PIERRE GUARICHE

Page 1


SOMMAIRE CONTENTS

PORTRAIT Lionel Blaisse

6

LUMIÈRES/LIGHTS Aurélien Jeauneau

36

MOBILIER/FURNITURE

76

Galerie MAI-Meubles TV Aurélien Jeauneau 7 8 Airborne Delphine Jacob 9 2 Steiner Delphine Jaco 1 0 2 ARP Aurélien Jeauneau 1 1 0 Les Huchers-Minvielle - Témoin Delphine Jacob Meurop Aurélien Jeauneau 1 6 0

144

ARCHITECTURE D’INTÉRIEUR/ INTERIOR DESIGN 188 L’entente cordiale entre professionnels/ The ‘entente cordiale’ between professionals

Lionel Blaisse et Delphine Jacob

190

Eugène Claudius-Petit, Pierre Guariche, une amitié 192

constructive/a constructive friendship

La Plagne. Pierre Borrione, Robert Legoux, Michel Bezançon,

Pierre Guariche, le quatuor visionnaire/the visionary quartet

Bandol. Jean Dubuisson & Pierre Guariche, une complémentarité

200

220

complice/a complementary partnership

Aménager la Ve République/Developing the Fifth Republic

Lionel Blaisse et Delphine Jacob

230

La préfecture et le conseil général de l’Essonne/The Essonne prefecture and departmental council

232

Le tribunal de grande instance de Créteil/The Créteil Court La Défense

254

248

Les espaces tertiaires, terreau de l’architecture d’intérieur/ Service spaces, fertile ground for interior design 2 5 8 Lionel Blaisse et Delphine Jacob

Sièges sociaux/Head offices

260

Des commerces à la discothèque/From shops to discos Le tourisme à grande échelle/Large-scale tourism

Les résidences privées/Private residences Lionel Blaisse et Delphine Jacob

276

264

280

Le style Guariche, ses résidences et agences/ The ‘Guariche style,’ his apartments, villas, and offices Lionel Blaisse

Notes

324

Répertoire des luminaires Aurélien Jeauneau Biographie

Bibliographie Index

Mannequin Hermès devant une chaise Amsterdam, 1956. A Hermès model in front of an Amsterdam chair, 1956.

348

340

346

334

294


SOMMAIRE CONTENTS

PORTRAIT Lionel Blaisse

6

LUMIÈRES/LIGHTS Aurélien Jeauneau

36

MOBILIER/FURNITURE

76

Galerie MAI-Meubles TV Aurélien Jeauneau 7 8 Airborne Delphine Jacob 9 2 Steiner Delphine Jaco 1 0 2 ARP Aurélien Jeauneau 1 1 0 Les Huchers-Minvielle - Témoin Delphine Jacob Meurop Aurélien Jeauneau 1 6 0

144

ARCHITECTURE D’INTÉRIEUR/ INTERIOR DESIGN 188 L’entente cordiale entre professionnels/ The ‘entente cordiale’ between professionals

Lionel Blaisse et Delphine Jacob

190

Eugène Claudius-Petit, Pierre Guariche, une amitié 192

constructive/a constructive friendship

La Plagne. Pierre Borrione, Robert Legoux, Michel Bezançon,

Pierre Guariche, le quatuor visionnaire/the visionary quartet

Bandol. Jean Dubuisson & Pierre Guariche, une complémentarité

200

220

complice/a complementary partnership

Aménager la Ve République/Developing the Fifth Republic

Lionel Blaisse et Delphine Jacob

230

La préfecture et le conseil général de l’Essonne/The Essonne prefecture and departmental council

232

Le tribunal de grande instance de Créteil/The Créteil Court La Défense

254

248

Les espaces tertiaires, terreau de l’architecture d’intérieur/ Service spaces, fertile ground for interior design 2 5 8 Lionel Blaisse et Delphine Jacob

Sièges sociaux/Head offices

260

Des commerces à la discothèque/From shops to discos Le tourisme à grande échelle/Large-scale tourism

Les résidences privées/Private residences Lionel Blaisse et Delphine Jacob

276

264

280

Le style Guariche, ses résidences et agences/ The ‘Guariche style,’ his apartments, villas, and offices Lionel Blaisse

Notes

324

Répertoire des luminaires Aurélien Jeauneau Biographie

Bibliographie Index

Mannequin Hermès devant une chaise Amsterdam, 1956. A Hermès model in front of an Amsterdam chair, 1956.

348

340

346

334

294


PORTRAIT

6

7

Pierre Charles Guariche naît le 6 juin 1926 à Bois-Colombes,

Pierre Charles Guariche was born on June 6, 1926, in Bois-

est alors âgée de 22 ans et leur père, Marcel Guariche, en compte

Berthelier, was twenty-two and their father, Marcel Guariche, was

deux ans après sa sœur Odette. Leur mère, Jeanne Berthelier,

déjà 43. Issu d’une famille d’orfèvres parisiens depuis plusieurs générations, Marcel a commencé dans la bijouterie avant de

créer, en 1936, l’Entreprise et Manufacture de Gâches Électriques (EMGE) domiciliée cité Debergue, au 28, rue du Rendez-Vous

dans le XIIe arrondissement de Paris. La famille emménage peu après dans le quartier de Bel-Air, rue Sibuet. Jeanne quitte son

poste de secrétaire de direction chez le constructeur automobile et manufacturier d’armes Hotchkiss afin de s’occuper de

l’entreprise familiale tous les après-midi. Si son époux se révèle un excellent technicien, il n’a pas vraiment les compétences

du chef d’entreprise ; c’est elle qui établit les devis, fait encaisser

les factures, gère EMGE… Prospère, la société comptera jusqu’à une quarantaine de salariés. À la mort de Marcel Guariche, en 1968,

son épouse en prend officiellement la direction jusqu’à l’âge de…

90 ans (1994), assistée par son gendre. L’affaire est vendue l’année suivante. Elle décède le 20 octobre 2000.

had been goldsmiths in Paris, and Marcel began his career in

jewelry before creating, in 1936, the Entreprise et manufacture

de gâches électriques (EMGE) in the Cité Debergue, at 28 Rue du

Rendez-Vous in the 12th arrondissement. The family soon moved to the Bel-Air district, to Rue Sibuet. Each afternoon, after leaving

her job as executive secretary at the car and arms manufacturer Hotchkiss, Jeanne took care of the family business. Although her husband proved himself to be an excellent technician, he was not a good manager; she established the estimates, ensured the payment of invoices, and managed EMGE. The business prospered, eventually employing some forty people. When

Marcel Guariche died in 1968, his wife officially took over running the company, with the help of her son-in-law, until her ninetieth birthday in 1994. The business was sold the following year. Jeanne died on October 20, 2000. A time to learn

enfance heureuse et une scolarité prometteuse. « À l’issue de mes

student. “When I finished high school at Lycée Arago, I was

études secondaires au lycée Arago, je devais entrer aux Arts et

Métiers. Or j’ai échoué au concours d’entrée de cette école. Mais

j’ai été reçu par ailleurs à l’école Breguet, où j’ai donc commencé

mes études d’ingénieur », raconte Pierre Guariche. Nous sommes 1

à l’été 1944 ; Paris alors occupé est libéré le 25 août. Avec d’autres amis « routiers » (chefs aînés des Éclaireurs de France – version

laïque du scoutisme – où Pierre Guariche passe son adolescence), il monte sur les toits du XII arrondissement avec un fusil pour e

contribuer à la libération de la capitale. Quelques semaines

Pierre Guariche had a happy childhood and was a promising supposed to go to the Arts et métiers. However, I failed the

entrance exam. But I was accepted at École Breguet, where I began studying engineering,” explained Guariche.1 “It was the summer of 1944; occupied Paris was liberated on the

25th August. With other friends, ‘routiers,’2 he climbed onto the

rooftops of the 12th arrondissement with a rifle to help liberate

the capital. A few weeks later, he began a three-year engineering course studying… electricity!

“I had little enthusiasm for it, and at the age of nineteen,

plus tard, l’éclaireur intègre pour trois ans l’école d’ingénieur

on returning from a vacation with friends, with whom I’d started

l’âge de 19 ans, au retour des vacances passées en compagnie

follow in the footsteps of one of them, a student at the school of

en… électricité ! « Je n’y apportais guère d’enthousiasme et, à

d’amis avec lesquels nous avions formé une petite équipe d’art dramatique pour occuper nos loisirs, avais-je été touché par

la grâce ? Toujours est-il que je décidai de suivre l’exemple de l’un d’entre eux, étudiant aux Arts-Déco. Lorsque je me suis ouvert de

cette intention à mes parents, ceux-ci n’ont évidemment pas été

PORTRAIT

already forty-three. For several generations, the latter’s family

Le temps d’apprendre

Youyou – « parce qu’un caillou c’est une pierre » – connaît une

Pierre Guariche, Salon des arts ménagers, Paris, 1963.

Colombes, two years after his sister, Odette. Their mother, Jeanne

a drama group for fun, I was struck with inspiration. I decided to

decorative arts. When I told my parents the plan, they clearly did

not agree. They went so far as to give me a psychoanalytic exam to make sure that first, I wasn’t delusional, and then to ascertain I was fit for such studies. Nevertheless, they went along with it and allowed me to enter the school of decorative arts on the

PORTRAIT


PORTRAIT

6

7

Pierre Charles Guariche naît le 6 juin 1926 à Bois-Colombes,

Pierre Charles Guariche was born on June 6, 1926, in Bois-

est alors âgée de 22 ans et leur père, Marcel Guariche, en compte

Berthelier, was twenty-two and their father, Marcel Guariche, was

deux ans après sa sœur Odette. Leur mère, Jeanne Berthelier,

déjà 43. Issu d’une famille d’orfèvres parisiens depuis plusieurs générations, Marcel a commencé dans la bijouterie avant de

créer, en 1936, l’Entreprise et Manufacture de Gâches Électriques (EMGE) domiciliée cité Debergue, au 28, rue du Rendez-Vous

dans le XIIe arrondissement de Paris. La famille emménage peu après dans le quartier de Bel-Air, rue Sibuet. Jeanne quitte son

poste de secrétaire de direction chez le constructeur automobile et manufacturier d’armes Hotchkiss afin de s’occuper de

l’entreprise familiale tous les après-midi. Si son époux se révèle un excellent technicien, il n’a pas vraiment les compétences

du chef d’entreprise ; c’est elle qui établit les devis, fait encaisser

les factures, gère EMGE… Prospère, la société comptera jusqu’à une quarantaine de salariés. À la mort de Marcel Guariche, en 1968,

son épouse en prend officiellement la direction jusqu’à l’âge de…

90 ans (1994), assistée par son gendre. L’affaire est vendue l’année suivante. Elle décède le 20 octobre 2000.

had been goldsmiths in Paris, and Marcel began his career in

jewelry before creating, in 1936, the Entreprise et manufacture

de gâches électriques (EMGE) in the Cité Debergue, at 28 Rue du

Rendez-Vous in the 12th arrondissement. The family soon moved to the Bel-Air district, to Rue Sibuet. Each afternoon, after leaving

her job as executive secretary at the car and arms manufacturer Hotchkiss, Jeanne took care of the family business. Although her husband proved himself to be an excellent technician, he was not a good manager; she established the estimates, ensured the payment of invoices, and managed EMGE. The business prospered, eventually employing some forty people. When

Marcel Guariche died in 1968, his wife officially took over running the company, with the help of her son-in-law, until her ninetieth birthday in 1994. The business was sold the following year. Jeanne died on October 20, 2000. A time to learn

enfance heureuse et une scolarité prometteuse. « À l’issue de mes

student. “When I finished high school at Lycée Arago, I was

études secondaires au lycée Arago, je devais entrer aux Arts et

Métiers. Or j’ai échoué au concours d’entrée de cette école. Mais

j’ai été reçu par ailleurs à l’école Breguet, où j’ai donc commencé

mes études d’ingénieur », raconte Pierre Guariche. Nous sommes 1

à l’été 1944 ; Paris alors occupé est libéré le 25 août. Avec d’autres amis « routiers » (chefs aînés des Éclaireurs de France – version

laïque du scoutisme – où Pierre Guariche passe son adolescence), il monte sur les toits du XII arrondissement avec un fusil pour e

contribuer à la libération de la capitale. Quelques semaines

Pierre Guariche had a happy childhood and was a promising supposed to go to the Arts et métiers. However, I failed the

entrance exam. But I was accepted at École Breguet, where I began studying engineering,” explained Guariche.1 “It was the summer of 1944; occupied Paris was liberated on the

25th August. With other friends, ‘routiers,’2 he climbed onto the

rooftops of the 12th arrondissement with a rifle to help liberate

the capital. A few weeks later, he began a three-year engineering course studying… electricity!

“I had little enthusiasm for it, and at the age of nineteen,

plus tard, l’éclaireur intègre pour trois ans l’école d’ingénieur

on returning from a vacation with friends, with whom I’d started

l’âge de 19 ans, au retour des vacances passées en compagnie

follow in the footsteps of one of them, a student at the school of

en… électricité ! « Je n’y apportais guère d’enthousiasme et, à

d’amis avec lesquels nous avions formé une petite équipe d’art dramatique pour occuper nos loisirs, avais-je été touché par

la grâce ? Toujours est-il que je décidai de suivre l’exemple de l’un d’entre eux, étudiant aux Arts-Déco. Lorsque je me suis ouvert de

cette intention à mes parents, ceux-ci n’ont évidemment pas été

PORTRAIT

already forty-three. For several generations, the latter’s family

Le temps d’apprendre

Youyou – « parce qu’un caillou c’est une pierre » – connaît une

Pierre Guariche, Salon des arts ménagers, Paris, 1963.

Colombes, two years after his sister, Odette. Their mother, Jeanne

a drama group for fun, I was struck with inspiration. I decided to

decorative arts. When I told my parents the plan, they clearly did

not agree. They went so far as to give me a psychoanalytic exam to make sure that first, I wasn’t delusional, and then to ascertain I was fit for such studies. Nevertheless, they went along with it and allowed me to enter the school of decorative arts on the

PORTRAIT


8

Croquis d’homme, dessin, 1940. Sketch of a man, 1940. < Pierre Guariche, début des années 1940. Pierre Guariche, early 1940s.

d’accord. Ils m’ont même fait subir un examen psychotechnique pour s’assurer, d’abord que je ne délirais point, ensuite que

j’étais apte à ce type d’activités. Ils ont néanmoins joué le jeu et

proviso that I was admitted immediately, without a preparatory year. Luckily, I got in … although it’s true, I was the last!”3

Françoise Brunot, a friend from the Éclaireurs, remembers

m’ont autorisé à entrer aux Arts-Déco à condition d’y être admis

accompanying Pierre, after visiting him at the École Breguet,

reçu… le dernier, il est vrai2. » Rencontrée aux Éclaireurs, Françoise

to leave his engineering studies.

d’emblée, sans année préparatoire. La chance a voulu que je fusse Brunot se souvient d’avoir accompagné Pierre, après qu’il lui a fait visiter ce jour-là l’école Breguet qu’il souhaitait quitter, chez ses futurs beaux-parents pour leur annoncer sa décision.

