Olivier Deloignon est chercheur associé à l’Université de Strasbourg et professeur d’histoire de la typographie et du livre à la Haute école des arts du Rhin. Il est l’auteur d’articles scientifiques consacrés à l’histoire du livre, de la typographie et de l’illustration. Commissaire d’expositions, il a rédigé et dirigé des catalogues (comme La Poudre, l’Encre et le Plomb, 2016) et des ouvrages collectifs (comme Impressions, avec R. Jerusalmy, P. Ory et J.-M. Providence, photos de Fr. Deladerrière et S. Couturier, Imprimerie nationale Éditions, 2021). Il a été le conseiller scientifique de plusieurs documentaires (comme Gutenberg, l’aventure de l’imprimerie de Marc Jampolsky, Arte éditions, 2017).
Jean-Marc Chatelain est conservateur des bibliothèques, directeur de la Réserve des livres rares à la Bibliothèque nationale de France. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages consacrés à l’histoire du livre et de la littérature au xviie siècle, parmi lesquels La Bibliothèque de l’honnête homme : livres, lecture et collections en France à l’âge classique (BnF, 2003).
Jean-Yves Mollier est professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université Paris Saclay/Versailles Saint-Quentin. Spécialiste de l’histoire de l’édition, du livre et de la lecture, il est l’auteur de nombreux ouvrages : L’Argent et les Lettres. Histoire du capitalisme d’édition (Fayard, 1988), Édition, presse et pouvoir en France au xxe siècle (Fayard, 2008), Une autre histoire de l’édition française (La Fabrique, 2015, 2018 et 2019), Interdiction de publier. La censure d’hier à aujourd’hui (Double Ponctuation, 2020), Une histoire des libraires et de la librairie (Imprimerie nationale Éditions, 2021), et il a dirigé les trois éditions d’Où va le livre ? (La Dispute, 2000, 2002 et 2007).
416 pages au format 22 × 27,5 cm ouvrage broché sous jaquette sérigraphiée 327 illustrations en quadrichromie parution le 6 octobre 2021 ISBN 978-2-330-15517-9
9 782330 155179 PP : 89 € TTC France
Le livre est dessiné par SpMillot, Paris
Une histoire du livre imprimé SpM-AS-Histoire-du-livre-imprimé-Blad-Intérieur.indd 1
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160 Adriaen Van Ostade, La Lecture de la gazette, 1653. Huile sur bois. Paris, Musée du Louvre, Inv. Mi 946.
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Avant-propos. Écrire le livre Olivier Deloignon
I Olivier Deloignon
Le livre expérimenté viiie - xvie siècle Introduction. La naissance de l’homme typographique
3 3
Les horizons lointains du livre imprimé
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Un laboratoire de conformations et de pratiques
25
Le temps de la sédimentation des formes et de l’affirmation des ambitions 35
Le monde des livres : entre dépendance et émancipation Conclusion
49
II Jean-Marc Chatelain
Le livre contrôlé xviie - xviiie siècle Introduction. L’ancien régime typographique
139
Monde des livres et gens du livre du xvii au xviii siècle e
140
e
Le régime du privilège et le contrôle des livres
153
Les genres de l’imprimé
158
Les limites de la réglementation
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Le livre à l’âge de raison Conclusion
176 183
III Jean-Yves Mollier
Le livre apprivoisé xixe - xxie siècle Introduction. Du livre unique au livre pour tous
267
Le livre en révolution
267
La dissémination du livre dans le corps social
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La tentation du beau livre
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Le livre pour tous Conclusion
Bibliographie générale Index nominum
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265b La Paysanne pervertie. Félicia. Tableaux des mœurs du temps dans les différents âges de la vie. Petit enfer poétique du XVIIIe siècle. Mémoires de Fanny Hill. Margot la ravaudeuse. Thémidore. Lettres de la marquise de M*** au comte de R*** avec une suite, Paris, au Cercle du livre précieux, 1958-1959. Collection comprenant la série complète « xviiie siècle » consacrée aux textes érotiques de la fin de l’Ancien Régime. Chaque volume recouvert de daim rouge avec plats ornés est numéroté et illustré. La série est enfermée dans une cage grillagée noire fermée par un cadenas. Collection particulière. Avec l’aimable autorisation de l’étude De Baecque et associés.
