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Jean-Philippe Blondel

JEAN-PHILIPPE BLONDEL enseigne l’anglais dans un lycée près de Troyes. Son œuvre pour la jeunesse est entièrement publiée chez Actes Sud : Au rebond, Blog (prix NRP littérature jeunesse), (Re) Play ! (prix des ados du salon Livres et Musiques de Deauville), Brise glace (prix des Lycéens autrichiens, prix RTS Littérature ados, prix des lecteurs du Mans et de la Sarthe), Double jeu, La Coloc, Le Groupe, Dancers et Il est encore temps. Depuis 2003, il publie également en littérature générale. Dernier roman paru : Café sans filtre, L’Iconoclaste, 2022.

LE MOT DE L’ÉDITEUR

Un road trip où s’exprime la plume généreuse et humaniste de Jean-Philippe Blondel, sa confiance dans la jeunesse face aux défis du monde. Ce roman de formation fait écho à l’actualité, la guerre en Ukraine, le phénomène d’été caniculaire, en même temps qu’il dessine les portraits vivants, émouvants, de jeunes Européens.

Passager de l’été

Son bac et son pass Interrail en poche, Samuel fantasmait sur ses quinze jours à sillonner l’Europe avec son meilleur ami. Mais, au dernier moment, celui-ci lui fait faux bond. Samuel se sent trahi. Tant pis, il partira seul. Sa première étape est Amsterdam. Puis il gagne Hambourg, Copenhague… Des heures passées dans les trains ou à arpenter des villes inconnues. Des nuits en dortoir d’auberge de jeunesse, la galère parfois, des expériences nouvelles, des rencontres impromptues et des amitiés qui se nouent. Comme avec ce couple de jeunes femmes qui l’héberge, ou ce jeune Ukrainien qui, venu compléter ses études et travailler au Danemark, compte repartir défendre son pays. Vient alors l’idée à Samuel d’interviewer et de filmer ces personnes rencontrées pour qu’elles se racontent.

Roman dès 14 ans – Août 2023 – Format : 14,5 x 22,5 cm – 176 pages – Broché – 16 € env.

ISBN 978-2-330-18094-2

2 août - 5 h 30

(...) Et là, maintenant, il est cinq heures trente du matin. Tout le monde dort dans la maison. Je vais me lever sans faire de bruit après avoir griffonné sur ce carnet pendant une bonne partie de la nuit. Je vais saisir mon sac dont j’ai déjà vérifié le contenu des dizaines de fois. Checker aussi la banane que ma mère a absolument voulu m’acheter, pour y mettre les papiers, la carte de crédit, les billets et le téléphone. Marcher sur la pointe des pieds jusqu’à la porte d’entrée. Prendre les escaliers et pas l’ascenseur. Descendre jusqu’à la gare – vingt-huit minutes de marche. Le premier train, celui pour Paris, part à six heures et quart.

J’ai une boule au ventre. Je suis terrifié. Mais tandis que dehors les oiseaux s’en donnent à cœur joie et que la ville s’ébroue après la nuit, je sens au creux de moi une montée de joie indescriptible. Je ne sais pas ce qui m’attend. Je crois que c’est la première fois que ça m’arrive. Et putain, c’est tellement bon.

Amsterdam (...) Quand je suis sorti de la gare, le ciel était magnifique. Je crois que c’était la première fois que je prêtais attention à ce genre de détails. Des dizaines de nuages de toutes les teintes, qui semblaient posés sur une toile bleue. Cela faisait des semaines que je n’avais pas vu un ciel aussi chargé. Deux mois que le soleil attaquait dès l’aube et que tu savais que tu allais passer la journée à tenter de t’en cacher. Que tu allais vivre comme une souris dans ta propre maison. Ou alors que tu allais être en eau, parce que t’étais obligé d’aller bosser au restau, histoire de pouvoir te payer des vacances de rêves avec ton meilleur ami.

