Lacloche Joaillers

Page 1


Bracelet ouvrant, maillons articulés sur ressort, or émaillé, rubis gravés et diamants. Modèle similaire serti d’émeraudes ou de saphirs gravés. Fabrication Verger, 1938. Collection privée.

22. Avant-propos de Marie Vallanet-Delhom et Nicolas Bos Foreword by Marie Vallanet-Delhom and Nicolas Bos 24. Préface de Francis Lacloche — Preface by Francis Lacloche 32. Introduction — Introduction

40

UNE FRATRIE SUR DEUX CONTINENTS BROTHERS ON TWO CONTINENTS 50. Art nouveau et classicisme — Art Nouveau and classicism 68. La Belle Époque de la montre — The Belle Époque of the watch 76. Broderies de joaillerie — Jewelry embroideries

82

LACLOCHE FRÈRES, DE PARIS À HOLLYWOOD LACLOCHE FRÈRES, FROM PARIS TO HOLLYWOOD 102. 128. 150. 188. 196.

L’Occident regarde vers l’Orient — The West looks toward the East Nécessaires indispensables — Indispensable “necessaries” Rendez-vous à l’Exposition internationale de 1925 Rendezvous at the Exposition internationale of 1925 Pendentifs, pampilles et paniers — Pendants and drops Le « grand silence blanc » — The “deep white silence”

210 JACQUES LACLOCHE, ENTRE CANNES ET LA PLACE VENDÔME JACQUES LACLOCHE, BETWEEN CANNES AND THE PLACE VENDÔME 222. 232. 240. 248.

Abstraction et modernisme — Abstraction and modernism Fleurs et plumes — Flowers and feathers Trois décennies de fantaisie — Three decades of creativity L’or se tisse, se noue, se tresse — Gold: plaited, knotted, woven

260 LA FABRIQUE DE PARIS THE PARIS WORKSHOP

Bangle with articulated links mounted on a spring, enameled gold, engraved rubies, brilliants. Made by Verger, 1938. Similar model set with engraved emeralds or sapphires. Private collection.

2 98. Poinçons — Maker’s marks

302

3 02. Chronologie — Chronology | 310. Notes — Notes | 315. Bibliographie Bibliography | 316. Index — Index | 318. Remerciements — Acknowledgements

21


Bracelet ouvrant, maillons articulés sur ressort, or émaillé, rubis gravés et diamants. Modèle similaire serti d’émeraudes ou de saphirs gravés. Fabrication Verger, 1938. Collection privée.

22. Avant-propos de Marie Vallanet-Delhom et Nicolas Bos Foreword by Marie Vallanet-Delhom and Nicolas Bos 24. Préface de Francis Lacloche — Preface by Francis Lacloche 32. Introduction — Introduction

40

UNE FRATRIE SUR DEUX CONTINENTS BROTHERS ON TWO CONTINENTS 50. Art nouveau et classicisme — Art Nouveau and classicism 68. La Belle Époque de la montre — The Belle Époque of the watch 76. Broderies de joaillerie — Jewelry embroideries

82

LACLOCHE FRÈRES, DE PARIS À HOLLYWOOD LACLOCHE FRÈRES, FROM PARIS TO HOLLYWOOD 102. 128. 150. 188. 196.

L’Occident regarde vers l’Orient — The West looks toward the East Nécessaires indispensables — Indispensable “necessaries” Rendez-vous à l’Exposition internationale de 1925 Rendezvous at the Exposition internationale of 1925 Pendentifs, pampilles et paniers — Pendants and drops Le « grand silence blanc » — The “deep white silence”

210 JACQUES LACLOCHE, ENTRE CANNES ET LA PLACE VENDÔME JACQUES LACLOCHE, BETWEEN CANNES AND THE PLACE VENDÔME 222. 232. 240. 248.

Abstraction et modernisme — Abstraction and modernism Fleurs et plumes — Flowers and feathers Trois décennies de fantaisie — Three decades of creativity L’or se tisse, se noue, se tresse — Gold: plaited, knotted, woven

260 LA FABRIQUE DE PARIS THE PARIS WORKSHOP

Bangle with articulated links mounted on a spring, enameled gold, engraved rubies, brilliants. Made by Verger, 1938. Similar model set with engraved emeralds or sapphires. Private collection.

2 98. Poinçons — Maker’s marks

302

3 02. Chronologie — Chronology | 310. Notes — Notes | 315. Bibliographie Bibliography | 316. Index — Index | 318. Remerciements — Acknowledgements

21


Détail d’un bracelet en rubis suiffés, diamants, onyx et platine. Présenté à l'Exposition internationale de 1925 à Paris. LA Collection Privée.

Considérée à l’égal des grandes maisons de la place Vendôme durant l’entre-deuxguerres, vedette de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925 et à l’origine de somptueuses créations joaillières Art déco, la maison Lacloche fut l’une des plus réputées de la première moitié du xxe siècle. Son histoire se déploie sur trois quarts de siècle, de 1892, date d’établissement des frères Lacloche à Paris, à 1967, année de fermeture de la boutique place Vendôme : entre ces deux dates, soixante-quinze années d’une intense activité joaillière. Si la maison Lacloche est à présent oubliée du grand public, le nom parle encore aux connaisseurs, qui l’associent à des créations raffinées, élégantes et inventives qui ont marqué leur époque. Ce livre en restitue l’histoire passionnante et met en lumière les plus belles œuvres. À partir de documents inédits, Laurence Mouillefarine et Véronique Ristelhueber dévoilent ­l’ascension de la maison, les grandes étapes de son développement international et son succès auprès d’une large clientèle, incluant têtes couronnées et stars de Hollywood. La singularité de sa production y est soulignée : des « broderies » de joaillerie aux boîtes, étuis, poudriers et châtelaines ornés dans un style Art déco très affirmé, qui ont fait sa renommée. Attachée à l’histoire des œuvres autant qu’aux savoir-faire et à la science des pierres, L’École des Arts Joailliers ne pouvait rester éloignée de l’univers de Lacloche. Parallèlement à la présentation d’une sélection d’œuvres majeures de la maison Lacloche – première exposition jamais organisée en France, à l’automne 2019 –, L’École des Arts Joailliers a le plaisir de soutenir la publication de ce livre, qui est aussi la première monographie consacrée à Lacloche. Fondée en 2012 grâce au soutien de Van Cleef & Arpels, L’École des Arts Joailliers propose au public de découvrir les savoir-faire, la gemmologie ou encore l’histoire de l’art du bijou par le biais de différents cours, conférences, chantiers de recherche, expositions et publications, à Paris et dans le monde. L’édition de livres participe pleinement de la mission fondamentale de l’école : diffuser la culture joaillière auprès du public le plus large.

Préface

Marie Vallanet-Delhom Présidente de l’École des Arts Joailliers President of L'École des Arts Joailliers Nicolas Bos Président et CEO de Van Cleef & Arpels President and CEO of Van Cleef & Arpel

Detail of a bracelet with buff-top rubies, diamonds, onyx and platinum. LA Collection Privée.

22

Considered the equal of the major firms of the place Vendôme during the interwar ­ eriod, one of the stars of the Exposition internationale des arts décoratifs et industriels p modernes of 1925, and at the origin of magnificent Art Deco jewelry creations, the Lacloche firm was one of the most renowned of the first half of the 20th century. Its history unrolled over three quarters of a century, from 1892, when the Lacloche brothers moved to Paris, to 1967, when the store on the place Vendôme closed. In between were 75 years of intense jewelry activity. If the Lacloche firm has been forgotten today by the general public, its name is still known by connoisseurs, who associate it with the refined, elegant and inventive creations that marked its period. This book traces its passionate history and highlights its most beautiful works. Using unpublished documents, Laurence Mouillefarine and Véronique Ristelhueber bring to light the firm’s ascension, the major stages of its international development, and its success with a broad clientele, including royalty and Hollywood stars. The uniqueness of its production is emphasized: from j­ewelry “embroideries” to boxes, cases, compacts and chatelaines decorated in a very vivid Art Deco style, which earned the firm its fame. Being interested in the history of works as much as in know-how and gemology, L’École des Arts Joailliers could not remain at a distance from the Lacloche universe. Concurrently with the presentation of a selection of major works from the Lacloche firm – the first exhibition ever o ­ rganized in France, in the fall of 2019 – L’École des Arts Joailliers has the pleasure of supporting the publication of this book, which is also the first monograph devoted to Lacloche. Founded in 2012 thanks to the support of Van Cleef & Arpels, L’École des Arts Joailliers proposes to help the public discover gemology, the expertise or the history of the art of jewelry, through different courses, lectures, research projects, exhibitions and publications, in Paris and throughout the world. Publishing books is a full-fledged part of the school’s ­f undamental m ­ ission: disseminating the jewelry culture to the broadest public possible.

Preface 23


Détail d’un bracelet en rubis suiffés, diamants, onyx et platine. Présenté à l'Exposition internationale de 1925 à Paris. LA Collection Privée.

Considérée à l’égal des grandes maisons de la place Vendôme durant l’entre-deuxguerres, vedette de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925 et à l’origine de somptueuses créations joaillières Art déco, la maison Lacloche fut l’une des plus réputées de la première moitié du xxe siècle. Son histoire se déploie sur trois quarts de siècle, de 1892, date d’établissement des frères Lacloche à Paris, à 1967, année de fermeture de la boutique place Vendôme : entre ces deux dates, soixante-quinze années d’une intense activité joaillière. Si la maison Lacloche est à présent oubliée du grand public, le nom parle encore aux connaisseurs, qui l’associent à des créations raffinées, élégantes et inventives qui ont marqué leur époque. Ce livre en restitue l’histoire passionnante et met en lumière les plus belles œuvres. À partir de documents inédits, Laurence Mouillefarine et Véronique Ristelhueber dévoilent ­l’ascension de la maison, les grandes étapes de son développement international et son succès auprès d’une large clientèle, incluant têtes couronnées et stars de Hollywood. La singularité de sa production y est soulignée : des « broderies » de joaillerie aux boîtes, étuis, poudriers et châtelaines ornés dans un style Art déco très affirmé, qui ont fait sa renommée. Attachée à l’histoire des œuvres autant qu’aux savoir-faire et à la science des pierres, L’École des Arts Joailliers ne pouvait rester éloignée de l’univers de Lacloche. Parallèlement à la présentation d’une sélection d’œuvres majeures de la maison Lacloche – première exposition jamais organisée en France, à l’automne 2019 –, L’École des Arts Joailliers a le plaisir de soutenir la publication de ce livre, qui est aussi la première monographie consacrée à Lacloche. Fondée en 2012 grâce au soutien de Van Cleef & Arpels, L’École des Arts Joailliers propose au public de découvrir les savoir-faire, la gemmologie ou encore l’histoire de l’art du bijou par le biais de différents cours, conférences, chantiers de recherche, expositions et publications, à Paris et dans le monde. L’édition de livres participe pleinement de la mission fondamentale de l’école : diffuser la culture joaillière auprès du public le plus large.

