque ne réussit pourtant qu'à enlever quelques éléments de tranchée vers la corne nord-est. Le soir même, à 19 heures, les défenseurs contre-attaquaient et lorsque, vers minuit, leur chef vint visiter les petits postes rétablis sur la ligne précédemment tenue, ils purent avec lierté lui montrer qu'ils n'avaient, malgré les pertes subies et malgré l'écrasante supériorité numérique de l'assaillant, perdu aucun pouce de terrain. Le 22 au matin le bombardement allemand reprit, suivi à midi d'une nouvelle attaque, appuyée cette fois par des lance-flammes. Défendu pied à pied, avec un farouche acharnement, le Bois des Caures se trouva bientôt débordé des deux côtés. Les liaisons avec l'arrière allaient être coupées et, devant cette situation tragiquement désespérée, Driant. décida de replier sur Beaumont les survivants de ses héroïques chasseurs. Combattant luimême parmi les derniers de ses hommes, il fut tué par une balle, à 100 mètres environ en dehors de la lisière sud du bois. Le monument érigé à la mémoire du Colonel Driant et de ses chasseurs est situé à 7 km. de Vacherauville, à la fourche de la route suivie et du chemin qui se dirige vers Flabas. Quelques mètres plus loin, sur laroute de Flabas, un sentier à gauche conduit (faire environ 100 mètres sous bois) à l'ancien poste de commandement du Colonel. Revenu à Vacherauville, tourner à gauche vers Verdun par la N. 64. La route suit la Meuse, contourne le pied de la Côte de Froideterre, puis de Belleville et Saint-Michel. On rentre dans Verdun par (D du plan page 52.
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2e Itinéraire
LA RIVE GAUCHE
DE LA MEUSE
Sortir de Verdun par l'av. Garibaldi : en face de la gare de l'Est, tourner Ú gauche (N 3) ; passer ensuite au-dessus de la voie ferrée et au bas de la descente, suivre à droite. (Nord-Ouest du plan p. 52). (GC 38). Traverser le village de Thierville. En face on aperçoit le fort de Marre. Au pied de la colline où se trouve le fort, tourner à droite. On laisse à gauche la ferme de Villers-les-Moines, puis la route gravit une petite éminence, la Cote 243, sous laquelle se trouve l'ouvrage de Charny. La route qui se détache à droite traverse la voie ferrée et conduit à Charny. C'est à Charny que les Allemands passèrent la Meuse en 1870. Ils y fusillèrent l'ancien notaire, M. Violard, sous prétexte qu'il avait favorisé un coupde main des francs-tireurs. La route longe les pentes nord des collines où sont établis les forts modernes de
Vacherauville,
Marre
de
Marre,
des
Bois-Bourrus.
est entièrement reconstruit. Après avoir dépassé l'église, prendre la route de droite que l'on suit tout droit jusqu'à Cumières. A moitié chemin, on laisse à droite la station et à gauche la route de Chattancourt.
CHARNY.
L'ĂŠgliseetla rueprincipale en
janvier191t>
CUARNY.
Levillageen janvier1917. L'ĂŠglise el la rue principale en niai1919.
LES RUINES DE MARRE (1919).
Attaque dès le 14 mars, écrasé d'obus le 25 avril, Cumières ne fut enlevé par l'ennemi que dans la nuit du 23 au 24 mai. Le 26 mai, au soir, après une lutte acharnée, les Français en reprirent la partie est. Les 29 et 30 mai, après deux jours de bombardement continu, ils furent mais un moment refoulés par des forces supérieures vers Chattancourt une vigoureuse contre-attaque les ramena jusqu'aux lisières sud du village, sans toutefois leur rendre le bois des Caurettes, au sud-ouest de Cumières. Le 20 août 1917, Cumières et son bois furent repris par le régiment de marche de la Légion étrangère. De Cumières, dont un monument rappelle l'emplacement, on peut pousser tout droit par la route de Forges jusqu'au Bois des Corbeaux (voir p. 115) et à la Côte de l'Oie. De cette route, se détache à gauche, 300 m. après le monument, la route de Bcthincourt qui passe, 1 km. plus loin, à proximité de l'entrée — à 50 m. à droite de la route — du Tunnel du Kronprinz (voir p. 114).
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LE VILLAGE DE
CUMIÈRES EN AOÛT
1917.
CHATTANCOURT EN 1921. LA SORTIE DU VILLAGE VERS LE MORT-HOMME.
De Cumières, revenir à la station de Chattancourt et prendre à droite la route de Chattancourt. A 800 mètres de là on atteint le village de Chattancourt actuellement reconstruit. De Chattancourt on peut aller en auto, par une route difficile, jusqu'aux abords de la Cote 295 ou Mort-Homme, mais on devra faire demi-tour et revenir à Chaltancourt (croquis page 112).
LA PLACE DE CHATTANCOURT EN JUIN 1916.
CiL\TL\:-;COlHT, LE 16
MAI
.1 l'horizon,
1916.—
(jlAÏTANCOrUT EN Jl'IN 1916.
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LES PENTES DU MORT-HOMME.
L'ENTRÉE DU VH-LAf:):.
Le Mort-Homme.
:
Avec la Cote 304, le Mort-Homme a été une des positions les plus disputées de la rive gauche de la Meuse. C'est un massif de deux buttes jumelles la Cote 265, dont la route de Béthincourt à Cumières escalade le sommet, la Cote 295, le Mort-Homme proprement dit, que la route contourne par le nord-est. Il constitue un remarquable observatoire et une excellente position d'artillerie, en avant de la vraie ligne de résistance. Le 5 mars 1916 l'offensive allemande, d'abord limitée à la rive droite, se déclencha violemment sur la rive gauche, et en six jours, progressa jusqu'aux pentes du Mort-Homme. Le 14 après l'avoir pendant cinq heures arrosé furieusement d'obus de toutes sortes, fusants, percutants, asphyxiants et lacrymogènes, l'ennemi lança son infanterie sur le Mort-Homme. La 25e division (Debeney), à demi enterrée et asphyxiée, a l'ordre de ne pas reculer. Quatre colonels, dont le colonel Garçon, commandant la brigade, et leurs états-majors tombent, le fusil au poing. La Cote 265 est prise mais fantassins et zouaves, après une magnifique défense, se maintiennent sur la Cote 295, clef de toute la position. Une contre-attaque refoule même les assaillants sur les contre-pentes nord-ouest. Le 9 avril, l'ennemi, s'infiltrant par le ravin du bois des Corbeaux, aborde la défense entre les sommets des Cotes 265 et 295. Pendant quatre heures d'un combat inouï, culbuté 4 fois de suite, l'assaillant se reforme et revient à la charge jusqu'au soir. Les 8e et 16e bataillons de chasseurs, le 2e bataillon
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LE MORT-HOMME EN AVRII. 1916.
LE MORT-HOMME. — DANS LES TRANCHÉES CONQUISES (AOÛT 1917).
du 151e R. I. repoussent les Allemands dans un terrible corps à corps. Le 8e bataillon de chasseurs, « le bataillon de Sidi Brahim », débordé sur ses ailes, fait face sur trois côtés, résolu à tenir jusqu'à la mort. Le 20, le 32e corps français (Berthelot), à son tour, attaque. Après une minutieuse préparation d'artillerie, trois bataillons de la 40e D. I. dépassent la Cote 295 et s'établissent sur les pentes nord. L'ennemi réagit et tente de tourner le Mort-Homme par le ravin de la Hayotte; il s'y fait massacrer. Au sommet du Mort-Homme, le 150e régiment d'infanterie refoule toutes les attaques et conserve la Cote 295. Afin d'en assurer une protection meilleure, l'ordre est donné de couvrir, par des chevaux de frise, le petit poste placé au sommet de la Cote. A la nuit tombante, un homme se présente pour poser le premier obstacle en avant du petit poste il est tué d'une balle au front un second vient aussitôt remplacer le camarade mort et continuer la tâche commencée il est tué. Le petit poste n'est pas entièrement couvert. Un troisième homme, qui avait assisté à la mort des deux autres, s'avance pour poursuivre, lui aussi, le travail commencé il est tué. Un quatrième enfin, après avoir retiré les corps de ses trois camarades qui viennent d'être tués dans l'accomplissement du même geste, se présente et place le quatrième cheval de frise. Le petit poste est entièrement couvert les tentatives de l'adversaire viendront se briser sur les défenses placées grâce à l'héroïsme des quatre braves du 150e régiment
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d'infanterie.
Mais le 23 mai un corps frais allemand se jette sur le sommet du MortHomme et parvient à s'en emparer. Du 9 au 24 juin l'ennemi ne peut déboucher du Mort-Homme, il se brise contre l'inébranlable résistance du 15e corps (de Maud'huy). Le 15 juin plus d'un kilomètre de tranchées est même repris à l'ennemi. En 1917, le secteur fut souvent le théâtre de violents combats les Alle-
;
iPhoto69eSommer. Verdun.)
SUR I.E SOMMET DU MORT-HOMME, LE MONUMENT DE LA
(Œuvre de FROMENT-MEURICE).
DIVISION.
mands finirent par occuper les Cote; 265 et 295. Ils s'y organisèrent à leur habitude, d'une manière formidable, y creusant, notamment, de profonds tunnels, à l'épreuve du bombardement. Au cours de l'offensive du 20 août 1917, la 31e D. I. reprit, dans un élan magnifique et en quelques heures, le Mort-Homme et ses tunnels. La route s'élève sur les pentes du Mort-Homme et devient difficile aux abords des monuments de la 40e et de la 69e D. I. En suivant la tranchée, un peu au delà du monument de la 40e D. I. et à droite orifice et escalier d'accès du tunnel Bismarck. Suivre la crête vers le bois des Corbeaux panorama sur la vallée du ruisseau de Forges et les hauteurs au nord de cette vallée (anciennes lignes françaises de mars 1916). A droite s'ouvre le ravin des Caurettes. 200 mètres avant la lisière du bois des Corbeaux, s'ouvre l'escalier d'une centaine de marches par lequel on accédait au grand tunnel allemand, dont un autre chemin d'accès est indiqué p. 109. L'escalier est très difficilement prati-cable et la visite du tunnel dangereuse en raison des risques d'éboulement. Ce tunnel, appelé tunnel du Kronprinz par les Français, tunnel Galwitz par les Allemands, fait communiquer le ravin des Caurettes avec le ravin de Forges. Il fut conquis par le 7e tirailleurs (Division marocaine), Le 20 août 1917, ce tunnel est dépassé, mais l'ennemi y résiste encore. A toutes les issues, à tous les trous d'aération de l'immense caserne souterraine, zouaves et tirailleurs font bonne garde. Ce n'est que le lendemain que la garnison de onze cents hommes avec un colonel, trois chefs de bataillon et tout son état major se rend. On peut continuer jusqu'aux lisières nord du bois des Corbeaux.
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1
(Photo Marlin-Çolardelle, Verdun.)
St'R LE
SOMMET
1)11
MORT-TIOMME, I.E MONUMENT DE LA 40e DIVISION.
Le bois des Corbeaux. Les plateaux dominés par les deux buttes du Mort-Homme sont entamés, au nord, par un ravin dont le fond est garni par le bois des Corbeaux, couvert favorable au rassemblement et au départ des troupes d'assaut, abordant la Cote 295. Le 6 mars, la ligne française fut ramenée aux lisières nord du bois. Le 7, l'ennemi y pénétra, après de sanglants corps à corps si farouches, qu'en maints endroits la neige fut rougie. Le 8, le 92e R. I., dans une contre-attaque vigoureuse, reprenait le bois en vingt minutes le 10, au soir, privé de son colonel (le colonel Macker tué le matin), assailli
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par une division allemande tout entière, non soutenu par l'artillerie, qui ne pouvait voir les fusées d'appel, le 92e dut reculer pied à pied.
