sommaire
L’odyséee du langage des fleurs Acacia Anémone Arum Aster Aubépine Azalée Bégonia Belladone Belle-de-nuit Bleuet Bourrache Bouton-d’or Bruyère Camélia Campanule Capucine Chardon Chèvrefeuille Chrysanthème Ciguë Citronnier Clématite Coquelicot Crocus Cyclamen
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Dahlia Digitale Edelweiss Églantine Géranium Giroflée Glaïeul Glycine Guimauve Héliotrope Hortensia Houx Ipomée Iris Jacinthe Jasmin Laurier-rose Lierre Lilas Lin Lis Liseron Lotus Marguerite Mimosa Muguet Narcisse Nénuphar Œillet
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O O P P P P P P P P P R R S S S T T T T V V V Z
P
AcAciA
Tendresse profonde, amour platonique
Son nom grec, akakia, qui signifie « épines », démontre que cet arbre a des armes pour se défendre. il fleurit toute l’année, embellissant les régions désertiques où il pousse. Le Romain Pline l’Ancien louait, au ier siècle, les vertus de cette espèce capable de repousser trois ans après avoir été coupée. En Égypte, on vénérait la variété Acacia nilotica, qu’on appelait « arbre de vie ». L’acacia peut en effet prospérer avec très peu d’eau. il offrait donc un abri précieux aux nomades et de la nourriture aux herbivores des régions désertiques. La mythologie raconte qu’Osiris est né sous son feuillage, et que l’esprit de ce dieu égyptien serait demeuré à l’intérieur d’un tronc d’acacia. D’ailleurs de nombreuses fresques de l’époque pharaonique le représentent devant un acacia stylisé. Acacia nilotica est aussi devenu sacré dans la culture hébraïque : le buisson ardent qui brûla devant Moïse en était un. Son bois précieux était également un matériau de prédilection pour les temples. Sa valeur a traversé l’histoire : depuis le Moyen Âge, on prête à cet arbre des propriétés purificatrices pour l’âme humaine. Des quelque 1 500 espèces qui existent dans le monde, les deux tiers vivent en Australie. L’une d’elles est d’ailleurs l’emblème national de ce pays. Dans le langage des fleurs, l’acacia blanc, ou rose, accompagne une déclaration d’amour secret et pur.
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e t il s s é a t e oe r s n é a as. e, r t e s m-
bOUTOn-D’OR Luxe
ce nom populaire désigne en réalité plusieurs espèces de renoncules. En allemand, on surnomme le boutond’or « fleur de beurre » (Butterblume) et en anglais, « bol de beurre » (buttercup), car ses pétales jaunes et brillants réfléchissent sur la peau une lumière qui évoque celle du beurre. Rapporté en France par les croisés, le bouton-d’or a toujours évoqué le luxe. Dans le langage des fleurs, il signifie : « Tu es radieuse et charmante, éblouissante, brillante. » Une légende en raconte l’origine mythologique. Ranonculus était un beau jeune homme, toujours brillamment vêtu de jaune et de vert, doué d’une voix mélodieuse et charmante. Un jour qu’il chantait pour un groupe de nymphes dans la forêt, il tomba en extase devant sa propre voix et mourut. Apollon, dieu de la Poésie et de la Musique, le transforma alors en la fleur qu’on connaît aujourd’hui. Le bouton-d’or parvint en Amérique avec les conquérants du nouveau Monde. il y gagna au passage un nouveau surnom, « yeux de coyote », faisant écho à une belle légende qui explique l’éclat jaune des prunelles de l’animal : les yeux crevés par un aigle, un coyote les recouvra sous forme de pétales de boutons-d’or.
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s nol le e e e, ie t, il il t. se s u e iu-
cHARDOn
Austérité, utilité
« Qui s’y frotte s’y pique » : c’est le chardon qui avait inspiré aux ducs de Lorraine cette maxime si célèbre. Les premiers chardons sont originaires d’Égypte. Les Égyptiens, comme les Grecs et les Romains, en consommaient les feuilles et les fleurs. Leurs pouvoirs magiques étaient censés assurer la naissance d’un garçon aux femmes enceintes, protéger des mauvais sorts et écarter les démons. Dans l’Encyclopédie, Diderot citait le chardon comme l’une des plantes servant à rendre hommage aux Érinyes, les déesses grecques de la Vengeance et du châtiment. Pour les chrétiens, cette plante épineuse est aussi le symbole de la douleur du christ et de la Vierge. Emblème de l’Écosse, le chardon participe à de nombreuses légendes. La plus célèbre se situe au xiiie siècle, au moment des invasions vikings. Elle raconte l’attaque ratée des troupes du roi Haakon de norvège sur les côtes de Largs. Ses soldats, qui approchaient en silence de la ville, se mirent en effet à hurler de douleur lorsqu’ils marchèrent sur des chardons, ce qui donna évidemment l’alerte aux troupes écossaises. cette mauvaise herbe écrit aujourd’hui un nouveau chapitre de son histoire : en Sardaigne, ses graines donnent une huile qui permet de fabriquer des sacs biodégradables.