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Écrire le livre
Le livre imprimé, objet devenu usuel mais au pouvoir finalement resté bien mystérieux, bénéficie aujourd’hui d’une exposition inverse à la connaissance qu’on peut avoir de ses origines et de ses évolutions. Car il est d’abord une curiosité face aux dispositifs essentiellement oraux et visuels élaborés par l’homme pour communiquer, imaginer et se souvenir. Le mot « livre » choisi pour désigner cet objet faisant figure d’exception a été emprunté au latin liber qui désigne une couche constituante de l’écorce sur laquelle on écrivait parfois avant l’invention du papyrus. Ce mince et délicat tissu végétal au travers duquel la sève circule vers les racines et les parties aériennes de l’arbre symbolise à lui seul toutes les potentialités que véhicule le dispositif « livre ». Les dictionnaires et autres encyclopédies ont de l’objet une approche plus strictement physique. Dans une acception spécialisée, « livre » désigne un texte ou un ensemble de textes formant une unité matérielle tant du point de vue du support que du contenu, et transportable par une seule personne. La lexicographie courante se contente, elle, d’un synthétique « assemblage de feuilles en nombre plus ou moins élevé, portant des signes destinés à être lus ». Le livre est bien évidemment plus complexe et plus vaste – vous le découvrirez dans les pages qui suivent. Il est aussi très antérieur au livre imprimé, même si l’ouvrage que vous tenez en mains ne s’attache qu’à cette dernière catégorie, l’une des plus récentes si l’on fait abstraction des publications numériques. L’usage courant a beau désigner le livre comme un simple support imprimé, relié ou broché, et d’une pagination un peu « importante »…, il est considéré de longue date comme l’artefact le plus efficient pour transmettre la pensée et la mémoire textuelle d’une partie de l’humanité, et n’est pas sans pouvoir, au point que les fondamentalistes de tous bords continuent à le vouer aux gémonies ou à le brûler… On a depuis longtemps étudié ses prémices, puis sa naissance et ses mutations, comme on est allé jusqu’à envisager ses fins possibles. Les travaux des précurseurs, souvent hommes du livre – antiquaires, bibliothécaires, imprimeurs ou bibliomanes – ont été relayés par des études historiques et savantes. Les chercheurs se sont spécialisés, ont acquis de nouveaux savoirs, ont circonscrit leur sujet, affirmé une discipline autonome – « l’histoire du livre » –, mais les mutations de cet objet précurseur sont restées confidentielles ou peu accessibles, en tout cas difficiles à appréhender dans leur globalité pour ses adeptes curieux (lecteurs, érudits, amoureux plus ou moins transis…). Sortant d’une période de domination absolue sur les autres médiums, le livre est aujourd’hui contraint d’évoluer plus que condamné à disparaître. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Étrange destin que celui dont la fonction est de contenir tous les savoirs du monde, qui fait lui-même « monde », mais dont la propre histoire reste peu visible, difficilement cernable. Il est vrai qu’écrire un livre sur les livres, fussent-ils imprimés, « écrire le livre », constitue en soi une gageure. Pour mener une telle enquête, comment s’éloigner du catalogue ou de l’inventaire de publications remarquables, comme des événements marquants ? Le statut de tout rédacteur de livre, c’est-à-dire de l’« auteur » ou « auteure », qui détient la promesse du sens et dont le nom dérive du latin auctoritas (autorité), n’aide pas à se départir d’une dimension magistrale qui place le livre hors du domaine des objets communs. Mais l’inventaire des seules pièces d’exception ne suffit pas pour traduire toute la diversité de l’« archipel livre », où figurent aussi les livres de peu, les ouvrages sans gloire, les ephemera qui, à l’instar des libelles ne répondent plus strictement aux définitions données ci-dessus, mais ont souvent eu plus d’influence sur les sociétés qu’ils inondaient que les œuvres de prestige réservées à une minorité. Faire un livre sur « tous » les livres imprimés, c’est donc aussi traduire, sur un temps long, l’influence sociale, économique et culturelle d’un artefact aux aspects multiples dont la production est confidentielle ou pléthorique, dont le statut est majeur ou simplement mobilier, et qui, aujourd’hui encore, dénote fortement une forme d’élitisme. Une immersion plus ou moins contrôlée sous un flot ininterrompu de publications dont Paul Otlet a mesuré en son temps l’incommensurabilité dans son projet de répertoire bibliographique universel préfigurant Internet, le Mundaneum 1, ne saurait traduire l’extraordinaire foisonnement du livre et de ses pratiques depuis la mise au point de la typographie. Appréhender le livre invite à observer plusieurs histoires entrecroisées, superposées, en contradiction parfois : matérielle, sociale, politique, culturelle, iconographique, technique ou encore économique, mais aussi sensible,
1 Paul Otlet, Le Traité de documentation. Le livre sur le livre, théorie et pratique, Bruxelles, Éd. Mundaneum-Palais mondial, 1934 ; rééd., Le Livre sur le livre : traité de documentation, Bruxelles, Les Impressions nouvelles, 2015.