LE TUNNEL DU KRONPRINZ, APRÈS SA CONQUÊTE (21 AOÛT 1917).
LA ROUTE DE CHATTANCOURT A ESNES, au
pied de la Cote 275 (1919).
Retourner à la voiture par le sentier de l'aller. Du Mort-Homme, revenirù Chattancourt et prendre à droite la route d'Esnes qui monte assez fortement, en escaladantles pentes nord de la Cote 275. On arrive à un col d'où l'on aperçoit en face la Cote 310. Continuer jusqu'à un carrefour où l'on tourne à droite pour rejoindreEsnes : après avoir passé devant l'église, continuer tout droit, laisser la première route rencontrée à droite qui conduit à Béthincourt et prendre la deuxième à droite (voir croquis p. 118).
LE VILLAGE D'ESNES, LE 25 SEPTEMBRE 1916.
ESNES. — LA ROUTE DE BÉTHINCOUBT EN MAI 1921.
Par un grand
lacet on atteint le calvaire d'Esnes, d'où l'on a une vue d'ensemble sur les champs de bataille de la rive gauche, du Mort-Homme aux BoisBourrus. Au calvaire, s'ouvrent deux routes. Prendre celle de droite. Cette route passe entre la Cote 287, à g., et la célèbre Cote 304, à dr. Au sommet de celle-ci a été érigé un monument commémoratif (voir photo page 119) auquel un chemin non empierré permet d'accéder en 15 'minutes.
ESNES. — LA MÊME ROUTE AVANT LA GUERRE.
La Cote 304. La Cote 304, les Cotes 287 et 310 au sud d'Esiies, forment une ligne de forteresses naturelles tenant, sous leurs feux croisés, nonseulement les routes d'approche, mais encore les glacis nus ou les escarpements abrupts qui les bordent immédiatement. Les couverts les plus rapprochés de la Cote 304 sont les bois d'Avocourt et de Malancourt. C'est de ces bois que partit la première attaque contre la colline, menée par la 11e division bavaroise, le 20 mars 1916. Sur la longue rampe nue qui accède à la butte, les Bavarois furent arrêtés par des feux croisés du 20 au 22 mars, leurs trois régiments perdirent inutilement de 50 à 60 pour 100 de leur effectif. Le 9 avril, devant la Cote 287, la première vague d'assaut allemande réussit à franchir la tranchée de soutien à ce moment, les survivants de la tranchée avancée surgirent d'entre les morts et les terres éboulées les assaillants furent exterminés. Le 3 mai, 80 batteries allemandes concentrèrent leurs feux sur la Cote 304 et ses abords. Du sommet montaient, comme d'un volcan, tant de fumées, jaunes, noires et verdâtres, que le ciel, dirent les aviateurs, en était obscurci à 800 mètres au-dessus du sol. Suivant l'expression d'un correspondant de guerre anglais, ce ciel était semblable à « un dôme de rails invisibles où courent des rapides fous ». Les 4 et 5 mai une division allemande fraîche tenta d'aborder la position dont elle croyait les travaux et les défenseurs anéantis. Le 4 elle prit pied sur les pentes nord de la Cote 304, d'où le 68e la rejeta dans la nuit, mais il dut ensuite se retirer le 5 elle attaque, à gauche, le bois Camard et la Cote 287. Au bois Camard, totalement rasé par un bombardement de plus de onze heures, le 66e R. I. arrêta les assaillants et les chargea à la baïonnette à la Cote 2'87 un bataillon du 32e R. I. repoussa deux attaques aussi brillamment. Le 7 mai, après un effroyable bombardement, l'ennemi donna l'assaut, de trois côtés à la fois, à la Cote 304 avec des éléments de cinq divisions différentes. C'est l'effort le plus considérable qu'il ait fourni contre cette position. Grâce à deux régiments d'élite, le 125e et le 114e R. I., dont une compagnie chargea au chant de la Marseillaise, les Allemands furent bousculés et refoulés sur les pentes nord. Tout le mois ils réagirent sans succès. Les 29 et 30 juin, en se servant de liquides enflammés, ils cherchèrent à déborder la Cote 304 par l'est et par En décembre de la même année de nouveaux efforts échouèrent. En 1917 les Allemands continuèrent à s'obstiner contre la Cote
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l'ouest. 304.J j
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TRANCHÉE RECONQUISE SUR LA COTE 304, LE 24 AOUT 1917.
Les 28 et 29 juin une puissante attaque enleva la Cote 304 et progressa entre la colline et la corne sud-est du bois d'Avocourt, dans une légère dépression, dénommée Col de Pominerieux. Le 17 juillet la riposte française donnée par les 51e et 87e R. I., soutenus par deux bataillons de la 97e D. I. (335e et 346e régiments) et un bataillon de la 73e D. I., réoccupa ce col. Après une remarquable préparation d'artillerie, les^fantassins, en
trente minutes, atteignirent la crête fortifiée, reprirent un kilomètre de terrain; le 87e
R. I., des gars du Nord, dépassa même de 300 mètres l'objectif assigné pour s'emparer, en avant de la crête, d'un observatoirequ'il baptisa tout de suite « le créneau de Gretchen". L'ennemi avait été surpris en pleine relève 520 prisonniers appartenant à trois divisions différentes restèrent entre nos mains d'une seule sape, les grenadiers firent sortir quatre officiers, dontl'un, en descendant côte, se retourna pour regarder et admirer la manœuvre des Français. Le 24 août la Cote 304, dont les abords avaient été reconquis le 20 précédent, fut enlevée aux Allemands par les 272e et 128eR. de la 5e brigade (Nérel). Cette brigade qui attaquait devant la Cote 304, sur le plateau de Pommerieux et au bois Camard, fit des prisonniers appartenant à cinq divisions ennemies. Le soir même, elle enleva de nombreux autres ouvrages
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la
1
etporta sapremièreligne jusqu'au ruisseau de Forges, à plus de 2 kilomètres de sa base de départ.
(Photo Sommer, Verdui:.)
Au
SOMMET DE LA COTE 304. MONUMENT ÉLEVÉ A LA MÉMOIRE DES DIX MILLE MORTS HÉROÏQUES DONT LE SANG IMPRÉGNA CETTE TERRE".
(J.
HAMELIN,
architecte).
LE VILLAGE D'AVOCOURT, EN MARS 1916.
De la Cote 304, revenir au calvaire d'Esnes. De là on peut prendre à droite le G C 38 et poursuivre jusqu'à Avocourt.
Avocourt, bois d'Avocourt et de Malancourt. Là se passa un des plus beaux faits d'armes de la bataille de Verdun. Le 20 mars 1916, les Allemands, qui ne purent jamais s'emparer du village, lancèrent sur le bois une division fraîche, la 11e division bavaroise, corps d'élite, qui avait fait la campagne d'été en Galicie et en Pologne dans la pha-
Au
CENTRE D'AVOCOURT, EN AVRIL 1916.
UNE TRANCHÉE DANS LES RUINES D'AVOCOURT, EN AVRIL 1917.
lange Mackensen. L'attaque, grâce au jet de liquides enflammés, réussit. Le 29 une contre-attaque du 210e R. 1. et d'un bataillon du 157e R. I. reprit le bois et l'ouvrage sis à la lisière sud du bois, dit « Réduit d'Avocourt ». Ces troupes qui n'avaient pu être ravitaillées depuis quatre jours, avaient épuisé leurs vivres de réserve depuis douze heures sous la fatigue, en dépit du bombardement, elles dormaient debout. A 3 heures du matin, pour les réveiller, les chefs firent donner la « clique ». Au jour levant, la clique se tut soudain un obus l'avait enterrée tout entière, sauf un tambour. Furieux, les hommes, avec le tambour en tête, foncèrent vers le bois à 8 heures il était pris.
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:
L'EMPLACEMENT DU VILLAGE D'AVOCOURT, EN NOVEMBRE 1918.
LE BOIS DE MALANCOURT EN 1916. La photo est prise de la ligne française. Les sacs à terre indiquent la ligne
allemande.
DANS LES BOIS D'AVOCOURT, DÉPÔT ALLEMAND DE MUNITIONS (AOÛT 1919)
UNE SAUCISSE (BALLON D'OBSERVATION) AUX ENVIRONS DE REGRET.
D'Avocourt, revenir ci Esnes, point de départ du 3e itinéraire (voir p. 125). Pour rejoindre Verdun, prendre la route de Chattancourt, puis à environ 1.500 mètres d'Esnes, prendre à droite la route de Montzéville, G C 18, jusqu'à Dombasle-en-Argonne, où l'on prendra la N 3 jusqu'à Verdun. Dombasle est un des points où fut bombardée la voie ferrée Sainte-Menehould-Verdun.
BROCOURT (4 KM. SUD DE DOMBASLE) : HANGARS D'AVIATION BOMBARDÉS (AOÛT 1916).
DANS LE CIRCUIT DE NIXÉVILLE (boucle terminant au nord la Voie Sacrée) UN RÉGIMENT MONTE EN CAMIONS POUR ALLER AU REPOS.
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Dépassant Blercourt, on franchit deux passages à niveau après le deuxième, part, à droite, vers Bar-le-Duc, par Souilly, la Voie Sacrée. Le destin de Verdun, de la France même, a dépendu de cette route. Déchaussée par le gel et le dégel, sous le charroi frénétique qui, en cinq jours, portait l'effectif de l'armée de Verdun de 150.000 [à 800.000 hommes, cette route s'enfonçait à vue d'œil. Quand le 25 février, le général Pétain prit la direction de la bataille, son premier soin fut d'en garantir la solidité. 16.000 hommes échelonnés en équipes tout le long de la- route furent employés à sa réfection. Des carrières furent ouvertes à proximité et, sans interrompre la circulation des convois de ca-
mions régulière-
ment espacés, des milliers de cantonniers jetèrent sur la chaussée des tonnes de cailloux. La route tint bon et permit d'alimenter la bataille gigantesque.
Rentrer dans
Réfugiés de la région de Verdun, passant à SOUILLY, sur la VOIE SACRÉE sillonnée par les convois automobiles.
Verdun par plan page 52.
(Y)
du
:
3e Itinéraire
L'ARGONNE MONTFAUCON — ROMAGNE
Cet itinéraire fait suite au circuit de la rive gauche de la Meuse.
Il s'y ratta-
au village d'Esnes (voir partie droite du croquis ci-dèssus). Les touristes, ne désirant pas allonger leur itinéraire par le crochet Montfaucon-Romagne. peuvent se rendre directement à\Vauquois, puis en Argonne par le G C 38, route d'Esnes à Varennes par Avocourt et Vauquois. Les touristes partant de Sainte-Menehould peuvent atteindre Vauquois par la N 3, route des Islettes et Clermont-en-Argonne ; à Clermont, prendre à gauche la N 398 puis à Neuvilly la N 46 ; remonter la vallée de l'Aire jusqu'à Boureuillesd'où part à droite la route de Vauquois. Partant d'Esnes par le G C 18, la route monte vers la Cote.304, puis descend sur le ruisseau de Forges et Malancourt, au delà duquel étaient, de 1914 à 1916, nos premières lignes. La route s'élèse ensuite vers le piton de Montfaucon, un des plus fameux observatoires allemands de tout le front. De ce piton on embrasse, en effet, un horizon allant des plaines de Champagne aux Hauts de Meuse. La Cote 304 dépassée, le touriste parcourt le terrain d'attaquede la 798 division américaine, lorsque celle-ci se lança le 26 septembre 1918 à l'assaut des hauteurs redoutables de Montfaucon. Le 313e régiment américain avait pour mission d'attaquer directement Montfaucon, tandis que les autres régiments de la division devaient déborder le piton à droite et à gauche. Arrivé en bas des pentes le 313e attaque avec deux tanks à la nuit tombante. Le déluge de mitraille qui l'accable l'oblige à se retirer jusqu'aux lisières nord du bois de Montfaucon. che
PAR LE CRÉNEAU DE L'OBSERVATOIRE CI-DESSOUS.
