AGIR POUR LE VIVANT #2
AGIR POUR LE VIVANT #2
Vivants parmi les vivants, Anne-Sophie Novel ; Construire un monde en commun, Anne-Cécile Bras ; Dessiner un nouvel humanisme, Séverine KodjoGrandvaux ; Les vivants et la parole, Marielle Macé ; Le festin culturel…, Sophie Marinopoulos ; Justice pour le vivant, Marie Toussaint ; Rêves d’Europe…, Lionel Bordeaux. Cinq ateliers présentés par le collectif Le Bruit qui court, Laure Bonnevie, Tarik Chekchak, Fatou-Maty Diouf, Anne Gaillard, Deborah Glejser Lindlau, Raphaël Mathevet et Frédéric Pitaval viennent compléter ces réflexions. L’ensemble est ponctué de verbatims rythmés qui nous immergent au cœur d’échanges aussi denses que fertiles.
www.actes-sud.fr DÉP. LÉG. : JUIN 2022 15 € TTC France ISBN 978-2-330-16685-4
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Illustrations de couverture : © Agence Saguez and Partners, 2022
Rendez-vous annuel désormais incontournable des étés arlésiens, Agir pour le vivant permet de fédérer une communauté expressive autour de la question du vivant. En août 2021 s’est déroulée la deuxième édition de cet événement unique en France : une semaine de débats, de rencontres, d’ateliers, d’expositions et de projections. Introduit par Sébastien Pluot et Agathe Redier, l’ouvrage s’articule autour de sept journées thématiques restituées par leurs animatrices :
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SOMMAIRE
Introductions Soyons de ces rêveurs qui mettent les mains dans la terre....................................................
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par Agathe Redier
D’autres chemins sont possibles.....................
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par Sébastien Pluot
1re journée : Vivants parmi les vivants................. Le vivant a ses raisons que la raison ne connaît pas....
36 39
par Anne-Sophie Novel
Atelier 1 : Agir pour le vivant en Afrique............ Agir pour le vivant en Afrique.............................
58 59
par Fatou-Maty Diouf
2e journée : Construire un monde en commun.... Construire un monde en commun.....................
70 73
par Anne-Cécile Bras
Atelier 2 : Assemblée populaire du Rhône........... L’Assemblée populaire du Rhône : faire entendre la voix du fleuve.......................
90 91
par Laure Bonnevie, Deborah Glejser Lindlau et Frédéric Pitaval
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3e journée : Dessiner un nouvel humanisme....... Dessiner un nouvel humanisme..........................
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par Séverine Kodjo-Grandvaux
Atelier 3 : La fabrique de l’action pour le vivant dans les territoires.................... Vers l’intendance sociale et écologique................
120 121
par Raphaël Mathevet
4e journée : Les vivants et la parole...................... Les vivants la parole............................................
134 137
par Marielle Macé
Atelier 4 : L’empreinte naturelle des entreprises et des organisations................. Empreinte naturelle des entreprises et des organisations........................................
150 151
par Anne Gaillard et Tarik Chekchak
5e journée : Le festin culturel, de l’éveil à l’enseignement.............................. Vivre en hospitalité ou comment agir pour le vivant..................................................
164 167
par Sophie Marinopoulos
Atelier 5 : Les jeunes pour le vivant : construire de nouveaux récits de l’engagement................. Lettre à un jeune qui a la rage de vivre................
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par le collectif Le Bruit qui court
6e journée : Justice pour le vivant........................ Justice pour le vivant...........................................
196 199
par Marie Toussaint
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7e journée : Rêves d’Europe et réalités citoyennes... Leaders européens, parlez de vos cas de conscience aux citoyens !....................................................
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par Lionel Bordeaux
Les annexes Les intervenants.................................................. Agir pour le vivant..............................................
