Extrait "Christoph von Weyhe. Au silence"

On découvrira dans ce volume les œuvres mêmes, et les réactions d’artistes, d’écrivains, de chercheurs qui admirent cette œuvre tenace et fidèle, y retrouvant aussi leur aspiration – de Patrick Modiano à Paul McCarthy.

Christoph von Weyhe. Au silence est la quatrième coédition du couturier avec Actes Sud. Sous la direction de Donatien Grau

ACTES SUD Dépôt légal : juin 2016 | ISBN : 978-2-330-06303-0 | 29 e TTC France

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Christoph von Weyhe Au silence

Christoph von Weyhe est né en 1937 à Halle (Saale), en Allemagne.

Diplômé de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, il commence à travailler à la plume, afin de saisir l’image de ses paysages oniriques. Depuis trente-cinq années, il retourne au lieu où il a grandi – le port de Hambourg – et le transcrit en peinture. Il capture d’abord l’instant avec la gouache, et ensuite travaille à une réinvention de sa sensation initiale pendant des mois, et parfois des années.

ACTES SUD | ASSOCIATION AZZEDINE ALAÏA

L’ouvrage Christoph von Weyhe. Au silence, publié à l’occasion de l’exposition qui présente, à la Galerie Azzedine Alaïa, l’ensemble des gouaches grand format de l’artiste, en constitue la première monographie scientifique.

Christoph von Weyhe Au silence

ACTES SUD | ASSOCIATION AZZEDINE ALAÏA

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SOMMAIRE

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Frontispice Luigi Serafini Avant-propos Donatien Grau Préface Patrick Modiano Visite à l’atelier Jean-Philippe Toussaint

Élégies (les gouaches de Christoph von Weyhe) Éric de Chassey

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Nocturnes

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Entretien de Tatiana Trouvé avec Christoph von Weyhe

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“Des ciels gris de cristal”. Mots pour Christoph von Weyhe Devika Singh

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Gouaches

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Le diamant noir de la sensation Voyage dans la vie diurne de Christoph von Weyhe Donatien Grau

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La noirceur de la peinture Emanuele Coccia Les constellations d’un port Maël Renouard

Night Bridge Paul McCarthy

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Partition choisie par Vladimir Spivakov

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122 Biographie des auteurs 124 Remerciements

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Entretien de Tatiana Trouvé avec Christoph von Weyhe

Voyages Je travaille en ce moment sur des Lignes d’erre, qui sont des relevés de trajets associés à des pensées qui les ont traversés. De ton côté, depuis des années tu effectues des voyages qui te conduisent toujours au même point, le port de Hambourg, et qui se répètent à intervalles irréguliers. Ils sont importants, parce qu’ils nourrissent ta peinture et font partie, pleinement, de ton travail d’artiste. Par quelles pensées sont-ils traversés ?

Christoph von Weyhe : Bien que je connaisse ce paysage depuis mon enfance, j’ai pris vraiment conscience de la beauté spécifique du port dans les voyages que je faisais entre la propriété paternelle, dans le Schleswig-Holstein, et Paris, où je faisais mes études. Quand on quittait la gare principale, je regardais par la fenêtre, je voyais pour une dernière fois le port, dans la nuit.

C’était d’une grande beauté : la nuit estompe l’architecture, et il ne reste que ce mystère. Quand je peins, je renouvelle ce moment chaque fois : je renouvelle chaque fois la sensation que j’éprouve devant ce paysage.

Ce n’est pas un paysage figé pour l’éternité : il change tous les soirs, car c’est un lieu de travail. Ce que je fais n’est donc pas une répétition. Il m’est impossible d’aller à Hambourg en hiver, quand les journées sont très courtes. Je peins en automne, au printemps et en été. Je travaille en plein air. La lumière en été fait que les ciels ont une magnifique transparence. Je fais une provision pendant

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ces voyages, qui me permet ensuite de travailler tout l’hiver dans l’atelier parisien.

Le départ pour le port est préparé : ce n’est pas décidé au hasard, ni à la dernière minute. Je connais ce paysage parfaitement et j’essaie d’y aller à des moments favorables à la lumière. Cela pourrait paraître paradoxal, parce que je travaille la nuit, mais la lumière est extrêmement importante : elle donne tout, elle ponctue.