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Le lendemain matin l'attaque est reprise, appuyée par des tanks et un 1 barrage de mitrailleuses. A 11 h., le 313e entre dans le village à 13 heures I des éléments de la 37e division opèrent leur jonction avec les vainqueurs.
11 L'OBSERVATOIRE DE MONTFAUCON (1919).
Au milieu des ruines de l'église, il fut construit avec les décombres de celle-ci,
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MONIMENT COMMÉMORATIF AMÉRICAIN. (.ÏOLINRISSI:I.POI'J;, architecte.)
IDUII.
MONTFAUCON.
ÉGLISE. ARCATURE DU BAS CÔTÉ
NORD.
VUEPRISE DU CHŒlTR.
Aufond, devant lesarbres, l'observatoire allemand. (1919).
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L'IMMENSE NÉCROPOLE AMÉRICAIN
ROMAGNE. Tout
droit, la route de Bantheville (1919).
ROGNE-SOUS-MONTFAUCON.
(Photo Sommer, Verdun.)
un des plus impressionnants qui existent, les Américains avaient rassemblé 25.000 tombes. Depuis, un grand nombre de corps ont été transportés aux Étals-Unis: plus de 14.000 tombes s'alignent encore dans ce cimetière.
Dans
ce cimetière,
De Montfaucon, prendre le G C 15 par Nantillois et la ferme de la Madeleine. A Cunel prendre à gauche l'I C 49. A 2 km. environ, on découvre sur les pentes d'une colline le vaste cimetière américain de Romagne. Continuer jusqu'à Romagne, puis prendre la route de Charpentry- Varennes,
N398. Traverser Eclisfon/aine. La route descend dans la vallée de la Buanthe et traverse Charpentry. Deux kilomètres après le village, prendre à gauche la N 46 vers Varennes. Dans Varennes traverser la voie ferrée et après l'église prendre à gauche le G C 38 ; traverser de nouveau la voie ferrée et à 4 kilomètres, prendre à droite la route qui mène au nouveau village de Vauquois au pied de la fameuse butte.
PANORAMA DE LA BUTTE DE VAUQUOIS PRIS DE LA ROUTI i
VAUQUOIS Vauquois est un des points fameux du champ de bataille d'Argonne. Les Allemands l'avaient occupé en septembre 1914, lors de leur violente poussée sur la 3e Armée française, quand ils cherchaient à encercler Verdun. La butte masquait leurs opérations au nord de Varennes, couvrait leur ravitaillement par la route du Four-de-Paris et constituait par surcroît un excellent observatoire d'artillerie. Ils transformèrent cette importante position en une vraie forteresse. Des abris furent creusés dans le roc et reliés par des boyaux souterrains, les soupiraux des caves furent transformés en meurtrières, à hauteur d'homme, les murs des maisons et des jardins furent crénelés, des tranchées furent établies en avant du village sur les pentes. La position fut appuyée et flanquée par les feux des bois de Cheppy, de Montfaucon et d'Argonne. L'accès en était difficile de tous côtés, des ravins et des glacis, offrant d'admirables champs de tir aux mitrailleuses, l'entouraient. Cette formidable position qui, au début de la guerre, avant les progrès de l'artillerie française, pouvait passer pour imprenable, fut prise par la 10e D. I. (Valdant) à force d'héroïsme et aussi de sacrifices répétés les premiers assauts surtout, menés sans préparation, ni accompagnement d'artillerie, furent meurtriers pour les fantassins français. Le premier est donné le 28 octobre 1914 par deux bataillons du 46e R. I. Deux compagnies, sorties du Bois Noir (voir p. 132), s'engagent sur les pentes ouest de la butte, les sections déployées en tirailleurs, sans aucune prépara-
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RENNES A AVOCOURT EN 1919 (Lignes
allemandes).
tion d'artillerie, sans même qu'un coup de canon soit tiré sur le village. Les hommes, qui avancent par bonds sur le glacis, sont fauchés par les tireurs allemands bien abrités ils progressent quand même sous les balles, mais une avalanche de gros obus allemands les met en trente minutes presque tous hors de combat. Le deuxième assaut est mené dès le lendemain 29, après une très courte préparation d'artillerie qui ne lance sur Vauquois que quelques obus beaucoup d'ailleurs n'éclatent même pas. De nouvelles compagnies attaquent plus à droite, près de la Cigalerie. Les hommes s'élancent à la baïonnette comme la veille ils sont fauchés par les mitrailleuses et les fusils allemands ils échouent avec de grosses pertes. La nuit on tente de relever les blessés restés sur place malgré la lanterne de la Croix-Rouge l'ennemi tire impitoyablement sur les brancardiers. Le troisième assaut est donné le 17 février 1915. L'opération réussit presque. La préparation avant par pièces de 75, de 155 et de 270 a duré plus d'une demi-journée l'attaque, trois mines doivent sauter et bouleverser les lignes ennemies une seule explose, mais trop peu creusée sous la colline, elle fait fougasse et les pierres qu'elle projette retombent en grande partie sur la tranchée de départ, tuant ou blessant 30 hommes. Malgré le désarroi qui s'ensuit, les hommes franchissent les échelles et s'élancent. La musique du 31e R. I., groupée sur le Mamelon Blanc, en pleine vue de l'ennemi, joue la Marseillaise en quelques minutes, plusieurs musiciens tombent tués ou blessés, mais l'attaque est partie le colonel du 31e qui la dirige tombe mortellement blessé les compagnies de tête, lancées, escaladent les pentes.
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B.
LA BUTTE DE VAUQUOIS V La tache blanche au milieu de la photograp, N. Bois Noir; C. Cigalerip, ferme; M. la Mai
Le 31e pénètre à la charge dans Vauquois et atteint les ruines de l'église, mais, sous les batteriesde l'Argonne et de Montfaucon, sous les mitrailleuses de Cheppy, il doit reculer après de grosses pertes, redescendre le plateau et s'accrocher à mi-pente de la colline. Un quatrième assaut a lieu le 28 février sans plus de succès. Enfin le 1er mars l'attaque décisive est menée par le 31e, soutenu par le 46e et le 89e. La préparation est en progrès. Un plan du village en ruines a été distribué aux troupes chaque compagnie a ses objectifs précis pour la première fois les hommes ont reçu un engin à main, le pétard à mélinite. Le bombardement commence à l'aube de grosses pièces écrasent les abris des 75 hissés au sommet du Mamelon Blanc, ravitaillés à dos d'hommes par les fantassins, tirent de plein fouet sur le village. Le départ est splendide. D'un bond, tout le monde se dresse et la ligne des baïonnettes étincelle au flanc de la butte. Debout sur un parapet, un clairon sonne éperdument la charge jusqu'à ce qu'une balle l'abatte. A son observatoire, le général Valdant, qui suit l'attaque, se tourne ému vers ses officiers, enlève son képi et dit « Saluez, Messieurs 1 » Deux fois les troupes atteignent le plateau après avoir sauté de trous en trous la deuxième elles s'y maintiennent, enlèvent les maisons une à une et poussent jusqu'à l'église. Il n'y a plus de village, mais des amas de pierres, des pans de mur, des caves éventrées. Le lendemain les Allemands soumettent leurs adversaires, qui n'ont que leurs fusils, à un crapouillotage continu. Débordés, les Français doivent leur ligne de çéder ils se replient lentement en combattant toujours
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T. B. VION
(AOÛT 1918).
du village de Vauquois. ue remplacement Mamelon blanc; P. H. Forêt de ; C. Bois de Clieppy. Hesse
B.
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LA BUTTE DE VAUQUOIS. Le versant occupé par les lignes françaises vue prise du Mamelon Blanc. En bas, la Gabionnade ; puis la route de Boureuilles à Cheppy et les bogaux conduisant aux premières lignes en haut de la butte, où se trouvait le joli village de Vauquois dont il ne reste rien.
SUR LA BUTTE DE VAUQUOIS.
Canon de montagne mis en batterie après les attaques de mars 1915, et photographié 10 minutes avant sa destruction par un 210 (Voirci-contre).
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résistance, organisée sous le feu, au bord du plateau, arrête l'ennemi à 14 heures les fantassins français repartent à l'assaut du village, emportent les tranchées allemandes à 14 h. 35 ils entrent dans les ruines et refoulent l'ennemi à la baïonnette. A 15 heures, à 16 heures, à 17 heures et à 17 h. 30, les Allemands contre-attaquent,lançant successivement des troupes de 14 unités différentes ils ne peuvent déloger les Français de la rue médiane. Dans la nuit, par deux fois, ces derniers essayent en vain d'enlever l'église. Pendant quatre jours et quatre nuits, sous le pilonnage incessant des percutants et l'arrosage des fusants, les troupes françaises tiennent sans ravitaillement, obligées pour manger de prendre les vivres des morts. L'infanterie coloniale, qui relève un moment les troupes d'attaque, est décimée en quelques jours. Les Allemands utilisent déjà des minenwerfer à grosses torpilles à ces engins ne sont opposés que des crapouillots rudimentaires fait d'un corps d'obus de 77 dont le médiocre projectile ne porte qu'à 100 ou 150 mètres la lutte n'est pas égale. Presque chaque nuit les Allemands attaquent. On les repousse à la grenade et au fusil, parfois à la baïonnette. La position est intenable il faut reculer ou se donner de l'air. Les Français attaquent encore une fois. Le 4 mars, dans l'après-midi, le 76e R. I. s'empare des tranchées allemandes à l'ouest de l'église, atteint le mur du cimetière, malgré les fougasses éclatant sous ses pas et malgré les engins des grenadiers ennemis. Le 5, une contreattaque allemande est refoulée. La prise de Vauquois par les Français était définitive. Dans la nuit du 15 au 16 une nouvelle tentative allemande fut facilement repoussée. Le 16, à la Cigalerie, où pendant les assauts de février et de mars fonctionnait un poste de secqurs, le porte-drapeau du 46e R. I., Collignon, conseiller d'Etat et ancien secrétaire général de la Présidence de la République, engagé volon-
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SUR LA BUTTE DE VAUQUOIS.
Déblaiement de l'abri sous lequel tirait le canon de montagne photographié ci-contre, après sa destruction par un 210.
taire à 58 ans, fut tué d'un éclat d'obus en allant relever un blessé du 76e R. I. Depuis, aux appels du régiment, son nom suit celui de La Tour d'Auvergne et l'on
:
Mort au champ d'honneurn. C'est à Vauquois aussi que mourut, écrasé dans un abri, un autre engagé volontaire âgé de 54 ans, Cazeneuve, adjudant au 46e R. I. Vauquois resta longtemps agité par des coups de main fréquents, par la lutte de mines et par un bombardement con-
répond
«
tinu.
Le 22 mars 1915, près des ruines de l'église, l'ennemi lança des liquides enflammés dans une tranchée presque chaque mois des mines sautaient et on se battait autour des entonnoirs. Les Allemands ne se résignèrent pas à la perte de cette position qui donnait aux Français des vues sur Varennes et sur les routes de la région entre Mont-
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faucon et Spincourt. La bataille de Verdun amena cependant un calme relatif dans le secteur les adversaires renoncèrent pour ainsi dire à la lutte de mines. En 1917, leur activité se borna à des coups de main et à des reconnaissances. Le 26 septembre 1918,
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MONUMENT ÉLEVÉ A LA MÉMOIRE DES POILUS TUÉS DANS LES ATTAQUES DE VAUQUOIS. (Edouard MONESTÈS. architecte,
us
Mari
ROUSSEL. srulpteur).
