Face aux addictions, qui touchent 8 à 10 % de la population, une solution existe. Gratuite et à la portée de tous, elle évite le recours massif aux médicaments habituellement pratiqué. Développée dans les années 1930 par les fondateurs américains des Alcooliques Anonymes, Bill Wilson et Bob Smith, cette méthode en douze étapes n’a rien d’un remède miracle. Elle se base sur la parole collective et l’écoute, autour d’un principe simple : des addicts aident d’autres addicts. “Les gens qui font partie du problème peuvent faire partie de la solution”, dit l’un des créateurs de ce programme d’entraide suivi avec succès par des millions de dépendants dans de nombreux pays. Mais en France, il reste ignoré, voire méprisé par les milieux hospitaliers et universitaires, souvent par manque d’information. Psychologue, Philippe Cavaroz le recommande à ses patients dépendants depuis des années. Il en explique ici le fonctionnement, loin des idées reçues. Son récit clair et direct redonne espoir à ceux qui pensaient ne jamais s’en sortir et à tous leurs proches qui ne voient pas d’issue à leurs souffrances. Ancien trader devenu psychologue, spécialiste des addictions, Philippe Cavaroz exerce à Paris et en Seine-Maritime. Michel Henry est journaliste.
Illustration de couverture : © Henry Matisse, La Danse, 1910
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12 ÉTAPES POUR SORTIR DE L’ADDICTION
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ISBN 978-2-330-16027-2
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DÉP. LÉG. : JANV. 2022 19 e TTC France www.actes-sud.fr
AVEC MICHEL HENRY
REVIVRE
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PHILIPPE CAVAROZ AVEC MICHEL HENRY
PHILIPPE CAVAROZ
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PHILIPPE CAVAROZ AVEC MICHEL HENRY
REVIVRE 12 ÉTAPES POUR SORTIR DE L’ADDICTION PRÉFACE DU DR ROBERT LEFEVER
DOMAINE DU POSSIBLE ACTES SUD
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PRÉFACE DU DR ROBERT LEFEVER
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AVANT-PROPOS 11 INTRODUCTION 14
L’origine des “Douze étapes” La France à la traîne
18 21
1. GÉNÉRALITÉS SUR LES ADDICTIONS
24
Pourquoi l’addiction ? La dépendance La nécessaire abstinence Ce que signifie “toucher le fond” La grande solitude des proches Le retard français
25 27 31 34 36 38
2. LE CONCEPT DE RÉTABLISSEMENT
43
Le parallèle avec le petit enfant L’arrêt et la phase “schizo-paranoïde” La phase dépressive La réparation La subjectivation
45 48 49 50 51
3. LES PROCESSUS CURATIFS DU RÉTABLISSEMENT
53
Le comment plutôt que le pourquoi 55 La groupalité 55 L’espoir 60 L’identification 61 L’étayage 61 La psychoéducation 62 La catharsis 65 La fonction réparatrice de la “Puissance Supérieure” 66 L’altérité 67 La spiritualité 68 La reconstruction identitaire 71 Le “clean” 72 La divulgation d’éléments personnels 72 L’humour 73 L’anonymat 74
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4. LES ÉLÉMENTS DU PROGRAMME
75
Les réunions Le parrainage La littérature Le service La communauté Douze étapes Les Douze étapes
76 83 85 86 87 88
5. LES DOUZE ÉTAPES
89
Les Douze étapes en une page La première étape La deuxième étape La troisième étape La quatrième étape La cinquième étape La sixième étape La septième étape La huitième étape La neuvième étape La dixième étape La onzième étape La douzième étape
90 91 97 106 116 126 134 140 147 157 165 173 181
6. AVANTAGES ET CRITIQUES DU MODÈLE DOUZE ÉTAPES
189
Les avantages du modèle Les critiques
191 192
CONCLUSION 197
Tous addicts ? Comment développer les Douze étapes ? Une école de vie
199 201 202
ANNEXES 203
Les Douze étapes en un clin d’œil Nos bonnes adresses Petit lexique d’addictologie façon Douze étapes
204 205 207
Notes 211
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PRÉFACE
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hilippe Cavaroz est un professionnel que je respecte beaucoup. Son livre est une source d’inspiration. Dans la plupart des pays européens, le traitement habituel des problèmes de dépendance ou de comportement compulsif repose sur la substitution de drogues et la réduction des risques. Cela n’aide en rien les gens à devenir totalement abstinents et à mener la vie créative qu’ils méritent. Il est paradoxal de traiter un problème de drogue (alcool, nicotine, sucre ou “drogues récréatives”) par davan‑ tage de drogues. Celles-ci perpétuent la dépendance. La “réduction des risques” la plus eªcace et la plus sûre est l’abstinence totale. Philippe Cavaroz