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2 George Steiner, « La haine des livres », trad. fr. de Dorothée Marciak, Esprit, janvier 2005 ; rééd. sous le titre Le Silence des livres, Paris, Arléa, 2006, p. 7.
intime. George Steiner n’avait-il pas opportunément rappelé que nous « avons tendance à oublier que les livres, éminemment vulnérables […], ont leur histoire, comme toutes les autres productions humaines, une histoire dont les débuts mêmes contiennent en germe la possibilité, l’éventualité d’une fin 2 » ? La haute valeur symbolique et la dimension solennelle du monument-livre ne le protègent en effet jamais vraiment des aléas du temps, ni ne le maintiennent à l’extérieur de ses réceptions possibles : sans lecteurs, le texte n’existe pas. Chaque fois que nous tirons d’un rayonnage un ouvrage, même sans notoriété, ni postérité, songeons-nous que sa lecture pourrait bien nous captiver au point de nous faire nous souvenir, des années plus tard, de passages entiers et de raviver des sensations d’alors ? Tous, nous connaissons cet agréable trouble de l’esprit qui reflète le livre à l’œuvre dans notre intimité intellectuelle et notre imaginaire, en un temps suspendu dans le silence de la lecture. Tenter de comprendre le livre, c’est donc considérer sa réception, deviner ses lecteurs et les usages qu’ils font de lui, saisir ses effets sur une société donnée, et accorder aussi de l’attention aux relations de pouvoir induites par son existence même – pouvoir de celui qui écrit, de celui qui publie, de celui qui autorise ou interdit, du texte, des images, du lecteur… C’est rendre visible les tensions et les crises à l’intérieur du monde du livre invisibles à l’« homme du commun », c’est prendre en compte la liberté d’interprétation du lecteur comme la dimension éminemment normative d’un objet qui n’est en rien la retranscription de la parole vive de l’auteur mais un dispositif littéraire et graphique destiné à être réactivé par la lecture. « Écrire le livre », c’est donc envisager que quelqu’un pourra « lire le livre ». Cela s’avère d’autant plus que la mise en livre comme la mise en page imposent au cours de l’histoire une langue, une iconographie, des modes de lecture et de regard, et un ordre balisé spécifique à leur objet et à ses pratiques. Pourtant cet austère « mécanisme » livresque induit des sentiments très humains avec toutes leurs ambigüités : combien d’entre nous caressent les livres, les sentent, les goûtent, les collectionnent ou les négligent, les achètent, les égarent, les dérobent ou les empruntent, les aiment ou les oublient, les relèguent, les abhorrent ou les vénèrent, les possèdent, les griffonnent, les jalousent ou les déchirent… avant de les laisser, peut-être, modifier nos paysages intérieurs, finir piteusement sous la poussière, au fond de l’armoire ou dans la benne à ordures ? Le face-à-face du lecteur avec le livre, entre désir, abandon, agacement ou aversion, nécessite de l’abnégation et un vrai désintéressement que l’on soit pratiquant professionnel ou lecteur occasionnel ; le livre ne se donne pas, il se conquiert. En abordant le récit de cette histoire longue, les trois historiens du livre qui signent cet ouvrage ont souhaité affirmer que le livre est loin d’être moribond. Se gardant de tout panégyrique, ils s’attachent à dévoiler l’extraordinaire vitalité, la formidable multiplicité à travers les siècles, du livre, de ses acteurs et de ses lecteurs. Raconter chronologiquement l’histoire protéiforme d’un artefact capable à lui seul de porter, d’affirmer, d’incarner même, la pensée, nécessitait de recourir aux sources originales pour dire comment, à chaque époque, l’homme l’a pensé, fabriqué, diffusé, reçu, combattu ou cautionné, instrumentalisé, quand ce n’est pas dévoyé… Ajoutons que le livre a sa propre matérialité qui, parfois, entre en adéquation avec son contenu. Voyez celui que vous tenez entre les mains : vos doigts en caressent le papier et en estiment le format ; sa texture et l’élégante typographie des textes aiguisent votre regard ; sa riche iconographie vous invite à la contemplation. Rythmé en larges colonnes, ponctué de notes et de légendes, habillé d’images, parachevé par une bibliographie et un index favorisant la reconnaissance et étendant l’exploration…, il est un monde en soi. Mais au-delà de sa matérialité, il est un monde qui remet aussi en cause quelques lieux communs sur l’histoire du livre. Contrairement à l’image prométhéenne d’un Gutenberg, inventeur esseulé et génial, c’est après un long préambule, ponctué de tentatives et d’échecs, que le « livre imprimé » est apparu dans les vallées rhénanes au milieu du xv e siècle, dans un contexte d’appétence particulière avec l’étude et la lecture, mais aussi de profondes transformations sociales et culturelles. Rapidement, les divers pouvoirs qui contrôlaient la production et la circulation des textes manuscrits, donc des idées, tout en oscillant entre fascination et alarme, ont été dépassés par la puissance de dissémination de la presse mécanique alors que Réforme et imprimerie se catalysaient. Livre, contrôle et répression sont dès lors devenus indissociables. Les typographes n’ont pas bénéficié longtemps de l’effet de surprise ; étroitement surveillés, rapidement dépendants de commanditaires ou d’un lectorat de plus en plus difficile à capter, ils se sont structurés pour répondre aux besoins nouveaux générés par le livre. Des x
