Peut-on aujourd’hui défendre les droits des femmes sans se faire traiter de mécréante ou de fille de mauvaises mœurs ? Peut-on aujourd’hui aborder l’accomplissement de la femme, sa liberté de disposer de son corps, la nécessité de la traiter comme étant l’égale de l’homme sans subir les foudres des conservateurs dont le conservatisme, il faut le souligner, est sélectif et concentré quasi exclusivement sur la soumission de la femme à une certaine tenue vestimentaire ou un mode de vie? Si le féminisme se ringardise dans les pays européens avec l’essoufflement du mouvement de libération des femmes, en Tunisie il se diabolise. Tous les maux lui sont attribués: «mécréantes», «dévergondées» et en croisade contre l’identité arabo-musulmane. Le constat est plutôt inquiétant, d’autant que ces mouvements longtemps utilisés par le pouvoir en place pour redorer son blason sont catalogués comme faisant partie du système Ben Ali et qu’il faut donc éradiquer à la source. Mais que signifie aujourd’hui le féminisme ? Est-il défini par la dualité stérile string versus voile ou niqab versus visage nu? Cette dualité est réductrice et hors sujet. L’amalgame est papable dans toutes les discussions, même lorsque ce sont des femmes qui parlent : «Je veux m’habiller comme je veux,» scandent-elles. Oui, mais pas que ! Le féminisme n’est ni un choix vestimentaire ni un rejet de l’homme. Le féminisme en Tunisie semble avoir choisi la mauvaise quête ou la mauvaise manière de l’aborder. Être féministe aujourd’hui, c’est être dans l’action, reconnaitre l’universalisme et bannir les droits sexués et les conceptions ségrégationnistes. Etre féministe aujourd’hui, c’est refuser la violence contre les femmes, c’est les pousser à occuper la scène publique dans tous les domaines. Etre féministe, c’est faire du lobbying et activer la solidarité. Et surtout, être féministe, c'est vouloir repenser le rapport entre les sexes, se battre contre les rapports dominant / dominé, casser les modèles sociaux. C'est opter pour une autre société. Le féminisme n'est pas une question de sexe (l'exemple de certaines femmes militant contre l'IVG ou pour le retour des femmes au foyer montre suffisamment qu'être une femme n'est pas un brevet de féminisme !) : c'est une question de valeurs, c'est un choix de société.
Emna Darghouth
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