Extrait N°2 de "Fleur de cimetière" et "Emergency 911"

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LE POINT DE VUE DES

DITEURS

NELE NEUHAUS

Un squelette humain est retrouv dans une ancienne cuve de carburant, dans un ancien Blanchea roport militaire. Un peu plus tard, une femme Neige tombe d?un pont. Selon un t moin, elle aurait doit t pouss e. L?enqu te conduit Pia Kirch hoff et mourir Oliver von Boden stein dans le petit village d?Altenhain o la victime, Rita Cra mer, a v cu avant son divorce d?avec un certain Hartmut Sartorius. Or, onze ans plus t t, deux jeunes filles du bourg avaient disparu sans laisser de traces. Sur la foi maigres de indices, un gar on de vingt ans, Tobias Sartorius, avait t arr t et condamn dix ans de prison. Depuisues quel q jours, Tobias est revenu Altenhain... L?agression dont sa re m a t victime a?t?elle un lien avec ce retour ? Dans le village, Pia et Bodenstein se heurtent un mur de silence. Mais bient t une autre jeune fille dispara t et les habitants accusent Tobias Sartorius, m me si ce dernier a toujours clam son innocence. Les preuves manquent, la police pi tine et certains villageois semblent ? bien d ci d s prendre les choses en main. Dans ce deuxi me roman du duo Kirchhoff? von Boden stein, Nele Neuhaus construit une fois de plus une intrigue millim tr e autour des non? dits et de l?atmosph re touffante d?un ? petit vil lage allemand. Proc dant par d voilements ? suc cessifs, elle d monte patiemment les m? ca nismes d?une erreur judiciaire et analyse ? magis tralement le fonctionnement de ces fascinantes machines broyer les individus que sont parfois la justice et les pr jug s.

DAVID BELL

Fleur de cimetière roman traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Claire-Marie Clévy

Photographie de couverture : ' Elizabeth Von Bismarck ISBN 978?2?330?01248? 9

ACTES SUD D P.?L G. OCT. : 2012 23,50 € TTC?France www.actes?sud.fr

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ACTES SUD

actes noirs

ACTES SUD


1 Le chien avait compris qu’il ne reviendrait pas. Lorsque j’ai agité sa laisse en m’approchant de la porte, Frosty ne m’a pas suivi. Au lieu d’accourir immédiatement à ce bruit comme d’habitude, griffes cliquetant sur le parquet, il s’est détourné, la tête baissée, le regard fuyant. Je l’ai appelé, mais il m’a ignoré. Alors je me suis avancé vers lui. Frosty était un gros chien, un labrador jaune sable, doux, affectueux, et assez intelligent pour déceler quelque chose d’inhabituel dans ma voix, quelque chose qui lui disait que cette promenade ne serait pas ordinaire. Quand j’ai essayé d’attraper son collier, Frosty a rentré la tête dans les épaules pour m’empêcher d’attacher la laisse. De près, je sentais l’odeur pénétrante de son pelage, son souffle chaud sur ma main. “Frosty, arrête.” De plus en plus agacé, j’ai serré les dents, grinçant des molaires. Il s’est rétracté davantage. Sans réfléchir, j’ai levé ma main libre pour lui donner une petite tape sur le museau. Son glapissement m’a surpris, et j’ai immédiatement éprouvé la sensation d’être un pauvre imbécile, un impardonnable salaud. Je ne l’avais jamais frappé avant, même pas pendant son dressage. Il s’est recroquevillé encore plus, mais quand j’ai à nouveau tendu la main, il a levé la tête pour me permettre d’attacher la laisse à son collier. Je me suis redressé avec un profond soupir, envahi par un sentiment d’impuissance. “Qu’est-ce qui se passe ?” 16