Entré directement en deuxième année à l’École nationale

supérieure des arts décoratifs, en septembre 1946, Pierre Guariche a pour camarades de promotion Alain Richard, André Monpoix et

André Simard. « Cela se passait juste au moment du changement de régime de l’école et, je ne me rappelle plus pour quelle raison

(peut-être n’avais-je pas renouvelé mon sursis), j’ai dû partir pour

le service militaire à la fin de cette deuxième année. J’avais obtenu le diplôme qui sanctionnait à l’époque ce cycle de deux ans.

À mon retour, j’ai rendu visite à René Gabriel, qui m’a conseillé

de faire ma quatrième année en architecture intérieure. Entré au

to her future parents-in-law’s house to tell them of his decision Going straight into second year at the École nationale

supérieure des arts décoratifs in September 1946, Pierre

Guariche’s classmates included Alain Richard, André Monpoix, and André Simard. “This was at the same time as the school

in January having missed the first trimester; nevertheless,

I finished the year and passed the final exam. I finished second in René Prou’s class, behind Alain Richard.”4

On graduating in 1949, Pierre Guariche was hired as a chief

who taught me in fourth year, took me in and I stayed there for

two years. Among those who later made names for themselves was Mortier. And when I left, Motte replaced me.

“During my time with Gascoin—and thanks to him, because

ménagers, so that by the end of those two years I had handled

« Pendant mon séjour chez Gascoin, et grâce à lui d’ailleurs,

PORTRAIT

would prove to be the precursor of the G 2 lamp, made by the

Au début j’étais obligé de faire fabriquer par petites séries de

trois ou quatre modèles que je dessinais et d’essayer ensuite de les vendre en appartement4. »

En 1949, le docteur René lui demande d’aménager son cabinet

In addition, he designed the prototype of his first light, which

EMGE workshops. The following year, he created his first pieces of

furniture (the Prefacto series, manufactured by Airborne, and the FS105 armchair, produced by Charles Bernard) and new lighting fixtures (the G 4 and G 17 wall lamps and the G 2 lamp, soon

photographie et de cinématographie in Rue de Vaugirard. The

suggested I do my fourth year in interior architecture. I began

ceux qui ont fait parler d’eux par la suite, Mortier. Et quand je suis

car il nous a beaucoup aidés dans ce sens, Mortier comme moi

les frais de nos expositions, et j’ai connu des moments difficiles.

passif, étant donné que nos gains suffisaient à peine à couvrir

(série Prefacto, éditée par Airborne, et fauteuil FS105, par Charles

the two-year cycle. When I returned I visited René Gabriel, who

he helped us a lot in that way—Mortier, like myself, had been able

parti, Motte m’a remplacé.

Parisian office and he designed a desk and built-in bookcase.

Charlotte Brunot were married. A year older than him,

« Marcel Gascoin, que j’avais eu comme professeur en quatrième année, m’a pris chez lui. J’y suis resté deux ans. Il y avait là, parmi

In 1949, Doctor René asked Guariche to refurbish his

propres ailes. Je traînais cependant derrière moi un assez lourd

luminaire, qui se révélera l’ancêtre du lampadaire G 2, par les

draftsman for one of his previous teachers. “Marcel Gascoin,

dessinateur-projeteur chez un de ses derniers enseignants.

then try to sell them door to door.”5

the end of the second year. I had my diploma for completing

sorti second de la promotion René Prou, derrière Alain Richard3. »

Diplômé en 1949, Pierre Guariche est embauché comme

quelques petites affaires qui me permettaient de voler de mes

I had to have three or four models made in small series and

parisien. Pierre Guariche dessine un bureau et une bibliothèque

renewed my deferral) but I had to leave for military service at

Trial run

Galop d’essai

arts ménagers, en sorte qu’à la fin de ces deux ans, j’avais traité

system changed, and I don’t remember why (maybe I hadn’t

mois de janvier, j’avais perdu le premier trimestre ; j’ai néanmoins achevé l’année en cours et passé le concours terminal. Je suis

avions pu exposer au Salon des artistes décorateurs, à celui des

murale. Par ailleurs, il fait fabriquer le prototype de son premier ateliers d’EMGE. L’année suivante, il crée ses premiers meubles Bernard) et de nouveaux luminaires (appliques G 4 et G 17, lampadaire G 2, bientôt édités par Pierre Disderot).

Le 18 juillet 1950, Pierre Guariche épouse Françoise Louise

Charlotte Brunot, son aînée d’un an. Après son brevet d’études, elle a passé un diplôme à l’École nationale de photographie et de cinématographie de la rue de Vaugirard. Ils emménagent

to be produced by Pierre Disderot).

On July 18, 1950, Pierre Guariche and Françoise Louise

after finishing school she studied at the École nationale de

couple moved into two tiny maid’s rooms on Rue du Rendez-Vous, close to the family business, EMGE. Pierre did some preliminary work, which led to his first press coverage, “Une cuisine dans

un living-room” (A kitchen in a living room) in the March 1951 issue of La Maison française. André Simard often came to lunch.

They stayed for only a few months at this address because

alors dans deux chambres de service sises rue du Rendez-Vous,

Pierre Guariche’s sister, Odette, moved to Algeria with her first

quelques travaux, ce qui lui vaut son premier reportage

apartment at 12 Avenue Paul-Appell, near Porte d’Orléans,

près de l’entreprise familiale EMGE. Pierre y a fait préalablement « Une cuisine dans un living-room », dans La Maison française de mars 1951. André Simard viendra souvent y déjeuner.

Ils n’y restent que quelques mois, car Odette, la sœur de

husband, Maurice Berteaux, leaving the young couple the

which she rented from the City of Paris. Pierre saw this as the chance to open his first agency in 1951.

to show at the Salon des artistes décorateurs and at the Arts

Pierre Guariche part vivre en Algérie avec Maurice Berteaux,

Pierre Guariche, décorateur-créateur of ensembles –

a few small projects that allowed me to strike out on my own.

du 12, avenue Paul-Appell qu’elle loue à la Ville de Paris, juste

At the beginning of his studies, directly after the end of the

However, it came with a fairly heavy price, since earnings barely

covered the cost of exhibiting and I had some hard times. At first,

son premier mari, et laisse ainsi au jeune couple l’appartement à côté de la Porte d’Orléans. Pierre y voit l’opportunité d’y ouvrir en 1951 sa première agence.

12 Avenue Paul-Appell, Paris

Second World War, Guariche embraced the idea that living environments should be different, starting with the millions

PORTRAIT


8

Croquis d’homme, dessin, 1940. Sketch of a man, 1940. < Pierre Guariche, début des années 1940. Pierre Guariche, early 1940s.

d’accord. Ils m’ont même fait subir un examen psychotechnique pour s’assurer, d’abord que je ne délirais point, ensuite que

j’étais apte à ce type d’activités. Ils ont néanmoins joué le jeu et

proviso that I was admitted immediately, without a preparatory year. Luckily, I got in … although it’s true, I was the last!”3

Françoise Brunot, a friend from the Éclaireurs, remembers

m’ont autorisé à entrer aux Arts-Déco à condition d’y être admis

accompanying Pierre, after visiting him at the École Breguet,

reçu… le dernier, il est vrai2. » Rencontrée aux Éclaireurs, Françoise

to leave his engineering studies.

d’emblée, sans année préparatoire. La chance a voulu que je fusse Brunot se souvient d’avoir accompagné Pierre, après qu’il lui a fait visiter ce jour-là l’école Breguet qu’il souhaitait quitter, chez ses futurs beaux-parents pour leur annoncer sa décision.

Entré directement en deuxième année à l’École nationale

supérieure des arts décoratifs, en septembre 1946, Pierre Guariche a pour camarades de promotion Alain Richard, André Monpoix et

André Simard. « Cela se passait juste au moment du changement de régime de l’école et, je ne me rappelle plus pour quelle raison

(peut-être n’avais-je pas renouvelé mon sursis), j’ai dû partir pour

le service militaire à la fin de cette deuxième année. J’avais obtenu le diplôme qui sanctionnait à l’époque ce cycle de deux ans.

À mon retour, j’ai rendu visite à René Gabriel, qui m’a conseillé

de faire ma quatrième année en architecture intérieure. Entré au

to her future parents-in-law’s house to tell them of his decision Going straight into second year at the École nationale

supérieure des arts décoratifs in September 1946, Pierre

Guariche’s classmates included Alain Richard, André Monpoix, and André Simard. “This was at the same time as the school

in January having missed the first trimester; nevertheless,

I finished the year and passed the final exam. I finished second in René Prou’s class, behind Alain Richard.”4

On graduating in 1949, Pierre Guariche was hired as a chief

who taught me in fourth year, took me in and I stayed there for

two years. Among those who later made names for themselves was Mortier. And when I left, Motte replaced me.

“During my time with Gascoin—and thanks to him, because

ménagers, so that by the end of those two years I had handled

« Pendant mon séjour chez Gascoin, et grâce à lui d’ailleurs,

PORTRAIT

would prove to be the precursor of the G 2 lamp, made by the

Au début j’étais obligé de faire fabriquer par petites séries de

trois ou quatre modèles que je dessinais et d’essayer ensuite de les vendre en appartement4. »

En 1949, le docteur René lui demande d’aménager son cabinet

In addition, he designed the prototype of his first light, which

EMGE workshops. The following year, he created his first pieces of

furniture (the Prefacto series, manufactured by Airborne, and the FS105 armchair, produced by Charles Bernard) and new lighting fixtures (the G 4 and G 17 wall lamps and the G 2 lamp, soon

photographie et de cinématographie in Rue de Vaugirard. The

suggested I do my fourth year in interior architecture. I began

ceux qui ont fait parler d’eux par la suite, Mortier. Et quand je suis

car il nous a beaucoup aidés dans ce sens, Mortier comme moi

les frais de nos expositions, et j’ai connu des moments difficiles.

passif, étant donné que nos gains suffisaient à peine à couvrir

(série Prefacto, éditée par Airborne, et fauteuil FS105, par Charles

the two-year cycle. When I returned I visited René Gabriel, who

he helped us a lot in that way—Mortier, like myself, had been able

parti, Motte m’a remplacé.

Parisian office and he designed a desk and built-in bookcase.

Charlotte Brunot were married. A year older than him,

« Marcel Gascoin, que j’avais eu comme professeur en quatrième année, m’a pris chez lui. J’y suis resté deux ans. Il y avait là, parmi

In 1949, Doctor René asked Guariche to refurbish his

propres ailes. Je traînais cependant derrière moi un assez lourd

luminaire, qui se révélera l’ancêtre du lampadaire G 2, par les

draftsman for one of his previous teachers. “Marcel Gascoin,

dessinateur-projeteur chez un de ses derniers enseignants.

then try to sell them door to door.”5

the end of the second year. I had my diploma for completing

sorti second de la promotion René Prou, derrière Alain Richard3. »

Diplômé en 1949, Pierre Guariche est embauché comme

quelques petites affaires qui me permettaient de voler de mes

I had to have three or four models made in small series and

parisien. Pierre Guariche dessine un bureau et une bibliothèque

renewed my deferral) but I had to leave for military service at

Trial run

Galop d’essai

arts ménagers, en sorte qu’à la fin de ces deux ans, j’avais traité

system changed, and I don’t remember why (maybe I hadn’t

mois de janvier, j’avais perdu le premier trimestre ; j’ai néanmoins achevé l’année en cours et passé le concours terminal. Je suis

avions pu exposer au Salon des artistes décorateurs, à celui des

murale. Par ailleurs, il fait fabriquer le prototype de son premier ateliers d’EMGE. L’année suivante, il crée ses premiers meubles Bernard) et de nouveaux luminaires (appliques G 4 et G 17, lampadaire G 2, bientôt édités par Pierre Disderot).

Le 18 juillet 1950, Pierre Guariche épouse Françoise Louise

Charlotte Brunot, son aînée d’un an. Après son brevet d’études, elle a passé un diplôme à l’École nationale de photographie et de cinématographie de la rue de Vaugirard. Ils emménagent

to be produced by Pierre Disderot).

On July 18, 1950, Pierre Guariche and Françoise Louise

after finishing school she studied at the École nationale de

couple moved into two tiny maid’s rooms on Rue du Rendez-Vous, close to the family business, EMGE. Pierre did some preliminary work, which led to his first press coverage, “Une cuisine dans

un living-room” (A kitchen in a living room) in the March 1951 issue of La Maison française. André Simard often came to lunch.

They stayed for only a few months at this address because

alors dans deux chambres de service sises rue du Rendez-Vous,

Pierre Guariche’s sister, Odette, moved to Algeria with her first

quelques travaux, ce qui lui vaut son premier reportage

apartment at 12 Avenue Paul-Appell, near Porte d’Orléans,

près de l’entreprise familiale EMGE. Pierre y a fait préalablement « Une cuisine dans un living-room », dans La Maison française de mars 1951. André Simard viendra souvent y déjeuner.

Ils n’y restent que quelques mois, car Odette, la sœur de

husband, Maurice Berteaux, leaving the young couple the

which she rented from the City of Paris. Pierre saw this as the chance to open his first agency in 1951.

to show at the Salon des artistes décorateurs and at the Arts

Pierre Guariche part vivre en Algérie avec Maurice Berteaux,

Pierre Guariche, décorateur-créateur of ensembles –

a few small projects that allowed me to strike out on my own.

du 12, avenue Paul-Appell qu’elle loue à la Ville de Paris, juste

At the beginning of his studies, directly after the end of the

However, it came with a fairly heavy price, since earnings barely

covered the cost of exhibiting and I had some hard times. At first,

son premier mari, et laisse ainsi au jeune couple l’appartement à côté de la Porte d’Orléans. Pierre y voit l’opportunité d’y ouvrir en 1951 sa première agence.

12 Avenue Paul-Appell, Paris

Second World War, Guariche embraced the idea that living environments should be different, starting with the millions

PORTRAIT


Dessin du bureau pour enfant 144 édité par Meubles TV, 1953. Design for a child’s 144 desk produced by Meubles TV, 1953.

10

11

Prototypes de table et de fauteuil en chêne massif, 1953. Prototypes of a table and armchair in solid oak, 1953.

Pierre Guariche décorateur-créateur d’ensembles

of homes that France needed to (re)build over the coming

avons présenté une salle de séjour, une chambre de parents

of space, the surface area and ceiling height, all now

Dès ses études entamées au lendemain de la Seconde Guerre

which was changing fundamentally, would play in this societal

et un second prix. Ce fut le point de départ d’une collaboration

a professional to imagine their interiors. Guariche excelled

– 12, avenue Paul-Appell, Paris XIVe

mondiale, Pierre Guariche fait sien le constat que nos cadres de vie doivent désormais être différents, à commencer par

les millions de logements que la France doit (re)construire dans les décennies qui arrivent. Il comprend intuitivement le rôle que sa profession, en pleine mutation, va devoir assumer dans ce

challenge sociétal. Sa force réside dans le fait qu’il va concevoir ses meubles et luminaires en tant qu’architecte d’intérieur.

