GÊrard Degeorge Amina Taha-Hussein Okada, conservateur en chef, responsable des collections d’art indien au musÊe Guimet, est une Êminente spÊcialiste de l’Inde, dont elle a traduit du sanskrit plusieurs textes classiques, tels Les Contes du perroquet et Poèmes d’un voleur d’amour. Commissaire de nombreuses expositions, notamment, au Grand Palais, Rasa, les neuf visages de l’art indien (1986) et L’Âge d’or de l’Inde classique, l’empire des Gupta (2007), elle a rÊdigÊ deux catalogues des collections permanentes du musÊe Guimet, Sculptures indiennes (2000) et L’Inde des princes, la donation Jean et Krishnâ Riboud (2000). Elle est l’auteur de livres marquants : Ajantâ (1991) et Tâj Mahal (1993) avec Jean-Louis Nou, à l’Imprimerie nationale, Le Grand Moghol et ses peintres, Miniaturistes de l’Inde aux xvie et xviie siècles (1992), Un joyau de l’Inde moghole, le mausolÊe d’I’timâd ud-Daulah (2003), et a assurÊ la direction scientifique du Râmâyana de VâlmÎki illustrÊ par les miniatures indiennes du xvie au xixe siècle (2011).
GĂŠrard Degeorge Amina Taha-Hussein Okada
Amina TahaHussein Okada
GÊrard Degeorge, architecte, Êcrivain et photographe, professeur à l’École d’architecture de Paris, est un grand connaisseur du Moyen-Orient et de l’Inde. À l’Imprimerie nationale, il a publiÊ Palmyre (avec Paul Veyne, 2001), Palais et demeures d’Orient (avec Jean-Claude David, 2009) et La Grande MosquÊe des Omeyyades (2010).
Dieux de l’Inde et beautÊs cÊlestes
Chez le mĂŞme ĂŠditeur
Le Voyage des Indes
Olivier Germain-Thomas / Roland Michaud
Taj Mahal
Amina Okada / Jean-Louis Nou
Temples Khmers du Cambodge Helen Ibbitson Jessup / Barry Brukoff
Plus encore que les ensembles fameux de Khajurâho, de Bhubaneshvar, voire de Konârak, les temples hoysala, ÊdifiÊs aux xiie et xiiie siècles dans l’actuel État du Karnâtaka, constituent sans doute le joyau de la sculpture indienne. À BelÝr, HalebÎd, Somnâthpur, l’effervescence du dÊcor sculptÊ prime sur la majestÊ de l’architecture. Les frises superposÊes, soutenues, au soubassement, par le long dÊfilÊ des ÊlÊphants – symboles telluriques et gardiens des points cardinaux – font se succÊder, en registres alternÊs, rinceaux vÊgÊtaux, plantes grimpantes, lions cornus, monstres marins, scènes du Râmâyana et du Mahâbhârata, toute une cosmologie mettant en scène les ÊlÊments et les degrÊs de la crÊation. Prenant appui sur la frise supÊrieure et mises en valeur par le plan ÊtoilÊ des temples, les effigies des dieux et des dÊesses offrent au regard leurs visages figÊs, leurs silhouettes massives et hiÊratiques, qu’enveloppe une profusion quasi infinie d’ornements dÊcoratifs, diadèmes, tiares, colliers, guirlandes, en un tourbillon destinÊ à fasciner tant par leur outrance expressive que par leur fonction symbolique et religieuse, dont la reprÊsentation rituelle obÊissait à des règles codifiÊes à l’extrême.
Dieux de l’Inde
et beautĂŠs cĂŠlestes
À la  danse cosmique  de l’impassible Shiva, au terrifiant Vishnu Narasimha, l’Homme-Lion Êventrant le dÊmon de ses griffes, à Durgâ victorieuse du dÊmon-Buffle, à la sculpturale et provocante visha-kanyâ, la  jeune fille au poison , associÊe au serpent et au scorpion, qui, tous, sont figurÊs selon ces canons consacrÊs, succède, en point d’orgue du livre, une sÊquence de pure beautÊ :  L’Êblouissante variation, au mandapa du temple de BelÝr, sur le thème du Beau fÊminin qu’incarnent avec infiniment de grâce et d’Êclat les beautÊs cÊlestes surasundarÎ [communÊment dÊsignÊes sous le nom de madanakai] qui ornent de leurs ondoyantes silhouettes les consoles surmontant les chapiteaux des piliers extÊrieurs.  Là , jouant dÊlicieusement des mÊtaphores convenues liant la femme à la nature, selon les principes ÊnoncÊs au ve siècle par le poète Kâlidâsa, les artistes exaltent tous les composants du shringâra rasa, le sentiment Êrotique, nommÊ  roi des rasa , rasarâja.