Préface

Marie Vallanet-Delhom Présidente de l’École des Arts Joailliers President of L'École des Arts Joailliers Nicolas Bos Président et CEO de Van Cleef & Arpels President and CEO of Van Cleef & Arpel

Detail of a bracelet with buff-top rubies, diamonds, onyx and platinum. LA Collection Privée.

22

Considered the equal of the major firms of the place Vendôme during the interwar ­ eriod, one of the stars of the Exposition internationale des arts décoratifs et industriels p modernes of 1925, and at the origin of magnificent Art Deco jewelry creations, the Lacloche firm was one of the most renowned of the first half of the 20th century. Its history unrolled over three quarters of a century, from 1892, when the Lacloche brothers moved to Paris, to 1967, when the store on the place Vendôme closed. In between were 75 years of intense jewelry activity. If the Lacloche firm has been forgotten today by the general public, its name is still known by connoisseurs, who associate it with the refined, elegant and inventive creations that marked its period. This book traces its passionate history and highlights its most beautiful works. Using unpublished documents, Laurence Mouillefarine and Véronique Ristelhueber bring to light the firm’s ascension, the major stages of its international development, and its success with a broad clientele, including royalty and Hollywood stars. The uniqueness of its production is emphasized: from j­ewelry “embroideries” to boxes, cases, compacts and chatelaines decorated in a very vivid Art Deco style, which earned the firm its fame. Being interested in the history of works as much as in know-how and gemology, L’École des Arts Joailliers could not remain at a distance from the Lacloche universe. Concurrently with the presentation of a selection of major works from the Lacloche firm – the first exhibition ever o ­ rganized in France, in the fall of 2019 – L’École des Arts Joailliers has the pleasure of supporting the publication of this book, which is also the first monograph devoted to Lacloche. Founded in 2012 thanks to the support of Van Cleef & Arpels, L’École des Arts Joailliers proposes to help the public discover gemology, the expertise or the history of the art of jewelry, through different courses, lectures, research projects, exhibitions and publications, in Paris and throughout the world. Publishing books is a full-fledged part of the school’s ­f undamental m ­ ission: disseminating the jewelry culture to the broadest public possible.

Preface 23


Avant-propos

Francis Lacloche

Foreword 24

L’histoire des joailliers Lacloche est le fruit d’une longue recherche qui a commencé à la fin des années 1980. Je savais alors peu de chose sur la vie de mes parents. J’avais occasionnellement sollicité mon père, Jacques, quand, vers 1990, je fis la connaissance de Sylvie Nissen, une antiquaire en bijoux qui disposait alors d’une boutique à l’intérieur de l’hôtel Westminster, rue de la Paix. Voyant passer des bijoux Lacloche, elle me confia son désir de faire redécouvrir ces joailliers en m’aidant à écrire l’histoire de cette maison importante mais mal connue, une jolie façon de rendre hommage à mes ancêtres. Mon père avait alors près de 90 ans. Qu’il restitue quelques épisodes de son passé était une gageure. Il s’y est paresseusement attelé puis s’est lassé. Peu de souvenirs. Pas assez d’envie de les restituer. Je n’ai pas insisté et ai couché un maigre récit sur une feuille de papier puis glissé le tout dans un tiroir. Mon père est devenu un très vieux monsieur, qui décéda à l’âge avancé de 98 ans. Il était d’un naturel peu bavard, peu imbu de sa personne. Homme aux goûts raffinés mais guère enclin à prendre des risques, il avait, à 58 ans, opéré un tournant majeur en réorientant complètement son activité, en ouvrant une galerie d’art et en devenant éditeur de mobiliers, notamment de Roger Tallon. Il découvrait l’immense plaisir d’exercer un métier qui le mettait en contact avec la création la plus contemporaine. Bien des épisodes de sa vie, parfois tragiques, l’avaient rendu prudent et fataliste, mais aussi combatif et courageux, voire fier de ce qu’il avait accompli. Quelques années ont passé. Un jour, le fils d’un fabricant qui avait travaillé pour mon père est venu me remercier de lui avoir confié des dessins qui l’avaient aidé à authentifier un bijou non signé. Je sympathisai avec lui. Il me fit part de son intention de rééditer quelques bijoux des années 1930 et 1950 créés par mon père. Ce projet de relancer une marque disparue ne vit cependant pas le jour.

Page de droite Boîte à cigarettes, or et émail, 1925. Fabrication Langlois. LA Collection Privée. Right-hand page Cigarette box, gold and enamel, 1925. Made by Langlois. LA Collection Privée.

This history of the Lacloche jewelers is the fruit of a long search that began in the late 1980s. At the time I knew very little about my parents’ life. I had occasionally asked questions of my father Jacques, when, around 1990, I met Sylvie Nissen, an antique dealer specializing in jewels who had a store in the Westminster hotel on the rue de la Paix. Receiving jewelry by Lacloche, she told me about her desire to bring about a rediscovery of that jeweler by helping me write the history of this important but little-known firm, a wonderful way to pay tribute to my ancestors. My father by then was nearly 90 years old. To recollect episodes from his past was a challenge. He went about it lazily, then grew weary of the task. Not enough memories. Little desire to bring them forth. I didn’t insist and set down a meager story on a sheet of paper, then put the whole thing into a drawer. My father became a very old gentleman who died at the advanced age of 98. He was by nature not very talkative, and not at all full of himself. A man with refined tastes but rather risk-adverse, at the age of 58 he had made an about-face by completely redirecting his activity, opening an art gallery and becoming an editor of furniture, notably of pieces by Roger Tallon. He discovered the enormous pleasure of exercising a profession that put him in contact with the most contemporary creation. Many episodes of his life, sometimes tragic ones, had made him cautious and fatalistic, but also combative and courageous, even proud of what he had accomplished. A few years went by. One day, the son of a craftsman who had worked for my father came to thank me for having given him the drawings that had helped him authenticate an unsigned piece of jewelry. We became friendly. He told me about his intention to reissue a few pieces of jewelry from the 1930s and 1950s that my father had created. This project to relaunch a brand that had disappeared, however, never came to pass.


Avant-propos

Francis Lacloche

Foreword 24

L’histoire des joailliers Lacloche est le fruit d’une longue recherche qui a commencé à la fin des années 1980. Je savais alors peu de chose sur la vie de mes parents. J’avais occasionnellement sollicité mon père, Jacques, quand, vers 1990, je fis la connaissance de Sylvie Nissen, une antiquaire en bijoux qui disposait alors d’une boutique à l’intérieur de l’hôtel Westminster, rue de la Paix. Voyant passer des bijoux Lacloche, elle me confia son désir de faire redécouvrir ces joailliers en m’aidant à écrire l’histoire de cette maison importante mais mal connue, une jolie façon de rendre hommage à mes ancêtres. Mon père avait alors près de 90 ans. Qu’il restitue quelques épisodes de son passé était une gageure. Il s’y est paresseusement attelé puis s’est lassé. Peu de souvenirs. Pas assez d’envie de les restituer. Je n’ai pas insisté et ai couché un maigre récit sur une feuille de papier puis glissé le tout dans un tiroir. Mon père est devenu un très vieux monsieur, qui décéda à l’âge avancé de 98 ans. Il était d’un naturel peu bavard, peu imbu de sa personne. Homme aux goûts raffinés mais guère enclin à prendre des risques, il avait, à 58 ans, opéré un tournant majeur en réorientant complètement son activité, en ouvrant une galerie d’art et en devenant éditeur de mobiliers, notamment de Roger Tallon. Il découvrait l’immense plaisir d’exercer un métier qui le mettait en contact avec la création la plus contemporaine. Bien des épisodes de sa vie, parfois tragiques, l’avaient rendu prudent et fataliste, mais aussi combatif et courageux, voire fier de ce qu’il avait accompli. Quelques années ont passé. Un jour, le fils d’un fabricant qui avait travaillé pour mon père est venu me remercier de lui avoir confié des dessins qui l’avaient aidé à authentifier un bijou non signé. Je sympathisai avec lui. Il me fit part de son intention de rééditer quelques bijoux des années 1930 et 1950 créés par mon père. Ce projet de relancer une marque disparue ne vit cependant pas le jour.

Page de droite Boîte à cigarettes, or et émail, 1925. Fabrication Langlois. LA Collection Privée. Right-hand page Cigarette box, gold and enamel, 1925. Made by Langlois. LA Collection Privée.

This history of the Lacloche jewelers is the fruit of a long search that began in the late 1980s. At the time I knew very little about my parents’ life. I had occasionally asked questions of my father Jacques, when, around 1990, I met Sylvie Nissen, an antique dealer specializing in jewels who had a store in the Westminster hotel on the rue de la Paix. Receiving jewelry by Lacloche, she told me about her desire to bring about a rediscovery of that jeweler by helping me write the history of this important but little-known firm, a wonderful way to pay tribute to my ancestors. My father by then was nearly 90 years old. To recollect episodes from his past was a challenge. He went about it lazily, then grew weary of the task. Not enough memories. Little desire to bring them forth. I didn’t insist and set down a meager story on a sheet of paper, then put the whole thing into a drawer. My father became a very old gentleman who died at the advanced age of 98. He was by nature not very talkative, and not at all full of himself. A man with refined tastes but rather risk-adverse, at the age of 58 he had made an about-face by completely redirecting his activity, opening an art gallery and becoming an editor of furniture, notably of pieces by Roger Tallon. He discovered the enormous pleasure of exercising a profession that put him in contact with the most contemporary creation. Many episodes of his life, sometimes tragic ones, had made him cautious and fatalistic, but also combative and courageous, even proud of what he had accomplished. A few years went by. One day, the son of a craftsman who had worked for my father came to thank me for having given him the drawings that had helped him authenticate an unsigned piece of jewelry. We became friendly. He told me about his intention to reissue a few pieces of jewelry from the 1930s and 1950s that my father had created. This project to relaunch a brand that had disappeared, however, never came to pass.