À l’accueil de l’auberge, j’ai voulu faire le malin. J’ai répété mon “bonjour” et mon “Comment allez-vous ?” hollandais et, en retour, j’ai reçu un enchaînement de phrases auxquelles je n’ai rien compris. J’ai dû tirer une tête ahurie parce que le mec s’est soudain mis à rire et a recommencé en anglais. Qu’est-ce que je voulais exactement ? Chambre simple, double, dortoir de quatre, de six, de huit ? Prix variant selon le type d’hébergement évidemment. J’ai eu un coup de chaud quand il a annoncé les tarifs, j’ai opté pour le meilleur marché – qui restait quand même cher – et je me suis promis que, la fois suivante, je vérifierais le montant sur les sites et aussi les avis des voyageurs, parce que là, on était quand même au milieu du Quartier Rouge, non ? Le mec s’est présenté. Mattej ou quelque chose dans ce goût-là. La chambre, c’était la 14, au premier étage. Mon lit, ce serait celui le plus proche de la porte, bon, ce n’était pas la meilleure place parce qu’on était tout le temps dérangé, mais avec un masque pour les yeux et des bouchons pour les oreilles, ça ne posait pas de problème. Et puis ce n’était pas comme s’il y avait du choix. J’avais de la chance, au fond. Parce que c’est blindé, Amsterdam, l’été. C’est hyper touristique. Et avec le réchauffement climatique, ça ne risque pas de s’arrêter – jusqu’à ce que la ville soit sous les eaux. (…)

Je suis monté poser mes affaires. Au sol, des sacs à dos qui débordaient de fringues et d’objets divers. Sur les toutes petites tables de nuit, des guides, des romans de poche dans toutes les langues, des barres chocolatées, des briques de jus de fruits. Le lit inoccupé était tout au fond, vers les fenêtres et, par chance, il ne faisait pas partie d’un bloc superposé. D’un seul coup, je me suis rendu compte que j’y étais. Que j’y étais vraiment. Et que j’avais hâte.

INTERVIEW DE MONICA - HAMBOURG (traduit de l’anglais)

Bonjour, même si je ne sais pas à qui je dis bonjour, à part à celui qui est en face de moi. Donc, bonjour, toi. Tu as vu, je parle en anglais parce que sinon, en allemand, tu vas enregistrer, mais tu ne vas même pas comprendre ce que je raconte. Je trouve ton projet de filmer des gens dans tous les pays que tu traverses intéressant, mais en même temps, c’est une façon de se cacher, non ?

Quand tu dévoiles les autres, tu n’as pas à te dévoiler toi.

Tu m’as demandé mon rapport à ma ville et à mon pays, enfin, comme point de départ, tu as dit qu’après je pouvais dériver. J’aime beaucoup Hambourg parce que c’est un port et que dans une ville portuaire, il y a toujours la possibilité de s’échapper. L’étranger est au bout de la jetée et l’étranger est aussi très présent dans les quartiers. Depuis des siècles. Ici, c’est peuplé de marins qui viennent d’ailleurs et de commerçants qui vendent de l’exotisme. C’est une ville pour moi. Je suis née ici mais mes parents non. Ils viennent au départ du Zimbabwe, puis ils sont passés par l’Afrique du Sud. Ils ont émigré pour trouver une vie meilleure, comme tant d’autres. Comme des millions de gens vont continuer d’émigrer, parfois même d’Europe, parce que leur terre est devenue invivable et qu’ils ne peuvent plus nourrir leur famille ou qu’ils n’ont plus d’espoir. Les Allemands sont plutôt tolérants, surtout dans les grandes villes et particulièrement dans les ports, mais quand même, tu grandis en captant très vite que ta couleur de peau te distinguera toujours des autres, fatalement. On ne te parlera pas exactement de la même façon. On aura dans la voix soit de la condescendance, soit de la compassion. Ce ne sera jamais neutre. Quand en plus tu grandis en comprenant que tu ne te conformeras ni au modèle dominant de ton pays de naissance, ni à celui du pays d’origine de ta famille, parce que tu aimes les personnes du même sexe que toi, eh bien… (Silence de quelques secondes.) Eh bien, il y a deux possibilités : soit tu décides que c’est important, que tu dois afficher ta différence, que le fait d’être noire et homosexuelle est la définition profonde de ton être ; soit tu t’en fous. Enfin, évidemment, ce n’est pas que tu t’en fous. C’est que ça fait partie de toi, oui, mais en toi, il n’y a pas que ça et donc tu vas vivre ta vie comme tu l’entends, en imposant ta présence sans la revendiquer. Je ne dis pas que l’une des attitudes est meilleure que l’autre. J’oscille encore entre les deux.