Ce n’est pas la forme qui prime, mais l’effet qu’elle induit dans l’espace qui l’accueille, y compris quand celui-ci n’est pas

prédéterminé. Il appréhende très vite que le coût de production

est plus que jamais le nerf de l’après-guerre ! De même, il pressent particulièrement bien l’utilité des Salons et de la presse magazine

decades. He intuitively understood the role that his profession, challenge. His strength lay in designing furniture and lighting

as an interior designer. It is not the form that takes precedence,

the cost of production would be, more than ever, the driving

d’un appartement témoin d’un de leurs immeubles au Havre.

this is not predefined. He quickly understood that after the war force! In the same way, he appreciated the importance of

Salons and magazines in promoting his ‘conceptions’ of a future daily life.

Since reconstruction had not yet begun, he first devoted

himself to designing furniture, furnishing systems, and lighting, about fifteen of which were produced between 1951 and 1953. “When producers realized we were selling successfully

consacre d’abord à dessiner des pièces et systèmes de mobilier

encouraged by the example of Gascoin who was—after René

1951 et 1953.

« Lorsque les éditeurs se sont aperçus que nous réussissions

à vendre et que, soutenus par M. Breton5 en particulier, par des

revues comme Arts ménagers et La Maison française, encouragés par l’exemple de Gascoin qui avait été – après René Gabriel,

bien sûr ! – l’un des premiers à commercialiser sa production,

nos efforts semblaient trouver un accueil favorable auprès du

public, certains d’entre eux se sont intéressés à nous. C’est ainsi

que, la première, la galerie MAI a retenu plusieurs de nos modèles de meubles pour les éditer : une édition très confidentielle, mais

magazines such as Arts ménagers and La Maison française, and Gabriel, of course!—one of the first to market its production, and

our efforts seemed well-received by the public, they began to be interested in us. This is how the Galerie MAI became the first to

begin producing several of our furniture models; a very limited but very much appreciated edition! Airborne, then Steiner for

the chairs and Disderot for the lighting fixtures. In due course,

Minvielle contacted me regarding a competition in wood where we presented a living room, a parents’ room, and a children’s room, which won two firsts and a second prize. This was the

beginning of an ongoing collaboration with that manufacturer.”7 In 1952, architects Arthur-Georges Héaume and Alexandre

combien appréciable ! Airborne, puis Steiner ont suivi, pour

Persitz—former students of, and collaborators with, Auguste

Minvielle a fait appel à moi, pour le concours du bois où nous

of their model apartments in Le Havre. The new distribution

les sièges, et Disderot pour les appareils d’éclairage. À son tour,

PORTRAIT

En 1952, les architectes Arthur-Georges Héaume et

Alexandre Persitz – anciens élèves et collaborateurs d’Auguste

and were supported by M. Breton,6 in particular, and by

et d’éclairage, dont une quinzaine de chaque sont édités entre

suivie avec cet éditeur6. »

but its effect in the space within which it resides, even when

pour promouvoir ses « conceptions » du quotidien à venir.

Les chantiers n’étant pas encore au rendez-vous, il se

et une chambre d’enfant, lesquelles ont emporté deux premiers

Perret—entrusted the young agency with the design of one

more restricted, meant the occupants required the help of in this type of exercise and his project was published in La Maison française.

Perret – confient à la toute jeune agence l’aménagement

The collective experience

Distribution inédite de l’espace, surface et hauteur sous plafond

furniture, Pierre Guariche sometimes felt alone in the face

dorénavant plus restreintes nécessitent l’intervention d’un

professionnel pour aider les futurs occupants à imaginer leur intérieur. Guariche excelle dans ce type d’exercice ; le projet sera à son tour publié dans La Maison française. L’expérience du collectif

Dans sa quête inlassable d’un mobilier fonctionnel, esthétique et économique, Pierre Guariche se sent parfois bien seul face à l’apathie timorée de la plupart des fabricants

de l’ameublement dont l’outil de travail artisanal reste

désespérément inadapté à l’indispensable production en série. Il invite alors Michel Mortier et Joseph-André Motte – deux

camarades d’école partageant son engagement prospectif – à constituer un collectif sous lequel signer et dynamiser leur production ! Ainsi voit le jour en 1954 l’Atelier de recherches

plastiques (ARP), dont les bureaux seront hébergés chez David Vernhes, négociant du faubourg Saint-Antoine. « J’avais dès

In his relentless quest for functional, aesthetic, and economical of the fainthearted apathy of most furniture makers whose artisanal approach remained quite unsuited to mass

production. He thus invited Michel Mortier and Joseph-André Motte—fellow classmates who shared his forward-looking

commitment—to form a collective through which to release

their designs and to boost production! Thus, in 1954, the Atelier de recherches plastiques (ARP) was founded with its offices alongside those of trader David Vernhes in the suburb

of Saint-Antoine. “I had plenty of work. Mortier and Motte, with whom I had remained in touch, were about to leave

Gascoin and I suggested we join forces. We got along well, and it seemed interesting to compare our perspectives,

to pursue the realization of a shared project together. Thus,

the collaboration I had begun with Minvielle continued within

the framework of this team, until the creation of the elements for which Mortier was responsible.”8

Over three years, the trio designed more than thirty pieces,

lors du travail en abondance. Mortier et Motte, avec qui j’étais

took part in fairs and exhibitions, and won several competitions

je leur ai proposé de faire équipe à trois. Nous nous entendions

undertook some interior designing projects: the renovation of an

toujours resté en rapport, s’apprêtaient à quitter Gascoin, et

bien et il a paru intéressant de confronter nos points de vue,

de poursuivre ensemble la réalisation d’une œuvre commune. Ainsi la collaboration que j’avais entamée avec Minvielle

(“Meuble français de série,” “Formica,” etc.). Guariche also

eighteenth-century farmhouse in Gallardon, the refurbishment

of apartments in Paris and Neuilly, the EDF offices in Compiègne, and a building in Firminy.

PORTRAIT


Dessin du bureau pour enfant 144 édité par Meubles TV, 1953. Design for a child’s 144 desk produced by Meubles TV, 1953.

10

11

Prototypes de table et de fauteuil en chêne massif, 1953. Prototypes of a table and armchair in solid oak, 1953.

Pierre Guariche décorateur-créateur d’ensembles

of homes that France needed to (re)build over the coming

avons présenté une salle de séjour, une chambre de parents

of space, the surface area and ceiling height, all now

Dès ses études entamées au lendemain de la Seconde Guerre

which was changing fundamentally, would play in this societal

et un second prix. Ce fut le point de départ d’une collaboration

a professional to imagine their interiors. Guariche excelled

– 12, avenue Paul-Appell, Paris XIVe

mondiale, Pierre Guariche fait sien le constat que nos cadres de vie doivent désormais être différents, à commencer par

les millions de logements que la France doit (re)construire dans les décennies qui arrivent. Il comprend intuitivement le rôle que sa profession, en pleine mutation, va devoir assumer dans ce

challenge sociétal. Sa force réside dans le fait qu’il va concevoir ses meubles et luminaires en tant qu’architecte d’intérieur.

Ce n’est pas la forme qui prime, mais l’effet qu’elle induit dans l’espace qui l’accueille, y compris quand celui-ci n’est pas

prédéterminé. Il appréhende très vite que le coût de production

est plus que jamais le nerf de l’après-guerre ! De même, il pressent particulièrement bien l’utilité des Salons et de la presse magazine

decades. He intuitively understood the role that his profession, challenge. His strength lay in designing furniture and lighting

as an interior designer. It is not the form that takes precedence,

the cost of production would be, more than ever, the driving

d’un appartement témoin d’un de leurs immeubles au Havre.

this is not predefined. He quickly understood that after the war force! In the same way, he appreciated the importance of

Salons and magazines in promoting his ‘conceptions’ of a future daily life.

Since reconstruction had not yet begun, he first devoted

himself to designing furniture, furnishing systems, and lighting, about fifteen of which were produced between 1951 and 1953. “When producers realized we were selling successfully

consacre d’abord à dessiner des pièces et systèmes de mobilier

encouraged by the example of Gascoin who was—after René

1951 et 1953.

« Lorsque les éditeurs se sont aperçus que nous réussissions

à vendre et que, soutenus par M. Breton5 en particulier, par des

revues comme Arts ménagers et La Maison française, encouragés par l’exemple de Gascoin qui avait été – après René Gabriel,

bien sûr ! – l’un des premiers à commercialiser sa production,

nos efforts semblaient trouver un accueil favorable auprès du

public, certains d’entre eux se sont intéressés à nous. C’est ainsi

que, la première, la galerie MAI a retenu plusieurs de nos modèles de meubles pour les éditer : une édition très confidentielle, mais

magazines such as Arts ménagers and La Maison française, and Gabriel, of course!—one of the first to market its production, and

our efforts seemed well-received by the public, they began to be interested in us. This is how the Galerie MAI became the first to

begin producing several of our furniture models; a very limited but very much appreciated edition! Airborne, then Steiner for

the chairs and Disderot for the lighting fixtures. In due course,

Minvielle contacted me regarding a competition in wood where we presented a living room, a parents’ room, and a children’s room, which won two firsts and a second prize. This was the

beginning of an ongoing collaboration with that manufacturer.”7 In 1952, architects Arthur-Georges Héaume and Alexandre

combien appréciable ! Airborne, puis Steiner ont suivi, pour

Persitz—former students of, and collaborators with, Auguste

Minvielle a fait appel à moi, pour le concours du bois où nous

of their model apartments in Le Havre. The new distribution

les sièges, et Disderot pour les appareils d’éclairage. À son tour,

PORTRAIT

En 1952, les architectes Arthur-Georges Héaume et

Alexandre Persitz – anciens élèves et collaborateurs d’Auguste

and were supported by M. Breton,6 in particular, and by

et d’éclairage, dont une quinzaine de chaque sont édités entre

suivie avec cet éditeur6. »

but its effect in the space within which it resides, even when

pour promouvoir ses « conceptions » du quotidien à venir.

Les chantiers n’étant pas encore au rendez-vous, il se

et une chambre d’enfant, lesquelles ont emporté deux premiers

Perret—entrusted the young agency with the design of one

more restricted, meant the occupants required the help of in this type of exercise and his project was published in La Maison française.

Perret – confient à la toute jeune agence l’aménagement

The collective experience

Distribution inédite de l’espace, surface et hauteur sous plafond

furniture, Pierre Guariche sometimes felt alone in the face

dorénavant plus restreintes nécessitent l’intervention d’un

professionnel pour aider les futurs occupants à imaginer leur intérieur. Guariche excelle dans ce type d’exercice ; le projet sera à son tour publié dans La Maison française. L’expérience du collectif

Dans sa quête inlassable d’un mobilier fonctionnel, esthétique et économique, Pierre Guariche se sent parfois bien seul face à l’apathie timorée de la plupart des fabricants

de l’ameublement dont l’outil de travail artisanal reste

désespérément inadapté à l’indispensable production en série. Il invite alors Michel Mortier et Joseph-André Motte – deux

camarades d’école partageant son engagement prospectif – à constituer un collectif sous lequel signer et dynamiser leur production ! Ainsi voit le jour en 1954 l’Atelier de recherches

plastiques (ARP), dont les bureaux seront hébergés chez David Vernhes, négociant du faubourg Saint-Antoine. « J’avais dès

In his relentless quest for functional, aesthetic, and economical of the fainthearted apathy of most furniture makers whose artisanal approach remained quite unsuited to mass

production. He thus invited Michel Mortier and Joseph-André Motte—fellow classmates who shared his forward-looking

commitment—to form a collective through which to release

their designs and to boost production! Thus, in 1954, the Atelier de recherches plastiques (ARP) was founded with its offices alongside those of trader David Vernhes in the suburb

of Saint-Antoine. “I had plenty of work. Mortier and Motte, with whom I had remained in touch, were about to leave

Gascoin and I suggested we join forces. We got along well, and it seemed interesting to compare our perspectives,

to pursue the realization of a shared project together. Thus,

the collaboration I had begun with Minvielle continued within

the framework of this team, until the creation of the elements for which Mortier was responsible.”8

Over three years, the trio designed more than thirty pieces,

lors du travail en abondance. Mortier et Motte, avec qui j’étais

took part in fairs and exhibitions, and won several competitions

je leur ai proposé de faire équipe à trois. Nous nous entendions

undertook some interior designing projects: the renovation of an

toujours resté en rapport, s’apprêtaient à quitter Gascoin, et

bien et il a paru intéressant de confronter nos points de vue,

de poursuivre ensemble la réalisation d’une œuvre commune. Ainsi la collaboration que j’avais entamée avec Minvielle

(“Meuble français de série,” “Formica,” etc.). Guariche also

eighteenth-century farmhouse in Gallardon, the refurbishment

of apartments in Paris and Neuilly, the EDF offices in Compiègne, and a building in Firminy.

PORTRAIT


Stand Airborne, Salon des arts ménagers, 1955. Airborne stand, Salon des arts ménagers, 1955.

> Pierre Guariche, Joseph-André Motte et Michel Mortier, vers 1954. Pierre Guariche, Joseph-André Motte, and Michel Mortier, c. 1954.

12

13 fut-elle continuée dans le cadre de cette équipe jusqu’à

a little stifling; although we remained good friends, we all felt

pièces et participer à des Salons, expositions et plusieurs concours

activity to a few things, each taking back our freedom for

Durant trois ans, le trio va concevoir plus d’une trentaine de

dont il sera lauréat (« Meuble français de série », « Formica »…).

Il réalise également quelques chantiers d’architecture intérieure : rénovation d’une ferme xviiie à Gallardon, aménagement

d’appartements à Paris et Neuilly, des bureaux EDF à Compiègne et d’un immeuble à Firminy.

« Mais à la longue, une association trop étroite de ce genre

finit par devenir un peu étouffante, si bien que, tout en étant d’excellents amis, nous avons les uns et les autres éprouvé

le besoin de recouvrer notre indépendance. Nous avons limité

notre activité commune à un certain nombre de choses, chacun reprenant sa liberté d’action pour le reste. Motte venait de se

voir confier les travaux d’Orly et j’avais moi-même d’importantes réalisations en cours, des aménagements d’appartements et de bureaux, ceux d’une société d’économie mixte fondée par M. Claudius-Petit, en particulier8. »

the need to regain our independence. We limited our shared everything else. Motte had just received the commission for

Orly and I had major projects underway, fitting out apartments and offices, particularly for a semi-public company founded by M. Claudius-Petit.”9

A designer who listens to his clients

On September 21, 1955, Sylvain was born to the Guariche

couple, followed the next year, on November 23, by Hervé.

After acquiring an abandoned farmhouse in Bretagnolles,

on the border of Île-de-France and Normandy, Pierre Guariche transformed it into a comfortable country home for weekends and family vacations. As the only designer on site, Guariche was able to implement, without restraint (except in terms

of budget) and without theatricality, a synthesis of all that nourished his creativity.

In 1956, under his own name, he undertook a rather

Un maître d’œuvre à l’écoute de ses clients

unexpected interior project. “I was given the opportunity

de Sylvain le 21 septembre, suivi, le 23 novembre de l’année

about it because it involved solving a very precise problem,

En 1955, la famille Guariche s’est agrandie avec la naissance suivante, d’Hervé. Ayant acquis en 1955 une ferme abandonnée

à Bretagnolles, aux confins de l’Île-de-France et de la Normandie, Pierre Guariche la métamorphose en une agréable maison de campagne pour les week-ends et vacances en famille. Seul

maître d’ouvrage à bord, Pierre Guariche y met en œuvre, sans contrainte (si ce n’est budgétaire) ni esbroufe, un résumé de tout ce qui nourrit sa créativité.