SUR LA BUTTE DE
VAUQUOIS
:
LA TRANCHÉE DE
lre
LIGNE.
dès le premier jour de l'offensive franco-américaine, le nord de Vauquois fut largement dégagé et Boureuilles fut conquis par les Américains.
Après la visite, revenir au G C 38 que l'on suivra jusqu'à Varennes (3 km. 8).
Au PIED DU MAMELON BLANC. Entonnoir formé par un obus allemand de 380. (A droite, le colonel Cuny commandant le 31e B, I.)
(Photo Sommer, Verdun MONUMENT ÉRIGÉ A VARENNES PAR L'ÉTAT DE PENSYLVANIE. (Thomas A. ATHERTON et Paul P. CRET, architectes).
)
VARENNES En venant de Vauquois, prendre à gauche dans la ville pour traverser le pont sur l'Aire. On arrive sur la place du Marché où se trouve à gauche (plaque commémorative) la maison (reconstruite après la guerre) dans laquelle Louis XVI passa la nuit après son arrestation. Drouet avait reconnu le roi à Sainte-Menehould et il l'avait devancé à Varennes où il était arrivé par un chemin détourné. Les habitants, réveillés parle tocsin,s'étaient rassemblés et avaient obligé la voiture royale à s'arrêter.
ABRIS ALLEMANDS DITS DU KRONPRINZ
-LE
DANS;
(Photo Sommer, Verdun.) BOIS DE LA GRURIE.
Monter dans la ville haute (à droite en montant, remarquer le monument de l'Etat de Pensylvanie, p. 137) qui s'étage sur le penchant d'une colline. A la sortie du village, prendre à droite le G C 38, route de Vienne-le-Château qui monte vers la forêt d'Argonne. Au bord du plateau se retourner pour découvrir la vallée de l'Aire et la butte de Vauquois : 3 kilomètres environ après Varennes, se détache vers la droite un chemin qui conduit à des abris allemands, dits abris du Kronprinz. (Faire 500 m. sur ce chemin, possible en auto mais assez difficile à droite un caillebotis conduit sous bois aux abris). Revenir sur la route de Vienne-le-Château. Plus loin (600 mètres), se détache à gauche la route de la Haute-Chevauchée, ancienne voie romaine tracée sur l'arête centrale du plateau d'Argonne. Par cette route on atteint —à 2 km. — la Cote 285 et le Monument de l'Argonnc. On traverse le Bas-Jardinet aux taillis remplis d'emplacements de batteries. A la sortie de ces bois, la route monte vers la Cote 285. A droite et en arrière de cette Cote s'étendent les secteurs de la Fille-Morte et de Courte-Chausse, théâtre des mêmes luttes obstinées que le bois de la Grurie.
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LES ENTONNOIRS DE LA COTE 285 SÉPARANT LES LIGNES ADVERSES.
C'est suivant l'axe du chemin de la Haute-Chevauchée que les Allemands essayèrent, le 13 juillet 1915, d'atteindre Clermont-en-Argonne et la voie ferrée Sainte-Menehould-Verdun. Le 13 juillet, le 113e R. I. tient le secteur de la Haute-Chevauchée à sa droite le 4e tient la Cote 263 ; à sa gauche le 91e est sur le plateau de Bolante. Après un tir d'anéantissement, cinq régiments du XVIe corps allemand enfoncent les lignes françaises. Déjà leurs patrouilles atteignent le carrefour de la Maison forestière à 2 kilomètres au sud de la Cote 285. Alertés au cantonnement, le 82e R. I., le 66e bataillon de chasseurs et le 131 R. I. qui vient d'être relevé, montent sous les barrages, par les pistes jalonnées de cadavres, dans les ravins empoisonnés de gaz toxiques. Les hommes, exténués par une marche d'une nuit entière, se hâtent haletants et suffoqués. Le 3e bataillon du 131e, entraîné par son commandant, s'élance
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e
sur la pente raide du plateau de Bolante. Tapis dans les fougères les Allemands tentent de résister, mais ils ne tardent pas à se replier. A la baïonnette, sans l'appui de l'artillerie, le plateau de Bolante et la crête de la Fille Morte sont dégagés. Plus à droite le 66e bataillon de chasseurs enlève la Cote 285, tandis que le 82e R. I. reprend la crête reliant les Cotes 285 et 263. Le 1er bataillon du 82e délivre le bataillon du 4e qui défendait le réduit de la Cote 263. La ligne se fixe sur la crête de la Cote 285. La route se poursuit vers le grand cimetière national de la Forestière — à 2 km. 5 — d'où partent: A droite la route de Lachalade ; en avant celle de Neuvilly par le carrefour de la Croix de Pierre.
A
LA COTE
285, LE
»;
MONUMENT
(A. BOLLORE, architecte
(PlintoSommer, Verdun.)
Aux
MORTS DE L'ARGONNE ».
BECKER,
sculpteur).
Revenir à la route de Varennes au Four-de-Paris. La route descend en longeant le ravin des Meurissons. C'est dans le ravin sauvage de la fontaine des Meurissons, que le régiment garibaldien, mis à la disposition du général Gérard, commandant le 2e corps, reçut le baptême du feu. Le 26 décembre 1914 le 2e bataillon garibaldien est chargé d'emporter une tranchée allemande le front d'attaque est restreint, 150 mètres environ, mais la position est solidement tenue et protégée par un épais réseau de fils de fer. Après une préparation d'artillerie qui dure de minuit à l'aube, les compagnies garibaldiennes s'élancent,
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les unes derrière les autres, pour faire brèche à tout prix, mais elles se brisent contre les fils de fer intacts sur un point un passage est ouvert, quelques hommes arrivent par là au bord de la tranchée allemande ils s'y font tuer. C'est au cours de cet engagement, qui coûta 30 morts, 17 disparus et 111 blessés au 2e bataillon, que fut tué le sous-lieutenant Bruno Garibaldi, pevieil oiseau-rouge », qu'en 1870, le génétit-fils de Giuseppe Garibaldi,«
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le
'Les
LA ROUTE DU FOUR-DE-PARIS A VARENNES (1919). premières lignes allemandes coupaient la route à cet endroit.
»
ral prussien Werder s'était flatté « de prendre au nid dans les Vosges, sans y réussir. Bruno Garibaldi, bien qu'en réserve, s'élança à l'assaut avec le 2e bataillon, sabre au clair, la tunique verte déboutonnée, laissant voir la traditionnelle et symbolique chemise rouge. Blessé à la main, il revint dans la tranchée se faire panser et repartit ensuite au combat une balle l'abattit comme il continuait à encourager ses hommes, une nouvelle balle l'atteignit à la poitrine avant de mourit, il eut la force d'embrasser un soldat blessé, tombé près de lui, en murmurant frères pour Il Tiens, embrasse mes moi». Un monument a été élevé à Lachalade à la mémoire des volontaires garibaldiens. Le 7 janvier, après une petite attaque allemande vite enrayée, on fait creuser des éléments de tranchées sur le plateau pour préparer une position de repli éventuel les travailleurs — des hommes du 46e R. I. français piochent dans la nuit agitée le général Gouraud, commandant la 10e D. I., venu examiner la position, est blessé à l'épaule d'une balle de mitrailleuse. Le lendemain, une violente préparation d'artillerie commence à l'aube à 7 h. 30, trois régiments de chasseurs bavarois se lancent à l'attaque une tranchée, occupée par des hommes du 896 R. I., ayant sauté, les Bavarois prennent à revers les première et deuxième lignes où les garnisons du 89e et du 46e résistent farouchement. Sur le plateau la 11e compagnie du 46e, qui occupe la tranchée de repli inachevée, brise l'élan de l'ennemi qui, n'osant l'aborder de face, la tourne sur le flanc droit cependant elle résiste toujours jusqu'aux dernières cartouches. Les Allemands se sont infiltrés dans le ravin ils prennent le P. C. du régiment, blessant le colonel et ses adjoints. La 116 compagnie tient toujours. Sur la crête les cuisiniers et les malades ont pris
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LE RAVIN DES MEURISSONS (1919). Abris allemands à contre-pente. Le plateau de Bolante ravagé par la mitraille.
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le fusil et font le coup de feu. Vers 9 h. 30, sur la droite, une sonnerie de clairon éclate c'est le secours. Des éléments du 89e R. I. et du 2e bataillon garibaldien chargent sous les taillis c'est l'égorgement et la lutte corps à corps sous
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SUR LE PLATEAU DE BOLANTE (1919).
La forêt dévastée par les trous de mine et la mitraille.
LE FOUR-DE-PARIS (VUE PRISE D'UN OBSERVATOIRE). Au premier plan, la route de Paris à Varennes.
bois. Les renforts réussissent à dégager le 46e et à contenir l'ennemi qui évacue
leravin.
même
-
Au Four-de-Paris, tourner à droite par
le-Chélteau.
le G C 67 vers
la Harazée, Viennc-
La route suit la vallée de la Biesme, dominée à droite par une série d'éperons que séparent des ravins et au flanc desquels avaient été creusés de nombreux abris encore visibles. Croupes et ravins couverts par le Bois de la Grurie ont été en 1914-1915 ravagés par de sanglantes luttes. Bagatelle — Fontaine-aux-Charmes Fontaine-Madame — SaintHubert — Marie-Thérèse, noms immortalisés dans de nombreux communiqués, furent le théâtre de féroces combats.
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LA HARAZÉE (1919).
La cloche de l'église sonnait l'alarme contre les gaz. Elle se trouvait sur la nouvelle route entre Vienne-le-Château et la Harazée, sur la rive droite de la Biesme.
De la Barazée, en remontant le ruisseau qui se jette dans la Biesme, un sentier conduit à la Fontaine-auxCharmes un autre sentier longe le ruisseau de la Fontaine de Madame. Les deux ruisseaux enserrent un plateau coupé de ravines sur lequel les Français s'étaient avancés en septembre et octobre 1914, cherchant à menacer les communications allemandes à travers l'Argonne. Les Allemands de von Mudra décidèrent d'atteindre la vallée de la Biesme en s'infiltrant, par les ravins de la Fontaine-aux-Charmes et de la Fontaine-au-Mortier, vers la Harazée. Dans le Bois de la Grurie la ligne française est tenue par les régiments et bataillons de chasseurs du 32ecorps. Pendant plus d'un an la lutte sanglante va se poursuivre sans merci durant des jours et des nuits. Les attaques succèdent aux attaques, les contre-attaques aux contreattaques sans trêve ni repos, les adversaires se disputent pied à pied un terrain bouleversé. C'est chaque jour la même lutte affreuse, en pleine forêt les tranchées adverses sont à 30 mètres à peine de distance, 10 mètres parfois, protégées seulement par une ligne de chevaléts de frise qu'on ne peut ni pousser bien loin, ni enfoncer dans les boyaux, souvent communs, les barrages de:sacs à terre, derrière lesquels on s'épie, marquent la frontière. De- chaque côté
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UNE CORVÉE GAGNANT I.ES PREMIÈRES LIGNES DU SAILLANT DE MARIE-THÉRÈSE.