comprend très bien ces principes. Il nous livre un message d’encouragement et d’espoir. J’ai étudié à l’université de Cambridge et à la faculté de médecine de l’hôpital de Middlesex. En six ans, je n’ai suivi aucune leçon de psychologie humaine. On nous enseignait les surdoses de médica‑ ments et la manière de les combattre chimiquement. On nous parlait des conséquences de l’alcoolisme, de la toxicomanie et des troubles alimentaires. Mais nous n’avons rien appris sur les causes. On sup‑ posait qu’elles étaient dues à une mauvaise éducation, à des expé‑ riences traumatisantes dans l’enfance, à la pression des pairs et à de mauvais choix en matière d’amitiés et d’environnement. Nous n’avons rien appris sur le concept de “maladie de la dépendance”, dans lequel l’esprit humain sou¤re d’un sentiment de vide intérieur sans cause sociale évidente, peut-être pour des raisons génétiques. Par la suite, j’ai adoré mon travail comme médecin de famille. Mais je n’étais absolument pas préparé à l’avalanche de problèmes humains que mes patients me faisaient a¤ronter. Je n’avais qu’un carnet d’ordon‑ nances. J’ai découvert que j’avais peu de connaissances sur la façon d’aider ceux qui en avaient le plus besoin : les ivrognes et les toxico‑ manes, les accros au jeu, les personnes boulimiques qui s’empi¤rent, celles qui s’a¤ament ou vomissent volontairement, les fumeurs, les personnes qui s’automutilent. J’avais appris à connaître les maladies, mais pas ces êtres humains qui étaient les pires ennemis d’eux-mêmes. –9–
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Lorsque j’ai découvert que ces personnes pouvaient atteindre une rémission à long terme en suivant le programme Douze étapes créé par les fondateurs des Alcooliques Anonymes, j’ai été fasciné. La plupart de ces patients étaient alors récupérés par l’Armée du Salut ou les Samaritains. Ce que les médecins avaient de mieux à leur o¤rir, c’était davantage de médicaments, des substances altérant l’humeur qui créaient une autre dépendance et se révélaient aussi destructrices. Des amis bien intentionnés m’ont fait remarquer que mon propre comportement n’était pas des plus stables. J’ai commencé à suivre le programme Douze étapes pour moi-même et à le faire décou‑ vrir à mes patients. Ma vie a changé de façon spectaculaire. J’étais plus heureux et plus créatif. À mon époque, le service national de santé britannique n’avait pas de rehabs, de “centres de réadaptation” (ce n’est pas beaucoup mieux aujourd’hui, ceux qui existent sont très rudimentaires). J’ai hypothéqué tout ce que je possédais et j’ai créé le mien dans le Kent. En vingt-trois ans, mes 120 employés et moi-même avons traité plus de 5 000 patients hospitalisés. J’ai formé plus de 20 thérapeutes, dont Philippe. Notre objectif était l’abstinence à long terme. Et, plus que cela, des vies heureuses et créatives. À ce propos, j’ai récemment composé 23 chansons sur des poèmes de Verlaine. Cette créativité me semble un peu plus gratifiante que de rêver à un bonheur chimique ou à une émotion artificielle. Je n’ai tiré aucun revenu de cette activité ; mon cabinet médical me suªsait. Je travaillais à toute heure mais je n’étais jamais fatigué car je considérais mon travail comme un privilège. Je l’aimais. Philippe Cavaroz partageait alors mon enthousiasme. Nous le partageons toujours aujourd’hui. Dr Robert Lefever Fondateur en 1986 d’une clinique dans le Kent, au sud de l’Angleterre, le Dr Robert Lefever est un addictologue très connu et respecté au Royaume-Uni, un pionnier auteur de nombreux ouvrages de référence.
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AVANT-PROPOS
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e livre n’a pas la prétention de détenir la vérité sur la sortie de l’addiction. Il est juste le fruit de mon expérience de plus de trente années passées auprès de personnes ayant connu l’enfer de la dépendance. Il s’inspire aussi de leur chemin pour en sortir et ne plus y retourner. Pendant longtemps, j’ai cru que le combat contre les addictions était vain, tant l’ennemi était puissant. D’autres che‑ mins existent mais le programme que je vous présente ici m’a rendu l’espoir, car il donne aux gens la possibilité de changer.
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AVERTISSEMENT Pour des raisons de simplicité, j’emploierai indi¤éremment les termes “addiction” et “dépendance”. Idem pour “addict” et “dépen‑ dant”. Par ailleurs, les prénoms des dépendants cités ont été modifiés, pour protéger leur anonymat.