Angkor, lumière de pierre
Olivier Germain-Thomas / Mireille Vautier
Annam, HuÊ l’Êternelle Michel Tauriac / Renaud Marchand
Illustration de couverture : BelÝr, temple de Chennakeshava. Madanakai, ou  beautÊ cÊleste  Š GÊrard Degeorge. Au dos : HalebÎd, temple de Hoysaleshvara. Images divines et frises du soubassement Š GÊrard Degeorge.
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65 â‚Ź prix T.T.C. France ISBN : 978-2-330-01913-6
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Dieux de l’Inde et beautés célestes
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Ne aNtiQue LÉGeNDe rattache l’origine de la dynastie hoysala à la conduite héroïque du vaillant Sala, chef sans doute tout aussi légendaire de cette lignée impériale. Ce dernier, un jour qu’il se trouvait dans la forêt de Sosâvîr, berceau ancestral de la dynastie, aperçut un ascète (peut-être était-ce un jaïn ?) que menaçait un tigre (à moins que ce ne fût un lion ?). Armé de son seul poignard, mais n’écoutant que son courage, Sala résolut de mettre à mort le fauve, encouragé par l’ascète qui s’écria alors : « Poy, Sala ! » (ou « Hoy, Sala ! ») : « Frappe, Sala ! » L’injonction du saint homme aux prises avec le fauve devait conférer son nom, Hoysala, à la lignée issue de Sala et le combat du guerrier avec le tigre constituer l’emblème, et comme le blason, de la dynastie naissante ; de fait, l’effigie sculptée du héros frappant à mort le tigre figure presque constamment à l’entrée des temples hoysala ou au faîte des sanctuaires. Longtemps vassaux des Châlukya de Kalyâni, les Hoysala gagnèrent leur indépendance au xie siècle et établirent leur hégémonie sur une vaste partie méridionale de l’actuel
Karnâtaka, dans l’Inde du Sud : leur empire, à son apogée, s’étendait de la Tungabhadrâ, au nord, à la Kâveri, au sud. Durant plus de trois siècles – ca. 1006-1346 –, une quinzaine de souverains, qui furent tour à tour de grands conquérants et de grands bâtisseurs, érigèrent nombre de temples jaïns et brahmaniques afin de célébrer la gloire de leurs dieux, la prospérité de l’empire ou encore les conquêtes qui jalonnèrent leurs règnes successifs. Ainsi, le roi Bittideva Vishnuvardhana (ca. 1108-1142), qui venait de se convertir au vishnuisme, fit élever à Belûr (Velapura), en 1117, le temple de Chennakeshava, consacré au dieu Vishnu afin de commémorer une victoire décisive remportée sur les Chôla de Talakâd ; le Chennakeshava de Belûr, tout comme les temples de Hoysaleshvara à Halebîd (achevé en 1160) et de Keshava à Somnâthpur (achevé en 1268), compte, du reste, au nombre des plus belles réalisations artistiques et architecturales des souverains hoysala, célèbres pour avoir bâti des temples aux murs parés, et comme revêtus, d’un foisonnant et luxuriant décor sculpté, d’une prodigieuse délicatesse.
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26-27 . 28-29 . Belûr. Temple de Chennakeshava
Au seuil des temples hoysala se dresse l’effigie emblématique du valeureux Sala – héros éponyme de la dynastie – qui, armé de sa seule dague, mit à mort un tigre, ou un lion, menaçant un ascète. Le combat du guerrier et du fauve fut traité avec de menues variantes par les sculpteurs hoysala, qui eurent à cœur de toujours souligner la férocité du fauve, aux griffes fermement plantées dans la jambe de Sala, et la posture héroïque du guerrier. Ce haut gopura – tour d’entrée des enceintes de temples –, aux étages de taille décroissante revêtus d’effigies de dieux et de déesses, fut élevé bien après l’achèvement, en 1117, du Chennakeshava de Belûr – à l’initiative d’un ministre du souverain de Vijayanagar, à la fin du xive siècle.
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Brandissant avec véhémence un rameau de feuillage, une jeune femme tente de chasser le singe malicieux qui s’est emparé d’un pan de son vêtement et tente de la déshabiller. Ce thème, ostensiblement licencieux et empreint d’une forte connotation érotique (shringâra rasa), fut souvent illustré par les sculpteurs hoysala – et toujours avec une éblouissante virtuosité. On notera ici, outre le gracieux jeu de jambes de la madanakai s’efforçant de masquer sa nudité, le mouvement tournoyant, et presque aérien, du vêtement dénoué s’enroulant en plis légers et virevoltants autour du corps dénudé de la jeune femme.