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entrepreneurs audacieux, et parfois obséquieux, se sont imposés, les genres des livres et les publics se sont diversifiés, les ouvrages ont alors pu s’offrir en nombre aux lecteurs curieux, aux pèlerins de l’imaginaire, aux savants, aux professeurs et aux clercs. Dans les marges de ce système policé, les productions déviantes, contestataires, révolutionnaires, ou simplement licencieuses, ont ouvert des voies nouvelles, encore parfois en cours de défrichage, souvent au prix de la liberté, voire de la vie de leurs promoteurs. La circulation des pensées et des images, grâce au livre imprimé, a transformé le monde et les lecteurs. Tous les lecteurs. Les mots et les images imprimés ont fait et font toujours rêver, de même qu’ils continuent d’instruire, d’unir et de diviser. Aimable et discret compagnon se transportant facilement – c’est l’une des conditions de son statut –, le livre est devenu et est resté à la fois une arme, un vecteur de la création et une fenêtre ouverte sur le monde des idées. L’ordre et l’unification inhérentes au livre ont appelé en retour la transgression dans ses approches comme dans sa matérialité même. Au cours des siècles, il s’est ainsi imposé comme référence absolue de la norme mais aussi de la contre-norme. La proto-industrie du livre ancien s’est structurée dans ce qu’on nomme l’« ancien régime typographique », qui a perduré longtemps, simplement rythmé par une législation de plus en plus contraignante, quelques innovations techniques et graphiques, une spécialisation et souvent un déplacement des grands centres d’impression de livres « mal sentant » vers des contrées à l’abri des parfois tatillons officiers de justice. Le développement d’une classe moyenne, bourgeoisie aisée et éduquée, a permis au livre imprimé d’atteindre une forme d’apogée en lui fournissant des bataillons de courtisans. Transformé par l’industrialisation, le monde du livre imprimé s’est enrichi de nouveaux acteurs qui ont structuré et ordonné la production comme la diffusion de cet objet qui n’a par ailleurs jamais cessé d’être une marchandise faisant et défaisant des fortunes comme des réputations, quand il n’est pas, aujourd’hui encore, cause de vicissitudes pour ses auteurs ou ses éditeurs. L’extension des lectorats, grâce à l’instruction obligatoire et la baisse du prix du livre permise par la mécanisation croissante d’une industrie restée longtemps manuelle, ont nourri un marché en constante expansion, l’avènement d’une société de loisirs achevant de donner une ampleur inédite au livre et à la lecture. Désormais, chacun peut posséder des livres et une bibliothèque personnelle. Mais l’immatérielle publication numérique pourrait reléguer l’univers livresque, son monde feutré et sa matérialité pelucheuse dans les limbes patrimoniales…, simple souvenir d’une époque révolue où la présence d’étagères remplies de livres imprimés, comme aujourd’hui celle du dernier gadget technologique, valait presque statut social. C’est probablement la mise en péril du règne longtemps incontesté du livre imprimé sur la diffusion des savoirs et l’excitation des imaginaires qui a stimulé les études sur son rôle, sur ses pratiques, ses usages, sa matérialité…, et qui a montré, à qui en doutait encore, son importance sur la structuration de nos sociétés comme sur nos manières de penser, de rêver ou de nous souvenir – l’entrée dans la galaxie Marconi n’a fait que remettre en cause la relation symbiotique entre l’objet et le lecteur. Mais l’histoire ne s’achève pas ainsi. Varlam Chalamov, dans un court texte autobiographique sur les camps staliniens, nous avait prévenus : le plus grand péril pour notre esprit comme pour notre culture est bien la privation d’imaginaire livresque. « Les livres sont ce que nous avons de meilleur en cette vie, ils sont notre immortalité. Je regrette de n’avoir jamais possédé ma propre bibliothèque 3 », s’exclame-t-il en achevant son récit. L’émergence d’une pandémie, en 2020, aura suffi pour donner toute sa puissance à cette déclaration mais aussi à accorder à nouveau aux lecteurs, pendant quelques semaines de confinement, deux privilèges rendus si nécessaires à la conquête de ces mondes livresques que personne ne s’était vraiment aperçu de leur disparition progressive : le temps de lire hors du temps et la quiétude. Les livres n’étant jamais aussi essentiels que lorsqu’on ne peut plus y accéder librement, loin du bruit et de la fureur du monde, à l’écart des écrans, le désir de livres et son lot d’évasion sur papier se sont, cette année-là, réaffirmés avec vigueur comme antidote à la morosité des temps. Le livre imprimé au travers duquel circulent les mots, les images et les idées, ce délicat mais magistral dispositif sans cesse réitéré, cet archipel fragile à l’arborescence si complexe à [d]écrire, voire ce monde à l’histoire longue et compliquée, continue plus que jamais à irriguer ses lecteurs. À vous désormais de lire le livre.