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INTRODUCTION
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On se retrouve comme dans une chaloupe, des rescapés d’un naufrage qui partagent ce sentiment commun d’avoir survécu. Entendu dans un groupe NA (Narcotiques Anonymes)
Lorsque je travaillais dans sa clinique, le Dr Robert Lefever* avait coutume de répéter ce chi¤re catastrophique : les addicts repré‑ sentent 8 à 10 % de la population. À l’échelle de la France, cela concerne plus de cinq millions de personnes. C’est beaucoup, mais ce n’est pas tout. Car le dépendant constitue une calamité pour lui et pour son entourage. Derrière un addict actif se cache une foule dont la sou¤rance n’est pas reconnue : un conjoint, des enfants, des parents, un patron, des collègues, des amis… Des gens en détresse qui pourraient se multiplier, si l’on considère l’épidémie d’opioïdes aux États-Unis qui atteint aussi la France avec des patients accros aux antidouleurs. Et si l’on relève que la consommation de cocaïne est en hausse dans l’Hexagone**. L’urgence commande de trouver des solutions, car l’addiction est un gâchis qui empêche l’être humain de réaliser son poten‑ tiel. Tant qu’il vit sous l’emprise d’un produit ou d’un compor‑ tement, le dépendant reste égocentré. Comme obsédé, incapable de nouer des relations, il ne s’occupe que de servir son addiction. Que faire ? L’addiction est tyrannique. Il n’y en a que pour elle. Malgré les avancées de la science, nous sommes plutôt mal lotis * Éminent addictologue anglais, le Dr Robert Lefever a créé un groupe spécialisé dans les centres de traitement de l’addiction. J’y ai travaillé de 2007 à 2008 puis j’y suis retourné de 2017 à 2019 pour lancer un programme francophone. ** La part des 18‑64 ans ayant expérimenté la cocaïne a été multipliée par quatre en deux décennies, selon l’OFDT (Observatoire français des drogues et des toxicoma‑ nies) : “De 1,2 % en 1995 à 5,6 % en 2017, un niveau stable par rapport à 2014.” Augmentation aussi de la proportion d’usagers dans l’année : de 0,3 % en 2000 à 1,1 % en 2014, puis 1,6 % en 2017. “L’usage de ce produit, autrefois cantonné à des catégories aisées, touche depuis quelques années l’ensemble des strates de la société, quoique de manière hétérogène”, note l’OFDT dans son rapport 2020, qui tire ces chi¤res du Baromètre santé 2017 (étude de Santé publique France).
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en France pour la combattre. Déjà, notre époque révère comme des dieux la croissance et la consommation ; à chaque instant, on nous incite à acheter davantage de produits guère bénéfiques. L’alcool, les antidépresseurs, les jeux de hasard, la junk food, la “cardio” pour rester en forme, l’endettement… Un jour, la machine s’emballe, on se retrouve addict et il n’y a pas grand-chose pour nous sortir de là. J’ai la soixantaine. Brassée par la culture pop de l’après 1968, ma génération a payé un lourd tribut à cette vaste misère qu’est l’addiction. J’ai perdu tellement de bons amis, vu tant de vies rui‑ nées et croisé tant de familles ravagées qu’il me semble nécessaire de présenter une méthode simple, gratuite et eªcace. Ce livre est basé sur plus de trente ans d’expérience personnelle et profession‑ nelle. Avant de devenir psychologue spécialisé dans les maladies de la dépendance, j’ai travaillé dix-sept ans, de 1987 à 2004, dans une salle de marché au sein d’une société de bourse. La performance, la compétition entre traders, les objectifs de la direction, les horaires, le manque de sommeil – à l’échelle de la planète, les marchés ne ferment jamais –, les sorties avec les clients, la perspective de gains très lucratifs, tout incitait à ingurgiter stimulants ou calmants. Les hyperactifs s’enfilaient des produits susceptibles de se modérer, les calmes privilégiaient les excitants. Ce fut toute une époque pour moi. Je me souviens qu’il y avait deux styles bien distincts, les boursiers old school gris vêtus comme des caricatures de Daumier et puis, coïncidant avec la fin du mono‑ pole des agents de change et l’arrivée des brokers anglo-saxons, les jeunes loups issus de la culture des Rolling Stones. Avec mon MBA de l’université de New York, j’ai débarqué à ce moment-là. Les premiers se traitaient au bordeaux chez Galopin, la brasserie histo‑ rique du quartier. Ils vidaient moult flacons au déjeuner avant de revenir bien allumés au bureau où ils continuaient de s’arsouiller en bouclant leurs comptes. Les seconds carburaient souvent aux lignes de “C” (la cocaïne) qui attaquaient leurs cloisons nasales ou – 16 –