(…)

Copenhague

C’est beau, Copenhague. Le Nyhavn, avec ses quais bordés de maisons colorées et les bateaux qui attendent les touristes. Le quartier des palais. Le coin d’Amalienborg. L’île où les entrepôts ont été transformés en stands de street food. Christiana.

Ces derniers jours, j’ai découvert la ville sous toutes ses coutures. En plus, alors que partout ailleurs l’Europe grille et brûle, ici, la température reste très supportable. Et puis les Danois sont adorables. Si tu as l’air perdu, ils te demandent s’ils peuvent t’aider. Ils sourient aussi quand tu essaies de parler leur langue et te répondent dans un anglais parfait. Partout, des pistes cyclables, comme à

Amsterdam. Le paradis sur terre.

L'enfer. Comme quoi.

Je suis arrivé avant-hier soir, et je me demande ce que je fabrique ici.

Lund (...) Lund, c’est exactement ce dont j’avais besoin. D’abord, c’est tout petit. On en a fait le tour en moins d’une heure. Normalement, il paraît que ça grouille d’étudiants, c’est la plus vieille ville universitaire de Suède, mais là, ils sont tous en vacances et, comme il pleut depuis que je suis arrivé, les rues sont désertes. Cela devrait me déprimer, c’est tout l’inverse.

D’abord, la pluie me lave. De toutes les histoires que j’entends. De tous les visages que je frôle. De tous les souvenirs qui affleurent. De toutes les tragédies du monde, et en premier lieu de cet été insolent qui brûle toutes les forêts d’Europe et nous nargue en nous montrant ce à quoi nous allons être tous confrontés. Je pense à Luka.

Évidemment que je pense à lui. Je ne fais que ça. J’espère qu’il pleut aussi, là où il est. Il n’était pas certain de pouvoir rejoindre Kiev avant la fin de la semaine. Tout dépendra des transports disponibles. Il passera quelques jours en famille et, ensuite, il se rendra dans une caserne ou à la mairie, pour se porter volontaire. Rien que l’expression “se porter volontaire” sonne comme une des dystopies dont on nous gave depuis des années. Katniss

Everdeen dans les Hunger Games. Voilà. Luka, tu es ma

Katniss Everdeen. Sauf que les livres ou les films, en tout cas ceux qu’on nous vend, avec des mecs pleins de super-pouvoirs et des filles déterminées traversant les cercles de feux sans frémir, ça n’a rien à voir avec la réalité.

Cologne

(...) Des gens. Des gens qui tissent des liens. Des gens qui détissent des frontières. Je suis déboussolé. J’aperçois le parc sur ma droite. Des tables sous les arbres. Des groupes assis sur des bancs. Une fille qui chante du Billie Eilish en s’accompagnant d’une guitare sèche. Je sens la chaleur dans ma poitrine. Je fais partie de cette génération-là. Celle de Billie Eilish. Celle qui a traversé le covid. Celle qui connaît pour la première fois depuis soixantequinze ans la guerre en Europe. Celle qui fait face à la sixième extinction de masse. Celle qui va essayer de corriger le tir totalement raté des boomers. Celle qui s’efforce d’y croire encore. Celle qui s’identifie à une adolescente aux cheveux mi-blanc mi-noir qui marmonne des textes à tomber par terre. Je fais partie de cette génération, une des dernières sur Terre, peut-être, et j’en suis fier. Quentin. Son nom qui s’affiche sur l’écran. Cette silhouette qui agite la main de l’autre côté de l’allée. Pendant quelques secondes, je perds tous mes repères.