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t e. s ms x re e a e u n e e e or e s. u s s
cHèVREFEUiLLE Amour sincère
La variété japonaise est aujourd’hui la plus connue, mais c’est en chine que serait née cette liane odorante et décorative, où une belle légende la met d’ailleurs en scène. Dans un village, vivaient, disait-on, deux sœurs jumelles, Fleur d’Or et Fleur d’Argent. La première tomba malade, mais la seconde ne voulut pas la quitter un instant, malgré les risques de contagion. Toutes deux moururent et furent enterrées côte à côte. Au printemps suivant, une plante couverte de fleurs aux petits sépales dorés et argentés poussa sur leur tombe : c’était un chèvrefeuille. La même année, deux autres sœurs jumelles du village furent atteintes du même mal, mais furent sauvées grâce à une décoction de fleurs du chèvrefeuille. cette plante fleurit par temps chaud et durant plusieurs mois. L’histoire de Daphnis et chloé donne une explication féerique de cette longue floraison. Les amoureux de cette célèbre légende grecque ne pouvaient en effet être réunis que lorsque la plante était en fleur. Aussi supplièrent-ils le dieu de l’Amour d’en prolonger la floraison, ce qui fut fait. Dans certains pays, apporter un bouquet de chèvrefeuille dans la maison annonce un mariage dans l’année. En Écosse, on en plantait autour des étables pour que les lianes protègent le bétail contre les sorcières.
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s t n s e r s u x : s l, u t ĂŠ ie e r s a e, s
HÉLiOTROPE
Passion, amour éternel
cette plante doit son nom à ses feuilles qui se tournent toujours vers le soleil. La mythologie grecque relie sa naissance à la nymphe clytie. Quand Hélios, dieu du Soleil, l’abandonna pour les beaux yeux de la princesse perse Leucothoé, dit la légende, la malheureuse se laissa dépérir, restant plusieurs jours sans s’alimenter ni boire, le visage tourné vers le ciel, où son bel amant passait dans son chariot de lumière. Elle resta si longtemps immobile qu’elle s’enracina dans le sol et se changea lentement en héliotrope, la fleur mauve adoratrice de l’astre solaire. « Son apparence changea, mais sa passion demeura », écrivait le poète romain Ovide dans ses Métamorphoses. Mais il existe plusieurs variantes de cette légende. Dans l’une, le père de Leucothoé, furieux que sa fille se soit éprise du dieu, la fit enterrer vivante. Hélios, ivre de chagrin, erra ensuite durant neuf jours dans le ciel sans un regard pour la nymphe. Dans une autre version, clytie était l’une des nombreuses nymphes de l’Océan, les océanides. À la nuit venue, alors que ses sœurs se réfugiaient dans les flots, elle restait sur le rivage à guetter le dieu Soleil. Prenant la nymphe en pitié, Hélios l’aurait alors changée en fleur.
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t a u e e ni ss a e ss s ĂŠ, r f s s e, e a
LAURiER-ROSE Douceur, prudence
cet arbuste décoratif typique du pourtour méditerranéen égaye de sa floraison rose, rouge ou blanche bien des villes de la côte d’Azur. cette espèce était déjà connue au iiie siècle av. J.-c., et le philosophe grec Théophraste la mentionne dans son Histoire des plantes. c’est pourtant au poète romain Ovide qu’on doit de connaître sa naissance mythologique. Ainsi, raconte-t-il, Daphné était une nymphe d’une très grande beauté avant de devenir cette plante. La faute en revient à cupidon, le dieu de l’Amour, qui voulut se venger d’Apollon. Aussi décocha-t-il deux flèches. La première, en or, atteignit son rival et lui inspira un amour fou pour Daphné. La seconde, en plomb, toucha la nymphe et provoqua en elle un dégoût pour son soupirant. Ensorcelé, Apollon poursuivit donc sans cesse la belle de ses assiduités, au point qu’excédée elle demanda de l’aide à son père, le dieu-fleuve Pénée, qui la transforma en laurier-rose. il existe une variante de l’histoire qui fait de Daphné la fille du dieu-fleuve Ladon et de Gaia. Elle raconte qu’elle était une nymphe attachée à Artémis, la déesse de la chasse. Mais son indépendance la poussait à refuser tout mariage. Aussi préféra-t-elle être transformée en laurier-rose plutôt que de céder aux avances d’Apollon.