UN BOYAU
ENCOMBRÉ DE BLESSÉS DANS
LE SECTEUR DE BAGATELLE.
la tentation est trop forte de franchir par surprise cet étroit « no man's land Il et de bondir dans la tranchée adverse. Un tir de torpilles, l'explosion d'une mine, anéantissent les premiers retranchements, pulvérisent les frêles barrages faits souvent de cadavres c'est ensuite le corps à corps, à la baïonnette ou au poignard. humains Voici, tiré de l'historique du 150e R. I., un des vaillants régiments du 32e corps, le récit de quelques-uns de ces combats qui se ressemblent tous. Le 18 avril, le 2e bataillon attaque la tranchée de Bagatelle, occupée par les Allemands. Commencée à 14 heures, notre attaque. réussit nous progressons de 80 mètres une contre-attaque allemande nous enlève aussitôt le fruit de notre effort à 19 heures, le 2e bataillon recommence l'attaque, les mitrailleuses brisent son mouvement. Le bataillon recommence, il est contre-attaque il recommence encore. A 23 heures, l'opération est terminée, nous avons gagné 1 m. 50 Le commandant Grosset, du 1er bataillon, est blessé mortellement. Les 25 et 27 avril les Allemands attaquent sans succès le 150e ne perd pas un pouce de terrain. Dans la soirée du 1er mai, à 17 heures, le 3e bataillon du 150e relève le 2e bataillon du 161e. A 17 h. 30, avant la fin de la relève, les Alle-
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I
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LE BOIS DE LA GRURIE. Les cuisiniers apportent la soupe aux premières lignes (Secteur de Saint-Hubert).
mands font sauter à la mine un de nos blockhaus et se précipitent sur nos tranchées. Sur tout le front du 3e bataillon l'attaque allemande se déclenche avec violence l'artillerie ennemie, dont le tir sur nos arrières atteint une intensité extrême, isole complètement nos compagnies de première ligne toute liaison est rendue impossible de l'arrière à l'avant aucun secours ne peut être porté aux unités avancées. Au centre, la 9e compagnie, que commande le capitaine Juge, résiste admirablement. L'ennemi, précédé de longs jets de flammes et disposant d'une grande quantité de grenades, attaque sans arrêt. Uapprovisionnement en munitions du secteur est faible, la ge compagnie n'a bientôt plus de grenades les morts s'accumulent, la situation est des plus graves. Se dressant au-dessus du parapet, revolver au poing, le capitaine Juge encourage sa troupe. Il est blessé et tombe il se redresse et s'écrie « Tenez, tenez toujours mes enfants Courage 1 » Il est blessé encore et ne veut pas qu'on l'emporte. Ce vaillant officier continue à exalter le courage de ses hommes qui. debout en terrain découvert, tirent à bout portant sur l'ennemi dont les-attaques se renouvellent sans cesse; il est blessé une troisième fois. La compagnie ne compte plus qu'un officier et vingt-trois hommes il n'y a plus de grenades, presque plus de cartouches. Les 10e et 11e compagnies contre-attaquent. Leur mouvement ralentit, sans l'arrêter, la marche furieuse des Allemands. Prises à revers, ces deux compagnies subissent des pertes élevées et sont obligées de se replier. La 10e, qui n'a plus de munitions, ne cède le terrain que pied à pied, construisant et défendant dix-neuf barrages successifs pour reculer de 100 mètres. Autour de chaque barrage s'engagent des mêlées furieuses nos hommes contre-attaquent par le parapet, à la baïonnette, ils se battent à coups de crosse et parviennent ainsi à arrêter le mouvement de l'ennemi. Plus à gauche, la 12e compagnie contient, elle aussi, la marche des Allemands un moment encerclée, elle se fraie un passage à l'arme blanche. A 19 heures, les Allemands tentent un nouvel effort et nous enlèvent une tranchée de deuxième ligne. La 12e compagnie, sous les ordres du lieutenant de Marolles, contre-attaque une fois encore et reprend le terrain perdu. Nos hommes arrachent des mains des grenadiers ennemis plusieurs
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A L'ARRIÈRE DU
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FRONT
LA CHASSE AUX RATS, UN BEAU TABLEAU.
ainsi munis, les grenadiers de la 12e compagnie, irrésistiblement entraînés par l'exemple de leur chef, le sous-lieutenant Germain, gagnent de l'avant et enlèvent aux Allemands une mitrailleuse dont ils tuent les servants. A 21 heures le calme renaît. Notre première ligne est tout entière entre les mains de l'ennemi, mais la deuxième ligne, après avoir été perdue, reprise perdue encore et encore reprise, reste totalement en notre possession. Le 10 août les régiments et bataillons de chasseurs du 32e corps, tous cités à l'ordre de la 3e Armée, sont relevés par ceux du 10e corps. sacs de pétards
tSUR UN CHEMIN DE FASCINES, LE RAVITAILLEMENT PAR BOURRICOTS.
VIENNE-LE-CHATEAU.
— LA NEF DE L'ÉGLISE (XVe SIÈCLE) (1919).
:
Passé la Harazée, on arrive à Vienne-le-Châieau tourner à gauche en face de l'église et continuer par le G C 63 jusqu'à Vienne-la- Ville. Le touriste arrive à la limite du plateau d'Argonne pour entrer dans les plaines crayeuses de Champagne. Rejoindre Sainte-Menehould par le G C 67, puis la N 382, 14 kilomètres. De Sainte-Menehould regagner Verdun (point de départ du 4e itinéraire, voir page 148), ou la région parisienne (par Châlons-sur-Marne ou par Reims) voir les cartes Michelin au 200.000e noa (D et ED.
:
EN OCTOBRE 1915, TROUPES DU 1er CORPS COLONIAL AU REPOS DANS LES CAGNAS ÉDIFIÉES LE LONG DI! LA ROUTE DU RAVIN DE MARSON.
4"
:
Itinéraire
LA TRANCHÉE DE CALONNE
LA CRÊTE DES ÉPARGES,
LAWOËVRE
Sortir de Verdun par le pont Beaurepaire, la rue Président-Poincaré, la rue Saint-Sauveur, la rue et la porte Saint- Victor, la route Nationale 3 (@ du planpage52). Après avoir suivi la N. 3 sur 2 km. 5, prendre à droite la N 64 qui suit la vallée de la Meuse, vers Haudainville etDieue-sur-Meuse. A l'entrée de ce dernier village, tourner à gauche dans l'I C 59 vers Sommedieue. La route très pittoresque monte dans la forêt d'Amblonville vers la Tranchée de Calonne, I C stratégique 3, que l'on prendra à droite.
La Tranchée de Calonne. Presque droite, elle traverse toute la forêt d'Amblonville. Les braconniers et les chasseurs étaient autrefois seuls à la connaître et à la parcourir. La Tranchée de Calonne évoque désormais des souvenirs plus tragiques. Le nom de tranchée pourrait faire croire que c'est un souvenir de la guerre. II n'en est rien, et depuis plus d'un siècle, c'est ainsi que l'on désigne la route que M. de Calonne, ministre des Finances de Louis XVI, fit tracer sur la crête des monts pour accéder à son château, bâti au pied des Hauts de Meuse. Ce château fut détruit pendant la Révolution.
LA TRANCHÉE DE CALONNE (1919).
Tranchées et observatoire français, àdroite de la route, dans les Taillis de Sauls, avant le chemin des Éparges.
On dit que M. de Calonne, ayant un jour l'espoir de recevoir le roi dans sa résidence, et voulant l'accueillir dignement, avait fait planter des rosiers tout le long de la route. Le fait est que pendant la guerre on vit des roses sauvages éclorc le long de ce chemin forestier devenu vraiment une tranchée », au sens militaire du mot. « Le front coupait la Tranchée de Calonne un peu au sud-ouest de SaintRémy. De part et d'autre on se canonnait et on était tenu en haleine par des attaques et des contre-attaques perpétuelles. En mars 1915 les Français y installent des pièces de marine de 140 destinées à tirer à 12.000 mètres, par-dessus les Éparges, à l'intérieur des lignes ennemies. Les marins mettent péniblement leurs lourds canons en batterie dans ce sol argileux. Leur bombardement efficace irrite les Allemands. Le 24 avril, ceux-ci déclenchent une attaque en masse qui atteint la troisième ligne de soutien. Les officiers de marine, isolés dans leur poste dont les fils téléphoniques sont coupés, sans communication avec l'infanterie, organisent en hâte leur défense et balaient le terrain avec le tir de leurs seules pièces lourdes et de quelques 75, amenés à bras, qui tirent à débouchoir zéro. Cependant les Allemands avancent toujours le 25 ils ne sont plus qu'à 1 kilomètre des pièces d'artillerie et, seuls, des débris de tranchée, des restes de réseaux de fil de fer protègent la ligne des marins. Le 26, tandis que les marins se préparent à résister énergiquement à l'attaque ennemie, deux bataillons français de chasseurs, appelés en renfort, se glissent sous les fourrés, s'infiltrent lentement et contre-attaquent. Le 27, la fusillade s'éloigne, mais
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LA TRANCHÉE DE CALONNE (1919).
Départ, sur la gauche, du chemin des Éparges.
les Allemands se reforment et attaquent de nouveau le 5 mai. Le premier bond leur donne quelques succès, vite arrêtés par l'entrée en ligne de la brigade marocaine et de six bataillons de chasseurs qui reconquièrent en quelques heures tout le terrain perdu le 24 avril. La Tranchée de Calonne pénètre en forêt de part et d'autre, ce n'étaient pendant la guerre que parcs du génie, d'artillerie, postes d'ambulances, abris, voies ferrées et emplacements de pièces. Dans un croisement, on laisse à gauche le G C 21 vers Aloi71-soiis-les-Côtes puis à gauche peu après l' C stratégique 3 vers Mesnil. On traverse les anciennes lignes.
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l
Dépasser l'amorce de la roule — impraticable - des Éparges, à gauche. Continuer à suivre la Tranchée de Calonne qui parcourt, sur 1.500 mètres, la Côte de Senoux où les tranchées adverses de première ligne étaient très rapprochées. Au monument aux morts du 54e R. I., tourner à gauche dans l'I C 13 (croquis ci-contre) vers SlRémy. Descente de 2 km. 5 jusqu'au ruisseau du Longeau ou des Éparges.
Le long de cette route, au flanc de la colline de gauche, étaient creusés abris, cagnas, galeries, postes de commandement allemands. Dans la vallée, près du ruisseau, croisement de routes celle de droite mène à Saint-Rémy. Continuer
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ROUTE DE LA TRANCHÉE DE CALONNE A SAINT-RÉMY.
(Abris allemands) (1919).
tout droit sur Combres, la roule monte. Après la crête, au tournant brusque vers la droite, à hauteur d'un grand blockhaus, à gauche (voir croquis p. suivante), descendre de voilure, prendre à gauche le sentier de la crête des Éparges qui
L'ÉGLISE ET LE VILLAGE DE SAINT-RÉMY (1919).
L'horizon est fermé, à droite par la crête de Cambres, à gauche, par la crête des Éparges.
L'ÉPERON DES ÉPARGES.
Les sentiers d'accès sont en pointillé.
s'élève, coupé de marches, sur le versant Sud de l'éperon, dans les anciennes positions allemandes.Remarquer à droite les entrées des galeries de mines qui, sous la crête, correspondent aux entonnoirs du versant Nord. On atteint en 20 min. le point C (photo p. 157). De nombreux el vastes entonnoirs jalonnent la crête vers l'Est jusqu'à l'extrémité dénommée point X (photo p. 155) où s'élève également un monument commémoratij. Au N. 0., pointe de Béfourche que marque un monument érigé à la mémoire des morts du 106e R. I. De ces points et notamment de la Cole 346,'vue très étendue sur l'ensemble de la position et sur la Woëvre. Des sentiers relient entre eux les divers sites de guerre et permettent de redescendre soit sur Combres, soit sur le Cimetière du Trottoir (voir croquis ci-dessus).