3 Varlam Chalamov, Mes bibliothèques, trad. fr. de Sophie Benech, Paris, Éditions Interférences, 1992 ; rééd., 2015, p. 53.
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d’abord timide, est longue. En France, le renouveau graphique n’intervient qu’au courant de la seconde décennie du xvie siècle. Si la présentation des ouvrages est encore quasi invariablement en « gothique des imprimeurs », cette période est d’une extrême importance dans la configuration de l’univers du livre imprimé, dont la spécificité et les pouvoirs sont peu à peu expérimentés par ses acteurs. D’abord concentrés sur la littérature religieuse, les imprimeurs-libraires spécialisent rapidement leur production, peaufinent leurs circuits de diffusion et développent des segments originaux afin de gagner de nouveaux lecteurs, curieux de formes et de savoirs inédits. Formes et fonctions des gravures imprimées
32 Carmen XXVII, vers 580-585. Gaëlle Herbert de la PortbarréViard, « Paulin de Nole et Prudence : deux conceptions du rapport entre textes et représentations figurées au début du v e siècle », Pallas, no 93, 2013, p. 185-206. 33 Hieronymus Brunschwig, Liber de arte distillandi…, Strasbourg, Grüninger, 1500, cité dans Jean-Marc Chatelain et Laurent Pinon, « Genres et fonctions de l’illustration au xvie siècle », dans La Naissance du livre moderne. Mise en page et mise en texte du livre français (XIV e -XVIIe siècle), sous la dir. d’Henri-Jean Martin, Paris, Éd. du Cercle de la librairie, 2000, p. 236-269.
Pour séduire de nouveaux acheteurs, le livre imprimé est rendu plus attrayant et fonctionnel. L’environnement textuel est peaufiné, les images plus systématiquement employées. L’impression de gravures et de texte sur les mêmes presses et rapidement, en une même opération de report, fait de la taille d’épargne la principale méthode de reproduction des illustrations livresques. Contrairement aux dessins, les gravures sont, comme les caractères mobiles, réutilisables, échangeables, multipliables à l’infini et polyvalentes… Les matrices d’impression pouvant appartenir à différents acteurs du livre, l’imprimeur peut les utiliser pour son usage propre et pour celui des libraires avec qui il collabore. Elles peuvent être la propriété commune d’un libraire et d’un imprimeur, ou simplement d’un libraire, qui les prête alors à l’imprimeur. Elles peuvent aussi être louées par l’imprimeur ou le libraire, transmises (vente, héritage…) ou copiées à partir d’une épreuve imprimée avec le système du poncif ou « à main levée ». Les premiers livres illustrés imprimés apparaissent en 1461 en Allemagne. Puis c’est à Rome, chez Ulrich Han, que paraissent les Meditationes de Johannes de Torrecremata (plus connu sous le nom de Juan de Torquemada) illustrées (31 décembre 1467) 21. Des gravures sont ensuite reproduites dans les ouvrages de Günther Zainer à Augsbourg (1471), Johannes Mentelin à Strasbourg (1473), Bernhard Richel à Bâle (1476)… Le premier incunable français illustré est le Miroir de redemption de l’umain lygnage (1478), publié à Lyon chez Martin Husz. C’est la traduction d’une Bible moralisée allemande parue à Bâle chez Richel en 1476, les 256 gravures qui ponctuent le texte provenant de l’édition bâloise. Le premier livre illustré à Paris est un missel chez Jean Du Pré (22 septembre 1481) ; les livres illustrés, la plupart ensuite coloriés au pochoir, représentent 10 à 15 % des éditions incunables aujourd’hui répertoriées, pour la majorité parus après 1480. Exceptionnellement, la gravure sur support métallique peut être rencontrée, soit en manière criblée, soit sous forme de taille-douce. Le seul exemple français incunable de taille-douce employé dans un livre se trouve dans Des sainctes peregrinationes de iherusalem, traduction des Perigrinationes de Bernhard von Breydenbach (Lyon, Michel Topié et Jacques Heremberck, 1488). Les figures sont plus fréquentes dans les livres liturgiques, dans les ouvrages de dévotion ou dans les livres en langage vernaculaire, les usages faits de ces images pouvant surprendre un lecteur moderne. Dans l’Edelstein (Bamberg, Pfister, 14 février 1461), sur 176 pages, il y a 101 illustrations composées chacune d’une gravure, toujours la même, appariée