PIERRE GUARICHE

“In the long run, though, such close association becomes

la création des éléments dont Mortier est à l’origine7… »

to construct a detached house, and I became really passionate that of a family required to live in a space and in conditions

perfectly defined. I can say that I studied the program down

to the very last detail with great pleasure.”10 In fact, Monsieur Touratier entrusted him with the interiors of his pharmacy

in Maisons-Alfort (finished in 1957), and told him of his project to rebuild a house on ground sloping toward the Marne,

in Créteil. After two years of preliminary studies and work,

PORTRAIT


Stand Airborne, Salon des arts ménagers, 1955. Airborne stand, Salon des arts ménagers, 1955.

> Pierre Guariche, Joseph-André Motte et Michel Mortier, vers 1954. Pierre Guariche, Joseph-André Motte, and Michel Mortier, c. 1954.

12

13 fut-elle continuée dans le cadre de cette équipe jusqu’à

a little stifling; although we remained good friends, we all felt

pièces et participer à des Salons, expositions et plusieurs concours

activity to a few things, each taking back our freedom for

Durant trois ans, le trio va concevoir plus d’une trentaine de

dont il sera lauréat (« Meuble français de série », « Formica »…).

Il réalise également quelques chantiers d’architecture intérieure : rénovation d’une ferme xviiie à Gallardon, aménagement

d’appartements à Paris et Neuilly, des bureaux EDF à Compiègne et d’un immeuble à Firminy.

« Mais à la longue, une association trop étroite de ce genre

finit par devenir un peu étouffante, si bien que, tout en étant d’excellents amis, nous avons les uns et les autres éprouvé

le besoin de recouvrer notre indépendance. Nous avons limité

notre activité commune à un certain nombre de choses, chacun reprenant sa liberté d’action pour le reste. Motte venait de se

voir confier les travaux d’Orly et j’avais moi-même d’importantes réalisations en cours, des aménagements d’appartements et de bureaux, ceux d’une société d’économie mixte fondée par M. Claudius-Petit, en particulier8. »

the need to regain our independence. We limited our shared everything else. Motte had just received the commission for

Orly and I had major projects underway, fitting out apartments and offices, particularly for a semi-public company founded by M. Claudius-Petit.”9

A designer who listens to his clients

On September 21, 1955, Sylvain was born to the Guariche

couple, followed the next year, on November 23, by Hervé.

After acquiring an abandoned farmhouse in Bretagnolles,

on the border of Île-de-France and Normandy, Pierre Guariche transformed it into a comfortable country home for weekends and family vacations. As the only designer on site, Guariche was able to implement, without restraint (except in terms

of budget) and without theatricality, a synthesis of all that nourished his creativity.

In 1956, under his own name, he undertook a rather

Un maître d’œuvre à l’écoute de ses clients

unexpected interior project. “I was given the opportunity

de Sylvain le 21 septembre, suivi, le 23 novembre de l’année

about it because it involved solving a very precise problem,

En 1955, la famille Guariche s’est agrandie avec la naissance suivante, d’Hervé. Ayant acquis en 1955 une ferme abandonnée

à Bretagnolles, aux confins de l’Île-de-France et de la Normandie, Pierre Guariche la métamorphose en une agréable maison de campagne pour les week-ends et vacances en famille. Seul

maître d’ouvrage à bord, Pierre Guariche y met en œuvre, sans contrainte (si ce n’est budgétaire) ni esbroufe, un résumé de tout ce qui nourrit sa créativité.

PIERRE GUARICHE

“In the long run, though, such close association becomes

la création des éléments dont Mortier est à l’origine7… »

to construct a detached house, and I became really passionate that of a family required to live in a space and in conditions

perfectly defined. I can say that I studied the program down

to the very last detail with great pleasure.”10 In fact, Monsieur Touratier entrusted him with the interiors of his pharmacy

in Maisons-Alfort (finished in 1957), and told him of his project to rebuild a house on ground sloping toward the Marne,

in Créteil. After two years of preliminary studies and work,

PORTRAIT


14

En 1956, Pierre Guariche entreprend en nom propre un projet

plutôt inattendu pour un architecte d’intérieur. « Il m’a été donné

de construire une maison individuelle, et je m’y suis véritablement passionné car il s’agissait de résoudre un problème bien précis,

functionality and materials were resolutely of the architectural style of the 1950s.

This functional doubling, that of architect and interior

designer, already demonstrated the professional and human

ce programme jusque dans les moindres détails, avec beaucoup

to take all the constraints of his work as a designer into account.

de plaisir9. » En fait, monsieur Touratier lui confie l’aménagement de sa pharmacie à Maisons-Alfort (terminée en 1957), et lui fait

part de son projet de reconstruction d’une maison sur un terrain en pente vers la Marne, à Créteil. Après deux ans d’études et de travaux, Pierre Guariche livre la première maison de sa carrière, dont la fonctionnalité et les matériaux s’inscrivent dans une architecture résolument 1950.

Ce doublon opérationnel, à savoir architecte et architecte

d’intérieur, illustre déjà les qualités professionnelles mais aussi

humaines de l’homme de l’art. Tout d’abord, il maîtrise la prise en

compte de toutes les contraintes dans son travail de concepteur.

Il sait écouter les attentes du client qu’il transcende dans son projet que son fabuleux coup de crayon fait parfaitement comprendre à

des non-professionnels. En capacité de dessiner nombre de détails

qualities of this highly skilled individual. Guariche knew how

He knew how to listen to the expectations of the client, which he then incorporated into his project, and made this clear

to nonprofessionals by his perfectly executed pencil strokes.

Being able to draw many details for manufacturing, he was a

formidable project manager; the excellent finish of his projects

is evidence of this. But behind this hard worker was a charming man who did not need to force his ideas onto anyone. He was

successfully able to establish relationships of mutual trust with

his clients (both private and public) and entrepreneurs: he had the strength of conviction of the modest and knowledgeable

educator. Thus, it is not surprising that his future clients, as well as the architects using his interior design services, remained loyal to him throughout his career … and vice versa!

This was the case with Eugène Claudius-Petit. According

de fabrication, il est un formidable maître d’œuvre. En témoigne

to Françoise Guariche, with whom Pierre shared left-wing

acharné se cache un séducteur qui ne se force pas. Il réussit à

after the war, when the great socialist resistance fighter was

l’excellence de finition de ses chantiers. Mais derrière ce travailleur instaurer avec ses commanditaires (privés et bientôt publics) et les entrepreneurs une relation de confiance partagée : il a la force de conviction d’un sachant modeste et pédagogue. Rien d’étonnant

dès lors que ses maîtres d’ouvrage à venir, ainsi que les architectes faisant appel à ses services en architecture intérieure lui soient restés fidèles tout au long de sa carrière… et réciproquement ! Il en est ainsi d’Eugène Claudius-Petit. Selon Françoise

Guariche, dont Pierre partage alors les idées de gauche, ClaudiusPetit et son mari se sont rencontrés après guerre, à l’époque

où le grand résistant socialiste est ministre de la Reconstruction

et de l’Urbanisme. Ancien artisan compagnon ébéniste, ClaudiusPetit ne peut être insensible aux efforts du jeune ensemblier

qui s’évertue à concevoir un mobilier économique. Les deux

hommes sont faits pour s’entendre : ils croiseront souvent leurs compétences mais surtout ils seront amis. Lorsqu’en 1956,

Claudius-Petit est nommé à la tête de la Sonacotral afin d’offrir

PORTRAIT

15

Pierre Guariche delivered the first house of his career, whose

celui d’une famille appelée à vivre dans un espace et dans

des conditions parfaitement définis. Je puis dire que j’ai étudié

Façades sud et est de la maison de M. Touratier, Créteil, 1958. Southern and eastern façades of the house of Mr. Touratier, Créteil, 1958.

principles at the time, Claudius-Petit and her husband met

Minister of Reconstruction and Urbanism. A former craftsman and cabinetmaker, Claudius-Petit could not have been

insensitive to the young assembler’s efforts, who was striving to design affordable furniture. The two men were destined to

get along. Their skills often coincided but, above all, they were

to become close friends. When Claudius-Petit was named head of Sonacotral in 1956, to reduce slums and create housing for Algerian workers, he asked Pierre Guariche to design the new institution’s headquarters. He soon became the consulting

architect. The following year, Guariche worked with the ARP in Firminy, just outside Saint-Étienne, where Claudius-Petit

had been mayor for four years. Over the following decade, he

worked in the area several times, most notably in Firminy-Vert, the experimental district initiated by Claudius-Petit in 1953. In 1957, Pierre Guariche established a new agency at

2 Rue de Marengo in Paris. “At the time I had a small office

PORTRAIT


14

En 1956, Pierre Guariche entreprend en nom propre un projet

plutôt inattendu pour un architecte d’intérieur. « Il m’a été donné

de construire une maison individuelle, et je m’y suis véritablement passionné car il s’agissait de résoudre un problème bien précis,

functionality and materials were resolutely of the architectural style of the 1950s.

This functional doubling, that of architect and interior

designer, already demonstrated the professional and human

ce programme jusque dans les moindres détails, avec beaucoup

to take all the constraints of his work as a designer into account.

de plaisir9. » En fait, monsieur Touratier lui confie l’aménagement de sa pharmacie à Maisons-Alfort (terminée en 1957), et lui fait

part de son projet de reconstruction d’une maison sur un terrain en pente vers la Marne, à Créteil. Après deux ans d’études et de travaux, Pierre Guariche livre la première maison de sa carrière, dont la fonctionnalité et les matériaux s’inscrivent dans une architecture résolument 1950.

Ce doublon opérationnel, à savoir architecte et architecte

d’intérieur, illustre déjà les qualités professionnelles mais aussi

humaines de l’homme de l’art. Tout d’abord, il maîtrise la prise en

compte de toutes les contraintes dans son travail de concepteur.

Il sait écouter les attentes du client qu’il transcende dans son projet que son fabuleux coup de crayon fait parfaitement comprendre à

des non-professionnels. En capacité de dessiner nombre de détails

qualities of this highly skilled individual. Guariche knew how

He knew how to listen to the expectations of the client, which he then incorporated into his project, and made this clear

to nonprofessionals by his perfectly executed pencil strokes.

Being able to draw many details for manufacturing, he was a

formidable project manager; the excellent finish of his projects

is evidence of this. But behind this hard worker was a charming man who did not need to force his ideas onto anyone. He was

successfully able to establish relationships of mutual trust with

his clients (both private and public) and entrepreneurs: he had the strength of conviction of the modest and knowledgeable

educator. Thus, it is not surprising that his future clients, as well as the architects using his interior design services, remained loyal to him throughout his career … and vice versa!

This was the case with Eugène Claudius-Petit. According

de fabrication, il est un formidable maître d’œuvre. En témoigne

to Françoise Guariche, with whom Pierre shared left-wing

acharné se cache un séducteur qui ne se force pas. Il réussit à

after the war, when the great socialist resistance fighter was

l’excellence de finition de ses chantiers. Mais derrière ce travailleur instaurer avec ses commanditaires (privés et bientôt publics) et les entrepreneurs une relation de confiance partagée : il a la force de conviction d’un sachant modeste et pédagogue. Rien d’étonnant

dès lors que ses maîtres d’ouvrage à venir, ainsi que les architectes faisant appel à ses services en architecture intérieure lui soient restés fidèles tout au long de sa carrière… et réciproquement ! Il en est ainsi d’Eugène Claudius-Petit. Selon Françoise

Guariche, dont Pierre partage alors les idées de gauche, ClaudiusPetit et son mari se sont rencontrés après guerre, à l’époque

où le grand résistant socialiste est ministre de la Reconstruction

et de l’Urbanisme. Ancien artisan compagnon ébéniste, ClaudiusPetit ne peut être insensible aux efforts du jeune ensemblier

qui s’évertue à concevoir un mobilier économique. Les deux

hommes sont faits pour s’entendre : ils croiseront souvent leurs compétences mais surtout ils seront amis. Lorsqu’en 1956,

Claudius-Petit est nommé à la tête de la Sonacotral afin d’offrir

PORTRAIT

15

Pierre Guariche delivered the first house of his career, whose

celui d’une famille appelée à vivre dans un espace et dans

des conditions parfaitement définis. Je puis dire que j’ai étudié

Façades sud et est de la maison de M. Touratier, Créteil, 1958. Southern and eastern façades of the house of Mr. Touratier, Créteil, 1958.

principles at the time, Claudius-Petit and her husband met

Minister of Reconstruction and Urbanism. A former craftsman and cabinetmaker, Claudius-Petit could not have been

insensitive to the young assembler’s efforts, who was striving to design affordable furniture. The two men were destined to

get along. Their skills often coincided but, above all, they were

to become close friends. When Claudius-Petit was named head of Sonacotral in 1956, to reduce slums and create housing for Algerian workers, he asked Pierre Guariche to design the new institution’s headquarters. He soon became the consulting

architect. The following year, Guariche worked with the ARP in Firminy, just outside Saint-Étienne, where Claudius-Petit

had been mayor for four years. Over the following decade, he

worked in the area several times, most notably in Firminy-Vert, the experimental district initiated by Claudius-Petit in 1953. In 1957, Pierre Guariche established a new agency at

2 Rue de Marengo in Paris. “At the time I had a small office

PORTRAIT


16

Stand Steiner, vers 1956. Steiner stand, c. 1956. < Stand Meurop, Sicob, Paris, 1962. Meurop stand, Sicob, Paris, 1962.

des logements aux travailleurs algériens et de résorber les

at the Palais-Royal. … I found a collaborator, M. [Robert]

social de la nouvelle institution. Celui-ci en devient peu après

years later, he moved to a shop, at 9 Rue Valentin-Haüy in

avec l’ARP à Firminy, aux portes de Saint-Étienne, où son ami

(whose store on Rue du Vieux-Colombier he had designed),

bidonvilles, il fait appel à Pierre Guariche pour aménager le siège l’architecte-conseil. L’année suivante, Pierre Guariche intervient est maire depuis quatre ans. Il y réintervient à plusieurs reprises

durant la décennie suivante, plus particulièrement à Firminy-Vert,

Magnat, who has been with me ever since.”11 Less than two

La bande normande

Steiner, Airborne, and Disderot.

jouit d’une certaine assise qu’atteste une couverture presse

The Belgian adventure

de Marengo à Paris. « À l’époque je possédais un petit bureau

entrusted me with the artistic direction of their factory. The aim

au Palais-Royal. […] J’ai pris un collaborateur, M. Magnat [Robert], qui ne m’a plus quitté depuis10. » Moins de deux ans après,

il déménage pour une boutique 9, rue Valentin-Haüy dans

le XVe arrondissement. Il poursuit sa collaboration avec Minvielle (dont il agence le magasin rue du Vieux-Colombier), Steiner, Airborne et Disderot. L’aventure belge

En 1960, « je suis entré en relation avec la firme belge, Meurop, qui m’a confié en quelque sorte la direction artistique de son usine.