L'Éperon des Éparges.
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L'éperon des Éparges, long de 1.400 mètres et d'une altitude de 346 m., domine la plaine de la Woëvre. Les flancs en sont abrupts et glissants des sources percent le sol, des ruisselets s'égouttent sur ses pentes. C'est vraiment, comme on l'a appelé, « une montagne de boue s. Observatoire remarquable, il permet à celui qui le possède de dominer les environs. « Qui a les Éparges, tient toutes les routes sous son feu». Les Allemands s'en étaient emparés le 21 septembre 1914 et aussitôt et les valy avaient installé plusieurs lignes de tranchées, entre le sommetétait translées, avec, en certains points, cinq étages de feux tout l'éperon formé en une forte redoute, flanquée à l'est et à l'ouest de deux bastions. Les Français occupaient, au nord, la croupe de Montgirmont et le village des Éparges, à 600 mètres des tranchées allemandes. G'est par la partie ouest de l'éperon (point C) que, dès la fin d'octobre,
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(Editions
f.Meiiler,
LES ÉPARGES, EN FÉVRIER 1915. — UNE TRANCHÉE DEVANT LE POINT C.
les Français commencent l'attaque, pas à pas, à la sape, en même temps qu'ils s'infiltrent dans les bois qui couvrent les flancs du ravin. En février commence une série d'attaques et de contre-attaques presque quotidiennes qui ne prendront fin qu'au début d'avril. Le 17 février, à la faveur d'une explosion de mine, les Français pénètrent dans la première ligne ennemie attaques et contre-attaques durent cinq jours et le colonel Bacquel est mortellement frappé à la tête de ses troupes. Les Français tiennent tout le bastion ouest et ils commencent à progresser vers le bastion est. Du 13 au 21 mars ils reprennent l'offensive et occupent la première ligne
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ennemie.
Le 27 mars un bataillon de chasseurs fait un nouveau bond en avant qui
rapproche du sommet. Le 5 avril commence la dernière grande attaque que la 12e division va poursuivre jour et nuit jusqu'au 9. La pluie et le sol fangeux semblent par instant empêcher tout mouvement et rendre vain tout effort. Une partie de la crête est d'abord occupée, mais l'emploi de torpilles aériennes qui pulvérisent des rangs entiers et une contre-attaque en masse, lancée le lendemain 6, à 4 h. 30 du matin, font perdre le gain de la première avance. Le soir même du 6 et toute la nuit du 6 au 7, malgré la pluie qui tombe toujours, les tranchées sont reconquises pied à pied 100 prisonniers, dont plusieurs officiers sont capturés. Le 8, le sommet et la crête ouest sont occupés solidement à minuit, après quinze heures ininterrompues d'une lutte furieuse, la presque totalité de la crête appartient aux Français. Le 9 il faut quatorze heures pour mettre en place les troupes nouvelles, sous une pluie en rafales et un vent qui aveugle. L'attaque reprend à 15 heures le sol est creusé de cuvettes profondes où les hommes disparaissent parfois. Finalement les Français conservent le bastion ouest (point C), la courtine et se maintiennent devant la partie est (point X). le
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;
t
LES ÉPARGES EN FÉVRIER 1915.
LES ÉPARGES. —
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(EditionsF.Aieiller,Vilry-s.-Seine.)
UN OBUS ÉCLATE SUR UNE TRANCHÉE DE Fe LIGNE.
(Edifions F. Mciller. Vi1ry-s.-beine.j DANS UNE TRANCHÉE ENNEMIE CONQUISE, UN PRISONNIER RAMENÉ A L'ARRIÈRE.
A la fin de 1915 eten 191(5
:
la lutte continuera quoique moins acharnée le récit de l'explosion d'une mine allemande, le 19 octobre 1916, fait par un aspirant du 748 R. I., en décrit tout
tragique. la veille, « J'avais relevé entre le point « X » et le point « C » une section du 129e. Ma nuit avait été occupée à visiter mes postes et à établir la liaison. Le jour venu, je rentre dans mon trou, un rameau d'écoute de mine descendant en oblique sur une quinzaine de mètres. Tout est calme, il paraît que depuis deux jours l'ennemi ne travaille plus à son fourneau de min. AllonsPersonne n'y nous sauter Le
songe. « Vers
?
heures, très nettement, nous distinguons les détonations de L'ENTONNOIR DE MINE plusieurs pétards. A L'EXTRÉMITÉ DE L'ÉPERON, POINT X « Chic ! les Boches tra(60 M. DE DIAM., 30 M. DE PROFONDEUR). vaillent, ce n'est pas pour aujourd'hui. formidable, notre « Au même instant, nous entendons un grondement abri bascule, puis retombe comme si un hercule l'avait soulevé de plusieurs mètres, puis l'avait laissé retomber lourdement. Nous sommes renversés les uns sur les autres dans l'obscurité. nous rallumons une bougie, « On entend des cris, quelqu'un est blessé nous dégageons le camarade qui, heureusement, n'a rien. « Allez, les gars 1 Des grenades, et sortons. » « Sortir. l'entrée est obstruée sur trois mètres au moins. De plus, une voie d'eau s'est ouverte à la partie supérieure de la sape. « Sans perdre de temps, nous nous mettons au travail. Pour atteindre l'éboulement, il faut se glisser à plat ventre au milieu du ruisseau, un homme seulement peut travailler à la fois. « Une heure passe, deux heures, deux siècles. « L'eau monte, l'air se fait plus rare. « Je renonce à décrire l'angoisse d'un homme qui sent sa fin venir, qui la voit venir et qui se rend compte qu'il ne peut pas y échapper. « Voilà trois heures que la mine a explosé. L'eau atteint nos pieds. Les bougies se sont éteintes, nous ne respirons que très difficilement, il semble que tout se met à tourner. « Tout à coup, un cri se fait entendre « Mon aspirant, voilà le jour. » L'homme qui travaille a réussi à faire un trou dans la boue, au moyen d'un canon de fusil. 16
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:
L'ÉPERON DE ÉPARGES VU EN AVION (1918). La série d'entonnoirs de mines et les entrées de mines (voir le croquis p. 152).
Enfin 1 Chacun se sent revivre. Déjà, nous respirons. Nos bougies recommencent à brûler. - Encore une demi-heure et nous sortons de cet enfer. Il était temps. « Où sommes-nous ? chez l'ennemi ? chez nous ? Que s'est-il passé pendant ces quatre heures ? Que sont devenus mes postes ? « J'indique aux hommes la direction de nos lignes, je vais essayer de retrouver mon monde. Mais l'aspect du terrain est complètement modifié. Pendant une demi-heure, je fouille les ténèbres. Rien. Tout à coup, il me semble voir deux ombres je me fais connaître les hommes s'éloignent et envoient une fusée dans ma direction. C'est une fusée allemande. bataillon, P. C. Bois Joli. « Je retourne vers l'arrière. J'arrive au P. C. du J'étais porté disparu. «De ma section, personne n'a de nouvelles. Je remonte et retrouve un caporal et 2 hommes, en ligne au moment de l'explosion. Pendant quatre heures, ils ont empêché les patrouilles ennemies de fouiller le terrain et de l'occuper. Ce sont les seuls survivants. «
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1Editions F..Meiller, \'lry-s-";"II1".)
SIK L'EPERONDESKIWHGES, DESTRUCTION DES RÉSEAUX ALLEMANDS PAR ILOMBARDEMENT DE 75 (AVRIL 1915).
1.1-:
:\IONUMENT DES
ÉPARGES AU POINT C.
( 'TI> iidiin.) Ph<
SUMIIN-R,
L'ENTRÉE DES ÉPARGES, EN VENANT DEriSATNT-RÉl\IY, EN 1920. A droite, la crête de Montgirmont. A gauche, la Côte des Hures.
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Reprendre la voiture, faire demi-tour et revenir au carrefour de Saint-Rémy où tourner à droite dans l'I C 54 vers les Éparges, traverser le village au calvaire, à la sortie, tourner à droite puis 200 m. plus loin à gauche, laissant en avant la route du Cimetière du Trottoir. On se dirige vers Trésauvaux, en la Côte des Hures à gauche (photo passant entre la crête de l'vlontgirmont. ci-drssus), puis on atteint Fresnes-en-Woëvre.
et
LE VILLAGE DES ÉPARGES EN 1915.
;
)
(EditionsV.Meiller.Vitry-s.-Seine
LE VILLAGE DES ÉPARGES EN 1915.
Barricades de caisses remplies de terre barrant la rue principale A la sortie de Fresnes, tourner à gauche vers l'on suivra tout droit jusqu'à Verdun.
à droite, l'église.
Manheulles
et la
N 3 que
LE VILLAGE DES ÉPARGES (1919). Un cimetière devant dernière maison, à droite, sur la route de Trésauvaux.
la
LE RAVIN DE LA MORT (1915) (Voir croquis page 152). Abris et entrées de mine français sur le versant de l'éperon des Éparges.
VUE GÉNÉRALE DU MASSIF DES ÉPARGES, PRISEODE LA CRÊTE DE MONTGIRMONT. sur la crête de MonLirmont. A La Woevrc B. La tranchée d'où esl prise la photo E. Abris sur le flanc de la colline des D. Le ravin de la Mort. C. La crête des Eparges. Eparges. — F. Une tranchée.
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FRESMS-EN-WOEVIŒ. — LA STATU: DU GÉNÉRAL MARGUERITTE (1919).
I.HVII.I.AC.E
DE
Al
liONVAl'X,
IIaITSDE
PIED DES
.MLILSEEN
1917.
CIMETIÈRES NATIONAUX DANS LA RÉGION DE VERDUN De nombreux soldals, tombés sur Us champs de bataille de Verdun et de l'Argonne, reposent encore dans le sol qui fut témoin de leur sacrilice. Les cimetières nationaux où leurs glorieuses dépouilles ont été rassemblées, demeurent, plus que les ruines, plus que la terre aux blessures encore ouvertes en beaucoup d'endroits, comme une évocation singulièrement poignante de luttes meurtrières et de souffrances indicibles. Daignent les pèlerins du souvenir, après s'être recueillis aux lieux mêmes de la bataille, venir s'incliner au passage sur ces tombes, modestes, mais combien riches en leçons d'héroïsme Nous donnons ci-dessous la liste de ces cimetières et nous complétons ces indications par un croquis les situant sommairement dans la région (voir p. ci-contre). Un carroyage facilite la recherche des emplacements.
!
---;-: : D5 111 AMBLY. E2220 CORPSEN3FOSSES AVOCOURT 1.886 BAR-LE-DUC. B BELLERAY C BRAS C BRIEULLES B2 BROCOURT B BUZY CHATTANCOURT. COMMERCY D 4 DiEUE-SUR-MELSE. DOUAUMONT C DUGNYC 4 ESNES B FROMERÉVILLE. HAUDAINVILLEC (LES). Forestière). 5 NOMBRE DE
NOM DE LA COMMUNE
CARROYAGE
,3 7 4 4 E3 7 3 4 3
OUESTSITUÉLECIMETIERE ,
ARBANCY
B3
B3
D
B4
DOMBASLE-EN-ARGONNE ÉPARGES (LES) (Le
4
Trottoir)
D
C 4
ISLETTES
LACHALADE
A4 A4
4 D6
(La
LACROIX-SUR-MEUSE LANDRECOURT
MARBOTTE
MONTHAIRONS (LES)
C
64 C 4
REVIGNY A RUPT-EN-WOÉVRE. MONT-SOUS-LES-CÔTES
D4 B 6
REMBERCOURT-AUX-POTS.