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GÊrard Degeorge Amina Taha-Hussein Okada, conservateur en chef, responsable des collections d’art indien au musÊe Guimet, est une Êminente spÊcialiste de l’Inde, dont elle a traduit du sanskrit plusieurs textes classiques, tels Les Contes du perroquet et Poèmes d’un voleur d’amour. Commissaire de nombreuses expositions, notamment, au Grand Palais, Rasa, les neuf visages de l’art indien (1986) et L’Âge d’or de l’Inde classique, l’empire des Gupta (2007), elle a rÊdigÊ deux catalogues des collections permanentes du musÊe Guimet, Sculptures indiennes (2000) et L’Inde des princes, la donation Jean et Krishnâ Riboud (2000). Elle est l’auteur de livres marquants : Ajantâ (1991) et Tâj Mahal (1993) avec Jean-Louis Nou, à l’Imprimerie nationale, Le Grand Moghol et ses peintres, Miniaturistes de l’Inde aux xvie et xviie siècles (1992), Un joyau de l’Inde moghole, le mausolÊe d’I’timâd ud-Daulah (2003), et a assurÊ la direction scientifique du Râmâyana de VâlmÎki illustrÊ par les miniatures indiennes du xvie au xixe siècle (2011).
GĂŠrard Degeorge Amina Taha-Hussein Okada
Amina TahaHussein Okada
GÊrard Degeorge, architecte, Êcrivain et photographe, professeur à l’École d’architecture de Paris, est un grand connaisseur du Moyen-Orient et de l’Inde. À l’Imprimerie nationale, il a publiÊ Palmyre (avec Paul Veyne, 2001), Palais et demeures d’Orient (avec Jean-Claude David, 2009) et La Grande MosquÊe des Omeyyades (2010).
Dieux de l’Inde et beautÊs cÊlestes
Chez le mĂŞme ĂŠditeur
Le Voyage des Indes
Olivier Germain-Thomas / Roland Michaud
Taj Mahal
Amina Okada / Jean-Louis Nou
Temples Khmers du Cambodge Helen Ibbitson Jessup / Barry Brukoff
Plus encore que les ensembles fameux de Khajurâho, de Bhubaneshvar, voire de Konârak, les temples hoysala, ÊdifiÊs aux xiie et xiiie siècles dans l’actuel État du Karnâtaka, constituent sans doute le joyau de la sculpture indienne. À BelÝr, HalebÎd, Somnâthpur, l’effervescence du dÊcor sculptÊ prime sur la majestÊ de l’architecture. Les frises superposÊes, soutenues, au soubassement, par le long dÊfilÊ des ÊlÊphants – symboles telluriques et gardiens des points cardinaux – font se succÊder, en registres alternÊs, rinceaux vÊgÊtaux, plantes grimpantes, lions cornus, monstres marins, scènes du Râmâyana et du Mahâbhârata, toute une cosmologie mettant en scène les ÊlÊments et les degrÊs de la crÊation. Prenant appui sur la frise supÊrieure et mises en valeur par le plan ÊtoilÊ des temples, les effigies des dieux et des dÊesses offrent au regard leurs visages figÊs, leurs silhouettes massives et hiÊratiques, qu’enveloppe une profusion quasi infinie d’ornements dÊcoratifs, diadèmes, tiares, colliers, guirlandes, en un tourbillon destinÊ à fasciner tant par leur outrance expressive que par leur fonction symbolique et religieuse, dont la reprÊsentation rituelle obÊissait à des règles codifiÊes à l’extrême.
Dieux de l’Inde
et beautĂŠs cĂŠlestes
À la  danse cosmique  de l’impassible Shiva, au terrifiant Vishnu Narasimha, l’Homme-Lion Êventrant le dÊmon de ses griffes, à Durgâ victorieuse du dÊmon-Buffle, à la sculpturale et provocante visha-kanyâ, la  jeune fille au poison , associÊe au serpent et au scorpion, qui, tous, sont figurÊs selon ces canons consacrÊs, succède, en point d’orgue du livre, une sÊquence de pure beautÊ :  L’Êblouissante variation, au mandapa du temple de BelÝr, sur le thème du Beau fÊminin qu’incarnent avec infiniment de grâce et d’Êclat les beautÊs cÊlestes surasundarÎ [communÊment dÊsignÊes sous le nom de madanakai] qui ornent de leurs ondoyantes silhouettes les consoles surmontant les chapiteaux des piliers extÊrieurs.  Là , jouant dÊlicieusement des mÊtaphores convenues liant la femme à la nature, selon les principes ÊnoncÊs au ve siècle par le poète Kâlidâsa, les artistes exaltent tous les composants du shringâra rasa, le sentiment Êrotique, nommÊ  roi des rasa , rasarâja.
Angkor, lumière de pierre
Olivier Germain-Thomas / Mireille Vautier
Annam, HuÊ l’Êternelle Michel Tauriac / Renaud Marchand
Illustration de couverture : BelÝr, temple de Chennakeshava. Madanakai, ou  beautÊ cÊleste  Š GÊrard Degeorge. Au dos : HalebÎd, temple de Hoysaleshvara. Images divines et frises du soubassement Š GÊrard Degeorge.
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