Les archives m’apprirent que la vie de mes ancêtres avait été marquée par les difficultés, les échecs et les épisodes dramatiques. Les ruptures avaient été nombreuses : absence ou décès des pères dans leur jeunesse, disparition brutale de l’un des associés, crise de 1929 et faillite, arrestation de Jacques Lacloche à Cannes en 1944, etc. Fils et filles de juifs colporteurs devenus Lacloche à Maastricht en 1809, ils avaient quitté la Hollande puis la Belgique pour réussir en Espagne et en France. Alliés à des gendres entreprenants soutenus par des épouses talentueuses, ils avaient investi les artères du luxe de plus de dix villes dans le monde avant de s’installer successivement rue de la Paix et place Vendôme. Les frères Lacloche avaient côtoyé très vite, dès 1895, une clientèle aristocratique dans les villes de leur épanouissement, Paris, Madrid, Biarritz, Saint-Sébastien, Londres et même New York, sans oublier Cannes et Deauville, ces stations des bonheurs balnéaires équipées de palaces, de champs de courses, et surtout de casinos aux redoutables tentations. Les affaires des Lacloche, aux côtés de prestigieuses enseignes, avaient prospéré dans un tourbillon de galas, de bals et de festivals d’élégance avec voitures de luxe et mannequins de chez Worth. Certes, mais tout cela ne suffisait pas à publier un récit convenablement documenté. En 2012, un hommage a été rendu par la maison Sotheby’s à l’action de mon père, Jacques Lacloche, et à son activité d’éditeur. Ce fut pour moi l’occasion de rencontrer

youth, the sudden disappearance of one of the partners, the 1929 crash and bankruptcy, Jacques Lacloche’s arrest in Cannes in 1944, etc. The sons and daughters of Jewish peddlers who became Lacloche in Maastricht in 1809, they had left Holland and then Belgium, to succeed in Spain and France. Allied with enterprising sons-in-law supported by their talented wives, they had installed themselves in the main luxury streets of over 10 cities worldwide before successively setting up shop on the rue de la Paix and the place Vendôme. As early as 1895, the Lacloche brothers had an aristocratic clientele in the cities where their business developed, Paris, Madrid, Biarritz, San Sebastian, London and even New York. They were present in Cannes and Deauville as well, those delightful seaside resorts with their luxury hotels, racetracks, and above all their casinos with their formidable temptations. The Lacloches’ business, alongside prestigious firms, had thrived in a whirlwind of gala evenings, balls and festivals of elegance with luxury automobiles and models from Worth. But, of course, all this was not enough to publish a properly documented story. In 2012, the Sotheby’s auction house paid tribute to the exploits of my father, Jacques Lacloche, and his work as an editor. For me, this was the opportunity to meet Laurence Mouillefarine, who with Véronique Ristelhueber had already written a work on the jeweler Raymond Templier. This book began to emerge with them. It took us two

Épingle à cravate, or, platine, diamants, vers 1910. Collection privée. Page de gauche Publicité Lacloche Jewellers parue dans The Tatler, 1936.

Tie pin, gold, platinum, diamonds, ca. 1910. Private collection. Left-hand page Lacloche Jewellers ad in The Tatler, 1936.

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Les archives m’apprirent que la vie de mes ancêtres avait été marquée par les difficultés, les échecs et les épisodes dramatiques. Les ruptures avaient été nombreuses : absence ou décès des pères dans leur jeunesse, disparition brutale de l’un des associés, crise de 1929 et faillite, arrestation de Jacques Lacloche à Cannes en 1944, etc. Fils et filles de juifs colporteurs devenus Lacloche à Maastricht en 1809, ils avaient quitté la Hollande puis la Belgique pour réussir en Espagne et en France. Alliés à des gendres entreprenants soutenus par des épouses talentueuses, ils avaient investi les artères du luxe de plus de dix villes dans le monde avant de s’installer successivement rue de la Paix et place Vendôme. Les frères Lacloche avaient côtoyé très vite, dès 1895, une clientèle aristocratique dans les villes de leur épanouissement, Paris, Madrid, Biarritz, Saint-Sébastien, Londres et même New York, sans oublier Cannes et Deauville, ces stations des bonheurs balnéaires équipées de palaces, de champs de courses, et surtout de casinos aux redoutables tentations. Les affaires des Lacloche, aux côtés de prestigieuses enseignes, avaient prospéré dans un tourbillon de galas, de bals et de festivals d’élégance avec voitures de luxe et mannequins de chez Worth. Certes, mais tout cela ne suffisait pas à publier un récit convenablement documenté. En 2012, un hommage a été rendu par la maison Sotheby’s à l’action de mon père, Jacques Lacloche, et à son activité d’éditeur. Ce fut pour moi l’occasion de rencontrer

youth, the sudden disappearance of one of the partners, the 1929 crash and bankruptcy, Jacques Lacloche’s arrest in Cannes in 1944, etc. The sons and daughters of Jewish peddlers who became Lacloche in Maastricht in 1809, they had left Holland and then Belgium, to succeed in Spain and France. Allied with enterprising sons-in-law supported by their talented wives, they had installed themselves in the main luxury streets of over 10 cities worldwide before successively setting up shop on the rue de la Paix and the place Vendôme. As early as 1895, the Lacloche brothers had an aristocratic clientele in the cities where their business developed, Paris, Madrid, Biarritz, San Sebastian, London and even New York. They were present in Cannes and Deauville as well, those delightful seaside resorts with their luxury hotels, racetracks, and above all their casinos with their formidable temptations. The Lacloches’ business, alongside prestigious firms, had thrived in a whirlwind of gala evenings, balls and festivals of elegance with luxury automobiles and models from Worth. But, of course, all this was not enough to publish a properly documented story. In 2012, the Sotheby’s auction house paid tribute to the exploits of my father, Jacques Lacloche, and his work as an editor. For me, this was the opportunity to meet Laurence Mouillefarine, who with Véronique Ristelhueber had already written a work on the jeweler Raymond Templier. This book began to emerge with them. It took us two

Épingle à cravate, or, platine, diamants, vers 1910. Collection privée. Page de gauche Publicité Lacloche Jewellers parue dans The Tatler, 1936.

Tie pin, gold, platinum, diamonds, ca. 1910. Private collection. Left-hand page Lacloche Jewellers ad in The Tatler, 1936.

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Étui à cigarettes, or, émail et diamants, 1922. Orné des armoiries du 8e régiment de hussards irlandais, il fut offert par le prince de Galles, futur roi Édouard VIII, à une maîtresse, avec l’inscription « Loin des yeux loin du cœur » ?. Courtesy Sotheby's

Page de droite Boutons de manchettes, nacre, saphirs, émeraudes, diamants, or et platine, vers 1920. Ancienne collection Olimpia de Rothschild, arrière-petite-fille de Fernand Lacloche. Collection privée. Broche, or, platine, opale, diamants et rubis, début des années 1920. New York, Joseph Saidian and Sons. Boutons de manchettes, pierre de lune sculptée, rubis, or et platine, vers 1915. Los Angeles, Neil Lane.

Right-hand page

Cigarette case, gold, enamel, and diamonds, 1922. Decorated with the coat of arms of the 8th King’s Royal Irish Hussars, it was offered by the Prince of Wales, the future Edward VIII, to a mistress, with the inscription “Out of sight out of mind”? Courtesy Sotheby's

100

Cufflinks, mother-of-pearl, sapphires, emeralds, diamonds, gold, and platinum, ca. 1920. Former collection Olimpia de Rothschild, great-granddaughter of Fernand Lacloche. Private collection. Brooch, gold, platinum, opal, diamonds, and rubies, early 1920s. New York, Joseph Saidian and Sons. Cufflinks, sculpted moonstone, rubies, gold, and platinum, ca. 1915. Los Angeles, Neil Lane.

En 1931, cependant, « Bendor » est bien vivant et doit une somme colossale à Lacloche. Une créance de plus de 1,2 million de francs apparaît dans la comptabilité du joaillier au moment de la faillite. Car oui, il faut l’avouer, Lacloche Frères va déposer son bilan. Est-ce dû à la crise de 1929 ? Certes, le krach boursier de New York aura des retentissements tragiques sur le commerce de luxe en Europe. Certes, la faillite du Comptoir Lyon-Alemand a bouleversé l’équilibre financier des diamantaires65. La raison principale des difficultés des Lacloche, toutefois, ne réside point là. Henri Lacloche est joueur, jusqu’à l’ivresse. Or, Fernand a commis l’imprudence d’engager son aîné dans la joaillerie familiale. Le fils prodigue profite de sa situation pour empocher le fruit des ventes sans le verser à la société. Il accumule tant de dettes qu’on lui impose un conseil judiciaire66. En novembre 1930, Fernand congédie Henri. Trop tard. Selon la légende familiale, un banco malheureux contre André Citroën, éminent constructeur automobile, aurait précipité la chute. La société Lacloche Frères, qui a tant brillé, est liquidée en juin 1931. Accablé, Fernand décède quelques mois plus tard. Son neveu Jacques Lacloche relancera bientôt une affaire de bijoux à son nom. Avec la ferme intention de ne jamais approcher une table de casino.

appeared in the ­jeweler’s accounts, receivable when it declared bankruptcy. Because, yes, it must be admitted, Lacloche Frères was to close its doors. Was this due to the 1929 Crash? The collapse of the stock market would certainly have tragic repercussions on the luxury business in Europe. The bankruptcy of the Comptoir Lyon-Alemand radically disturbed the financial equilibrium of the diamond merchants.65 Yet the main reason for Lacloche’s problems, however, did not lie in these events at all. Henri Lacloche was a gambler to extremes. Fernand had been foolhardy enough to hire his eldest child to work in the family jewelry business. The prodigal son took advantage of his situation to pocket the fruit of the sales without putting the money in the company’s tills. He accumulated so much debt that a legal advisor was imposed on him.66 Fernand fired Henri in November 1930. Too late. According to family legend, an unfortunate banco against the eminent auto-maker André Citroën precipitated his fall. The Lacloche Frères company, once so brilliant, was liquidated in June 1931. Devastated, Fernand died a few months later. Not long thereafter his nephew Jacques Lacloche would relaunch a jewelry business in his own name. With the firm intention of never going near a casino table.