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Introductions SOYONS DE CES RÊVEURS QUI METTENT LES MAINS DANS LA TERRE Par Agathe Redier
Nous sommes le 29 août, le corps fatigué, je regarde avec fascination les ondulations qu’un léger mistral impose aux voiles tendues au-dessus de la scène de la Croisière. Je songe aux artistes et penseurs qui s’y sont succédé pendant la semaine. En replongeant dans ma mémoire, je peux voir les mains tendues de Myriam Mihindou sous le figuier dressé audessus de la scène, comme pour veiller sur les vivants qui y défilent. Je sens résonner les mots de Patrick Boucheron qui, à l’ombre d’un ciel gorgé d’étoiles, m’avait fait plonger aux confins d’un temps éloigné et pourtant encore capable de vibrer au son de la compagnie Rassegna. Je ferme les yeux pour mieux profiter des odeurs de cette chaude après-midi d’été. Le festival vient de se terminer. Il me semble avoir vécu mille vies en l’espace d’une semaine. Des cen‑ taines de paroles germent en moi. Des interrogations prennent forme. Beaucoup d’espoir aussi. Une fois l’effervescence calmée, une question surgit : de quoi se souviendra-t-on ? Je cherche un bout de papier pour faire une liste. Pour ne pas oublier. Pour que ces journées continuent à m’animer. N’en trouvant pas, 9
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j’arrache une page du programme et commence à écrire. Que va-t-il rester ? Tant de choses… Et pour‑ tant, rien de précis ne me vient immédiatement en tête. Des sensations. Des odeurs. Le thym grillé par le soleil et la pierre prête à expirer sous le poids de la chaleur. Le lent cheminement du Rhône. Les mots et la joie qui se déploient entre les arches de la cha‑ pelle du Méjan. “Refondre nos savoirs” ; “renouve‑ ler nos regards”. Et puis il y a des dizaines d’images. L’une d’elles vibre particulièrement. Celle d’un dé‑ ferlement de beauté qui avait eu lieu au creux du théâtre antique la première nuit du festival. Les corps enfin libérés de la chaleur arlésienne, de nombreux spectateurs s’étaient allongés sur les vieilles pierres pour mieux s’abandonner aux mots de Vinciane Despret et Alain Damasio. Ils chantaient l’histoire des poulpes et des furtifs dont l’ombre ne cessait de croître au fil des frémissements de la gui‑ tare de Yan Péchin. Nous fermions les yeux, et voilà que nous nous sentions emportés par les murmures d’une nuit vivante. Il y avait quelque chose de l’aban‑ don. Cet événement qui allait accueillir des dizaines de conversations commençait par une émotion. Une expérience collective. Expérience de la chair qui ou‑ vrait le chemin à une pensée profondément vivante ; vibrante et insoumise. L’aventure avait commencé pour moi par une vidéo trouvée sur internet. On pouvait y voir un philosophe pas tout à fait comme les autres parler de la vie sensible des plantes. Le regard qu’il posait sur le monde avait provoqué une petite révolution 10
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dans mon jeune esprit. Ses mots sonnèrent comme une évidence. “Agir pour le vivant.” C’était là que je devais aller. Le simple nom de ce festival sonnait comme un appel ou comme la promesse d’une belle aventure. Après quelques mails et échanges, je me re‑ trouvais dans les bureaux de Comuna pour travailler à la préparation du festival pendant trois mois aux côtés d’une fascinante équipe. Au fil des conversa‑ tions, j’ai vu éclore sous mes yeux un programme d’une fabuleuse richesse. Par une approche profondé‑ ment humaine, la semaine se construisait de manière organique et collaborative. Une rencontre pouvait changer le contenu d’une conférence ou l’organisa‑ tion d’une résidence. Les mois d’été avançaient et l’excitation montait. Et puis nous y voilà. Arles, 22 août 2021. Les mots d’introduction de Felwine Sarr ouvraient une semaine qui s’était donné trois missions : penser le vivant pour faire advenir d’autres manières d’être au monde, le célébrer pour en montrer toute la beauté et fabriquer des méthodologies d’action concrètes à même de refondre nos systèmes. Trois approches pour apprendre à faire société avec le vivant. Tout au long de la semaine, la chapelle du Mé‑ jan a vu se déployer des dizaines de conversations collectives. Un bric-à-brac de pensées à l’image des modes d’être que ce festival cherche à faire jaillir. Il me paraissait voir se tisser entre les vieilles poutres de la bâtisse un écosystème de savoirs fertiles. Écrivains, botanistes et philosophes se rencontraient pour explo‑ rer de nouvelles manières d’être humain. Développer 11