Il s’agit en l’occurrence de réaliser industriellement des modèles bien conçus, bien dessinés – du moins le mieux possible ! – et cependant accessibles à des budgets modestes, autrement

dit de produire en série des meubles de bon goût au prix des

communauté d’amis. Entre 1948 et 1951, le marchand de biens

best possible!—and yet accessible to modest budgets, in other words, to produce furniture series in good taste for the same

price as furniture in bad taste.”12 The eight-year collaboration with Frantz Pottiez, the Flemish industrialist with European

ambitions, resulted in the design of a wide range of more

contemporary furniture (all types of seating, tables, coffee tables, storage units, buffets, bookcases, and so on) within an already

extensive catalogue. Guariche designed several stores (including those on Avenue de Suffren and in Saint-Mandé) and branches.

He also completed several furnishing projects (including a hotel

in Calvi, the Cité de l’enfance in Plessis-Robinson, and the NotreDame-de-la-Paix faculty in Namur).

situation was on a firm footing, as can be seen in the good press

Ten years after its establishment, Guariche’s professional coverage he received.

His home in Bretagnolles wasn’t simply a convivial refuge—

d’un catalogue déjà conséquent. Il en dessine quelques magasins

for example, Michel Mortier was a frequent visitor, driving up in

succursales. Il y réalise aussi des projets d’implantation mobilière

Between 1948 and 1951, realtor Claude Half bought up swathes

(dont ceux de l’avenue de Suffren et de Saint-Mandé) et

PORTRAIT

Bretagnolles est non seulement un repaire amical – Michel

was to industrially produce well-designed pieces—at least, the

essentiellement traduite par la conception d’une large gamme tables basses, rangements, enfilades, bibliothèques…) au sein

bienveillante.

Mortier, par exemple, leur rend fréquemment visite au volant

The Normandy clique

de mobilier plus contemporain (tous types d’assises, tables,

Dix ans après son installation, sa situation professionnelle

In 1960, “I was in touch with the Belgian firm Meurop, who

meubles de mauvais goût11 ». Cette coopération durant huit ans avec l’industriel flamand aux ambitions européennes s’est

ou encore la faculté Notre-Dame-de-la-Paix à Namur…).

the 15th arrondissement. He continued his work with Minvielle

le quartier expérimental initié par l’édile dès 1953.

En 1957, Pierre Guariche installe sa nouvelle agence 2, rue

(un hôtel à Calvi, une cité pour enfants au Plessis-Robinson

his Singer—but was also the birthplace of a community of friends.

de sa Singer –, mais constitue aussi le lieu de naissance d’une Claude Half avait acheté une grande quantité de bois et forêts en France à une époque où cela ne valait plus grand-chose. Quand le marché redémarre, cinq ans plus tard, il fait fortune. Dans une clairière assez vaste du domaine boisé qu’il possède dans cette

petite commune de l’Eure, à 85 kilomètres de Paris, il fait bâtir une résidence secondaire, où, avec sa femme Françoise, ils reçoivent parents et amis. Séduits par le cadre bucolique, une dizaine

d’entre eux viendra y construire des maisons de campagne sur une parcelle acquise auprès de Claude Half, tous partageant un terrain de tennis et une piscine. Sa très belle épouse, née

Weil, a deux sœurs, Micheline et Lise, presque aussi ravissantes.

Lise vient d’abord s’y installer avec son mari, Claude Weill, et leurs enfants, puis c’est au tour de leurs belles-familles, comme celle

recomposée du docteur Simon et son épouse Micheline, sœur de Claude Weill. Parmi les amis acquéreurs, il y a l’architecte Jean-

of woods and forests in France, at a time when they weren’t

highly valued. When the market picked up again, five years later, he made a fortune. In a vast clearing in a wooded area Half

owned in a small commune in the Eure, eighty-five kilometers from Paris, Guariche had a second home built, where he and his wife, Françoise, received friends and family. Seduced by

the bucolic setting, some ten of this group would build houses on plots bought from Claude Half, all sharing a tennis court

and a pool. Half’s beautiful wife, Françoise, née Weil, had two

sisters, Micheline and Lise, who were almost as lovely. Lise first

settled there with her husband, Claude Weill, and children; then it was the turn of their in-laws, Doctor Claude Simon and his

wife, Micheline, who was Weill’s sister. Among the friends who

purchased houses was architect Jean-Paul Chauliat and Arnold Weinfeld, an industrial furniture maker, working for Steiner. Pierre and Françoise Guariche quickly joined this friendly community: Pierre often played tennis with Françoise Half, their two boys

playing with the other children of the group, especially Jean-

Marc Villiers, the eldest son of Micheline Simon, née Weill. Nearly every Saturday night, the Guariche and Half families met for dinner at La Vieille Gabelle in Évreux. They traveled together, notably to the Osaka World Expo in 1970. The group stuck

together, even when buying holiday homes—for winter sports

(the Simons in La Plagne) and the beach (the Weills in Bandol)— with Pierre Guariche decorating them all.

Paul Chauliat, Arnold Weinfeld, industriel du meuble fabriquant

From furniture to interior design

vite l’amicale communauté : Pierre joue souvent au tennis avec

designing furniture; but he had not worked on lighting fixtures

entre autres pour Steiner. Pierre et Françoise Guariche intègrent Françoise Half, leurs deux garçons avec les autres enfants du

groupe, plus particulièrement avec Jean-Marc Villiers, le fils aîné de Micheline Simon. Presque tous les samedis soir, les couples

Alongside his new work with Meurop, Pierre Guariche continued since 1959. Despite this, he was passionate about lighting, as

is clear in the sixty or so pieces he produced over ten years. Often innovative, their production demanded an enormous amount

PORTRAIT


16

Stand Steiner, vers 1956. Steiner stand, c. 1956. < Stand Meurop, Sicob, Paris, 1962. Meurop stand, Sicob, Paris, 1962.

des logements aux travailleurs algériens et de résorber les

at the Palais-Royal. … I found a collaborator, M. [Robert]

social de la nouvelle institution. Celui-ci en devient peu après

years later, he moved to a shop, at 9 Rue Valentin-Haüy in

avec l’ARP à Firminy, aux portes de Saint-Étienne, où son ami

(whose store on Rue du Vieux-Colombier he had designed),

bidonvilles, il fait appel à Pierre Guariche pour aménager le siège l’architecte-conseil. L’année suivante, Pierre Guariche intervient est maire depuis quatre ans. Il y réintervient à plusieurs reprises

durant la décennie suivante, plus particulièrement à Firminy-Vert,

Magnat, who has been with me ever since.”11 Less than two

La bande normande

Steiner, Airborne, and Disderot.

jouit d’une certaine assise qu’atteste une couverture presse

The Belgian adventure

de Marengo à Paris. « À l’époque je possédais un petit bureau

entrusted me with the artistic direction of their factory. The aim

au Palais-Royal. […] J’ai pris un collaborateur, M. Magnat [Robert], qui ne m’a plus quitté depuis10. » Moins de deux ans après,

il déménage pour une boutique 9, rue Valentin-Haüy dans

le XVe arrondissement. Il poursuit sa collaboration avec Minvielle (dont il agence le magasin rue du Vieux-Colombier), Steiner, Airborne et Disderot. L’aventure belge

En 1960, « je suis entré en relation avec la firme belge, Meurop, qui m’a confié en quelque sorte la direction artistique de son usine.

Il s’agit en l’occurrence de réaliser industriellement des modèles bien conçus, bien dessinés – du moins le mieux possible ! – et cependant accessibles à des budgets modestes, autrement

dit de produire en série des meubles de bon goût au prix des

communauté d’amis. Entre 1948 et 1951, le marchand de biens

best possible!—and yet accessible to modest budgets, in other words, to produce furniture series in good taste for the same

price as furniture in bad taste.”12 The eight-year collaboration with Frantz Pottiez, the Flemish industrialist with European

ambitions, resulted in the design of a wide range of more

contemporary furniture (all types of seating, tables, coffee tables, storage units, buffets, bookcases, and so on) within an already

extensive catalogue. Guariche designed several stores (including those on Avenue de Suffren and in Saint-Mandé) and branches.

He also completed several furnishing projects (including a hotel

in Calvi, the Cité de l’enfance in Plessis-Robinson, and the NotreDame-de-la-Paix faculty in Namur).

situation was on a firm footing, as can be seen in the good press

Ten years after its establishment, Guariche’s professional coverage he received.

His home in Bretagnolles wasn’t simply a convivial refuge—

d’un catalogue déjà conséquent. Il en dessine quelques magasins

for example, Michel Mortier was a frequent visitor, driving up in

succursales. Il y réalise aussi des projets d’implantation mobilière

Between 1948 and 1951, realtor Claude Half bought up swathes

(dont ceux de l’avenue de Suffren et de Saint-Mandé) et

PORTRAIT

Bretagnolles est non seulement un repaire amical – Michel

was to industrially produce well-designed pieces—at least, the

essentiellement traduite par la conception d’une large gamme tables basses, rangements, enfilades, bibliothèques…) au sein

bienveillante.

Mortier, par exemple, leur rend fréquemment visite au volant

The Normandy clique

de mobilier plus contemporain (tous types d’assises, tables,

Dix ans après son installation, sa situation professionnelle

In 1960, “I was in touch with the Belgian firm Meurop, who

meubles de mauvais goût11 ». Cette coopération durant huit ans avec l’industriel flamand aux ambitions européennes s’est

ou encore la faculté Notre-Dame-de-la-Paix à Namur…).

the 15th arrondissement. He continued his work with Minvielle

le quartier expérimental initié par l’édile dès 1953.

En 1957, Pierre Guariche installe sa nouvelle agence 2, rue

(un hôtel à Calvi, une cité pour enfants au Plessis-Robinson

his Singer—but was also the birthplace of a community of friends.

de sa Singer –, mais constitue aussi le lieu de naissance d’une Claude Half avait acheté une grande quantité de bois et forêts en France à une époque où cela ne valait plus grand-chose. Quand le marché redémarre, cinq ans plus tard, il fait fortune. Dans une clairière assez vaste du domaine boisé qu’il possède dans cette

petite commune de l’Eure, à 85 kilomètres de Paris, il fait bâtir une résidence secondaire, où, avec sa femme Françoise, ils reçoivent parents et amis. Séduits par le cadre bucolique, une dizaine

d’entre eux viendra y construire des maisons de campagne sur une parcelle acquise auprès de Claude Half, tous partageant un terrain de tennis et une piscine. Sa très belle épouse, née

Weil, a deux sœurs, Micheline et Lise, presque aussi ravissantes.

Lise vient d’abord s’y installer avec son mari, Claude Weill, et leurs enfants, puis c’est au tour de leurs belles-familles, comme celle

recomposée du docteur Simon et son épouse Micheline, sœur de Claude Weill. Parmi les amis acquéreurs, il y a l’architecte Jean-

of woods and forests in France, at a time when they weren’t

highly valued. When the market picked up again, five years later, he made a fortune. In a vast clearing in a wooded area Half

owned in a small commune in the Eure, eighty-five kilometers from Paris, Guariche had a second home built, where he and his wife, Françoise, received friends and family. Seduced by

the bucolic setting, some ten of this group would build houses on plots bought from Claude Half, all sharing a tennis court

and a pool. Half’s beautiful wife, Françoise, née Weil, had two

sisters, Micheline and Lise, who were almost as lovely. Lise first

settled there with her husband, Claude Weill, and children; then it was the turn of their in-laws, Doctor Claude Simon and his

wife, Micheline, who was Weill’s sister. Among the friends who

purchased houses was architect Jean-Paul Chauliat and Arnold Weinfeld, an industrial furniture maker, working for Steiner. Pierre and Françoise Guariche quickly joined this friendly community: Pierre often played tennis with Françoise Half, their two boys

playing with the other children of the group, especially Jean-

Marc Villiers, the eldest son of Micheline Simon, née Weill. Nearly every Saturday night, the Guariche and Half families met for dinner at La Vieille Gabelle in Évreux. They traveled together, notably to the Osaka World Expo in 1970. The group stuck

together, even when buying holiday homes—for winter sports

(the Simons in La Plagne) and the beach (the Weills in Bandol)— with Pierre Guariche decorating them all.

Paul Chauliat, Arnold Weinfeld, industriel du meuble fabriquant

From furniture to interior design

vite l’amicale communauté : Pierre joue souvent au tennis avec

designing furniture; but he had not worked on lighting fixtures

entre autres pour Steiner. Pierre et Françoise Guariche intègrent Françoise Half, leurs deux garçons avec les autres enfants du

groupe, plus particulièrement avec Jean-Marc Villiers, le fils aîné de Micheline Simon. Presque tous les samedis soir, les couples

Alongside his new work with Meurop, Pierre Guariche continued since 1959. Despite this, he was passionate about lighting, as

is clear in the sixty or so pieces he produced over ten years. Often innovative, their production demanded an enormous amount

PORTRAIT


212

Un monolithe de 200 mètres de long coiffé de trois

pyramides au profil de cimes architecture à lui seul la cité-

satellite d’Aime 2000 totalisant 823 appartements, dont un très grand nombre avec terrasse privative. « Par son aspect et son

A 200 meter-long monolith topped by three pyramid shapes

is the sole structure in the satellite city of Aime 2000, with a

total of 823 apartments, many of them with private terraces. “Through its appearance and living conditions, [it] gives

Restaurant de l’hôtel Le France, Plagne-Centre, vers 1966. Hôtel Le France restaurant, PlagneCentre, c. 1966.

verticale, son urbanité sans voitures et son nouvel art de vivre à la montagne – ingénieusement architecturés par Michel Bezançon et Pierre Guariche.

Dans le numéro 194 paru en février 1966, La Maison française

mode de vie, [elle] donne l’impression d’un paquebot ancré

the impression of a liner anchored in the snow. One thinks

consacre un long reportage intitulé « Sports d’hiver : La Plagne »,

Ararat. Un “pont-promenade” en plein air parcourt le bâtiment

facing the snow front, an open-air ‘walking-bridge’ runs across

Robert Legoux, le promoteur de la station, lors de ses séjours

dans la neige. On pense à l’arche de Noé au sommet du mont

sur sa partie la plus ensoleillée en face du front de neige. Toutes les cellules d’habitation sont articulées autour d’une galerie

marchande intérieure [270 mètres de long] assez unique en son genre ; le décorateur Pierre Guariche tablant sur la bonne

éducation des visiteurs l’a recouverte d’une moquette rouille qui évoque beaucoup plus un salon qu’un lieu de passage. Les boutiques, qu’il s’agisse du traiteur, du libre-service [un

drugstore de 800 mètres carrés], de l’antiquaire ou du snack-bar, ne possèdent pas de portes et offrent dans leur aménagement feutré la même idée de “réception entre soi”. Cendriers géants

répartis tout au long de la galerie, hublots en guise de fenêtres,

jardin japonais contribuent à donner à l’ensemble un caractère de grand raffinement. Un pub, un restaurant panoramique, des

of Noah’s Ark at the top of Mount Ararat. On its sunniest section, the building. All of the residential units are built around a rather

unique indoor shopping mall [270 meters long]; with a red carpet that is more suited to a living room than a transit area, designer Pierre Guariche is counting on visitors’ good manners. The

stores, whether delicatessen, self-service [an 800 square-meter drugstore], antique store, or snack bar, have no doors and in

their arrangement all offer the same idea of a ‘meeting between friends.’ The giant ashtrays scattered throughout the gallery,

the porthole windows, and a Japanese garden all contribute to

giving the whole a greatly refined character. A pub, a panoramic restaurant, cinemas, conference rooms, and a nightclub complete this leisure complex.”