avec une seconde image toujours différente. Ainsi se pose la question de la fonction et de la signification de ces images, de l’équilibre de leurs rapports avec le texte. De multiples hypothèses ont été avancées : continuation des pratiques manuscrites, moyen d’accroître le prix de vente, de rendre plus attrayante et plus aisée la lecture pour un lectorat de culture orale… Observons les usages. Selon un lieu commun largement répandu depuis Paulin de Nole 32 , les images servent à l’instruction des humbles, constituent la « Bible des illettrés ». Hieronymus Brunschwig, reprenant ce topos, déclare encore en 1500 que « les figures ne sont rien de plus qu’une réjouissance de l’œil et une information pour ceux qui ne savent ni lire ni écrire 33 ». Malgré ces témoignages, il faut écarter cette idée. La différence entre litterati (lettrés) et illitterati (illettrés) est propre à l’époque médiévale, renvoyant à la division fondamentale entre clercs et laïcs, l’accès au savoir (divin) contenu dans le Livre étant réservé aux seuls lettrés. Ce qui pourrait être interprété comme une défiance à l’égard des images est l’expression de pratiques de lecture scindant texte et illustrations, ces dernières n’étant pas comprises ni appréhendées comme des succédanés de la réalité. Ainsi que le résume un passage des Perigrinationes de
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Breydenbach, « l’écriture parle à la raison, les figures s’adressent à la vue ». Texte et images impliquent les facultés visuelles et intellectuelles du destinataire à des niveaux distincts, leur fonction n’étant pas forcément de se compléter 22. 22
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L’image ne répondant pas toujours à un projet précis et défini de figuration authentique, certains personnages ou objets acquièrent une plastique « générique » (femme, homme, arbre, maison…) sans spécifications supplémentaires. Les connaissances préalables du lecteur, généralement fournies par le texte ou sa culture, permettent d’activer leur fonction documentaire par croisement de critères d’identification, par sélection ou par association d’idées. Employées comme « images appropriées » au contexte, elles servent à illustrer des textes ayant des caractéristiques analogiques proches. Sur ce principe, des images qui ont pu illustrer un élément précis peuvent parfaitement devenir génériques dans le cas d’un réemploi, y compris dans le même livre. Dans le Liber chronicarum de Hartmann Schedel (Nuremberg, Anton Koberger, 1493), par exemple, 652 blocs fournissent, par des répétitions, 1 809 illustrations. La même image peut servir à représenter deux cités différentes du simple fait qu’elles sont fortifiées, il suffit de les nommer dans le titulus ou la légende 23. Mais en même temps, certaines villes sont précisément caractérisées… Parfois, des gravures de réemploi sont insérées sans même recourir aux attributions des images génériques, elles sont alors dépossédées de leur contenu iconographique. Il ne s’agit pas de créer artificiellement un ouvrage illustré, mais de scander les articulations de la pensée de l’auteur, de rendre le texte plus aisément lisible en ménageant des respirations et en favorisant la récollection, c’est-à-dire la récapitulation du contenu de sa lecture par le lecteur en le projetant sur une image support facilement mémorisable. Tirant parti de ces usages anciens de l’image, les imprimeurs strasbourgeois développent le système de bois agrégés mis au point par Pfister. Ils poussent à son paroxysme l’image générique, décomposent les gravures en plusieurs imagettes combinables par deux, trois… Le Plenarium (Évangiles et Épîtres glosés en allemand) par Thomas Anshelm use pour la première fois de la technique (10 janvier 1488). L’ouvrage comprend 55 illustrations dont 27 composées de deux bois génériques agrégés pour composer une image composite 34. L’édition des comédies de Térence par Grüninger en 1496 est un des monuments du système, nous le verrons plus avant. Avec l’amélioration de la qualité des illustrations apparaissent de nouvelles fonctions, largement délaissées ou ignorées jusqu’alors : l’image de délectation, dont la pratique essentiellement tournée vers la