AUTO-INTERVIEW-SAMUEL

(...) Partager, oui, je crois que c’est ça le mot. Comme vous avez tous partagé un moment avec moi, un moment qui nous a rendus tout à coup tellement proches. Monica, tu restes mon inspiration. Ton mélange de franchise, de bonne humeur et de… de… comment on appelle ça, ta façon de te moquer de ce que les autres pensent, je trouve que c’est libérateur. En tout cas, moi, ça m’a libéré. Pareil pour toi, Clyde. Je… je n’ai pas de mots pour ce que tu m’as apporté. Mais là aussi, ce n’est pas grave, parce que tu passes bientôt par chez moi. Accompagné ou pas. Je t’attends. Je vous attends tous. J’essaie de ne pas trop employer de grands mots, mais parfois, c’est important, non, les grands mots ? Alors les voilà, les grands mots : vous avez changé ma vie. Complètement. Radicalement. Maintenant, je vais essayer de changer la vie des autres. Merci encore. Et à très vite, surtout. Ici, ou sur la route. Stay safe.

Antonio Da Silva

Antonio Da Silva est né en 1967 dans le Nord du Portugal. Enfant, il est tombé au fond d’un bibliobus comme si c’était une marmite de potion magique, il en est ressorti avec des histoires plein la tête. Il vit actuellement en Auvergne Rhône-Alpes où il explose des livres et écrit des pierres… à moins que ce ne soit l’inverse. Il est l’auteur de plusieurs romans ado aux éditions du Rouergue dont Sortie 32.b (sélection prix Utopiales jeunesse 2020) et Azul (sélection grand prix jeunesse de la SGDL 2022 et lauréat du prix roman ado Millepages en 2021).

LE MOT DE L’ÉDITEUR

Jusqu’à présent j’avais beau chercher, je ne trouvais pas… Impossible de mettre la main sur un roman SF francophone. Il est donc important de mettre sous les feux des projecteurs le cadeau que nous fait Antonio Da Silva, celui de voir la langue française se conjuguer avec les visions futuristes de la SF. Un ciel qui s’embrase pendant le crash d’une plateforme spatiale, un robot cinéphile et sensible, un chien bionique cherchant les caresses d’un soleil disparu… Oui, la beauté existe aussi dans ces contrées hallucinées.

Sol

Aqua. Sa peau dorée, rasée de la tête aux pieds. Les membranes entre ses doigts qui lui permettent de drisser. Son dieu, Sol, et ses rayons nourriciers. Son peuple capable de faire la photosynthèse. Son armée voyageant à bord d’immenses ballons. Son île entourée de nuages toxiques. Son monde, irradié, ravagé par de vieilles guerres. Son kidnapping par des ennemis avides de nourritures. Et toujours la survie, à tout prix, pour découvrir enfin la vérité et éviter l’extinction.

Antonio Da Silva, après Azul (prix Millepages du roman ado), livre un roman d’éco-SF dévoilant les derniers instants d’une humanité au bord du gouffre dont le seul espoir repose sur une alliance avec l’envahisseur. Mais l’étranger est-il vraiment celui que l’on croit ?

Roman dès 12 ans - Août 2023 –

Sol était au zénith.

Aqua aimait courir en sentant sur sa peau l’énergie de ses rayons. Dans sa langue, il existait plus de cinquante mots pour décrire cette sensation sur l’épiderme. C’était beaucoup et tellement peu. Un jour, elle en inventerait d’autres pour nommer toutes ces perceptions nouvelles qu’elle ressentait.

Elle avait le temps, elle n’avait que seize révolutions. Et Sol était éternel.

À mi-pente, elle s’autorisa une pause pour reprendre son souffle. Le ciel était bleu, la roche d’une blancheur aveuglante. Depuis le fond de la calanque, la mer réfléchissait ces couleurs directement dans les yeux d’Aqua.

Aujourd’hui était un jour de grande lumière. Elle essuya la sueur qui coulait de son crâne glabre. Aqua avait fait le choix de se raser. Les cheveux, c’est de la protection et elle n’avait aucune raison de se protéger de Sol. Elle aimait l’idée qu’il puisse la toucher partout. Elle reprit sa course. Son corps, longiligne et plat, sprinta entre les chênes-lièges, les buissons d’euphorbes. Son anatomie réagissait comme une voile en captant le moindre souffle pour se propulser plus vite. Elle ouvrit ses mains. Les limbes, fines membranes entre ses doigts, se tendirent et s’appuyèrent sur la portance de l’air. Ils étaient à la fois ailerons et gouvernails. Selon leur orientation, Aqua pouvait modifier sa direction et sa vitesse. Elle accéléra, sa course ressemblait à celle d’une feuille prise dans le vent. La maîtrise de cette technique complexe qu’était la drisse avait été difficile à acquérir. L’initiation avait eu lieu après sa douzième révolution. Durant tout son apprentissage, ses genoux avaient été perpétuellement écorchés. Elle avait eu l’impression d’être un oisillon aux ailes emmêlées. Mais, à la fin de son initiation, elle volait plus qu’elle ne courait. Sa mère, fière de ses capacités, l’avait pourtant mise en garde : d’ami, le vent pouvait très vite devenir un ennemi redoutable.