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Debout à la porte de la cuisine, Abby, les cheveux tirés en queue de cheval, m’observait avec de grands yeux. Elle était pieds nus, et portait une jupe noire et un chemisier à rayures, même si on était samedi : elle qui avait l’habitude de porter des vêtements décontractés le week-end s’habillait désormais de la même façon tous les jours, apprêtée comme pour partir à l’église – ce qui était souvent le cas. “Rien. — J’ai cru que le chien avait aboyé. — Oui. Je l’ai frappé.” Elle a plissé les yeux. “Je m’en débarrasse. Je l’emmène à la fourrière. — Oh, a-t-elle dit, portant une main à sa poitrine. — Ce n’est pas ce que tu voulais ? Ça fait presque un an que tu m’en rebats les oreilles. — C’est vrai. Mais je croyais que tu n’étais pas d’accord.” Frosty était assis à mes pieds, la tête basse. Vaincu. Le frigo s’est mis en marche avec un bourdonnement sourd avant de se taire. J’ai haussé les épaules. “Tu dis tout le temps qu’il faut qu’on passe à autre chose, non ? Qu’on tourne la page.” Elle a acquiescé, un peu hésitante. Ces dernières années, le visage d’Abby trahissait rarement l’incertitude. Son engagement auprès de l’église lui donnait un air assuré, comme si elle ne doutait jamais de rien. Sauf de moi. Je savais qu’elle nourrissait des doutes à mon sujet. En dernier recours, j’avais décidé de sacrifier le chien – un gage de bonne volonté. Mais je n’avais pas pensé qu’elle me laisserait aller jusqu’au bout. J’avais cru que lorsqu’elle verrait Frosty en laisse, prêt à partir pour la fourrière, elle m’arrêterait. Les larmes aux yeux, elle a pris une inspiration. “Je crois vraiment qu’on a besoin de ça, Tom, a-t-elle dit en soupirant. Avec la cérémonie commémorative qui approche, je pense qu’on peut passer à autre chose.” Elle a poussé un nouveau soupir, qui ressemblait plutôt à un hoquet, presque à un sanglot. “J’aimais beaucoup Frosty, mais chaque fois que je le regarde aujourd’hui, je pense à Caitlin. Et ce n’est pas possible. Je ne veux plus.

— Tu es sûre, Abby ? Vraiment ? C’est un bon chien.” Elle a secoué la tête, tapé du pied. “J’en suis sûre. — Bien.” J’ai tiré sur la laisse, plus brutalement que nécessaire, et Frosty s’est levé d’un bond. Ses pattes ont foulé le sol, lentement, méthodiquement. Un cadavre en marche. “Tu seras là à mon retour ? — J’ai une réunion à l’église.” J’ai hoché la tête, la main sur la poignée de la porte du fond. “C’est drôle. — Quoi ? Qu’est-ce qui est drôle ? — Tu ne supportes plus de voir Frosty parce qu’il te rappelle Caitlin. Moi, c’est justement pour ça que je voudrais le garder. — Tom. Arrête. — D’accord.” J’ai franchi la porte, menant à la mort le seul témoin connu de l’enlèvement de ma fille.

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Je ne suis pas allé directement à la fourrière. Envahi par un sentiment de culpabilité – culpabilité d’avoir condamné Frosty, de l’avoir frappé, et de Dieu sait quoi encore –, je me suis arrêté au parc près de chez nous. Quand je me suis engagé sur le parking, Frosty s’est ragaillardi. Les oreilles dressées, la queue battant contre la banquette arrière, il s’est mis à haleter, emplissant l’air confiné de la voiture d’une forte odeur musquée. Après avoir trouvé une place à l’ombre, je suis allé lui ouvrir la porte. Il a sauté de la voiture puis, la truffe au ras du sol, a commencé à renifler chaque pouce du terrain, avec un bref arrêt pour uriner sur un arbuste. J’en ai profité pour attacher sa laisse avant de le suivre. Comme tous les samedis de fin d’été, le parc fourmillait de vie. Une équipe de garçons s’entraînait sur le terrain de baseball près de la route, leurs battes en aluminium résonnant au contact de la balle. Des gens couraient ou marchaient à grandes foulées sur la piste principale, et je me suis engagé dans leur sillage, laissant Frosty m’entraîner de côté tous les dix mètres

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tu m’en rebats les oreilles. — C’est vrai. Mais je croyais que tu n’étais pas d’accord.” Frosty était assis à mes pieds, la tête basse. Vaincu. Le frigo s’est mis en marche avec un bourdonnement sourd avant de se taire. J’ai haussé les épaules. “Tu dis tout le temps qu’il faut qu’on passe à autre chose, non ? Qu’on tourne la page.” Elle a acquiescé, un peu hésitante. Ces dernières années, le visage d’Abby trahissait rarement l’incertitude. Son engagement auprès de l’église lui donnait un air assuré, comme si elle ne doutait jamais de rien. Sauf de moi. Je savais qu’elle nourrissait des doutes à mon sujet. En dernier recours, j’avais décidé de sacrifier le chien – un gage de bonne volonté. Mais je n’avais pas pensé qu’elle me laisserait aller jusqu’au bout. J’avais cru que lorsqu’elle verrait Frosty en laisse, prêt à partir pour la fourrière, elle m’arrêterait. Les larmes aux yeux, elle a pris une inspiration. “Je crois vraiment qu’on a besoin de ça, Tom, a-t-elle dit en soupirant. Avec la cérémonie commémorative qui approche, je pense qu’on peut passer à autre chose.” Elle a poussé un nouveau soupir, qui ressemblait plutôt à un hoquet, presque à un sanglot. “J’aimais beaucoup Frosty, mais chaque fois que je le regarde aujourd’hui, je pense à Caitlin. Et ce n’est pas possible. Je ne veux plus.