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aux “ecstas” (ecstasy) qui les plongeaient dans l’euphorie quand ils s’éclataient en boîte aux Bains-Douches. Dans les années 1980, la Bourse vivait un choc de culture. De nombreux films ont dépeint cette époque épique. C’était chaud. Beaucoup, portés par ces pro‑ duits, se croyaient invincibles. Dans les années 1990, en vacances aux États-Unis, la police m’obligea à assister à des groupes de parole parce que j’avais bu un coup de trop lors d’une soirée, et j’ai pu ainsi découvrir la méthode dite des “Douze étapes”. À ma grande surprise, j’ai constaté l’e¤et positif de ces réunions sur les addicts où chacun à son tour partage son expérience sans jamais juger celle des autres. Je l’ai vu de mes yeux : ce programme a changé la vie de tous ceux qui l’ont appliqué. Selon des études comparatives menées par des chercheurs indé‑ pendants, cette méthode appliquée par des millions de dépen‑ dants est aujourd’hui la plus eªcace1. Les cohortes de malades qui utilisent les groupes Douze étapes ont plus de chances de rester abstinents et d’améliorer leur vie quotidienne en suivant ce “voyage au long cours”, comme un de mes professeurs l’a défini. En mars 2020, l’étude américaine de l’institut Cochrane, basée sur plus de 10 000 personnes, a conclu que la méthode atteint les meilleurs taux d’abstinence : ils oscillent entre 22 et 37 %, contre 15 à 25 % avec les autres méthodes2. Il ne s’agit pas uniquement de soigner l’addiction physique. Il faut maîtriser l’acceptation et la gestion quotidienne d’un état chronique dont on ne guérit jamais, privilégier la parole collective, l’écoute et les liens qui en découlent plutôt que le triptyque “médocs-clopes-télé” souvent appliqué par défaut dans les cures de “désintox”. Dans ce modèle basé sur l’expérience de malades qui s’en sont sortis, chacun est pris en charge – et se prend en charge. On y donne des outils pour gérer ses émotions sans faire la morale.
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L’origine des “Douze étapes” Plusieurs routes mènent à l’addiction, plusieurs voies permettent d’en sortir ; celle-ci a montré son eªcacité. Ce n’est pas un remède miracle mais un guide de “rétablissement” élaboré par des addicts pour des addicts. Une dynamique de groupe basée sur une “aide mutuelle, avec l’idée que les gens qui font partie du problème peuvent faire partie de la solution”, comme Jerry Spicer l’a écrit dans The Minnesota Model 3. Intrigué, j’ai voulu comprendre. À presque 50 ans, j’ai repris mes études ; de ce programme j’ai fait le sujet de mon master de psycho. Le prof me conseilla de conti‑ nuer vers une thèse. Mais le sujet n’était pas assez “lacanien”, il n’intéressa pas l’école doctorale de ma fac, très portée sur ce grand poète. Le comité de sélection le rejeta. Qu’importe. Ce livre s’inscrit dans la suite logique de ce travail. Il comble un vide pour tous ceux qui ignorent cette méthode. On la doit au cofondateur des Alcooliques Anonymes (AA), Bill Wilson (1895‑1971), stock broker new-yorkais, qui en écrivit la trame en 1935 après l’avoir lui-même expérimentée. Jusque-là, il carburait à quatre bouteilles de gin par jour, qu’il fabri‑ quait dans sa baignoire, ainsi que l’a raconté Joseph Kessel4. Wilson s’appuya sur trois sources d’inspiration. D’abord, le Dr William Duncan Silkworth (1873‑1951), médecin-alcoologue qui a traité plu‑ sieurs milliers d’alcooliques (dont Bill Wilson à quatre reprises) au Charles B. Towns Hospital de New York. Silkworth fut le premier à décrire la maladie et à montrer que l’alcoolique a un comporte‑ ment particulier5. Ce dernier développe comme une forme d’allergie, une réaction automatique, une hypersensibilité qui se transforme en besoin irrépressible de consommer toujours plus, jusqu’à réduire sa vie à une obsession : se procurer le produit. Les neurosciences ont depuis confirmé que les drogues court-circuitent certaines fonc‑ tions cognitives pour transformer le sujet en automate dont elles ont pris le contrôle. – 18 –
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AVEC MICHEL HENRY
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PHILIPPE CAVAROZ AVEC MICHEL HENRY
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