Mes œuvres sont en grande partie des paysages nocturnes, et on pourrait me considérer comme indifférent à la lumière. Elle est pourtant essentielle. La lumière est une partition : les lumières qui émanent des phares ; les bateaux sont chargés et déchargés de leurs conteneurs. C’est le lieu d’un immense travail : si ce n’était pas un lieu de travail, cela ne m’intéresserait pas.

Les esquisses Lorsque tu es parvenu à Hambourg, tu réalises des gouaches. Puis, de retour à Paris, tu peins des toiles dans ton atelier. Pour ma part, je considère mes dessins comme des moyens de retourner sur les lieux de la pensée. J’ai plutôt le sentiment que les gouaches, chez toi, fonctionnent comme des traits d’esprit, c’est-à-dire qu’elles sont associées à la brièveté et à la vitesse d’exécution et d’expression. Par contre, est-ce que tes peintures sont une manière de refaire ces voyages en pensée ?

Les gouaches ont un avantage : elles ont été exécutées dans la brièveté, comme tu le dis. Dans la gouache, il y a une part d’improvisation : plusieurs facteurs entrent en jeu – la lumière, l’excitation que j’ai de reproduire ce motif. La peinture est beaucoup plus réfléchie, bien que j’aie toujours le souci de retrouver d’une certaine façon cette liberté, cette gestuelle. Dans la peinture, je suis freiné par le matériau que je me suis choisi : la toile est plus durable – c’est son but – et on emploie des matériaux également plus durables, moins faciles à manier que la peinture à l’eau que j’utilise pour les gouaches.

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Le diamant noir de la sensation. Voyage dans la vie diurne de Christoph von Weyhe

Donatien Grau

Une synesthésie brillante se fait quand, ayant entendu Paul Celan lire son poème Fugue de mort, on contemple une œuvre de Christoph von Weyhe. “Lait noir de l’aube, nous te buvons la nuit / te buvons à midi et le matin1…”, écrit Celan. Et le ton qu’il adopte en lisant – en disant – son poème en fait comme une litanie, revenant en permanence sur elle-même et pourtant bougeant, vibrant, oscillant, toujours la même, toujours différente, comme une conscience de la tragédie dont la vie, l’art se doivent d’être les répondants conséquents.

Cette synesthésie s’opère entre les couleurs, les substances, les sensations : les œuvres de Christoph von Weyhe suivent leur chemin individuel, cohérent, celui d’un langage qui s’élabore de luimême, par lui-même, selon sa propre logique, celle des sens. En effet, se rendant depuis les années 1980 dans la nuit face au port, il transcrit ce qu’il ressent sur des gouaches qui sont de la sensation pure : une manifestation pure des sens, avec néanmoins la transformation qu’implique la perception puissante de l’artiste.

Ensuite, pendant des mois, parfois des années, il transforme cette sensation qui a elle-même transformé la réalité en une toile, sur laquelle est gravée – sculptée – l’œuvre de la mémoire. À côté, dans ce cheminement au milieu de la nuit, il a créé des œuvres d’une intensité extrême, en noir et blanc : des monotypes, usant d’une technique prisée par Degas et par le xixe siècle réagissant à l’emprise progressive de la photographie. Ces trois ensembles 1. Choix de poèmes réunis par l’auteur, trad. Jean-Pierre Lefebvre, Gallimard, 1998.

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On découvrira dans ce volume les œuvres mêmes, et les réactions d’artistes, d’écrivains, de chercheurs qui admirent cette œuvre tenace et fidèle, y retrouvant aussi leur aspiration – de Patrick Modiano à Paul McCarthy.

Christoph von Weyhe. Au silence est la quatrième coédition du couturier avec Actes Sud. Sous la direction de Donatien Grau

ACTES SUD Dépôt légal : juin 2016 | ISBN : 978-2-330-06303-0 | 29 e TTC France

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Christoph von Weyhe est né en 1937 à Halle (Saale), en Allemagne.

Diplômé de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, il commence à travailler à la plume, afin de saisir l’image de ses paysages oniriques. Depuis trente-cinq années, il retourne au lieu où il a grandi – le port de Hambourg – et le transcrit en peinture. Il capture d’abord l’instant avec la gouache, et ensuite travaille à une réinvention de sa sensation initiale pendant des mois, et parfois des années.

ACTES SUD | ASSOCIATION AZZEDINE ALAÏA

L’ouvrage Christoph von Weyhe. Au silence, publié à l’occasion de l’exposition qui présente, à la Galerie Azzedine Alaïa, l’ensemble des gouaches grand format de l’artiste, en constitue la première monographie scientifique.

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