Comme à chaque fois qu’elle montait jusqu’au promontoire, Aqua jeta un coup d’œil à la Plateforme gisant dans l’estuaire. Elle semblait encore plus gangrénée que la dernière fois. À force de récupérer des matériaux dessus, les Techs finiraient par la désosser entièrement. Bien avant sa naissance, la Plateforme était tombée du ciel et s’était encastrée dans les fonds marins comme une écharde céleste. La partie de la structure en acier qui émergeait de l’eau avait la forme d’un gigantesque rectangle, épais d’une dizaine de mètres. Aqua avait calculé que sa surface avoisinait les dix hectares. Colossale. Elle était recouverte d’un dôme entièrement tapissé d’un maillage de panneaux-Sol. Aqua se demandait souvent par quel miracle technologique la Plateforme parvenait à conserver son équilibre au milieu des courants, sans se briser sous son propre poids. Les dégâts subis lors de la rentrée atmosphérique avaient consumé une partie du dôme, dévoilant ce qu’il abritait. Des milliers d’arbres, déracinés par l’impact, que le temps avait séchés jusqu’à la dernière goutte de sève.

Cette forêt de l’espace n’en finissait pas d’émerveiller Aqua. Malheureusement, les vents et les embruns l’érodaient lentement. Bientôt il n’en resterait plus que des copeaux et elle disparaîtrait, comme avait disparu le souvenir des origines de la Plateforme et de sa chute depuis les étoiles.

— Aqua, attends !

La voix de son frère n’était pas plus forte que le murmure des vagues contre la falaise. Elle sourit, contente de l’avoir si facilement distancé. Lux avait deux révolutions de plus qu’elle et se vantait d’être le meilleur coureur de la région. Pourtant, elle le battait à chaque fois. La faute sans doute à sa longue chevelure. Même nouée en catogan, elle le ralentissait en interférant avec sa drisse. Courir, vraiment vite, nécessitait des sacrifices et son frère aimait trop son apparence.

— C’est dangereux, on est trop près du Souffle, cria encore l’écho de sa voix.

En trois bonds, elle fut au sommet du promontoire rocheux.

La vue vers le large aurait pu être magnifique, si seulement l’horizon existait encore.

Aqua plissa des yeux, tentant de voir au-delà des poussières charriées par les vents. Elle ne vit rien, mais de révolution en révolution, elles semblaient moins opaques. Un jour, les poussières se dissiperaient complètement. Elle verrait autre chose que ce bout de continent plongé dans le flou.

Michelle Montmoulineix

Michelle Montmoulineix vit en Brenne, une zone humide du centre de la France, classée Parc naturel régional. Mariée à un ornithologue, elle porte ellemême un intérêt majeur à toutes les espèces sauvages : des oiseaux aux reptiles, des mammifères aux insectes, des plantes aux araignées.

Elle a publié, pour la jeunesse, aux éditions Albin Michel et Bayard, et pour adultes, aux éditions La Bouinotte. Chez hélium, elle est l’autrice de Baleine rouge (2017), un roman d’aventures lyrique sur la relation entre un garçon et une baleine.

LE MOT DE L’ÉDITEUR

Après Baleine rouge, le nouveau roman de Michelle Montmoulineix est une épopée dystopique aux images saisissantes, dans laquelle l’inoubliable héroïne devient la gardienne de la beauté du monde.

L’incroyable capacité de régénérescence de la nature et le pouvoir de l’amitié sont au cœur de ce palpitant roman où l’on redécouvre, avec le même émerveillement que Victoire et ses compagnons, combien l’eau est source de vie.

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