— Tu es sûre, Abby ? Vraiment ? C’est un bon chien.” Elle a secoué la tête, tapé du pied. “J’en suis sûre. — Bien.” J’ai tiré sur la laisse, plus brutalement que nécessaire, et Frosty s’est levé d’un bond. Ses pattes ont foulé le sol, lentement, méthodiquement. Un cadavre en marche. “Tu seras là à mon retour ? — J’ai une réunion à l’église.” J’ai hoché la tête, la main sur la poignée de la porte du fond. “C’est drôle. — Quoi ? Qu’est-ce qui est drôle ? — Tu ne supportes plus de voir Frosty parce qu’il te rappelle Caitlin. Moi, c’est justement pour ça que je voudrais le garder. — Tom. Arrête. — D’accord.” J’ai franchi la porte, menant à la mort le seul témoin connu de l’enlèvement de ma fille.

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DITEURS

NELE NEUHAUS

Un squelette humain est retrouv dans une ancienne cuve de carburant, dans un ancien Blanchea roport militaire. Un peu plus tard, une femme Neige tombe d?un pont. Selon un t moin, elle aurait doit t pouss e. L?enqu te conduit Pia Kirch hoff et mourir Oliver von Boden stein dans le petit village d?Altenhain o la victime, Rita Cra mer, a v cu avant son divorce d?avec un certain Hartmut Sartorius. Or, onze ans plus t t, deux jeunes filles du bourg avaient disparu sans laisser de traces. Sur la foi maigres de indices, un gar on de vingt ans, Tobias Sartorius, avait t arr t et condamn dix ans de prison. Depuisues quel q jours, Tobias est revenu Altenhain... L?agression dont sa re m a t victime a?t?elle un lien avec ce retour ? Dans le village, Pia et Bodenstein se heurtent un mur de silence. Mais bient t une autre jeune fille dispara t et les habitants accusent Tobias Sartorius, m me si ce dernier a toujours clam son innocence. Les preuves manquent, la police pi tine et certains villageois semblent ? bien d ci d s prendre les choses en main. Dans ce deuxi me roman du duo Kirchhoff? von Boden stein, Nele Neuhaus construit une fois de plus une intrigue millim tr e autour des non? dits et de l?atmosph re touffante d?un ? petit vil lage allemand. Proc dant par d voilements ? suc cessifs, elle d monte patiemment les m? ca nismes d?une erreur judiciaire et analyse ? magis tralement le fonctionnement de ces fascinantes machines broyer les individus que sont parfois la justice et les pr jug s.

RYAN DAVID JAHN

Emergency 911 roman traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Claire-Marie Clévy

Photographie de couverture : ' Elizabeth Von Bismarck ISBN 978?2?330?01248? 9

ACTES SUD D P.?L G. OCT. : 2012 23,50 € TTC?France www.actes?sud.fr

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ACTES SUD


2e EXTRAIT EMERGENCY 911 Les funérailles ont eu lieu en mai, ça fait maintenant deux mois. Au départ, il ne voulait pas en entendre parler. Il pensait que c’était une façon absurde et excessivement ritualiste d’enterrer un passé qui était toujours, qui est toujours, bien vivant, et on n’enterre pas quelque chose dont le cœur bat encore. Finalement, Debbie est parvenue à le convaincre qu’elle en avait besoin. Elle avait besoin de tourner la page. En tout cas c’est ce que son psy, qu’elle avait ramené en bagnole depuis Houston, avait expliqué à Ian. Et donc ils ont organisé ces funérailles, des gens sont venus, le pasteur Warden a débité des platitudes tandis que derrière lui était exposé un petit cercueil vide. Mais les mots du pasteur étaient aussi vides que le cercueil. Des gens ont pleuré, ils ont chanté – faux – des cantiques, ils se sont agenouillés, ils ont baissé la tête, ils ont prié. Ils ont visionné des photos de la jolie petite Maggie âgée de zéro à sept ans – pas au-delà de sept ans, jamais au-delà de sept ans –, assise dans une chaise haute, le visage barbouillé de gâteau ; faisant ses premiers pas ; assise devant un fond bleu pour la photo figurant dans le livret annuel de son CE1 ; assise sur les marches devant l’entrée de leur maison au 44 Grapevine Circle, le genou écorché, un casque à vélo sur la tête et un immense sourire espiègle sur les lèvres. Si elle était en vie, elle fêterait ses quinze ans en septembre. Ian n’a ni chanté les cantiques, ni versé de larmes. Pendant tout ce temps, il est resté assis en silence sur le banc du fond. Le dos droit, les doigts entrelacés, les mains sur les genoux. Il faisait chaud dans l’église baptiste de Bulls Mouth, bien qu’on fût seulement en mai, pourtant il n’a fait aucun geste pour essuyer la sueur qui trempait son front et dégoulinait le long de sa joue. Il est resté immobile, sa tête aussi vide qu’une pièce sans meuble. Il n’a bougé que quand les gens sont venus vers lui pour lui présenter leurs condoléances. Il a serré