Étui à cigarettes, or, émail et diamants, 1922. Orné des armoiries du 8e régiment de hussards irlandais, il fut offert par le prince de Galles, futur roi Édouard VIII, à une maîtresse, avec l’inscription « Loin des yeux loin du cœur » ?. Courtesy Sotheby's

Page de droite Boutons de manchettes, nacre, saphirs, émeraudes, diamants, or et platine, vers 1920. Ancienne collection Olimpia de Rothschild, arrière-petite-fille de Fernand Lacloche. Collection privée. Broche, or, platine, opale, diamants et rubis, début des années 1920. New York, Joseph Saidian and Sons. Boutons de manchettes, pierre de lune sculptée, rubis, or et platine, vers 1915. Los Angeles, Neil Lane.

Right-hand page

Cigarette case, gold, enamel, and diamonds, 1922. Decorated with the coat of arms of the 8th King’s Royal Irish Hussars, it was offered by the Prince of Wales, the future Edward VIII, to a mistress, with the inscription “Out of sight out of mind”? Courtesy Sotheby's

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Cufflinks, mother-of-pearl, sapphires, emeralds, diamonds, gold, and platinum, ca. 1920. Former collection Olimpia de Rothschild, great-granddaughter of Fernand Lacloche. Private collection. Brooch, gold, platinum, opal, diamonds, and rubies, early 1920s. New York, Joseph Saidian and Sons. Cufflinks, sculpted moonstone, rubies, gold, and platinum, ca. 1915. Los Angeles, Neil Lane.

En 1931, cependant, « Bendor » est bien vivant et doit une somme colossale à Lacloche. Une créance de plus de 1,2 million de francs apparaît dans la comptabilité du joaillier au moment de la faillite. Car oui, il faut l’avouer, Lacloche Frères va déposer son bilan. Est-ce dû à la crise de 1929 ? Certes, le krach boursier de New York aura des retentissements tragiques sur le commerce de luxe en Europe. Certes, la faillite du Comptoir Lyon-Alemand a bouleversé l’équilibre financier des diamantaires65. La raison principale des difficultés des Lacloche, toutefois, ne réside point là. Henri Lacloche est joueur, jusqu’à l’ivresse. Or, Fernand a commis l’imprudence d’engager son aîné dans la joaillerie familiale. Le fils prodigue profite de sa situation pour empocher le fruit des ventes sans le verser à la société. Il accumule tant de dettes qu’on lui impose un conseil judiciaire66. En novembre 1930, Fernand congédie Henri. Trop tard. Selon la légende familiale, un banco malheureux contre André Citroën, éminent constructeur automobile, aurait précipité la chute. La société Lacloche Frères, qui a tant brillé, est liquidée en juin 1931. Accablé, Fernand décède quelques mois plus tard. Son neveu Jacques Lacloche relancera bientôt une affaire de bijoux à son nom. Avec la ferme intention de ne jamais approcher une table de casino.

appeared in the ­jeweler’s accounts, receivable when it declared bankruptcy. Because, yes, it must be admitted, Lacloche Frères was to close its doors. Was this due to the 1929 Crash? The collapse of the stock market would certainly have tragic repercussions on the luxury business in Europe. The bankruptcy of the Comptoir Lyon-Alemand radically disturbed the financial equilibrium of the diamond merchants.65 Yet the main reason for Lacloche’s problems, however, did not lie in these events at all. Henri Lacloche was a gambler to extremes. Fernand had been foolhardy enough to hire his eldest child to work in the family jewelry business. The prodigal son took advantage of his situation to pocket the fruit of the sales without putting the money in the company’s tills. He accumulated so much debt that a legal advisor was imposed on him.66 Fernand fired Henri in November 1930. Too late. According to family legend, an unfortunate banco against the eminent auto-maker André Citroën precipitated his fall. The Lacloche Frères company, once so brilliant, was liquidated in June 1931. Devastated, Fernand died a few months later. Not long thereafter his nephew Jacques Lacloche would relaunch a jewelry business in his own name. With the firm intention of never going near a casino table.


L’Occident regarde vers l’Orient

Un bord de rivière sur laquelle glisse une jonque : le pavage des diamants évoquant le miroitement de l’eau ; des montagnes au lointain sont tracées en obsidienne tandis que des ­r ubis suggèrent les couleurs du crépuscule. Ce merveilleux bracelet de Lacloche Frères rappelle, évidemment, un paysage du Japon. L’iconographie du pays du Soleil-Levant a inspiré au joaillier les modèles les plus délicats. Le Museum of Fine Arts de Boston en possède un autre exemple : une broche qui appartenait à la reine Mary, épouse de George V d’Angleterre. Le bijou, pavé de diamants, est animé de fleurs de prunier, les branchages sculptés dans l’onyx, les fleurettes formées de rubis suiffés67. Quelle poésie… Les dessinateurs de Lacloche ont-ils vu l’Exposition d’art japonais proposée au Grand Palais, à Paris, en 1922 ? Sans doute. Elle a fait parler d’elle dans la presse. Un vent d’exotisme soufflait à nouveau sur la création en France. Il touchait tous les domaines de l’élégance : la haute couture, la parfumerie, la joaillerie. Sainte trinité de la frivolité. L’étincelle ? L’arrivée à Paris des Ballets russes en tournée. En 1909, la troupe menée par Serge de Diaghilev donne Cléopâtre au théâtre des Champs-Élysées, suivie de Schéhérazade, l’année suivante. Un triomphe. La mise en scène grandiose, les costumes et décors flamboyants de Léon Bakst, l’érotisme de la chorégraphie de Michel Fokine, Nijinski en esclave sensuel… Tout concourt au choc. Au xixe siècle, l’Orient, déjà, avait attiré les peintres voyageurs. Il ­séduit désormais les couturiers. D’autant que Baskt, le décorateur, le « Gauguin du théâtre », dessine aussi pour la mode ; il collabore avec Paul Poiret, puis Jeanne Paquin. Le spectacle à peine terminé, Poiret habille ses clientes de pantalons bouffants, de manteaux caftans, il les

Broche, platine, or, émail, diamants, rubis et onyx, vers 1925. Bijou offert par la reine Mary d’Angleterre, épouse de George V, à Angela Lascelles à l’occasion de son mariage, en 1952, avec l’honorable Gerald Lascelles. Boston, Museum of Fine Arts. William Francis Warden Fund. Brooch, platinum, gold, enamel, diamonds, rubies, and onyx, ca. 1925. Brooch offered by Queen Mary of England, the wife of George V, to Angela Lascelles for her marriage in 1952 to the honorable Gerald Lascelles. Boston, Museum of Fine Arts. William Francis Warden Fund.

The West looks toward the East 102

A junk glides along a river, the pavé diamonds evoking the mirror effect of the w ­ ater: r­emote mountains are traced in obsidian, while rubies suggest the colors of dusk. This ­marvelous Lacloche Frères bracelet clearly recalls a Japanese landscape. The iconography of the country of the Rising Sun inspired the jeweler’s most delicate models. The Museum of Fine Arts of Boston has another example: a brooch that belonged to Queen Mary, the wife of George V of England. The piece with pavé diamonds is enlivened by plum tree blossoms, the branches sculpted in onyx, the small flowers formed by buff-cut rubies.67 What poetry… Had the Lacloche designers seen the exhibition of Japanese art at the Grand Palais, in Paris, in 1922? They undoubtedly did, for the show was widely covered in the press. A breath of exoticism had once again wafted over creative design in France. It touched all the sectors of elegance: haute couture, perfumery, jewelry – the holy trinity of frivolity. The spark? The arrival in Paris of the Ballets Russes on tour. In 1909, the company led by Serge de Diaghilev performed Cleopatra at the Théâtre des Champs-Élysées, followed by Scheherazade the following year. It was a triumph. The staging was grandiose, the costumes and sets by Léon Bakst flamboyant, the choreography by Michel Fokine erotic and Nijinsky a most sensual slave… Everything conspired to shock. The East had already attracted traveling painters in the 19th century. It would henceforth seduce fashion designers. To such an e­ xtent that Bakst, the set designer and “Gauguin of the theater,” also designed for the realm of fashion: he worked with Paul Poiret, then Jeanne Paquin. Scarcely had the show ended than Poiret dressed his customers in harem pants and caftan coats and placed turbans on their


L’Occident regarde vers l’Orient

Un bord de rivière sur laquelle glisse une jonque : le pavage des diamants évoquant le miroitement de l’eau ; des montagnes au lointain sont tracées en obsidienne tandis que des ­r ubis suggèrent les couleurs du crépuscule. Ce merveilleux bracelet de Lacloche Frères rappelle, évidemment, un paysage du Japon. L’iconographie du pays du Soleil-Levant a inspiré au joaillier les modèles les plus délicats. Le Museum of Fine Arts de Boston en possède un autre exemple : une broche qui appartenait à la reine Mary, épouse de George V d’Angleterre. Le bijou, pavé de diamants, est animé de fleurs de prunier, les branchages sculptés dans l’onyx, les fleurettes formées de rubis suiffés67. Quelle poésie… Les dessinateurs de Lacloche ont-ils vu l’Exposition d’art japonais proposée au Grand Palais, à Paris, en 1922 ? Sans doute. Elle a fait parler d’elle dans la presse. Un vent d’exotisme soufflait à nouveau sur la création en France. Il touchait tous les domaines de l’élégance : la haute couture, la parfumerie, la joaillerie. Sainte trinité de la frivolité. L’étincelle ? L’arrivée à Paris des Ballets russes en tournée. En 1909, la troupe menée par Serge de Diaghilev donne Cléopâtre au théâtre des Champs-Élysées, suivie de Schéhérazade, l’année suivante. Un triomphe. La mise en scène grandiose, les costumes et décors flamboyants de Léon Bakst, l’érotisme de la chorégraphie de Michel Fokine, Nijinski en esclave sensuel… Tout concourt au choc. Au xixe siècle, l’Orient, déjà, avait attiré les peintres voyageurs. Il ­séduit désormais les couturiers. D’autant que Baskt, le décorateur, le « Gauguin du théâtre », dessine aussi pour la mode ; il collabore avec Paul Poiret, puis Jeanne Paquin. Le spectacle à peine terminé, Poiret habille ses clientes de pantalons bouffants, de manteaux caftans, il les

Broche, platine, or, émail, diamants, rubis et onyx, vers 1925. Bijou offert par la reine Mary d’Angleterre, épouse de George V, à Angela Lascelles à l’occasion de son mariage, en 1952, avec l’honorable Gerald Lascelles. Boston, Museum of Fine Arts. William Francis Warden Fund. Brooch, platinum, gold, enamel, diamonds, rubies, and onyx, ca. 1925. Brooch offered by Queen Mary of England, the wife of George V, to Angela Lascelles for her marriage in 1952 to the honorable Gerald Lascelles. Boston, Museum of Fine Arts. William Francis Warden Fund.