19

“Of all the audacious projects initiated by this same

salles de cinéma et de conférences, un night-club complètent

group, though not the same person, La Plagne seems to have

« De tous les projets audacieux nés d’un même groupe

continue making investments.” But the most important thing

ce centre de loisirs18. »

sinon d’une même personne, La Plagne semble avoir été le seul à respecter le planning prévu et à poursuivre ses

investissements19. » Mais ce qu’il importe surtout de retenir, c’est le rôle de précurseur qu’a incarné cette station pilote, tant par 20

son montage financier et immobilier que par son architecture

LA PLAGNE

been the only one to respect the planned schedules and to 20

to remember is the pioneering role that this first resort played,21 both in terms of its financing and real estate structure, as well as in its vertical architecture, urbanity without cars, and new

concept of ‘art de vivre’ with the mountain—brilliantly engineered by Michel Bezançon and Pierre Guariche.

illustré, entre autres, avec l’appartement-bureau qu’occupe

In issue 194 of La Maison française, published in February

1966, a long story, “Sports d’hiver: La Plagne,” illustrated, among other things, the apartment-office occupied by the resort’s

developer, Robert Legoux, during his professional visits to the site.

Designed by the interior architect, it embodies the spirit Guariche advocated in this new alpine architectural context.

“Pierre Guariche has endeavored to use natural materials

professionnels sur place. Aménagé par l’architecte d’intérieur,

in the interiors, which are at times very refined. This vast room,

architectural alpestre. « Pierre Guariche s’est attaché à utiliser

white, a slatted pine ceiling, and Roman travertine floor. A rest

il incarne l’esprit prôné par ce dernier dans ce nouveau contexte dans les décors intérieurs des matériaux naturels encore, bien

que parfois très raffinés. C’est, ici, une vaste pièce, traitée en salle de séjour avec murs enduits de ciment peint en blanc, plafond de lattes de pin, sol de travertin romain. Une zone de repos est délimitée par un faux plafond en dalles de bois laquées gris,

aux joints accusés et, au sol, par un grand tapis (Tisca) de laine longues mèches. La cheminée est très belle, le foyer surélevé

est en tuilots (Carré), disposés en un savant dessin et supporte

une grille porte-bûches en inoxydable. Sous le foyer, des rampes

fluorescentes donnent un éclairage bas. La hotte, emboîtée dans le faux plafond, est en tôle habillée de lambris de pin. Une longue banquette en pin garnie de coussins forme chauffeuse, près

de la cheminée, et se termine en jardinière, côté fenêtre. Sur le mur opposé répond un long meuble de rangement en pin d’Oregon et Formica blanc : il enferme bar et dossiers (cet appartement est actuellement occupé par le directeur de la société

d’aménagement et lui sert de bureau). La table-bureau a été

spécialement dessinée. Elle est de forme elliptique avec un pied

treated as a living room, has cement plaster walls painted

area is demarcated by a false ceiling in gray lacquered wood slabs with pronounced joints, and, on the floor, by a carpet

(Tisca) of long pile woven wool. The raised hearth of the very

beautiful fireplace is tiled (Carré), skillfully organized, supporting a stainless steel grate for logs. Under the fireplace, florescence strips provide low-level lighting. The hood, set into the false

ceiling, is made of sheet metal clad with pine panels. Close to the fireplace, a long pine bench with cushions forms a

chauffeuse that ends in a planter on the window side. On the

opposite wall is a long storage cabinet in Oregon pine and white Formica: it encloses a minibar and work files (this apartment

is currently occupied by the development company’s director and serves as his office). The table-desk has been specially

designed. It is elliptical with a single stainless steel leg and white

Formica top. The very comfortable seats are upholstered in white, black, or bronze fabric (designed by Pierre Paulin and produced by Artifort). Adorning the bay window: linen and hemp drapes in shades echoing those of the rug.

LA PLAGNE


212

Un monolithe de 200 mètres de long coiffé de trois

pyramides au profil de cimes architecture à lui seul la cité-

satellite d’Aime 2000 totalisant 823 appartements, dont un très grand nombre avec terrasse privative. « Par son aspect et son

A 200 meter-long monolith topped by three pyramid shapes

is the sole structure in the satellite city of Aime 2000, with a

total of 823 apartments, many of them with private terraces. “Through its appearance and living conditions, [it] gives

Restaurant de l’hôtel Le France, Plagne-Centre, vers 1966. Hôtel Le France restaurant, PlagneCentre, c. 1966.

verticale, son urbanité sans voitures et son nouvel art de vivre à la montagne – ingénieusement architecturés par Michel Bezançon et Pierre Guariche.

Dans le numéro 194 paru en février 1966, La Maison française

mode de vie, [elle] donne l’impression d’un paquebot ancré

the impression of a liner anchored in the snow. One thinks

consacre un long reportage intitulé « Sports d’hiver : La Plagne »,

Ararat. Un “pont-promenade” en plein air parcourt le bâtiment

facing the snow front, an open-air ‘walking-bridge’ runs across

Robert Legoux, le promoteur de la station, lors de ses séjours

dans la neige. On pense à l’arche de Noé au sommet du mont

sur sa partie la plus ensoleillée en face du front de neige. Toutes les cellules d’habitation sont articulées autour d’une galerie

marchande intérieure [270 mètres de long] assez unique en son genre ; le décorateur Pierre Guariche tablant sur la bonne

éducation des visiteurs l’a recouverte d’une moquette rouille qui évoque beaucoup plus un salon qu’un lieu de passage. Les boutiques, qu’il s’agisse du traiteur, du libre-service [un

drugstore de 800 mètres carrés], de l’antiquaire ou du snack-bar, ne possèdent pas de portes et offrent dans leur aménagement feutré la même idée de “réception entre soi”. Cendriers géants

répartis tout au long de la galerie, hublots en guise de fenêtres,

jardin japonais contribuent à donner à l’ensemble un caractère de grand raffinement. Un pub, un restaurant panoramique, des

of Noah’s Ark at the top of Mount Ararat. On its sunniest section, the building. All of the residential units are built around a rather

unique indoor shopping mall [270 meters long]; with a red carpet that is more suited to a living room than a transit area, designer Pierre Guariche is counting on visitors’ good manners. The

stores, whether delicatessen, self-service [an 800 square-meter drugstore], antique store, or snack bar, have no doors and in

their arrangement all offer the same idea of a ‘meeting between friends.’ The giant ashtrays scattered throughout the gallery,

the porthole windows, and a Japanese garden all contribute to

giving the whole a greatly refined character. A pub, a panoramic restaurant, cinemas, conference rooms, and a nightclub complete this leisure complex.”

19

“Of all the audacious projects initiated by this same

salles de cinéma et de conférences, un night-club complètent

group, though not the same person, La Plagne seems to have

« De tous les projets audacieux nés d’un même groupe

continue making investments.” But the most important thing

ce centre de loisirs18. »

sinon d’une même personne, La Plagne semble avoir été le seul à respecter le planning prévu et à poursuivre ses

investissements19. » Mais ce qu’il importe surtout de retenir, c’est le rôle de précurseur qu’a incarné cette station pilote, tant par 20

son montage financier et immobilier que par son architecture

LA PLAGNE

been the only one to respect the planned schedules and to 20

to remember is the pioneering role that this first resort played,21 both in terms of its financing and real estate structure, as well as in its vertical architecture, urbanity without cars, and new

concept of ‘art de vivre’ with the mountain—brilliantly engineered by Michel Bezançon and Pierre Guariche.

illustré, entre autres, avec l’appartement-bureau qu’occupe

In issue 194 of La Maison française, published in February

1966, a long story, “Sports d’hiver: La Plagne,” illustrated, among other things, the apartment-office occupied by the resort’s

developer, Robert Legoux, during his professional visits to the site.

Designed by the interior architect, it embodies the spirit Guariche advocated in this new alpine architectural context.

“Pierre Guariche has endeavored to use natural materials

professionnels sur place. Aménagé par l’architecte d’intérieur,

in the interiors, which are at times very refined. This vast room,

architectural alpestre. « Pierre Guariche s’est attaché à utiliser

white, a slatted pine ceiling, and Roman travertine floor. A rest

il incarne l’esprit prôné par ce dernier dans ce nouveau contexte dans les décors intérieurs des matériaux naturels encore, bien

que parfois très raffinés. C’est, ici, une vaste pièce, traitée en salle de séjour avec murs enduits de ciment peint en blanc, plafond de lattes de pin, sol de travertin romain. Une zone de repos est délimitée par un faux plafond en dalles de bois laquées gris,

aux joints accusés et, au sol, par un grand tapis (Tisca) de laine longues mèches. La cheminée est très belle, le foyer surélevé

est en tuilots (Carré), disposés en un savant dessin et supporte

une grille porte-bûches en inoxydable. Sous le foyer, des rampes

fluorescentes donnent un éclairage bas. La hotte, emboîtée dans le faux plafond, est en tôle habillée de lambris de pin. Une longue banquette en pin garnie de coussins forme chauffeuse, près

de la cheminée, et se termine en jardinière, côté fenêtre. Sur le mur opposé répond un long meuble de rangement en pin d’Oregon et Formica blanc : il enferme bar et dossiers (cet appartement est actuellement occupé par le directeur de la société

d’aménagement et lui sert de bureau). La table-bureau a été

spécialement dessinée. Elle est de forme elliptique avec un pied

treated as a living room, has cement plaster walls painted

area is demarcated by a false ceiling in gray lacquered wood slabs with pronounced joints, and, on the floor, by a carpet

(Tisca) of long pile woven wool. The raised hearth of the very

beautiful fireplace is tiled (Carré), skillfully organized, supporting a stainless steel grate for logs. Under the fireplace, florescence strips provide low-level lighting. The hood, set into the false

ceiling, is made of sheet metal clad with pine panels. Close to the fireplace, a long pine bench with cushions forms a

chauffeuse that ends in a planter on the window side. On the

opposite wall is a long storage cabinet in Oregon pine and white Formica: it encloses a minibar and work files (this apartment

is currently occupied by the development company’s director and serves as his office). The table-desk has been specially

designed. It is elliptical with a single stainless steel leg and white

Formica top. The very comfortable seats are upholstered in white, black, or bronze fabric (designed by Pierre Paulin and produced by Artifort). Adorning the bay window: linen and hemp drapes in shades echoing those of the rug.

LA PLAGNE


214

unique d’acier inoxydable et plateau de Formica blanc. Sièges

très confortables revêtus de tissus blanc, noir, bronze (dessinés

walls. This room has no openings to the outside and so is air-

rideaux de lin et chanvre dont les tons rappellent ceux du tapis.

behind a hinged panel: Jean-Pierre Champ, of Atelier

par Pierre Paulin et édités par Artifort). Fermant la baie vitrée : des « Dans la chambre à coucher, plafond en pin, murs enduits de

blanc. Cette pièce ne disposait d’aucune ouverture sur l’extérieur

aussi a-t-on prévu une climatisation avec un appareil Calvinator. Cet appareil est dissimulé derrière un panneau articulé fermé et ouvert : c’est Jean-Pierre Champ, de l’Atelier d’architecture de La Plagne, qui a composé pour ce panneau une sculpture en acier Inox placée sur fond de Surnyl rouge. Pour créer une

ambiance intime et chaude, Pierre Guariche a placé derrière le lit un rideau en tissage de lin écru et fil d’or (de Geneviève Dupeux).

Deux éclairages sont dissimulés l’un sous plafond, l’autre derrière une tête de lit en pin d’Oregon courant d’un mur à l’autre. Deux tablettes de chevets, elliptiques, à plateau de Formica blanc, Aménagement d’un studio pour l’hôtel Le France, Plagne-Centre, vers 1966. Mobilier multifonctionnel, Negroni éditeur : canapés-lits, appliques lumineuses-tables de chevet, tables d’appoint-sièges pour enfants, table à hauteur réglable. Page de droite, maquette.

LA PLAGNE

Fit out of a studio for the Hôtel Le France, Plagne-Centre, c. 1966. Multifunctional furniture, produced by Negroni: sofa beds, wall lights-bedside lights, side tables-children’s chairs, height-adjustable table. Right-hand page, model.

“In the bedroom, a pine ceiling and white plastered

s’accrochent à ce panneau et, au-dessus de chacune d’elles,

un orifice rond laisse passer la lumière. Au sol, moquette vert olive. Des coussins de couleur rouge et vieil or réchauffent le dessusde-lit blanc, en laine toison de Brunet-Lecomte. Tout le mur,

conditioned with a Calvinator unit. This machine is concealed d’architecture de La Plagne, created a stainless steel sculpture for this panel, placed on a background of red Surnyl. To create a warm and intimate atmosphere, behind the bed Pierre

Guariche hung a curtain woven in raw linen and gold thread (by Geneviève Dupeux). There are two concealed lights, one

in the ceiling and the other behind an Oregon pine headboard running from wall to wall. Two elliptical nightstands with white

Formica tops are suspended from this panel and, above each,

a round opening lets in light. On the floor, olive green carpeting. Red and gold cushions add warmth to the white bedspread,

in wool fleece from Brunet-Lecomte. The entire wall facing the

foot of the bed is fitted with closets, their doors in white Formica. A Téléavia, a television set (designed by Étienne Fermigier) with

a stainless steel frame is reminiscent of the sculpture embedded in the wall.”22

face au pied du lit, est équipé de placards à portes de Formica

blanc. S’y encastrant, un récepteur Téléavia (dessiné par Étienne Fermigier) à encadrement d’acier Inox rappelant la sculpture21. »

LA PLAGNE


214

unique d’acier inoxydable et plateau de Formica blanc. Sièges

très confortables revêtus de tissus blanc, noir, bronze (dessinés

walls. This room has no openings to the outside and so is air-

rideaux de lin et chanvre dont les tons rappellent ceux du tapis.

behind a hinged panel: Jean-Pierre Champ, of Atelier

par Pierre Paulin et édités par Artifort). Fermant la baie vitrée : des « Dans la chambre à coucher, plafond en pin, murs enduits de

blanc. Cette pièce ne disposait d’aucune ouverture sur l’extérieur

aussi a-t-on prévu une climatisation avec un appareil Calvinator. Cet appareil est dissimulé derrière un panneau articulé fermé et ouvert : c’est Jean-Pierre Champ, de l’Atelier d’architecture de La Plagne, qui a composé pour ce panneau une sculpture en acier Inox placée sur fond de Surnyl rouge. Pour créer une

ambiance intime et chaude, Pierre Guariche a placé derrière le lit un rideau en tissage de lin écru et fil d’or (de Geneviève Dupeux).