SAINT-RÉMY D (Maujouy) SOJ\fMEDIEUE. (Fontaine-Routhon). SAINT-MIHIEL (Vaux-Racine).. SENONCOURT
SOUHESMES
TRÉSAUVAUX TROYON
VERDUN
(Faubourg Pavé)
(Glorieux).
4 D 6 D
C4
3
A (Bevaux).
VADELAINCOURT. VAUQUOIS
D
— — VILLE-SUR-COUSANCES.
D B D D B
4 4
4 5
4
4 — B4 C
-
TOMBES
OSSUAIRES
COMMUNES
3.060 1.122 4.368 1.025 524 915 1.679 2.120 284 1.077 14.856 1.713 1.653 3.587 1.159 210 2.218 2.011 966
— 2 2 — 2 — — — — 1
— 2 2
— — — — —
:J
NORD
-
168
SUD: 294 2.182 569 74 2.139 1.238 170 1.433 166 531 167 1.061 685 149 1.742 2.400 2.544 4.876 3.569 845
N. B. — Entre parenthèses figure la désignation locale
2
1
— — 2 1
— 3 —
--
—
— — — 2
— f
de certains
cime/ares.
Il
CROQUIS SCHÉMATIQUE DE LA RÉGION DE VERDUN INDIQUANT LES LOCALITÉS OU SE TROUVE UN CIMETIÈRE NATIONAL
0.
200.000e Pour n0B plus0,de (3), ®, PI'é~'isio"s (le détails et d° cl <iélailS Se rePorter aux (,(Irles lIicllelin se reporter Michelin au
DE
VERDUN
A
METZ
Pour quitter Verdun, consulter les indications portées aux sorties de la ville surleplanp.52. En particulier, le touriste peut se rendre de Verdun à Metz soit par la route nationalen° 3 @ porte Saint-Victor — Haudiomonl jUars-la-Tour et les champs de bataille d'août1870 (voir page 166), soit par la roule nationale n° 18 ® (route d'Étain) el la 1\' 390.
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ÉTAIN En 1914 Étain fut bombardé, le 24 août et le 25. Le 24 de nombreux habitants furent tués. Le 25 des habitants réfugiés dans les caves de la mairie périrent sous les décombres du bâtiment 200 autres s'enfuirent vers Verdun. Ce jour même les troupes françaises, au nord d'Étain, écrasèrent la 33e D. R. allemande. Néanmoins, l'ordre de repli étant donné, l'ennemi tous les deux jours des convois occupa la ville, qu'il pilla méthodiquement emmenèrent en Allemagne meubles, linge, vins, épicerie, étoffes, chaussures, outils, matériaux même. En avril 1915, les troupes françaises revinrent tout près d'Étain. où se fixèrent les lignes jusqu'en février 1916. La ville fut en partie détruite et l'église très endommagée. Dans le clocher, coupé en deux par les bombardements, les Allemands avaient installé un observatoire. Viollet-le-Duc tenait l'église à trois nefs d'Étain pour une des cinq églises remarquables de la Meuse. Commencée au XIIIE siècle, elle fut achevée au xve. Le chœur, majestueux avec ses grandes fenêtres à meneaux multiples, était du xve siècle. A l'intérieur (bas côté droit), on pouvait voir le bénitier et la Notre-Dame-de-Pitié de Ligier-Richier. L'église est actuellement reconstruite.
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L'ÉGLISE D'ÉTAIN EN 1918. — La nel centrale, vue vers le chœur. 1
METZ. — PANORAMA PRIS DU FORT SAINT-QUENTIN. (Cliché
LL.)
METZ Nous donnons dans les - pages qui suivent quelques indications sur l'histoire de Metz avant, pendant et de suite après la guerre. Pour la visite complète et détaillée de la ville, consulter le « Guide Michelin régional LORRAINE n.
ORIGINES ET GRANDS FAITS HISTORIQUES
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Les origines de Metz remontent à l'époque celtique elle était la capitale des Mediomatrici. Les Romains la fortifièrent pour défendre les frontières de l'Empire contre les Barbares et elle devint le point de départ de six grandes voies romaines deux routes vers Reims, deux vers Trêves, l'une par la rive droite, l'autre par la rive gauche de la Moselle une vers Strasbourg et une vers Mayence. Ville très riche et très peuplée, elle était ornée de nombreux monuments romains, dont les fouilles ont mis au jour d'importants vestiges l'Amphithéâtre, près de la porte Mazelle, et surtout l'Aqueduc de Gorze on en voit de beaux fragments à JOUY-AUX-ARCHES. METZ fut prise et dévastée par les Huns en 451. Un demi-siècle plus tard, relevée de ses ruines, elle devenait, à la mort de Clovis (en 511), la capitale de l'Austrasie et le berceau de la branche carolingienne. (Louis-le-Débonnaire fut enterré à l'Abbaye de Saint-Arnould). Le traité de Verdun (843) la donna à Lothaire. Celui-ci en fit la capitale de son royaume, la Lotharingie, qui devint par la suite la Lorraine. Mais en 921, la cité et le royaume de Lotharingie furent rattachés à l'Empire Germanique. Au nom de l'empereur, ce furent d'abord des comtes qui l'administrèrent, puis des évèques. En 1212, Metz s'érigea en « République aristocratique ». Elle le resta jusqu'en 1552. Sous Henri II, les Français, conduits par Montmorency, occupèrent la ville après un traité conclu avec l'Electeur Maurice de Saxe. Le duc de Guise,
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nommé gouverneur, sut avec énergie défendre la ville devant laquelle Charles-Quint avait mis le siège (19 octobre 1552). Le 1er janvier 1553 celui-ci se retirait ayant perdu 30.000 hommes. Les rois de France portèrent longtemps le titre de Protecteur. Henri 111, le premier, se nomma le souverain seigneur. Le Parlement de Metz, créé en 1633, acheva de ruiner l'indépendance municipale de la ville dont le traité de Westphalie (1648) consacra définitivement l'incorporation à la France. Elle fut la capitale de la province des Trois-Evêchés, formée de la réunion de Metz, Toul et Verdun. Jusqu'à la Révolution, Metz échappa aux horreurs de la guerre mais à chaque instant elle en subit les contre-coups. Les passages de troupes y étaient fréquents et ses casernes étaient un lieu de rassemblement. Turenne, Villars, le marquis de Créqui, le maréchal de Villeroi campèrent dans ses murs, et c'est à Metz que Louis XV, en août 1744, tomba gravement malade. En 1790 Metz devient le chef-lieu du nouveau département de la Moselle. Deux sièges, en 1814 et 1815, sont victorieusement repoussés. Mais 1870 marque une date sombre dans l'histoire de Metz, jusqu'alors surnommée « Metz la Pucelle».
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Battue aux frontières, l'armée française de Moselle se replie sur Metz. Devant rejoindre l'armée de Mac-Mahon à Châlons, elle amorce une retraite lente et indécise. Les Allemands retardent cette retraite (Borny, 14 août), passent la Moselle au sud de Metz, et arrêtent les colonnes françaises en marche sur Verdun (Rezonville, Mars-laTour, 16 août), resserrent le cercle autour de Metz et cernent Bazaine (Gravelotte, Saint-
Privat,18août).
Les batailles de Borny (14 août), de Rezonville (16 août), de Saint-Privat (18 août), amènent le maréchal Bazaine à se retirer sous les murs de la ville. Il résiste mollement, se bornant à attendre les événements, sans même essayer une sortie importante qui eût sauvé l'honneur des armes. Le 27 octobre il signe la capitulation le lendemain il livre 173.000 hommes, 60 généraux, 6.000 officiers, 58 drapeaux, 622 canons de campagne, 876 canons de place, 72 mitrailleuses, 137.000 chassepots, 123.000 autres fusils et des monceaux de munitions intactes. Six mois après, le traité de Francfort (10 mai 1871) cédait à l'Allemagne Metz et une partie du département de la Moselle. Sont nés à Metz le maréchal Fabert, les généraux Custine, Richepanse, Lasalle, compositeur AmbroiseThomas, le poète Paul Verlaine et F. de Cure].
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le
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Les Fortifications de Metz. La situation de Metz la destinait à devenir une place forte de première importance. Les Romains fortifièrent la ville construite par les Gaulois première citadelle. Les murs furent conservés assez et construisirent longtemps, et l'évêque Robert, au xe siècle, utilisa encore leur tracé. C'est au xine siècle seulement que la nouvelle enceinte s'étendit sur l'île formée par les deux bras de la Moselle elle consistait en une haute muraille protégée par 68 tours. En 1552, le duc de Guise chargea l'ingénieur Pierre Strozzi de remettre en état ces fortifications qui avaient subi deux sièges (1444 et 1552) et étaient dans un état pitoyable. Quatre ans plus tard (1556), le maréchal de Vieilleville fit construire, sur l'emplacement d'anciens couvents, une citadelle flanquée de quatre bastions. Celle-ci (qui subsista jusqu'en 1802) se trouvait à l'endroit occupé aujourd'hui par l'Esplanade. Comprenant la valeur stratégique de Metz, Vauban, un siècle plus tard, conçut un vaste projet que devait réaliser, au XVIIIe siècle, l'ingénieur Cormontaigne. Du moins Vauban put-il construire un « Ouvrage à cornes» et ajouter onze nouveaux bastions à ceux qui gardaient déjà la citadelle mais c'est Cormontaigne qui mit au point le plan d'inondation de la vallée de la Seille, en utilisant les masses d'eau de l'étang de Lindre. Metz devint alors une des forteresses les plus formidables de l'Europe. Sous Louis-Philippe on refit entièrement les fortifications et, en 1866, on s'apprêta à les reconstruire sur un plan nouveau, mieux adapté aux exigences de l'armement et de la technique de l'époque. Sur les quatre forts détachés de Saint-Quentin, Plappeville, Queuleu et Saint-Julien, les deux premiers étaient seuls achevés en 1870. Après 1871 les Allemands renforcèrent considérablement l'enceinte fortifiée, par 19 bastions entourés de fossés et protégés eux-mêmes par 13 ouvrages avancés. L'étendue de la ceinture des forts atteignit 30 kilomètres et 11 forts nouveaux furent ajoutés.
la
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(Cliché Prillot, Metz).
METZ. — LE FORT SAINT-QUENTIN.
Vue prise de l'Esplanade.
METZ PENDANT LA GUERRE Avant la guerre les Allemands avaient dressé leurs fameuses « listes noires", où s'alignaient les noms d'un grand nombre d'industriels, d'hommes politiques, de journalistes, de prêtres, de membres de sociétés lorraines. Les Messins ne furent pas épargnés dans ces listes beaucoup, soupçonnés d'exercer « une action provocatrice et une influence pernicieuse sur la population », furent arrêtés : parmi eux, M. Prevel, M. AYinsback, secrétaire général du « Souvenir alsacien-lorrain », société dissoute en 1913 ; M. Gangloff, dont les deux fils et le beau-frère, officiers français, allaient donner leur vie à la France. Quelques-uns purent s'échapper à temps et regagner la France Paul Piquelle, rédacteur en chef du Messin le chanoine Collin, directeur du Lorrain. Avant toute mobilisation et déclaration de guerre, les « suspects», arrachés violemment à leur famille, furent, sans jugement, enfermés en cellule, à la prison militaire de Metz. Quelques jours après ils partaient, sans avoir revu leur famille, vers Coblentz. Conduits au fort d'Ehrenbreitstein, ils n'échappèrent aux fureurs d'une populace exaltée que grâce aux trente baïonnettes allemandes qui les encadraient. Exténués de fatigue, ils furent parqués dans des casemates qui servaient quelques années avant la guerre de casernement à des soldats de compagnies de discipline et que l'autorité avait fait évacuer à cause de leur insalubrité. Pendant des mois, au fond de ces cachots, ils vécurent dans les plus déplorables conditions matérielles et morales. Contre le versement d'une caution de 30.000 marks, quelques-uns sortirent pour aller vivre, sous le régime du domicile forcé, dans la Prusse Rhénane. Les plus farouches restèrent plus de deux ans et furent soumis ensuite au même régime que leurs camarades déjà partis. Interdiction absolue de pénétrer dans la forteresse de Metz leur fut
;
:
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signifiée.