The West looks toward the East 102

A junk glides along a river, the pavé diamonds evoking the mirror effect of the w ­ ater: r­emote mountains are traced in obsidian, while rubies suggest the colors of dusk. This ­marvelous Lacloche Frères bracelet clearly recalls a Japanese landscape. The iconography of the country of the Rising Sun inspired the jeweler’s most delicate models. The Museum of Fine Arts of Boston has another example: a brooch that belonged to Queen Mary, the wife of George V of England. The piece with pavé diamonds is enlivened by plum tree blossoms, the branches sculpted in onyx, the small flowers formed by buff-cut rubies.67 What poetry… Had the Lacloche designers seen the exhibition of Japanese art at the Grand Palais, in Paris, in 1922? They undoubtedly did, for the show was widely covered in the press. A breath of exoticism had once again wafted over creative design in France. It touched all the sectors of elegance: haute couture, perfumery, jewelry – the holy trinity of frivolity. The spark? The arrival in Paris of the Ballets Russes on tour. In 1909, the company led by Serge de Diaghilev performed Cleopatra at the Théâtre des Champs-Élysées, followed by Scheherazade the following year. It was a triumph. The staging was grandiose, the costumes and sets by Léon Bakst flamboyant, the choreography by Michel Fokine erotic and Nijinsky a most sensual slave… Everything conspired to shock. The East had already attracted traveling painters in the 19th century. It would henceforth seduce fashion designers. To such an e­ xtent that Bakst, the set designer and “Gauguin of the theater,” also designed for the realm of fashion: he worked with Paul Poiret, then Jeanne Paquin. Scarcely had the show ended than Poiret dressed his customers in harem pants and caftan coats and placed turbans on their


Bracelet articulé, rubis, diamants, émeraudes, obsidienne, platine et or blanc. Fabrication Magloire Chenu, vers 1925. Écrin d’origine en cuir vert. Collection privée. Montre-bracelet, diamants, rubis, saphirs, émeraudes en cabochons et platine, vers 1925. Collection Faerber. Page de droite Paire de pendants d’oreilles, onyx, diamants, rubis, émeraudes, saphirs, vers 1925. Courtesy Christie’s. Bague, diamants, saphirs, émeraudes, rubis, onyx et platine, vers 1925. Collection privée.

Pair of ear pendantss, onyx, diamonds, rubies, emeralds, sapphires, ca. 1925. Courtesy Christie’s. Ring, diamonds, sapphires, emeralds, rubies, onyx, and platinum, ca. 1925. Private collection. Opposite Articulated bracelet, rubies, diamonds, emeralds, obsidian, platinum, and white gold. Made by Magloire Chenu, ca. 1925. Original jewelry case in green leather. Private collection. Wristwatch, diamonds, cabochon rubies, sapphires, emeralds, and platinum, ca. 1925. Collection Faerber.


Bracelet articulé, rubis, diamants, émeraudes, obsidienne, platine et or blanc. Fabrication Magloire Chenu, vers 1925. Écrin d’origine en cuir vert. Collection privée. Montre-bracelet, diamants, rubis, saphirs, émeraudes en cabochons et platine, vers 1925. Collection Faerber. Page de droite Paire de pendants d’oreilles, onyx, diamants, rubis, émeraudes, saphirs, vers 1925. Courtesy Christie’s. Bague, diamants, saphirs, émeraudes, rubis, onyx et platine, vers 1925. Collection privée.

Pair of ear pendantss, onyx, diamonds, rubies, emeralds, sapphires, ca. 1925. Courtesy Christie’s. Ring, diamonds, sapphires, emeralds, rubies, onyx, and platinum, ca. 1925. Private collection. Opposite Articulated bracelet, rubies, diamonds, emeralds, obsidian, platinum, and white gold. Made by Magloire Chenu, ca. 1925. Original jewelry case in green leather. Private collection. Wristwatch, diamonds, cabochon rubies, sapphires, emeralds, and platinum, ca. 1925. Collection Faerber.


Robes de Paul Poiret d’inspiration chinoise. Photographies parues dans Femina, juillet 1922. Le « Bal chinois » à l’Opéra de Paris. Photographie parue dans Vogue, août 1923. Page de droite André-Edouard Marty, Le Dîner au château. Illustration parue dans la Gazette du bon ton no 6, 1921. Double page suivante À gauche, Georges Barbier, La Paresse, 1925. Illustration parue dans Falbalas et fanfreluches. Almanach des modes présentes, passées et futures, France, 1925. Fumer dans les salons est du dernier chic et représente le comble de la volupté.

coiffe de turbans. En juin 1911, le dispendieux créateur convoque trois cents personnalités triées sur le volet dans son hôtel ­particulier parisien, rue d’Antin, pour une fête baptisée « La mille et deuxième nuit ». Elle restera légendaire. Paul reçoit costumé en pacha, son épouse, sa muse, salue les convives depuis une cage dorée où il l’a enfermée. À chacune de ses invitées, Poiret le Magnifique offre un ­flacon de Nuit persane. Les senteurs que va lancer ce génie, premier couturier à commercialiser des parfums, fleurent bon les rivages lointains ; elles sont ­baptisées Le Minaret, Aladin, Maharadjah… Poiret fait des émules. Un an plus tard, la comtesse de Chabrillan, née Lévis-Mirepoix, donne, elle aussi, une fête persane. « Le succès en fut si éclatant qu’il influa sur nos atours du soir », déclare la revue Les Modes 68. La joaillerie, à son tour, tire une leçon des Ballets russes. Les décors de Schéhérazade avaient étourdi le public par la richesse de leurs coloris : un rideau vert se levant sur un ­harem, des piliers orange, des portes bleues… Les artisans de la parure osent les couleurs ! Soudain, l’émeraude côtoie le saphir. Mariage audacieux. Les pierres précieuses voisinent avec les pierres fines, les joailliers ayant découvert une polychromie originale dans l’aigue-marine, l’améthyste, la turquoise.

À droite, pendentif Pomme de pin, agate jaune d’or, brillants, émeraudes, rubis et onyx, dessin à la gouache. Broche, agate jaune d’or, onyx, brillants, émeraudes et rubis, dessin à la gouache. Bracelet souple, saphirs, rubis, émeraudes taillées en cabochons, brillants et baguettes, dessin à la gouache. Ces trois créations ont été présentées par Lacloche Frères à l’Exposition internationale de 1925 à Paris. Archives Van Cleef & Arpels.

Dresses by Paul Poiret of Chinese inspiration. Photographs published in Femina, July 1922. The “Chinese ball” at the Paris Opera. Photograph published in Vogue, August 1923. Right-hand page André-Edouard Marty, Le Dîner au château. Illustration published in the Gazette du bon ton no. 6, 1921. Following pages Left, Georges Barbier, La Paresse, 1925. Illustration published in Falbalas et fanfreluches. Almanach des modes présentes, passées et futures, France, 1925. Smoking in the salons was the dernier cri and represented the height of voluptuousness. Right, Pine Cone pendant, golden yellow agate, brilliants, emeralds, rubies, and onyx, gouache drawing. Brooch, golden yellow agate, onyx, brilliants, emeralds and rubies, gouache drawing. Supple bracelet, rubies, sapphires, cabochon emeralds, brilliant and baguettecut diamonds, gouache drawing. These three creations were presented by Lacloche Frères at the 1925 Exposition internationale in Paris. Archives Van Cleef & Arpels.

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heads. In June 1911, the extravagant designer invited 300 handpicked personalities to his private mansion on the rue d’Antin, Paris, for a party called “The thousand and second night.” It would become legendary. Paul received his guests dressed as a pasha, his wife, his muse, greeted them from the gilded cage in which he had confined her. Poiret the Magnificent gave each of his guests a flacon of Nuit persane. The fragrances that would launch this ­genius, the first couturier to sell perfumes, evoked faraway shores: they were called Le Minaret, Aladin, Maharadjah… And Poiret was emulated. A year later the countess of Chabrillan, born LévisMirepoix, also threw a Persian gala. “Its success was so great that it influenced our evening attire,” declared the magazine Les Modes.68 Jewelry in its turn learned from the Ballets Russes. The sets of Scheherazade had dazzled the audiences by the richness of their colors: a green curtain rising on a harem, o ­ range ­pillars, blue doors… Jewelry craftsmen then dared to mix colors! Suddenly, an emerald found itself next to a sapphire, an audacious marriage. Semi-precious stones were combined with precious ones, the jewelers having discovered an original polychromy in aquamarine, amethyst, and turquoise.