Deux éclairages sont dissimulés l’un sous plafond, l’autre derrière une tête de lit en pin d’Oregon courant d’un mur à l’autre. Deux tablettes de chevets, elliptiques, à plateau de Formica blanc, Aménagement d’un studio pour l’hôtel Le France, Plagne-Centre, vers 1966. Mobilier multifonctionnel, Negroni éditeur : canapés-lits, appliques lumineuses-tables de chevet, tables d’appoint-sièges pour enfants, table à hauteur réglable. Page de droite, maquette.

LA PLAGNE

Fit out of a studio for the Hôtel Le France, Plagne-Centre, c. 1966. Multifunctional furniture, produced by Negroni: sofa beds, wall lights-bedside lights, side tables-children’s chairs, height-adjustable table. Right-hand page, model.

“In the bedroom, a pine ceiling and white plastered

s’accrochent à ce panneau et, au-dessus de chacune d’elles,

un orifice rond laisse passer la lumière. Au sol, moquette vert olive. Des coussins de couleur rouge et vieil or réchauffent le dessusde-lit blanc, en laine toison de Brunet-Lecomte. Tout le mur,

conditioned with a Calvinator unit. This machine is concealed d’architecture de La Plagne, created a stainless steel sculpture for this panel, placed on a background of red Surnyl. To create a warm and intimate atmosphere, behind the bed Pierre

Guariche hung a curtain woven in raw linen and gold thread (by Geneviève Dupeux). There are two concealed lights, one

in the ceiling and the other behind an Oregon pine headboard running from wall to wall. Two elliptical nightstands with white

Formica tops are suspended from this panel and, above each,

a round opening lets in light. On the floor, olive green carpeting. Red and gold cushions add warmth to the white bedspread,

in wool fleece from Brunet-Lecomte. The entire wall facing the

foot of the bed is fitted with closets, their doors in white Formica. A Téléavia, a television set (designed by Étienne Fermigier) with

a stainless steel frame is reminiscent of the sculpture embedded in the wall.”22

face au pied du lit, est équipé de placards à portes de Formica

blanc. S’y encastrant, un récepteur Téléavia (dessiné par Étienne Fermigier) à encadrement d’acier Inox rappelant la sculpture21. »

LA PLAGNE


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Résidence Athéna, Bandol, Jean Dubuisson architecte, 1969 Résidence Athéna, Bandol, architect Jean Dubuisson, 1969. > Résidence Athéna, perspective sur le bar, projet, 1968. Fonds Dubuisson,

SIAF/Cité de l’architecture et du patrimoine/ Archives d’architecture du xxe siècle.

Résidence Athéna, perspective from the bar, project, 1968.

Englobant hôtel et studios, la résidence-hôtel Athéna constitue

Made up of a hotel and studio apartments, the Athéna

la première tranche, livrée en 1969. Au sommet d’une pinède,

residence-hotel constituted the first phase, delivered in 1969.

horizontal immaculé surplombant de 30 mètres la mer dont profite

resembles an immaculate horizontal vessel, thirty meters above

l’immeuble-barre de trois étages prend des allures de vaisseau la clientèle grâce à un accès privé à la plage. Afin de pouvoir y

préparer ses repas, les habitations – de 35 à 45 mètres carrés – intègrent une kitchenette à leurs deux chambres (parents et

enfants). « L’hôtel situé, au rez-de-chaussée, est agrémenté d’un

restaurant, d’un vaste lobby, tous deux aménagés par l’architecte

At the top of a pine forest, the four-story, low-rise building

the sea, which guests can enjoy thanks to private access to the

beach. To help guests prepare meals, the apartments—ranging from 35 to 45 square meters—included a kitchenette alongside two bedrooms (parents and children).

“The hotel, located on the ground floor, has a restaurant and

d’intérieur Pierre Guariche. L’entrée est précédée d’un porche

a large lobby, both designed by interior architect Pierre Guariche.

des arts et traditions populaires] construit par Dubuisson à Paris

to that of the Musée [national des arts et traditions populaires]

monumental en acier noir semblable à celui du Musée [national en 1960 [inauguré en 1973]. Les trois étages comprennent une

majorité de studios. Ces cellules qui dans les esquisses devaient comprendre deux trames afin de séparer les espaces de jour et

de nuit sont finalement composées sur une trame de 3,60 mètres. Les pièces humides [sic] sont placées en partie arrière afin de regrouper les gaines accessibles depuis une large coursive

centrale. Assez spartiate, l’aménagement est pourtant très efficace, préservant l’intimité des habitants : un dressing donne accès

à la salle de bains, la kitchenette peut être occultée par une cloison mobile. Guariche dessine un mobilier modulable en pin d’Oregon et lamifié blanc, les luminaires sont intégrés dans des rampes, les espaces sont démarqués par des aménagements en bois

habilement calepinés25. » Afin de dégager depuis l’intérieur une vue panoramique sur la mer, les terrasses en loggia sont en contrebas des séjours d’une quarantaine de centimètres, soit une hauteur d’assise. Elles sont aménagées en agréables salons extérieurs.

En 1973, Jean Dubuisson livre l’Athéna Port, conçu pour « offrir

aux passionnés de la mer des locaux, équipés comme de grandes cabines, où ils trouveront le soir beaucoup de confort mais peu de

BANDOL

surface26 ». À l’aplomb d’une crique abritant un port de plaisance

cabins, where they will be comfortable in the evening, but

La forte déclivité de la pente à l’arrière de la parcelle constitue une

sheltering a private marina, an impressive rectangular high-

privé, une impressionnante barre rectiligne dresse ses huit étages. sorte de douve naturelle que franchit, depuis l’aire de parking, la

passerelle desservant la colonne de circulations verticales. Aguerri au procédé de préfabrication lourde en béton armé mis au point par l’ingénieur et entrepreneur Raymond Camus, l’architecte

recourt habilement à d’élégants éléments de façade préfabriqués venant habiller en quinconce les logements superposés. Le confort domestique de la cellule est au cœur des

encompassing a small surface area.”27 At the top of a cove,

rise reaches up eight floors. The steep slope at the rear of the

building acts as a kind of natural moat that can be crossed from

the parking area by a footbridge connecting the vertical stairway column. With experience in the heavy prefabrication process in reinforced concrete developed by the engineer Raymond

Camus, the architect skillfully used elegant prefabricated façade elements to adorn the superimposed dwellings, arranged in

The lobby is flanked by a monumental black steel porch, similar

préoccupations du promoteur, sa conception conditionnant le

built by Dubuisson in Paris in 1960 [inaugurated in 1973]. The

et des duplex de 50 à 55 mètres carrés. Pierre Guariche travaille

domestic comfort, as this design is directly related to the success

de manier le Modulor de Le Corbusier. « Son expérience acquise à

meters, and the duplexes of 50 to 55 square meters. Pierre

three upper levels are mostly made up of studios. These units,

which according to the sketches were supposed to include two

screens to separate the living and nighttime spaces, are actually made up of a 3.6 meter grid. The wet rooms [waterproofed

shower rooms] are in the rear in order to group together the

ducts, accessible from a wide central corridor. Although rather spartan, the layout is nevertheless very efficient, preserving

the inhabitants’ privacy: a dressing room gives access to the

bathroom, the kitchenette can be hidden by a movable partition.

succès de la vente sur plan des studios de 35 à 40 mètres carrés main dans la main avec Jean Dubuisson avec qui il partage l’art

l’occasion d’autres projets lui a fourni des dimensions moyennes, entre 3 et 4 mètres de large et entre 13 et 15 mètres de long.

La profondeur en outre limite le linéaire de façade et donc le coût

de la construction. C’est donc à partir de ces notions où se mêlent valeurs d’habitabilité et conscience de l’économie d’un chantier

que l’architecte se plonge dans ses recherches d’un plan idéal27. » Un décaissement de 60 centimètres de la partie arrière

Guariche designed modular furniture in Oregon pine and white

des duplex permet de porter la hauteur sous plafond à l’arrière

demarcated by cleverly designed wooden joinery.”26

– au-dessus de l’entrée et de la cuisine ouverte intégrant le coin-

laminate, the lighting is integrated in bars, and the spaces

In order to ensure a panoramic view of the sea from inside,

the loggias are about forty centimeters below the living room, approximately the height of the seating, and are arranged around lovely outdoor reclining areas.

In 1973, Jean Dubuisson finished Athéna Port, which was

designed to “offer ocean lovers a space, fitted out like large

du séjour de 3,70 mètres à 4,30 mètres, de sorte à ménager

staggered rows.

The developer’s priorities were centered on the units’

of sales off-the-plan for the studios measuring 35 to 40 square Guariche worked alongside Jean Dubuisson, both of whom

employed Le Corbusier’s Modulor in their approach. “Experience gained from other projects has led to average dimensions

of between 3 and 4 meters wide and between 13 and 15 meters long. The depth limits the façade’s linear dimensions and,

thus, the cost of construction. Based on these ideas, combining the values of livability and an awareness of the economy

of a building site, the architect plunges into his search for an ideal plan.”28

A sixty centimeter recess at the back of the duplexes made

repas – une mezzanine de 2,26 mètres où loger la chambre et

it possible to increase the ceiling height at the rear of the living

un plan de travail-coiffeuse filant tiennent lieu de garde-corps,

entrance and the open kitchen integrating the dining area—a

la salle de bains, en loggia sur le séjour. Des rangements bas sous tandis qu’un store californien procure l’intimité et la pénombre

nécessaires le soir venu. La sensation d’espace est accentuée par le crépi blanc des murs et du plafond et une palette chromatique

room from 3.7 meters to 4.3 meters, thus creating—above the

mezzanine of 2.26 meters high with the bedroom and bathroom in a loggia over the living room. A low storage unit was also

used as a railing, while vertical blinds provided the privacy and

BANDOL


222

Résidence Athéna, Bandol, Jean Dubuisson architecte, 1969 Résidence Athéna, Bandol, architect Jean Dubuisson, 1969. > Résidence Athéna, perspective sur le bar, projet, 1968. Fonds Dubuisson,

SIAF/Cité de l’architecture et du patrimoine/ Archives d’architecture du xxe siècle.

Résidence Athéna, perspective from the bar, project, 1968.

Englobant hôtel et studios, la résidence-hôtel Athéna constitue

Made up of a hotel and studio apartments, the Athéna

la première tranche, livrée en 1969. Au sommet d’une pinède,

residence-hotel constituted the first phase, delivered in 1969.

horizontal immaculé surplombant de 30 mètres la mer dont profite

resembles an immaculate horizontal vessel, thirty meters above

l’immeuble-barre de trois étages prend des allures de vaisseau la clientèle grâce à un accès privé à la plage. Afin de pouvoir y

préparer ses repas, les habitations – de 35 à 45 mètres carrés – intègrent une kitchenette à leurs deux chambres (parents et

enfants). « L’hôtel situé, au rez-de-chaussée, est agrémenté d’un

restaurant, d’un vaste lobby, tous deux aménagés par l’architecte

At the top of a pine forest, the four-story, low-rise building

the sea, which guests can enjoy thanks to private access to the

beach. To help guests prepare meals, the apartments—ranging from 35 to 45 square meters—included a kitchenette alongside two bedrooms (parents and children).

“The hotel, located on the ground floor, has a restaurant and

d’intérieur Pierre Guariche. L’entrée est précédée d’un porche

a large lobby, both designed by interior architect Pierre Guariche.

des arts et traditions populaires] construit par Dubuisson à Paris

to that of the Musée [national des arts et traditions populaires]

monumental en acier noir semblable à celui du Musée [national en 1960 [inauguré en 1973]. Les trois étages comprennent une

majorité de studios. Ces cellules qui dans les esquisses devaient comprendre deux trames afin de séparer les espaces de jour et

de nuit sont finalement composées sur une trame de 3,60 mètres. Les pièces humides [sic] sont placées en partie arrière afin de regrouper les gaines accessibles depuis une large coursive

centrale. Assez spartiate, l’aménagement est pourtant très efficace, préservant l’intimité des habitants : un dressing donne accès

à la salle de bains, la kitchenette peut être occultée par une cloison mobile. Guariche dessine un mobilier modulable en pin d’Oregon et lamifié blanc, les luminaires sont intégrés dans des rampes, les espaces sont démarqués par des aménagements en bois

habilement calepinés25. » Afin de dégager depuis l’intérieur une vue panoramique sur la mer, les terrasses en loggia sont en contrebas des séjours d’une quarantaine de centimètres, soit une hauteur d’assise. Elles sont aménagées en agréables salons extérieurs.

En 1973, Jean Dubuisson livre l’Athéna Port, conçu pour « offrir

aux passionnés de la mer des locaux, équipés comme de grandes cabines, où ils trouveront le soir beaucoup de confort mais peu de

BANDOL

surface26 ». À l’aplomb d’une crique abritant un port de plaisance

cabins, where they will be comfortable in the evening, but

La forte déclivité de la pente à l’arrière de la parcelle constitue une

sheltering a private marina, an impressive rectangular high-

privé, une impressionnante barre rectiligne dresse ses huit étages. sorte de douve naturelle que franchit, depuis l’aire de parking, la

passerelle desservant la colonne de circulations verticales. Aguerri au procédé de préfabrication lourde en béton armé mis au point par l’ingénieur et entrepreneur Raymond Camus, l’architecte

recourt habilement à d’élégants éléments de façade préfabriqués venant habiller en quinconce les logements superposés. Le confort domestique de la cellule est au cœur des

encompassing a small surface area.”27 At the top of a cove,

rise reaches up eight floors. The steep slope at the rear of the

building acts as a kind of natural moat that can be crossed from

the parking area by a footbridge connecting the vertical stairway column. With experience in the heavy prefabrication process in reinforced concrete developed by the engineer Raymond

Camus, the architect skillfully used elegant prefabricated façade elements to adorn the superimposed dwellings, arranged in

The lobby is flanked by a monumental black steel porch, similar

préoccupations du promoteur, sa conception conditionnant le

built by Dubuisson in Paris in 1960 [inaugurated in 1973]. The

et des duplex de 50 à 55 mètres carrés. Pierre Guariche travaille

domestic comfort, as this design is directly related to the success

de manier le Modulor de Le Corbusier. « Son expérience acquise à

meters, and the duplexes of 50 to 55 square meters. Pierre

three upper levels are mostly made up of studios. These units,

which according to the sketches were supposed to include two

screens to separate the living and nighttime spaces, are actually made up of a 3.6 meter grid. The wet rooms [waterproofed

shower rooms] are in the rear in order to group together the

ducts, accessible from a wide central corridor. Although rather spartan, the layout is nevertheless very efficient, preserving

the inhabitants’ privacy: a dressing room gives access to the

bathroom, the kitchenette can be hidden by a movable partition.

succès de la vente sur plan des studios de 35 à 40 mètres carrés main dans la main avec Jean Dubuisson avec qui il partage l’art

l’occasion d’autres projets lui a fourni des dimensions moyennes, entre 3 et 4 mètres de large et entre 13 et 15 mètres de long.