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d’autres regards et paroles pour dire le vivant autre‑ ment. Pour rendre tangible notre place de vivants parmi les vivants et faire naître des modèles d’actions à même de mettre fin à des systèmes fondés sur une destruction systématique. Certains nous parlaient des arbres comme modèle de société. D’autres se trans‑ formaient en recteurs d’académie pour dessiner les contours d’une éducation fondée sur les liens plu‑ tôt que sur la compétition. “Justice pour le vivant.” “Rêve d’Europe et réalité citoyenne.” “Construire un monde en commun.” Autant de journées dédiées à la refonte de nos modes d’action politiques, écono‑ miques et juridiques pour faire advenir une société qui ait pour étendards le soin et la résilience. Mais penser le vivant, à quoi est-ce que cela peut bien servir ? À quoi bon se rassembler pour parler pendant une semaine lorsque nous vivons la sixième extinction de masse ? Pourquoi ne pas plutôt em‑ ployer notre temps à manifester ou agir concrète‑ ment sur le terrain ? Penser le vivant pour faire face à l’urgence climatique. N’est-ce pas là une illusion d’intellos à la main verte ? Je me suis souvent de‑ mandé s’il servait encore à quelque chose de faire de longues études dans un monde prêt à s’embra‑ ser. Mon engagement avait jailli au cœur d’un lien direct au vivant. Je n’avais jamais entendu parler d’Edgar Morin ou de Baptiste Morizot et pour‑ tant l’évidence était là. L’urgence d’agir était née au cœur d’un univers qui semblait s’être brusquement incarné. Le bruissement des vivants avait suffi à me convaincre. Mais tout cela relevait de l’intuition ou de la pulsion. Un mouvement éclatant mais peu 12
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durable. Si je n’avais pas appuyé ces intuitions sur un système de savoirs renouvelés, cet engagement aurait été un feu de paille. Agir pour le vivant. Oui ! Mais par où commencer ? Comment faire pour que cette volonté d’agir se transforme en puissance trans‑ formatrice ? Lorsque Ernst Zürcher nous dépeint le monde invisible des arbres ou que Parfait Akana nous invite à nous replonger dans certaines formes de savoirs ancestraux, ils ouvrent des pistes à explo‑ rer. Ces savoir-faire longuement développés aspirent à éclairer nos envies d’agir. Pour ne plus systémati‑ quement nous heurter aux mêmes embûches, il nous faut transformer nos compréhensions du monde. Révolutionner nos regards pour tendre vers l’image nouvelle d’une société à accomplir. Les pensées qui ont été développées au fil de la semaine ont été parfois déstabilisantes. Souvent lourdes de conséquences. La tâche peut parfois sembler immense. Mais l’appréhension pendant cette semaine de festival n’a eu que peu de place face à l’étendue de la joie qui semblait porter l’en‑ semble des intervenants. Joie de sentir que tout est à réinventer. Joie de comprendre que rien n’est figé ou condamné. En tant que jeune engagée, j’ai souvent entendu dire : “Mais à quoi bon ? Vous pensez vraiment que vous allez changer quelque chose ?” ; “Eh bien, vous êtes mal barrés avec ce changement climatique. Je vous plains.” Oui, c’est injuste. Oui, cela fait peur. Oui, nous sommes en colère contre une société qui semble plus p réoccupée par la planification de sa propre destruction que par 13
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sa sauvegarde. Mais après avoir rencontré des di‑ zaines de personnes engagées, j’ai pris conscience que l’action pour le vivant ne reposait pas sur la peur. Les intervenants du festival n’ont eu de cesse de montrer que leur engagement s’enracinait dans un mouvement de joie. Leurs actions m’apparaissent comme une pulsion de vie et d’espoir. Malgré les enjeux immenses auxquels nous faisons face, je me dis parfois que je suis heureuse de faire partie de cette génération Z. Génération fin-de-l’alphabet. Comme pour annoncer ironiquement que nous se‑ rons la dernière à avoir le droit à des