Robes de Paul Poiret d’inspiration chinoise. Photographies parues dans Femina, juillet 1922. Le « Bal chinois » à l’Opéra de Paris. Photographie parue dans Vogue, août 1923. Page de droite André-Edouard Marty, Le Dîner au château. Illustration parue dans la Gazette du bon ton no 6, 1921. Double page suivante À gauche, Georges Barbier, La Paresse, 1925. Illustration parue dans Falbalas et fanfreluches. Almanach des modes présentes, passées et futures, France, 1925. Fumer dans les salons est du dernier chic et représente le comble de la volupté.

coiffe de turbans. En juin 1911, le dispendieux créateur convoque trois cents personnalités triées sur le volet dans son hôtel ­particulier parisien, rue d’Antin, pour une fête baptisée « La mille et deuxième nuit ». Elle restera légendaire. Paul reçoit costumé en pacha, son épouse, sa muse, salue les convives depuis une cage dorée où il l’a enfermée. À chacune de ses invitées, Poiret le Magnifique offre un ­flacon de Nuit persane. Les senteurs que va lancer ce génie, premier couturier à commercialiser des parfums, fleurent bon les rivages lointains ; elles sont ­baptisées Le Minaret, Aladin, Maharadjah… Poiret fait des émules. Un an plus tard, la comtesse de Chabrillan, née Lévis-Mirepoix, donne, elle aussi, une fête persane. « Le succès en fut si éclatant qu’il influa sur nos atours du soir », déclare la revue Les Modes 68. La joaillerie, à son tour, tire une leçon des Ballets russes. Les décors de Schéhérazade avaient étourdi le public par la richesse de leurs coloris : un rideau vert se levant sur un ­harem, des piliers orange, des portes bleues… Les artisans de la parure osent les couleurs ! Soudain, l’émeraude côtoie le saphir. Mariage audacieux. Les pierres précieuses voisinent avec les pierres fines, les joailliers ayant découvert une polychromie originale dans l’aigue-marine, l’améthyste, la turquoise.

À droite, pendentif Pomme de pin, agate jaune d’or, brillants, émeraudes, rubis et onyx, dessin à la gouache. Broche, agate jaune d’or, onyx, brillants, émeraudes et rubis, dessin à la gouache. Bracelet souple, saphirs, rubis, émeraudes taillées en cabochons, brillants et baguettes, dessin à la gouache. Ces trois créations ont été présentées par Lacloche Frères à l’Exposition internationale de 1925 à Paris. Archives Van Cleef & Arpels.

Dresses by Paul Poiret of Chinese inspiration. Photographs published in Femina, July 1922. The “Chinese ball” at the Paris Opera. Photograph published in Vogue, August 1923. Right-hand page André-Edouard Marty, Le Dîner au château. Illustration published in the Gazette du bon ton no. 6, 1921. Following pages Left, Georges Barbier, La Paresse, 1925. Illustration published in Falbalas et fanfreluches. Almanach des modes présentes, passées et futures, France, 1925. Smoking in the salons was the dernier cri and represented the height of voluptuousness. Right, Pine Cone pendant, golden yellow agate, brilliants, emeralds, rubies, and onyx, gouache drawing. Brooch, golden yellow agate, onyx, brilliants, emeralds and rubies, gouache drawing. Supple bracelet, rubies, sapphires, cabochon emeralds, brilliant and baguettecut diamonds, gouache drawing. These three creations were presented by Lacloche Frères at the 1925 Exposition internationale in Paris. Archives Van Cleef & Arpels.

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heads. In June 1911, the extravagant designer invited 300 handpicked personalities to his private mansion on the rue d’Antin, Paris, for a party called “The thousand and second night.” It would become legendary. Paul received his guests dressed as a pasha, his wife, his muse, greeted them from the gilded cage in which he had confined her. Poiret the Magnificent gave each of his guests a flacon of Nuit persane. The fragrances that would launch this ­genius, the first couturier to sell perfumes, evoked faraway shores: they were called Le Minaret, Aladin, Maharadjah… And Poiret was emulated. A year later the countess of Chabrillan, born LévisMirepoix, also threw a Persian gala. “Its success was so great that it influenced our evening attire,” declared the magazine Les Modes.68 Jewelry in its turn learned from the Ballets Russes. The sets of Scheherazade had dazzled the audiences by the richness of their colors: a green curtain rising on a harem, o ­ range ­pillars, blue doors… Jewelry craftsmen then dared to mix colors! Suddenly, an emerald found itself next to a sapphire, an audacious marriage. Semi-precious stones were combined with precious ones, the jewelers having discovered an original polychromy in aquamarine, amethyst, and turquoise.


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Flacon du parfum No1, lancé en 1954, et son écrin. Selon un article paru dans Vogue en décembre 1954, il existait un grand modèle et un petit pour sac. Collection Francis Lacloche.

Flacon of the perfume No1, launched in 1954, and its case. According to an article published in Vogue in December 1954, there was a large model and a small one for a handbag. Francis Lacloche collection.

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ex-mannequin, égérie de la maison Chanel, créatrice de mode. Le bon goût est-il héréditaire ? À propos de beauté, il faut aussi signaler la présence de Renée Perle, la compagne de Jacques-Henri Lartigue, sa muse, qu’il ne se lassait jamais de photographier. Jacques Lacloche participe à la vie cannoise. Il est le bijoutier officiel du Motor Yacht Club de la Côte d’Azur, ou Mycca. C’est lui qui fournit les colifichets, les médailles, les coupes, qu’il fait fabriquer par Ravinet d’Enfert, destinés aux vainqueurs des compétitions de la Quinzaine motonautique123. Ces récompenses sont distribuées lors d’une soirée de gala à l’hôtel Martinez, une « Nuit merveilleuse » que président le prince souverain de Monaco et Son Altesse Karim Aga Khan. Événement idéal pour croiser d’éventuels acheteurs… Petite parenthèse au chapitre du sport : Jacques Lacloche signe également le trophée du prix Kergorlay, qui récompense une course hippique disputée à Deauville. Dans les années 1950, Jacques Lacloche a donc le vent en poupe. Il s’offre le luxe de l­ancer un parfum, première initiative du genre de la part d’un bijoutier. La maison Cartier, qui y avait songé et avait déposé la marque « Parfums Cartier » en 1938, renonça à ce projet avant la guerre124. La senteur de Lacloche s’intitule N°1, et son flacon a la forme… d’une cloche ! Comme le montre Vogue 125, il se présente en deux tailles, un grand modèle et un flacon pour le sac. Cette même année de 1954, Jacques Lacloche édite un autre parfum, baptisé Yla, que le prince Ali Khan souhaite offrir à ses invitées le soir du Grand Prix126. Le bouchon de la bouteille représente une tête de cheval. Cannes est une fête. Deux ans plus tard, événement mondial, Rainier III, prince de Monaco, épouse une célèbre actrice de Hollywood : la ravissante et si racée Grace Kelly. Non seulement Jacques est convié au mariage, mais il a réalisé plusieurs bijoux que son ami Rainier dédie à sa dulcinée : un clip en diamants orné d’un impressionnant saphir et des clips d’oreilles sertis de diamants et saphirs

quise de La Fressange also appears in the stock books: “My grandmother liked jewelry a lot,” confirms her descendant, the elegant Inès de La Fressange, former model, icon of the Chanel firm, and fashion designer. Is good taste hereditary? As for beauty, we should also point out the presence of Renée Perle, the companion of Jacques-Henri Lartigue, his muse, whom he never tired of photographing. Jacques Lacloche participated in the social life of Cannes. He was the official ­jeweler of the Motor Yacht Club of the Côte d’Azur, or MYCCA. He supplied it with trinkets, medals, and cups that he had made by Ravinet d’Enfert, intended for the winners of the Quinzaine motonautique competitions.123 These awards were distributed at a gala evening at the Martinez hotel, a “Wonderful night” at which the sovereign prince of Monaco and His Highness Karim Aga Khan presided. It was an ideal event for running into possible buyers… A small aside in the chapter of the sport: Jacques Lacloche also created the trophy for the Kergorlay Prize, which graced the winner of the hotly contested horse race in Deauville. In the 1950s, therefore, Jacques Lacloche was riding high. He afforded himself the ­luxury of launching a perfume, the first initiative of this kind from a jeweler. The Cartier firm, which had considered it and trademarked “Parfums Cartier” in 1938, abandoned their project before the war.124 The Lacloche scent was called N°1 and its flacon had the shape… of a bell! [la cloche means “bell” in French] As Vogue records,125 it came in two sizes, a large model and a purse-sized flacon. That same year, 1954, Jacques Lacloche came out with ­a nother perfume, called Yla, which Prince Ali Khan offered to his guests on the evening of the Grand Prix.126 The cap of the bottle represented a horse’s head. Cannes was a riot. Two years later, prince of Monaco Rainier III married a famous Hollywood actress: the ravishing and elegant Grace Kelly. It was an event followed worldwide. Not only was Jacques invited to the wedding, but he made several pieces of jewelry that his friend Rainier


Flacon du parfum No1, lancé en 1954, et son écrin. Selon un article paru dans Vogue en décembre 1954, il existait un grand modèle et un petit pour sac. Collection Francis Lacloche.

Flacon of the perfume No1, launched in 1954, and its case. According to an article published in Vogue in December 1954, there was a large model and a small one for a handbag. Francis Lacloche collection.