leurs mains et les a remerciés, et quand quelqu’un voulait l’entourer de ses bras il acceptait, mais il n’avait qu’une envie, s’en aller. Rentrer chez lui, être seul. Quand les gens ont commencé à partir, Debbie s’est approchée, accompagnée de Bill Finch, son nouveau mari. Bill était flic, lui aussi, il travaillait au Bureau du shérif du comté de Tonkawa, juste de l’autre côté de la prison par rapport au poste de police de Bulls Mouth, et il se trouvait à l’origine de nombreux conflits de juridiction avec le capitaine Davis, concernant des problèmes même mineurs que la ville avait l’habitude de gérer – au final, c’était à qui gueulerait le plus fort entre Davis et le shérif Sizemore. Bill faisait partie des trois seuls adjoints du shérif qui bossaient régulièrement à Bulls Mouth. Le QG du shérif se trouvait à Mencken. La police de Bulls Mouth assurait la plupart des missions de sécurité publique dans les environs, par conséquent tous les appels d’urgence étaient filtrés par Ian. Debbie l’a serré dans ses bras et remercié d’avoir accepté ces funérailles. Ian et Bill se sont froidement salués d’un signe de tête, aucun des deux n’a tendu la main. Puis ils sont partis chacun de leur côté. Debbie et Bill vers leur maison, leurs jumeaux – âgés de trois ans maintenant –, leurs deux clébards et leur jardin avec sa piscine hors sol. Ian vers son appartement sur College Avenue et son frigidaire qui ronflait et sa montagne de regrets. * “Papa ? dit Maggie.  Je… Je suis là, je t’écoute”, répond-il après quelques instants durant lesquels il lui semble impossible de parler. Puis il se rend compte qu’il doit faire son boulot : “Dis-moi où tu es. Tu es sur Main Street ?” Parfois, le lieu qui s’affiche sur l’écran du répartiteur informatique est incorrect. Si quelqu’un pourchasse sa fille, il veut être sûr d’envoyer une voiture au bon endroit.


“Je sais pas. J’ai besoin d’aide.  Je comprends, Maggie. De l’aide va arriver. Mais il faut que je sache où tu es. Tu vois des panneaux avec des noms de rue ? Des enseignes de magasins ?” Un silence. Il semble s’étirer à l’infini. Des continents entiers sont engloutis dans ce vide. Puis : “Oui. C’est Main Street. La galerie commerciale de Main Street.” Deux mois plus tôt, elle était morte. Et à l’heure où ils parlent, la pierre tombale de Maggie se dresse dans le cimetière de Hillside, juste de l’autre côté de Wallace Street. Allée 17, carré 29. Mais il n’y a personne dans la terre en dessous. La fille qui devrait s’y trouver est à l’instant même devant la galerie commerciale de Main Street, un combiné de téléphone public à la main. Et elle doit être en vie car Ian l’entend respirer. “Bravo. L’homme qui t’a kidnappée, à quoi il ressemble ?  Il est… Il est grand, aussi grand que toi, peut-être plus grand encore, et il est vieux. Comme un grand-père. Et il a plus beaucoup de cheveux. Sa tête brille sur le dessus. Et son nez, il est… il a plein de vaisseaux pétés et… oh mon Dieu, papa, il arrive !” Le cœur de Ian bondit dans sa gorge ; il le ravale, pour que les mots puissent sortir. “Tu portes quoi comme vêtements ?  Hein ? Il arrive !  Tu portes quoi, Mag ?  Une robe. Une robe bleue avec des fleurs roses.


 Le nom de ce type, tu le connais ?  C’est H…” Mais il n’en saura pas plus. Il n’y aura rien d’autre – sauf un cri. Ian entend le combiné du téléphone public heurter quelque chose en se balançant au bout de son fil. Ça cogne encore et encore, mais chaque fois le silence entre les coups s’allonge, jusqu’au coup final qui n’arrive pas… Et alors le vide est infini.



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