contemplation esthétique et le plaisir du regard en font l’ancêtre de l’estampe d’art, et l’image comme représentation du monde, qui après la normalisation d’images « modèles » philologiques et scientifiques (voir ci-dessous) permettra l’émergence de l’illustration didactique. Les générations suivantes sauront exploiter ces possibilités et instaurer une iconographie complémentaire à la transmission par le texte, ouvrant la voie aux catégories et aux usages modernes de l’image. Le nombre d’ouvrages illustrés va pourtant s’amenuisant jusqu’au début du xixe siècle : 20 % de la production totale entre 1530 et 1570, 15 % entre 1570 et 1600, 10 % jusqu’en 1640, moins après 35. Une expérience singulière et novatrice : l’impression polychrome La configuration de l’image imprimée passe par un certain nombre de tentatives pour faire correspondre les moyens techniques de production avec les pratiques visuelles. L’une des approches les plus expérimentales est le fait d’un imprimeur-libraire originaire d’Augsbourg, Erhard Ratdolt. En 1474, il ouvre un atelier à Venise avec Bernhard Maler et Peter Löslein. L’officine publie tout d’abord le Calendarium de Regiomontanus (1476), dont la page de titre est imprimée en deux couleurs 36. Jusqu’en 1478, il produit
34 François Ritter, Histoire de l’imprimerie alsacienne aux XV e et XVIe siècles, Strasbourg, F.-X. Le Roux, 1955, p. 377. La Gravure d’illustration en Alsace au XVIe siècle. I. Jean Grüninger (1501-1506), sous la dir. de Cécile Dupeux, Jacqueline Lévy et Jean Wirth, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 1992, p. 16.
35 Michel Pastoureau, « L’illustration du livre : comprendre ou rêver », dans Histoire de l’édition française. Le livre conquérant. Du Moyen Âge au milieu du XVIIe siècle, sous la dir. de Roger Chartier et Henri-Jean Martin, Paris, Fayard, 1989, p. 603. 36 Olivier Deloignon, « Noiret coulouré », dans Aux limites de la couleur : monochromie et polychromie dans les arts (1300-1650), sous la dir. de Maurice Brock, Marion Boudon-Machuel et Pascale Charron, Turnhout, Brepols, 2012, p. 157-166.
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22 Bernhard von Breydenbach, Peregrinatio in terram sanctam [Le Pèlerinage en Terre Sainte], Mayence, Erhard Reuwich, 11 février 1486. Récit largement illustré du pèlerinage en Terre Sainte par l’artiste d’Utrecht, Erhard Reuwich. Vue dépliante et coloriée de Jérusalem et ses environs. Paris, Bnf, Réserve des livres rares, Vélins-769.
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27 Biblia germanica, Strasbourg, [Johann (Reinhard) Grüninger], 2 mai 1485. Dixième et dernière Bible incunable en haut allemand dont l’illustration relevée de couleur dérive de la Bible de Koberger (1483), elle-même adaptée de la Bible en bas allemand colonaise (1478). L’illustration en style strasbourgeois primitif de ce premier livre illustré de Grüninger est la plus complète (109 bois) parue à l’époque incunable. Strasbourg, Médiathèque André-Malraux, C 285.
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134 Abraham Bosse, La Galerie du Palais, vers 1639. Eau-forte. Une échoppe de libraire, à gauche, côtoie une boutique de gantier et autres accessoires de mode, et un marchand de collerettes et de manchettes de dentelle. Paris, Bnf, Estampes, réserve qb-201 (33)-fol.
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121 Galileo Galilei, Sidereus Nuncius… [Le Messager céleste], Venise, Tommaso Baglioni, 1610. Page illustrée d’une gravure sur cuivre représentant les taches observées par Galilée à la surface de la Lune. Munich, Bayerische Staatsbibliothek, res/4 Astr. 122 L’Arioste, Orlando furioso [Roland furieux], Venise, Francesco de Franceschi, 1584. Planche en taille-douce de Girolamo Porro. Paris, Bnf, Réserve des livres rares, yd-396. 157 Jules Mascaron, Oraison funebre de tres-haut et tres-puissant prince Henry de La Tour-d’Auvergne, vicomte de Turenne, maréchal general des camps & armées du roy, & c. Prononcée à Paris dans l’eglise des Carmelites du faux-bourg Saint Jacques, où son cœur est inhumé, le 30 d’octobre 1675, Paris, veuve Jean Dupuis, 1676. Lettrine gravée sur cuivre par Sébastien Leclerc. Paris, Bnf, Estampes, réserve qb-201 (54)-fol.