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ex-mannequin, égérie de la maison Chanel, créatrice de mode. Le bon goût est-il héréditaire ? À propos de beauté, il faut aussi signaler la présence de Renée Perle, la compagne de Jacques-Henri Lartigue, sa muse, qu’il ne se lassait jamais de photographier. Jacques Lacloche participe à la vie cannoise. Il est le bijoutier officiel du Motor Yacht Club de la Côte d’Azur, ou Mycca. C’est lui qui fournit les colifichets, les médailles, les coupes, qu’il fait fabriquer par Ravinet d’Enfert, destinés aux vainqueurs des compétitions de la Quinzaine motonautique123. Ces récompenses sont distribuées lors d’une soirée de gala à l’hôtel Martinez, une « Nuit merveilleuse » que président le prince souverain de Monaco et Son Altesse Karim Aga Khan. Événement idéal pour croiser d’éventuels acheteurs… Petite parenthèse au chapitre du sport : Jacques Lacloche signe également le trophée du prix Kergorlay, qui récompense une course hippique disputée à Deauville. Dans les années 1950, Jacques Lacloche a donc le vent en poupe. Il s’offre le luxe de l­ancer un parfum, première initiative du genre de la part d’un bijoutier. La maison Cartier, qui y avait songé et avait déposé la marque « Parfums Cartier » en 1938, renonça à ce projet avant la guerre124. La senteur de Lacloche s’intitule N°1, et son flacon a la forme… d’une cloche ! Comme le montre Vogue 125, il se présente en deux tailles, un grand modèle et un flacon pour le sac. Cette même année de 1954, Jacques Lacloche édite un autre parfum, baptisé Yla, que le prince Ali Khan souhaite offrir à ses invitées le soir du Grand Prix126. Le bouchon de la bouteille représente une tête de cheval. Cannes est une fête. Deux ans plus tard, événement mondial, Rainier III, prince de Monaco, épouse une célèbre actrice de Hollywood : la ravissante et si racée Grace Kelly. Non seulement Jacques est convié au mariage, mais il a réalisé plusieurs bijoux que son ami Rainier dédie à sa dulcinée : un clip en diamants orné d’un impressionnant saphir et des clips d’oreilles sertis de diamants et saphirs

quise de La Fressange also appears in the stock books: “My grandmother liked jewelry a lot,” confirms her descendant, the elegant Inès de La Fressange, former model, icon of the Chanel firm, and fashion designer. Is good taste hereditary? As for beauty, we should also point out the presence of Renée Perle, the companion of Jacques-Henri Lartigue, his muse, whom he never tired of photographing. Jacques Lacloche participated in the social life of Cannes. He was the official ­jeweler of the Motor Yacht Club of the Côte d’Azur, or MYCCA. He supplied it with trinkets, medals, and cups that he had made by Ravinet d’Enfert, intended for the winners of the Quinzaine motonautique competitions.123 These awards were distributed at a gala evening at the Martinez hotel, a “Wonderful night” at which the sovereign prince of Monaco and His Highness Karim Aga Khan presided. It was an ideal event for running into possible buyers… A small aside in the chapter of the sport: Jacques Lacloche also created the trophy for the Kergorlay Prize, which graced the winner of the hotly contested horse race in Deauville. In the 1950s, therefore, Jacques Lacloche was riding high. He afforded himself the ­luxury of launching a perfume, the first initiative of this kind from a jeweler. The Cartier firm, which had considered it and trademarked “Parfums Cartier” in 1938, abandoned their project before the war.124 The Lacloche scent was called N°1 and its flacon had the shape… of a bell! [la cloche means “bell” in French] As Vogue records,125 it came in two sizes, a large model and a purse-sized flacon. That same year, 1954, Jacques Lacloche came out with ­a nother perfume, called Yla, which Prince Ali Khan offered to his guests on the evening of the Grand Prix.126 The cap of the bottle represented a horse’s head. Cannes was a riot. Two years later, prince of Monaco Rainier III married a famous Hollywood actress: the ravishing and elegant Grace Kelly. It was an event followed worldwide. Not only was Jacques invited to the wedding, but he made several pieces of jewelry that his friend Rainier


t­ aillés en baguettes. Des pierres bleues assorties à la couleur des yeux de la beauté blonde. L’Espoir de Nice dévoile le scoop, le 21 avril 1956127 : « Avant de partir en voyage de noces, le prince Rainier a accepté que son bijoutier personnel, Jacques Lacloche, communique les dessins des deux ­bijoux qu’il a offerts à la princesse. » Le Journal du dimanche ne veut pas être en reste : « C’est quelques minutes après les départs du yacht princier de Monaco que Grace Kelly a ­trouvé dans sa ­cabine un écrin contenant les deux boucles d’oreilles et le clip », révèle le quotidien ­national, le ­lendemain128. De joie, on sanglote dans les chaumières. Décidément, Jacques Lacloche est au cœur des histoires d’amour cinématographiques. Le joaillier, qui a par ailleurs ouvert un bureau de représentation à Casablanca, au Maroc, vend des bijoux au Glaoui. Fils du pacha de Marrakech, Si Brahim El Glaoui raffole des stars. Venu assister au tournage de La Rose noire dans les dunes de l’Atlas marocain, il rencontre Cécile Aubry, qui partage l’affiche du film avec Orson Welles et Tyrone Power. Elle est blonde comme les blés. Il est sombre de peau. Coup de foudre. Ils convolent en secret. L’union avec une chrétienne est ­quasiment un crime. Le Glaoui, « aussi généreux qu’un prince d’Orient129 », choisit plusieurs parures chez Lacloche. Si le mariage fait long feu – trois ans à peine –, ils auront un fils, Medhi, promis à un avenir glorieux : il sera le héros du feuilleton télévisé que Cécile Aubry va écrire et réaliser, Belle et Sébastien. Voici les années 1960. Révolution chez Jacques Lacloche. Tandis que le magasin de la place Vendôme continue à présenter des parures au rez-de-chaussée, le commerçant dédie son ­premier étage à des expositions d’art plastique. Jacques est sur le point d’abandonner le monde des paillettes. Il va se tourner vers la création artistique contemporaine et l’édition de design, et, pour cela, créer une galerie. À l’âge où d’aucuns prennent leur retraite, Jacques Lacloche aborde une nouvelle carrière.

­ edicated to his beloved: a diamond clip decorated with an impressive sapphire, and ear clips d set with diamonds and baguette-cut sapphires. The blue stones matched the color of the blond beauty’s eyes. L’Espoir de Nice revealed the scoop on April 21, 1956:127 “Before leaving on their honeymoon, Prince Rainier allowed his personal jeweler, Jacques Lacloche, to communicate the drawings of the two pieces of jewelry that he offered the princess.” Le Journal du Dimanche did not want to be outdone: “A few minutes after the departure of the royal yacht of Monaco, Grace Kelly found in her cabin a case containing the two earrings and the clip,” the national daily revealed the next day.128 In their own humble dwellings, the people sobbed with joy. Jacques Lacloche was squarely at the heart of cinematographic love stories. The dealer, who had meanwhile opened a branch office in Casablanca, Morocco, sold jewels to El Glaoui. Son of the pasha of Marrakech, Si Brahim El Glaoui was mad about movie stars. When he attended the shooting of The Black Rose in the dunes of the Moroccan Atlas mountains, he met Cécile Aubry, who shared the film’s billing with Orson Welles and Tyrone Power. She was a honey blond. He had dark skin. It was love at first sight. They eloped in secret. Marrying a Christian was almost a crime. El Glaoui, “as generous as an Oriental prince,”129 chose several pieces of jewelry at Lacloche. Although the marriage petered out – it lasted barely three years – they would have a son, Medhi, destined for a glorious future: he would be the hero of the TV soap opera Belle et Sébastien, which Cécile Aubry would write and direct. We are now in the 1960s. For Jacques Lacloche, years of revolution. Whereas the store on the place Vendôme continued to present jewelry on the ground floor, the jeweler dedicated the floor above to exhibitions of Beaux Arts. Jacques was on the point of abandoning the world of the glitterati. He would turn to contemporary artistic creation and issue design pieces, and to do so he created a gallery. At an age when some people retire, Jacques Lacloche launched himself on a new career.

Pendule, cuir piqué sellier et métal doré et gravé, années 1960. Le trophée commémore le prix Kergorlay, épreuve hippique disputée à Deauville. Collection privée. Page de gauche Broche en diamants et saphirs commandée par le prince Rainier III de Monaco à l’occasion de son mariage avec Grace Kelly, en 1956. Archives du Palais de Monaco.

Clock, leather with saddler’s stitch and gilded and engraved metal, 1960s. The trophy commemorated the Kergorlay prize, a horse race held at Deauville. Private collection. Left-hand page Brooch in diamonds and sapphires commissioned by Prince Rainier III of Monaco for his marriage to Grace Kelly in 1956. Archives du Palais de Monaco.

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t­ aillés en baguettes. Des pierres bleues assorties à la couleur des yeux de la beauté blonde. L’Espoir de Nice dévoile le scoop, le 21 avril 1956127 : « Avant de partir en voyage de noces, le prince Rainier a accepté que son bijoutier personnel, Jacques Lacloche, communique les dessins des deux ­bijoux qu’il a offerts à la princesse. » Le Journal du dimanche ne veut pas être en reste : « C’est quelques minutes après les départs du yacht princier de Monaco que Grace Kelly a ­trouvé dans sa ­cabine un écrin contenant les deux boucles d’oreilles et le clip », révèle le quotidien ­national, le ­lendemain128. De joie, on sanglote dans les chaumières. Décidément, Jacques Lacloche est au cœur des histoires d’amour cinématographiques. Le joaillier, qui a par ailleurs ouvert un bureau de représentation à Casablanca, au Maroc, vend des bijoux au Glaoui. Fils du pacha de Marrakech, Si Brahim El Glaoui raffole des stars. Venu assister au tournage de La Rose noire dans les dunes de l’Atlas marocain, il rencontre Cécile Aubry, qui partage l’affiche du film avec Orson Welles et Tyrone Power. Elle est blonde comme les blés. Il est sombre de peau. Coup de foudre. Ils convolent en secret. L’union avec une chrétienne est ­quasiment un crime. Le Glaoui, « aussi généreux qu’un prince d’Orient129 », choisit plusieurs parures chez Lacloche. Si le mariage fait long feu – trois ans à peine –, ils auront un fils, Medhi, promis à un avenir glorieux : il sera le héros du feuilleton télévisé que Cécile Aubry va écrire et réaliser, Belle et Sébastien. Voici les années 1960. Révolution chez Jacques Lacloche. Tandis que le magasin de la place Vendôme continue à présenter des parures au rez-de-chaussée, le commerçant dédie son ­premier étage à des expositions d’art plastique. Jacques est sur le point d’abandonner le monde des paillettes. Il va se tourner vers la création artistique contemporaine et l’édition de design, et, pour cela, créer une galerie. À l’âge où d’aucuns prennent leur retraite, Jacques Lacloche aborde une nouvelle carrière.