La profondeur en outre limite le linéaire de façade et donc le coût

de la construction. C’est donc à partir de ces notions où se mêlent valeurs d’habitabilité et conscience de l’économie d’un chantier

que l’architecte se plonge dans ses recherches d’un plan idéal27. » Un décaissement de 60 centimètres de la partie arrière

Guariche designed modular furniture in Oregon pine and white

des duplex permet de porter la hauteur sous plafond à l’arrière

demarcated by cleverly designed wooden joinery.”26

– au-dessus de l’entrée et de la cuisine ouverte intégrant le coin-

laminate, the lighting is integrated in bars, and the spaces

In order to ensure a panoramic view of the sea from inside,

the loggias are about forty centimeters below the living room, approximately the height of the seating, and are arranged around lovely outdoor reclining areas.

In 1973, Jean Dubuisson finished Athéna Port, which was

designed to “offer ocean lovers a space, fitted out like large

du séjour de 3,70 mètres à 4,30 mètres, de sorte à ménager

staggered rows.

The developer’s priorities were centered on the units’

of sales off-the-plan for the studios measuring 35 to 40 square Guariche worked alongside Jean Dubuisson, both of whom

employed Le Corbusier’s Modulor in their approach. “Experience gained from other projects has led to average dimensions

of between 3 and 4 meters wide and between 13 and 15 meters long. The depth limits the façade’s linear dimensions and,

thus, the cost of construction. Based on these ideas, combining the values of livability and an awareness of the economy

of a building site, the architect plunges into his search for an ideal plan.”28

A sixty centimeter recess at the back of the duplexes made

repas – une mezzanine de 2,26 mètres où loger la chambre et

it possible to increase the ceiling height at the rear of the living

un plan de travail-coiffeuse filant tiennent lieu de garde-corps,

entrance and the open kitchen integrating the dining area—a

la salle de bains, en loggia sur le séjour. Des rangements bas sous tandis qu’un store californien procure l’intimité et la pénombre

nécessaires le soir venu. La sensation d’espace est accentuée par le crépi blanc des murs et du plafond et une palette chromatique

room from 3.7 meters to 4.3 meters, thus creating—above the

mezzanine of 2.26 meters high with the bedroom and bathroom in a loggia over the living room. A low storage unit was also

used as a railing, while vertical blinds provided the privacy and

BANDOL


Les Katikias, Bandol, Jean Dubuisson architecte, 1965-1977. Appartement, résidence du Bois-Maurin. Ci-dessous, maquette du plan-masse. Fonds Dubuisson, SIAF/Cité de l’architecture et du

229

Les Katikias, Bandol, architect Jean Dubuisson, 1965–1977. Apartment, Résidence du Bois-Maurin. Bottom, model of the ground plan.

patrimoine/Archives d’architecture du xxe siècle.

Le 28 novembre 2000, la résidence Athéna et Athéna Port

sont classés au Patrimoine architectural du xxe siècle ; suivent Aime 2000 le 14 avril 2008, puis Les Katikias le 3 juillet 2012.

À partir 1970, Pierre Guariche a rejoint Jean Dubuisson comme

On November 28, 2000, Athéna and Athéna Port were classed

as twentieth-century Architectural Heritage Sites, followed

by Aime 2000 on April 14, 2008, and Les Katikias on July 3, 2012.

In 1970, Pierre Guariche joined Jean Dubuisson as a teacher

enseignant (en architecture) à l’école Saint-Luc de Tournai.

(in architecture) at École Saint-Luc in Tournai. He would teach

de son ami. Il y enseignera durant dix ans.

become one of his students.

Il y aura d’ailleurs comme élève Sylvain Dubuisson, l’un des fils Leur collaboration se poursuit sur d’autres opérations. On

there for ten years, and his friend’s son Sylvain Dubuisson would Guariche’s collaboration with Dubuisson on other projects

les retrouve ensemble pour la rénovation du siège de la Setimeg

continued. We find them together for the renovation of the

de l’arc de Triomphe, au 26, de l’avenue des Champs-Élysées.

away, on the other side of the Arc de Triomphe, at 26 Avenue des

à Neuilly (1977-1979) mais aussi non loin de là, de l’autre côté Propriétaires du vaste terrain traversant jusqu’à la rue de

Ponthieu, des hommes d’affaires libanais et qataris souhaitent y bâtir un ensemble de bureaux avec galerie marchande en rez-de-chaussée. Initialement en charge du projet, André

Wogenscky se voit obligé33 de s’associer à un autre architecte, Jean Dubuisson. Wogenscky préfère se retirer. Pierre Guariche

– alors associé à Bernard Marange et Alain Marcot – est chargé de la conception de la luxueuse galerie commerciale et de l’aménagement des bureaux de l’Arab Bank (1977-1981).

Victime de la contestation post-soixante-huitarde de

Setimeg headquarters in Neuilly (1977–1979), and not very far

Champs-Élysées. Lebanese and Qatari businessmen, owners

of this large parcel of land reaching to Rue de Phonthieu, wished to build an office complex with a shopping mall on the ground floor. André Wogenscky, initially in charge of the project, was obliged to partner with another architect, Jean Dubuisson;34

however, Wogenscky preferred to withdraw from the enterprise. Pierre Guariche—teamed up with Bernard Marange and Alain

Marcot—was entrusted with designing the luxurious shopping mall and fitting out the offices of the Arab Bank (1977–1981).

A victim of the post-1968 rejection of modern architecture,

l’architecture moderne, Jean Dubuisson réoriente une partie

Jean Dubuisson redirected part of his practice overseas.

un ensemble de logements – Les Jardins de Vanak (1970-1977) –

complex—Jardins de Vanak (1970–1977)—in Teheran, and a

de son activité à l’étranger. Il invite Guariche sur deux projets :

à Téhéran, ainsi qu’un centre commercial (1978) entre Dubaï et Sharjah (Émirats arabes unis).

He invited Guariche to work on two projects: a residential

shopping mall (1978) between Dubai and Sharjah in the United Arab Emirates.

BANDOL


Les Katikias, Bandol, Jean Dubuisson architecte, 1965-1977. Appartement, résidence du Bois-Maurin. Ci-dessous, maquette du plan-masse. Fonds Dubuisson, SIAF/Cité de l’architecture et du

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Les Katikias, Bandol, architect Jean Dubuisson, 1965–1977. Apartment, Résidence du Bois-Maurin. Bottom, model of the ground plan.

patrimoine/Archives d’architecture du xxe siècle.

Le 28 novembre 2000, la résidence Athéna et Athéna Port

sont classés au Patrimoine architectural du xxe siècle ; suivent Aime 2000 le 14 avril 2008, puis Les Katikias le 3 juillet 2012.

À partir 1970, Pierre Guariche a rejoint Jean Dubuisson comme

On November 28, 2000, Athéna and Athéna Port were classed

as twentieth-century Architectural Heritage Sites, followed

by Aime 2000 on April 14, 2008, and Les Katikias on July 3, 2012.

In 1970, Pierre Guariche joined Jean Dubuisson as a teacher

enseignant (en architecture) à l’école Saint-Luc de Tournai.

(in architecture) at École Saint-Luc in Tournai. He would teach

de son ami. Il y enseignera durant dix ans.

become one of his students.

Il y aura d’ailleurs comme élève Sylvain Dubuisson, l’un des fils Leur collaboration se poursuit sur d’autres opérations. On

there for ten years, and his friend’s son Sylvain Dubuisson would Guariche’s collaboration with Dubuisson on other projects

les retrouve ensemble pour la rénovation du siège de la Setimeg

continued. We find them together for the renovation of the

de l’arc de Triomphe, au 26, de l’avenue des Champs-Élysées.

away, on the other side of the Arc de Triomphe, at 26 Avenue des

à Neuilly (1977-1979) mais aussi non loin de là, de l’autre côté Propriétaires du vaste terrain traversant jusqu’à la rue de

Ponthieu, des hommes d’affaires libanais et qataris souhaitent y bâtir un ensemble de bureaux avec galerie marchande en rez-de-chaussée. Initialement en charge du projet, André

Wogenscky se voit obligé33 de s’associer à un autre architecte, Jean Dubuisson. Wogenscky préfère se retirer. Pierre Guariche

– alors associé à Bernard Marange et Alain Marcot – est chargé de la conception de la luxueuse galerie commerciale et de l’aménagement des bureaux de l’Arab Bank (1977-1981).

Victime de la contestation post-soixante-huitarde de

Setimeg headquarters in Neuilly (1977–1979), and not very far

Champs-Élysées. Lebanese and Qatari businessmen, owners

of this large parcel of land reaching to Rue de Phonthieu, wished to build an office complex with a shopping mall on the ground floor. André Wogenscky, initially in charge of the project, was obliged to partner with another architect, Jean Dubuisson;34

however, Wogenscky preferred to withdraw from the enterprise. Pierre Guariche—teamed up with Bernard Marange and Alain

Marcot—was entrusted with designing the luxurious shopping mall and fitting out the offices of the Arab Bank (1977–1981).

A victim of the post-1968 rejection of modern architecture,

l’architecture moderne, Jean Dubuisson réoriente une partie

Jean Dubuisson redirected part of his practice overseas.

un ensemble de logements – Les Jardins de Vanak (1970-1977) –

complex—Jardins de Vanak (1970–1977)—in Teheran, and a

de son activité à l’étranger. Il invite Guariche sur deux projets :

à Téhéran, ainsi qu’un centre commercial (1978) entre Dubaï et Sharjah (Émirats arabes unis).

He invited Guariche to work on two projects: a residential

shopping mall (1978) between Dubai and Sharjah in the United Arab Emirates.

BANDOL


REMERCIEMENTS

Nous tenons à remercier tous ceux qui nous ont aidés à réaliser cet

ouvrage, et tout particulièrement

CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES incontournable de l’histoire des éditions Pierre Disderot ;

la Société des éditions Pierre

ainsi que

ce projet avec enthousiasme

de Savoie, Emmanuelle Combet

Guariche (SDEPG) qui a soutenu et ouvert ses archives ; plus spécialement Jean-Marc

Villiers, son président, qui nous

les Archives départementales

le Centre d’archives d’architecture du xxe siècle, Paris, Simon Vaillant ;

a accompagnés de la genèse

les photographes

Benabdou-Guariche et Hervé

Jean-Pierre Leloir†, Matthieu

de l’ouvrage à sa parution, Julie Guariche.

Benjamin Chelly, Thierry Depagne, Roquigny ;

Nos remerciements s’adressent

ainsi que :

livre, Lionel Blaisse, son initiateur,

Bartoli, Françoise Blondel, Christian

à ceux qui ont travaillé sur le

Aurélien Jeauneau et Delphine

Jacob, ainsi que Carole Daprey, Lorraine Ouvrieu, Bronwyn

Mahoney, Penny Irremonger. Nous remercions également

les galeries, marchands, éditeurs ou institutions qui ont apporté

de précieuses informations sur

la carrière de Pierre Guariche et

ont partagé leur documentation : Galerie Aurélien Jeauneau, Saint-Ouen

Demisch-Danant, Paris-

New York, Stéphane Danant, Suzanne Demisch

Galerie Alexandre Guillemain, Paris, Alexandre Guillemain,

Alain Baranes-Baldocchi, Pascale Bruges, Michel Collet, Laurent Denize d’Estrées, Jean Flory,

Éric et Christiane Germain, Sylvain Guariche, Michel Trousselle,

à Lison, Eddy, Maril, Loulou,

Jean Biaugeaud, 202, 210, 211,

qui comprendront bientôt que

C.F.E., 286-289. Benjamin Chelly,

Marceau, Lou, Norah et Gauthier, c’est une affaire de famille ; à Ariane Maminy Bonnet,

de l’amour jusqu’aux étoiles, à Jérémy, enfin, et surtout,

pour tout son soutien, son espace et son temps.

262b, 263. Bouillaud, 298-300.

37, 38, 51, 55, 57, 61, 63g, 65, 66, 69, 71, 72, 75, 77, 99, 101, 102, 106-107,

109, 129, 131, 152b, 163, 170, 174b, 185. Chevojon, 42. Jean Collas, 80, 88,

302-303. Francis Dalsace, 248,

251, 252, 253. Thierry Depagne/

Demisch Danant, 81, 85, 87, 91, 94, 95, 98, 118, 119, 127, 132, 144, 146, 151, 154, 159b, 198. DR, 6, 8, 11-13, 15-17,

20, 27-29, 35, 43, 48, 54, 56g, 60, 62,

63d, 67, 68, 70d, 84, 90, 100, 104, 108,

113, 120, 122-126, 128, 133-138, 140-143, 149, 150, 152h, 153, 155-157, 159h, 165,

169h, 170, 171, 173, 175, 179, 18-184, 192, 194, 195, 199, 200, 203-209, 212-219, 222, 226, 266-269, 276-279, 281,

290-293, 295-297, 301, 323, 340,

351. DR/CAPA/CAA du xxe siècle,

Bob Vanweydeveldt, Romain Derre,

228, 229. DR/galerie Alexandre

et Claude Simon, Claude Weill,

Genest, 260, 262h, 264. Neubert

Bruno-Bernard Simon, Micheline Pierre-Alain Weill.

Guillemain, 45, 78, 92, 148, 160. Paul Horak, 49, 284, 285. Joël, 18. Gaston Karquel, 41, 86, 96, 97, 282. Aurélien

Aurélien Jeauneau exprime par

Knoff, 197g. Jean-Pierre Leloir,

à Antoine Simonin et Vincent

231, 232, 235-247, 254, 256, 308-

ailleurs toute sa reconnaissance : Thévenon, Céline et Fabrice Luzu, Isabelle Praud et Roro, Yana et Jérôme Leblay, Catherine et

Christian Beguin, Raymond Sicre,

Didier Pregaldiny, Guillaume Cuzin et Benjamin Latil,

24, 25, 30, 31, 189, 191, 220, 225, 227, 321. Pascal Lemaître, 196. Thierry

Matly/galerie Jacques Lacoste, 34. P. Molinard, 46, 47, 52, 53. Georges Pallot, 304-307. Pottier, 56d.

Racroul, 110, 115, 116, 117. Mathieu Roquigny/galerie Kreo, 59.

Bernard Rouget, 250. Seeberger, 4. Alain Spy, 21, 26, 259, 270-275.

Romain Morandi

à Isabelle Stanislas, Juliet Mann,

Clémence Krzentowski, Karen

Charlie Ferrer,

© ADAGP, Paris, pour les œuvres

Bouvier, Joëlle Juhen, et toute

Tallon.

Galerie Kreo, Paris, Didier et Chaix

Galerie Jacques Lacoste, Paris,

Jacques Lacoste, Agnès Mulon Galerie Circa 51, Saint-Ouen Thibaut Renesson-Philipon, Bordeaux

Meurop Reboot, Belgique, Nicolas Anthoine et Arend Pelgrims

Sammode, Emmanuel Gagnez Hugues Disderot, témoin

à Pierre Frey, William Cotton et

aux confrères bien aimés, Valérie l’allée 6, d’hier et de demain,

à sa mère, qui a permis tous

les possibles, à son père, qui lui a transmis son goût pour

le meuble ancien et l’histoire

de France ; à son frère, compagnon de route, sa sœur et Babou, ses premiers soutiens ;

Page 351 : Photographie promotionnelle de la chaise Coquillage, vers 1962. Promotional photograph of the Coquillage chair, c. 1962.

de Michel Mortier, Philolaos, Roger


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