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256gh Edy-Legrand (Édouard-Léon-Louis Legrand, dit), Macao et Cosmage ou l’Expérience du bonheur, Paris, Éditions de la Nouvelle Revue française, 1919 (nouv. éd., Paris, Gallimard, 2020). Premier livre d’enfant illustré par la NRF, l’ouvrage, imprimé en lithographie et relevé de couleur au pochoir, est un livre d’artiste caractéristique du style art déco. Collection particulière. 267 Jules Verne, Mistress Branican, « Collection Hetzel. Bibliothèque d’éducation et de récréation. Les Voyages extraordinaires », J. Hetzel, 1891. Cartonnage polychrome au portrait imprimé avec marquage rouge et or, et dos « au phare » caractéristique de l’éditeur. Imprimé par Gauthier-Villars, relié par A. Lenègre. Lyon, Musée de l’Imprimerie et de la Communication graphique, Inv. 2257. 268a Comtesse de Ségur, Les Bons Enfants, Paris, Louis Hachette, « Bibliothèque rose illustrée », 1863. Première page de « La leçon » avec vignette de Ferogio parue pour les étrennes 1863 dans la collection de la « Bibliothèque rose illustrée » après avoir été prépubliée avec la plupart des autres histoires du recueil dans la Semaine des enfants, d’août à octobre 1862. Paris, Bibliothèques de la Ville de Paris, Médiathèque Françoise-Sagan, fonds Heure joyeuse, 2013-437897.
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268b Jean de Brunhoff, Histoire de Babar, le petit éléphant, Paris, Éditions du Jardin des modes, 1931. Babar se promène très heureux sur le dos de sa maman, quand un vilain chasseur, caché derrière un buisson, tire sur eux. Paris, Bnf, Réserve des livres rares, res fol-nfr-245.
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131 [Georg Willer], Catalogus sive inscriptiones librorum… [Catalogue des livres et…], Lauingen, Emanuel Saltzer, [1565]. Premier catalogue de libraire spécialement produit pour la foire de Francfort. Munich, Bayersiche Staatsbibliothek, Res/Cat. 779d.
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Olivier Deloignon est chercheur associé à l’Université de Strasbourg et professeur d’histoire de la typographie et du livre à la Haute école des arts du Rhin. Il est l’auteur d’articles scientifiques consacrés à l’histoire du livre, de la typographie et de l’illustration. Commissaire d’expositions, il a rédigé et dirigé des catalogues (comme La Poudre, l’Encre et le Plomb, 2016) et des ouvrages collectifs (comme Impressions, avec R. Jerusalmy, P. Ory et J.-M. Providence, photos de Fr. Deladerrière et S. Couturier, Imprimerie nationale Éditions, 2021). Il a été le conseiller scientifique de plusieurs documentaires (comme Gutenberg, l’aventure de l’imprimerie de Marc Jampolsky, Arte éditions, 2017).
Jean-Marc Chatelain est conservateur des bibliothèques, directeur de la Réserve des livres rares à la Bibliothèque nationale de France. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages consacrés à l’histoire du livre et de la littérature au xviie siècle, parmi lesquels La Bibliothèque de l’honnête homme : livres, lecture et collections en France à l’âge classique (BnF, 2003).
Jean-Yves Mollier est professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université Paris Saclay/Versailles Saint-Quentin. Spécialiste de l’histoire de l’édition, du livre et de la lecture, il est l’auteur de nombreux ouvrages : L’Argent et les Lettres. Histoire du capitalisme d’édition (Fayard, 1988), Édition, presse et pouvoir en France au xxe siècle (Fayard, 2008), Une autre histoire de l’édition française (La Fabrique, 2015, 2018 et 2019), Interdiction de publier. La censure d’hier à aujourd’hui (Double Ponctuation, 2020), Une histoire des libraires et de la librairie (Imprimerie nationale Éditions, 2021), et il a dirigé les trois éditions d’Où va le livre ? (La Dispute, 2000, 2002 et 2007).
416 pages au format 22 × 27,5 cm ouvrage broché sous jaquette sérigraphiée 327 illustrations en quadrichromie parution le 6 octobre 2021 ISBN 978-2-330-15517-9
9 782330 155179 PP : 89 € TTC France
Le livre est dessiné par SpMillot, Paris