»
Ces « suspects ne connurent les motifs de leur arrestation qu'en août 1917. La permission de rentrer dans leur ville leur fut donnée en novembre 1918 par le « Conseil des Soldats qui avait remplacé le Gouvernement
»
Impérial 1 Plusieurs Messins furent aussi immédiatement saisis et incorporés dans les unités envoyées au front, particulièrement le front russe. Parmi eux, l'un des frères Samain, président de la « Lorraine Sportive », fut envoyé sur le front de France dans les batteries les plus exposées. Impotent des jambes, il fut ensuite retiré du front pour être jeté en prison. Les Allemands soumirent Metz à un régime de terreur. L'inquisition allemande ne se borna pas à la rue, elle s'introduisit dans les demeures. Tout ce qui rappelait la France livres, pieux souvenirs de famille, dut disparaître. L'usage de la langue française devint une provocation. furent passibles des conseils Madame « Merci, Monsieur », « Bonjour, de guerre ordinaires et extraordinaires qui siégeaient en permanence à Metz. Les condamnations pleuvaient. Tous les journaux de langue française furent seuls les journaux officieux allemands furent autorisés. supprimés Les autorités allemandes créèrent un organe, La Gazette de Lorraine, qui devait servir de modèle à l'infâme Gazette des Ardennes et se proposait le même but démoraliser les populations françaises. Dans cette gazette, les Allemands prirent soin, les premiers temps, de publier toutes les condamnations prononcées par les conseils de guerre, dans l'espoir d'épouvanter et de mater les Messins. Espoir vain cette divulgation exalta au contraire leur résistance. La délation ordonnée par l'autorité fut largement en usage.
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»
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Une jeune fille manifestant malicieusement sa surprise en voyant passer dans le ciel une escadrille d'avions français, s'écriait devant sa maison Dénoncée par une fidèle Allemande, elle fut appelée devant « Oh ! Kolossal le conseil de guerre (elle le sera trois fois). A ses juges militaires qui voulaient lui faire avouer ses sentiments antiallemands, elle répondit père, qui fut incarcéré dans une forteresse, « Mon est exilé avec ma mère en Prusse. Mes deux frères, officiers français, sont sans doute tués à cette heure, je ne puis pourtant pas aimer l'Allemagne 1 » Elle fut libre pour cette fois, mais la surveillance se fit plus étroite autour d'elle. Ordre est donné de fêter les « grandes victoires allemandes ». La « Muttc » de la Cathédrale sonne. Les Allemands manifestent bruyamment leur joie sur l'Esplanade autour des statues des « idoles JJ. Le maire, un Allemand de marque, bienentendu, lit le bulletin de victoire d'une fenêtre de l'Hôtel de Ville décoré et illuminé. Les Messins s'enferment chez eux. « Nous vivons parallèlement à eux, disent-ils. Contraints de pavoiser, ils nous ne nous rencontrerons jamais arborent, autant qu'ils le peuvent, leur emblème décoré de la croix de Lorraine. La canonnade de Verdun se fait entendre à Metz, et angoisse bien des cœurs. Mais les Messins voient revenir des « feldgrau J), autrefois ivres d'enthousiasme, et dont les yeux s'emplissent de terreur au nom de Verdun. La Russie succombe. Faut-il encore espérer Les plus farouches ne se résignent pas et soutiennent les volontés défaillantes. Les familles pieuses prient dans les églises. 1918. On sent que le dénouement est proche. La faim tenaille la population allemande bien des Messins parviennent au prix de quelles ruses — à cacher des provisions que des amis de la campagne leur ont procurées presque à la barbe des gendarmes. Les escadrilles alliées viennent chaque nuit bombarder la gare de Metz-Sablons. Les forts tonnent, les bombes éclatent, des trains de munitions sautent. Les Allemands annoncent à grands cris l'offensive pour la paix. A la fin de juillet, les journaux qui exaltaient l'attaque allemande parlent alors de se défendre. Les Messins comprennent ils sont certains de redevenir Français. D'ailleurs la bataille se rapproche de la forteresse. Avec une hâte fébrile, les Allemands équipent, garnissent les forts. Va-t-on subir les ruines d'un bombardement ? Déjà des obus américains atteignent un faubourg sud de la ville. quel prix achètera-t-on sa liberté » Les événements se précipitent, et « A la superbe discipline de l'armée impériale tombe dans les nombreuses casernes, les soldats se plaignent, discutent, s'insurgent. Sous la menace d'une offensive en Lorraine, les Allemands évacuent une partie du matériel de la forteresse. La révolte éclate. Entraînée par des marins mutinés venus de Kiel, une soldatesque hurlante envahit les rues, arrête les officiers, arrache leurs insignes, brise leurs armes. Des conseils d'ouvriers et soldats chassent les représentants de l'autorité impériale, proclament la République, arborent le drapeau rouge. Les Lorrains embrigadés dans l'armée allemande se démobilisent d'eux-mêmes et rentrent dans leurs foyers. Acculés au désastre, les Allemands signent enfin l'armistice. Les Messins attendent — avec quelle émotion silencieuse et recueillie ! — les libérateurs. Les heures sombres sont passées, les « heures merveilleuses de la sonnent. « Délivrance
!»
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APRÈS L'ARMISTICE, L'ENTRÉE TRIOMPHALE DES TROUPES FRANÇAISES.
(19 NOVEMBRE 1918).
LA LIBÉRATION Metz après la signature de l'armistice. Lorsque l'armistice fut signé le 11 novembre, l'artillerie américaine était à portée des forts de Metz, déjà plusieurs fois bombardés, et les troupes étaient arrivées sur les positions d'où devait se déclencher l'offensive prévue pour le 16. Les clauses de l'armistice exigeaient l'évacuation des pays envahis, y
(ClichéPrillot,Metz).
LA DISTRIBUTION DES PREMIERS JOURNAUX FRANÇAIS, LE 19 NOVEMBRE 1918.
La place de la République et lecoin de la rue Serpenoise.
LES TROUPES DÉFILENT DEVANT LE MARÉCHAL PÉTAIN (19 NOVEMBRE 1918).
compris l'Alsace et la Lorraine, avant le 26. Aussi est-ce dans Metz libérée des soldats allemands que les troupes françaises firent leur entrée solennelle, le mardi 19 novembre 1918, au milieu d'un enthousiasme indescriptible.
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LA PLACE D'ARMES
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(Clichéfrillot,Metz).
L'ENTRÉE DU MARÉCHAL FOCH.
Dans le fond, la statue du maréchal Fabert
à droite, la Cathédrale.
Puis le défilé eut lieu sur l'Esplanade, devant le maréchal Pétain, élevé le matin même à cette haute dignité. Sur un cheval blanc et dans son grand manteau bleu, il s'était placé devant la statue du maréchal Ney il était assisté du général Fayolle, commandant un groupe d'armées, et du général Buat, major général. Le général Mangin, commandant la 10e Armée, ayant eu un accident de cheval, avait été remplacé par le général Leconte pour la présentation des troupes. Le même jour avait eu lieu l'installation de M. Mirman, Commissaire de la République, qui fut reçu par le général de Maud'huy, Gouverneur de Metz.
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(UlichéPrillot,Metz).
LES LORRAINES ENTOURENT LE DRAPEAU FRANÇAIS.
Sur la Place d'Armes, devant la Cathédrale.
»
à la Cathédrale ont salué Des salves de canon et le chant de la « Mutte ce jour de fête. Le dimanche suivant, 24 novembre, les notables de Metz désignaient le nouveau conseil municipal. Ils décidaient en même temps de rendre aux rues leurs anciens noms d'avant 1870 et de donner aux rues nouvelles des noms de généraux et de grands hommes qui s'étaient distingués au cours de cette guerre. La liste en fut fixée par arrêté du 7 décembre. Le dimanche 8 décembre, le président Poincaré, entouré du ministre de la Guerre, président du Conseil, G. Clemenceau, des présidents des Chambres, des ministres, des maréchaux, des généraux français et alliés, vint proclamer le retour définitif à la France des provinces perdues. Journée inoubliable 1 Des jeunes filles en costume lorrain faisaient la haie et des fleurs tombaient des fenêtres sur le cortège. Le matin eut lieu la revue sur l'Esplanade, et la remise du bâton étoilé au maréchal Pétain. Un discours du Président ouvrit la cérémonie. C'est alors que se proM. Poincaré et M. Clemenceau, s'approchant duisit une scène émouvante l'un de l'autre, s'étreignirent en une longue accolade.
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:
L'après-midi ce fut la réception à l'Hôtel de Ville où le président Poincaré évoqua toute l'histoire de Metz et conclut Metz, et Metz n'a pas changé. « Les années ont passé sur grand évêque, Mgr Dupont des Loges, por« Les protestations que son tait autiefois au Reichstag au nom de tous les Messins, au nom de tous les Lorrains, se sont prolongées après sa mort avec la même fermeté tranquille. Messins, vous les avez renouvelées, d'année en année, dans les pèlerinages à Mars-la-Tour, dans les visites aux cimetières, dans le culte du souvenir français. ville de Metz, ton mauvais rêve est évanoui. Voici la France qui « Chère revient et qui t'ouvre les bras1 » Puis le cortège fut reçu en grande pompe par Mgr Felt, à la Cathédrale, et se rendit au cimetière de Chambière pour saluer les morts de 1870. Le 27 octobre 1919 la croix de Chevalier de la Légion d'Honneur a été conférée à la VILLE DE METZ avec la citation suivante Ville dont la fidélité obstinée à la France n'a connu nulle défaillance au cours d'une captivité de 48 ans Riche, d'un passé glorieux et sans tache, que ses malheurs n'ont pu ternir, exposée durant des siècles aux convoitises de l'ennemi tout proche, a bien mérité d'être à l'honneur parce qu'elle a été longtemps à la peine ; Symbolise, dans l'affection émue de la mère-patrie, la Lorraine enfin
:
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reconstituée dans son intégralité de province française.
L'ACCOLADE DES DEUX PRÉSIDENTS APRÈS LA REMISE DU BATON DE COMMANDEMENT AU MARÉCHAL PÉTAIN (8 DÉCEMBRE 1918). Derrière le maréchal Pétain, de gauche à droite maréchal Joffre, maréchal Foch,
:
maréchal Douglas Haig, général Pershing, général Gillain, général Albricci, général Haller (Derrière le maréchal Foch, le général Weygand).
LA CATHÉDRALE DE METZ TELLE QU'ELLE ÉTAIT AVANT L'OCCUPATION ALLEMANDE.
xvmesUdt.
La Cathédrale se terminait, à gauche, par un porche dorique élevé au un grand ensempar Blondel, qui avait conçu dans ce même style, pour la Place d'Armes, ble monumental.Les Allemands ont détruit ce porche en 1903 pour le remplacer pariine construction de style gothique.
»
J
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METZ LE MOYI.N-I'ONT ET LA CATHÃ&#x2030;DRALE, VI
S
:
-METZ
(CliHi.-I.I.. DE
I.'II.EDESAII.CY.
(UlrlirIVlll-l.Mrt/). LA RUE SERPENOISE.
INDEX ALPHABÉTIQUE
5-36-5 — R. C. n° 2.213 Clermont-Ferrand — Printed in France
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