­ edicated to his beloved: a diamond clip decorated with an impressive sapphire, and ear clips d set with diamonds and baguette-cut sapphires. The blue stones matched the color of the blond beauty’s eyes. L’Espoir de Nice revealed the scoop on April 21, 1956:127 “Before leaving on their honeymoon, Prince Rainier allowed his personal jeweler, Jacques Lacloche, to communicate the drawings of the two pieces of jewelry that he offered the princess.” Le Journal du Dimanche did not want to be outdone: “A few minutes after the departure of the royal yacht of Monaco, Grace Kelly found in her cabin a case containing the two earrings and the clip,” the national daily revealed the next day.128 In their own humble dwellings, the people sobbed with joy. Jacques Lacloche was squarely at the heart of cinematographic love stories. The dealer, who had meanwhile opened a branch office in Casablanca, Morocco, sold jewels to El Glaoui. Son of the pasha of Marrakech, Si Brahim El Glaoui was mad about movie stars. When he attended the shooting of The Black Rose in the dunes of the Moroccan Atlas mountains, he met Cécile Aubry, who shared the film’s billing with Orson Welles and Tyrone Power. She was a honey blond. He had dark skin. It was love at first sight. They eloped in secret. Marrying a Christian was almost a crime. El Glaoui, “as generous as an Oriental prince,”129 chose several pieces of jewelry at Lacloche. Although the marriage petered out – it lasted barely three years – they would have a son, Medhi, destined for a glorious future: he would be the hero of the TV soap opera Belle et Sébastien, which Cécile Aubry would write and direct. We are now in the 1960s. For Jacques Lacloche, years of revolution. Whereas the store on the place Vendôme continued to present jewelry on the ground floor, the jeweler dedicated the floor above to exhibitions of Beaux Arts. Jacques was on the point of abandoning the world of the glitterati. He would turn to contemporary artistic creation and issue design pieces, and to do so he created a gallery. At an age when some people retire, Jacques Lacloche launched himself on a new career.

Pendule, cuir piqué sellier et métal doré et gravé, années 1960. Le trophée commémore le prix Kergorlay, épreuve hippique disputée à Deauville. Collection privée. Page de gauche Broche en diamants et saphirs commandée par le prince Rainier III de Monaco à l’occasion de son mariage avec Grace Kelly, en 1956. Archives du Palais de Monaco.

Clock, leather with saddler’s stitch and gilded and engraved metal, 1960s. The trophy commemorated the Kergorlay prize, a horse race held at Deauville. Private collection. Left-hand page Brooch in diamonds and sapphires commissioned by Prince Rainier III of Monaco for his marriage to Grace Kelly in 1956. Archives du Palais de Monaco.

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Bracelet ruban ouvrant, platine, brillants et diamants baguettes, 1936. Fabrication Verger. Variante en or rouge serti de rubis et brillants et en or jaune serti de saphirs et brillants. Collection privée. Page de droite, de haut en bas, de gauche à droite Clip, diamants et platine, signé J. Lacloche Cannes, 1933. Collection privée. Double clip, brillants, diamants baguettes, platine, fabriqué par Rubel Frères pour Jacques Lacloche, 1936. Courtesy Christie’s. Broche, diamants et platine, signée Lacloche, vers 1930. Londres, Wartski.

Opening ribbon bracelet, platinum, brilliants, and baguette diamonds, 1936. Made by Verger. Variant in pink gold set with rubies and brilliants and in yellow gold set with sapphires and brilliants. Private collection. Right-hand page, top to bottom, left to right Clip, diamonds and platinum, signed J. Lacloche Cannes, 1933. Private collection. Double clip, brilliants, baguette diamonds, platinum, made by Rubel Frères for Jacques Lacloche, 1936. Courtesy Christie’s. Brooch, diamonds and platinum, signed Lacloche, ca. 1930. London, Wartski.


Bracelet ruban ouvrant, platine, brillants et diamants baguettes, 1936. Fabrication Verger. Variante en or rouge serti de rubis et brillants et en or jaune serti de saphirs et brillants. Collection privée. Page de droite, de haut en bas, de gauche à droite Clip, diamants et platine, signé J. Lacloche Cannes, 1933. Collection privée. Double clip, brillants, diamants baguettes, platine, fabriqué par Rubel Frères pour Jacques Lacloche, 1936. Courtesy Christie’s. Broche, diamants et platine, signée Lacloche, vers 1930. Londres, Wartski.

Opening ribbon bracelet, platinum, brilliants, and baguette diamonds, 1936. Made by Verger. Variant in pink gold set with rubies and brilliants and in yellow gold set with sapphires and brilliants. Private collection. Right-hand page, top to bottom, left to right Clip, diamonds and platinum, signed J. Lacloche Cannes, 1933. Private collection. Double clip, brilliants, baguette diamonds, platinum, made by Rubel Frères for Jacques Lacloche, 1936. Courtesy Christie’s. Brooch, diamonds and platinum, signed Lacloche, ca. 1930. London, Wartski.


Bracelet, galalithe, émail et or jaune, vers 1930, signé Lacloche Frères. Courtesy Symbolic & Chase, Londres. Bracelet, cornaline, laque et or, vers 1930, signé Lacloche Frères. Courtesy Sotheby’s.

De haut en bas Bracelet, or gris, or jaune, saphirs et diamants, vers 1930, signé Lacloche Frères. Fabrication Lenfant. Collection privée. Bracelet or jaune, chrysoprases, aigues-marines et diamants, signé Lacloche Frères, vers 1930. Archives Arwas. Bracelet, or gris, or jaune et saphirs, signé Lacloche Frères, vers 1930. Fabrication Lenfant. Archives Arwas.

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Bracelet, galalith, enamel, and yellow gold, ca. 1930, signed Lacloche Frères. Courtesy Symbolic & Chase, London. Bracelet, carnelian, lacquer, and gold, ca. 1930, signed Lacloche Frères. Courtesy Sotheby’s.

Bracelet, white gold, yellow gold, sapphires, and diamonds, ca. 1930, signed Lacloche Frères. Made by Lenfant. Private collection. Bracelet, yellow gold, chrysoprases, aquamarines, and diamonds, signed Lacloche Frères, ca. 1930. Archives Arwas. Bracelet, white gold, yellow gold, and sapphires, signed Lacloche Frères, ca. 1930. Made by Lenfant. Archives Arwas.


Bracelet, galalithe, émail et or jaune, vers 1930, signé Lacloche Frères. Courtesy Symbolic & Chase, Londres. Bracelet, cornaline, laque et or, vers 1930, signé Lacloche Frères. Courtesy Sotheby’s.

De haut en bas Bracelet, or gris, or jaune, saphirs et diamants, vers 1930, signé Lacloche Frères. Fabrication Lenfant. Collection privée. Bracelet or jaune, chrysoprases, aigues-marines et diamants, signé Lacloche Frères, vers 1930. Archives Arwas. Bracelet, or gris, or jaune et saphirs, signé Lacloche Frères, vers 1930. Fabrication Lenfant. Archives Arwas.

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Bracelet, galalith, enamel, and yellow gold, ca. 1930, signed Lacloche Frères. Courtesy Symbolic & Chase, London. Bracelet, carnelian, lacquer, and gold, ca. 1930, signed Lacloche Frères. Courtesy Sotheby’s.

Bracelet, white gold, yellow gold, sapphires, and diamonds, ca. 1930, signed Lacloche Frères. Made by Lenfant. Private collection. Bracelet, yellow gold, chrysoprases, aquamarines, and diamonds, signed Lacloche Frères, ca. 1930. Archives Arwas. Bracelet, white gold, yellow gold, and sapphires, signed Lacloche Frères, ca. 1930. Made by Lenfant. Archives Arwas.


Albion Art Jewelry Institute/Tsuneharu Doi 57, 81, 114h, 138b, 162h

Crédits photographiques / Picture crédits

Benjamin Chelly 20, 29, 51b, 72, 75h et b, 101hg et bd, 104g, 118-119, 120, 131, 192d, 193, 195b, 205m, 209h et mg, 218, 219, 224, 225h, 229h, 230m, 234, 249, 255, 260, 261, 292-295, 303m, 308bg Christie’s Images Limited, 2019 22, 69, 74h, 194md, 198hd, 199h, 199b, 208b, 256 A. C. Cooper Ltd. 33, 132h, 141d, 223 David Behl 1-16, 32, 38, 58m, 109hg et b, 117h, 149, 155, 156, 157, 159, 160, 165b, 166hd, m et b, 167m et b, 168, 169h et bg, 170, 173h, 174, 176hg et bd, 177, 178, 180m David Fraga Photography 25, 204b, 205b, 207h, 222, 237d, 254, 314 David Kosmin 237d Deweggis 75m, 221, 240, 241 Diode SA – A Vanity Affair, Rizzoli 123, 132b, 139b, 143h, 144m, 145h, 185 Doug Rosa 110, 111g, 134g, 137, 138h, 141g, 147, 259 DR 46bd, 83, 93, 151 Enzo Mercedes 199mg, 229m et b Essex Global Trading Inc. 195hd Geoffroy Moufflet 220 Greg Polley 204m Henry Van Beek 54 Katharina Faerber 65h, 104d L.M. 109d, 117b, 133b, 165h, 166hg, 167h, 169bm et d, 171, 172, 173m et b, 175-177, 178hd et bg, 181, 182h et b Luc Pâris, courtesy Crait+Müller 227 Maxime Legrand 139d, 158h, 162b, 163 Ministère de la Culture-Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, Dist. RMNGrand Palais 82, 211 Nik Wickes 238b Oliver Tabanera for Stephen Russell 36, 161h Prudence Cuming Ltd. 85, 197, 206md et b, 225b, 233 R. Soriano 61hd Russel Starr/starrdigital.com 101 SquareMoose 146g, 189, 252 Studio Sebert courtesy Artcurial 208hg Studio Sebert, courtesy Drouot Estimations 71 The Cecil Beaton Studio Archive at Sotheby’s 99 Tonyfalcone.com 61bg, 105d, 114b, 115, 124bd, 183h Wilfried Rebré 318 Yann Girault 245d Yves Breton 319 © ADAGP, Paris, 2019, pour les œuvres de Philippe Hiquily, Charles Loupot, André Marty, Roger Tallon.

Coordination éditoriale Editorial coordination: Matthieu Flory

Révision anglaise English editing: Babel editing

Traduction anglaise English translation: Eileen Powis

Direction artistique, mise en pages Art direction and page setting: aplus.design

Révision française French editing: Marion Bello

ISBN 978-2-3766-6024-8 Achevé d'imprimer en octobre 2019 sur les presses d'OGM, Italie — Printed and bound in October 2019 by OGM, Italy © Éditions Norma, 2019 149 rue de Rennes, 75006 Paris France www.editions-norma.com


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