conditions de vie décentes. Génération qui n’a d’autre choix que la lutte. Lutte pour préserver les quelques fragments de vivant qu’on a omis d’anéantir. Derrière nos fra‑ giles pancartes dressées contre un capitalisme rava‑ geur, je ne vois pourtant pas de pleurs. Personne pour pleurnicher le vivant. Je vois la rage de vivre. Rage de se battre et d’espérer. La révolution qu’il nous faut opérer va au-delà d’un simple changement de définitions. C’est l’intégralité de nos savoirs qu’il nous faut refondre. Changer de paradigmes et for‑ ger de nouvelles manières d’être au monde. Nous voilà contraints de faire corps avec l’urgence clima‑ tique. Quelle joie peut-il bien y avoir dans cela ? me direz-vous. Ça n’a rien de drôle. C’est grave, ce qu’il se passe. Oui. Mais après avoir été condam‑ nés à vivre dans un monde prêt à imploser, il nous faudrait aussi renoncer à l’espoir et la joie ? Il fau‑ drait abandonner et laisser les autres continuer à décider pour nous ? Dire “oui oui” et regarder ses pieds en attendant que ça se passe ? 14
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Cette crise peut aussi être le début d’un nouveau chapitre de notre humanité. Celui d’un rapport au vivant renouvelé. D’une manière d’être humain re‑ pensée. Les dizaines de conversations qui ont eu lieu pendant cette semaine sont le symbole de la beauté et de l’intelligence qui peut surgir au cœur de cette crise écologique. Je suis persuadée qu’un profond changement de système ne pourra advenir sans rassemblement massif autour d’un récit collec‑ tif. Si nous ne commençons pas à espérer ensemble. Si nous arrêtons de rêver, alors là, oui, nous aurons vraiment échoué. Pourtant, je n’ai eu de cesse de constater la félicité qui animait le visage des parti‑ cipants au festival. Ils auraient pu se morfondre sur les perspectives d’avenir peu reluisantes qu’on leur offrait, mais voilà qu’ils choisissaient la joie comme rempart. L’espérance comme matière d’un monde qui se veut vivant. À chaque nouveau débat, c’était une autre voie qui se dessinait. On pourrait nous traiter d’utopistes, mais a-t-on déjà vu un change‑ ment radical de société qui ne porte en son sein l’image d’un imaginaire renouvelé ? On n’a jamais rien transformé avec de la résignation ou de l’amer‑ tume. Alors, pardonnez-moi, mais je préfère être du côté des rêveurs. Et puis, il n’y a pas que du rêve. Il y a surtout des dizaines d’initiatives incubées ou présentées tout au long de la semaine. À seulement quelques minutes de la place NinaBerberova où les débats ont eu lieu, se sont dérou‑ lées pendant une semaine six résidences de travail et de création. Six résidences qui avaient pour mission 15
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de développer une série de principes à même de permettre une action pour le vivant efficace et ra‑ dicale. Cette partie du festival a réuni des dizaines de spécialistes d’horizons multiples pour dévelop‑ per des méthodologies d’actions dans les domaines suivants : la fabrique de l’action territoriale, l’action pour le vivant en Afrique de l’Ouest, le développe‑ ment d’un nouveau langage de l’engagement par l’art et la transformation des modes de fonctionne‑ ment des entreprises et organisations. Nous avons également accueilli Achille Mbembe, Rémy Rioux et Séverine Kodjo-Grandvaux pour un échange de trois jours autour de la refonte des collaborations entre la France et l’Afrique. Marielle Macé et Sé‑ bastien Thiéry se sont quant à eux réunis pour es‑ quisser la trame du discours pour l’inauguration du navire Avenir (qui sera au service des sauvetages en Méditerranée). Les transformations à opérer dans nos sociétés sont immenses. L’approche que nous devons développer se doit d’être systémique. C’est pourquoi nous avons pris le parti d’organiser ces temps de travail c ollectif pour permettre le développement de principes d’actions applicables à plusieurs échelles, reproductibles et appropriables. La création de ces résidences avait quelque chose d’un travail d’alchimiste. En les concevant, nous nous sommes employés à réunir les savoirs les plus variés dans l’espoir de faire naître des conversations à même de bousculer nos modes de pensée et d’ac‑ tion traditionnels. Ainsi, nous pouvions voir des artistes, anthropologues et spécialistes de l’eau se 16