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re t e s n i, s e t s. n a ue e e, e e e n si t
nARCiSSE
Vanité, égoïsme, chance
Cette fleur est associée à l’un des mythes universels les plus connus, celui de narcisse. Le poète romain ovide en raconte l’histoire dans ses Métamorphoses. À sa naissance, dit la légende, un devin prédit que narcisse atteindrait un âge avancé à la condition qu’il ne se connaisse jamais. En grandissant, le garçon devint très beau, très fier et insensible, mais rejetait toutes ses prétendantes. Éperdument amoureuse, la nymphe Écho implora alors la déesse némésis de le changer, et elle fut exaucée : un jour qu’il revenait de la chasse, narcisse s’abreuva dans un lac et tomba amoureux de son propre reflet dans l’eau. Cet amour impossible lui fit perdre la raison, puis le conduisit au suicide. on donna son nom à la plante à cause de son inclinaison en direction des points d’eau, de sa beauté reconnue et de son caractère toxique. Associé au printemps, le narcisse est souvent confondu avec la jonquille. En Chine, sa couleur jaune doré est très appréciée : on le cultive pour qu’il éclose juste avant le nouvel An, en signe de chance et de fortune pour l’année à venir. En iran, où est née cette fleur, narcisse se dit nargis, et constitue un prénom féminin très courant.
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s n s. e il t s o e e e a m s e t e e rr, n
RoSE
Beauté, amour
La rose suscite les passions depuis la nuit des temps. C’est Chloris, la déesse des Fleurs dans la mythologie grecque, qui la créa. La légende raconte en effet qu’elle avait trouvé le corps sans vie d’une nymphe dans les bois, qu’elle ranima. Ensuite, Aphrodite, déesse de l’Amour, lui donna sa beauté ; Dionysos, le dieu du Vin, son parfum. Des trois Grâces elle reçut en cadeau le charme et l’éclat. Puis Zéphyr, le vent d’ouest, souffla pour éloigner les nuages et permettre à Apollon, dieu de la Lumière, de la faire éclore. Accompagnée de manière aussi prestigieuse sur les fonts baptismaux, la rose a été d’emblée surnommée « la reine des fleurs », on ne s’en étonnera pas. La mythologie romaine, quant à elle, a son idée sur l’origine des piquants qui hérissent ses tiges : un jour Cupidon, le fils de Vénus, fut piqué par une abeille alors qu’il se promenait dans son jardin de roses. De rage, il se mit à lancer des flèches, dont les pointes tapissèrent les tiges de piquants. Quand Vénus revint, elle marcha sur une rose et se blessa : les gouttes de son sang donnèrent naissance à la rose rouge. La vie de la rose est auréolée de légendes prestigieuses. Ses pétales tapissaient le sol des palais de Cléopâtre. Le sultan de Bagdad employait chaque année 30 000 litres d’eau de rose pour parfumer ses palais. Partout dans le monde, la rose porte un message d’amour. Amour passion pour les roses rouges, amour tendre pour les couleurs rose, blanche et jaune. 14 4
s. e e s e n, e a u e a », t t é n t d : e s s e s e r
VÉRoniQUE
Fidélité, confiance
La véronique officinale était utilisée autrefois en application sur les plaies des lépreux, d’où son surnom d’« herbe aux ladres ». Ses pétales évoquent un visage rudimentaire avec ses deux anthères figurant les yeux. C’est pourquoi les italiens la surnomment « yeux de Madone », en référence à la mère de Jésus. Comme on voyait au centre de chaque pétale une tache plus pâle, figurant, disait-on, le linceul de Jésus, on appela cette jolie fleur bleue « véronique », en souvenir de la sainte qui avait recueilli le saint suaire. Le langage sentimental des fleurs suit le mythe biblique : offrir un bouquet de véroniques exprime à l’être aimé que son visage est gravé dans le cœur. il existe aussi à son sujet une légende profane anglo-saxonne : un cerf blessé put guérir de ses plaies en se roulant dans une herbe où fleurissaient les fameuses herbacées. Le berger qui avait été témoin de la scène la rapporta à son roi malade, que la plante soigna aussitôt.
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Toutes les images proviennent de la collection privée des Éditions du Chêne, sauf pp. 8, 12, 15, 123, 149 © Collection IM/Kharbine-Tapabor ; p. 161 © Collection Kharbine-Tapabor. Couverture : fond © Éditions du Chêne ; plat I © Collection Kharbine-Tapabor.
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