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mettre autour d’une même table pour redéfinir nos compréhensions du vivant en Afrique de l’Ouest. Il était étonnant de voir chaque groupe évoluer les uns à côté des autres et définir des modes d’action aux sensibilités variées. Un groupe de vingt-cinq jeunes artistes et activistes se mettait à chanter sa rage de vivre entre les murs de l’École de la pho‑ tographie pendant que des experts du territoire écoutaient des porteurs de cas pour s’en inspirer et développer de nouveaux modèles d’aménagement. Autant de m anières de faire qui témoignaient d’une volonté de se remettre en question pour faire adve‑ nir des actions concrètes au service des vivants. Ce festival m’a beaucoup appris sur la puissance de la rencontre. Sur le bouleversement qui peut naître de cette dernière. C’est peut-être cela le cœur d’Agir pour le vivant : déclencher des rencontres à même de générer des projets impactants. Après les mots et les pensées, c’est peut-être ce qui restera le plus. Des dizaines de projets se sont déjà esquissés à la suite de cette semaine. Par exemple, dans le prolonge‑ ment des résidences, un collectif de jeunes artistes et activistes a été créé, de nouvelles mesures d’ac‑ tion territoriale ont été présentées à la Caisse des dé‑ pôts et consignations, un festival Agir pour le vivant va avoir lieu au C ameroun en 2023, un livre a été publié… Autant de projets qui aspirent à transfor‑ mer judicieusement et profondément nos sociétés. Cette seconde édition, en couplant des résidences avec des débats, s’est efforcée de rendre tangible l’im‑ brication nécessaire entre la pensée du vivant et la 17
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fabrique de l’action. La pensée du vivant porte en son sein la nécessité d’agir. Je crois que c’est une pa‑ role qui n’est réellement complète qu’une fois pro‑ longée par des actions concrètes. J’ose espérer que les mots contenus dans ce petit livre coloré ne se‑ ront pas des objets froids qu’on oublie au fond d’une bibliothèque. Les voix qu’il contient doivent son‑ ner comme un rappel. Comme un soulèvement ou comme un appel à agir. Nous sommes dépositaires des savoirs qui y sont exposés. Gardiens de cette pen‑ sée, nous avons une responsabilité : celle de partager et de mettre en pratique ces paroles de la manière qui nous semblera la plus juste. Sans cela, il serait trop facile de s’acheter une conscience en allant écouter la bonne parole à Arles avant de retourner à nos vies tranquilles et inchangées. Soyons de ces rêveurs qui mettent les mains dans la terre. Posons des actes à hauteur de nos espoirs. Alors, allez-y. Cornez les pages de cet ouvrage. Prêtez-le à vos amis. Écrivez dans les marges et surlignez les passages qui vous plaisent. Ce sera là le symbole que ce que nous avons écrit aura au moins un tout petit peu compté.
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AGIR POUR LE VIVANT #2
AGIR POUR LE VIVANT #2
Vivants parmi les vivants, Anne-Sophie Novel ; Construire un monde en commun, Anne-Cécile Bras ; Dessiner un nouvel humanisme, Séverine KodjoGrandvaux ; Les vivants et la parole, Marielle Macé ; Le festin culturel…, Sophie Marinopoulos ; Justice pour le vivant, Marie Toussaint ; Rêves d’Europe…, Lionel Bordeaux. Cinq ateliers présentés par le collectif Le Bruit qui court, Laure Bonnevie, Tarik Chekchak, Fatou-Maty Diouf, Anne Gaillard, Deborah Glejser Lindlau, Raphaël Mathevet et Frédéric Pitaval viennent compléter ces réflexions. L’ensemble est ponctué de verbatims rythmés qui nous immergent au cœur d’échanges aussi denses que fertiles.
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Rendez-vous annuel désormais incontournable des étés arlésiens, Agir pour le vivant permet de fédérer une communauté expressive autour de la question du vivant. En août 2021 s’est déroulée la deuxième édition de cet événement unique en France : une semaine de débats, de rencontres, d’ateliers, d’expositions et de projections. Introduit par Sébastien Pluot et Agathe Redier, l’ouvrage s’articule autour de sept journées thématiques restituées par leurs animatrices :
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